HypnoFanfics

Bonne lecture.

La nuit était tombée à présent. Arthur passa discrètement derrière le garde qui effectuait sa ronde près des cachots et pénétra dans l'antre de Kilgharrah. Bien qu'il n'y ait plus de raison de faire garder cet endroit, vu l'absence de son occupant, il préférait qu'on ne l'y aperçoive pas. Lorsqu'il arriva enfin sur le promontoire, il vit que Gaius et Balinor l'y attendaient déjà. Gaius assis sur un rocher, l'air défait et particulièrement épuisé. Balinor se tenait sur le rebord et avait le regard perdu dans le vague. Il fit alors rouler quelques pierres sous ses pieds pour signaler sa présence.

Gaius releva la tête et fit mine de se lever, mais Arthur secoua la tête, il n'y avait nul besoin qu'il se fatigue inutilement. Balinor n'avait même pas tourné la tête, puis soupirant, il se joignit à eux et s'assit sur un rocher proche. Arthur décida de s'asseoir par terre de manière à refermer le cercle. Ces mystères commençaient à lui peser, mais il se rendait bien compte que ce qu'on allait lui dire ne devait pas être transmis à son père. Que ses informations étaient graves et devaient toucher à quelque chose d'interdit, même si pas forcément … eh bien … maléfique.

-Alors ?

Il hésita un peu avant de prononcer ses paroles, se sentant intimidé par Balinor et inquiet par le comportement de Gaius. Son père lui avait toujours fait confiance, malgré le fait qu'il ait usé de magie, il l'avait laissé rester le médecin de la cour après la grande purge. Depuis toujours, Gaius avait pris soin de lui quand il était malade, ou quand Morgane était malade. Il lui racontait des histoires quand il était plus jeune … Et longtemps à l'époque, il l'avait appelé grand-père avant qu'il ne lui explique qu'il n'était pas un membre de sa famille, mais médecin. Ça n'avait rien changé à l'affection qu'il lui portait, et bien qu'il sache qu'il n'était pas parfait, se soumettait souvent à son avis … Il était sage après tout.

-De quoi vous souvenez-vous ?

Il écarquilla les yeux, puis commença à bafouiller.

-Eh bien, lorsque nous sommes revenus de mission pour prévenir de l'arrivée des soldats de Médhir, nous avons trouvé tout le monde endormi … enfin excepté Morgane.

Il fronça les sourcils … repensant à ce fait. Cela l'avait intrigué à l'époque mais Merlin avait apaisé ses craintes.

-Morgane était consciente … Merlin … Merlin a dit que vous aviez trouvé un remède à lui donner, mais que vous n’aviez pas eu le temps vous-même … Ce n'était pas vrai, n'est-ce pas ?
-Non, Merlin pensait que si Morgane n'était pas touchée … C'était grâce à ses pouvoirs magiques.

Le silence se fit, lourd …

Arthur déglutit et reprit.

-Mais Morgane n'a pas de pouvoirs … Pourquoi aurait-elle appris à s'en servir ? Dans quel but ? En plus elle sait que …
-Que quoi ?

La voix de Balinor avait tranché. Il le regardait droit dans les yeux, comme pour lui rappeler ce qu'il lui avait dit à propos de la magie.

-Mais … je ne comprends plus…

Arthur semblait réellement désorienté, alors Gaius mit sa main sur son épaule et la serra brièvement avant de lui expliquer ses déductions. Que Morgane puisse voir le futur dans ses rêves … La raison de sa disparition avec les druides, l'incendie …  Tout ce dont Merlin et lui avaient déjà discuté ces derniers mois. Toutefois, il passa au silence la prédiction de Kilgharrah …

-Alors Merlin savait ? Et il ne m'a rien dit ?

Balinor sourit légèrement, il avait senti la jalousie pointer, est-ce que seulement Arthur se rendait compte à quel point il pouvait être possessif ?

-Et Morgane ? Elle est comme une sœur, pourquoi ne m'a-t-elle rien dit ? Je …
-Qu'auriez-vous pu faire ?, le coupa Gaius
-L'aider, et mieux que Merlin avec cette idée saugrenue de l'envoyer chez les druides !
Les deux hommes sourirent de concert, avec la même étincelle dans les yeux.

-En êtes-vous sur ?, reprit Balinor.
-Oui !
-Pourtant votre père vous a appris à tous deux, que la magie était dangereuse, qu'elle corrompait …
-Et alors ?
-Que croyez-vous que Morgane ait ressenti lorsqu'elle s'est rendue compte qu'en ayant des pouvoirs, Uther pouvait la faire tuer ?
-Mais jamais il ne l'aurait …
-Croyez-vous qu'elle en ait été aussi sûre ?

Arthur se tint coi, il se rappelait l'incident avec Mordred qu'il comprenait mieux à présent, Morgane avait sans doute ressenti sans s'en rendre compte ce qui les liait. Et l'épisode des cachots … La mort de Tom … Tous ces faits avaient profondément marqué Morgane. Uther avait à ces occasions montré ses pires côtés. Doucement il commençait à comprendre la frayeur qu'elle avait dû ressentir …

-Mais je ne suis pas mon père  … Elle le sait… Je l'ai aidée à sauver l'enfant.
-Comment savoir à quel point vous écoutez votre père ? Elle s'est confiée à Merlin parce qu'il était au courant de mes préoccupations concernant ses rêves et qu'il lui a toujours montré beaucoup de respect et d'affection.
-Bien d'accord, Morgane a des pouvoirs et ils lui ont permis de résister au sort.
-Eh bien non…
-Quoi ?

Il ré-écarquilla des yeux … Balinor ferma les siens, toutes ces nouvelles étaient dures à encaisser pour lui … Ça allait sans doute leur prendre toute la nuit.

 

-0-0-0-

Merlin se réveilla plusieurs fois au milieu de la nuit, en grelottant. Il resserra sa veste sur lui et se frotta les bras en se pelotant davantage contre le tronc, incapable de lui fournir la moindre chaleur. Il se sentait plus calme, plus vide … Il se remémora les événements des derniers jours et soupira. La trahison de Morgane avait été dure, et plus difficile encore avait été de lui administrer le poison. Il déglutit en se rappelant la culpabilité qui l'avait envahi lorsque … il avait libéré Kilgharrah. Cette culpabilité qui avait encore cru avec l'attaque, décidément il n'était bon à rien, sauf à mettre les gens en danger, comme Tom, et William, et Lancelot … Les sanglots remontèrent dans sa gorge en reformant une boule, et comme Freya … Comme elle lui manquait, si seulement il avait pu l'écouter, qu'il avait pris le temps de se rendre compte … Il aurait peut-être pu trouver une solution avant que … Il ferma les yeux et releva la tête vers le ciel, l'aube commençait doucement à apparaître, le ciel s'éclaircissait et les étoiles disparaissaient peu à peu. Il allait bientôt pouvoir repartir.

 

-0-0-0-

-Comment Merlin a-t-il su que c'était elle le porteur du sort ?

Gaius et Balinor se regardèrent quelques secondes, de manière inconfortable, avant que Gaius ne reprenne.

-Dans un livre…
-Dans un livre ? Gaius, que me cachez…
-Interdit… je veux dire … enfin votre père a faire disparaître les livres de magie et je ne devrais pas les avoir gardé, mais je l'ai fait. J'ai toujours pensé que cela pourrait être utile si un jour on nous attaquait avec … de la magie.

Arthur hocha la tête, satisfait. Ça se tenait. Tandis que Gaius respirait un peu mieux, cette question il l'avait crainte, soit dire que Merlin … enfin non il ne pouvait pas et lui apprendre que Kilgharrah lui avait donné la solution en échange de sa liberté n'était pas une bonne idée non plus. Ce mensonge restait relativement subtil, puisque dans un sens c'était vrai, il avait gardé des livres 'interdits', mais pas tout à fait exact dans ce cas-ci.

-Vous avez eu raison.

Gaius sursauta :

-Pardon ?
-De les garder, je veux dire, avec tout ce qui est arrivé, la licorne, l'empoisonnement, la bête glapissante, Sigan, … enfin toutes ces choses qui m'arrivent tout le temps.

Balinor sourit, alors que Gaius soupirait.

-En effet, Merlin et vous semblez être particulièrement doués pour vous mettre en danger.

