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Trouver sa place

Série : Chicago P.D.
Création : 29.03.2020 à 10h11
Auteur : Haley07 
Statut : Abandonnée

La remplaçante d'Alvin fais son entrée dans l'unité. Sans le vouloir, elle soulève quelques vagues dans l'équipe.

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Mon portable sonna pour la troisième fois. C’était Halstead. Je raccrocha une troisième fois en sortant un billet de ma poche que je posa sur le comptoir.
Le barman me regarda, sceptique. Il avait l’habitude de me voir ici, et devais comprendre, comme beaucoup ici présent. Ce bar était réputé pour accueillir les anciens militaires, ou même ceux en services. Gary, le gérant avait été militaire. Il était partit pour avoir une carrière brillante et pleine de promesse. Mais son destin avait était tracé par une mine enfoui qui avait eu raison de la mobilité de son bras gauche. Il devait porter constamment une attelle articulé.
Il me resservit encore une fois et je vida le verre d’un trait.
Je contemplais ma plaque du district et la posa sur le comptoir. Juste derrière, le barman avait laissé la bouteille. J’en profita pour remplir mes verres déjà présents et glissa un billet à côté.
Mes idées s’embrouillaient dans mon esprit. Je n’avais pas tenu ma promesse, j’étais incapable d’en parler. J’avais essayée devant le miroir, mais ces démons sont bien plus forts que moi.

Mon téléphone sonna encore. Je devais être chez lui depuis plus de deux heures.
Quelqu’un me secouait par derrière ce qui me tira de ma torpeur.
- Lauren, viens on s’en va…
Je commençais à somnoler, en m’agitant je reconnus vaguement ses traits.
- Quoi ? Non laisse moi…
Je me tira de l’emprise de Jay en soupirant.
- Comment tu m’as trouvée ?
- Le patron m’a appelé. Allons-nous-en.
- Laisse-moi tranquille.
Je n’avais pas la force de me débattre. Les verres se faisaient sentir de plus en plus.
Il me traina difficilement dehors vers sa voiture.
- Non je veux pas, laisse moi, dis-je en m’arrachant de son étreinte.
- Hé il y a un problème ?
Un homme présent dans la rue qui avait vu toute la scène s’approcha de nous.
Je me soutenais à présent sur la portière.
- Aucun, répondis Jay.
- J’ai pas l’impression. Cet homme vous importune madame ?
- Je la ramène, t’occupe.
Encore dans les vaps, j’avais du mal à le voir. Je distinguais vaguement deux silhouettes  proches l’une de l’autres. Les voix se faisaient de plus en plus lointaines.
- C’est bon on y va monte, dit-il en m’aidant à monter dans sa voiture mais je restais accroché à la portière, évitant de trop bouger.
- Non attends…
Je m’écroula et recracha mes nombreux verres par terre, fatiguée, à bout de force.

En ouvrant mes yeux, tout s’affichait en clair dans ma tête mais je ne reconnaissais pas ou j’étais. En me redressant péniblement, j’étais sur un canapé au milieu d’un petit salon, agrippant ma tête. Je regarda avec surprise mon partenaire arriver avec un verre à la main.
- Qu’est ce que tu fais là ? marmonai-je difficilement d’une petite voix.
- C’est toi qui es chez moi, dit-il d’un air faussement étonné.
- Ah oui… il fait nuit encore ?
- C’est 3h du matin. Tiens bois ça.
Le goût était infect et ne m’aida encore moins. Je me sentais de nouveau nauséeuse.
- Gary m’a appelé hier soir en me disant qu’une flic du district 21 était là depuis plus d’une heure. Il a reconnu mon nom sur ton portable et m’a appelé.
Il s’asseya pour me regarder  droit dans les yeux, ses yeux clairs qui me dévisageaient.
- Je sais ce que ce bar représente…
- C’est bien…
Je me força à finir mon verre, mais mon mal de tête empirait.
- Lauren qu’est ce qui t’a pris ?
- J’ai seulement bu quelque verres c’est rien, soupirai-je.
- Etant donné que tu as vomi 6 fois, ce n’est pas rien. Pourquoi tu ne m’as pas appelé ?
- Je ne pouvais pas. J’ai essayée mais je n’ai pas pu…
Je commençais à comprendre l’ampleur de la situation, à quel  point j’étais faible. La honte commençait à m’envahir.
- Je suis désolée. J’ai eu peur.
- Je sais. N’oublie pas que je suis là. Toujours. Tu peux t’appuyer sur moi.
Je le regarda avec gratitude, son regard sérieux et compatissant. Je me retiens de ne pas poser ma tête sur son épaule, ce qui me troublerait sûrement d’avantage. Je ferma les yeux, comme c’était difficile.
- Tu devrais manger un truc.
Il s’éloigna dans la cuisine et me laissa la seule. Mon regard se posa sur ma plaque et mon flingue posé sur la table basse quand de nouveau souvenirs émergea encore. J’ai tenue pendant mon service militaire, j’étais douée. J’étais donc forte. Déterminé. Pourquoi je n’arrivais pas à surmonter ça ? J’ai bien connu pire. C’est sûrement sa la basse du problème. On nous apprend à nous relever après chaque chute. Maintenant j’étais dans la police. Ma vocation était bien de protéger et servir les autres. Je devais me ressaisir. Il était plus que temps.
Au moment de revenir avec une assiette pleines de pancakes, je pris mon courage à deux mains et, poussé par un élan indescriptible m’élança au moment ou il s’asseya avec son café. J’avais le sentiment de plonger dans une eau glacé.
- Le plus dure ce n’était pas l’Irak... On était chargés de faire des opérations rapide et éclairs, ça marchait bien. On était une équipe de six et quand ta survie dépend de t’es équipiers, des liens forts se crée entre nous. Je n’ai jamais regretté de m’être engagée. J’ai beaucoup appris, même sur moi même. Et aussi incroyable que cela puisse paraître j’adorais ce que je faisais. L’armée m’a sauvée, dis-je avec conviction. Dans toute ma carrière, c’était les dommages collatéraux les plus dures à supporter.

Comme normal, mon regard fixa la moquette sur le sol, les jambes repliés sur moi. Je n’osais pas affronter le regard scrutateur de mon partenaire, à l’écoute. Peut-être que je le faisais souffrir aussi sans m’en rendre compte. Après tout, lui aussi est passé par là. Mon récit se coupait souvent, pour reprendre ma respiration, maitriser le son de ma voix, balayer ces images qui envahissaient mon cerveau. Pour l’instant je tenais bon, mais mon estomac se nouait de plus en plus.
- …Par moment je me sentais responsable, mais il y avait tellement des tyrans dans ces régions que je voulais les faire tomber. Pour rendre la liberté à ces familles. Et quand tu vois que même des fois des mères en arrivait au point de se faire exploser alors qu’elles avaient des gamins…  dès que j’en voyais une, j’étais sur le qui-vive, comme tout le monde jusqu’au jour ou on nous a ordonné de les traiter comme des ennemies potentiels… On étaient toujours sur nos gardes, à chaque secondes. Comme tous soldats sur le terrain. Toujours en alerte. De temps en temps on était démobilisés pour mener des opérations plus… confidentielles. C’est là ou une de nos missions a dégénéré.
- Celle que tu m’as parlé ? Celle de l’embuscade ?
- Ouais. On est resté plus de neuf jours en territoire ennemis, attendant les secours qui ne venait pas. On a du se débrouiller par nous même…
Je continua ainsi pendant un bon moment, parlant de tout ça pleinement pour la première fois. Cependant je ne donna aucun nom ni lieux, sans trop entrer dans les détails non plus. En parler était pire que d’y vivre. Ces événements, mis de côté depuis trop longtemps sans cesse repoussés, sans avoir guéri. Mais mon esprit s’égarait de plus en plus. Un autre souvenir se mélangeait à celui là, sûrement mis en avant involontairement par ce face à face avec mon équipier. Une autre mission. Celle de l’infiltration. En Afghanistan. Qui a duré 14 mois. Jay Halstead, ce Rangers, y était aussi. Peut-être qu’on s’était croisés, frôlés, touchés, parlés sans même  se connaître. Et aujourd’hui, on servait de nouveau ensemble, pour une autre cause pourtant similaire. Celui qui était devenu mon partenaire et un ami, dont le maitre mot était la confiance. Une des règles de Voight disait de ne jamais mentir à son équipier. Mais cette règle ne s’appliquait pas dans cette situation là. C’était d’ordre militaire, on était voué au secret. Jay pouvait le comprendre. Il ne devait pas savoir. Une soirée ne suffirait pas pour passer à autre chose.

 


Haley07  (13.09.2020 à 12:10)

Le froid était devenu une habitude depuis quelques semaines. La grosse vague de froid annoncé par les météorologues commençait à s’installer sur Chicago.


J’avais rendez-vous ce matin au café d’East Park avec ma nièce, la fille de ma sœur ainée Emmy qui venait de finir ces études. Ce café, on y avait nos habitudes, même nos places favorites, quand celle-ci était libre. Mon autre sœur cadette grinçait des dents quelques fois car elle possédait son propre café à 100 m à peine du district 21. Le « Holly’s Café » était réputé au district et sa principale clientèle était les agents de patrouilles et le sergent Platt qui était une habituée. Elle aimait faire tourner la boutique pour le district, ventant son meilleur café et pâtisseries de la ville.


Déjà pas en avance, j’accélérai le pas après l’avoir vu assisse à notre table habituelle. Elle semblait rayonner plus que d’habitude, l’air d’avoir grandi et semblait dégager quelque chose de nouveau. Elle me manquait ces temps-ci. Le rythme effréné du boulot et les travaux qui devait débuter dans ma nouvelle maison, je n’avais plus le temps de voir ma famille pourtant très cher à mes yeux. Pour une fois il me restait du temps avant d’aller au boulot.
- Salut toi, dis-je en l’embrassant une fois levé. Désolée je suis un peu en retard.
- C’est rien, je suis contente de te voir.
- Moi aussi ça fais trop longtemps, tu m’as manquée.
Un mois déjà était passé depuis son anniversaire, depuis que je l’avais vu.
- Comment tu vas ?
- Super bien.
- Ca se voit tu es rayonnante. Comment ça va à la maison ?
- Tout le monde va bien, papa et maman on encore fait une modification pour la terrasse. Ils n’arrêtent plus depuis que papa a eu sa promotion.
- Il a bien raison, il le mérite.
Mon beau-frère Oliver travaillait dans la sécurité rapproché et ma sœur architecte. Autant dire très bien placés et maison de rêve !
- Et ton frère ?
- Il passe en classe supérieur, dans la cour des grands et…
- Excusez moi bonjour vous avez commandez ? déclara une des serveuses avec son bloc note dans les mains.
- Oui un café s’il vous plait pour moi et Tessa…
- Un milkshake banane.
- C’est noté je vous apporte ça.
- Merci. Et alors… avec Brian ? murmurai-je avec un sourire en coin. Si je ne me trompe pas sa va faire trois mois que vous êtes ensemble…
Une déception se lut sur son visage.
- On est plus ensemble depuis deux semaines…
- Oh non, je suis désolée, ce n’est pas trop dur ?
- Au début si un peu… mais c’était devenu compliqué ces derniers temps.
Elle remua négligemment son milkshake quelle venait de recevoir.
- Je suis désolé pour toi. En plus avec l’orientation tu dois être perdu. Tu as pu avancer ?
Ma talentueuse nièce voulait être avocate. Cette question lui redonna le sourire et un regain de motivation.
- Oui ça y est ! D’ailleurs je voulais te l’annoncer moi-même ! Après papa et maman bien sur.
- Oui au téléphone tu m’as dit que tu avais une grande nouvelle à m’annoncer. Moi je pensais à toi et Brian mais…
- Et non c’est même mieux que ça ! Et mieux qu’avocate !
Elle semblait respirer le bonheur, très enjouée.
- Tu as l’air enthousiaste. Allez dis moi tout !
Avec un sourire remplie de malice, elle fouilla dans son sac pour sortir une chemise quelle déposa sur la table en prenant soin d’y laisser ces mains pour cacher l’étiquette de devant.
Elle me lança son regard toute fier, toute excitée.
- Allez dit moi, arrête de faire durer le suspense !
Son regard m’obligea à la supplier. Visiblement elle était aux anges et je voulais savoir. Je crois ne l’avoir jamais vu comme ça. Après avoir tant insisté, elle dévoila enfin son secret.
- J’ai décidé de candidater à l’école de police.


