HypnoFanfics

L'apprenti sorcier.

Série : Merlin (2008)
Création : 16.12.2012 à 09h02
Auteur : guenhwyvar 
Statut : Terminée

« Résumé : Pour réparer une erreur d' Arthur, Merlin décide de jouer l' apprenti sorcier, en inventant des formules magiques. Cet actes a des conséquences tantôt tragiques, tantôt drôles. » guenhwyvar 

COMMENTER CETTE FANFIC

Cette fanfic compte déjà 3 paragraphes

Afficher la fanfic

Avertissement: Cet épisode virtuel fait suite aux deux premiers de la cinquième saison, qui n'est pas encore diffusée en langue française. On y rencontre donc quelques SPOILERS importants. Par ailleurs, cet épisode a été écrit lors du début de la diffusion de la saison 5. L'atmosphère y est assez différente, car j'ai voulu privilégier le côté humoristique de cette petite aventure et le résultat est une ambiance plutôt des premières saisons. Ne prenez donc pas cet épisode trop au sérieux. Bonne lecture !

 

Chapitre 1 : Un accident de chasse.

Un départ mouvementé.

En un pays de légende, au temps de la magie, le destin d'un grand royaume repose sur les épaules d'un jeune homme. Son nom ?

« En un pays de légende, au temps de la magie...le destin d'un grand royaume repose sur les épaules d'un jeune homme. Son nom ?

« MERLIN !

- MERLIN! MERLIN ! MERLIN !

La cour du château reprend moqueusement en échos le rugissement du roi, tandis qu'à la fenêtre de la tour de Gaius, une tête hirsute apparaît.

- Que se passe-t-il ?

- Descends donc avec mon arbalète, que je t'explique ce qui ce passe, idiot ! Nous partons à la chasse, et tu es en retard. Dois-je te rappeler à chaque fois que c'est TOI qui est censé m'attendre, pas l'inverse !

-Ah ! Désolé, j'aidais Gaius à...

- Je ne veux rien savoir ! Si tu n'es pas là dans trente secondes avec mes affaires, je lance une chasse au serviteur paresseux dans le château. C'est une proie très facile à repérer : un genre de poule mouillée avec une chemise bleue et un foulard rouge. Quelques carreaux d'arbalète dans le derrière devraient te faire passer l'envie de traînasser sur une chaise devant ton déjeuner.

- Mais je ne... Bon, j'arrive !

Arthur entend soudain un gloussement derrière lui, et se retourne furieux ... pour apercevoir les seigneurs Elyan et Perceval ressangler leur selle, essayant – en vain- d'avoir l'air le plus innocent du monde, tandis que le nouveau chevalier de Camelot, sire Mordred contemple la scène avec effarement.

- C'est toujours comme ça ? Murmure-t-il .

- Non, là il est de bonne humeur, commente Gauvain d'un air soudain mortellement sérieux .

- C'est vrai, renchérit sire Léon, d'habitude Arthur l'attend avec un fouet pour le punir de son retard. Tu verrais le dos de Merlin !

- Je n'imaginais pas Arthur comme ça, fait-il, le visage soudainement altéré. Puis voyant les regard moqueurs que lui adressent les chevaliers, il s'exclame :

- Vous me faites encore marcher! Ce n'est plus drôle, poursuit-il, vexé.

- Cher nouveau collègue et frère d'arme, répond Gauvain, malgré leurs origines variées et leurs différences, les chevaliers de Camelot ont une chose très importante en commun, et qu'il vous faudra acquérir le plus rapidement possible, une chose sans laquelle personne ne peut honorablement prétendre au titre de chevalier !

- Je ne vous permet pas de douter de mon sens de l'honneur ! Rétorque Mordred furieux.

- Oh, je ne parlais pas de ça ! Votre honneur de chevalier est irréprochable. Non, ce qui vous pénalise, c'est l'absence du sens … de l'humour facile. Et il va falloir travailler ça. Ce à quoi nous nous employons. C'est pour votre bien, croyez-moi !

- Je ne vois pas quel est le rapport avec la chevalerie.

- Vous allez bientôt constater que la vie de chevalier, si elle offre de nombreuses joies, est néanmoins dangereuse et éprouvante, et que la meilleure manière de garder le moral, chose indispensable pour survivre est de faire des blagues à vos frères d'armes.

Les plus réussies sont évidemment au sujet de Gauvain, renchérit Perceval, s'attirant un regard furieux du dit chevalier.

- C'est vrai, ajoute Elyan, Gauvain est un bavard invétéré...

- ... il a des chaussettes particulièrement odorantes, ajoute Léon.

- …et à la taverne il a une sacrée descente, il...enfin bref, je vous laisse découvrir par vous même ses nombreuses qualités !

- Je vois...murmure Mordred avec une lueur amusée dans le regard. L'humour est une arme que je n'avais encore jamais utilisée pour survivre. Je vais tâcher d'aiguiser le mien. Mais, je l'utiliserai avec prudence : c'est arme à double tranchant.

- Le voilà qui fait de l'esprit : tout n'est pas perdu ! Se moque Gauvain.

- Et en ce qui concerne Merlin, je ne comprends pas pourqu...

Mais Mordred est interrompu par un fracas d'enfer qui le fait se retourner vivement en dégainant son épée.

- Tiens quand on parle du loup... fait Léon, contemplant le prénommé avachis au bas de l'escalier d'honneur, gisant dans l'attirail de chasse d'Arthur, tandis qu'une gourde malencontreusement échappée du sac de Merlin s'en vient paisiblement rouler jusqu'aux pieds d'Arthur.

Le souverain la contemple d'un air impassible, soupire, lève les yeux au ciel, lui donne un coup de pied en direction de Merlin et enfourche son cheval. Un grand chien, au pelage beige très clair, presque blanc s'écarte de la meute de chasse et se précipite pour renifler Merlin.

« Qu'est ce que c'est que ce chien ? Demande Arthur. Pourquoi n'est-il pas avec les autres ?

- C'est Ailil, un des meilleurs chiens de votre meute, bien qu'il ait un tempérament indépendant et très bagarreur. Gaius l'a soigné le mois dernier d'une morsure d'un autre chien, et nous nous sommes liés d'amitié. Je vais bien, dit-il au chien en le caressant.

- Merci Merlin, je le connais. Je demande simplement pourquoi il vient te renifler. Tu devrais le fréquenter plus souvent, peut-être qu'il pourrait t'apprendre à te battre convenablement et à obéir aux ordres au lieu de paresser comme une marmotte. En route! Et arrête de me regarder comme ça !

- Comment ?

- Comme...comme si tu ne voyais pas de quoi je parlais ! Tu as encore été à la taverne hier soir ? Tu es en train de devenir un alcoolique Merlin...

- Certainement pas, je n'en aurais pas eu le temps. Heureusement d'ailleurs, car il y a des jours où je pourrais bien le devenir .

- Oh, je suis certain que tu es le serviteur le plus malheureux de Camelot. Tu es au service du roi, de quoi de plains-tu ?

- Je me le demande, fait l'intéressé levant les yeux au ciel.

- Moi aussi. Allons-y !

Merlin se relève, attrape tant bien que mal ses affaires, trébuche, se relève et rattrape Arthur en courant, tandis qu' Ailil rejoint la meute en aboyant joyeusement.

 

Petite partie de chasse entre amis.

La forêt retentit des cris des hommes, des aboiement des chiens, de l'appel du cor, et du brâme d'un cerf. Tandis que les rabatteurs courent au côté des chevaux, Arthur, amusé, regarde Merlin suer à grosses gouttes, tentant de suivre le trot de son cheval.

« Alors Merlin, tu es content de chasser ? C'est mieux que de t'ennuyer entre les murs des Camelot, non ?

- S'il y a bien une chose dont je ne me plains pas, Votre majesté, c'est de m'ennuyer à Camelot. Entre votre service, l'aide que j'apporte à Gaius et les plaisanteries douteuses que vous et vos chevaliers me faites sans cesse, m'ennuyer est bien la dernière chose que je penserais à faire !

- Tu exagères Merlin ! Tu n'as pas tant de travail et rien ne vaut quelques plaisanteries pour te remettre à la place que tu oublie de tenir bien qu'elle soit tienne depuis presque huit ans : celle de serviteur.

- Huit ans ? Je croyais que ça faisait dix ou quinze !

- Me servir est si terrible que tu as l'impression que le temps est si long ?

- Heu non...

- Alors quoi ?

- C'est seulement ...voilà, ne le prenez pas mal, vous savez qu'en prenant de l'âge, un homme a tendance à gros... grandir en carrure. Et comme vous êtes nettement plus..heu...carré que quand je vous ai connu...je j'ai cru que le temps avait passé plus vite que je ne le croyais.

Le Magicien tente de dissimuler un sourire en se composant un visage neutre. Mais le pétillement de ses yeux le trahit.

- Merlin ! Je te ferai châtier pour ton insolence. Et sache que je ne suis pas gr...carré, seulement musclé, car je fais beaucoup d'exercice. D'ailleurs pourquoi crois-tu que je suis à la chasse ?

- Si vous voulez que la chasse soit un exercice pour quelqu'un d'autre que vos chevaux et vos serviteurs, il vous faudrait descendre de cheval et courir. Pour votre service, je suis tout prêt à échanger de place avec vous !

- Pour ta peine, tu aideras Aifric, le maître des chenils royaux à s'occuper des chiens ce soir, puisque tu t'entends si bien avec eux !

Merlin étouffe un gémissement, lève les yeux au ciel, se reprend, tente un sourire, qui ressemble à une grimace insolente, et s'apprête à acquiescer lorsque qu'un appel du cor le devance. Gauvain arrive au galop près d'Arthur :

« Sire, un cerf blanc ! Nous avons vu un cerf blanc !

- C'est extraordinaire ! Cela fait plus d'une génération qu'on en a pas vu dans les bois de Camelot Votre Altesse !

Celui qui vient de parler est le vieux garde chasse royal qui chevauche aux côtés d'Arthur. Son excitation est visible et communicative.

- Tuer un cerf blanc est un exploit qui n'a pas été réalisé depuis des décennies, s'empresse-t-il d'ajouter. Cet honneur vous revient Sire !

- Alors qu'attendons nous ? Allons-y !

La suite royale s'élance derrière Arthur impatient, laissant Merlin, et les rabatteurs à pied, sur place. « C'est ça, allez vous amuser à tuer une pauvre bête qui ne vous a rien fait », grommelle Merlin, dépité tout de même de ne pas avoir de cheval pour se lancer aussi dans une excitante poursuite. Cela fait bien longtemps qu'il n'est pas parti en mission avec Arthur, et ces chevauchées infernales, malgré le danger qui les accompagne, lui manquent visiblement.

« S'ils forcent le cerf sur cette montagne, ils risquent de le rabattre vers la rivière à l'ouest, annonce un rabatteur. Nous pourrions y être avant eux, et sans doute voir le cerf. Allons-y ! »

Rasséréné, à l'idée de voir la superbe bête, Merlin emboîte le pas au chasseur.

 

Le cerf blanc

« Couche-toi ! Lui intime le rabatteur. Si tu t'expose ainsi, non seulement tu fera fuir le cerf, mais tu risques de te prendre une flèche perdue avec tous ces nobliaux qui tirent à tord et à travers !

