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La nourrice magique

Série : Merlin (2008)
Création : 05.12.2014 à 10h03
Auteur : Belthane 
Statut : Terminée

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Note aux lecteurs: cete fiction se situe après le dernier épisode de la saison 5. *spoilers S5*

Merci beaucoup à Choup37 pour son aide précieuse!

 

Chapitre I – Merlin est de retour

Voilà plusieurs jours que Guenièvre avait été proclamée souveraine de Camelot à la suite de la mort de son époux. Comme chaque soir, elle se retira tard dans ses appartements. Ceux-là même qui avaient aussi été ceux d’Arthur.

Le sentiment de manque était cruel et le disputait au poids des responsabilités qui lui incombaient. Seule la fatigue venait à bout de son chagrin. Donner des conseils à Arthur était une chose, mais devoir régner elle-même en était une autre.

Quelqu’un frappa doucement à la porte.
«- Entrez. » répondit Guenièvre.

Gaïus s’inclina devant la reine.
«- Majesté, je voulais m’assurer que vous n’aviez besoin de rien. »
Guenièvre soupira, le cœur lourd.
«- J’aurais besoin de bien des choses, Gaïus. Arthur, pour commencer… »
Le médecin baissa la tête.
«- Arthur était un grand roi, il nous manque à tous. »
«- Avez-vous des nouvelles de Merlin ? »
«- Je n’en ai aucune, Majesté, et croyez bien que je le regrette. »
Une lueur d’inquiétude passa dans les yeux de Gaïus.
Guenièvre exprima tout haut sa pensée :
«- Il reviendra… n’est-ce pas ? »
«- Je ne saurais dire, Majesté, mais je l’espère de tout cœur. »
Le vieil homme s’inclina, et posa sur la table une petite fiole.
«- Voici quelque chose pour vous détendre et dormir plus facilement, Majesté. »
«- Merci Gaïus. »
Il sortit.

Machinalement, la reine but d’un coup le contenu de la fiole, espérant y trouver le calme… et l’oubli.

***

De retour dans son laboratoire, Gaïus s’assit sur le lit de Merlin. Sa vie avait beau avoir été longue, rien n’avait plus fait battre son cœur que d’avoir partagé le quotidien du jeune magicien. Il le voyait encore arriver, grand gaillard maladroit, la lettre d’Hunith serrée dans son sac.

Le médecin avait bien vite compris qu’il était capable des plus grand prodiges, mais le pouvoir sans expérience se révélait être périlleux. Puis le jeune sot était devenu un défenseur silencieux du roi, une sorte de guerrier de l’ombre… jusqu’à ce que Mordred révèle sa vraie nature à Morgane.
Arthur avait su la vérité, avait-il pardonné? Par-dessus tout, Merlin allait-il revenir?

Plutôt que de ressasser d’inutiles pensées, Gaïus préféra se coucher. Bien vite, il sombra dans le sommeil.

Une pâle lumière éclairait la pièce: une bougie était allumée près d’une assiette du met préféré de Merlin, comme l’avait promis le médecin pour son retour. Voilà bien des jours que Gaïus préparait le même plat, dans l’espoir toujours renouvelé que Merlin réaparaisse.

Au milieu de la nuit, la porte du laboratoire grinça. Une ombre se faufila dans la pièce, remontant au passage la couverture de Gaïus.

Un bruit de vaisselle réveilla le médecin, le lendemain matin.
Merlin se tenait devant lui, vaquant à ses tâches habituelles du matin.

Stupéfait, Gaïus resta quelques instants interdit.

Souriant comme à son habitude, Merlin le salua :
«- Bonjour Gaïus ! Comment allez-vous ? »
Le vieil homme se leva, et embrassa affectueusement son compagnon.
«- Merlin… enfin te voilà ! Qu’est-ce qui t’as pris autant de temps ? »
Le visage du sorcier s’assombrit.
«- Il me fallait réfléchir. La mort d’Arthur m’a vraiment bouleversé, mon échec et… »
La phrase resta en suspens. Gaïus l’interrogea :
«- Et ? »
«- Je ne savais trop quel accueil on allait me faire ici. »
Le médecin soupira en prenant place à table. D’un geste de la main, il invita Merlin à faire de même.
«- Eh bien Merlin, chacun ici sait que tu as fait de ton mieux pour sauver le roi. Il était blessé de façon telle que le sauver aurait été un exploit. »
Gaïus s’interrompit, semblant réfléchir.

«- Il me faut te dire aussi que Guenièvre a compris que tu étais le vieux sorcier qui est intervenu durant la bataille, et que c’est par la magie que tu as tenté de sauver Arthur. Elle connaît ton secret.»
Le regard de Merlin erra dans le vague. Sa voix se fit tendue.
«- Et qu’en pense-t-elle ? »
«- Elle m’a dit en être heureuse. »
Alors, Merlin se leva et dit d’une voix un peu altérée :
«- Je crois qu’il me faut aller présenter mes hommages à notre reine. »
Le médecin attrapa la main du sorcier.
«- Tu ne trouveras chez Guenièvre que compassion et respect, je t’assure. »

***

Assuré, Merlin ne l’était pas tellement en se présentant devant sa reine. Léon et Perceval le saluèrent fraternellement. Aussitôt que Guenièvre l’aperçut, elle demanda à l’assistance de quitter la salle.