Arthur se renfrogna, vexé. Et puis fit le bilan à voix haute :

-Morgane a des pouvoirs, Morgause l'a utilisée pour essayer de tuer Uther en endormant tout le monde. Le seul moyen de rompre ce sort était de … la tuer. Ce que … ce que Merlin a fait. Mais il a donné à Morgause le nom du poison afin qu'elle puisse sauver Morgane … Donc Morgause ne lui fera pas de mal, et elle risque par conséquent de la monter contre nous …
-Euh oui c'est cela, enfin … je ne sais pas si Morgause va la manipuler, mais …
-Elle le fera, elle a essayé de le faire avec moi, vous vous souvenez ? Elle voulait me faire croire que j'étais né de la magie.

Nouveau silence…

-Quoi ?
-Rien, je… j'ignorais cette histoire …

Balinor tentait de contourner un problème qu'il n’avait pas senti venir … Il était trop tôt pour ça … Accepter que la magie n'était pas maléfique était une chose, accepter que sa 'presque' sœur en ait en était une autre, accepter que cela ait pu la troubler au point de tous les mettre en danger, soit … Mais Merlin sorcier, être né de la magie, être celui qui réunirait Albion … ça c'était un peu trop …

-Ah, euh oui … j'avais oublié.

Gaius remercia intérieurement Balinor et il se leva.

-Je crois qu'il est temps de réapparaître … Merlin risque de s'inquiéter de ne pas me voir revenir.
-Je viens avec vous, je voudrais … lui parler.

Gaius hocha la tête, il comprenait. Un ou deux secrets en moins aideraient à souder leur amitié. Ensemble ils remontèrent et échappèrent à la vigilance des soldats avant de parvenir aux quartiers de Gaius. Pour découvrir que Merlin n'était pas rentré … et que, manifestement, Gwen l'avait attendu en vain.

À suivre …

abeilledic  (21.11.2011 à 22:52)

Bonne lecture.

Gwen s'était endormie sur la table, sa tête reposant sur son bras, tandis que l'autre pendait sur le côté. Gaius se pencha sur elle en posant sa main sur son épaule, avant de la secouer légèrement.

-Gwen ?
-Mmmh… Oh Gaius, je … j'attendais Merlin … J'étais inquiète, je voulais m'assurer qu'il allait bien.
-Il n'est pas revenu Gwen.
-Quoi ?

Son regard se posa sur Arthur, ses yeux s'élargissant et son visage pâlissant. Elle se leva promptement.

-Il faut aller le chercher, il est peut-être blessé, ou pire … Et s'il avait été enlevé ?

Arthur la prit par les épaules et la regarda droit dans les yeux.

-Gwen, calme-toi. Tout va bien, peut-être qu'il a été surpris par la nuit, et qu'il va rentrer bientôt.
-Non! Merlin serait rentré, s'il n'est pas là, c'est que quelque chose est arrivé. Il a fait froid cette nuit ! Il a dû être gelé. Ce n'est tout simplement pas possible. Ce n'est pas le genre de Merlin !
-Peut-être est-il simplement rentré et ressorti pour ces corvées ?

Balinor n'avait pas l'air sûr de lui plus que ça, mais cette fille semblait perdre tous ses moyens. Cela dit, ça ne sembla pas la calmer, bien au contraire. Elle darda son regard sur lui et sembla prête à exploser ce qui ne tarda pas à arriver.
 
-Vous ! Comment osez-vous émettre le moindre commentaire ! Soi-disant vous êtes son père, mais vous passez plus de temps à le fuir qu'à essayer de le connaître ! Je ne connais personne qui ne mérite autant d'avoir un père que lui. C'est un garçon merveilleux, il est gentil, loyal, intelligent et drôle. Je n'avais jamais eu un ami pareil. Et vous … vous ne savez pas la chance que vous avez … d'avoir un fils tel que lui … !

Arthur avait fini par l'attraper par la taille pour l'empêcher de se jeter sur lui, ce qu’elle semblait prête à faire. Cela dit les sanglots commençaient à se sentir dans sa voix qui commençait à se casser. Elle pensait à son propre père qui avait été si merveilleux avec elle. Merlin avait fait tout ce qu'il avait pu pour l'aider … Si seulement … Gwen tomba tandis qu'Arthur s'agenouillait pour l'empêcher de se faire du mal. Balinor se sentit perdu, mais Gaius posa son main sur son épaule et secoua la tête négativement. Il lui expliquerait plus tard.

-Je pense que Gwen a raison, ce n'est pas normal, Merlin serait rentré. Il vaudrait mieux le chercher.

Arthur releva la tête, puis acquiesça lentement.

-Je vais demander un congé à mon père… pour chasser ?
-Bonne idée, je vous rejoindrai discrètement en allant faire ma tournée.
-Je vous accompagnerai, les gens ont l'habitude de nous voir ensemble.
-Je vais demander un congé, après tout Morgane n'étant pas là …
-NON !

Les trois hommes avaient crié en même temps. Gaius se mit à la hauteur de Gwen.

-Tu vas prendre congé, en effet, mais tu vas rester ici, en premier lieu pour te reposer, ensuite au cas où Merlin reviendrait. Si c'est le cas, demande à faire sonner le tocsin, je ne sais pas … deux fois ?

Gwen hocha lentement la tête. Arthur la remit debout et la conduisit dans la chambre de Merlin, avant de l'y laisser dormir.

-Pourquoi …?
-Ooh, euh … Je suppose qu'elle a un peu raison, tu as tellement cherché à éviter Merlin pour qu'on ne remarque pas votre proximité … qu'elle a dû se faire de fausses idées. Pour le reste … son père est mort l'année dernière… Uther…
-Je vois.

Arthur les rejoignit et ils se séparèrent pour mieux se retrouver dans les bois.

-0-0-0-

Merlin avait repris sa marche au travers des buissons et des arbres, quand enfin il le vit … le lac … Il brillait, illuminé par le soleil qui le frappait. Il se laissa tomber à genoux sur la rive, fixant l'horizon où … Freya avait disparu, emportée par les flammes. Ce souvenir faisait mal. Ce n'était pas le seul souvenir qui y était associé d'ailleurs. C'est là qu'il avait repêché Arthur lorsqu'il s'était enfui avec Sophia. Quel tristesse … Il se rappelait avoir pensé à l'époque qu'il était dommage qu'il ait si peu de muscles, Arthur avait été si lourd ! Avec sa cotte de maille de surcroît ! C'est là aussi qu'il avait vu pour la première fois Avalon … et les sidhes… et là qu'il avait jeté l'épée.

Il se laissa envahir par l'atmosphère, s'imprégnant du site. Il regardait cette eau qui miroitait. Il se releva doucement, puis s'approcha de l'eau … Là juste un peu plus loin, elle l'attendait …

-0-0-0-

-Prince Arthur ?
-Oh sire Léon, je m'apprêtais à sortir chasser… Pourriez-vous attendre mon retour ?
-Chasser ? Je me demandais en fait si vous aviez vu Merlin ? Je sais que Gaius a allégé son travail du fait de sa blessure, mais peut-être pourrait-il m'aider à prendre notes des travaux à faire ?
-C'est-à-dire, en fait  …
-Je ne pense pas que Gaius tolère la chasse pendant la convalescence…
-En fait, je ne sors pas chasser.
-Oh, euh…
-Merlin a disparu, je vais le chercher.
-Oh, voulez-vous de l'aide ?
-C'est gentil, sire Léon, mais j'ai présumé que mon père n'acc-…
-Bien sûr, mais euh … plus nous sommes nombreux, mieux c'est. Je ne comptais pas en référer au roi. Merlin est … un bon serviteur. Il est fidèle et je pense qu'il est très compétent.

Il avait semblé chercher ses mots pendant quelques instants, n'ayant pas l'air de savoir comment définir Merlin. Arthur comprenait, lui-même avait du mal. Il était un peu surpris cela dit, sire Léon était un des chevaliers les plus sages et dignes de Camelot. En fait, s’il avait fallu montrer un exemple de la chevalerie, Arthur l'aurait désigné sans hésiter. Alors que sire Léon se propose par simple … amitié pour un serviteur … Cela montrait à quel point Merlin touchait plus de monde qu'il n'y croyait.

Arthur hocha la tête.

-Nous devons rejoindre Gaius et Balinor à la lisière des bois, du côté Est, c'est par là que je l'ai vu partir, en direction du royaume de Carléon, ou des montagnes blanches … Cela ne va pas être aisé de le retrouver, il est parti en coupant à travers bois.
-Peut-être devrions-nous prendre les chiens ?
-Les chiens ?
-Ça mettrait du crédit à votre histoire de chasse, et ils peuvent flairer Merlin ?
-Quelle bonne idée ! Allons-y, de suite.

