Entrez dans la grande bibliothèque d'Hypnoweb. De très nombreuses fanfics vous attendent. Bonne lecture ! - Inscris-toi gratuitement et surfe sans pub !
Série : Veronica Mars
Création : 25.11.2009 à 22h39
Auteur : alExiaN
Statut : Terminée
« Veronica VS la mafia, prenez les paris... » alExiaN
Cette fanfic compte déjà 58 paragraphes
Prologue :
Little Italy - New York - USA.
New York Echos.net, édition du 18 novembre 2020.
Ici, Helen Roy en direct de Little Italy. C’est un gros coup de filet que vient de réaliser la cellule de lutte contre le crime organisé du FBI. Le chef de section Seeley Durran se félicite de la réussite de cette infiltration de longue haleine. En effet, depuis plus de 10 mois, l’agent Veronica Echolls avait intégré le réseau de la famille Falconi dans le but d’exposer au grand jour leur économie souterraine, leurs pots-de-vin, leurs exécutions… Cette infiltration n’était pas sans risque surtout quand on sait qu’il faut montrer patte blanche pour entrer dans le cercle restreint des Falconi. Les risques qu’a pris l’agent Echolls sont tout à son honneur. Elle venait tout juste d’être transférée de la brigade des mœurs au début de la mission. Justement, voici le FBI et les fils Falconi, Enzo et Gianni qui s’en vont. Écoutons ce qu’ils ont à dire pour leur défense.
Gianni Falconi : Echolls, je te retrouverai ! Je te ferai la peau !
Enzo Falconi : Un conseil, cours et planque toi !
C’était Helen Roy en direct de Little Italy, le 18 novembre 2020.
Chapitre 1:
Liverpool - UK : « You’ll never walk alone ».
Un pub dans la banlieue de Liverpool, le match du week-end venait de se terminer. Victoire aisée, doublé de Torres, il avait dignement fêté son jubilé. Elle avait assisté avec attention et intérêt à la rencontre. Maintenant, elle jouait avec le fond de son martini en repensant à ses derniers jours.
Qui aurait cru qu'elle se retrouverait là, à boire seule dans un pays où rien ne lui ressemblait ?
Ses supérieurs du FBI.
Qui aurait cru qu'elle aimerait jouer les photographes dans le royaume de sa gracieuse majesté ?
Pas elle. Pourtant...
Depuis le coup de fil de son boss, elle commençait à se dire qu'elle aurait préféré tout arrêter, se poser enfin, prendre le temps de vivre.
Mais...
Quand on est pris en chasse par tout Little Italy, on ne fait jamais de vieux os nulle part. Elle descendit le reste de son verre en s’évitant de penser à tous ceux qu’elle avait laissé derrière, à tous ces bons moments passés avec eux.
Flash-back.
C’est le jour des résultats. Aura-t-elle, n’aura-t-elle pas son sésame pour jouer les fouineuses au FBI ? Ils trépignent d’impatience depuis des heures devant cette fichue grille. D’une main, elle tient son père, de l’autre, Logan. Du regard, elle cherche son nom. Mars. Mars. Veronica Mars. C’est pas compliqué à trouver. Elle le voit. Elle exulte. Elle les enlace. Les embrasse. Profite de la chaleur de leurs corps, de leurs odeurs.
Fin flash-back.
Ne pas plonger dans les souvenirs, c’était sa devise. Sinon, elle enverrait tout valser. Elle n’était plus très loin de la rupture.
Veronica : Un autre.
X : C'est pour moi. Dit une voix calme et posée.
Une voix qu'elle connaissait bien.
Une voix qu'elle ne voulait plus entendre.
Son officier traitant, l’homme qui l’avait mise sur la touche, l’homme qui l’avait éloignée des siens : Seeley Durran.
Elle aurait dû partir avant que cela n'empire.
Seeley : Tu n'avais pas le choix, Ronnie, tu devais partir. Le risque était trop grand.
Il attaqua sans préambule, mais elle ne le regarda pas. Si elle ne lui accordait pas un regard, il la laisserait peut-être en paix.
