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Balinor et Hunith

Série : Merlin (2008)
Création : 20.12.2011 à 18h45
Auteur : abeilledic 
Statut : Terminée

« Suite de Merlin et Balinor - Comment Hunith et Balinor se sont rencontrés, et surtout comment sont-ils tombés amoureux ? » abeilledic 

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Interlude 5 : Lancement des projets.

 

La jeune fille brune s'était réveillée courbaturée, mais nettement moins fatiguée que la veille. Elle sortit du lit et se rendit à la fenêtre, perplexe devant le décor qu'elle ne connaissait pas. Elle ne se retourna que lorsqu'elle entendit la porte grincer en s'ouvrant. Elle (répétition : « et sourit ») sourit en voyant Morgause entrer, une servante derrière elle avec un plateau contenant un bon repas. 

 

-Je vous ai fait apporter un petit-déjeuner, ensuite nous nous occuperons de vous guérir convenablement. 

La servante plaça le plateau sur la table, fit une profonde révérence et se retira rapidement. Morgause la suivit du regard jusqu'à ce que la porte soit refermée.  Elle se tourna alors souriante vers Morgane.

 

-Il vaut mieux éviter de parler devant les serviteurs, on ne peut leur faire confiance.

-Mmh … Je fais confiance à ma suivante … Guenièvre est …

-Tu ne devrais pas … Dès qu'ils peuvent ils se retournent contre toi.

-Mer … il sait pour ma magie … mais il ne m'a jamais trahie … sauf … J'aimerais comprendre … pourquoi m'empoisonner … maintenant … Ça n'a pas de sens il lui aurait suffi de me dénoncer.

-Sa parole n'aurait rien valu auprès du roi … 

-Mais Arthur aurait pu le croire.

-Il n'avait pas de preuve … De toute manière on ne peut pas comprendre ce qui se passe dans la tête de ces gens …, dédaigna la blonde.

 

Morgane se tut, comprenant que Morgause ne devait pas avoir énormément d'estime pour les gens de cette classe sociale. Elle s'assit en grappillant dans l'assiette chargée de fruits qui se trouvait sur le plateau. 

 

-Est-ce à ton goût ?

-Oui, très … Je ne mangerais peut-être pas tout … Je n'ai jamais très faim, mais c'est délicieux.

-Cenred a tout intérêt à se montrer généreux.

-Cenred, le roi Cenred ?

-Oui, nous sommes en sa demeure … en l'une de ses demeures, ce château se trouve encore assez près de la frontière de Camelot, raison pour laquelle il n'aime pas y habiter … il préfèrerait s'installer directement dans le château de Camelot, fit la sorcière alors qu'elle esquissait un sourire narquois.

-Mais ce trône ne lui revient pas …

-Bien sûr, mais il suffit de lui faire croire qu'il en aura les richesses pour qu'il nous aide efficacement, il sera toujours possible de s'en débarrasser plus tard.

Les yeux de Morgane s'ouvrirent un peu plus en entendant ses propos, mais elle ne dit rien … Morgause était la seule parente qui lui restait, inutile de lui faire remarquer qu'elle préférait éviter de verser le sang, enfin excepté celui d'Uther. Elle ne voulait aucun mal à Arthur ni aux gens qui vivaient à Camelot, mais il fallait supprimer Uther, si elle voulait vivre sans avoir peur de se faire tuer au moindre signe de magie.

 

-Tu ne sembles pas d'accord ?

-Je … non … est-ce qu'Uther est mort ? Ou … je n'ai pas compris ce qu'il se passait.

-Nous avons failli réussir, nous aurions réussi sans l'intervention de ce lâche qui a voulu t'arracher à la vie, mais Uther s'en en sorti. Mais ne t'inquiète pas, dès que j'aurai fini de t'enseigner ce qu'il faut, nous tendrons un piège à Uther … grâce à l'aide de Cenred, bien sûr.

-Que se passera-t-il pour Arthur et le peuple ?

-Soit ils se plieront, soit nous devrons … nous en débarrasser. Il est important de comprendre qu'Arthur a été corrompu par les paroles de son père … J'ai cru qu'il pourrait nous aider … mais il ne s'est pas retourné contre lui … Il est trop tard pour lui … et sans Arthur … le peuple se soumettra sans souci. 

-Sans doute, déglutit Morgane, incertaine. Vous parliez d'enseignement ?

-Il est dangereux pour toi de ne pas maîtriser tes pouvoirs, il est donc nécessaire que tu apprennes à t'en servir, une année devrait suffire, tu es une jeune fille particulièrement intelligente, s'adoucit-elle en caressant ses cheveux bruns détachés.

 

Morgane sourit, et reporta son attention dans le geste de tendresse dont elle avait tant manqué ses derniers mois … 

-0-0-0-

L'aube se levait lorsque Merlin se réveilla, sa mère s'était allongée sur le matelas juste à côté de son lit et il pouvait voir la paillasse de son père installée près de la cheminée. Manifestement il avait le sommeil lourd … enfin s'il se basait sur ses ronflements … quand il lui dirait ce serait très amusant … Merlin se réjouit du tour qu'il allait pouvoir faire et s'assit facilement ; la blessure tiraillait toujours, mais beaucoup moins. Il souleva délicatement la tunique et avisa que la blessure n'était plus gonflée et que les rougeurs étaient moins vives.

 

Le jeune magicien se tourna sur le côté pour essayer de se lever, ses jambes lui semblaient moins faibles que la veille. Il posa ses mains de part et d'autre de son corps et prit appui pour se mettre debout. D'abord timidement, puis enfin après une poussée plus forte, il parvint à son objectif. Ses jambes tremblaient un peu, mais elles ne semblaient pas prêtes à le laisser tomber. Il fit quelques pas sans problèmes, il sourit de soulagement et atteint le bout de son lit où il attrapa ses vêtements … Il allait enfin pouvoir aller aux toilettes seul.

Il prit son temps pour atteindre la porte et bénit le ronflement profond qui se soulevait dans le coin de la pièce. Il faisait suffisamment de bruit pour camoufler son avancée et le grincement de la porte. Ensuite il n'aurait qu'à atteindre le sous-bois à cinq mètres de là. 

-0-0-0-

Dès le lever du soleil, Guenièvre avait chargé les chevaux pour leur voyage et vérifié que rien n'avait été oublié. Lorsqu'Arthur descendit, six chevaliers étaient déjà prêts à partir et Gwen lui tendit les rênes de son cheval pendant qu'elle rejoignait le sien. Gaius lui fit un signe avec un sourire confiant, tandis que le prince lançait les éclaireurs en avant…

 

Arrivé à la lisière des bois, Arthur fit arrêter les chevaliers, divisa le groupe en 4 équipes de deux chevaliers … enfin sauf son groupe qui les comprenait lui et Gwen. Il envoya le premier au nord de la frontière avec le royaume de Cenred, le deuxième au Nord-Est et le troisième au Sud, se réservant le Sud-Est où se trouvait le village d'Ealdor. Le groupe se sépara et le couple lança ses chevaux au galop … en espérant arriver juste après la tombée de la nuit.

-0-0-0-

Lorsqu'Hunith se réveilla, elle soupira de rire, et lança son oreiller sur le pauvre dragonnier qui se réveilla en sursaut. 

 

-Hunith ! Sérieusement.

-Je n'y peux rien, j'ai cru qu'un porc était entré dans ma maison … fit-elle [1] 

-N'importe quoi, rouspéta l'homme.

 

Il se leva, attrapa sa blouse et l'enfila avant de replier les couvertures et les déposer sur la table lorsqu'il se rendit compte que le lit derrière Hunith était vide … 

 

-Où est Merlin ?

 

Hunith qui s'était assise pour attacher son turban le regarda, surprise par la question … Comme s'il venait de dire une parfaite stupidité. Elle se retourna pour lui indiquer gaiement le lit et son visage se décomposa en voyant les draps défaits.

 

-Merlin !, laissa-t-elle échapper avant de porter ses mains sur sa bouche.

-Ne t'inquiète pas, il ne peut pas être loin, lâcha-t-il, tandis qu'il regardait de l'autre côté du lit et qu'Hunith se levait difficilement.

 

Ils se regardèrent et sortirent en coup de vent en hurlant après Merlin … 

 

- ! …Je suis là, je ne suis pas sourd … 

 

Il était assis en effet sur le banc, une couverture sur les genoux, en train de lire son ouvrage de magie… Hunith se laissa tomber près de lui et le serra dans ses bras jusqu'à ce qu'il grimace.

 

-J'ai eu tellement peur, pourquoi es-tu sorti comme ça ?, souffla-t-elle.

-Ben … je devais … allerauxtoilettes, mâchouilla le jeune magicien.

-Pardon ? Merlin je n'ai rien compris… demanda doucement sa mère.

-Je crois qu'il a été appelé par un appel de la nature, railla Balinor, un sourire narquois aux lèvres.

-Mmmhpff … Ou alors maman est peut-être devenue sourde sous le vacarme de tes ronflements, rétorqua le jeune homme … soucieux de faire oublier l'incident.

 

Balinor resta sans voix … tandis qu'Hunith commençait à rire doucement.

 

-Je pense que tu es bien mouché, laissa échapper Hunith avant de se lever, je vais préparer le petit-déjeuner … rentrez.

 

Balinor et Merlin la regardèrent entrer dans la maison avant que Balinor ne soupire.

 

-Avant tu te serais fait passé un savon … glissa Balinor.

-Mais, en fait elle préfère te passer un savon, ironisa le jeune sorcier.

-N'en fais pas trop …, fit Balinor et haussant les sourcils il ajouta, si je comprends bien tu n'as plus besoin d'aide pour marcher ?

-Euh … si … mais j'arrive à marcher seul sur un petit bout de chemin … pratique pour … les commodités, fit-il en détournant le regard.

 

Balinor secoua la tête, hésitant entre rire et soupirer de soulagement. Il se dirigea alors vers Merlin et l'emmena pour l'installer à table, tandis qu'Hunith préparait son infâme porridge.

-0-0-0-

Il faisait beau mais heureusement le soleil ne tapait pas, grâce à l'ombre permanente projetée par les arbres de la forêt d'Ascétyr. Arthur et Gwen s'étaient arrêtés pour avaler en silence le repas qu'elle avait préparé avant de venir … 

 

-Alors ? C'était une idée de Gaius ou de toi ?

-Pardon ?, sursauta la jeune fille surprise.

-J'imagine qu'on se dirige vers Ealdor pour que je puisse me reposer ?

-Disons que… on s'est dit que Merlin pourrait vous dérider … 

-Huum … je vois, soupira-t-il.

-Arthur ?

-Rien, je devrais vous en êtes reconnaissant je suppose … mais quand je pense à Morgane, seule avec Morgause … qui sait ce qui peut se passer ? Et quand je pense que si elle n'avait pas été aussi effrayée par mon père … elle serait peut-être venue m'en parler … mais elle ne l'a pas fait, elle a cru que je la trahirais…  J'ai perdu sa confiance sans le savoir … et même Merlin ne m'en a rien dit … enfin je peux comprendre qu'il ait gardé sa langue parce qu'elle s'était confiée à lui … mais je … suis comme un frère pour elle, murmura le prince.

-C'est une amie proche et elle ne m'a rien dit non plus … Mais Gaius a dit que peut-être le dragon pourrait nous aider à la retrouver …? Alors rejoindre Merlin et Balinor est la chose la plus utile que nous puissions faire pour le moment.

-Alors c'est pour ça que Gaius a amené mon père à s'intéresser au royaume de Cenred … pour pouvoir interroger le dragon ?

-Oui, acquiesça-t-elle.

-Et demander à Sir Léon de s'occuper de la reconstruction aussi ? 

-Euh non, en fait … je connais bien Sir Léon, ma mère a travaillé dans sa famille, on a quasiment été élevé ensemble (1)… Je savais qu'il m'écouterait et puis … cela aurait fait trop d'informations à glisser à votre père par le biais de Gaius … 

-Astucieux…sourit-il, vous ne cessez de m'étonner … J'ai l'impression d'avoir raté beaucoup de choses.

-Disons qu'on veille au mieux de vos intérêts, fit la jeune fille en faisant la moue …

 

Arthur secoua la tête et son sourire s'élargit. Il se leva et lui tendit la main pour la relever. Ils se sourirent, complices, et enfourchèrent leur monture afin de reprendre leur route.

-0-0-0-

Merlin lisait son livre de magie soigneusement installé dans son lit, après une après-midi à essayer de comprendre comment son père sculptait ses animaux … Il avait essayé de commencer par un chat … dans l'idée de faire par la suite le Bastet mais ça ne ressemblait à rien … et Balinor riait sous cape à chaque grognement exaspéré du jeune homme. Il avait fini par lui montrer comment tenir correctement son morceau de bois, et comment le sculpter patiemment … petit morceau par petit morceau.

 

À présent son père était occupé à préparer de la soupe, il grimaçait intérieurement en pensant au résultat qui l'attendait. S'il cuisinait comme Gaius ou sa mère … brrr. Sa mère s'était installée sur une chaise basse près de la cheminée et tricotait des grenouillères pour un bébé qui venait de naître au village. Il était déjà tard, mais au moins l'odeur de la soupe semblait étrangement agréable … ce ne serait peut-être pas aussi horrible qu'il le pensait ? Sinon … il pourrait toujours dire qu'il n'avait pas faim … ce que son ventre contredit bruyamment en grondant, faisant sourire les autres personnes qui se trouvaient dans la pièce.

 

Il fit la moue … mais son visage se fit plus inquiet lorsqu'il entendit des coups à la porte, il glissa le livre sous le lit, tandis que Balinor allait ouvrir et faisait entrer…

 

-Arthur ? Gwen ?

-Bonjour, on est venu voir si tu étais toujours vivant ou si tu étais mort, étouffé sous les couvertures, lança Arthur, en bien meilleure forme qu'à son départ.

-Ah tu vois Hunith, je ne suis pas le seul à le dire … tu utilises trop de couvertures !, se moqua Balinor.

-Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre, heureusement que tu as fait beaucoup de soupe ! Prince Arthur, si vous voulez vous asseoir. 

 

La mère de Merlin avait secoué la tête en entendant Balinor et sortit une chaise qu'elle présenta au prince tandis qu'elle lui parlait. Arthur hocha la tête et s'assit, alors que Gwen déposait les paquets de nourriture sur la table.

 

Aussitôt, la maisonnée devint plus active, on organisa les lits à partager et on rangea la nourriture… tout en bavardant à qui mieux-mieux … tant ils étaient heureux de se revoir.

 

 

 

À suivre

 

[1] : j'ai pas pu résister … hommage à la série …lol


abeilledic  (23.02.2012 à 18:57)

Chapitre 6 : Mauvaises nouvelles

 

L'aube se levait doucement lorsqu'il cessa enfin de pleuvoir. Le village se réveilla lentement et l'activité reprit lentement tandis que certains vérifiaient l'état du matériel resté sous la pluie et que d'autres reprenaient des travaux légers pour améliorer les habitations, que ce soit d'entretien de réparation de mobilier, … ou autre.

 

Gaspard était en train de couper du bois pour recharger le stock de la maison qui avait été vidé pendant la soirée, lorsque Balthazar l'interpella.

 

-Dis donc, tu as vu les petits sortir ?

-Hein ? Euh … je n'ai pas fait attention, mais… les volets sont toujours fermés, ça ressemble pas à Hunith, ça, lâcha l'homme en se grattant la tête.

-Mmh, …

-Dis, faudrait peut-être aller voir ? Ils ont peut-être eu un problème au champ ?

-Non, finit par lâcher le plus âgé, en fait … laissons-les tranquille. Je vais faire passer le mot.

-Hein ? Pourquoi ?

 

Balthazar se contenta de sourire et s'éloigna, laissant Gaspard derrière lui, complètement abasourdi. 

-0-0-0-

La journée était déjà bien avancée lorsqu'Hunith se réveilla, blottie contre Balinor. Elle poussa un soupir et se pressa un peu plus contre la source de chaleur en fermant les yeux, pour ne pas s'habituer à la lumière. Balinor sourit, amusé par son attitude de marmotte. Il passa son bras près de sa tête et posa sa main dans les cheveux d'Hunith avant de les caresser doucement.

 

-Il serait peut-être temps de se lever, je m'étonne encore que tout le village ne soit pas venu voir où on était, murmura le jeune dragonnier.

 

Il sentit la jeune fille sourire contre son torse et se pelotonner un peu plus, ses cheveux le chatouillant au passage.

 

-Mhumm, noooon… veux pas. 

-Hunith…, souffla-t-il, j'aimerais me lever, juste ne serait-ce que pour relancer le feu… je commence à avoir froid.

-Moi, je ne trouve pas … pouffa-t-elle en ouvrant les yeux et relevant la tête pour avoir un meilleur angle de vue.

-Ben tiens, c'est toi qui en profite, fit-il, son sourire s'élargissant.

 

Elle finit par se redresser, en conservant le maigre drap sur elle, ses cheveux ondulés retombant gracieusement sur ses épaules. Elle lui sourit en plissant les yeux et se mordit la lèvre.

 

-Je croyais que tu devais ranimer le feu ? fit-elle malicieusement.

-À vos ordres, mademoiselle, répondit-il en se levant.

 

Elle détourna la tête, prise à son propre jeu et rougit fortement en se rendant compte qu'il était nu comme un ver. Elle avait beau avoir apprécié leur nuit, malgré son inexpérience dans le domaine, cela s'était fait naturellement, sans qu'elle y réfléchisse, dans la pénombre à peine éclairée par le foyer de la cheminée. À présent, bien que la pièce ne soit pas très lumineuse, il faisait jour et on y voyait sans problème.

 

Lorsque Balinor se retourna, après avoir enfilé son pantalon et engouffré quelques bûches dans l'âtre, il vit Hunith perdue dans ses pensées et l'air particulièrement mal à l'aise.

 

-Ça va ? 

-Euh… Je … je devrais peut-être me rhabiller. Euh … Je … 

-Hunith, qu'est-ce qu'il se passe ?

 

Elle s'était assise sur le bord du lit, prête à se lever, mais il s'était assis à côté d'elle avant qu'elle ne le puisse et avait posé sa main sur son épaule, préoccupé. Se pouvait-il qu'elle regrette ? Il n'aurait pas dû se laisser aller … Elle était tellement … Il n'arrivait même pas à définir à quel point il se sentait misérable, ce n'était qu'une jeune fille, à qui il ne pouvait rien offrir de par sa condition d'homme en fuite. La culpabilité s'infiltra dans son cœur tandis qu'il la regardait de plus en plus inquiet. Elle finit tout de même par le regarder dans les yeux, avant de murmurer quelques mots en rougissant.

 

-Je … c'est juste je n'ai pas l'habitude de voir d'homme … nu.

-Mais… on vient …

-Je sais, et c'était … très bien … autant que je puisse en juger … mais je dois avouer que ce n'est pas vraiment … dans mes habitudes … d'agir aussi … instinctivement ? C'est assez … euh … déstabilisant.

-Je… suis désolé, finit-il par dire, je n'aurais pas dû rester hier.

 

Il se leva et se dirigea vers la porte, conscient qu'il l'avait placée dans une situation compromettante.

 

-NON ! hurla-t-elle, ne pars pas.

 

Il se retourna, perdu, ignorant ce qu'il devait faire. Il voulait rester, retourner près d'elle et la prendre dans ses bras, mais il ne voulait pas la blesser, elle … ne se rendait pas compte de ce qu'il était : un fugitif, un dragonnier, quelqu'un s'adonnant à l'ancien culte, comme disaient maintenant ceux qui rejetaient la magie. Il ne doutait pas de son affection, il pouvait le voir dans ses yeux, qu'elle voulait vraiment qu'il reste, qu'elle l'aimait …  Et bien que ses sentiments fussent réciproques, il ignorait si elle se rendait compte de ce que cela impliquait de l'aimer.

 

-Ne pars pas … répéta-t-elle, en baissant la tête pour cacher ses yeux qui commençaient à se mouiller.

 

Cela mit fin à son indécision et il se précipita pour la consoler. Il ne pouvait pas davantage supporter de la voir pleurer que de lui faire du mal. Elle glissa du lit sur ses genoux et passa ses bras autour de son cou tandis qu'il passait ses propres bras autour de son dos et en dessous de ses genoux, afin de la soulever. Il se releva et elle se sentit emmenée sur le centre du lit où il la déposa sans la lâcher. Il déplaça juste son bras afin de la ramener contre lui et murmura des paroles de réconfort.

 

-Je veux juste que tu sois heureuse, tu comprends ? Je ne veux pas que tu regrettes quoi que ce soit. Je ne veux pas être une cause de souffrance.