Une fois restés seuls, la reine étreignit le magicien avec chaleur.
«- Merlin ! Le royaume te doit tant ! »
«- Mais Majesté… je n’ai pas pu sauver Arthur. »
Elle le regarda droit dans les yeux.
«- Tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir. Et savoir qu’Arthur a vécu ses derniers moments en ta présence est un grand réconfort. »
Guenièvre serra les mains du sorcier dans les siennes. Redoutant la réponse autant qu’il l’attendait, Merlin demanda :
«- Et pour le sorcier… »
La reine sourit.
«- Je sais que c’était toi. Tu es un grand magicien, Gaïus me l’a expliqué il y a peu de temps. J’en suis très heureuse. Après toutes ces années où tu as œuvré dans l’ombre sans attendre une quelconque récompense, tu as prouvé que la magie ne recherche pas que le mal et le pouvoir pour son propre intérêt. Je sais qu’avec ton aide, le royaume continuera à prospérer comme il l’a fait jusqu’à aujourd’hui. Puis-je compter sur ton appui ? »

Merlin hocha la tête en signe d’approbation, trop ému et heureux pour parler.

«- Maintenant, raconte-moi comment tout cela s’est passé. »

Alors, Merlin raconta.

***

Tandis qu’il atteignait bientôt la fin de son récit, un vacarme se fit entendre à l’extérieur de la salle du trône. Des bruits d’épée et des éclats de voix devenaient toujours plus proches.

« - Au moins on sait que ce n’est pas Morgane… » murmura Guenièvre, qui venait d’apprendre que Merlin l’avait tuée de sa propre main.

Quatre gardes entrèrent, entourant une femme. Léon les suivait de près. Il s’inclina devant la reine.
«- Majesté, excusez-nous de vous interrompre ! Cette femme prétend venir expressément pour vous seconder. »
Les yeux de Guenièvre s'arrondirent de surprise.
«- Me seconder ? Mais pourquoi ? »
La voix ferme et claire de la femme résonna sous les voûtes.
«- Parce que vous êtes enceinte, Majesté. »

Un long silence, puis un brouhaha indescriptible succédèrent à cette annonce fracassante. D’un geste de la main, Guenièvre fit taire l’assistance.
«- Veuillez vous approcher, Madame. »
La femme s’avança.

Elle portait une sorte de tunique à longues manches, brodée et fendue haut sur les côtés. Elle laissait paraitre un pantalon bouffant recouvrant de fines bottines de cuir. Le haut de sa tête était couvert par une sorte de couvre-chef sans bord, brodé comme sa tunique. Son visage était mince et son nez un peu fort. Elle était menue et assez petite, ce qui contrastait avec sa voix forte.

Dès qu’elle fut assez près, Merlin sentit la magie émaner d’elle. Une magie dont il n’aurait su dire si elle était bonne ou mauvaise.

Genièvre demanda :
«- Comment pourriez-vous savoir ce que j’ignore moi-même ? »
La femme s’inclina.
«- Parce que j’ai été préparée à ce moment depuis mon plus jeune âge, Majesté. »
Le visage de Guenièvre reflétait la méfiance.
«- Quel est votre nom ? »
«- Je me nomme Thymiane, Majesté. »
Et elle s’inclina encore profondément.

Guenièvre ne savait comment réagir. Elle se tourna vers Merlin, qui semblait également suspicieux.
Gaïus, appelé par Léon, prit la parole.
«- Laissez-moi vous faire examiner par une sage-femme de ma connaissance, Majesté, afin de savoir si cela est vrai. »

Convoquée sur le champ, la sage-femme confirma les affirmations de Thymiane. Guenièvre était bel et bien enceinte. Un héritier - ou une héritière - allait être donné au royaume.

***

Dans son laboratoire, Gaïus marchait de long en large, en proie à une grande agitation. Merlin le regarda d’abord faire sans intervenir.

N’y tenant plus, il l’interrogea.

«- Le fait que Guenièvre soit enceinte est plutôt une bonne nouvelle. Pourquoi donc avez-vous l’air si soucieux ? »

Le médecin ne répondit pas. Il se mit à chercher frénétiquement dans ses grimoires.

Il finit par en sortir un, très poussiéreux, qu’il feuilleta avec empressement. Il s’arrêta sur une page, lut avec l’aide de sa loupe, et se figea brusquement. Il murmura, comme pour lui-même :
«- C’est impossible… quand bien même une seule aurait survécu… »
Merlin, inquiet, demanda encore :
«- Gaïus ! De grâce ! Que se passe-t-il ? »
Le médecin leva les yeux et désigna la page du grimoire.
«- Au temps de l’Ancienne Religion, il existait un ordre de femmes destinées à devenir les nourrices et préceptrices des futurs rois, les "Passeuses de Vie". "

"A chaque fois qu’une reine était enceinte, une nourrice magique se présentait afin de la seconder non seulement dans le temps sa grossesse, mais également dans l’éducation de l’enfant. C’est ainsi que les rois anciens étaient acquis au plus tôt à l’Ancienne Religion, certains étant même détenteurs de secrets magiques connus d’eux seuls. »
«- Et vous pensez que Thymiane pourrait être une... nourrice magique ? »
«- Je le crains, Merlin. »
Le sorcier réfléchit.
«- C’est plutôt une bonne chose que de renseigner les futurs souverains sur la magie… Arthur l’a-t-il été ? »
«- Bien sûr que non. La Grande Purge a été déclenchée à sa naissance, car Uther avait perdu Ygerne à cause de la sorcellerie, comme tu sais. Si d’aventure une nourrice magique avait été préparée pour Arthur, elle aurait été brûlée ou noyée sur-le-champ dès qu’elle se serait présentée. A ce que je sais, l’ordre entier a été exterminé. Uther a enfermé ces femmes dans une citadelle et y a mis le feu. Il en avait pourtant eu une lui-même, à laquelle il était très attaché. Mais elle est morte assez rapidement, et n'a pas eu le temps de lui apprendre grand-chose. »
«- Mais Gaïus, je ne comprends pas votre inquiétude… quel mal cette femme peut-elle faire ? » demanda Merlin.
Le vieil homme soupira.
«- Au temps jadis, j’ai souvent entendu parler de ces nourrices magiques. On raconte qu’elles n’avaient pour seul but que le triomphe du roi dont elles avaient la charge à la naissance. Le bien ou le mal leur était indifférent, et on a parfois vu des nourrices exterminer des familles royales entières afin de s’assurer de la toute puissance de leur monarque. Et je ne te parle pas de celles qui utilisaient leur protégé pour leur seul profit. D’un autre côté, plusieurs autres ont été d’une abnégation exemplaire et ont mené certains rois vers une grande sagesse.»
Merlin resta pensif.
«- Il est vrai qu’il émane de Thymiane une magie dont je ne saurais dire si elle est bonne ou mauvaise. Mais… je suis là pour veiller sur l’enfant d’Arthur. »
Gaïus se pencha vers le sorcier.
«- J’en suis convaincu, Merlin. Mais une nourrice magique est imprévisible. Il faut rester sur nos gardes. »