Je n’en croyais pas mes oreilles. Abasourdîtes, figé devant cette expression de joie et de fierté quelle affichait. Seul un mot me vint à l’esprit :
- Quoi ?
Tellement étonnée par cette annonce aussi surprenante que soudaine, elle dévoila à mes yeux sa chemise ou était inscrite en lettre majuscule « Chicago Police Department Academy ».
- Oui ça y est et je suis acceptée. J’ai rendez-vous tout à l’heure pour finir l’inscription et si tout vas bien dans une semaine je commence, annonça t-elle survoltée.
- Non mais attends tu es sérieuse là ?
- Bien sur que oui. Regarde tout est là. Normalement je n’ai rien oubliée…
En le feuilletant, j’étais encore plus stupéfaite, il y avait vraiment tout : l’inscription, les matières, les autorisations, son emploi du temps… tout était la, écris sous mes yeux en voyant le nom de ma nièce écris dessus.
- D’ailleurs faudra que tu me conseilles pour choisir le prof de la section pratique défense, j’hésite encore entre…
Tout ça me dépassait, elle était sérieuse dans ces propos, animée par une détermination farouche.  C’était trop je devais réagir.
- Tu ne peux pas devenir flic Tessa !
Etonnée à son tour, elle répliqua :
- Pourquoi ça ?
Je referma la chemise d’un coup sec. Elle ne comprenait donc pas.
- Tessa, être flic ça change la vie. C’est un boulot dangereux. Ca demande des sacrifices. Enfin, c’est pas une décision à prendre à la légère.
- J’y pense depuis que j’ai fini mon stage. C’est ce que je veux faire, se défendit t-elle.
Tu parles : son stage était dans un cabinet juridique. Rien à voir avec tout ça.
- Mais tu n’as pas idée de ce que c’est. On fait des heures de fou, on bosse parfois le week end, les nuits, on finit souvent tard. Les repas de famille tourne souvent court, on voit des choses terribles, on met nos vies en danger tout les jours en espérant qu’on rentrera le soir chez nous. Il faut être solide pour ça.
- Je suis consciente de tout ça. Je veux me rendre utile, apporter de la paix et du réconfort à des familles, arrêter des criminels qui font leurs lois ici. Comme toi. Comme papa. Il adore son boulot et il est tout aussi dangereux que le tien voir même plus, puis vous avez fais l’armée…J’ai beaucoup pensé à toi ces derniers temps. Tu protèges et sers la ville, je veux faire pareil.
- C’est un métier très dur. Tu ne peux pas faire ça…
- Tu le fais bien toi. Je t’ai toujours écoutée quand tu parlais de ton boulot. Je ressentais toujours ta fierté et ta joie de faire ce job. De bosser avec ton équipe qui est devenu ta seconde famille. Ce sont tes mots. Tu es toujours à fond dedans. Je t’admire beaucoup. Et papa aussi. J’ai pris ma décision, je ne changerai pas d’avis. C’est ce que je veux faire de ma vie.
Elle était vraiment sure d’elle, cela se voyait. Elle a toujours était mur, avec la tête sur les épaules, disciplinée. Mais la, j’avoue que j’avais du mal à réfléchir à tout ça.
- Et t’es parents, ils en pensent quoi ?
Connaissant ma sœur, elle devrait se ranger à mon avis.
- Surpris au début, mais après leur avoir tout expliqué, ils ont parlés entre eux et respectent ma décision.
Mon visage me trahissait trop.
- Et j’étais sur que toi aussi.
Je pris une profonde inspiration et essaya une dernière fois.
- Tessa c’est…c’est un boulot dangereux. Pense à papi. Aujourd’hui il ne peut plus être flic, il n’a pas 50 ans.
- Je suis allé voir papi, dit-elle en s’impatientant, je lui en ai parlé et il me soutient et ma même assuré que toi aussi mais ça n’en a pas l’air.
- Je pense que tu devrais encore y réfléchir un peu…
Je ne savais plus quoi penser. Ma réaction était trop partagée.
- Non mais j’y crois pas. Moi qui pensais que tu me soutiendrais, qui pensait te demander conseil et d’aide pour les matières. Qui voulait bosser avec toi. Qui veux suivre t’es traces, celle de papi, celle de papa. Je me suis bien plantée. C’est pas grave je me débrouillerais seul avec papi et papa.
Elle se leva pour partir, tout à coup pressé coupant net la conversation.
- Tu n’es même pas fière de moi en fait.
- C’est pas ça Tessa attends…
- Oh et autant de le dire maintenant pour t’épargner un autre choc, je n’envisage pas de rester dans la police, je veux gravir les échelons, faire comme papa !
Elle disparu d’un coup me laissant la seule, mettant de l’ordre dans mes pensés. Mon café avait refroidit, je détestais le café froid. Je pris mon téléphone et appela ma sœur.


Haley07  (02.10.2020 à 14:48)

Cette conversation m’accompagna pendant toute la durée du trajet. La position de ma sœur et de mon beau frère venait de s’ajouter au reste. Je ne savais pas quoi en faire. Ni quoi faire. Ma sœur m’avait presque sermonnée. Je repensais aux motivations qui poussait Tessa, et aux miennes.
Au district, je n’arrivais pas à laisser mes pensés aux vestiaires, comme on doit le faire pour être à 100%.


- Salut les filles, lançai-je furtivement avant de m’installer à mon bureau. Seul Burgess et Upton était là, on avait encore un peu d’avance.
- Salut.
- Un café ? Il est tout chaud ? proposa Kim en servant Hailey.
- Non pas maintenant, dis-je d’un ton las en me passant une main sur le front.
- Ohh, ca n’a pas l’air d’aller.
D’habitude je ne refusais jamais un café. Moi qui en consommais beaucoup d’habitude.
- Si si ça va.
- Non ça va pas, insista Hailey. Ca se voit toujours quand tu es contrariée. Qu’est ce qui se passe ?
- C’est rien, un truc de famille, dis-je en essayant de ranger des papiers sur mon bureau.
Je sentais leurs regards sur moi. Depuis quelques temps, un véritable lien c’était nouée entre nous trois, on était devenu très proche, unis entre filles. On se retrouvait souvent ensemble, les seules filles de l’équipe. On avait sans doute besoin de parler entre nous, tout comme nos collègues.
Je tapa légèrement sur mon bureau.
- Ma nièce m’a annoncée qu’elle candidatait à l’école de police !
J’inspecta leur regard mais prirent une autre forme que le mien.
- C’est super, s’exclama Burgess.
- Une nouvelle policière dans la famille, vous êtes tous fait pour ça on dirait, continua Hailey en souriant.
Mon dieu, je n’arrivais pas à être aussi enthousiaste qu’elles.
- Ta pas l’air ravi?
- C’est pas ça, c’est… cette nouvelle m’a tellement étonnée. Elle devait être avocate, elle n’en démordait pas. Je ne sais plus quoi penser ni quoi faire. Elle n’a pas idée de ce que c’est, bégayai-je en regardant mes collègues. On sait ce que c’est nous. Kim tu as une nièce. Tu dirais quoi si Zoé, majeure, t’annoncerais qu’elle voudrait être flic ? Dis-moi franchement.
Elle sembla réfléchir un court instant.
- Et bien, si c’est vraiment ce qu’elle veut, je n’ai pas le droit de lui interdire, dit-elle en réfléchissant, mais ça ne m’empêcheras pas d’être inquiète pour elle. Et je la surveillerais constamment par contre.
- Tu es inquiète Lauren et c’est normal. Mais Kim a raison, tu ne peux pas lui interdire. Au contraire il faut que tu sois derrière elle pour pas qu’elle se plante, renchérit Hailey.
- Je sais bien, c’est à elle de décider. Enfin il y a tant d’autres choses quelle peux faire pour servir la ville.
- Mais elle veut être flic.
- Tu seras toujours inquiète pour elle, comme ses parents. Mais tu es la mieux placée pour faire d’elle un excellent flic, continua Hailey.Cette discussion entre filles faisant on chemin dans ma tête.
- Elle ma tellement surprise. Je ne m’y attendais pas du tout.
- Elle ne sera pas lâchée comme ça. Elle va apprendre, s’entrainer et pourra compter sur toi, ton père et le sien, poursuivit Kim. Nous aussi on est là, entre filles faut se serrer les coudes. On connaît Tessa, elle va s’en sortir elle a du caractère.
- Faut que tu lui dises, conclut Hailey.
Elles avaient lancées de bon arguments et m’avait beaucoup aidés, bien plus que je m’y attendais.
- Merci les filles.
J’étais la marraine de Tessa, j’étais toujours proche d’elle, de mes autres nièces et neveux, comme toute ma famille. Mais j’avais une seconde famille qui m’aidait autant.

On avait enfin fini cette enquête qui nous avait accaparés  trois jours. Et pour une fois, tous nos papiers étaient à jour et on put partir plus tôt. C’était le genre de chose qui arrivait peu souvent.
Le soir en  voyant mon coéquipier partir, je pris mon courage a deux mains et alla le rejoindre avant qu’il ne monte dans sa voiture.
- Hey dis-moi, vendredi soir tu fais quelque chose ? demandai-je en prenant un air décontracté a Halstead.
- Non j’ai rien de prévu, dit-il en posant son sac dans son pick up à l’arrière.
Cette question attendait forcément une demande de ma part, et son regard transperçant ne m’aida pas.
- Je voulais t’inviter à sortir pour… 
Je sentais que je commençais à bégayer. Ce « t’inviter à sortir » sonnait mal à mon gout alors je coupa court.
-…enfin te remercier à ma manière de tout ce que tu as fais pour moi ces derniers temps.
Il soutient mon regard d’un air presque amusé.
- Tu es partant ?
- Oui, répondit-il, c’est quoi le programme ?
- Tu verras, je passerai te prendre à 20 heures.
- Ok.
- Cool, dis-je enfin en m’éloignant pour partir à mon tour soulagée.

Tessa ne m’avait pas répondu  à mon message. En une semaine j’avais eu le temps de bien réfléchir. J’étais la seule de la famille à avoir eu du mal avec cette nouvelle. Ma sœur le montrait moins mais je me doutais qu’elle était anxieuse. Mais elle voyait que sa fille était épanouie. Tessa était très bien entourée, je me devais de l’aider, et je pourrais toujours veiller sur elle. Les paroles d’Hailey et de Kim m’avaient aidée à me convaincre.
Mercredi soir, elle fut un peu surprise de me voir frapper à sa porte mais me laissa entrer avec un sourire de gratitude. J’avais les bras chargés de manuels et de notes manuscrites.
- Voilà, avec ça, c’est certain tu auras ton diplôme avec mention. Et avec moi aussi !
Je posa les deux manuels et un dossier à côté de son ordinateur sur la table.
- Et ça, dis-je en sortant deux pots de glaces, ça sera pour nous aider à tenir le coup pendant nos soirées formations.
Elle me regarda surprise, avec un sourire embarrassé aux lèvres.
- Nos soirées hein ? dit-elle un peu amèrement.
- Oui. Ecoute Tessa, expliquai-je en m’avançant près d’elle, je m’excuse pour ce qui s’est passé. Ma réaction a était trop excessive. Je te voyais déjà avocate moi. Et j’avoue la, je ne m’y attendais pas du tout. Tu ma tellement surprise par ta décision… Mais je vais être là pour toi, tu as ma promesse, grâce à moi, papi et ton père, tu seras un excellent flic et bien préparée. On va y veiller crois moi. Tu peux compter sur moi pour tout, et je vais t’aider.
Je la détailla du regard, me remémorant toutes ces qualités.
- Tu seras un bon flic j’en suis sur. C’est de famille. Et je sais à quel point ça te rend heureuse.
- Merci, ça me fais très plaisir que tu dises ça. Je  veux que tu sois là pour m’aider.
- Alors allons-y, on a du pain sur la planche.
Elle avait commencée les cours et depuis son enthousiasme n’a jamais déchantée. Elle parlait avec entrain, toute joyeuse de ces premiers jours dans ce nouvel univers qui allait devenir le sien bientôt.
A 23h je pris congés, le temps de rentrer chez moi me fallait 30 min. La semaine quand je bossais je m’instaurais un couvre feu pour ne pas me coucher trop tard. La je l’avais dépassée.
Sur le trottoir en direction de ma voiture, je ne fis pas attention à une certaine voiture parmi d’autres noyés par la pénombre avec un homme au volant.


Haley07  (24.10.2020 à 09:03)

La semaine passa plutôt calmement. Les travaux de la maison avaient débuté et faits avec sérieux par Matt Casey que j’avais recruté. Ces quelques jours de repos par semaine étaient tous bien remplis depuis qu’il s’occupait de mes travaux. Ça allait bien durer tout l’hiver. Je devais remettre la déco à l’ordre du jour. J’avais pour habitude de toujours planifier ma semaine, je savais toujours ce que je devais faire et quand : mon sport, mes courses… Mais la vie nous rythmait avec ses propres événements, parfois bien ou mal, qu’on ne pouvait jamais planifier. Ce fut le cas ce fameux vendredi soir.


