HypnoFanfics

Guérison

Série : Torchwood
Création : 23.01.2009 à 11h21
Auteur : Rosa020 
Statut : Terminée

« Comme promis, voici ma nouvelle fic. Je l'écris seule, comme d'habitude, mais ça ne vous dispense pas de me laisser des coms, j'ai besoins de savoir ce que vous en pensez. Bonne lecture » Rosa020 

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Juste deux ou trois petits détails avant de me lancer :

Il n'est pas obligatoire d'avoir lu "Son destin : être seul" pour suivre, on peut très bien tout comprendre sans, il n'y a que très peu d'allusions à cette fic, mais si vous ne comprenez pas tous, c'est pas ma faute XD.

Petite présentation des personnages :

- Le Docteur (si vous savez pas qui c'est, faîtes un détour par le quartier Doctor Who avant d'aller plus loin)

- Jenny (la fille du Docteur)

- Jack Harkneiss (évidemment)

- Sacha (vous savez pas encore qui c'est mais vous le saurez en lisant la fic)

- Et les éternels figurants : Ianto, Martha, Gwen, Mickey et John Hart. 

Voilà, je crois que j'ai fait le tour. Au fait, j'ai piqué deux trois chansons à Christophe Maé (entre autre) parce que j'en avais besoins mais elles ne sont pas de moi. Pareil, les persos appartiennent à RTD, je ne tire aucun profit de mes fics, et blablabla.

Sur ces mots, je vous laisse avec tout ce beau monde et vous souhaite une excellente lecture.

PS : Je fais une big dédicace à Torchwood, Kiffglasgow, nath7 et tous ceux qui me soutiennent et m'envoient des supers messages. Merci à tous.


Rosa020  (23.01.2009 à 11:29)

INTRODUCTION

 

Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais senti aussi bien, aussi en paix avec moi-même. Pour une fois, ce n'était la pagaille ni dans ma tête, ni dans ma vie. J'étais encore un peu secoué, un peu surpris de la tournure des événements mais, une fois le choc surmonté, je me sentait bien. J'avais changé. Et je n'étais pas le seul.

Assis là, en tailleur sur mon rocher, je fermais les yeux. Je n'avais pas besoins de voir, écouter me suffisait. Un peu en contrebas de la colline, le ruisseaux et les rires de Sacha qui construisait un barrage tout en essayant de ne pas faire tomber le chapeau de cow-boy dix fois trop grand pour lui dans l'eau. Appuyée le dos au rocher, à mes pieds, Jenny. Elle surveillait le petit gars d'un oeil. Enfin, à ma droite, sur la branche d'un arbre, les jambes dans le vide, Jack, qui grattait une guitare en murmurant une chanson, inventé à l'époque où il travaillait à Time-School, l'école de l'Agence du Temps, sur la côte sauvage de nouvelle Californie. Il avait quinze ans, à l'époque. On l'entendait dans les paroles. 

C'était lui qui avait le plus changé. La manteau militaire ? Disparu envolé, abandonné au fond d'un placard ou oublié sur une quelconque planète. A la place, il portait une fine veste en jean. De plus il avait troqué ses chaussures de soldat contre une paire de converses bleues ciel. Je l'aurais au moins convertis à ça, c'est déjà pas mal. Il avait coiffé ses cheveux bruns dans tous les sens et le vent tiède qui soufflait sur la colline les ébouriffait. En fait, de on ancien look, il n'avait gardé que son manipulateur de vortex et il ne s'en servait que rarement. Il était peut-être devenu sage. Plus sage que moi, même, sans doute. Il s'était laissé pousser un tout petit trapèze de barbe, au menton. Cela se voyait à peine. Il portait un jean. Il avait adopté un regard d'ange et un sourire d'enfant. J'avais encore du mal à me faire à l'idée que nous étions liés, maintenant, lui et moi. Non pas que l'idée le déplaise, loin de là, c'était juste... bizarre.

- Docteur, j'peux avoir mon bateau ?

Sacha est remonté jusqu'à nous sans qu'on s'en soit aperçut et me tire par la manche. Je sors le petite barque que j'ai taillé dans un bout de bois pour lui faire plaisir d'une de mes poches et le lui tend.

- Me'ci...

Il est déjà reparti, dévalant la pente. Presque par réflexe, je le surveille de peur qu'il ne glisse, Jack arrête de jouer près à aller le remettre sur ses pieds, Jenny se redresse.

- Ne tombe pas !

J'ignore lequel de nous trois à crié cette phrase un peu idiote. Il a quatre ans, il ne se rends pas compte. Mais il atteint son ruisseau sans encombre et s'agenouille pour jouer. Presque simultanément, nous nous détendons en soupirant. Jenny éclate de rire et Jack se remet à lâcher quelques notes, mais sans chanter, cette fois.

- Un problème, Docteur ?

Je lève la tête vers lui. Il me regarde en souriant, l'image même de l'innocence, alors que ses yeux reflètent une légère anxiété.

- Non, rien, c'est juste que... j'ai pas l'habitude, c'est tout.

- Ouais, je sais, ça fait bizarre. Je suppose que c'est une question de temps. On s'y fait, à la longue.

- Sans doute, oui.

De nouveau j'ai les yeux fermés. Au bout de cinq minutes de silence, je réalise que la musique s'est arrêté.

- Docteur ?

- Oui ?

- J'ai deux-cents ans aujourd'hui.

- Ah. Vous les faîtes pas.

Il rigole mais ce n'est pas le rire franc auquel il m'a habitué depuis quelques années. Je lui jette un coup d'oeil inquiet. Au bout d'un moment, il reprends :

- Docteur, j'en est encore pour combien de temps, selon vous ?

Ah, c'est donc ça qui le préoccupe.

- Vous savez, moi j'ai neuf-cents ans, alors...

- Oui, mes vous c'est pas pareil. Vous savez ce que vous faîtes. Moi je sais pas combien de temps je vais durer...

Je soupire. J'ai comme l'impression que ce n'est pas la dernière fois que nous avons cette conversation. C'est ma faute, dans un sens, il y a longtemps déjà qu'on aurait dû en parler.

- Jack, je vous donne à peine une trentaine d'années, croyez moi. Vous en avez encore pour très, très longtemps.

Je devais avoir l'air un peu trop sûr de moi parce qu'il m'a jeté un coup d'oeil soupçonneux.

- Vous me cachez quelque chose, n'est-ce pas ?

Ce n'est pas vraiment une question et je n'ai pas vraiment envie de répondre. Pourtant je lui doit cette réponse.

- Oui, c'est vrai.

- Dîtes moi.

Cette fois, ce n'est pas un ordre mais une supplication. Il a besoin de savoir. Maudites règles.

- C'est pas l'heure, Jack. C'est pas l'heure.

Il n'insiste pas. Il n'a rien à redire face à cet argument. Je m'en veux de me taire, mais c'est important. Dans ma tête, je revois tout ce qui s'est passé, dernièrement. C'est fou comme le temps peut passer vite, si on y prend pas garde...


Rosa020  (23.01.2009 à 12:05)

 

Chapitre 1 : Crash

 

Le Hub était plongé dans le silence. Seul le ventilateur qui fonctionnait à plein régime troublait le calme de ce début d'après-midi de fin de mois de Juin. Jack était enfermé dans son bureau, Gwen finissait de rédiger un rapport avec des soupirs lasses, Mickey et Ianto discutaient à voix basse, accoudés à une table. Depuis le matin, rien ne s'était passé et ils s'ennuyaient ferme.

Soudain, une alarme se mit à sonner, faisant sursauter tout le monde. La porte du bureau de Jack s'ouvrit à la volé et il dévala les escaliers.

- Qu'est-ce qui se passe ?

Ianto se dirigea vers un levier pour arrêter le son strident tandis que Gwen, qui était déjà devant un ordinateur répondait :

- On dirait que quelque chose est en train de se crasher a dix bornes de la ville...

- Un avion fait des interférences ?, demanda MIckey.

- Attends, y a un truc bizarre. Laisse moi regarder, souffla Ianto, qui s'était penché par dessus l'épaule de Gwen.

La jeune femme lui céda sa place.

- Mais c'est quoi, ce truc ? D'où tu sors, toi ?

- Un problème, Ianto ?, demanda Jack.

- Oui, on dirait qu'il n'y a qu'une semi-présence de pilote extraterrestre, là dedans....

- En anglais, ça donne quoi ?, demanda Mickey.

- Un cybermen ?, suggéra Jack, sans faire attention à lui.

- Négatif. Je ne détecte rien de cybernétique. Plutôt un genre de mélange, mais je saurais pas dire ce que c'est et ça m'énerve. Y a un petit malin, là dedans, qui essaye de se faire passer pour le pilote automatique.

- C'est possible, ça ?, lança Mickey, en songeant qu'il ne poserait plus de question si personne ne répondait à celle-là.

- Non, je crois pas, j'ai déjà essayé quand j'étais escroc mais ça marche pas super bien, faut vraiment tomber sur un parfait imbécile pour avoir une chance qu'il tombe dans le panneau, répondit Jack. J'ai été condamné à mort le jour où j'ai essayé.

- Pourquoi, c'était interdit ?

- Non, je suis tombé sur des intellectuels. Il leur a fallu trente secondes pour comprendre.

- Comment tu t'en ai tiré ?

- John a fait exploser la caserne où devait avoir lieu l'exécution. J'ai faillit l'étriper, ce crétin, heureusement que j'avais de bons réflexes sinon j'aurai sauté avec eux. Bon, je propose qu'on aille demander à notre chauffard ce qu'il fabrique dans le secteur et pourquoi on ne le détecte qu'à moitié, qu'est-ce que vous en pensez ?

- Bonne idée, ça nous fera du bien de prendre l'air, souffla Gwen. 

Ils prirent le SUV et roulèrent jusqu'au lieu du crash.