***

C’est donc dans un climat d’hostilité à peine voilé que Thymiane prit ses fonctions en tant que nourrice et sage-femme royale. Guenièvre, qui avait été mise au courant par Gaïus de la nature de la jeune femme, restait sur ses gardes. Une seule chose la rassurait : savoir que Merlin veillait, comme toujours.

Au fur et à mesure des jours qui passaient, Thymiane faisait montre d'une nature douce et serviable. Elle devançait les désirs de la reine et elle connaissait exactement chaque remède qu’il lui fallait. Gaïus était admiratif face à la science de la nourrice, qui semblait n’ignorer aucun détail concernant l’enfantement et le corps féminin.

Merlin, lui, ne partageait pas le positivisme de Gaïus. Il avait été berné trop de fois.

Un jour, il décida d’en avoir le cœur net. Il s’arrangea pour trouver Thymiane seule dans la chambre de la reine. Elle semblait préparer des potions à l’aide d’herbes dont il n’avait aucune connaissance.

D’une formule magique, il ferma tous les accès à la chambre : portes et fenêtres. Il s’avança sans faire de bruit.

Sans même lever la tête, Thymiane dit :
«- Emrys… voici bien longtemps que j’attends cette confrontation. »

Merlin fut désarçonné par sa franchise et le fait qu’elle connaisse son autre nom.
«- Pourquoi donc ? »
Thymiane posa le récipient d’herbes qu’elle tenait à la main et se leva pour faire face au sorcier.
«- Tu es le plus grand sorcier que la Terre ait porté. Tu es connu bien au-delà de ce que tu penses et nul être magique n’ignore ton nom. Je sais que tu œuvres pour le bien d’Albion et tu te demandes si je suis digne de la charge qu’on m’a assignée à ma naissance. Car comme toi, j’ai pour destin l’accomplissement futur du royaume. »

Comparer leur destinée semblait être chose difficile pour Merlin. Il était irrémédiablement du côté du bien, ce à quoi ne devait pas pouvoir prétendre Thymiane, selon les dires de Gaïus.

Comme si elle avait deviné sa pensée, elle dit encore :
«- Mon unique but est la prospérité et la paix du royaume. Mon rôle est également de redonner droit de cité à la magie ici, à Camelot. Tu ne peux pas nier que c’est là un de tes désirs. »

Voir la magie rétablie à Camelot, tel était évidemment le rêve de Merlin, même si elle était déjà mieux acceptée. Pourtant, il avait vu trop de dérives, trop de malheurs pour y croire comme lorsqu’il était moins expérimenté. Il s’en ouvrit honnêtement à Thymiane.
«- J’ai vu trop de choses pour croire naïvement que le retour de la magie à Camelot est chose facile. Longtemps j’ai souhaité ce moment. Pourtant, je ne peux ignorer le mal qu’a causé Morgane, qui ne souhaitait pourtant également que cela. »

Thymiane sourit.

«- Morgane était rongée par la haine et le désespoir. Si elle avait pu être entourée comme tu l’as été, peut-être serait-elle devenue bien différente. La magie t’est apparue comme bienfaisante et partie intégrante de toi-même. Morgane avait peur de ce qu’elle était et c’est par la haine seule qu’elle a pu surmonter son dégoût premier de sa nature. »
Merlin baissa la tête.
«- Je me suis souvent reproché de n’être pas intervenu pour la sauver. »
Thymiane posa sa main sur l’épaule du magicien.
«- Tu l’as fait, en la conduisant chez les druides. Il n’était pas de ton ressort qu’Uther intervienne. »
Merlin releva brusquement la tête.
«- Comment peux-tu savoir cela ? »
Thymiane sourit encore.
«- Rien de ce qui concerne Camelot ne m’a été caché. Je te l’ai dit, j’ai été élevée dans le but de servir ce royaume, et son futur roi. »

Le visage de Merlin s’assombrit.
«- J’ai connu quelqu’un comme toi autrefois. Il s’appelait Mordred. »

Puis Merlin sortit.


***

Plusieurs fois, Thymiane essaya de parler à nouveau à Merlin. Toujours il l’évita. Il ne savait comment se comporter face à cette femme qui semblait ne rien ignorer de sa vie ou de celle de n’importe quel autre habitant mort ou vivant de Camelot. Elle était farouchement déterminée mais aussi très douce. Elle était ferme et résolue mais dotée d’une grande compassion dont elle faisait preuve envers chacun.

C’est ainsi que la vigilance de Merlin s’assoupit et qu’il considéra presque Thymiane comme une amie.

Un soir qu’il prenait l’air à la fenêtre de sa chambre, il vit une ombre sortir du château et se diriger vers les remparts. Evitant la patrouille, la silhouette bondit souplement hors des murs.

