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Son destin : être seul.

Série : Torchwood
Création : 13.12.2008 à 13h26
Auteur : Rosa020 
Statut : Terminée

« Voici donc ma nouvelle fic. Je tiens à vous avertir : c'est un peu tiré par les cheveux mais je veux l'écrire seule. Dites moi ce que vous en pensez, merci. » Rosa020 

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Patit détail : Mickey est venu travailler pour Torchwood mais Gray aussi. Jack a dû le réveiller pour raison X ou Y et depuis, il s'est calmé et bosse pour son frère.Bonne lecture.

 

Son destin : être seul

 

Difficile d'imaginé qu'un jour, celui que nous conaissons tous sous le nom du capitaine Jack Harkneiss, ai eu (ou du moins essayé d'avoir) une vie comme les autres. Cela s'est passé quelques temps après la seconde guerre mondiale. Cette histoire, c'est Jack qui va la raconter, dans un vieux carnet, trouvé par l'équipe au fond d'un tiroir de son bureau, un jour où Jack avait encore disparut. Ils n'avaient pas l'intention d'être indscret, ils cherchaient juste à savoir où le trouver. En fait, pour que vous compreniez bien à quel point la découverte du carnet fut un accident, je vais moi-même vous expliquer comment cela s'était produit :

Tout commença un matin comme les autres, à Cardiff, au quartier général de Torchwood. Gwen arriva en retard, comme d'habitude, Ianto fut là le premier, comme d'habitude (bien que tout le monde se douta très bien qu'il avait passé la nuit là) et Mickey arriva en lançant une blague idiote,...comme d'habitude. En fait, ce jour là, justement, il ne se passait rien. Mickey rangeait des artefacs, Ianto rédigeait un rapport, et Gwen était affalé dans un fauteuil. Au bout d'un moment, elle lança :

- Mais où sont-ils tous passé, aujourd'hui ? Pourquoi il ne se passe rien ? Même les Weevils ont désertés !

- Peut-être que le froid les a découragé, suggéra Mickey, en jetant un coup d'oeil au thermomètre qui affichait moins cinq.

- Ou peut-être qu'ils ont fait la même chose que tous les Gallois. A savoir : ils sont en vacances.

Jack se redressa dans son fauteuil :

- En vacances ? De quoi tu parles ?

Mickey et Gwen sautèrent ausitôt sur l'occasion :

- Tu sais, le truc auquel on a jamais droit avec un patron comme toi. Des périodes de l'année où on a pas à venir bosser, où on peut aller au bord de la mer ou à la montagne, où...

- Ca va, ça va, j'ai compris, merci. Juste une question, quel jour sommes nous ?

- Mercredi, je crois, lança Ianto.

- Oui, ça d'accord, mais le combien de quel mois ?

Son frère le regarda d'un air effaré :

- Mais tu vis sur quel planète, mon pauvre Jack ? Tu perds complètement la notion du temps ou quoi ?

Sans en tenir compte, le capitaine attendait la réponse de Ianto.

- On est le 3 février mais pourquoi tu veux savoir ça ?

Sans répondre, Jack se leva et prit son manteau. Gray lui barr le passage.

- Tu avs quelque part ?

- Oui.

Mickey s'extirpa de son fauteuil.

- Où ?

- Ca ne regarde que moi. Je serais absent toute la journée. Et peut-être demain, aussi. Vous pouvez profiter de votre temps libre à condition de vous arranger pour qu'il y ait toujours quelqu'un qui garde un oeil sur Cardiff, même si c'est plutôt calme en ce moment. A plus tard.

Et avant que quiconque ait pu seulement songer à l'arrêter, la porte automatique du Hub s'était refermé derrière lui.

Comme d'habitude, son comportement exaspéra tout le monde sauf Ianto. Gwen explosa :

- Il est imposible ! Il fait comme si on existait pas !

- Ou comme si on ne comptait pas pour lui, ajouta Gray d'un air sombre.

Même si il avait pardoné à son frère, il devait bien admettre que ce dernier était intenable. Un sourire machiavélique se dessina sur le visage de Mickey.

- Si on le pistait ?

Ianto bondit sur ses pieds.

- C'est hors de question ! Il s'en rendrait compte et de toute façon, il a sûrement éteint son portable.


Rosa020  (13.12.2008 à 14:03)

- Pourquoi, tu sais où il va, toi ?

- Non, et croyez moi j'ai autant envie que vous de le savoir. Mais le pister est trop évident, et il est trop malin pour se laisser piéger.

Gwen se tourna vers les autres :

- Cela ne me plaît pas mais il a raison.

- On pourrait fouiller son bureau, tenta Gray.

- Encore faudrait-il qu'on en ai le clé, fit remarquer Mickey. 

Ianto sourit en glissant une main dans sa poche.

- Moi je l'ai.

C'est comme ça qu'ils se retrouvèrent dans le bureau de Jack à fouiner. Bon, d'accord, c'était quand même sacrément indiscret, et ils savaient très bien qu'ils seraient tous morts à la seconde où le boss s'aperçevrait de leurs magouilles, mais ils avaient enfin une chance de découvrir quelque chose sur leur patron et ils n'allaient pas laisser passer une telle occasion qui risquait de ne pas se représenter de si tôt. C'est comme ça qu'ils trouvèrent un vieux carnet racornit au fond d'un tiroir de son bureau. Sur la couverture, une photo jaunie retenue par un trombone. Une photo représentant quatre personnes et un chien. Un labrador. Couché sur le sol. Ils étaient assis sur les marches du perron d'une maison, dans le jardin. Il faisait beau. Le soleil brillait. A gauche, Jack, souriant comme ils ne l'avaient jamais vu sourire, un petit garçon qui devait à peine avoir un an serré contre lui. Lui aussi souriait. A droite, une jeune femme, brune, la tête posé sur l'épaule de Jack qui avait passé un bras autour de ses épaules. La femme serrait une fillette de six ou sept ans. La fillette riait aux éclats. La même pensée traversa l'esprit de toute la bande. C'était fou ce que la gamine ressemblait à Jack.

