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W ou le souvenir enfoui

Série : Veronica Mars
Création : 02.04.2008 à 12h31
Auteur : lili59 
Statut : Terminée

« Fic personnelle - suite du 320 » lili59 

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Cette fiction a lieu après l’épisode 320, mais pas dans sa continuité temporelle : je vous propose de voyager dans le temps et de retrouver notre chère Veronica quatre ans plus tard, en décembre 2011. Néanmoins, cette fiction se voulant cohérente par rapport à la saison 3, certaines références au 320 pourront être faites. 

 

W ou le souvenir enfoui sera divisé en trois parties, ayant chacune un titre.

 

Enfin, cette fiction est une expérience à part entière puisqu’elle sera écrite dans un genre littéraire tout à fait particulier : pas de scénario, pas de récit, mais une plongée dans les pensées de… Mais chut, laissons le suspense planer encore un peu.

 

Je vous souhaite une très agréable lecture…


lili59  (02.04.2008 à 12:32)



Première partie:


MARINA CROVES





lili59  (02.04.2008 à 14:26)

                                                                           Mercredi 14 décembre 2011

 


Chère Marina Croves,

 

 

Voilà bien dix minutes que j’ai écrit ces quelques mots « Chère Marina Croves » et que je reste là, devant ma feuille blanche, à ne savoir qu’écrire ensuite. Alors je me suis décidée à écrire que je ne savais que dire.

Voilà, c’est fait.

Et maintenant, retour à la case départ, sans toucher les 1000 dollars.

La sorcière ne sera pas contente demain…

 

Pourtant je me suis préparée à ce moment !

Hier, je me suis rendue dans une papeterie à Soho où j’ai bien passé une heure à trouver un carnet, « le » carnet. Après avoir longuement hésité entre la collection Playboy et la collection Pokémon, j’ai finalement opté pour un livret en cuir rouge sur lequel est gravé un passage de Jane Eyre de Charlotte Brontë. J’aime en toucher la couverture : son aspect doux et rugueux à la fois me rappelle la peau d’un homme mal rasée au réveil.

Vous savez, ce moment si particulier où la ville dort encore et qu’un faible rayon de soleil teinté du rouge de vos rideaux vous réveille en douceur. Vous n’ouvrez pas les yeux mais vous le savez, vous le sentez : il est là. Vous lui tournez le dos mais son haleine chaude dans votre nuque vous fait frémir ; son parfum s’est évaporé et vous ne percevez plus que son odeur personnelle, virile, puissante. Une odeur que vous ne sauriez décrire, mais que vous reconnaîtriez parmi mille.

Vous vous retournez alors et, les yeux toujours clos, vous fourrez votre tête dans son cou, pour vous enivrer de lui. C’est à ce moment-là que vous caressez du bout des doigts sa joue mal rasée, douce et rugueuse à la fois. Comme lui.

Sous vos caresses, il se réveille peu à peu : vous écoutez sa respiration s’accélérer, son cœur s’emballer. Et lorsque vous ouvrez enfin les yeux, vous le voyez sourire dans un demi-sommeil.

Un de ces instants éphémères mais porteurs d’éternité.

 

Mon dieu, la sorcière va être fière de moi demain ! Peut-être ne me transformera-t-elle pas en crapaud ?

Si seulement ces quelques lignes pouvaient la faire parler pendant une heure et me laisser tranquille…

Réponse au prochain épisode !


lili59  (02.04.2008 à 14:29)

                                                                                Jeudi 15 Décembre 2011

 

 

Chère Marina Croves,

 

 

Drôle de journée…

Lorsque j’ai pénétré dans la caverne de la sorcière, je lui ai tendu négligemment mon carnet, l’air de dire « Allez-y, je n’ai rien à cacher ». En réalité, je trépignais d’impatience à l’idée qu’elle lise ces quelques mots et qu’elle voit noir sur blanc toute la considération que j’ai pour elle.

