HypnoFanfics

Interdit aux moins de 18 ans

Coeurs enneigés

Série : Castle
Création : 02.01.2014 à 18h11
Auteur : cathy24 
Statut : Terminée

« Quelque part en milieu de saison 6 » cathy24 

COMMENTER CETTE FANFIC

Cette fanfic compte déjà 17 paragraphes

Afficher la fanfic

11EME CHAPITRE

 

Kate avait enfin un nom. Ce n’était peut-être qu’une fausse piste une fois de plus mais au point où elle en était, cela ne coûtait rien de tenter sa chance. Elle se saisit fébrilement de son téléphone et appela. Quand on décrocha à l’autre bout de la ligne, elle entendit la voix émettre un « Allo ! » ensommeillé. Kate n’avait pas fait attention avec le décalage horaire qu’il était plus d’une heure du matin en France.

- Gaston Mercier ? demanda-t-elle en pestant cependant contre cette étrange habitude des Français de ne jamais se présenter au téléphone.

- Qui êtes-vous, fit la voix endormie ?

- Vous ne me connaissez pas, je suis Kate Beckett et je travaille pour la police de New-York. Excusez-moi de vous déranger à cette heure tardive mais…

- Il est arrivé quelque chose à Castle ? Et la voix était définitivement réveillée.

Kate eut un moment de flottement.

- Comment savez-vous ?…, commença-t-elle.

- Rick m’a parlé de vous. Il m’avait dit de vous contacter si… s’il ne rentrait pas à New-York. Que se passe-t-il ?

Beckett eut un pincement au cœur : Castle savait qu’il risquait d’y passer en se lançant ainsi sur la trace des kidnappeurs d’Alexis et par delà les dangers qu’il allait affronter alors, il pensait à elle aussi.

Mais elle ne pouvait sombrer dans l’émotion alors qu’elle tombait enfin sur une personne qui ne se dérobait pas. Elle avait enfin pris contact avec quelqu’un qui connaissait Castle et ne le cachait pas.

- Vous l’avez-donc vu voilà quelques mois à Paris au moment où…

- Oui, répondit le prénommé Gaston. Mais dites-moi, qu’y a-t-il ?

- Il va bien. C’est sa mère qui a eu un accident. Si je vous ai contacté, c’est parce que je crains que cela ne soit une tentative de meurtre et qu’il y ait un lien avec ce qu’il s’est passé à Paris.

- Et vous croyez que je peux vous aider ?

- Je recherche quelqu’un.

- Qui ça ?

- L’auteur de la tuerie de la forêt de Fontainebleau.

- Je vous arrête tout de suite. Je n’ai fait que mettre Rick en contact avec celui qui l’a amené sur ce lieu. Je ne sais rien de plus. Et puis, je ne pense pas que cela soit une bonne idée de se lancer aux trousses de cet homme. Il n’est apparemment pas du genre à faire du sentimentalisme et apprécier que l’on se mette en travers de son chemin.

- Je ne pense pas que j’ai quoique ce soit à craindre de lui, je veux juste le retrouver pour lui parler.

- Je suis désolé, détective mais je ne peux vraiment pas vous aider.

- Je ne demande pas grand-chose, juste un numéro de téléphone ou le nom de quelqu’un qui peut le contacter, insista-t-elle, la voix frémissante.

- Je ne sais rien de plus.

Kate raccrochait moins d’une minute plus tard, les larmes en bordure des cils. Elle était persuadée qu’elle venait de perdre sa dernière piste sérieuse. Elle tournait et retournait dans sa tête tout ce qu’elle savait, toutes les moindres petites parcelles d’information qu’elle avait réussies à glaner de-ci, de-là. Le résultat était mince, voire presque nul. Elle avait essayé, elle avait échoué. Que devait-elle faire d’autre ?

Elle avait mené cette enquête en parallèle parce qu’elle ne voulait pas mettre sous les projecteurs le père de Castle. Elle avait été tellement persuadée qu’elle parviendrait à le retrouver et qu’ensemble ils protègeraient Martha, Rick et Alexis, qu’ils viendraient à bout de la menace. Elle n’avait fait que parvenir à un cul-de-sac.

 

Esposito et Ryan étaient debout devant le bureau de Gates assise au fond de son fauteuil. Ils lui faisaient le compte-rendu de leurs investigations respectives. L’entreprise Cable5 paraissait des plus saines. Presque vingt années d’existence et un nombre d’abonnés croissant régulièrement. Les détectives avaient récupéré la liste de tout le personnel. Les employés tournaient pas mal et il était rare d’en trouver qui restaient en place plus de deux ans. Certainement le fait cumulé d’une pression constante, d’un salaire assez moyen pour des horaires la plupart du temps fractionnés. Rares étaient ceux qui travaillaient à temps plein et presque la moitié était des étudiants qui pouvaient ainsi se payer leurs études.

Ryan avait trouvé deux plaintes pour harcèlement moral à l’encontre de l’ancien directeur qui avait du démissionner. C’est de cette époque que Peter Whisper avait pris en main l’entreprise.

- Le nom du précédent directeur ? demanda Gates.

- Alonso Ferreira.

- Qu’est-il devenu ?

- Il est parti sur la côte Ouest où il s’est reconverti dans le tourisme. Apparemment, il y ferait fortune avec un concept de séjours dans les endroits les plus insolites qui soient, en proposant de revivre dans les conditions d’autrefois.

- C'est-à-dire ?

- Vivre une semaine, la vie d’hommes préhistoriques, celle de vachers, d’indiens à la poursuite de bisons, de Quakers,…

- Et ça marche ça ? interrogea Esposito.

- Du feu de Dieu.

- Les gens sont bizarres.

Ryan opina.

- Un lien entre ce Ferreira et Silver ? demanda Gates.

- Apparemment aucun.

- Autre chose ? fit la capitaine.

- Oui, avança Esposito. J’ai croisé le fichier du personnel avec ceux de nos services. Deux noms sont apparus : Luis Mendoza et Oliver McPherson. Tous les deux ont fait de la prison pour trafic de stupéfiants. Dès leur sortie, ils ont trouvé du boulot chez Cable5.

- Et ?...

- J’ai contacté mes potes des stups, compléta Ryan. Apparemment Mendoza et McPherson sont parfaitement clean de ce côté-là. Rien à leur reprocher.

- Autre chose ?

- Rien pour l’instant.

- Continuez de fouiller.

 

Quand Alexis fit irruption dans la chambre, accompagnée de Lanie, Castle conversait avec Jane Austen. Lanie rendait visite pour la première fois à Martha depuis qu’elle était dans le coma. Elle savait parfaitement décrypter tous les indicateurs qui maintenaient l’actrice sous surveillance. Quand Lanie croisa le regard de Castle, elle esquissa juste un petit sourire et se dirigea au plus vite vers l’infirmière. Rick n’y perçut rien de positif, bien au contraire. Si Alexis ne s’était pas rapprochée de lui, il se serait imposé dans leur conversation mais il ne pouvait pas repousser sa fille qui était venue tendrement passer ses bras autour de sa taille. Il la serra plus fortement contre lui, d’une légère rotation de droite à gauche et de gauche à droite, il la berça et déposa un baiser sur sa chevelure.

- Papa ?

- Oui, ma chérie ?

Ils ne se détachèrent pas l’un de l’autre.

- Cela te dérange si je vais passer la nuit chez Lanie ?

Castle posa les mains sur les épaules de sa fille, l’écarta légèrement de lui, plongea son regard dans le sien. Il y déchiffra un étrange mélange de peur et de supplique. Il la prit de nouveau tout contre lui.

- Bien sûr que non.

- Tu ne m’en voudras pas ?

- Pourquoi t’en voudrais-je ?

- Parce que je suis revenue depuis hier et avec ce que tu vis, que je t’ai déjà fait faux bond cet après-midi et je vais recommencer ce soir.

- Tu  as besoin de parler avec quelqu’un d’autre que ton père de ce que tu ressens et Lanie saura t’écouter.

 

- Je croyais que Mme Rodgers avait un œdème au cerveau qui l’avait plongé dans le coma, commença Lanie.

- C’est exact, confirma Austen.

- Cependant quand je suis entrée dans la chambre, je vous ai entendu donner des explications et cela ne ressemble pas aux symptômes traditionnels d’un coma causé par un traumatisme crânien.

- Vous vous méprenez, Docteur Parish, nous ne parlions pas de Mme Rodgers.

- Je comprends mieux parce cela avait toutes les caractéristiques d’une surdose d’atropine.

- C’est effectivement le cas.

- Je suppose alors que Monsieur Castle vous pose ces questions pour un prochain bouquin.

- Pas vraiment, non.

Pendant quelques secondes, l’infirmière hésita mais la femme qu’elle avait en face d’elle était une amie de Richard Castle et qui plus était, un médecin.

- C’est un enfant de sept ans amené ici voilà quatre jours. Il est arrivé après un choc émotionnel très fort qui l’a plongé dans un état de coma superficiel. Il était certain qu’il en sortirait très vite. Mais il a fait subitement une tachycardie paroxystique. On a du lui administrer de l’épinéphrine…

- Et vous avez dépassé la prescription administrable pour un gamin de cet âge…

- Pas du tout, interrompit Austen virulemment. On a vérifié, il n’y a pas eu surdose de notre part.  Mais depuis plus de trois jours, c’est comme si on continuait de lui en administrait régulièrement ce qui n’est pas le cas.

- Vous voulez dire que les effets de la première injection perdurent toujours ?

- On a fait tous les examens possibles. C’est comme si son corps secrétait de lui-même en permanence cette hormone sans aucune raison.

 

Gates avait contacté Beckett et lui avait demandé de venir dans son bureau. Elle la fit s’asseoir sur le canapé et vint prendre place à ses côtés. Cette façon d’agir était tellement inhabituelle que Kate, inconsciemment, s’attendit à une mauvaise nouvelle, son cœur se comprima aussitôt dans sa poitrine, une sueur glacée descendit le long de sa colonne vertébrale et ses doigts s’entrelacèrent pour dissimuler le léger tremblement qui agitait ses mains.

- Détective, et il y avait quelque chose de très chaleureux dans la voix, je voulais vous donner les derniers développements concernant l’accident de Martha Rodgers. Voilà, rajouta-t-elle avant de laisser un silence s’installer.

- Je vous en prie, capitaine, même si ce sont de mauvaises nouvelles, ne cherchez pas à les rendre moins douloureuses qu’elles peuvent l’être.

- Rien de tel, Beckett. Seulement, depuis deux jours pour le moins, vous suivez votre propre piste. Je comprends que cette affaire vous touche profondément et je vous ai laissé faire. Je ne sais ce que vous avez découvert mais je sais que de notre côté, nous avons avancé. Je crois que nous serions plus efficaces en travaillant désormais ensemble.

- Vous avez progressé ? demanda faiblement Beckett redoutant d’entendre la suite.

- Exactement. On a fait fausse route depuis le départ en croyant que la cible pour laquelle Silver avait été engagé, était Mme Rodgers.

Kate fronça les sourcils pendant que ses doigts se désunirent.

- Pardon ?

- Nous pensons que cela a un lien avec Cable5 et certaines personnes y travaillant.

- Je ne comprends pas.

- Nous avons fait quelques recherches sur des employés de cette entreprise. Plusieurs ont un passé de dealers et ont fait de la taule.

- Mais qui a alors engagé Silver et pourquoi ?

- Nous bloquons toujours sur ce numéro de compte mais dès que nous aurons trouvé, nous serons en passe de faire une belle avancée.

- Rien de nouveau alors de ce côté-là ?

- Peut-être que vos ex-collègues de Washington pourraient vous donner un coup de main.

- Vous voulez que je demande de l’aide à Rachel McCord ?

- Vous pouvez toujours essayer. S’il s’agit d’un compte de blanchiment d’argent, cela pourrait les intéresser également.

- S’il… ?

- Silver a dit une chose étrange au fils d’une de ses collègues et nous ne pouvons écarter cette piste.

- Qui est ?

- Qu’il travaillait pour une agence gouvernementale.

 

Pendant un instant, Beckett avait cru que Jackson Hunt n’avait rien à voir de près ou de loin avec l’accident dont avait été victime Martha et elle se sentait respirer plus librement pour la première fois depuis qu’elle avait fait la connaissance involontairement du père de Rick. Et puis, les derniers mots de Gates la firent replonger encore plus intensément dans ses craintes. Une agence gouvernementale ? Alors, oui, elle contacterait Rachel parce qu’elle était totalement perdue, qu’elle ne comprenait plus grand-chose à l’exception que le cauchemar s’approfondissait et que plus que jamais, Hunt était la clé de cette affaire.


cathy24  (12.01.2014 à 19:05)

12EME CHAPITRE

 

Quand Castle rentra au loft ce soir-là, Kate n’était pas encore arrivée. Elle ne tarderait pas. Croyant sentir sur lui les odeurs médicamenteuses et les effluves de produits désinfectants de l’hôpital, il commença par s’éclipser dans la salle de bains pour prendre une douche rapide. Décapé et changé, il se mit en préparation du repas. Le réfrigérateur était aux trois-quarts vide : il laisserait une liste de courses à faire demain pour la femme de ménage. Heureusement, le congélateur regorgeait de restes de différents plats. Il sortit plusieurs boîtes hermétiques, hésitant sur celle à prendre, avant de finir par se décider pour un sauté de veau. Avec des pennes, ce serait parfait.

Elle ouvrit la porte du loft. A peine le seuil franchi, elle vit Castle, le dos tourné qui s’agitait devant l’évier. Elle était heureuse qu’il soit là et un magnifique sourire illumina son visage. En s’approchant, elle remarqua le couvert déjà dressé. Deux assiettes seulement. Elle ne savait pas pourquoi Alexis n’était pas présente mais elle était presque soulagée de cette absence. Une soirée entière se profilait pour tous les deux. Elle était à la fois heureuse d’être seul avec l’homme de sa vie mais craintive de ce qui allait suivre car elle devait lui parler et tenter de briser ce mur de silence qu’il s’évertuait à maintenir entre eux.