- Le roi sais viser tout de même ! Et le sol est humide.

- Mais si lui ou un de ses chevaliers décide de tirer de trop loin et que le cerf se trouve entre vous, je ne donne pas cher de ta peau.

- Merci du conseil, fit Merlin en se jetant précipitamment à terre.

Le chasseur lui adresse un regard narquois. Il se fige soudain. Merlin, intrigué, se retourne pour voir ce qui cause un tel émois au chasseur, et voit le cerf. Il est juste là, étonnamment petit et frêle. Il est très jeune, portant ses premiers bois, mais il émane de lui une indéniable majesté. Ce qui frappe Merlin, c'est la terreur qui se révèle dans les yeux de la bête, et le tremblement de ses pattes. L'animal est sans aucun doute épuisé. On entend les aboiement des chiens se rapprocher et la terre vibre sous le galop des chevaux.

Soudain, derrière le cerf Merlin aperçoit Ailil. Trop épuisé pour aboyer, le chien donne ses dernières ressources pour rattraper le cerf. Paralysé, Merlin n'ose faire un geste, de peur de faire fuir la bête vers le chien, mais il ne peut s'empêcher de l'encourager intérieurement : « Allez, sauve-toi ! Cours vers moi. » Entre deux maux, le cerf choisit le moindre. D'un bond formidable il saute au dessus de Merlin et du chasseurs allongés et s'engouffre dans un hallier. Quelques secondes plus tard, Ailil fait de même. Saisi d'un brusque impulsion Merlin se relève et se lance à leur poursuite, en appelant le chien :

« Ailil, Ailil !

- Merlin, tu es fou, reviens !

Mais autant crier dans l'oreille d'un sourd. Le chasseur s'écarte vivement du chemin quand un peloton de cavalier, précédé par Arthur et suivi de la meute, dévale le sentier. Malgré la mauvaise visibilité, il mène un train d'enfer. Soudain, le roi aperçoit un mouvement, pousse un cris de triomphe, arrête sa monture épuisée, vise...et tire.

« Que faites-vous sire ? Merlin est là dedans ! Il poursuit le chien et le cerf !

Arthur blêmit.

- Quoi ! C'est impossible ! Que faites-vous ici ?

- Je me suis douté que votre poursuite vous mènerait ici. Merlin et moi voulions voir le cerf, alors nous l'avons attendu. Quand il est arrivé, il a bondi au dessus de nous, une bête magnifique sire ! Le chien blanc l'a poursuivi et Merlin l'a suivi pour le faire revenir. Ce garçon a l'âme trop sensible pour la chasse si je puis me permettre sire.

- Trêve de bavardages ! Merlin est un idiot, et vous aussi puisque vous ne l'avez pas retenu. Néanmoins, j'ai tiré sur un animal blanc. Merlin est certainement un animal, mais il avait une chemise bleu. Allons voir de quoi il retourne.

- Sire, vous ne pouvez poursuivre à cheval, la végétation est trop dense.

-Je le sais bien. Gardez mon cheval, je vais voir de quoi il retourne. Gauvain, avec moi !

 

L'apprenti sorcier

Essoufflé, Merlin rappelle le chien : « Ailil, Ailil, laisse-le ! » Malgré la folle excitation de la chasse, sans doute parce qu'il est trop fatigué pour continuer, le chien l'entend et revient vers lui au petit trot. Merlin s’agenouille et le caresse : « Brave chien. Tu as bien couru. Mais des animaux aussi rare, il ne faut pas les ... »

Il s'interrompt, alors qu'un carreau d'arbalète siffle à ses oreilles et vient se planter dans la poitrine du chien qui s’abat, foudroyé. Une seconde Merlin s'arrête paralysé, puis il s'incline sur le chien guettant un signe de vie. Il perçoit une faible respiration, suivie d'un gémissement.

- Oh, je suis désolé ! Si je ne t'avais pas rappelé, tu ne serais pas blessé. Je ne connais aucune formule pour soigner les animaux. Je suis désolé !

Le jeune magicien réfléchit à toute vitesse, regarde autours de lui. Il entend des cris au loin, mais ne voyant personne, il prend une décision.

- Bon ! Dit-il en parlant au chien pour se donner du courage. Je vais t'enlever ta flèche... ça va faire mal, ne te débats pas...voilà qui est fait ! Reste avec moi. Je ne sais pas soigner les animaux mais je sais soigner les hommes. Je vais modifier un peu la formule. Je ne sais pas si ça va marcher, mais tu n'as plus rien à perdre. Voyons...Hic aela furmist trown vurga ! »

Soudain, un éclair de douleur lui déchire la poitrine, tandis que sa vision se brouille. Merlin s'écroule, évanoui.

 

Un chasseur sachant chasser...

« MERLIN ! MERLIIIN ! » Beugle Arthur. Derrière lui, Gauvain aussi inquiet tente de le raisonner :

- Calmez-vous Arthur. Soit il est trop loin, soit il est trop blessé. Merlin a plus de ressources qu'il n'en a l'air.

- Il a aussi une extraordinaire capacité à se mettre dans des situations dangereuses et idiotes. S'il s'est pris un carreau dans son postérieur de paresseux, de pilier de taverne, de...bref, ce sera une bonne leçon pour lui ! Bon sang ! S'il est mort, je le tue ! »

Le visage du jeune roi est tendu et Gauvain préfère ne pas épiloguer sur cette conclusion bizarre. Soudain, les deux hommes entendent un gémissement. Il se regardent, lisent la même inquiétude dans le regard de l'autre, et se précipitent en avant. Gauvain est le premier à trébucher sur un corps.

- C'est le chien !...et Merlin ! Il sont blessés.

Arthur bouscule Gauvain, se précipite sur Merlin allongé sur le ventre :

- Pourvu que cet idiot ne soit qu'évanoui !

Il le retourne et, sous le choc, titube en arrière. A son tour, Gauvain se penche sur le corps de leur ami pour découvrir un trou rouge dans sa chemise. A son côté gis un carreau d'arbalète. Par acquis de conscience, il examine le chien. Celui-ci n'est qu'évanoui, sans doute d'épuisement.

- Je...je l'ai tué, balbutie le roi. Je, je...l'ai tué.

- Ressaisissez vous sire ! Il n'est pas mort ! Crie Gauvain voyant son roi aussi pâle que le serviteur allongé. Il a même eu la force de s'enlever le carreau. C'était stupide, mais ça montre qu'il était assez lucide, ou en état de choc pour le faire. Nous devons le ramener !

Arthur lève vers lui des yeux hagards :

- Allez chercher des chevaliers, fabriquez un brancard, et que quelqu'un parte prévenir Gaius !

Gauvain se précipite, poursuivi par les lamentations d'Arthur :

- Je suis désolé Merlin, tellement désolé... »

« Doucement ! Chaque choc peut lui être fatal. Tiens bon Merlin !

- Voilà, comme ça..Soulevez-le. Attention à sa tête !

Le corps de Merlin reste totalement inerte, tandis que le chien, a terre, pousse un petit gémissement.

- Essaye de rester conscient Merlin. Nous allons à Camelot. Gaius pourra t'y guérir. Tenez-le bien ! Voilà. Allons-y !

Le chien gémit encore, ouvre les yeux, aboie faiblement pour appeler les hommes qui s'en vont. Jetant un dernier regard triste au roi qui s'en va, il laisse choir sa tête, et s'évanouit.


guenhwyvar  (16.12.2012 à 09:06)

Chapitre 2 : Une vie de chien

Réveil canin

« Tout va bien mon chien, tout va bien...Je vais te ramener à la maison »

Le chien ouvre doucement les yeux, tente de relever la tête, et, n'y parvenant pas, laisse échapper un gémissement et adresse à Aifric un regard pitoyable.

- Ne t'inquiète pas Ailil. Prends ton temps, fais le maître des chenils d'un ton apaisant.

En réponse, le chien lui adresse un regard interrogateur. Il lève la tête, hume l'air, inspecte son corps, remue la queue...et lâche un cris étrangement rauque, entre l'aboiement et le gémissement, en même temps qu'il sursaute comme s'il venait de se faire mordre.

- Qu'est-ce qui peut bien t'effrayer autant ? Ma parole, qu'est-ce qui t'arrive ? Tu es vraiment..étrange. Dommage que tu ne puisse parler. Peux-tu te lever ? Fait-il en l'encourageant du geste.

Le chien se lève à grand peine, tourne en rond dans la clairière en gémissant, hume l'air un instant et se met en marche en direction de Camelot.

- Bon, d'accord, allons-y. Mais il faudra que je t'examine, de retour au chenil. »

 

Gaius en colère, ce qui n'est vraiment pas courant !

« Sire une charrette! » C'est Perceval, parti en éclaireur à Camelot et revenu sur ses pas qui l’appelle. Arthur sort de sa rêverie macabre et lève la tête. C'est bien une charrette, pleine de foin, celle que Gaius utilise pour transporter les blessés, et les cadavres. Il chevauche d'ailleurs devant, sur un espèce de percheron aussi vieux que lui, galopant de manière désordonnée. L'ensemble compose un tableau assez comique. Un sourire triste flotte un instant sur les lèvres du roi de Camelot puis s'évanouit aussi sec. Gaius arrive, essoufflé, saute de cheval, manque de se casser les deux jambes par la même occasion, et se précipite vers le brancard de Merlin.

- Gaius...commence le roi

- Taisez-vous, je suis occupé ! Bon sang ! A quoi pensiez-vous en tirant sur votre serviteur ? Votre stupidité va coûter la vie à Merlin !

Tout en criant, le médecin ausculte Merlin, cherche des remèdes.

- Merlin, Merlin, est-ce que tu m'entends ? Et en plus, vous avez poussé la stupidité jusqu'à lui enlever ce carreau et le transporter dans cet état ! Mais à quoi pensiez-vous ?

- Ce n'est pas...

- Taisez-vous j'ai dit ! J'essaye de sauver le garçon sur qui vous avez tiré ! Bon sang, sans lui, vous seriez mort des dizaines de fois et voilà comment vous le remerciez !

- C'était un accident...

- Silence ! Gwen, apporte moi mes remèdes, ils sont accrochés à ma selle !

Arthur ouvre de grands yeux en voyant sa femme, la reine, émerger à grand peine du tas de foin où elle s'était assise dans la charrette, et se précipiter pour obéir à Gaius.

- Gwen ? Fit Arthur ébahi

- Quand j'ai su, je me suis précipité pour aider Gaius, et comme je n'avais pas le temps de seller un cheval, j'ai bondi dans la charrette.

Arthur esquisse un sourire de compréhension.

- Bon, il n'est pas mort, c'est déjà ça, s'exclame Gaius, ce n'est pas faute pour vous d'avoir essayé ! Installez-le dans la charrette, je monte avec lui.

Avec un soupir de soulagement Arthur prend Merlin dans ses bras pour le transporter dans la charrette.

- Mais ça ne veut pas dire qu'il ne le sera pas quand nous arriverons, ajoute le médecin lugubre.

Arthur n'ose répondre.

 

Retour à Camelot

En apercevant Camelot, le chien aboie joyeusement. Aifric lui sourit : « Je vois un groupe de cavalier autours d'une charrette, ils vont passer le pont levis. C'est sans doute Merlin. Pauvre garçon, j'espère qu'il n'est pas mort.