Je me suis assise sur le canapé, bien droite, comme à l’accoutumée. Elle est restée plantée là, debout, quelques minutes, plongée dans sa contemplation du carnet. Elle a finalement souri et me l’a tendu. J’ai perdu mon sourire narquois en le reprenant. Elle s’est assise en face de moi sans un mot et m’a observée. Je ne comprenais pas, ça m’agaçait : la semaine précédente, elle m’avait fait tout un discours sur l’importance de cette expérience que je n’avais pas mise en œuvre. Et là, j’avais obéi, j’avais écrit, tout comme elle le voulait, et elle me le rendait sans même l’avoir ouvert ! Je lui ai alors demandé si elle était déçue que sa pomme empoisonnée ne m’ait pas tuée. Elle a hoché la tête et a commencé son discours :

 

« Il n’a jamais été question que je lise votre journal intime Melle Mars. »

 

A ma mine dépitée, elle a continué :

 

« Vous savez, je ne suis pas dupe : vous ne m’aimez pas. Tout comme vous n’aimiez aucun de vos précédents psychologues… Mais vous le savez, le juge a été clair : cette psychothérapie n’est pas négociable. Vous avez accepté la sentence de cette heure de torture hebdomadaire, mais vous n’avez pas accepté de vous confier pour autant. Vous n’avez pas confiance en moi, tout comme vous n’avez plus confiance en personne. Même pas en Lola. Alors, si vous êtes incapable de vous confier à qui que ce soit, je me suis dit que vous arriveriez peut-être à vous confier à vous-même…»

 

Car qui êtes-vous Marina Croves ? Vous n’êtes jamais qu’une Veronica Mars dont les lettres ont été déplacées… Vous êtes le double de V. C’est moi qui vous ai fait naître il y a deux semaines, lorsque la sorcière m’a exposé son projet de journal intime.


lili59  (03.04.2008 à 17:13)

                                                                                Jeudi 15 Décembre 2012

 

 

Notes du psychologue Marilyn Froes

Patiente : Veronica Mars

Séance 19

 

 

J’ai annoncé aujourd’hui à Melle Mars ce que j’attendais de l’expérience du journal intime.

Je lui ai expliqué que je ne le lirais pas son journal, afin qu’elle ne contrôle pas ses propos et qu’elle se laisse aller à une parole libératrice. Je lui ai révélé le but de cette pratique : qu’elle parvienne enfin à exprimer ses sentiments, chose qu’elle est incapable de faire face à un inconnu ou à un proche depuis son traumatisme de l’an passé.

Ensemble, nous ne parlerons que de l’expérience de l’écriture, et non pas du contenu de ses écrits. Sauf si elle me le demande expressément.

Sa réaction a été positive. Pour la première fois depuis le début de sa psychothérapie il y a six mois, elle n’a pas recouru à son mécanisme de défense favori, le sarcasme.

 

Je lui ai alors demandé de relire son journal intime, en essayant de comprendre quelle avait été son attitude lorsqu’elle avait rédigé ces mots. De me dire quelles réflexions lui venaient, mais sans m’en révéler le contenu, sauf si elle le désirait.

A ma grande surprise, sans un mot de protestation, elle a ouvert le carnet et l’a lu.

 

Melle Mars a conclu deux choses de sa lecture :

- Que, pour le moment, son initiation à l’écriture était difficilement libératrice pour elle, avec une certaine angoisse de la page blanche et l’impression d’écrire une fiction (elle m’a déclaré avoir écrit « réponse au prochain épisode » à la fin de la lettre).

- Qu’elle vivait dans un passé lointain en se remémorant un souvenir heureux, mais sans se l’approprier puisqu'elle l’avait écrit à « vous » et non pas « je »

 

Bien entendu, ces remarques sont encore très superficielles, elle ne les rattache pas à des causes. Mais cette jeune personne est suffisamment intelligente et perspicace pour que ses réflexions deviennent de plus en plus poussées tout au long de nos rencontres…

 

 

Bilan : séance très positive où Melle Mars a, pour la première fois, accepté de parler d’elle-même. Le procédé mis en place semble convenir à la patiente incapable jusqu’alors de se confier. Il a donc été décidé de poursuivre l’expérience. 

 

 

NB: si cette manière de procéder continue à s’avérer concluante, penser à remercier la collègue me l’ayant conseillée


lili59  (03.04.2008 à 17:19)

                                                                           Vendredi 16 Décembre 2011

 

 

Chère Marina Croves,

 

 

J’ai décidé aujourd’hui de te présenter Lola, mon unique rayon de soleil dans la brume new-yorkaise.

 

Lola, capable de monter sur le comptoir du Sunnydale et de danser la salsa… Lola, capable de me faire monter sur le comptoir du Sunnydale et de me faire danser la salsa !

