The Times - 8 sept. 2006

Robin des Bois chevauche à nouveau
après le nouveau tournage des scènes volées.
(Adam Sherwin)

Les principales bandes ont peut-être été volées, mais la série à 8 millions de livres de la BBC Robin des Bois a survécu pour se jeter dans la bataille des audiences du samedi soir le mois prochain. La série, dévoilée hier soir, est le dernier 'produit emblématique familial' à être modernisé, après s'être engouffré derrière Dr Who.

Le cast a été obligé de tourner une nouvelle fois des scènes clés qui manquaient aux épisodes cinq à treize après le vol des principales bandes haute-définition sur le plateau en Hongrie. Une récompense de 40000 livres a été offerte pour leur restitution.

Jonas Armstrong, acteur irlandais relativement inconnu de 25 ans, incarne Robin, Lucy Griffiths, 19 ans, est sa Lady Marian. Le perfide Shérif de Nottingham de Keith Allen s'inspire du Chancelier Gordon Brown.
[NdT : Avant d'être élu Premier Ministre du Royaume-uni en 2007, Gordon Brown était Chancelier de L’Échiquier – ou plus simplement Chancelier – qui est le titre conféré au ministre chargé des finances et du trésor.]

« Je l'ai basé sur Gordon Brown. » reconnaît Keith Allen. « Je vois une personne calculatrice et diabolique au travail. Le Shérif est sociopathe, absolument asexué, diaboliquement charmeur et politiquement très ambitieux. »

Le Shérif abuse de sa position, s'appropriant des terres, percevant d'intolérables taxes et persécutant les pauvres. Allen déclare : « On a le sentiment qu'il attend dans l'ombre du Prince Jean de prendre sa place. Je pense qu'il se voit comme un futur dictateur pour l'Angleterre, c'est ce vers quoi Gordon Brown se dirige. »

La BBC a nié les rapports de tournage qui disaient que les scènes avaient été retournées parce que les éléments liés à action et à la romance n'avaient pas pris suffisamment.
Robin des Bois a été produite par une compagnie indépendante, Tiger Aspect, avec le financement de BBC America. La série sera vendue à des publics internationaux comme une adaptation moderne d'un produit mondialement connu.

La BBC a promis « de scandaleuses escroqueries, des déguisements, des pièges et de l'ingéniosité, de l'archerie à couper le souffle et des combats à l'épée incroyables. » Cependant, il manque un élément, Frère Tuck,qui a été omis dans les premiers épisodes parce que les producteurs croyaient que son personnage, raillé pour son visage grassouillet, n'attirerait pas les spectateurs contemporains. Il a entre-temps été révélé que Tuck aura droit à un sursis et apparaîtra dans les futurs épisodes.

 

 

Les vieux méchants volent la vedette
(Paul Hoggart)

« Oh, youpi ! » déclare Keith Allen, en faisant rouler ses yeux sous son chapeau d’hermine. Youpi en effet. Robin des Bois est de retour et il est plus exubéramment héroïque que jamais. Après le succès éclatant de Dr Who, la BBC s'est essayée à un divertissement familial retro hier soir avec une projection à paillettes à Mayfair d'une nouvelle série présentée comme excitante pour les enfants et apportant un frisson nostalgique aux parents.

« Quelqu'un a volé la bande ! » a crié un petit plaisantin, alors qu'il y avait un temps d'attente au démarrage, une référence au vol des principales bandes en Hongrie qui a retardé le planning de la production. Ils sont encore en train de tourner en ce moment.

Chaque époque réinvente les légendes populaires à sa propre image. Dans les années 30, le Robin des Bois d'Errol Flynn était plus grand que nature et idolâtré par les femmes. Les Baby-Boomers ont ajouté la version Boy-Scout épurée des années 50 avec Richard Greene. Les années 90 ont apporté le politiquement correct Robin des Bois : Prince des Voleurs et l'irrévérencieux post-moderne Sacré Robin des Bois.

Le milieu des années 2000 apporte à la préférée des familles une touche de graffitis, des gouttelettes de blagues à l'intention des adultes (une astuce reprise de Dr Who), plus de bécotage que Richard Greene n'en a jamais reçu à l'écran et quelques effets spéciaux tout droit sortis des films d'arts martiaux chinois.

Mais comment Jonas Armstrong peut-il se mesurer à Flynn, Greene ou Kevin Costner ? Keith Allen en tant que Shérif de Nottingham, au ricanant Basil Rathbone et à Alan Rickman ? Est-ce que le dernier quart d'action est suffisant pour les enfants contemporains ?

Et bien la production rend très bien. Elle a peut-être été tournée en Hongrie mais les paysages semblent aussi authentiques que vous pouvez l'espérer. Les bons mots de Keith Allen sont raccordés avec des phrases comme «Oh, grandis un peu !» alors qu'un autre dialogue du scénariste Dominic Minghella explique le parallèle entre l'Angleterre du dernier 20ème siècle et la Grande-Bretagne de Blair de façon un peu trop évidente. Mais ceci interfère à peine avec la vitesse rapide de l'action et est contre-balancé par l'humour.

Armstrong, en tant que Robin des Bois incompris, devrait être suffisamment espiègle et boudeur pour trouver sa place sur les murs des quelques centaines de milliers de jeunes filles pubères, et Lucy Griffiths, en tant que Marian, est inévitablement fougueuse. Mais les méchants volent la vedette avec le Guy de Gisborne de Richard Armitage qui reste de glace face aux gags de Keith Allen, moqueur et terriblement sarcastique Shérif de Nottingham.

Le public, parmi lequel le cast, l'équipe technique et leurs amis, a applaudi à la fin mais ce remake devrait également plaire au cercle familial.

The Times - 8 septembre 2006 - Adam Sherwin / Paul Hoggart

Crédit scan : JonasArmstrongBlog
Crédit traduction: Locksley pour RobinDesBois-Hypnoweb