-0-0-0-

À l'orée du bois, Balinor et Gaius patientaient sur leur monture quand ils virent arriver Arthur et sir Léon en tenue de chasse suivis par les chiens.

-Que faites-vous ? Vous vous rappelez qu'on ne va pas à la chasse ?
-C'est moi qui en ai eu l'idée, sir. Je pensais qu'ils pourraient nous aider à pister Merlin, si son départ ne date que d'hier, peut-être que la rosée n'a pas entièrement effacé ses traces.

Balinor regarda le jeune chevalier, manifestement il le tenait en grand respect, mais il préféra rester prudent, on ne pouvait jamais savoir avec les gens qui entouraient Uther. Pendant qu'il le jaugeait, Arthur expliquait à Gaius que leur retard était dû à un détour par ses appartements pour prendre un des fameux foulards de Merlin. Puis voyant l'échange silencieux entre les deux hommes, il s'adressa directement à Balinor.

-J'ai toute confiance en sir Léon, Balinor. Il m'a spontanément proposé de partir à la recherche de Merlin, il le tient lui aussi en grande estime.
-Comme cette … Gwen ?

Sir Léon sourit …

-Gwen est une personne de confiance, sir, sa mère servait chez moi. Étant plus jeune, je jouais souvent avec elle, c'est une excellente amie.

Arthur sursauta, surpris. Il l'ignorait … Combien de chose ignorait-il sur ses chevaliers et sur ses amis ? Peut-être Merlin avait-il raison quand il lui disait qu'il ne s'intéressait pas assez aux autres. Il vit Balinor hocher la tête, et ses traits se détendre. Sire Léon descendit de cheval et fit respirer le foulard bleu de Merlin par les chiens qui l'entouraient en jappant joyeusement. Soudain l'un d'entre eux se mit à aboyer, puis un deuxième … Il remonta en vitesse sur sa monture tandis que les chiens se lançaient fougueusement à la poursuite de Merlin.

-0-0-0-

À peine deux heures plus tard, ils arrivèrent au bord du lac … Les plus jeunes descendirent de leur monture et avisèrent les traces qui montraient clairement que Merlin était venu jusqu'ici. Les traces s'enfonçaient dans l'eau et commençaient seulement à s'effacer. Arthur se tourna vers Sir Léon, l'air inquiet. Sir Léon détourna le regard vers l'horizon du lac, et se leva soudainement, déstabilisant Arthur qui tomba sur son séant.

-Là ! C'est lui.

Il tendait le bras vers une masse brune qui venait de remonter à la surface. Balinor sauta de son cheval et courut dans l'eau, Arthur et Sir Léon sur les talons. Le temps semblait ralentir, comme s'il refusait qu'on atteigne Merlin à temps.

Mais enfin Balinor et Arthur l'attrapaient et le remontaient à la surface. Le chevalier arriva et, à trois, ils le remorquèrent jusqu'à la rive. Gaius se pencha vers lui et réussit à lui faire cracher l'eau contenue dans ses poumons. Il se mit à tousser furieusement, alors que Gaius et Balinor tentaient de le calmer et le maintenir au sol.

Arthur et son chevalier enlevèrent leur selle afin de prendre les couvertures en dessous.

-Gaius, tenez.
-Merci, Arthur.

Il releva Merlin en position assise et entreprit de lui retirer sa blouse. Merlin grelottait, mais ne les aidait pas vraiment.

-Lai … lai…ss… laissez-moi tr.. tt… tranquille.. lle.
-Non, Merlin, tu as froid, tu as besoin d'être séché, réchauffé.
-Lai… lai… ss… lai …laissez-moi …
-Merlin, s'il te plaît, écoute Balinor.
-Je, Art … Arthur ? …
-Oui, Merlin, laisse-toi faire.
-Nn … non … je … jje veux … la rejoindre, laiss…

Sa voix se brisa et les sanglots reprirent. Gaius resserra sa prise sur ses épaules et cala la tête de Merlin contre son épaule.

-Pleure, pleure, ça fait du bien.

Balinor, Arthur et Léon restaient là, incapables de faire quoi que ce soit… Le désespoir qui s'échappait de Merlin était si intense. Balinor soupira, incertain et posa sa main sur l'épaule de son fils en signe de réconfort. Arthur et Léon baissèrent la tête, de soulagement et d'épuisement. Tout allait bien, tout allait aller bien maintenant.

À suivre …

abeilledic  (24.11.2011 à 07:32)

Bonne lecture.

Lorsque Gaius sentit la tête de Merlin s'alourdir sur son épaule, il fit signe à Balinor et ils le firent basculer en arrière en position assise le temps de lui retirer sa blouse et de passer une couverture autour de lui. Balinor resta un instant immobile en voyant la balafre qui courait le long de sa hanche, puis se reprit. Arthur l'observa impassible emmitoufler son fils avec toute la délicatesse possible, avant de changer son point d'observation. Il ne devait pas comparer avec son père. Tout … tout était différent.

Sir Léon avait fini par se relever et aidant Arthur à faire de même, ils se mirent à essorer un maximum leur chemise.

-Comment va-t-on le ramener ?

Gaius releva la tête vers Sir Léon, puis secoua la tête.

-Il va falloir que l'un de nous le cale contre lui, on ne peut pas le jeter en travers du cheval, sa blessure pourrait se rouvrir.
-Arthur va s'en charger.
-Pourquoi moi ?

Balinor se mit à sourire, de ce sourire qu'Arthur n'aimait pas voir chez Merlin, celui qui annonçait une plaisanterie à ses dépens.

-Auriez-vous peur qu'il ne se jette encore à votre cou ? Je comprends que vous préférez que ce soit la jeune … Gwen.

Gagné! Il vit Sir Léon faire un sourire en coin, tentant maladroitement de se retenir, ainsi que Gaius secouer la tête et lever les yeux vers le ciel.

-Non, mais je pensais que peut-être vous auriez pu vouloir …

Zut, il ne pouvait pas en parler avec son chevalier présent.

-Sans doute … Je crois que ça attirera moins l'attention, Merlin aura voulu vous suivre à la chasse malgré les recommandations de Gaius … et vous a fait tomber dans l'eau …
-Ça se tient, et je ne peux pas le porter moi-même parce que je dois rassembler les chiens.

Arthur tourna sa tête si vite en direction de Sire Léon qu'il crut voir double. Mais à quoi jouait-il ?

-Bien si nous sommes d'accord sur l'histoire, mettons-nous en route, il est fiévreux et je ne voudrais pas que cela s'intensifie.

Gaius avait clos la discussion. Ils rentrèrent le plus rapidement possible et se séparèrent juste à la lisière, les uns semblant revenir de la chasse, les autres d'une ronde de médecin.

-0-0-0-

Gwen avait failli hurler quand elle les avait vus. Elle avait fait étendre Merlin sur son lit afin de le changer et de le coucher de manière plus saine. Elle avait renvoyé Arthur et Léon dans leur quartier pour qu'ils se changent, non sans les rudoyer avec quelques sermons bien senti sur leur inconscience. Le regard qu'elle avait lancé à Balinor avait suffi à lui faire tourner les talons pour enfiler des vêtements secs. Il ne voulait pas avoir affaire à elle. On aurait dit une louve en train de veiller son petit. Effrayant !

Merlin s'était réveillé au moment où elle lui enlevait son pantalon et Gaius se vanta de ne pas avoir vu une tête aussi vexée depuis longtemps. Quelle pudibonderie il pouvait avoir parfois. Gwen s'était contentée de hausser les épaules et de continuer son ouvrage, ce n'était pas la première fois qu'elle devait aider un garçon à se changer. Son frère était un véritable professionnel quand il s'agissait de se mettre dans des situations intenables. Nul gêne ne l’avait entravée, elle connaissait Merlin depuis si longtemps maintenant, et il était comme un frère pour elle…

Puis Gaius lui avait donné une potion pour l'aider à s'endormir et pendant qu'il expliquait à Gwen les derniers rebondissements, elle veillait à le rafraîchir.

-0-0-0-

Lorsqu'Arthur revint, c'est à son chevet qu'il la trouva, lui caressant le front avec un linge humide, elle lui chantait une sorte de berceuse, comme pour le calmer.

-Il s'est réveillé ?

Elle se tourna vers lui et hocha la tête avant de reprendre son activité.