Etrangement, l'accident n'avait causé ni cratère, ni explosion. Personne ne l'avait vu s'écraser et l'endroit était désert. Mis à part le vaisseau en question, à peine plus grand qu'une navette, et la jeune femme blonde, en pantalon militaire qui inspectait le moteur d'un air soucieux. Un immense sourire fendit le visage de Jack et Gwen soupira. C'était toujours la même chose, dès qu'une jolie fille passait Jack la draguait ouvertement juste pour le plaisir de faire sortir Ianto de ses gonds. Cela ne faisait rigoler que lui et elle s'apprêtait à lui dire sa façon de penser quand il lança :

- Salut, Beauté, on peut faire quelque chose pour vous ?

Tandis que la jeune femme se retournait Gwen fit en sorte de se placer entre Ianto et son patron, histoire d'éviter les accrochages. La blonde renvoya son sourire au Capitaine :

- Si je te dresse la liste de ce que tu peux faire pour moi, Beau Gosse, on en a pour un moment.

- Ca tombe bien, j'ai rien de prévu...

- Jack, siffla Gwen en guise d'avertissement.

- Ca va, j'ai le droit de dire bonjour, non ?

Sans attendre de réponse, il s'approcha du vaisseau et les autres lui emboîtèrent le pas. Jack tendis la main à la jeune fille tandis que Mickey jetait un coup d'oeil au moteur.

- Capitaine Jack Harkneiss, mais vous pouvez m'appeler Jack.

- Jenny... Smith. Jenny Smith. 

Jack acheva de faire les présentations sans se douter que Ianto s'était juré de lui faire avaler son sourire de charmeur de serpent avant la tombée de la nuit. Mickey se tourna vers son patron :

- Le moteur à un problème mais je vais avoir besoins d'aide parce que je suis soldat, moi, pas mécanicien.

Ianto vint lui donner un coup de main, faisant semblant de ne pas voir Jack qui poursuivait son numéro de clown, et toujours avec le sourire, s'il vous plaît. Il se re-concentra sur la conversation quand ça redevint sérieux.

- Comment ce fait-il qu'on ne détecte qu'une semi-présence vivante quand on braque nos détecteurs sur vous ?

- Pourquoi vous faîtes ça ?

- C'est notre job de filtrer les aliens qui se pointent sur Terre avant la rencontre officielle. Vous perturbez le programme, mais si vous ne comptez pas vous éternisez on ne risque rien. Je voudrais juste comprendre, parce que la dernière fois que j'ai vu ça, c'était chez une femme robot qui a faillit tous nous tuer.

- Disons que c'est un peu compliqué.

- Ianto, Mickey, vous en avez pour longtemps ?

- Au moins plusieurs heures.

- Je vous écoute, reprit Jack, qui n'avait toujours pas cessé de sourire.

Jenny se passa une main dans les cheveux. Elle semblait gênée.

- Je suis pas humaine...

- Ca tombe bien, moi non-plus. Enfin, je l'étais mais plus maintenant. Et j'ai pas mal d'amis qui ne sont pas plus humains que je suis curé. Alors vous risquez pas grand chose.

La jeune fille sourit. Il est marrant, celui-là.

- Disons que mon père est un... alien. Et que j'ai pas de mère.

- Vous voulez dire qu'elle est morte.

- Non, j'en ai jamais eu. Point final. Je suis sortie d'une machine qui fabriquait des soldats à la chaîne en utilisant l'ADN des autres soldats. Mon père, qui est un voyageur, se trouvait là par hasard. 

- Et votre père, c'est quoi comme alien ?

- C'est pas important, il est le dernier de sa race de toute façon, je doute que vous en ayez entendu parler.

Les deux mécanos improvisés arrêtèrent de triturer le moteur, Gwen se figea sur place, le coeur de Jack loupa un battement.

- J'ai dit un truc qui fallait pas ?

- Pourquoi vous dîtes ça ?

Le sourire du Capitaine n'avait pas bougé, ne s'était même pas figé. Impossible de se rendre compte que ça l'avait touché. Quant aux autres, ils ne s'étaient arrêté qu'une fraction de seconde avant de se remettre au travail.

- Ianto et Mickey se sont figés, Gwen a arrêté de respirer et votre coeur à raté un battement.

- Ca a duré un quart de seconde...

- J'ai l'oreille fine...

- Vous êtes la fille du Docteur, n'est-ce pas ?

Cette fois-ci, c'est Jenny qui se figea. Elle s'était habitué aux battements désordonnés de ses deux coeurs mais là, c'était pire.

- Comment vous... ?

- On connaît le Docteur. Surtout moi, j'ai voyagé avec lui par le passé. Mais j'ignorais qu'il avait une fille aussi sexy...

Un bout du moteur voltigea vers la figure de Jack qui le rattrapa avant qu'il n'atteigne son visage et le renvoya à Ianto.

- Du calme...

- Je te jure que si tu continue je te le fais avaler !

- Chiche !

Ils se défièrent un instant du regard, Jack avec un sourire joueur, Ianto avec une grimace mis en colère, mis amusée par la réaction de son ami. Les autres observaient l'échange,  hésitant entre séparer les duellistes et éclater de rire.  Finalement, Ianto retourna à son moteur en grommelant. Jack pouffa, se doutant que la bataille était loin d'être gagnée, que ce n'était que partie remise.

Le moteur ne fut réparé que plus tard, dans l'après-midi. Jack fit exprès de flirter avec Jenny chaque fois que Ianto sortait la tête du moteur juste pour l'embêter.

Quand la jeune femme s'en alla, cependant, Jack lui serra la main, mais sérieusement cette fois.

- Passe le bonjour à ton père de ma part, si tu le vois.

- Volontiers. Mais fais pareil pour moi, au cas où tu le verrais le premier.

- Pas de problèmes.

Sur ce, elle remonta aux commandes de la navette et repartis dans les étoiles. Jack la regarda filer avec une certaines nostalgie : il y avait bien longtemps qu'il n'avait plus voyager. Même s'il adorait la Terre, le ciel et la liberté lui manquaient, parfois.

Ce soir là, dès qu'ils furent seul, Ianto lui envoya son poing dans la figure.

- Et maintenant, à nous deux, lança-t-il en se débarrassant de sa chemise.

 


Rosa020  (24.01.2009 à 16:17)

Chapitre 2 : Départ

 

Le temps et les années passèrent... Au bout d'un moment, la faille de Cardiff se referma toute seule et l'institut Torchwood, après avoir renvoyé les derniers aliens chez eux ou à l'UNIT, dû fermer ses portes.

C'était le dernier jours. Le dernier soir, pour être précis. Ils avaient commandé des pizzas et fait semblant de faire la fête. Mais le coeur n'y était pas. Ils ne travailleraient plus ensemble. Mickey comptait quitter la Grand Bretagne pour rejoindre l'UNIT à New-York. Gwen allait sans doute le suivre, même si rien n'était encore sûr. Elle envisageait peut-être d'arrêter définitivement la chasse aux aliens et les fins du monde.

Ianto avait une idée qui mijotait depuis longtemps mais il refusait d'en parler pour le moment. Jack, qu'en à lui, avait écouter les autres faire des projets sans rien dire, les yeux dans le vague, ou plutôt sur la pendule. On aurait dit qu'il attendait quelque chose, mais personne n'avait oser lui demander quoi. Finalement, Ianto osa murmurer :

- Jack...

Le capitaine lui jeta un coup d'oeil.

- Hmm ?

- Tu... tu fais quoi, toi ? Qu'est-ce que tu vas faire ?

Il poussa un profond soupir et regarda tour à tour les autres, gardant Ianto pour la fin. Finalement, il le fixa dans les yeux et murmura :

- Je suis désolé. Vraiment. 

A cet instant, un léger "bip" résonna à son bracelet et il appuya distraitement sur une touche. Ce fut à ce moment que John se matérialisa au milieu de la pièce. Presque dans la seconde, trois revolvers furent pointés sur lui. Il leva les bras, se défendant.

- Relax, c'est lui qui m'a demandé de venir...

Les armes s'abaissèrent légèrement et trois paires d'yeux convergèrent vers le chef de Torchwood. Ce dernier hocha la tête.

- Baissez vos armes.

Même s'ils ne travaillaient plus sous ses ordres, tous s'exécutèrent. John abaissa les bras et lança à son ex meilleur ami :

- T'es près ?

- Oui, une seconde, le temps de leur expliquer. Tu m'attends ?

- Bien obliger. Mais grouille toi quand même, j'ai pas toute la nuit, moi, j'ai un avion à prendre.

- J'arrive.

Jack se leva et ses amis l'imitèrent.

- Tu vas où ?, demanda Gwen, un peu inquiète de la suite des événements.

- Je pars. Je ne sais pas encore où. John doit me déposer dans un spatio-port. Je verrais à partir de là ?

- Tu pars ?, murmura Ianto.

- Tu reviendras ?, demanda Mickey.

- Evidemment, vous restez mes amis. Et mon frère est toujours au frais, je te rappelle.

- Tu pars ?, répéta Ianto, hébété.

- Mais pourquoi ?, souffla Gwen, une lueur d'incompréhension dans les yeux.

Jack poussa un profond soupir avant de répondre :

- Imagine un oiseau bloquer sur un sol absolument magnifique. Il trouve ça beau, il a pas envie de partir. Mais au bout d'un moment, le ciel lui manque et il a besoins de s'envoler à nouveau, même s'il sait que le sol va beaucoup lui manquer. Je peux pas rester sur Terre parce que je ne suis pas fait pour ça. En plus, moi j'ai l'éternité devant moi mais pas vous. Je veux pas que vous perdiez votre temps avec moi. Passez votre vie avec des gens qui dureront aussi longtemps que vous, pas plus.

Il y eu un silence qui semblait parti pour s'éterniser quand la voix de Ianto résonna une troisième fois.

- Tu pars ?

Jack se tourna vers lui.

- T'as écouté ce que je viens de dire, toi, ou ça t'est complètement passé au dessus de la tête, dis moi ?

- Je vais avec toi...

- Merci, ça veut dire que t'as pas écouté...

- Je m'en f...

- Tais toi un peu et écoute : je peux pas rester avec toi et tu ne peux pas venir avec moi, même si j'en ai envie, crois moi, Ianto. C'est mieux pour toi, tu finiras par t'en rendre compte. Je suis désolé si je te fais mal, mais je n'ai pas le choix. J'ai promis de revenir, non ? Mais pour le moment, j'ai besoins de solitude, d'espace. Un oiseau ne peut pas vivre dans une cage, même si les barreaux sont dorés, tu comprends ?

