Bilan Networks Automne 2015

Alors que l'année 2015 est sur le point de s'achever, la quasi-totalité des séries inédites sont en pause hivernale sur les grands networks américains, le temps des fêtes, et avant de revenir début 2016. A cette occasion, Hypnoweb vous propose de revenir sur les 4 premiers mois de la saison 2015/2016, par network, afin de dresser un premier bilan et d'effectuer quelques prévisions...

NBC : DICK WOLF S'OFFRE LE ROCKEFELLER CENTER

Forte de son statut de network n°1 des Etats-Unis sur la cible privilégiée des publicitaires, les 18-49 ans, NBC a conforté l'an dernier une place dont elle s'est emparée avec panache, en se reconstruisant progressivement et en capitalisant sur des programmes de tous horizons, du "Sunday Night Football" à "The Voice" en passant par les séries, les comédies musicales ou encore les événements spéciaux. Grâce à une offre diversifiée et attractive, le paon continue de dominer ses principaux concurrents, et parvient à imposer certaines de ses nouveautés au top niveau, une performance unique. Mais est-ce suffisant pour compenser les énormes lacunes qui sont encore les siennes ?

Big Apple et Windy City, villes préférées des téléspectateurs

Si les principaux succès de NBC restent des programmes non-scriptés, le network parvient petit à petit à densifier et dynamiser son catalogue de séries, et cette rentrée y a contribué largement : "Blindspot" et "Chicago Med", toutes deux boostées par "The Voice" et parfaitement cohérentes avec l'offre déjà installée du paon, se sont ainsi hissées sur les deux premières marches du podium, un phénomène unique qui prouve plus que jamais toute l'importance de la symbiose d'une grille. Les deux nouveaux dramas deviennent en outre les deux séries les plus suivies de NBC sur le public global, un coup double qu'il convient de saluer et qui s'avère extrêmement prometteur pour la chaîne.

Cela étant, "Blindspot" et "Chicago Med" et les quelques épisodes à leur actif ne sont pas les seuls symboles de la nouvelle ère ambitieuse entamée par NBC il y a quelques années maintenant. Le haut du classement est également dominé par "Chicago Fire", "New York Unité Spéciale" et "Chicago PD", trois autres séries signées Dick Wolf, qui parviennent à se stabiliser, voire à fidéliser un nouveau public, par rapport à l'an passé : pour "NY Unité Spéciale" et ses 17 ans d'âge, la prouesse est plutôt remarquable. En multipliant les crossovers, et en s'inspirant avec modernité des ingrédients qui ont fait le succès des cop shows de CBS dans les années 2000, le créateur s'impose une fois encore comme le principal vivier d'audience de NBC, un rôle qu'il n'a quasiment jamais quitté depuis les débuts de "New York Police Judiciaire" il y a maintenant... 25 ans !

Enfin, en dépit de performances devenues bien plus modestes qu'à ses débuts, "The Blacklist" n'a pas du tout à rougir. Le thriller porté par James Spader et Megan Boone, dont la moyenne de l'année dernière est artificiellement gonflée par le triomphe de son épisode diffusé en post-SuperBowl, reste le pilier du nouveau jeudi 100% dramas que NBC tente tant bien que mal d'imposer, et résiste à tous les flops qui l'entourent depuis son entrée dans l'arène. Fallait-il pénaliser "The Blacklist" en la limogeant du lundi 22h ? Lorsque l'on voit la série faire mieux que les comédies proposées précédemment le jeudi, et "Blindspot" être la série n°1 du network, la réponse paraît finalement plus évidente que prévu...

Une bonne dynamique qui a toutefois ses limites

Cela étant, si le bilan global de NBC est plus que satisfaisant, il ne saurait éclipser complètement quelques sempiternels soucis qui empêchent les dirigeants du network d'arborer leur plus large sourire. La faute revient principalement aux soirées du jeudi et du vendredi, dont les scores sont toujours très largement insuffisants. Joli succès à ses débuts, "Grimm" devient notamment de plus en plus problématique pour NBC, peu aidée par le pari raté d'imposer des comédies, "Undateable" et "Truth Be Told", le vendredi soir, face à ABC et dans une soirée désertée par le jeune public depuis plus de dix ans maintenant.