-Oui, quelques instants, il est devenu plus rouge que votre blouse.
-Pardon ?
-J'étais en train de lui retirer le reste de ses vêtements.
-Ohh…

Arthur sourit et s'assit de l'autre côté du lit.

-J'ignorais qu'il était si pudique, juste qu'il est chatouilleux.
-Chatouilleux ? Vraiment …? C'est amusant, en fait je crois que je l'ai toujours vu habillé de la même manière…
-Même pantalon, blouse et foulard rouges et bleus et réciproquement ! (*)

Ils avaient parlé en même temps et ne retinrent pas le rire qui leur venait.

-Il n'a pas une garde-robe très développée, mais je dois reconnaître toutefois que cela lui va … enfin à part ce grotesque chapeau que vous lui avez fait porter …

Sa voix pleine de rire contenu s'éteignit brusquement.

-Oui je me souviens.

Arthur se souvenait en effet. La situation qui avait suivi par contre lui avait moins plu. Soudain Gwen se mit à rire bizarrement

-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Non rien, fit-elle en secouant la tête.
Inutile de lui dire que quand il s'était réveillé cette fois-là, elle l'avait embrassé, la tête qu'il avait faite était mémorable.
-Si tu veux, je peux m'en occuper.

Elle le regarda surprise.

-En fait, j'aimerais … lui parler quand il reprendra conscience.
-De … de ce qui s'est passé au lac ?
-Non …
-…
-J'ai … J'aimerais éclaircir certaines choses… je crois que je n'ai pas été un très bon ami ces derniers temps.
-Arthur, vous avez fait ce que vous pouviez, vous ne sauriez savoir ce qui l'a poussé à …
-Non, je veux dire … Je lui dois beaucoup, il est toujours là pour moi, et je ne l'écoute pas, ni le remercie quand il le faudrait. Je me dis qu'il sait ce que je pense et que ça suffit, mais ce n'est pas vrai … Si c'était le cas, peut-être qu'il partagerait davantage avec moi. Tout comme les autres, en fait.

Il pensait à Morgane, qu'il avait abandonnée sans s'en rendre compte, de son ignorance sur ses chevaliers … Il se rendait même compte qu'il ne savait pas grand-chose de la vie de Gwen. Elle posa sa main sur la sienne, la serra brièvement et lui passa le bassin d'eau et son linge. Tout doucement, elle partit en refermant la porte, les laissant seuls.

-0-0-0-

Lorsqu'Uther avait vu son fils revenir dégoulinant avec sir Léon et ce … valet entre les bras, il s'était senti pris d'une rage folle. Ce freluquet s'arrangeait toujours pour mettre son fils dans les ennuis jusqu'au cou. Bien sûr il ne pouvait pas ignorer non plus que grâce à sa présence, bien des complots avaient été avortés, mais … il sentait bien que cette relation était étrange. Bien trop étrange.

C'est pourquoi Sir Léon se trouvait devant lui à présent pour répondre à sa convocation. Il ne laisserait pas passer une bêtise de plus.

-Que s'est-il passé ?
-Majesté, nous sommes allés à la chasse, comme Merlin n'avait pas l'autorisation de venir, j'ai accompagné le prince à sa place.
-Mais il était avec vous …
-Euh oui, je … je suppose qu'il s'est senti assez bien et qu'il a cru pouvoir remplir ses obligations.
-Et ce n'était pas le cas ?
-Eh bien d'une certaine manière si, sa blessure semble se cicatriser convenablement, mais …

Une explication, il fallait qu'il trouve quelque chose de valable rapidement …

-Mais …
-Son équilibre n'est pas très bon (Mais qu'est-ce qu'il racontait ?)
-Son équilibre ?
-Oui, majesté, il ne gère pas très bien ses mouvements, sur des petites corvées, ça ne pose pas d'inconvénients, mais ici, il ne s'est pas rendu compte que … qu'il allait tomber dans l'eau et comme il … ne sait pas nager, nous nous sommes empressés … enfin de le repêcher.

Pourvu qu'il le gobe … Léon resta le plus calme possible, maintenant un visage le plus serein possible, tandis qu'Uther fronçait les sourcils.

-Sans doute devrait-il se reposer davantage alors ?
-Euh oui, c'est une excellente idée, votre Majesté.
-Peut-être devrait-il rentrer chez lui … prendre un congé …définitif. Après tout il ne semble pas vraiment s'intégrer au château.
-Oh non, Majesté, euh, je veux dire, il s'est intégré, il est juste discret.
-Discret ? Voilà quelque chose que je n'aurais jamais cru entendre à propos de ce garçon. De surcroît Arthur ne cesse de s'en plaindre, il sera correctement dédommagé et renvoyé. Si par la suite il veut revenir, nous tâcherons de lui trouver une occupation plus à … sa mesure.

Sire Léon déglutit lentement, … ça s'annonçait mal … très mal.

À suivre …

(*) : non sans blague ;)

abeilledic  (26.11.2011 à 09:24)

Bonne lecture

Lorsque Merlin se réveilla, la première chose qu'il vit fut la tête d'Arthur, occupé à le rafraîchir.

-Art… thur ?
-Merlin, reste bien allongé, tu as de la fièvre, Gaius a dit de faire bien attention, tu risques une pneumonie.
-Qu … que faites-vous là ?

Arthur suspendit son geste.

-Tu le vois, je te veille …
-mmmh … Pourquoi ?
-Je voulais te parler.
-De quoi ? De votre armure ? Mais je suis sûre de l'avoir nettoyée hier…
-Merlin ?

Arthur fronça les sourcils ? Hier ? … Mais…

-Tu ne te souviens pas ?
-Quoi ?

Sa voix traînait … prouvant sa fatigue et ses yeux papillonnaient … Il se mit à tousser violemment, tandis qu'Arthur le redressait et essayait de retaper le coussin afin de le maintenir, mais il restait définitivement flasque. Il repoussa le serviteur contre le mur et coinça l'oreiller plié sous sa nuque.

-Je vais aller te chercher des coussins et des couvertures, ceux-ci ne valent rien.
-De quoi vous parliez ?
-Tu … n'étais pas à Camelot hier.
-Si … J'ai nettoyé votre armure, … *toussotements* et puis je vous ai apporté à boire … avant de rentr… 

Il s'arrêta brusquement … ses yeux s'agrandirent et sa bouche s'arrondit…

-J'ai … j'ai vu que Balinor allait partir … allait me laisser ici … sans rien dire. Alors je suis parti.

Arthur hocha doucement la tête. Merlin avait baissé la sienne, conscient de son aveu … Jamais ils n'avaient parlé si … ouvertement … sans sous-entendus.

-Tu sais qu'il ne voulait pas partir, n'est-ce pas ? C'est de ma faute, j'aurais du t'en parler …

Merlin releva les yeux, surpris.

-Comment ça ?
-Ça ne s'est pas très bien passé avec mon père … J'ai promis que Balinor ne resterait pas à Camelot, en échange de la vie de Kilgharrah.
-Kilgharrah  ?
-Le grand dragon…
-Oh…
-Oui … Je pense que ce n'était pas … indispensable … de … enfin vu la situation.
-Oh  … … alors …
-Il ne voulait pas partir, mais pour éviter de … enfin … je crois qu'il ne savait pas vraiment comment te le dire … moi non plus d'ailleurs.
-Je suis désolé.
-Mmmh de quoi ?
-Je … *toussotements* … je *toussotements*
-Merlin, arrête … Ce n’est pas le moment, tu devrais te reposer. Je vais aller te chercher des coussins convenables, essaye de rester vivant jusque là.
-Pourquoi ? Je pensais que j'étais le pire *toussotement* serviteur que vous ayez jamais eu … Un inc *toussotement* incompétent.

Arthur avait senti la moquerie sous les toussotements, mais il se raidit imperceptiblement … mais Merlin avait eu le temps de le remarquer.

-Qu'est, *toussotement* qu'est-ce qu'il y a ? …

Arthur ouvrit la bouche, incertain de ce qu'il fallait répondre, quand quelqu'un toqua à la porte et passa sa tête.

-Sire ? Je crois que nous avons un problème …
-Merlin, je dois te laisser … je vais t'envoyer Gwen … elle va bien prendre soin de toi.
-Mais …

Arthur sortit, laissant entrer Gwen qui attendait avec Sir Léon en donnant des ordres pour des coussins et des couvertures … Gwen lui sourit doucement en s'asseyant près de lui et recommença à le rafraîchir.

-Tu devrais dormir, Merlin, ça te fera du bien.