- Alors c’est là ton petit coin ?
Jay constata du regard mon « petit coin » à Chicago. Devant nous se dressait la grande roue du Riverwalk, avec tous ces petits stands et sa grande eau, son pont donnant une jolie vue de la ville.
- Oui c’est ici mon petit coin. J’y viens souvent : c’est calme. Il y a la grande roue, l’eau, le pont, mon stand de gâteaux, mon stand de café, énumérai-je en montrant celui devant lequel on était. Il faisait froid comme souvent ces temps-ci, mais notre café nous aidait à y faire face.
- J’adore venir ici pour me détendre. Souvent quand j'ai besoin de réfléchir, je vais m'asseoir au bord de l'eau, expliquai-je en marchant au milieu de l’allée, admirant en face de nous l’immense grande roue qui se dressait de toutes ces lumières, illuminant à elle seule la ville. A Noël c’était encore plus joli.
- C’est vrai c’est un super endroit. Je pense te l’emprunter quelque fois, déclara-t-il en contemplant tout ça.
Je rigolai. On marchait côte à côte, avant de s’arrêter à un stand pour choisir une crêpe.
- Tu viens quand tu veux, dis-je en dégustant ma crêpe.
On se dirigeait maintenant vers la grande roue, l’attraction phare du lieu, où à ses pieds il n’y avait pas moins de cinq minutes d’attente.
- Tu sais depuis tout le temps où je suis ici, je n’ai jamais pris la grande roue.
- Tu es sérieuse ?
- Si je te jure. Je ne suis jamais montée dedans, lui répondis-je, très décontractée.
- Remarque moi non plus, déclara-t-il en buvant son café.
C’était toujours une autre ambiance, une autre sensation de passer la soirée avec ses partenaires de boulot. Dans ces moments-là, on occultait notre métier, même si souvent ça revenait sur le tapis. On n’avait pas la même attitude, mais d’une certaine façon on était toujours proches, toujours liés entre nous. Et le fait de bien connaître son partenaire y faisait beaucoup. J’avais tellement de chance de bosser avec cette équipe. Elle démontrait bien l’entraide, la confiance, la considération pour chacun d’entre nous qui s’était construite depuis le début. Je crois aussi que le chef n’y était pas pour rien non plus. Quelque part cette équipe me faisait penser à mon ancienne unité.
- Comment elle s’en sort Tessa à l’école ? Ça va faire un mois non ? demanda-t-il.
- Elle est aux anges ! Je te jure, le niveau de difficulté a beau augmenté de plus en plus, elle en est ravie.
- Elle rigolera moins au test de contrôle à la fin de la formation.
- J’en suis pas sûre. Elle a déjà coiffé au poteau la plupart de ses camarades.
- Je me demande qui l’aide le mieux, son formateur ou sa tante ? dit-il en marchant.
- Les deux quand même. C’est complémentaire. Et je me demande comment elle s’y retrouve quand mon père et le sien s’y mettent aussi.
- Motivé, motivé !
- Ca oui, si tu la voyais.
On arriva enfin au pied de la grande roue.
- En tout cas je tiens à te dire merci, dis-je toujours dans la file d’attente à mon partenaire. Merci pour ton aide, ton écoute, ton soutien. Ça n’a pas dû être facile pour toi  non plus d’entendre tout ça pendant ces soirées où on a parlé.
- Non mais, ça m’a aidé aussi en quelque sorte, et tu avais besoin de moi alors j’étais là, comme promis.
- C’est super ce que t’as fait. J’aurais pas cru y arriver.
Je me souvenais encore de ces longues et nombreuses soirées où on a parlé ensemble, lui et moi, tous ces souvenirs propres à chacun mais tellement similaires, si destructeurs. Pour la première fois depuis longtemps, je sentais mes plaies enfin une partie se cicatriser enfin.
- Je crois pas qu’on puisse y arriver seul, pensa-t-il en me regardant.
- Pas dans ce genre là non, conclu-je. C’est impossible.
La pénombre de la nuit obscurcit une partie de son visage mais l’autre partie, éclairée par les douces lumières des lampadaires laissait ressortir la douceur et la compassion de son regard, tellement profond. Je sentais mes yeux accrochés aux siens, dans les profondeurs, comme un fil invisible qui nous reliait. Etrangement, c’était lourd à soutenir, je baissai la tête pour me laisser rafraichir par une brise plus fraiche que les précédentes.
Depuis quelques semaines, j’avais enfin réussi à mettre un mot sur ce qui nous reliait, enfin surtout de mon point de vue à moi. Ces soirées m’avaient aidée à m’en rendre compte. Mais cette conclusion, ce constat me mettait trop mal à l’aise pour pouvoir continuer à y penser. Je devais chasser, selon moi, ces mauvaises pensées et ne pas y prêter attention.
- En tout cas, tu sais que je suis là si tu as besoin…
Je le regardai de nouveau, quelque chose dans mon regard avait changé je le sentais, mais qui ne me rassurait pas. Ce mur de béton autour de moi était devenu impénétrable depuis un moment déjà.
- Merci Jay je le sais. Toi aussi tu sais que je suis là.
- Mesdames et messieurs, je suis désolé mais nous allons devoir fermer les entrées à partir de maintenant.
Le gardien de la grande roue, parlant haut et fort, avait attiré sur lui quelques grognements des gens qui attendaient leur tour depuis un moment déjà.
- Une dépression est annoncée dans peu de temps. Aussi par mesure de sécurité, je vous invite tous à rentrer chez vous.
Un brouhaha de déception émergea de la foule qui se dispersa sans plus attendre non sans déception.
- Oh non…
- Ca sera pour une autre fois, déclara Jay.
- Oui, on n’a pas le choix. Dommage.
Je regardai une dernière fois l’imposante roue de dix mètres de hauteur, sentent venir la dépression qui se profilait au loin. Une de plus dans la cité des vents. On retourna en direction de la voiture, contemplant le port du Riverwalk et ses merveilles.

- Bon ben ce n’est pas comme ça que je m’imaginais passer la soirée, dis-je déçu en me garantdeant chez Jay.
- C’est l’intention qui compte, déclara Jay avec gratitude. Tu montes boire un verre ?
- J’en sais rien… dis-je en jetant un œil au ciel sombre.
- Je sais que tu m’as invité pour me remercier mais je peux quand même te payer un verre.
Je le regardai en souriant.
- En plus il neige à seau, dit-il en désignant l’extérieur. Monte un moment que ça se calme.
- Bon d’accord, le temps que ça se calme, dis-je en sortant.
Un moment après, on était bien au chaud dans son appartement.
- Tu veux boire quoi ? Bière ?
- Euh non merci, dis-je en posant ma veste.
- Un café ?
- Pas à cette heure-ci non !
- Chocolat ? Avec ce froid ça aide, dit-il en tapotant deux tasses.
- Va pour un choc.
Pendant qu’il les préparait, je ne pus m’empêcher de voir sur la table des pancakes.
- Tu fais encore des pancakes ?
- Non c’est mon frère qui les a amenés.
- Ton frère ? Il t’amène à manger ? dis-je sur un ton un peu moqueur.
- Non on s’est mangé une pizza hier soir.
- Ah d’accord.
- Et pour infos je cuisine ! J’ai un délicieux ragout de bœuf dans le frigo.
- J’ai rien dit moi, dis-je en levant les bras. Tant que c’est pas à base de pizza, de bière ou de conserves.
- Sers toi vas-y, dit-il en désignant les pancakes.
- Merci, dis-je en m’installant à table. Moi je revis avec mon jardin à la maison. J’attends le printemps avec impatience.
Il me servit ma tasse avant de prendre la sienne.
- Au fait, je t’ai montré mon coin. Mais tu m’as pas dit, le tien c’est quoi ? demandai-je en décortiquant mon pancake.
il me regarda un instant avant de reprendre.
- Le toit de la Madison Tower.
- Sérieux ?
- Très. Tu as déjà vu le panorama de la ville la nuit ? questionna-t-il en s’installant.
je réfléchis un instant.
- Oui depuis la grande roue.
- Là c’est pas pareil. Tu peux y rester autant que tu veux, tu es seul, sans bruit.
- Donc si un jour tu déprimes, c’est là que je te trouverai ?
- Y a des chances. Comme toi au Riverwalk ?
- Y a des chances. Mais ton coin m’inspire beaucoup, je te l’emprunterais sûrement.
- Il y a de la place pour deux, dit-il en s’installant à table.
Je voyais déjà la scène qui m’arracha un sourire.
- Je crois qu’il y a la rediff d’un match ce soir, dit-il en regardant la télé.
- Tu regardes les rediff ?
- Oui des fois. Pas toi ?
- Oh non.
- T’as pas l’air très football…
- Non et si je loupe un match, ce n’est pas la fin du monde.
- Si !
- Je t’assure que non !
- Tu regardes quoi alors ?
- Documentaires et séries. A chaque fois que je peux les soirs. Même si je les ai déjà vus.
- Même pas les infos ?
- Surtout pas les infos. J’ai arrêtéil y a que des mauvaises nouvelles. Ça me manque pas. Je t’avoue même que je me sens bien mieux.
- Tu m’étonnes.
- Et toi ?
- Football et quelques fois documentaires et infos.
-Tu fais ton genre studieux toi.
C’était agréable de parler des goûts de chacun, ça nous faisait connaître un peu plus.
- Tu sais, finalement c’est bien d’en parler, commençai-je en faisant allusion a notre passé militaire. Même si c’est dur, je me sens mieux déjà.
- Je sais, approuva-t-il. J’ai dû le faire aussi.
- Et ça va aujourd’hui ? demandai-je soucieuse.
Il est vrai que j’avais étalé mes problèmes, mais pas une fois il n’avait parlé des siens.
- J’avance. Comme toi.
- Tu regrettes ou pas ? De t’être engagé ?
Il ne prit pas le temps de réfléchir avant de me répondre.
- Non. Je voulais être soldat. Je voulais servir mon pays sous le drapeau. Tiens regarde.
Il m’emmena près de son étagère où étaient disposées des photos. Sur une rangée, il y en avait deux le représentant sur le terrain. Une de lui seul en uniforme et une autre avec son équipe.
- Belle équipe de Rangers… dis-je en regardant chaque membre de l’équipe. Je reconnus l’arrière-plan sur cette photo, j’y étais passée, brièvement.
- Tu les as laissés ? demandai-je en désignant les photos.
- Oui. C’est une partie de ma vie. Ça fait partie de moi. Je ne veux pas y oublier non plus.
- Tu es toujours en contact avec eux ?
- Quelques uns pas tous. Certains servent encore, dit-il en contemplant une partie de son passé.
- Nous chaque année au moins une fois on se réunit. D’ailleurs avec le boulot, j’ai raté la dernière, dis-je.
- C'est une bonne idée, dit-il pensif. C’est ce que je voulais, être soldat.
Je le regardai dans les yeux, toute proche de lui, côte à côte.
Je lui adressai un sourire de compassion.

J’arrivais à un stade que je ne pouvais plus négliger car je me discréditais moi-même. nos regards s'attirèrent d'eux même, comme des aimants.
Sans trop savoir comment on en est arrivé à ça, nos lèvres se joignirent d’elles-mêmes, de manière calme et douce.
 Des papillons s’envolèrent dans mon ventre dans un élan de joie. Je me surpris à me serrer plus contre lui. Je sentais mon geste spontané, poussé par un moment de pur bonheur, d’un plaisir intense qui m’enivra pendant quelques secondes. Comme une envie de continuer encore et encore, de savourer ces instants. Mais ces quelques secondes passèrent rapidement à des frissons puis tout se noirci d’un coup : la terreur, la paralysie, l’angoisse. comme un retour à la réalité. Ma réalité. Une angoisse grandissante, le sentiment qu’il allait m’arriver un malheur sous peu. Pris d'un malaise profond, je me retirai de ses lèvres douces et pourtant bienveillantes.


Haley07  (22.11.2020 à 13:07)

Je le regardai à présent comme un étranger, sous un autre regard. A un mètre de lui, le cœur battant  à tout rompre. Cela n’avait duré qu’une quinzaine de secondes.

- Excuse moi je t’ai fait peur ? demanda-t-il inquiet en voyant mon visage blêmit.

Je reculai toujours, le fixant du regard, maitrisant mes émotions et réfléchissant à toute vitesse. Je devais trouver une échappatoire et vite.

- Je suis désolée il faut que j’y aille…

Je rassemblai vite fait bien fait mes affaires pour être aussi loin de lui que possible.

- Mais c’est la tempête dehors, tenta-t-il, tout dépourvu par mon attitude.

- Ça fait rien ça ira, dis-je en reculant une nouvelle fois pour saisir mon sac. Et puis j’habite pas très loin.

- Lauren c’était quoi ça ?

- Quoi ?

- Ta réaction. Je t’ai fait peur j’ai bien vu.

Je le stoppai net, pressée de mettre les choses au point.

- Ecoute on ne va pas se compliquer les choses. Il s’est rien passé d’accord ? On oublie ! Et on en parle plus ! Ok ?

Il me regarda sans comprendre.

- Mais…non.

- Si, il le faut ! Ça sera plus simple pour nous, pour bosser. Je ne veux pas démissionner et toi non plus alors restons amis.