Ils redescendirent du bureau avec le carnet. Ianto leur fit du café et ils s'installèrent dans la salle de briefing. Là on donna le carnet à Gray qui, en tant que frère du concerné, avait demandé à le lire. Il inspira à fond et ouvrit le journal :

17 février 1975, 23H37

C'est de la folie. Je suis en train de me demander combien de temps encore je vais tenir avant de devenir fou. Combien de litres d'alcool suis-je capable d'avaler avant de perdre ma lucidité ? Avant de réussir à oublier ? Oublier Elise, Lou, Chris et Rébécca ? Je crois que je n'oublierais jamais. Non. Je suis sûr que je n'oublierais jamais. Comment pourrais-je oublier ? Et cette douleur insoutenable qui me donne l'impression de tomber dans l'obscurité. Je ne sais plus où j'en suis. Je ne sais plus... Je ne sais plus... Il faut que je retourne en arrière. Puisque je ne peux pas oublier, alors je vais me souvenir...

C'était le 24 octobre 1950. Il était tard. Il pleuvait. Et encore, ça n'était rien d'autre qu'une petite pluie fine, l'orage arrivait. C'est étrange mais quand j'y repense, je me rend compte que notre histoire a commencé et s'est terminé sous la pluie. J'ai mal. 


 

  

 

 

 

 


Rosa020  (13.12.2008 à 16:11)

C'est arrivé dans la rue de l'ancien théâtre. Deux amis à moi vivaient là. Edouard et Nicolas. Les deux seules personnes qui me comprenaient. Parce qu'à Torchwood, côté soutient moral, c'est zéro. On peut jamais compter sur eux. D'ailleurs, on ne peut pas dire qu'ils m'aient franchement aidé.

Des sanglots. Des pleurs d'enfant. Elise. Elle avait cinq ans. Elle s'étaient perdus. Elle était toute seule, elle pleurait parce qu'elle avait peur de l'orage. 

- T'es perdue ?

- Oui.

Je l'ai prise par la main et je l'ai emmené avec moi au vieux théâtre. Les gars étaient au sous-sol. On est pas descendus tout de suite. On est resté sur la scène. Elle avait cessé de pleurer. Elle avait plus peur de l'orage. Je crois qu'elle avait peur de moi. Suis-je effrayant ? Peut-être. Je le suis moins avec un chapeau de cow-boy sur la tête. Du moins, c'est l'impression que j'ai eu. Parce qu'elle a esquissé un sourire. C'était pas encore ça. J'ai changé de chapeau. J'ai fait l'imbécile avec un sabre d'abordage pendant dix minutes avant de changer pour ma casquette d'aviateur. Cette fois elle a souris. Je n'ai jamais su pourquoi. c'était pas le chapeau le plus marrant du théâtre. En fait c'était même pas un faut c'était un vrai, le mien.

- Dis donc c'est la croix et la bannière pour t'arracher un sourire, toi. Comment tu t'appelle ?

- Elise Anderson. Et toi ?

- Jack.

- Jack comment ?

- Jack tout court, t'as pas besoins de savoir comment je m'appelle. C'est même pas mon vrai nom de toute façon. T'as faim ?

Elle a hoché la tête. On est descendus rejoindre Ed et Nicolas. Ils ont pas l'habitude d'avoir de la visite et ça les a un peu mis dans tous leurs états. Forcément, à 70 ans et quelques, on devient un peu impressionnable. Mais ils ont dû finir par être d'accord avec ce que je pensais tout bas. Elise était mignonne. Elle m'a donné l'adresse de chez elle et j'ai attendu qu'elle ai finit de manger pour la raccompagner. Ses parents étaient inquiets. Ils m'ont invités à entrer. J'ai refusé, prétextant que j'étais pressé. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas...

Trois jours après, un après-midid où, par miracle, il ne pleuvait pas, j'était dans la rue où on s'est rencontré. Et elle était là. Elle jouait à la corde à sauter, devant l'ancien théâtre. Quand je suis arrivé devant elle, elle s'est arrêté.

- Bonjour Jack.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je voulais vérifier.

- Vérifier quoi ?

- Vérifier que tu ne t'étais pas envolé.

J'ai pas compris.

- Pourquoi veux tu que je m'envole ?

Elle m'a servie ce sourire qui, des années après, continuait de me faire perdre tous mes moyens. Moi, l'immortel, j'étais sans défense face à cette gamine qui me dévisageait avec ses grands yeux innocents.

- T'es un ange. T'es forcément un ange. J'ai eu peur que tu sois juste venu me sauver avant de retourner dans le ciel. 

Je me suis accroupis devant elle pour être à son niveau.

- Et toi ? T'es sûr que t'en ai pas un, d'ange ?

Elle a secoué la tête, comme un adulte expliquant quelque chose de parfaitement évident à un petit enfant qui vient de prétendre que la lune est un immense fromage. A ce moment, je n'avais jamais eu à ce point le sentiment d'être un enfant.

- Non, je le saurais si j'étais un ange. 

- Moi aussi. Je suis pas un ange.

- T'es quoi alors ?