Instinctivement, Merlin la suivit.

Une fois hors de Camelot, ils se dirigèrent dans la forêt. Le doute n’était pas possible : c’était Thymiane qui marchait devant lui, semblant connaître exactement les lieux. La silhouette frêle et petite ne saurait appartenir à quelqu’un d’autre.
Dans une petite clairière, Thymiane s’arrêta, et attendit. Une autre ombre surgit de derrière un arbre, voûtée et avançant avec peine. « Morgane » se dit un instant Merlin, pris de panique. Il se rassura : Morgane était bien morte, transpercée par l’épée forgée dans le souffle du dragon.

A la faveur de la lune, Merlin put distinguer le visage de la personne que Thymiane rencontrait. Une vieille femme, au visage mutilé, probablement brûlé.

Elle parlait d’une voix forte, vraisemblablement peu soucieuse d’être entendue.

«- Alors mon enfant, as-tu pris ton service près de la reine ? »
«- Oui mère. »
« As-tu bien endormi tous ces braves gens ? Te croient-ils pure et innocente ? »
«- Oui mère. »
«- Bien ! Il te faudra peu de temps avant de tenir l’héritier Pendragon sous ta férule, et d’en faire ton jouet. »
«- Oui mère.
«- Tu me donnes pleine satisfaction, ma fille. Va, et poursuis ton office. »

D’un geste de la main, la vieille femme congédia Thymiane et disparut comme elle était apparue.

Sans se faire remarquer, Merlin suivit Thymiane le long du chemin de retour. Parfois, elle s’arrêtait, comme pour s’assurer d’être seule.


Chapitre II – Une nourrice sous influence

Le lendemain, Merlin fit part de ses observations à Gaïus. Il confirma ses craintes.

«- Une de ces femmes a dû survivre au châtiment d’Uther. Pour se venger, elle a formé sa suivante, espérant ainsi prendre l’ascendant sur l’enfant d’Arthur et en faire son instrument de destruction. »

Il fallait avertir Guenièvre au plus vite.

C’est dans la salle du conseil que Merlin la trouva, en plein Conseil. Il s’approcha et attendit. C’est alors qu’il remarqua un collier au cou de la reine. Une chainette à laquelle était suspendu un pendentif doré gravé en forme de boule. Il faisait un petit bruit de clochette très discret. Un bruit magique, à n’en pas douter. D’une magie puissante, Merlin le sentait bien.

Une fois le Conseil terminé, il s’approcha de Guenièvre et lui fit part de ses soupçons quant à Thymiane.
La reine ne l’écouta pas. Elle semblait abrutie de bonheur et le pendentif qu’elle portait ne devait pas y être étranger.

Merlin demanda :
«- Qu’est-ce donc que ce nouveau bijou que vous portez ? »
Guenièvre prit la boule entre ses doigts.
«- Il est magnifique, n’est-ce pas ? Son bruit sert à rassurer le bébé. »
Elle l’observait comme s’il s’agissait d’un trésor inestimable.

Visiblement obnubilée par le collier, Guenièvre ne semblait pas avoir toute sa raison. Merlin jugea donc plus prudent de la laisser et de voir avec Gaïus ce qu’il pouvait faire pour contrer la magie de Thymiane.
«- C’est une bola, expliqua Gaïus. Ce collier sert effectivement à rassurer le bébé. Il perçoit le son du grelot dans le ventre de sa mère, et cela lui devient familier. Lorsqu’il vient au monde, la mère continue de porter la bola, afin que le son du grelot le tranquillise. C’est une ancienne technique qui vient des confins de l’est. »
«- Mais si vous voulez mon avis, Gaïus, ce collier-là est loin de n’avoir qu’un grelot. Il dégage une magie puissante, je l’ai sentie. »
«- Au vu de ce que tu as entendu cette nuit, il est évident que Thymiane n’a pas que de bonnes intentions. Mais tant que Guenièvre est sous son emprise, je crains qu’il ne faille rien attendre de ce côté-là… »

***

Plus tard dans la journée, Merlin sortit du château pour cueillir des herbes pour Gaïus. Il aimait flâner dans la nature, qu’il percevait comme une partie de lui-même.

Soudain, il eut conscience d’être observé. Il se retourna. Thymiane se tenait près d’un arbre, non loin de lui. Elle semblait inquiète. Presque terrifiée.

La nourrice posa quelque chose dans un creux du tronc de l’arbre et s’enfuit à toutes jambes.

Interloqué, Merlin posa son panier et chercha ce que Thymiane avait laissé. Il trouva une toute petite boîte incrustée de nacre. Il l’ouvrit et décacheta un petit parchemin.

Retrouve-moi dans la salle des gardes ce soir après minuit.
J’ai grand besoin de ton aide.
Thymiane.


Le soir venu, Merlin se glissa hors de sa chambre. Il avait jugé inutile de prévenir Gaïus qui l’aurait sans doute dissuadé de se rendre au rendez-vous de la nourrice. Pourtant, s’il voulait savoir de quoi il retournait, il était persuadé que cet entretien l’y aiderait. De plus, il avait plutôt l'habitude de n'en faire qu'à sa tête...

Thymiane était assise dans la salle des gardes, au milieu des épées et des armures. Lorsqu’elle vit Merlin, elle ferma la porte. Puis, elle récita une formule et ils furent pris au milieu d’une sorte de brouillard.
«- Nul ne peut nous voir ou nous entendre, maintenant », expliqua-t-elle.