- Ça n’a rien à voir. On pourrait…

- Jay je t’en prie. S’il te plait on oublie ça, et on en parle plus s’il te plait ? Insistai-je.

- Pourquoi tu es aussi effrayée ?

Mon sac était prêt, je ne voulais pas entrer dans les détails maintenant et résumai juste un peu.

- Ecoute, ce n’est pas une bonne idée et puis… ça nous attirera que des problèmes. Je tiens beaucoup à notre amitié, je ne veux pas risquer de la mettre en péril, s’il te plait on oublie ce qui vient de se passer et on en parle plus, expliquai-je dans un rythme saccadé.

Il avait essayé de me faire parler, mais il voyait que cela n’aboutirait à rien ce soir. Il laissa tomber.

- D’accord si tu y tiens.

Je m’apprêtais à partir en ouvrant la porte. Il tenta une dernière fois.

- Je voulais pas te faire peur, je pensais que…

Il ne finit pas sa phrase, mais je sentais ce qu’il allait dire. Je le regardai une dernière fois dans les yeux, remplie d’un malaise profond.

- Je sais, moi aussi mais je…

 Je n’arrivais plus à parler, mais je le voyais soucieux et inquiet.

- Attends un peu que ça se calme dehors….

- Ça va aller, il y a personne. Je dois rentrer.

- D’accord sois prudente avec ce temps.

- Bonne nuit.

- Bonne nuit.

Je sortis assez rapidement de chez lui, voulant mettre de la distance entre nous. Je m’arrêtais quelques secondes au bas de l’immeuble pour reprendre mon souffle, frigorifiée par cette nuit, longeant les voitures garées le long de la rue.

 

Avec tout ça, impossible de fermer l’œil, je cogitais sans cesse. Assise sur mon canapé, recroquevillée sur moi avec mon plaid, ces événements passaient et repassaient dans ma tête, encore surprise que ce soit arrivé. Le pire dans tout ça, c’est que j’avais envie que ça se passe, mais mon corps ou ma tête n’était pas d’accord et au fond, j’étais terrorisée par tout ça. Par ces émotions que je n’avais pas ressenties depuis des années. Que j’avais oubliées.

 

Même le lendemain, le jardinage ne me permit pas de me vider la tête. Même avec ce froid, il fallait que je m’occupe l’esprit. Je réfléchissais sans cesse, m’en voulant, me disant que je n’aurais pas dû laisser les choses aller aussi loin, j’aurais dû être plus distante, plus discrète. J’ai sans doute laissé paraître trop de signes malgré moi. La sonnette de la porte d’entrée résonna jusque dans le jardin. Je n’avais pas le moral pour voir du monde. C’était notre jour de congé, pour moi synonyme de tranquillité.

- Salut.

Une expression de surprise se lut sur mon visage, tellement étonnée de le voir de si bon matin. Mais en même temps…

- Salut…

- Il faut qu’on parle, je peux entrer ? demanda Jay sur le pas de la porte, emmitouflé dans sa parka.

Ce sujet était inévitable, et je le lui devais aussi après tout. Je le laissai entrer et prit place autour de la table.

- Un café ? demandai-je un peu tendue.

- Oui s’il te plait.

Je sentais ma respiration se durcir un peu plus.

- Je sais pas toi mais j’ai pas fermé l’œil de la nuit…commença-t-il.

- Moi non plus, dis-je en m’installant face à lui.

 Nos yeux se croisèrent et retracèrent d’eux-mêmes la soirée.

- J’ai pas voulu trop insister hier quand j’ai vu que tu étais…. J’ai du mal à comprendre.

Je baissai la tête mal à l’aise.

- Il faut qu’on en parle non ?

- Ecoute, tout ce que je peux te dire c’est que…ma dernière relation a était assez…chaotique. Je ne suis pas prête pour une nouvelle relation c’est tout et crois moi, j’aimerais vraiment, vraiment qu’il y ait plus aussi, mais c’est impossible pour l’instant.

- Pourquoi, tu me connais non ?

- Oui mais ce n’est pas ça le problème. Ça vient de moi…

- Ecoute, commença Jay, je n’oublierais pas ce qui s’est passé la nuit dernière. Et je vois bien que tu as peur, je te brusquerai pas. Mais on peut essayer de se laisser porter, on verra bien où le vent nous mène…on a le temps.

Je voyais que ça lui en coutait de demander ça, et quelque part ça me faisait culpabiliser. Il le voulait, moi aussi, mais j’en étais pour l’heure incapable. Après toutes ces années je me demandais enfin comment j’allais surmonter ma peur. Si je n’y ai jamais pensé avant c’était parce que cela me paraissait impossible. Et là, la question se pose pour la première fois.

- Ça me va... Mais je t’avoue je ne sais pas comment faire.

- Ça viendra avec le temps.

- J’espère oui.

 

Ce baiser nous avait changés d’une certaine manière. Je le remarquai assez vite au fil des jours. Au début le fait d’être en binôme avec lui me paraissait bizarre, mais comme il l’avait dit, il ne remettait pas ce sujet sur le tapis et n’en reparla pas. On retrouva une harmonie assez rapidement. Malgré tout, je me sentais poussée vers lui mais très vite freinée par cette force que je connaissais trop bien. Lui semblait peut-être un peu plus attentif à mon égard, par la manifestation de petites choses qui n’était pas là avant. Mais notre boulot nous occupant le plus clair de notre temps, nous obligea à se concentrer dessus.

Les traditionnelles fêtes de Noël étaient passées et le temps était fort propice pour cette saison. Un grand froid venu du Nord nous secouait tous, faisant chuter les températures, comme souvent au début de l’année. Les nuits comme les journées étaient devenues fraiches et la neige était au rendez-vous. Les travaux de la maison avançaient à bon train. Elle commençait à prendre forme comme je le voulais.

En sortant de chez moi en trombe avec mon sac du boulot, je fus surprise d’avoir un appel d’Upton, 30 minutes avant qu’on se voie.

- Hailey ! Salut ça va ? demandai-je en fermant à clé ma porte d’entrée.

- Ça pourrait aller mieux, dis tu pourrais passer me prendre ? J’ai un problème avec ma voiture.

- Pas de soucis j’arrive dans 5, 10 minutes. C’est quoi le problème ? Elle démarre pas ?

Avec ce froid ça serait pas étonnant.

- Si si mais quelqu’un s’est amusé à crever mes pneus cette nuit, et à la repeindre aussi en même temps.

- Non tu déconnes ?

- Malheureusement non.

- Ok j’arrive, dis-je en démarrant ma voiture.

Seulement 5 km me séparait de chez elle depuis que j’avais emménagé. Décidément ça n’arrêtait pas en ce moment. L’incivilité avait remonté en flèche dans nos quartiers en ce moment.

Il y a deux jours c’était le pare-brise d’Atwater avec lui à l’intérieur, d’où les nombreuses coupures sur son visage le lendemain. Il avait à peine eu le temps d’apercevoir quelqu’un : un individu seul en tenue sombre. Le froid devait rendre les gens nerveux.

La dépanneuse était déjà là pour remorquer sa voiture au garage. Effectivement les 4 pneus étaient bien crevés, et sur le côté gauche de la voiture on pouvait  lire «55055 », écrit en rouge et bien en gros.

- Salut, dis-je en allant la rejoindre. Tu as vu qui a pu faire ça ?

- Non j’ai rien vu. Ça a sûrement été fait pendant la nuit.

- C’est quoi ce numéro ? questionnai-je en désignant les chiffres.

- C’est mon numéro de matricule.

- Ton numéro… Pourquoi il est là ?

- Bonne question.

Je regardai autour de moi, détaillant la rue, vide de passants.

- Pourtant c’est un quartier calme ici…

- Chicago est rarement calme. Allons-y.




Haley07  (18.02.2021 à 19:34)

La mauvaise circulation de ce matin nous valut deux minutes de retard, et Hank avait déjà commencé son briefing.
- Bon aujourd’hui on va attaquer par une des nombreuses enquêtes non résolues que compte la ville.
Notre patron prépara des feuilles à afficher sur le tableau. Pour le moment on n’avait pas d’affaire donc dans ces cas-là, on se penchait en général sur les enquêtes non résolues.
- Le 12 septembre 2018, a eu lieu le casse de la bijouterie d’Hill Brok. Seulement la marchandise de valeurs a été dérobée par trois hommes masqués toujours introuvables. Je veux que vous m’épluchiez ce qu’on a déjà dans le dossier. Et ensuite retournez sur les lieux, repassez tout au peigne fin. Bref enquêtez quoi. On va essayer de résoudre cette affaire.
Après ce speech, la révélation d’Upton souleva quelques interrogations au sein de l’équipe mais assez vite mis de côté par notre enquête. Une heure passa et on avait juste fini de passer le dossier en revue, et le temps de bien s’imprégner de l’enquête.


En allant me servir mon précieux café dans la matinée, mon portable sonna.
- Qui est-ce ? demanda Jay en voyant ma tête surprise.
- C’est le Capitaine Casey du 51. Allo ?
Je posai ma tasse sur son bureau et écoutai.
- Salut tu vas bien ?... Non ça fait deux jours… quoi, tu en es sûr ? Bon d’accord ne touchez à rien on arrive, dis-je en raccrochant. Patron on a un problème.
- Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il en sortant de son bureau.
- C’était le Capitaine Casey de la caserne 51. L’ambulancière Sylvie Brett ne s’est pas présentée ce matin pour sa garde. Le capitaine et le chef Boden sont chez elle. Elle est injoignable et son appart a été forcé.
- Allons-y, on s’équipe.
Voight ne s’attarda pas. On avait une enquête en cours mais là il ne s’agissait pas de n’importe qui.
Sylvie et moi on ne s’était pas vu depuis deux jours. J’avais pu rétablir un dialogue plus serein avec elle depuis notre petite dispute au Molly’s. Sylvie Brett menait toujours une vie simple et sans problème.

Casey n’avait pas exagéré, l’appart qu’elle partageait avec un collègue était sans dessus dessous. Le chef Boden à côté de lui.
- Casey ? Alors raconte-nous ce qui s’est passé, dis-je un peu affolée.
- On a commencé notre garde ce matin à 8h. Je l’ai appelée de nombreuses fois mais son téléphone a l’air éteint. Alors je suis venu et j’ai découvert l’appartement dans cet état-là, la porte entrouverte. Cruz son colocataire a dit qu’elle était pas encore prête pour partir.
- La porte a été forcée, constata Halstead en examinant la porte.
- Et sa voiture ? demanda Voight.
- Je l’ai vue elle est garée en bas, ses pneus sont tous crevés. Ça commence à m’inquiéter tout ça.
- On va interroger les voisins. Elle a eu des problèmes avec quelqu’un récemment, à la caserne, avec un de ses patients qu’elle a pris en charge ? Questionna Voight.
- Non aucun, enfin pas à ma connaissance.
- Bon on va se renseigner. Vous pouvez nous transmettre tous ces rapports ? demanda Voight au chef Boden.
- Bien sûr, vous les aurez avant ce soir.
- Retrouvez-la vite, supplia Casey.
- On va la retrouver faites-moi confiance.
Les deux pompiers prirent congé, toujours en service. Je voyais un Matt Casey tout tourmenté. Pendant notre dernière conversation avec Sylvie, elle m’avait parlé de son étrange ressenti face à lui. Pour ne pas la laisser dans l’ignorance, je lui révélai également l’échange entre Jay et moi. C’en était suivi alors une longue conversation jusqu’au bout de la nuit.
- Burgess appelle le labo pour les relevés d’empreintes, ordonna Voight.
- Ça ressemble à un cambriolage qui aurait mal tourné, constata Upton en revenant.
- Le ravisseur l’aurait enlevée ? questionna Halstead.
- C’est à nous de le découvrir. On se disperse, questionnez le voisinage.
- Patron on a déjà une affaire de cambriolage sur les bras. Ne vaudrait pas mieux…tenta Upton.
- Je vais passer cette affaire à la criminelle. On va mener celle-ci en priorité. Il s’agit de la famille. D’un pompier. C’est à nous d’enquêter.
 Tout ça ne tenait pas debout. Ma meilleure amie avait disparu dans d’étranges circonstances.
- Qui a bien pu faire ça ?
- On va trouver, on commence à peine. Ne t’inquiète pas, murmura Voight.
- Patron on a trouvé ça derrière dans la ruelle, annonça Ruzek en lui tendant un vieux mouchoir. Ça sent encore le chloroforme.
- Et juste à côté il y avait ça, enchaina Atwater… tu le reconnais ?
Je reconnus immédiatement, malgré son état actuel, le portable de Brett.
- Oui c’est le sien, je le reconnais.
- Envoie-le aux techniciens, vois ce qu’ils peuvent en tirer.
- Ok.
- Et pas de caméra dans cette ruelle ?
- Non aucune.
- Bon on continue, sonnez aux portes, vérifiez les rues, cherchez des indices…
On mena nos premières investigations sous un temps médiocre et froid.