Cette fois, il avait compris, mais ça ne l'empêchait pas d'avoir très mal. Jack partageait sa souffrance.

Il les serra tour à tour dans ses bras. Quand ce fut le tour de Ianto, il le garda contre lui un instant et murmura pour que lui seul entende :

- Souviens toi de ce que tu m'as dit quand Gwen s'est marié... J'essaye d'appliquer ça.

 

Flash back (j'ai inventé cette scène qui se passe juste après que Jack ait sauvé Gwen (A la fin, le héros emmène la princesse.)) :

 

Jack était assis dans l'herbe, appuyé contre le mur. Il regardait au loin. Ianto vint s'asseoir à côté de lui. Il était le seul à savoir ce qui tourmentait le capitaine. Il le connaissait trop bien et, ce qu'il ne lui avait pas dit, il l'avait deviné tout seul.

- Je sais.

- Pardon ?

- Je sais à quoi tu pense.

- Je ne crois pas, non...

- Fais pas l'idiot. Y a longtemps que je sais que tu l'aime.

Jack tressaillit.

- Comment tu... ?

- La question n'est pas là.

Le capitaine se prit la tête à deux mains. Ianto lui caressa la nuque.

- T'inquiète pas, je m'en fout de toute façon.

- Si je n'étais pas parti...

- Tu aurais fait quoi ? Tu te serais interposé , Tu lui aurais dit que tu l'aimais ? Si tu l'avais fait soit tu l'aurais séparé de Riss et ça l'aurait rendu malheureuse, soit elle t'aurait rejeté et c'est toi qui aurait été triste.

- Mais je suis triste, et en plus je me sens coupable vis-à-vis de toi.

- Oui, peut-être, mais au moins tu es le seul à souffrir et, en dehors de moi, personne n'en a conscience. Parfois, il vaut mieux souffrir seul et en silence, même si c'est terrible à dire.

Au bout d'un long moment, Jack releva la tête.

- T'as pas tort.

- Je sais.

- En fait, je crois bien que t'as raison. Merci.

- Pas de quoi, si j'ai pu t'aider...

- Dis moi, je ferais quoi, sans toi ?

- Des bêtises, je suppose. Allez, dépêche toi, elle va nous tuer si on arrive en retard.

 

Fin du flash back.

 

Ianto ne put retenir un sourire. Jack l'embrassa brièvement avant de se retourner pour charger son sac sur ses épaules. Il allait partir, quand il sembla soudain se souvenir de quelque chose. Il revint vers Ianto, se pencha vers lui et murmura à son oreille :

- Ne dis pas à Gwen que je l'aime, mais s'il lui arrive quelque chose et que je ne suis pas là pour lui dire adieux, alors dis lui la vérité.

- C'est promis.

- Merci, Gueule d'Ange. Pour ça et pour tout le reste. Allez, salut les enfants !

Sur ces mots et un geste d'adieux, il rejoignis John et posa, le regard résolu, sa main sur le manipulateur de vortex. Ils disparurent ensemble.

 

Spatio-port de la troisième Lune d'Algor, minuit et demi :

 

- Soyons sérieux, qu'est-ce que tu compte faire ?

- Aucune idée. Je vais sauter dans la première navette pour la Cité et de là, je verrais bien. Si je trouve une ligne pour Beoshanne, je partirais peut-être en pèlerinage vers chez moi. Ensuite je verrais bien.

- Je te fais confiance, t'as toujours su improviser comme un pro des plans à la dernière seconde...

Ils se sourirent. Ils étaient sur le quai. Devant eux, le vide intersidéral. Derrière eux, le port, silencieux, ou presque. C'est là qu'ils se dirent au revoir.

- Tu m'appelle si t'as de nouveau besoins d'un taxi ?

- Sans problèmes.

Ils s'étreignirent chaleureusement avant de se quitter. Jack s'assit sur un banc en soupirant. Ses amis lui manquaient déjà. Il ne s'était jamais senti aussi seul.

- A quoi tu penses ?

- Je me demande si ça vaut le coup de sauter ou pas.

- Tu rêve, en fait ?

- Oui, on peut dire ça.

- Tu partage ton rêve ?

- T'es garé où ?

- Sur les docks.

- Tu me paye un verre ?

- Ok.


Rosa020  (28.01.2009 à 18:04)

Chapitre 3 : Pèlerinage (première partie)

 

C'était un véritable miracle. L'hyper-espace était absolument sans fin et il avait réussit à se retrouver dans le même port que...

- Jenny Smith, tu te souviens de moi ?

- Comment je pourrais oublier une fille aussi sexy ?

Elle pouffa.

- C'est marrant, je m'attendais presque à voir ton keum te balancer un bout de vaisseau dans la figure.

Jack détourna les yeux.

- Il est pas là.

- J'avais remarqué. Les autres non-plus, apparemment. Bon, je te paye à boire et tu me racontes ?

- Comme tu veux...

Ils allèrent s'asseoir à la terrasse d'une des rares tavernes encore ouvertes et commandèrent deux Tempêtes Célestes. Jenny le laissa boire sans l'embêter avant de le questionner.

- Alors, qu'est-ce que tu fais ici, tout seul ?

Jack se laissa aller contre le dossier de sa chaise, croisa les mains derrière sa nuque avant de répondre :

- J'ai quitté la Terre.

- Définitivement ?

- Oh, je reviendrait peut-être un jour, mais pour le moment, j'ai besoins d'air, besoins de respirer, de m'envoler à nouveau. 

- Je te comprends. 

- Ouais. T'es bien la seule...

- Il l'a prit comment ?

- Qui ça ?

- A ton avis, petite tête ?

L'ex-capitaine soupira profondément.

- Mal. Je le fais souffrir en partant.

- T'as pas l'air bien non-plus.

- Comment ça ?

- Une demi-heure qu'on est là et t'as toujours la même tête de crucifié.

- Une tête de crucifié ?

- Yep. Garçon, la même chose !

Jack l'arrêta.

- Eh, relax, je suis pas alcoolique...

- Moi non-plus, mais t'as visiblement besoins de te saouler alors discute pas et bois.

Avec un énième soupire, l'Immortel rendit les armes. Il était fatigué, triste et seul. Jenny n'avait pas tout à fait tort. Boire lui ferait le plus grand bien. 

Vers quatre heure du matin, ils avaient vidés trois bouteilles et étaient toujours sobres.

- On est trop forts !

- Tu l'as dit, bouffie. Tu tiens vachement bien l'alcool !

- Et toi, alors ? Hep, garçon, on en est à combien de bouteilles ?

Le serveur s'approcha d'eux.

- Trois à vous deux, et mon patron voudrait que vous payiez l'addition et que vous partiez. Il est quatre heure, on est dimanche et on voudrait bien aller se coucher.

Jenny jeta quelques pièces sur la table et ils s'éloignèrent vers les docks.

- Dis, au point où on en est, je peux t'appeler Jack et te tutoyer ?

- T'as fais ça toute la nuit mais tu peux continuer si tu veux. Je peux faire pareil ?

- Même réponse. Où tu devais aller ?

- Nulle part. Enfin, si, je voulais passer par la Cité de la Liberté et prendre une ligne vers ma terre d'origine. Un petit pèlerinage, tu vois ?

- Ouais, je vois. T'as du fric ? C'est pas donné, les voyages...

- Je suis la plus grosse fortune de l'espace.

La jeune femme cessa brutalement de marcher et chopa son ami par le bras pour qu'il la regarde.

- Tu peux me répéter ça ?

Jack sourit et répéta en articulant chaque syllabe :

- Moi être le type le plus riche de l'univers. Toi comprendre ?

- Tu raconte n'importe quoi ! Le type le plus riche de l'univers, c'est un rockeur de l'espace appelé Face de Boe ou Coeur de Rockeur et qui à disparu de la circulation il y a quelques années.

Pour toute réponse, il lui fit un sourire éclatant encore plus large que le précédent. Jenny ouvrit de grand yeux...

- Non. Non ! Tu ES Coeur de Rockeur ? Tu es la plus grande star de l'univers ?

Jack tira une paire de lunettes noires de sa poche et la posa sur ses yeux avant de passer un peu de gel dans ses cheveux pour les ébouriffer. Ainsi, il ressemblait à un adolescent. Mais, surtout, il était le portrait exact du garçon de dix-sept ans, à genoux sur une scène, une guitare électrique en flammes serré contre lui, sur une affiche accrochée à un mur qu'on avait oublié de retiré, et qui annonçait un concert exclusif de "l'enfant star".

- Faut que tu le dise pour que je le crois...

- Je suis Coeur de Rocker, alias Face de Boe. T'es contente ?

- Ouah !

- Comme tu dis...

Il rangea ses lunettes noires et ils reprirent leur route vers le vaisseau de Jenny.

- Pourquoi tu as disparu ?

- J'ai rencontré ton père. Il a définitivement changé ma façon de voir le monde et a transformé ma lâcheté en courage. Crois moi, quand on a la chance de voyager avec le Docteur, on oublie facilement le showbiz, même pour la plus grande star.

- Alors quoi, tu fais ton grand retour ?

- Peut-être. Je ne sais pas. Pour le moment, j'ai vraiment envie de retourner chez moi. Il est possible que ma mère soit encore en vie et de toute façon, j'ai besoins de retourner marcher dans mes pas.

- Je te dépose ?

- T'es sûr ?

- C'est toi qui vois.

Ils étaient arrivé au vaisseau. Jenny en déverrouilla la porte et ils entrèrent. Elle alluma les moteurs. Jack prit place sur le siège du copilote, à côté d'elle.

- Moi, j'ai rien contre. Au contraire, ça m'arrangerai. Et je préfère de loin éviter de faire le voyage seul. Mais toi...

- Moi, j'ai rien d'autre à faire alors... Mais si tu veux y aller seul...

- Non, non, au contraire. 

- Bon, alors c'est décidé. C'est par où ? 