-Tu ne l'es pas, sanglota-t-elle, tu es le premier à me rendre heureuse depuis si longtemps. Depuis qu'ils ne sont plus là. Alors, reste, reste près de moi …

 

Il se contenta de la serrer davantage contre lui, et elle en profita pour se pelotonner, grelottant dans son maigre drap. Il attrapa la couverture au bout du lit et l'en entoura. Ils restèrent ainsi un long moment, sans faire attention à la journée qui s'écoulait lentement.

-0-0-0-

Dans une clairière se trouvant non loin de la frontière de Carléon, les soldats mis à la disposition du chasseur campaient tranquillement lorsqu'un rugissement se répercuta depuis la tente d'Areydian. 

 

-Comment est-ce possible, comment cet homme a-t-il pu disparaître de ce royaume aussi facilement et sans aide !?

-Monseigneur, rien n'est perdu, il nous reste les frontières des terres du nord et de Mercy au Nord, les terres de Cenred à l'Est. Il est peu probable qu'il se soit rendu au sud, les montagnes de Lagath sont difficiles à franchir et nous n'avons trouvé aucune trace en allant à la vallée des Rois déchus. L'étau se resserre, il est impossible que les gens que nous avons interrogé jusqu'à présent nous aient menti … déclara hardiment le sergent chargé de la patrouille déléguée au chasseur de sorciers.

-Bien alors dépêchons-nous !

 

Areydian sortit de la tente en faisant claquer les pans de tissu et en criant des ordres pour lever le camp, tandis que l'homme qu'il y laissait soupirait de soulagement. Ce type le mettait mal à l'aise et mettait ses hommes à bout de nerfs, il avait hâte de retrouver ce fugitif pour pouvoir rentrer à Camelot. Personnellement, il aurait bien abandonné, ça n’en valait pas la peine à ses yeux, mais cet homme était fou, ne pas aller dans son sens serait bien trop dangereux. Rien que de voir la façon dont il interrogeait les gens… Il frissonna sans pouvoir s'en empêcher et finit par rejoindre le reste de la patrouille.

-0-0-0-

Finalement, Balinor incita Hunith à s'habiller pour qu'elle ne prenne pas froid et lui prépara à manger. Il était évident pour lui qu'il devait la protéger, y compris d’elle-même s'il le fallait, mais pour le moment, il n'y avait rien pour les séparer.

Cela faisait trois mois qu'il était ici, et aucune nouvelle de Camelot n'indiquait qu'on le recherchait. Il se sentait en sécurité. Il était bien plus apaisé que lorsqu'il était arrivé. Elle y était pour beaucoup … 

 

Toute le village aurait pu lui dire qu'Hunith semblait bien plus épanouie et heureuse depuis qu'il était là. Bien sûr, il y avait eu des tensions, surtout au début mais dans l'ensemble, les villageois trouvaient le jeune homme de confiance et comptaient bien sur un prochain mariage … du moins pour les femmes, moins dupes que la plupart de leurs maris et certains des hommes, soit prévenus par leur femme, soit en ayant observé le couple qui se formait sous leur yeux. C'était le cas de Balthazar et c'était la raison pour laquelle il avait demandé à ses voisins de ne pas les déranger … Nul doute pour lui qu'ils en étaient arrivés à un point critique de la formation de leur couple.

 

L'homme en avait parlé à sa femme qui avait approuvé, bien sûr il ne lui avait pas caché que le jeune homme devait être un fugitif … Il ne savait toujours pas exactement ce qui l'avait poussé à fuir, mais ça avait un rapport avec la magie. Ce jeune homme semblait respectueux et honorable. Il ferait un très bon compagnon pour Hunith. Il arrêta d'observer la petite demeure dont les volets étaient restés clos toute la journée, pour rejoindre sa moitié. Il espérait que ce tête à tête leur permettait d'avancer dans leurs affaires. Ce en quoi il n'avait pas tort.

 

Lorsqu'Hunith eut fini de manger, Balinor s'installa en face d'elle et prit ses mains entre les siennes. Elle lui sourit, mais son regard resta incertain.

 

-Hunith, je tiens énormément à toi, et je tiens à rester à tes côtés, mais tu ne dois pas oublier … que je suis un hors-la loi … j'ai fui la justice d'Uther.

-Je le sais, mais tu es sur les terres de Cenred, il ne peut t'arrêter ici, répondit-elle, plus assurée, se rendant compte qu'il n'avait pas voulu partir à cause d'elle mais parce qu'il avait peur d'être repris ou de ne pas la mériter ou n'importe quelle autre idée idiote qui ferait qu'elle ne voudrait pas de lui.

-Et ils sont en paix, si on me trouve ici et qu'on sait que j'ai fui Camelot, on me renverra aussitôt à ses bons soins.

-D'accord, peut-être, mais le risque est faible et tout le monde t'apprécie ici, il y a peu de risque que tu sois repris. Balinor, je sais ce que je fais, crois-moi.

 

Il finit par hocher la tête, bien qu'un soupçon de culpabilité resta dans son cœur, et se penchant par-dessus la table, il l'embrassa. Hunith sourit et se leva pour le rejoindre et l'emmena vers le lit.

 

-Hunith… 

-Chuuut, embrasse-moi.

-Hunith, pas que je n'apprécie pas, mais on devrait se reposer, on ne pourra pas rester ici éternellement sans que le reste du village ne débarque … 

-Si tu veux mon avis, ils sont déjà au courant…,laissa-t-elle échapper avant de reprendre le baiser.

-Mmh…

-Je ne comptais pas te fatiguer, mais tu peux dormir ici non ?, sourit-elle malicieusement.

-En effet, je peux rester dormir ici au lieu de regagner cette grange humide, fit-il en souriant.

 

Le jeune couple rit avec complicité en éteignant les bougies et se rejoignit dans le lit étroit, s'étreignant et s'embrassant une dernière fois, alors que la jeune fille s'installait plus confortablement contre le jeune homme, laissant le sommeil les emporter.

-0-0-0-

Plusieurs semaines passèrent pendant lesquelles le couple en profita pour apprendre à mieux se connaître et à profiter de leur nouvelle relation. Les moissons s'étaient terminées et l'automne avait commencé avec les semences et le moment de récolter les légumes d'hiver. Mais pour l'heure, les paysans attendaient avec impatience l'arrivée du facteur qui ne passait que tous les mois. Celui-ci arrivait toujours le deuxième mardi du mois et nombreux étaient ceux qui espéraient recevoir des nouvelles de leur proche, surtout avec les troubles dans le royaume voisin.

 

L'homme fut accueilli avec joie, il distribua le courrier comme il put avec la foule qui le pressait, jusqu'à ce qu'il eut tout donné sauf la lettre pour Hunith qui ne s'était pas présentée, n'ayant pas de proches à part Gaius pour lui adresser du courrier, ce qu'il ne risquerait pas de faire avec Balinor ici.

 

-Hé, où est-ce que je peux trouver Hunith, j'ai une lettre pour elle …

-Cette maison, là, lui indiqua Gaspard. 

 

Il y trouva Hunith en train de nettoyer et lui tendit la lettre qu'elle prit, surprise, après l'avoir payé pour son déplacement.

 

Lorsque Balinor revint, il la trouva prostrée sur sa chaise, retenant avec peine ses sanglots. La lettre avait été abandonnée sur la table, mais il ne s'en inquiéta pas, préférant s'occuper d'Hunith. Cependant elle se leva et lui tendit la lettre. Il la prit et la lut lentement, n'y voyant rien d'inquiétant à part des nouvelles banales d'un parrain prenant des nouvelles de sa filleule et lui racontant les dernières nouvelles de sa ville … Nouvelles peu avenantes mais nullement intéressantes ou ayant des répercussions pour lui. Il la regarda en haussant les sourcils, ne comprenant pas.

 

-Gaius et moi avons un code … Mets-la à la lumière, en dessus de certain mots, il y a un trou laissant passer la lumière, ces mots sont le vrai message.

 

Balinor replongea dans la lettre en la mettant bien en évidence dans un rayon de lumière et en déchiffra le message.

 

-Faites attention, chasseur sorcier à la recherche de notre ami, il arrive par le nord.

 

Balinor releva la tête surpris.

 

-Comment sait-il cela ? Je veux dire qu'il arrive par le nord ?

-Je ne sais pas trop. Il a sans doute des informateurs parmi les soldats … Ou un éclaireur rend un rapport régulier à Uther concernant l'avancement de ses recherches. Oh bon sang, comment va-t-on faire pour qu'il ne te trouve pas … Gaius m'a dit que c'était un monstre… 

 

Elle le regardait effrayée et au bord de la panique…apeurée par la situation dramatique.

 

À suivre

 

 


abeilledic  (01.03.2012 à 21:06)

Interlude 6 : partie 1 : Introspection et installation

 

La nuit était déjà bien entamée, mais Guenièvre n'arrivait pas à s'endormir, bien qu'à côté d'elle Hunith dormait déjà profondément. Merlin avait été le premier à tomber dans les bras de Morphée, il avait failli tomber le nez sur la table mais Arthur et Balinor l'avaient ramené dans son lit avant que ça ne se produise.   

 

Ensuite, Hunith et elles avaient été se coucher, mais si la mère de Merlin n'avait eu aucun problème pour rejoindre son fils au pays des rêves, Gwen n’y arrivait pas. Elle avait pu entendre les grognements d'Arthur lorsqu'il avait rejoint Merlin, manifestement celui-ci s'était étalé et Arthur avait dû batailler pour récupérer la moitié du lit. Il aurait préféré dormir à même le sol comme la dernière fois, mais Hunith avait été impossible à faire changer d'avis, si on avait des matelas, ce n'était pas pour dormir par terre. Gwen sourit doucement sous les draps : lorsqu'Arthur avait compris qu'il avait le choix entre Balinor et Merlin, il était devenu livide puis rouge de confusion avant d'opter pour la solution la moins gênante. 

 

Gwen soupira, le sommeil était bien venu à un moment, il était toujours là d'ailleurs, mais manifestement Balinor et Arthur avaient un autre point commun en dehors de Merlin : le ronflement ! Bon sang, c'était épouvantable… Même s'ils avaient été en train de concourir pour être celui qui fait le plus de bruit, il aurait été impossible de les départager. Lol^^

 

Elle finit par se redresser sur le lit et se leva en veillant à ne pas découvrir Hunith. Une balade dans le village et un peu d’air frais lui feraient le plus grand bien. Elle attrapa le châle d'Hunith que celle-ci avait abandonné sur une chaise et sortit en faisant le moins de bruit possible, même si à vrai dire ça ne changerait pas grand-chose. Elle entendit Arthur baragouiner quelque chose dans sa barbe avant de rouler droit en direction de Merlin, le repoussant sur le bord du lit, manquant de le faire tomber. Elle soupira de soulagement lorsqu'elle vit celui-ci repousser Arthur et reprendre une place moins dangereuse … Elle ne savait pas trop comment ils faisaient … mais il était évident qu'elle n'avait pas à s'en faire pour eux …  Elle sursauta en entendant un ronflement plus fort de Balinor près de la cheminée et secoua la tête avant de refermer doucement la porte.

-0-0-0-

Guenièvre n'était pas la seule qui n'arrivait pas à dormir en cette nuit. Mais ce qui empêchait Morgane de dormir, ce n'était pas des ronflements intempestifs mais sa conscience qui la torturait. Elle revoyait Merlin qui la prenait contre elle quand il l'avait empoisonnée, comme s'il avait voulu la réconforter … Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi il avait fait ça, il l'avait écoutée, encouragée à aller voir les druides. Il savait pour ces cauchemars et sa magie et n’avait jamais rien dit, il l'avait même protégée des soupçons d'Arthur et pourtant cette soudaine volte-face… 

 

Elle était assise près de la fenêtre qui laissait passer les rayons faibles de la lune. La forêt semblait presque briller sous le faible éclat qui tapait les fines gouttelettes d'eau accumulées sur les feuilles supérieures des couronnes d'arbres [1]. Autrefois, ce genre de paysage la calmait et l'apaisait, surtout après ses cauchemars. Bien sûr ces derniers avaient disparu depuis qu'elle avait son nouveau bracelet. Elle attrapa son poignet de sa main libre pour le retirer et le regarder de plus près. Maintenant qu'elle faisait attention, elle reconnaissait le sceau de son père. 

 

Il lui manquait surtout en ce moment. Qu'aurait-il fait s'il avait su que sa petite fille chérie avait des pouvoirs magiques ? L'aurait-il abandonnée ? Aurait-il eu peur d'elle ? Avait-il ignoré que Viviane ne l'avait épousé que pour ne pas salir sa réputation ? Si sa mère avait accouché de Morgause au château, alors Uther avait dû savoir que l'enfant n'avait pas pu être celui de Gorlois. Il était né bien trop tôt. Mais alors pourquoi ne lui avait-il pas dit ? Gorlois était son meilleur ami non ? Ou bien Viviane avait réussi à le convaincre de ne pas lui en parler?  

 

Viviane, sa mère … Elle n'en avait aucun souvenir. Elle était morte à sa naissance et elle n'en avait entendu parler que par son père. Il lui en avait fait le portrait d'une dame pleine de grâce, intelligente et sage, à la beauté irréelle. Une personne parfaite … à prendre en exemple, mais il n'avait jamais cherché à lui en apprendre plus. Tout ce qu'elle avait su, c'était qu'il l'aimait profondément, et qu'il l'avait aimée autant que sa mère. Avait-il su que Viviane ne l'avait épousé que par convenance ? Personnellement elle ne lui avait pas tant manqué, son père avait toujours été là pour elle, son affection avait été suffisante, mais elle s'était souvent demandé si elle lui ressemblait, ne serait-ce qu'un peu … 

 

Morgause lui avait dépeint une personne un plus réelle, qui avait aimé, qui faisait de la magie, qui avait vécu dans le château d'Uther alors qu'elle avait été une grande prêtresse… Avait-elle eu aussi peur qu'elle d'être découverte au moment de la purge? Elle ne pouvait pas l'imaginer craintive, elle voyait une femme forte et courageuse qui ne se serait pas laissée faire …  Tout ceci était inimaginable. Cela la perturbait encore plus, mais cela rendait l'image de sa mère beaucoup plus réelle, plus palpable. 

 

Elle aurait voulu en parler avec quelqu'un… mais Morgause n'avait connu ni Gorlois, ni Viviane ni Uther, en fait … le seul qui pourrait savoir quelque chose … serait Gaius ! En tant que médecin à la cour, à cette époque il avait dû aider sa mère … Et il connaissait chacun des protagonistes. Mais comment pourrait-elle lui parler ? Et puis … avec Merlin … oooh bon sang, comment tout pouvait se mélanger dans sa tête !!! Il était évident qu'elle n'arriverait pas à démêler ce sac de nœuds. Ce serait plus simple si elle pouvait juste ne plus avoir à penser à tout ça.

 

La seule bonne chose dans tout ça, c'était de s'être trouvé une sœur, un peu abrupte peut-être, mais qui l'aimait manifestement … et de manière bien plus inconditionnelle qu'Uther ou … Arthur ? Arthur ne lui avait jamais fait de mal, il l'avait libérée quand Uther l'avait emprisonnée, il l'avait aidée à sauver Mordred, il avait été cherché Guenièvre pour elle … Pourtant il n'avait rien fait contre les délires d'Uther … il l'écoutait … S’il avait su pour ses pouvoirs qu'aurait-il fait ? Il l'aurait aussi tuée comme son père ! Non … Encore que peut-être ? Difficile de savoir avec Arthur. D'un côté il était très clairement différent de son père, mais de l'autre … il était prêt à tout pour lui plaire… Uther était un père exécrable …et Arthur avait dû se sentir bien seul jusqu'à ce qu'elle arrive et même… avant que Merlin n'arrive, ils passaient plus de temps à se disputer qu'autre chose. Pourtant il était comme un frère pour elle … Enfin l'était-il ? Il avait semblé si suspicieux lorsque tout le monde s'était endormi sauf elle…

 

Morgane soupira … Morgause n'avait pas été très claire sur ce point. Était-ce vraiment la magie qui l'avait protégée ? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus rien. Sauf deux choses : Merlin l'avait tuée et Morgause l'avait sauvée. Alors le choix était simple non? Uther la tuerait pour sa magie … ainsi que tout ceux de Camelot … Seule Morgause pouvait comprendre qui elle était et la protéger. Elle cligna soudain des yeux en se rendant compte que le soleil se levait. Elle n'avait pas dormi ? La jeune femme finit par se diriger vers son lit pour essayer de se reposer … Elle sentait bien que son raisonnement était bancal … mais elle en avait assez de l'incertitude … Il fallait qu'elle choisisse pour en finir une bonne fois pour toute … et Morgause était son choix.

-0-0-0-

-Outch ! Ça fait mal … 

 

Hunith, qui était en train de préparer le repas tourna la tête et haussa les sourcils. Arthur avait fini par tomber lourdement sur le sol, après que Merlin se soit retourné en tirant la couverture sur lui.

 

-Un problème, prince Arthur ?

-Euh … non ?

 

La mère de Merlin sourit doucement, les yeux pétillants de malice. Elle lui indiqua la table d'un geste et prit un bol qu'elle remplit avant de le lui tendre. Entretemps, il s'était relevé et avait attrapé le bol avant de s'asseoir à table en grimaçant à la vue du contenu.

 

-Vous avez fort mal ?

-Hein ? Quoi ? …Oh non … du tout.

-Mais vous grimaciez …? interrogea-t-elle.

-… Pas du tout !

 

Hunith écarquilla les yeux, surprise, mais ne dit rien … Après tout il avait le droit de ne pas vouloir en parler … Peut-être demander à Merlin de s'assurer qu'il ne s'était rien fait de trop douloureux … Étrange tout de même de ne pas vouloir en parler. 

 

Arthur retint un soupir de soulagement et entama sans joie aucune son porridge, avant de se rendre compte qu'il n'avait mais alors pas du tout le même goût que la dernière fois … c'était mangeable, c'était même… bon ? Il laissa échapper un soupir de bien-être qui étonna encore plus Hunith qui se contenta de secouer la tête. Elle observa Merlin se retourner dans le lit en grommelant, avant de se diriger vers le lit pour le réveiller. 

 

-Merlin ? Merlin, fit-elle en le secouant.

-Mmmh, hum … pfff…

-Allez, réveille-toi.

 

Merlin émergea lentement, courbaturé et fatigué … Il avait fait des rêves étranges toute la nuit et s'était réveillé assez régulièrement … Heureusement, il était tellement fatigué que les ronflements ne l'avaient pas empêché de se rendormir … Tiens il lui semblait avoir vu Gwen dans l'embrasure de la porte ? Mais qu'est-ce qu'il racontait … Il secoua la tête tandis qu'il se redressait en grimaçant. 

 

-Ça ne va pas ?, lâcha Hunith, en prenant son visage entre ses mains, comme pour vérifier qu'il n'allait pas mentir.

-Juste des courbatures, j'ai mal dormi. Ne t'inquiète pas.

 

Arthur releva la tête, d'un air coupable :

-Je t'ai empêché de dormir ? Je devrais peut-être mieux m'installer par terre comme…

-Hein ?, sursauta Merlin. Non, j'ai fait des rêves bizarres et j'arrivais pas à dormir plus de deux heures sans me réveiller.

-Oh … soupira Arthur.

 

Hunith leva les yeux au ciel, passa sa main dans les cheveux de son fils pour les ébouriffer et l'embrassa sur le front, avant de se lever et de lui donner son petit déjeuner. Balinor entra à ce moment-là, et fit un clin d'œil malicieux à Merlin qui se levait pour manger à table. Il déposa les bûches près de l'âtre et reprit l'ouvrage commencé la veille pour l'achever. Arthur ouvrit les yeux, surpris par la besogne. 

 

-Vous taillez des figurines dans le bois ?

-Oui, petit, ça me détend.

 

Hunith se retint de pouffer avant d'aller refaire le lit. Les matelas avaient déjà été rangés soigneusement et la pièce avait retrouvé l'air ordonné qu'elle avait perdu pendant la nuit. Lorsque soudain Arthur se leva en criant :

 

-GWEN !

-Quoi ?, fit le dragonnier en reposant le couteau et le bout de bois qu'il travaillait.

-Mais où est-elle ? s'exclama le prince, consterné de se rendre seulement compte de son absence et de voir que les autres ne s'en souciaient pas du tout.

-Dans la grange, petit, répondit l'homme en souriant.

-Dans la grange ?

-Elle n'a pas réussi à s'endormir … Je l'ai trouvée en train de ranger et de nettoyer les alentours quand je me suis levée, répondit doucement Hunith, en continuant de s'affairer, alors je lui ai installé le matelas dans la grange pour qu'elle puisse dormir quelques heures.