En outre, le catalogue de dramas du network n°1 des Etats-Unis continue d'être affaibli par la difficulté à trouver de nouveaux compagnons de route à "The Blacklist", et aux séries du répertoire Dick Wolf. Malgré deux projets radicalement opposés, l'un étant le revival d'une série ayant marqué les années 2000 du network et l'autre un thriller potentiellement très compatible avec son lead-in direct, "Heroes Reborn" et "The Player" se sont toutes deux cassées les dents, et ne connaîtront pas le printemps. Enfin, le développement de nouvelles sitcoms fédératrices reste paradoxalement le plus gros enjeu de la chaîne à l'origine de "Friends" et "Seinfeld" : les débuts très compliqués de "Telenovela" en sont un nouvel exemple. Reste le cas "Superstore", dont les deux premiers épisodes ont attisé la curiosité : America Ferrera sera-t-elle celle qui mettra fin à la poisse de NBC en la matière ?

Et pour la suite...

Outre le défi de "Superstore" et "Telenovela", qui remplaceront "The Voice" durant sa trêve hivernale le lundi soir, la mi-saison de NBC ne sera en aucun cas bouleversée par rapport à cette fin d'année 2015, puisque l'ensemble des succès du network resteront à leur place, avec notamment un crossover attendu dès le début 2016 pour "Chicago Med", "Chicago Fire" et "Chicago PD" : une manière de rebooster cette dernière, la seule en légère perte de vitesse ? Pour le reste, les flops du jeudi seront remplacés par "You, Me & The Apocalypse", dont les chances de succès sont extrêmement minces, et surtout "Shades of Blue" à 22h, face à une concurrence qui commence à fatiguer. Enfin, les nouveaux dramas "Game of Silence", "Emerald City" et "Heartbeat", toujours en attente d'une case, pourraient bien atterrir le dimanche, après les nombreuses soirées spéciales attendues jusqu'en févriers sur les différents networks. Une programmation qui ne serait toutefois pas vraiment un cadeau...

Alors, que peut-on désormais souhaiter pour NBC en 2016/2017 ? Sachant que l'été prochain sera marqué par la retransmission des "Jeux Olympiques de Rio", qui devraient une nouvelle fois être un véritable carton pour la chaîne, celle-ci ne peut qu'être incitée à faire émerger de nouvelles séries attrayantes, capables d'attiser la curiosité du public, et destinées à remplacer les flops qui parsèment malheureusement toujours sa grille. Si quelques inconnues demeurent, à l'instar de la réussite potentielle des séries de mi-saison ou de l'avenir de "The Mysteries of Laura" et "Grimm", la plupart des dramas de NBC ont déjà une idée bien arrêtée de leur avenir, et n'ont pas trop d'inquiétudes à avoir quant à leur succès à moyen terme. Face à ces certitudes, une question se pose : et s'il suffisait d'un nouveau déplacement au jeudi soir à l'automne 2016, aux côtés de "The Blacklist", pour renforcer davantage une grille que la concurrence pourrait alors envier encore un peu plus ?

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CBS : LA "SUPERGIRL" DU NETWORK N'EST PLUS

A l'aube de la saison 2015/2016, le paysage audiovisuel américain était secoué par une annonce surprise : le départ programmé de Nina Tassler de la direction de CBS en décembre, après 18 années de bons et loyaux services et la mise en chantier des séries parmi les plus cultes de la télévision US, "Les Experts" en tête. Pour marquer une dernière fois les esprits dans la chaîne qui a fait sa carrière, la présidente du network avait pensé cet automne comme celui du modernisme, et de la diversification de l'offre proposée. Quatre mois plus tard, le bilan est plus que mitigé...

