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La Grande Interview

Interview réalisée par Matthew Amer publiée le 27 janvier 2010 sur le site The Official London Theatre Guide.

Ces dernières années, Harry Lloyd a interprété un joyeux compagnon, un immigrant sicilien et un peintre norvégien. Alors qu'il revient sur la scène du West End pour jouer un jeune prostitué de Manhattan, il a discuté avec Matthew Amer.

La loge d'Harry Lloyd au Garrick Theatre ressemble exactement à ce que devrait être celle de quelqu'un de 26 ans. L'espace est rempli de bricoles et de gadgets, un Macbook à côté de ses factures, et l'incontournable iPhone trône paresseusement. Il a des lanternes chinoises autour d'un miroir, des cartes qu'il espère accrochées droites et une chaise qui se transforme en lit s'il avait besoin d'une sieste réparatrice.

A son expression, il vient de le faire. Midi vient de passer, mais je suis accueilli par un joyeux bâillement. C'est un peu inquiétant puisque nous sommes lundi et qu'il n'est pas encore monté sur scène cette semaine. Peut-être n'est-il pas du matin.

Lloyd ne met pas longtemps à se réveiller. Juste lui parler de sa nouvelle pièce, The Little Dog Laughed [Une Souris Verte], fait disparaître la lourde léthargie de ses épaules. La pièce, dans laquelle il interprète un jeune prostitué de New York pour un acteur de Los Angeles interprété par Rupert Friend, Tamsin Greig est un agent acerbe et Gemma Arterton une mondaine en pleine ascension, est une comédie de l'auteur américain Douglas Carter Beane, et a apporté une nouvelle expérience à Lloyd.

“Cela ressemble un peu à un film indépendant, dit Lloyd en décrivant sa réaction initiale au script. En quelque sorte vous sautez sur ce train à grande vitesse et vous devez vous tenir les uns les autres. Je vais faire une scène avec Rupert et soudainement la lumière va changer et je suis dans une scène 24h plus tard avec Gemma. Il n'y a aucune théâtralité là-dedans puisque cela va si vite, comme une coupure dans un film.”

Le rythme du spectacle est dans l'esprit de Lloyd durant notre conversation. Il me dit combien les comédiens ont été surpris par les réactions du public lors des premières représentations, comment ils ont revu leurs performances pour être sûr que leurs lignes étaient audibles puis ils en ont accéléré le rythme. Pendant une de ces premières représentations, il s'est même demandé si sa partenaire Tamsin Greig devait se rendre quelque part, tellement elle était rapide. “[La pièce] a ce rythme new-yorkais,” explique-t-il, “le public doit avoir du mal à suivre.”

Pour s'assurer qu'il s'était habitué à la vie de Manhattan, il a fait un petit séjour de l'autre côté de l'Atlantique avant les répétitions pour découvrir le monde dans lequel vit son personnage; pas seulement le voisinage, mais aussi la profession: “J'avais, comme la plupart des gens je pense, une perception fausse des [prostitués]. Vous allez penser que cela sonne très louche, mais c'est presque un business légal de nos jours. Ils ont des sites internet et des bureaux. J'y suis allé et c'est des gars propres sur eux de 26 ans. Ils gagnent 110 000 dollars par an. C'est comme un travail que vous faites après l'université si vous ne savez pas quoi faire de votre vie; c'est mieux que de travailler chez Starbucks. Cependant, les choses que vous devez traverser ... surtout si vous n'êtes pas gay.”

C'est le cas pour le personnage de Lloyd, Alex, un jeune prostitué qui tombe amoureux de Mitchell, un acteur hollywoodien, joué par Rupert Friend. Dans quelques lignes dans la pièce, le passé troublant d'Alex est évoqué, celui d'un enfant abusé par son père dans son enfance. Ce ne sont que de tous petits moments dans la pièce mais ils sont capitaux pour la construction du personnage, posant des questions sur pourquoi quelqu'un dont les premières expériences sexuelles viennent d'un homme plus âgé abusif ferait un travail qui implique des relations sexuelles avec des hommes plus âgés. Revanche ? Pouvoir ? Plaisir ?

“J'ai cherché dans ces directions,” dit Lloyd, “et j'ai pratiquement passé les quatre dernières semaines à digérer ça. Je pense que c'était important pour moi de comprendre cela de son point de vue, qu'il n'a jamais vraiment l'occasion de partager, donc dans les quelques moments où cela lui échappe, je sais ce que c'est.”