Elle posa sans bruit sa sacoche sur la table basse, se défit en silence de son manteau et s’approcha furtivement de Castle qu’elle enserra de ses bras en collant sa tête contre son dos. Il eut à peine un sursaut de surprise, posa ce qu’il faisait pour se retourner vers Kate et l’embrasser tendrement.

- Tu sens si bon, ne put retenir la jeune femme les narines emplis de l’eau de toilette de Castle.

- Rien de plus sensuel qu’un sauté de veau.

Elle sourit à sa remarque, il lui sourit en retour et leurs lèvres, presque inconsciemment s’attirèrent une fois de plus. Kate aurait voulu que cet instant perdure indéfiniment. Elle ne parvenait pas à s’expliquer pourquoi mais chaque fois qu’elle était dans les bras de Rick, chaque fois qu’il posait ses lèvres sur les siennes, elle ressentait un total abandon de tout son être. Un sentiment de plénitude, de réconfort, de sécurité. Rester ainsi pour l’éternité. Ne pas bouger, ne pas ciller pour ne pas rompre ce bien-être absolu. Cela faisait plus de dix huit mois qu’ils étaient ensemble et chaque jour qui passait, faisait qu’elle l’aimait toujours un peu plus intensément. Elle avait redouté les premiers temps de leur liaison passés que la passion qui les avait animés initialement ne se délite progressivement, que la tension sexuelle qu’ils avaient réfréné tant d’années ne s’étiole et ne mette à jour un grand vide et que tout n’ait été finalement que mensonge et tromperie. Mais c’était le contraire. Chaque jour qui passait les voyait plus épris que la veille et moins que le lendemain. Et Kate admettait heureuse que jamais elle n’aurait pu croire qu’elle vivrait une histoire d’amour aussi intense et magique. Elle aimait Castle de chaque fibre de son corps, de chaque parcelle de son âme. Il était au-delà de tout ce qu’elle aurait pu attendre d’une relation amoureuse.

Ce fut le crépitement significatif d’un plat commençant d’accrocher au fond de la casserole qui les désunit. Castle se précipita pour la retirer du feu.

- Il était moins une !

Il s’affaira à réparer les petits dégâts.

- Je te sers un verre ? demanda Kate.

- Je veux bien.

Elle se dirigea vers la table, sortit la bouteille du seau à glace, jeta un regard à l’étiquette et emplit à moitié les deux verres de Chablis. Un dans chaque main, elle alla ensuite retrouver Castle près des fourneaux. Ils burent en silence la première gorgée. Rick arrêta la plaque sous le sauté, déposa un couvercle sur le faitout avant de se retourner vers Kate, de lui prendre la main et de la guider vers le canapé. C’était ainsi souvent, qu’ils se retrouvaient et prenaient le temps de discuter à la fin d’une journée de travail.

Cela faisait presqu’une semaine qu’ils n’avaient pas suivi leur petit cérémonial.

A peine assis, Castle engagea la conversation.

- Gates est venue voir ma mère aujourd’hui.

Kate remarqua tout de suite le changement dans le regard de Castle. Il était passé d’une caresse à une lueur d’inquiétude.

- Je l’ignorais.

- C’est étrange parce que j’ai toujours l’impression face à elle, d’être un gamin devant une directrice d’école.

- Elle n’a pas un abord facile, c’est vrai, répliqua Kate en esquissant un petit sourire.

- Oui, mais c’est quelqu’un de bien.

- Finirais-tu par t’attacher à elle ?

- Disons que je m’habitue. Par contre…

Il se décala légèrement pour pouvoir mieux regarder Kate.

- Par contre, reprit-il, elle m’a confirmé que Silver avait eu une rentrée d’argent qu’on ne s’explique pas. C’est pour cela que tu persistes à croire qu’il a volontairement renversé ma mère ?

La question était posée d’une voix qui se voulait neutre mais où la tension sous-jacente se percevait.

- Il y avait trop de faisceaux de présomptions.

- Et elle t’est venue quand cette idée ?

- Quand les Bros ont mis à jour cette incohérence dans ses comptes.

- Et si tu n’avais pas fait la connaissance de mon père, tu  leur aurais demandé de fouiller davantage ?

- Pardon ? Tu sous-entends quoi, précisément ?

-  Que tu m’en veux de t’avoir caché son existence.

- Castle !

Elle posa son verre sur le meuble accolé derrière le canapé, se leva, fit quelques pas dans le salon avant de revenir se mettre face à lui.

- Je… je t’en veux, oui de ne m’avoir rien dit. Parce que tu m’as caché la vérité sur Paris. Et je t’en veux bien davantage parce que du coup, ta vie, celle d’Alexis et celle de Martha sont toujours exposées et que tu m’empêches de vous aider efficacement.

- C’est l’alibi que tu t’es trouvée pour lancer le poste sur ses traces ?

- Comment peux-tu croire cela ?

Il se redressa à son tour après avoir lui aussi posé son verre.

- Parce que j’ai vu ton regard sur lui quand tu t’es rendue à l’évidence de qui il était et que tu as été obligée de le laisser partir malgré tout.

- Quoi ? Tu crois que c’est pour cela qu’on a continué de creuser sur Silver ?

- Je crois oui, et il émit un hochement de tête.

Kate était abasourdie. Castle l’accusait de vouloir se lancer à la poursuite de son père. Pour l’arrêter. Pour le mettre sous les verrous. Elle trouva cela terriblement injuste et les larmes lui montèrent aux yeux.

- Tu me prêtes des intentions qui ne sont pas les miennes, se défendit-elle en haussant fortement le ton.

- Tu avais braqué ton arme sur mon père, je te le rappelle.

- Et comment voulais-tu que je sache qui il était,  puisque tu m’avais caché son existence et votre rencontre ? Cet homme avait commis un crime, rappela-t-elle en appuyant sur chaque syllabe et en reprenant un volume sonore plus maîtrisé.  J’ai voulu te protéger. Tu aurais du me le dire…

- … Que je connaissais l’homme qui avait torturé et tué et que c’était mon père ?

- Tu ne m’as surtout pas fait confiance.

- Rappelle moi ton boulot déjà ? Flic à la Criminelle, en charge entre autres, de retrouver le type qui avait brisé les doigts et mis une balle en pleine tête du gars trouvé dans une ferme. C’est bien cela ?

A son tour, Castle fit un pas vers Kate et sa voix était blanche de colère contenue quand il poursuivit :

- Si j’étais venu te dire que celui qui avait fait ça était mon père, comment aurais-tu réagi ? Comment ?

- Je n’en sais rien mais au moins, cela aurait prouvé que tu ne doutais pas de moi.

- Mais je n’ai aucun doute sur toi, je te connais, c’est tout.

-  Je veux juste lui parler. Castle, je n’ai rien dit à Gates et je ne lui dirai rien tant que je pourrais gérer ça seule.

- Nous y voilà !

Kate s’apprêtait à lui répondre virulemment mais elle n’en fit rien. Elle avait souhaité ardemment qu’ils abordent le sujet de ce père mais, voilà, tout partait de travers parce qu’avant même le début de la discussion, Castle refusait d’entendre son point de vue et s’était au contraire forgé déjà son intime conviction. Une conviction dans laquelle il l’entrevoyait comme une flic obtuse uniquement désireuse d’appréhender un criminel et comme une femme blessée par son mensonge.

- Tu peux ne pas me croire, poursuivit-elle, mais je mène mon enquête seule, avec les quelques indices que j’ai en ma possession. Pourquoi ne veux-tu pas comprendre que cet accident n’est pas fortuit ?

- Parce que même si c’est le cas, mon père règlera le problème.                   

Kate n’en croyait pas ses oreilles.

- Comment peux-tu faire confiance aveuglément à quelqu’un que tu connais à peine ?

- Parce qu’il a déjà sauvé et la vie d’Alexis et la mienne.

- Je demande juste quelques minutes : je te promets de le laisser partir ensuite.

- Kate, je t’ai vu agir pour retrouver l’assassin de ta mère, je t’ai vu mettre ta vie en danger, je t’ai vu te débattre pour sauver la vie même de Bracken, j’ai vu ce que ton haut sens moral te guidait à accomplir : je ne veux pas te mettre face à mon père.

- Alors, contacte-le. Je te dirais ce que je souhaite savoir et tu le questionneras pour moi.

- Je ne sais pas comment le joindre. Et même si je le pouvais, je ne le ferais pas.

- Mais pourquoi, Castle, pourquoi ?

- Parce que je ne veux pas l’obliger à se montrer, je ne veux pas mettre sa vie en danger.

- Ce sont les vôtres qu’il expose. Je ne sais pas qui est vraiment ton père mais, apparemment, il s’est fait beaucoup d’ennemis.

- C’est pour cela qu’il est resté dans l’ombre toutes ses années et je comprends ses raisons.

- Puisque tu refuses de m’aider, je vais continuer de chercher, jusqu’à ce que je trouve. J’espère juste que je ne vais pas tomber sur une autre piste sanglante faite de tortures et de meurtres alors que tout cela aurait pu être évité.

Castle eut un haussement d’épaules.

- C’est par nécessité qu’il doit agir ainsi parfois.

- On n’est pas dans un James Bond, là, Castle !

- C’est notre vie qui est loin, très loin de la réalité des barbaries quotidiennes.

- Parce qu’enquêter sur des meurtres, c’est la vie en rose, peut-être? Mais, c’est vrai, j’oubliais, c’est un passe-temps pour toi.

- Un passe-temps ?…

- Torturer n’est jamais une nécessité, insista-t-elle sans tenir compte de la blessure qu’elle venait d’infliger à Castle.

- Ah oui ?

Castle s’avança plus près encore de Kate. Ils étaient là, face à face, à se mesurer du regard, à jauger leur volonté d’en découdre encore plus, prêts à franchir les barrières et faire le pas de trop.

- Quand ce chauffeur était notre unique piste pour retrouver Alexis, pourquoi m’as-tu laissé seul avec lui dans cette chambre, alors ?

- Je pensais que tu le convaincrais…

- C’est ce que j’ai fait.

- … avec des mots, Castle, avec des mots. Pas ainsi.

- Je ne pense pas, non. Tu n’as juste pas voulu croire que j’étais capable de ça.

- Je ne pensais pas que tu agirais ainsi, c’est vrai.

- Oui et bien je l’ai fait.

- Et maintenant, je ne suis plus étonnée que tu ais cette face sombre en toi.

Un silence s’instaura subitement. Castle vrilla ses yeux dans ceux de Kate. Il ne parvenait pas à lire ce qu’il y voyait. Etait-ce de la peur ? Etait-ce de la colère ? Etait-ce la volonté de le provoquer ?

- Tu dis cela à cause de mon père? Reprit-il faiblement.

Kate comprit trop tard la portée des mots qu’elle avait prononcés.

- Non, non, je ne voulais pas…

- Oh si ! C’est parfaitement le fond de ta pensée. Tel père, tel fils…

Il lui jeta un regard glacial qui la gela au plus profond d’elle-même, il la contourna et se dirigea d’un pas qu’il voulait calme, vers son bureau.

Kate mit quelques secondes à réaliser l’étendue des dégâts que cette discussion allait faire. Elle se précipita à la suite de Castle et le rattrapa au moment où il allait fermer la porte. Il la laissa gagner cette manche, lui tourna le dos et s’éloigna d’elle une fois encore. Kate l’attrapa par les épaules et ses bras l’enserrèrent le plus fortement possible.

- Pardonne-moi, Castle, pardonne-moi !

- Lâche-moi, lui ordonna-t-il d’une voix blanche en restant immobile.

- Non, je regrette, si tu savais comme je regrette.

- En fait, il est temps que tu réalises que l’homme avec lequel tu as prévu de te marier, a du sang de criminel dans les veines. Pas terrible pour une flic aussi exigeante que toi. On peut tout arrêter si tu le désires.

Kate poussa un sanglot long et profond que son visage caché dans le dos de Castle ne parvint pas à étouffer. 


cathy24  (13.01.2014 à 19:23)

Certains passages NC - 17

 

13EME CHAPITRE

 

Rien ne pourrait jamais effacer ces dernières minutes horribles. Kate s’accrochait à Castle parce qu’elle sentait qu’en abandonnant ce contact, c’était leur couple qui se réduirait en cendres sous ses yeux. Elle resserra davantage son étreinte encore, à s’en faire mal aux bras, à se tétaniser les doigts. Elle avait l’impression de revivre les secondes épouvantables pendant lesquelles elle était suspendue dans le vide après avoir poursuivi Maddox, face à ce mur dont le rebord avait été sa seule chance de survie. La réminiscence fut trop forte.

- Castle, échappa-t-elle, Castle ! Ne me repousse pas.

- Comment peux-tu vouloir vivre avec moi si tu redoutes que je devienne ce qu’est mon père ? On ne peut rien construire dans le doute.

- Je ne doute pas de toi. Jamais. Je veux simplement t’aider. Je t’aime, Rick, je t’aime.

Ses mains abandonnèrent les épaules pour passer sur le torse de Castle. Elle réussit à le retourner vers elle en se glissant entre lui et le bureau et se retrouva ainsi collée contre le meuble. Ses mains s’agrippèrent au cou de son fiancé et elles obligèrent le visage de Castle de se rapprocher du sien. Ses lèvres s’emparèrent sauvagement de celles de Castle. Il tenta de la repousser mais elle s’assit sur le bureau, l’attirant toujours plus à elle, ses jambes le tenant contre elle. Kate le serrait fortement et elle continuait d’embrasser son amant qui ne parvenait pas à se défaire de cette étreinte possessive. La langue de Kate essayait de se frayer un passage entre les lèvres de Castle mais il résistait. Elle bascula plus encore et se trouva allongée sur le bureau entraînant Rick sur elle. Un objet coincé contre une de ses cotes, la blessait. Elle dut se résoudre de sa main gauche à le pousser légèrement et affaiblit sa prise autour du cou de Castle. Il en profita pour désunir leurs lèvres.