Beaucoup de nouveautés contemporaines, mais un bilan (pour l'instant ?) fébrile

Cet automne, CBS dégaînait ainsi 4 nouvelles séries aux côtés de ses dramas et comédies déjà bien installées. A mille lieux des séries policières classiques qui ont rythmé (et rythment toujours) la grille de la chaîne, cette dernière a opté pour la pluralité : une adaptation de film, un drama tiré de l'univers des DC Comics, une série médicale proche des inoubliables "Urgences" de NBC, et une comédie single cam, très éloignée des plus gros succès traditionnels de CBS. Pourtant, à ce jour, aucune d'elle n'est parvenue à tirer suffisamment son épingle du jeu, bien que deux d'entre elles soient très bien classées.

Troisième, "Life In Pieces" a tout pour être considérée comme un hit si l'on s'arrête à sa position dans le classement et à ses scores bruts. Pourtant, la sitcom est en réalité tout sauf à un niveau satisfaisant pour CBS, considéré sa programmation derrière "The Big Bang Theory", et sa très faible rétention qui plombe l'ensemble du jeudi de la chaîne. De son côté, "Supergirl" a parfaitement réussi ses débuts avec près de 13 millions de curieux, avant de s'éroder sensiblement. Sans être un échec, la série campée par Melissa Benoist n'est pas le hit attendu.

Enfin, "Code Black" et "Limitless" sont elles noyées dans le milieu du classement, bien que leur évolution soit inverse. Si le drama policier s'est tassé semaine après semaine pour atteindre des profondeurs de plus en plus problématiques, la série médicale s'est très rapidement stabilisée avant de voir un nouveau public curieux arriver avant les fêtes de fin d'année. Autant dire qu'il est encore trop tôt pour se prononcer sur leur bilan définitif, mais à ce jour, une chose est sure : inquiétant ou encourageant, il n'est pas glorieux.

Allô les jeunes, est-ce que tout va bien ?

De façon globale, le constat est en tout cas unanime pour CBS : son public devient de plus en plus croulant, et certains téléspectateurs sont peut-être bien en train de passer l'arme à gauche... C'est bien simple, le network ne connaît absolument aucune hausse d'audience cet automne, aussi bien sur les 2 ans et + que sur les 18-49 ans, une performance tristement unique parmi les 5 networks nationaux ! Les pertes sont en outre parfois très lourdes, à l'instar de "2 Broke Girls", "Scorpion", "Esprits Criminels" ou encore "NCIS New Orleans", qui égarent jusqu'à plusieurs millions de téléspectateurs sur un an et fragilisent grandement la grille tant elles ont contribué au succès de CBS par le passé.

La tendance est d'ailleurs aussi prononcée pour les dramas que les comédies, sans doute suite à une certaine lassitude du public, mais également pour une raison commune : les erreurs grossières dans la stratégie de programmation. A trop vouloir privilégier ses propres productions CBS TV Studios, le network se tire une balle dans le pied à bien des égards, en ayant notamment conservé "Elementary" et "CSI Cyber", deux énormes boulets qui rapportent mais qu'elle paye surtout très cher. De la même manière, le manque profond de cohésion dans les associations de comédies (enchaîner "The Big Bang Theory", "Life In Pieces" et "Mom" dans cet ordre n'a strictement aucun sens...) font chuter l'ensemble d'entre elles, bien que "The Big Bang Theory" parvienne à rester solide comme un roc malgré tout, avec une érosion très limitée et des scores impressionnants après 9 années d'existence.

Et pour la suite...

Apprend-on davantage de ses erreurs que de ses réussites ? Manifestement, pour CBS, la réponse est non. La mi-saison du network risque de ne pas être bien différente de la période automnale difficile qu'elle vient de vivre, puisque "CSI Cyber" et "Elementary" seront toujours de la partie, tandis que "Rush Hour" n'a toujours pas de case horaire attribuée et que "Criminal Minds Beyond Borders" va débarquer derrière une série mère de plus en plus fatiguée : est-ce vraiment un cadeau ? "Code Black", qui n'aura pourtant que 18 épisodes, ne serait-elle pas davantage l'avenir de CBS ? Côté comédies, la situation sera encore plus chaotique, avec la liquidation de "Mike & Molly" et "2 Broke Girls" pour remplir les trous un peu partout, là où "Life In Pieces" et "Angel From Hell", qui n'ont a priori aucune chance de succès, hériteront des locomotives de "The Big Bang Theory" et "Mom"...

