Vivien Lejeune - Excessif - 01.07.2010

Quickening : Merlin, l'enchanteur réinventé

Merlin, la série qui a réinventé le mythe de l'enchanteur, est aujourd'hui à l'honneur au Comic Con' de Paris avec les présences de Katie McGrath et Angel Coulby. "Quickening : Effet d'accélération ressenti par un immortel lors de l'absorption des pouvoirs et des connaissances d'un autre immortel, après s'être soigneusement escrimé à décoller la tête des épaules de ce dernier".

La rubrique qui fait tomber des têtes tout en faisant du bien... se demande cette semaine si les créateurs Julian Murphy et Johnny Caps ont bien fait de se détacher de la mythologie commune pour mieux imposer leur vision de la jeunesse de l'enchanteur le plus célèbre de tous les temps, tout en surfant volontairement sur le succès de Smallville.

Du bras droit du Roi Arthur au journaliste défenseur de Metropolis, il n'y a finalement qu'un petit pas qu'ont décidé de franchir les créateurs de Hex depuis l'arrivée de Merlin sur BBC One en septembre 2008. Car bien que la comparaison n'apparaisse pas si évidente que cela, Julian Murphy et Johnny Caps ont ouvertement admis avoir puisé leur influence principale dans la "formule" établie par la série revisitant à sa façon la jeunesse du futur Superman. Colin Morgan devient ainsi le reflet médiéval de Tom Welling par son parcours initiatique réinventé et un sens accru de l'abnégation, tout en développant - bien entendu - une narration unique autour des notions d'aventures, de Fantasy et de comédie. En plus d'ouvrir les portes d'un Camelot fermement dirigé par Uther Pendragon (Anthony Head) bien avant le règne d'Arthur, la série redéfinie totalement les liens qui unissent ses différents personnages et offre donc une relecture 100% nouvelle de ces destins légendaires... Voilà bien de quoi troubler les plus férus de contes médiévaux tout en invitant le jeune public dans une chevauchée à laquelle il ne se serait peut-être pas risqué, à travers des œuvres moins récentes.

Qui est vraiment Merlin l'enchanteur ?
Qu'il soit animé pour Walt Disney (Merlin l'enchanteur, 1963), dangereux pour John Boorman (Excalibur, 1981), romantique sous les traits de Sam Neill (Merlin, 1998) ou encore complètement débile dans Le retour de Merlin (2000) et Kaamelott selon Alexandre Astier... Merlin n'a jamais cessé de fasciner les foules et de connaître un nombre incalculable d'incarnations scéniques. Pourtant - il est peut-être bon de le rappeler - l'enchanteur personnel du Roi Arthur n'a jamais existé ! En partie inspiré par le divinateur fou Myrddin Wyllt (ayant vécu au sixième siècle) et le chef de guerre Ambrosius Aurelianus (qui à quant à lui repoussé les troupes anglo-saxonnes au cinquième siècle), Merlin apparaît pour la première fois tel qu'on pense le connaître sous la plume de Goeffrey de Monmouth (par ailleurs personnage à part entière de la série sous les traits de Michael Cronin) à travers son Historia Regum Britanniae : publication à vocation historique écrite en 1136 mais dont beaucoup s'accordent à dire qu'elle ne repose que sur des légendes et autres élucubrations sans réels fondements. Mais les légendes ne vivent-elles justement pas pour alimenter les imaginations les plus fertiles ?

Du coup, peu de temps après le retour remarqué de Robin Hood selon Dominic Minghella, la BBC décide de donner un tout nouveau visage à l'enchanteur... et tranche radicalement d'avec ses prédécesseurs en choisissant celui, encore fort juvénile, de Colin Morgan, face à de toutes aussi jeunes incarnations d'Arthur, Guenièvre et Morgan (respectivement interprétés par Bradley James, Angel Coulby et Katie McGrath). Si Merlin avait jusqu'ici toujours été dépeint comme le vieux magicien barbu ayant jadis éduqué le Roi Arthur, les voici à présent presque amis d'adolescence... pour le meilleur et souvent pour le pire.

Les clefs de la longévité
Merlin n'a pas d'âge, son impact sur l'univers magique et celtique non plus. Tournée en grande partie en France (dans l'enceinte du château de Pierrefont, ayant d'ailleurs préalablement accueilli l'équipe de la série Highlander, dont Adrian Paul et Roger Daltrey), la dernière adaptation anglaise en date peut s'enorgueillir d'avoir encore reculé les limites d'un genre pourtant plutôt absent des petits écrans depuis pas mal d'années. Depuis deux ans (et bientôt trois), les scénarii se suivent sans jamais totalement se ressembler, jonglant habilement entre comédie, aventure spectaculaire, fantastique pur (notamment au son de l'incomparable voix de John Hurt, au service du Grand Dragon retenu prisonnier dans les tréfonds de Camelot par Pendragon) et belle réflexion sur la Destinée et les responsabilités qu'elle engendre ; l'enseignement de Gaius (Richard Wilson) apportant à Merlin son lot de bonne moralité et de tendresse paternelle.

Pour ce qui est de savoir si les créateurs ont bien fait de se détacher de la mythologie commune pour mieux imposer leur vision de la jeunesse de l'enchanteur... la réponse est sans aucun doute : absolument ! Merlin n'est finalement à prendre ni comme un "remake" ni comme une énième extension au folklore celtique, mais plutôt comme un trépident conte de fées des temps modernes, tourné vers le passé d'un personnage emblématique, totalement réinventé par son très attachant interprète Colin Morgan. Et ce n'est pas la diffusion prochaine de la saison 3 qui devrait freiner ce concept en tout point enchanteur... surtout avec l'arrivée à Camelot de Warwick Davis (Willow en personne), foi de Pec !

Vivien Lejeune - 1er juillet 2010 - Excessif.com

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