1.07 – Sur les deux rives d’un océan
Dans le parc, Simon tire sur des pigeons lancés par un valet. Daphné ouvre la fenêtre du salon et joue très fort du piano, ce qui agace Simon. Elle joue de plus en plus fort.
Simon : Pull !
Dans la salle à manger. Daphné et Simon se parlent en s’adressant à un valet.
Daphné : Je vous prie de demander à miss Nolan si mes effets personnels ont bien été retirés de la chambre du duc et apportés dans la chambre de la duchesse.
Simon : Je vous prie d'informer Sa Grâce que je me refuse à autoriser cela.
Valet : Dois-je vraiment délivrer le message, Votre Grâce ?
Daphné : Vous ne pouvez pas croire que je vous accueillerai dans mon lit après tant de mensonges et de déceptions.
Simon : Soyez assurée que les relations maritales ne m'intéressent plus du tout depuis vos récents exploits.
Daphné : Alors dites-moi pour quelle autre raison souhaitez-vous que je reste ?
Simon : Parce que vous êtes mon épouse.
Daphné : La coutume veut qu'une épouse loge dans sa propre chambre une fois la lune de miel terminée. Un temps à présent qui est véritablement passé, vous en convenez ?
Simon : J'entends être tenu informé de l'évolution que vont prendre vos intentions conjugales.
Daphné : Loin de moi, même en rêve, de vouloir cacher la vérité sur une affaire aussi importante.
Rose : Votre Grâce, le Whistledown vient d'arriver et vous devriez…
Simon : Une mauvaise nouvelle ?
Daphné : Je dois partir sur le champ.
Rose : Oui, Votre Grâce.
Simon : Que se passe-t-il ?
Daphné : Il semble que mon frère soit la proie du scandale. Je dois retourner auprès de ma famille. Ils ont besoin de moi.
Simon : Je vous accompagne.
Daphné : C'est une affaire familiale.
Simon : Faire chambre à part peut être toléré. Ne pas vivre sous le même toit n’est pas acceptable. Je ne vous laisserai pas hors de ma vue tant que je ne sais pas si vous portez un enfant.
Daphné : Veillez à ce que Sa Grâce prépare sa voiture la plus grande. J'exige mon espace personnel.
Londres
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Lady Whistledown : L'écho de la récente tombée en disgrâce de miss Marina Thompson continue de résonner dans chaque salon de la ville plusieurs jours après la révélation que ses fiançailles avec Colin Bridgerton n'étaient finalement rien d’autre qu'un stratagème. Naturellement, la disgrâce d'une dame ne vient pas seulement ternir ceux qui portent son nom. Comme les vapeurs de poix sur la Tamise, son ignoble puanteur s'étend sur toute personne à proximité....
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Boutique de Geneviève Delacroix
Geneviève : Restez tranquille, ma chère.
Eloïse : Ce scandale pourrait fortement ternir mes débuts, maman. Nous devrions peut-être reporter mon entrée de quelques années.
Violet : Silence mon enfant, tout va bien se passer. Contentez-vous de sourire.
Eloïse : Est-ce qu’un sourire peut suffire à sauver les Featherington ? Pénélope et ses sœurs n'ont rien fait de mal, mais leur réputation est ruinée.
Violet : Vous devriez surtout vous préoccuper de l'avenir de votre propre famille. Notre position n'est pas moins périlleuse. Quelle belle journée, n'est-ce pas, lady Richmond ?
Lady Richmond : Certes.
Eloïse : Cette Whistledown.
Geneviève : Je n'aimerais pas me fâcher avec cette femme. Quoi qu'elle dise, on la croit sur parole.
Eloïse : Oui. Si elle a le pouvoir de détruire une réputation, elle peut aussi la restaurer.
Geneviève : Très élégante, miss Bridgerton. Quelle jolie débutante vous allez faire.
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Lady Whistledown : ... Et comme aucune ombrelle au monde n'est assez solide pour protéger une femme déchue, le seul espoir de miss Thompson est de trouver un autre refuge. ...
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Nurse : Je suis désolée, nous sommes complets.
Portia : Il s'agit d'un cas d'urgence. Cette jeune femme n'aura nulle part où aller avec son enfant. Vous devez consentir parfois à des exceptions.
Nurse : Je devrais pouvoir trouver une chambre si nous recevons une donation de belle taille.
Portia : Mais cette maison n’est-elle pas dédiée à la charité ?
Nurse : Même la charité a besoin d'argent. Et vous devez en posséder de façon considérable, je présume. Au revoir.
La maison des Bridgerton
Daphné : Sommes-nous arrivés ? Inutile de jouer les geôliers. Dites-vous que ce n'est certes pas dans l'heure que je saurai si je suis enceinte ou non.
Colin : Miss Thompson doit défaillir sous le poids des mensonges, pourquoi ne puis-je la voir ?
Violet : Colin.
Anthony : Écoute moi, mon frère. Le fait que la bonne société se jette sur le moindre potin de Whistledown est la seule chose qui nous préserve du déshonneur. Grâce à son feuillet, personne ne croit que tu es le père de l’enfant de Miss Thomson. Mais si tu te rapproches d'elle, ils te jugeront responsable de son désastre et toutes tes sœurs paieront pour ta triste notoriété. Est-ce cela que tu désires ?
Colin : Évidemment pas, mais…
Daphné : Bonsoir à tous.
Violet : Ma chérie !
Anthony : Que fais-tu là Daphné ? N'es-tu pas censée profiter de ton bonheur de jeune mariée ?