Entendant cela, le chien se précipite vers le château, poursuivi par les appel du maître des chenils . - Hé ! Attends ! Ailil, au pied !

Ailil pile, s'apprête à faire demi-tour, gémit en jetant un oeuil vers le maître-chien, et repart vers le château.

- Bon sang, c'est la première fois que ce chien désobéit, jure Aifric. Il est de plus en plus étrange aujourd'hui.

Le chien franchit en courant le porche de la cour et arrive au moment même où on transporte Merlin dans l'escalier. Il s'y engouffre à la suite d' Arthur.Gauvain l’aperçoit, et s'exclame :

- Mais c'est le chien de Merlin !

- Faites-le sortir, crie Arthur.

Gauvain tente d'obtempérer, mais Ailil, décidant d'utiliser les grands moyens, grogne et montre les dents.

- Heu...Arthur..

- Laissez tomber Gauvain, nous avons plus important à faire. Vous le ramènerez tout à l'heure.

A la suite d'Arthur et de Merlin, le chien rentre dans le laboratoire de Gaius, le traverse et court se réfugier dans la chambre de Merlin.

- Est-ce qu'il va vivre ? Demande Arthur

- Je l'ignore, fait Gaius. C'est étrange, il ne devrait pas être vivant. Surtout après s'être enlevé cette flèche. Je vais avoir besoin d'être seul.

- Bien sur. Faites moi prévenir dès qu'il y a du changement. Je regrette Merlin, fait-il en passant devant le corps.

Arthur sorti, le chien se glisse dans le laboratoire et regarde Gaius s'activer autours du corps en marmonnant des propos sans suite.

- Qu'est ce qui t'es arrivé Merlin ? Où est ce fichu grimoire ? On dirait que tu as essayé de te guérir toi même par magie. Si c'est le cas, mes remèdes seront sans effet. Où sont donc passées mes lunettes ? En tout cas, tu n'as pas l'air en danger immédiat.

- Houa !

- Qu'est-ce que tu fiche ici toi ? Merlin est blessé, j'ai autre chose à faire que m'occuper de toi. Sors d'ici !

Ailil gémit mais ne bouge pas. Gaius hausse les épaules.

- Ce n'est pas toi qui va m'accuser d'utiliser la magie en tout cas.

Le médecin se penche sur le corps de Merlin, et marmonne quelque chose. Ses yeux s'illuminent. Puis il recule, visiblement épuisé.

- Ce sort est trop fort, Merlin, je ne peux rien faire sans toi.

- Houa, houa !

- Sors d'ici toi ! Tu n'es pas malade et tu m'empêche de penser.

Ailil ne bouge toujours pas. Alors Gaius furieux pousse le grand chien blanc jusqu'à la porte, malgré ses gémissement de protestation.

 

 

Une brillante idée de Gauvain

Le chien gémit, gratte à la porte de Gaius, rien n'y fait. La tête basse et la queue entre le jambes , il arpente les couloirs du château.

« Ah, tu es là toi ! Quel cirque tu m'as fait tout à l'heure !

Changeant soudainement de centre d'intérêt, Ailil lève la tête vers Gauvain. Le chevalier s’accroupit devant lui et le gratte entre les deux oreilles.

- Tu as un sacré caractère tu sais. Et tu es très attaché à Merlin on dirait. Mais ta présence ne va rien changer à son état. Je m'inquiète aussi pour lui...et les inquiétudes, ça donne faim. Que dirais-tu d'aller aux cuisines chaparder un poulet ou un jambon ?

Le chien incline la tête, tout en le regardant avec un air calculateur, tourne un truffe hésitante vers les appartements de Gaius, mais se ravise et, adoptant visiblement le même état d'esprit que le chevalier, aboie avec enthousiasme.

- C'est parfait ça ! Mon ami, si tu me rapporte un bon bout de viande, je te nomme mascotte officielle et intendant des chevaliers de la Table Ronde. A ces mots , la queue du chien frétille. En riant, Gauvain l'entraîne vers les escaliers. Chemin faisant, ils croisent Arthur en pleine discussion avec le reine et Sir Léon.

- Gauvain, s'écrie de roi, avez-vous des nouvelle de Merlin ?

- Non Sire, Gaius ne laisse personne entrer. Je n'ai jamais vue une tête de mule pareille. Il a même mis le chien à la porte.

A ce moment, un page arrive en courant :

- Votre majesté, messire Elyan m'envoie vous prévenir que la délégation de marchands du royaume de Cenred est arrivée !

- Comme si je n'avais pas assez de problèmes !

- Cenred votre majesté ? N'est-il pas sensé être mort celui-là ?

- Oui Gauvain. Mais ses sujets se sont constitués en petits fiefs réunis sous le nom de leur ancien souverain. Pour apaiser nos relations avec nos envahissants voisins, j'ai décidé de conclure un accord commercial avec ses marchands les plus importants. Ce sont d'avantage des pirates et des pilleurs, mais s'ils commercent avec nous, il commenceront à être plus intéressés par la prospérité de Camelot que par sa ruine.

- Un plan brillant Sire, si je puis me permettre, fait Léon.

- En fait, l'idée vient de la reine, fait Arthur, souriant fièrement à Guenièvre, qui lui rend son regard avec reconnaissance.

- Avec votre permission Sire, fait Gauvain, le devoir m'appelle.

- Ah bon ? Je pensais que vous aviez fini votre service aujourd'hui ?

- Heu...je dois ramener ce chien à Aifric Sire, il dérange Gaius.

- Ceci est la direction des cuisines, pas du chenil, fait Arthur d'un air narquois, tandis que Léon et Guenièvre se retiennent à grand peine d'éclater de rire.

- C'est que ce chien a un sacré caractère, et il a couru pour m'échapper. Je viens de le rattraper.

- Bien, alors raccompagnez-le...par là !

- Bien sûr votre majesté. J'ai juste un mot à dire à Perceval juste là-bas.

- Vers la cuisine ?

- Non ! Enfin si, mais ce n'est pas l'important, bafouille-t-il. Avec votre permission Sire, ma reine...

Gauvain, s'échappe aussi vite qu'il peut et emmène le chien vers Perceval.

- Pourquoi parlais-tu de moi avec le roi ? Lui fait ce dernier.

- Pour rien, il me fallait une excuse pour aller vers les cuisines avec le chien.

- Pourquoi faire ?

- Messire Perceval, laissez-moi vous présenter Ailil, notre nouveau chapardeur attitré. Merlin étant en trop mauvais état, je lui ai trouvé un remplaçant.

- Mon avis est que cette chasse vous a mis la tête à l'envers messire Gauvain, le raille Perceval.

- C'est ce que nous verrons. Si ce chien sait chasser dans la forêt, le faire dans une cuisine sera pour lui un jeu d'enfant !

- Merlin est mortellement blessé, et vous ne pensez qu'à vous empiffrer !

- Contrairement à toute cette bande de pessimiste qui habite ce château, je suis persuadé que Merlin va vivre. Il se met souvent dans des situations impossibles, mais il s'en sort toujours.

- Houa !

- Et vous voyez, le chien le pense aussi. D'ailleurs, un bon chevalier est un chevalier en bonne santé, et un chevalier en bonne santé est un chevalier qui se sustente régulièrement.

- C'est à dire ?

- Au moins quatre fois par jour.

- Là, je dois bien admettre que je ne suis pas loin d'être de votre avis.

 

 

Des négociations difficiles

« Messires, soyez les bienvenus à Camelot. J'espère qu'ensemble nous parviendrons à un accord qui assurera la paix et la prospérité pour tous.

- Surtout la prospérité, j'espère, lui répondit son interlocuteur d'un ai goguenard.

La reine Guenièvre s'arrête, interdite, tandis que Sir Léon adresse un regard courroucé au chef de la délégation de Cenred.

- Si vous le permettez nous allons donc commencer les négociations. A quelles denrées de Camelot voudriez vous avoir accès, et que proposez-vous en échange ?

- Depuis la dernière guerre, nous manquons cruellement de main d’œuvre Sire. Puisque vous avez contribué à sa disparition, il nous semble normal que vous nous proposiez de la remplacer.

- Seriez-vous en train de parler d'esclavage ? Demande Arthur, d'un air impassible.

- Si vous voulez. Nous préférons appelle cela un échange de biens contre service à merci.

Arthur bondit, ouvre la bouche. Sire Léon le regarde avec inquiétude. Guenièvre pose une main suppliante sur son bras. Le roi regarde son épouse, le visage figé de colère. Le combat qu'il livre avec lui-même est perceptible par tous. Les marchands le regardent, l'air inquiet. Le roi leur lance un regard furieux et se rassoit, au grand soulagement de l'assemblée.

- Sachez messires, énonce-t-il d'une voix monocorde et froide, que Camelot n'a jamais pratiqué , et ne pratiquera la traite des hommes. Quels sont vos autres souhaits ?

- Notre pays est sauvage, et les récoltes y sont pauvres. Nous vivons principalement de la chasse, de la pêche, de l'élevage et de la cultures des racines, du lin et des teintures.

- Des teintures ?

- Oui Sire. Nos ancêtres on ramenées de leurs divers voyages des nombreux secrets dont ceux des teinturiers. Nous produisons, certes en faible quantités, les plus belles couleurs du monde !

- Et de quoi avez-vous besoin ?

- De blé, de grain, et de bois. Nous sommes également très friands de vin, que nous avons du mal à produire. Néanmoins nous en achetons déjà à certains de vos voisins. Mais si vos prix sont intéressants...

- Je vois. Le dernière guerre a décimé nos troupeaux. Beaucoup de paysans seraient ravis d'agrandir enfin leur cheptel. La couronne cherche également de nouveaux chevaux. Si vous avez quelque chose à nous proposer de ce côté...

- C'est tout à fait possible Sire. Mais contre des denrées d'une telle valeur, et compte tenu du fait que c'est grâce à nous que le commerce va naître entre nos deux royaumes, nous estimons juste d'avoir u ne certaine compensation, comme, par exemple une dispense de taxes...

- Je ne peux le permettre. Je suis désolé. Vous êtes déjà très avantagés par le fait d'être les premiers de votre royaume à commercer avec Camelot. La couronne a besoin de fonds, et je ne peux favoriser personne, surtout au détriment de mon propre peuple.

- Réfléchissez bien Sire, vous n'avez que nous pour négocier, murmure le marchand d'un ton menaçant.

- J'en suis bien conscient. La séance est levée, nous reprendrons demain, merci.

 

 

L'art du chapardage

Gauvain et Perceval s'approchent lentement de la porte en rasant les murs. Gauvain faisant le geste « Je pars en éclaireur », passe devant la porte, en regardant d'un air faussement indifférent ce qui se passe dans la cuisine pour s'attirer aussitôt les foudres de la cuisinière en chef, grosse matrone à l'air faussement bienveillant :

- Qu'est-ce que vous faites encore ici , vous !

- Heu...je cherche un chien...

- Il n'y en a pas ici. J'ai interdit à tous les chevaliers de traîner par ici. Un chevalier passe conter fleurette à une de mes filles et hop ! La moitié de mes provisions disparaissent !

- Quoique vous puissiez penser Maîtresse Brunhilde...

- Je ne pense rien, j'affirme ! Allez ouste, du balais !

- Vos désirs sont des ordres, fait Gauvain s'inclinant avec un sourire charmeur qui laisse la matrone de glace.