J'ai pris deux minutes pour me poser la question avant de choisir la réponse que j'avais servit à John, un jour qu'il m'avait demandé "Qui es-tu ?" :

- Je suis perdu.

Elle a pris un air absolument désolé et j'ai dû me retenir pour ne pas rire, surtout quand elle m'a dit :

- Si tu veux, je peux t'aider à te retrouver.

L'envie de rire s'est vite estompé. J'ignore ce que je lui aurait répondu si la sonnette du marchand de glaces qui approchait ne m'avait pas tiré de là. C'est ce qui s'appelle être sauvé par le gong.

- Ca te dit d'aller manger une glace ?

Elle m'a fait un grand sourire en hochant vigoureusement la tête. J'étais un peu perdus.



Rosa020  (13.12.2008 à 18:08)

On est allé mangé une glace. Enfin, elle, pare que j'avais pas faim. J'ai juste pris un café, à la terrasse d'un bar. Elle n'arrêtait pas de parler. Et moi j'écoutais qu'à moitié. Je la regardais. Je ne sais pas pourquoi. Elle me fascinait. Quelque chose que je ne saurais pas expliquer. L'autre soir, chez Ed et Nicolas, après le départ d'Elise, je m'étais laissé tomber dans un fauteuil, ma tête entre mes mains, sans comprendre pourquoi cette môme m'avait autant troublé. Les gars se regardaient en me jetant des coups d'oeil inquiets et en chuchotant. Je me suis tourné vers eux.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Ils se sont jetés un ultime regard, comme avant de se jeter dans le vide, puis Nicolas souffla :

- Les étoiles se sont rallumées dans tes yeux, fiston.

(Dsl, je dois allé manger.)


Rosa020  (13.12.2008 à 19:01)

J'ai secoué la tête, sans comprendre.

- De quoi vous parlez ?

De nouveau, ils se sont regardés. Mais c'est Edouard qui a ouvert la bouche, cette fois.

- Tu ne comprends pas parce que tu ne peux pas voir tes propres yeux. Tout le monde a des étoiles dans les yeux. Tes étoiles s'étaient éteintes. La petite Elise les a rallumées. 

Je ne comprenais pas. Ou peut-être que je faisais semblant de ne pas comprendre. Je ne sais pas...

Il faut avoir passé tous les soirs de la semaine en tête à tête avec une bouteille de cognac pour comprendre à quel point c'est désagréable. Surtout quand on le fait pour la même raison que moi. J'ai mal. Je me répète.

Pendant des années, ça a été comme ça. Le soir, après le taff, j'allais à l'ancien théâtre. Elle m'attendait sur la route, en jouant à la corde à sauter. A chaque fois, en arrivant, je la poussait pour qu'elle ne reste pas sur la route. Je lui répétait que c'était dangereux mais elle ne m'écoutait pas. En fait si, je crois qu'elle m'écoutait, mais elle le faisait exprès pour être sûr que je continuerais à m'occuper d'elle. Je lui payais des glaces et je l'emmenais faire du bateau sur le canal. Ses parents laissaient faire. Je crois qu'ils n'avaient pas totalement confiance en moi. Plusieurs fois, j'ai eu des problèmes avec les flics. A chaque fois, au lieu de faire ce que j'aurais dû faire -arrêter de voir la petite- je continuais. Je pouvais pas lui dire de ne plus venir. J'avais le sentiment qu'elle avait besoins de moi. Tout comme j'avais terriblement besoins d'elle.

Oh, Elise. Pardon Elise. Si tu savais à quel point tu me manques. Pardon, mon ange, pardon.

Elle a grandit, Elise. Peut-être trop vite. Si elle était resté une petite fille, peut-être que tous ça ne serait pas arrivé. Ma bouteille de cognac manque franchement de conversation. 

Un jour, elle devait avoir huit ans. On discutait, assis sur un banc. 

- Jack.

- Oui ?

- Pourquoi t'as pas de copine ?

- Tu peux expliquer ta question ?

- Non, t'as compris ma question. Je vois pas pourquoi je l'expliquerais.

Il m'aura fallu des années pour comprendre qu'il était inutile d'essayer de la tromper. Elle lisait en moi comme dans un livre ouvert. En temps normal, mon coeur est enfermé à double-tour dans une armure de pierre. Pour ne pas avoir mal. Mais avec elle... Avec elle je n'avais pas envie, ni besoins, de me protéger. Je lui avais ouvert mon âme et elle s'y promenait comme elle le voulait. Les autres, à Torchwood, auraient bien rigolé si ils avaient appris ça. Le grand Jack qui ne pouvait pas mourir, que rien ne pouvait toucher, qui mettait son poing dans la figure de quiconque osait le chercher, Jack l'immortel, à la merci d'une gamine de huit ans. J'étais désarmé face à elle. Complètement désarmé. Et elle le savait. Elle avait parfaitement conscience que je lui appartenait complètement. Pourtant ça allait encore empirer. Mais elle attendait ma réponse.

- Je suis un bad-boy. Les filles ont peur des bad-boys. 

- Moi j'ai pas peur de toi. Quand je serais grande, je me marierais avec toi.

J'ai éclaté de rire. Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? Pleurer ? Lui dire que ça n'était pas possible ?

Un soir, elle avait une dizaine d'années, je l'avais raccompagné chez elle. J'ai vu que ses parents voulaient lui parler de moi. Alors, plus par curiosité que par indiscrétion, je n'ai pas pu m'en empêcher, je me suis glisser sous une fenêtre pour écouter. 

- Qu'est-ce que tu fais, avec lui ?