Tout le monde se donnait à fond sur l’enquête. Les affaires de disparition étaient toujours floues, il fallait creuser pour comprendre le pourquoi du comment : était-ce un kidnapping ? Une chose demeurait sûre : le temps. Dans ce genre d’affaire, il ne fallait pas perdre de temps. Mais à partir de plusieurs heures sans nouvelles, des moyens de recherches supplémentaires seront accessibles. Les directives du chef furent appliquées dans la seconde à savoir éplucher la vie de Sylvie ces derniers temps. Entre temps, ma sœur Emmy m’appela deux fois mais je l’ignorai, trop concentrée sur Brett. Elle laissera un message si c’est important. Seule ma meilleure amie occupait mes pensées.


Haley07  (18.06.2021 à 18:04)

Depuis une semaine, des questions commençaient à se poser au sein de l’unité. Des choses inhabituelles nous tombaient dessus. A commencer par l’agression, si on pouvait appeler ça comme ça, d’Atwater, la voiture d’Upton, la disparition de Brett.

Plongée dans la lecture de ces rapports d’intervention, mon téléphone sonna une nouvelle fois. Voir le numéro de Ben m’étonna un peu. Je décrochai et au fil de la conversation, je ressentais le besoin d’aller m’isoler dans une pièce pour pouvoir mieux communiquer avec lui. Un quart d’heure après, j’en faisais part à l’équipe. C’était vraiment une semaine bizarre. Le genre où on resterait bien couché. Au chaud en plus.

- Patron il s’est passé quelque chose.

- Quoi donc ?

- Et bien ça n’a peut-être rien à voir avec Brett ce qui est sûrement le cas d’ailleurs mais… tu te souviens de Ben et Faith ? demandai-je à Halstead.

- Bien sûr, les parents adoptifs de Samantha.

- C’est ça. A la sortie de l’école aujourd’hui, un homme est venu récupérer Samantha se faisant passer pour un cousin à moi, un flic. Ils ont fait une balade puis il l’a ramenée une heure après.

- Elle peut le décrire ? demanda Burgess.

- Non, elle était plus fascinée par le fait qu’il soit, soi-disant flic.

- Il ne lui a rien fait ? demanda Halstead.

- Non elle n’a rien mais… je n’ai pas de cousin flic ! dis-je en me tournant vers mon patron.

- Bon on va les placer sous surveillance au cas où. C’est tout ce qu’on peut faire pour l’instant, décida Voight. Lauren essaye d’en savoir un peu plus quand même.

- Ok.

Pauvre Samantha. Elle est déjà passée par des moments très durs, et maintenant ça. Heureusement qu’elle n’avait rien. Aujourd’hui c’était une petite fille joyeuse qui grandissait et s’épanouissait dans sa nouvelle famille. Elle était folle de joie de nous voir pour Noël, Jay et moi, comme on l’avait promis. Nos liens étaient toujours aussi forts. Elle avait fait beaucoup de chemin et rendu espoir et complicité à ses parents.

 

On suivait plusieurs pistes sur Brett qui ne menèrent à rien. De plus son téléphone était inexploitable mais je connaissais un peu ses habitudes hebdomadaires qu’on retraça en voiture.

- Hé c’est Noah, dis-je à mon partenaire en lui montrant l’écran de mon téléphone. Il me demande de le retrouver.

- On y va ?

- On devrait oui. Un informateur qui nous contacte il ne faut pas y louper.

Jay bifurqua sur une autre rue, en direction du repaire de Noah.

Une fois sur place, on ne pouvait y louper. Dans une alcôve située entre deux maisons, se trouvait un genre de squat à l’air libre, aménagé par un abri de vieilles caravanes dans son fond. On se gara en retrait et prit le passage à l’abri des regards, aux milieux des tôles et palettes, nous dissimulant. C’était par là notre entrée officielle. Après avoir frappé quatre fois selon une note différente sur une planche qui faisait office de porte, un type balaise nous laissa entrer avant de nous dévisager.

- Lauren, Jay vous êtes là ! s’exclama Noah, toujours un peu sur les nerfs.

 Je me souvenais de notre rencontre : il m’avait insultée. Parti pour le coffrer, mon partenaire m’en dissuada pour autre chose. Au fond c’était un bon gars. A la fois prudent, vigilant et sur le qui-vive. Mais si on ne le connaissait pas, il prenait une tout autre facette. Celui de quelqu’un qui contrôle son quartier.

- Bien sûr on n’allait pas rater ça. Qu’est-ce qui t’arrive ? voulais-je savoir. Il avait forcément quelque chose à nous dire.

- Et bien, je devais vous prévenir…

Il s’avança vers nous, cherchant ses mots.

- Hier un type est venu me voir. Il voulait que je lui rende un service.

- Lequel ?

- Il m’a demandé de lui prêter deux de mes gars pour s’en prendre à des gens. Des flics.

Je regardai mon partenaire, troublée par cette étrange révélation.

- Sur le coup, j’ai rien dit, mais quand il m’a montré les photos en insistant, je lui ai dit que je ne faisais pas dans ce milieu et qu’il devait se barrer.

- Et alors ?

- Il insistait, il avait de quoi payer. Il m’a même montré le fric. Mes gars l’ont foutu dehors.

- Les photos ! dis-je impatiente.

- Oui. Euh… c’était vous !

- Vous tu veux dire nous ? s’exclama Halstead.

- Oui vous. Vous tous. Votre équipe. Et deux femmes aussi.

- Deux femmes ? Attends, est-ce que c’était l’une d’elle ? dis-je en montrant une photo de Brett sur mon téléphone.

- Oui c’était elle.

- Et l’autre c’était qui ? enchaina immédiatement Halstead.

- Je ne sais pas.

- Décris-la ?

- Ohlala, dit-il en se grattant la tête. C’était une jeune femme, à peine la trentaine je dirais, brune, plutôt mignonne.

- Ce n’est pas suffisant pour l’identifier, marmonna Halstead déçu en me regardant.

- Ah oui je me souviens, s’exclama Noah dans une illumination, elle portait un pull de jeune recrue de la police.

J’eus un bref sursaut, comme une intuition, mais j’espérais me tromper. Je fouillai à nouveau dans ma galerie photos.

- C’était elle ?

- Oui.

Des frissons me parcoururent de partout.

- C’est qui ?

- Ma nièce. Tessa, répondis-je en lui montrant la photo.

Il me renvoya le même regard que j’avais.

Je reculai pour l’appeler mais ça ne répondait pas. Ni ma sœur, j’essayais plusieurs fois.

- A quoi il ressemblait ce gars ? demanda Halstead en sortant son calepin.

- Je l’ai jamais vu, ça doit être un nouveau. Un type blanc, il avait une casquette et des lunettes de soleil. Avec une barbe.

- Quoi d’autre ? Ses habits, un signe particulier ? Un logo sur sa casquette ? questionna Halstead.

- Non rien, il semblait avoir de l’allure, plutôt bien habillé.

- Tu as vu sa voiture ?

- C’était une break grise.

- Tu as…

- Non j’ai pas vu sa plaque.

- Merci Noah…

Je fis la moue, irritée.

- J’arrive pas à la joindre. Bon sang, c’est quoi cette histoire de fou ?

- On va trouver. Rentrons au district, il faut prévenir les autres, déclara en hâte Halstead.

 

J’essayais encore dans la voiture, mais toujours rien. L’inquiétude montait de plus en plus.

- Appelle un de ses formateurs, suggéra mon coéquipier. A cette heure-ci elle doit être à l’école.

- Ah oui bonne idée.

C’était une évidence mais je n’y avais même pas pensé.

On était déjà arrivé au district quand enfin, le formateur Harris décrocha. Je mis le haut-parleur.

- Bonjour, je suis le Lt James, unité des renseignements, district 21, je souhaiterais parler à l’élève Tessa Banning, c’est urgent.

- Tessa Banning ?

- Oui.

- L’élève Banning ne s’est pas présentée au cours depuis hier matin. Nous n’avons aucune nouvelle.

- Ohh, d’accord merci, dis-je d’une sombre voix en raccrochant.

Jay entra son code d’accès pour entrer à l’étage.

- Et ta sœur ?

- Toujours rien.  Oh non, quand je pense qu’elle m’a appelée plusieurs fois, dis-je en me tapotant sur la tête.

- Chef on a du nouveau, annonça Jay.

- De bonnes nouvelles au moins ?

- Non je le crains.

J’étais un peu alarmée par tout ça, avec toutes ces zones d’ombres qui allaient avec.

- On a la confirmation par un indic que quelqu’un s’en prend bien à nous. A priori un nouveau. Donc Atwater et Upton était bien visés.

- Cette indic a pu le décrire ?

- Pas vraiment. Rien qui puisse nous aider pour un portrait-robot. Il a vu la voiture mais pas la plaque. Mais il y a autre chose.

- Quoi ? s’impatienta notre chef.

- Ce mystérieux gars avait des photos de nous tous. Mais aussi celle de Brett et… de Tessa Banning.

- Ma nièce, expliquai-je. Elle ne s’est pas présentée depuis hier à l’école de police. Et je n’arrive pas à joindre ma sœur.

- Vous pensez que ça a un rapport avec l’enlèvement de Brett ? questionna Ruzek.

- Possible, mais ne négligeons aucune piste, conclut Voight. Ce qui est sûr c’est qu’on est tous pris pour cible par quelqu’un. Il s’en prend à nous, il a l’air de connaître nos habitudes. On va commencer par vérifier tous les criminels que vous avez arrêtés qui seraient sortis et qui auraient un mobile pour s’en prendre à nous.

- Patron il y en a des tas. Ça va nous prendre des semaines, marmonna Atwater.

- On n’a pas des semaines Kevin ! dit-il en haussant la voix. S’il faut on dormira là. On doit trouver ce type au plus vite avant qu’il recommence. Vérifiez dans les bases de données et recensez-moi tous les criminels connus pour enlèvement de femmes qui auraient été libérés récemment. Continuez avec vos indics. Cherchez du côté des gangs. Fouillez dans leur vie si elles n’ont pas eu de problèmes ou fréquenté les mêmes lieux. Quelqu’un les a peut-être repérés. On s’active. Et restez sur vos gardes. Constamment.

 

La nuit commençait à tomber. Tout en épluchant les dossiers, ma sœur et mon beau-frère arrivèrent à l’étage, morts d’inquiétude.

- Lauren…

- Oh Emmy, dis-je en la prenant dans mes bras. Ça va aller on va la retrouver, je te le promets.

- Mais enfin qui a bien pu faire ça ? Qui peut bien lui vouloir du mal…

- Ecoutez on a des pistes, l’enquête avance, je vous tiendrai au courant. Rentrez chez vous vous reposer…

Ses yeux étaient rougis par les pleurs.

- Je veux vous donner un coup de main, annonça mon beau-frère après que ma sœur se fut mise en retrait, épuisée.

 Vu le métier qu’il exerçait, je pouvais comprendre qu’il ne puisse pas rester là sans rien faire. D’autant plus qu’il s’agissait de sa fille.

- Ca va on gère. On a des pistes solides. Je t’informerai.

- Tu sais que je peux avoir plus de moyens que vous et plus rapidement…

- Jake, reste avec Emmy, elle a trop besoin de toi. On va bientôt la retrouver fais-moi confiance. Rentrez, je vous téléphonerai.

Je les raccompagnai en bas, osant à peine imaginer ce qu’ils pouvaient ressentir. Une famille sans problème dont l’un des enfants venait de disparaître.

 

On travailla tard jusque dans la nuit pour recenser toutes les personnes. Les dossiers s’empilaient à la vitesse de l’éclair, on n’en voyait pas la fin. On tombait tous de sommeil, il était minuit passé. Seulement la nuit s’annonçait mouvementée. Le mauvais temps avait décidé de s’installer ici rendant un Chicago lugubre et froid.

 

Une heure après m’être couchée, mon téléphone sonna une nouvelle fois. Je poussai un grognement, mon corps était épuisé mais étant flic, il fallait toujours répondre à un appel la nuit car en général, ce n’était jamais bon.

- Allo ? dis-je en répondant à l’appel d’Halstead.

Beaucoup de parasites s’entendaient à l’autre bout du fil.

- Jay ? Allo ? Tu m’entends ?

Le réseau était bon pourtant, malgré le mauvais temps dehors.

- Lauren…

Sa voix était coupée, comme hachée. Je ne parvenais pas à entendre sa phrase en entière mais je saisis l’essentiel.

- J’arrive, dis-je en sortant hors de mon lit.

Après avoir roulé aussi vite que j’ai pu à travers le vent et la neige, je me garai en hâte sur le trottoir et débouchai après une petite course dans son couloir où je m’immobilisai quelques secondes, abaissant mon arme.

- Jay !