- Arrête ça, Kate !

- Non ! hurla-t-elle alors qu’elle tentait de reprendre possession de son cou.

Rick avait pris un peu de distance et ses mains essayaient d’éloigner celles de Kate comme un judoka empêchant son adversaire d’affermir sa prise mais la jeune femme fit glisser plus haut encore ses jambes le long du dos de son prisonnier l’obligeant à se recoucher totalement sur elle. Elle mouvait son bas-ventre contre l’entrejambe de Castle qui se débattait de plus en plus fortement.

- Ah quoi tu joues ? Arrête, répéta-t-il.

- Non, je ne veux pas te perdre.

Il avait beau vouloir se montrer distant, les plaintes et les pleurs de Kate lui remuaient les entrailles. Il avait cependant enfin réussi à échapper au corps à corps qu’elle avait voulu lui imposer et à faire quelques pas en arrière, la laissant assise sur le bureau, les mains tendues vers lui. Les larmes coulaient sans retenue parce qu’elle voyait, par sa faute, leur relation menacée. Elle se sentait pitoyable et certainement très laide à ce moment précis en offrant son visage ravagé et son corps délaissé qu’il venait de repousser pour la première fois. Elle ne savait que faire, comment agir. Et lui, qui restait, là, immobile à la regarder. De ses yeux d’un bleu si profond qu’elle s’était vu s’y perdre pour toute sa vie. Et voilà que cela était sur le point de s’arrêter. Non, elle ne voulait pas qu’il en soit ainsi. Alors, elle reflua ses larmes, elle sécha celles qui avaient coulé d’un geste de la main droite et elle se redressa.

- Que m’importe ton père, fit-elle d’une voix posée et calme, en s’avançant lentement vers lui. C’est avec toi que je veux faire ma vie. Egoïstement. Je suis résolue à tout pour te garder. Je t’aime, Rick. Je sais qui tu es : quelqu’un de bien. Mais si tu crains qu’une once de moi se méfie de toi, si tu penses que quelque chose est en train de se briser entre nous, si tu t’imagines faire une erreur  en étant avec moi, alors, je te quitterais. Mais dis-le-moi. Clairement.

Elle s’était approchée si près que ses lèvres étaient de nouveau à un souffle de celles de Castle et qu’elles s’en saisirent délicatement cette fois. Quand elle sentit les mains sur ses épaules qui la repoussaient légèrement, elle se dit qu’elle l’avait définitivement perdu.

- Kate, tu as raison, je ne connais pas et je n’aurais certainement jamais l’occasion d’apprendre à le connaître. Mais c’est mon père. Pourquoi n’aurais-je pas confiance en lui ?

- Castle, pardonne-moi. Tout ce que j’ai dit c’est parce que je tiens à toi et que je n’en peux plus de mes moulinets pour rien dans le vent. Tu m’empêches de te protéger comme je me dois de le faire, tu m’interdis de t’aider à surmonter ce qui arrive à ta mère. Je veux pouvoir t’apporter réconfort et sécurité comme tu l’as fait si souvent pour moi. Je t’aime.

Elle s’était lovée entre ses bras qu’il avait refermés avec bienveillance autour d’elle. L’un comme l’autre s’en voulaient. Terriblement. Castle sentait son cœur se briser. Il avait réagi comme si Kate risquait de lui retirer quelque chose de précieux : ces moments en devenir incertains avec son père, ce qu’il n’avait jamais eu et ce qu’il croyait naïvement pouvoir vivre cependant un jour, cette espérance née dès l’instant où leurs chemins s’étaient croisés. Et Kate se trouvait entre Hunt et lui. Comment concilier le passé, le présent et l’avenir de son père avec son passé, son présent et son avenir avec Kate ? Et s’il lui fallait choisir ? S’il devait sacrifier l’un à l’autre ? Comment accepter de perdre définitivement son père maintenant qu’il le connaissait, alors qu’il s’attendait d’un moment à l’autre à perdre sa mère ? Mais comment envisager un seul instant de se priver de la présence de Kate? Il connaissait déjà sa décision. Il n’avait jamais hésité. Il savait où allait sa préférence et ce, depuis le moment où Kate et Hunt s’étaient rencontrés à Central Park mais il avait voulu tenter de préserver une chance de ne pas devoir choisir. Maladroitement. Cruellement. En blessant et désespérant la seule personne qui avait une réelle importance à ses yeux.

- Alors, oublie ce que je t’ai dit, murmura-t-il, parce que j’ai besoin de toi, même si je ne sais pas comment accepter ton aide. Il y a des choses que j’ai enfouies si profondément en moi depuis tant d’années que je ne sais comment les gérer quand elles remontent à la surface. Reste à mes côtés.

Elle ne put empêcher ses larmes de couler encore mais cette fois, c’était de joie.

- Toujours, toujours, répondit-elle en fondant de nouveau sur ses lèvres.

Cette fois-ci, il ne recula pas et amplifia la violence de leur baiser. Il la serra fortement contre lui, acceptant et désireux cette fois-ci de sentir le bas-ventre de Kate onduler contre le sien et l’exciter. Dans leur pulsion qui croissait, il la poussa contre un des rayonnages de la bibliothèque, brusquement, arrachant un léger cri à Kate. Mais elle se moquait du rebord d’une des étagères lui meurtrissant le milieu du dos. Au contraire, elle remonta la jambe droite au niveau du bassin de Castle. Il la soutint d’une main tandis que l’autre aidait la jambe gauche à venir lui enserrer le dos une fois encore. Il embrassait chaque once de peau du visage, chaque parcelle du cou de Kate déclenchant en elle des contractions de plaisir. Il y avait comme une violente nécessité de se sentir possédant et possédé mutuellement : ils étaient passés si près du désastre !

En équilibre instable, Kate déboutonna son pantalon, baissa la fermeture et fit glisser le vêtement le plus possible. S’aidant de l’étagère pour empêcher Kate de tomber, Castle dégagea jambe après jambe le pantalon et le shorty  puis il entreprit de dégrafer  son propre jean. Guidant sa verge vers le sexe de Kate, il s’enfonça d’une seule et forte poussée sans ménagement. Kate ne s’attendait pas à une pénétration aussi rapide et rude et sa tête tomba sur l’épaule gauche de Castle en y étouffant le long gémissement qu’elle expulsa. Il ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits et ses coups de rein se firent amples et violents. Comme s’il lui fallait expurger la peur contenue en lui.

Espérant maintenir son équilibre, Kate essaya de ses mains de s’agripper à ce qu’elles trouvaient sur les rayonnages. Des livres, encore et toujours, qui s’en allaient  joncher le sol et qui ne lui permettaient pas de sécuriser sa position. Mais à chaque fois qu’elle croyait être sur le point de tomber, Castle la redressait juste avant de s’enfoncer encore et encore plus en elle. Elle était submergée par un flot de sensations dont la plus étonnante était d’aimer à ce point de se sentir bringuebaler par les mouvements puissants de Castle. Elle sentit que la vague de plaisir était en train de monter avec une rapidité et allait la submerger avec une intensité qu’elle n’avait pas encore connue. Si bien qu’elle poussa un tel cri de jouissance que Castle s’arrêta brusquement, surpris, et attendit qu’elle ne soit redescendue pour finir en deux trois derniers assauts par se délivrer.

 

Castle dormait encore. Il était à peine six heures du matin quand Kate se glissa sous la douche. Elle était fatiguée, elle avait très peu dormi. Leur nuit avait été faite de tendresse et de silences après la rudesse du début de soirée. Ils étaient simplement heureux d’être dans les bras l’un de l’autre. Ils s’étaient doucement endormis tardivement une fois rassurés de sentir battre leurs cœurs de nouveau à l’unisson.

Kate avait les yeux fermés. Elle goûtait avec délice cette eau qui ruisselait sur tout son corps et décontractait ses muscles martyrisés par leur joute sexuelle de la veille. Sa bouche expulsait l’eau qui tentait de s’y infiltrer et ses mains passaient sur ses cheveux pour les lisser vers l’arrière. A tâtons, elle chercha le flacon de shampooing dont elle dévissa le capuchon mais soudainement, il sembla lui échapper.

- Laisse ! Je m’en occupe, fit une voix douce à son oreille.

Elle sourit. Castle s’était glissé contre elle et embrassait délicatement son cou. Il prit un peu de produit au creux de sa main droite et commença de frotter délicatement la chevelure de Kate. Ses gestes étaient doux et une délicieuse chair de poule se propagea sur tout le corps de la jeune femme. Castle descendit le long de la chevelure faisant mousser le shampooing qui dégageait de plus en plus de senteurs de cerise. Ses mains remontèrent et s’attardèrent au niveau des oreilles pour revenir masser de nouveau le sommet du crâne. Elles stoppèrent la descente de la mousse sur le front et redescendirent frotter la longue chevelure.

Kate frissonnante, respirait par petites bouffées et savourait ce moment de plaisir. Quand les mains de Castle effleurèrent ses épaules, un irrépressible réflexe la fit se coller contre le corps de son amant qui ne semblait pas insensible à la sensualité qu’elle dégageait à s’abandonner ainsi. Elle voulait qu’il en profite, elle désirait être soumise à son désir mais il la repoussa doucement. Il prit le pommeau de la douche et commença de faire ruisseler l’eau depuis le front en la guidant de sa main gauche vers l’arrière. Kate n’était plus qu’un frémissement. Elle se sentait bien, si bien à jouir de cet état de relâchement et de plénitude qu’elle haletait désormais. Sa main droite partit à la recherche du membre de Castle qu’elle sentit déjà fortement excité. Mais l’eau cessa de couler, Castle sortit un bras de la cabine, récupéra une serviette dont il commença de sécher la chevelure et avant que Kate ne puisse prendre quelques initiatives que ce soit, il sortait de la douche.

- Je te prépare ton café.

Kate était frustrée. Elle aurait tellement aimé sentir le sexe de son homme en elle  et en voyant l’état dans lequel il était, elle ne comprenait pas qu’il n’en profite pas. Il vit sur quelle partie de son anatomie, le regard de sa fiancée était insistant. Il lui sourit.

- Vous êtes une gourmande insatiable, Kate Beckett.

Avant qu’elle ait pu répondre quoi que ce soit, il avait quitté la salle de bains.

 

Elle était en sous-vêtements, le séchoir à la main qui faisait un bruit infernal quand Castle, déjà vêtu, vint la rejoindre. Il lui fit signe d’arrêter ce boucan pour lui signifier qu’Esposito venait d’appeler et qu’il l’attendait au poste. Elle passa dès lors dans la chambre. Sur le lit déjà fait, un de ses pantalons gris pâle, une chemise rosée et la veste assortie avaient été déposés.

- Tu as choisi mes vêtements ?

- Si cela ne te convient pas…

Elle s’approcha de lui et l’embrassa tendrement.

- Non, c’est parfait.

Il sourit, heureux comme un enfant. Il lui tendit le pantalon qu’elle enfila prestement, puis, il prit le chemisier. Il passa derrière elle, l’aida à glisser chacun de ses bras dans les manches puis se positionna de nouveau face à elle pour entreprendre de le boutonner. En sentant les doigts de Castle effleurer sa peau, son ventre se contracta instinctivement et elle poussa un léger soupir. Castle plongea son regard dans celui de Kate et il y lut du désir. Il se pencha vers ses lèvres qu’il embrassa tendrement d’abord puis demanda rapidement l’accès à sa bouche. Kate était incapable de lui résister, elle voulait trop que leurs corps s’épousent une fois encore et plus le baiser de Castle se faisait profond et gourmand, plus elle sentait les mains de son homme remonter le long de son corps lui déclenchant des myriades de frissons tandis qu’il continuait de boutonner son chemisier. Quand l’avant-dernier bouton fut attaché, Castle se détacha d’elle mais elle ne le supporta pas et se jeta si impétueusement dans ses bras pour l’embrasser qu’ils se retrouvèrent projeter sur le lit. A bout de souffle, ils se séparèrent.

- Je te rappelle qu’Espo t’attend.

- Il peut bien attendre dix minutes de plus.

- Dix minutes ? C’est trop peu, fit-il en caressant de son souffle chaud l’oreille de Beckett. Mais ce n’est que partie remise et je te promets de me faire pardonner de te frustrer à ce point.

 

Kate bien emmitouflée, regardait de la porte de l’immeuble, tomber la neige. La météo prévoyait une accalmie d’ici deux jours, cependant, en attendant, Kate se décida pour le métro plutôt que de prendre des risques en utilisant sa voiture. La température devait être largement en-dessous de zéro mais elle ne sentait pas la froidure de la bise lui cingler le visage : elle avait le cœur bien au chaud.

Rien ne s’était déroulé comme elle l’avait souhaité la veille au soir. Elle avait même été si proche de perdre Rick qu’elle revint sur son idée de la veille de tout expliquer enfin aux Bros. Elle devrait agir encore en solitaire. Cependant, pourquoi ne pas suivre la requête de Gates et ne pas passer cet appel ?

Elle ôta son gant droit et rechercha dans son Smartphone, la fiche de la personne qu’elle voulait contacter. Rapidement, la recherche du réseau déboucha sur la sonnerie. Deux coups et on décrochait à l’autre bout.

- Rachel McCord, fit la voix.

- Kate Beckett.

Elles étaient l’une et l’autre ravies de s’entendre. Travailler avec McCord avait été professionnellement une des plus fructueuses expériences  de la vie de Beckett. Mais elle n’avait pas compris à quel point ce poste à DC l’obligeait à mettre de côté la plupart des aspects rebelles de sa personnalité. La justice ne passait pas forcément par ce genre de travail enrichissant mais frustrant. Elle s’était sentie flouée et trahie dans ces premières enquêtes qu’elle avait menées au sein de l’agence et même si, elle aussi, avait trahi les attentes qu’on mettait en elle, elle avait souffert de se faire ainsi renvoyer car toutes ses capacités intellectuelles étaient sollicitées et elle aimait s’octroyer des défis. Mais au final, elle était restée elle-même et cela lui avait valu encore plus l’amour de Castle.