Faut-il alors tirer un trait sur la saison 2015/2016 et se concentrer d'ores et déjà sur l'année à venir pour espérer voir CBS enfin réagir ? Probablement, mais à condition que la chaîne prenne son courage à deux mains et réagisse enfin avec des décisions ambitieuses : annuler les séries qui le méritent, et lancer des nouveautés prometteuses dans les cases les plus exposées, afin de leur apporter un maximum de visibilité. Mais est-ce sérieusement envisageable ? Le doute demeure. Au jeu des pronostics, on pourrait toutefois parier sur une annulation de "Limitless" parmi les nouveautés, qui ne semble promise à aucun avenir, tandis que celui de "Code Black" et "Supergirl" reste encore à définir. Pour les séries histoires du network, plusieurs d'entre elles sont également en sursis, mais l'annulation évidente de "CSI Cyber" et probable de "Elementary" devrait limiter les punitions. Qui de "Esprits Criminels", "Hawaii Five-0" ou encore "The Good Wife" passera les upfronts ? Les paris sont ouverts !

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ABC : UNE CUVÉE 2015 BOUCHONNÉE

Bien que le bilan global soit davantage désastreux pour FOX que pour ABC, l'alphabet s'est retrouvé cet automne confronté au pire constat qui puisse exister : toutes ses nouveautés se sont crashées. Si le network continue d'être relativement performant sur ses soirées du mercredi et du jeudi, grâce au succès en berne mais toujours satisfaisant du ABC Funny et du TGIT, l'heure n'est clairement pas à la réjouissance, bien au contraire...

Quand nouveautés rime avec calamités...

Avec 5 nouvelles séries pour dynamiser sa grille automnale, ABC avait l'intention de créer l'événement dans deux soirées stratégiques : le dimanche, avec l'arrivée du soap "Blood & Oil" et du drama "Quantico", parfaitement calibrées pour le phénomène Twitter Buzz apparu l'an dernier avec le TGIT de Shonda Rhimes, mais aussi le mardi, grâce au revival particulièrement attendu des célèbres marionnettes de "The Muppets" censé rameuter les nostalgiques et attirer les curieux.

Malheureusement, quatre mois plus tard, la sentence est irrévocable : rien n'a fonctionné. La première nouveauté automnale de ABC, "The Muppets", ne se classe ainsi que 9ème, le pire résultat des Big 4, et de très loin, une performance en outre principalement dû au succès du pilote de la comédie qui booste fortement sa moyenne. De la même façon, après un démarrage tout à fait encourageant dans une case sinistrée, "Quantico" s'est rapidement heurtée à la désertion progressive des américains, peu aidée par l'immense flop de son lead-in, et fait déjà moins bien que "Revenge" dans la même case l'an passé.

De son côté, "Dr. Ken" a là encore surpris lors de ses débuts, profitant de façon maximale de la locomotive de "Last Man Standing" pour afficher des audiences honorables le vendredi soir... avant de s'éroder petit à petit, la série étant désormais tombée sous les 5 millions de fidèles. Enfin, "Blood & Oil" et "Wicked City" n'ont elles même pas eu la chance de mener à bien leur première saison, raccourcie pour la première, déprogrammée pour la seconde, tant leur contreperformance fut cinglante.