- Jack.

- Pardon ?

- Lui il a un nom. Jack.

Soupir exaspéré.

- Bon, d'accord, je recommence. Qu'est-ce que tu fais avec Jack ?

- On discute, il me paye des glaces ou des gaufres, on se promène. Des fois il emprunte la voiture de son bouleau pour m'emmener faire un tour. On rigole bien.

Son père...

- Elise... Bon sang, nous on sait même pas qui c'est !

- Mais si, vous l'avez déjà vu...

- Arrête de faire l'idiote ! Tu me comprends très bien !

- D'accord ! Mais puisque je vous dit qu'on fait rien de mal... Je suis fatiguée, je vais me coucher !

J'ai filé. J'ai courut dans les rues. Je riait comme un imbécile. Nerveusement. Je suis rentré chez moi et je me suis laissé tomber sur mon lit. Je ne riait plus. Je pleurais. Je voulais pas que ses parents interdisent à Elise de me voir. Je savais que c'était mal, mais j'avais besoins d'elle. C'était vital, même.

Le lendemain, devant l'ancien théâtre, elle était là. Cela faisait quelques années déjà qu'elle ne jouait plus à la corde à sauter en m'attendant. Elle était assise au milieu de la rue, un cahier de classe ouvert sur ses genoux. Je l'ai attrapé un peu plus brutalement que d'habitude et je l'ai tiré à l'écart de la route. Pour la première fois depuis que je l'avait rencontré, cinq ans avant, j'ai dû faire des efforts monumentaux pour ne pas lui crier dessus.

- Jack, tu me fais mal.

J'ai lâché son bras. Je me suis laissé tomber, assis sur un banc. J'ai pris ma tête entre mes mains et je me suis remis à pleurer. Elle s'est assise à côté de moi et m'a pris dans ses bras. Elle me caressait les cheveux. Elle ne savait pas pourquoi je pleurais. Je savais qu'elle ne poserait pas la question. Elle attendrait que je parle. Ou juste que je la regarde. Je n'ai pas pu parler, même quand j'ai cessé de pleurer. J'avais peur que ça reparte. Je me suis contenté de croiser son regard. Elle a sourit. Ca n'était que ça...

- T'en fait pas, vas. C'est pas mes parents qui m'empêcheront de venir te voir, t'inquiète.

On est allé se promener sur les docks. Je la tenait par la main. Je voulais pas la lâcher. J'avais peur qu'elle disparaisse et ne revienne jamais. J'ai attendu le plus longtemps possible pour la raccompagner, jusqu'à ce qu'il fasse nuit. Et je suis venu avec elle jusque sur le perron. Je ne le faisait jamais avant. Elle m'a embrassé sur la joue avant de rentrer. A ce moment, je me croyait définitivement damner. Je n'étais pas au bout de mes peines. Parce qu'en grandissant, Elise allait changer. Pas en mal. Mais pas en bien non plus. Plus elle grandissait, plus elle me faisait peur. Oui, moi, j'avais peur d'une fillette. 


Rosa020  (13.12.2008 à 20:28)

Quand Elise s'est vraiment mise à changer, on a inversé les rôles. Elle a commencé à se taire et moi je me suis mis à parler. Parce que je ne supportais pas le silence entre nous. Il me faisait peur. Onze ans. Douze ans. Treize. Année maudite. A sa demande, on a passé l'année de ses treize ans à essayé de lever la "malédiction". Ne pas passer sous les échelles. Eviter les chats noirs. C'était complètement idiot. On faisait juste ça pour déconner. On se faisait rire tout seul. 

Quatorze ans. Elle ne bavarde presque plus. Alors c'est moi qui parle. Je lui raconte tous. Toute la vérité sur moi. Mon bouleau : Torchwood. Mon âge : 120 et des poussières. Ma quête : Gray. Je lui parle beaucoup de Gray. Petit frère, où es-tu ? Qu'est-ce que je donnerais pour avoir de nouveau dix ans. Pour être de nouveau assis dans les escalier, à faire mes devoirs, mon écharpe blanche autour du cou. Petit frère... Qu'est-ce que je donnerais pour que tu vienne me voir en pleurant parce que tu as encore casser ton cerf-volant. T'en fais pas. Je vais le réparer. Comme toujours. Toujours. Pour moi ça ne veut plus dire grand chose. Toujours, ça aura duré six ans.

(La suite cet après-midi, je vais becter.)


Rosa020  (14.12.2008 à 13:06)

Le plus bizarre, c'était qu'elle avait l'air de déjà le savoir. Non. En fait elle le savait déjà. Elle avait déjà tous lu dans mes yeux. Je ne pouvais rien lui cacher. J'avais beau essayer je n'y arrivais pas.

- John et ton frère te manquent.

Ca n'était pas une question. Je ne me sentais pas obliger de répondre.

Un jour, je suis arrivé avec une guitare. Pas n'importe laquelle. Joker. La guitare de John. Notre guitare. Celle de Joker. Celle de coeur de Rockeur. Autrefois, quand on s'est retrouvé coincé sur la plate-forme sept, dans une boucle temporelle qui a durée cinq ans, on avait rien à se dire. On se connaissait trop bien. On s'était déjà tous dit, John et moi. Alors, on avait inventé la musique de l'espace. On ne supportait pas le silence, ni lui ni moi. Alors on avait fait du bruit. Beaucoup de bruit. On avait branché une batterie, un micro et une guitare électrique sur les hauts-parleurs de la station. Des musiques complètement folles qui avaient traversées l'hyper-espace comme un appel au secourt pour atterrir dans les oreilles des adolescents de toutes les planètes de l'univers. Deux agents de temps, deux contrôleurs du cosmos, deux gosses un peu allumés, seuls dans les étoiles, avaient, pour passé le temps, inventé la musique de l'espace. Coeur d'Ombre et Coeur de Rockeur. John et Jack. Joker.