Gauvain fait signe à Perceval de le rejoindre. Celui-ci ne peut s'empêcher de se moquer : « On peut dire que vous vous y connaissez en reconnaissance seigneur Gauvain !

- Un bon chevalier sait reconnaître une citadelle imprenable. Rabattons-nous sur le cellier.

Une fois arrivé, il s'accroupit devant Ailil et commence à le sermonner :

- Bon, nous on fait diversion, toi tu entres et tu prends un gros jambon, d'accord ?

- C'est un chien, fait Perceval, comment voulez-vous qu'il vous comprenne ?

- Mais je lis de l'intelligence dans son regard, plus que dans celui de certains chevaliers. N'est-ce pas mon chien ?

En guise de réponse , Ailil secoue frénétiquement la queue et regarde Perceval avec comme une lueur moqueuse dans les yeux.

- Vous voyez ? Bon, je passe devant, vous me rattrapez, vous me bousculer, nous échangeons deux ou trois injures pour distraire le cellérier, le chien se glisse, et hop !

- Comme ça on aura une autre histoire drôle à raconter à Sire Mordred : la quête du jambon du Seigneur Gauvain, chevalier de la Table Ronde !

- Très drôle. Allons-y !

Aussitôt dit, aussitôt fait. La dispute éclate, attirant, non seulement le cellérier mais aussi une fille de cuisine. Dans un même temps Gauvain garde un œil sur le chien, qui, sitôt la voie libre, se précipite dans le cellier, et en ressort quelques secondes plus tard avec un énorme jambon dans la gueule. « Ça alors ! » S'écrie Perceval. La servante se retourne, mais le chien a déjà disparu dans le coude d'un couloir. Il se réfugie dans une petite pièce désaffectée, pour échapper à d'éventuels poursuivants.

 

 

Complot

« Qu'est-ce que … ? Ah, ce n'est qu'un chien.

- Au moins, nous n'aurons pas besoin de le tuer pour le faire taire lui. Pas comme ces satanés marchands dont nous avons pris la place.

- Tu es d'ailleurs un excellent comédien. Trop bon même. J'ai cru un instant que le roi allait t'envoyer à la potence.

- Ce freluquet n'en a pas les tripes. Il préfère la paix à la victoire. C'est ce qu'il a dit à la reine Annis, quand il a vaincu son champion. Pfft ! Vaincu, tu parles. Il n'a même pas eu le cran de l'achever !

- Notre roi a dû se retourner dans sa tombe en constatant de l’au-delà que sa femme a fait la paix avec lui.

- Mais nous allons lui offrir la mort ignominieuse qu'il mérite. Heureusement, il lui reste encore des ennemis, à ce blanc-bec !

- Tout est prêt. Ce soir, Arthur et sa servante de reine goûteront les spécialités que nous avons « rapporté » de Cenred.

- Ce sera un dessert...piquant !

- On peut dire ce qu'on veut de Dame Morgane, elle a le sens de l'humour !

A ces mots, les deux hommes éclatent de rire. Le chien gronde, sans pour autant lâcher son jambon, et s'enfuit en courant.

 

 

Cette leçon vaut bien un jambon !

Gauvain est de fort mauvaise humeur lorsqu'il se rend dans ses quartiers, bredouille. Ailil est resté introuvable et il n'a pas fini d'entendre les chevaliers rire de la triste histoire de Sir Gauvain et du jambon.. Perceval l'a quitté quelques minutes plus tôt pour se rendre dans la salle des gardes, criant à tu-tête : « Oyez peuple de Camelot, les grandes aventure de Sire Gauvain, le preux chevalier engagé dans la quête du Jambon ! » A voir la tête du preux chevalier Gauvain, celui-ci ne goûte que modérément la plaisanterie.

Arrivant devant sa chambre, il s'arrête brusquement devant sa porte entrebâillée, puis reprend prudemment sa progression pour ouvrir en grand le battant de sa porte.

- Qui ose s'introduire dans ma...Ailil !...et le jambon ! Comment as-tu fais-ça mon chien ?

Le chevalier contemple, ahuri, le chien de chasse installé tranquillement sur son lit, au côté d'un énorme jambon fumé dont l'odeur lui fait venir l'eau à la bouche. Mais le plus extraordinaire, c'est que ledit jambon n'est même pas entamé !

- Y' a pas à dire, Merlin t'a drôlement bien dressé ! Fait Gauvain caressant le chien dont la queue frétille de plaisir. Pour te remercier je vais partager avec toi ce jambon, et tant pis pour Perceval ! Un chevalier n'a qu'une parole. Gauvain donne donc au chien une généreuse portion de viande, que l'animal dévore d'une traite.

- Bon, ce n'est pas tout, mais il faut que je te ramène au chenil, Aifric doit s'impatienter. Allons, viens mon chien !

Mais ce dernier ne semble pas vraiment disposé à obtempérer. Il secoue la tête, gronde, tourne en rond, et, finalement se sauve dans le couloir. Jurant, Gauvain, se lance à sa poursuite.

- Décidément, ce chien est beaucoup trop intelligent, et moi je suis trop bavard. Ici, Ailil ! Au pied !

Soudain, Gauvain entend des bruits de chute et des cris au détour d'un couloir. Il se précipite...pour tomber sur Arthur, qu'il bouscule malgré lui, le renversant sur Sire Léon déjà à terre.

- Bon sang Gauvain ! Fait le roi furieux. Qu'est-ce qui vous prend ?

- Je suis désolé Sire, c'est le chien...

- Encore lui ! Vous étiez censé le ramener au chenil. Heureusement que vous n'êtes pas mon serviteur ! Aussi difficile que cela paraisse à croire, vous êtes parfois pire que Merlin ! Enfermez-le, et vite !

- Merlin ?

- Non, le chien. Le voilà qui vous attends. Je crois bien qu'il se moque de vous. Ça doit être l’influence de Merlin. Vivement que cet idiot guérisse, que je lui passe un savon !

- Avec votre permission...

- C'est ça. N'oubliez pas de ramasser l'armure qu'il a fait tomber. Et, au passage, essayer de ne pas renverser aussi la délégation de Cenred. Si vous nous mettez une guerre sur les bras, vous la ferez tout seul ! »

Gauvain part sans demander son reste, pour rejoindre Ailil. Mais, tandis qu'il cherche à l'attraper au collier, le chien lui échappe encore une fois, et le conduit à travers les couloirs vers le quartier des invités. Soudain, il s'arrête devant une porte, et se met à aboyer et à gronder. A ce bruit, la porte s'ouvre sur un marchand du royaume de Cenred. Gauvain a à peine le temps de crier : «Attention, au chien ! » que ce dernier bondit sur l'invité du roi. En un bond Gauvain est sur lui et l’attrape par la peau du cou.

- Qu'est ce que cela signifie ! Rugit le marchand furieux, tandis qu'un de ses amis le relève. Est-ce que le roi cherche à nous tuer en lâchant ses chiens sur nous ?

- Messires, je vous présente toutes mes excuses. Ce chien a été victime d'un accidente de chasse, il a pris un coup et est devenu incontrôlable. Le roi n'est pour rien dans tout cela

- Je pourrais exiger réparation ! Je veux la peau de ce chien !

- Soyez raisonnables messires, fait Gauvain, peinant à maîtriser sa colère, ce n'est qu'un chien. Je me charge de l'enfermer moi-même. Il ne vous ennuiera plus, je m'en porte garant. Ne gâchons pas ces négociation fructueuses avec ce stupide incident.

Le marchant semble prêt à rétorquer lorsque son ami lui pose une main sur bras avec un regard d'avertissement.

- Bien, je consent à oublier cet incident. Mais enfermez ce chien loin de ma vue.

- Je vous remercie de votre courtoisie messire, fait Gauvain en s'inclinant avant de disparaître, tenant bien fort le chien qui essaie de s'échapper.

 

 

Gauvain, le chevalier au jambon.

« Bon sang ! As-tu la moindre idée des ennuis que tu me cause, espèce de cabot ? Tu as failli déclencher une guerre à toi tout seul ! » Le chien ne semble pas très disposé à l'écouter. Il se débat, grogne, gémit.

- Je ne te laisserai pas partir ! Je te ramène au chenil immédiatement !

Alors le chien attrape avec ses dents la main de Gauvain, sans vraiment le mordre, et d'une brusque ruade, lui échappe et s'enfuit dans un escalier de service.

- Ce n'est pas possible, quel idiot je fais ! Gauvain, avec un grognement de colère se relance à la poursuite du chien. En vain. Il se retrouve alors à errer désespérément dans les couloirs. C'est là qu'il croise Elyan.

- Tiens, Gauvain, le chevalier au jambon !

- Oh, comme c'est spirituel, Messire Elyan !

- Je viens de croiser Perceval qui m'a raconté vos déboires gastronomiques, noble chevalier.

- A savoir ?

- Vous auriez tenté de dresser le chien de Merlin pour qu'il aille vous chercher de la nourriture au cellier, et vous auriez à moitié réussi, parait-il. Bravo ! Maintenant tous les chiens de Camelot sauront où chercher à manger. Je vous prédis une longue carrière passée à fuir les foudres de dame Brunhilde !

- Retenez bien ceci, chevalier Elyan ! Primo, maîtresse Brunhilde ne sait rien de ce qui vient de se passer. Et deuxio, le chien m'a rapporté MON jambon.

- Ah oui ? Perceval dit l'avoir vu s'enfuir avec son butin.

- Absolument pas ! Figurez-vous que pendant que Perceval, l'estomac aussi vide que sa tête, regagnait ses quartiers en se moquant, Ailil s'est dirigé vers les miens et m'a apporté ce jambon sur mon lit. Et ne l'avait même pas entamé !

- Alors ça ! Je pense que vous avez ensorcelé ce chien Sire Gauvain. Savez-vous que c'est de la haute trahison ?

- De plus en plus drôle !

- Pas autant que vous essayant de masquer votre déconfiture !

- Mais c'est la vérité ! Et je vous le prouverai à tous dès que j'aurais remis la main sur ce chien !

- Je croyais qu'il vous avait rejoint avec son jambon ?

- C'était il y a une heure. Mais maintenant qu'il s'agit de rejoindre le chenil, ce chien décide, non seulement de s'enfuir, mais aussi d'attaquer la délégation de Cenred.

- Il semble que ce chien ait toutes les qualités d'un bon chevalier : il attaque nos ennemis, rapine aux cuisines et vous joue des tours pendables. Sans doute devrions-nous l'adouber.

- C'est cela. Riez donc. Je vous prouverai ce que j'avance !

 

 

Ne vous fiez pas aux apparences...

Pendant ce temps, le héros de ces aventures s'était précipité chez Gaius. Arrivé devant sa porte, il se met à gémir et à en gratter le battant jusqu'à atteindre la poignée et à l'ouvrir. Gaius, abattu, veille Merlin, cherchant désespérément un remède dans ses grimoires. Il ne voit même pas l’intrus qui, doucement, se glisse derrière lui jusque dans la chambre de Merlin. Là encore, il gratte la porte jusqu'à ce qu'elle s'ouvre. Mais cette fois le bruit attire l'attention de Gaius.

- Encore toi ! Je t'ai dis de sortir !

Devant l'air malheureux du chien, il se ravise.