-Pourquoi dormirait-elle mieux dans la grange ?, s'étrangla-t-il.

-Tout simplement parce que toi et moi sommes de gros ronfleurs, répliqua Balinor amusé.

-Quoi ? Mais je ne ronfle pas !, s'insurgea-t-il.

-Mmh … En fait … 

-Merlin !, chouina Arthur. 

-Moi je m'en fiche quand je dors, je dors, fit le jeune sorcier sans ciller.

-Vous êtes très bruyants, en fait. Vous dormirez tous les deux dans la grange demain … On peut faire un matelas de paille pour Balinor comme ça vous ne devrez pas le partager, déclara Hunith en souriant largement, avant de ramasser d’un air innocent le bol d'Arthur pour le laver.

 

Arthur resta estomaqué devant un tel aplomb … puis secoua la tête en se disant que décidément les chiens ne faisaient pas des chats.

-0-0-0-

Un rayon de soleil passa par la lucarne de la grange, tapant sur le visage endormi de Guenièvre qui grimaça en sentant la lumière réchauffer sa peau et effleurer ses paupières qui s'entrouvrirent avant de se refermer aussitôt, indisposées par la lumière forte. La jeune fille grogna avant se lever et de rouvrir doucement les yeux, s'habituant lentement à la pénombre du reste de la pièce. Elle s'étira et soupira de bonheur … Sa balade l'avait calmée, mais dès qu'elle avait refranchi la porte … Seigneur quel vacarme, comment faisaient Merlin et Hunith pour dormir avec ce bruit ?

 

Après avoir ramassé ce qui traînait dans la cour, elle avait rangé et nettoyé les outils entreposés dans la grange avant d'être rejointe par Hunith qui l'avait installée dans la grange avec l'aide de Balinor. Manifestement, c'était des lève-tôt. Elle entendit quelqu'un toquer à la porte avant de s'ouvrir en grinçant.

 

-Merlin ?

 

Le jeune homme lui sourit et entra avant de s'assoir sur une caisse renversée que Guenièvre avait soigneusement alignée contre le mur. 

 

-Tu as bien dormi ? demanda-t-il.

-Oui je te remercie, et toi ?

-Une nuit un peu agitée, mais ça va. Je vais sans doute faire une sieste cet après-midi.

-Vous sembliez danser hier soir, à chaque fois qu'Arthur te repoussait d'un côté, tu le renvoyais de l'autre et reprenais ta place.

-Mmh suis pas sûr de vouloir comprendre … 

 

Elle rit légèrement, et lui serra brièvement l'épaule avant de s'asseoir.

 

-Tu es content de nous voir ?

-Très, sourit-il avant de soupirer.

-Mais ? 

-Pas de mais, j'ai juste du mal à comprendre pourquoi vous êtes ici ? Je veux dire, il doit y avoir beaucoup de choses à faire à Camelot.

-Oui, mais Sir Léon s'en occupe, enfin de la reconstruction. Arthur avait des difficultés … pour gérer celle-ci et les recherches … de Morgane.

-Oh, s'exclama-t-il, c'est assez logique, en fait. Pourquoi Uther ne s'en occupe pas ?

-Le roi lui avait confié cette mission, pour pouvoir continuer à s'occuper des affaires courantes … et Arthur, disons qu'il a désapprouvé les projets de son père à ce sujet.

-Désapprouvé ?

-Uther voulait détruire les maisons en trop mauvais état. Arthur a refusé. C'est tout, expliqua Guenièvre en détournant le regard.

-Quand ça ? fit le jeune sorcier, ses yeux s'agrandissant sous la surprise.

-Lorsque tu étais 'malade' et qu'Uther a voulu te renvoyer … 

-PARDON ? hurla-t-il.

-Oui … Mais le plus important, c'est d'être ici, pour se concentrer sur Morgane.

-Morgane ?

-Eh bien Gaius et moi avons pensé que peut-être, … Balinor et le dragon… 

-Kilg', la coupa Merlin, toujours ébahi par la nouvelle.

-C'est ça, Kilg et ton père pourraient la retrouver puisqu'elle a des pouvoirs ?

-Oh, peut-être, je ne sais pas. Il va falloir lui demander, alors vous êtes venu pour ça ?

-Eh bien pas tout à fait, il faut retrouver Morgane, cela paraît évident, elle doit être effrayée par ses pouvoirs et cette femme. Quoi ?


On aurait pu utiliser la bouche de Merlin pour ranger toute une batterie de cuisine, tellement sa mâchoire s'était décrochée.

 

-Tu … tu … euh …  hum tu sais ?

-Oh Gaius m’a expliqué, Arthur a un peu de mal à disons assimiler. Il se sent un peu coupable de ne pas…, commença la jeune fille.

-S'en être rendu compte ? Morgane n'a pas cherché à le partager non plus, coupa le jeune homme.

-Je sais, nous avons pensé qu'en parler avec toi et ton père serait un bon moyen de calmer ses doutes et de prendre un peu de repos et de recul par rapport à tout ce qu'il avait à faire?

-Et ensuite Gaius s'est dit que ce serait peut-être une manière de retrouver Morgane ?, compléta Merlin.

-Oui en quelque sorte, on a d'abord cherché à trouver une raison de venir à Ealdor … On a insufflé l'idée à Uther que Morgause avait peut-être cherché refuge auprès de Cenred.

 

Merlin laissa échapper un rire, en se rendant compte que, finalement, son mentor pouvait trouver des solutions ingénieuses sans lui. Guenièvre sourit en se rendant compte de l'énormité de leur mensonge … qui pourtant était passé sans problème auprès du roi.

 

À suivre…

 

Avis : 

 

[1] Je dois cette phrase à Alayia de la fic Une question de motifs … chap 24 si je me souviens bien … j'ai eu un mal de chien à traduire cette phrase, pas que je la comprenais pas … mais à trouver la tournure correcte pour le dire en français … j"ai trouvé la description très jolie … c'est peut-être pas parfaitement pareil, mais c'est largement inspiré ^^.


abeilledic  (08.03.2012 à 15:42)

Interlude 6 : partie 2 : Où la magie peut aider

 

 

Le soleil était haut dans le ciel lorsque Morgause pénétra dans la pièce où reposait sa soeur. Elle était allongée paisiblement, un sourire serein sur les lèvres et les cheveux étalés sur la couche. Morgause s'arrêta près des montants qui retenaient les baldaquins et l'observa plus attentivement.

 

Elle aimait déjà beaucoup cette jeune fille. Elle avait appris sa naissance lorsque les prêtresses de l'ancien culte lui avait annoncé la mort de sa mère, elle devait avoir dix ans … Elle avait été fière d'être la fille d'une si illustre femme, même si en même temps, ses consoeurs l'avaient reniés pour son choix étrange… Préférer l'amour d'un homme à la puissance qui lui avait été accordée.

 

Elle savait que son père avait été un jeune homme noble qui était mort à la guerre … aux cotés de Gorlois justement. C'était peut-être pour ça que Viviane l'avait choisi … Avait-il su qu'elle avait existé ? Elle n'en savait rien … et plus personne ne pouvait en témoigner à présent. Néanmoins Viviane, une fois mariée, avait coupé les ponts avec l'ancien culte … Elle usait parfois de ses connaissances pour soulager les serfs de son maris, mais rarement de sa magie. Pas étonnant qu'Uther ne l'ait pas fait tuée pendant la Purge … Il ignorait tout …  

Par contre, si Morgause était fière de son origine, elle l'était nettement moins du rôle de Viviane pendant la Purge : elle n'avait rien fait ! Elle avait laissé Uther tuer les gens de sa race, sans rien faire! Elle était restée à ses côtés après la mort de sa femme en sachant pertinemment pourquoi elle était morte et qu'Uther n'agissait que par vengeance ! La blonde eut un sourire pincé en se rendant compte que sa mère resterait un mystère pour elle.

 

Il lui était difficile de concevoir que Viviane ait pu comprendre le chagrin d'Uther et n'ait pu se résoudre à achever un homme torturé par sa propre erreur. Elle ignorait aussi qu'en tant que mère qui avait dû se séparé de sa fille après avoir elle-même perdu l'homme qu'elle aimait, elle n'aurait jamais pu priver un aussi jeune enfant qu'Arthur du seul parent qui lui restait. Sans le savoir Uther avait traversé des épreuves que Viviane avait connu dans son passé  et c'était pour ça qu'elle était restée à ses côtés.

 

Contrairement à sa première fille, elle n'avait rien ignoré du futur auquel l'enfant était promis … Nimueh l'avait su aussi … Mais elle n'avait pu se résoudre à attendre son heure. À présent, seuls les druides connaissaient la légende complète d'Emrys et d'Arthur. Morgause avait tenté d'utiliser la légende et ses connaissances à son profit en ramenant Arthur dans son camp, de manière à l'utiliser contre Uther, mais elle n'avait rien compris du sens profond de son destin. Elle n'avait réussi qu'à envenimer les choses.

 

La jeune endormie se tourna sur le côté en poussant un soupir de bien-être. La jeune femme hocha la tête. Bien, elle se réveillait. À présent, elle allait l'aider à ses débarrasser des mauvais effets du poison de manière radicale.

-0-0-0-

Les deux jeunes serviteurs avaient continué de discuter, en particulier de la période d'aphasie d'Arthur et Merlin se fit mentalement la promesse … d'accélérer les choses … si Balinor faisait appel à Kilg, peut-être aurait-il une idée pour que sa convalescence aille un poil plus vite … Il en avait assez de se sentir courbaturé et fatigué aussi vite… Il avait beau savoir que c'était naturel pour son corps de se remettre lentement, il ressentait sa magie palpiter à l'intérieur de lui, bouillonnante de vie et prête à agir.


La porte de la grange avait grincé lourdement lorsqu'Arthur l’avait ouvert avant de laisser passer Balinor avec la marmite de soupe dans une main et les bols dans l'autre. Arthur avait installé les caisses de manière à pouvoir former un petit cercle alors que Balinor servait les deux autres.

La jeune fille le remercia chaleureusement et attendit que tout le monde soit servi pour commencer à manger. Quand elle s'arrêta soudain en s'écriant :

 

-Mais c'est délicieux !

 

Merlin sourit de manière narquoise à la remarque, tandis que Balinor retenait un rire et qu'Arthur répliquait.

 

-Oui, je sais, même le porridge était bon ! J'ai du mal à croire que ce soit la nourriture qu'on ait apportée qui fasse cette différence.

-Arthur !, s'exclama la jeune métisse, outrée par ses propos.

-Laissez, il n'a pas tort, Hunith n'est pas très bonne cuisinière… même si j'ai connu pire, ricana l'adulte, amusé par la situation. 

 

Guenièvre le regarda comme s’il avait dit une énormité alors que Merlin se mettait à trembler nerveusement.

 

-Merlin ?!, s'exclama le couple, complètement estomaqué par l'attitude de ses deux compagnons.

-hmpffff ttpfff 

-Si tu continues de te retenir, tu vas t'étouffer, souffla Balinor en souriant innocemment.

 

Et Merlin d'éclater de rire sous les regards béats de ses deux amis.

 

-Mais enfin, qu'est-ce que vous avez, fit Gwen, vexée que l'on puisse rire ainsi de la cuisine d'Hunith.

-Ce n'est pas … hihi … ce… c'est … hahaha … hihi … 

-Merlin, voyons, un peu de retenue, ce qu'il essaie de dire jeune fille, c'est que ce n'est pas Hunith qui a cuisiné, c'est moi.

-VOUS ?

 

Arthur s'était relevé sous le coup de l'information, complètement ahuri, alors que Gwen s'était contentée d'écarquiller un peu plus les yeux.

 

-Oui, petit.

-Mais … mais les hommes ne savent pas … cuisiner… lâcha-t-il, sans se rendre de l'énormité de ce qu'il venait de dire … Comment croyait-il que Gaius et Merlin faisait pour manger ?

-Pardon ?

-Euh, Gwen, non … je ne voulais pas … enfin … on est moins doué pour … tu sais … aah … 

-Ma mère m'a appris, elle considérait qu'il valait mieux compter sur moi-même que sur quelqu'un d'autre pour ce genre de chose … savoir se débrouiller était son maître mot. Elle cuisinait elle-même très rarement, mais quand on est en campagne, c'est bien utile.

 

Gwen hocha la tête en direction de Balinor après avoir lancé un regard contrarié à Arthur qui s'était tu en espérant garder contenance, sous les rires de Merlin qui se tarissaient très lentement.


Ils achevèrent le repas en silence, bien qu'entrecoupé de soubresauts en ce qui concernait Merlin, toujours sous les effets de son fou rire. Balinor commença alors à fixer Arthur de manière insistance jusqu'à ce que celui-ci, énervé, ne pousse un cri exaspéré :

 

-Quoi ?

-Je me disais que vous pourriez nous expliquer la raison de votre venue maintenant.

-Hum, en fait … C'est une idée de Gaius et de moi… murmura Gwen, en rougissant.

-Vraiment ?

 

Et Gwen d'hocher vivement la tête avant de se lancer dans la description des derniers événements, succinctement bien sûr, et d'expliquer l'idée que le vieux médecin et elle avaient eue à propos de Morgane. Balinor la regarda longuement avant d'acquiescer.

 

-Kilg peut certainement nous aider. Je l'appellerai ce soir, inutile qu'on se fasse remarquer … J'irais seul.

-J'aimerais venir … commencèrent les deux garçons.

 

Ils s'arrêtèrent et se regardèrent avant de sourire et de regarder Balinor anxieusement. Le dragonnier soupira :

 

-Pourquoi vouloir venir ?

-J'aimerais lui parler de Morgane … je … peut-être pourrait-il éclaircir quelques points … commença Arthur avant de balbutier, troublé par le regard inflexible de l'homme … Ce que cet homme pouvait être impressionnant.

-Je …  J'aimerais le voir,  j'ai toujours trouvé les dragons … impressionnants.

 

Merlin avait hésité … Il voulait s'excuser auprès du dragon … et en même temps lui demander de l'aide pour … Mais Arthur ignorait encore qu'il l'avait libéré et qu'il était un sorcier

 

-Ça ne m'étonne même pas … soupira le prince en levant les yeux au ciel. 

 

Balinor hocha la tête … Il ne pouvait pas vraiment refuser … mais le jeu allait être périlleux.

-0-0-0-

La nuit était tombée sur le village, lorsqu'un petit groupe d'ombres se faufila hors de la grange où les trois hommes s'étaient réfugiés après le repas du soir. Ils se glissèrent dans l'obscurité ambiante en faisant attention à ne pas faire de bruit, histoire de ne pas se faire remarquer. Le groupe se rendait dans une clairière à une demi-heure de marche de là, un endroit sûr où le dragon pourrait atterrir sans problème.

 

Une fois qu'ils eurent atteint l'orée du sous-bois, ils se détendirent et adoptèrent un rythme de marche plus soutenu, atteignant enfin et sans encombre la clairière dégagée. La lune avait commencé à décroître et bien qu'elle illuminait l'espace dégagé, sa lumière n'avait pas été suffisamment forte pour les éclairer durant leur escapade hors du village. Balinor appela le grand dragon pendant que les jeunes s'installaient sur des couvertures qu'ils avaient apportées pour attendre l'arrivée de Kilgharrah. 

 

Balinor les rejoignit en s'assurant que Merlin ne montrait pas de signe de faiblesses dues à l'exercice intense qu'il venait d'effectuer. Il allait peut-être beaucoup mieux depuis quelques jours, mais il n'était pas encore prêt à gambader comme un cabri. Il semblait allait bien, il bavardait à qui mieux-mieux avec le prince … enfin … bavarder, plutôt se taquiner l'un l'autre. Il s'assit auprès d'eux et Arthur en profita pour lui poser quelques questions sur le fait d'être dragonnier. Balinor se demanda s’il savait à quel point ces questions intéressaient aussi Merlin, et répondit au jeune homme, regardant furtivement Merlin qui écoutait yeux et oreilles grands ouverts. 

Le sujet des questions était vaste et s'intéressait autant aux formes que pouvait emprunter la magie, qu'au pouvoir propre des dragonniers ou encore aux créatures magiques. La conversation ne s'interrompit que lorsque de grand battements d'ailes se firent entendre au-dessus de leur tête et qu'ils admirèrent l'imposant animal se poser avec grâce sur l'herbe.

 

Le dragon hocha la tête en signe de bonjour et regarda de manière interrogative les deux jeunes gens qui accompagnaient Balinor. Arthur semblait plus assuré que la dernière fois, sans doute poussé par sa curiosité et son impatience concernant Morgane, Merlin par contre … avait attrapé un bout de sa blouse et avait commencé à la triturer en posant son regard sur le sol encore un poil dégarni de la clairière.


Le prince salua le dragon avant de relever la tête avec confiance et de lui poser les questions qui le taraudaient.

 

-Kilgharrah, Je… j'ai demandé au seigneur des dragons de vous appeler pour déposer une requête.

-Une requête ?

 

Le dragon avait haussé les sourcils et bien qu'Arthur trouvait la déformation de sa tête bizarre, il comprit que le dragon ne serait pas aisé à convaincre.

 

-Oui, enfin un service en quelque sorte.

-Et pourquoi voudrais-je t'aider ? 

-Eh bien … euh, vous voulez le retour de la magie n'est-ce pas ? Cela ne peut se faire évidemment tant que mon père est de ce monde, mais je peux m'engager à faire tout ce qu'il faudra pour la libérer une fois que je serai sur le trône.

-Cela est déjà écrit, petit, lâcha le dragon après un moment de pause.

-Comment ça écrit ?

-Il existe bien des légendes, jeune prince, et peut-être arrivera-tu à en réaliser certaines. Quel est le service que tu veux me demander ? 

 

Arthur regarda ses compères, incapable de comprendre les paroles mystérieuses, mais Merlin ne semblait pas vraiment écouter et Balinor se contenta de hausser les épaules. Bon ben puisque ça n'éveillait pas plus leur curiosité que ça … Ils le savent déjà.. 

 

-Vous savez peut-être qu'un peu avant votre … départ, Morgause a attaqué la cité dans l'idée de la détruire et a enlevé Morgane … plus exactement elle l'a utilisée comme … euh porteuse c'est ça ?, fit-il en se tournant vers le chevalier qui se contenta de baisser la tête en signe d'acquiescement, porteuse d'un sort qui endormait tout le château.

-En effet … et le seul moyen de mettre fin à ce charme était de la tuer.

-Hum oui c'est ce que Merlin a découvert dans un des livres de Gaius, commença le prince, sans se rendre compte que le dragon avait écarquillé les yeux à cette réponse avant de regarder le sorcier qui se tordait toujours les mains dans le pan de sa blouse. Il avait donc été décidé de ne rien lui dire à son propos ? Soit ce n'était peut-être pas encore le moment.

-Et en fait, poursuivit Arthur, il a dû le faire, ce qui a nécessité beaucoup de courage, fit-il en se tournant vers le jeune homme qui semblait sur le point de déchirer sa blouse tellement les jointures de ses mains devenaient blanches à force de serrer le tissu.

-Merlin ?,  questionna Balinor.

-Je … ce n'était rien … vraiment je préfèrerais qu'on n'en parle plus,  répondit Merlin la tête obstinément tournée vers le sol … et toujours livide sous le coup de la honte qu'il ressentait face à Arthur, le dragon, Morgane et son père … au moins l'une d'entre eux n'était pas là …Il avait tué Morgane, il avait libéré le dragon et il avait exploité celui-ci … rien de bien glorieux à ses yeux. 


Balinor fit signe à Arthur de poursuivre tandis qu'il s'approchait de Merlin et posait sa main sur son épaule, la serrant en signe de réconfort, il se rendait bien compte de ce qui devait se passer sa tête, mais pour le moment il ne fallait pas qu'Arthur s'en préoccupe … Arthur se retourna vers le dragon avant de reprendre plus délicatement.

 

-Merlin ne voulait pas sa mort et ne l'aurait pas fait s’il y avait eu d'autres solutions, je le sais. Il n'y avait pas que la vie de mon père en jeu … mais celle de tout Camelot. Il a eu toutefois la présence d'esprit, ce qui est rare, d'échanger la vie de Morgane contre la fin de l'attaque. Morgause s'est enfuie avec le nom du poison et Morgane pour pouvoir la sauver. Nul doute que cette femme a manipulé Morgane pour lui faire accepter cette chose. Jamais elle n'aurait voulu du mal au royaume … juste à mon père…

 

Le dragon se pencha un peu plus près pour observer davantage le jeune homme devant lui. 

 

-Je ne crois pas que la sorcière soit quelqu'un de confiance … Elle a trahi et le fera encore.

-Je… non! Morgane n’est pas … elle est gentille, elle est juste effrayée, elle a peur de mon père et de ses lois et … peut-être même d'elle-même. Mais elle a un bon fond.