Le processus l'a vraiment travaillé. Il aime connaître la motivation derrière chaque mouvement. “Mais parfois, explique-t-il, vous devez simplement agir selon l'instant, pour se relaxer, jouer un extrait puis un autre et laisser l'histoire se révéler à travers moi plutôt que de la raconter moi-même. Simplement être dans le moment à chaque moment et à la fin l'histoire aura été racontée malgré toutes vos réticences.”

Beau, mince, d'environ 1,80m avec des sourcils bruns broussailleux, Lloyd se réjouit de se lancer des défis à lui-même, peut-être parce que, n'étant pas allé dans une école de théâtre, il sent qu'il a quelque chose à prouver, pas au monde extérieur mais à lui-même. Certainement sa réponse au fait d'avoir décroché le rôle de Rodolpho dans le succès théâtrale de 2009 A View From The Bridge/Vu du Pont le laisse suggérer.

“Je pense que c'est le seul rôle que j'ai eu où j'ai crié quand j'ai su que je l'avais. Je pense que je pensais que si moi, un élève de l'école publique, ennuyeux Harry Lloyd pouvait interpréter un blond, flamboyant immigré sicilien, si je pouvais convaincre les gens chaque soir que j'étais ce garçon, je pouvais tout faire. Il devait chanter une chanson, je déteste chanter. Il aime la musique, il aime la vie et il a une plus grande passion, de type européenne, italienne, je suis très tordu et étrange et je me fais beaucoup de souci…” il s'interrompt, tord ses membres et visiblement retourne dans ses pensées. “Je m'y suis habitué,” dit-il en souriant, “c'est tout ce que je voulais.”

Il a également fait un voyage de recherche avant cette pièce, passant du temps en Sicile. “Je me suis juste senti comme un gros menteur si j'arrivais le premier jour et que je n'y étais pas allé,” explique-t-il. “Cela vous donne confiance en vous. Cela ne vous enseigne rien que vous n'auriez pu apprendre dans un livre. Mais aller là-bas, se balader quelques heures tout seul, observer les gens et lire, regarder comment les gens bougent, quand vous arrivez [pour les répétitions], cela vous libère et vous n'avez pas à vous inquiéter dans un coin de votre esprit en vous disant ‘Ce n'est pas comme ça qu'ils font …’ Vous le faites simplement et ne vous inquiétez pas que quelqu'un en sache plus que vous.”

“Il y avait beaucoup de personne d'origine italienne sur cette pièce qui parlaient la langue et le savaient. Ken [Stott] est à moitié italien. Mary Elizabeth [Mastrantonio] est à moitié italienne. Je vis à Hammersmith [quartier de Londres]. Mes parents sont d'origine polonaise. Je ne sais rien sur le fait d'être italien.”

Je ne serais pas vraiment surpris si l'on me disait qu'Harry Lloyd a refusé un projet parce que cela se passait à Croydon [banlieue de Londres]. Il rit à cette suggestion et ajoute que “C'est plaisant d'avoir un rôle qui demande qui vous appreniez quelque chose qui est par la même occasion intéressant. J'ai appris à chanter, ce n'est pas une corvée mais quelque chose que j'aurais dû faire il y a des années de ça. J'ai appris quelques mots d'italien, [c'était] génial. Ce n'est pas comme si vous deviez apprendre à nager dans de la m***e.”

Le rôle pour lequel les téléspectateurs du samedi soir le connaissent peut-être le mieux finalement est la conséquence d'un voyage prolongé à l'étranger, puisqu'il a passé 14 mois sur 18 à vivre à Budapest quand il a tourné deux saisons de la série de la BBC Robin des Bois, dans laquelle il jouait Will Scarlett.

Je pensais que tourner une série sur courir dans la forêt en tirant des flèches et contrecarrant les plans des méchants serait le rêve de tout garçon. Lloyd s'enfonce dans son siège, sourit et confirme qu'une grande partie l'était. Mais encore une fois, une grande partie ne l'était pas. La plupart du temps en tant que compagnon du héros, il était dans une scène, ne faisant pas vraiment partie de l'action mais nécessaire dans le 'décor'.