Ils étaient dans l'espace, à présent. Le spatio-port flottait, derrière eux. Jack entra les coordonnées dans l'ordinateur de bord avant de se tourner vers Jenny.

- Ce vaisseau peut-il voyager dans le temps ?

- Non, pourquoi ?

- Intéressée par une puce manipulatrice de vortex ?

Elle eut un haussement de sourcil tandis qu'il détachait son téléporteur, l'ouvrait et commençait à le manipuler.

- Une petite seconde... ah, te voilà !

Il brandit triomphalement une micro-puce à bout de bras.

- Et ça sert à... ?

- Voyager dans le temps ! Comme ton père. Tu vas adorer ça.

- Je crois qu'on est sur la même longueur d'ondes, toi et moi.

- Tout à fait d'accord.

Il s'accroupit sous le tableau de bord et dévissa le panneau qui donnait sur le disque-dur afin d'y implanter la puce.

- Tu es sûr que tu sais ce que tu fais ?

- Mais oui, mais oui, assura l'ancien agent du temps juste avant que toute les lumières ne s'éteignent.

Il y eut un instant de silence avant que ne résonne la vois du pilote :

- Je te jure que si tu as cassé quoi que ce soit, tu es un Immortel mort !

- D'accord, d'accord, te fâche pas, je me suis juste tromper de bouton. T'as une lampe électrique ?

Avec un soupir exaspéré, elle le rejoignit sous le panneau de contrôle avec deux lampes frontales.

La suite fut une sacrée partie de rigolade. L'endroit n'était pas prévu pour recevoir deux mécaniciens improvisés et ils se cognèrent la tête à plusieurs reprises, ce qui eut pour effet de les faire éclater de rire, détendant l'atmosphère. Ils ne cessaient de se taquiner en se bousculant. Ils ne s'étaient rencontré qu'une fois et pourtant, on aurait dit deux gamins qui se connaissaient depuis toujours. Finalement, après un quart d'heure passé à triturer l'ordinateur, la lumière revint, les moteurs se remirent en marche et la puce fut posée. Ils se tapèrent dans la main comme deux adolescents et filèrent plein gaz vers Beoshanne. Ils étaient d'excellente humeur et plaisantaient joyeusement.


Rosa020  (07.02.2009 à 17:51)

 

Pèlerinage, partie 2 :


Même en voyageant dans l'hyper-espace, ils ne seraient rendus à Beoshane que dans cinq ou six heures. Ils branchèrent le pilotage automatique et se renversèrent dans leurs fauteuils. Ils se racontèrent leur vie, hasardeuse pour Jenny, chaotique pour Jack. Doucement, une amitié profonde était entrain de naître entre eux. L'ancien agent du temps fit mourir de rire la jeune femme avec ses histoires à dormir debout. Ils pouvaient se permettre de tous se raconter car ils ne se connaissaient pas encore assez pour que cela prête à conséquence.

Quand ils commencèrent à bâiller aux corneilles, leurs regards convergèrent en coeur vers l'unique couchette prévue pour une personne dans le fond de l'habitacle. Un immense sourire fendit le visage de Jack.

- Plutôt petit, comme lit...

Jenny lui envoya son poing dans l'épaule.

- Rêve pas !

- Si ça te gène, je prends le fauteuil...

- Non, ça ira. On est adulte, non ?

- Pas si sûr. Je ne suis pas certain d'avoir très envie d'être adulte...

- Contrôle toi, crétin !

Il alla s'allonger sur la couchette, le dos contre la cloison, et lui ouvrit les bras avec un sourire engageant. Après une seconde d'hésitation, elle se glissa contre lui, dos à son torse, la tête posée sur son bras droit, le gauche étant enroulé autour de sa taille, la main sur son ventre.

- Tu vois, c'est pas si terrible... ?

- Oui, mais si tu tiens à elle, ta main a intérêt à rester à sa place...

- Pas de problèmes ! Je peux être sage...

- A d'autres ! Dors, maintenant.

Ils ne l'auraient avoué pour rien au monde mais, là, dans l'infini de l'espace inter-sidéral, cette présence avait quelque chose de rassurant, de doux...

- Tu dors ?

- Non.

- C'est le fait d'être dans mes bras qui te dérange ?

- Non, au contraire, c'est apaisant. C'est juste que...

- Oui ?

- J'ai pas l'habitude, c'est tout. Je suis toujours seule, normalement alors, ça fait bizarre que tu sois là...

- Si tu veux que je te laisse...

- Non, je t'ai dit que ta présence me faisait du bien.

Comme elle frissonnait, il attrapa son manteau, posé sur une chaise, et les en couvrit. Il ne pouvait pas se douter que c'était moins la température ambiante que le contact chaud de sa main de géant sur son ventre qui lui donnait le frisson. Elle finit par s'endormir, bercée par les battements de son coeur, dans son dos, et son souffle tiède dans sa nuque.

Lui respirait l'odeur musqué de ses cheveux dorés et c'était un parfum qu'il avait rêvé plus d'une fois de retrouver : l'odeur, légère, de la liberté. Celle du ciel, du vent, des étoiles, des trous noirs, d'autres mondes inconnus... En quelque sorte, c'était l'odeur que lui même portait un siècle plutôt. Elle s'accrochait aux voyageurs de l'espace. Il comprit alors que Jenny était comme lui : un oiseau. Il s'endormit à son tour avec le sentiment plus que réconfortant de ne plus être seul au monde.

Il s'éveilla le premier, quelques heures plus tard. Il resta parfaitement immobile pour ne pas éveiller son amie. Elle dormait si bien. Il pouvait sentir son souffle régulier sur son bras qui lui servait toujours d'oreiller.

De là où il se trouvait, il pouvait voir l'écran holographique lumineux de l'ordinateur, affiché par le projecteur du tableau de bord. Ils arriveraient chez lui dans une petite heure. Il leur faudrait alors reprendre le pilotage manuel pour atterrir.

C'était un mauvais rêve qui l'avait tiré du sommeil. Les fantômes de Gray, Elise, Chris et Rébécca continuaient de le hanter. Il savait qu'ils ne quitteraient jamais son esprit, son coeur et son âme. Ils lui manquaient horriblement.

Jenny bougea légèrement contre lui et c'est seulement à cet instant qu'il réalisa que, dans son sommeil, elle avait posé sa main sur la sienne et entrelacé leurs doigts. Ce geste lui tira un sourire. Il allait pouvoir la charrier et il ne s'en priverait pas. Il n'allait plus jamais la lâcher après ça. Et dire qu'elle lui avait dit d'être sage... Il songea à ce que dirait le Docteur s'il était là et son sourire s'élargit. Mon pauvre Jack, se dit-il, exaspéré par son propre comportement. Quand cesseras-tu enfin de te comporter comme un adolescent ? Et, tant que tu y es, si tu pouvais arrêter de te parler à toi même et te débarrasser de ta schizophrénie, ça ferait plaisir à tout le monde...

Il secoua la tête en souriant de plus belle. Jenny bougea encore un peu. Elle n'allait pas tarder à se réveiller. Alors, vite avant de ne plus en avoir l'audace, il déposa un baiser dans ses cheveux. Elle ouvrit enfin les yeux mais il n'aurait su dire si c'était l'effet de son baiser ou de son propre chef subconscient.

- Salut !

- Salut, la marmotte ! Bien dormi ?

- Comme un loir.

- Logique, avec ce genre d'oreiller...

Elle se redressa sur un coude pour qu'il puisse dégager son bras. Il le plia et le déplia à plusieurs reprises pour le dégourdir.

- Si tu dors bien quand je te sert d'oreiller, imagine ce que ce serait si je faisais la couverture...

Jenny fit mine de le frapper au visage. Il esquiva le coup et l'attrapa par la taille pour la plaquer sur le lit en riant. Bientôt son rire se joignit au sien. Elle tenta malgré tous de se dégager mais l'Immortel la tenait fermement.

- Cherche pas, tu n'as aucune chance, face à moi.

- Frimeur ! Mais je n'en serai pas si sûr si j'étais toi. Tu oublie que je suis une enfant des machines à soldats. Je suis pratiquement née avec une arme dans les main. Je sais me défendre.

- Ben voyons ! T'as à peine plus de vingt ans alors que moi, j'ai cent ans de pratique derrière moi.

Jack devait faire de gros efforts sur lui-même pour ne pas éclater de rire. Elle commençait à s'énerver et c'était exactement ce qu'il cherchait. Elle le savait, bien sûr, ils étaient sur la même longueur d'ondes, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher.

- Attends un peu, je vais te les faire bouffer, moi, tes cent ans de pratique !

Elle se débattit et ils tombèrent sur le plancher de l'habitacle, inversant ainsi leur position. Un sourire triomphant apparut sur le visage de la jeune femme.

- Tu vois ? J'ai gagné !

- Moi, tous ce que je vois, c'est que tu as perdu.

Sur ces mots, il la renversa sur le dos, la faisant rouler sur le côté. Une nouvelle fois, la situation s'en trouva inversée. Jack jubilait.

- C'est pas juste, gémit son amie, en faisant semblant de bouder. J'étais pas prête...

 


Rosa020  (10.02.2009 à 11:17)

Pèlerinage, troisième partie :

Soudain, l'ordinateur bipa. A contre coeur, Jack se leva, la laissant libre.

- On arrive. Il faut qu'on reprenne les commandes.

Elle acquiesça et reprit sa place aux commandes.

La manoeuvre se passa sans incidents notables mais une fois passé la barrière de nuages qui leur cachait la vue, l'Immortel resta en admiration totale devant ses origines.

- Beoshanne...

- Eh, Cap'tain America ! Je voudrai surtout pas déranger mais j'ai besoins de toi pour atterrir.

- Désolé.

Il secoua la tête, s'arracha à la contemplation du désert et se re-concentra.

Se poser sur ce genre de terrain n'était pas une mince affaire et Jack conseilla à Jenny de les garer derrière une dune assez haute de préférence histoire d'éviter que leur navette soit recouverte de sable à leur retour. Elle suivit ses indications. Après tout, il était chez lui, il connaissait la région mieux qu'elle.