Des gadins en cascade... et des médecins pour panser les plaies

Parallèlement, ABC a également dû faire face à un festival de fortes chutes parmi ses séries les plus installées et les plus solides. La palme revient naturellement à "How To Get Away With Murder" et "Castle", qui voient un tiers de son public âgé de 18 à 49 ans s'évaporer par rapport à la saison passée, tandis que "Scandal" et "Modern Family", les deux principaux hits de la chaîne il y a un an derrière la série de Viola Davis, sont également en très net recul, et que les réussites plus mesurées de "Once Upon A Time", "Black-ish" ou encore "Fresh Off The Boat" se sont transformées en succès bien plus banals.

Face à cette vague de mauvaises nouvelles, ABC a pourtant un motif de satisfaction particulièrement impressionnant : "Grey's Anatomy". Après 12 années d'existence, la série médicale réalise l'exploit de progresser, pour l'instant, par rapport à sa moyenne de la saison 2014/2015, une performance unique sur la grille de l'alphabet (seule "The Middle" peut se targuer d'une stabilité totale sur un an à ce jour). Alors que "Desperate Housewives" et "Lost", qui les accompagnaient lors du trio gagnant de 2004, se sont achevées depuis bien longtemps, les médecins du Grey Sloan Memorial Hospital ne semblent pas prêts de poser la blouse !

Et pour la suite...

Se calquant sur une stratégie de programmation déjà adoptée depuis deux ans maintenant, ABC proposera une mi-saison en deux temps, avec une pause hivernale pour la plupart de ses séries jusqu'en février, lors de laquelle viendront s'insérer des séries de substitution : "Galavant" le dimanche, "Agent Carter" le mardi ou encore "American Crime" le mercredi. Puis, le printemps verra émerger une deuxième fournée de nouveautés, composée de "The Family", "The Catch", "The Real O'Neals" et "Of Kings & Prophets", qui tentera de sauver la cuvée 2015/2016 du désastre (bien que la dernière citée semble déjà condamnée).

Quant au sort des différentes séries ayant déjà débuté leur saison, le suspense se concentre pour l'heure sur une poignée d'entre elles, une large majorité étant d'ores et déjà assurée de revenir à l'automne 2015, et quelques unes étant plus proches que jamais de l'annulation, à l'instar de "Castle" ou "Nashville", dont l'avenir s'assombrit grandement et qui n'ont pas grande chance de passer les upfronts de mai prochain. Parmi les quelques inconnues, "Quantico" et "Agents of SHIELD" caracolent en tête : les scores de la première devraient être scrutés lors de son retour en mars, tandis que le futur de la seconde, en dépit de ses scores pathétique, pourrait s'éclaircir en raison de la syndication qui s'approche et de la proximité de ABC avec l'univers Marvel. Nul doute, néanmoins, qu'un éventuel succès de "The Catch" et "The Family" pourrait rebattre toutes les cartes...

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FOX : UN EMPIRE EN PLEINE BANQUEROUTE

Si le printemps avait été gage d'espoir avec la naissance de l'un des plus gros hit télévisuel de la décennie sur les grands networks, FOX a rapidement déchanté en cette rentrée, avec de bien mauvaises surprises pour ses différentes nouveautés et une multitude de flops retentissants. Sauvé par "Empire" et par les quelques événements sportifs qui rythment sa grille, à l'instar des "World Series" et des matchs de football dopant parfois sa grille dominicale, le renard se retrouve malgré tout de plus en plus dans l'impasse...

"Empire", un monstre de l'audience en berne mais toujours surpuissant

Lancée avec réussite devant près de 10 millions de téléspectateurs au printemps dernier, "Empire" est incontestablement devenu un phénomène historique à la télévision américaine, voyant son audience croître épisode après épisode pour culminer jusqu'à plus de 17 millions de curieux à l'occasion de son premier season finale. Malheureusement pour FOX, la dynamique hallucinante du soap musicale s'est inversée en saison 2, qui a quasiment pris le chemin inverse durant ses 10 premiers épisodes.

