HypnoFanfics

Guérison

Série : Torchwood
Création : 23.01.2009 à 11h21
Auteur : Rosa020 
Statut : Terminée

« Comme promis, voici ma nouvelle fic. Je l'écris seule, comme d'habitude, mais ça ne vous dispense pas de me laisser des coms, j'ai besoins de savoir ce que vous en pensez. Bonne lecture » Rosa020 

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Ce chapitre ne sert pas à grand chose, sauf à combler quelques vides. Ne vous en faîtes pas, le prochains sera plus... évolutif si vous me passez l'expression^^.

 

Chapitre 9 : Escalade et tribut africaine

 

Afrik, planète recouverte de sable et d'eau salée, où se sont installés, à la conquête de l'espace, la plupart des anciennes tributs africaines. Deux silhouettes sont accroché à une falaise.

- Alors ? Qu'en dis-tu ?

- Fait chaud.

- Mais encore ?

- C'est haut.

- J'avais pas remarqué, tu fais bien de me le dire, moi qui suis distrait...

- C'est beau.

- Ah ! Quand même ! Il t'en as fallut du temps pour le dire !

Soudain, un des appuis de Jenny céda et elle bascula en arrière. Elle serra les genoux, ferma les yeux et se prépara au choc. Il fut si violent qu'elle s'étonna que ses jambes ne se brisent pas.

- Jack, je t'en supplie, ne me dis pas que je suis suspendue par les pieds après une falaise à plusieurs centaines de mètres de hauteur.

- Tu es suspendue par les pieds après une falaise à exactement 853 mètres de hauteur.

- Je te déteste !

- Vaudrait mieux pas, tu pourras jamais te redresser sans mon aide.

Afrik, c'était tous les déserts d'Afrique plus l'océan Atlantique version planétaire. La moitié du globe était recouverte d'eau salée, l'autre moitié de sable, de dunes, de montagnes et de falaises écarlates, qui avaient values à la planète le surnom de Dragon Rouge. En fait, elles n'étaient pas vraiment rouges mais oranges. C'était la lumière des sept soleils qui les faisait paraître pourpres. Le spectacle était magnifique.

Bien entendu, Jenny l'aurait beaucoup plus apprécié si elle n'avait pas été suspendue par les pieds après une falaise à 853 mètres de hauteur.

Jack lui tendit une main qu'elle attrapa, et l'aida à se remettre d'aplomb.

- Merci.

- Pas de quoi, mais je crois que ton bras a lâché sans vouloir m'avancer.

La jeune fille tenta de remuer son bras droit mais un craquement sinistre retenti et elle gémit douloureusement.

- Toi et tes idées stupides, je te retiens !

- Quoi ? Qu'est-ce que j'ai fais encore ?

- C'était ton idée d'aller faire de l'escalade sans matériel, Capitaine Je-suis-stupide-mais-je-me-soigne !

- T'était pas obligé de me suivre !

- Elle est bonne, celle-là ! Comme si j'allais te laisser aller faire le clown tout seul en sachant très bien qu'il allait t'arriver quelque chose si je gardais pas un oeil sur toi ! Résultat, c'est moi qui suis blessée !

- Eh oh ! On se calme ! Je te rappelle que je me suis débrouillé sans toi pendant un bail, alors j'ai pas besoins que tu me surveille comme un gamin !

- Alors là, je te jure que...

Mais elle fut prise de vertige et serrait tombé dans le vide si son ami ne l'avait pas rattrapé à temps.

- Jenny ? T'es avec moi ?

La jeune fille ne répondit pas. Inquiet, Jack la hissa sur son épaule et entreprit de redescendre de leur perchoir.

Cela faisait à peine quelques semaines qu'ils avaient quitté Beoshane et ils se disputaient pour rien au moins trois ou quatre fois par jour, et encore, quand ils étaient dans un bon jour. Heureusement, ce n'était que des gamineries enfantines qui disparaissaient aussi vite et aussi bêtement qu'elles apparaissaient.

Une fois au pied de la falaise, il coucha la jeune fille dans le sable et faisant attention de ne pas aggraver sa blessure au bras.

- Jenny ? Hello, fillette, où es tu parti ?

Voyant qu'elle ne répondait pas, il se tourna vers Sun, qui avait refusé de le laisser partir sans lui une nouvelle fois.

- Et si tu te rendais utile en allant chercher de l'aide, pour une fois, hein ?

Le lion bâilla, s'étira puis se leva et parti au petit trot, le nez au sol, cherchant quelqu'un susceptible d'aider Jack. Ce dernier effleura la joue de Jenny.

- T'en fais pas va, je vais te prouver que je peux me débrouiller sans toi, contrairement à toi.

 

La fille du Docteur ouvrit les yeux sur un visage d'enfant. Un petit garçon Africain était penché sur elle. Elle constata également que son bras avait été bandé et calé avec une attelle. Elle était allongée sur une couverture, dans un genre de hutte. On lui avait ôté sa veste et on l'avait plié sous sa tête.

Le garçon dit quelque chose dans une langue qu'elle ne compris pas. Elle se redressa sur les coudes.

- Salut, toi. Je te demanderai bien qui tu es et où je suis mais je ne pense pas que tu comprenne.

Pour toute réponse, elle obtint un rire léger. L'enfant devait à peine avoir quatre ou cinq ans. Elle se mit en position accroupi car le plafond était trop bas pour qu'elle se lève complètement. De plus, son bras en écharpe la gênait. Elle se demandait bien où était passé son imbécile de complice. C'est alors que le petit lui attrapa la main et la tira vers l'entrée de la hutte en babillant dans sa langue. Elle se laissa guider, amusée par ce petit bonhomme qui ne tenait pas en place; il lui faisait penser à Jack.

Elle se trouvait dans un petit village composé d'une demi douzaine de huttes entourées d'un cercle de barrières en bois mort. Au centre, un feu brûlait doucement. Quelques vaches paressaient autour du village. Une vingtaine d'habitants, réunis en petits groupes, parlaient, chantaient des chansons ou riaient tout en écrasant des graines entre deux pierres plates ou en tissant quelque chose avec des brins d'herbe plats.

Jack était là, au milieu d'un petit groupe de jeunes enfants. Le plus âgé devait avoir l'âge du guide de Jenny. Les gamins touchaient sa peau blanche en riant et attrapait ses cheveux noirs. Il avait posé son manteau sur la barrière et jouait avec eux en les poussant ou en les chopant à la cheville pour les faire rouler dans le sable. Soudain, plusieurs garçons l'attaquèrent en même temps et réussirent, en le prenant par surprise, à le mettre à terre. Il éclata de rire en se débattant faiblement. Elle l'interpella :

- Cap'tain America !

Il releva la tête et sourit en la voyant. Comme si ils avaient compris, les enfants le laissèrent se remettre sur ses pieds et aller vers elle. Il posa une main sur son épaule.

- Tu vas bien ? Tu m'as flanquer une drôle de trouille, tu sais ?

- Je vais bien. D'ailleurs, ça m'apprendra à te suivre partout.

- Oui, et à la ramener comme quoi je suis pas foutu de me débrouiller tout seul, hein ?

Elle se passa une main sur la nuque, geste qu'elle avait emprunter à Jack, avec un sourire gêné.

- Désolé pour le coup de gueule. J'aime pas trop être handicapé, même pour un temps, ça me rend dépendante des autres et j'ai horreur de ça.

- Hey...

Il passa une main dans les cheveux de la jeune fille.

- Tu vas pas essayer de me faire croire que ça t'embête tant que ça d'être dépendante de moi ?

Furieuse, elle essaya de le frapper mais il attrapa son poignet avant que sa main n'atteigne son visage. Il rit doucement.

Ils restèrent avec les Africains toute la nuit. Ceux-ci chantèrent des chansons autour du feu, en tapant dans leurs mains. Comme chaque nuit, Jack et Jenny dormirent ensemble, dos à dos. C'était comme ça depuis qu'ils avaient commencé à voyager ensemble. Ils quittèrent Afrik le lendemain matin.


Rosa020  (21.05.2009 à 15:53)

Chapitre 10 : Le début de la guérison (mais pas la fin, je vous rassure ^^)

 

John Hart se matérialisa sur un trottoir, à l'angle de deux rues. Fort heureusement pour lui, il n'était que cinq heure du matin, et personne ne l'avait vu. Il ajusta les sangles en cuir de son sac à dos et inspira profondément l'air de Cardiff. Il rentrait de son tour du monde.  Il portait une amulette égyptienne portant son nom en hiéroglyphes autour du cou et un bracelet de surfeur Hawaïen au poignet. Pour le citer, il s'était "éclaté". La Terre du vingt et unième siècle n'avait pas grand chose à voir avec celle du 51, mais elle valait le coup d'oeil.

Il alla s'accouder à la balustrade, au dessus du canal, à côté d'un homme en veste noir, un carton à dessin posé à ses pieds.

- Jones...

- Capitaine Hart... Alors, ce tour du monde ?

- Pas mal du tout. C'est sûr que comparé à ce que j'ai déjà vu là-haut, ajouta-t-il avec un geste du pouce vers le ciel, ça vaut pas grand chose mais c'est déjà pas mal, surtout pour une espèce aussi peu évoluée.

- Vous parlez de mon espèce, je vous signal.

- C'est une généralité.

- Si vous le dîtes.

- Je vous paie un verre ?

Ianto Jones se tourna vers son interlocuteur en haussant un sourcil.

- C'est quoi, ce plan ? Jack est parti alors c'est moi que vous draguez ?

- Aucun rapport avec Jack. Et pour ta gouverne, Gueule d'Ange, même si l'envie ne me manque pas, pour le moment je veux juste boire un verre avec une vieille connaissance. Alors, intéressé ?

Le Gallois considéra la demande et le demandeur avant de hocher la tête.

- Ok. Mais pas de coup en douce, compris Capitaine ?

- Vous pouvez me faire confiance.

- Justement, non.

 

Jack était affalé dans le fauteuil du pilote, les pieds par dessus l'accoudoir. Il jouait à faire tourner le siège sur sa base, comme un grand gamin. Jenny, elle, était étendu sur la couchette, mais elle ne dormait pas. Ils avaient quittés Afrik deux jours plus tôt et elle en avait déjà marre d'avoir un bras hors-service. En plus, Jack se moquait ouvertement d'elle et la traitait comme un bébé juste pour le plaisir de la faire enrager. Elle avait beau lui jurer qu'elle le détestait et qu'elle le lui ferai payer à la seconde où elle aurait retrouver l'usage de son membre cassé, rien n'y faisait. En plus, c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait pas s'empêcher de rire à ses clowneries. Et lui, il pouvait bien dire qu'il faisait ça uniquement pour profiter de la situation, parfois elle le soupçonnait de faire le pitre dans le seul but de lui remonter le moral. Et elle lui en était reconnaissante pour ça, même si elle ne l'aurait avouer pour rien au monde, même sous la torture.

- Jack ?

- Au rapport, mon commandant.

- Non, sérieusement.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Sur Afrik, je t'ai vu jouer avec les gosses.

- Ben oui, et alors ? J'ai bien le droit d'oublier que je suis plus que centenaire de temps à autre, non ?

- Du calme, je ne te fais aucun reproche. C'est juste que t'avais l'air d'avoir l'habitude.

- Peut-être. Et alors ?

- En tout cas, t'aurais fait un père formidable.

D'un coup, Jack bloqua le fauteuil et son sourire s'évanouit. Ne l'entendant plus, son amie tourna la tête dans sa direction.