Quinze ans. Une simple lettre peut-elle briser une amitié ? Oui. Une enveloppe officielle tout droit arrivée des Etats-Unis. Je m'étais engagé dans l'armée Américaine à la seconde guerre mondiale. C'était sensé être une échappatoire. Une porte de sortie pour m'éloigner de Torchwood. Un prétexte. C'est devenu un cauchemar. On m'appelait à la guerre du Vietnam. On avait besoins de moi sur le front. Je me suis retrouvé avec un énorme problème sur les bras : comment expliquer à une adolescente de quinze ans que son meilleur ami doit la laisser pour aller à la guerre ? Surtout à Elise. Je n'ai rien eu à dire.

On était assis sur un banc, l'un à côté de l'autre. Et pour une fois personne ne parlait. Ni elle ni moi. Et là j'ai fait une grosse erreur. J'ai tourné la tête vers elle. Elle me regardait. Il a suffit qu'elle croise mon regard.

- Tu pars ?

- Oui.

Silence.

- Tu pars ?

- Oui, Elise. Je pars.

Nouveau silence, plus long. Plus douloureux.

- T'as pas le droit...

- Je n'ai pas le choix.

- On a toujours le choix.

- Pas cette fois. Crois moi, si je pouvais, je resterais.

- Menteur.

- Je dis toujours la vérité.

- Menteur.

- Je ne t'ai jamais menti, Elise, pas à toi.

- Menteur !

Elle avait crié. Un cri de désespoir qui m'a brûlé le coeur et l'âme. Elle avait commencé à s'éloigner de moi. Elle partait. Et moi j'aurais mieux fait d'en faire autant. J'aurais mieux fait de rentrer chez moi boucler mon sac. Je n'ai pas pu. Je ne pouvais pas partir si elle m'en voulait. Je lui ai couru après.

- Elise.

- Qu'est-ce que tu veux ?

On s'est arrêté. Cinquante centimètres entre nous. Non, trente parce que j'ai fait un pas en avant. Dix parce qu'elle a fait un pas en arrière sans se retourner.

- Pardon.

J'ai posé ma main sur son épaule. Je me suis donné une paire de gifles mentalement en m'entendant prononcer ce mot. Si je n'avais pas dit ça, tu serais auprès de moi aujourd'hui, Elise. Pardon. Mille fois pardon.

Elle s'est retourné. Elle a mis ses yeux bleus dans les miens. J'ai eu l'impression de me noyer. 

- Je ne sais pas refuser de pardonner.

Elle s'est serré contre moi. Qu'est-ce que je pouvais faire ? La repousser, c'était hors de question. La prendre dans es bras aussi, même si j'en crevais d'envie. Et finalement, j'ai craqué. Je l'ai serré dans mes bras, fou de rage contre moi-même, contre ma faiblesse.

- Demain. A la gare. On part à six heure. Tu seras là ?

Quel idiot, mais quel idiot ! Comment j'allais faire pour partir si elle était là pour me dire au revoir ?

- Oui.

Non ! Non, non, non, surtout pas !

Elle n'était pas là. J'aurais dû être soulagé. Evidement que j'aurais dû être soulagé et c'est pas faute d'avoir essayer. Mais elle n'était pas là et, au lieu d'être soulagé, j'ai dû appuyer mon visage contre le métal glacé du wagon pour ne pas crier, j'ai dû serré les dents pour ne pas pleurer. J'avais envie de mourir. Un peu comme maintenant. Un appel, et le monde semble reprendre vie.

- Jack ?

Elle était là. Bien sûr qu'elle était là, crétin ! C'était Elise. Elle allait pas m'abandonner. Je l'ai serré fort contre moi. Elle n'a pas pu s'en empêcher, elle a pleuré. Pas moi. Sa présence m'avait rendu plus fort. Assez fort pour ravaler mes larmes. J'ai séché les siennes du pouce.

- Je t'écrirais.

- T'as intérêt.

- T'inquiète, si j'ai l'intention d'en revenir vivant c'est pas pour que tu me tue au retour.

Elle a rit, nerveusement à travers ses larmes.

- Moi aussi, je t'écrirais. Promet juste de ne pas te faire tuer. 

- Je suis Immortel, t'as oublié ?

- Non, mais tu m'as dit que tu ne savais pas comment ça marche. C'est pas sûr que tu t'en remette si tu prend un obus sur la tête...

- Merci pour tes paroles réconfortantes, Elise, ça fait plaisir. 

Je l'ai embrassé sur le front avant de remonter dans le train. Elle a courut après le wagon jusqu'au bord du quai. Là, juste avant que je la dépasse, je lui ai tendu la main. Elle m'a tenue le plus longtemps possible. Juste avant de rentrer la tête dans le wagon, j'ai vu un truc dans ses yeux. Un truc qui m'a fait tellement peur que ça m'a jeté en arrière. Par pitié, ne me fait pas ce coup là, Elise.

La montre de Mickey sonne, faisant sursauter tout le monde. On se redresse dans les siège. Les regards sont troubles. Jack. Jack, qui meurt de douleur, et qui raconte. Gwen résume en deux mots ce que tout le monde se retient de dire.

- Et après ?

Gray tousse.

- Relaxe, je suis crevé. Quelqu'un me relève ?