Bien évidemment son ancienne mentor ne pouvait s’engager. Elle allait voir ce qu’elle pouvait trouver mais ne garantissait rien. C’était déjà beaucoup pour Kate de voir un nouvel espoir naître.

Elle continuait de se diriger vers la bouche de métro et tandis que les gens qu’elle croisait couraient la tête engoncée dans les épaules, le dos légèrement voûté pour lutter contre le vent glacial, elle allait tête haute, le sourire aux lèvres. La neige crissait sous ses pieds accompagnant sa progression de cette mélopée criarde. Kate était loin, très loin de ce que son corps faisait. Elle repensait à ce dernier pancake qu’elle avait partagé lèvres contre lèvres avec Castle et à ce dernier baiser échangé sur le seuil du loft. Ce soir, elle se blottirait à nouveau contre lui. Ce soir elle lui expliquerait tout ce qu’elle avait fait pour retrouver Hunt.

Perdu dans ses pensées, elle ne vit pas l’ombre se porter à sa hauteur.

- Ne vous retournez pas. Prenez à droite.

Elle obtempéra en sentant la poigne ferme de l’homme passer sous son bras. La rue était presque déserte.

- Vous voyez la Chevrolet à une vingtaine de mètres ?

Elle opina.

- Bien, confirma-t-il. Vous allez vous installer sur le siège du conducteur. Et pas d’entourloupe, je suis armé.


cathy24  (14.01.2014 à 19:45)

14EME CHAPITRE

 

Castle sortit du loft à peine cinq minutes derrière Beckett. Il réussit à interpeller un taxi qui roulait à faible allure. Il monta à bord et le véhicule redémarra remontant l’avenue sur quelques dizaines de mètres avant de bifurquer sur la gauche, tournant le dos à la rue où Kate venait de prendre place dans la Chevrolet.

 

L’homme était à l’arrière, côté droit et pointait son arme sur Beckett.

- Il va vous en coûter beaucoup de menacer un lieutenant de la Criminelle.

Elle n’obtint qu’un petit rire comme réponse.

- Que me voulez-vous ?

- C’est à moi plutôt de vous poser cette question.

Il retira la capuche fourrée qui masquait ses yeux et l’écharpe qui dissimulait le bas de son visage. Quand elle comprit qui l’avait forcé à monter dans ce véhicule, Kate sentit sa respiration s’alléger et ses battements de cœur reprendre un rythme normal.

- Bon, fit l’individu, on va rester entre gens courtois et aucun de nous ne va plus menacer l’autre. D’accord ?

Elle hocha la tête en signe d’assentiment et l’homme rangea son révolver dans la poche droite de son manteau.

- Bien. Expliquez-moi donc pourquoi vous remuer ciel et terre pour me retrouver ?

- Qui vous a dit cela ?

Le regard de Jackson Hunt pétilla d’amusement et ses lèvres s’ornèrent d’un sourire.

- Certainement un de ceux que vous avez harcelés.

- Je n’ai harcelé personne.

- Eh ! Je ne voulais pas vous offenser. Je dirais au contraire que je suis admiratif.

- De quoi ?

Il s’installa profondément sur la banquette arrière et jeta un regard à l’extérieur.

- On est peut-être à l’abri du vent ici mais on risque de geler si on ne fait rien.

Il récupéra une clé qu’il tendit à Kate.

- Si vous mettiez le moteur en marche, histoire de se réchauffer un peu ?

- Vous avez l’intention d’entamer une longue conversation, si je comprends bien, dit-elle en introduisant la clé dans le démarreur. Le moteur vrombit aussitôt.

Hunt éclata de rire.

- Vous êtes quelqu’un de remarquable, lieutenant Beckett, et je suis très heureux que mon fils ait croisé votre chemin.

- Je ne suis pas certaine que je sois, de mon côté, ravie qu’il ait fait votre rencontre.

Il fronça les sourcils cherchant à deviner si elle disait ce qu’elle ressentait ou si elle ne désirait que le déstabiliser.

- De quoi avez-vous peur, Kate ? Je peux vous appeler Kate ?

- Je ne préfère pas, non.

Il se pinça les lèvres.

- Femme de caractère, compétente, intelligente, belle… Rick a très bon goût.

Il attendait une réplique qui ne vint pas alors il poursuivit.

- Croyez-le ou pas, mais sans l’enlèvement d’Alexis, je serais toujours resté dans l’ombre et Rick n’aurait jamais fait ma connaissance.

- Oui mais voilà, par votre faute, lui et sa fille ont failli mourir l’année dernière et tout recommence. 

- Vous parlez de l’accident de Martha ?

- Vous le savez bien.

- Alors, écoutez-moi attentivement. Dès que j’ai su que Martha avait été renversée, j’ai mené ma propre enquête. Et faites-moi confiance, j’ai des moyens autres que les vôtres. Martha a malheureusement traversé la rue au mauvais moment. Il s’agit bel et bien d’un accident.

- Silver a bénéficié de rentrées d’argent louches. Comment pouvez-vous ne pas vous en inquiéter ?

- J’ai remonté la piste du numéro de compte.

- Comment est-il en votre possession ?

Hunt sourit une fois de plus et ce sourire finissait par exaspérer Kate.

- Qui l’a payé ? Questionna-t-elle en haussant la voix.

- Eh du calme ! Oui, je sais d’où vient l’argent mais je n’ai pas encore de certitude sur le donneur d’ordre. La seule chose dont je sois parfaitement certain, est qu’il n’y a aucun lien avec moi.

- Il me faut ce nom, tout de suite !

- La patience aide souvent à avancer plus vite, lieutenant. Je vous appellerai pour vous le donner dès que je le saurai.

Kate réfléchissait le plus vite possible. Jusqu’à quel point pouvait-elle faire confiance à Hunt ? Peut-être lui faisait-il miroiter cette piste pour qu’elle cesse une bonne fois pour toute de le rechercher et gagner un peu de temps pour préparer sa fuite. Peut-être était-il juste là pour l’aider.  Mais n’était-ce pas ce qu’elle voulait : le retrouver pour lui parler ?

- Ne me joignez que sur mon portable alors, pas sur ma ligne professionnelle.

- Telle était bien mon intention.

Il aperçut une lueur dans le regard de Beckett et cela sembla l’amuser beaucoup, parce qu’il savait ce qui trottinait dans la tête de la jeune femme.

- Vous avez reçu deux étranges appels, hier, continua-t-il.

Elle ne dit rien mais le simple fait de tourner sa tête un peu plus vers Hunt, valait confirmation.

- Et personne à l’autre bout. Dans mon milieu, il existe de drôles de gadgets qui permettent de piller toutes les informations glissées dans la mémoire d’un portable et de lancer de petits logiciels de contrôle. Juste en tenant la personne en communication pendant quelques secondes.

Kate, malgré elle se saisit de son téléphone pour l’examiner.

- Oh, vous ne verrez rien. Il faut un très bon informaticien pour aller desceller ces anomalies. Mais rassurez-vous, il ne s’agit pas d’espionner tous vos appels mais juste de protéger ceux que je pourrais vous passer. Rick comprendrait de quoi je parle.

- D’accord, finit-elle par dire. Et en attendant, je fais quoi ?

- Continuer de creuser du côté de Cable5. C’est là que vous trouverez le fin mot de l’histoire.

Il remit sa capuche sur sa tête.

- Ne dites pas à Rick que nous avons eu cette petite conversation. Maintenant, j’apprécierais que vous me laissiez le volant.

Il mettait déjà la main sur la poignée quand Kate le retint.

- Il ne m’a jamais dit ce qu’avait été pour lui votre absence dans sa jeunesse, il a même plutôt à chaque fois éludé le sujet. Il y a cependant une chose dont je suis certaine : il en a été marqué.

 

Castle finissait par croire que cet hôpital était son annexe. Peut-être devrait-il emmener son ordinateur portable. Cela lui permettrait de rester aux côtés de sa mère et d’essayer de travailler un peu. Quand il entra dans la chambre, Meg Peterson était au chevet de Martha.

- Excusez-moi, fit-elle en voyant l’écrivain s’approcher, mais je voulais venir voir votre mère.

- Il n’y a aucun mal. Je suis même persuadé qu’elle est heureuse que vous soyez là. Elle a toujours été très curieuse des gens.

Meg eut un petit mouvement de tête.

- Mais asseyez-vous, je vous en prie.

- Je ne veux pas vous déranger.

- Vous ne me dérangez pas, bien au contraire.

Elle s’assit et son regard se posa une nouvelle fois sur Martha.

- Même ainsi, elle est belle. Elle devait être magnifique, jeune.

- Elle l’était, confirma Castle.

- L’infirmière Austen m’a dit qu’elle est comédienne.

- C’est exact. De théâtre, principalement. C’est en sortant de son cours l’autre soir, qu’elle s’est faite renversée.

- Je suis vraiment, vraiment désolée.

- De quoi ? Vous n’y êtes pour rien. Et puis, si elle devait partir ainsi, je suis certain qu’elle trouverait que c’est une belle mort. Un peu comme si elle sortait de scène.

Il esquissa un léger sourire que Meg lui rendit.

- Comment va Mickaël ?

- Stationnaire.

- Hier, une amie médecin m’a dit que son cas était des plus étranges. Son organisme semble secréter une hormone de manière totalement anarchique.

- Ils ont analysé tout ce qu’il a pu boire, manger, ingurgiter depuis une semaine. Ils ont enquêté chez moi pour vérifier s’il n’y avait pas de trace de champignons, de moisissures qui pourraient être la cause de cette défense excessive, de ce sentiment de danger que son corps à déceler. Mais rien.

- Et le chien ?

- Le chien ?

- C’est après l’avoir serré fortement contre lui qu’il est tombé dans le coma.

- C’est son compagnon de jeu quotidien. Mais la pauvre bête n’y est pour rien. Elle se lamente de ne plus voir son petit maître.

Castle alla récupérer la chaise positionnée près de la fenêtre et l’approcha du lit de l’autre côté de Meg Peterson.

- Je voudrais vous poser une question mais… si vous me trouvez indiscret, ne vous sentez pas obligé de répondre.

- Je vous en prie…

- Votre père possédait-il vraiment un don de guérison ?

Quand il vit tout sourire bienveillant s’effacer du visage de Meg Peterson, Castle sut qu’il n’aurait pas du réveiller cette période de la vie de la jeune femme. Il crut un instant qu’elle allait se lever et partir mais elle ne fit que se caler plus profondément sur sa chaise et soupirer.

- Il y croyait, lui, et cela a bousillé la vie de ma mère, de ma sœur et la mienne.

- Cela veut dire que pour vous…

- Je n’ai jamais cru à ce prétendu don.

- Pourtant, les gens venaient le voir par centaines et on parle de quelques guérisons inexpliquées.

- Rien de miraculeux là-dedans : quelques patients dont la maladie était déjà en voie de rémission, d’autres qui ont joué la comédie pour braquer les caméras sur eux et avoir leur heure de gloire… Et mon père, au milieu de tout ça, qui croyait être le dernier enfant mâle d’une lignée de sorciers indiens et qui oublia ma mère, nous oublia tous pour se persuader d’être investi de l’âme de ces ancêtres.

- Je comprends mieux pourquoi vous avez fui.

- Je n’ai pas agi seulement pour me protéger. Après sa mort, ma mère était elle-même très malade. J’ai voulu qu’elle profite de meilleurs soins. Quant à ma sœur, elle a fait une dépression. Alors, j’ai pris la décision de venir ici, à New-York.

 

Kate avait retrouvé les Bros au poste qui l’attendaient impatiemment.

- Alors, de nouvelles infos ?

Esposito hocha la tête et Ryan se lança :

- Après mon appel d’hier, mes potes au Stups m’ont recontacté.

- Oui ?

- Ils ont regardé de plus près et ils se sont aperçus que Luis Mendoza et Oliver McPherson  faisaient l’objet d’une surveillance. Mais pas de leur fait.

- De qui ?

- Ils ne savent pas.

- Ce pourrait être Silver ?

- Cet argent qui paie les frais de sa mère, c’était peut-être ça, répondit Esposito.

- Ce fichu numéro de compte, toute la clé est là, conclut Beckett, qui ne voulait pas révéler pour l’instant ce que Hunt lui avait dit mais qui espérait que rapidement, son téléphone sonne pour lui donner enfin ce nom.

 

Castle raccompagna Meg Peterson sur le seuil de la porte de la chambre de Mickaël. Sa tante veillait sur lui, essuyant délicatement les lèvres où perlaient quelques filets de salive. Castle poursuivit son chemin, se dirigeant une fois encore vers le distributeur de boissons quand deux infirmiers sortirent en vitesse de leur local et qu’un médecin quitta en trombe une chambre plus bas. Castle s’arrêta le cœur prêt à exploser dans sa poitrine : ils pénétraient tous dans la chambre de Martha.


cathy24  (15.01.2014 à 20:00)

15EME CHAPITRE

 

- Castle, fit Kate en se jetant dans ses bras. Comment va-t-elle ?

Sa voix était blanche d’émotion en lui répondant.

- Son état s’est brusquement aggravé. Ils ont du l’intuber. Elle est incapable de respirer par elle-même. Elle décline. Vite. Très vite. Kate…

Il prononça ce prénom un sanglot dans la voix. Beckett sentait Castle flageoler sur ses jambes. Elle l’aida à gagner le canapé du couloir juste avant qu’il ne s’enfouisse la tête entre les mains. Les épaules seulement faisaient preuve d’un peu de vie quand elles se soulevaient secouées par des sanglots qu’il faisait cependant le maximum pour refreiner.