- J'ai dit un truc qui fallait pas ?

- Non, non, rien, ça va.

- Jack...

- Laisse, c'est rien, je te dit.

- Pour te faire perdre le sourire, ce ne peut pas être rien.

- Je préfère ne pas en parler.

- C'est toi qui voit...

Ils furent brutalement interrompus par une secousse violente qui les firent tomber. Jenny grimaça quand son bras cassé heurta le sol.

- Jenny, ça va ?

- Oui, ne t'inquiète pas pour moi, va voir ce qui se passe !

Jack se remit sur ses pieds et retourna dans le fauteuil où il boucla sa ceinture.

- Nom de Dieu ! Je ne sais pas ce qui est arrivé au radar mais il aurait dû nous avertir !

- Qu'est-ce qui se passe, à la fin ?, s'écria Jenny tout en s'asseyant à côté de lui et en se débattant avec sa ceinture.

- On traverse un champ d'astéroïde et le pilote automatique refuse d'en sortir. On va devoir reprendre les commandes manuelles, ajouta-t-il tout en bouclant la ceinture de son amie qui, pour une fois, ne protesta pas.

Il appuya sur plusieurs touches pour désactiver le pilotage automatique mais un léger "bip" se fit entendre.

- Comment-ça, "pilotage automatique verrouillé" ? hurlèrent nos deux protagonistes d'une même voix pour couvrir le bruit que faisait les astéroïdes en passant trop près de la navette.

- Bon, je m'en occupe, décida Jack.

Il détacha sa ceinture, se laissa tomber à genoux sous la console et dévissa le panneau de contrôle.

- Ah non ! Tu ne vas pas recommencer à jouer à l'électricien !, protesta la jeune fille.

- Jenny, la ferme !

Il tira un couteau suisse de sa poche, le déplia et coupa trois fils.

- Pilotage automatique hors service, dit la voix de l'ordinateur. Commandes manuelles obligatoires.

- Bien joué, Jack !

Ce dernier émergea de sous la console, les cheveux en bataille, en grand sourire sur le visage. Il retourna à toute allure dans son fauteuil et empoigna les commandes. Bientôt, ils laissaient la tempête loin derrière eux. Ils poussèrent de concert un soupir de soulagement.

- Ordinateur, fais l'inventaire des dégâts, s'il te plaît, lança Jenny.

Après quelques secondes d'attente, la voix artificielle de l'engin résonna dans la cabine :

- Le réservoir de carburant est percé et le réacteur droit semble endommagé. De nombreuses éraflures sur les parois externes.

Jenny jura. Jack, quant à lui, gardant son sang froid :

- Ordinateur, combien de temps nous reste-t-il avant qu'on soit à cours de carburant ?

- Trois heure et quarante deux minutes.

- As-t-on de quoi faire les réparations à bord ?

- Le réservoir est réparable de l'extérieur. Il manque des pièces pour remettre le réacteur droit en état.

- Mais il fonctionne encore. Combien de temps avant qu'il nous lâche ?

- Trente quatre minutes.

A son tour, Jack jura entre ses dents.

- Ordinateur, localise un garage spatial qui puisse faire les réparation et qu'on puisse atteindre en trente quatre minutes.

- Demande irrecevable. La destination demandé n'existe pas.

Jenny commençait à avoir la trouille, et Jack était à deux doigts de perdre son self-contrôle.

- L'endroit le plus proche où on puisse réparer se trouve à combien d'heures de route d'ici ?

- Une heure et cinquante trois minutes.

- C'est une plaisanterie ?

- Définissez plaisanterie.

A bout de nerf, l'Immortel éteignit l'ordinateur.

- Pourquoi ton père n'est jamais là quand on a besoins de lui ?

- J'étais entrain de me poser la même question, figure toi.

En pestant contre la mécanique, Jack décrocha le communicateur de bord et appela la base spatiale la plus proche. Il raccrocha cinq minutes plus tard.

- Ils viennent nous chercher. Ils seront là dans une demi-heure. Je suggèrent qu'on change de moyen de propulsion une fois sur place.

- Je suis pas contre mais regarde la navette : c'est une vraie épave. Tu crois qu'elle supportera ?

- Au quel cas on changera de navette.

- Avec quel argent, je te prie ?

- Le mien.

- T'es dingue.

- Non. Juste multi-milliardaire.

 

Cardiff, huit heure du matin.

 

Ianto reposa sa tasse de café qu'il venait de vider et leva les yeux vers John qui sirotait sa bière d'un air absent.

- Tu as eu des nouvelles de Jack ?

- Rien du tout. D'ailleurs ça ne m'étonne pas de lui. Et toi, tu fais quoi depuis que tu as quitté Torchwood ?

- Tu veux vraiment savoir ?

- Oui.

- Tu promet de ne pas rire ?

- Je te dirais bien oui mais tu n'as pas confiance en moi, alors...

- Très amusant. Vois par toi même.

Il glissa la main dans le carton à dessin et en ressortis une bande dessiné qu'il poussa sur la table, vers John. Sur la couverture s'étalait en lettres gris acier le mot : Torchwood. Toute l'équipe était là, derrière Jack, dans son éternel manteau militaire, devant la tour du Millenium Center. On pouvait aussi voir le SUV garé en arrière plan et un Weevil en position accroupis.

John éclata de rire.

- Alors là j'hallucine, mec ! Tu sais que Jack va littéralement te descendre s'il l'apprends ?

- Je me suis dit que ce serait bien fait pour lui. Il n'avait qu'à rester là avec moi, il m'en aurait empêcher. En plus je te signale que ça ne porte plus vraiment préjudice à personne dans la mesure où toute les personnes que je cite sont soit mortes, soit portées disparus, soit à l'autre bout du monde (de l'univers dans le cas de Jack), soit cryogénisées dans le cas de Gray.

- Et toi alors ?

- Les gens trouvent ça normal qu'un auteur de BD fasse parti des héros.

- Si tu le dis. Et ça se vend bien ?

- Tu plaisante ? Une semaine après la sortie du premier tome on avait tout vendu et ils en réclamaient encore. Je me suis retrouvé avec trente trois contrats différents sur ma table et j'ai dû embaucher quatre secrétaires pour s'occuper de mon courrier. En fait j'ai carrément dû déménager, mes voisins de palier en avaient marre de ne plus pouvoir sortir de chez eux sans être attaqués par des fans en délire. En plus ma boite aux lettres débordait.

John leva la nez de sa BD qu'il avait commencé à lire, pour jeter un coup d'oeil sceptique à son interlocuteur.

- Tu te fiche de moi ?

- Même pas. Viens avec moi chez mon éditeur si tu ne me crois pas, on a rendez-vous à dix heure.

- Je veux le voir pour le croire. Garçon ! Il me faut quelque chose de plus fort !

 

Jack et Jenny étaient assis dans les escaliers d'un garage. Ils attendaient le verdict du réparateur. Quand celui-ci passa la porte, ils se levèrent d'un même mouvement pour lui faire face.

- Alors ?

- C'est grave ?

- Navré mais votre épave, elle est bonne pour la casse. Je serais vous j'en achèterais une autre, ça vous reviendra moins chère que de la faire réparer. Qu'est-ce que vous voulez qu'on en fasse ?

Les deux autres se consultèrent du regard.

- Qu'est-ce qu'on fait?, demanda Jack. On récupère la puce et on achète autre chose ?

- Mais c'est ton fric.

- Bon, j'ai une idée : je vais aller dans TON vaisseau pour reprendre MA puce et je vais acheter avec MON fric un nouveau vaisseau. Après si tu tiens à continuer à voyager je pourrais demander au vendeur de mettre le contrat de vente à NOS deux noms. Mais c'est toi qui vois, Belle Indécise, je veux surtout pas de forcer la main. Bon, j'y vais. Salut.

Et il détala dans l'escalier. Elle resta pendant plusieurs secondes immobile, sans comprendre. Puis, elle avisa le garagiste qui la regardait d'un air amusé.

- Qu'est-ce qui vous amuse ?

- J'étais entrain de me dire que vous devez être carrément folle de lui pour ne pas lui avoir déjà courut après.

Il esquiva la baffe en rigolant et regarda Jenny partir à la poursuite de Jack en souriant. Il secoua la tête, en levant les yeux au ciel.

- Ah, les jeunes...

Elle le rattrapa alors qu'il allait rentrer dans le vaisseau.

- Jack, attends moi !

Il se retourna avec un sourire triomphant sur le visage.

- Oh, miracle ! Elle a prit une décision !

- La ferme ou je t'en colle une. Va récupérer cette foutue puce et on va acheter ce vaisseau. Et tant pis si ça m'empêche de dormir pour les cent prochaines années.

Son ami éclata de rire.

 

Le soir même, ils quittaient le spatio-port à bord d'un superbe X-96 également appelé le "4x4 de l'espace", baptisé par son ex-propriétaire "L'Oiseau Tonnerre". Deux fois plus grand, deux fois plus rapide et deux fois plus performant que la navette de Jenny. En plus, étant à la pointe de la technologie, il contenait tout le confort nécessaire : salle de bain avec douche, frigo, congélateur, micro-onde, télévision à écran plasma avec trois cents chaînes différentes, liaison satellite avec la cyber-sphère, GPS dernière génération, ordinateur de bord ultra sophistiqué, trois couchettes superposées qu'on pouvait combiner en un lit double et un simple,... Entre autre, il contenait également, entre la TV et le frigo, un canapé et une table basse fixés au sol. En plus de ça, un robot assistant capable de réparer la plupart des problèmes techniques était compris dans le lot. Les deux voyageurs avaient faillit s'étouffer de rire quand il s'était présenter à eux.

- Je suis Wilson 43b815_92XO mais vous pouvez m'appeler Wilson ou Will...

Le choc de cette étrange rencontre avec ce que Jack n'avait pas tardé à appeler "le Troisième Type", surmonté, ils avaient mis les voiles pour ailleurs. Jenny voulait faire un détour par Replay VII, un hôpital construit sur une plate-forme, dans l'espace, afin qu'ils lui donnent quelque chose pour faire réparer son bras. Elle commençait à en avoir par dessus la tête. Ensuite, il était prévu qu'il rejoignent Star White, une planète recouverte de neige et de montagnes. La saison de ski venait de débuter et tout deux mourraient d'envie de faire un peu de snow-board, histoire de décompresser.

Alors qu'ils étaient à une heure de l'hôpital et qu'ils contemplaient les étoiles défiler par la baie vitrée, en silence, Jack souffla :

- Je l'ai déjà été.

Elle tourna la tête vers lui. Elle savait très bien de quoi il parlait. Il leva ses yeux bleus pour les planter dans les siens. Il était inutile qu'il lui précise qu'elle devrait garder pour elle ce qu'il allait lui dire. Quand Jack se livrait, ce qu'il ne faisait que rarement, leur conversation ne quittait jamais la pièce où elle avait lieue.

- J'ai déjà été père. C'était il y a longtemps.

Il inspira profondément avant de poursuivre :

- J'avais une femme. Elise. Et deux enfants : Rébécca et Chris. Et, un jour, Rébécca avait cinq ans et Chris... Chris avait juste quelques mois... Un type les a tué. Tous les trois. Un taré. Et moi, j'ai... je suis rentré à la maison et j'ai trouvé les trois personnes que j'aimait le plus au monde égorgé dans mon salon... Je... mon fils... c'était qu'un bébé, il devait à peine avoir six mois... et il était encore vivant... Je l'ai regardé se vider de son sang dans mes bras... et j'aurais dû le tuer pour pas qu'il souffre mais j'ai pas pu, parce qu'aucun père ne peut tuer son fils, même pour abréger ses souffrances... et j'ai regardé mon fils se vider de son sang dans mes bras.