Après un instant de silence et des coups d'oeil pas très discrets de toute la bande vers Ianto, celui-ci lâche un soupir résigné avant de prendre la suite.

La guerre. On s'était plus vue depuis longtemps, elle et moi. J'aime pas la guerre, ça fait des morts, des veuves, des orphelins, des soeurs sans frères, des parents sans enfants, des cousins sans oncles, des tantes sans neveux et des adolescentes sans meilleur ami.

On s'entend pas là-bas. Le dos appuyé contre une barricade, dégoupiller une grenade avec les dents parce qu'on a la main prise par une mitraillette. Hurler :

- Grenade !, même si personne n'entend.

Avant de se plaquer les deux mains sur les oreilles, même si ça ne sert pas à grand chose, même si ça n'empêche pas de sentir la terre trembler et d'entendre un grand "BOUM". Fermer les yeux à mort, même si ça ne sert à rien, même si ça n'empêche pas de sentir le souffle de l'explosion sur mon visage, de prendre de la terre et du sang dans la figure, de sentir mon voisin, trois balles dans les côtes qui me tombe dessus en lâchant son arme. Et même si je crève d'envie de rester là, recroqueviller contre ma barricade, il fut se relever, repousser le corps du camarade qui vient de tomber pour foncer en hurlant vers la prochaine tranché, déjà pleine de cadavres. C'est dans ces moments là que, impuissant, l'homme réalise qu'on se ressemble tous. Sur ce maudit champs de bataille, surnommé champs de la mort par les soldats, impossible de savoir qui est qui. Parce qu'on est tous couvert de boue et de sang. Parce qu'on a tous la même grimace douloureuse sur le visage. Parce qu'on a tous le même regard qui demande, exaspéré :

- Mais où sont les abrutis pour qui on se s'entre-tue ?

C'est le soir. On est tous entassé dans une tranché. J'ai pas de chance, je suis le plus haut gradé encore en vie. Alors je veille sur tout ces malheureux qui se débattent dans leur sommeil, se croyant sans doute encore sur le champs de bataille. L'un d'entre eux hurle et il faut que je le calme ou il va réveiller tout le monde.

- Calme toi, soldat. Tout va bien. Les combats ne reprendront pas avant quelques heures. Essaie de dormir un peu...

Un murmure.

- Merci, capitaine.

Assis dans un coin, j'essaye de tenir ma promesse.

"Salut, toi. Comment tu vas ? Je te manque pas trop ? Y a pas de soucis pour moi. Panique pas, surtout. Je vais bien. C'est dur, mais c'est la guerre, que veux-tu. Te fais pas de soucis pour ce vieux Jack, vas. Je vais bien."

Je me rappelle alors que je ne sais pas lui mentir. C'est presque avec soulagement que je déchire mon tissus de mensonge pour recommencer.

"Elise,

Trois semaines qu'on est là. Je suis le plus haut gradé survivant. La moitié de mes hommes sont morts. Je suis moi-même mort au moins cent fois. Sûrement plus. T'en fais pas pour les obus. J'en ai pris trois sur la tête aujourd'hui et je m'en suis sortit. Ca fait mal, mais bon, je suis habitué. Demain on repart. Je veux juste que tu t'accroche. Je reviens vite. 

Je t'embrasse.

Affectueusement

Ton ami Jack."


Rosa020  (14.12.2008 à 14:33)

C'est fou comme une seule lettre peut faire des ravages. Parce qu'environ un an après mon départ, alors que la guerre battait son plein et que je ne cessait de répéter à Elise que je reviendrait bientôt tout en sachant qu'elle saurait que c'était un mensonge, j'ai reçut une lettre d'elle qui allait changer beaucoup de chose. En fait, ça n'était pas une lettre d'Elise mais de sa soeur, Sophie. Sa grande soeur. Une lettre d'une grande soeur qui avait peur pour sa petite soeur. Elise avait seize ans. Sophie en avait 21.

"Monsieur,

Je vous prierais de ne pas dire à Elise que je vous ai écrit, elle serait furieuse contre moi. C'est d'elle que je doit vous parler. Elle ne va pas bien du tout. Votre absence semble la ronger comme un poison mortel. Elle ne s'alimente plus, ne dort plus, ne travaille plus à l'école. Elle guette le courrier tous les matins et passe de longues heures, enfermée dans sa chambre, à lire et relire vos lettres. Nos parents ne comprennent pas sa souffrance. Ils ne comprennent pas pourquoi elle a tellement mal qu'elle n'arrive plus à vivre. Il y a encore quelques jours, moi non-plus je ne comprenais pas. Mais je parlais avec elle, mercredi dernier. Elle parlait de vous, comme d'habitude. Et j'ai enfin compris. Aux étoiles, dans ses yeux quand elle prononce votre nom, à ses larmes aussi. Je vous supplie de tenir la promesse que vous lui avez faîtes de revenir vite et vivant. Monsieur, je crois que ma soeur vous aime. Je ne vous demande pas de modifier la nature de votre relation. Je veux juste que vous reveniez. Je veux juste que ma soeur aille mieux. Il suffira que vous soyez là et je suis sûr qu'elle guérira. Elle est en train de se laisser mourir, monsieur. Je vous en supplie, revenez vite.

Bien à vous,

Sophie Anderson"

Je connais cette lettre par coeur. J'ai dû m'y reprendre à trois fois pour la lire en entier et ce n'était pas à cause du manque de lumière. Je tremblais. Je ne voulais pas croire ce que je lisais. 

