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Série : Veronica Mars
Création : 01.03.2010 à 14h02
Auteur : lolia
Statut : Abandonnée
Suite du 3.20 - Boucler la boucle, boucler ma boucle ...
Cette fanfic compte déjà 103 paragraphes
Note : Attention cette fiction peut tôt ou tard choquée. Ame sensible ou jeune public s'abstenir.
Première partie : Se souvenir des belles choses
Il pleut des cordes.
Elle est réveillée en sursaut.
Des cris… Ce sont des cris qui proviennent de la cuisine.
Elle reconnaît ceux de maman.
Maman crie. Maman a peur.
C’est au tour de papa.
Papa crie, plus fort. Comme toujours.
À tâtons, elle glisse hors de son petit lit et sort de sa chambre.
Tandis que les cris deviennent plus fort, une troisième voix se fait entendre.
Une porte claque à l’arrière de la maison.
Un courant d’air glacé caresse son cou.
Un nœud au ventre, elle descend pas à pas les marches de l’escalier… Sa petite main moite s’agrippe à la rambarde.
Dans le noir, elle se laisse guider par le faisceau de lumière diffusé à travers l’embrasure de la porte. Ses petits yeux bleus s’intercalent dans l’étroit visuel.
Maman est en larmes entre papa et l’homme qu’elles ont croisés l’autre jour.
L’homme et papa ont tous les deux une arme…
- Maman ?
- Va-t-en chérie va-t-en !
- Maman.
- Dégage la môme, on doit d’abord parler entre grandes personnes.
La torpeur, les cris, les yeux de maman.
L’ordre est sans faille.
Elle fait volte face et se précipite dans le jardin.
Ses pieds nus s’enfoncent dans le chemin boueux qui mène jusqu’à la grille.
Un coup de feu.
Son ventre se tord.
Un deuxième.
Comme une envie de vomir.
Un troisième.
Ses yeux se révulsent.
Sous la pluie battante, elle se retourne face à la maison…
Dans la pénombre elle distingue une ombre qui se dirige vers elle.
Elle grimpe et enjambe la grille.
Elle court. Courir, encore et toujours sans jamais s’arrêter.
Le goudron rugueux lui déchire la peau des pieds, des petits cailloux viennent se nicher dans ses orteils. Elle a mal.
Peu importe les plaies, la déchirure du cœur sera plus profonde. Elle en est persuadée.
Et elle court… Elle court…
Des gyrophares… Sauvée.
3 octobre 2027.
Hier soir, maman a encore pleuré.
Elle m’a dit que non mais je sais bien que si.
De toute façon elle pleure tout le temps.
De grosses larmes rondes qui roulent sur ses joues.
Maman a le visage abîmé par le temps. Ses traits sont durcis par de légères rides qui encadrent sa bouche et ses yeux. Ses joues sont rosies par le froid et de généreuses poches ont trouvées refuge sous ses yeux.
Maman est abîmée. Je sais qu’elle était belle avant.
J’ai vu les photos cachées dans les tiroirs…
Maman pleure et ne veut pas qu’on la voit.
Mais je le sais… Je l’entends de ma chambre.
Et hier, alors qu’elle me regardait faire un gâteau avec papa, j’ai senti la douleur qui s’installait dans ses yeux. Cette espèce de douleur incisive qui la possède si souvent.
Ce vidé abyssal qui s’empare de ses yeux bleus.
Elle est montée, prétextant la fatigue… Mais je sais.
Je sais bien qu’elle s’est enfermée dans sa chambre pour pleurer.
Quand elle en est ressortie, ses yeux étaient rouges et ses joues creusées.
Et papa n’a rien dit.
Il ne dit jamais rien.
Et là, maman pleure… Comme tous les jours…
C’est un peu comme une fissure que l’on ne cesse de creuser.
Cette espèce de sensation malsaine, qui fait que, chaque matin, le temps qui passe, rend la vie de plus en plus dure.
Heureusement, il y a Claudia.
Claudia, l’enfant, l’innocence au bord des lèvres, la fraîcheur au coin des yeux.
Claudia.
Et puis elle.
Cette enfant déchue, devenue mère détruite, vivant sur le passé.
Ses jambes fléchissent.
Elle se laisse glisser sur le tapis de la chambre.
… Le poids du corps sur le tapis.
Comme une plume, comme un souffle…
Ses os s’entrechoquent à chacun de ses mouvements, rendant l’effort encore un peu plus dur.
Un sourire ironique se lit sur son visage.
Drôle d’histoire qu’est la sienne.
La vie de Veronica Mars, 40 ans, craquelée par la vie.
Se relever et faire face,
Se relever, forcer sur un corps cassé pour arriver au tiroir de la commode.
Avec précaution elle l’ouvre et en sort une petite boîte.
Sombres délices…
Frasques imparfaites mais tellement enivrantes.
Souvenirs assombris par la réalité.