Pour autant, "Empire" reste de très loin la série n°2 de la télévision américaine sur les 18-49 ans, devançant très largement les programmes n°1 de CBS ("The Big Bang Theory"), NBC ("Blindspot") et ABC ("Modern Family"). Avec un taux de 4.8% à ce jour, la série incarnée par Taraji P. Henson permet au network de muscler sensiblement sa moyenne générale, et de propulser l'une de ses nouveautés à un niveau honorable. En effet, "Rosewood" bénéficie à plein régime de la puissance de son lead-out. Avec un taux moyen de 1.6% sur les 18-49 ans, la série policière s'installe sur la troisième marche du podium, et dénote par rapport aux immenses flops de ses consoeurs arrivées en septembre.

C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes

Pour entourer ce duo, FOX peut compter sur deux autres séries : "The Simpsons", et ses 27 ans d'âge, et "Family Guy", avec 14 saisons au compteur. Les deux plus vieux programmes du network s'adjugent respectivement les 2ème et 4ème place, avec des performances très honorables, souvent accentuées par la puissance de la case du dimanche après-midi, dominée par le sport et ses 20 à 30 millions d'adeptes. En dépit du poids des années, "The Simpsons" et "Family Guy" font ainsi mieux que les récentes "Brooklyn 99" et "The Last Man On Earth", qui assurent tout juste le minimum vital, et surpassent de très loin les sitcoms lancées cette saison, "Grandfathered" et "The Grinder", qui contribuent à alimenter le champ de ruines qu'est devenue la grille de FOX.

Côté dramas, outre les scores toujours corrects de "Gotham", pourtant en très net recul sur un an, il y a péril en la demeure. La vieillissante "Bones" et la rescapée "Sleepy Hollow" ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes, parvenant difficilement à retenir le public qui se fait la malle semaine après semaine, tandis que les deux nouveautés de la rentrée, "Scream Queens" et "Minority Report", n'ont jamais intéressé les curieux.

Et pour la suite...

Après la déprogrammation en catastrophe de "Minority Report" et la réduction du nombre d'épisodes alloués à "Scream Queens", et face aux nombreuses séries qui attendaient encore une case horaire, la grille de mi-saison de FOX va être profondément bouleversée. La décision la plus symbolique, mais aussi la plus stupide et incohérente qui soit, réside en la reformation d'un carré comédies le mardi soir, où vont se succéder "New Girl", "Grandfathered", "Brooklyn 99" et "The Grinder" : carton garanti (...). Les dramas "Lucifer" et "Second Chance", la sitcom "Bordertown" ou encore le revival de "The X-Files", qui reste sans aucun doute la plus grosse inconnue de cette longue liste quant à ses chances de succès, feront aussi leur entrée.

Toutefois, il apparaît naturellement difficile de réitérer l'exploit de "Empire" avec des nouveautés qui ne renouvellent pas grandement l'offre proposée. Considéré le développement en marche d'un potentiel spin-off pour "Empire", la fin à venir de "American Idol" ("Nouvelle Star") et le flop retentissant des nouveautés, FOX va devoir faire des choix stratégiques pour tenter de redresser une grille en perdition. Osera-t-elle annuler "Scream Queens", de son petit protégé Ryan Murphy, et toute sa floppée de sitcoms, qu'elle préserve à tout prix tant sans trop que l'on ne sache pourquoi ? L'espoir fait vivre, mais le doute est permis...

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THE CW : BARRY ALLEN GARDE SES SUPER-POUVOIRS

Après une année relativement positive qui lui a notamment offert le plus gros hit de son histoire, The CW a misé sur la stabilité pour cette rentrée, ne proposant qu'une seule nouveauté et des changements mineurs dans l'organisation de sa grille. Un statut quo qui n'a pas impacté ses deux principaux succès, mais qui commence à desservir de façon inquiétant l'ensemble de ses autres programmes...

"The Flash" et "Arrow" : les DC Comics toujours dans le vert

Avec 3.6 millions de téléspectateurs au rendez-vous chaque mardi soir, contre 4.0 millions à l'automne dernier et 3.8 millions sur l'ensemble de la saison 2014/2015, "The Flash" reste de très loin la série n°1 de The CW, avec des pertes relativement limitées. Le drama de science-fiction incarné par Grant Gustin permet même à son diffuseur de devancer ABC et FOX dans sa case horaire, un phénomène rarissime qui lui confère un avenir plus que radieux sur le long terme, et qui booste intensément la moyenne du plus petit des grands networks.