- Tu peux rester après tout. Ce n'est pas ta présence qui va le faire aller plus mal. Tu veux aller dans la chambre de Merlin ? Tu es guéri maintenant, ce n'est plus ta place. Oh, après tout, pourquoi pas ?

Le vieux médecin se lève, monte les deux marches qui mènent à la chambre de Merlin. A peine a-t-il entrouvert la porte que le chien se précipite à l'intérieur, se glisse sous le lit et commence à gratter le parquet. Intrigué, Gaius se penche à grand peine, pour voir le chien, à grand renfort de griffes et de crocs, ôter une latte du parquet et s'emparer du sac qu'elle recouvre. Il le traîne sur le plancher devant le médecin ébahi. Il entreprend alors d'en sortir un paquet entouré de tissus bleu et de le faire rouler sur le sol pour l'en débarrasser.

- Bon sang, Ailil, à quoi est-ce que tu joue ? Mais c'est le grimoire de Merlin. ! C'est gentil, mais je ne crois pas que ce soit la solution au problème de Merlin. Mais comment sais-tu que ce grimoire est là ? Même moi je l'ignorais.

Gémissant le chien entreprend, à coups de museau, de tourner les pages du livre devant Gaius médusé, jusqu'à ce qu'il s'arrête sur une double page intitulée Guérison et se mette à aboyer joyeusement.

- Co-comment fais-tu ça ?

Gaius tombe des nues. Le chien renifle le bas de la page, puis pose sa patte dessus en se mettant derechef à aboyer joyeusement. Le médecin, bien qu'intrigué s'approche du manuscrit, ôte la patte du chien, et se met à lire à voix haute : « Attention, cette formule de guérison ne peut s'appliquer que sur les êtres humains. Appliquée à des animaux, elle peut avoir les conséquences les plus inattendues. Sans qu'on sache pourquoi, il arrive que la blessure de l'animal soit transférée sur la personne qui le soigne. On dit même que, sur une variante de cette formule, le druide Bressal a échangé son corps avec son cheval, le temps de le guérir. Il avait alors l'apparence de son propre animal, tandis que celui-ci souffrait sous ses propres traits. Mais ils moururent tous les deux. Cette légende est sans doute fausse et proviendrait de l'étrange comportement de son cheval après la mort de son maître qu'il ne tarda pas à suivre. En effet, on raconte... »

Gaius reste de longues secondes immobiles, les yeux fixés sur le chien qui lui fait face. Enfin, d'une voix hésitante, il murmure :

- Merlin ? Est-ce toi ?

- Ouah! Ouah !

- Par tous les dieux, Merlin, dans quel pétrin t'es-tu encore fourré ?

En guise de réponse l'intéressé ne peut que gémir.

- Oh, bon sang! Merlin ! De tous les magiciens, tu es sans aucun doute le plus idiot que je connaisse. Comment suis-je supposé te soigner si tu n'es pas dans ton corps, et Ailil dans le sien ? Merlin, tu es un chien ! Et ton vrai corps s'affaiblit sans cesse !

A ce moment Arthur entre dans la pièce où gît Ailil, sous la forme de Merlin

- Gaius ?

- Pardonnez-moi Sire. Le chien a fait irruption et...

- Quel chien ? Ailil ? Gauvain devait s'en charger. Comment va Merlin ?

- Il s'affaiblit Sire. Je suis très inquiet. Il n'a pas repris connaissance et n'a pas non plus de fièvre. Hormis sa blessure, la seule chose dont il souffre est une faiblesse croissante.

- Je me rends au dîner avec les ambassadeurs des marchands de Cenred. Je repasserait sans doute après. Mais n'hésitez pas à me prévenir s'il reprend connaissance ou s'il va plus mal, même en plein milieu de la nuit.

- Bien, votre Majesté. Et je...je vous prie de m'excuser pour mon incorrection de tout à l'heure, c'était...

- C'était mérité Gaius. J'ai été stupide, et c'est Merlin qui en paie le prix.

Arthur jette un dernier regard inquiet vers ce qu'il croit être son serviteur et sors de la pièce à pas lents. Merlin gémit, regarde Gaius d'un air implorant, et se précipite à la suite du roi, laissant Gaius désemparé.

 

 

Haro sur le chien !

Pendant ce temps, Elyan et Gauvain se dirigent vers la salle du banquet, après avoir vainement cherché le chien, ou plutôt Merlin.

- Bon sang, s'exclame Gauvain, j'ai des ampoules grosses comme des œufs aux deux pieds. Ce chien ne vaut pas le jambon qu'il m'a apporté !

- Surtout quand il s'agit d'un jambon imaginaire.

- Il était plus vrai que nature, je vous assure.

- Ben voyons...tiens voilà Léon et Perceval !

- Vous m'avez l'air d'avoir couru un marathon messires, fait ce dernier. Sire Gauvain cherche toujours son jambon ?

- Non, juste le chien, fait Elyan, s'attirant un regard torve de Gauvain. Ce rustre lui a faussé compagnie non sans avoir pris la peine de lui apporter le jambon dans sa chambre auparavant !

- Voyez-vous cela ! Et vous n'avez pas partagé avec vos amis ?

- Non, grogne Gauvain, juste avec le chien. Il ne m'abandonne pas dans des situations difficiles, lui !

- Tient, ne serait-ce pas notre fameux chapardeur, à la place du roi, là bas ?

- Bon sang, Arthur va être furieux !

- Pour l'instant, il ne s'est pas aperçu de sa présence, semble-t-il. Vous le récupérerez après le repas.

- Oh, il sera mort avant. Il a essayé d'attaquer les marchands de Cenred tout à l'heure, il est devenu fou furieux quand il les a vus. Il va certainement recommencer, et quelqu'un va devoir le tuer pour l'en empêcher ou nous aurons une guerre sur le dos.

Sire Léon dévisage Gauvain avec inquiétude :

- Pensez-vous vraiment de que vous dites ?

- Je ne plaisante pas plus à propos de ce chien que du jambon ! Il pourrait mettre la paix entre Camelot et le royaume de Cenred en péril ! Il y a quelque qui ne tourne pas rond chez lui, et il fait parfois preuve d'une intelligence presque humaine, cependant il est désobéissant, mais pas agressif, sauf envers ces barbares là-bas.

- Très bien, le plus simple est de l'encercler discrètement en entrant chacun par une porte. Le plus proche l'attrape et l'emmène, les autres essayent de couvrir son départ. Allons-y !

Aussitôt les chevaliers se séparent pour entrer par diverses portes dans la salle du banquet.

Dans la salle comble, Arthur entre, Guenièvre à ses côtés, suivi d'une dizaine de chevaliers. Le souverain jette un regard irrité vers les places vides de ses quatre plus meilleurs chevaliers. Mais sa grimace se transforme en une expression de franc amusement lorsqu'il voit le quatuor faire une entrée simultanée par les petites portes de service, tandis que Guenièvre se retient de pouffer de rire en les voyant se diriger vers un chien blanc, malicieusement campé près du siège qu'Arthur s'apprête à rejoindre. Le roi lui murmure à l'oreille, les voyant approcher du chien à pas de loup, tout en ayant l'air de rien :

- Heureusement que les regards sont fixés sur nous, sinon, tout le monde croirait à un numéro de bouffons. Comment en est-on arrivé là ? Quatre chevaliers pour un chien, et en plein milieu de mon banquet en plus. Si Merlin était là, le problème serait réglé depuis longtemps.

La reine lui sourit tristement .

- Il se tient exactement à la place habituelle de Merlin.

- C'est vrai. Ces deux là sont faits pour s'entendre. S'il...Quand il sera guéri, je crois que je lui offrirai Ailil, chose que je risque de regretter aussitôt.

Pendant ce temps, les quatre chevaliers se dirigent vers le siège royal, comme pour honorer l'arrivée d' Arthur. Soudain, sur un signe de Léon, Gauvain et Perceval se penchent simultanément. Perceval attrape le chien, qui parvient à échapper à son étreinte ...pour tomber dans les bras de Gauvain. Ce dernier referme sa cape sur Merlin, pour le dissimuler et opère un repli qu'il veut discret vers une porte de service, tandis qu'Arthur arrive à sa place avec la reine et que le héraut annonce : « La délégation des marchands du royaume de Cenred ! »

Gauvain tente de retenir le chien en, grondant : « Reste donc tranquille ! Tu vas nous attirer des ennuis. Te ramener au chenil prendrait trop de temps. Je vais t'enfermer dans ce réduit.Personne ne t'entendra aboyer et je reviendrai te chercher plus tard. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Avec un soupir de soulagement Gauvain ferme la lourde porte sur celui qu'il ignore être Merlin et se rend au banquet.


guenhwyvar  (23.12.2012 à 00:59)

Chapitre trois : Magic or not magic ? That is the question.

 

Cadeau empoisonné.


Quand le bruit de pas de Gauvain décroit puis disparaît tout au bout du couloir, Merlin se précipite contre la porte. Mais celle-ci est solide et ne s'ouvre que de l'extérieur. Le magicien regarde alors fixement le panneau de bois, une étincelle semble s'allumer dans ses yeux, pour s'éteindre aussitôt. Il utilise alors la seule ressource qu'il lui reste, et aboie, sans s'arrêter, jusqu'à ce qu'il n'ait plus de voix.

Une heure plus tard, des pas retentissent à nouveau dans le couloir. Merlin qui s'était effondré sur le sol, se relève d'un bond et se remet à gratter la porte et à aboyer de plus belle. Soudain, la porte s'ouvre sur un jeune page. Ce dernier n'a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive. Merlin bondit, le renverse, et se précipite dans un couloir en direction de la salle du banquet.


Pendant ce temps, dans la salle du banquet, on apporte le dessert. Les marchands se lèvent, et leur chef lève son verre, annonçant :

« Je bois à Arthur, roi de Camelot, et à nos futurs échanges. Qu'ils soient fructueux pour nous tous. En geste de bonne volonté, et pour montrer que nous ne venons pas les mains vides comme des mendiants, mais proposer un honnête échange comme de respectables marchands, nous vous offrons, pour votre dessert, ces fruits, venus des pays les plus lointains, et ramenés par nos marins. »


Il fait alors un geste vers les serviteurs qui apportent une lourde corbeille fermée d'où s'échappent des odeurs inconnues, fraîches et sucrées.

Les serviteurs posent la corbeille devant le couple royal, et l'un d'entre eux enlève son couvercle pour reculer immédiatement, saisi d'horreur, de même que toute l'assistance : deux grands serpents noirs aux yeux jaunes viennent de jaillir de la corbeille, sifflant d'un air menaçant, leur regard hypnotique plongé dans ceux d 'Arthur et Guenièvre. Paralysée, l'assistance toute entière retient son souffle. Personne n'ose esquisser un geste. Les serpents se tendent en arrière, prêts à frapper, rapprochant leur tête jusqu'à se toucher.


Soudain, un éclair blanc traverse la salle du banquet, bondit sur la corbeille, et, avant que les serpents aient pu réagir, prend dans sa gueule leurs têtes toutes proches l'une de l'autre, et les leur brise. Il les relâche ensuite avec un dégoût évident, tandis que la foule tétanisée regarde le miracle se produire.

Merlin se tourne alors vers les marchands, en grondant d'un air sans équivoque.