Une douleur. Comme un pieu. Ce pieu…
Le fond du problème, c’est que même si on les vois arriver, nous ne sommes pas prêt à affronter des événements de cette importance. Personne ne demande à ce que sa vie change. Pas vraiment. Mais elle change.
Qui sommes-nous ? Des désespérés ? Des marionnettes ?
Fermer les yeux et ne pas fléchir.
La puissance de la souffrance…
La puissance du corps…
La puissance des larmes.
Dans le silence, dans la pénombre, à l’abri de tout regard : laisser couler.
3 octobre 2027, Veronica Cholles, 40 ans, craquelée…
25 septembre 2027
Je la déteste.
Je la déteste.
Je la déteste.
Il a fallu qu’on rentre plus tôt avec papa.
Il a fallu qu’on la trouve allongée sur le canapé, bouteille en main.
La bouche ouverte et les yeux rougis, elle était là, étendue, devant nos yeux.
Je la déteste.
Maman.
Après midi de septembre.
Le soleil inonde les rues de Beverly Hills.
Derrière d’épaisses haies verdoyantes, on aperçoit de grandes maisons aux allures coloniales.
Au coin de Sunset Boulvard, dans une vieille voiture noire, muni d’une paire de jumelles, il est là, à épier les moindres de ses gestes.
Vêtu de noir de la tête aux pieds, il a l’élégance du truand par excellence.
Ses allers et venus dans sa maison, ses gestes faibles et sans envergures, elle n’a vraiment plus rien de la Veronica Mars qu’il a connu.
Elle est comme ces poupées enfermées dans des maisons de verre.
Il sourit. Elle est tellement amochée qu’il n’a rien à craindre d’elle.
Un appareil photo en main, il enchaîne les clichés.
Le grand portail, la piscine, l’entrée, les grandes baies vitrées qui laisse entrevoir l’intérieur de la maison… Tout passe sous son œil aguerri.
Et puis elle… Là voilà, assise avec une bouteille dans les mains… Encore.
Bientôt, pense-t-il.
Les rayons du soleil ont la vertu de nous réchauffer.
Or c’est la peau glacée et le cœur ébréché qu’elle tourne en rond.
Un bel après-midi de septembre, Claudia et Ryan sont partis se promener.
Et elle est à nouveau là, comme chaque jour, à tenter de panser les blessures.
Trop profondes pour qu’elle puissent être soignées.
Et pourtant, elle lutte.
D’un geste automatique, elle apporte le goulot à sa bouche.
Le liquide glisse au creux de sa gorge, créant l’illusion d’atténuer le mal qui l’envahit.
Les gorgées s’enchaînent sans même qu’elle en ait conscience.
Elle se déteste.
Un litre de vin rouge plus tard, le mal semble s’être à peine dissipé.
Au creux de ses mains, LA boîte.
Boîte à souvenirs, boîte à délices, boîte à torture. Chaque élément, chaque façonnage de cette boîte la ramenait toujours au même point de départ.
Les mains frêles et bouffies, c’est d’un geste coutumier qu’elle introduit la petite clé dans la serrure.
Sentiments étranges qui s’emparent d’elle à chaque fois.
Mélange d’ivresse et de détresse.
Ses mains flageolent de plus belle et son souffle devient plus court, jusqu’à lui assécher la gorge.
Elle ne pleure pas.
Elle n’en a pas la force.
A la place, elle débouche une autre bouteille.
Un autre goulot se superpose à ses lèvres…
Toujours le même rituel, toujours la même envie.
Satané rituel, satanée envie.
Sacré rituel, sacrée envie...
20 Septembre 2027
Vendredi soir pluvieux.
Fatigué, Ryan passe tête basse la porte de la grande bâtisse, tout en se débarrassant de sa sacoche...
Tout est si calme à l’intérieur, seul le bruit de la pluie sur les baies vitrées vient troubler ce silence absolu.
L’odeur du dîner se fond immédiatement dans ses narines.
La cuisine est la seule chose qu’elle a de commun avec la Veronica qu’il a connue.
Le reste n’est que pâle copie.
Il se pose sans cesse les mêmes questions « A-il bien fait ? », « Aurait-elle tant changé s’il ne s’était pas introduit dans sa vie, poussant les murs dans lesquels elle s’était enfermée ? », « Pourquoi n’était-il pas arrivé plus tôt ce soir-là ? »…
Toujours les mêmes questions… Et jamais aucune réponse.
Sans prendre le temps de dîner, il monte l’escalier.
D’abord un arrêt dans la chambre de Claudia qu’il borde tendrement.
Puis il rejoint leur chambre.
Elle est là, recroquevillée dans les draps de satin rouge.
Un de ces seuls moments où elle paraît sereine.
Encore une illusion : nombre de nuits où elle se réveille en sursaut.
Il se glisse doucement dans le lit.
Aucune chaleur.
Délicatement, il dépose sa main dans ses cheveux, caressant les longs fils dorés.
Il entend son souffle léger, et il est bien.
Un peu de repos au milieu de cette violence quotidienne …