Seeley : Veronica... On ne fait pas ça de gaieté de cœur, mais on n’avait pas le choix.
Il marqua une pause. Elle planta son regard froid dans le sien compatissant, bienveillant. Le même regard qu’avait eu Lilly lors de son arrivée à LA.
Flash-back.
Aéroport de LA.
La team Mars n’est pas venue au grand complet. Comité restreint pour occasion extraordinaire. Il n’y a qu’elle, lui et l’exécuteur testamentaire de Duncan Kane.
Le Duncan Kane qui a été son premier amour.
Le Duncan Kane qui a enlevé sa fille à sa belle-famille.
Le Duncan Kane qui a obtenu officiellement la garde de Lilly après incarcération des Manning.
Le Duncan Kane qui s’est fait renverser par un 4x4 dans le bush australien.
Le Duncan Kane qui avait fait d’elle et de son compagnon, comme le stipulait le testament, les tuteurs légaux de Lilly Kane.
Ils sont donc là à attendre l’arrivée de cette petite fille de 6 ans.
Elle a pris sa semaine pour acclimater la petite.
Il a confié à Dick la plupart des dossiers urgents. Il veut être là.
Ils prennent très à cœur ce rôle de parents. Fébriles, ils la regardent descendre de l’avion. Lilly a autour du cou l’affichette des enfants qui voyagent seuls. Elle suit l’hôtesse. Elle passe la porte. Entre dans le hall où ils sont.
Notaire : Madame, Monsieur, je vous présente…
La petite fille court vers Veronica. Veronica va à sa rencontre.
Lilly : Veronica !
Notaire : Lilly Kane.
Logan dépasse le notaire, va les rejoindre. La scène semble si naturelle.
Lilly : Papa est parti rejoindre ma maman. Je vais vivre avec vous alors maintenant ?
Veronica : (la serrant dans ses bras) C’est fini, Lilly. On va s’occuper de toi maintenant.
Elle se dégage de la belle tête blonde. Elle a 6 ans, a perdu ses parents et ne verse aucune larme. Logan commence à se demander si ce ne serait pas une Veronica miniature. La tenant par la main, ils sortent de l’aéroport. Avec un regard malicieux, Lilly dévoile une dernière carte.
Lilly : Papa m’avait parlé de vous deux. Ils avaient raison, vous êtes trop mignons. On va pas s’ennuyer tous les trois.
Estomaqués et hilares, ils quittent les lieux.
Veronica : Allons te présenter le reste de la famille.
Fin flash-back
Seeley : Tu m’écoutes à la fin ! On a besoin de toi en...
Il ne finit pas sa phrase en découvrant le regard froid qu’elle lui réserve.
Veronica : En vie.
Seeley : Quoi ? Ânonna-t-il.
Veronica : Vous avez besoin de moi en vie. Mais, si vivre c'est fuir, alors c'est plus pour moi ! J'en ai assez de courir. Je... Je...
Il posa une main amicale sur le bras tremblant de sa protégée. Il avait appris à la connaître à l’apprécier à sa juste valeur.
Seeley : C'est bientôt fini...
Veronica : NON !
Son cri venait d’attirer l’attention. Tout le bar se retourna vers le couple. Ça ne ressemblait pas à une dispute d’amoureux, mais ça pouvait offrir une distraction amusante. Le Rocky rasé façon GI Joe contre Barbie Girl. Prenez les paris !
Veronica : Non, trouve toi quelqu'un d'autre pour le procès, j'en ai assez de me cacher, de courir...
Veronica paya, salua quelques supporters et s'enfuit.
Seeley : Je croyais que tu en avais assez de courir, Veronica...
Veronica ajusta sa veste et s’engouffra dans la foule. Liverpool était très humide en cette saison. Elle se mit en pilote automatique. Besoin de laisser ses pieds décider puisque sa tête ne tournait plus rond.
Comment pouvait-elle imaginer que le FBI lui laisserait le loisir de tout envoyer promener ?
Surtout si proche du procès…
Seeley ne la lâcherait pas, mais elle ne céderait pas non plus.
S’il suffisait de vendre son âme à Il Diablo pour les revoir…
Elle le ferait !