Sa voix s'était faite rauque mais il ne pleurerait pas. Il ajouta, toujours en la regardant dans les yeux :

- Je ne veux plus jamais revivre ça. Tout les trois, c'était ma raison de vivre et on me les a arraché. Je ne veux plus jamais être père de ma vie. Je ne veux plus jamais perdre... ce que j'ai déjà perdu une fois. Mentalement, ça a faillit me détruire. En fait, ça m'a détruit. C'est juste que j'ai recollé les morceaux. Mais c'est toujours cassé. Encore un choc et ça deviendra définitivement irréparable, même sommairement.

La jeune fille s'approcha alors de lui, passa ses bras autour de son cou et appuya sa tête sur son épaule.

- Je suis désolé, chuchota-t-elle. Sincèrement.

Il referma ses bras sur elle pour la serrer contre lui et enfouit son visage dans ses cheveux.

- Je sais, oui. Je sais.

Il y a des sourires qui font chaud au coeur, des mots et des gestes qui rassurent, et des étreintes qui font un bien fou, un peu comme celle-ci. Le début de la guérison...

 

Cardiff, dix heure du matin

 

- Cool !

- On peut dire ça comme ça, oui.

Ianto et John venaient de faire leur entré dans un immeuble d'édition. Pour se faire, ils avaient dû traverser un barrage de fans et de quelques journaliste avec l'aide d'une patrouille de police, qui s'était ensuite chargé d'évacuer tout le monde.

L'éditeur, un charmant monsieur très dynamique, du nom de Nigel Sheldon (j'ai fauché le nom à un space opéra mais j'étais à cours d'idée ^^), avait serré la main de Ianto avec chaleur et ouvert une bouteille de champagne dans le bureau de ce dernier, en compagnie des quatre secrétaires et de quelques personnes supplémentaires travaillant à la réalisation de la bande-dessiné.

- Messieurs, aujourd'hui nous fêtons deux choses - mais je n'ouvre qu'une seule bouteille pour raison d'économie, à moins que monsieur Jones ne paye la deuxième (rires)- : Premièrement, la sortie en librairie du volume dix. Je tiens d'ailleurs à préciser qu'il a beau être en vente depuis à peine une demi-heure, la plupart des librairies sont déjà en rupture de stock (applaudissements). Ensuite, donc, nous fêtons l'arrivé de Torchwood en France, où le tome un vient juste de faire son apparition. Il ne peut, d'ailleurs, que faire un franc succès (nouveaux applaudissements).

Tout le monde trinqua joyeusement avant de retourner à son travail. Ianto servit un verre de scotch à John (qui accepta avec plaisir), avant de se tourner vers les quatre secrétaires, alignés devant son bureau tel des soldats à l'inspection.

- Bon. Mis à part le courrier des fans, qu'est-ce qu'on a de plus urgent ?

- Une lettre de New-York.

- Encore un contrat ?

- Non, monsieur, c'est de Madame Williams.

Ianto se tourna aussitôt vers celui qui venait de parler.

- Où est-elle ?

- Euh... à New-York, monsieur.

- Mais non, la lettre.

- Sur votre bureau.

Il s'y précipita aussitôt et ouvrit précipitamment l'enveloppe. John s'approcha de lui par derrière pour lire par dessus son épaule.

- Des nouvelles de la petite brune ? Je l'aimais bien. Comment elle va ?

Ianto le repoussa en souriant.

- Elle va bien. Elle attends un petit garçon pour dans un mois et ne peut plus travailler. Elle a pas l'habitude de ne rien faire de la journée alors ça l'énerve mais dans l'ensemble tout va bien. J'irais la voir quand le petit sera né.

- Content de l'apprendre. Si tu lui parle, tu lui diras que je lui souhaite une super vie.

- Je ferais passer le message. Autre chose ?, ajouta-t-il à l'adresse des secrétaires.

- Un appel du président de la Fox. Il triple son offre.

- Il finira bien par ne plus pouvoir surenchérir. C'est toujours non.

- Les Canadiens et les Espagnols veulent acheter les droits pour faire paraître Torchwood chez eux.

- Voyez ça avec Nigel. Pour ma part, il n'y aucun problème. C'est tout ?

- Oui monsieur.

- On voit que les vacances approchent. Combien de lettres des lecteurs ?

- Environ trois cents.

- Une cinquantaine sur mon bureau pour cet après-midi. Si on me cherche, je vais à l'atelier. Je ne veux entendre sonner le téléphone que si c'est urgent. Je parle de mes critères de l'urgence, pas des votre ni de celles de Nigel, d'accord ?

- Oui, monsieur.

- Vous pouvez y aller. Tu viens ?, ajouta-t-il, à l'adresse de John.

- Je te suis, je te suis.

Il l'entraîna un étage plus haut. Là, John découvrit un véritable sanctuaire : un mur entier était occupé par un poster géant représentant la couverture du dernier tome de la BD. Des imprimantes et des ordinateurs fonctionnaient un peu partout pour sortir les planches. On s'interpellait :

- J'ai les pages treize et quinze : où est passé la quatorze ?

- Elle est en cours d'impression, ça vient, ça vient !

- La couverture est coincée dans le scanner, que quelqu'un aille chercher Nigel !

- Personne ne sait où sont les agrafes ?

- Et alors, ce café, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?

Les gens qui travaillaient saluèrent Ianto sur son passage. Il entraîna l'ex-agent du temps vers une porte, dans un mur, qui donnait sur une autre pièce, avec une table à dessin, un bureau avec un téléphone et un frigo. Une grande fenêtre donnait sur la rue. Un vieux tourne-disque était posé sur une caisse de 65 tours.

- C'est classe, apprécia John. Sobre mais classe.

- C'est pour ça que j'aime bien. Il y a de la lumière et les murs et les fenêtres sont insonorisés. Je suis tranquille ici.

- Et toute la journée tu dessine ta BD en écoutant de vieux tubes et en buvant du Coca, constata John, mi-consterné, mi-amusé, en examinant les CD et le contenu du frigo.

- Ben ouais. C'est pas aussi excitant que courser des aliens tout en se faisant draguer par Jack, mais c'est déjà ça. C'est un moyen comme un autre de gagner ma vie.

L'ex-agent du temps acquiesça avant de se laisser tomber dans le fauteuil du bureau tandis que Ianto s'asseyait à sa table à dessin. Etait-il concrètement possible de recommencer à vivre après le passage de cet ouragan appelé Jack dans sa vie ?


Rosa020  (23.05.2009 à 09:40)

Je suis désolé, archi-désolée, vraiment désolée, j'ai pris un retard monstre mais je manquais un peu d'inspiration, de temps et le chapitre est très long (à tel point que je l'ai divisé, vous aurez la suite plus tard). Voilà. Encore pardon et bonne lecture :

 

Chapitre 11 : Sinbad, Jack, Jicky, Jeck, Geck, Gecko

 

La vitesse. Il n'y avait rien de mieux que la vitesse. En tout cas, c'était l'avis de Jack. Et, à en juger par sa tête et ses cris de joie, c'était aussi celui de Jenny. En revanche, Sun et Wilson n'avaient pas l'air d'aimer ça. Après moult protestations, ils avaient finit par aller se réfugier dans la cale. Sun grondait, plaqué au sol, le poil hérissé, et le robot avait craqué et débranché ses batteries.

- Jack ! Le météore ! Tourne ! Mais tourne !

A la dernière seconde, l'Immortel tira sur le joystick et remonta en flèche, le ventre du vaisseau passant à quelques centimètres du rocher. Jenny poussa un hurlement de peur et de joie mêlées. Seule, jamais elle n'aurait osé tenter le diable de cette façon, mais son ami semblait n'avoir peur de rien et remettait régulièrement leurs vies dans les mains du destin et de ses prodigieux réflexes. L'adrénaline empêchait la jeune fille de raisonner normalement malgré sa terreur de finir écraser contre une roche stellaire et elle adorait ça. Elle en voulait un peu à Jack de lui faire perdre le contrôle d'elle-même de cette manière, mais l'ex-agent du temps était un personnage bien trop attachant pour qu'elle boude bien longtemps. Il suffisait qu'il s'excuse avec un clin d'oeil malicieux et un sourire craquant en promettant de ne plus recommencer pour qu'elle lui pardonne. Il ne tenait jamais sa promesse. D'ailleurs, une fois sur deux, c'était elle qui le poussait à foncer.

Après Replay, où le bras de Jenny avait été réparé en quelques jours, ils avaient passé un mois sur Star White, à rivaliser de cascades toujours plus audacieuses en snow-board. Ce fut un miracle que ni l'un ni l'autre ne retourne sur Replay aussi sec.

Ensuite, puisant dans la réserve, semblait-il inépuisable, d'argent de Jack, ils s'étaient offert une cure de remise en forme, histoire de se remettre de trente jours de glisse; leur seule activité, durant cette période, fut de se laisser dorloter par des professionnels tout en regardant des films sur écran géant ou en écoutant de la musique.

A présent, ils s'amusaient sur leur terrain de jeux préféré, zigzaguant à une vitesse proprement terrifiante dans un champs d'astéroïdes.

La faim finit par convaincre nos deux fous du volant de sortir du champs pour aller stationner à quelques encablures de là. Après s'être chamailler comme deux gosses de quatre ans au sujet du menu, ils finirent par commander un couscous et allumèrent un jeu vidéo qu'ils branchèrent sur l'écran plat en attendant le livreur. Le choix du jeu provoqua une nouvelle prise de tête jusqu'à ce qu'ils tombent d'accord sur un version multijoueur de Donkey Kong.

Ils en étaient à leur cinquième partie quand l'ordinateur de bord de L'Oiseau Tonnerre les informa que la navette du livreur attendait leur accord pour s'amarrer à eux. Jack se leva pour aller envoyer la confirmation, ce dont Jenny profita pour tricher. S'en suivit une énième dispute qui s'acheva dans un fou rire complètement involontaire et incontrôlé (d'autant qu'à chaque fois qu'ils voyaient l'autre pleurer de rire, ils se gondolaient de plus belle - je sais pas si ça se dit, je viens peut-être d'inventer un mot, je sais pas...) sous le regard médusé d'un jeune turque aux yeux globuleux qui marmonna dans sa langue, sans se douter un seul instant que Jack la parlait couramment :

- Cette fois c'est décidé : je change de métier. Raz-le-bol des clients tarés...

Le Capitaine éclata de rire et traduisit le commentaire à son amie qui ricana avec lui.

Ils déjeunèrent sans être tout à fait certains que c'était bien l'heure du déjeuner et pas celle du dîner... ou du souper... ou du petit-déjeuner... Puis, ils se renversèrent dans leurs fauteuils.

- Qu'est-ce que tu veux faire, aujourd'hui ?, demanda Jack, visiblement d'humeur conciliante depuis qu'il l'avait littéralement écrasé à Donkey Kong.

- Aucune idée. En plus, je crois que c'est à ton tour de choisir...

Elle attrapa un bout de papier griffonné qui traînait sur la (très vraiment très énormément) encombrée porte du frigo.

- Je confirme, c'est ton tour. Où c'est qu'on va ?

- New New York !