“Les meilleurs jours sur le tournage étaient quand vous aviez un grand combat à faire. C'était génial. Ces jours-là passaient vite. Les jours pour lesquels vous êtes payés sont ceux où vous devez trouver de quoi vous occuper parce que finalement vous n'avez pas grand chose à faire. Vous apportez un livre ou vous lancez des flèches sur un arbre, ce qu'on a beaucoup fait. Vous ne devez pas faire la tête parce que [vous êtes au fond dans une scène], mais vous vous détendez et essayez de l'apprécier, sinon vous allez devenir un peu fou en ne cessant de vous dire ‘Qu'est-ce que je fais dans cette scène?’ Asseyez-vous. Trouvez quelque chose à faire.”

Lloyd sera peut-être plus souvent à l'écran si le pilot [premier épisode d'une série, souvent présenté à la chaîne pour qu'elle décide si elle veut en commander plus ou non] de série américaine qu'il a récemment tourné est retenu. Game Of Thrones [Le Trône de Fer] est basé sur la série de livres de fantasy de George RR Martin, A Song Of Ice And Fire [le titre français de la série est identique au premier tome, Le Trône de Fer] et voir Lloyd jouer le roi mendiant Viserys Targaryen face à une foule de talentueux acteurs britanniques.

Il décrit le processus pour décrocher ce rôle comme: “Une de ces auditions que vous avez de temps à autre pour une de ces grosses séries américaines et vous êtes là ‘Génial, merci.’ Vous êtes partant, vous vous enregistrez sur une cassette, vous l'envoyez et vous n'en entendez plus jamais parler. Donc je me suis lancé et légèrement pris des libertés avec ce personnage, me suis fait plaisir avec. Ils ont aimé.”

Donc quand The Little Dog arrêtera de rire, et avec ce pilot américain en poche, Lloyd repartira une nouvelle fois aux États-Unis pour voir s'il peut trouver un agent américain qui pourra lui obtenir des rôles intéressants là-bas. La commande d'une série de Game Of Thrones ou décrocher un autre rôle américain important placerait résolument Lloyd parmi ses pairs – “vos Eddie Redmayne, Andrew Garfield, Ben Whishaw et autres Tom Hiddleston” – les jeunes acteurs britanniques qui travaillent régulièrement au plus haut niveau à la fois sur scène et à l'écran.

“Je pense qu'il y a une bonne génération d'acteurs britanniques d'une vingtaine d'années,” dit-il, “qui font tous des choses excitantes ici et à l'étranger d'une façon très différente de la génération précédente. Il y a un grand nombre de bons acteurs britanniques de mon âge qui ne sont pas des stars de ciné ou des acteurs de théâtre; ils sont plutôt les deux à la fois. Avant c'était plutôt… vous étiez un acteur de théâtre, et quand vous étiez un petit peu plus âgé vous alliez là-bas [aux États-Unis]. Maintenant il y a des gens qui peuvent faire les deux.”

Alors qu'il semble enthousiaste de voir ce qu'il l'attend de l'autre côté de l'Atlantique, Lloyd n'est pas aveugle quant au fait de tenter de percer aux États-Unis. “Vous ne pouvez pas vraiment avoir de grande stratégie pour ça parce que cela va échouer et vous serez alors vraiment fâché. Il y a cinq ans, je ne savais pas que j'allais jouer un prostitué, mais je suis vraiment heureux de le faire.”

Ces cinq dernières l'ont vu acquérir de l'expérience, de l'envergure et de la renommée. Le Lloyd qui est passé directement de l'université au monde professionnel et qui pensait ne pas connaître les recettes magiques de l'école d'art dramatique est depuis banni dans les sombres recoins de son esprit; toujours présent, j'en suis sûre, mais moins audible quand il affirme qu'il n'est pas assez bon. Le “torturé et bizarre” Lloyd a été supplanté par un petit rythme new-yorkais et l'exubérance sicilienne.

“Passer de la personne très peu sûre d'elle-même et penser que je ne méritais pas d'être sur scène parce que je ne connaissais pas les règles, à désormais quelqu'un qui, pour une personne de mon âge, a plutôt pas mal d'expérience théâtrale … j'en suis très fier.”

> Lire l'article original

Ecrit par lindcherry 
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chrismaz66, 18.04.2024 à 11:04

Choup tu as 3 joueurs de plus que moi!! Kaamelott est en animation, 3 jeux, venez tenter le coup, c'est gratis! Bonne journée ^^

choup37, 19.04.2024 à 19:45

Maintenant j'en ai plus que deux, je joue aussi sur kaa

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