Daphné : En apprenant la nouvelle, je suis venue aussi vite que notre voiture nous l’a permis.
Anthony : En pleine lune de miel ?
Benedict : Hastings doit maudire le nom des Bridgerton.
Anthony : Où est-il, d'ailleurs ?
Daphné : Il est allé préparer la maison.
Anthony : Nous maîtrisons la situation, ma sœur. Nous n'avons pas besoin de ton assistance.
Violet : Cela est entièrement faux Anthony et vous le savez. Daphné pourrait bien être la réponse à tous nos problèmes. Quand la bonne société verra que nous avons toujours le soutien du duc et de la duchesse, les rumeurs cesseront aussitôt, et la vie reprendra son cours comme s’il ne s'était rien passé et que tout allait bien.
Daphné : Et les gens ne se rendront compte de rien. Puisque feindre qu'il ne se passe rien est la meilleure façon d'amener les ignorants à le croire sans broncher, n'est-ce pas, maman ? Bien. Sur quel grand événement la société va-t-elle jeter son dévolu cette semaine ? Il y a certainement quelque chose.
Violet : La… La reine donne un déjeuner.
Daphné : Je suis certaine que le duc et moi pouvons obtenir une invitation. Avec un peu de chance, notre retour à Londres sera pour tout le monde un tel sujet de conversation que personne n’aura plus la force de parler d'autre chose.
Colin : Je suis heureux de voir tout le soutien que vous m'apportez.
Daphné : Tu souhaitais véritablement l'épouser ?
Colin : Oui.
Daphné : Alors, dans ce cas, peut-être devons-nous tous être heureux que tu n'aies pas épousé une inconnue.
Colin : Ce n'est pas une inconnue.
Daphné : Je crains que si, mon frère. Whistledown la connaissait mieux que toi.
Colin : Whistledown perce les secrets de tous.
Daphné : Et tu as de la chance de ne pas avoir attendu le lendemain de ton mariage pour apprendre qui elle était.
Colin : Je sais que tu me prends pour un fou, mais les élans de mon cœur échappent à toute logique. Quand je pense à elle, je veux être près d'elle, je me projette avec elle. En dépit de toutes considérations raisonnables.
Daphné : Je connais bien cette folie. Mais tu ne peux pas lui rendre visite.
Colin : Léandre a nagé d'Abydos à Sestos chaque nuit dans la plus grande obscurité rien que pour voir son amour.
Daphné : Léandre a fini par se perdre et s'est noyé. C'est la suite de l'histoire.
Colin : Ça ne va pas ? Daphné ? Une contrariété à Clyvedon ?
Daphné : Si tu souhaites absolument parler à miss Thompson, je vais vous arranger un rendez-vous, chaperonné, cela va sans dire.
Colin : Je t'en serais reconnaissant, tu verras que ma passion n'est pas vaine.
La salle de boxe de Will Mondrich
Mondrich : Vous avez toujours appris vite. Mais je préfère garder mes forces pour mes combats au lieu de les dépenser pour vos problèmes.
Simon : Vous renoncez à me combattre ? Ce n'est pas la meilleure façon de vous préparer.
Mondrich : Je ne vous ai pas vu une telle rage depuis qu’on vous a remis les clés du duché.
Simon : Je ne parlerai pas de mon duché.
Mondrich : Comme vous voulez. Je présume que vous ne parlerez pas de votre lune de miel non plus.
Simon : Il ne s'est rien passé pendant ma lune de miel.
Mondrich : Une situation qui n'a pas dû enchanter votre épouse, j'imagine.
Simon : Je suggère que vous cessiez d'imaginer ce que mon épouse a ressenti. Ou son attitude à ce sujet.
Mondrich : Ça ne fait appel ni à la raison ni au bon sens, n'est-ce pas ?
Simon : Pardon ?
Mondrich : Le mariage. C'est comme ça, on n'y peut fichtrement rien.
Simon : J'ai prononcé un vœu. Je vous l'avais dit, hein ?
Mondrich : Vous apprenez vite, c'est clair.
Le chateau des Hastings. Simon rentre tard.
Simon : Vous êtes encore debout ? Je sais que vous êtes là, je vous ai vue.
Daphné : La reine donne un déjeuner cette semaine. Nous devrons y assister avec mon frère afin de l'assurer de notre soutien. Où avez-vous passé la soirée ?
Simon : Je ne pensais pas que vous étiez soucieuse de mes allées et venues ?
Daphné : Est-ce à cela que notre mariage ressemblera dans l'avenir ? Vous dehors toute la soirée, faisant Dieu sait quoi avec Dieu sait qui ?
Simon : Dieu sait qui ? Vous me blessez. Nous ne sommes pas mariés depuis trois mois que déjà vous m'imaginez infidèle.
Daphné : Est-ce aussi aberrant d'imaginer cela ? Nous connaissons l’un comme l’autre votre réputation, Votre Grace. Il est clair que vous jugez qu'il n'y a rien à sauver dans notre mariage.
Simon : Rien à sauver ?
Daphné : C'est ce que j'ai dit.
Simon : C'est ce que vous pensez ?
Ils s’approchent l’un de l’autre et s’embrassent.
Daphné : Simon.
Simon : Daphné.
Daphné : Je te veux. Si nous allions dans notre chambre finir ce que nous avons commencé ?
Simon : Non.
Daphné : Que va-t-il advenir de nous ? Simon ?
Simon : Si vous portez un enfant, je resterai et je ferai mon devoir en subvenant à vos besoins.
Daphné : Et si ce n’est pas le cas ?