Merlin dit alors :
«- Qu’est-ce donc que tout ce mystère ? Quel est ce collier qui a l’air d’abrutir Guenièvre ? Quelle est cette femme que tu as rencontrée la nuit dernière dans la forêt ? »
Thymiane baissa les yeux.
«- Ainsi donc tu m’as suivie… c’est bien ce qu’il me semblait. »
Elle le regarda, les yeux remplis de larmes.
«- Je t’assure Merlin, rien n’est conforme à ce qu’il semble ! »
Il s’approcha.
« -Je veux bien t’aider Thymiane. Mais il faut tout me dire. »

La nourrice s’assit sur un coffre et elle se mit à raconter.

«- Je suis née dans un tout petit village, à la frontière du royaume de Cenred. Lorsque j’eus cinq ans, mon père – qui était veuf – me vendit à une vieille femme. Je crois qu’il était content de se débarrasser de moi, parce que j’avais déjà des pouvoirs magiques."

"Cette femme m’emmena dans la forêt et nous vécûmes dans une grotte comme des ermites. Elle se nomme Arwen. Elle m’a formée au métier de nourrice et de sage-femme. Non seulement avec l’aide de la médecine, mais aussi avec l’aide de la magie."

"Lorsque j’eus seize ans, elle me raconta son histoire. C’est l’unique rescapée de son ordre, les Passeuses de Vie, la seule à avoir échappé à la Grande Purge. Ses sœurs et elle ont été enfermées dans un donjon auquel Uther a mis le feu. Comme elle était encore très jeune, une des femmes l’a fait glisser par une des meurtrières d’où elle a pu s’enfuir. Elle a erré longtemps, puis une famille l’a recueillie. Elle a caché ses dons et a vécu longtemps en recluse, ne restant jamais longtemps au même endroit, jusqu’à ce qu’elle entende parler de moi. Je m’étais attirée pas mal d’ennuis avec les gens de mon village… »

Merlin sourit. Cela lui rappelait quelqu’un…

«- Et alors, elle est venue te chercher ? »
«- Oui. Mais mon père n’a pas voulu me donner tout de suite. Cette femme avait mauvaise réputation et tout un tas d’histoires couraient sur elle. Mais nous avions peu d’argent et beaucoup de dettes. Lorsque la somme qu’elle proposa fut suffisamment élevée, mon père me vendit. »

Comment un père peut-il vendre son enfant ? Merlin n’avait que peu connu son père, mais il était certain qu’il n’aurait jamais fait une chose pareille, même en se trouvant dans le dénuement le plus total.

«- Il y a peu de jours, Arwen m’a dit qu’il était temps, que la reine de Camelot était enceinte. Elle m’a dit de bien me rappeler de tout ce qu’elle m’avait appris et de surtout ne jamais oublier combien mes ancêtres de l’ordre avaient souffert pour que je puisse parvenir jusque là. »

Merlin posa sa main sur le bras de Thymiane.
«- Mais tu es à Camelot maintenant. Cette femme ne peut plus rien contre toi ! »
«- Détrompe-toi. »
Elle ôta son couvre-chef. Sur le haut de son front, tout près de la racine des cheveux, une phrase était écrite, dans un langage que Merlin ne pouvait déchiffrer.

«- Cette phrase magique me relie à Arwen. Elle lui permet de tout savoir à mon sujet si elle le désire.»
Rapidement, comme prise en faute, Thymiane replaça le chapeau.

Elle sembla reprendre un peu contenance. Dans ses yeux auparavant effrayés, on ne pouvait plus voir que de la tristesse.
«- Si seulement j’avais pu ne jamais voir le jour ! Le royaume de Camelot est en danger à cause de moi et je ne peux rien faire pour arrêter Arwen. »
«- Allons, ne dis pas cela. Tu viens de me montrer que tu étais digne de confiance en me révélant ton histoire. Tu prends des risques… »
La nourrice sourit timidement.
«- Je me suis dit qu’avoir le plus grand sorcier de tous les temps à mes côtés, ça pourrait peut-être m’aider. »

Merlin sourit à son tour.

«- Avoir de grands pouvoirs ne m’empêche pas de me sentir démuni, ou impuissant. Mais je sais qu’on est plus fort à deux que tout seul. »
«- Il y a encore une chose… »
«- Laquelle ? »

Thymiane sembla hésiter.

«- Ton secret est en sûreté avec moi» dit Merlin.
«- Mon savoir de Passeuse de Vie me permet de faire revenir de l’au-delà les parents des enfants qui me sont confiés. »
Merlin vacilla devant cette nouvelle. Ses yeux brillèrent.
«- Tu pourrais… faire revenir… Arthur ? »
«- Oui. Mais je ne suis pas assez puissante. Je connais la façon de procéder mais mes pouvoirs ne sont pas assez forts. Mon apprentissage est tout juste terminé. En principe, j’aurais dû être plus expérimentée à ce stade, mais comme mon père a attendu avant de me vendre, Arwen n’a pas fini de tout m’apprendre. »

Merlin soupira.
«- Nous verrons cela plus tard. Pour l’instant, il faudrait te libérer de l’emprise de cette femme. »
Thymiane baissa les yeux.
«- Je crois qu’il serait plus prudent d’attendre la venue au monde de l’enfant. Si d’aventure Arwen parvenait à me vaincre, l’enfant serait sous son emprise directe. Elle est très forte et très déterminée, Merlin. Je ne sais si on pourrait en venir à bout. Tu connais le pouvoir de la haine… »

Le sorcier le connaissait. Il avait conduit Morgane au succès de son plan.

Merlin et Thymiane se séparèrent en se promettant de trouver une solution.

***

Gaïus, mis au courant de la situation, ne fut d’aucune aide.

« Je connais très peu la magie de ces femmes, car elle était interdite aux hommes. Je n’en ai que de vagues notions par les légendes. Et elles ne sont pas toujours exactes. »

Il fallait donc rester prudent. Et attendre.