Il ferma les yeux et se laissa sombrer lentement dans le sommeil

-0-0-0-

Balinor et Gaius étaient assis en train de prendre un thé bien nécessaire après ce bain forcé … enfin surtout pour Balinor. Quand tout à coup, Sir Léon entra en trombe dans le laboratoire.

-Uther …
-Quoi ?
-Il a décidé de renvoyer Merlin …
-Quoi ! De quel droit se permet-il ?

Balinor avait rugi, en laissant le chevalier perplexe.

-Euh … il prétend que Merlin a besoin de temps pour se remettre de sa blessure …
-Donc c'est juste un congé … ce n'est pas une mauvaise idée.
-C'est ce que j'ai dit, mais il compte le mettre ailleurs, lui donner un autre poste … plus adapté.
-Mais pourquoi ?
-Je ne sais pas, il a prétexté … l'incompétence dont parle Arthur … Mais il le fait plus pour radoter qu'autre chose non ?

Gaius hocha la tête, Sir Léon était plus observateur qu'il ne l'aurait cru.

-Pourquoi ?
-Pardon ?
-Pourquoi vous vous en inquiétez ?
-De ?
-Merlin … c'est juste un serviteur …
-Balinor !
-Je veux connaître ses motivations.
-Je … Il fait beaucoup de bien au prince Arthur … je veux dire … il a une bonne influence. Depuis qu'il le sert … le prince se rapproche de plus en plus du grand roi que nous attendons. Et puis … il est sympathique …? Enfin il a l'air. Je reconnais n'avoir jamais fait l'effort d'apprendre à le connaître mais Gwen est amie avec lui alors …
-D'accord … Ça me va.
-Euh … vous avez un lien avec lui ?

Balinor se retourna dans sa direction et plissa les yeux.

-Vous le protégez tellement, enfin plus comme si vous le couviez…

Un silence de plomb s'installa … avant que Balinor ne se rapproche :

-C'est mon fils, et je refuse qu'Uther le sache… pour la bonne et simple raison qu'il y verrait un danger … alors que Merlin n'en est pas un et maintenant sans raison, il décide de …
-Je ne trahirai jamais Arthur … ni … Merlin. Je sais qu'Uther peut être buté sur certaines choses … mais cela ne veut pas dire que j'adhère à tout ni que j'obéis aveuglément.
-Je ne vois pas ce que nous pourrions faire, les coupa Gaius.
-Je pensais faire intervenir Arthur …

Ils tournèrent leur tête en direction de la porte où reposait Merlin, puis Gaius et Balinor acquiescèrent.

-Ramenez Guenièvre, elle veillera sur lui pendant ma ronde.
-Bien, tout de suite.

Il sortit en courant et revint à peine quelques minutes plus tard, Gwen ayant décidé de les rejoindre et se trouvant dans le couloir adjacent. Il prit une longue inspiration avant de frapper et d'engouffrer sa tête pour appeler Arthur … Laissant le soin à Gwen de s'occuper du pauvre serviteur.

 

À suivre …

abeilledic  (27.11.2011 à 20:30)

Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à la BBC, j'ai fait de mon mieux pour ne pas les abîmer mais j'ai pas vraiment réussi. Seule l'histoire est de moi. L'univers appartient tout entier à la série Merlin.

Note : Ceci est ma première fanfiction, j'en ai lu beaucoup, j'ai imaginé beaucoup de choses dans ma tête en attendant la suite de la série, mais je suis trop en manque alors j'espère que ça plaira … sinon ben tant pis, au moins ça aura calmé mon manque pour un moment.

Remarque sur l'orthographe : je ne me relis qu'une fois avant de poster et je corrige par la suite en éditant si j'en retrouve une fois publiée. C'est normal, si j'attendais d'être satisfaite de la correction vous ne verriez jamais les chapitres. Donc … veuillez m'excuser au cas où vous en trouveriez.

Bonne lecture.

-0-0-0-

Dans la salle du conseil, Uther était en train de discuter avec certains de ses conseillers, à propos des mesures prises par son fils pour la reconstruction.

-Est-il vraiment nécessaire d'abattre cette partie et de tout reconstruire ? Ne pourrait-on pas simplement rénover ?
-Ce n'est pas possible, monseigneur, voyez, les fondations de ces maisons ici et là sont trop endommagées. Elles risquent de compromettre les maisons voisines, c'est bien trop dangereux.
-Et juste raser les maisons qui représentent un danger ?
-Euh c'est possible, majesté, mais les gens qui vivent dans ce quartier …
-Alors faites comme ça, inutile de dépenser de l'argent pour rien.

Les conseillers se regardèrent gênés et se contentèrent d'approuver de la tête. Ils commencèrent à replier les plans quand un grand fracas se fit entendre à l'extérieur …

Uther fronça les sourcils, alors que les chevaliers portaient la main à leur épée. Mais à peine une seconde plus tard, les portes s'ouvraient alors qu'Arthur entrait dans la pièce suivi de Sir Léon qui essayait vainement de le calmer.

Un silence désagréable s'installa, à peine entrecoupé de leur respiration.

-Arthur ?
-Qu'on nous laisse seuls.

Les chevaliers s'empressèrent de sortir, en fermant soigneusement la double porte derrière eux.

-0-0-0-

Balinor observait Gaius aller et venir dans son laboratoire, en train de préparer ses potions.

-Et tu fais quoi exactement ?
-Une potion pour calmer la douleur et une pour apaiser la fièvre, mes stocks commencent à s'épuiser, l'attaque du grand dragon et les dernières bêtises de Merlin …
-Bêtises ?!
-Comment tu veux que je dise  … ?
-…

Il s'attabla à table avec la théière et les servit généreusement.

-Que comptes-tu faire ?
-Je ne sais pas. En tous cas je dois rester, au moins le temps que tout s'éclaircisse.
-Et Uther ?
-S'il le faut j'irais m’installer dans le village voisin, c'est ce qu'un ami me conseillait l'autre jour.
-L'idée d'un congé à Ealdor ne me semble pas une mauvaise idée cela dit. Voir Hunith lui fera du bien.
-Et tu veux que je l'y emmène ?
-Quand il sera transportable … oui.
-Je crois que je n'ai pas le choix.
-On a toujours le choix.
-Alors tu ne regrettes pas les tiens ?
-Je ne peux pas dire ça, mais je ne peux pas prendre pour excuse de dire que je ne l'avais pas. J'ai fait des erreurs, je le reconnais. Mais refuser d'admettre que j'avais le choix, ce serait une lâcheté.
-Je comprends.
-Uther t'a trahi en te mentant, c'est pour cela que tu n'a pas eu le choix. Tu ignorais ce qu'on te proposait. Moi si. Pour ce qui est d'Hunith, tu as pris une décision qui te semblait la meilleure, explique-lui pourquoi.
-Ça semble si simple quand tu en parles.
-Ça l'est. Ce qui est difficile, c'est de passer à l'acte.

La porte simple surplombant la petite volée de marches s'ouvrit et Guenièvre sortit avec la petite cuvette qu'elle utilisait pour rafraîchir le malade dans les mains.

-Il dort … La fièvre a un peu baissé, mais rien de bien spectaculaire. Je vais aller chercher de l'eau à la pompe.
-J'y vais.

Balinor se leva, attrapa les seaux dans un coin de la pièce, puis se dirigea vers la porte. Gaius attrapa une tasse derrière lui et fit signe à Gwen de s'asseoir.

-Une tasse de thé?
-Oui, merci.
-…
-Il … a l'air gentil.
-Tu ne l'aimes pas beaucoup, n'est-ce pas ?
-C'est juste … comment dire … il semble si différent de Merlin.
-Tu sais … Il est juste un peu bougon, c'est tout. C'est à force de rester seul.
-Je suppose.

Elle sourit légèrement en se pinçant la lèvre et porta la tasse à ses lèvres. Gaius lui sourit doucement et secoua la tête.

-Arthur n'a pas été enchanté de la décision d'Uther, il est parti en furie. Je crois que ça devrait s'arranger.
-Arthur sera un grand roi.
-Je sais …
-J'aimerais comprendre.
-Quoi ?
-Ce qui le tourmente.
-Je ne sais pas … enfin … je sais que le départ de Balinor a été un choc.
-Départ ? Mais …
-Uther a accepté que Balinor ne tue pas le dragon s’il partait aussitôt. Je crois que Merlin avait de grandes espérances … concernant…
-Réunir sa famille ?

Gaius acquiesça.