-Elle a sauvé la vie de l'enfant … alors qu'il est une menace, elle a volé le cristal et aidé le sorcier Alvaar à fuir, elle a aidé la prêtresse Morgause… on ne peut lui faire confiance, murmura le dragon.

-L'enfant … ? Mordred ? Mais ce n'est qu'un enfant et nous l'avons sauvé. Pourquoi serait-il une menace ? En plus les druides sont pacifiques, lâcha estomaqué le blond.

-Son père a été tué ainsi que les druides qui l'avaient recueilli, me semble-t-il.

 

Arthur se tut un moment avant de reprendre :

 

-Je pensais qu'ils avaient enlevé quelqu'un qui m'est cher et qui est peut-être en danger maintenant. Et puis c'est quoi cette histoire de cristal ? …comment pouvez-vous être sûr de ça ?

-Je ne sais pas si tout c'est vrai … Mais je suis capable de sentir les puissances magiques en action … et elle l' a prise et a libéré ce sorcier, ce meurtrier traître à sa race.

-Vous désapprouvez Alvaar ?

-As-tu apprécié le chasseur de sorciers ?

-Vous êtes au courant de ça aussi ?

-Cet homme est un monstre et agissait déjà au temps de la purge… il a tué bien de nos frères.

-Les dragons ?, lâcha le prince perdu.

-Non, petit, toute personne possédant de la magie appartient à la même famille, celle de l'ancien culte … mais Alvaar est une brebis galeuse … en quelque sorte … même si je sais qu'il agit aussi par vengeance.

-Pardon ?

-Uther a tué ses parents, mais il a toujours été de la mauvaise graine … Il a assassiné des gens qui ne lui avaient rien fait. Vous devez reconnaître que même parmi les gens n'ayant pas de pouvoirs, il y en a qui ne sont pas … recommandables, comme Areydian.

-Mais c'était un sorcier … 

-Quoi ?, avaient hurlé en choeur le dragonnier et Kilg'.

-Cet avorton n'était pas un sorcier, il était incapable de reconnaître ne serait-ce qu'un peu de magie … Qui t'a raconté ça petit ?

-Mais … je l'ai vu … il a craché un crapaud hors de sa bouche, Merlin ! Tu te souviens non ?

 

Ils se tournèrent tous vers Merlin qui rougit en se rendant compte que sa plaisanterie … risquait de se retourner contre lui. 

 

-Euh … oui, mais c'est le seul acte de magie qu'on ait vraiment vu de lui … Le reste n'était que de fausses preuves …

-Il a craché un crapaud ?, articula Balinor, conscient que seul Merlin avait pu l'y mettre. 

Il se serait tapé la tête contre le mur, mais quelle bêtise.

 

Merlin se contenta de prendre un air contrit alors que le dragon quant à lui se mettait à rire de manière incontrôlable … 

 

-AH AH AH, … j'aurais aimé voir ça … 

-Mais ? fit Arthur toujours aussi désorienté.

-Il était incapable de magie … mais le crapaud … très fort ! … AH AH AH …

-Mais comment alors ?

-Une simple illusion, petit, fit Balinor en faisant un sourire forcé.

-Sûrement en effet … AH AH AH, termina le dragon toujours plié de rire.

-Mais je l'ai vu sortir !

-C'est le but d'un illusion … qu'on en voit pas le truc … celui qui a fait ça … est fort.

-Oh. 

-Sinon je suis sûr qu'il existe bien des hommes méritant la potence et qui n'ont pas de pouvoirs.

-Sans doute, mais Morgane n'est pas une brebis galeuse comme vous dites, elle a fait des erreurs mais certainement pas dans un intérêt personnel … je la connais trop.

-Je suis d'accord, ajouta Merlin, soudainement anxieux de ramener la conversation sur le bon chemin et de retrouver Morgane qu'il avait abandonnée au lieu de l'aider … Il n'aurait pas dû obéir aveuglément à Kilg' et Gaius, il le savait maintenant. 

 

Le dragon le regarda intensément dans les yeux que Merlin s'était décidé à fixer enfin sur lui, avant d'hocher la tête. Oui il comprenait le jeune magicien. Il se sentait coupable … pas qu'envers la sorcière, envers lui mais aussi envers Arthur.

 

-Alors vous pensez que connaître la vérité pourrait l'aider ?, réfléchit à voix haute le sage animal.

-Euh … bafouilla Arthur … 

-J'accepte de t'aider petit, bien que tu n’ais pas encore préciser ce que tu voulais, je suppose que cela à un rapport avec la sorcière.

-Arrêtez de l'appeler comme ça … cria Merlin. 

 

Il semblait au bord de l'implosion, Balinor resserra sa prise, et Merlin se mit à trembler, tandis que son père le retenait pour l'empêcher de s'écraser au sol.

 

Kilgharrah se pencha vers le jeune sorcier et souffla sur lui … Avant que le jeune homme ne puisse dire quoi que ce soit, il s'était déjà évanoui. Arthur mit la main sur le pommeau de son épée prêt à dégainer, mais Balinor lui fit signe de se calmer alors que le dragon prenait la parole.

 

-Quand il se réveillera, il ne devrait plus souffrir des effets de sa blessure… Il a été malade n'est-ce pas ?

 

Balinor ferma les yeux pour lui montrer qu'il ne se trompait pas et Arthur se retourna vers le dragon.

 

-J'aimerais savoir où se trouvent Morgause et Morgane … Pouvez-vous les localiser ?

 

Le dragon le jaugea avant de pencher la tête en avant pour acquiescer.

 

 


abeilledic  (15.03.2012 à 20:06)

Interlude 6 : partie 3 : Chacun sa récompense

 

La première chose que la jeune fille avait vu en se réveillant, c'était le tissu qui retombait du lit à baldaquin au-dessus de sa tête. Il avait une superbe couleur rouge profonde, presque bordeaux … en velours probablement, vu comment la lumière s'accrochait sur le tissu. Elle tourna la tête pour découvrir Morgause qui la regardait depuis le bout du lit, appuyée contre une des colonnes du baldaquin et le bras l'entourant légèrement, comme si elle s'y accrochait. Elle lui sourit et se redressa sur son lit, pour finalement en sortir. 

 

Morgause s'assit avant qu'elle ait eu le temps de se lever et posa sa main sur sa cuisse.

 

-Es-tu prête pour éliminer les dernières traces du poison de ton organisme ?

 

La brune hocha la tête lentement avant de déglutir, incertaine … Est-ce qu'elle allait souffrir ? Morgause sembla comprendre son appréhension et serra un peu plus sa prise sur sa cuisse. Elle fit apparaître une petite boule de magie pure, toute dorée, il s'en échappait une sorte de chaleur qui ne brûlait pas et qui semblait apaisante en même temps. Morgane la regarda fascinée, pendant que la blonde la déposait entre ses mains. 

 

Aussitôt elle se sentit envahie par la chaleur, elle sentait quelque chose à l'intérieur d'elle-même faire écho à ce qu'elle tenait dans le creux de ses paumes. La jeune fille sentit la magie courir dans ses veines et atteindre son visage où ses yeux se dorèrent tandis que la boule s'intensifiait, avant de brutalement s'éteindre. 

 

La blonde sourit, les capacités de sa sœur était bien supérieures aux siennes, mais elle n'arriverait probablement jamais à toutes les contrôler … Il était trop tard et Morgane était trop … émotive. Pourtant, sous peu elle arriverait à se débrouiller. Morgane la regardait perdue, ne comprenant pas bien ce qu'il s'était passé.

-Je suis guérie ?

-Non, je voulais juste te montrer que ta magie ne te fera jamais de mal … 

-Ooh … 

 

La femme se leva et s'installa sur la banquette, en tapotant la place à côté d'elle pour que la plus jeune la rejoigne. Celle-ci se leva doucement et attrapa un châle avant de marcher dans sa direction. Morgause leva les mains autour de son visage et commença à murmurer les paroles magiques propres à l'ancien culte qui aideraient la magie de sa jeune sœur à la soigner complètement.

 

-0-0-0-

 

Arthur, qui avait retenu sa respiration un moment, faillit lâcher un soupir de soulagement, avant de se rappeler qu'il était devant un des êtres les plus sages au monde : il le ravala donc en hochant la tête, comme pour acquiescer et exhorter le dragon à lui expliquer comment.

 

-Je le ferais, jeune prince, avec Balinor dès que vous serez reparti, commenta le dragon.

-Ooh, mais pourquoi ?, s'exclama le blond.

-Cela requiert de la concentration et une bonne dose de magie, tiens-tu réellement à y assister et risquer de me troubler ?

-Je peux tout à fait, commença le prince, … avant de se taire, se rendant compte qu'il ne savait pas du tout comment il allait réagir … La dernière fois, il avait été suspicieux envers Morgane, et avant il avait failli tuer son père. Il comprit qu'il n'était sans doute pas prêt, mais comment le serait-il s'il ne voyait pas la magie agir aussi pour le bien ? Il savait que trop de remarques de son père s'étaient inscrites en lui et il avait peur que ça ne le desserve auprès de Morgane … Le tact et la délicatesse n'étant pas vraiment ses points forts. 

 

Balinor regarda le prince se décomposer alternativement … incapable de savoir ce qu'il voulait ou devait faire.

 

-Kilg', je pense qu'il devrait rester, ne serait-ce que pour veiller sur Merlin, le temps de procéder, le défendit Balinor.

-Bien, mais je ne veux pas d'intervention intempestive.

 

Arthur fit quelques mouvements secs en avant pour montrer son accord et rejoint Balinor, qui avait allongé son fils à l'abri sous un arbre, en faisant bien attention à caler sa tête sous sa veste roulée en boule. Arthur s'assit contre l'arbre et regarda Balinor rejoindre l'imposant dragon qui avait étendu ses ailes. Il entendit le dragonnier s'adresser à la créature dans une langue pour le moins étrange et le dragon se mit à répondre de même … avant de lancer un jet de flammes qui traça sur le sol des symboles étranges. 

 

Un immense cercle s'était imprimé sur le sol en entourant un pentacle qui pointait différent symboles de l'ancienne religion qu'il ne comprenait pas. Il vit Balinor entrer dans le cercle et s'assoir en son centre. Il le regarda fermer les yeux et marmonner des paroles qu'il ne comprenait pas. Il faisait de la magie ? Ne devait-il pas utiliser ses yeux pour ça ? Il vit les flammes monter dans le ciel sans comprendre comment et Kilgharrah lança un sort, ses yeux montrant clairement des traces dorées. Soudain Balinor rouvrit les yeux, mais complètement vidés de toute expression et se remit à parler dans la langue étrange avant de s'affaler par terre tandis que les flammes s'éteignaient, laissant le dessin de cendre au sol.

 

Arthur ne bougea pas, ne sachant pas si c'était fini et s'il pouvait aider Balinor. Il remarqua que le dragon se penchait au-dessus de son corps et le reniflait, quand fort heureusement, Balinor bougea et entreprit de se relever difficilement. Il comprit alors que Kilgharrah s'était assuré de son sort. Le dragon tourna la tête vers lui et il déglutit, mais le dragon se contenta d'esquisser une grimace qui devait être un sourire ? Les dragons pouvaient-il sourire ? C'était difficile à concevoir et encore plus bizarre à observer.

 

-Jeune prince, grâce à Balinor qui a servi de canal à la magie, je sais où elles se trouvent … 

-Vraiment, euh canal ?

-La magie est partout et elle peut s'exprimer aux travers de ses enfants…

-Ses enfants ?? fit Arthur en fronçant les sourcils.

-Jeune homme, sache que chaque détenteur de magie sous quelque forme qu’elle soit est l'enfant de la magie, et parmi eux il y a du bon et du moins bon … Prends les créatures, je sais m'exprimer et agir de ma propre volonté, car je ne suis pas qu'un animal, mais un serket ou un griffon sont juste des animaux aux propriétés particulières qui leur viennent de la magie, ils ne décident pas selon ce qui est bien, ou mal ou juste, ils se contentent de vivre comme tout animal le ferait, tel un ours ou un loup … Ils n'attaquent pas les hommes par cruauté mais par nécessité : pour se nourrir ou se défendre. La magie et la nature ont beaucoup de choses en commun, prince Arthur. 

-Mmh alors Morgane et vous êtes de la même famille, lâcha le blond après un instant de réflexion.

-D'une certaine manière, en effet, n'oublie pas néanmoins qu'en tant que dragon j’ai accès à des informations que tu n'as pas … sur le destin entre autre.

-Le destin ? Vous voulez dire que tout est écrit et que rien ne peut changer ?

-Non, les grandes lignes sont tracées, mais tout peut changer, je l'avais oublié, mais le destin peut évoluer et même se renforcer si on lutte contre lui … Peut-être est-il mieux de ne rien savoir, et d'agir pour le mieux. 

-Alors, peut-être que vous avez tort à propos de Morgane…

-Je ne peux que l'espérer pour toi. Balinor, as-tu besoin d'aide ?

 

Le dragonnier s'était péniblement relevé pendant le reste de leur conversation avant de pousser un gémissement.

 

-Ouais, très bien, juste je ne suis plus suffisamment jeune pour ce genre d'expérience.

-Alors, commença Arthur, vous savez où elles sont ?

-Oui, dans un château de Cenred, non loin d'ici d'ailleurs, répondit Kilgharrah.

 

Arthur sursauta au son de sa voix, alors que Balinor le regardait perplexe.

 

-Je ne me souviens pas de ce qu'il s'est passé petit … 

 

Il se massait le dos en faisant des grimaces douloureuses et s'arrêta près de Merlin, comme s'il hésitait entre s'agenouiller pour le prendre dans ses bras et rester debout. Arthur lui indiqua qu'il s'en chargeait et se dirigea pour redresser Merlin le temps de le mettre sur son épaule, mais Kilgharrah l'en empêcha.

 

-Laisse, petit. Je vais le réveiller et lui apprendre à m'appeler ?, fit le dragon en regardant fixement le dragonnier. Par contre tu devrais aider Bal' à rentrer ! Il a l'air d'avoir des difficultés pour marcher.

-Très drôle Kilg', mais tu me surnommes comme ça pour la dernière fois. Allez petit, tu viens ? Merlin aura tôt fait de nous rejoindre si Kilg' nous l'a bien réparé comme il dit … 

 

Et le dragon de se mettre à rire de sa voix profonde et forte, réveillant tout à fait le jeune sorcier. Celui-ci s'assit et regarda autour de lui … perplexe … ne se souvenant pas de ce qu'il faisait là. Il remarqua alors Arthur, qui lui souriait et son père qui se tenait bizarrement, la main posé sur son dos.

 

-Bien, Merlin, tu nous rejoins dès que Kilgharrah a fini de t'expliquer comment l'appeler ? Arthur va m'aider à rentrer, je me suis fait mal aux dos, avec cette cérémonie … J'espère que ta mère a encore ce baume pour les courbatures… outch. 

 

Arthur le regarda du coin de l'œil pendant qu'il aidait Balinor à retraverser la forêt jusqu'au village. Merlin se releva prêt à les rejoindre, mais le dragon le fit tomber d'un coup de queue dans les jambes. Le sorcier se retourna furieux, mais se calma en se rendant compte que la créature s'était assise et le regardait de manière bienveillante.

 

-Balinor et moi avons discuté, et je pense avoir des excuses à te présenter.

-Oh, fut tout ce que put dire Merlin.

 

Il se releva, et se mit à marcher … avant de revenir vers le dragon.

 

-Vous … vous excusez ?

-Je m'excuse de ne pas t'avoir expliqué toutes les conséquences liées au sacrifice à l'île fortunée, oui. Je m’excuse aussi d'avoir pensé que j'avais forcément raison à propos de Morgane.

-Je dois aussi m'excuser, je n'aurais pas dû dire ce que j'ai dit ce jour-là, ma mère … 

-Ce n'est pas nécessaire ; ressens-tu encore les effets de ta convalescence ?

-Euh … hum, non, que … qu'avez-vous fait ?

-Un simple sort, je pourrai te l'enseigner, par la suite. Ton père m'appelle grâce à son don de dragonnier qui lui donne la connaissance de mon langage, tu n'hériteras pas de ce don avant sa mort, il faut donc que je t'enseigne ma langue de manière séparée, afin que tu puisses m'appeler en cas de danger. Ta magie aidant, l'appel me parviendra.

-D'accord. 

-Cela ne devrait pas prendre plus d'un quart d'heure pour te l'enseigner, après tu n'auras qu'à t'entraîner, tu sauras que tu as réussi, lorsque j'apparaîtrai … 

-Et ce ne sera pas bizarre …?, grimaça le sorcier.

-Si, c'est pour ça que je préviendrai ton père préalablement.

-Oh, ce don a l'air particulièrement … euh … c'est puissant, expliqua le jeune homme.

-Saine curiosité… Je suis persuadé qu'il t'expliquera ça en détail. Bien assis-toi et écoute,  répliqua le dragon.

 

Aussitôt le jeune sorcier s'assit à même le sol, en face de lui et laissa le dragon entamer sa leçon, alors que la nuit se poursuivait lentement.

 

-0-0-0-

 

Au même instant, dans la chambre de Morgane, Morgause venait de partir après une journée d'entraînement intensif avec sa sœur, qui la regardait franchir la porte depuis le fauteuil où harassée, elle s'était affalée. Tout ceci l'avait profondément amusée, elle ne s'était jamais autant sentie vivante et pleine d'énergie. Elle sourit en se remémorant comment elle avait fait apparaître et disparaître divers objets ainsi que les déplacer sans les toucher. Elle avait appris comment utiliser ses émotions pour contrôler sa magie. Comment Uther pouvait-il renier la magie ? Elle était si belle, si pleine de vie … Il n'y avait rien de dangereux en elle, elle lui faisait même du bien.

 

Uther … Elle n'avait pas pensé à lui de la journée, elle n'avait pensé à rien d'autre que se concentrer sur elle-même. C'était sans doute ce qui lui avait tellement fait du bien, ne plus avoir peur et se laisser aller. Elle poussa un soupir, elle se rendait bien compte qu'elle fuyait le problème,  qu'elle devait éclaircir tout ce qui la tourmentait, savoir pourquoi Merlin l'avait empoisonnée, savoir si Arthur aurait pu l'accepter, ainsi que Gwen. Mais comment faire ? Elle ne pouvait pas rentrer sans savoir et elle ne pouvait pas savoir sans rentrer … Quel casse-tête. 

 

Elle soupira et se résolut à regarder par la fenêtre pour admirer les étoiles ; elle sourit en se disant qu'il serait toujours temps d'y penser plus tard … La solution n'allait pas lui tomber dessus comme ça, elle bailla et se dirigea vers le lit, elle allait bien dormir, bien mieux qu'habituellement à Camelot.


abeilledic  (22.03.2012 à 09:17)

Chapitre 7 : Où tout se bouscule…

 

 

Les terres de Mercy étaient particulièrement sauvages, elles avaient un air désolé qui descendait le moral des soldats en flèche. Seul le chasseur ne semblait pas en être affecté, il faut dire que la rudesse du paysage ne l'intéressait nullement ; il suivait volontairement le sentier qui longeait l'étendue herbeuse des landes le plus rapidement possible afin d'atteindre le village qui apparaissait dans le creux de la vallée. Les hommes continuaient péniblement leur avancée derrière lui, en espérant secrètement que cette chasse s'arrête bientôt.

 

La plupart d'entre eux avaient des familles qui leur manquaient, ils n'en avait rien à faire qu'un homme pratiquant la magie ait pu s'échapper. Après tout s'il s'était enfui, c'était pour pouvoir vivre non ? Il ne risquait pas de revenir attaquer Camelot, et puis même s'il le faisait, qu'est-ce qu'il pouvait faire ce gars tout seul ? Ouais il avait sans doute des pouvoirs magiques, mais personne ici ne pouvait rien faire pour lutter contre ça … Pareil à Camelot. Qu'est-ce qui pouvait vaincre la magie ? Peut-être qu'avec un peu de chance, il serait tué avant qu'il n'ait le temps de tuer tout le monde, mais il y aurait combien de pertes ? 

 

Moroses, ils chevauchaient sans enthousiasme derrière Areydian sans savoir vraiment pourquoi. Certains n'en voulaient même plus au fugitif de s'être enfui, quand ils voyaient le chasseur qui les guidait, ils comprenaient même pourquoi. Cet homme était fou, et il ne pouvait pas reconnaître qu'il avait perdu la partie.

 

-0-0-0-

 

Le village entier était endormi à cette heure de la nuit, mais il y avait encore de la lumière dans une des petites chaumières. Quelques bougies éclairaient faiblement la pièce principale de la petite maison. Dans un coin, Hunith s'était repliée, toujours effrayée par la missive, tandis que près de la cheminée, le dragonnier semblait perdu dans ses pensées.