Dès qu'ils furent descendus du vaisseau, il se jeta à plat ventre sur le sol, enfouit ses mains dans le sable orange et respira profondément avec délice. Son amie éclata de rire.

- Regarde toi : on dirait un gosse !

- Je suis un gosse. Un enfant des sables. Et, bon sang, ce que c'est bon de rentrer à la maison !

Il appuya son visage contre sa terre d'origine et entonna un chant étrange dans une langue inconnue. Le vent semblait l'accompagner, emportant ses mots vers le lointain.

Quand il daigna enfin se relever, le mistral chaud du désert s'était levé et balayait le sable vers l'ouest et la mer, emportant avec lui des odeurs subtiles qui faisaient un bien fou au Beoshannien. Il sorti une écharpe blanche de son sac et la passa autour de son cou avant de se tourner vers Jenny.

- Je vais marcher vers mon village, maintenant, j'ai besoins de parcourir le désert. Si tu veux m'accompagner, tu es la bienvenue mais la route est longue, surtout à pied...

- Dis, tu me prends pour une lavette ? Je te suis. De toute manière, je me vois mal remonter la haut sans toi, je me sentirai encore plus seule qu'avant. En même temps, je voudrais pas m'incruster, alors...

Jack lui sourit et lui tendit la main.

- Sauf erreur de ma part, lui dit-il, nous avons déjà eut cette conversation, non ?

Elle lui renvoya son sourire et, faisant fi de sa main toujours tendue, passa devant lui.

- Alors en route !

Il la laissa faire quelques mètres avant de lancer dans son dos :

- C'est de l'autre côté, Jenny !

Elle se figea sur place un instant avant de se retourner. Il l'attendait avec un large sourire, les bras croisés sur sa poitrine. Elle lui fit une grimace enfantine avant de le rejoindre.

- Passe donc devant, gros malin.

- Avec plaisir, belle indécise...

Sur ces mots, il pris la même direction que le vent et elle lui emboîta le pas.

Le désert paraissait ne pas avoir de limites, de début ou de fin. De temps à autre, de grands oiseaux blancs passaient dans le ciel, projetant leur ombre sur le sol. Jack les désigna comme étants des aigles blancs. Il parlait d'eux avec un profond respect mêlé d'admiration et la jeune fille en vint à se demander quelle place occupaient ces oiseaux dans le folklore du pays.

Ils s'étaient arrêtés pour boire un peu d'eau et se reposer, même si le capitaine ne paraissait pas le moins du monde fatigué, quand la fille du Docteur se figea sur place, fixant un point qu'elle était la seule à voir, dans le dos de son compagnon.

- Surtout, ne te retourne pas !

- Pourquoi ça ?

- Il y a un lion et un cheval noir qui foncent droit sur nous !

- Oh, ce n'est que ça...

Il se leva et se retourna pour les regarder venir vers eux. Le fauve ne tarda pas à dépasser le cheval. Jack fit alors la dernière chose à laquelle Jenny se serait attendue : il s'accroupit dans le sable et tendit sa main au lion.

Celui-ci ralenti en arrivant devant lui et sembla chercher son odeur. Il lui fallut un certain temps pour s'en rappeler mais il finit par donner un coup de langue affectueux à la main tendue vers lui. Le capitaine le gratta entre les oreilles et l'animal ronronna, fermant les yeux.

- Je suis heureux de te revoir, Sun.

Bientôt, le cheval les rejoignis. Lui reconnut Jack au premier coup d'oeil et vint nicher sa tête contre son épaule. L'Immortel appuya son front contre sa joue en murmurant :

- Bonjour, Black Dream.

Il fallut un temps pour que sa jeune amie se remette de l'arrivée subite du fauve et du cheval qui faisaient la fête à Jack comme deux chiens à leur maître. Celui-ci fut bien obligé de raconter, le lion couché contre lui, le cheval gambadant sur les dunes.

- Quand j'étais petit, je passais mes journées dans le désert, à jouer avec les lions et les chevaux sauvages. Me demande pas comment, je n'ai jamais comprit pourquoi. A l'époque, on disait que je parlais aux animaux. Ce n'était pas tout à fait faux sans être tout à fait vrai non-plus. J'ai rencontré Sun alors qu'il n'était qu'un lionceau. Mais il ne m'a plus quitté avant que je ne parte de chez moi.

- Et Black Dream ?

- Lui, c'est une autre histoire : je le connaissais avant qu'il ne naisse parce que je jouait avec ceux du clan de son père. Je me suis occupé de sa mère et il est pratiquement né dans mes bras. Il a grandit avec moi. Lui et Sun étaient mes meilleurs amis étant enfant.

- Tu jouais jamais avec des garçons de ton âge ?

- Non, je les trouvais débiles. J'avais pas tort, d'ailleurs. Bon, si on veut être rendus avant la nuit, faut qu'on y aille. Tu veux monté ?

Il s'était juché sur le dos de son cheval et lui tendais la main. Malgré le sourire rassurant du cavalier, Jenny hésita à s'approcher de Black Dream, qui était vraiment très grand, même pour un cheval.

- N'ai pas peur, il ne te fera pas de mal.

- Qui a peur ? Moi, j'ai peur ? Mais alors là, pas du tout.

Jack était redescendus de sa monture et, nonchalamment appuyé contre le flanc de l'animal, regardait son amie avec un sourire amusé.

- Qu'est-ce qui te fais rire, toi ?

- T'as peur.

- Qui ? Moi ? Non. Enfin... si. Peut-être un tout petit peu...

- Un tout petit peu, hein ?

- Oui. D'accord, ça va, j'ai peur, t'es content ? Mais comment t'as fait pour me faire avouer ça ?

- C'est pas ma faut si t'es incapable de me résister. Viens un peu par là.

Il lui tendit la main, de nouveau, mais il s'était éloigné du cheval. Elle soupira et se rapprocha de lui.

- Garde une chose à l'esprit : si le cheval a la trouille, ça ne veut pas forcément dire que tu as peur, toi aussi. Mais si c'est toi qui a peur, là ce que tu ressens passe au cheval. Tu dois être sûr de toi.

- T'en as de bonnes, toi. Forcément, tu comprends ce qu'il dit.

- C'est pas aussi simple...

- Alors explique.

- Je ne comprends pas ce qu'il dit, mais ses mouvements et son regards ont un sens évident à mes yeux. En fait, j'ai l'impression que n'importe qui pourrait comprendre. Quand j'étais petit je ne comprenais pas pourquoi j'étais le seul à savoir automatiquement ce qui arrivait à un animal.

- Mais c'est pareil !

- Mais non !

- Mais si !

- Laisse tomber. Tu monte ou pas ?

- Je m'approche pas de ce truc.

- Jenny, fais pas l'idiote, à pied tu seras nulle part avant la nuit et c'est dangereux, le désert.

- Alors on fait quoi ?

- Je peux t'assommer si tu veux...

- Abruti ! Cherche une solution au lieu de te moquer de moi.

Une idée germa alors dans la petite tête de Jack et il fit signe à son cheval de pencher la tête pour lui murmurer quelque chose à l'oreille. L'animal remua les oreilles pour montrer qu'il comprenait et se faufila derrière Jenny sans qu'elle s'en aperçoive. Le capitaine reprit, en s'approchant dangereusement d'elle :

- Moi je trouve que t'assommer était une excellente idée.

- Arrête de me regarder comme ça tu me fiche la trouille...

- C'est fait pour.

Soudain, Black Dream surgit derrière la jeune femme et Jack la poussa en arrière, si bien que sa seule solution fut de se raccrocher à la crinière du cheval pour ne pas tomber.

- Mais t'es complètement idiot, ma parole, c'est pas vrai !

- Ouais, ben il n'empêche que t'as plus peur de mon cheval, c'est déjà ça. Allez, en selle.

Pendant un instant, il crut qu'elle allait lui arracher les yeux et les lui faire bouffer. Elle se contenta de hurler de rage et de partir en courant, ce qui arracha un éclat de rire à l'Immortel. Ce dernier mit sa monture au galop d'un claquement de langue et rattrapa son amie sans peine. Il l'attrapa au passage et la hissa de force sur Black Dream alors même qu'elle se débattait comme une furie.

- Bon, tu arrête ton cinéma ou je t'assomme pour de bon, c'est compris ? T'étais pas obligé de venir.

Elle ne répondit rien mais se tint tranquille. Le reste du voyage fut silencieux car elle avait décidé de bouder puisqu'elle ne pouvait pas le battre physiquement. Cela amusait Jack plus que ça ne le dérangeait mais il se doutait qu'elle le lui ferait payer ça plus tard.

Au coucher du soleil, ils débouchèrent au sommet d'une dune. En contrebas, le village au bout de sa petite péninsule, s'avançant dans la mer qui miroitait de mille feus oranges projetés par le couchant.

- Bienvenue chez moi, sourit Jack.


Rosa020  (26.02.2009 à 18:33)

Chapitre 6 : Chez moi...

 

Chez moi. Deux mots. Deux mots simples qui ne veulent pas toujours dire grand chose. Mais à cet instant, lâchés d'une voix rendue rauque par l'émotion par un voyageur de retour au pays après des siècles d'absence... Ils prenaient soudain une signification, une forme concrète, alors que le vent les emportait, ébouriffant au passage leurs cheveux et la crinière du cheval et du fauve.

Au loin, sur la grève, se dessinait le petit village, semblable à un jeu de construction géant, face à la mer et à l'horizon. Plus que jamais, les deux amis avaient le sentiment d'être connectés, d'avoir été fait pour se retrouver sur cette dune, d'être liés, sur la même longueur d'ondes.

Jack mit Black Dream au pas, le long de la dune. Ils commencèrent à descendre doucement vers la plage.

- C'est ton village ?

N'était-ce pas évident ? Il acquiesça en silence.

- Pourquoi cette forme ?

- On en sait rien, ou alors pas grand chose. Il y a une légende, mais...

- Tu me racontes ?

Il sourit.

- On dit que le fils du Dieu du Désert jouait ici quand il était petit et qu'il accompagnait son père sur la Terre des Hommes. Il s'amusait avec un jeu de construction. Ses parents lui disaient toujours de ne pas faire de bruit pour ne pas déranger le Dieu de l'Océan. Alors il jouait à un jeu silencieux. C'est silencieux un jeu de construction, non ?