Elle donnerait tout pour le voir s’enthousiasmer devant un match des Lakers, pour l’entendre critiquer la faiblesse des pare-feux fédéraux, pour les admirer dompter les rouleaux de l’océan, pour rire avec elle devant les soaps, pour sentir son chili…
Elle donnerait tout pour revenir en arrière, pour refuser cette promotion à NY, pour manquer l’avion qui les a amenés dans la grosse pomme si appétissante en surface et pourtant si véreuse.
Le regard embué, elle observa où ses pieds avaient choisi de la conduire. Elle croisa les lunettes de soleil, inadéquates dans un tel paysage, de Seeley. La prochaine fois, elle ne se fierait pas à ses pieds.
Seeley : Et tu penses pouvoir leur échapper ?
Veronica s’assit, à côté de son supérieur sur les marches de l’hôtel particulier où elle résidait depuis déjà plusieurs mois.
Veronica : Je ne cherche pas à t’échapper, Seeley…
Seeley : Mais tu veux tout arrêter…
Silence fédéral, laissez mariner le suspect.
Seeley : Donc, tu veux échapper à la vengeance des Falconi ET à ton devoir.
Elle se raidit, passa nerveusement sa mèche de cheveux derrière l’oreille. Seeley eut du mal à cacher son sourire. Certes, elle était le meilleur agent qu’il ait eu à mettre hors champ, mais elle n’en restait pas moins une novice dans le monde du crime organisé. Une novice qui avait logé les fils Falconi après seulement quelques mois dans son service.
Impitoyable contre le crime, impitoyable en interrogatoire face aux pires délinquants, aux criminels les plus endurcis… Mais face à un supérieur…
Il pouvait la retourner comme il le souhaitait. Elle essaierait bien de lui tenir tête, mais il était un vieux de la vieille. Il ne se laisserait pas avoir par son petit numéro de Wonder Woman. Elle n’était qu’une femme, et les femmes…
Veronica : Je…
Elle ne put en dire plus. Ça bouillonnait à l’intérieur, mais elle ne trouvait pas les mots.
Seeley : Tu ??
Cet air condescendant, elle ne pouvait pas le laisser la manipuler. Elle n’était plus l’adolescente fouineuse. Elle avait 33 ans, elle était agent du FBI. Elle était sortie major de sa promo. Elle n’allait pas se laisser impressionner. Pas elle, le meilleur agent de la brigade des mœurs. Pas elle, pas Veronica Echolls !
Veronica : Je ne veux pas échapper à quoi ou qui que ce soit ! J’ai pris des risques. J’assume mais…
Seeley : Il y a toujours un mais avec les femmes…
Veronica : MAIS, j’en ai assez d’être surveillée comme si j’étais une petite chose fragile… J’ai fait Quantico, je te rappelle !
Elle planta son regard dur dans le verre fumé des lunettes de Seeley.
Seeley : La menace est de type 4 pour un procès de ce genre.
Elle ne retient plus sa frustration et se leva d’un bond.
Veronica : De type 4 ! Tu t’entends, Seeley ?! Type 4, attends que je lise le manuel.
Elle fit semblant de tourner des pages.
Veronica : Ah oui ! Un parrain de la mafia veut vous faire la peau parce que vous avez bouclé ses fils, feignit-elle de lire en tournant en rond sur le trottoir. Oui c’est ça ! affirma-t-elle en fixant son supérieur.
Seeley : Arrête de plaisanter ! Les photos de toi, trombine dans la cible sont plus que réelles. C’est pas parce qu’on a pris le soin de mettre en scène ta mort qu’on est assuré de ta sécurité le jour du procès !
Veronica lui tourna le dos. S’il savait que ce n’était pas la première fois…
Seeley : Regarde moi ! Tu es en danger ! Tu dois…
Veronica : Chuttt !
Elle avait trouvé la rue étrangement calme en arrivant. Le silence était allé croissant. Pourtant sa dispute avec Seeley aurait dû attirer du monde. Elle fixa attentivement les façades du trottoir d’en face. Veronica cherchait. Pourquoi tout ce silence ?… Le club avait gagné, la ville devrait être en ébullition, à moins qu’ils ne soient encore tous au pub pour arroser ça… Elle continua à scruter les alentours.