Une exclamation jaillit soudain derrière lui :

"Bon sang ! C'était donc ça ! Traîtres ! S'écrie Gauvain, dégainant son épée, imité par tous les chevaliers de la salle.

- Arrêtez-les !" S'écrie Arthur, serrant la reine, pâle comme une morte, dans ses bras.

Profitant de la confusion, Merlin s'éclipse pour rejoindre Gaius.

 

 

Le moindre mal


« Ah te voilà enfin Merlin, où diable étais-tu ? Non, ne me répond pas, je ne veux pas le savoir, fait-il avec un sourire désabusé. J'ai cherché, pendant ton absence, comment inverser ton sort, mais la vérité est que je n'en ai aucune idée. Je ne vois qu'une seule solution : Mordred.

- Ouah !

- Je suppose que c'est ce qu'on appelle un aboiement indigné... Écoute Merlin, nous n'avons guère le choix. Quelle que soit la vision que tu as eu de Mordred, il semble qu'il ne se retournera pas contre Arthur dans un avenir proche. Étant druide, il en connaît beaucoup sur la guérison, et comme il connaît déjà ton secret, ce ne sera pas un problème. Ton corps s'affaiblit davantage à chaque heure qui passe, Merlin, bientôt, il sera trop tard."

Le jeune magicien lui répond par un gémissement pitoyable.

"Cette solution ne m'enchante pas non plus. Donc, tu vas rester ici, pendant que je vais chercher Mordred. Essaye de ne pas créer de catastrophe pendant mon absence."

Seul le regard triste de Merlin lui répond..


Quelques minutes plus tard, Mordred arrive, accompagné de Gaius. Celui-ci referme la porte derrière le jeune chevalier. "

Pourquoi vouliez-vous me voir Gaius ? Comment va Merlin ? -

Mal, je le crains. Mais la situation est plus compliquée que ça, Mordred. Merlin est là, fait Gaius, désignant Merlin assis par terre.

- Gaius ! Je ne pensais pas que vous alliez aider les chevaliers à chambrer les nouveaux de la garnison !

- De quoi voulez-vous parler ? Je suis on ne peut plus sérieux. Merlin a joué avec la magie en tentant se soigner ce chien, et maintenant, ils sont chacun dans le corps de l'autre. Je ne sais pas comment régler le problème, mais vous, vous êtes druide, vous devez bien avoir une petite idée.

- Je ...vous savez pour moi ?

- Évidemment, Merlin est comme un fils pour moi. Ce n'est pas le genre de chose qu'il me cacherait.

- Et donc, Merlin est... là ?"

L'intéressé répond par un petit jappement.

"Et moi qui croyait que l'histoire de Bressal n'était qu'un racontar de vieille femme ! Merlin, tu es dans un sacré pétrin.

- Je le lui ai déjà dit. Vous n'avez rien de plus constructif ?

- Ma pratique de la magie est très limitée. Je n'ai pas fréquenté les druides depuis longtemps, et j'ai surtout utilisé la magie pour me défendre. Je vais voir ce que je peux faire."

Mordred se penche sur Merlin, puis sur son corps, étendu sur la table. Sur ces entrefaits arrive Arthur. Mordred se redresse en un sursaut.

"Mordred ! J'ignorais que vous étiez ici !

- Je m'inquiète pour Merlin, Votre Majesté. J'ai une dette envers lui.

- Moi j'en ai bien plus d'une. Mais ne le lui répétez jamais, il risque de se gonfler comme un paon et devenir tellement suffisant que je devrais me trouver un nouveau serviteur. Comment va-t-il ?

- Il est de plus en plus faible, votre majesté, répond Gaius. Je crains qu'il ne passe pas la nuit. Vous devriez aller vous reposer, je vous appellerai s'il y a du changement, ajoute-t-il échangeant un regard entendu avec Mordred.

- Certainement pas ! Je vais rester et le veiller jusqu'à l'aube ou jusqu'à ce qu'il... bref, je reste.

- Mais la reine sire ?

- La reine a été très choquée par les événements de ce soir, et se repose sous bonne garde.

- Les événements Sire ?

- La délégation de Cenred vient de tenter de nous assassiner, mais le chien de Merlin nous a sauvé.

- Merlin n'a pas de ch...ce chien ? Fait-il en désignant Merlin allongé sur le sol.

- Ah, c'est là qu'il est passé ? J'aurais dû m'en douter. Tout le château le cherche. Enfin, surtout Gauvain. Il prétend qu'il lui doit des excuses et qu'il doit le ramener au chenil.

- Vu son attachement à Merlin, je suggère de le laisser ici.

- Vous avez sans doute raison. De plus, je pense que Gauvain a dû se lasser de le chercher."


Et la nuit commence à s'écouler lentement. Arthur contemple le corps de son ami, le regard voilé par les remords et la tristesse. Mordred, le regard scrutateur, l'examine ainsi que le vrai Merlin, assis aux pieds de Gaius qui cherche en vain un remède dans ses nombreux grimoires. Soudain, pris d'une inspiration, il se lève brusquement, faisant sursauter tout le monde et quitte la pièce en courant.

"Qu'est-ce qui lui prend ?

- Il ne peut sans doute pas supporter de voir Merlin agoniser.

- Il n'est pas le seul..."

 


Le chevalier druide


Ce n'est pas la peur qui a chassé Mordred. Aussitôt le pièce quittée, le jeune chevalier se précipite à travers les couloirs jusqu'aux écuries. Il harnache rapidement un des meilleurs chevaux royaux et, traversant le porche d'entrée au galop, il franchit le pont-levis et se rue vers la forêt. Il galope ainsi sans s'arrêter durant plusieurs heures, s'arrêtant de temps à autre pour scruter le sol ou les arbres, cherchant quelque indice.

Enfin, il détecte une odeur de fumée, et se précipite vers son origine, qui n'est autre qu'un feu de camp sur lequel veille un homme aux vêtements fatigués, qui lève vers lui un regard effaré, puis terrorisé en reconnaissant son uniforme de chevalier. Mordred fait piler sa monture juste devant le feu, manquant de renverser le pauvre homme. Tandis que, d'un regard, il embrase le décor fait de tentes éparses chichement éclairées pour des feux mourants, il entend une voix hurler dans sa tête :

« Un chevalier de Camelot ! Sauvez-vous !

- Non ! Fait-il en réponse. Je suis des vôtres !

- …

- Je suis druide, comme vous ! Ou du moins je l'étais.

- Comment te retrouves-tu sous l'uniforme de ceux qui nous persécutent ?"

La voix qu'il vient d'entendre est différente, plus grave et plus assurée. Mordred se retourne, pour faire face à un vieux druide au regard fatigué.

"Je m'appelle Mordred, et je suis effectivement chevalier de Camelot, mais je ne suis pas votre ennemi. Je ne vous ferai aucun mal. J'ai besoin de votre aide.

- Tu es sans doute une des choses les plus étranges que j'ai vue. Pourquoi es-tu au service du roi de Camelot ?

- Je n'ai jamais été au service d'Uther. J'ai rejoint Arthur, car il m'a sauvé la vie dans mon enfance, et il s'est montré bon et juste.

- Il est vrai que depuis qu'Arthur Pendragon est roi, les druides n'ont pas eu à souffrir beaucoup de persécutions. On ne peut en dire autant de tous les autres magiciens. Et tu veux que nous l'aidions ?

- Non, je veux que vous aidiez Emrys.

- Emrys ? Que lui est-il arrivé ?

- Il a tenté de soigner un animal, et il s'est transformé en ce même animal, alors que le chien en question a pris son corps.

- Voilà qui est étonnant. Il faut un très grand pouvoir pour accomplir cela. Mais même Emrys ne peut inverser ce sort, car en se transformant en animal, il a perdu, non pas la magie, qu'il ressent toujours, mais l'aptitude de l'exercer.

- Pouvez-vous inverser ce sort ?

- Pour cela, il nous faudrait réunir nos forces et aller à Camelot. C'est extrêmement risqué. Il nous faut un vecteur, quelqu'un avec le pouvoir de recevoir et transmettre notre magie. Il nous faut un druide.

- Est-ce que je ferais l'affaire ?

- Certainement. Je vais poser mes mains sur toi. Quand l'aube apparaîtra, tu feras de même sur Emrys. Alors le pouvoir de tous les druides de ce camp passera par toi pour lever ce sort. N'oublie pas de tenir à la fois le corps d’ Emrys et son âme qui est dans un corps animal. Hâte-toi maintenant, l'aube approche.

- Merci, merci beaucoup ! »

Mordred incline la tête, le vieux druide pose sa main dessus puis sur le cheval qui, soudain, se retrouve ragaillardi. Puis, sans un regard en arrière, le chevalier talonne sa monture qui se précipite vers Camelot.

 


Découverte macabre


Après une heure de chevauchée, Mordred s'apprête à sortir de la forêt d'Ascetir et à rejoindre la grand route du château, lorsque sa monture se cabre, et s'arrête, les naseaux frémissants, le regard dilaté d'effroi. Mordred lui-même ne peut s'empêcher de relever une odeur écœurante, une odeur de charogne.

Mettant pied à terre, il attache sa monture à un arbre, et s'avance vers une dépression du terrain, à quelques pas de là. Il se penche pour regarder dans le trou. A la vue de ce qui gît un peu plus bas, son regard se voile. Mordred s'éloigne de quelques pas en titubant, s'effondre sur les genoux au pied de son cheval et se met à vomir tripes et boyaux.

 


Une guérison qui s'annonce difficile


L'aube n'est plus loin, et le corps de Merlin semble se détendre, comme avant de plonger dans un grand repos. Le pièce a sombré dans un grand silence et personne n'ose s'endormir ou bouger. C'est alors que des coup vifs sont frappés à la porte, faisant sursauter le roi.

"Qui est là ?

- Mordred Sire. J'apporte d'importantes nouvelles. L'interrogatoire des prisonniers a donné quelques réponses et Sir Léon veut vous parler dans la salle du conseil.

- Cela ne peut-il attendre ?

- Je crains que non."

Arthur jette un dernier regard désolé à Merlin et lui murmure :

« Tu n'as pas intérêt à partir avant que je revienne, ou tu vas voir de quel bois je me chauffe. »

A peine le roi a-t-il fermé la porte derrière lui que Mordred se précipite vers le corps de Merlin, et, s'adressant à son propriétaire assis sur le col :

« Vite Merlin, les druides vont te guérir. Viens ici !

- Mais comment …

- Ce n'est pas le moment des questions Gaius. J'ai éloigné Arthur, mais ça ne durera pas, et l'aube est là ! Dans une minute, il sera trop tard. »

Merlin s'approche de Mordred, qui pose alors la main sur les deux corps, humain et canin. Au même moment un rayon de soleil transperce le ciel gris de l'aube, teintant tout en rose, et les mains de Mordred se mettent à briller, le tout dans un silence total.

Lentement, la lumière décroit, tandis qu'un nuage vagabond voile le soleil naissant, et que tout redevient normal. Gaius se penche alors sur le corps de Merlin :

"Merlin, m'entends-tu ? Merlin ?"

Mais rien ne se passe, si ce n'est que le visage du jeune magicien semble encore plus pâle. Désespérés, Gaius et Mordred se tournent vers le chien, pour constater que celui-ci renifle le sol en quête de nourriture. Une souris soudain traverse la pièce, et le chien se précipite dessus pour la dévorer.