 

-Nous ne devrions pas nous affoler.

-Es-tu fou ? Ils viennent ici ! D'ici une ou deux semaines ils seront là … Je t'en prie, il faut trouver une solution, pour … qu'il ne te trouve pas…lâcha la jeune femme, complètement hystérique.

 

Balinor se dirigea vers elle et la secoua pour la faire taire.

 

-HUNITH ! Tout va bien, nous … allons réfléchir et trouver une solution, je te le promets, lui dit le jeune homme, en lui caressant le visage.

-Mais comment ? S'ils arrivent au village, tous te connaissent, il risque de parler de toi, et on ne peut pas prendre le risque de leur demander de te couvrir.

-Je te promet que rien n'arrivera au village ou à toi, ou encore à moi.

-Tu ne vas pas partir, n'est-ce pas ? 

La voix d'Hunith était devenue angoissée et aiguë.

-Je te jure que je ne l'envisagerais qu'en dernier recours.

 

Il l'avait pris dans ses bras et avait reposé sa tête contre son épaule où elle se mit à sangloter, pendant qu'il caressait doucement ses cheveux en signe de réconfort. Il ferma les yeux, en soupirant. Pourquoi ne pouvait-on les laisser en paix?

 

-0-0-0-

 

À Camelot, dans la salle du conseil, le roi Uther venait d'achever de prendre connaissance des différents messages qui lui étaient venus de ses éclaireurs. La situation se présentait bien. Les rares sorciers qui étaient restés dans le royaume avaient été exécutés, peu de ceux qui avaient fui avaient survécu à leur poursuivants. Seul le dragonnier restait introuvable, mais il pouvait faire confiance au chasseur de sorcières pour le retrouver et s'en débarrasser.

 

Gaius, son conseiller, s'était levé à la suite des autres, mais avait finalement fait demi-tour, comme s'il avait voulu aborder un dernier sujet.

 

-Gaius ? Un problème ?

-Eh bien, votre majesté, je me demandais, si, après autant de temps, il ne serait pas préférable de faire revenir la patrouille chargée de retrouver … hum Balinor, le chevalier-dragon. Cela fait près de quatre mois qu'elle est partie et aucune information probante…commenta le vieux médecin.

-Areydian va bientôt le trouver, j'en suis persuadé. Et puis d'après le dernier rapport, attendez … ah et voilà, ils sont arrivés à l'intersection des frontières entre le royaume de Mercy et de Cenred, récita le roi.

-Majesté, ils ont fouillé plus de la moitié du royaume, sans trouver aucune trace… À l'heure qu'il est, il pourrait être encore bien plus loin … Cela n'a aucun sens, et cela ne sert en aucune façon les intérêt de Camelot.

-Et s'il revenait pour se venger, s'écria Uther.

-Eh bien nous agirions à ce moment-là, nous perdons inutilement nos forces ici.

-Mmm… Je vais y réfléchir Gaius, c'est un argument … intéressant.

-Merci, votre majesté.

 

Le vieil homme s'inclina et se dirigea vers la porte, mais avant qu'il ait le temps de la franchir, une voix l'interpella.

 

-Gaius ? Pourquoi vous préoccupez-vous de cela ?

 

Le médecin se retourna lentement, et découvrit un visage imperturbable.

 

-Pour plusieurs raisons, votre majesté. La première étant que cela me semble être un gaspillage d'énergie. La deuxième est en partie due au fait, je le reconnais, d’une certaine animosité entre Areydian et moi … Vous lui faites peut-être confiance, mais je ne peux m'y résoudre, et enfin, la troisième raison m'est plus personnelle. 

-Personnelle ? Gaius ?, fit le souverain en fronçant les sourcils.

-Plusieurs des femmes des soldats sont venus me voir. Elles sont inquiètes. Je me fais un peu leur porte-parole. Et puis surtout, il y a une fillette, elle est atteinte d'une maladie incurable … Elle se meurt … il serait bon que le père rentre … avant.

-Oh … mmh je vois, lâcha le roi, embarrassé. Bien, alors je vais … euh, probablement faire revenir la patrouille.

-Je vous en remercie, majesté, cela signifie beaucoup pour mon travail, répondit le médecin en se courbant pour montrer son respect.

 

Le roi lui fit signe qu'il pouvait prendre congé, alors que deux nouvelles personnes entraient dans la pièce. Gaius les salua, et sortit rapidement, rejoignant son laboratoire.

 

-Gorlois, Viviane, je suis tellement heureux de vous voir !

 

Uther s'était levé, heureux de revoir son vieil ami, et le prit dans ses bras dans une étreinte amicale, avant de se tourner vers Lady Viviane qui venait de plonger dans une profonde révérence.

 

-Chère amie, je suis heureux de vous revoir. Que me vaut votre visite ?

 

La femme aux cheveux noirs lui sourit, avant de reposer sa main sur son avant-bras, alors que son époux répondait.

 

-Il nous semblait évident de venir vous rejoindre pour vous supporter dans votre terrible épreuve. Viviane se proposait de s'occuper d'Arthur, entre autre. Nous serions arrivés plus tôt, mais Viviane a eu quelques problèmes de santé.

-Oh … ,s'étonna le roi.

-Rien de grave, mais nous ne pouvions nous déplacer, répondit doucement la femme.

 

Uther hocha la tête et sourit, tandis que Gorlois serrait de manière ferme son épaule en signe de soutien. Viviane fit une référence et les laissa, partant à la recherche du pauvre bébé, encore inconscient de la perte qu'il avait subie.

 

-0-0-0-

 

La chambre du prince était éclairée par de nombreuses bougies et le feu de la cheminée. Une femme bien enveloppée était en train de nourrir l'enfant dont le duvet blond dépassait des couvertures qui l'emmaillotaient. La nourrice sifflotait un air doux, lorsque une femme magnifique entra. À sa vue, la nourrice se raidit et voulut bouger, mais la jeune femme lui fit un geste pour qu'elle reste assise. Elle s'approcha et admira le bébé qui la regarda, lâchant le téton où il se nourrissait. Une mèches de ses long cheveux noirs glissa près de la couverture du petit dont les yeux s'agrandirent avant d'essayer de l'attraper en laissant échapper quelques petites bulles de sa bouche, alors qu'il souriait amusé. 

 

Viviane lui sourit, et tendit les bras afin que la femme lui donne l'enfant. Le bébé se mit à gazouiller, alors qu'il passait dans les bras de cette inconnue pour lui. 

 

-Dame ?

-Viviane, je suis l'épouse de Sir Gorlois. Ça ne vous dérange pas si je m'occupe un peu de lui ? Pauvre petit, si jeune et déjà sans mère.

 

La nourrice fit une légère révérence et hocha doucement la tête avant de sortir, elle allait profiter de ces quelques instants pour prendre un peu l'air, histoire de se réveiller un peu. Bien qu'elle était fort bien traitée au château, elle se sentait tout de même fort lasse.

-Mademoiselle ?

-Euh … Berthe, Dame Viviane , répondit la servante.

-Je resterai avec lui cette nuit, profitez-en pour vous reposer … Où puis-je vous trouver s'il a faim ?, demanda la brune.

-Dans la chambre attenante, ma Dame. 

-Bien, merci.

 

La nourrice prit congé et partit, laissant Viviane seule avec l'enfant. La femme regardait l’ange blond avec une dévotion étonnante, sans doute n'avait-elle pas d'enfant elle même ? Berthe haussa les épaules en fermant la porte, après tout ce n'était pas son problème.

 

-0-0-0-

 

Un courant d'air éteignit la dernière chandelle, encourageant Balinor à se lever en portant Hunith qui s'était endormie contre son épaule jusqu'au lit, où il la borda. Il soupira en portant une main à son front, en dégageant les mèches. Il attrapa une chaise et s'assit avant de laisser couler quelques larmes. Il lui avait menti … S'il restait, elle n'avait aucune chance de s'en sortir, ainsi que le village. 

 

Si par contre, il partait, il pouvait les protéger, il lui suffisait de s'enfoncer dans le royaume de Cenred, si la patrouille avançait plus, ils risqueraient de provoquer la colère de leur roi et lancer une guerre. Mais il ne pouvait partir que seul. Elle ne serait pas en sécurité avec lui, et elle risquerait de les ralentir… En restant ici, même si le chasseur les interrogeait, les villageois feraient front, ils aimaient trop Hunith pour cela. Il suffirait de prévenir Balthazar ? Il accepterait surement de l'aider, non de les aider, même si ce serait probablement la dernière fois qu'ils seraient un couple.

 

Comment avait-il pu croire qu'Uther le laisserait en paix ? Il n'aurait jamais dû céder à Hunith, maintenant il allait la faire souffrir … N'était-il bon qu'à ça ? Voir mourir ses proches ? Il valait mieux qu'il reste seul à présent. Au moins ses erreurs n'affecteraient plus que lui. Il se tourna pour observer la jeune fille endormie et sentit son cœur se serrer. Elle était tellement belle, tellement fragile lorsqu'elle dormait. Il allait se comporter comme un monstre il le savait, mais rester serait pire non ?

 

-0-0-0-

 

Il était tard lorsque Gorlois rejoignit sa femme dans la chambre de l'enfant. Celui s'était endormi, les doigts refermés autour d'une mèche noire. Viviane avait l'air particulièrement belle avec cet enfant dans les bras, elle semblait plus épanouie.

 

-Alors ? Qu'en est-il ?, demanda-t-elle doucement.

-Uther a été profondément choqué par la mort d'Ygerne, il semble qu'il n'ait pas approché de cette saile depuis sa mort.

-Il est né de la magie, je peux le ressentir.

-Es-tu sure que c'est une bonne idée d'être ici ? Vous ne pratiquez plus la magie, mais si Uther découvrait …demanda Gorlois, inquiet.

-Je ne risque rien, il ne t'a jamais rien dit pour ma petite Morgause, alors qu'il aurait pu me détruire avec cette information.

-Je ne l'aurais jamais permis. 

 

Gorlois s'assit près d'elle et admira l'enfant. 

 

-J'aurais aimé que vous la gardiez … J'aurais aimé avoir un enfant.

 

Viviane se tourna vers lui et lui sourit tristement.

 

-Je sais, vous ne pouvez en avoir, mais Uther ignorait que vous étiez au courant et même que vous vous réjouissiez de cette grossesse …  C'était trop risqué pour elle … Au moins, je sais que les prêtresses se sont bien occupées d'elle, lui répondit-elle.

-Mmh, je sais. Vous êtes ma meilleure amie, et pourtant notre union a bien fonctionné, sauf… entama-t-il.

 

Elle se leva et déposa l'enfant dans son berceau, avant de s'agenouiller devant son époux et de lui caresser le visage. 

 

-Notre mariage a fonctionné parce que nous nous respectons, que nous avons confiance et que nous éprouvons la plus grande tendresse l'un pour l'autre, expliqua l'ancienne prêtresse.

-Vous aimiez quelqu'un d'autre …, soupira-t-il.

-Et vous aussi, mais ce n'est pas pour autant qu'ils n'auraient pas voulu notre bonheur. murmura la femme aux yeux verts.

-Je n'ai pas pu vous rendre parfaitement heureuse, je n'ai jamais pu satisfaire votre désir d'enfant, soupira-t-il en  prenant ses mains entre les siennes.

-Ce n'est pas grave, je ne perds pas espoir, peut-être qu'un jour… sourit-elle les yeux plein d'espoir.

-Vous avez tout essayé et la magie… vous pourriez perdre la vie comme Ygerne …, lâcha-t-il, effrayé qu'elle puisse envisager cette solution.

-Je ne ferais jamais cela, je suis trop consciente qu'il ne faut pas jouer avec la vie, mais peut-être … un autre père ? finit-elle par avouer.

-Vous … hoqueta le chevalier.

-Nous voulons un enfant, ce serait juste … pour nous … fit Viviane avec un air contrit.

-Je ne saurais sacrifier votre vertu, estima-t-il.

 

Elle caressa un peu plus son visage avant de l'embrasser et de lui sourire. 

 

-Ma vertu ne craint rien, ce serait notre dernier espoir … si cela ne fonctionne pas j'abandonnerais l'idée… Mais ne désireriez-vous pas, vous aussi, avoir un petit être à protéger ?

 

Elle s'était relevée et s'était approchée du berceau, le regard mélancolique. Il se leva et l'enlaça, la laissant appuyer sa tête contre sa poitrine avant de murmurer.

 

-Si vous vous en sentez capable… Alors vous aurez toujours mon accord … 

 

Et il l'embrassa doucement sur sa tête, avant de repartir dans la contemplation de cet enfant qui avait été tant désiré et qui à présent se retrouvait si seul.

 

 

 

À suivre



abeilledic  (29.03.2012 à 11:12)

Interlude 7 : Intervention et Face à face

 

Une bougie avait été laissée sur le seuil de la fenêtre et l'avait aidé à se repérer à travers le village. Heureusement d'ailleurs, la nuit avait été longue, il était content de rentrer et ses yeux avaient tendance à se fermer tout seuls. Il ouvrit doucement la porte, en espérant ne pas faire trop de bruit, mais la porte grinçât de manière affreuse, alors que diverses exclamations fusaient :

 

-Merlin ! Tu vas bien, il ne t'a rien fait de mal ? fit Gwen de manière inquiète en commençant à l'inspecter sous toutes les coutures.

-Tu en as mis du temps, des problèmes pour assimiler ?, le taquina Arthur.

-Balinor ! Je t'avais dit de huiler ces gonds ! Bon sang, oh Merlin, regarde-moi, oui on dirait que ça va mieux, répondit Hunith, d'abord outrée que l'un n'ait pas obéi, rejoignant ensuite Guenièvre dans son inspection de santé.

 

Balinor se contenta de faire un sourire penaud, avant d'attraper Merlin par l'épaule et de l'asseoir sur une chaise. Merlin sembla lui être reconnaissant et bailla outrageusement, alors que Balinor répondait pour lui.

 

-Ça suffit les mères poules ? Kilg' l'a remis sur pied, mais là je pense que nous devrions aller nous coucher et nous reposer un maximum pour demain. Merlin pourra se reposer davantage vu qu'il doit toujours sembler prendre ses marques … Mais nous en profiterons pour établir le moyen de récupérer Morgane.

 

Le plus jeunes acquiescèrent alors qu'Hunith se contentait d'hausser un sourcil et de caresser doucement les cheveux de son fils avant de l'envoyer dans son lit. À peine sa tête eut touché son oreiller qu'il bascula dans le sommeil, faisant sourire sa mère. Balinor, qui avait sorti leurs paillasses, indiqua au jeune prince la porte, et fit un bref salut pour souhaiter une bonne nuit aux femmes. Guenièvre leur fit un sourire avant d'aller se changer derrière un semblant de paravent, puis céda la place à Hunith avant d'aller rejoindre sa couche, soupirant de bonheur au contact du matelas. Elle était contente d'avoir attendu leur retour, mais elle était lasse ce qui expliqua pourquoi le sommeil l'emporta sans peine. 

 

-0-0-0-

 

Ce fut des cris perçants qui sortirent la jeune sorcière de son repos. Le soleil n'était pas encore très haut dans le ciel, signe qu'elle ne devait pas être au lit depuis plus de quelques heures, néanmoins elle ne se sentait pas fatiguée, même si elle serait bien restée dans son lit. Elle se leva prestement et atteignit la porte, curieuse de comprendre ce qu'il se passait.

Elle tourna la poignée et tira, mais la porte resta coincée. Elle continua son manège encore quelques minutes avant de se rendre à l'évidence, elle était enfermée à clé ! Pourquoi ? Cela voulait-il dire que Morgause ne lui faisait pas non plus confiance ? Elle retourna sur le lit et se pelotonna sous une couverture, ne sachant plus ce qu'elle devait faire et ce qu'elle devait penser.

 

-0-0-0-

 

L'aube s'était levée comme d'habitude pour les serviteurs du château Cenistyr. Pour ceux qui vivaient ici, dans ce château près de la forêt d'Ascètyr, on ne voyait guère le maître et généralement cela suffisait à leur bonheur. Depuis l'arrivée de la Dame, leur besogne avait augmenté, et ils s'en étaient réjouis, heureux d'utiliser au mieux leur capacité. Elle savait parfaitement comment gérer la domesticité et au moins ne semblait pas s'intéresser à eux en dehors de leur ouvrage, contrairement à leur roi, dont les colères les effrayaient encore. 

 

À une journée qui aurait dû être comme les autres, se succéda une folle effervescence de serviteurs courant à droite et à gauche afin de vérifier la propreté des pièces, veiller à ce que les appartements du Roi soient prêts, lancer la préparation d'un banquet, et d'autres tâches plus disparates les unes que les autres. Ce tapage réveilla la prêtresse qui, folle de rage, sortit de ses appartements, un air calme posé sur son visage, mais dont le sourire méprisant indiquait déjà qu'ils allaient le sentir passer. 

 

Aussitôt la masse se stoppa, incapable de décider si elle devait poursuivre ou non son activité. À qui devait-elle obéir ? À elle ou au Roi ? … Ils pensaient que leur seigneur était effrayant par son attitude soupe au lait mais la rage froide qu'ils lisaient dans les yeux de la femme blonde, remettaient en doute leur conviction.

-Que faites-vous ? 

La voix de Morgause avait claqué, peu élevée mais glaciale et tranchante.

-Ma … Madame, hum, … c'est que …. 

L'homme qui avait entamé son explication se stoppa de lui-même en la regardant.

 

Les yeux de la sorcière se rétrécirent tandis que ses lèvres se pinçaient un peu plus. Finalement, une vieille femme finit par lui répondre :

 

-Nous ne voulions pas vous réveiller Madame, mais un courrier nous a annoncé l'arrivée du Roi pour ce soir … Il attend un grand banquet et que le château soit prêt à l'accueillir, déglutit-elle.

-Je vois… Bien continuez, faites en sorte de faire moins de bruit.

 

Les serviteurs qui avaient retenu leur respiration soupirèrent de soulagement, et retournèrent prestement à leur charge, lorsqu'ils entendirent des bruits de vaisselle cassée et des cris de colère s'élever des appartements de la blonde. Ils filèrent, conscient qu'elle n'avait pas apprécié la nouvelle. 

 

-0-0-0-

 

Lorsqu'Hunith se réveilla aux premières heures, elle bailla, se leva, s'habilla et réveilla la jeune fille qu'ils avaient installé près de la cheminée. 

 

-Guenièvre ?

-Mmh … ou …oui ?, murmura la jeune métisse, en baillant.

-Je sais qu'il est tôt, mais tu devrais aller te préparer, je vais réveiller les autres. Il faut réfléchir pour déterminer comment retrouver votre amie à Cenistyr, chuchota la mère de Merlin.

-Cenistyr ?

-Allez, habille-toi, je vais à la grange.

 

Elle vit Hunith franchir la porte et se redressa sur son lit. Merlin dormait toujours, étalé dans le lit, couché sur le ventre, un bras pendant hors du lit. Elle sourit … Il avait l'art et la manière de se rendre ridicule, même en dormant. Elle se leva et se prépara avant de lancer le feu pour préparer le petit déjeuner, puisant dans les réserves qu'ils avaient emmenées depuis Camelot. 

 

-Qu'est-ce tu fais ?, grésilla une voix endormie.

Merlin venait de se réveiller, et maintenant qu'il la regardait, perplexe, elle pouvait voir la marque des draps qui s'était imprimée sur sa peau, en particulier sur sa joue, lui faisant une jolie balafre. Elle lui sourit et s'agenouilla pour souffler sur les braises afin de vérifier qu'elles étaient bien chaudes.

 

- houf houf … Je prépare le porridge, tu devrais te lever, les autres vont arriver. 

-Mmh, ouais.

 

Elle le vit se redresser et se gratter l'arrière de la tête, comme s'il réfléchissait à ce qu'il devait faire, puis il remarqua le seau d'eau et alla le chercher, rejoignit le coin préparé et fit de rapides ablutions, tandis que de derrière le paravent, il entendait des gens entrer dans la maison et mettre la table.

 

-Merlin ?!, cria Hunith.

-J'arrive.

-Bien on mange ?

 

Aussitôt le groupe entama le repas alors que Merlin s'installait maladroitement à table.

 

-0-0-0-

 

Morgause se regarda dans le miroir accroché sur un des pans de mur de sa chambre. L'ouvrage orné de dorure entrelacée était magnifique, mais le reflet qu'il renvoyait l'était moins. Lasse, elle soupira, pourquoi diable cet idiot venait-il ici ? Leur plan ne pourrait pas être lancé avant au moins un an. Son charme avait su convaincre ses ambitions insensées, mais sa présence l'horripilait. Cet individu n'avait aucune manière et était un vrai couard, mais il avait l'argent et les hommes nécessaires à son plan. Elle s'en débarrasserait par la suite.