-En fait, je ne pense pas que ce soit la seule raison.
-Non ça ne me semble pas non plus.
-Il es ailleurs depuis un moment, depuis avant la visite des rois, je crois.
-…
-Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il s'est passé.
-Il faut lui laisser le temps.
-Je sais.

La porte s'ouvrit et Balinor déposa un seau dans le coin, puis remplit la cuvette de Guenièvre. Elle fit mine de se relever, mais il le fit signe de se rasseoir.

-Je vais m'en occuper. Je suis sûr que vous avez d'autres choses à faire.
-Merlin est mon ami.
-Je sais, je … m'excuse pour l'autre jour, j'étais … idiot.
-Je suis navrée aussi, je n'aurais pas du crier. J'étais inquiète.

Ils sourirent, embarrassés, puis Balinor rejoignit la chambre de Merlin. Gaius se releva, vérifia ses préparations, alors Gwen prit son courage à deux moins et décida de se rendre aux cuisines où son aide était certainement requise.

-0-0-0-

-Qu'y a-t-il ?
-Pourquoi renvoyer Merlin ?
-Je croyais que c'était ce que tu voulais, tu n'arrêtes pas de…
-Ce n'est que du verbiage et vous le savez. Il n'est pas parfait, c'est vrai, mais je l'apprécie. Ça fonctionne comme ça. Avez-vous eu jamais à vous plaindre depuis qu'il est à mon service ?
-Es-tu sérieux ? Son comportement en public est inadm…
-Son comportement m'a sauvé la vie !
-…
-Il est convenu qu'il ira se reposer dans son village, le temps que sa santé se rétablisse, mais lorsqu'il reviendra, ce sera à son poste ! En tant que mon serviteur !
-B … bien.
-Maintenant, vous allez m'expliquer pourquoi vous avez voulu l'évincer…
-Je n'ai jamais … je voulais juste … enfin tu sais … te rendre service.
-Non, vous vous fichez pas mal de qui me sert … vous me l'avez imposé ! Alors ne racontez pas n'importe quoi.
-Vraiment …
-Je veux la vérité.
-Depuis cet accident, il ne cesse de s'attirer des ennuis, tu aurais pu être blessé par ses idioties.
-Vous … vous inquiétez … pour moi ?
-Cette relation n'est pas normale. Un prince n'a pas à être ami avec un serviteur!
-JE M'EN FOUS !
-ARTHUR !?
-C'est mon ami, quoique vous en disiez … Il m'écoute et sait me remettre sur le bon chemin. Plus jamais vous ne tenterez quoique ce soit contre lui.
-JE SUIS TON PÈRE ! NE ME PARLE PAS COMME ÇA !
-MON PÈRE ? … QUAND ÇA ? Quand vous refusez de m'écouter ? Quand vous m'ordonner de tuer un enfant ? D'emprisonner une amie que je considère comme ma sœur ? Quand vous exécutez sans même vous soucier de l'innocence d'un homme ? … Vous considérez peut-être que je ne suis pas à la hauteur de vos espérances, mais vous n'êtes pas non plus parfait à mes yeux. Jamais je ne serais aussi tyrannique que vous. Je tiens à devenir un roi que le peuple respectera et aimera, pour sa justice et sa générosité.
-…
-Bien, nous sommes d'accord.

Sur ce, il tourna les talons, et quitta la salle, laissant Uther sous le choc de leur discussion … Depuis quand avait-il atteint cette maturité ? Depuis quand son propre fils le regardait avec cette déception dans les yeux …

À suivre …

abeilledic  (29.11.2011 à 20:51)

Bonne lecture.

La chambre de Merlin était dans la pénombre, Gwen avait tiré le mince rideau après avoir ouvert la fenêtre pour bien aérer. La tête de Merlin était tournée vers la gauche, la couverture s'arrêtant au ras de son cou. Balinor déposa la cuvette sur la petite table de chevet et s'assit sur le rebord du lit. Il repoussa les quelques mèches collées sur le front de Merlin et vérifia sa température. C'était mieux, mais pas encore satisfaisant. Il trempa le linge dans la cuvette et la tordit avant d'éponger son front. Merlin ouvrit les yeux et se tourna vers lui.

-Je croyais que tu dormais …
-J'y arrive pas.
-…
-Je … je fais des cauchemars.
-Sur la mort de Morgane et l'attaque ?

Les yeux de Merlin s'agrandirent, surpris.

-Que …
-Gaius m'a raconté.
-C'est ma faute …
-Non, as-tu forcé Morgane à accepter d'être le réceptacle de Morgause ?  Pouvais-tu faire autre chose ?
-Non … Mais je … je l'ai trahi, ce regard … elle ne savait pas ce que Morgause avait prévu de faire…
-Peut-être, mais elle était un minimum consciente que ce ne serait pas innocent.
-… J'ai tout de même libéré Kilg..
-Pour sauver ta mère …
-… Je …
-Il t' a mis au pied du mur … Merlin, tu as du faire un choix difficile, mais je pense que c'était un bon choix, tu as pu ainsi protéger Camelot de Morgause.
-Mais après je les … Camelot était à feu et à sang, comme dans le cristal … et c'était horrible.
-Le cristal ?
-De Neahtid … Morgane l'avait volé pour le donner à … Mordred, c'est un jeune druide … elle est très proche de lui.
-Kilg' m'en a parlé. J'ignorais pour le cristal. Alors tu peux lire dedans ?
-… je ne préfèrerais pas…
-Merlin, tu es très puissant, il est normal que tu aies des difficultés à gérer tous tes pouvoirs pour l'heure. Je tâcherai de demander à Kilg' de t'aider.
-Kilg' ?
-C'est plus court, tu ne trouves pas ?
-Moui. Vous ne pouvez pas …?
-Ne me vouvoie pas voyons. Je ne suis pas un sorcier Merlin, juste un dragonnier. Je n'ai pas tes habilités.
-Je pensais que vous auriez… tu aurais pu … m'en apprendre plus sur l'ancien culte.
-Je peux, mais je ne connais pas tout, Kilg' en sait bien plus.
- …
-Ne t'en veux pas … Vraiment Merlin, tu as fait ce que tu pensais être juste, être le mieux, c'est le plus important.
-… peut-être.
-Non surement.
-  …

Merlin avait retourné la tête de l'autre coté, vers la fenêtre.

-Autre chose te perturbe ?
-…
-Merlin ? … C'est au sujet … de … ah je ne me souviens pas, quelque chose qui commence par F.
- Freya …
-Oui … Qui est-ce ?
-Une druidesse … une amie …
-Oh … Je vois, où est-elle ?
-Partie … Elle … est…
-Oh, Gaius m'en a parlé, le Bastet ?
-Nooon ! Ce n'était pas … un … mm m … monstre…
-Ce n'est pas ce que je voulais dire Merlin. 

Les sanglots le secouaient et le faisait se recroqueviller sur lui-même. Balinor passa ses bras autour de ses épaules et tenta de l'apaiser en le serrant dans ses bras. Il restèrent ainsi un moment avant que Balinor ne reprenne la parole.

-Je ne peux pas comprendre ta peine, mais je sais qu'il est dur de perdre celle qu'on aime. Je te promets qu'un jour, la douleur va s'apaiser. Elle sera toujours présente, mais tu pourras vivre avec.
-…
-Essaye de dormir, si tu fais des cauchemars, je serai là.
-Mais tu dois partir, Uther…
-Ne t'inquiète pas … je suis sur qu'Arthur saura s'arranger. De toute façon, quand tu iras mieux, nous irons à Ealdor, pour te reposer.

Merlin sourit doucement et ferma les yeux, comme Balinor replongeait le linge dans l'eau et recommençait à l'éponger.

-0-0-0-

Lorsqu'Arthur referma les portes de la salle du conseil, il soupira de soulagement, puis se redressant, se dirigea vers les murailles du château où il aimait s'isoler pour réfléchir … enfin quand Merlin ne l'ennuyait pas.