Dans le même temps, à un étage inférieur, "Arrow" est également toujours puissante pour The CW, et surtout particulièrement stable sur un an, dans le sillage de sa série dérivée. Oliver Queen rassemble ainsi entre 2.5 et 3.0 millions de fidèles chaque mercredi, pour un taux parfaitement stable de 1.0% sur la cible commerciale. Comme l'an passé, c'est cependant lors de son crossover avec "The Flash" que le drama campé par Stephen Amell réalise sa meilleure performance, un symbole qui montre bien toute l'importance d'une cohérence dans l'offre proposée pour attirer le public.

Malgré ces très belles audiences, le bilan des deux soirées les plus performantes de The CW demeure particulièrement contrasté, en raison de lead-out qui ne parviennent pas réellement à capitaliser sur leur locomotive. C'est notamment le cas de "iZombie", dont le bilan provisoire est en très net recul par rapport à l'an passé, et quasiment 3 fois inférieur à celui de "The Flash" sur le public âgé de 2 ans et + ! De son côté, "Supernatural" est toujours en bonne santé en dépit de ses 11 ans d'âge, mais commence à montrer quelques signes de fatigue.

Des vampires de plus en plus asséchés

Tandis que les super-héros marquent de plus en plus le renouveau de The CW, ceux qui l'ont incarné durant quelques années sont plus que jamais en perte de vitesse, et s'approchent peu à peu de l'extinction. "The Vampire Diaries" marque en effet le pas une fois encore : avec 1.3 million d'inconditionnels au rendez-vous, la série qui a vu le départ de Nina Dobrev cette saison continue de vasciller, et n'est plus du tout le hit d'antan. Plus bas encore dans le classement, "The Originals" n'intéresse déjà plus personne, et plonge sous le million de téléspectateurs en saison 3 : l'avenir s'assombrit.

Enfin, si "Jane The Virgin" et "Reign" sont elles aussi orientées à la baisse, la performance la plus inquiétante de cet automne 2015 pour The CW est sans nul doute celle de "Crazy Ex-Girlfriend". L'unique nouveauté automnale de la chaîne s'est en effet lamentablement plantée, s'installant même en toute dernière position du classement avec des scores désastreux. Précisons toutefois que The CW a décidé de lui accorder une saison de 18 épisodes, afin de lui offrir une dernière chance de conquérir le public (ou de combler les trous de sa grille ?).

Et pour la suite...

Contrairement à cette première partie de saison, qui misait sur la continuité, la mi-saison de The CW va être marquée par de grosses manoeuvres, engendrées avant tout par le débarquement imminent de "Legends of Tomorrow", nouveau spin-off de "Arrow" et "The Flash" vers lequel tous les regards seront tournés. Programmée le jeudi 20h, la troisième série issue de l'univers des DC Comics va ainsi mettre fin au règne de "The Vampire Diaries" sept années durant dans cette case, et être la nouvelle locomotive de "The 100", en laquelle The CW croit toujours énormément.

De leur côté, "The Vampire Diaries" et "The Originals" sont priées de déménager au vendredi soir, ce qui pourrait leur offrir une seconde jeunesse, ou au contraire leur permettre de mourir tranquillement, en toute discrétion. L'avenir des deux dramas fantastiques, tout comme celui des autres séries du network aux audiences mitigées ("Jane The Virgin" et "Reign"), devrait en outre dépendre comme chaque année des différents projets de la chaîne pour la saison prochaine, et des résultats des 2 nouveautés encore attendues, "Legends of Tomorrow" et "Containment" (qui n'a pas encore de case horaire attribuée à l'heure où nous écrivons ces lignes). Gageons toutefois que "Crazy Ex-Girlfriend" a peu de chances d'être la seule victime de la saison...