 

Elle s'habilla rapidement et s'inspecta une dernière fois, avant de lancer un charme discret qui effaça les traces de fatigue de son visage. Elle sourit, satisfaite, et s'empressa de rejoindre sa sœur, en espérant que celle-ci n'ait pas été réveillée. 

 

Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle fut surprise par la noirceur de la pièce. Morgane avait tiré les rideaux et s'était cachée dans un coin armée d'un chandelier. D'où elle était, la prêtresse ne pouvait la voir et referma la porte avant d'appeler la jeune brune.

 

-Morgane ? 

 

Seul le silence lui répondit, mais elle sentait avec sa magie que la jeune fille était là.

 

-Forbeanen !

 

Une boule de feu apparut dans sa main et elle alluma le chandelier qui se tenait sur la table. Elle aperçut un morceau de voile blanc de la robe de nuit de sa jeune sœur se fondre contre le velours drapant le mur. Elle reposa le chandelier et s'assit dans un fauteuil avant de reprendre.

-Je ne sais pas pourquoi tu te caches là, mais si tu as des questions, je suis prête à les entendre.

 

Une ombre se glissa hors du pan de velours et la jeune fille parut, les pieds nus et sa robe se découpant sur le pourpre.  Sa pâleur naturelle semblait encore plus prononcée, tandis que ses cheveux ondulés tombaient sur ses épaules, caressant la robe et ses épaules et allongeant encore plus sa silhouette fantomatique.

 

-Pourquoi m'avez-vous enfermée ?

Le ton était froid et elle était repassée au vouvoiement.

-Oh, cela … C'est un oubli ou une habitude de lorsque vous étiez souffrante. J'ai juste voulu éviter que vous ne soyez dérangée par les domestiques et puis vous ne connaissez pas la demeure, vous auriez pu vous perdre et dans l'état où vous étiez, cela aurait été très problématique, fit la blonde en reprenant le ton de sa sœur.

-Ooh… 

-Suis-je pardonnée ?, reprit la femme sur un ton plus doux.

-Je … euh, je suis désolée, mais je ne sais à qui faire confiance, bredouilla la jeune fille.

-Je peux comprendre au vu des derniers évènements. Mais je suis ta sœur, et contrairement à ces idiots qui ne te comprenaient pas, je t'ai sauvé la vie, pourquoi irais-je contre ta volonté ?

Le ton de Morgause s'était fait plus calme et était redevenu ce que Morgane avait eu l'habitude d'entendre ces derniers jours.

-Je… je m'excuse, j'ai eu peur, il y a eu des cris … et … euh..

-Oh …C'est de ma faute, ces idiots se sont mis à tout ranger, Cenred nous fait l'honneur de nous rendre visite et l'ignorant … Je n'ai pas apprécié de me faire réveiller à cette heure si matinale.

-Oh, je vois. Cenred … est-il une personne intéressante ?

-Pas vraiment, c'est un idiot fini, mais ses ambitions nous serviront.

-Nous servir ?

-Sache que tant qu'Uther sera roi, la magie et ceux qui la possèdent seront en danger. Il est nécessaire pour notre survie de l'empêcher de nous nuire. Et on ne peut pas s'attendre non plus à ce qu'Arthur agisse autrement.

 

La brune se renfrogna tandis qu'elle prenait conscience de l'importance de ce que lui disait Morgause.

 

-Je vais te laisser t'habiller et je vais m'assurer que tout se prépare correctement pour l'arrivée de notre allié, tu peux entreprendre la visite du domaine si tu veux, après tout tu es pleinement rétablie, et si tu te perds, il te suffira de demander, n'est-ce pas ?

 

Morgane hocha la tête et laissa sa sœur partir vaquer à ses occupations. Ses doutes étaient revenus et une promenade serait fort utile à ses réflexions. Si seulement elle avait pu en parler à quelqu'un de neutre … ou quelqu'un qui puisse répondre à ses questions… pfff. Elle se leva et avisa sa table de toilette. Plus vite elle serait prête, plus vite elle pourrait sortir.

 

-0-0-0-

 

Le plan de bataille avait été rapide à mettre en place. Hunith avait demandé de l'aide à quelques veuves du village qui travaillaient à Cenistyr régulièrement pendant l'hiver et avait obtenu un plan détaillé de la propriété. Vers midi, des valets étaient venus réclamer des vivres supplémentaires, renseignant le groupe sur l'arrivée de Cenred. Il fallait donc en profiter pour intervenir au plus vite. Ils pouvaient utiliser l'excuse d'aider les valets à emmener les provisions pour s'y rendre sans éveiller les soupçons.

 

Étant donné le risque qu'Arthur ou Merlin soient reconnus sur ces terres, il était nécessaire pour eux de se cacher. Guenièvre pourrait facilement se glisser parmi les serviteurs, ainsi qu'Hunith. Connaissant de réputation la cuisinière en chef, la femme savait que leur aide serait chaleureusement acceptée. La charrette avait été soigneusement chargée. Les denrées dans de la vaisselle et des baquets au centre, et les garçons purent se glisser sur les côtés, cachés dans des draps qui semblaient maintenir les contenants à l'abri des chocs de la route.  

 

Guenièvre avait mis des vêtements d'Hunith de moins bonne qualité et s'était soigneusement enveloppé les cheveux sous des bandes de tissus de couleurs ternes. L'idéal pour se fondre dans la masse. Assise sur l'arrière, elle se tenait entre les provisions et les deux tas informes que formaient les garçons recroquevillés sur les côtés. Balinor tenait fermement les rennes du cheval, le guidant dans sa marche, tandis qu'Hunith lui indiquait les directions à prendre. 

 

Sur place, ils amenèrent la charrette dans la cour intérieure et commencèrent à décharger en se mêlant à la foule où le groupe apprit fortuitement qu'une jeune fille qui avait été malade et confinée depuis qu'elle était arrivée était enfin sortie de sa chambre. Manifestement, sa beauté donnait lieu à des commérages sans fin et il n'avait pas été difficile d'apprendre qu'elle se promenait actuellement dans le parc. 

 

Les garçons furent prévenus par Gwen qui leur indiqua quand sortir sans risquer de se faire voir. Elle leur sourit et repartit en courant vers les cuisines où Hunith l'attendait.

 

Arthur et Merlin se mirent à la recherche de la jeune pupille d'Uther dans les jardins, alors qu'Hunith et Gwen fournissaient leur aide aux cuisines et recueillaient des informations de manière discrète sur l'endroit où la chambre de la jeune fille pourrait se trouver. Balinor, ne risquant pas de se faire reconnaître, pourrait les utiliser fort à propos pour rechercher Morgane dans le château, si les deux jeunes hommes ne la trouvaient pas. 

 

-0-0-0-

 

Le soleil, à présent bien haut dans le ciel, illuminait de ses rayons les feuilles vertes qui bruissaient dans le vent, faisant flotter un parfum de fraîcheur et de lumière tantôt tamisée, tantôt aveuglante. Elle sourit en relevant la tête, admirant la manière dont la lumière éclaircissait les feuilles vertes, faisant ressortir leur couleur vert pomme et créant une couverture lumineuse autour de sa tête. Elle avait toujours apprécié se promener dans la nature, bien sûr elle aurait aimé avoir son cheval, elle montait mieux que la plupart des gens. Cela lui vidait l'esprit et la rassérénait. 

 

Elle s'assit au pied d'un arbre et s'appuya contre son tronc, la nature la calmait en effet, mais elle ne pouvait lui répondre. Elle aperçut une feuille tomber gracieusement, arrachée par le vent et sourit. Elle tendit la main pour l'attraper, mais déjà emportée par le vent, la feuille s'éloignait. Elle chuchota le sort que Morgause lui avait appris pour attirer les objets à soi et alors que ses yeux se dorèrent, elle sourit encore plus en se rendant compte que la feuille venait à elle.

 

Elle laissa échapper un rire heureux et admira la feuille, fière de son succès. Sa concentration avait été telle qu'elle n'avait pas remarqué l'arrivée des deux jeunes hommes. Ce ne fut que lorsqu'elle entendit la voix d'Arthur qu'elle se retourna surprise.

 

-Bien joué !

-Arthur !, fit Morgane en se relevant hâtivement.

Venait-il de la complimenter d'avoir réussi un tour de magie ? Comment l'avait-il trouvé ? Est-ce que Morgause savait qu'il était là ? Bon sang si Cenred le trouvait là ? La ronde des questions se pressa dans sa tête comme une ritournelle qui ne pouvait s'achever et elle resta coite devant lui, incapable de réagir.

 

-Je suis heureux de te voir. 

 

Il la prit dans ses bras, heureux de revoir celle qu'il considérait comme sa sœur et caressa doucement ses cheveux.

 

-Nous avons été tellement inquiet pour vous , s'enquit-il. 

-Nous ? fit-elle, incertaine.

-Oui, ma Dame, le prince Arthur, Guenièvre et moi-même, répondit Merlin qui s'était approché doucement.

-TOI !

 

Merlin avait le visage douloureusement fermé et serra un peu plus les lèvres, incertain de ce qu'il devait dire ou faire pour exprimer pleinement ses excuses. Morgane le regardait comme s'il était un monstre et sans s'en rendre compte avait attrapé le bras du prince, s'y agrippant de manière désespérée, perdue dans le conflit qui l'habitait.

 

 

À suivre



abeilledic  (05.04.2012 à 06:58)

Chapitre 8 : La séparation …

 

Lorsque les rayons du soleil traversèrent les petites vitres, Balinor se releva et sortit sans oublier de glisser un mot à l'oreille de la jeune endormie qui se contenta de grogner et de balayer l'air de sa petite main. Il sourit et se rendit en direction de la demeure de Balthazar. Autant régler au plus vite les détails, ils n'allaient plus tarder maintenant.

 

Hunith ne daigna se lever que quelques heures plus tard lorsqu'elle se sentit prise de nausées épouvantables. Elle parvint avec peine juste à temps à vomir dans le seau qu'elle avait rangé dans un coin de la pièce. Elle ne se sentit mieux qu'après un quart d'heure, en ayant l'impression d'avoir remis tout ce qu'elle avait mangé de la semaine. Elle soupira et s'étonna que Balinor ne soit pas encore revenu de sa balade.

 

Elle finit par se décider et se leva, avant de se sentir prise de vertige et de se rasseoir, perplexe. Elle ne devait vraiment pas être bien pour se sentir aussi affaiblie. Elle devrait peut-être aller voir Marthe ? C'était la plus avisée du village en ce qui concernait les maladies. Peut-être était-ce le stress, et la peur. Toute cette situation l'angoissait. La jeune femme n'était pas idiote, il lui avait dit qu'il resterait à ses cotés, mais c'était impossible … Il ne resterait pas, elle le savait.

 

Elle ferma les yeux et se leva doucement, en faisant attention. Sa tête ne tournait plus, mais elle se sentait toujours flageolante … Aussi prit-elle son courage à deux mains et se dirigea-t-elle péniblement vers la demeure de son amie, prenant la peine de dire bonjour à tous ceux qui la rencontraient. Nul besoin de leur faire peur en leur montrant sa faiblesse actuelle.

 

-0-0-0-

 

Balthazar était en train de s'occuper de ses chevaux lorsque Balinor arriva. Il lui fit bon accueil et s'inquiéta de sa mine. Il semblait ne pas avoir dormi et être particulièrement sur le qui-vive.

 

-Ça va ? Tu ne sembles pas être en pleine forme ? Un problème ?

-Oui, répondit Balinor, attirant complètement l'attention de l'homme qui lui faisait face.

-Que se passe-t-il ?, questionna l'homme en invitant le plus jeune à s'asseoir.

-J'ai fait une erreur, une grave erreur, commença le dragonnier.

-Que veux-tu dire ?

-Je pensais qu'Uther me laisserait tranquille, mais le chasseur de sorcier arrive, je … dois partir.

-Et Hunith ?

-C'est mon erreur, je ne peux prendre le risque de l'emmener, d'abord parce qu'elle ne mérite pas une telle vie, ensuite si nous étions capturés… Je ne peux concevoir prendre un tel risque.

-Nous pouvons te cacher.

-Si Areydian trouve la moindre trace dans le village, il vous fera mettre à la torture, cet homme est fou, il vaut mieux que vous puissiez lui dire que je suis venu et reparti, je laisserai des traces de mon passage hors du village, et les ferai progressivement disparaître. … En m'enfonçant sur les terres de Cenred, je pourrais trouver une cachette plus appropriée et avoir une chance de m'en sortir.

-Ça me semble une bonne idée, mais comment sauras-tu quand revenir ?

-… je ne saurais revenir, ce serait un trop grand risque pour …

-Mais…, entama Balthazar

-Je… je ne prends pas cette décision d'un cœur léger, mais aucun danger ne la menacera ainsi, seulement dans le cas où il viendrait, il faudra veiller à ce qu'il ne la croise pas … Elle serait incapable de… 

Sa voix se brisa, étouffée par les sanglots qui lui venaient. 

 

Il tentait du mieux qu’il pouvait de garder la tête froide et impassible, mais l'émotion qui l’avait tourmenté toute la nuit commençait à gagner sur sa volonté. Balthazar posa sa main sur son épaule et la serra, en signe d'amitié et de réconfort. Balinor se calma, reprenant sa respiration saccadée et sa réponse.

 

-En la laissant, je lui laisse … l'opportunité d'être heureuse … un jour.

-Elle t'attendra toujours, et tu le sais, fit l'homme en le secouant légèrement.

-Pas si … si je fais … en sorte qu'elle me déteste.

-Que vas-tu faire ?, s'inquiéta le chef du village.

-Ce qu'il faut pour qu'elle ne veuille plus jamais me voir, lâcha-t-il.

 

Balthazar ne répondit pas et seul le silence retentit dans la pièce, alors que les chevaux regardaient ces hommes dont le comportement les étonnait.

 

-0-0-0-

 

La lumière du soleil entra par les vitraux composant la fenêtre des appartements, faisant courir des tâches de couleur sur les murs et le sol. L'enfant avait dormi toute la nuit sans se réveiller, et bien que Gorlois avait fini par rejoindre ses appartements, Viviane était restée pour surveiller son sommeil. Elle se tenait toujours debout, à coté du berceau, penchée en train de l'admirer lorsque Berthe entra dans la pièce.

 

-Ma Dame ?

-Oh, vous ne devriez pas vous reposer ?

-Si fait, mais il fait jour, vous n'avez pas dormi du tout ? Je vais m'en occuper, j'ai l'habitude, vous devriez prendre soin de vous, osa dire la femme bien enveloppée.

-C'est gentil à vous, c'est que je ne me lasse pas de le regarder, sourit-elle.

-Vous n'avez pas d'enfant, n'est-ce pas ?, laissa échapper la nourrice.

-Non … non … pas que j’aie vue grandir…soupira-telle.

-Que voulez-vous dire ? s'étonna Berthe.

-Une fausse couche, se reprit à temps Viviane.

-Je suis navrée ma Dame.

-Je vais aller me coucher, vous avez raison.

 

Elle se retira silencieusement dans un froufrou de soieries qui caressaient le sol.

 

-0-0-0-

 

La demeure de Marthe, l'épouse du chef, était spacieuse et propre, un délicieux fumet s'en dégageait, venant des tourtes que la femme préparait pour le repas de son époux ; mais à peine Hunith entrait-elle dans la pièce, qu'elle sortit pour se remettre juste près du banc.

 

-Hunith ?, s'inquiéta la femme, qu'est-ce qu'il y a ?

-Je ne sais pas Marthe, l'odeur m'a rendue malade, mais ça m'est déjà arrivé plus tôt ce matin, ainsi que des vertiges, je venais te voir pour cela, je dois couvrir quelque chose.

 

Le visage de la femme se marqua de diverses émotions, d'étonnement d'abord, puis de compréhension et de joie. Elle aida la jeune fille à s'asseoir. 

 

-Attend-moi deux minutes, je vais fermer les fenêtres, pour empêcher l'odeur de pénétrer dans la maison, puis tu viendras te faire examiner.

-Oh merci, je suis désolée.

-Ce n'est rien, mon petit, voyons.

 

Hunith la regarda entrer et elle soupira. Autant se relever et rejoindre la porte dès à présent, vu le temps que ça risquerait de lui prendre.

 

-Hunith ! J'ai dit que j'allais revenir, s'écria la femme.

-Je ne veux pas te déranger trop longtemps…

-Oh là là, arrête de dire des bêtises, viens.

 

Elle aida la jeune fille à s'étendre sur la couche, tandis qu'elle entreprenait de l'ausculter. Elle lui posa plusieurs questions qui confirmèrent son idée. Elle finit par s'asseoir et caressa doucement ses cheveux avant de lui sourire.

 

-Tu sais ce que c'est, n’est-ce pas ?,fit Hunith, inquiète.

-Oui, une maladie que bien des femmes connaissent, tu es enceinte Hunith, sourit-elle un peu plus.

-Quoi ? 

La stupéfaction d'Hunith était sincère, elle pouvait le voir.

-Tu es une femme à présent, ça ne devrait pas te surprendre … D'ici neuf mois, tu devrais accoucher d'un beau petit bébé. N'es-tu pas heureuse ?, demanda-t-elle, son sourire s'élargissant un peu plus.

-Je … euh, oui… tu es sure ?, fit la paysanne, d'abord incertaine puis se mettant à sourire avant de se questionner à nouveau.

-Oui, mon petit, j'ai l'habitude, tu le sais, répondit Marthe

-Mais les nausées ? Est-ce dangereux ?, fit la jeune fille en tentant de se redresser, alarmée.

-Ne t'inquiète donc pas, rien n'est anormal, les nausées disparaitront d'ici quelques semaines, et je te donnerais de quoi les apaiser, tu devras être plus vigilante et te fatiguer moins, c'est tout.

-Oh, soupira-t-elle, rassurée.

-Tu vas pouvoir l'annoncer à Balinor, il est justement dans la grange, il est venu voir Balthazar ce matin, ils y sont encore … Les hommes ! s'exclama la femme du chef.

-Ba… ? Non ! s'écria Hunith, se rendant compte qu'elle ne pouvait pas lui dire dans la situation actuelle. Il resterait, et … il serait … 

-Mais mon petit, c'est le sien, tu dois lui dire … 

-Je … non, il se sentirait obligé …, commença-t-elle au bord des larmes.

-Voyons, mon petit, fit sa protectrice en la prenant dans son giron, je suis persuadée qu'il ne restera pas avec toi, juste par obligation, il t'aime ça se voit dans ses yeux. 

-Je ne … je ne peux pas en être sûre, il va bientôt partir, je le sais, le sens, et je ne dois pas intervenir.

-Hunith ?!

-Ne lui dis rien ! À personne, pas tant que je … ne serais pas sûre, promets !

-Si tu veux, mais tu t'en fais pour rien, je te le dis.

Elle chassa les larmes d'Hunith, et lui sourit. 

 

-Allez, viens : tu peux m'aider à écosser les petits pois, ça ne te rendra pas malade, ça.

-Oui, merci, renifla-t-elle en souriant.

 

 

-0-0-0-

 

Gorlois venait de se lever lorsque sa femme entra dans la pièce, une expression douloureuse sur le visage.

 

-Viviane, ma chère amie, que se passe-t-il ? s'inquiéta-t-il.

-Rien, je ne pensais juste pas à quel point cette petite fille pourrait me manquer, fit-elle en retenant ses larmes.

-Peut-être pourrait-on s'arranger pour que vous …, entama-t-il.

-NON ! Nous ne pouvons pas troubler sa vie impunément, ce sera juste un éternel regret.

-Aviez-vous une idée de qui pourrait être le… le père ?

-Gorlois ?

-Je ne veux que votre bonheur, dès que ce sera possible, il faudra tenter l'expérience. Disons dès que je pars en campagne, aussitôt que je recevrais une missive de votre part m'indiquant votre grossesse, je viendrais vous chercher à Camelot et je vous ramènerais en notre demeure.

-Pourquoi tant de hâte ?

-Je ne tiens pas à vous voir souffrir de mon incom…

-Chuuut, mon ami … Cela n'est en rien votre faute, serrez-moi dans vos bras, et oublions ceci, ce n'est pas le moment d'y penser. 

 

Il la prit fermement contre lui et ,fermant les yeux, pria pour que cette tentative n'échoue pas.

 

 

-0-0-0-

 

La grange avait été nettoyée de fond en comble, plus un épi de foin ne dépassait des box, le matériel avait été méticuleusement nettoyé et rangé. Balthazar se dirigea vers le seau et se nettoya rapidement le visage et ses mains couverts de crasse. Il attrapa une serviette avant de montrer l'eau à Balinor qui l'imita avant de recevoir la serviette en pleine figure.