"Merlin ?"

Mais, trop occupé, le chien ne lui répond pas.

"Ailil ?"

Entendant son nom, le chien lève la tête, lance un aboiement joyeux, puis prenant ce qui reste de la souris dans sa gueule, vient l'apporter au médecin. Gaius et Mordred se regardent rassurés.

"Il semble que la première partie du plan des druides ait marché, soupire Mordred. Mais Merlin n'est pas encore tiré d'affaire.

- Mais je peux maintenant m'occuper de lui comme il se doit. Merci Mordred, pour tout ce que vous avez fait.

- Je vous en prie. J'avais une dette envers Merlin. Je suis heureux de la lui avoir rendue. J'aimerais rester, mais, je crains d'être un fardeau plutôt qu'une aide, et Arthur va avoir besoin de moi en salle du conseil. Je vous laisse."

 


Révélations


Dans la salle du conseil, l'heure n'est pas vraiment à la réjouissance. Arthur, en grande conversation avec Sir Léon lève à peine le regard en entendant quelqu'un entrer, mais, en reconnaissant Mordred, il s'interrompt.

"Mordred ! Sir Léon me parlait de ce que vous aviez vu dans la forêt. Mais il n'a pas vraiment de détails. D'abord, que faisiez-vous dehors en plein milieu de la nuit ?

- Sire, comme vous le savez, j'étais très inquiet de l'état de Merlin, et je ne pouvais pas le regarder mourir. Pour me changer les idées, j'ai décidé de partir en reconnaissance vers l'est.

- Pourquoi donc ?

- Sire, si l'attentat des marchands avait réussi, ils auraient dû en rendre compte à quelqu'un, et cette personne les attendait sûrement sur cette route.

- Sauf que les marchands ont avoué qu'ils travaillaient pour Morgane.

- Je l'ignorait votre Majesté. Mais après ce que j'ai vu, je ne pense pas qu'il s'agissait de marchands.

- En effet. Ils ont avoué avoir pris la place des vrais, ceux dont vous avez trouvé les cadavres près de la forêt d'Ascetir. Partir seul la nuit au devant du danger était prendre un risque inconsidéré, chevalier Mordred. Néanmoins, étant donné les circonstances, je veux bien vous excuser. Allez vous reposer.

- Merci Votre Majesté."

 


Dernier recours

 

Pendant ce temps, Gaius n'est pas resté inactif. Merlin étant trop faible pour avaler quoi que ce soit, le vieux médecin décide d'avoir recours à la magie une fois de plus. Mais cela ne semble pas devoir marcher.

Soudain, Merlin ouvre grand les yeux, agrippe le bras de Gaius, et lui murmure : «Kilgarrah … dans la forêt sud. »

Puis, il murmure quelque chose d'incompréhensible et perd à nouveau connaissance.

"Merlin ?"

Mais seul le silence lui répond. Gaius regarde son protégé, songeur. Puis, prenant une décision, il prend le grimoire de Merlin, et l'ouvre à la page « Soulever des objets lourds».

Après l'avoir lue attentivement, il referme le livre et se penche vers Ailil :

« Toi, il est temps que tu partes. Je vais emmener Merlin dans la forêt, et il vaut mieux que tu ne me suives pas. »

Sur ces mots, il lui ouvre la porte, et le chien s'échappe en aboyant joyeusement. Gaius jette un œil dans le couloir, pour vérifier que personne n'est là, puis, se penchant sur Merlin, il murmure quelque chose. L'iris de ses yeux s'enflamme une brève seconde. Sans attendre, le médecin prend Merlin dans ses bras, le soulevant aussi facilement que s'il s'était agit d'un fétus de paille.

Après avoir vérifié une dernière fois que personne ne risque de le voir, le mentor de Merlin s'engage dans le couloir, pour descendre presque aussitôt dans un escalier étroit, et peu fréquenté, comme en témoignent les nombreuses toiles d'araignée qui le tapissent.

 

Suite des mésaventures de Gauvain


Pendant ce temps, le conseil vient de se terminer et Arthur, suivi des ses chevaliers, quitte la salle de la Table Ronde. C'est ce moment que choisit Ailil pour débouler dans le grand couloir que suivent les chevaliers.

"Tiens ! Gauvain, voici votre ami le voleur de jambon !

- Je vous demande pardon Sire, fait l'interpellé gêné, je croyais qu'il était rentré dans son chenil après vous avoir sauvé la vie.

- Certainement pas ! Il a passé la nuit à veiller Merlin, pendant que vous dormiez d'un juste sommeil. Allez le chercher, et, cette fois, ramenez-le dans son chenil.

- Sire, ne serait-il pas plus judicieux qu'un serviteur...

- Sachez, Seigneur Gauvain, qu'un chevalier achève toujours sa mission. Même si cela implique de sauter le petit-déjeuner. Allez, et attrapez-moi ce satané chien."


Gauvain s'enfuit, confus, sur les traces d' Ailil, qui gambade joyeusement dans les couloirs. A peine est-il hors de vue des chevaliers qu'il entend un énorme éclat de rire résonner dans les couloirs.

« C'est ça, riez, moquez-vous du pauvre Gauvain qui ne sait même pas attraper un chien. Je voudrais bien vous y voir, à ma place ! Et toi, où es-tu satané chien ? »

Le chevalier, entendant un aboiement à l'extérieur, se penche à une fenêtre pour voir, un étage plus bas, un chien blanc traverser la cour du château en direction du porche d'entrée.

« Bon sang ! Ailil ! Au pied ! »

Le chien, évidemment, ne répond pas, et, maugréant de plus belle, Gauvain se précipite à sa suite.

 


Un remède de dragon

 

Pendant ce temps, Gaius arrive dans une clairière, Merlin dans les bras. Ne sachant quoi faire, il le dépose sur la mousse du sol, puis, le secouant, tente de le réveiller.

« Merlin, Merlin, que dois-je faire ?

- Ga...Gaius ?

- Merlin ! Tu as parlé de Kilgarrah. Il peut te guérir ?

- Ou..oui. Vous...devez...partir...Gaius.

- Il n'en est pas question !

- Il...ne me ...guérira pas...devant vous. Revenez me ch...chercher...dans...une demi...heure."

Désemparé, Gaius s'éloigne, tandis que Merlin, au bord de l'évanouissement murmure : « O Dracon... »

Il sombre alors dans l'inconscience, tandis qu'au dessus de lui une ombre assombrit le soleil et qu'un grand vent remplit la clairière : Kilgarrah se pose aux côtés de Merlin.

 


Une découverte choquante


Pendant ce temps Ailil, dans sa course folle, entraîne Gauvain jusqu'à la ville basse, le forçant à la suivre à travers champ, jusque dans la forêt. Enfin, il s'arrête en bordure d'une clairière. Épuisé, Gauvain s'effondre à ses côtés.

« Pfft... Bon sang, à quoi joues-tu ? Tu n'en a jamais assez de courir ? »

Pour toute réponse, l'ignorant superbement, le chien trottine à travers la clairière pour rejoindre une homme allongé là, et qui n'est autre que Merlin. Gauvain se relève, dans le but de poursuivre le chien lorsqu'il reconnaît son ami, allongé là-bas dans la mousse, inconscient. Soudain, une ombre traverse la clairière, accompagnée d'une grande rafale de vent. Affolé, Ailil repart à toute vitesse vers Gauvain qui voit, médusé, le grand dragon se poser, dos à lui, devant Merlin.

Instinctivement, il porte la main à son côté, pour découvrir qu'il a omis de prendre son épée en quittant le château. Jetant un regard inquiet à son ami allongé, il s'apprête à jouer le tout pour le tout en allant le chercher en courant pour le tirer à l'abri des arbres, lorsque le dragon, inclinant sa tête, souffle doucement sur Merlin évanoui. Interdit, Gauvain contemple la scène. Soudain, son ami ouvre les yeux et les lève sur le dragon. Mais il ne semble ni surpris, ni effrayé. Au contraire, il sourit, et prononce des mots que la distance ne permet pas à Gauvain d'entendre.


« Merci d'être venu.

- Ton appel était très faible jeune magicien. Je craignais de te trouver mort. Comment ta blessure est-elle arrivée ?

- Heu... j'ai voulu inventer une nouvelle formule magique, et je me suis retrouvé dans le corps du chien que j'essayais de soigner pendant que lui agonisait dans le mien. Quand j'ai enfin réintégré mon corps, celui-ci portait toujours la blessure reçue par le chien."

Un grand rire secoue le corps du dragon, faisant trembler les arbres et choir Gauvain médusé sur le sol.

"Tu n'es pas encore assez expérimenté pour te livrer à ce genre d'expérience. Celle-ci a bien failli t'être fatale.

- J'en suis bien conscient. Je ne suis pas prêt de recommencer, croyez-moi.

- J'imagine que la leçon a porté dans ce cas. Au revoir jeune magicien.

- Attendez, j'ai une question à vous poser. C'est à propos de Gaius.

- C'est lui qui t'a amené ici ?

- Oui. Je l'ai éloigné pour vous parler tranquillement.

- Qu'est-ce qui te tracasse ?

- Mordred sait que Gaius sait qu'il est un druide. Est-ce qu'il va lui faire du mal ?

- Je ne pense pas. Que te dit ton cœur ?

- Je ne sais pas. Tout ce que je vois me dit que Mordred est digne de confiance, mais la vision de lui tuant Arthur ne cesse de me hanter.

- Prend garde magicien. Souviens-toi de ce qui est arrivé lorsque tu as vu Morgane tuer Uther. En voulant empêcher cet événement, tu l'as toi-même provoqué, pour finalement l'empêcher de justesse. Que ta méfiance envers Mordred ne le retourne pas contre Arthur !

- Vous avez sans doute raison. Mais je ne peux m'empêcher de craindre le pire.

-Autrefois tu aurais espéré le meilleur. Il est inutile et dangereux d'avoir systématiquement peur de ce qu'on ne connaît pas. Néanmoins tu dois rester prudent, jeune magicien.

- J'essayerai de m'en souvenir. Merci.

- Au fait, qu'est-ce que cela fait d'être un chien ?

- C'est très étrange. Les sons, les odeurs, et même les images sont différentes. Et j'avais parfois des envies de chien très fortes : manger, dormir, mordre... Avant de reprendre connaissance hier, j'ai même rêvé que je poursuivais un grand cerf blanc. Parfois, je ne savais pas vraiment qui j'étais.

- Alors, tu as sans doute eu le même effet sur le chien. Peut-être l'as-tu même imprégné d'un peu de magie.

- Quand j'étais un chien, j'ai... essayé d'utiliser la magie. Je la sentais, bien que de façon différente, mais cela n'a pas marché. Pourquoi ?

- Tant que ton âme n'est pas dans ton corps, tu es incomplet, comme lorsque tu es mort, bien que d'une façon un peu différente et moins définitive. Tu percevais la magie de façon différente, comme tes autres sens percevaient le monde de manière différente. Oui, incomplet et à moitié aveugle, voilà ce que tu étais. Et tu t'étonnes de ne pas pouvoir utiliser la magie ?