- Tu te fout de moi ? On a l'univers à porté de main et tu veux aller à New New York ? T'as pris un astéroïde sur la tête, c'est pas possible autrement...

- Tu te souviens quand je t'ai dit que j'étais la plus grande star de l'univers ?

- Change pas de sujet, frimeur !

- T'en fais pas, on parle bien du même truc. Sauf pour le coup de l'astéroïde, mais je suis pas sûr que t'es tout à fait tort, sur ce point là... Bref, je voudrais aller chez un ami pour récupérer ma guitare électrique. Et quelques trucs.

 

Cardiff, Dimanche 3 juillet, 14 heure.

 

John s'extirpa de la décapotable rouge (volée) dans laquelle il paradait en ville depuis huit heure du matin afin d'aller sonner à la porte d'une maison de deux étages. En attendant qu'on vienne lui ouvrir, il redescendit du péron pour aller récupérer une grosse boite en carton qui semblait assez lourde dans le coffre de "sa" voiture. Il revint au moment où Ianto ouvrait la porte.

- Je travail, John.

- Un dimanche ? Tu plaisante ?

Il était déjà entré. L'écrivain soupira en levant les yeux au ciel avant de refermer la porte.

- Ta mère ne t'a jamais dit que le moindre des politesses, c'est d'attendre d'y être invité pour entrer ?

L'ex-agent du temps fit mine de ne pas avoir entendu.

- Je t'ai amené des trucs qui pourraient t'intéresser... Regarde avant de m'agresser.

Le jeune homme s'approcha de la table où il avait posé son fardeau et jeta un coup d'oeil dans la boite.

Des carnets, des diapositives, des CD et des photos. Sur chacune d'elle, deux ados, un blond qui semblait être le plus âgé et un brun aux mèches luisantes de gel ou d'eau de mer collées contre son visage. Il avait des yeux bleus et semblait toujours être en train de rêver. Sur une photo sur deux, il tenait une guitare, sèche ou électrique, serrée contre lui.

Ianto ne l'avait jamais vu aussi jeune, pourtant impossible de s'y tromper. Il attrapa une des photographies pour la voir de plus près. Les deux garçons, en short de bain, étaient assis sur le pont d'un yacht plutôt luxueux. Ils étaient trempés. Le plus jeune devait avoir douze ou treize ans, le plus grand quatorze ou quinze.

- C'est Jack, souffla un Ianto estomaqué, sans être certain de trop y croire. Et là, c'est toi...

- Yep. On était déjà beaux gosses, hein ? Les autres élèves de Time School nous en voulait parce qu'ils étaient défigurés par les boutons et pas nous. Là, on était en vacance dans les îles avec ma famille. Je ne me souviens pas m'être autant dépensé en deux mois que pendant ces grandes vacances.

Le Gallois lui jeta un coup d'oeil de travers.

- J'espère que j'ai mal compris parce que Jack n'a pas l'air d'avoir plus de treize ans sur cette photo...

- Non, non, c'est pas ce que je voulais dire. C'est juste qu'on a testé tellement de sports de l'extrême que quand on rentrait, ma mène devait nous forcer à prendre le temps d'avaler quelque chose sinon on allait se coucher directement. Et généralement, on s'endormait tout habillés.

Ianto reposa la photo dans la boite.

- Pourquoi tu m'as apporté tout ça, John ?

- Ben, je me souviens que tu m'as demandé, il y a quelque jours, ce que je savais de Jack, et sur le moment, rien de précis m'est venu à l'esprit. Et puis, en fouillant dans mes vieilles affaires d'école, je suis tombé sur plein de trucs, des photos, des vidéos, des CD qu'on écoutait ou qu'on a composé, des bidules qui servent à rien, et pleins d'autres machins sympa dans ce genre là. On est dimanche, l'artiste. T'es pas sensé travailler aujourd'hui. Alors si tu veux, on commande des pizzas et je te raconte tout ce que je sais.

Le jeune homme resta silencieux un instant. Il pouvait sauter une journée de travail (d'autant que Nigel lui avait interdit l'entrée des bureaux le dimanche dans l'unique but de l'empêcher de se tuer au bouleau) et, depuis son retour, trois semaines plus tôt, il s'était mis à apprécier John, au point d'accepter sans hésiter de déjeuner avec lui. Ce qui le retenait, c'était l'idée d'aller se promener dans le passé de Jack sans lui demander son avis. Finalement, il se dit que c'était bien fait pour lui, et il accepta...

 

Nouvelle Terre, côte sauvage de Nouvelle Californie, 3 octobre 5023, 14 heure 33.

 

Les écouteurs vissés sur les oreilles, plié en deux sur une guitare électrique imaginaire, le Benjamin John Hart, élève à Time School, écoutait un mauvais rockeur déchaîné hurler des obscénités en détruisant un énième médiator sur sa gratte. Il était sensé surveiller le radar du port. En effet, quelques heures auparavant, il s'était fait coller par les pions de Time School pour vol de voiture (celle du proviseur). Ses camarades de classe, impressionnés, l'avaient fêté en héros, mes l'équipe éducative n'était pas du même avis. A vrai dire, ils avaient déjà de grandes difficultés à tenir quatre cents adolescents sans que l'un d'entre-eux ne les poussent à faire ce genre d'idioties. Il était évident que John Hart allait mal tourner. Il était mauvais élève, et la seule raison pour laquelle ses parents l'avaient inscrit à Time School, c'était pour s'assurer qu'ils ne passent pas ses journées à ne rien faire.

Le radar émit un bip léger, que le garçon n'entendit pas. Une forme rouge apparut à l'écran. Lui tournant le dos, il ne la vit pas. L'écran se mit à biper furieusement et ce ne fut qu'une bonne minute plus tard, alors qu'il exécutait un demi-tour sur son siège pivotant, que John s'aperçut qu'un OFNI (Objet Flottant Non-Identifié) se baladait dans son secteur de surveillance.

- Et merde... !

Balançant ses écouteurs autour de son cou, le jeune homme éteignit l'alarme et bondit hors du poste de surveillance, pour atterrir sur le ponton. Là, il fonça vers le zodiaque à moteur qu'il ne devait utiliser qu'en cas d'urgence. Or, l'ordinateur de surveillance affirmait qu'un être humain de petite taille était en train de se noyer.

Le jeune Hart avait un énorme problème, qui venait s'ajouter à la longue liste d'arguments de la direction de l'école pour ne pas le garder : il avait peur. De l'eau. C'était parfaitement idiot, mais un de ses grands-frères l'avait jeté dans une piscine lorsqu'il avait trois ans et depuis, il avait limité ses contacts avec l'eau au maximum. Autant dire qu'il n'en menait pas large.

D'un autre côté, John avait une grande qualité qu'on reconnaissait peu : il était courageux, quoiqu'il fut facile de confondre son courage avec de la témérité. Toujours est-il qu'il alluma le moteur sans hésiter une seconde et fonça en direction du naufragé, utilisant son bracelet comme un GPS.

Il lui fallut plusieurs secondes pour localiser l'OFNI une fois arrivé sur place, et encore un peu plus de temps pour comprendre pourquoi. Quand il se pencha par dessus le bastingage pour scruter l'océan, son regard rencontra une paire d'yeux bleus qui l'observait. A quelques mètres sous la surface, allongé sur le dos, un garçon qui devait avoir entre dix et douze ans l'observait. On aurait presque dit qu'il était mort. Mais, si ça avait été le cas, John savait que le garçon aurait flotté à la surface et non cinq mètres plus bas, entre deux eaux. Ce regard bleu... Il semblait que l'immensité du ciel néo-californien se reflétait dedans à travers l'océan. Alors, comme hypnotisé par les yeux de l'enfant, l'adolescent se pencha un peu plus et bascula dans les eaux tièdes du nouveau Pacifique.

Pour la première fois, il n'eut pas peur. Il ne voyait et ne voulait voir que les yeux de l'autre, qui était passé de la position horizontal à la verticale, prouvant ainsi qu'il était bien vivant, afin de lui faire face. Il avait la peau tellement bronzée qu'on aurait pu le croire métis, mes les marques claires de la chemise qu'il avait apparemment perdu montraient qu'il était blanc. Il paraissait avoir onze ans mais son regard était celui d'un adulte. John commit alors une erreur. Oubliant l'endroit où il se trouvait, il ouvrit le bouche pour demander "Qui es-tu ?". Mais il n'eut pas le temps d'articuler un mot car l'eau salée lui emplit la bouche. Suffoquant, il voulut inspirer par le nez mais ne réussit qu'à s'étouffer davantage. Complètement paniqué, il s'apprêtait à remonter dans son zodiaque quand il réalisa que son inconnu aux yeux bleus avait l'air mal. Il ne l'avait pas remarqué tout de suite mais le garçon avait l'air épuisé, ses paupières se fermaient et de plus en plus de bulles s'échappaient de ses lèvres. Il commença à couler. Pris de cours, John se força à expulser toute l'eau qu'il avait dans la bouche et bloqua sa respiration.

"Quelques secondes, pensa-t-il. Tiens bon quelques secondes, le temps de lui sauver la vie."

Il rattrapa alors le garçon par le col juste avant qu'il ne descende trop bas pour qu'il l'aide et, utilisant son bras libre pour se propulser, il creva la surface. Il inspira profondément avec soulagement tout en maintenant la tête de l'autre hors de l'eau.

- Eh, petit ! Respire, mec, respire !

Il le hissa sur le zodiaque où l'enfant se laissa tomber à genoux, les membres tremblants. Le jeune Hart comprit qu'il avait énormément nagé. Le garçon roula sur le dos et resta allongé, les yeux fermés, la respiration saccadée. Ses mèches noires collaient à son visage. Un sachet en cuir gravé d'une spirale argentée pendait autour de son cou. Croyant qu'il avait perdu connaissance, John approcha sa main du pendentif, mais celle de l'autre, plus rapide qu'un cobra, jaillit et agrippa son poignet tandis qu'il se redressait brutalement.

- T'es qui, toi ?

Il avait parlé d'un ton sec et le transperçait d'un regard glacial. Le jeune homme dégagea sa main avant de la lui tendre.

- Je m'appelle John Hart, et toi ?

Le petit garçon le dévisagea d'un air soupçonneux avant de serrer sa main.

- Sinbad Blu. Je suis Beoshanien.

- Sans blagues...

- Je dis la vérité. On est où, ici ?

- Comme si tu ne le savais pas...

Sinbad lui jeta un nouveau coup d'oeil glacé avant de faire un geste pour se lever.

- Ecoute, je te remercie de m'avoir sauver, maintenant je me tire.

A la seconde où il fut debout, ses jambes se mirent à trembler et il tituba. John le rattrapa avant qu'il ne s'étale et l'aida à se rasseoir sur le bord du zodiaque.

- Ben te vexe pas, p'tit mec. C'est juste que, généralement, quand on se baigne quelque part, on sait comment ça s'appelle...

- Peut-être, mais mon point de départ est à l'autre bout de l'Atlantique.

- Rassure moi, tu voulais dire Pacifique ? Ou alors t'es encore plus nul que moi en Géographie...

- Je suis parti de Beoshane.

- Déconne pas.

- Je déconne pas.

Le Benjamin ouvrit des yeux ronds.

- T'es entrain d'essayer de me faire croire que tu as traversé l'Atlantique, passé la cap Horn et remonté tout le long de l'Amérique du Sud et une partie de l'Amérique du Nord... à la nage ?

L'autre haussa les épaules, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde qu'un enfant de dix ans reliant la côte ouest de l'Afrique à la Californie en nage libre.