Beckett ne pouvait que lui offrir ses bras l’enserrant et sa très profonde peine. Mais c’était peu et elle regrettait de ne pouvoir mieux l’aider à supporter sa douleur.

- Que dit le médecin ?

Il releva un visage humide de larmes.

- Qu’elle va continuer de baisser. Que d’un moment à l’autre, elle peut tomber en état de mort cérébrale.

- Oh Castle ! Je suis désolée !

- J’ai appelé Alexis. Elle ne devrait plus tarder. Je dois lui parler.

- Bien sûr, appuya Kate.

Elle sortit un kleenex dans la poche de sa veste et le tendit à Castle. Il s’en saisit machinalement et fit disparaître les larmes qui glissaient lentement sur ses joues.

- Je voudrais tant, poursuivit-il, ne pas m’offrir ainsi en spectacle.

- Parce que tu pleures ?

Il renifla et tourna la tête.

- Cela fait plusieurs jours que je me dis que ce moment va arriver, que je tente de m’y habituer mais là, je…

Il se tut pour mieux crisper chaque muscle facial et empêcher les sanglots de reprendre le dessus.

- Castle, si tu veux pleurer, je suis là, vas-y, laisse toi aller.

- Non, je dois me ressaisir. Pour Alexis.

 

Kate s’absenta quelques instants pour aller lui chercher une bouteille d’eau. Il gardait la tête baissée, les avant-bras sur les cuisses. Il essayait de se concentrer sur sa respiration à chaque fois qu’il sentait monter un sanglot et cela fonctionnait. Peu à peu, les reniflements s’espaçaient et les yeux s’asséchaient. Il pouvait de nouveau entendre et percevoir ce qui l’entourait. Et cela l’aida à refluer les larmes davantage encore. Il n’y avait que cette sensation de masse énorme qui lui comprimait la cage thoracique à chaque inspiration et qui le faisait souffrir. Quand il osa enfin relever la tête, la porte de la chambre de Mickaël était ouverte. La sœur de Meg était encore à son chevet. Elle était de dos, penchée sur l’enfant et sa main droite caressait sa tête.  Castle vit de nouveau ce geste doux et aimant qu’elle lui prodiguait en essuyant délicatement  le nez et le pourtour des lèvres de son neveu maintenues entrouvertes par le tuyau transparent qui s’enfonçait dans sa gorge.

Il était sur le point d’aller les rejoindre quand la jeune femme se retourna, fut surprise de croiser son regard, baissa les yeux, glissa le mouchoir dans sa poche et alla fermer la porte. Il comprenait. Il aurait certainement fait de même : pourquoi déplacerait-il toute sa douleur de l’autre côté du couloir ? Avait-il vraiment envie d’apporter son soutien à cette famille meurtrie ou espérait-il pouvoir en obtenir de leur part ? 

Il pensa, sans trop comprendre le cheminement de ses idées, au père des deux filles Peterson. Personne ne pourrait jamais confirmer qu’il possédait un don, mais ce dont lui Castle était certain, c’était que sa mère avait un don pour la vie et que tant que de l’air entrerait dans ses poumons naturellement ou par l’effet de machines, il ne devait pas totalement désespérer.

 

Lanie avait accompagné Alexis. La légiste s’était entretenue avec un infirmier et le regard qu’elle jeta à Castle confirma que l’espoir auquel il essayait toujours de se rattacher, était très mince. Mais il fallait qu’il y croie encore, juste quelques minutes, pour protéger sa fille autant qu’il le pouvait. Il les savait si proches l’une de l’autre, si complices !

 

Kate regardait une immense tendresse au fond des yeux, le père et la fille s’enlacer, se parler, se sourire timidement quand son portable sonna. Elle décrocha aussitôt.

- Je vous envoie une photo et le nom, furent les seuls mots qu’elle entendit avant que son interlocuteur ne raccroche.

D’un signe de tête, Castle lui fit comprendre qu’elle pouvait y aller. Elle s’approcha de lui, l’embrassa tendrement.

- Je reviens tout à l’heure, lui glissa-t-elle à l’oreille avant de quitter la chambre.

 

Le temps qu’elle parvienne au poste, Victor Garcia, un homme d’une bonne cinquantaine d’année à la chevelure argentée, à l’allure sportive, faisait les cent pas de l’autre côté de la vitre sans tain derrière laquelle Gates attendait son enquêtrice. Beckett la rejoignit après avoir récupéré le dossier que Ryan et Esposito avaient réussi à établir avec des bribes d’information et elle y jeta un rapide coup d’œil.

- Vu son CV, chef, je suis étonnée que vous ayez réussi à le faire venir.

- On a tous nos relations, lieutenant. Et je ne vous demande pas comment, de votre côté, vous avez su qu’il était l’instigateur des versements.

Les deux femmes se sourirent mutuellement. Décidément, Beckett appréciait réellement de plus en plus sa supérieure. Elle n’était pas l’ennemie qu’elle avait initialement crue. Gates n’avait rien de Montgomery et de ce côté paternaliste, proche de ses hommes, respirant avec eux, buvant de temps à autre ensemble. Gates avait mis de la distance, avait bâti une barrière à coups d’intransigeance et d’exigence. Mais peu à peu, elle s’était dévoilée préoccupée par son équipe, prête à tout pour leur venir en aide. Et même en ce qui concernait Castle. Kate ne pouvait oublier que Gates ne l’avait pas cru coupable de cet horrible crime dont Tyson avait tenté de lui faire porter le chapeau et qu’elle avait donné carte blanche à l’époque pour retrouver Alexis.

En tournant les derniers feuillets, Beckett réalisa qu’elle s’était trompée : Martha n’était pas la cible de Silver. Pour la première fois, son instinct l’avait trahi. L’accident, Hunt, les paiements. A partir de ces éléments, elle s’était construit une histoire plus complexe. A croire que Castle avait fini par déteindre sur elle ! Toutefois, le plus étrange de l’affaire était que si elle n’avait pas voulu à tout prix retrouver Jackson Hunt, il y avait beaucoup de chances pour que toute la lumière n’ait pas été faite sur Silver et les causes de l’accident.

Gates et Beckett entrèrent d’un pas décidé.

- Asseyez-vous, Monsieur Garcia.

L’homme n’obtempéra pas.

- Savez-vous qui je suis ?

- Parfaitement, répliqua Gates qui s’assit et pria une fois encore l’homme d’en faire autant.

- Je n’ai aucun compte à vous rendre.

- Ce n’est pas ce que dit le procureur.

- Malgré le respect que je dois à sa fonction, il n’est rien en comparaison de ceux qui me donnent leurs ordres.

- Bien, et Gates posa ses avant-bras sur la table et croisa les doigts, maintenant que vous avez fait étalage de la position haut placée de votre hiérarchie, je vous demande de répondre à quelques questions.

L’homme mesura du regard la volonté de son interlocutrice. Il finit par déboutonner sa veste de costume et par s’asseoir. Beckett vint à son tour prendre place à côté de Gates.

- Avez-vous fait alimenter ce compte, Monsieur Garcia ?

L’homme jeta un rapide coup d’œil sur le document avancé par la capitaine avant d’opiner.

- Nous attendons vos explications, rajouta-elle.

Garcia était le responsable d’une cellule dépendant à la fois du Ministère de la Justice et du Pentagone, en charge de la lutte contre la drogue. Les hommes qui la composaient, issus pour partie de l’armée et pour autre du FBI, ne rendaient compte qu’au sous-secrétaire d’Etat à la Justice. Ils avaient carte blanche pour suivre, infiltrer et démanteler tous les importants réseaux de narcotrafiquants sur le territoire des Etats-Unis et même à l’étranger.

- Silver était un de vos agents ? demanda Beckett.

- Ce n’est pas comme cela que je le définirais.

Garcia expliqua que le directeur de Cable5, Peter Whisper, était soupçonné d’être en liaison avec un cartel mexicain et d’être en charge d’approvisionner en cam New-York et la Virginie. Cela faisait plus d’un an que son service essayait de le coincer sans y parvenir. Whisper avait mis au point un système donnant date, heure, lieu de rendez-vous, en utilisant un code passé par téléphone au travers des appels de ses employés.

- Et le rôle de Silver ?

- Voilà un peu plus de six mois, un des nôtres a intégré cette boîte afin de trouver ce code. Mais cet agent  a subitement disparu. On a fait le maximum pour le retrouver mais nul doute que Whisper l’a fait éliminer.

- Pourquoi ne pas l’avoir arrêté alors ?

- Parce que d’abord, et je ne vais pas vous apprendre ça à vous, sans corps, difficile de trouver des preuves, ensuite on pouvait dire adieu à notre enquête. Or, on parle là, d’un réseau phénoménal, le plus grand peut-être de ces dernières années.

- Dès lors vous avez décidé d’impliquer Silver.

- On ne pouvait pas infiltrer un nouvel agent d’autant plus que Whisper se montrait désormais encore plus prudent avec les nouveaux employés.

- Vous avez donc utilisé quelqu’un en place depuis assez longtemps pour ne pas éveiller trop de soupçons, c’est cela ? demanda Beckett.

- Silver, continua Garcia, n’a pas été très difficile à persuader. Il y avait les soins de sa mère qui coûtaient très chers…

- Et c’est comme cela que vous l’avez obligé à travailler pour vous, fit Gates d’une voix cinglante.

- Je me moque totalement de ce que vous pensez, j’ai une mission à accomplir et elle implique de grandes décisions et d’autres priorités que les vôtres.

- Effectivement, confirma la capitaine.

- Cependant… laissa traîner en suspens Beckett.

- Cependant, reprit Garcia, au bout de trois mois, Silver avait enfin réussi à obtenir ce code.

- Mais ?

- On mettait en route la procédure pour une interpellation massive quand  tout est tombé à l’eau.

- Pourquoi ?

- Parce que Silver a laissé trace de son passage dans l’ordinateur de Whisper, que celui-ci s’en est aperçu, qu’il est remonté jusqu’à lui, qu’il a réussi à faire annuler toutes les livraisons qui devaient donner lieu à autant de flagrants délits, qu’il a réussi à effacer tout ce qui pouvait le compromettre. Plusieurs mois de travail et un collègue tué pour rien.

- Vous n’auriez jamais du vous servir de Silver. D’autant plus que du coup, vous l’avez mis en danger et que…

Beckett s’arrêta dans sa phrase. Elle comprenait comment tout le drame s’était noué et comment Martha avait ainsi malencontreusement croisé la route de Silver.

- Ne me dites pas que vous l’avez laissé sans protection ?

- Pour qui me prenez-vous, lieutenant ? Silver m’a contacté d’un bar. Il venait de recevoir un appel d’un interlocuteur mystérieux, lui disant que sa mort était programmée mais qu’ils allaient aussi s’en prendre à sa mère. Je lui ai donné rendez-vous pour le mettre en sécurité. Mais ce soir-là, il avait bu plus que de coutume et la suite, vous la connaissez.

 

Castle avait demandé à Lanie de prendre soin d’Alexis. Sa fille était très bouleversée et il voulait à tout prix lui épargner les derniers instants de Martha. Alexis s’était rebellée dans un premier temps mais Castle avait été intransigeant, il ne voulait pas qu’elle garde en mémoire ce tuyau qui l’aidait à respirer et qu’elle suive la peur au ventre, les oscillations du monitoring jusqu’au tracé plat qui scellerait définitivement le destin de sa grand-mère.

Et puis, il ne voulait pas que la décision incombe d’une quelconque façon à Alexis, si Martha sombrait en état de mort cérébrale et que les machines continuaient seules à la maintenir artificiellement en vie. C’était à lui seul de prendre une décision et à en assumer les conséquences. Pas à Alexis.

Les larmes coulaient sans discontinuer et brouillaient sa vue. Il s’en moquait d’ailleurs totalement. Il ne savait que tenir la main droite de sa mère entre les siennes et caresser de son pouce la peau fragile, contact dont il savait qu’elle n’avait pas conscience. Martha, le visage défiguré par le tuyau n’avait plus rien de la comédienne flamboyante qui avait accompagné son existence d’enfant, d’adolescent et d’adulte. Elle était cet être inerte qui lui serait ôté prochainement et qu’il regretterait jusqu’à son dernier souffle.

La sonnerie dut s’y reprendre à sept fois avant qu’il ne réalise et ne décroche.

- Comment vas-tu ? fit la voix aimante de Beckett à l’autre extrémité.

- Pas fort.

- J’ai bientôt fini ici. Je viens te retrouver tout de suite après.

Il raccrocha. Il renifla et chercha le kleenex qu’il avait mis dans sa poche. Malheureusement, il était trop en lambeaux et il s’en débarrassa dans une corbeille. Il chercha autour de lui et vit les compresses stériles sur la table de chevet. Cela ferait parfaitement l’affaire. Personne ne lui ferait le reproche de s’en servir.  Il déchira la pochette, se saisit de la compresse, fit disparaître ces larmes, termina en se mouchant énergiquement avant de l’envoyer rejoindre le kleenex dans la poubelle.

Castle jeta un regard vers sa mère, voulant vérifier qu’elle n’avait pas besoin, elle aussi qu’il lui essuie le pourtour des lèvres, comme l’infirmière Austen lui avait recommandé de le faire si nécessaire.

Tout allait bien de ce côté-là du moins.

Mais Castle se figea subitement. Ses réflexions l’emmenèrent subitement loin de sa mère. Il se saisit fébrilement de son IPhone. Il tapota quelques minutes dessus avant de se lever, de sortir de la chambre, de remonter dans le couloir et de pénétrer dans celle de Mickaël.  Personne n’était auprès de l’enfant. Il approcha, jeta un coup d’œil sur la table de chevet, se pencha sur Mickaël, passa son index droit à la commissure des lèvres de l’enfant.

Il sentit un objet pointu qu’on appuyait contre sa carotide.