Seeley : Veronica, regarde-moi, nom de Dieu !
Personne chez les Banks. La télé était allumée chez les Cooper. Son regard remonta la façade. Les volets, les fenêtres du cinquième n’avaient jamais été ouverts en deux mois, mais là…
Veronica : Chutttttt !
Là, une seule fenêtre était entrouverte. Bizarre avec l’orage qui s’annonçait.
Seeley : Quoi ?!
Elle venait de se déplacer imperceptiblement.
Veronica : On bouge.
Seeley : Pourquoi ?
Bref coup d’œil aux immeubles.
Veronica : Maintenant !
Elle partit en courant se fondre dans l’unique masse piétonne qui circulait à cette heure tardive. Heureusement qu’un bus venait de lâcher son flot de voyageurs. Seeley la suivit avec un temps de retard. Un temps de trop. La balle le cueillit en pleine poitrine. Il s’effondra.
Veronica : Et merde ! Cracha-t-elle en pressant le pas.
Elle avait vu juste. Un sniper devait se trouver dans l’appartement du cinquième. Rapidement, elle tenta d’analyser les paramètres. Il y avait peu de monde pour la couvrir mais ce serait suffisant. Elle atteignit rapidement une ruelle sombre, assez obscure pour limiter le risque de se faire toucher, assez proche pour regarder une dernière fois le corps de son supérieur étendu sur la chaussée. Elle ne se faisait guère d’illusion sur l’état de Seeley. Ces types ne rataient jamais un carreau. Seeley était hors jeu. Si elle en doutait encore, les passants qui se pressaient autour du corps finirent de la persuader. Elle reconnut une voiture de l’agence, ce qui acheva de la convaincre. Seeley avait raison, l’agence était en alerte.
Elle était en danger. Ils l’avaient retrouvée.
Pourtant ses jambes refusaient de bouger. Elle vit quelques-uns de ses collègues s’agglutiner, pleins d’espoir, autour de Seeley. Certains la cherchaient, elle. D’autres scrutaient les façades avec une seule interrogation en tête. D’où le coup était-il parti ? Veronica observa comme eux. Elle aperçut, comme eux, le recul du canon de l’arme du sniper. La fenêtre du cinquième. Si elle l’avait repéré, pas de doute possible, lui aussi l’avait vue.
Elle était restée trop longtemps immobile. Elle était restée trop longtemps inactive. Elle avait perdu les réflexes que tout agent même novice devait avoir. Veronica se mit en marche. Elle n’avait pas d’équipe en soutien. Elle était seule sur le coup. Courant presque dans les rues de Liverpool, elle fonça vers le parking où était stationnée sa Logan. Elle n’avait pu résister à emporter une part de lui avec elle outre Atlantique… Abandonna sa veste dans une benne à ordure, vola un bonnet à un pochetron endormi. Changer d’apparence allait lui donner un peu de temps, mais elle savait qu’elle n’irait pas loin sans assistance. Mais pour l’instant, une seule chose comptait. Se mettre à l’abri !
****
Si ce soir, Liverpool paressait dans le centre, sur les routes extérieures c’était la grande cohue. Veronica joua des coudes pour entrer sur l’A580, direction Knowsley. Elle ne devait pas s’arrêter. Bouger toujours. Avancer continuellement. Elle devait quitter la ville, se trouver un endroit sûr pour pouvoir espérer dormir et mettre ses idées au clair. Elle devait rester en vie. Elle le devait à Seeley. Elle devait sauver sa peau pour aller témoigner et coincer cet enfant de salaud qui avait descendu son supérieur. Sa décision était prise. Veronica savait ce qui lui restait à faire. Direction Knowsley.
Veronica : J’te demande pas la Lune, Archi !
Archi : Ah ! Ça, je sais que c’est pas la Lune que tu vises, ma belle ! répondit le mécanicien en mâchouillant un vieux mégot.