Simon : Eh bien nous resterons mariés, sur le papier. Vous bénéficierez de tous les soins que requiert une duchesse. Mais je resterai à distance de votre porte. Nous vivrons de manière entièrement séparée. Ceci ne doit pas arriver. Ceci n'arrivera jamais, avez-vous compris ?
Daphné : Que nous ne nous faisons plus confiance ? Oui, Votre Grâce, je crois l'avoir bien compris.
Chez les Hastings. Daphné a organisé le rendez-vous promis à Colin.
Daphné : Miss Thompson. Merci de vous être déplacée.
Marina : Je ne savais pas que j'avais le choix.
Daphné : Mon frère souhaitait une audience. Et je souhaite éviter à ma famille d'être une fois de plus l'objet d'un scandale. Je resterai en qualité de chaperon.
Colin : Marina, vous devez me dire que ce que cette Whistledown a écrit est une erreur. Que ce n'est pas la vérité.
Marina : Mais ça l'est.
Colin : Vous attendez un enfant ? Je ne comprends pas. Nous allions nous marier, vous disiez m'aimer.
Marina : Colin, j'ai toujours eu pour vous une grande estime.
Colin : De l'estime ? Vous êtes bien cruelle pour oser vous tenir ici et parler d'un ton amical comme si vous n'aviez commis aucun grave péché envers moi.
Marina : Ne parlez pas de péché, monsieur Bridgerton. Je n'ai pas à subir vos reproches ni ceux de qui que ce soit. Je n'ai pas pu mieux faire. Peut-être que vous me trouvez mauvaise, mais j'ai agi comme je le devais. Personne ne m'a jamais véritablement aidée ou guidée en me montrant une autre direction. Je n'ai pas eu le choix. Il était urgent que je me marie et vous avez été le seul homme à m'offrir une petite lueur d'espoir et de bonheur.
Colin : Alors je devrais me sentir flatté ? Et considérer comme un honneur d'avoir été votre proie ? D'avoir été berné aux fins d'être piégé dans un mariage malhonnête ? Je prends définitivement congé de vous Miss Thompson. Savez-vous ce qu’il y a de plus cruel dans votre trahison ? Si vous vous étiez simplement ouverte à moi de votre situation, je vous aurais épousée sans hésiter une seconde. C'est vous dire comme mon amour est fort. Mais tout était bâti sur du vent.
Marina : Je pense qu'il est temps que je rentre chez moi à présent. Nous ne voudrions pas qu'un autre scandale touche votre famille respectable.
Rose : La voiture vous attend madame, nous devons nous préparer pour le déjeuner de la reine.
Daphné : Bien sûr.
Au palais.
Violet : Les déjeuners de la reine ! N'est-ce pas merveilleux ? Nous voici à nouveau réunis.
Colin : Une grande joie, créons du scandale plus souvent.
Une lady : Vous êtes belle et absolument rayonnante Votre Grace.
Daphné : C'est trop de bonté.
Une lady : N'est-ce pas magnifique d'être marié ?
Simon : C'est à la fois une joie et une merveille en effet.
Charlotte : Place, place ! Devez-vous tous vous comporter comme un troupeau de moutons qu'on écarte ? J'ai parié une centaine de guinées qu'il y aurait un héritier Hastings dans l'année. Êtes-vous déjà enceinte ?
Simon : Il est indéniable que nous consacrons nos forces à ce projet, Votre Majesté. Nous espérons très vite satisfaire notre reine.
Charlotte : Je compte bien sur vous.
Daphné : Votre duplicité est tellement naturelle.
Simon : J'ai eu le meilleur des professeurs.
Granville : Vous m'avez manqué à l'atelier. Passez pour un autre cours de dessin. Comme je l’ai dit, la meilleure façon de progresser, c'est de pratiquer.
Lucy Granville : C'est du moins l'excuse qu'il donne pour revenir à la maison plein de peinture, parfois même à des endroits très curieux.
Granville : Oh ! Aviez-vous rencontré mon ami Wetherby à ma soirée ? Venez, je vais vous présenter.
Benedict : Non. Merci bien. Je vois que ma mère souhaite ma présence, bonne journée.
Brimsley : Sa Majesté requiert une audience.
Eloïse : Avec moi ? Maintenant ?
Charlotte : Ah ! Tout de même. Ouste ! Qui est-elle ?
Eloïse : Votre Majesté ?
Charlotte : Whistledown ! Je vous ai confié de débusquer cette colporteuse de ragots.
Eloïse : Je puis vous assurer que j'ai bien l'intention de la dénicher. Et je m'en veux terriblement de ne pas avoir percé à jour son identité, mais j'en concluais…
Charlotte : Cela prend beaucoup trop de temps. Ma patience a des limites. Donnez-moi une réponse. Votre reine vous l'ordonne.
Eloïse : Naturellement. Votre Majesté.
Lady Danbury : Alors, vous êtes de retour à Londres. Votre venue tombe à point nommé compte tenu des ragots sur votre frère.
Daphné : Une pure coïncidence, lady Danbury, j'en suis sûre.
Lady Danbury : Vous êtes là pour affaires. Et je n'ai pas entendu le moindre propos sur l'engagement malheureux de monsieur Bridgerton avec une certaine Thompson. J'allais oublier. Je donne une fête bientôt et je serais ravie de vous y accueillir.
Simon : Nous sommes très friands de soirées.
Daphné : Je ne sais pas à quel moment nous accepterons des invitations.