- Le prends pas mal, mais j'ai du mal à te croire, lâcha précautionneusement John avec un air sceptique.

- Je comprends. C'est toi qui voit. Si j'ai bien suivit, on est en Californie, c'est ça ? Je pensais pas que j'étais allé si loin...

- Mais qu'est-ce que tu fais ici ?, demanda le jeune Hart tout en remettant en marche le moteur du zodiaque.

- Je cherche mon frère. Oh, attends avant d'y aller.

Et il sauta du bateau sur ces mots.

- C'est pas vrai..., gémit le garçon, resté seul à bord.

Mais Sinbad remonta dans le canot trois minutes plus tard, une sacoche à bandoulière en toile serré contre lui.

- D'où ça sort, ce truc ?

- Je l'avais laissé en bas. On peut y aller.

 

New New-York, 18h30 :

 

- Wahou ! C'est... Wahou !

- Oui, bon, ça va, tu vas pas t'extasier devant la nouvelle capitale pendant une heure. D'autant que t'es déjà venu et que cet endroit n'a rien d'extraordinaire.

- Petit un : la dernière fois que je suis venu c'était... il y a très très très longtemps. Petit deux : j'adore NNY.

- Gamin...

Jack et Jenny déambulaient dans les rues depuis une bonne heure déjà. Les grattes-ciel caressaient les nuages, les touristes et les passants se bousculaient, les races se mélangeaient... Aliens, humains, animaux, hybrides, métis,... Presque tous les peuples de la galaxie étaient représentés ici. 

- Bon, et maintenant ? On va où ?

Jack semblait chercher ses repères. Il s'arrêtait aux carrefours, fermait les yeux, réfléchissait, faisait demi-tour, repartait, tournait à gauche puis à droite. Au moment où son amie, excédée, s'apprêtait à le sommer d'admettre qu'il les avait perdu, il s'arrêta devant une porte.

- C'est là.

- Comment ça ? Qu'est-ce qu'il y a là ?

- Maintenant, je ne peux pas être sûr. Mais la dernière fois que je suis venu, c'était là qu'habitait Neckeb.

- Neckeb ?

- Le batteur du groupe, un grand type noir avec des dreadlocks.

- Ah, ouais, je me souviens de lui ! Bon, on entre ?

Il hocha le tête avant de frapper trois coups.

- Nicky ? T'es là, mon pote ?

Il y eut du bruit à l'intérieur, le cliquetis d'un verrou, puis le porte s'ouvrit et un gamin de sept ans, Afro-américain, apparut dans l'encadrement.

- Salut !

- Salut ! On cherche Neckeb, il habite toujours ici ?

- Qui le demande ?

- Gecko.

L'enfant se retourna et lança :

- P'pa, y a Gecko qui veut te voir !

- Quoi ?

Un bruit de cavalcade retenti dans les escaliers et Jenny eut juste le temps de hausser un sourcil interrogateur avant qu'un géant noir se précipite vers eux. Il devait frôler les deux mètres et dépassait Jack de trois têtes.

- Gecko ? Gecko, mon petit pote, c'est bien toi ?

- Salut, Neck !

Les deux hommes se donnèrent en riant une accolade bruyante et qui tenait davantage de la prise de catch que de l'étreinte, mais très chaleureuse malgré tout. Quand ils se séparèrent, Neckeb porta son attention sur Jenny.

- Et en plus tu ramène une bombe ? Mais t'es dingue, mon petit frère va te la piquer !

Le Capitaine rit doucement.

- Je te présente Jenny. Et pour ta gouverne, il y a deux excellentes raisons pour que ton frère se tienne à distance : 1 : c'est la fille d'un ami, il va me descendre si quelqu'un la touche. 2 : je la garde pour moi tout seul.

- Faîtes comme si j'étais pas là, surtout, les gars, lança Jenny, l'air de rien.

- Désolé, fillette. Je te présente Neckeb, le meilleur batteur que je connaisse.

- Mais restez pas dans la rue, les enfants, entrez. Oh, mes chéris, on a des invités, rajoutez deux couverts et venez dans le séjour, je vais faire les présentations, ajouta-t-il à l'adresse des autres habitants de la maison qui, pour l'instant, restaient invisibles.

On entendit de nouveau des bruits de courses dans les étages et le grincement des placards dans la cuisine.

- Alors comme ça t'as fondé une famille ?, s'étonna Jack. Toi qui répétais à qui voulait l'entendre que tu voulais rester libre toute ta vie.

- Bah, j'étais jeune. Et puis, c'était avant que je rencontre Emilie.

Deux fillettes de dix ans firent alors irruption dans le salon où il venait de les faire asseoir, suivit par une jolie femme métis qui portait un bébé dans ses bras. Le petit garçon qui avait ouvert la porte entra à sa suite.

- Et ben, t'as pas fait semblant, déclara Jack, alors qu'un épagneul noir entrait à son tour dans la pièce.

- Comme tu vois... Alors, mon cher Jack, permet-moi de te présenter ma chère et tendre épouse, Emilie.

Disant cela, il déposa un tendre baiser sur la main de la femme qui sourit aux deux arrivants.

- Neckeb, quand il divague sur sa jeunesse, n'a que votre nom à la bouche.

- M'étonne pas. Mais ta jeunesse n'est pas si loin, mon ami, tu es encore en plein dedans.

- Tu parles, Charles. T'as vu ma tête ? Toi, par contre, je sais pas comme tu t'y es pris, t'as toujours la même gueule d'ange qu'avant. Toi et John vous avez toujours été injustes : quand on était défigurés par l'acné, ils étaient beaux comme des Dieux, et maintenant que je me fais vieux, monsieur refuse de prendre ne serai-ce qu'une ride.

- Secret personnel.

- Bon, alors pour continuer les présentations, voici mes deux filles aînés, Camille et Maï.

Les fillettes tentaient désespérément de se cacher l'une derrière l'autre, l'autre derrière son père.

- Allons bon, ne faîtes pas vos timides, mon ami Jack ne mange pas les enfants. Du moins, c'était le cas la dernière fois que je l'ai vu...

Ils ricanèrent bêtement, mais Jenny, prise de pitié pour les gamines, envoya son coude dans les côtes de son comparse qui cessa aussitôt de rire en voyant sa tête, ce que Neckeb ne manqua pas de remarquer.

- Ose prétendre qu'il n'y a rien entre elle et toi, ose seulement !

- Arrête de dire des bêtises.

- Mon petit pote, apprend que quand une fille arrive à faire taire un mec avec un coup de coude et un regard, c'est qu'il y a un truc.

- Finit tes présentations au lieu de dire des inepties.

- OK, je la ferme, mais j'en pense pas moins. Le petit bout qui vous a ouvert, c'est Sam, notre premier garçon. Et voici notre petit dernier, dans les bras de sa délicieuse mère.

- Nicky, tu vas me faire rougir...

Les deux voyageurs échangèrent un regard complice. C'était à peu de chose près le genre de conversations qu'ils se tenaient l'un à l'autre, quand ils jouaient à flirter, le soir, sur les terrasses des cafés où en se promenant sur les jetés qui longeaient les différents océans qu'ils avaient rencontrés.

- Comment s'appelle-t-il ?

- Qui ça ?

- Ton petit dernier.

- Oh, euh... c'est-à-dire que...

Constatant que son ami lui cachait quelque chose et que les enfants riaient sous cape, il leva des yeux flamboyants et un sourire ravageur vers Emilie, auxquels aucune femme normalement constitué n'aurait pu résister. Sans comprendre pourquoi, Jenny eut soudain très très envie qu'Emilie disparaisse...

- D'accord, d'accord, ça va, t'as gagné, il s'appelle Jack, c'est bon, t'es content ?

Terrorisé à l'idée de se faire voler la femme de sa vie par ce charmeur de serpents qu'était son ami, Neckeb avait préféré capituler.

- Comment ça, il s'appelle Jack ? Tu veux dire qu'il s'appelle comme moi ?

- Cela faisait plaisir à Neckeb. Et puis c'est un si joli prénom, dit doucement Emilie.

L'Immortel se leva du canapé, alla prendre l'ex-batteur par les bras, à défaut de pouvoir atteindre ses épaules, et planta ses yeux dans les siens.

- Je suis très touché, merci Nicky.

- Non, petit mec, c'est moi qui te remercie. Les meilleurs moment de ma vie avant de connaître Emilie, je les ai passé avec le groupe que tu avais formé, et c'est toi qui m'a recruté. C'est un hommage, et il était plus que mérité. Mon fils sera fière de porter son nom.

Ils se sourirent.

Plus tard, après un dîner fort convivial durant lequel les trois enfants les plus âgés n'avaient cessés de bombarder Jack et Neckeb de questions sur le groupe, l'ex-batteur emmena les deux voyageurs vers sa cave.

- J'en ai fait un genre de sanctuaire. Tout ce que j'ai pu récupérer est là : affiches, CD, instruments, tee-shirts, photos, vidéos, médiator... J'ai même gardé ton vieux blouson en Jean, au cas où.

- T'es un frère, Neck.

Ce dernier poussa alors la porte en bois, et son ami pu constater qu'il n'avait pas menti : il ne manquait plus que les membres du groupe pour que la collection soit complète.

- Je t'en ai voulu.

- Pardon ?, demanda Jack en se retournant.

- D'avoir disparu. Je suis pas le seul. Je crois qu'à part John, qui ne jurait que par toi, qui ne croyait qu'en toi, tout le monde t'en a voulu plus ou moins longtemps et à différent degrés. Les fans aussi. Sur le moment, on a tous cru à un caprice de star, même si ça ne te ressemblait vraiment pas du tout. Et quand on a compris que tu avais vraiment disparu...

- Je suis désolé. Je ne peux même pas te dire ce qui m'est arrivé. Tu va me demander si je suis dingue mais j'ai découvert un truc plus important que le show-bizz.

- Déconne pas.

- Je déconne pas, mon frère.

L'autre fronça les sourcils.

- Encore un truc injuste, avec toi : on ne peut pas t'en vouloir trop ou trop longtemps avec ta gueule d'ange.

Jack ricana bêtement avant de demander, plus sérieusement et pour changer de sujet :

- Tu as gardé Joker ?

- Un peu, mon neveu. Attends...

Il se pencha sur un carton et en sortis deux étuis : un tout petit et carré, un autre grand et rectangulaire. Il les posa sur une table avant de reculer cérémonieusement pour céder la place à Jack. Celui-ci s'avança sous les regards des deux autres et des trois gosses qui étaient entrés discrètement et se cachaient dans les escaliers pour voir. Il commença par le grand étui, bleu nuit, avec deux cadenas à code de sept chiffres. Il les déverrouilla sans problèmes et ouvrit précautionneusement la boite. Apparut alors une guitare électrique. Jenny en avait déjà vu, mais celle-là...

Elle était presque entièrement noire, avec des bandes blanches au niveau du manche. Onze étoiles en formaient une douzième sur le plateau. Derrière le manche, son nom était gravé en lettres d'or : Joker. La bandoulière était couverte de paillettes. Les cordes, couleur cuivre, semblaient neuves.

Jack saisie l'instrument comme on prend un trésor. Il effleura la gravure dorée du bout des doigts, passa la bandoulière, fit vibrer chaque corde l'une après l'autre, en re-accorda une, ferma les yeux en faisant vibrer un arpège. Ses mains se plaçaient automatiquement à leur place habituelle.