Il s’essuya le cambouis des mains et attrapa une nouvelle clé avant de retourner gratter dans les entrailles de son mini jet.
Veronica : Archi, tu vas m’aider, oui ou non ?
Veronica tentait de garder son calme. Elle avait déjà bataillé pour vider son compte, se doter d’armes sans attirer l’attention. Elle espérait que le vieil Archi se montrerait plus facile à convaincre.
Le vieil Archi… On l’appelait ainsi, pas à cause de son âge, ni de sa sagesse. On l’appelait ainsi parce qu’il était le plus fidèle indic de toute l’Angleterre. Une vie entière d’honnête filouterie lui avait valu ce surnom que les plus jeunes et prétentieux membres de la pègre locale aimaient déformer en l’Archi vieille. Si seulement, ils connaissaient les talents du bonhomme, ils le respecteraient. Veronica le connaissait par ses faits d’armes et le « on-dit » des dealers, ivrognes et filous en tout genre qu’elle avait croisés pendant ces six mois où elle se l’était jouée photographe. Elle louait ses services à qui lui demandait : mariages, baptêmes, filatures, paparazzades, etc…
Mais jamais, elle n’avait rencontré Archi. Elle ne lui avait rendu aucun service. Et ce soir, elle allait lui en demander un gros.
Veronica était là parce qu’elle avait besoin d’un des talents du vieil Archi. Elle avait besoin de son mini jet. Elle avait besoin d’un pilote qui la conduirait discrètement et rapidement là où elle le demandait.
Veronica : Alors ?
Archi se massa la nuque. Il la regarda avec attention. Elle ne payait pas de mine la gosse, Ronnie Mac Flanny à ce qu’elle disait. Blonde, fluette, elle paraissait presque fragile. Pourtant quelque chose l’avait incité à la prudence. Qu’elle connaisse ses activités étaient déjà surprenant. Mais ce regard froid, dur et déterminé… Un regard qu’Archi reconnaissait sans peine, il avait été le sien durant tant d’années. Avant qu’il ne jouisse de sa réputation, il s’était fait sa place avec ce regard. Archi ne l’avait toujours pas lâchée des yeux. Il allait finir par la mettre mal à l’aise.
Veronica : Alors ?
Archi : Alors, je réfléchis, ma belle…
Elle se raidit. Elle n’était pas tranquille la gosse, mais elle n’avait pas l’air coupable non plus. Elle ressemblait davantage à une bête blessée que l’on traquait pour l’achever. Et si Archi avait retenu un truc des parties de chasse avec son paternel, c’était bien de se méfier d’un animal blessé. Quiconque chassait cette fille avait du souci à se faire.
Veronica : Archi…
La voix de Veronica était encore dure, mais on sentait poindre la supplication. Le mécano claqua le capot du mini jet et abrégea les souffrances de cette si jolie gosse.
Archi : Je vais t’aider.
Veronica : Merci. Souffla-t-elle en baissant les yeux.
Elle ne savait pas comment elle aurait fait sans lui. Il lui sauvait la mise. Veronica se frotta les paupières. Elle n’avait pas dormi depuis bientôt 24 heures. Les émotions devenaient dures à contenir. Si elle ne se reposait pas rapidement, Archi risquait de se retrouver avec une blonde dans les bras, pleurant de tout son saoul.
Archi : Va t’allonger pendant que je fais le plein et que je nous couvre les miches.
Elle hésita. Il était trop prévenant, trop... Archi était un pro et elle avait besoin de dormir.
Archi : Va t’allonger.
Le ton n’était pas autoritaire et même s’il l’avait voulu l’être, ça n’aurait servi à rien. Archi n’était pas son supérieur. Son supérieur était mort. Des larmes perlaient. Fichues émotions.
Archi : Va t’allonger.
Toujours ce ton... Paternaliste. Elle baissa les armes et partit s’allonger. Toutefois, Veronica ne résista pas. Elle avait besoin de savoir. Elle devait se couvrir, elle aussi.
Veronica : Pourquoi ?
La question n’était pas formulée, inutile. Archi avait compris. Il lui sourit de tous ses chicots avant de prendre un air sérieux.