Le ventre de Guenièvre s’arrondissait. Sa grossesse se passait bien et Thymiane y veillait. Merlin n’entrait jamais en contact direct avec elle mais il l’observait. Elle était remplie de compassion et de tendresse envers la reine, qui le lui rendait bien. La nourrice avait relâché sa magie, et Guenièvre semblait revenir à son caractère naturel. Porter l’enfant d’Arthur semblait avoir décuplé ses forces et son zèle envers le royaume. Elle ne gouvernait désormais plus par défaut, mais pour le bien du futur souverain. De son enfant.

Merlin demandait parfois malicieusement à sa reine :
«- Comment savez-vous que c’est un garçon ? »
«- Thymiane l’a vu. »

Elle répondit cela avec tant de naturel qu’il en resta bouche bée. Si Arthur était encore là, nul doute que la nourrice aurait eu le cou tranché dans l’instant.

Pourtant, lors de leur dernier voyage vers Avalon, Arthur semblait avoir compris et admis la nature de Merlin. S’il pouvait revenir, avec l’aide de Thymiane, quelles seraient leurs relations ?

Régulièrement, Merlin voyait la nourrice quitter le château de nuit, sans doute pour faire part de ses avancées à Arwen. Elle prenait en principe assez peu de temps.

Mais une nuit, Thymiane ne revint pas. Le matin trouva Merlin au comble de l’inquiétude.

«- La vieille nourrice a dû se rendre compte que Thymiane m’a parlé. Elle l’aura donc tuée. »
Impuissant, Gaïus tenta de le rassurer :
«- Elle aura peut-être eu de nouvelles choses à lui apprendre, qui sait ? Ne m’as-tu pas dit que son initiation n'est pas totalement terminée ? »
«- C’est vrai. Mais je ne peux pas m’empêcher d’être inquiet. Je pars à sa recherche. »
Gaïus le retint par le bras.
«- Sois prudent Merlin, je t’en conjure. On ne peut prédire ce que tu vas trouver dans les bois. »
Merlin sourit.
«- Voyons Gaïus ! Vous me connaissez… »
Gaïus murmura pour lui-même, tandis que la porte se refermait sur son ami :
«- Justement Merlin… justement… »

***

Merlin chemina à pied jusqu’à l’orée de la forêt.

Il trouva Thymiane allongée au pied d’un arbre, visiblement endormie.

Il souleva délicatement sa tête et l’appela :
«- Thymiane… m’entends-tu ? Thymiane ? »
Au bout de quelques longues minutes, les paupières de la jeune femme s’entrouvrirent, avec grande difficulté, semblait-il. Elle dit dans un souffle :
«- Merlin… je suis si fatiguée… Merlin… mais je sais tout ce qu’il y a à savoir… »

Sur ses mots mystérieux, Thymiane perdit connaissance.

Merlin la ramena au château.


Gaïus diagnostiqua une déshydratation et une faiblesse extrême.

Léon ne tarda pas à venir frapper à la porte du médecin, à la demande de la reine.
«- Gaïus, savez-vous où se trouve Thymiane ? »
«- Elle est ici. Merlin l’a retrouvée dans la forêt, vraisemblablement sans conscience. Je suis en train de la soigner. »
«- Mais que s’est-il passé ? »
«- Je ne saurais dire. Nous verrons lorsqu’elle reprendra connaissance. »
«- Bien. Je vais en avertir la reine. »

Merlin essayait de guérir Thymiane, mais ses sortilèges restaient sans effet.

«- J’aurais dû tout de suite aller vaincre cette vieille femme, dès qu’elle m’en a parlé. »
«- Comment pouvais-tu savoir ce qui allait se passer ? »
«- Si elle meurt, je ne me le pardonnerais pas. »
«- Elle ne mourra pas, Merlin. Il faut simplement qu’elle récupère. D’ailleurs, je pense que si Arwen lui avait voulu du mal, elle l’aurait tuée tout de suite, sans se donner la peine de la ramener près du palais. Il doit y avoir autre chose. »


Plus tard ce jour-là, la nourrice reprit connaissance.

Elle trouva Merlin toujours à son chevet.
«- Thymiane ! Comment te sens-tu ? »
Elle se releva un peu sur le lit.
«- Fatiguée, mais satisfaite. J’ai convaincu Arwen de m’apprendre ce qu’il me manquait pour faire revenir Arthur. Cela demande beaucoup de force, plus que je n’en ai, manifestement, vu l'état dans lequel tu m'as retrouvée. Il nous faut agir sans tarder. »
Bien que Merlin ait aussi le souhait de revoir Arthur, il voulait que Thymiane soit rétablie.
«- Pourquoi se presser ? Il faut te reposer d’abord. »
Elle hocha la tête négativement.
«- Non Merlin. Je dois agir vite, avant qu’Arwen me perce à jour. Arthur revenu à la vie, peu importe si elle me tue ou non : il sera là pour veiller sur son fils. »
Le magicien ne sut que répondre. Il soupira.
«- J’en ai assez des morts et des sacrifices, Thymiane. J’ai vu trop de gens auxquels je tenais s’en aller, ces derniers mois. »
Thymiane prit la main de Merlin.
«- Je sais bien, mais c’est par là qu’il faut en passer. Si mon destin est de ramener Arthur et de donner ma vie pour cela, je n’hésiterais pas. Mais j’ai tout de même besoin de toi. »
«- Dis-moi ce que je dois faire… »

La porte s’ouvrit brusquement. Léon apparut.

«- Thymiane, vous voilà rétablie. Dieu soit loué ! Il faut que vous veniez, la reine est au plus mal. »


Belthane  (05.12.2014 à 10:16)

Episode III – De retour à Avalon

Guenièvre était couchée, en proie à une fièvre extrême. Thymiane posa la main sur son front et ferma les yeux. Elle sursauta, comme si ce contact l’avait brûlée.