- Vous êtes trop curieux, Monsieur Castle.


cathy24  (16.01.2014 à 20:11)

16EME CHAPITRE

 

Dès que Beckett reçut cet appel, elle laissa sur place Gates, Esposito et Ryan pour foncer vers l’ascenseur. Elle déboula dans la rue, se précipita au milieu de la chaussée au risque de glisser et de se faire écraser mais elle obtint ce qu’elle voulait : un taxi se retrouva coincé vingt mètres plus haut. Elle courut vers lui, sortit son badge.

- C’est une urgence, lança-t-elle au passager qu’elle fit descendre avant de prendre sa place et de donner le nom de l’hôpital au chauffeur.

 

- Où voulez-vous qu’on aille ainsi ?

- Taisez-vous Castle et avancez !

- Vous voulez qu’on sorte ? Il fait un froid de canard dehors ! Vous croyez qu’on va tenir combien de temps, vous en tee-shirt et moi en chemise?

Pour toute réponse, la pointe de la seringue fut davantage appuyée contre son cou.

- Aïe ! fit-il. Calmez-vous… je ne sais même pas votre prénom.

- Ozalee. C’est Ozalee.

- C’est joli. C’est d’origine… ?

- La ferme !

Elle regardait autour d’elle et voyait clairement que les agents de sécurité de l’hôpital faisaient mouvement pour les empêcher de sortir. Toutes les issues se trouvaient peu à peu gardées et les personnes présentes étaient évacuées dans la confusion. Deux membres du personnel médical commencèrent de s’approcher de Castle et de la jeune femme.

- Plus un pas, hurla-t-elle ou je lui plante la seringue dans l’artère.

Les infirmiers obtempérèrent sur un signe d’un homme au costume impeccable et à l’arme braquée sur la femme et reculèrent.

- Cela vous mènera à quoi? Fit Castle. Vous ne pourrez de toute façon pas fuir. Expliquez-moi plutôt pourquoi vous avez voulu empoisonner votre neveu ?

- Je ne veux pas le tuer, je veux le sauver, cria-t-elle.

- De quoi ?

Il n’obtint pas de réponse et pourtant il devinait qu’une histoire incroyable se profilait derrière cette femme le menaçant. Elle avait l’air déterminé et du coup, il pensa à Alexis qui risquait dans la même journée de perdre à la fois sa grand-mère et son père. Il ne pouvait pas, il ne devait pas infliger ça à sa fille. Tout faire pour survivre.

Beckett entra en trombe et vit tout de suite Castle sous la menace de la jeune femme à quelques mètres des ascenseurs. Elle croisa son regard. Il ferma brièvement les yeux et esquissa un léger sourire comme s’il voulait la rassurer. Beckett vit de l’autre côté du comptoir d’accueil l’agent chargé par Gates d’assurer la sécurité de Castle qui avait donné l’alarme et contacté Beckett.

 

Ozalee Peterson émit un léger cri de douleur.

- Qui a-t-il ? demanda Castle.

- J’ai un début de crampe à la main.

- D’accord, d’accord. Alors, arrêtez ça et rendez-vous. Tout ce que vous allez obtenir, c’est de prendre plusieurs balles et de me provoquer une embolie. Je peux vous aider.

- Vous voulez rire ! Personne ne peut comprendre pourquoi j’ai fait ça.

- Moi, je peux. C’est mon boulot d’appréhender les motivations des ass… des gens, se reprit-il.  Mais d’abord posez la seringue.

 

Les deux flics postés devant la porte ne purent rien faire et Meg Peterson jaillit brusquement dans le hall d’accueil.

- Ozalee ! hurla-t-elle. Que fais-tu ?

Elle courait vers elle et Beckett eut juste le temps de l’intercepter avant que sa sœur de nouveau totalement sur ses gardes, ne rajuste la pointe de l’aiguille sur la gorge de Castle.

Beckett fit partir les agents de la sécurité de l’hôpital. Ils n’étaient plus que cinq dans ce grand hall. Cela eut pour effet de calmer Ozalee. Kate après avoir enlevé le chargeur, posa son Sig sur un siège près d’elle, fit signe à l’autre agent de ranger le sien et demanda à Meg Peterson de reculer vers la porte et de ne pas bouger.

- Ozalee, aucun de nous ne souhaite un bain de sang. Vous voyez la banquette devant vous sur votre gauche ? Vous allez vous y asseoir.

- Avancez, murmura la jeune femme à Castle.

Ils commencèrent de se déplacer lentement pour finir en quelques pas par atteindre leur objectif et y prendre place.

- Bien maintenant, je vais m’approcher, reprit Kate.

- Non, vous restez où vous êtes.

- Je vais m’approcher, confirma-t-elle, je suis trop loin de vous mais je resterai à deux mètres. On doit parler. Calmement.

Elle avança comme elle l’avait dit et s’accroupit à quelques pas de Castle et Ozalee.

- Pourquoi avez-vous fait cela ? interrogea-t-elle tout de suite, refusant que le silence ne s’installe.

- Vous ne savez pas… vous ne savez pas ce que c’est de vivre avec ça au-dessus de la tête !

Kate ne saisissait pas.

- Moi, je peux imaginer, continua Castle pour venir en aide à une Beckett qui ignorait tout sur les Peterson.

- Qu’est-ce que vous pouvez comprendre ?

- Je peux toujours essayer et vous me corrigez si je me trompe.

Ozalee resta muette et Castle se sentit encouragé à reconstituer tout un pan de l’histoire de cette famille brisée.

- Votre prénom est d’origine amérindienne, n’est-ce pas ?...

Elle ne répondait pas.

- Et il signifie ?

Elle hésita mais finit par répondre.

- Soleil levant.

- C’est votre père qui a tenu à vous appeler ainsi. Parce qu’il avait du sang indien dans les veines et que c’était sa façon de célébrer ses ancêtres.

- Il n’y avait pas que ça.

- Bien évidemment, rajouta-t-il tout de suite, il voulait se sentir surtout en connexion avec les esprits de son peuple et se montrer digne de ce don qu’il croyait posséder.

Castle sentit Ozalee Peterson se raidir et la voix de la jeune femme était véhémente et cassante en répondant.

- Je ne vous laisserai pas salir sa mémoire : il possédait vraiment un don.

- D’accord, essaya de rattraper Castle, mais votre sœur…

- Meg est une cartésienne absolue.  Elle n’y a jamais cru et c’était des disputes interminables à la maison. Son attitude a rendu ma mère malade et a désespéré mon père.

- Et Mickaël ? Vous disiez vouloir le sauver.

- Cet enfant a hérité du don de son grand-père…

- C’est faux, cria Meg de sa place, tu racontes n’importe quoi.

- Ce n’est pas parce que tu refuses de voir la vérité en face qu’elle va disparaître.

Meg avançait vers sa sœur. Il fallut que Beckett se relève et la maintienne à distance.

- Tais-toi, tais-toi, lui intimait Meg mais Ozalee ne voulait pas capituler.

- Cet enfant va souffrir, toute sa vie, parce que tu ne veux pas te rendre à l’évidence. Il va souffrir comme papa souffrait mais toi, tu ne voyais que les dérangements dans ta petite vie.

Ozalee s’agitait et ne se rendait pas compte que son intérêt n’était plus Castle mais sa sœur. Elle n’assurait plus de pression sur le cou et sa main descendait vers l’épaule.

- Ma petite vie ? Rebondit Meg. Et celle de maman et la tienne ?

Beckett laissait les deux sœurs s’enflammer car plus Meg répondait à Ozalee, plus le positionnement de l’aiguille devenait inoffensif et plus la jeune femme baissait sa garde. Elle n’eut même pas conscience que, progressivement, l’agent s’était peu à peu approché. Il bondit brusquement sur elle, d’une torsion du bras, il lui fit tomber la seringue, la maîtrisa tandis qu’elle s’époumonait en vitupérant contre sa sœur et il lui passa les menottes.

- Tu vas faire de sa vie un enfer ! Continua-t-elle d’hurler.

 

Kate dévorait Castle des yeux en lui rajustant le col de sa chemise.

- En tout cas, toi, tu as un don pour te mettre dans des situations dangereuses, lui souffla-t-elle à l’oreille.

- C’est uniquement depuis que je te connais.

Un tendre baiser, des regards lumineux d’amour. Puis la mimique enfantine de Castle :

- Cela ne te t’intéresse pas de comprendre les motivations d’Ozalee Peterson ?

Kate était tellement traversée d’émotion depuis plusieurs heures qu’elle était très heureuse que cette enquête soit confiée à un autre poste mais, elle était aussi curieuse de comprendre pourquoi Castle avait failli perdre la vie.

- Peut-être, oui ! répondit-elle.

- Je peux lui parler quelques minutes ?

Elle lui sourit.

- Je vais arranger çà.

 

- Ce don est une malédiction, commença Ozalee. C’est quelques mois avant ma naissance que mon père a compris qu’il pouvait soulager les gens. Il ne cherchait pas à se mettre sur le devant de la scène mais c’était un homme bon qui se disait qu’il était souvent le dernier espoir de pas mal de personnes et qu’il ne pouvait pas les repousser. Alors il les accueillait et ne se plaignait jamais de cette fatigue qui n’a cessé de l’accompagner et de croître tout au long de ses dernières années. Meg lui en a voulu. Terriblement. Elle a cinq ans de plus que moi. Elle aimait notre père mais il n’était plus à elle, à nous, comme autrefois et elle ne comprenait pas comment il pouvait faire le choix d’inconnus et nous délaisser de plus en plus. Quant à moi… Je remarquais la tristesse dans les yeux de mon père et il souffrait de voir Meg s’éloigner de lui. Un jour, il m’a dit qu’il donnerait beaucoup pour ne plus avoir ce don et que s’il existait la moindre chance pour lui de le perdre, il n’hésiterait pas un instant.

- Mais cela ne se peut pas, n’est-ce pas ?

- Voilà plusieurs années, reprit Ozalee, après ma dépression, je suis partie plusieurs mois aux Caraïbes où j’ai côtoyé des sorciers vaudou et en Amérique du Sud où j’ai vécu au milieu de peuplades d’Amazonie et où j’ai assisté à des cérémonies célébrées par des shamans. J’ai appris certaines choses et en particulier qu’un don ne pouvait jamais disparaître mais qu’on pouvait l’atténuer fortement et le neutraliser.

- Et Mickaël ?

- Il est comme son grand-père.

- Et vous croyez cela à cause de l’accident dont a été victime son chien ?

- Ce n’était pas la première fois mais c’était la plus remarquable. Il ne faisait aucun doute que son pouvoir venait de prendre une toute autre dimension désormais. Je devais agir sinon il revivrait tout ce que mon père avait vécu et ça, je ne le voulais absolument pas.

- Il y avait quoi sur ce mouchoir ?

Les flics s’approchaient pour embarquer la jeune femme.

- Une solution puissante de solandre, poursuivit-elle tandis qu’ils la forçaient à se lever, une plante des Antilles aux effets proches de l’atropine. Mais surtout, elle a la vertu de pouvoir à bon dosage influer sur certaines ondes du cerveau et neutraliser les capacités paranormales.

- Vous avez surtout failli tuer votre neveu, fit remarquer Castle en se redressant à son tour.

- Non, non ! Je savais ce que je faisais et cette fois, j’étais proche de réussir.

Elle était déjà à quelques mètres de lui et Rick garda pour lui la dernière question qui se formulait dans son cerveau.

 

Meg Peterson était bouleversée que sa sœur ait attenté à la vie de son fils. Quand Castle réapparut à l’étage, elle tomba dans ses bras. Elle ne parvenait pas à articuler la moindre parole tant les larmes ruisselaient sur son visage.

- Ҫa va aller maintenant, ça va aller, lui dit-il. Tout va rentrer dans l’ordre.

Quand elle parvint enfin à se détacher de lui, elle lui prit les mains qu’elle serra fortement entre les siennes avant de retourner auprès de Mickaël. Elle n’accorda pas la moindre attention à l’enfant, le même, encore et toujours, qui se tenait immobile devant la chambre. Cette fois-ci, quand celui-ci croisa le regard de Castle, un sourire se dessina sur ses lèvres.

 

- Tu y crois, toi, à cette histoire de don ? interrogea Beckett.

Castle détourna la tête un court instant et ne fut pas surpris que l’enfant se soit une fois de plus évaporé quand il revint le chercher des yeux.

- Le problème est qu’Ozalee y croit.

Kate regarda Castle :

- Je suis étonnée.

- Et pourquoi ?

- Je m’attendais à un grand discours sur le manque d’imagination de nos sociétés, l’absence d’ouverture d’esprit, la perte des perceptions primitives…

- Tu sais, je ne dis pas qu’il n’existe pas certains phénomènes, mais c’est uniquement parce que la science ne parvient pas encore à les expliquer.

- Eh ! Je ne savais pas que parfois il pouvait y avoir aussi une once de Scully en toi à côté d’un grand ratio de Mulder!

 

Cette parenthèse avait été un dérivatif bienvenu avec cette vie sauvée mais rien n’empêcherait les prochaines heures d’être sombres à son cœur. Castle s’était installé sur le canapé étroit et ses yeux fatigués cillant sans cesse, ne se détachaient pas de sa mère. Mickaël était certain désormais de guérir, la joie régnait dans une chambre voisine, Meg pourrait embrasser et serrer son enfant encore longtemps contre elle. Mais lui, là, à quelques pas de sa mère, il ne pouvait pas même la prendre dans ses bras. Cela lui était refusé alors que c’était certainement le dernier geste envers elle qu’il désirait ardemment lui prodiguer.