Six mois plus tard, une bombe est tombée en pleine nuit sur la tranchée où j'étais réfugié avec mon régiment. Officiellement, tout le monde mourut dans l'attentat. Officieusement, il y eu un survivant : moi. J'avais une jambe en très mauvais état. Pas assez pour me paralyser, assez pour me faire rapatrier. Quinze jours plus tard, j'étais de retour à Cardiff. Sur le quai, contre toute attente, j'étais attendu. Or, je savais plusieurs choses : primo je n'avais averti personne de mon retour. Ensuite j'étais sensé être mort, je savais que les informations m'avaient cités dans les morts. Pourtant, les parents et la soeur d'Elise m'attendaient sur le quai. Affolés. Epuisés. Ils veillait la petite jour et nuit depuis qu'on avait annoncé ma mort. Elle était en train de dépérir.  

On a pris leur voiture. Jamais un simple trajet ne m'avais paru aussi long. Chez eux, ils sont restés en bas.

- Elle est dans sa chambre.

C'est très dur de monter des escaliers avec des béquilles. Elle me donnait des ailes, pourtant. Traverser le couloir, pousser la porte.

- Elise...

J'avais murmurer si bas que c'est un miracle qu'elle m'ait entendu. L'instant d'après, elle était dans mes bras. Elle pleurait. Moi pas. J'étais étrangement calme. 


Rosa020  (14.12.2008 à 18:47)

Avais-je tort de me sentir merveilleusement bien à cet instant ? Oui. Avais-je tort d'être heureux qu'elle m'aime à ce point ? Que oui. Etais-je le dernier des imbécile ? Bien sûr que oui, c'était pas nouveau. Sauf qu'à ce moment, elle était dans mes bras, je pouvais sentir les battements de son coeur, la pulsation des sanglots, et cela seul comptait. Pardon, Elise, pardon.

Les choses sont redevenues à peu près comme avant. Je dis à peu-près parce que les ennuis ont commencés. Comme, bien évidemment, Elise comptait (infiniment) plus pour moi que Torchwood, j'avais un peu tendance à négliger ces derniers. Et, si la plupart de mes collaborateurs n'en avaient pas grand chose à faire, ça n'était pas le cas de ma supérieure hiérarchique. Jen.

- Tu étais où, hier ? On t'a cherché, on avait besoins de toi.

- C'était Dimanche, hier.

- Et alors ?

- ...

- Jack, je t'ai posé une question. 

- Je sais.

- Alors répond.

Inutile d'espérer ne serait-ce que l'ombre de la moitié d'un s'il te plaît.

- J'avais autre chose à faire...

- Autre chose à faire que venir bosser ?

- Oui.

Dix pas vers la porte, ce n'est pas une fuite, c'est moi. Une main qui agrippe mon bras et me retourne de force. Elle me fixe, moi pas. Je regarde Alex, le seul qui, parfois, me traite comme un être humain. Ses yeux me parlent. Fais gaffe. 

- Regarde moi.

- Non.

- Regarde moi, Jack !

- Non !

Grâce à mes années d'entraînement pour avoir joué à ça avec Elise, je suis capable de lui servir cette réponse toute la journée. J'ai assez de patience. Merci Elise. Mais elle, non.

- Varie tes réponses ! Regarde moi, c'est un ordre !

- Rien à foutre.

- Tu me cherche, là !

- Yep.

- T'as pas peur de moi ?

- Pourquoi j'aurais peur de toi ?

J'ai le canon de son flingue sur la tempe.

- Pour ça, non ?

- Non.

- Sûr ?

Là, je rigole, ça l'énerve mais c'est plus fort que moi.

- Sans blagues, vas-y, tire ! Que veux-tu que ça me fasse ?

- Qu'est-ce qui m'empêche de t'enfermer ?

Là, je ne rie plus, mais je ne suis pas le seul que sa petite tirade fait réagir. D'un bout à l'autre de la pièce, ceux qui écoutaient ou regardaient détournent la tête et repartent bosser. Le silence qui s'était installé est rompue par le bruit des machines à écrire, des discussions qui repartent en urgence, des portes qui claquent et des chaises qui grincent. Je jubile.

- Vas-y, te gène pas.

Je ne l'entend pas me crier de revenir immédiatement, je ne l'entend pas jurer ni donner des ordres, je suis déjà dans la rue. La vent glacé de mars me pique le visage, et trois rires s'entremêlent : le mien, celui du vent et celui d'Elise. Petite musique qui s'envole vers les étoiles. J'ai peur, comme chaque fois que je suis avec elle. Peur d'elle et de ses yeux qui brillent. Peur de son sourire qui me ferait faire n'importe quoi, comme ce soir là, suspendue contre la façade d'un immeuble, avec des bombes de peinture bleue, blanche et orange. C'était son idée, pas le mienne, pourtant je sais que si on se fait prendre, ça deviendra le contraire. On essaye de ne pas faire trop de bruit mais on rit trop, c'est plus fort que nous. 

Il est deux heures du matin quand je la raccompagne. Elle va se faire gronder, je lui ai fait remarquer, mais elle s'en fout, elle se moque de moi et de ma peur. Je ne peux rien lui refuser, absolument rien, et c'est pas faute d'avoir essayé. Avril, au bord du canal.

- S'il te plaît ?

- Non.

- S'il te plaît ?

- Non.

- S'il te plaît, beaucoup ?

- Je t'ai dit non, Elise.

- Oui, j'ai entendue.

- Alors pourquoi tu continue de demander ?

- Parce que je sais que tu va dire oui, il faut juste que je m'obstine.

Est-ce que je rit ou je pleure ? Pas envie de pleurer.