Lola, capable de passer une nuit blanche pour me prouver par A+B que Robert Redford est plus sexy que George Clooney… Lola, capable de me faire passer une nuit blanche pour lui prouver par A+B que George Clooney est plus sexy que Robert Redford !

Lola, capable de disserter pendant des heures sur le dernier best-seller ou sur la guerre en Irak qui fait chaque jour plus de victimes…

 

Lola, tout simplement.

 

Je suis dans mon lit, mais je l’entends chanter depuis le salon, accompagnée de sa meilleure amie : sa guitare.

« Toujours là quand j’ai besoin d’elle et qui ne pose pas de question » m’a-t-elle dit un jour.

Car, même en imaginant que sa guitare sache parler, elle n’aurait effectivement pas besoin de poser de questions à Lola pour connaître son humeur du jour : la musicienne joue toujours des morceaux en harmonie avec son état d’esprit. Par exemple, ce qu’elle joue ce soir montre qu’elle a passé une bonne journée, douce, mais avec une pointe de tristesse.

Les illuminations de Noël ne font qu’assombrir un peu plus les cœurs en berne…

 

Au début, cette adéquation entre l’humeur de Lola et la musique me faisait sourire. Aujourd’hui, elle me facilite la vie : je sais comment réagir face à cet énergumène qui change d’humeur aussi souvent qu’elle s’allume une cigarette.

Musique américaine gaie ? « Viens V, on va rigoler ! »

Musique américaine triste ? « Viens V, j’ai besoin de discuter »

Musique française triste ? « J’ai besoin de solitude V… »

 

Mais les chansons qui me tourmentent vraiment, ce sont celles sans parole. Elles correspondent aux moments où aucun mot n’est capable d’exprimer le déchirement de Lola. Je sais très bien vers qui vont alors ses pensées…

Ces moments-là seront systématiquement suivis de la même phase d’autodestruction. Lola fera alors les pires bêtises, le plus souvent avec son corps, et reviendra le lendemain matin en pleurs à l’appartement.

 

Comme cette nuit-là. J’avais été tirée de ma rêverie par la guitare de Lola. J’ai tendu l’oreille : pas de parole… Je me suis levée au moment où elle s’apprêtait à sortir.

Ses longs cheveux bouclés teints en rouge vif étaient relevés. Elle s’était beaucoup maquillée, son eye-liner mettant en valeur ses yeux verts. Elle avait revêtu un petit débardeur rouge dévoilant son ventre plat et son piercing au nombril. Minijupe et bottes en cuir pour parfaire le portrait d’une fille prête à se faire mal.

J’ai essayé de l’empêcher de sortir, sachant ce qui allait suivre et son dégoût d’elle-même le lendemain. Elle s’est débattue, elle m’a giflée. Ses yeux n’exprimaient rien. Méduse avait transformé son cœur en pierre. J’ai fait demi-tour sans un mot et elle est sortie.

Le lendemain, elle est revenue en pleurs. Je lui ai ouvert les bras, sans un mot de reproche.

 

Lola, tout simplement.


lili59  (04.04.2008 à 17:20)

                                                                                     Samedi 17 Décembre

 

Chère Marina Croves,

 

Wallace est passé au Sunnydale ce midi. Comme d’habitude, Lola a mis tout en œuvre pour le faire sortir de ses gonds ; en général, ça fonctionne parfaitement. A croire que Ginger est la seule Spice Girl capable de fendre ce mur de pacifisme et de tolérance…

Ca semble d’ailleurs l’avoir mise de bonne humeur puisqu’elle est en train de jouer du Texas !

 

Mais suis-je bête, je ne t’ai encore jamais parlé de Wallace…

 

J’ai grandi à Neptune, Californie, petite ville prospère scindée entre les ultra-riches et les ultra-pauvres. Adolescente, j’étais la meilleure amie de Lilly Kane, la richissime héritière du PDG Jake Kane. Nous étions alors les Rox et Rocky des temps modernes, duo improbable et inséparable à la fois.

 

Lorsque Lilly est morte assassinée, le conte de fée s’est transformé en cauchemar, le carrosse en citrouille, les souliers de vair en sabots inconfortables… De la belle, je suis passée clochard.