Archi : Pourquoi je t’aide, ma belle ? Parce que mon père m’a appris deux choses.
Veronica : Vends ton âme au plus offrant ? tenta-t-elle de plaisanter.
Archi : Presque… Première leçon de papa Connor : tout homme a son prix.
Hochement de tête, elle savait très bien. Elle avait passé son adolescence à marchander le silence des uns ou les informations des autres.
Archi : Deuxième leçon : ne te mets jamais sur la route d’un animal blessé.
Pas besoin de commentaires, pas besoin de mots. Un simple regard suffit à Archi pour comprendre qu’il avait visé juste. Un regard dur, froid, déterminé mais empreint de solitude. Depuis combien de temps n’avait elle pas ri en compagnie des gens qu’elle aimait ? Pauvre gosse…
Chapitre 2 :
Bienvenue chez Le Manchot. Quelque part sur la banquise.
Le Manchot : Je me fiche qu’elle ait vidé son compte ! Je me contrefous de comment elle a fait ! Trouvez-moi où elle est, où elle va ! Je veux savoir ce qu’elle pense faire avant qu’elle ne le fasse ! Au boulot ! Du résultat, du résultat, les gars. Sinon…
La menace à peine dissimulée planait au-dessus des claviers. Avec lui, ça fonctionnait comme ça. Le bras en écharpe, il quitta la salle pour s’enterrer dans son bureau.
On lui avait ouvert les portes du palais.
Attrapant au passage son verre de whisky, il s’installa dans le fauteuil de cuir.
Il avait pris ses aises.
Il feuilleta le dossier Veronica Echolls.
Maintenant, il les enfonçait.
Le Manchot : Elle n’a plus personne vers qui se tourner. Elle a été mise hors circuit depuis 3 mois. Elle va faire des erreurs.
Il espérait qu’elle en fasse. Il espérait pouvoir l’écraser, la faire rentrer dans le moule.
X : Elle a tout de même semé Tony… lui rappela l’homme debout face à la fenêtre.
Le Manchot : Tony… Quel abruti ! Tu as fait ce qu’il fallait au fait ?
L’ombre lui fit signe que oui.
Le Manchot : Elle est novice, elle a été mise hors circuit. Elle va se planter.
Le manchot termina son verre, un sourire de victoire plaqué sur les lèvres.
Chapitre 3 :
Hamilton - Canada.
Nothing to lose, enfin presque… (Billy Talent)
Le mini jet d’Archi atterrit à Hamilton - Canada dans la matinée. Veronica avait dormi pendant la quasi-totalité de la traversée. Elle ne s’était réveillée que pour essayer de joindre une ou deux connaissances qui auraient pu l’aider sans que ça mette la puce à l’oreille des Falconi. Mais rien. Personne. Elle n’avait personne pour la protéger. Maintenant qu’elle voulait être sauvée, plus personne ne voulait monter sur son destrier et braver les moulins en son nom. Elle avait bien eu la messagerie d’Eliott, mais allez vider votre sac sur un répondeur !
Plus personne à part Archi et ces deux armoires à glace qui étaient appuyées contre une Mazda noire.
Dans quel piège venait-elle de tomber ? Instinctivement, elle chercha les moyens de fuir qui s’offraient à elle. Aucun. Soudain, un détail la frappa et amplifia son inquiétude. Un léger renflement au niveau de l’aisselle. Deux renflements. Les gorilles étaient armés. Sûrement un automatique pour celui qui se faisait les dents sur le Big Mac local. Peut-être un revolver pour le grand black au crâne couvert de dreadlocks façon scoubidou.
Qu’est-ce qui lui avait pris de croire qu’au Canada les mafieux la laisseraient tranquille ?
Qu’est-ce qui lui avait pris de croire qu’Archi ne la trahirait pas ?
Le fait que Connor ne sonne pas italien comme Falconi ?
Avec la vivacité que donne l’habitude, elle attrapa son arme. Elle la pointa aussitôt sur la tête du Big Mac.
Veronica : Tu bouges et j’ajoute un pruneau à ton menu.