Sans attendre de réponse, il enchaîna :

- Un jour, les Dieux cessèrent de venir sur la Terre des Hommes. Alors le petit Dieu fut triste et supplia son père de le laisser redescendre pour chercher son jeu. Mais le Dieu du Désert refusa. Les pleurs du petit Dieu furent si violents que, pour la première fois, il a plut sur Beoshane. Depuis, de temps en temps, quand Petit Dieu regarde en bas et voix son jeu, il se remet à pleurer car il ne peut pas aller le chercher. Dans ces cas là, il y a un orage sur le Désert et il dure généralement plusieurs jours, même si c'est resté un phénomène assez rare.

Jenny rit doucement.

- C'est une jolie histoire...

- Oui, je l'aimais beaucoup étant enfant. Ma mère me la racontait, le soir, quand j'étais petit garçon.

Il se tu, en proie à une émotion intense. Elle senti qu'il fallait le laisser en paix avec lui-même et ne lui posa pas d'autres questions. Il lui en fut reconnaissant.

Il descendirent de cheval à proximité du village et parcoururent les derniers mètres à pied. Ils se trouvèrent alors devant la première maison. Jack en fixait la porte avec intensité, les yeux brillants de larmes qu'il n'avait aucunement l'intention de verser. Son amie comprit immédiatement.

- C'est ta maison...

Encore une fois, il ne s'agissait pas vraiment d'une question. Pourtant, l'Immortel hocha la tête en silence.

- Tu n'entre pas ?

- Si.

Il marcha jusqu'à l'entrée et posa le bout de ses doigts sur le battant.

Les portes des maisons du village étaient mécaniques. Il suffisait de les pousser pour qu'elles coulissent toute seule sur un rail. En revanche, il fallait les refermer à la main, ce qui n'était que rarement nécessaire au vu de la température extérieure. La plupart du temps, on l'ouvrait le matin et on la refermait le soir.

Un frisson parcourut l'ex-Agent du Temps des pieds jusqu'à la racine des cheveux qui se dressèrent sur sa tête. Ce geste de poser la main sur le bois, il lui rappelait tant de souvenirs, des bons et des mauvais...

 

Flash-back :

 

Il se revoyait passer cette même porte en coup de vent, les cheveux en bataille, alors qu'il était encore tout petit, "Haut comme trois pommes", disait son oncle. Son père l'appelait son "petit ouragan".

Il débarquait à toute allure, de retour d'une d'une longue journée de vadrouille passée dans les dunes, à jouer avec ses fauves, soulevant derrière lui un nuage de sable orange. Sa mère le grondait doucement car il semait de la poussière sur son passage. En effet, il en avait dans les plis de ses vêtements, sous la plante des pieds et même dans les cheveux.

Mais il lui offrait son visage d'ange, son sourire innocent et ses yeux océan. Aussitôt, toute trace de mécontentement disparaissait du visage de sa mère qui l'envoyait se laver en vitesse, en lui promettant qui, la prochaine fois, il ne l'aurait pas aussi facilement. La même scène se répétait chaque jour.

On ne grondait jamais Jack quand il était petit. Les adultes se sentaient fondre devant son regard de chaton abandonné et en oubliaient le sujet de la dispute.

 

Fin de flash-back.

 

Après avoir fermé les yeux pour respirer profondément à plusieurs reprises, Jack poussa le battant qui coulissa en grinçant. Le vent chaud du désert s'engouffra par l'ouverture, gonflant un drap blanc et humide qu'on avait suspendue là. C'était une technique utilisée depuis toujours par les villageois afin d'empêcher la chaleur violente de l'extérieure d'entrer.

Après un dernier regard à Jenny, toujours debout derrière lui, il baissa la tête et entra dans la maison où il était né, son lion sur les talons.

Il s'arrêta dans le salon. La pièce n'avait pas changée. Le sol de terre doux, le cheval de bois de Gray, des photos accrochées aux murs blancs, un fauteuil à bascule, un sac de billes, un dessin d'enfant à demi-terminé, une batte de base-ball rectangulaire, un cerf-volant...

 

Flash-back :

 

Un tout petit bonhomme se balançait sur un cheval à bascule en riant sous le regard tendre de sa mère, assise dans un rocking-chair. Elle réparait un trou dans un pantalon. Soudain, un gamin qui devait avoir cinq ou six ans entra dans la pièce en courant, un lionceau sur les talons. La femme releva la tête...

- Sinbad, je t'ai déjà dit de t'essuyer les pieds ou de porter des chaussures que tu enlèveras avant d'entrer. On voit que ce n'est pas toi qui passe le balais derrière toi. Parfois on dirait que le désert entre dans la maison en même temps que toi.

L'enfant rit de la comparaison.

- Pardon, Maman. J'avais oublié. Mais il est hors de question que je porte des chaussures...

- Et peut-on savoir pourquoi ?

Il haussa les épaules tout en s'asseyant en tailleurs sur le sol. Son petit frère avait cessé de se balancer et vint s'asseoir près de lui.

- Je ne sais pas trop... Je suis mal-à-l'aise quand mes pieds ne sont pas en contact avec le sol sur lequel je marche...

Soudain, il se remit debout.

- Bon, c'est pas tout ça, j'ai des trucs à faire...

- En effet. Tout d'abord, tu vas ramasser ce sac de bille avant que quelqu'un ne tombe en marchant dessus.

- Mais Maman, on peut pas tomber en marchant sur mes billes, elles sont en terre, elles casseraient.

- Et qui devrait balayer derrière, hein ? Pas de discussion, c'est toi qui les fabrique, tu les ramasses et tu les ranges. Ton frère pourrait en avaler une.

- Faut pas exagérer, il est pas fou, répondit-il avec insolence, tout en passant avec tendresse sa main dans les cheveux du petit.

Il ramassa tout de même le petit sac de toile et le posa sur une étagère. Son père entra dans la maison à cet instant. Sans lui laisser le temps de respirer, Sinbad courut à lui.

- P'pa, tu viens jouer ?

- Du calmes, j'arrive à peine. Tu permet que je respire ?

- Navré.

L'homme embrassa sa femme et ses deux garçons avec affection.

- Les guetteurs prévoient une tempête de sable, cette nuit ou demain. Le vent souffle de l'ouest. Pas de promenade nocturne, n'est-ce pas Sinbad ?

Le petit garçon sourit à son père.

- Tu sais bien que le désert ne me fera jamais de mal. Je ne craint pas la sable-qui-pique-les-yeux ni le vent-qui-brûle-le-visage. Ce sont mes frères, et tu le sais.

- Oui, c'est pour cela que je te préviens. Méfie-toi, un jour la chance t'abandonneras. Tu le surveilleras, hein, Alicia ?

- Tu peux compter sur moi.

Après un instant de silence, le père se redressa et, saisissant une batte rectangulaire et une balle de la taille du poing de l'aîné de ses fils :

- Tu voulais pas jouer, Sin' (prononcer Sine) ?

 

Fin du flash-back.

 

Quand il entra dans sa chambre, une digue commença à céder à l'intérieure de lui et une première goutte salée roula sur sa joue. Il ne l'essuya pas.

Un lit défait, comme s'il l'avait quitté le matin-même. Une carte des étoiles, format géant, accrochée au dessus de l'oreiller. Des photos de famille où il souriait, en compagnie de son frère et de ses parents, retenant un gros lion à crinière de feu par son collier de cuir, sur une étagère au dessus d'un bureau où un livre était encore ouvert, à la page où il avait interrompus sa lecture. Dans une penderie entre-ouverte, une écharpe blanche, un masque, une cape, un bâton, des chemises et des pantalons pliés et repassés...

Cela commença par un sentiment d'étouffement dans sa poitrine qui le fit paniquer car il avait perdu l'habitude. Puis, des larmes qu'il fut incapable de retenir. Ensuite, une boule qui remonta dans sa gorge où elle se transforma en un sanglot rauque. Comprenant soudain ce qui lui arrivait, il tenta de reprendre le contrôle de ses sentiments. Mais la digue qui se fissurait en lui céda brutalement et, vaincu, il s'effondra à genoux sur le sol. La tête entre ses mains, il éclata en sanglots violents qui secouaient ses larges épaules.

Il ne sut jamais combien de temps il était resté là, sur le sol de cette chambre d'enfant, à évacuer le stress et la détresse qu'il avait accumulé ces derniers siècles, derrière le barrage qui protégeait son coeur des raz-de-marée et le faisait passé pour fort aux yeux de ses proches. Il ne s'était pas aperçut de la présence de Jenny, qui était entré à sa suite dans la maison ronde. Il ne se rendit compte qu'elle était là que lorsqu'elle posa une main maladroite sur son épaule. Elle ne pouvait pas imaginer à quel point ce contact  lui faisait du bien.

Avant qu'ils ne puissent échanger la moindre parole, un faible appel leur fit tourner la tête.

- Qui est là ? Il y a quelqu'un ici ! Montrez vous !

C'était une petite voix aigrelette, presque chevrotante. Jack se remit sur ses pieds. Les deux amis se concertèrent du regard avant de se diriger vers la pièce sombre d'où venaient ces paroles. Leur interlocuteur poursuivait :

- Allons ! Vous n'avez pas peur d'une veille infirme ? Sortez de votre cachette !

L'ex-agent du temps parla si bas que son amie douta d'avoir bien entendu :

- Mère... 

Ils étaient entrés. Le Capitaine tira de sa poche une boite en fer blanc d'où il sorti un allumette qu'il craqua, éclairant la scène.

Dans un coin, sur un vieux matelas couleur sable, à même le sol, emmitouflée dans une couverture, ses yeux blancs les fixants sans les voir, une femme qui devait avoir plus de quatre-vingts ans était recroquevillée sur elle-même, dans une position qui se voulait défensive. Jack se laissa glisser à genoux à côté d'elle et jeta son allumette dans les cendres froides d'une cheminée où quelques misérables bouts de papier s'enflammèrent brièvement.