Mon équipier se trouvait là, adossé contre le mur en travers du couloir, deux voisins auprès de lui.

- Jay qu’est-ce qui s’est passé ? demandai-je en m’agenouillant près de lui, examinant son état. Mon cœur battait la chamade, je voyais qu’il reprenait ses esprits peu à peu. Son visage laissait apparaître plusieurs égratignures dues à des coups.

- Un type est venu et arghhh….

Il arracha une grimace de douleur en essayant de bouger.

- Bouge pas j’appelle une ambulance.

- On l’a déjà fait madame.

Je regardai à présent les deux voisins, qui offrirent leur aide courageusement.

- Merci, dis-je reconnaissante. Vous avez pu voir l’agresseur ?

- Non on a juste entendu un coup de feu et on l’a vu s’enfuir.

- J’ai pu le blesser, au mollet je crois…enchaina Jay.

- D’accord je vais aller voir ça. Ça va aller ? Demandai-je en le regardant dans les yeux.

- Oui ça va. Vas-y, dit-il en soufflant.

- Restez avec lui, je reviens.

Je saisis de nouveau mon arme et remarqua rapidement des taches de sang dans le couloir puis menant à l’extérieur. Je me retrouvai dans une ruelle sombre délimitant l’autre bâtiment. Le suspect perdait du sang, il n’a pas dû aller bien loin. Les poubelles encombraient mon champ de visibilité, je devais être vigilante, je n’avais même pas de gilet par balle. J’avançais silencieusement jusqu’à voir une légère ombre bouger un peu plus haut. Je m’approchai de lui doucement, sans bruit.

- C’est la police. Mets-toi à plat ventre et fais voir tes mains, doucement.

Il y eut un sursaut, puis suivit d’un mouvement brusque. J’étais prête pour tirer.

- Fais voir tes mains et sort doucement aller !

J’étais à quelques mètres de lui mais dans un dernier effort, il tenta de s’enfuir en me tirant dessus, malgré sa jambe blessée. Je me baissai pour éviter les balles ! Je tentai de le rattraper mais en vain, une voiture l’attendait à l’autre bout de la ruelle.

- Et m****, fais c**** !

Encore une fois il s’était échappé.

La lumière violente des gyrophares de l’ambulance me ramena auprès d’Halstead. Je ne voulais pas le laisser seul.

- Je reste avec toi. On t’emmène au Med.

Sans trop m’en rendre compte, je lui pris la main et ne la lâchai pas, sentant son contact ferme dans la paume de ma main. Je n’aimais pas le voir comme ça. Il ne semblait pas gravement atteint, il était conscient. On fila à pleine vitesse à travers les rues de la ville toutes endormies sous une pluie de neiges.

 

- Allo ?

La voix extrêmement sombre de Voight m’intimida, comme si je tombais mal. Il était presque deux heures du matin.

- Hank on a un problème. Tu peux me rejoindre aux urgences du Med.

- Pourquoi ?

- C’est Halstead, il a été agressé chez lui…

J’essayais de maitriser ce léger tremblement dans ma voix.

- J’arrive tout de suite.

Je raccrochai tout en surveillant du coin de l’œil à travers la vitre, Jay se faisant soigner par son frère. Torse nu, il n’avait que de légères blessures superficielles, des bleus. Moi aussi je reprenais mes esprits, reprenant contenance. Ma réaction, mon inquiétude, ce que j’ai ressenti quand je l’ai vu comme ça, ne faisait que confirmer ce que mon esprit pensait depuis quelques temps. Le voir blessé me tourmentait encore plus. On se laissait porter par le vent comme il avait dit, mais je sentais qu’on le dominait.

- Lauren, alors qu’est-ce qui s’est passé ?

Des bruits de pas me sortirent de ma rêverie et de mon binôme. Hank paraissait étrange et soucieux. L’équipe arrivait derrière lui.

- Comment il va ?

- Ca va, ce sont que des blessures légères, des bleus. Il doit bientôt sortir.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda Voight avec irritation.

- D’après ce qu’il m’a dit, quelqu’un s’est présenté chez lui peu de temps après qu’il a été entré, et en ouvrant, il s’en ai pris à lui.

- Il a pu voir qui c’était ? demanda Atwater.

- Non il a… l’agresseur l’a juste frappé plusieurs fois et est parti aussitôt. Il a pu le blesser au mollet, en tentant de le rattraper dans la rue, j’ai vu qu’une voiture l’attendait.

- Tu as pu le voir ?

- Non il faisait trop sombre, il était pas bien grand. J’ai appelé une équipe de techniciens pour qu’ils analysent le sang trouvé. Au fait tu as pu trouver quelque chose ? dis-je en parlant à Upton.

- Oui, il y avait une caméra de l’autre côté de la rue. J’ai le conducteur, il s’agit de Karim Torrell, membre des Mickeys Cobra, annonça Upton en montrant sa photo. Pas d’adresse connue. Autrement dit il peut être n’importe où. J’ai mis une alerte au cas où une caméra le repère.

- Les Mickeys Cobra ne sont pourtant pas très actifs en ce moment, constata Burgess.

- Ca ne veut rien dire, déclara Atwater.

- Une cible de plus atteinte, déclara Ruzek.

Voight tiqua à sa remarque en nous détaillant tous au passage.

- Avant de venir, j’ai surpris un rôdeur autour de la maison, il a fait péter les fenêtres du rez-de-chaussée. Je l’ai traqué pendant un moment mais il s’est enfui.

- Donc ils sont aux moins deux, conclut Atwater. Voire trois. Le type dans la ruelle, le chauffeur, et ce rodeur chez le patron.

- Oui et ils continuent encore, marmonna Burgess.

- Et ce n’est pas près de s’arrêter tant qu’on n’aura pas chopé ce Torrell et ses complices, grogna Voight. Docteur, dit-il en faisant face aux frères Halstead. Jay comment tu vas ?

- Ca va j’ai quelques bleus c’est tout, dit-il en remettant sa veste.

- Oui il aura un peu mal mais ça ira, déclara son frère. Il est solide.

- Il peut travailler ? demanda Voight.

- Oui je ne vois pas de contre-indication. Pas de fractures, ni de fêlures, ni de commotion. Il reste que les papiers à remplir et il peut sortir.

- Bon rentre chez toi te reposer, les…

- S’il vous plait chef, on a trop de travail, supplia Halstead à son chef songeur. Je vais bien, ne me mettez pas sur la touche.

- D’accord petit. On se voit demain. Rentrez tous chez vous vous reposer. Et restez vigilants.


Haley07  (26.08.2021 à 12:25)
Message édité : 26.06.2022 à 19:03

Après une courte nuit, on était tous présents au district le matin. Upton avait affiché la photo de Karim Torrell, toujours introuvable. Il restait encore trois cases de vide, les deux autres complices et le commanditaire, l’investigateur de tout ça. Tout portait à croire que c’était le mystérieux gars que Noah avait vu. Beaucoup de suspects arrêtés dans nos dossiers auraient pour la plupart des motifs valables pour s’en prendre à nous. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. C’était un des gros inconvénients dans ce boulot. On était souvent la cible de quelqu’un. Mais on avait avancé un peu, l’enquête commençait à prendre forme et des infos arrivaient.

- Hé les gars j’ai quelque chose, annonça Ruzek qui revenait de son petit tour matinal.

- On est tout ouïe, répondit Atwater.

- Mon indic de Fuller Park m’a tuyauté sur ce gars. Je vous présente Joris Gordon, 32 ans. Il a fait deux ans de taule pour corruption et intimidation.

 Il afficha sa photo à côté de Torrell. Il paraissait jeune, le visage assez rond et boursouflé, avec des cheveux courts et des yeux clairs, pas très grands.

- Comment tu es sûr que c’est notre homme ?

- Cette nuit il s’est vanté dans son quartier d’avoir tabassé un flic…

C’était bien lui. Enfin, un nouveau visage de découvert.

- Gordon ne fait pas ça tout seul, poursuivit Ruzek, il a un maitre, son cousin Travis Rakes qu’il embarque dans chaque sortie, pour le former soi-disant. Il a un casier long comme le bras. Considéré comme dangereux. Je vous parie que c’est notre troisième homme, dit-il en tapotant sur la photo qu’il venait d’afficher.

- Tu as une adresse ?

- Son dernier domicile connu est un vieux pavillon sur Fuller Park mais le bâtiment est en démolition. D’après mon indic, il traine souvent à Englewood.

Englewood, tout comme Fuller Park et quelques autres quartiers voisins, était classé parmi les plus dangereux de la ville.

- Équipez-vous on va les chercher. Soyez tous vigilants et sur le qui-vive. Surveillez vos équipiers ! ordonna Voight. Halstead tu es en forme ?

- Au taquet patron !

 

Si on ne le savait pas, on pourrait trouver ces quartiers calmes et sympathiques aux premiers abords. Mais au fond, dans l’ombre c’était tout autre chose. Cela faisait plus de quinze minutes qu’on tournait en voitures, faisant des va et viens.

- Tu ne crois pas que c’est une perte de temps ? dis-je en m’impatientant à mon partenaire.

- Ils vont bien commettre une erreur tôt ou tard, répondit celui-ci en jetant des regards de partout.

- Justement je le sens pas. Ils ont toujours des coups d’avance sur nous. Ils sont assez malins pour...

- Chef on a quelque chose…coupa la voix de Burgess.

- Ah j’ai parlé trop vite, dis-je.

- Je t’écoute, annonça Voight dans la radio.

- On a repéré Rakes. Il vient de sortir du Hoopies Pubs à l’angle de la 53ème rue. On le suit.

- Très bien ne le lâchez pas. Attention Gordon et Torrell ne sont peut-être pas loin. Ouvrez l’œil.

Burgess venait de récupérer Ruzek qui sortait lui aussi du bar.

- Burgess on est une voiture derrière toi, déclara Halstead.

- Bien reçu.

 J’avais eu le temps de consulter le pedigree de Rakes sur la tablette.

- Et ben il a un sacré palmarès comme son cousin. Pas étonnant que notre mystérieux gars l’ait recruté.

- Oui Torrell doit servir de chauffeur.

On arrivait à l’angle de la 55ème.

- Halstead vous prendrez à gauche, Upton celle de droite, faites le tour du pâté de maison.

- Ok patron.

Mais tout ne se passa pas comme prévu. Surgi de nulle part par la ruelle, une voiture lancée à très vive allure évita soigneusement les autres sauf celle de Burgess qu’il heurta de plein fouet.

- Attention, criai-je en voyant sa voiture voler, éjectée, touchée côté conducteur, tournée sur elle-même avant de heurter deux autres voitures. Je pus reconnaître le conducteur en faute.

- C’est Torrell ! C’est lui.

La voiture fut effleurée à l’avant mais ne s’arrêta pas. Au contraire il reprit rapidement de l’élan et continua son chemin toujours à vive allure. C’était bien un acte intentionnel. Deux cibles de plus atteintes.

- Oui je le reconnais. Patron on a été repérés.

- Je sais je vois ça. Upton, Atwater, occupez-vous d’eux. Halstead, James on l’intercepte ! cria-t-il dans la radio.

- Compris on y va, annonça Halstead. Pied au plancher il fit grincer ses pneus en tournant sur la rue qu’avait empruntée le fuyard. J’actionnai la sirène et tentai de repérer la voiture folle. Parmi l’agitation qui régnait dans la rue, Rakes avait eu le temps de s’échapper.

- Il est là-bas, il prend à droite. Fonce !

La voiture avait pas mal d’avance sur nous, mais poursuivie par deux voitures, on avait toutes nos chances de le rattraper.

- Halstead, prends la 6ème sur Parnelle Avenue, tu devrais lui couper la route.

- Compris.

- 50-21 Charlie à toutes les patrouilles présentes dans le secteur. Nous sommes à la poursuite d’une berline bleu foncé immatriculée E74 4533. Il remonte la rue Stewart sur la 73ème. Demande de renforts immédiats, demandai-je dans ma radio.

Très vite après, un autre message d’alerte se fit entendre, celui d’Upton qui demandait deux ambulances.

Je regardai Jay avec inquiétude, dans cette agitation on avait peu de temps pour penser à Burgess et Ruzek pris au piège dans cette voiture, en espérant qu’ils n’aient rien de grave.

- Upton, donne-moi des nouvelles ?

- Ils sont blessés et secoués mais ils sont en vie. On attend l’ambulance.

La voiture folle conduisait habilement à travers les rues. Le chef avait réussi à lui couper la route, mais ne s’arrêta pas pour autant. A présent on le suivait de près. Plusieurs voitures de patrouille avaient mis en place un barrage avec leurs voitures. Malgré les tirs, la voiture fonça de plus belle à travers les voitures, très vite endommagées. Mais quelque chose de bizarre se produisit, le chauffeur avait peut-être reçu une balle, il commençait à zigzaguer et dans une ultime tentative pour reprendre le contrôle de son véhicule il emboutit un grillage donnant sur un chemin en terre.