Lady Danbury : C'est une invitation pour une personne. Pour vous seule, madame la duchesse. Une réception où sont conviées les femmes mariées de la haute société, dont vous êtes un tout nouveau membre.
Portia et ses filles entrent dans le jardin de la reine qui fait la grimace. Eloïse vient chercher Pénélope et l’emmène.
Une lady : Quelle audace, alors !
Lady Cowper : Dire qu'elle a œuvré pour amener ce pauvre Bridgerton à épouser une femme qui était enceinte.
Eloïse : Hé ! Comment allez-vous ? Comment cela se passe chez vous ?
Pénélope : Pas une seule visite en trois jours. Maman jure que nous sommes ruinées. Mais comment va Colin ? La nouvelle a dû l'anéantir, non ?
Eloïse : Il est blessé dans sa fierté mais il va plutôt bien, les gentlemen sont souvent confrontés à cela. N'avez-vous pas entendu ce que disent les gens ? Lady Whistledown est allée trop loin cette fois.
Pénélope : Je vous croyais sa plus grande admiratrice.
Eloïse : Pas lorsque le nom de ma meilleure amie est sali. Quand nous révélerons qui est Whistledown, nous la convaincrons de se rétracter pour laver la réputation de votre famille. Tout va s'arranger, j'en suis convaincue.
Portia : Ma chère lady Bridgerton. N'est-ce pas absolument épouvantable pour nous deux d'avoir été dupées par cette ignoble traîtresse ? Quand je pense que cette miss Thompson allait tirer profit de ma gentillesse, moi qui lui avais ouvert ma porte. Je vous demande de me croire, je n'avais pas la moindre idée de…
Brimsley : Lady Featherington, je vais vous demander de partir.
Portia : Mais j'ai une invitation.
Brimsley : Plus maintenant. Je suis sûr que vous souhaiterez éviter une situation déplaisante.
Cressida : Que ça leur serve de leçon.
Daphné : De leçon à quel sujet, miss Cowper ? Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés.
Violet : Quelque chose vous perturbe. Je sais que vous n'êtes plus une enfant, mais je reste votre mère et vous pouvez toujours me demander conseil. Le mariage a ses joies, mais il apporte aussi son lot d'épreuves.
Daphné : En cela vous avez raison, oui. Mon mariage est loin d'être parfait.
Violet : Ma chérie. Livrez-moi vos pensées, je vous apporterai peut-être ma sagesse.
Daphné : Ou peut-être aurez-vous une fois de plus recours à une métaphore et à d'autres platitudes.
Violet : Daphné, j'essaie seulement du mieux que je peux de vous aider.
Daphné : Savez-vous ce qui m'aurait été d'une aide précieuse ? C'est que grâce à vos conseils maternels, j'aie été préparée correctement au mariage.
Violet : Que voulez-vous dire ?
Daphné : Ce que je veux dire maman, c'est que vous m'avez envoyée dans le monde comme une pauvre idiote. Vous m'avez appris à jouer un rôle, mais rien sur ce que la réalité quotidienne du mariage signifie. Et encore moins sur les relations conjugales. Si vous aviez pu me dire, m'expliquer clairement ce qui était important, si vous m'aviez dit la vérité, il est possible que…
Lady Danbury entre dans le jardin. Daphné s’en va.
Violet : Daphné ! C'est la chaleur. La duchesse est épuisée en ce moment.
Chez les Featherington.
Portia : Nous avons été la risée de tous, aujourd'hui. Traitées comme des moins que rien, par votre faute !
Lord Featherington : Comment ça, par ma faute ? Je n'étais même pas là.
Portia : Si vous n’aviez pas cette sale manie, nous nous serions débarrassés de Miss Thomson, à la minute où nous apprenions son état. Tout cela nous aurait été épargné.
Madame Varley : Madame ! La duchesse de Hastings, elle est ici.
Portia : Je suis tellement ravie de votre visite, Votre Grâce. J'ai senti votre mère assez irritée à ce déjeuner. Mais naturellement, si vous venez pour offrir une explication…
Daphné : Je souhaite dire un mot à miss Thompson. En privé.
Portia : Bien.
Marina : Pour ce que cela vaut, je suis désolée. Votre frère est un garçon charmant.
Daphné : Vous n'avez pas à… C'est d'ailleurs moi qui vous présente mes excuses.
Marina : Comment cela ?
Daphné : Je vous ai mal jugée, et je voulais vous dire que ce que vous avez estimé urgent de faire, je le comprends.
Marina : J’aurais voulu que ça se passe autrement.
Daphné : Et vous n'êtes pas la seule à le penser bien sûr.
Marina : George était soldat. Mais c'était aussi un être doux et d'une grande bonté. Il était parfait. Je me suis imaginée être amoureuse. Ensuite, mes règles se sont arrêtées, je me suis retrouvée enceinte… et seule.
Daphné : Quel est le nom de famille de George ? Savez-vous où il est cantonné ? Dans quel régiment ?
Marina : Mais enfin, à quoi bon, Votre Grâce ?
Daphné : On m'a dit que le général Langham et son épouse étaient à Londres. Je pourrais peut-être en parler avec lui ou avec la générale et retrouver ainsi Sir George.
Marina : Qu'est-ce que cela changerait ? George l'a dit, il ne veut pas de moi.
Daphné : Mais souhaitez-vous rester seule ? Sans statut, sans protection, sans soutien ni pour vous ni pour votre enfant ? Tout est préférable à cette situation. Pourquoi serait-ce à lui de décider de votre avenir, alors qu'il a été aussi inconséquent envers vous ? Il est en faute en conséquence. Je peux peut-être le convaincre de revenir, de prendre ses responsabilités envers vous et son enfant. Pourquoi seriez-vous condamnée à subir seule le châtiment de son crime ?