- Merci pour ta franchise, ça fait plaisir.

- S'il te plaît ?

- Non.

- Allez quoi ! Je t'ai épargné le calvaire de mon anniversaire pendant treize ans, tu peux bien venir cette année, non ?

- Non.

- Si ! S'il te plaît, Jack... ?

C'est ça, vas-y, fais moi ton regard ton chien battu, ton sourire ravageur, si tu crois que ça va marcher, tu te...

- Bon, d'accord, je ne résiste pas.

Non ? J'ai pas dis ça ? Je dois avoir un problème de mémoire, c'est pas possible, ou alors c'est la faute à ma bouteille vide. Euh... on dirait que je l'ai vidé sans m'en rendre compte. Dommage. 


Rosa020  (17.12.2008 à 11:38)

D'accord, j'aurais peut-être pas dû céder... N'empêche, c'était pas si terrible. Au moins, ses parents ont pu constater d'eux-même que j'étais pas dangereux. Enfin, pas dangereux pour Elise. Je crois même qu'ils m'aimaient bien (en admettant que ne pas s'appeler Elise et apprécier mon caractère de fauve soient compatibles). Il fallait quand même que je dise un mot à Elise.

- T'avais dit pas beaucoup de monde !

- Mais c'est pas beaucoup de monde par rapport aux autres anniversaires.

Si les cent-cinquante personnes réunies dans le salon des Anderson sont peu nombreux, combien y avait-il d'invités les années précédentes ? Elle répond à la question que je n'ai pas posé.

- En fait mes parents utilisent mes anniversaires comme prétexte pour réunir tous leurs vieux amis histoire de discuter et de s'amuser un peu. Tu ne m'aurais pas laisser endurer ça toute seule, hein ?

Je secoue vaguement la tête. 

Sophie et Elise commencent à regretter sérieusement d'avoir invité leurs amies. Moi, je trouve ça marrant, tous ces gloussements dès que je passe devant elles... Musique. J'essaye de disparaître dans un mur avant qu'Elise, qui regarde ses parents danser avec des étoiles dans les yeux, ne capte la très mauvaise idée qui vient d'apparaître dans ma petite tête. Heureusement pour moi (est-ce qu'elle a lu dans mes pensées ou est-ce un hasard ?) elle pense à autre chose. Pour l'instant en tout cas.

- J'ai chaud. Tu viens dehors ?

- Tu vas geler, dehors.

- Et alors ?

On est déjà sur le balcon. Je m'appuie contre le mur. Je la regarde. Cligne des yeux pour être sûr que je ne rêve pas.

- Qu'est-ce que t'as ?

- Tu te souviens, quand on s'est rencontré tu m'as pris pour un ange.

- Oui, et alors ?

- Je commence vraiment à croire que c'est toi, l'ange.

- Tu rêve trop, Jack.

- Ouais, comme toi. 

Au grand sourire qui se peint sur son visage, je comprends que ma mauvaise idée a fait son chemin de mon cerveau au sien et qu'elle la trouve absolument géniale...

- Tu me fais danser ?

Oh, non. Par pitié, pas ça.

- S'il te plaît.

Non.

- D'accord.

Un murmure. Je croise les doigts pour qu'elle n'ait pas entendue. Raté. Elle me prend par la main, m'entraîne à l'intérieur. Et je ne résiste pas, parce que je ne sais pas comment on résiste à un ange. Que Dieu ait pitié de moi. Inchala.

Ses yeux qui brillent m'hypnotisent. Mais pourquoi est-ce que je suis si faible ?

- Je m'attendait à ce que tu dise non.

- Moi aussi.

- Pourquoi t'as dis oui, alors ?

- Tu t'es déjà regardé dans un miroir quand tu demandes quelque chose à quelqu'un ? Je sais pas pour ta soeur, tes amies ou tes parents, mais moi j'arrive pas à te dire non. En plus je me demande pourquoi je t'explique parce que tu le sais déjà. 

- Tais-toi, deux minutes, tu veux ?

Forcément. Là, pendant qu'on danse et que je la regarde, une autre idée me traverse l'esprit. Plutôt une suggestion que je me fais à moi-même. Et si j'arrêtais de me battre. Qu'est-ce qui m'empêchais de la laisser gagner ? J'ai secoué la tête pour me débarrassé de cette idée particulièrement stupide. De toutes les idées idiotes que j'avais eu, celle là était dans la bonne moyenne. On s'en fout. 

Au moment de partir, elle était venue me dire au revoir, quand je me suis rappelé d'un truc, en mettant une main dans ma poche. J'avais retrouvé ce vieux truc qui, pour l'époque, était absolument neuf, et même hors normes. Jen me tuerait si elle s'en rendait compte. Bon, d'accord, j'avais pas le droit de lui refiler un portable alors qu'on était en 1963, mais bon, au point où j'en étais, je pouvais bien faire quelques bêtises supplémentaires, non ? Et puis elle savait comment ça marchait, je lui avait expliqué, alors pas de risques... Enfin, pas beaucoup.

- Seulement moi, d'accord ? Tu ne t'en sert pour appeler personne d'autre que moi, sinon je suis mort, ok ? Je l'ai bricolé un peu, il sera jamais déchargé.

- Merci.

- Ouais, pas de quoi. Faut que j'y aille.

- Eh, Jack.

- Oui ?

- Merci. Pour ça et d'être venu, aussi.

Un signe rapide de la main avant de disparaître dans la nuit. Quand est-ce que j'arrêterais de prendre des risques ? 


Rosa020  (17.12.2008 à 12:24)

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