Notre 4*4 se secouait dans tous les sens et répondait parfaitement à la conduite sportive d’un Halstead très déterminé. Ses blessures de la veille n’avaient pas l’air de trop le déranger. Comme l’a dit son frère, il est solide.

- Halstead, prend à droite. On va le cerner, clama Voight.

- Compris.

Arrivés devant lui, coupant ainsi le chemin, la voiture tenta de fuir après une brève hésitation par une portion de terre recouverte par la neige. Garée en travers je visai ses pneus avec mon arme et tirai. La voiture glissa et se renversa sur le côté.

- C’est bon on le chope ! s’exclama Halstead.

Voight arriva et à nous trois, on l’encercla.

Il n’avait aucune chance. C’était sans compter sur son arme qu’il déchargea sur nous.

On eut juste le temps de trouver un abri de fortune. Mais profitant de ses propres tirs pour se couvrir, il s’échappa, poussé par une force infatigable. On le prit immédiatement en chasse. N’ayant pas l’habitude de courir dans la neige contrairement à nous, il fut vite intercepté.

- Vous allez bien ? nous demanda Voight qui arrivait à son tour.

- Oui nous ça va, répondis-je avec une respiration haletante, surveillant mon partenaire qui maintenait fermement Torrell.

On avait réussi à appréhender un des suspects. Une voiture de patrouille arriva sur place.

- Mettez-le dans une cellule isolée, ordonna Voight aux deux officiers présents.

- Patron on peut aller au Med ? demandai-je.

- J’allais justement le suggérer. En route.

 

Décidément, on était abonné au Med en ce moment. Deux visites en à peine deux jours, même les médecins en furent un peu étonnés. Une heure plus tard, dans la salle d’attente des urgences, on put enfin voir Burgess et Ruzek, assis chacun dans un lit de la même pièce.

- Comment ça va ? demanda notre chef.

- Ca va patron, déclara d’une faible voix Burgess.

- On est un peu secoué mais ça va, rien de grave, confirma Ruzek.

Le Dr Choi qui s’occupait d’eux entra.

- Oui ils vont bien. Le choc de l’accident leur a laissé des hématomes et quelques contusions.

- Quand est-ce qu’on pourra sortir ? demanda Ruzek.

- Je vais vous garder quelques heures pour vérifier que tout est en ordre. Vous devriez pouvoir sortir avant ce soir.

- Mais ça va. On va bien, répliqua Ruzek en regardant sa partenaire.

Burgess ne disait rien. C’est elle qui avait reçu de plein fouet le choc.

- C’est juste par précaution. Seulement quelques heures.

Il semblait abattu. Kim, elle, semblait ailleurs, plongée dans un silence.

- Vous l’avez eu le gars ? demanda-t-il enfin, curieux de savoir.

- Oui on a eu Torrell, d’ailleurs on va aller l’interroger. J’ai beaucoup de choses à lui dire, répondit Voight.

Une fois dans le couloir, Voight interpella une nouvelle fois le Dr Choi.

- Alors ils n’ont rien ?

Le médecin s’assura que les deux patients n’écoutaient pas avant de s’expliquer :

- Burgess a une commotion cérébrale due au choc. D’autres symptômes peuvent se déclarer plus tard après le choc alors on surveille tout ça.

- Prenez soin d’eux docteur.

- Comptez sur moi.

 

- Qu’est-ce que tu fais ?

Une fois de retour au district, je surpris Halstead prenant un comprimé dans la salle de repos. Il me regarda, pris sur le fait.

- Tu as mal hein avoue ? Tu devrais te reposer un peu, rentre chez toi, murmurai-je en m’inquiétant tout en me rapprochant de lui.

- Pas question ! C’est pas le moment, dit-il en se retournant vers moi. Ça me lance juste un peu c’est tout. C’est rien, t’en fais pas.

 On se regarda face à face, nos yeux lisant nos émotions qui disaient tout à notre place. Je savais qu’il ne changerait pas d’avis, il fonctionnait comme ça.

- Fais gaffe s’il te plait !

- T’inquiète ça ira, allons-y, dit-il en se dirigeant vers les escaliers.


Haley07  (07.11.2021 à 09:46)
Message édité : 26.06.2022 à 19:00

Au sous-sol, on avait installé notre suspect non pas en salle d’interrogatoire mais dans la cage. Ce lieu si spécial pour Voight. Depuis le diagnostic du docteur Choi, Voight était très remonté. Les incidents à notre encontre se faisaient de plus en plus sévères et dangereux. Nous on était en retrait, Halstead, Upton, Atwater et moi. On était concerné, on voulait savoir, autant que Voight. Mais notre chef préféra mener cet interrogatoire. Depuis les nouvelles réformes, on avait dû se calmer sur les « anciennes méthodes » à mon regret je l’avoue tout comme mon chef qui devait fournir beaucoup d’efforts pour se maintenir. La police était tellement surveillée qu’il ne fallait pas attirer l’attention, sinon on aurait les mains encore plus liées. Mais là, il nous fallait des réponses.

- Alors comme ça tu t’en prends à des flics ? demanda Voight, le dossier dans ses mains, se tenant devant le suspect, Karim Torrell, le visage fermé et dur, se préparant à résister.

Notre patron avait pris son regard froid et vengeur. Il détestait qu’on s’en prenne à lui ou sa famille : nous, comme il l’avait si souvent répété au fil du temps. Cet homme était capable de tout pour nous protéger, nous, ses hommes. Il n’aspirait qu’à une chose : rendre Chicago meilleur. Peu importe les moyens. Il savait s’y prendre et se faire respecter dans la rue. Aucun doute qu’il arriverait à tirer les vers du nez à ce suspect, insouciant face à un type capable de tout.

- Ça paye bien paraît, déclara simplement le suspect, assis sur une chaise, les mains attachées dans le dos.

J’admirais mon patron pour sa maitrise de soi, enfin de temps en temps, durant les interrogatoires face à toutes ces injures, ces provocations, ces moqueries… Moi je ne supportais pas ça, souvent je pétais un câble face à ces provocations qui me mettaient toujours hors de moi. C’est souvent que je m’énervais en salle d’interrogatoire. Aujourd’hui, ils se croient tout permis, au-dessus de tout, n’ont plus peur de la police, sont arrogants, hautains, se prennent pour des caïds…

- Je vois que tu t’adonnes en général au cambriolage de superette et vol de biens. Tu ne joues pas vraiment dans la cour des grands on dirait.

Le suspect gesticula, n’écoutant qu’à demi-mot.

- Je vais te dire, moi je joue dans la cour des grands et je sais qu’un vol de superette c’est rien comparé à s’en prendre à des flics. C’est un sacré changement. Tu joues avec le feu, et là, tu viens de te brûler.

- Ça paye bien, répéta Torrell, l’air de rien, comme si tout était normal.

- Bien sûr que tu as fait ça pour l’argent. Tout comme Rakes et Gordon. Ce que je veux savoir, c’est pourquoi ? Et qui ta demandé de faire ça.

- Réveillez-vous papi ! Toutes les rues veulent votre peau à tous !

Une gifle s’abattit sur son visage.

- Seulement tu t’en es pris aux mauvais flics. Nous tu vois on connaît qu’une façon de réagir quand on nous agresse, je vais te montrer.

Le suspect perdit un peu de son assurance face à son interlocuteur qui lui tournait autour comme un oiseau sur sa proie.

- Tu es nouveau dans le milieu, tu es jeune, pas assez expérimenté. Tu as peut-être entendu parler de moi dans la rue. Moi, tout le monde me connaît, ils savent que je ne joue jamais. Alors dans ton intérêt, pour ta courte liberté qui te reste, tu vas me donner un nom.

- Je le connais pas.

- Joue pas à ça avec moi petit. Je te conseille de me répondre, je sais me montrer indulgent quand il faut. Sinon, je te fais la promesse, que jamais personne ne te retrouvera.

Il lui agrippa la mâchoire.

- Pour qui tu bosses ?

Torrell poussa un gémissement et lâcha un premier indice.

- Il s’appelle Mike, c’est un nouveau.

- Comment tu sais que c’est un nouveau ?

- Personne ne l’a jamais vu ici, ni les autres.

- Quels autres ?

- Les deux autres qu’il a recrutés. Rakes et Gordon.

- Comment il peut nous connaître si c’est un nouveau ? Qu’est-ce qu’il a dit ?

- Je ne sais pas. Il nous a seulement dit de s’en prendre à des flics. Chaque jour, chacun avait sa cible à atteindre.

- Comment il sait où nous trouver ?

- Chaque semaine, il nous dit par texto d’aller dans sa tanière pour qu’on ait nos infos. Lui n’y est jamais. Mais l’argent est toujours là.

- C’est quoi ces infos ?

- Un genre de planning. Des photos avec toutes les allées et venues des flics, leurs habitudes, leurs heures, leurs adresses. On a accès à tout.

- C’est quoi sa prochaine cible ?

- J’en sais rien.

Voight serra un peu plus sa main sur sa mâchoire.

- Il a trouvé d’autres gars, que Rakes lui a ramenés. Pour un gros coup.

- Quel gros coup ?

- Je sais pas, mais il a dit que c’est pour très bientôt.

- A quoi il ressemble ce Mike ?

- Il est grand, barbu, il avait des lunettes de soleil, habillé tout en noir.

Ça ressemblait bien au gars que Noah avait vu.

- Donne-moi l’adresse de la planque et où trouver Rakes et son cousin.

- Pas question !

Sa tête bascula un peu en arrière, raidis, ses joues devenaient rouges sous la pression.

- De toute façon tu vas aller en prison, insista Voight. Ça sert à rien de les protéger.

Dans un grand effort pour parler, Torrell parla à haute voix :

- J’espère qu’ils vous auront. Ça fera sept emmerdeurs de moins en ville !

Voight se lâcha un peu plus et le frappa un coup face à cette insulte.

- Et vous êtes mal barré avec la bande de Rakes sur votre dos, continua Torrell. C’est moi qui vous le dis. C’est un cinglé. Il a peur de rien.

- Déjà faut être cinglé pour s’en prendre à nous. Tu pourras pas échapper à la prison mon gars. La question c’est pour combien de temps. Tes copains vont se payer tout le blé alors que toi non, rien que dalle, à part des barreaux de cellule, une vulgaire couchette et une bouffe franchement pas terrible… Eux ils auront la belle vie. Toi non ! Tu ne veux pas qu’ils tombent avec toi ?

Torrell semblait réfléchir à cette comparaison peu alléchante.

- Qu’est-ce que j’y gagne moi ?

- Le droit de rester en vie et crois moi, tu as de la chance.

 

Une demi-heure après, bravant le froid, on se trouvait devant l’adresse qu’il nous avait indiquée. C’était une maison a priori comme les autres, les volets fermés. On attendit un moment pour s’assurer qu’il n’y ait personne puis on donna l’assaut.

- Upton et moi, on fait le tour par derrière. Attendez mon signal pour entrer, déclara Voight en se dirigeant vers l’arrière avec Upton.

- Compris.

- Atwater vérifie si ce n’est pas piégé, lança Voight par radio.

Il inséra l’échantillon dans la machine qui se révéla négatif.

- Je ne détecte rien patron.

- Ok tenez-vous prêts. On y va.

Halstead rentra le premier en donnant un bon coup de pied pour défoncer la porte.

- Police !

Je pénétrai derrière lui en lui tenant l’épaule, suivie par Atwater.

- Escalier !

- Je le prends, décida Atwater.

Il y avait de multiples pièces un peu de partout.

- RAS dans le salon !

- RAS dans la cuisine !

Upton et Voight nous rejoignirent et après quelques minutes, la maison fut sécurisée. Tout était recouvert de poussière, les meubles n’avaient pas vu le jour depuis un moment et la tapisserie se décollait par endroit.

- Il y a rien, déclara Upton autour de nous. Cette maison ne semble pas être habitée depuis un moment.

- Hé les gars venez voir en haut, déclara Atwater dans la radio.

On le rejoignit dans une pièce, une sorte de chambre, l’air sentait le renfermé comme en bas, tout était poussiéreux hormis un petit espace aménagé récemment. Une partie du mur était tapissé de photos, soigneusement classées par ordre et par personnes. Avec une carte de la ville désignant plusieurs points d’une couleur spécifique. A côté il y avait plusieurs emplois du temps. C’était à faire froid dans le dos. C’était nous, chaque membre de l’équipe. Je ne pus m’empêcher de regarder les miennes. Il y avait cette soirée ou j’étais allée voir Tessa chez elle, la soirée chez Jay après le Riverwalk, Casey et moi dans ma maison en train de repeindre et quand je sortais de mon cours de sport.

- L’e******, il nous observe depuis longtemps, déclara Halstead.

Tous obnubilés par ça, on sursauta tous quand un écran s’alluma tout seul derrière nous, apportant des rayons de lumière à travers la poussière. Poussé par l’instinct du danger, on se tourna tous en joue avec nos armes devant cet écran, devant ce visage bien connu. Mon estomac se retourna complètement.