Marina : Vous pensez pouvoir faire ça ?
Daphné : Croyez-moi, miss Thompson… je pense être capable de faire plus que cela.
Lord Featherington lit une affiche :
WILL MONDRICH CONTRE RAY PEARSON
Mondrich : J'ai vaincu le plus fort et je ne doute pas que je continuerai. Les gens sont friands de mes exhibitions mais elles sont coûteuses, c'est pourquoi je …
Featherington : Je ne suis pas là pour ça. J'ai une proposition plus lucrative en tête. Et si nous convenions ensemble d'un petit arrangement sur le résultat de votre prochain combat ?
Mondrich : Navré de vous faire perdre votre temps, monsieur, mais je pense qu'il serait plus sage que vous partiez.
Featherington : Je crois que vous devriez m'écouter. Préférez-vous engager vos deniers sur les résultats d’une affaire commerciale qui pourrait partir à vau-l'eau ou miser sur quelque chose de garanti ? Vous concédez à perdre le prochain match et j'aurai gagné tellement d'argent sur votre adversaire qu'avec la moitié de mes propres gains, vos proches seront à l'abri pour la vie.
Mondrich : Mon honneur n'est pas à vendre.
Featherington : C'est logique que les bailleurs de fonds vous délaissent, monsieur Mondrich. Vous êtes un saltimbanque, un simple divertissement. Nous sommes ravis de lancer des paris sur votre force de frappe, mais aucun gentleman ne vous considérera comme un homme d'affaires respectable. Je sais que votre caractère pugnace vous vient de votre père, sans aucun doute. Il était soldat, n’est-ce pas ? Il était parvenu à échapper à sa condition en servant dans le régiment de Dunmore. Se serait-il battu pour sa liberté pour voir son fils devenir une espèce de boule de muscles épuisée, titubant sur un ring pour ramener à manger le soir à sa famille ?
Mondrich : Je vous interdis de parler de ma famille.
Featherington : Oui, bien sûr, et je vous demande pardon. Ce que je voulais dire que c'est aussi pour ma famille que je le fais. Écoutez, il suffit d'un simple arrangement et nous verrons tous deux nos problèmes réglés. C'est pourquoi je vous demande de considérer la chose. D'y réfléchir.
Le château des Hastings. Simon et Daphné se croisent et se saluent, sans se parler.
Rose : Tout le monde vous réclame depuis votre retour. Nous croulons sous les cartes de visite. Lady Danbury insiste sur votre présence à sa fête, jeudi.
Daphné : Une collection de femmes mariées. Mon Dieu, j'imagine déjà les questions qu'elles me réservent.
Rose : J'informerai votre valet de pied de votre état de fatigue dû au voyage.
Daphné : Votre Grâce.
Simon : Votre Grâce.
Daphné : Pensez-vous que la femme du général sera présente à la soirée de lady Danbury ?
Rose : Madame Langham ? Je crois savoir qu'elle aime sortir.
Daphné : Alors pouvez-vous répondre que je viendrai avec plaisir.
Rose : Votre Grâce.
Chez Lady Danbury
Lady Danbury : Votre Grâce. Bienvenue dans mon lieu de perdition. Je crois que vous connaissez déjà lady Trowbridge, Votre Grâce, mais avez-vous rencontré Lucy Granville ? Et voici Kitty Langham.
Daphné : La femme du général, oui. Enchantée de vous rencontrer.
Lady Danbury : Allons jeune homme, faites le nécessaire, donnez des jetons à la duchesse.
Lucy Granville : Commençons par les règles du jeu.
Lady Trowbridge : Une femme prononce ses vœux de mariage et les joueuses que nous sommes, lui prenons sa vertu.
Lucy Granville : Si tant est que son époux lui en ait laissé.
Lady Danbury : N'ayez crainte. À chaque tour, vous devez simplement poser votre jeton sur la carte que vous jugez être celle que le donneur va retourner. Voilà mesdames, posez vos mises.
Kitty Langham : Cela chasse le spectre de la malchance, comme j'aime à le croire.
Lady Danbury : La duchesse a de grandes facultés d'apprentissage. Je suis sûre qu'elle va vite s'adapter en un rien de temps. Il suffit juste d'un peu de pratique et de persévérance. Bravo !
Le White
Anthony : Bonsoir, Votre Grâce. C'est amusant de vous trouver ici.
Simon : C'est en effet d'un grand comique.
Anthony : Vous m'évitez, c'est ridicule.
Simon : C’est vous qui êtes ridicule à présent.
Anthony : Si vous n'évitez pas ma compagnie, puis-je au moins prendre un verre avec vous ? Une bière, je vous prie.
Serveur : Bien monsieur.
Lady Trowbridge : Le comte me tuerait s'il savait l'argent que j'ai dépensé.
Kitty Langham : Le comte vient d'avoir trois ans.
Lady Trowbridge : Alors je vais continuer !
Daphné : Visiblement, j'ai bénéficié de la chance des débutants.
Kitty Langham : Le jeu n'est pas terminé, Votre Grâce.
Daphné : Je me demandais, madame Langham…
Kitty Langham : Kitty, s'il vous plaît. Vu les sommes que vous m'avez prises, c'est la moindre des choses.
Daphné : Kitty, alors. Il y a un jeune soldat dont une de mes amies n'a plus de nouvelles. Est-ce que votre époux pourrait m'aider à le retrouver ?