Kate s’était assise aux côtés de Castle et avait déclaré qu’elle resterait là. Elle n’avait pas complété sa phrase d’un « jusqu’au bout » malgré lui forcément évident, mais c’était un sous-entendu que Rick enregistra et il la remercia d’une pression de sa main sur la sienne. Mais le temps qui s’égrenait, était à la fois long et court. Quand l’inéluctable est au bout de la route, personne n’est pressée de s’y rendre mais rien ne peut empêcher de s’y diriger. Cependant, Castle désirait plus que tout que le temps prenne son temps. Peut-être parce qu’il espérait toujours que Martha se réveille et finisse par répondre à toutes les questions qu’il avait toujours craint de lui poser. Alors, en lui-même, il commença un long et tendre discours pour sa mère et il s’imagina qu’elle ne lui serait pas retirée tant qu’il ne l’aurait pas achevé. Et pourquoi ne pas croire qu’il parviendrait même à la ramener de cet endroit où elle était inaccessible ?

C’était les heures joyeuses, les minutes d’émotion, les moments de tendresse qui lui revenaient en mémoire et qu’il se rappelait en silence. Et puis, il y eut certains souvenirs, toujours les mêmes, qui firent remonter des regrets et des peines lui vrillant trop intensément le cœur  qui en saignait toujours, malgré les années, malgré l’homme qu’il était devenu. Ceux à cause desquels il préférait se cacher des autres parfois à rendre incompréhensible son attitude. Ceux qui faisaient osciller son cœur entre amour et reproches. Ceux qui en profondeur, l’avaient façonné et mené à ce qu’il était : un mélange d’expansivité et d’introversion.

La grande blessure de sa vie.

Et cela déborda de lui.

- J’avais huit ans…

Il passa son bras droit autour des épaules de Kate et il l’attira plus près de lui. Elle s’approcha et vint poser sa tête dans le creux de son épaule.

- J’avais huit ans, reprit-il, c’était en fin d’année scolaire. Il faisait un soleil magnifique. L’école avait organisé une journée de compétition : saut en longueur, épreuves de natation, grimpé de cordes. Certaines activités incluaient les parents : parties de cache-cache, course au trésor. Il y avait aussi ce tournoi qui parodiait les joutes médiévales : les enfants juchés sur le dos de leurs pères à quatre pattes, devant se désarçonner les uns les autres.

Il fit un bref silence.

- J’étais le seul à rester à l’écart. Je prenais ça comme une punition. Pourquoi les autres enfants pouvaient-ils s’amuser avec leur père et que cela m’était refusé ? Je me souviens du regard empli de tristesse de ma mère quand elle vit mon incompréhension. Je crois que c’est de ce jour-là que j’ai réalisé qu’il me manquait intensément quelque chose. Si j’avais pu au moins me dire que mon père était mort en héros en défendant le drapeau américain ou en sauvant d’autres vies, j’aurais été l’enfant le plus fier de la planète. Mais là, ma mère refusait de me parler de lui. Parce que c’était quelqu’un dont il ne fallait pas parler ? Quelqu’un dont il fallait avoir peur ? Avoir honte ? Un genre de Voldemort ? Il n’y a rien de pire que l’ignorance. Ma mère s’est toujours sortie par une pirouette de mes questions trop précises. Et je crois que j’ai pris cette habitude aussi. Alors peu à peu, j’ai imaginé un personnage mythique qui me permettait de répondre aux railleries des gamins et de me protéger d’eux. Je cachais le mal qu’ils pouvaient me faire en préférant la compagnie de mon imagination à la leur ou en prenant tout en dérision. Je suis devenu un solitaire qui s’est noyé dans l’exubérance. J’ai très souvent, trop souvent,  à l’époque, arpenté seul les couloirs du pensionnat pendant des week-ends et certaines fêtes. L’imagination a été ma bouée de secours. Sans père, délaissé par ma mère pour nécessité professionnelle. J’étais souvent un sujet de raillerie. Alors il m’arrivait d’en rajouter pour qu’ils cessent leurs moqueries. Et les rares amis que je me faisais, je les perdais rapidement de vue en allant de collège en collège. Mes peurs, mes angoisses, j’ai du apprendre à les gérer seul.

Il s’arrêta comme si cette confession faisait resurgir avec la même intensité ses chagrins d’enfance. Il prit une longue inspiration, embrassa la chevelure de la jeune femme avant de reprendre.

-  J’ai gardé de cette époque cette difficulté à aborder et à parler de mes blessures secrètes. Ce qui touche à mon enfance, à ma mère, souvent loin de moi à cette époque, à l’absence de mon père, irrite mes cicatrices. Je t’aime, Kate, je t’aime. Je ne veux pas que cette incapacité à m’ouvrir de certaines choses, cette propension à garder au fond de moi certaines douleurs anciennes, soit la preuve que je ne te ferais pas confiance. C’est tout le contraire. Tu es la seule qui en sache autant sur moi et si tu me laisses le temps, je ne rêve que de voir disparaître mes réticences et de pouvoir tout te dire.

 

Le silence n’était zébré que par le bruit du respirateur artificiel. Castle et Kate s’étaient endormis paisiblement après s’être pelotonnés plus encore dans les bras l’un de l’autre.

Toutes les lumières se mirent à grésiller, s’éteignirent, se rallumèrent dans une multitude de bruits de claquement, sortant Castle de son assoupissement. 


cathy24  (17.01.2014 à 19:05)

17EME CHAPITRE

 

La première chose que vit Rick, fut cet enfant, encore,  au pied du lit et qui souriait à Martha. Et chose plus improbable, Martha le regardant fixement et de la main lui esquissant un petit geste amical. Soudainement, la chambre foisonna d’animation. Un médecin suivi de trois infirmiers fit irruption. Ils se précipitèrent vers Martha, fixèrent les monitorings, examinèrent les yeux, la tension, lui parlèrent. Castle ne réalisa pas qu’il se levait et réveilla Kate involontairement.

 

Beckett voulait qu’il y aille seul d’abord. Quand Castle fut autorisé à entrer à nouveau dans la chambre, Martha était un peu redressée dans son lit.

- Comment va-t-elle ?

- Etonnamment bien, répondit l’infirmier en se dirigeant vers la porte. Ne restez pas plus de cinq minutes. De toute façon, on va venir la chercher pour lui faire passer d’autres examens.

- D’accord.

 

Castle se sentait ridicule. Une heure auparavant, il aurait voulu lui dire des milliers de choses et là, devant elle qui le regardait tendrement, il était incapable de la moindre parole.

- Approche, chéri, fit-elle.

Il obtempéra et vint l’embrasser sur la joue.

- Tu n’as pas bonne mine, lui fit-elle remarquer.

- Je sais, mère, mais cela va aller mieux. Beaucoup mieux maintenant.

- Je ne me souviens pas vraiment de ce qu’il s’est passé.

- Tu t’es faite renversée par une voiture.

- Il paraît que tu es resté près de moi depuis…

- Plus de cinq jours.

- Comment peut-on perdre ainsi la notion du temps ? J’ai l’impression que je suis directement passée de la porte de mon cours à cette dernière heure !

Castle lui sourit :

- Dis-toi que tu as passé une mauvaise nuit.

Elle regarda affectueusement son fils.

- Non, cela n’avait rien à voir avec un rêve ou un cauchemar. C’était très étrange. Mais j’avais la compagnie d’Alan.

- Qui ?

- L’enfant qui était là, à mon réveil. D’ailleurs, il faut que je te remercie de sa part.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas de quoi il retourne exactement mais tu aurais sauvé la vie de son frère aujourd’hui.

 

Suivie de Kate, il se présenta à la porte de la chambre de Mickaël. Meg l’accueillit avec un immense sourire. L’enfant était toujours dans le coma mais désormais les médecins connaissaient les raisons de ce surdosage en atropine. Ce n’était apparemment plus pour eux qu’une question d’heures avant que l’état de santé ne s’améliore.

- Je ne savais pas, avança Castle, que vous aviez un autre fils.

Le visage de Meg Peterson marquait un indéniable étonnement.

- Un autre fils ?

- Oui, Alan.

La jeune femme recula sous le choc et sans le lit pour la maintenir, serait tombée. Kate l’aida à s’asseoir, lui versa un verre d’eau mais Meg le garda entre ses mains qui tremblaient et ne le porta pas à ses lèvres. Et puis soudainement, les larmes commencèrent de ruisseler sur son visage procurant un immense malaise chez Castle.

- Excusez-moi, Meg, je ne voulais pas…

- Pourquoi me parlez-vous de lui ? Le coupa-t-elle.

- Parce que cela fait plusieurs jours que je le croise sans cesse et là, il était avec ma mère quand elle s’est réveillée.

- Cela ne se peut pas.

- Bien sûr que si.

- Je vous dis que non, hurla-t-elle, surprenant Rick et Kate dont l’étonnement quémandait une explication. Je vous dis que non, reprit-elle, parce que voilà près de cinq ans qu’il est mort.

Il y avait désormais dans cette chambre Meg Peterson dont une blessure profonde venait de se rouvrir, un Castle désarçonné par ce qu’il venait d’entendre et une Beckett ne saisissant pas toute la dramaturgie qui venait de s’installer. Le premier a émergé fut Rick.

- Vous avez une photo ?

Beckett tendit le sac à main que Meg venait de lui désigner. Castle eut rapidement sous les yeux le visage d’Alan. Il releva la tête vers Meg.

- C’est bien lui que j’ai vu à de multiples reprises dans cet hôpital.

- Cela ne se peut pas, répliqua la jeune femme en se raidissant.

- Et toi, Kate, fit-il en se tournant vers elle, tu l’as bien vu également tout à l’heure ?

Beckett fut étonnée d’être prise à partie. Elle fronça les sourcils, tentant de se remémorer précisément ces instants où Castle l’avait réveillée mais elle nia d’un mouvement de tête.

- Il y avait beaucoup d’agitation dans la chambre, je ne sais pas, non je n’ai pas vu d’enfant… Désolée.

Castle se prit la tête dans les mains, se frotta les yeux mais ne s’avoua pas convaincu.

- Attendez, ma mère l’a vu, je l’ai vu. D’autres personnes ont du l’apercevoir. D’ailleurs, il suffit de demander aux occupants d’une chambre, là-bas ! Il y entrait sans cesse.

- Indiquez la moi, demanda Meg en se relevant.

Ils sortirent tous les trois dans le couloir. Castle montra la pièce, plus loin, sur la droite provoquant de nouvelles larmes sur le visage de Meg Peterson.

- C’est dans cette chambre qu’il a été hospitalisé et qu’il est décédé.

 

Si tout cela ne se déroulait pas dans un hôpital, Castle aurait été persuadé qu’on lui jouait une farce, qu’on se moquait une fois de plus de sa propension à laisser vagabonder son imagination. Mais ce n’était pas le cas et cela le mettait particulièrement mal à l’aise. Que dire de plus à Meg Peterson ? Présenter des excuses pour sa cruauté involontaire ? Mettre cela sur le compte de la fatigue ? Rien ne le sauverait de ce malaise profond qui lui nouait les entrailles. 

Meg Peterson avait réintégré la chambre de Mickaël laissant Castle avachi sur un des canapés du couloir, Kate à ses côtés. C’est dans cette position que l’infirmière Austen les trouva.

- Eh bien, cela n’a pas l’air d’aller fort, Monsieur Castle. Vous devriez pourtant être rassuré : votre mère va s’en sortir.

- Il se pourrait bien que ce soit moi votre futur patient mais pas à cet étage… Chez les fous, plutôt.

Austen laissa échapper un léger rire.

- Et pourquoi cela ?

- Je vois des morts. Ou bien, rajouta-t-il, je suis peut-être mort moi-même. Ce qui serait la meilleure explication d’ailleurs. Je suis en train de vivre un remake du sixième sens. Mais non, cela ne colle pas.

- Eh Castle ! fit Beckett, tu es juste bouleversé par tout ce que tu viens de traverser. C’est tout.

- Racontez-moi ce qui vous arrive, Monsieur Castle.

En quelques phrases il contenta l’infirmière. Elle finit par lui sourire.

- L’imagination des écrivains n’est pas une vision de l’esprit. Leur capacité à créer une histoire à partir de peu est exacte. Il suffit ensuite d’un petit élément déclencheur et elle a la saveur de la véracité.

- Que voulez-vous dire ?

- Depuis quand exactement pensez-vous avoir croisé cet enfant ?

- Je ne sais plus. Cela remonte à deux jours environ.

- C’était avant ou après que je vous paie ce café ?

- Je dirais… après. Oui, c’est le soir où vous m’avez mis à la porte de la chambre de ma mère.

- Alors, je peux vous annoncer que vous n’êtes pas fou mais que la fatigue et le stress aidant, vous avez créé toutes ces rencontres fortuitement.

- Je ne comprends pas.

- Je tenais un dossier quand nous avons parlé d’autographe en remerciement du café.

- Oui, je me souviens.

- Ce dossier était celui de Mickaël Peterson et à l’intérieur, il y avait une photo d’Alan, son frère, car les deux cas étaient similaires et que nous étions désireux de les étudier ensemble pour chercher ce qui avait pu nous échapper à l’époque. Vous avez du voir la photo…

- Et j’aurais bâti toute cette histoire ?

- Vous étiez épuisé, Monsieur Castle et je crois que votre esprit est suffisamment imaginatif pour inventer une telle histoire.

 

Beckett et Castle s’étaient isolés dans la chambre de Martha en attendant qu’elle remonte de ses examens. Et cela tombait bien parce que Castle avait besoin de réfléchir. Il n’était pas totalement persuadé par la démonstration de Jane Austen. Rien ne s’agençait correctement.

- Comment ma mère aurait-elle pu deviner le prénom de cet enfant ?

- Il y a forcément une explication plausible. Austen a pu le laisser échapper en parlant avec des collègues. Ou alors ? Tu ne m’as pas dit que tu as trouvé Meg Peterson près de ta mère aujourd’hui ?

- Si.

- Eh bien voilà, elle lui aura parlé d’Alan.

- Tu crois que ma mère pourrait avoir retenu ce prénom alors qu’elle ne se souvient de rien concernant les cinq derniers jours ?

- Il n’y a pas d’autre explication possible.

- Et pour Mickaël ?

- On en a parlé ici-même.

Castle opina et embrassa tendrement Beckett.