Elle leva les yeux vers Merlin.

« Elle n’est pas malade. C’est de la magie. »

Merlin la regarda sans comprendre.

« Arwen a dû comprendre pourquoi je désirais savoir comment ramener Arthur à la vie. Elle essaie de tuer l’enfant de Guenièvre afin de m’empêcher de sauver Camelot. »
« Que peut-on faire ? »

Thymiane réfléchit.
« Il faut d’abord sauver Guenièvre et le bébé, puis me rendre à Avalon ensuite, dans les plus brefs délais. Je ne saurais ramener Arthur si son enfant et sa reine meurent. »
« Bien. Comment procédons-nous ? »
« Tenter de guérir la reine ne servirait à rien. C’est la source du maléfice qu’il faut vaincre. Il faut trouver Arwen et la tuer. Merlin, peux-tu garder la reine en vie ? »
« Je préfère venir avec toi. Tu es encore faible. Gaïus saura très bien s’occuper de Guenièvre… N’est-ce pas Gaïus ? »
Le médecin acquiesça.

« Allez, mes enfants, et soyez prudents. Je prendrai soin de notre reine par tous les moyens possibles. »

***

C’est ainsi que Merlin et Thymiane se rendirent dans la forêt.

La nourrice guida le sorcier à travers les bois, puis les champs, jusqu’à une carrière abandonnée. Ils pénétrèrent dans une galerie, et la suivirent longtemps.

Au bout d’un moment, une faible lumière apparut au bout du tunnel. Thymiane posa son index sur sa bouche pour signifier qu’ils étaient arrivés et qu’il fallait se faire discret.

Ils avancèrent avec précaution vers la lumière.

Une voix aigre résonna derrière eux.

« Ma fille… crois-tu vraiment pouvoir duper une veille femme comme moi ? »
Thymiane et Merlin se retournèrent. Arwen se tenait tout près d’eux.

A la lueur de sa torche, Merlin pouvait voir ses horribles cicatrices, et ses petits yeux noirs rétrécis par la colère.

Elle avança le bras et Thymiane fut projetée en arrière. Arwen ne semblait pas faire attention à Merlin et s’avança près du corps de son élève. Le sorcier tira l’épée de son fourreau et il tua la vieille nourrice maléfique.

La nourrice gisait au sol, inconsciente, l’arrière de la tête ensanglanté. Merlin posa les mains sur son front et récita une incantation. Thymiane ouvrit les yeux et sourit.

« Heureusement que tu es venu avec moi, finalement… »

 


Ils revinrent à Camelot le plus vite possible. Ils trouvèrent Guenièvre tout à fait rétablie et libérée du sortilège. Malheureusement, l’accouchement semblait malgré tout se mettre en route. Il était trop tôt. Se préparant à un long combat pour la vie, Thymiane demanda de l’eau chaude et des linges à une servante et elle proposa aux hommes de sortir. Elle demeura seule avec la reine.

Merlin attendit dans le couloir en compagnie de Gaïus. Les pensées qui traversaient son esprit rendaient le temps plus long encore. L’héritier de Camelot, le fils d’Arthur allait venir au monde ! Allait-il survivre à sa naissance précoce ? La défaite d’Arwen serait-elle vaine ?

Le soleil déclina et la nuit tomba. Les torches furent allumées et rien ne semblait bouger dans la chambre royale. Nul cri, nul bruit ne venait troubler le silence. Parfois, on entendait un froissement d’étoffe ou une incantation psalmodiée calmement par Thymiane.

Aux premières lueurs du jour, Gaïus ronflait depuis déjà longtemps. Les paupières de Merlin devenaient de plus en plus lourdes. Doucement, les portes de la chambre royale s’ouvrirent. Thymiane parut, et sourit en voyant ses deux amis.

Elle s’approcha et secoua doucement Merlin par l’épaule. Elle murmura :
« Merlin ?»
Il se redressa d’un coup, réveillant Gaïus au passage. Ils demandèrent tous deux en même temps :
« Alors ? »
« Guenièvre est hors de danger, mais le garçon est né trop tôt. Il vit mais il n’est pas suffisamment fort pour le faire seul. Il faut veiller sur lui pendant que je pars pour Avalon. »

Thymiane, Merlin et Gaïus entrèrent dans la chambre. Guenièvre semblait dormir paisiblement.

Dans un berceau en bois sculpté, un petit être minuscule dormait, emmailloté dans plusieurs couvertures.

« Il a l’air si calme… » murmura Merlin.
« Il devrait pourtant crier… » répondit Thymiane en souriant. Elle ajouta :
« Tâche simplement de veiller à ce qu’il ait assez chaud, et donne-lui deux gouttes de ce fortifiant toutes les heures. Je me charge de ramener Arthur. »
Elle posa dans la main de Merlin une fiole contenant un liquide irisé. Il la regarda.
« Ne puis-je venir avec toi ? Je t’ai été bien utile pour vaincre Arwen… »
Thymiane resta silencieuse. Puis elle admit :
« C’est vrai. Puisque qu’elle est morte, je ne crains plus d’attaque de sa part. Il est peut-être effectivement préférable que tu viennes avec moi. Nous ne serons pas trop de deux pour ce long chemin. »

Gaïus eut une fois de plus la garde de la reine et de l’enfant. Il sécha une larme d’émotion du revers de sa manche.
« Cela me ramène tant d’années en arrière, lorsqu’Arthur est venu au monde… »
Merlin sourit au médecin avec affection.
« Allons Gaïus, tout va bien se passer. Prenez soin de Guenièvre et du bébé comme vous savez si bien le faire. Nous reviendrons sains et saufs… avec Arthur !»