Kitty Langham : Je vous suggère de le lui demander vous-même. Il est rarement à la maison.
Daphné : Je suis désolée.
Kitty Langham : Pour quelle raison ? C'est idéal comme situation, en vivant séparée de mon époux, je peux me permettre toutes les libertés du mariage sans jamais être obligée de m'imposer sa compagnie.
Daphné : Et comment font vos enfants ? Leur père ne leur manque pas ?
Kitty Langham : Difficile d'être en manque de quelqu'un que vous ne connaissez pas.
Lady Danbury : Je vous rappelle que la duchesse est encore dans les premiers émois du mariage.
Kitty Langham : Oui, le fameux accord parfait. Ne prêtez pas attention à ce que j'ai dit. Je suis sûre que la compagnie de monsieur le duc est loin d'être un fardeau pour vous. Je peux vous dire où vous pouvez écrire à mon mari. Peut-être que le général daignera vous répondre. Ce n'est pas comme si vous étiez son épouse.
Lady Danbury : La duchesse vient encore de gagner !
Daphné : À voir comme vous vous réjouissez, je pourrais penser que c'est vous qui avez gagné, lady Danbury.
Lady Danbury : Ce n'est pas totalement faux, je crois. Encore !
Anthony : Une belle couleur, et les bulles. Comme il se doit. Ne vous méprenez pas, j'apprécie un bon cognac, mais parfois rien ne remplace une bière.
Simon : Voulez-vous en venir au fait, Bridgerton ?
Anthony : Comment cela ? Je ne comprends pas.
Simon : Si, vous comprenez très bien.
Anthony : Vous avez raison. De toute évidence, vous avez commis une grave erreur avec ma sœur.
Simon : Comment pouvez-vous conclure que c'est moi qui ai commis une erreur ?
Anthony : Ma foi, je connais assez bien ma sœur. Et je sais que c'est une femme extrêmement audacieuse mais elle est incapable d'agir de cette façon sans raison.
Simon : N'êtes-vous pas las de toujours prétendre être parfait ? Je suis épuisé rien que de vous regarder.
Anthony : Nous ne sommes pas parfaits mais nous tenons nos promesses.
Simon : Vous ne savez rien de mes engagements, j'essaie d'être un homme qui respecte sa parole. J'essaie de tenir… Je ne vois pas comment vous pourriez comprendre.
Anthony : Que voulez-vous dire ?
Simon : Ce que je veux dire c’est que vous laissez toujours des promesses brisées partout où vous allez. Avez-vous protégé Daphné de Berbrooke comme vous l’auriez du ? Ou parlons de vos aventures sulfureuses. Croyez-vous que personne n’est au courant de votre relation avec cette chanteuse.
Anthony : Voilà que vous me jugez alors que vous n'avez aucune idée des responsabilités d'un chef de famille puisque vous n'en avez pas.
Simon : Mais c'est Daphné, ma famille, maintenant, et on ne changera rien à cela. Même s'il est tout à fait regrettable que je ne puisse jamais atteindre le noble idéal que vous lui avez inculqué.
Anthony : Le plus regrettable, c'est que votre père a tellement brillé par son absence qu'il ne vous a jamais donné l'exemple pour diriger correctement un foyer.
Simon : À vous regarder, on sent comme la tâche est difficile.
Anthony : Je vous demande pardon ?
Simon : Vous oubliez vos constantes contradictions ? Vous ne les maîtrisez pas n’est-ce pas ?
Anthony : Hastings attention…
Simon : Parlons-en de vos responsabilités, de votre honorable promesse que chaque fils aîné exprime à son père sur son lit de mort. Pensez-vous qu'il vous regarde avec fierté aujourd'hui ? Humilié ? Mortifié par ce que vous avez fait ? Je serais curieux de savoir ce que feu monsieur le vicomte dirait.
Anthony saute sur Simon. On doit les séparer.
-Messieurs !
-Arrêtez immédiatement ! Lâchez-le !
-Je vous demande de vous calmer !
Le Château des Hastings
Simon : L'entraînement avec Will a été un peu violent.
Daphné : Dois-je solliciter Jeffries ?
Simon : Non.
Daphné : Montrez-moi. Avec quatre frères, vous n'imaginez pas le nombre de blessures que j'ai dû soigner toutes ces années.
Daphné : Pourquoi vous retenez-vous ainsi, mon ami ?
Simon : Daphné…
Daphné : Un enfant serait une bénédiction. Pourquoi êtes-vous aussi inflexible ?
Simon : Parce que j'ai fait un jour le serment de n'avoir jamais d'héritier.
Daphné : Et quelle en est la raison ?
Simon : Pour mon père… il n'y avait pas de sujet plus essentiel que la continuité de la lignée des Hastings. Ça comptait au-delà de tout pour lui. Plus que ma mère. Plus que moi. Alors j'ai fait le serment de réduire à néant ses espoirs. Et juré que cette lignée s'éteindrait avec moi.
Daphné : C'est donc pour cette raison ? Pour être fidèle à un vœu ? Et votre engagement envers moi, alors ? Auriez-vous oublié notre mariage ?
Simon : Je vous l'avais dit…
Daphné : Vous m'aviez dit que vous ne pouviez pas avoir d'enfants. Vous ne m'aviez pas dit que c'était par esprit de vengeance envers quelqu'un qui est mort, qui n'est plus là pour vous juger.
Simon : Je le lui avais juré sur son lit de mort.