Quand enfin il y arriva, il s'accouda sur un créneau et observa la ville basse, les yeux dans le vague. Il finit par se laisser aller contre le muret et s'adossant convenablement, il prit sa tête entre les mains. Il se sentait vidé et un peu perdu. Il n'avait jamais osé jusqu'à maintenant vraiment contredire son père. Pas en face, pas verbalement… Cela l’avait soulagé sur le moment, mais il se sentait honteux de lui avoir parlé ainsi. Pourquoi n'arrivait-il plus à éprouver de la fierté pour son père ? Il était son seul parent et s'y était accroché autant qu'il le pouvait, mais il était difficile de ne pas se rendre compte de ses défauts. Cette haine viscérale qu'il avait contre la magie … qu'il ne comprenait pas … Bien sûr il avait souvent vu des gens l'utiliser pour lui faire du mal … mais n'était-ce pas parce que justement il les … exterminait ? Qui avait commencé au juste?  Qui avait raison ? Qui avait tort ? Fallait-il être sans cœur pour diriger un pays ? Fallait-il ne pas se soucier du bien-être de son peuple ? Ne pouvait-on pas être aimé et respecté par lui ? Devait-on vraiment inspirer la peur ? Où était la vérité ?

-Arthur ?
-Gwen ?

Quand était-elle arrivée ? Elle était là debout, penchée au dessus de lui, sa main sur son épaule. Elle lui souriait, la tête auréolée par le soleil qui se couchait. Elle ressemblait à un ange comme ça. Elle s'accroupit à sa hauteur et re-murmura son nom doucement.

-Arthur ?
-Je … je voulais…
-Je sais. Je vous ai vu monter il y a deux heures déjà. Alors je suis venue vous chercher. Vous devez avoir faim. Ce n'est pas bon de rester seul si longtemps.
-Tu penses que j'ai eu raison ?
-De quoi ?
-De tenir tête à mon père pour … garder Merlin ?
-Avez-vous tenu tête à votre père juste pour ça ? Je ne pense pas… Bien sûr vous l'avez fait pour lui, pour votre amitié. Et c'est une bonne chose d'être fidèle à vos amis. Mais pas uniquement, il était temps que vous vous affirmiez. Un jour, vous serez Roi, le plus grand Roi que Camelot ait jamais eu … Ça ne se fera pas du jour au lendemain. C'est une étape.
-Peut-être as-tu raison.
-Bien sûr que j'ai raison et vous devriez en être persuadé.

Il sourit faiblement. Puis secoua la tête.

-C'est mon père et j'ai le sentiment que je ne devrais pas être déçu par lui. … Que … que j'en ai honte …
-Vous réalisez juste que c'est un être humain et qu'il peut faire des erreurs … Personne n'est parfait Arthur. Ce n'est pas pour autant que vous l'aimez moins.
-Sans doute … J'aimerais juste qu'il soit … fier de moi … et je n'ai pas vraiment l'impression de réussir.
-Arthur, ne dites pas ça. Il est fier de vous, il ne sait juste pas le montrer. Il essaie de cacher ses émotions, il pense que ça fait de lui un meilleur roi …
-Et puis, j'ai pas vraiment assuré comme ami dernièrement. Merlin …
-Vous devriez cesser de penser que vous devez être tout le temps parfait. Comment auriez-vous pu le savoir ? Il n'a rien dit à personne… Pas même à Gaius ou à moi.
-En gros, je devrais cesser de m'apitoyer sur mon sort.
-Exactement, et venir avec moi, vous sustenter et puis aller voir Merlin. Ça vous fera du bien de lui parler. C'est votre ami non ?
-Oui, tu as raison. Allez, viens.

Ils se relevèrent en souriant … et se dirigèrent avec entrain vers l'intérieur du château.

-0-0-0-

Sir Léon et Gaius étaient en train de joyeusement papoter quand Balinor ferma la porte pour venir chercher un peu d'eau bien que la fièvre avait tout de même bien diminué.

-Que se passe-t-il ?
-Le roi a accepté de ne pas renvoyer Merlin.
-C'est une bonne nouvelle ?
-Euh ? Oui …
-Je plaisantais sir Léon.
-Oh…
-Mais il est vrai que je ne suis pas sûr d'être emballé à l'idée qu'il reste aussi près d'Uther.
-Le roi peut être juste … seulement parfois … enfin..
-Il se laisse emporter par ses émotions ?
-Gaius !
-Ce n'est pas faux de le dire. Il peut être rancunier et mauvais perdant … Il n'aime tout simplement pas avoir tort.
-Je lui ai prêté allégeance.
-Pour protéger Camelot et ses habitants. Comme vous l'avez dit vous-même, cela ne vous contraint pas à être en accord avec tout ce qu'il dit ou fait …
-Toujours est-il que c'est une bonne nouvelle, au moins pour Arthur non ?
-Je suis sûr que Merlin le pensera aussi.

Les trois hommes se sourirent et burent une chope d'hydromel que le chevalier avait apporté pour l'occasion.

 

À suivre …

abeilledic  (01.12.2011 à 18:35)

Bonne lecture.

La chambre d'Arthur semblait curieusement en ordre, pourtant il était sûr qu'il l'avait laissée la veille dans un état … euh … mouais bordélique … on pouvait le dire. Il laissa Gwen allumer les bougies, pendant qu'elle installait correctement son repas sur la table. Elle releva la tête pour voir Arthur, toujours saisi sur l'entrée de ses appartements.

-Arthur ?
-Euh … rien … c'est juste … je pensais …
-Oui ?

Il porta la main derrière la tête et commença à la gratter en regardant ailleurs tandis qu'il s'approchait de son siège.

-Non, je croyais avoir laissé un ou deux vêtements par terre, mais ça devait être un autre jour.
-Un ou deux ? Vous voulez dire toute la penderie ?
-…
-Je suis venue ranger un peu, comme Merlin est dans l'impossibilité de vous servir en ce moment, l'intendant a partagé ses tâches entre plusieurs serviteurs, comme Morgane n'est plus là … Je m'occupe de l'entretien de vos appartements et de vos repas.
-Oh …

Il sourit penaudement et bafouilla des excuses en rougissant.

-C'est votre chambre … vous y faites ce que vous voulez.
-Ah… mais pour …
-Trois autres serviteurs viendront vous aider, l'un pour l'habillement, l'autre pour les écuries et le dernier pour la chasse. Je pourrais m'occuper de récurer votre armure … J'ai l'habitude … enfin j'avais l'habitude avec la forge de mon père. Vous verrez … ils sont très gentils.
-Bien, merci Guenièvre.
-Je vous en prie, je repasserai débarrasser dans une demi-heure. Je suppose que d'ici là, vous irez voir Merlin ?
-Mmmh oui, tout à fait.

Il reposa son verre de vin sur la table et entreprit de commencer à manger alors que Gwen refermait la porte.

-0-0-0-

On toqua à la porte des appartements de Gaius. Il laissa Balinor aller ouvrir, et ils découvrirent Gwen qui entra doucement dans la pièce.

-Bonsoir, je venais prendre des nouvelles …
-Il va mieux … La fièvre commence à tomber.
-Bien … j'en suis contente, Gaius. Ça veut dire que vous allez bientôt vous rendre à Ealdor ? dit-elle en se tournant vers Balinor.
-Oui, fit-il en hochant la tête. D'ici deux jours je pense. On empruntera une charrette pour le voyage, afin qu'il reste couché.
-C'est une bonne idée… Il va me manquer.
-Il ne sera absent que deux ou trois semaines, Guenièvre … Hunith sera contente de récupérer son fils, cela fait bien deux ans qu'ils ne se sont pas vus.
-Je sais … J'étais là. Balinor, vous lui transmettrez mes amitiés. C'est une femme charmante, très gentille. Elle nous avait accueilli avec beaucoup de chaleur.
-Oh, bien sûr, fit-il toujours en hochant la tête, mais déglutissant péniblement … Hunith …
-Arthur ne devrait pas tarder à venir, il doit passer dès qu'il a fini de manger. Bon, j'y vais, je dois encore ramener ses plats à la cuisine.
-Tu te retrouves à le servir alors ?
-Oui, en partie … Je suis aidée. Avec l'absence de Morgane … j'aide à gauche à droite.
-Je suis sûr qu'on la retrouvera, ne t'inquiète pas …

Elle hocha la tête et partit en leur adressant un dernier sourire.

-Morgane ?
-C'était sa servante… et une de ses amies les plus proches.
-Avec une servante ?
-Gwen n'est pas qu'une servante, elle a bien des qualités et Morgane … eh bien … c'était une jeune fille très soucieuse du peuple, très bonne … avec un caractère fort, une des rares à tenir tête à Uther …Seulement ses pouvoirs l'ont effrayée, puis une fois qu'elle a eu conscience … elle a eu peur…
-d'Uther ?
-Oui … J'aurais peut-être dû en parler avec elle au lieu d'essayer de lui tenir la vérité cachée.
-On ne saura jamais.
-Ce que j'espère c'est qu'elle n'en voudra pas trop à Merlin …
-Avec Arthur de notre coté, il pourra certainement lui expliquer la situation, peut-être la ramener dans votre camp ?
-Notre camp, Balinor …
-À Ealdor je ne pourrais pas vraiment vous aider.
-Mais on pourra t'appeler à l'aide.