Le médecin serra sur son cœur Merlin et Thymiane et leur souhaita bonne chance.

***

Le chemin jusqu’à Avalon fut long mais tranquille. Pour une fois, Merlin ne s’occupait que des chevaux et Thymiane prenait en charge les repas. Ces bivouacs rappelaient à Merlin tant de ceux qu’il avait fait avec Arthur... Il lui était difficile de croire que bientôt il le retrouverait. Il regardait Thymiane et se demandait pourquoi elle était prête à donner sa vie pour faire revenir le roi. Si leur existence en commun avait appris à Merlin à apprécier Arthur, et à comprendre l’importance de son destin, Thymiane ne le connaissait pas.

« Pourquoi tiens-tu tant à faire revenir Arthur ?»
Thymiane sourit, comme si la question semblait inutile.
« Je pourrais te dire qu’Arthur est le roi qui est et qui sera. Une pierre importante dans l’édifice de l’histoire. A ce titre, il mérite d’être ramené à la vie.»
Elle regarda Merlin et une ombre de tristesse passa sur son visage.
« La vérité est bien plus simple. Je serai sans doute une bonne nourrice, mais je ne saurais remplacer des parents aimants. Je n’ai pas connu ma mère et mon père m’a vendue… j’ai refusé de me laisser contaminer par la haine d’Arwen parce que je voulais devenir bonne à quelque chose. Une fille dont mes parents auraient pu être fiers. »

Elle resta pensive un instant.
« J’ai la possibilité d’offrir à un enfant ce que je n’ai pas eu. »

Merlin pensa à la chance qu’il avait eue d’avoir dans sa vie de bonnes personnes. Sa mère si aimante et si bonne, l’envoyant loin d’elle pour son bien. Gaïus qui lui avait tant appris. Plus que le maniement de la magie elle-même, il lui avait montré dans quel but le faire. Il y avait aussi son père qui lui avait transmis son pouvoir de maître des dragons, et qui lui avait redonné la confiance nécessaire pour regagner ses pouvoirs dans l’antre de cristal. Son ami le Grand Dragon lui avait également beaucoup offert. Il aurait été bien différent sans eux. Qui sait ? Il aurait pu tomber sous la coupe de gens comme Morgause ou Cornélius Sigan.

Au matin du troisième jour, ils parvinrent sur la rive du lac d’Avalon. Le cœur de Merlin se serra en pensant aux circonstances qui l’avaient amené en ces lieux quelques mois plus tôt.

Thymiane sortit de son sac un parchemin qui semblait très ancien. Serré dans un étui de velours et cacheté d’un disque doré, il semblait d’une valeur inestimable.

La nourrice s’avança jusqu’au bord de l’eau. Elle étendit son bras et psalmodia des paroles que Merlin ne comprit pas. L’eau devint lumineuse et commença à bouillonner. Une forme humaine parut dans un nuage irisé. Elle se précisa, et Merlin vit Arthur dans son armure étincelante, comme s’il était fin prêt pour un tournoi. Il avança jusqu’à la rive, et se tint devant Thymiane, le regard vide.

Elle lui fit signe de s’agenouiller et elle posa la main sur son front.

Thymiane murmura encore quelques paroles, et Arthur sembla recouvrer la mémoire. Son regard croisa celui de Merlin, et il lui sourit.
Merlin s’avança vers Arthur.
« Arthur ! Comme je suis heureux de vous voir ! »
« Et moi donc, mon brave Merlin ! Je te dois bien les deux jours de congé que je t’ai promis avant de… de… »
Ils rirent en se donnant une accolade fraternelle.
« Arthur ! J’ai une grande nouvelle à vous annoncer ! Vous êtes père d’un magnifique garçon. »
Arthur demeura un instant interdit, puis frappa Merlin dans le dos et dit :
« Alors ! Qu’attendons-nous pour rentrer ! Toujours aussi lent, Merlin ! »
« Majesté… il faut que je vous présente celle qui a mis au monde votre fils. Elle se nomme Thymiane, et… »

En se retournant, Merlin vit la nourrice étendue sur la rive. Il courut près d’elle.

« Thymiane ! Thymiane ! »
Elle ouvrit les yeux et sourit.
« Et voilà Merlin. Mon destin est accompli. »
Les yeux du magicien se remplirent de larmes.
« Mais non ! Tu ne peux pas partir maintenant ! Arthur est de retour, et tu pourrais rester à la cour avec nous et… »
Thymiane posa son index sur la bouche de Merlin.
« Allons Merlin. Prend soin du roi, de la reine et de leur enfant. Le temps des sacrifices et des larmes est achevé. »
Les yeux de la nourrice se fermèrent, tandis qu’elle souriait toujours.
Merlin murmura :
« Tes parents seraient fiers de toi… »

Arthur posa sa main sur l’épaule de Merlin et il regarda Thymiane.
« Qui était cette femme ? »
« Elle a mis au monde votre fils, et elle vous a ramené parmi nous. »
« Alors il nous faut la ramener à Camelot et lui rendre les hommages qu’elle mérite. Elle reposera dans le caveau royal, avec les chevaliers tombés au combat. »

Merlin essuya ses larmes.

Arthur dit encore :
« Allons Merlin, tu l’as entendue comme moi : le temps des sacrifices et des larmes est achevé. Rentrons à la maison retrouver Guenièvre… et mon fils! »

Ils s’éloignèrent tranquillement, Merlin portant Thymiane sur son cheval.

« Et sinon Merlin… qu’en est-il de ma chambre et de mes bottes ? J’espère que tu as eu le temps de les cirer… »
«Arthur !!! »

Leur rire se mêla aux cris des oiseaux.
Le roi était de retour.

 

to be continued ;-)


Belthane  (12.12.2014 à 09:31)

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