- Pourtant, je la sentais …

- Et, à la longue, ton corps canin aurait pu s'y plier, comme ton propre corps au début de ta vie, durant tes neufs mois de gestation. En fait, de cette manière tu as très certainement rendu ce chien sensible à la magie. Je ne sais pas si c'est bénéfique. Surveille bien ce chien Merlin, tu en es responsable maintenant."

 


Convalescence


Le dragon parti, Merlin tente de se lever péniblement, lorsque arrive Gaius :
« Merlin ! Les dieux soient loués ! Ne me fais plus jamais une frayeur pareille, mon cœur ne le supporterait pas !

- Depuis le temps que vous me dites ça ! Combien de cœurs avez-vous donc ?

- En route, jeune impertinent, une longue convalescence t'attend.

- Mais je me sens très bien !

- Et comment vas-tu expliquer à Arthur que tu étais presque mort ce matin et en pleine forme maintenant alors qu'il n'est pas encore midi ?

- Ah ! Des vacances, enfin !

- Avant de penser aux vacances, tu va me faire le plaisir de réviser tes formules magiques, notamment en ce qui concerne la guérison des animaux ! »

Penaud, Merlin baisse la tête, essayant de retenir un sourire. Finalement, n'y tenant plus, il éclate franchement de rire. Après un froncement de sourcils qu'il tente de rendre désapprobateur, Gaius ne peut s'empêcher de se joindre à lui.


Pendant ce temps, Gauvain, malheureux, s'était éclipsé en même temps que le dragon, en compagnie d' Ailil qui, terrifié, cherchait refuge entre ses jambes, manquant de le faire tomber à chaque pas. Il regagne lentement Camelot, précédant de peu Gaius et Merlin.


« Comment vas-tu Merlin ?

- Très bien Arthur. Enfin presque. Je me suis réveillé il y a une heure.

- Hé bien tant mieux, parce qu'il y a ma chambre à ranger, mes chemises à laver mon armure à...

- Hé, je suis convalescent ! Je ne dois pas bouger. Ordre de Gaius !"

Derrière le roi, Guenièvre regarde Merlin en souriant et Gauvain tente de l'imiter, en vain.

"Merlin, je suis vraiment désolé de ce qui est arrivé. Je..je t'ai tiré dessus.

- C'était vous ? Alors je réclame un congé supplémentaire.

- Accordé !

- C'est vrai ?

- Bien sur. Tu pourras en profiter pour rattraper ton retard dans le raccommodage de mes chaussettes, et l'entretien de mon armure.

- Je me disais aussi...

- Tu te disais quoi ?

- Non, rien. Enfin, vous vous êtes excusé, c'est déjà ça.

- Et pour ton insolence, je te donne le chien, avec pour charge de le nourrir et de le dresser convenablement.

- Le chien ?

- Ailil. Il est insupportable depuis que tu as été blessé. D'ailleurs tout le monde l'appelle déjà « le chien de Merlin. »

- Mer...merci Sire. C'est la première fois que vous me faites un cadeau.

- C'est vrai ? Je ne vais tout de même pas te récompenser d'être mon serviteur, c'est déjà une récompense en soi. Surtout pour quelqu'un d'aussi incompétent et maladroit. Se faire tirer dessus, Merlin, franchement ! A propos, où est-il ce chien ?

- Au chenil Sire, répond Gauvain, je l'ai ramené à Aifric tout à l'heure. Je ne saurais dire s'il était content ou fâché de le voir.

- Ce chien est un héros maintenant. Prends-en soin Merlin, ou tu auras affaire à moi !

- Vous pouvez compter sur moi, fait l'intéressé avec un grand sourire.

 


Cas de conscience


Gauvain, l'air malheureux, se promène sur les remparts de Camelot, lorsqu'il croise Sir Léon.

"Hé bien, Gauvain. Quelle tête vous faites ! Ce sont les plaisanteries de Perceval qui vous mettent dans cet état ?

- Non, c'est autre chose.

- Voulez-vous me la confier ?"

Gauvain hésite un moment, le regard dans le vague, puis, regardant Léon droit dans les yeux, il l'interroge.

"Si un ami en qui vous avez toute confiance et dont vous avez éprouvé la loyauté fait une chose interdite mais, sans nuire a personne, du moins en apparence, que faut-il faire ?

- Cet acte met-il en danger quelqu'un ?

- Non, pas dans l'immédiat...

- Cet acte en fait-il un traître à Camelot ?

- C'est la question que je me pose.. cela semble impossible. Mais cet acte va à l'encontre des lois de Camelot, enfin pas directement je crois, mais...

- Ce que nous avons vécu ces dernières années montre qu'on peut être trahi par n'importe qui, même par sa famille, mais qu'on peut aussi trouver de la loyauté chez les personnes les plus improbables. On ne doit pas juger les gens sur leurs apparences. Mordred était du côté de Morgane, et s'est avéré être loyal à Arthur, Elyan n'était que forgeron, et est finalement devenu un des plus grands chevaliers de Camelot, la reine elle-même n'était qu'une servante avant d'aimer Arthur. Ce que je sais, c'est que notre roi a la capacité à susciter, chez ceux qui le servent, la plus grande loyauté. Si votre ami voulait nuire à Camelot, l'aurait-il déjà fait ?

- D'après ce que j'ai vu, il aurait pu le faire cent fois.

- Alors ne doutez pas de sa valeur. Les vrais amis sont des biens trop précieux pour qu'on se permette le luxe de les perdre.

- Merci Sir Léon.

- Et si nous allions chercher le nouveau chien de Merlin, pour le lui amener et lui raconter ses exploits imaginaires.

- Hé ! Je n'ai rien inventé ! Je vais vous le prouver. Je vais chercher le chien et l'emmener aux cuisines, comme la dernière fois. Dites aux chevaliers de se poster au dessus de la grille qui sépare le sol de la salle des gardes du plafond de la cuisine, celle par laquelle Merlin nous envoie les poulets.

- A vos ordres, Sir Gauvain ! "

 


Tel est pris qui croyait prendre...le poulet


Quelques minutes plus tard, Gauvain, accroupi sur le sol de la cuisine déserte, devant Ailil, explique en vain au chien qui le regarde avec ennui:

« Tu prends un poulet, d'accord ? Comme le jambon, la dernière fois. Tu te souviens ? Miam, miam ? »

Soudain, au dessus de sa tête, Gauvain entend quelqu'un pouffer de rire. Levant la tête, il aperçoit Perceval, Léon, Elyan et Mordred hilares, lui faisant signe de se retourner. Gauvain s'exécute et se retrouve face à Brunhilde, qui tient un grand rouleau à pâtisser d'un air menaçant. Gauvain n'a pas le temps de se relever que déjà, l'imposant ustensile s'abat sur sa tête.

Avant de sombrer dans l'inconscience, Gauvain a le temps d'entendre la voix moqueuse d' Elyan :

« Oyez la triste histoire, de Gauvain, au courage d'un lion, terrassé par le terrible dragon dans son antre.. »

 

 

Épilogue : Et ils vécurent heureux...


Suite à cette histoire qui l'a profondément changé, Ailil vécut encore de nombreuses aventures, dans lesquelles son courage et son intelligence firent l'admiration de tous. Ses qualités se sont transmises à ses descendants. C'est ainsi que fut créée la race de chien de chasse favorite des rois, d'où leur surnom de « Blancs du roi ». On ne sait pas trop si Merlin avait transmis à Ailil une certaine sensibilité à la magie, mais chose curieuse, dès qu'Arthur se mettait à hurler "MERLIN !", à travers la château, on voyait accourir un grand chien blanc...

Ailil devint, bien entendu, la mascotte des chevaliers de la Table Ronde, mais Gauvain n'essaya plus jamais de lui faire chaparder quoi que ce soit. Allez savoir pourquoi...

 

FIN!


choup37  (30.12.2012 à 15:34)

Ne manque pas...

Rejoins l'équipe HypnoCheck pour vérifier les informations des épisodes de la citadelle.
L'équipe HypnoCheck recrute ! | En savoir plus

L'équipe HypnoDiff, chargée de la saisie des synopsis et des news diffusions, recrute.
L'équipe HypnoDiff recrute ! | Plus d'infos

Le nouveau numéro d'HypnoMag est disponible !
HypnoMag | Lire le nouveau numéro !

Alternative Awards : À vos nominés
Alternative Awards | On compte sur vous !

Activité récente
Dernières audiences
Logo de la chaîne France 3

Hudson & Rex, S05E12
Dimanche 21 avril à 23:15
0.92m / 11.5% (Part)

Logo de la chaîne France 3

Hudson & Rex, S05E11
Dimanche 21 avril à 22:30
1.46m / 10.6% (Part)

Logo de la chaîne France 3

Hudson & Rex, S05E10
Dimanche 21 avril à 21:50
2.10m / 11.6% (Part)

Logo de la chaîne France 3

Hudson & Rex, S05E09
Dimanche 21 avril à 21:10
2.31m / 11.8% (Part)

Logo de la chaîne France 2

Un si grand Soleil, S06E155
Vendredi 19 avril à 20:45
3.29m / 18.3% (Part)

Logo de la chaîne TF1

Demain nous appartient, S07E169
Vendredi 19 avril à 19:15
2.34m / 16.0% (Part)

Logo de la chaîne TF1

Plus belle la vie, encore plus belle, S01E75
Vendredi 19 avril à 13:45
1.90m / 23.8% (Part)

Logo de la chaîne TF1

Mademoiselle Holmes, S01E04
Jeudi 18 avril à 22:10
3.34m / 20.7% (Part)

Toutes les audiences

Actualités
Au programme de ce mardi

Au programme de ce mardi
Les options sont diverses à l'horaire de ce mardi 23 avril.  Du côté des diffuseurs anglophones, il...

Au programme de ce lundi

Au programme de ce lundi
Ce lundi 22 avril débute une nouvelle semaine riche en rebondissements sur les écrans, des deux...

Fin de parcours pour CSI : Vegas et So Help Me Todd annulées par la CBS

Fin de parcours pour CSI : Vegas et So Help Me Todd annulées par la CBS
Cela flottait dans l'air depuis quelques jours, la sentence est tombée comme un couperet : CSI :...

Au programme de ce week-end

Au programme de ce week-end
Enfin, c'est la fin de semaine! La passerez-vous devant vos écrans? Si oui, il y a des options...

Une deuxième saison pour la série Fallout adaptant le jeu-vidéo du même nom

Une deuxième saison pour la série Fallout adaptant le jeu-vidéo du même nom
La série Fallout qui adapte le jeu-vidéo du même nom a conquis les abonnés de Prime Video. En...

HypnoRooms

Supersympa, 16.04.2024 à 14:31

Bonjour à tous ! Nouveau survivor sur le quartier Person of Interest ayant pour thème l'équipe de Washington (saison 5) de la Machine.

choup37, 18.04.2024 à 08:49

5 participants prennent part actuellement à la chasse aux gobelins sur doctor who, y aura-t-il un sixième?

chrismaz66, 18.04.2024 à 11:04

Choup tu as 3 joueurs de plus que moi!! Kaamelott est en animation, 3 jeux, venez tenter le coup, c'est gratis! Bonne journée ^^

choup37, 19.04.2024 à 19:45

Maintenant j'en ai plus que deux, je joue aussi sur kaa

Viens chatter !

Newsletter

Les nouveautés des séries et de notre site une fois par mois dans ta boîte mail ?

Inscris-toi maintenant

Sondage