- Rallume le feu, souffla-t-il à sa compagne qui jeta aussitôt un fagot de branchettes et trois autres allumettes dans l'âtre. L'Immortel caressa tendrement le visage ridé et encadré de cheveux brillants, d'une blancheur de nacre.

- Qui est là ?, répéta la vieille avec inquiétude.

- Mère, c'est moi, je suis rentré, répondit-il, comme s'il était parti la veille, dans un murmure ému.

Elle tenta de se redresser avec difficulté et leva une main vers le visage de son fils, tandis que le fille du Docteur s'activait autour du feu.

- Sinbad... Mon fils... Mon grand garçon... Tu es là...

La suite ne fut qu'une magnifique scène de retrouvailles, dans les rires et les larmes mêlés. La mère se mit à parler très vite dans une langue étrange ressemblant à de l'arabe et son fils répondait dans le même langage avec bonheur. Alicia avait du mal à croire au retour de son garçon disparut. Ne pouvant le voir, elle ne cessait de toucher son visage, détaillant ses traits encore et encore, comme si elle voulait les graver dans sa mémoire, ou de lui poser mille questions pour le faire parler et entendre sa voix.

Bientôt un beau feu craquait joyeusement dans la cheminée. Le Capitaine tira son amie par la manche pour la faire asseoir à ses côtés et mit sa main dans celle de l'aveugle.

- C'est Jenny, expliqua-t-il, en anglais, cette fois. C'est mon amie. Elle m'a aidé à venir.

- Jenny, répéta la vieille femme. Puis-je... ?, demanda-t-elle en levant la main vers le visage de la jeune fille.

- Bien sûr, répondit cette dernière.

L'aveugle suivit les contours de son visage, caressa ses cheveux et sourit.

- Tu as un visage franc, qui inspire confiance. Merci de m'avoir ramené mon fils. Où est Gray ?

Jack se statufia tout à coup et son sourire se figea. Son silence fit peur à sa mère :

- Sin' ? Où est ton frère ?

- Il n'est pas là...

- Pourquoi ? Tu ne l'as pas retrouvé ?

- Si...

- Alors où est-il ?

- Mère, il... il a fait des choses, sous le coup de la colère, je... j'ai du... l'enfermer...

Jack, alors, raconta toute la vérité à Alicia...

 

Voir les deux derniers épisodes de la saison deux...

 

Ce soir là, on alluma un grand feu dans les dunes. Tout les village vint saluer le retour de Jack. Ce fut une grande fête qui devait durer toute la nuit.

Minuit était passé quand un homme s'approcha de l'Immortel. Il portait une tunique blanche et la poignée d'une épée dépassait entre ses épaules. Le Capitaine se leva et alla à lui dans le silence qui s'était installé. Ils restèrent face à face, les yeux dans les yeux.

- Sinbad...

- Raphaël...

Jack leva ses deux mains et l'homme y appuya les siennes sous les acclamations. L'instant d'après, ils s'étreignaient avec chaleur.

Plus tard, on ordonna le silence et le plus ancien du village raconta comment Sinbad et Raphaël s'étaient rencontré et comment ils changèrent leur monde...

 

 

(Je sais, c'est cruel de ma part de vous abandonner là, mais ne vous en faîtes pas, j'écrirai la suite aussi vite que possible....)


Rosa020  (21.03.2009 à 11:11)

Chapitre 7 : Des pas dans les dunes

 

On les appelait les Gardiens. Ils étaient chargés de protéger Beoshane. On les surnommait aussi les Bergers. Ils défendaient le territoire qui s'étendait de la mer aux Plaines de Bethlam, en passant par le désert et les montagnes. Toutes les créatures vivantes dans cet espace étaient sous leur protection.

A cinq ans, Sinbad et Raphaël avaient tout deux rejoins les Gardiens. Ils avaient quittés leurs familles pour la première fois de leur vie pour une durée de trois semaines. Ils devaient rejoindre le dojo où les élèves s'entraînaient, au plus profond du désert. Là, les Bergers éprouveraient leurs capacités et, par une série d'épreuves, choisiraient en procédant par élimination les élèves qui suivraient l'enseignement pendant deux ans.

Sinbad avait trouvé Raphaël sur le chemin du dojo. L'endroit étant tenu secret, la première épreuve d'élimination consistait à arriver à bon port. Raphaël était épuisé, affamé, assoiffé et sur le point d'être dévoré vivant par un lion à l'oeil vitreux et à l'air famélique. Sinbad l'avait chassé en lançant un peu de viande séchée plus loin, dans les dunes, pour le calmer, avant de proposer de l'eau et des dates au garçon. Celui-ci avait vidé la gourde de moitié et dévoré les fruits. Les deux enfants avaient repris la route ensembles.

Pour y avoir passé ses journées depuis le jour où il avait su marcher, Sinbad connaissait le désert comme personne. Il mesurait les dangers avec précision, ne prenait jamais de risque, choisissait leur trajet avec précision et n'hésitait pas à perdre dix minutes à peser le pour et le contre avant de faire dix mètres.

Malgré son impatience, Raphaël le regardait faire avec un certain respect mêlé d'admiration. L'enfant lui appris à écouter et à comprendre ce qu'il appelait "les murmures du désert". Ainsi, guidés par le vent, le soleil et les scorpions, ils découvrirent le dojo des Gardiens, caché sous une dune. Une simple trappe de bois recouverte de sable en interdisait l'accès.

Dans les trois jours qui suivirent, huit autres garçons trouvèrent la salle d'entraînement. Passé ce délai, les Bergers verrouillèrent la trappe. L'initiation pouvait commencer.

- Ainsi, vous avez réussi.

Un homme s'était alors avancé. Les enfants étaient alignés les uns à côté des autres. Il passa devant eux, s'arrêtant devant chaque garçon, leur posant à tous la même question :

- Qui es-tu ?

Et les apprentis de répondre :

- Je suis Sinbad...

- Raphaël...

- Daï...

- San...

Durant les quatre jours suivants, on leur appris à lire, écrire et compter, à manier le bâton et l'épée, à se nourrir de peu et à rester entre veille et sommeil, un état appelé aussi le "sommeil éveillé", qui permettait de refaire ses forces aussi bien qu'en dormant tout en effectuant une surveillance ou même en marchant.

Une première semaine était donc passée. A son issue, ils les réunirent en groupe de deux.

- A partir de maintenant, leur dit un Gardien, votre binôme est votre frère.

Puis, ils furent tous jetés dehors sur ces derniers mots :

- A présent, vous avez deux semaines pour trouver le bon chemin à travers le désert. Si vous en sortez vous serez entraîné pendant deux ans avec votre frère. Vous serez Gardien et rentrerez chez vous à l'issue du duel final.

Sans plus d'indications, ils furent abandonnés dans les dunes, livrés à eux-mêmes, alors que le soleil se couchait.

Peu à peu, les huit autres garçons commencèrent à s'éloigner par deux, à la recherche du "bon chemin". Quand Raphaël se leva pour les suivre, Sinbad le retint par le bras.

-On ne devrait pas y aller aussi ? On va avoir du retard sur les autres...

Alors, avec une sagesse qui n'était pas de son âge, son ami lui répondit :

- Peut-être, mais la nuit tombe, et il vaut mieux être en retard que mort. Qui plus est il s'agit d'un voyage, pas d'une course de vitesse. Les autres seront incapables de marcher quand se lèvera le soleil, et il n'auront pas la nuit pour les rafraîchir et les apaiser. Nous allons dormir, cette nuit. Demain seulement, nous marcherons.

Le garçon s'apprêtait à répliquer mais les paroles de son binôme sonnaient terriblement juste et, pour être franc, il n'avait aucune envie d'aller patauger dans le sable en pleine nuit. Il se rassit donc sur le sol, résigné, mais décidé à mettre les voiles à la première heure le lendemain.

Sinbad tira une boite d'allumettes en fer blanc (euh... la boite, hein, pas les allumettes... ) de sa poche et ramassa des morceaux de bois morts, à demi-enterrés dans le sable par la dernière tempête. Il alluma un feu de bois léger qui sentait bon les odeurs de la mer et du désert. Puis il se leva et fit signe à son ami d'en faire autant.

- Prête moi ton écharpe.

- Ma... ?

- Ton écharpe. Et ton bâton si ça ne te dérange pas.

Il lui donna ce qu'il réclamait et le regarda, émerveillé, utiliser les deux foulards et les deux bâtons de combat pour monter en une minute, en plantant les armes dans la dune et en y accrochant les écharpes, un abris qui les protégerait du froid et, à défaut, des moustiques.

- Le sable est chaud et confortable. Nous dormirons dessus.

Puis il s'assit dans l'abri et tira sa besace à lui pour en sortir des fruits, des galettes, deux bâtons de viande séchés et de l'eau. Son ami s'assit près de lui et accepta la nourriture qu'il lui tendait.

Une à une, les étoiles s'allumèrent dans le ciel noir, et Raphaël se félicité d'avoir écouté les conseils de Sinbad. Il commençait à adorer le craquement du feu et le scintillement des étoiles mêlées aux étincelles qui jaillissaient vers la voûte céleste et semblaient se perdre dans la nuit.

Plus tard, alors qu'il s'apprêtait à interroger son nouveau frère sur ses extraordinaires connaissances du monde sauvage, Sinbad entonna doucement un chant de voyage qui s'éleva dans l'obscurité, ôtant définitivement toute envie de parler à son compagnon. Bientôt, le vent se mit à l'accompagner en soufflant dans le feu et dans le sable.

Le reste de cette nuit échappa à la conscience de Raphaël. Il se souvenait juste qu'il avait finit par glisser dans le sommeil-éveillé, bercé par la chanson dorée de Sinbad.

Quand il rouvrit les yeux, à l'aube, il se sentait merveilleusement bien et prêt à partir à la recherche de n'importe quel chemin. Sinbad achevait d'enterrer les cendres du feu de camp. Son sac était bouclé et un jeune lion, couché au sommet de la dune, semblait les attendre. Il le présenta à son ami :

- C'est Sun. Il va nous accompagner. C'est un ami, il nous sera utile.