Il se turent, sourirent et Balinor revint s'assoir à table. La bouteille d'hydromel avait été vidée depuis longtemps et Sir Léon avait fini par les quitter pour exécuter les ordres qu'Arthur lui avait donné ces derniers jours. Le thé avait pris le relais et maintenant la faim se faisait sentir … Gaius attrapa le pain derrière lui, alors que Balinor souriait et allait chercher le plat rempli de fruits.

-0-0-0-

La chambre était plongée dans la pénombre. Le rideau se balançait au gré du vent. Merlin semblait dormir à poing fermé, son visage était serein et paisible, cela dit de petites secousses agitaient ses épaules comme s'il avait froid. Quoiqu’en faisant attention, c'est vrai qu'il y avait un petit courant frais. Arthur se dirigea à pas de loup vers la fenêtre, remonta le rideau par dessus la fenêtre ouverte et la referma.

-CRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII, IIIIIIIIIIIIII

Oups … Les gonds avaient manifestement besoin d'être huilés. Il se tourna vers Merlin pour voir si … Zut. Il était en train d'ouvrir les yeux, un peu hagard.

-Arthur ?
-Je fermais juste la fenêtre … Rendors-toi.
-Mmmh, non.
-Non? Merlin, tu oublies à qui tu parles …
-À un crétin royal ?
-Pff c'est toi l'idiot.
-Vous vouliez me dire quelque chose quand Sir Léon est arrivé.
-Mmh oui. Je ne sais plus trop où … j'en étais.
-Vous m'expliquiez pour Kilg'.
-Kilg' ?
-Plus court, il paraît.
-Amusant. Balinor m'a dit que vous aviez un peu discuté de ce qui s'était passé.
-D'une certaine manière.
-Gaius et lui m'ont tout raconté…
-Tout ?

Il avait blanchi à ses mots ; non Gaius ne pouvait pas …

-Oui, à propos de Morgane, tu sais … Tu aurais du me dire pour ses pouvoirs, j'aurais pu t'aider …
-Je … euh … bien sûr.
-Pensais-tu que je l'aurais trahie ? Elle est comme ma sœur…

Il s'assit sur le lit … regardant la lune depuis la fenêtre.

-Je n'aurais jamais pensé qu'elle puisse se retourner contre nous.
-Elle ne savait pas ce que Morgause allait faire … Uther … lui fait peur … Elle n'a pas vraiment réfléchi.
-Je sais … Il faut la retrouver. Je pourrais … je ne sais pas … la protéger, la réconforter.
-Alors c'est ce qu'on va faire …
-Au moins maintenant, je sais à quoi m'attendre. Tu m'aideras quand tu reviendras ?
-Revi… Ah oui Ealdor. Vous êtes sûr que vous pourrez vous en sortir sans moi ?
-Bien sûr, voyons ! D'ailleurs Gwen range beaucoup mieux ma chambre que toi !
-Gwen ? C'est elle qui me remplace ?
-…euh oui.
-Mmmh … C'est sûr vous lui en demanderez bien moins qu'à moi.
-N'importe quoi !
-Nettoyer les écuries ? Préparer votre bain ? Vous habiller ?
-…
-Arthur ?
-Bon c'est vrai que quelqu'un d'autre s'en occupera, … mais ça n’a rien à voir …
-Non, non… J'en suis sûr … Rien à voir avec le fait qu'elle est votre seul et uni…
-Merlin !
-Oui ?
-Aah tu m’énerves !
-…
-N'empêche, je ne comprends pas … je sais que de l'avoir tuée, même si tu as permis à Morgause de la sauver a dû te culpabiliser … en venir … à te jeter dans le lac … Je…
-Dans le lac ?! Mais … de quoi parlez-vous ?
-Tu ne … te souviens vraiment pas ? C'est là qu'on t'a retrouvé. Juste à temps. Tu es ressorti de l'eau juste le temps qu'on puisse te voir et te rejoindre.

Merlin le fixait les yeux éberlués, ne comprenant pas ce que le prince lui disait. Puis tout d'un coup, il se souvint …

-0-0-0-

La longue marche, la fatigue, la nuit glacée et enfin l'arrivée au lac. Les images se mélangeaient dans sa tête. Lorsqu'il était arrivé, il était resté un moment à fixer l'eau, en essayant de parler, de lui dire ce qu'il ressentait, à quel point il se sentait triste et perdu. Mais rien n'arrivait à sortir … Après il avait plus de difficultés à se souvenir. Il s'était senti envahi d'une sorte d'attraction pour l'eau où il était entré progressivement, avant de se retrouver soudainement plongé avant de ressortir pour reprendre une lampée d'air. Il avait cru voir quelque chose, alors il avait pris une plus grande inspiration et avait plongé plus profond et là il l’avait reconnue … il n'arrivait pas à voir son visage … mais il avait essayé de s'en rapprocher le plus possible … sans se rendre compte du temps qui passait … Il avait fini par boire la tasse et avait été incapable de remonter à la surface … se contentant de la regarder en sombrant … puis il se souvenait juste avoir senti des bras autour de sa taille qui le remontaient à la surface … ensuite plus rien … enfin si, il se souvenait avoir vu Gaius au dessus de lui et d'avoir pleuré mais c'était plus tard, il n'était plus dans l'eau … enfin il lui semblait.

-0-0-0-

Arthur le regardait froncer les sourcils, en proie à son introspection … Il finit par poser sa main sur son épaule et la serra fort. Assis sur son lit défait, Merlin sembla retrouver un soupçon de lucidité et tourna sa tête vers Arthur.

-Je ne voulais pas … je… Je me sentais juste … attiré …
-Ce n'est pas grave Merlin, l'important c'est que tout aille bien maintenant. J'aimerais juste … que tu n'hésites pas à venir me voir ou … Guenièvre ou Gaius …  Tu sais qu'on tient à toi et qu'on peut t'aider. Je sais que je suis un “prince” et que nous ne pouvons pas être “amis”, mais …
-Et dans ce cas … je vous enverrais paître comme la dernière fois.

Arthur sourit et laissa échapper un petit rire.

-Ce n'est pas un manque de confiance … c'est juste …
-Plus simple de garder ça pour toi ?
-Oui … plus facile.
-N'en parlons plus alors, je peux compter sur toi et tu peux compter sur moi … c'est tout ce qui importe.

Un silence paisible s'installa, tandis qu'Arthur s'allongeait  à coté de Merlin.

-Ce lit n'est pas fait pour deux personnes.
-Bien d'accord … tu prends toute la place Merlin.
-Hey c'est moi qui suis malade!
-Pour un malade qu'est-ce que tu bouges …

Merlin lui donna un coup de coude tandis qu'Arthur retenait un rire.

-Alors vous savez …
-Pour Morgane et pour Balinor … il a l'air … gentil ?
-Vous semblez convaincu.
-En tout cas, il a un aussi mauvais humour que toi ?
-Qu'est-ce que je dois comprendre ?
-Que finalement tu ne tiens pas tant que ça de ta mère.
-Vraiment ? Il m'a dit que je lui ressemblait pourtant.
-C'est vrai, il a raison … mais elle semble bien moins empotée que toi … et elle ne m'a pas fait une seule blague douteuse si je me souviens bien …
-Non elle ne ferait pas ça.
-Tu as de la chance …
-… ?
-D'avoir des parents qui t'aiment tellement.
-Votre père vous aime autant qu'ils m'aiment … enfin je suppose pour mon père, nous ne nous connaissons pas vraiment. Mais il serait prêt à donner sa vie pour vous, comme ma mère le ferait pour moi.
-Mmh.. Gwen dit qu'il ne sait pas le montrer.
-Elle a raison … elle a souvent raison d'ailleurs.

Ils partirent dans un grand éclat de rire tandis qu'ils s'endormaient peu à peu … la situation semblait revenir à la normale … Bientôt Merlin partirait pour Ealdor et ensemble ils iraient à la recherche de Morgane … Tout finissait bien … enfin … c'est ce qu'il semblait.

 

Fin

Je tiens particulièrement à remercier Choup Et Annechou pour leur relecture et leur correction, sans elles, je n'y serais jamais arrivée.

Merci à tous les lecteurs.

abeilledic  (04.12.2011 à 07:45)