 

Persona non grata pendant de longs mois, c’est Wallace, Wallace Fennel, qui a gravi quatre à quatre les marches du donjon. Enfin en l’occurrence, le donjon était plutôt un mât, et c’est moi qui l’en ai délivré, mais ça c’est une autre histoire… Tout ceci pour dire que Wallace a été le lapin blanc qui m’a désigné la voie vers le pays des merveilles.

 

Il est devenu mon meilleur ami, toujours là, présence silencieuse qui savait trouver les mots inaudibles lorsque ma carapace cédait. Il était celui qui me faisait rire aussi : derrière « Papa Ours » se cachait mon Baloo…

 

L’étincelle n’a fait que croître au fil des années, d’abord au lycée, puis à l’université. A la fin de notre première année à Hearst, Wallace s’est frotté à d’autres flammes… Celles de l’Enfer.

Par l’intermédiaire d’Invisible Children, une association caritative oeuvrant en Ouganda, il est parti durant tout un été au cœur d’un conflit brûlant. Mais le soleil africain a brûlé le cocon, il en est revenu métamorphosé. Il était devenu un homme.

Avec une minuscule.

Et avec une majuscule.

La misère s’était rassasiée de l’insouciance et de l’enfance, ne laissant sur son passage qu’un résidu de cendres. Mais en retour, Oizys lui avait tendu son sein décharné et diaphane où il s’était abreuvé de générosité et d’altruisme.

 

A partir de cette époque, l’ardeur de son engagement envers les pays africains ne s’est jamais éteinte. Il a étudié plus dur que jamais à l’université, dans son cursus d’ingénieur. Sans jamais perdre son objectif de vue, malgré la fumée aveuglante qui entoure notre monde occidental. Lui qui avait rencontré jusqu'alors des difficultés scolaires, plus rien ne lui a résisté.

Il y a un an et demi, il est parvenu à obtenir un stage, puis un petit boulot, à l’O.N.U., dans un service de développement durable. La flamme qui l’animait a vite été remarquée.

Et le café, c’est lui qui se le fait apporter par les stagiaires dans son petit bureau d’employé depuis quelques semaines !

 

Aujourd’hui, pas de stagiaire sous la main, c’est moi qui lui ai apporté son capuccino lorsqu’il est venu me rendre visite. Il voulait connaître mes projets pour les fêtes de fin d’année. J’ai souri et lui ai répondu que Luke m’avait demandé de travailler le 24 et le 25 toute la journée et que donc, non, je n’avais rien de prévu. Ce que je redoutais est alors arrivé : il m’a invité à venir passer Noël chez lui. Attention, ne te méprends pas, passer Noël avec Wallace ne me dérange nullement. C’est juste que la perspective de me retrouver dans une ambiance familiale, coincée entre Jackie -voulant à tout prix me parler des préparatifs du mariage- et Tom son fils de sept ans – voulant à tout prix que je joue avec lui au gendarme et au voleur- ne me réjouit guère. Mais je savais que ça ferait plaisir à Wallace, alors j’ai accepté.

 

C’est à cet instant précis que Lola a fait son entrée :

« Et moi alors ? Je me retrouve toute seule à l’appartement du coup ? »

 

Elle était bien lunée. Si elle l’avait réellement pensé, elle n’aurait rien dit. Elle a même continué :

 

« Mais si tu as peur de ne pas savoir assurer avec trois filles à la fois, je comprends… Endurance au basket ne rime pas avec endurance au pieu, c’est bien connu…  »

 

Wallace n’aime pas Lola. Il faut dire qu’elle l’a bien cherché : dès leur première rencontre, elle n’a rien trouvé de mieux que de clouer au pilori l’O.N.U. « dont l’inutilité égale presque l’imbécillité ». S’il y a bien une chose que je voudrais parfois changer en elle, c’est son manque de tact. Il ne me facilite vraiment pas la vie.

 

Mais Wallace n’a pas relevé. Il s’est contenté de me regarder, les yeux brillants, le sourire naissant, et s’est ensuite tourné vers elle.

 

« Tu tombes bien, je voulais également t’inviter »

 

Lola en est restée bouche bée.

 

« Tu acceptes ? »

 

Elle a seulement hoché la tête. Wallace s’est levé mais, avant de partir, il s’est penché vers moi et a murmuré en guise d’explication :

 

« Joyeux Noël V… »


lili59  (05.04.2008 à 11:58)

                                                                                 Dimanche 18 décembre

 

Chère Marina,

 

Je suis inquiète. Il est onze heures et Lola n’est toujours pas rentrée à la maison. Et bien entendu, son portable est éteint.