Puis, comme s'il réalisait subitement qu'il lui manquait quelque chose, il rouvrit les yeux et attrapa la boite qui restait, sur la table. Elle contenait un médiator et une bande de métal dont Jenny ne put identifier l'utilité. Jack se saisi du triangle de plastique. La bande se révéla être une bordure dont le guitariste entoura le médiator pour donner une meilleure résonance aux notes. Et, d'un coup, il fit sonner les accords d'une chanson, si fort que les enfants se plaquèrent les mains sur les oreilles.  Neckeb marmonna quelque chose que les autres n'entendirent pas. Jack posa sa main sur les cordes pour les faire taire.

- Qu'est-ce que tu dis ?

- Que ça me donne presque envie de reformer le groupe.

- Ah, ça..., répondit l'Immortel d'un air rêveur.

 

Campus de Time School, skate-park des étudiants, Nouvelle Californie, 4 mars 5024, 17h23 :

 

John se laissa glisser le long de la rampe. Au moment de remonter de l'autre côté, il accéléra en poussant le sol de pied, puis s'accroupis et agrippa l'avant de sa planche. Quand il décolla, il retourna le skate sous ses pieds, et, au moment de retomber, se mit en équilibre sur une main sur le bord de la rampe, tout en retenant sa planche collée à ses semelles. Des sifflements admiratifs et quelques applaudissements retentirent. Il tint quelques secondes, histoire de frimer un peu, avant de se laisser retomber sur la rampe et de retourner à son point de départ.

- À ton tour, p'tit mec. Fais voir ce que tu sais faire.

- Ouais, vas-y, Jack !, lança une voix moqueuse depuis les gradins.

- Eh ! Attends un peu...

 

Cardiff, dimanche 3 juillet, 14h45 :

 

- Il vaudrait mieux que tu évite de m'interrompre, je risque de perdre le fil...

- Mais là, c'est moi qui suis perdu : à quel moment on est passé du Sinbad au Jack ?, demanda Ianto

- Oh ! En fait je crois que je suis le seul qui ait jamais vraiment su comment il s'appelait. Il s'est présenté sous ce nom quand je l'ai déposé à l'infirmerie de Time School et c'est aussi à ce nom qu'il s'est inscrit à l'école. Mais je crois que tout ce qui l'intéressait, c'était le manipulateur de vortex. Je peux poursuivre, maintenant ?

- Je t'en prie.

- Bon...

 

Nouvelle Californie, même endroit et même heure que la dernière fois :

 

- Fais pas attention, ils seront bien obligés de la boucler quand ils vont voir ça.

- Sois gentil, John, évite de me mettre davantage la pression. T'auras l'air idiot si je me plante, surtout que, contrairement à ce que je t'avais conseillé, tu a parié tout ton argent de poche du mois sur moi.

- C'est pas une erreur, reste calme, mec. J'étais le meilleur de l'école en skate avant que t'arrive et maintenant t'es carrément meilleur que moi.

- Exagère pas.

- Et alors, ça vient, oui ou non ?, cria quelqu'un.

- Il a la trouille ?

- Vos gueules, bande de petits cons !

John commençait à en avoir par dessus la tête qu'on se moque de son pote. Il lui donna une claque encourageante sur l'épaule avant de se diriger vers l'escalier métallique.

- Tu vas leur faire peur, bonhomme. Par contre, attends que je te fasse signe pour y aller, je veux filmer ça pour la postérité.

Jack leva les yeux au ciel, puis poussa son skate jusqu'au bord de la rampe et se prépara à sauter.

- Vas-y !

Au signal, il se laissa tomber dans le vide. Le vent sifflait à ses oreilles, il n'entendait même plus les quolibets de ses camarades de classe, juste le crissement des roues sur le bois. Comme John, il accéléra avant de remonter, mais il ne saisi pas la bout de sa planche. Il s'accroupis en atteignant le haut de la rampe, et quand il décolla, il se redressa brutalement sous les cris des adolescents. C'était comme si les lois de la pesanteur n'avaient aucune prise sur lui. Les garçons devaient plisser les yeux pour le voir car il se tenait devant le soleil. On aurait dit un ange, songea John. Sans utiliser ses mains, il retourna sa planche avec les pieds, plusieurs fois, puis refit son trajet en sens inverse avant de se réceptionner sur une main, à son point de départ, et d'atterrir en sécurité avec une petite pirouette.

Il y eut un silence de plusieurs secondes avant que tout le monde ne se mette à siffler, applaudir, hurler de joie.

 

Cardiff, même jour, même heure que la dernière fois :

 

Ianto regardait, bouche-bée, la cascade de Jack que John repassait au ralenti.

- Regarde ça, c'est là. Regarde, mais regarde moi ça, t'as vu comment il fait ? Il reste en équilibre sans les mains... Et retourner la planche avec les pieds sans la faire tomber, ça c'est un truc de ouf, j'ai jamais réussit. Attends, t'as mal vu, je te la repasse image par image.

- Mais non, laisse, c'est bon. J'ai compris. Mais il avait quel âge pour faire ça ?

- Il avait eu douze ans la semaine passée, je lui avait offert le skate pour son anniv'.

- Tu veux dire qu'il a appris à... à...

- À rider.

- À rider le jour de ses douze ans  et qu'une semaine plus tard il savait faire... ça ?

- Ben ouais. Mais bon, c'est JJ en même temps, c'est plutôt normal.

- Si c'est toi qui le dit... 

- Je lui ait offert Joker l'année suivante.

- Joker ?

- Sa guitare électrique.

- Ah. Et après ?

- Trois semaines plus tard, il faisait exploser le disjoncteur de l'école.

- Comment ça ?

- Jouer de la gratte électrique, ça demande beaucoup d'électricité, et je dois avouer qu'il avait un peu poussé, sur la fin.

- Au point de faire sauter le disjoncteur ?

- On voit que tu ne connaissais pas Jack quand il était ado. Il a fait les quatre-cents coups, et même plus, si tu veux tout savoir. Tu connais Moonsoon ?

(Attention, le morceau dont il va maintenant êtres question est de Tokio Hotel, pas de moi, ni de Jack et John, mais dans l'histoire, les paroles et la music sont de Jack quand il avait quinze ans, c'est lui qui chante au début et quand ils sont deux à chanter c'est parce que John l'a rejoins. Neckeb à la batterie, Jack et John à la gratte.)

- Moonsoon ?

- Ouais. C'était la première chanson qu'on a chanté en publique, mon pote, et je peux te dire que le lendemain soir, ils se battaient pour entrer dans le bar voir trois ados de quinze et dix-sept ans faire les idiots sur une scène microscopique par 40 degrés à l'ombre. On avait du mérite..., ajout


Rosa020  (01.08.2009 à 12:19)

J'ai remarqué que mon paragraphe devait être trop long, car il a coupé en plein milieu d'une phrase, donc je vous met la suite, mais je part en vacance une semaine, donc vous n'aurez pas le reste tout de suite.

 

- Ouais. C'était la première chanson qu'on a chanté en publique, mon pote, et je peux te dire que le lendemain soir, ils se battaient pour entrer dans le bar voir trois ados de quinze et dix-sept ans faire les idiots sur une scène microscopique par 40 degrés à l'ombre. On avait du mérite..., ajouta-t-il tout en glissant un CD dans le lecteur DVD.

 

Nouvelle Californie, bar des "Dents de la mer", 17 mai 5027, 22h20 :

 

Presque tous les habitants du quartier et tous les étudiants de Time School avaient envahit le bar. Ceux qui n'avaient pas pu trouver de chaise, de fauteuil ou de table pour s'asseoir s'étaient installés sur le sol, sur les poutres du plafond, sur les étagères, sur le rebord de la fenêtre, ou tout simplement étaient restés debout, dans le fond. On avait ouvert en grand toutes les portes et les fenêtres et installé un écran géant relié à une caméra braquée sur la scène ainsi que les deux plus grosses enceintes du coin dans la rue, pour permettre à ceux qui n'avaient pas pu entrer d'assister au spectacle depuis l'extérieur. Pour le moment, la scène était déserte, seulement occupée par deux micros, une batteries et une guitare électrique. Dans la foule, une voix demanda :

- Quelqu'un a vu la gratte de Jicky ?

- Euh... Jicky ?

 

Cardiff, même jour, même heure que la dernière fois :

 

John appuya sur pause pour stopper la vidéo le temps d'expliquer :

- Ah ! C'est vrai : entre temps on s'est mis à l'appeler Jicky. En fait, normalement, il n'y avait que moi qui l'appelait comme ça. On appelait ça un surnom de copain. Sauf que les autres m'ont entendu et que tout le monde s'est mis à l'appeler Jicky. Il adorait pas ça, alors ça a pas duré trop longtemps, tu t'en rendras compte après. Je continue ?

- C'est bon, vas-y.

 

Nouvelle Californie, bar des "Dents de la mer", 17 mai 5027, 22h20 :

 

- Je crois qu'il vient avec.

- Silence, je crois qu'ils arrivent !

En effet, la porte du fond s'ouvrit, cédant le passage à trois adolescents. Aussitôt, une puissante ovation s'éleva.

Jack marchait devant, Joker en bandoulière, vêtu d'un jean déchiré, d'une paire de baskets, d'une chemise noire et d'une veste en cuire. Ses cheveux noires étaient figés pas le gel, tellement en désordre qu'on ne savait plus s'il avait une crête, des piques, des vagues, s'il était juste décoiffé où s'il avait fait un mixe. Il salua royalement la foule tout en grimpant sur scène avant de brancher sa guitare.

Ensuite venait John, les cheveux hérissés en piques raides, torse nu sous une veste sans manches, pantalon en cuir. Il dépassait Jack de deux bonnes têtes, mais personne ne semblait l'avoir remarqué. Il adressa un grand sourire aux spectateurs, alla tcheker avec deux copains qui lui faisaient signe avant de rejoindre son collègue.

Enfin, Neckeb apparut. Il portait des dreadlocks et des lunettes noires, des perles colorées plein les cheveux et deux baguettes de batterie passées à la ceinture. Il était le plus grand du trio et salua brièvement tout le monde avant d'aller s'installer.

- Hey, publique !

Jack venait de brancher son micro et les hurlements du publique en question l'empêchèrent de poursuivre pendant deux bonnes minutes.

- Si tu te mets à hurler chaque fois que j'ouvre la bouche, ça risque de pas marcher... Bon, allez, une petite dernière pour la route et après tu me laisses parler, ok ? Comment ça va, publique ?

Une bombe sonique explosant en plein milieu du bar aurait fait moins de bruit que les spectateurs. Quand un semblant de calme fut revenu, les premiers arpèges et les premiers accords retentirent. Une leur étrange venait de s'allumer dans le regard bleu océan de Jack, alors que ses doigts effleuraient machinalement l'instrument de musique. Dans ces moments là, il vivait, c'était tellement clair... La musique pulsait au fond de lui, comme les battements de son coeur, et les paroles circulaient librement dans son corps. Doucement, sa voix s'éleva, et ce n'était plus celle de l'ados un peu chien fou que connaissaient les élèves de Time School. Car quand il chantait, la voix de Jack changeaient et faisait vibrer chaque être se trouvant à porté de musique, comme les cordes de Joker...