 

-Très drôle.

-Viens, je vais prévenir Marthe que nous allons chercher Hunith. Si tu tiens à faire ce que tu projettes, je préfère qu'elle soit chez moi.

-C'est une bonne idée.

 

Ils se dirigèrent sans hâte jusque la porte de la demeure, mais Balinor n'eut pas à attendre longtemps.

 

-Entre, Hunith est déjà ici.

 

Balinor glissa la tête par l'ouverture et sourit. Hunith et Marthe babillaient en préparant à manger. Il rejoignit la jeune fille qui, après avoir mis la table, s'était installée en attendant les deux hommes. Marthe apporta le plat à table. Fort heureusement, elle avait donné une potion apaisante à Hunith et celle-ci avait de nouveau retrouvé toute sa vigueur et ne se sentait plus perturbée par les odeurs. Ils mangèrent joyeusement, bien que l'ambiance semblait lourde de non-dits. 

 

-Après ce repas excellent, merci ma chère, je vais aller faire une sieste à la grange, je suis repu, prêt à éclater, s'exclama Balthazar en se caressant l'estomac de manière à indiquer qu'il était plein.

-Balthazar !

-Mais il n'y a pas de honte à reconnaître tes talents de cuisinière voyons, Marthe. Sur ce, bon après-midi les enfants. 

-Il n'en rate pas une…, fit sa femme en secouant la tête.

-Il ne manque pas d'humour…, lâcha Balinor, ne sachant comment faire pour que Marthe les laisse seuls.

-Bien, oh non, j'ai oublié, je suis attendue chez Marie, elle a besoin d'aide avec son nouveau-né, excusez-moi. Hunith, pourrais-tu me rendre service et faire la vaisselle avant de rentrer ?

-Bien sûr, répondit-elle alors que Balinor complétait en proposant son aide.

-Vous êtes des amours, je reviens d'ici une heure, merci beaucoup.

 

Et elle sortit en attrapant son étole, faisant entrer un courant d'air dans la pièce.

 

-Elle ne manque pas de vitalité, commenta le dragonnier.

-En effet, répondit la jeune fille, avant de se tourner vers lui et de lui demander ce dont il avait parlé avec Balthazar.

-Oh, eh bien, je … j'ai pris la décision de partir.

-Mais hier … 

-Hier, je voulais te rassurer, mais il serait idiot que je reste, il vaut mieux pour moi que je parte.

-Pour …pour  pour …toi ?

-Il est évident que ceci ne peut continuer et à présent il me faut penser à un avenir plus sérieux.

 

Le visage d'Hunith se décomposa, tandis que les mots lui transperçaient le cœur, il ne pouvait pas dire ça … il l'aimait, elle en était sûre … Pourquoi faisait-il comme s'il n’avait fait que s'amuser ? 

 

-Je vais rentrer chercher mes affaires, j'ai demandé à Balthazar de veiller à ce qu'il n'y ait pas de problème au cas où le chasseur viendrait jusqu'ici. D'ici une heure, je serais parti et je ne t'ennuierai plus. 

-Tu … tu…

-Hunith, j'ai été … satisfait de notre rencontre. Adieu.

 

Elle le regarda partir, incapable de bouger et de dire quoi que ce soit. Soudain, elle éclata en sanglot et se sentit tomber sur ses genoux, ses jambes ne la portant plus. Dans son mouvement, elle fit tomber une chaise, et le bruit fit rentrer Balthazar. Il avait vu depuis la grange le petit partir, et s'était rapproché au cas où on aurait besoin de lui. Il avait bien fait. Il alla jusqu’à Hunith et la cala doucement contre son épaule où elle pleura tout son soul et finit par s'endormir. C'est ainsi que Marthe les trouva en rentrant ; elle ne put qu'interroger silencieusement son époux du regard, mais celui -ci se contenta de faire non de la tête.

 

 

-0-0-0-

 

Le bruit d'un cheval au galop retentit près du camp de repos de la patrouille, mettant en alerte tous les soldats et faisant sortir le chasseur. La tension disparut lorsque les armoiries de Camelot apparurent à leur vue. L'éclaireur mit pied à terre et sortit un message qu'il tendit à Areydian. Celui-ci le lut lentement, son visage s'assombrissant à chaque phrase, il écrasa finalement la feuille dans un geste de colère. 

 

-BIEN ! Puisque votre roi a besoin de vous, inutile de rester plus longtemps ! Rentrons à Camelot.

 

Les soldats retinrent un sourire intérieur et allèrent faire leur paquetage, en entendant leur chef provisoire éructer de sombres prédictions pour leur cité.

 

À suivre



abeilledic  (12.04.2012 à 10:07)

interlude 8 : Explications

 

-Morgane, calmez-vous, fit Arthur, en resserrant sa prise sur elle et s'agenouillant, sentant qu'elle tombait.

-NON! VOUS NE COMPRENEZ PAS ARTHUR ! IL M'A EMPOISONNÉ! SANS … SANS MORGAUSE, JE SERAIS MORTE!, hurla-t-elle, folle de rage.

-JE SAIS ! Il me l'a dit, je suis désolé, Morgane, il a été obligée de le faire, acheva le prince dans un murmure.

-OBLIGÉ ?

 

Merlin assistait à la scène impuissant, ne sachant pas trop quoi dire, ou quoi faire. À chaque mouvement vers la jeune fille, elle reculait contre Arthur qui l'empêchait de se blesser, tellement elle était affolée.

 

-COMMENT POURRAIT-IL AVOIR ÉTÉ OBLIGÉ ? QU'EST-CE QUE ÇA LUI A APPORTÉ ?, continua-t-elle.

-JE NE VOULAIS PAS, VRAIMENT, JE … CAM … CAMELOT ÉTAIT EN DANGER! … JE DEVAIS METTRE FIN AU SORT !, répondit le sorcier, à bout de nerfs. 

Les hurlements de Morgane et la voir dans cet état le rendaient dingue.

 

Étrangement, cela la calma net, bien plus que les murmures et paroles d'apaisement que scandait Arthur. Ses yeux s'étaient élargis, comme s'il l'avait giflée. La jeune fille sembla bloquée pendant quelques secondes avant de bredouiller :

 

-Mettre fin au sort ? Quel sort ?

-Le sort que Morgause vous avait implanté pour maintenir la ville endormie, le temps pour elle d'attaquer le château avec les chevaliers de Médhyr, expliqua le blond qui la maintenait contre lui.

-Il n'y avait pas de sort, c'est n'importe quoi …, commença-t-elle à nier, en secouant furieusement la tête et en essayant de se défaire de la poigne du prince.

-Morgane, calmez-vous, calmez-vous.

 

Arthur la serrait un peu plus contre lui, sentant qu'elle paniquait. Merlin lui fit un signe de la tête pour lui indiquer le sentier derrière lui qui rejoignait le chemin principal. Le blond hocha la tête, comprenant son plan et continua de bercer la jeune fille, tandis que son serviteur s'éloignait pour récupérer les autres. 

 

-Chut, chut, tout va bien, vous êtes en sécurité maintenant, chuchota-t-il.

 

La jeune fille finit par éclater en sanglots contre son épaule, alors qu'il la soulevait et l'emmenait vers le fond du parc pour rejoindre la route principale.

 

-0-0-0-

 

Morgause regardait le va-et-vient des serviteurs qui se pressaient dans la grande salle, achevant de la décorer et de préparer les tables du banquet. Cenred venait toujours entouré de ses guerriers les plus aguerris. La jeune femme soupira, c'était un allié indispensable, mais quel lâche. Tout dans les apparences, oh il n'éprouvait aucun de ses sentiments stupides tels que l'amour, ou la compassion… Mais il manquait totalement de ces qualités nécessaires à un bon guerrier : le courage et l'honneur. Quoiqu'à y bien réfléchir l'honneur ne lui était pas utile pour prendre Camelot de force

 

Elle traversa la pièce pour vérifier des décors mis en place et hocha la tête. Ces serviteurs connaissaient leur travail en tout cas. Elle approuva chaque choix qui avait été fait pour la décoration et l'établissement du menu. Nul besoin de descendre aux cuisines vérifier la qualité des produits et de leur préparation, elle avait largement pu profiter des talents de la cuisinière en chef pour savoir qu'elle ferait tout à la perfection. 

 

En ajustant quelques fleurs dans un vase, elle remarqua son reflet dans le miroir et se scruta. Elle était belle, la femme en avait conscience. Malheureusement elle sentait que sa jeunesse commençait à flétrir. Elle avait beau se dire que c'était un processus naturel, elle avait la sensation qu'une partie d'elle-même disparaissait. Comme si après avoir perdu celles qui l'avaient élevée, elle perdait également son enfance et sa jeunesse. S'égarant dans ses pensées, son visage se détendit et un sourire rêveur et chaleureux s'esquissa sur ses lèvres tandis qu'elle revoyait cette période si heureuse de sa vie. Tout n'était alors qu'apprentissage et jeux. Les prêtresses lui racontaient des histoires, la complexité de la magie, et lui montraient la richesse de ce que cachait la nature à ceux qui fermaient leur esprit. La seule chose qui lui avait manqué c'était des compagnons de son âge avec qui partager ces nouveautés…

 

Les rares servantes qui peaufinaient les détails du dressage de la table la regardèrent, surprises de voir ses traits s'adoucir et son visage s'illuminer. Elles se jetèrent un coup d'œil complice et sourirent. Quelle joie de voir autant de beauté dans ces lieux si abandonnés ordinairement ! Dommage que cette maitresse ne montre pas ce visage plus souvent. Lentement et sur la pointe des pieds, les femmes sortirent pour laisser la blonde continuer de fixer le miroir qu'elle ne voyait manifestement plus.

 

 

-0-0-0-

 

La cuisine était étouffante de chaleur et des volutes de fumées s'échappaient de ses fenêtres en répandant de délicieuses odeurs allant du fumet des rôtisseries jusqu'au parfum subtil des rares épices qu'on avait pu se procurer. En portant un plat dont la présentation venait d'être achevée jusqu'au buffet où il serait entreposé, Guenièvre aperçut la tête malicieuse de Merlin près de la porte donnant sur la cour intérieure. Il lui fit signe de le rejoindre ; interpellant discrètement Hunith, elle se dirigea sereinement vers la cour en prenant un seau pour ne pas se faire remarquer. 

 

Hunith la vit franchir la porte et alla chercher Balinor, toujours caché. Ils prirent un bac rempli de vaisselle propre qui avait permis de transporter les vivres depuis le village et saluant la responsable, Hunith sourit et s'excusa, prétextant du travail à sa demeure. L'imposante cuisinière lui sourit et la remercia de son aide, et les laissa partir.

 

Aussitôt dans la cour, ils déposèrent le baquet dans la charrette où Merlin et Guenièvre s'étaient déjà réfugiés, l'un caché par des draps, l'autre assise au milieu du véhicule. Grimpant prestement, Balinor attrapa les rennes et mit en marche le véhicule.

 

-Vous l'avez trouvée ?, chuchota-t-il en faisant sembler de parler à Hunith, ne voulant pas attirer le regard des rares serviteurs occupés à plumer les dernières volailles dans la cour.

 

Merlin passa sa tête hors des draps, et répondit brièvement :

 

-Oui, elle était bien en train de se promener, Arthur nous attend sur la route principale. 

-Bien, comment était-elle ?, répliqua la femme enrubannée, un air soucieux sur son visage alors qu'ils quittaient enfin le chemin secondaire et atteignaient le chemin principal, une centaine de mètres avant les portes du château.

-Effrayée ?, chuchota-t-il avant de remettre le draps sur sa tête.

-Pauvre fille, soupira la mère.

 

Balinor fit claquer les rennes et força le cheval à suivre le chemin qui les ramènerait vers Ealdor. Il le mit au pas, pour être sûr qu'Arthur ait le temps de les repérer.

 

Sous la couverture, Gwen attrapa la main de Merlin et la serra en souriant.

 

-Elle a peur maintenant, mais elle ira mieux, ne t'inquiète pas, je suis sûre qu'elle te pardonnera.

 

Il esquissa une grimace qui se voulait être un sourire approbateur, mais ne répondit pas … Il n'espérait pas être pardonné, juste conserver sa vie ? 

 

-0-0-0-

 

Arthur attendait depuis une petite demi-heure caché derrière des fourrés lorsqu'il vit enfin la charrette arriver sur la ligne d'horizon que laissait apparaître le dégagement de la route. Morgane avait fini par s'endormir contre lui, après avoir pleuré tout son soul, et s'être débattue un moment.

 

Il comprenait qu'elle ait peur, il l'avait vu utiliser ses pouvoirs et Merlin … l'avait empoisonné. Mouais, comment allait-il pouvoir lui expliquer ? Elle ne connaissait pas Balinor, elle n'avait aucune raison de le croire. Il espérait vraiment que Gwen pourrait les aider sur ce coup-là. Il n'avait pas pensé à la façon dont elle réagirait à leur secours. Il avait cru qu'elle serait heureuse de les revoir, mais en considérant tous les faits, c'est vrai que sa situation était plutôt délicate.

 

Il sortit prudemment des bois, en la portant, calée contre sa poitrine. Balinor stoppa la carriole tandis que Merlin sortait prestement de sa cachette et que Gwen aidait Arthur à installer la jeune endormie confortablement. Le petit groupe se remit alors en route et le retour se fit dans le plus profond silence.

 

-0-0-0-

 

Il faisait sombre dans la pièce lorsque Morgane se réveilla, mais contrairement à ces derniers jours, le lit était plus dur. Elle se redressa en s'interrogeant et remarqua alors qu'elle se trouvait dans une maison en bois dont les volets fermés laissaient filtrer de la lumière par les interstices. Elle se retourna brusquement lorsqu'elle entendit un grincement  dans le côté opposé à l'âtre. Guenièvre la regardait en souriant, dans un fauteuil à bascule.

 

-Ma Dame, je suis tellement heureuse de vous revoir, en pleine santé.

La jeune métisse s'était relevée, et l'avait rejointe ; prenant sa main en s'asseyant sur le bord du lit, elle la porta contre sa joue.

 

-Guenièvre ? Où … où sommes-nous ?, fit-elle en hésitant, complètement perdue.

-À Ealdor, chez Hunith. 

-Hunith ? La mère de Merlin ?, s'écria-t-elle en écarquillant les yeux. Il … il est dangereux, bégaya-t-elle.

-Je sais, je sais … il… il nous a raconté, avoua-t-elle.

-Et vous …

Sa voix se brisa, ses sourcils se fronçant de manière incontrôlée, tellement la situation la dépassait.

-Dame Morgane, écoutez-moi, s'il vous plait. Vous savez que vous pouvez me faire confiance, n’est-ce pas ?

-Je … je ne sais plus …

 

Elle plongea la tête dans ses mains, sentant les larmes revenir, mais déjà Guenièvre l'étreignait.

 

-Vous avez toujours été là pour moi, quand j'ai été accusée de sorcellerie, quand mon père a été emprisonné pour la même raison, et aussi quand il est mort. Vous m'avez envoyé le meilleur chevalier de Camelot me secourir lorsque j'ai été capturée, jamais je ne pourrais vous trahir ou vous abandonner. Jamais.

-Oh Gwen … mais tu ne… tu ne… , commença la brune incapable de poursuivre.

-Je ne sais pas ? Si je sais … Je sais que vous avez des pouvoirs magiques et que vos rêves étaient des prédictions. Gaius m'a expliqué, acheva-t-elle.

-Ga… Gaius ?, hoqueta-t-elle.

 

La métisse lui sourit et hocha vivement la tête avant de reprendre, en prenant la peine toutefois d'éponger délicatement ses larmes.

 

-Vous avez dû avoir tellement peur que le roi le découvre, je sais que vous n'avez jamais rien fait pour les acquérir et que vous êtes quelqu'un de bien. La magie ne corrompt pas les gens, du moins c'est ce qu'en dit Balinor.

-Balinor ?, interrogea la pâle jeune femme.

-C'est le père de Merlin, il est dragonnier. Uther les avait fait tous tué mais il avait réussi à s'enfuir ici … à Ealdor, expliqua Gwen.

-Un dragonnier ? Qu'est-ce… que.. ?

-Oh, les chevaliers-dragons peuvent obtenir l'obéissance des dragons … Il a aidé à sauver Camelot de Kilgharrah, vous savez le dragon qui était enfermé sous le château.

-Il y avait vraiment un dragon sous le château ? J'ai toujours cru que c'était un conte, lâcha Morgane stupéfaite.

-Oh non, il s'est libéré juste après … votre départ et il nous a attaqué.

-Je … whouah… c'est.., entama la sorcière.

-C'était terrifiant. Mais heureusement Balinor a pu rectifier la situation, c'est le dragon qui nous a permis de vous retrouver, d'ailleurs, expliqua la servante.

-Le dragon ?, interrogea l'autre jeune fille.

-Oui, les créatures magiques sont reliées entre elles, je n’ai pas tout compris, il pourra sans doute vous expliquer tout ça mieux que moi. Vous savez Merlin ne voulait pas vous tuer, finit-elle par une grimace, sentant que cette partie allait lui poser plus de problèmes.

-Mais il m'a empoisonné, rétorqua vivement son interlocutrice.

-En effet, pour rompre le sort qui tenait tout le monde endormi. 

-Quoi ?

-La sorcière, euh … Morgause, elle a placé le sort sur vous pour qu'il puisse tenir … durer si vous préférez. Le seul moyen de parvenir à le briser était de tuer le porteur. Mais en vous empoisonnant, il a permis aussi à Morgause de vous sauver. Je ne sais pas pourquoi elle l'a fait, mais en lui faisant promettre de cesser l’attaque, il lui a remis le poison. C'est le seul moyen qu'il avait à sa disposition. Il a du choisir entre vous et tout Camelot … Il n'a pas pu le faire de gaieté de cœur. Il nous a aidés tant de fois.

 

Morgane avait cessé de l'interrompre et la fixait, prenant conscience des faits et cherchant à les remettre en place tels un puzzle désordonné.

 

-Je … Morgause ne m'a rien dit de tout ça … Elle… s'interrompit la noble.

-Morgause veut la fin de Camelot, sans doute dans un esprit de vengeance, mais nous lui devons votre vie. Elle vous a utilisée, mais elle a permis de vous sauver.

-C'est ma sœur, lâcha Morgane.

-Oh.

Les lèvres de Guenièvre s'arrondirent, parfaitement incrédules.

-Vous savez tous pour mes pouvoirs alors ?

-Juste notre petit groupe, ne vous inquiétez pas. On veillera ensemble à ce que personne à Camelot ne le découvre.

-Je ne suis pas sure de vouloir revenir. Ici je peux apprendre la magie … 

 

La porte grinça en s'ouvrant et le chevalier-dragon entra, en levant les mains en signe de paix. Morgane se raidit, mais Guenièvre serra un peu plus sa main et sourit joyeusement.

 

-Je suis sûr que Gaius pourra t'aider dans ton apprentissage, répondit-il avant de se présenter. Je suis le père de Merlin, Balinor, je pratique l'Ancien culte.

-Gaius ?

-Ga… Gaius m'a dit qu'il avait toujours craint que ses doutes concernant tes capacités soient vrais … entama Balinor.

-Gaius savait ?, sanglota-t-elle.

-Tes rêves l'avaient mis sur la voie, et il pensait que ne rien te dire t'empêcherait de t'inquiéter. Il savait que tu en souffrirais… Tu vois, il tient à toi, il a veillé sur toi durant toute ton enfance, en sachant qu'un jour tu pourrais … développer de la magie … Il t'a prouvé maintes fois qu'il t'aimait, tu te souviens ?, commenta Balinor.

 

La sorcière hocha la tête et vit dans l'embrasure Arthur lui faire une moue en semblant d'excuse, alors que derrière lui, elle pouvait apercevoir Merlin qui se tenait les yeux baissés. Elle finit par sourire, en laissant échapper quelques larmes.

 

-Je suis désolée, c'est juste tellement…

 

Gwen la serra un peu plus dans ses bras, alors qu'Hunith se frayait un passage parmi les garçons amassés devant sa porte et rejoignait les filles enlacées.

 

-Oh, ma petite, tu vas voir, je vais bien m'occuper de toi.

 

Balinor haussa un sourcil avant de faire une grimace laissant supposer qu'il ne comprenait pas et qu'il ne voulait pas savoir, haussa les épaules et sortit, suivi de près par Arthur qui avait fait signe de la main à sa sœur de cœur, abandonnant Merlin devant la porte ouverte.