 

Hier soir, je me suis endormie sur le canapé pendant qu’elle jouait de la guitare. Lorsque je me suis réveillée ce matin, elle n’était pas dans sa chambre. Oh, je sais très bien ce qui s’est passé : l’oiseau de nuit s’ennuyait ferme cloisonné dans sa cage, et a choisi de s’envoler, guidé par la lumière des projecteurs. Non, ce qui me tourmente, c’est le fait d’ignorer quelle musique elle écoutait juste avant son départ. Je ne peux que croiser les doigts pour que ce fût de la musique gaie, auquel cas cela signifie qu’elle a tout simplement voulu s’amuser. Mais je n’y crois pas trop… Elle serait déjà revenue.

 

J’ai le cœur serré, je viens de l’imaginer se réveillant auprès d’un sale type dans un motel minable, pleurant et cherchant sa petite culotte à travers les vapeurs d’alcool.

 

Si seulement je savais ce qu’elle écoutait en se préparant… La chaîne hi-fi est vide, mais il y a deux CD posés dessus : l’un mène au paradis, l’autre en enfer.

 

Quant à moi, il faut que je prenne la route du Sunnydale ou je vais définitivement m’attirer les foudres de Luke !


lili59  (06.04.2008 à 11:11)

                                                                                       Lundi 19 décembre

 

Chère Marina,

 

Le mystère Lola est partiellement résolu : lorsque je suis rentrée hier soir, j’ai entendu de la musique à travers la porte de sa chambre. Un morceau que je n’avais encore jamais entendu à l’appartement ; Lola venait probablement de l’acheter ou de la ressortir d’un vieux carton : House of cards de Radiohead.

 

Mes sentiments oscillaient entre soulagement et appréhension : que signifiait cette chanson ? J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai frappé. Ca faisait longtemps que je n’avais pas eu aussi peur devant une banale porte… Elle m’a dit d’entrer et je me suis exécutée.

 

Elle était en pyjama, sous sa couette, ses longs cheveux mouillés relevés maladroitement par une grosse pince. Je n’ai pu m’empêcher de sourire. Ses yeux étaient secs. Pensifs, certes, mais secs.

 

Je me suis assise au bord du lit et l’ai sermonnée : le code des Gilmore Girls empêche de ramener un homme à la maison, mais aussi de sortir sans laisser un petit message. De préférence sur le frigo. Ou aux toilettes, un peu de lecture y étant toujours la bienvenue… Sans oublier que ça pouvait également dépanner le jour où on était en pénurie de papier WC ! Je croyais qu’elle éclaterait de rire, de ce rire tonitruant si caractéristique, si gênant en public, si attachant en privé. Mais non. Elle a souri, gentiment. Rêveusement. Ca, ce n’était pas normal. Mais alors pas du tout. Je l’ai donc interrogée sur sa nuit passée dehors.

 

Je n’ai pas réussi à en apprendre beaucoup, ce qui signifie énormément.

 

Elle a déclaré s’être ennuyée toute seule et avoir décidé de sortir en boîte pour s’amuser un peu. Je lui ai demandé ce qu’elle écoutait avant de sortir et, bien qu’un peu surprise par ma question, elle m’a répondu qu’il s’agissait d’un album de Barry White. C’était un des deux CD posés sur la chaîne hi-fi, celui menant au paradis. Je l’ai crue.

 

Il y a eu un silence ensuite. Pas un silence gêné, pas du tout. Lola était seulement autre part, dans les nuages. Des nuages en coton, tout doux et immaculés.

Elle a fini par me dire qu’elle avait rencontré quelqu’un. Qu’ils avaient passé la nuit à discuter, de boîte en boîte, d’after en after, pour finir dans un brunch.

 

C’est tout.

 

Et ça, ça veut tout dire… Lorsqu’elle rencontre un garçon, Lola me raconte tout dans le moindre détail… De l’aspect de ses mains à la couleur de son caleçon. Lorsqu’elle est en forme, elle va même jusqu’à détailler ce qui se trouve en dessous du caleçon… Quand je te disais que son manque de tact était parfois gênant !

 

Mais là, ce silence… Ces yeux si rêveurs… Ce sourire si doux sur ses lèvres… Cette main roulant avec tant de délicatesse une mèche de cheveux…

 

Lola est amoureuse.