Daphné : Et vous avez trahi un autre serment dans les bras de votre épouse. J'aimerais être certaine d'avoir bien compris. Vous renoncez à avoir des enfants et à la joie immense que cela nous procurerait parce que vous avez juré à votre père de ne jamais en avoir ?
Simon : J'ai…
Daphné : Dites-le ! Dites-le !
Simon : Ce ne sera jamais reconsidéré.
Daphné : Alors je vous remercie de m'avoir éclairée, Votre Grâce. Si la haine de votre père est plus tenace que l'affection que vous éprouvez pour moi, alors vous avez raison, ce ne sera jamais reconsidéré. Je suis censée avoir mes règles dans les jours qui viennent. Vous saurez ainsi quel serment vous avez brisé et de quelle façon nous passerons le reste de nos jours : malheureux ensemble ou parfaitement heureux séparés.
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Lady Whistledown : ... Une question, très cher lecteur : Qu'y a-t-il de plus grisant que parier de l'argent ? Car très souvent, les paris les plus risqués sont les mieux récompensés. Cependant, si vous faites le mauvais pari, vous pourriez vous retrouver sans rien si ce n'est vos yeux pour pleurer. ...
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Daphné : Assurez-vous qu'elle soit livrée.
Rose : Bien, Votre Grâce.
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Lady Whistledown : ... Naturellement, personne ne peut avoir la garantie que son pari lui assurera la fortune ou la ruine, à moins de se tourner vers des stratégies plus sûres. Mais alors que la saison se poursuit, les plus grands joueurs ont déjà abattu leurs cartes en toute sincérité. Ce qui depuis quelques jours ne laisse pas beaucoup de place aux commérages. Pour tout vous dire, votre dévouée chroniqueuse ne parvient pas à trouver d'autre événement qui mérite d'être signalé. ...
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Charlotte : Pas d'autre événement. À part mon déjeuner.
Brimsley : Elle n'a rien dit de mal à ce sujet au moins.
Charlotte : C'est encore plus grave. Elle n'a rien écrit du tout.
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Lady Whistledown : ... Il est tout de même intéressant de noter que le duc et la duchesse de Hastings n'ont pas encore donné de réception et reçu d'invités. Nos jeunes mariés se sont sans nul doute coupés du monde pour vivre leur bonheur conjugal. Qui pourrait leur en vouloir ? Et qui pourrait être surpris que leurs efforts soutenus soient récompensés par un nouveau venu dans le courant de l'année ?
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Eloïse : Dans le passé, chaque révélation de Whistledown était visiblement empruntée à un événement public dont notre société pouvait avoir été témoin. Mais le récit qui a dénoncé Marina m'a semblé différent.
Pénélope : Il était personnel.
Eloïse : Il n'y a pas que votre maman qui a aidé Marina à cacher son état.
Pénélope : Non évidemment, tous nos domestiques étaient au courant.
Eloïse : La piste domestique est à écarter. Et pourquoi pas une commerçante ? Une personne qui vient régulièrement chez vous et qui a surpris des paroles ou vu quelque chose.
Pénélope : C'est une possibilité.
Eloïse : Dans ce cas, il faut reprendre notre méthode d'enquête de toute urgence. C'est merveilleux, Pénélope, je dois informer la reine de notre théorie.
Pénélope : Parlez-lui au concert de ce soir. Je sais que vous n'êtes pas encore lancée, mais je suis sûre que votre maman vous permettra d'y assister.
Eloïse : Quand nous aurons démasqué Whistledown…
Pénélope : Oui, je sais, l'honneur des Featherington sera restauré. Je dois retourner chez moi. Je sors par-derrière pour qu'on ne me voie pas. Éloïse ? Merci.
Daphné : J'ai écrit au général Langham et je lui ai tout raconté sur Sir George. S'il est un homme d'honneur…
Marina : Vous avez écrit au général ?
Daphné : Oui.
Marina : Et le duc a-t-il signé également cette lettre ?
Daphné : Ma foi, non. Mais… Marina, qu'y a-t-il ?
Marina : Le général ne saura consacrer du temps à vous répondre, Votre Grâce.
Daphné : Vous n'en savez rien. Il va prendre en considération les paroles d'une duchesse, il le doit.
Marina : Êtes-vous naïve à ce point ? Pardon, Votre Grâce, je vous prie de m'excuser. Je vous remercie grandement de votre aide mais vous ne pourrez rien changer.
Daphné : Marina !
Marina : C'est fini. Je me suis résignée à accepter les faits. Je vous sais gré de vos efforts.
Anthony : Tu manques le concert ?
Colin : Absolument. Je ne suis pas d'humeur à écouter de la musique ce soir.
Anthony : Je veux te présenter mes excuses.
Colin : Y a-t-il une invasion de sauterelles dans les rues ? Du sang dans la Tamise ? Ou la fin des temps vient-elle d’être annoncée ?
Anthony : Je me suis montré très sévère à ton égard. Et je m'en excuse.
Colin : Tu voulais me protéger de mes débordements, de l'idiotie de mon comportement.
Anthony : Alors tu l'admets ? Tu as été idiot ?
Colin : Que dire de tes excuses, c'est tout à fait nouveau.
Anthony : Allons, tais-toi ! Aujourd'hui, tu souffres, mais ça passera. Tu es entouré de l'affection des tiens, et tes actions t'honorent. Bientôt, tu oublieras le nom de miss Thompson et… tu oublieras l'avoir aimée un jour.
Colin : Est-ce que ces préceptes t'ont-ils été utiles ? Je dois dire que ce sont les plus terribles, les plus lugubres qu'on ait pu me transmettre.