- Je vais me raccrocher à ça, alors.

Il fit un silence avant de reprendre :

- J’ai vraiment besoin de repos.

Mais Kate sentait bien qu’il n’était pas totalement convaincu. Elle le connaissait suffisamment pour savoir que quelque chose trottinait dans sa tête.

- Dis-moi à quoi tu penses !

- Eh bien, reprit-il, je me demandais si… Tu as entendu comme moi Ozalee disant que cette fois-ci, elle avait été sur le point de réussir.

- Oui.

- Tu crois qu’elle est responsable de la mort d’Alan ?

 

Le ciel  se dégageait peu à peu, l’épisode neigeux touchait à sa fin et quelques rayons de soleil apparaissant de temps à autres réchauffaient l’atmosphère.

Les visites s’étaient succédé dans la chambre de Martha. En à peine trois jours, elle avait retrouvé sa vitalité antérieure. Comme si cet accident n’avait jamais eu lieu. Les médecins ne s’expliquaient pas eux-mêmes comment elle ne pouvait avoir aucune séquelle apparente. Un vrai miracle. De quoi provoquer des débats, discussions, confrontations entre experts pendant des mois et des mois. Cela convenait parfaitement à Martha de voir ces grands chirurgiens et spécialistes défiler à son chevet. Et cela faisait sourire Castle : un autre grand rôle pour sa mère qui s’en acquittait à merveille. Il continuait de passer le plus clair de son temps avec Alexis auprès de sa mère. C’était babillages constants, sourires, rires. Certainement pour ne pas laissé l’émotion les débordait tous même si elle était sous-jacente dans chacun de leurs gestes et chacun de leurs regards. Et puis, il y eut ce moment, où Alexis tendit un livret à Martha.

- Quelqu’un m’a donné ça pour toi.

Martha s’en saisit et ses yeux s’agrandirent et sa bouche s’entrouvrit en comprenant de quoi il s’agissait.

- Qu’est-ce que c’est ? Demanda Castle qui voyait sa mère bouleversée.

- C’est, commença-t-elle, un vieux programme qui date de… de presque quarante-trois ans. Je jouais le personnage de Mable dans la pièce d’Oscar Wilde « un mari idéal »…

- Et ? poursuivit-il devant le silence que fit sa mère.

- J’ai dédicacé ce programme à…

Elle s’interrompit une fois encore avant de se tourner vers Alexis.

- Tu l’as vu ?

- Oui, confirma-t-elle. J’ai vu grand-père.

 

Castle avait organisé au mieux le retour de sa mère au loft. Il était à la fois en bas, à l’étage, derrière les fourneaux, à vérifier que chaque objet cher à sa mère soit bien en place. Une tornade que Kate regardait s’agiter avec amour. Elle avait désiré l’aider mais il avait refusé et elle avait compris la nécessité qui l’habitait de préparer tout cela lui-même. Quand il se posa enfin à ses côtés sur le canapé, il arborait un immense sourire et un regard pétillant de bonheur comme elle ne lui en avait pas vu depuis plus d’une semaine.

- Tu crois qu’elle appréciera ?

- Ce petit bouquet dans sa chambre ? Ce press-book que tu lui as fait avec les articles élogieux parus sur elle suite à son accident ? Ta recette de canard à l’orange ? Cette fête que tu lui prépares avec tous ses amis dans un théâtre de Broadway ?

- Ce n’est pas assez ?

Kate leva les yeux au ciel.

- C’est trop ?

Elle éclata de rire.

- C’est parfait parce que c’est toi et parce que c’est elle.

Il poussait un soupir de soulagement et se pencha vers Kate pour l’embrasser passionnément. Quand leurs lèvres se désunirent, il émit un petit bruit qui ne pouvait de nouveau que déclencher une interrogation chez Kate.

- Qui a-t-il encore ?

- Je ne t’ai pas posé la question mais si son fils est en prison, que va devenir la mère de Silver?

- Rachel McCord m’a appelée. Il va bénéficier d’une forte indulgence du procureur vu les circonstances et le FBI va lui appliquer ainsi qu’à sa mère le programme de protection des témoins. Après tout, c’est en partie de leur faute tout ça.

- Et Peter Whisper ?

- Il a disparu dès le lendemain de la visite d’Esposito et Ryan à Cable5 en fait. Un avis de recherche a été lancé.

Castle opina et se satisfaisait apparemment sans problème des réponses de Kate. Mais il y avait toujours cette lueur dans son regard qui poussa Kate à ne pas en rester là.

- Autre chose te tracasse. Dis-moi.

- Tu sais, je repensais à toute cette histoire. C’est un curieux concours de circonstance qui a permis à Mickaël d’échapper à la mort. Et en plus, on a résolu celle de son frère cinq ans plus tôt.

- Oui, mais on n’a que les aveux  d’Ozalee : Alan a été incinéré. Je ne suis pas certaine qu’elle soit parfaitement saine d’esprit et son avocat va jouer cette carte.

- Possible. Mais, est-ce que tu crois au destin ?

- Je crois aux conséquences des choix que l’on fait tout au long de sa vie. Pourquoi ?

- Imagine que je n’aie pas compris que Mickaël était empoisonné à l’aide du mouchoir. Imagine que cet enfant soit mort, penses-tu que ma mère serait décédée également ?

- Tu es certain de vouloir te lancer dans ce genre de discussion, là, maintenant ?

- Je ne peux m’empêcher de penser à ça encore et encore.

- Un peu comme si Alan était surgi d’outre-tombe pour te remercier en sauvant Martha ?

- Et si c’était Alan qui m’avait indiqué la chambre de son frère pour que je le sauve ?

- C’est à cela que tu penses ? Un vrai sujet de roman.

Il lui sourit mais quelque chose en lui restait insatisfait. Il ne prolongea pas la discussion mais le dérangeait cette image sans cesse présente de cet enfant disparaissant derrière cette porte. Comment lui, Castle, en ignorant tout de l’histoire tragique d’Alan, avait-il pu le voir se diriger encore et toujours précisément vers la chambre où il était mort et pas une autre ? C’était-il mis à genou devant une hallucination dans ce couloir d’hôpital ? Y croire sans y croire ! C’était pourtant si réel mais il n’aurait jamais de réponse. Kate avait peut-être raison. Certainement raison. Il devrait de cette histoire qui l’avait touché de très près et qui continuerait de le hanter longtemps, faire le thème de son prochain livre. Quelque chose d’autre. Pas un policier. Pas un thriller. Quelque chose de plus fouillé, de plus intime, de plus profond.  Un Castle inhabituel. Les propos de Simon Doyle, ce pseudo voyageur temporel, lui revinrent en mémoire. Et si… ? Il sourit et derrière ses yeux perdus dans le vague, l’agitation créatrice commença de se mettre en marche.

 

Martha n’en pouvait plus de voir son fils ne pas la lâcher d’une semelle, la suivre sans cesse comme si elle était susceptible de tomber à chaque pas, prévenir le moindre de ses désirs, l’empêchant de respirer par elle-même. Elle l’avait fusillé du regard quand, par pur amour, lors de la fête qu’il avait organisé, il  l’avait priée de s’asseoir en plein centre de la scène, dans ce grand fauteuil, telle une relique avec laquelle il fallait prendre les plus extrêmes précautions et qu’on devait exhiber derrière une vitrine. Dès qu’elle voulait se relever, il appuyait son bras sur elle et la forçait à se ménager. Se ménager ! Comme si après ce qu’elle venait de traverser, elle ne devait pas justement vivre, bouger, danser, croquer la vie à pleines dents. Heureusement que Kate avait réussi à éloigner Castle d’elle et qu’elle avait pu ainsi prouver à chacun qu’elle était bien redevenue la flamboyante Martha Rodgers.

Et voilà qu’il s’était installé dans le fauteuil, faisant semblant de lire et relevant ses yeux de temps à autre pour vérifier qu’elle n’avait pas replongé dans le coma. Puis, le portable de Beckett sonna. La jeune femme retira du feu le dernier pancake qu’elle  faisait cuire en vue du brunch qu’elle leur préparait. Elle décrocha, écouta avant de lâcher un « j’arrive » caractéristique. Son regard croisa celui de Martha et la comédienne sauta sur l’occasion.

- Ah ! Katherine et si vous emmeniez mon fils avec vous ? Il a besoin de se changer les idées. Un bon petit meurtre, il n’y a que cela pour lui redonner de bonnes couleurs.

- Non, il n’en est pas question, mère.

- Si, si, tu vas la suivre et tu vas nous attraper un criminel sans cœur.

Avant de réaliser pleinement, Castle se retrouvait dans la voiture de Beckett, inquiet mais appréciant de réaliser que sa vie habituelle allait reprendre son cours.

- Bon alors ? Où m’emmènes-tu ?

- Pas très loin.

Quand Kate se gara quelques minutes plus tard, la première chose qui étonna Castle en sortant, fut l’absence totale de policiers et de véhicule de pompiers. Il régnait sur l’avenue une agitation parfaitement normale de journée ensoleillée sur un New-York débarrassé des derniers amas de neige. Le regard interrogatif qu’il jeta à Kate, montrait parfaitement son étonnement.

- Tu es certaine de ne pas t’être trompée d’adresse ?

- Non, je ne crois pas, fit une voix grave derrière lui.

Il avait reconnu les intonations avant de se retourner.

- Père ? Mais… que fais-tu ici ?

- Je viens te chercher.

- Me chercher ?

- Cela te tente une petite escapade tous les deux quelques jours ?

- Je… je…

- Eh bien, fit Hunt amusé devant l’embarras de son fils. Un oui ou un non, suffira. Pas besoin de te lancer dans une tirade.

- Oui, bien sûr… mais quand ?

- Tout de suite.

- Oh ! Heu ! Il faut que je passe prendre quelques affaires…

- Regarde, fit Hunt s’accompagnant d’un geste du menton.

Castle se retourna pour voir Kate sortir un petit sac de voyage du coffre.

- Tu… tu savais ?

- L’idée vient d’elle, intervint Hunt.

Kate et Rick auraient pu rester ainsi de longs, très longs instants les yeux dans les yeux, à se noyer totalement dans la source d’amour qui les reliait mais quelqu’un s’impatientait :

- On y va, fiston ?

-  Oui, murmura Castle, on y va.

Il prit l’anse du sac dans sa main droite prêt à suivre son père. Mais il se retourna une nouvelle fois vers Kate pour l’embrasser. Un baiser passionné.

- Il est grand temps, insista Hunt qui commençait de prendre quelques pas d’avance.

Castle grappilla quelques instants encore.

- Je t’aime, Kate, je t’aime.

- Je sais. Allez, vas-y.

 

Les deux hommes s’éloignaient d’un même pas. Kate, appuyée contre le capot de sa voiture, les regarda disparaître peu à peu de son champ de vision. Elle se rappela l’image presque  similaire qui lui avait serré les entrailles de douleur quelques jours plus tôt. Là, c’était une joie immense qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même et qui lui amena de nouvelles larmes en bordure des cils. Victor Hugo écrivait que les larmes étaient les perles de l’âme. Là, c’était juste des perles de bonheur.

 

FIN


cathy24  (18.01.2014 à 18:07)

Activité récente
Dernières audiences
Logo de la chaîne France 2

Un si grand Soleil, S06E188
Vendredi 14 juin à 20:45
3.28m / 16.1% (Part)

Logo de la chaîne TF1

Demain nous appartient, S07E208
Vendredi 14 juin à 19:15
2.25m / 15.3% (Part)

Logo de la chaîne TF1

HPI : Haut potentiel intellectuel, S04E04
Jeudi 13 juin à 21:10
6.27m / 31.5% (Part)

Logo de la chaîne TF1

Demain nous appartient, S07E207
Jeudi 13 juin à 19:15
2.48m / 16.2% (Part)

Logo de la chaîne TF1

Ici tout commence, S04E208
Jeudi 13 juin à 18:35
2.33m / 19.0% (Part)

Logo de la chaîne TF1

Plus belle la vie, encore plus belle, S01E113
Jeudi 13 juin à 13:45
1.73m / 23.6% (Part)

Logo de la chaîne Syfy

Reginald the Vampire, S02E06
Mercredi 12 juin à 22:00
0.10m / 0.0% (18-49)

Logo de la chaîne TF1

Will Trent, S01E11
Mercredi 12 juin à 22:00
2.37m / 13.3% (Part)

Toutes les audiences

Actualités
Arcane : bande-annonce de la saison 2

Arcane : bande-annonce de la saison 2
A quelques mois de sa sortie, Netflix a mis en ligne la bande annonce de la saison 2...

House of the Dragon renouvelée pour une saison 3, quelques jours avant le lancement de la 2

House of the Dragon renouvelée pour une saison 3, quelques jours avant le lancement de la 2
House of the Dragon retrouvera les écrans américains ce dimanche sur HBO. La chaine câblée proposera...

Au programme de ce week-end

Au programme de ce week-end
Des drames aux comédies, en passant par les thrillers, il y en a pour (presque) tous les goûts au...

Au programme de ce jeudi

Au programme de ce jeudi
C'est calme ces temps-ci sur les écrans. Avec les départs de ce jeudi 13 juin, cela pourrait le...

Au programme de ce mercredi

Au programme de ce mercredi
Après un début de semaine plutôt calme, il y a un peu plus d'options en ce mercredi 12 juin. Cela...

HypnoRooms

cinto, Hier à 15:09

Cc, nouveau sondage chez Queer as Folk. Bonjour au bons vieux clichés sur les gays! Allez, rien de méchant non plus...

vero123, Hier à 23:54

Message supprimé par quimper

vero123, Hier à 23:55

Message supprimé par quimper

quimper, Aujourd'hui à 00:14

47101

quimper, Aujourd'hui à 00:14

47103

Viens chatter !

Newsletter

Les nouveautés des séries et de notre site une fois par mois dans ta boîte mail ?

Inscris-toi maintenant

Sondage