 

Et j’ai mal.


lili59  (07.04.2008 à 14:09)

                                                                                        Mardi 20 décembre

 

Chère Marina,

 

Je tourne en rond depuis des heures dans l’appartement, harcelée par la chanson « Rally » de Phoenix. Ne me prends pas pour une idiote s’il te plaît, si je pouvais l’arrêter je le ferais. Mais là, à moins d’appeler Highlander pour qu’il me décapite, c’est peine perdue : cette chanson, elle est dans ma tête.

 

Est-ce que je deviens folle ? Vais-je commencer à voir des bébés danser au rythme de tam-tams africains ?

 

Si au moins Lola était là pour me changer les idées ! Mais non, comme par hasard, il faut que le mardi soit le seul jour de la semaine où je suis en repos tandis qu’elle travaille. Du coup, me voilà seule avec mes souvenirs et mes hallucinations sonores.

 

J’ai bien pensé sortir, mais si c’est pour me retrouver au milieu de la cohue des grands magasins à l’approche de Noël, c’est inutile. Et puis ça ne me ramènerait que deux ans en arrière, le jour où j’avais ratissé Neptune à la recherche du cadeau oublié.

 

20 décembre 2011.

 

Piz a 24 ans.

 

Mon Dieu, c’est tellement bizarre de voir ce nom écrit noir sur blanc ! Il y a si longtemps que je ne l’ai ni lu ni entendu. Wallace et moi évitons soigneusement le sujet.

 

Mais je me rends compte que, bizarrement, l’écrire m’a fait du bien. Ca me soulage de le voir sortir de ma tête et prendre une forme réelle à mesure que mon crayon noircit le papier.

 

Piz. Piz. Piz.

 

Je deviens folle. Complètement folle.

 

Je continue, il faut que la fièvre quitte mon esprit. Je dois t’expliquer. Il est nécessaire que ces souvenirs sortent de ma tête, il faut que je les expulse avant que je ne l’explose.

 

Piz est ma plus longue histoire d’amour. Nous nous sommes rencontrés à l’université, où une série d’événements chaotiques a entaché le début de notre histoire : nos ébats amoureux se sont retrouvés sur Internet. L’œuvre d’une organisation secrète, le Castle, que j’ai ensuite piégée. Ca m’a pris du temps. Mais j’ai réussi : Jake Kane, leader de la cabale, dort aujourd’hui derrière les barreaux.

Mais je m’éloigne du sujet.

 

Ces événements nous ont à la fois éloignés et rapprochés : ils ont révélé au grand jour nos différences tout en liant nos vies : à deux, on est plus forts face à l’adversité.

 

Et puis voilà, les semaines ont succédé aux semaines, les mois aux mois, les années aux années. Trois au total. La fameuse crise des trois ans, la monotonie qui s’installe... Ca n’a pas loupé. Enfin non, ce n’est pas ça… La monotonie, elle a toujours été là. Enfin je crois. Je ne sais plus… Est-ce normal que, dès le début d’une relation amoureuse, on n’ait pas envie d’arracher les vêtements de son homme ? Après trois ans, je veux bien, mais là…

 

C’était tendre, c’est sûr. Et il n’a jamais fallu se battre, il n’a jamais fallu de volonté pour sauver quoique ce soit. Pas de sinusoïde entre les sommets et les abysses. Juste une longue ligne droite que le poids de la tendresse poussait inexorablement vers le bas. Se laisser bercer par le flot du ruisseau. Jusqu’à ce que les profondeurs de l’océan vous aspirent.

 

Mais il était si gentil, si attentionné. Son côté artiste me faisait craquer. Et jamais un mot au-dessus de l’autre. Il m’adorait.

 

J’aimerais bien savoir ce qu’il devient. Je n’ai pas de nouvelle depuis des mois. Je l’ai bien cherché tu me diras, je n’avais qu’à lui envoyer mes nouvelles coordonnées lorsque j’ai changé de numéro il y a un an.

 

Je ne veux pas penser à il y a un an.

 

Je ne veux pas penser au passé.

 

Qu’on me laisse tranquille, qu’on me fiche la paix, c’est tout ce que je demande ! Ma vie sera-t-elle toujours un enfer ? Je n’en peux plus.

 

Il faut que je sorte.

 

Et qu’on me coupe la tête !


lili59  (08.04.2008 à 14:12)

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