Anthony : Ho mais tu sais, j'y travaille chaque jour.
Violet : Vous imaginez ma surprise d'entendre que vous souhaitiez vous joindre à nous ce soir.
Eloïse : Et vous imaginez comme je vous remercie de ne pas m'avoir parée de plumes.
Violet : Vous êtes ravissante ainsi. Éloïse. Entrer dans le monde, dans la société, fait partie des heures les plus riches de la vie d'une jeune fille. Si vous ne vous sentez pas prête, je vous suggère de ne pas vous forcer. Peut-être vous ai-je un peu bousculée. Vous auriez tort de vous lancer si vous ne vous sentez pas préparée.
Eloïse : La reine sera présente au concert donné ce soir, non ?
Violet : Il me semble.
Eloïse : Alors je me réjouis d'y aller. Quel riche et émouvant moment.
Simon : Êtes-vous prête ?
Daphné : Je suis prête.
A l’opéra
Granville : Je reviens, excusez-moi.
Benedict : Sir Granville.
Granville : Bridgerton.
Benedict : Pardon.
Granville : Excusez-moi.
Benedict : J'aimerais simplement comprendre votre… situation. J'aimerais comprendre voilà tout.
Granville : C'est simple. Je suis amoureux de lord Wetherby.
Benedict : Mais vous êtes marié.
Granville : Notre mariage permet à mon épouse de se sentir libre et protégée. Notre couple est bien plus heureux que la plupart de ceux réunis dans cette salle, je puis vous l'assurer.
Benedict : Et quel est l'avantage pour les jeunes dames que lord Wetherby courtise ? Qu’en est-il ? Partagent-elles également cet état des choses ? Que faites-vous de l'honneur ? De la romance ?
Granville : Que savez-vous de l’un et l’autre ? Nous vivons sous des menaces constantes, Bridgerton. Chaque jour, je mets ma vie en danger par amour. Vous ne soupçonnez pas la douleur que c'est d'être dans la même pièce que celui qui est votre raison d'être et de sentir malgré tout qu'un océan vous sépare. Des regards volés, des caresses déguisées. Nos échanges se résument à de modestes sourires en prenant soin que personne ne les remarque. Cela demande du courage de vivre en dehors des règles fixées par la société. Vous parlez de faire la même chose mais encore faut-il aller au-delà. Au-delà des mots.
Eloïse : Et de ce fait, Votre Majesté, c'est une évidence. Lady Whistledown est quelqu’un qui travaille pour les membres de la haute société, elle n'est pas membre de celle-ci. C'est une humble commerçante.
Charlotte : Ce sera tout ?
Eloïse : Je vous demande pardon ?
Charlotte : Je n'ai plus besoin de vos services.
Eloïse : Mais ma théorie…
Charlotte : Ce n'est pas nécessaire. Une patrouille des Coureurs de Bow Street a été recrutée pour mener sérieusement l'enquête. Ils démasqueront cette Whistledown qui bien sur devra payer son impertinence. Cette colporteuse de commérages va bientôt cesser de nuire.
Eloïse : Vous voulez qu'elle se taise ? Mais peut-être a-t-elle encore de bonnes choses à dire ?
Charlotte : Cessez là, allez-vous-en !
Eloïse : Combien de temps dure ce concert ?
Benedict : Trois heures ? Quatre ? J'avoue en avoir suffisamment entendu.
Eloïse : Toi, tu es définitivement mon frère préféré, tu le sais ?
Benedict : J'aimerais faire un arrêt pour prendre une connaissance.
Eloïse : Une connaissance ?
Benedict : Oui et alors ? C'est interdit ? Je ne tiens pas à me soumettre aux règles de la société. Pas un mot à notre mère.
Eloïse : Pourquoi chez la modiste ?
Geneviève : Mademoiselle Bridgerton !
Benedict : Voici ma soeur Éloïse que nous allons déposer à la maison.
Geneviève : Alors, cette soirée, ma chère ?
Eloïse : J'ai trouvé ça, sans aucune surprise, horrible et terriblement ennuyeux.
Geneviève : C'est donc pour cela que vous ne souhaitez pas allonger vos ourlets ?
Eloïse : Tout Londres était présent et je n'ai pas échangé un seul mot avec qui que ce soit.
Geneviève : Tout Londres ? Vous voulez dire tout le monde sauf les Featherington ?
Eloïse : Oui, tout le monde sauf les… Featherington.
Eloïse repasse dans sa tête des bribes de conversations anciennes.
| Eloïse : Il n'y a pas que votre maman qui a aidé Marina à cacher son état.
| Pénélope : Non évidemment, tous nos domestiques étaient au courant.
| Eloïse : Et si c'était une commerçante ?
| Geneviève : Je n'aimerais pas me fâcher avec elle. Quoi qu'elle dise, on la croit sur parole.
Benedict : Est-ce que tout va bien ? Ça va ? Éloïse ?
Eloïse : Oui.
Marina boit une infusion qu’elle vient de faire.
Pénélope vient la voir.
Pénélope : Marina ? Puis-je vous parler ? Marina ? Êtes-vous encore debout ?
Pénélope entre dans la chambre. Marina est allongée par terre sans vie.
Pénélope : Marina ! Marina ! Marina ! Maman ! Maman, vite ! Marina ? Marina ? Marina ?
Pendant le concert, Daphné se rend compte qu’elle a ses règles. Elle se précipite dans le cabinet de toilette. Violet la rejoint, la prend dans ses bras. Simon a compris, il sait qu’elle pleure.
mamynicky