La bande dessinée noire

Même si, depuis la fin du XIXème siècle, mauvais garçons et représentants de la loi figrent dans la bande dessinée, ce n'est que vers 1930 que la première bande dessinée policière réaliste apparaît.

Imaginé par Chester Gould (1900-1985), Dick Tracy fait son entrée le 4 octobre 1931 dans les pages du New York Daily News. A la suite de l'assassinat de son père par des gangsters, le jeune Dick s'engage dans la police et consacre sa vie à la poursuite du crime, affrontant, au fil des épisodes des actions souvent complexes, une galeries de criminels patibulaires ou monstrueux.

Avec Dick Tracy non seulement la BD policière était née, mais aussi la BD policière "noire", et ce grâce à un dessin mélangeant habilement éléments réalistes et caricaturaux et une violence très marquée.

Et ça marche ! Le lecteur est enthousiaste et auteurs et éditeurs proposent rapidement des séries concurrentes :

- Dashiel Hammett, créé par Alex Raymond (1909-1956);

- Spirit, créé par Will Eisner (1917-2005)

- Rip Kirby, également né sous le crayon d'Alex Raymond.

 

En Europe, l'école franco-belge tiendra une place non négligeable dans la BD policière. Pensez à Jean Valhardi, Gil Jourdan ou encore Ric Hochet.

La bande dessinée était destiné en priorité à une jeune public, mais à partir de 1970, elle gagne un public adulte. Cette évolution va orienter les séries policières vers des horizons plus "noirs".  C'est ainsi qu'en 1975 apparaît pour la première fois, dans la revue italienne Linus, Alack Sinner dessiné par Carlos Sampayo sur un scénario de José Munoz. L'univers de leur héros est celui des bas-fonds new-yorkais où règnent corruption et vices.

La fiction criminelle séduisant un lectorat de plus en plus vaste, les éditeurs multiplient les séries et les collections. C'est ainsi qu'en 1990, les éditions Lefrancq inaugrent "Bdétectives", spécialisée dans l'adaptation des classiques du roman policier, et que les éditions Glénat lancent, en 1998, la collection "Bulle-Noire". Mais la caractéristique la plus marquante de la fin du 20ème siècle, reste sans doute l'intérêt manifesté par les écrivains de romans noirs pour la bande dessinée.