 

I’m starring at a broken door

There’s nothing left here anymore

My room is cold 

It’s making me insane

I’ve been waiting here so long

But now the moment seems to‘ve come

I see the dark clouds comin up again

 

Running through the monsoon

Beyond the world 

To the end of time

When the rain won’t hurt

Fighting the storm

Into the blue

And when I loose myself I think of you

Together we’ll be running somewhere new…

Through the monsoon

Just me and you

 

A half moon’s fading from my sight

I see your vision in its light

But now it’s gone and left me so alone

I know I have to find you now 

Can hear your name, I don’t know how

Why can’t we make this darkness feel like home 

 

Running through the monsoon

Beyond the world 

To the end of time

When the rain won’t hurt

Fighting the storm

Into the blue

And when I loose myself I think of you

Together we’ll be running somewhere new

And nothing can hold me back from you

Through the monsoon

 

Hey, hey, ooh, ooh, ooh…

 

I’m fighting all these powers 

Coming in my way

Let it take me straight to you

I’ll be running night and day

I’ll be with you soon 

Just me and you

We’ll be there soon

So soon

 

Running through the monsoon

Beyond the world

To the end of time

When the rain wont hurt

Fighting the strom

Into the blue 

And when I loose myself I think of you

Together we’ll be running somewhere new

And nothing can hold me back from you

 

Through the monsoon

Through the monsoon ooh, ooh, ooh…

Just me and you

Through the monsoon ooh, ooh, ooh…

Just me and you

 

(Pour entendre la musique, suivre le lien suivant : https://www.dailymotion.com/relevance/search/Monsoon/video/x2ps63_tokio-hotel-monsoon_music)

 

Cardiff, cinq bonnes minutes après la dernière fois :

 

Ianto fixait l'écran, sans voix. Il n'avait jamais entendu Jack ou peut-être que si mais il n'y avait pas vraiment fait attention. Et il en était à se demander comment il s'y était pris pour passer à côté. Jack... Est-ce que c'était vraiment lui, cet enfant, sur cette scène, au visage d'ange et à la voix d'or, les yeux brillants d'un éclat farouche... ?

- C'est...

Il tourna la tête vers John qui le regardait, un sourire doux sur le visage.

- Oui, je sais, Ianto. Je sais.

Il n'y avait rien d'autre à dire. Le dessinateur de BD essaya quand même.

- Mais... !

Mais il eut beau chercher, il ne trouva pas les mots pour décrire ça. La musique s'était tu depuis longtemps et, comme lui, le publique était resté silencieux, en état de choc.


Rosa020  (02.08.2009 à 10:55)

Je suis impardonnable, mais ne me frappez pas, s'il vous plaît !!! Voilà la suite, et vous pouvez remerciez Nath7 qui s'est fait un devoir de me relancer...

 

Chapitre 12 : Sinbad, Jack, Jicky, Jeck, Geck, Gecko (partie 2)

 

Jenny était blottie dans un fauteuil, les bras autour des genoux, sur lesquels elle avait posé sa tête. Jack, lui, s'était installé en face d'elle et, à sa demande, jouait un morceau de sa composition, en fredonnant bouche fermée. Les arpèges résonnaient dans l'habitacle. Quand Jack jouait, tout semblait couler de source, et même Sun ronronnait, couché aux pieds de son maître, tandis que Wilson nettoyait l'Oiseau-Tonnerre en faisant le moins de bruit possible pour ne pas déranger.

Quand la musique s'arrêta, il sembla à la jeune fille qu'un gouffre glacial venait de s'ouvrir au fond de son coeur et elle frissonna. Dans le même temps, elle fut prise d'une envie aussi violente qu'inexplicable d'aller se blottir dans les bras du Capitaine. Ce dernier lui adressa un sourire ravageur.

- Alors ? C'était bien ?

Elle ne put que hocher la tête, muette d'admiration. Alors non-seulement il était beau comme un Dieu mais en plus il jouait de la guitare divinement bien ?

Il fronça les sourcils, l'air inquiet :

- Jenny, ça va ? Tu trembles et tu as les yeux qui brillent...

Il ne voyait donc pas l'effet que sa musique avait sur elle ? L'effet qu'il avait sur elle ? Elle-même avait encore du mal à mettre des mots sur ce qu'elle ressentait. Aimait-elle Jack ? Sans le moindre doute, et bien davantage, même. Mais elle ne parvenait pas à l'admettre. Et puis, cela l'effrayait. Même si elle avait l'air d'avoir une vingtaine d'années, elle était beaucoup plus jeune. Ces sentiments étaient nouveaux pour elle et lui faisaient un peu peur.

Alors elle se contenta de hocher distraitement la tête.

- T'as l'air fatiguée, fillette. T'es malade ?

- Non, pas vraiment. Enfin, je ne crois pas...

En réalité, elle en était à se demander si on pouvait être malade d'amour.

- En tout cas, c'est ton tour de choisir où on va.

- La plage, la mer et le soleil, répondit-elle sans la moindre hésitation. Mais pas une plage à partager avec cinq-cents touristes, hein ? Je préfère quand il n'y a pas beaucoup de monde...

- Je peux te trouver ça.

Aussitôt, l'ex-rockeur de l'espace posa Joker et alla s'asseoir dans le siège du copilote, face à l'ordinateur de bord. Il avait déjà une petite idée de l'endroit où il allait l'emmener. Bien sûr, en théorie, il n'avait absolument pas le droit d'aller là-bas et risquait la prison à vie en passant outre l'interdiction. Mais c'était pour faire plaisir à Jenny, alors ça en valait la peine. Largement.

 

Cardiff, 19h30, même jour que la dernière fois :

 

Ianto et John dégustaient deux pizzas tout en fouillants dans le carton de l'ex-agent du temps. Le capitaine Hart commentait photos et carnets généreusement.

Soudain, le dessinateur de BD tomba sur une photo un peu écornée, représentant Jack, à 14 ou 15 ans, et John à 17 ans, se tenant par les épaules sur le pont d'un yacht luxueux, une île tropicale en arrière plan. Au dos de l'image, une simple date griffonnée au stylo bille : Juillet/Aout 5026.

- C'était où ?

Son ami la lui prit des mains.

- Oh, ça...

 

Parc du campus de Time School, fin juin 5026, 17h30 :

 

Jack était assis sur le bord de la fontaine et jouait un air mélancolique sur sa guitare. La chaleur lui avait fait retirer sa veste d'uniforme et retrousser les manches de sa chemise. À quatorze ans, il était déjà grand pour son âge. D'ailleurs, s'il continuait sur sa lancé, il dépasserait bientôt son ami John Hart qui arrivait au pas de course dans sa direction.

- Hey, petit prodige ! T'as pas l'air très en forme...

- Hein ? Si, si, ça va...

- Allez, quoi, sourit ! C'est les vacances dans quelques jours, t'as oublié ? Eh, ça veut dire plus de cours, plus de profs, plus de devoirs, plus d'heures de colle, ...

- Ouais, ouais...

John se rappela soudain que son ami était le seul élève de l'école à rester à l'internat pendant toutes les vacances. Il se sentait minable, tout à coup. Gêné, il tenta de rattraper sa gaffe :

- Tu sais, ça veut aussi dire que tu as tout le quartier pour toi tout seul. Le port, les bateau, le surf, la mer, la plage, les bars, ...

- Ouais, c'est sûr, c'est cool. J'aurais préféré pouvoir chercher Gray. Mais bon, c'est pas grave, je vais m'éclater quand même, ajouta-t-il, pour donner le change, mais sans grande conviction.

Mais son ami n'était pas dupe. Il ouvrit la bouche pour changer de sujet quand son bracelet bipa. Un hologramme du surveillant chef fit son apparition.

"Ton père au téléphone dans le hall, John. Tout de suite."

- Je reviens, assura l'adolescent, avant de déguerpir.

Il fila aussi vite que possible vers le bâtiment principal de l'école, s'arrêta en dérapage devant la cabine téléphonique et se laissa lourdement tomber sur le banc tout en attrapant le combiné.

- Salut P'pa !

- Hey, Johnny ! Comment ça va, mon grand ?

- Impec' ! Vivement les vacances !

- Je t'appelle pour ça justement : la date est fixée, on passe te récupérer après-demain, j'espère que ta valise est prête !

- Dément ! Et je suis prêt depuis trois jours, pour ta gouverne. Euh, Papa ? Je peux te demander un service ?

- Peut-être, ça dépend.

- Est-ce qu'il reste de la place sur le bateau ?

- Bien sûr, comme chaque année, pourquoi ?

- Je peux emmener un pote ? Il part pas en vacances...

- Mais bien sûr, avec plaisir, fiston. Comment il s'appelle ?

- Jack, répondit John, avec un sourire tranquille. Il s'appelle Jack...

Cinq minutes plus tard, il rejoignait son ami en courant.

- Eh, Jeck ! File faire ta valise, on part sous les tropiques dans deux jours !

Le regard de l'intéressé valait tous les mercis du monde.

 

Terre, côte chinoise, un peu avant l'an 5 milliard et la venue de Rose Tyler et du Docteur pour la fin de la Terre, aube :

 

Jenny n'avait pas su quoi en dire en descendant du vaisseau. Le paysage était inimaginable, indescriptible. Si Jack le lui avait décrit, elle aurait refusé de le croire avant de l'avoir vu. Lui souriait, dans son dos, de son étonnement. Il ne demandait pas grand chose de plus. Il voulait juste continuer à lui faire découvrir les merveilles de l'univers, sans que ça aille plus loin, mais sans s'éloigner d'elle non-plus.

- Alors, ça te plaît ?

Elle se tourna vers lui et se força à fermer la bouche.

- C'est juste... je trouve pas de mot, c'est... Merci Jack. Juste une question, t'es sûr qu'on a le droit d'être là ?

L'Immortel haussa les épaules sans se départir de son sourire.

- Il n'y a jamais de contrôle dans le coin. Dans le pire des cas, j'ai pas vu de panneau "stationnement interdit". Je vois pas ce qu'ils pourront nous reprocher.

Elle rit avec lui et s'approcha du rivage. L'océan roulait vagues et embruns sur cette plage, abandonnée par les hommes bien des millénaires plus tôt. Le vent terrestre lui tira un léger frisson, mais ce fut suffisant pour que Jack, chevaleresque (et dragueur), pose son manteau sur ses épaules. A l'horizon, le soleil dardait timidement ses rayons, dans la brume de l'aurore.

Ils restèrent là un moment, sans parler parce qu'ils étaient tellement sur la même longueur d'onde que c'était inutile, puis, sans savoir comment c'était arrivé, ils se retrouvèrent entrain de parler du Docteur (et pas de s'embrasser, désolé, cette méchante blague était parfaitement involontaire... Pas taper !!!).

- Mon père... Tu l'as connu comment ?

Jack se laissa aller en arrière, contre le rocher au pied duquel ils étaient assis, et chercha le regard de son amie. Quand il l'eut enfin capté, il consentit à répondre à sa question.

- J'étais mercenaire. On s'est croisé à Londre, pendant la seconde guerre mondiale. J'avais fait une bêtise et il l'a réparé à ma place. Il m'a sauvé la vie dans la foulé, et tant qu'il y était, il m'a emmené avec lui et Rose.

- Rose ? Ce n'est pas la première fois que je t'entend parler d'elle et de mon père dans la même phrase, mais tu ne m'as pas dit de qui il s'agissait réellement.

Le capitaine inspira et expira profondément pour rassembler ses idées.

- Elle était londonienne. Elle devait avoir tout juste dix-neuf ans quand elle a rencontré ton père. Ils...

Il rit légèrement avant de reprendre.