- Oh non Brett…

Elle avait un scotch noir collé sur la bouche et quelques égratignures sur le visage. Quelqu’un lui tira les cheveux, la main d’un homme. On ne voyait pas son visage. Il lui tira les cheveux pour lui remonter la tête quand elle poussa une plainte étouffée. Puis le ravisseur fit de même avec celle assisse à côté d‘elle, qu’on ne voyait pas pour l’instant. En lui relevant la tête avec la même force que Brett, je reconnus les cheveux puis le visage de ma nièce, tout aussi meurtrie que Brett. Elles étaient attachées sur une chaise.

- Le s*****, il nous cache son visage, objecta Atwater.

La vidéo dura deux minutes, mais j’avais l’impression quelle durait plus. On se retrouva d’un coup dans le noir, dans le silence, à peine éclairé par nos lampes torches. Personne ne parla.

 

Après nous être partiellement remis de nos émotions, à l’étage, un petit bilan sur la situation s’imposait. Voight s’y colla, plus déterminé que jamais.

- Bon voilà ce qu’on sait. Il s’appelle Mike c’est un nouveau. On a un des trois agresseurs. Torrell nous as dit que ce Mike préparait quelque chose de plus gros. Trouvez les hommes de main de Rakes et Gordon. Restez bien sur vos gardes, gardez vos armes sur vous.

- Pourquoi ce Mike nous en voudrait ? On n’a aucun Mike dans nos dossiers, conclut Atwater.

- En tout cas il nous connaît très bien, répondit Upton.

- On a dû louper quelque chose. On reprend tout à zéro. Les filles ont disparu depuis plus de 24h, faut qu’on avance plus vite.

Il avait raison mais le fait est qu’on avait du mal à avancer plus vite.


Haley07  (12.12.2021 à 12:02)
Message édité : 26.06.2022 à 18:57

Ce contretemps du matin me valut dix minutes de retard et une fois à l’étage, je ne remarquai pas tout de suite l’étrange comportement de l’équipe, seulement que Burgess et Ruzek étaient de retour.

- Pardon pour le retard, j’ai eu un léger souci chez moi ce matin.

- Lauren on a un problème, commença Voight.

- Oui et ce n’est pas nouveau. Hier soir quelqu’un s’est amusé à bombarder ma terrasse. Tous mes pots de fleurs étaient cassés et mon jardin je ne vous en parle même pas, dis-je à bout de souffle en posant mes affaires, déjà irritée par cette situation qui ne semblait ne plus en finir.

Seulement là je remarquai l’équipe en demi-cercle, tenant chacun un dossier, tous les visages reflétant la même expression.

- Oh non, qu’est-ce qui se passe encore ?

Personne ne répondait. Ils avaient l’air tous gênés. Parfois ils s’échangeaient des regards entre eux, ou sur le dossier, puis sur moi. Il s’était encore passé quelque chose je le sentais.

- Vous en faites une tête…

Au bout de quelques secondes Upton se lança la première, brisant ce silence lourd.

- On a tous reçu ça ce matin dans nos boites aux lettres.

Elle me tendit le dossier en question que tout le monde avait. Moi je n’avais pas eu le temps de regarder dans la mienne.

Je l’ouvris avec curiosité, pressée de savoir ce qu’il contenait.

Mais arrivée à la première page, c’était comme si je recevais une énorme claque dans le dos. Tellement surprise par ce que je voyais. Il n’y avait pas que ça, il y avait tout. Absolument tout ! D’abord les photos en première page qui en disaient long, assez violentes, puis le compte rendu médical… tout le dossier complet. En détail. Sans le vouloir ma respiration se bloqua, devenant difficile. Lentement, je regardai tour à tour mes équipiers qui me regardaient pas de la même façon que moi. Eux, c’était plutôt de la compassion, moi plutôt un regard effrayé. Car désormais, ils savaient tous ! Ils étaient au courant de tout. J’aurais payé cher pour savoir ce qu’ils pensaient. Notre mystérieux gars continuait de nous mettre la pression, s’acharnant de plus en plus. Mais un autre indice, un que je redoutais depuis quelques minutes en voyant sa photo dans le dossier se confirma.

- Il y avait ça aussi… marmonna Burgess en me tendant un papier plié en deux.

Je le pris avec précaution, le dépliai et lu « J’espère que mes petites surprises vous plaisent, avec tous mes compliments. Votre admirateur, Michael ».

 

 

Ce mot… ce prénom.

L’angoisse s’empara de moi dès que j’eus lu son prénom.

- Non…

Je regardai de nouveau mes équipiers, essayant de réfléchir, de comprendre, avant de poser mes yeux sur mon chef.

- Non c’est impossible…

- Il n’y a plus de doute possible, murmura Hank. C’est lui notre mystérieux gars. Ce Mike. Je crois qu’on y est cette fois…

On s’échangea un regard qui dura un bon moment, réalisant à peine l’instant présent. Mille pensées se bousculaient dans mon esprit, l’ampleur de tout ça me surpassait. Le moment était venu de dire la vérité à tout le monde car à présent ils étaient tous concernés. C’était la pire chose qui puisse arriver. Je m’étais imaginée mille façons de comment cela pouvait se passer, mais celle-ci n’en faisait pas partie. Je savais que tôt ou tard ce jour-là allait arriver. Mais pas comme ça. Pas de cette façon. Frappée de mutisme, mal à l’aise, je regardai furtivement mon équipe qui a son tour me dévisageait du regard. J’aurais voulu me faire toute petite. De plus en plus gênée moi aussi, je cherchais quoi dire, essayant d’ignorer cette boule au ventre qui m’envahissait de plus en plus. Toujours incapable de rien dire, ou plutôt que je n’osais pas, Hank prit les reines, d’une voix monotone.

- Cet homme-là, désigna-t-il en affichant la photo du cerveau de tout ça, prise dans le dossier bleu de son bureau qu’il avait sorti ; Lauren et moi on le connaît…

Il s’apprêtait à rentrer dans le vif du sujet. Les bras croisés, le visage fermé, j’observais furtivement mes collègues, concentrés sur ce qu’ils écoutaient, tendant l’oreille, ne voulant pas en perdre une miette. Ma boule au ventre en prit un autre coup et remonta jusque dans ma poitrine puis ma gorge, qui me brûla. Je connaissais trop bien cette sensation. C’était comme une vieille connaissance, mais toujours hostile.

- Il s’appelle Michael Kenmore. Lauren a partagé sa vie pendant plusieurs années, jusqu’au jour où le frère de Michael, John, meurt d’une overdose de mauvaise came. Michael ne l’a pas supporté, c’était son seul parent encore en vie. Il a basculé petit à petit. Puis il a commencé à mener la vie dure à Lauren…

Avec hésitation, il afficha à la suite du tableau une photo de moi, la moins pire, celle où on me voyait de profil avec le moins d’ecchymoses. Touchée par ce geste pourtant inutile vu que tout le monde a eu les photos entre les mains, le diagnostic des médecins aussi, bien plus critique que les plaies.

Revoir ces photos était dur, mais pas autant que de savoir que tous mes collègues les avaient vus. Moi je les connaissais par cœur.

- Au début ça ne m’a pas paru grave, commençai-je à expliquer d’une voix qui ne semblait pas la mienne. Il était encore en deuil, il n’avait que son frère. J’ai fait ce que j’ai pu pour l’aider. Mais au fil du temps, je ne voyais pas de changement. Les quelques gifles se sont transformées en mauvais coups, de plus en plus forts. Je le voyais se transformer tous les jours, malgré tout mon soutien. Il savait y faire avec moi, il connaissait mon point faible alors il l’utilisait pour me faire rester. Je devais protéger ma famille, il me tenait avec ça. Je m’efforçais de lui faire plaisir, de lui rendre la vie plus agréable, de tenir l’appart, de faire de la bonne cuisine pour le satisfaire, car un rien l’énervait. Si le repas était trop chaud ou froid il balançait tout, m’insultait, me rabaissait sans arrêt. Puis j’ai commencé à sombrer moi aussi. Phase de dépression, de peur quotidienne, peur d’être seule, peur d’être en présence d’un homme, peur pour ma famille et mes amis. Je ne voyais pas comment m’en sortir. Tout ça est devenu ma routine pendant plus d’un an. Mes nuits devenaient des cauchemars éveillés…murmurai-je en secouant ma tête pour chasser ces visions qui m’absorbaient. Je changeai de position et pris une inspiration.

- Son père est venu me demander de l’aide. On a décidé de la faire partir. Je connais quelqu’un dans un centre militaire. C’était un programme spécial de 6 mois pour les femmes, pour l’éloigner de tout ça un moment. Je me suis occupé de sa famille, je les ai protégés et puis un beau jour il a fini par disparaître. Depuis c’est une ombre.

- J’ai décidé de m’engager après ça, continuai-je, et depuis ce temps, on a plus eu de nouvelles de lui. Enfin jusqu'à maintenant.

- Il est malin, mais on va le trouver, affirma Voight.

- Lui nous a déjà trouvés Hank.

D’abord Sylvie, puis Tessa, mais aussi toutes ces agressions sur l’équipe. Le pire que je pouvais imaginer.

- Mais quel rapport avec nous ? demanda Ruzek.

Cette remarque me donna les frissons. Ils devaient connaître ce dernier détail.

- Michael se sert de mon unique point faible pour m’atteindre. Il s’en prend à ma famille et mes amis. Toutes ces agressions que vous avez eues ces derniers temps, les fenêtres et les vitres caillassées, Brett, Tessa, les pneus crevés, l’agression, l’accident, la tanière, c’est lui. Il s’en prend à vous uniquement pour m’atteindre. Et il sait que ça marche. Je vous mets tous en danger.

- Il n’aura plus le temps de s’en prendre à nous, parce qu’on va le trouver. Et en finir pour de bon, annonça haut et fort Voight.

- Hank tu ne comprends pas. Toute l’équipe est en danger à cause de moi. Parce que je suis là ! C’est moi qu’il veut. Tu peux dire tout ce que tu veux c’est ma faute. Je n’aurais pas dû fuir, j’ai laissé ce mal sur nous.

- Lauren tu n’étais pas du tout en état de l’affronter à cette époque…

- Peut-être. Mais regarde où on en est, je désignai brièvement l’équipe qui au fil du temps était devenue de très bons amis, ceux sur qui on peut compter. Ma seconde famille.

-  Ils sont tous en danger à cause de moi. Tu comprends ça ?

- Lauren, n’oublie pas qui ils sont…ton équipe, nous. Nous tous.

Il me prit par l’épaule pour me redonner du courage.

- Il est temps qu’on en finisse une bonne fois pour toutes. Tous ensemble.

Ces belles paroles pleines de promesses ne me faisaient rien. Comme j’étais mal, comme je me sentais responsable… accablée par les remords. C’était bel et bien ma faute, et c’était dur à supporter. Je faisais du mal à ma propre équipe, qui souffrait à cause de moi. C’était insoutenable. Une idée me traversa soudain l’esprit, aussi surprenante qu’évidente. Je ne pouvais plus laisser mes amis payer pour moi, je ne le supporterai pas.

- Tu as promis que tu ne fuirais plus, me murmura-t-il, me rappelant la promesse que j’avais faite.

C’était dur de tenir ses promesses, mais c’est là qu’on reconnaît la vraie valeur des gens. Avec l’honnêteté et la confiance.

- Lt James ?

- Quoi ? dis-je d’un ton un peu trop haut en tournant la tête.

Ignorant ce ton brusque, Trudy Platt avançait doucement, de son air toujours aussi calme, posé et neutre.

- Le Med a appelé. Votre père est à l’hôpital.

Mon estomac se retourna entièrement, je sentais un creux à présent. Je m’arrachai de l’étreinte de Voight.

- Quoi ? Pourquoi ?

- Quelqu’un lui a tiré dessus. Apparemment son état est grave.


Haley07  (18.02.2022 à 08:57)
Message édité : 26.06.2022 à 18:53

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chrismaz66, 15.04.2024 à 11:46

Oui cliquez;-) et venez jouer à l'animation Kaamelott qui démarre là maintenant et ce jusqu'à la fin du mois ! Bonne chance à tous ^^

Supersympa, 16.04.2024 à 14:31

Bonjour à tous ! Nouveau survivor sur le quartier Person of Interest ayant pour thème l'équipe de Washington (saison 5) de la Machine.

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5 participants prennent part actuellement à la chasse aux gobelins sur doctor who, y aura-t-il un sixième?

chrismaz66, Hier à 11:04

Choup tu as 3 joueurs de plus que moi!! Kaamelott est en animation, 3 jeux, venez tenter le coup, c'est gratis! Bonne journée ^^

choup37, Aujourd'hui à 19:45

Maintenant j'en ai plus que deux, je joue aussi sur kaa

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