Raphaël accepta la présence du fauve sans protester. A ce stade, il aurait suivit son compagnon au bout du monde. Ils déjeunèrent brièvement, burent un peu d'eau et se mirent en route.



Rosa020  (13.04.2009 à 20:06)

 

La fin du voyage

 

Ils marchèrent pendant de longues journées, s'arrêtant peu et pas longtemps, pour boire et manger. Quand Raphaël demanda à son ami pourquoi ils ne faisaient pas de halte plus longues, celui-ci lui rappela que le soleil violent qui tapait sur le désert les tuerait s'ils faisaient mine de cesser de bouger pendant trop de temps.

Ils découvrirent l'Arbre au bout de cinq jours de marche.

L'Arbre était une vieille légende de Beoshane, selon laquelle un arbre unique aurait poussé au milieu du désert, où il aurait finit par mourir. On racontait que sa carcasse était toujours là, et beaucoup de chercheurs et de voyageurs s'étaient perdu en essayant de le trouver. 

C'était une vision étrange que l'Arbre. On aurait dit une main humaine blanche comme l'écume des vagues de l'océan, plus lisse qu'un lac, se tendant vers le ciel. Jamais aucun des deux garçons n'avait vu quelque chose de plus beau.

Ils restèrent debout, côte à côte, à quelques pas de l'Arbre. L'un comme l'autre était trop impressionné pour bouger. Finalement, Sinbad s'approcha et posa une main tremblante sur le tronc lisse et étonnamment tiède par une telle chaleur.

Aussitôt, il fut envahit par une énergie étrange et qu'il ne connaissait pas, mais qui ne lui fit pas peur. A cet instant, il était connecté à l'Arbre et, à travers lui, à chaque chose  sur le territoire, du plus petit des grains de sable à la plus haute montagne, en passant par les brins d'herbe, les lions, les humains et les chevaux sauvages. Le vent ébouriffa ses cheveux, un aigle dans le ciel le salua d'un battement d'aile, toutes les odeurs du monde se portèrent à ses narines, l'emplissant, le rendant plus vivant que jamais. L'Arbre envoya une onde rafraîchissante dans tout son corps, pour calmer sa soif et sa fatigue.

Quand il ôta sa main du tronc, la connexion devint plus ténue, comme un son étouffé, et fini par aller se taire au plus profond de lui. Mais il savait qu'elle était toujours là et qu'elle l'accompagnerait toujours, dorénavant, où qu'il aille. Elle circulait dans son sang et pulsait avec son coeur, comme la marée qui cogne contre le ressac et qui monte et qui descend sur la plage. Il inspira profondément. Ses yeux bleus scintillaient.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que tu as vu ?, demanda Raphaël.

Mais son ami ne répondit pas. Il alla juste s'asseoir dans le sable et s'allongea sur le sol. Il ressentait tout différemment, maintenant qu'il était connecté au monde.

Comprenant que son frère ne lui répondrait pas et que le seul moyen de savoir était de voir par lui-même, Raphaël imita le geste de son ami...

 

Ils ne dormirent pas ce soir là, ne mangèrent pas, ne parlèrent pas. Ils partagèrent un peu d'eau au coin du feu. Mais ils étaient trop secoués pour parler. En réalité, ils n'avaient même plus besoin de parler car, étant connecté à tout, ils se comprenaient. Les étoiles semblaient murmurer entre-elles et le vent les berçait. Ils savaient exactement où aller, à présent.

La semaine suivante, ils étaient dans les montagnes. Là, il faisait de moins en moins chaud au fur et à mesure qu'ils grimpaient, et le vent se faisait plus violent.

Le soleil était caché par les nuages et on devait être au beau milieu de l'après-midi quand ils arrivèrent à destination : une haute tour de granit était dressée sur un haut plateau. Un vieil homme les attendait, debout devant la porte. Ils étaient complètement épuisés et à bout de force, ce qui ne les empêcha nullement de se prosterner à ses pieds, comme on leur avait appris à le faire devant le Sage des Sages.

- Relevez vous, ordonna l'homme.

C'était le père de Franklin. Le grand-père de Sinbad. Le seul Seigneur qu'en temps de guerre, les peuplades de Beoshane reconnaîtraient.

Comme prévu, ils passèrent deux ans sous sa tutelle. Deux ans durant lesquels les liens qui les unissaient l'un à l'autre se renforcèrent. A force, ils finirent par se ressembler autant que des frères. Ils s'aimaient réellement.

(Je précise juste une chose : quand je dit "ils s'aimaient", ça n'a rien d'ambiguë. Ils s'aiment comme deux frères, ça ne va pas plus loin.(Je précise parce qu'il s'agit quand même de Jack, au cas où vous auriez oublié.))

Les deux années d'entraînement étaient écoulées. Ils étaient restés seuls dans la tour, les autres élèves ne les avaient pas rejoins. Il était difficile de savoir s'il s'en était tiré, les différents binômes travaillant chacun dans un lieu différent et éloigné des autres. Mais la solitude ne les dérangeait pas. Le grand-père de Sinbad disparaissait parfois plusieurs jours, les laissant seul dans la montagne, et ils adoraient ça. 

A la fin de leur entraînement, leur maître les emmena au sommet de la plus haute des montagnes. Il leur avait ordonné de ne rien emporté, excepté leurs épées. Là, il les fit se placer face à face et prononça ces mots :

- Voici venu l'heure du Duel Final. Il s'agit d'un duel à mort. Vous avez tout les deux sept ans, pour les Gardiens vous êtes des hommes. Vous allez vous battre à l'épée jusqu'à ce que l'un de vous deux tue l'autre en lui coupant la tête. Le vainqueur aura ainsi prouvé qu'il est près à tout pour défendre Beoshane, même à tuer son frère. Le survivant pourra retourner chez lui. Il sera Gardien.

Il sorti de sa tunique deux masques de bois qu'il posa sur le visage des garçons. Puis, il leur souhaita bonne chance et s'en alla.

Les deux enfants se dévisagèrent. Sinbad souleva son masque pour parler. Ses yeux brillaient mais il ne pleurerait pas. Il ne pleurait jamais.

- Je ne veux pas te tuer. Alors fais en sorte de gagner.

Raphaël, à son tour, souleva le masque.

- Mais moi non-plus, je ne veux pas être ton meurtrier. Je préfère te laisser gagner...

- Je te l'interdit !

Il avait crié, et le son de sa voix se répercuta dans la montagne. Ils se turent. Puis, d'un même mouvement, ils rabattirent leurs masques de combat et se mirent en garde. Ils se tournèrent autour quelques secondes avant d'attaquer en même temps.

Très vite, ils comprirent combien ce duel les mettait à l'épreuve et achevait de les former : ayant été entraîné ensemble et par le même maître, chacun connaissait par coeur toutes les techniques, toutes les passes, toutes les feintes et toutes les bottes de l'autre. Ils étaient obligé d'inventer sans cesse de nouveaux mouvements et à la nuit tombée, ils combattaient encore, aucun des deux ne parvenant à prendre le dessus. Ils comprirent alors qu'ils affrontaient à cette instant leur adversaire le plus coriace. Les règles du Duel Final interdisant les pauses, le combat devrait se poursuivre jusqu'à ce qu'il y aille un mort, où que l'un d'eux s'effondre.

Le problème, c'était que ni l'un ni l'autre n'avait l'intention de s'effondrer. On raconte (mais, avec le bouche-à-oreille, il est plus que probable que l'histoire a été enjolivée) que les montagnes résonnèrent de bruit des lames qui s'entrechoquent pendant quatre jours et quatre nuits. Au matin du cinquième jour, ils étaient à genoux l'un en face de l'autre. Ils tenaient toujours la garde de leurs épées mais leurs mains reposaient sur leurs genoux et le tranchant de la lame était posé sur le sol, immobile. Ils restèrent comme ça durant plusieurs minutes. Étrangement, ni l'un ni l'autre n'était essoufflé.

Ils n'eurent pas besoins de se concerter pour prendre une décision. Ensemble, ils se levèrent et s'éloignèrent vers le village, sans ôter leurs masques.

Personne n'osa rien leur dire. Les masques faisaient peur. Les gens s'écartaient sur leur passage. Même leurs parents sentirent qu'ils ne devaient pas intervenir. Ils traversèrent leur village, Sun marchant derrière eux.

Le conseil des Gardiens les entendit, et personne ne su jamais ce qu'ils leur avaient dit. Toujours est-il qu'à partir de ce jour, le Duel Final fut interdit. On réalisa enfin que forcer deux enfant de sept ans à s'entre-tuer c'était cultiver la guerre alors qu'on cherchait à en faire des Gardiens de la Paix.

 

 

Le vieux conteur se tu. Le silence était tombé sur le feu de joie. Les souvenirs affluaient. Les impressions, aussi. La plupart des enfants, qui connaissaient déjà cette histoire pour l'avoir souvent entendu, avaient fini par s'endormir avant la fin dans les bras de leurs parents. Jenny regarda Jack et eut l'impression qu'elle le voyait pour la première fois. Les yeux de ce dernier étaient perdus dans le lointain. Il devait sûrement se souvenir. On applaudi le vieil homme qui, soit dit en passant, avait été le premier à raconter cette histoire, et avait, malgré son âge, encore la force de la raconter. 

Bien plus tard, dans la nuit, alors que tout le monde était parti se coucher, Jack et Jenny étaient assis, côte à côte, sur une dune, près des braises qui achevaient de se consumer.

- Tu vas faire quoi ?

Le capitaine tourna la tête vers la jeune fille. Elle le regardait, attendant une réponse.

- Je vais repartir, c'est sûr. Où, c'est une autre histoire. Avec qui, j'ai quelqu'un en tête mais j'attends son avis.

Il lui adressa un de ces clins d'oeil dont il avait le secret et qui la faisait toujours craquer.

- Enfin, si tu veux bien de moi comme copilote, bien sûr...

- Et où irions nous ?

Il la fit se lever et l'emmena tout en haut de la dune. Là, il la pris par les épaules et fit un large geste de la main en désignant les étoiles.

- On a que l'embarras du choix, non ?

 


Rosa020  (29.04.2009 à 19:29)

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