- Je devais me retenir pour ne pas me moquer d'eux. C'est juste que ça crevait tellement les yeux, ce qu'il y avait entre eux. L'air devenait électrique quand ils étaient dans la même pièce. On aurait dit que le but ultime de ton père était de la faire sourire. Quitte à l'emmener n'importe où, n'importe quand, juste pour voir briller ses yeux. Je crois qu'elle aurait pu lui demander de démonter l'univers pièce par pièce puis de le remonter à l'envers, et il aurait accepter.

- Ils s'aimaient ?

Jack lui jeta un coup d'oeil surpris. N'avait-il pas été assez clair ? Puis il croisa son regard d'enfant curieux. Elle essayait de comprendre, parce que l'amour, elle ne connaissait pas. Il lui sourit.

- Bien sûr que oui. C'était clair pour tout le monde sauf pour ces deux idiots. Enfin, je suppose que ton père le savait bien, ça a faillit lui échapper plusieurs fois, il me semble. Mais il ne voulait pas que ça aille si loin. Il a toujours eut un dont pour se faire du mal quand il pourrait être heureux. C'est plus fort que lui, je crois.

- Pourquoi ?

L'Immortel se retint pour ne pas rire. Une petite fille dans un corps d'adulte. C'était à la fois bizarrement anormal et anormalement attendrissant. Il tendit la main et replaça une mèche blonde qui barrait sa joue.

- C'est compliqué, petite fille. Lui avait l'éternité. Elle était prisonnière de son statut et de sa longévité d'humaine.

- Dur.

- Yep. Comme d'habitude, ton père a pris la meilleure décision pour les autres sans penser à lui-même. C'est ce qu'il a toujours fait et ce qu'il fera toujours. Là, c'était juste plus dur que les autres fois. Infiniment plus dur.

- C'est triste.

- Ouais.

- Tu me chantes une chanson ?

Il éclata de rire. Elle passait du coq à l'âne à une vitesse... !

- S'il te plaît... ?

Il lui caressa la joue en souriant et alla chercher sa guitare.

 

(J'avais pas mis cette chanson au début, et puis j'ai changé d'avis. You don't know, de Milow.)

 

Sometimes everything seems awkward and large
Imagine a Wednesday evening in march
Future and past at the same time
I make use of the night start drinking a lot
Although not ideal for now it's all that I've got
It's nice to know your name

You don't know you don't know
You don't know anything about me

An ocean a lake I need a place to drown
Let's freeze the moment because we're going down
Tomorrow you'll be gone
You're laughing too hard this all seems surreal
I feel peculiar now what do you feel
Do you think there's a chance that we can fall

You don't know you don't know
You don't know anything about me
What do I know I know your name
You don't know you don't know
You don't know anything about me anymore

I gave up dreaming for a while
I gave up dreaming for a while

I've noticed these are mysterious days
I look at it and like a jigsaw puzzle and gaze
With wide open mouth and burning eyes
If only I could start to care
My dreams and my Wednesdays ain't going nowhere
Baby baby baby you don't know

You don't know you don't know
You don't know anything about me
What do I know I know your name
You don't know you don't know
You don't know anything about me

 

Port de Time School, ponton 17, 1 juillet 5026, 11h35 :

 

Jack et John étaient assis sur le bord du ponton. Ils avaient retirés leurs tongs et laissaient tremper leurs pieds dans l'eau. Disparus les uniformes rouges de l'académie. Les deux adolescents portaient des bermudas, des chemises à manches courtes et des lunettes de soleil. Deux grands sacs à bandoulières, contenants leurs affaires, étaient posés à côté d'eux, ainsi que leurs guitares, rangées dans leurs étuis. Le père de John serait là dans dix minutes avec le yacht familial. Les vacances promettaient d'être agitées. Le jeune Hart était occupé à décrire à son ami les différentes activités que proposait l'archipel où ils allaient passer l'été, et où il se rendait tous les ans avec ses parents. De temps à autre, un de leurs camarades passait avec ses valises et ils se saluaient joyeusement, ravis que l'année soit enfin terminée !

- Y a des vagues de malade, tu verrais ces rouleaux, encore plus hauts que ceux d'ici, pour le surf c'est dément ! Je te prêterais une de mes planches à ailerons, ça multiplie la puissance de glisse par quatre, ça déchire. Et puis faut que tu vois les parcours de crosse : c'est énorme ! Bon, quand tu reviens tu tiens plus debout et tu peux faire un détour par le dispensaire, mais p... ça en vaut la peine, ils ont même installés des rampes et des tremplins, j'y ait laissé trois BMX avant de réussir à passer sans me démonter ! Salut, Dereck, bonnes vacances ! Ah, et puis si t'as pas trop la trouille, y a deux ponts, à 500 et 1000 mètres d'altitude, d'où on peut sauter à l'élastique !

- On aura le temps de faire tout ça en deux mois ?, demanda Jack, complètement surexcité, pendu aux lèvres de son ami.

- Ouais, enfin, moi j'ai réussit, en partant tôt le matin et en rentrant le soir. Ce que je faisais, pour pas être mort au bout de trois semaines, c'est qu'un jour sur deux, je restais sur la plage avec des potes, je te montrerais, ils viennent tous les ans eux aussi.

- Bonnes vacances, Max !

- Salut, les mecs ! On se revoit en septembre !

- Viens, mon père arrive.

Jack mit un certain temps avant de localiser le père de John. Ce dernier l'avait pourtant avertit que le yacht était suffisamment immense pour loger ses parents, ses cinq frères et ses quatre soeurs, ses vingt-quatre cousins, ses huit oncles et ses neuf tantes, sans compter les belles familles, les cousins par alliance, etc... Mais il avait peut-être omis de parler de la piscine et du plongeoir, de la terrasse occupant le pont supérieure ainsi que de la cuisine gigantesque, sans parler des quartiers des cuisiniers et de l'équipe d'entretien.

- Ton père est milliardaire, articula le garçon en posant les yeux sur l'énorme bateau, qui tenait davantage du paquebot que du yacht de luxe.

- En fait ce truc est dans ma famille depuis pas mal de générations. Mon père est l'aîné de ses frères et soeurs, alors c'est lui qui en a hérité, mais comme toute la famille en profite, tout le monde participe quand faut payer le carburant, l'entretien, et tout les trucs qui coûtent un max.

Malgré tout ses efforts, Jack ne parvint pas à empêcher sa bouche de béer, tandis qu'une passerelle se déployait pour permettre au père de John de descendre les chercher. Un petit attroupement s'était formé sur le ponton car professeurs, élèves et parents avaient tous les yeux rivés sur l'engin.

Le père de John s'accordait très bien avec le décors : pantalon, chemise à manches courtes et veste sans manches blancs, chaussures étincelantes et casquette de capitaine. Il portait des lunettes noires et un cigare était coincé derrière son oreille droite.

Arrivé au pied de la passerelle, il eut un large sourire qui dévoila ses dents blanches, et ouvrit les bras en s'avançant vers son garçon.

- Hey, Johnny !

- Salut, P'pa !

Il donna une franche accolade à son fils, puis le prit par les épaules et le fit reculer pour mieux le dévisager.

- Toujours aussi bronzé... T'as prit quelques centimètres ou c'est moi ? T'as pas fait trop d'idioties, j'espère ?

Sur le pont, une femme fit son apparition. Ce devait être la mère de John car elle sourit en l'apercevant et l'appela. Père et fils levèrent les yeux au ciel de concert.

- Tu devrais monter voir la mère supérieure, elle ne te laisseras en paix que quand elle t'aura examiné sous toutes les coutures. Tu peux laisser tes bagages, on va les prendre.

Le jeune homme sourit, adressa un clin d'oeil à Jack par dessus son épaule, puis s'engagea sur la passerelle.

Son père porta donc son intention sur le deuxième garçon et sembla le jauger un instant du regard.

Jack était grand et svelte. C'était la façon la plus simple de le décrire et la première chose qui sautait aux yeux quand on le voyait pour la première fois. Ses cheveux noirs en bataille lui donnait un air farouche. Quant à ses yeux, on ne les apercevait que rarement. En effet, à cause du climat californien, la quasi-totalité des élèves de l'école portait des lunettes noires en dehors des cours.

Hart s'approcha donc du garçon et se planta devant lui. L'adolescent soutint son regard du mieux qu'il put malgré les deux paires de Regean qui séparaient ses yeux de ceux de l'homme.

- Jack, c'est ça ?

- Oui, monsieur.

- Les amis de mon fils m'ont surnommé le Big Boss. Du coup, ils m'appellent tous Boss, toi y compris. Si ça ne te dérange pas, bien sûr ?

- Non, Boss, ça me dérange pas. Il est superbe, votre bateau.

- John t'avais pas dit qu'il était aussi grand, hein ?

Il n'avait fallut que peu de temps à Jack pour évaluer le genre d'homme qu'était le père de son ami. Il était fière de son fils, de son bateau et de lui-même. La flatterie était donc de rigueur, et le garçon considéra qu'il était temps de sortir son arme secrète. Il acquiesça tout en levant une main vers ses lunettes noires.

- Il m'avait dit de m'attendre à quelque chose d'énorme, mais là...

A la seconde où Hart croisa les yeux bleus du jeune homme, il trouva que Jack était un chouette gosse, un garçon très bien, qu'il aimait bien, somme toute. Avec un grand sourire, il lui passa un bras autour des épaules et claqua des doigts pour qu'on vienne prendre les bagages des garçons. Puis, il l'entraîna sur la passerelle.

- Tu sais que mon fils m'a dit du bien de toi ? T'es bon élève ?

- Oui, Boss, enfin, je fais de mon mieux.

- John était un cancre, avant que tu débarques. Il paraît que tu l'as beaucoup aidé. Tu lui a même évité d'être mis à la porte.

- Je le savais pas, Boss, mais s'il s'est pas fait virer grâce à moi, c'est une bonne nouvelle.

- Sûre, mon p'tit gars. Allez, amène-toi, je vais te faire visiter pendant que ton pote passe entre les mains de ses soeurs et de la mère supérieure. D'ici à ce qu'il arrive à les convaincre qu'il n'est ni mort de faim, ni malade, ni en manque de sommeil, ni dans le plâtre jusqu'au cou, il sera l'heure de passer à table. T'aime le homard ?

- J'adore, Boss.

C'est ainsi que commencèrent les grandes vacances pour les deux ados. Toute la famille tomba bien vite sous le charme de Jack, les soeurs de John en particulier. On aimait bien ce gosse trop grand et trop mature pour son âge, qui racontait de bonnes blagues, était capable de participer à toutes les conversations quelque soit le sujet, et qui n'était jamais à court de compliments.


Rosa020  (02.11.2009 à 17:16)

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La recrue, S01E04
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Actualités
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HypnoRooms

Locksley, 14.05.2024 à 19:42

Avalanche de news sur la citadelle en ce moment, merci aux différents rédacteurs ! N'hésitez pas à commenter toutes ces actus. Bonne soirée !

sossodu42, Hier à 15:17

Des thèmes vous attendent pour être choisi pour le futur design de HPI. Merci pour vos votes

ShanInXYZ, Hier à 16:31

Nouveau sondage sur les Guests de la nouvelle saison de Doctor Who, passez voir le Docteur pour voter

mamynicky, Hier à 20:13

Hello la citadelle ! La 3ème saison des Bridgerton est enfin arrivée sur Netflix ! Venez nous parler des épisodes que vous avez vu.

mamynicky, Hier à 20:16

Quant à moi je vais patienter jusqu'en juin j'ai horreur d'attendre entre les épisodes. Bon visionnage !

Viens chatter !

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