 

Morgane se dégagea de l'emprise des deux femmes avant de faire signe à Merlin de rentrer. Il était temps de régler les choses.

 

 

À suivre


abeilledic  (19.04.2012 à 11:47)

Chapitre 9 : La naissance.

 

Le soleil bas de l'hiver rasa l'espace gelé de la terre, traversant les arbres dénudés et mettant à jour des corps ensanglantés et épars dans le sous-bois. Presque l'entièreté de la patrouille avait été décimée. Pour rentrer au plus vite, elle avait emprunté un chemin à travers la forêt d'Ascètyr, où la garde de Cenred en voyant des hommes armés les avait attaqués.

 

Areydian s'était à peine rendu compte de l'attaque, depuis qu'on l'avait rappelé à Camelot, il avait filé en avant et s'était vite détaché du reste des soldats. La seule chose qui lui importait était de rentrer pour quitter le service d'Uther, il irait répandre la bonne parole ailleurs puisque celui-ci préférait écouter ce traître de sorcier qui lui servait de 'médecin'. 

 

Les rares soldats qui réussirent à échapper au pugilat réussirent à peine à le rattraper, mais arrivèrent à Camelot suffisamment vite pour que les rares blessés qui avaient pu rester sur leur cheval soient soignés et sauvés. Uther n'avait même pas cillé à la démission de son chasseur et s'était immédiatement enfermé avec le conseil pour rédiger une lettre d'explication à Cenred et réclamer le calme. 

 

Malheureusement Cenred se contenta de faire jeter les cadavres, en dehors de ses terres, sans même daigner présenter d'excuses. Le roi de Camelot ne put laisser passer l'insulte et fit casser le traité de paix, mis à mal par le comportement de son ancien allié.Très vite, Uther dut lancer ses troupes pour créer une offensive victorieuse. En moins de deux semaines, le château était en effervescence et l'armée prête à partir. 

 

L'hiver s'était fermement installé et à présent les fenêtres présentaient des traces d'eau glacée. Dans sa chambre le roi s'était isolé confortablement auprès du feu, perdu dans ses pensées. 

 

-Froid, mon ami ?

-Gorlois ?, fit Uther en se retournant pour voir son meilleur ami entrer dans la pièce principale de ses appartements.

-Je suis venu prendre de vos nouvelles, vous vous enfermez bien souvent ici, au lieu de venir passer votre temps auprès de nous.

-La guerre va bientôt être entamée, j'ai de nombreuses obligations, soupira le roi.

-Cenred n'a pas la moindre chance contre notre armée et il le sait, seulement il ne peut résister à l'appel de Camelot, il la désire trop.

-Vous avez sans doute raison, mais ce n'est pas juste pour mon peuple. Peut-être devrais-je me rendre sur place ? Pour le moral de mes troupes.

-Votre rôle n'est pas de vous battre, Majesté, mais de diriger notre royaume, c'est à nous chevaliers de vous aider en vous protégeant de vos ennemis.

-Nul n'est plus brave et honnête que vous.

-Je partirai d'ici deux ou trois jours, promettez-moi néanmoins de veiller sur Viviane, demanda le chevalier de l'air le plus sérieux qu'Uther ait jamais vu.

-Bien sûr, bien sûr, affirma-t-il en balayant ses objections d'une main.

-Sa santé est fragile, et bien qu'elle ne le montre pas, je la sais triste de me voir partir. Au moindre problème, faites-moi revenir, argumenta tout de même son ami.

- Je vous assure que nulle part ailleurs qu'ici elle ne pourrait être mieux traitée. Gaius ira la voir si vous voulez, fit Uther, conscient que la protection dont son ami encerclait sa femme était une grande preuve d'amour et qu'il serait clairement affecté de perdre son épouse.

-C'est gentil, sourit le chevalier. J'aurais une autre faveur à vous demander, de la part de Viviane justement.

-Une faveur de Lady Viviane ? Je ne peux qu'accepter, on ne peut dire non à une telle Dame.

-Elle désirerait vous amener votre fils Arthur. 

 

Uther se raidit. Arthur … Il ne l’avait pas vu depuis qu'Ygerne était morte. Il savait qu'il ne pouvait pas en vouloir à l'enfant, que tout était de la faute de Nimueh et de la magie, mais de ce qu'il savait, il lui ressemblait. Il n'était pas prêt, pas encore, Ygerne était toujours un souvenir trop douloureux.

 

-Je … je ne …, commença-t-il avant d'être coupé.

-Si j'avais la chance d'avoir un enfant, en particulier si c'était tout ce qu'il restait de ma chère moitié, je ne pourrais le quitter des yeux. Il a perdu sa mère, il ne la connaîtra jamais, et vous le privez aussi de son père ? Viviane et moi pensons et je suis persuadé d'avoir raison que le voir vous aiderait dans votre deuil.

-Gorlois … 

-Ce sera certainement dur, Majesté, mais vous êtes mon ami, et je ne veux que votre bien. Vous devriez le voir.

-J'irais d'ici un jour ou deux, alors, abandonna le roi.

-Merci, Viviane vous en sera très reconnaissante, répondit l'homme avant de se courber et de se retirer.

 

-0-0-0-

 

La chambre de l’enfant était grande, chaleureuse et couverte de soierie pour l'égayer. Le petit garçon commençait à peine à réussir à se tenir assis, il finissait toujours par retomber sur son dos et roulait pour marcher à quatre pattes sur un grand tapis, couvert de jeux en bois. La brune essayait de lui raconter une histoire, mais le garçon finissait toujours par essayer d'attraper ses cheveux ou riait aux éclats sans raison en lui faisant perdre le fil. Viviane finit par soupirer et le prit dans ses bras. 

 

-Petit gredin, on dirait que vous n'aimez guère les histoires, vous préférez vous amusez, courir partout et jouer avec ce que vous ne devez pas hein ?

 

Le bébé ouvrit encore plus grand les yeux avant de sourire et de glousser. 

 

-Vous parlez toute seule, ou vous profitez du fait qu'il ne peut vous répondre pour monopoliser la conversation ?

-Mon époux, j'ignorais que vous puissiez être si taquin, sourit-elle tendrement.

 

Gorlois pénétra dans l'appartement et s'assit sur le sol près de sa femme qui lui remit l'enfant. Arthur parut surpris puis il plissa les yeux et bailla avant de se remettre à rire.

-Il m'aime bien on dirait.

-J'ai toujours pensé que vous seriez un excellent père.

-J'ai parlé à Uther, il viendra sous peu.

-Bien, répliqua-t-elle, avant que son visage ne s'assombrisse, vous allez partir alors ? 

-Oui, il le faut, mais je ne resterai pas là-bas longtemps. Uther a promis de me faire revenir au moindre problème de santé de votre part.

-Vous espérez que je tomberais enceinte rapidement.

-Je ne sais sur qui vous comptez … mais je vous fais confiance. Je suis inquiet pour vous. Le mois dernier vous étiez …

-Ce n'était rien, juste de la fatigue. Gaius vous expliquerait mieux que moi, une simple anémie, mais je fais plus attention maintenant, je mange de nouveau régulièrement. Et je prends un fortifiant, ça aidera à la conception.

 

Gorlois hocha la tête, toujours inquiet. Cette anémie était due à une nouvelle naissance sur leur domaine, il le savait. Cela l'avait rendue mélancolique et elle avait cessé de manger. Si jamais … 

 

-Je vous promets que tout ira bien. 

-Avez-vous pris une décision sur … le père ?, acheva-t-il.

 

Elle hocha lentement la tête, avant de lui sourire.

 

-Je pensais à votre ami Uther.

-Au roi ? Ma mie …

-Chuuuuuuuut, fit-elle en posant un doigt sur sa bouche, il est un choix parfait. Il a besoin de réconfort, du réconfort d'une femme, j'entends, votre soutien est bon pour lui, mais il faut plus comprenez-vous. Il doit pouvoir comprendre que sa vie n'est pas achevée avec la mort d'Ygerne, je pourrais même en profiter pour le rapprocher de ce petit bout. Et c'est votre meilleur ami, un homme digne que vous estimez, vous ne pourrez qu'être fier de l'enfant qu'il nous donnera.

-Mais si jamais…

-Je serai prudente, ne vous inquiétez pas … 

-Il pourrait vous faire répudier, je veux dire, son amitié pour…

-Vous ? Cela me protégera, je saurais le faire fléchir sans qu'il ne s'en rende compte, et il n'osera jamais vous en parler, ni me répudier, il tient trop à votre bonheur pour ça.

-Cela pèsera sur sa conscience … 

-Oui, peut-être, mais ce n'est qu'un petit sacrifice à payer pour lui, il a fait des choses qui mériteraient des punitions bien pires que d'avoir sa conscience rongée pour avoir trahi un ami.

-Vous en profitez donc aussi pour vous venger ?

-Sans doute, mais je pense aussi à l'enfant, ainsi il sera protégé aussi si jamais vous disparaissiez, dans une bataille par exemple, répliqua-t-elle en étouffant un sanglot.

 

Le chevalier lui caressa la joue avant de se lever, de déposer l'enfant dans son lit et de revenir la prendre dans ses bras. À voix basse, il lui promit de faire attention et qu'il reviendrait au plus tôt près d'elle.

 

-0-0-0-

 

Le balancement du fauteuil faisait bouger les cheveux bruns et épais qui descendaient sur ses épaules, faisant agiter la petite main potelée du petit garçon blond qui se tenait dans ses bras. La femme rayonnait de beauté. L'enfant était le seul qui avait réussi à l'égayer après le départ de son meilleur ami. C'est ainsi que le roi les trouva. Il resta un moment sur le seuil à admirer la grâce de la femme et hésita à entrer. Elle releva la tête, l'aperçut et le pria d'entrer d'un geste en souriant. 

 

Il s'approcha lentement, avant d'être assez près pour voir le bébé qui souriait en tirant violemment sur une mèche, attirant une grimace sur le visage de la femme. Uther déglutit en voyant ce petit être dont le visage ressemblait tant à sa douce. Viviane le regarda avant de défaire la menotte pour libérer ses cheveux, se lever et déposer l'enfant dans les bras de son père raidi par la peur.

 

-Détendez-vous, là, voilà.

 

Elle venait de l'aider à prendre une pose plus confortable pour lui et pour Arthur. Le bébé regardait son père en souriant et essaya d'attraper la chaîne autour de son cou. Uther sourit, amusé et se laissa conduire dans un fauteuil par la brune. Il la regarda et sourit, alors qu'elle lui faisait faire connaissance avec son fils.

 

-0-0-0-

 

Aux jours courts de l'hiver s'étaient succédé les jours s'allongeant du printemps, puis arriva l'été. Enfin le solstice qui annonçait son commencement, car de l'été, il n'y avait pas trace. Des torrents d'eau se déversaient sans discontinuer depuis plusieurs jours déjà lorsque la future mère avait retenu un cri en sentant ses premières contractions.

 

Assise dans un fauteuil à bascule que Balthazar avait sculpté en son temps pour sa femme, Hunith avait passé la nuit à se balancer, incapable de dormir, se remémorant les mois tristes et gris qui s'étaient écoulés depuis le départ de Balinor. Départ absurde au final, parce que les soldats n'étaient jamais arrivés à Ealdor. Une lettre de Gaius l'avait prévenue qu'Uther avait fini par les rappeler, sentant l'inutilité de cette mission. Trop tard malheureusement. Autant pour elle que lui et que pour le royaume. Sur le chemin qui les ramenait à Camelot, la patrouille avait été découverte par l'armée de Cenred qui n'avait pas apprécié cette invasion sur ses terres, fut-ce pour trouver des sorciers en fuite. La guerre avait été déclarée, faisant fuir les barbares qui les attaquaient et les isolant encore plus des conflits du royaume. 

 

Elle s'était attendue à ce qu'il revienne, la guerre certifiant qu'Uther ne pourrait plus envoyer ses sbires jusqu'ici. Pourtant, rien. Aucune manifestation de sa part. Serait-il possible qu'il l'ait réellement utilisée ? Elle ne pouvait plus penser à lui sans sentir son cœur se serrer et la seule chose qui l'égayait à présent était la présence de ce bébé qui bientôt la rejoindrait. Marthe et Balthazar avaient tenu à ce qu'elle reste chez eux durant sa grossesse. D'une part pour éviter qu'elle soit seule alors qu'elle était enceinte et d'autre part, parce qu'il était évident qu'elle risquait une autre crise de mélancolie. 

 

Mais pour l'heure, la jeune femme se sentait vraiment mal. Le premier hurlement qu'elle poussa réveilla les autres occupants qui accoururent pour l'aider. Balthazar la porta presque jusqu'au lit qu'on lui avait préparé près du feu, et l'allongea pendant que Marthe commençait à préparer ce dont elle aurait besoin. Ça allait être une dure journée que ce solstice.

 

-0-0-0-

 

La fin du printemps avait semblé propice à Gorlois pour quitter Camelot. Deux mois à peine après son départ, il avait reçu une lettre de son épouse lui annonçant la bonne nouvelle, et un ordre d'Uther le priant de rentrer car sa femme était alitée. Gaius ne lui avait pas expliqué ce qu'elle avait, mais avait insisté pour qu'il rentre. Le roi s'était trouvé coincé lorsqu'il avait compris que Viviane était enceinte. Gorlois de retour, il veillait jalousement sur sa femme et bien qu'il y ait peu de chance qu'elle soit enceinte de son époux, celui-ci irradiait de bonheur. Alors Uther s'était tu, avait gardé pour lui cette aventure, à laquelle il avait cédé. Son ami était heureux, et c’était tout ce qui comptait non  …? 

 

Le retour des beaux jours avait incité le couple à rentrer sur ses terres, laissant le roi remis sur pied. Viviane avait réussi à le consoler un peu et à le faire s'occuper de son enfant. Il savait pourquoi il avait cédé à sa beauté et ses charmes. Il s'était senti aimé et moins seul, mais n’avait pas compris comment une femme qui montrait tant d'amour pour son époux avait pu lui céder si facilement. L'ennui ? La peur ? Il était clair que son époux lui manquait et qu'elle craignait un message porteur de mauvaises nouvelles. Il ne saurait sans doute jamais, mais le mal était fait et pourtant, cela semblait rendre le couple… heureux ?

 

Il soupira et regarda la calèche emportant ses amis passer la porte de la cour et traverser la ville basse avant de disparaître dans la forêt. Il secoua la tête pour se vider l'esprit et rejoignit son fils qui commençait lentement à se tenir debout. Il essayait de marcher mais retombait toujours en riant. L'homme ignorait s'il se laissait tomber délibérément parce que cela l'amusait ou si le fait d'être autant amusé l'empêchait de se concentrer.

 

-0-0-0-

 

Le soleil avait atteint son point le plus haut lorsqu'enfin, le bébé sortit en poussant un hurlement, comme un écho à la tempête qui commença à se déchaîner. Marthe le lava doucement avant de le remettre dans les bras de sa mère, épuisée par le travail.

 

-Ce qu'il est beau …

-Oui, mon petit, tu devrais te reposer un peu, cependant.

-Oui tu as raison, répondit évasivement la jeune mère, qui ne se lassait pas de regarder le nourrisson qui se tenait les yeux fermés contre son giron.

-As-tu une idée de prénom ?

-Oui …, fit la jeune femme en se tournant vers son amie les yeux brillants, il a les cheveux aussi noirs que le plumage des merles, alors ce sera Merlin.

 

-0-0-0-

 

-AAAAAAAAAAAAAh, AAAAAAAAARRRRRRGHH.

 

Les cris résonnèrent contre les murs du château, en faisant augmenter le rythme cardiaque du chevalier. Depuis que le travail avait commencé, ses tripes n'arrêtaient pas de se tordre. Elle semblait tant souffrir.

 

Soudain le calme se fit et des pleurs se firent entendre. Le bal des robes s'engouffrant dans la chambre se poursuivit et bientôt ce fut une vraie effervescence de cris et de branle-bas-de-combat. Puis le calme revint, et la gouvernante sortit de la chambre avec un paquet dans les bras, elle lui tendit l'enfant avec un sourire triste et lui présenta sa fille.

 

-Viviane ?, chuchota-t-il en tendant les bras pour prendre le bébé dans ses bras.

-Je suis navrée, il y a eu une hémorragie, elle n'a pas survécu.

 

Le chevalier ferma les yeux et ses lèvres se serrèrent comme pour s'empêcher de pleurer. Une larme glissa sur son visage, alors qu'il rouvrait les yeux et qu'il observait le bébé aux grands yeux bleus. Il se demandait s’ils allaient conserver cette couleur ou s’ils allaient prendre la teinte de … 

 

Il se laissa tomber sur un siège, se mordant un peu plus la lèvre. Il avait tellement désiré cet enfant qu'il pourrait élever au côté de sa tendre épouse. Il ne regrettait pas d'avoir la petite fille qu'il tenait dans ses bras, mais c'était tellement cruel de perdre Viviane alors qu'elle réalisait enfin son rêve : être mère. Elle n'avait pas pu s'occuper de son premier enfant et alors qu'elle avait été si heureuse de sa deuxième grossesse, il avait fallu que le destin s'en mêle.

 

Il savait combien il était dur de perdre l'amour de sa vie, mais avait tout de même réussi à être heureux avec Viviane. Elle avait été sa meilleure amie et sa plus grande confidente. Au-delà de cette perte, il ressentait toute la cruauté de la vie. Perdre la vie en la donnant … Il y avait quelque chose de profondément contradictoire dans cette état de fait. Il avait cru comprendre la profonde tristesse de son ami, lorsqu'il avait perdu son grand amour, mais dans ces circonstances … c'était tellement pire.

 

La fillette dans ses bras se mit à gigoter, désirant un peu plus d'attention. Son père lui sourit et la serra un peu plus contre lui, en lui promettant qu'elle serait son plus grand trésor. Elle était tout ce qui lui restait de sa chère femme, et il ferait tout ce qu'il faudrait pour qu'elle soit la plus heureuse possible.

 

La gouvernante le laissa, le temps de s'occuper de la toilette mortuaire et de le laisser se recueillir tranquillement. Ce deuil était tellement triste. Ces derniers mois avaient été si merveilleux pour ce couple qu'elle servait depuis si longtemps. Leurs vœux avaient enfin été exaucés… et ils ne pourraient pas en profiter.

 

-0-0-0-

 

L'été s'était écoulé lentement au village et Hunith avait doucement appris à se débrouiller seule avec son petit. Marthe l'avait gardée à ses côtés, mais elle n'avait pas eu grand-chose à lui apprendre. Hunith avait une fibre maternelle vraiment développée. Les yeux de l’enfant étaient restés aussi bleus qu'à sa naissance, se fonçant légèrement, dénotant qu'il les avait reçu de son géniteur. Merlin avait d'adorables petites oreilles décollées et un sourire absolument époustouflant pour un bébé. Il souriait sans cesse, semblant s'étonner et s'amuser de tout. 

 

Pour le moment, ce qui lui plaisait le plus c'était attraper les rubans qui maintenaient la coiffe d'Hunith, si bien qu'elle avait fini par les remonter pour les coincer. Ça n'empêchait pas le bébé de tendre désespérément les bras, quand soudain elle vit ses yeux se dorer et sa coiffe tomber en laissant ses cheveux glisser sur ses épaules, alors que ses rubans atterrissaient dans la main de Merlin, provoquant un éclat de rire du petit, content d'avoir obtenu ce qu'il voulait.

 

Hunith écarquilla les yeux, releva vivement la tête pour voir Marthe qui était de dos, occupée à replier son linge. Elle laissa Merlin sur une couverture, remit en vitesse sa coiffe et le reprit vivement en lui laissant le ruban coloré. 

 

-Marthe ?

-Oui mon petit ?

-Tu sais, c'est très gentil de m'avoir hébergée si longtemps et je te jure que je ne suis pas ingrate, mais je pense que je devrais rentrer chez moi maintenant, vous avez besoin d'un peu d'intimité et puis moi aussi.

 

Marthe hocha lentement la tête, montrant qu'elle comprenait mais son visage devint triste alors que la jeune fille venait l'enlacer.

 

-Merci encore Marthe. 

-Mais tu nous verras encore tu sais, tu viendras manger tous les dimanches, promet-le-moi.

-Promis.

-Prends bien soin de toi et de lui.

 

Marthe se pencha sur Merlin et l'embrassa sur la joue, le faisant pouffer de rire. Puis elle commença à empaqueter les affaires d'Hunith et l'aida à se réinstaller dans sa petite chaumière.

 

Une fois seule, Hunith soupira et regarda avec inquiétude son petit garçon occupé à secouer énergiquement son ruban en riant. Il avait des pouvoirs … Comment diable allait-elle faire ?

 

À suivre


abeilledic  (25.04.2012 à 22:32)

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