Fanfic n°3

Madame Hudson pénétra dans l’appartement, en désordre, poussiéreux. Elle pensa alors que si elle ne venait pas aussi régulièrement, le logis serait inhabitable. Les affaires de Sherlock reposaient toujours au même endroit, même son matériel scientifique n’avait pas bougé de la table. Lorsqu’elle voulait donner le tout à des écoles, John s’emballait : « Rien ne sortira d’ici. Sherlock n’est pas mort ! » Des disputes éclataient parfois entre eux et le visage de John arborait une couleur cramoisie lorsqu’elle tentait de lui faire entendre raison. C’était le moment qu’elle choisissait pour le laisser se calmer, seul.

Un jour, Lestrade, conscient de l’état de Watson, vient le chercher, prétextant avoir besoin de ses lumières quant à deux meurtres.

- Je ne suis pas détective, rétorqua John.

- Non, mais vous avez longtemps enquêté avec Sherlock. J’ai besoin de vous. Allons, habillez-vous ! Je vous attends dehors.

Sur la scène de crime, le sergent Donovan observa, incrédule, l’amateur.

- Que fait-il ici ?

- Je l’ai invité, répondit Lestrade.

- Mais…

- Donovan, je suis le chef ! Il est avec moi et plus de discussions.

John se retrouva bientôt face au corps de la victime, un certain Roger Grant. Il était vêtu d’un costume complet de mousquetaire : chapeau, cape, épée… Rien ne manquait. Un A cousu sur la chemise attira l’œil de Watson. Suite à une observation approfondie du dossier de la première victime, John repéra la même lettre brodée d'or. Un sourire apparu sur le visage de l'amateur. Toutefois, n’arrivant, finalement, à aucune interprétation, il marmonna :

-Vous voyez, je ne suis pas Sherlock, c’est une perte de ….

Des cris résonnèrent dans la cuisine. Tous les policiers accoururent, armes aux poings, et découvrirent le sergent Donovan ridiculement arc-boutée sur la table.

- Un RAT ! Un Rat ! J’ai vu un rat !, balbutia-t-elle, le visage déformé par la peur.

- C’est le hamster de la victime, rétorqua violement Watson qui ne lui avait toujours pas pardonné ses accusations envers Sherlock quelques mois plutôt. Il ne pouvait s'empêcher de la blâmer pour le suicide de son ami. Tout cela était de sa faute !

Excédé par les regards d’Anderson et Donovan, John rentra à l’appartement et s’assit sur le canapé pour réfléchir à l’affaire. Sherlock aurait déjà trouvé lui ou il aurait au moins une adresse pour la prochaine attaque. C’est alors qu’il reçut un message provenant d’une source inconnue : « Prochaine ce soir. Vingt-quatre avenue King’s Road ».

Watson observa longtemps son téléphone afin de déterminer s’il s’agissait d’une plaisanterie ou d’un piège. Intrigué, il rejoignit King’s Road en taxi, bien sûr.

La porte était ouverte, il entra. John tomba sur la troisième victime dont la moustache de jais tranchait avec sa cape d’un marron délavé, terne. Encore un mousquetaire ! En observant la victime, John remarqua une variation dans le mode opératoire. En effet, le A brodé était ici remplacé par un P.

- A, A, P... Pourquoi ?, se surprit-il à prononcer ouvertement.

C’est alors qu’un nouveau message vint répondre à son interrogation : « Et d’Artagnan dans tout ça ? »

John observa les alentours. L’expéditeur devait être là, quelque part dans l’appartement. Il prit un pas léger et fouilla les lieux discrètement. Il passait de pièce en pièce, bredouille. Il allait abandonner son expédition, perplexe lorsqu’il les vit. Des chaussures sous le rideau. Il l’avait trouvé, désormais, il devait le surprendre. Toujours sans bruit, il s’approcha et arracha le tissu de ses gonds dans un geste déconcertant de rapidité. Ses yeux s’arrondirent et sa bouche s’ouvrit.

- Sherlock ?..., balbutia-t-il le souffle court.

- Bonjour John ; répondit-il simplement.

Suite à quelques minutes de silence, Watson explosa :

- Mais que faites-vous ici ?, hurla-t-il

- J’enquête…; Face au silence décontenancé de son interlocuteur, il ajouta, innocent: « Je m’ennuyais… »

- Vous vous ennuyiez !, hurla John, stupéfait, Vous êtes mort ! Mon Dieu, comment avez-vous survécu ?... Non, vous savez quoi, je ne veux pas savoir ! Comment avez-vous pu me faire ça ? Je vous hais ! Avez-vous la moindre idée de ce que j’ai enduré en vous croyant mort ? Je vous ai pleuré, bon sang ! Mais non,… non vous êtes là, en bonne santé et vous vous ennuyiez !

Sa colère était telle qu’il ne pouvait se taire, se calmer ou même respirer. Le monde tournait autour de lui. Il mourait d’envie de frapper celui qui c’était fait passer pour mort si longtemps, l’avait laissé dans la détresse mais il se ravisa lorsqu’il vit le regard inédit de son ami.

- Je suis désolé, John… Je ne voulais pas vous blesser, répondit maladroitement le détective, le regard fixé sur ses chaussures.

 

Auteur : DoctorDean