HypnoFanfics

Premier mouvement, le dernier ouragan

Veronica, couchée sur son lit regardait fixement le plafond de sa chambre. La lumière filtrait sous ses volets, elle se retourna sur le côté, ferma les yeux un instant. Elle imaginait parfaitement l’agitation de la ville. Comme chaque jour, chacun devait vaquer à ses occupations habituelles. Elle se figurait très bien Shelly Pomroy au bord de sa piscine se vernissant les ongles, Madison Sinclair réajustant sa jupe d’un air anodin en passant devant Dick Casablancas, lequel devait, comme à son habitude bronzer sur la plage, une bière à la main, sa planche de surf posée à ses côtés, et souriant bêtement à la première fausse blonde passant devant lui.

Veronica soupira et s’assit sur son lit. Les pires ouragans peuvent s’abattre sur Neptune, cela n’empêchera pas Shelly de se vernir les ongles.

Elle pouvait entendre dans la cuisine son père préparer le déjeuner. Elle sourit, se leva rapidement et le rejoignit.

- Papa, je t’ai déjà dit une bonne dizaine de fois que la crème anglaise se marie très mal avec les épinards.

- Bonjour chérie, je t’aime aussi.

Veronica vint se placer à ses côtés et jeta un œil dubitatif vers la casserole posée sur la plaque chauffante.

- Je n’accepterais aucune réflexion venant d’une jeune et petite blonde qui à… (il leva un instant les yeux vers l’horloge) 14h30 a encore la marque de son oreiller sur la joue gauche.

- Je ne vois vraiment pas de qui tu peux bien vouloir parler…

- Et ce n’est pas de la crème anglaise.

Devant le regard ingénu de sa fille, Keith ne put retenir un large sourire. Veronica se leva sur la pointe des pieds et l’embrassa sur la joue.

-Bonjour Papa

Les pires ouragans… ces trois dernières années Neptune n’avait pas été épargnée, et Veronica n’arrivait plus bien à distinguer à quel point ses préoccupations personnelles étaient ou non liées à ces violentes tempêtes qui semblaient secouer régulièrement la ville sans que personne ne paraisse réellement s’en rendre compte. Vinnie avait été élu avec près de soixante-quinze pour cent des suffrages, et il avait même eu le culot de proposer à Keith de devenir son adjoint… Lors de la première conférence de presse donnée après sa victoire, il avait gracieusement annoncé aux médias qu’il acceptait de « fermer les yeux sur les derniers évènements » et de laisser à son « honorable confrère » le droit d’exercer son métier de détective, car il ne « jugeait pas qu’il fut un danger pour la société neptunienne » et qu’il considérait « à leurs justes valeurs ses qualités d’enquêteur ». Autant dire que depuis, les clients ne faisaient pas foule à l’entrée du bureau de Mars Investigations. Bien joué Vinnie, d’une pierre deux coups, non seulement tu gagnes l’image du « bon sheriff », plein de compassion pour le laissé pour compte, mais en plus tu remets sur le devant de la scène cette histoire de rétention de preuves… Pas de meilleur moyen d’écraser ton concurrent. Qui eut dit avant cela de Vincent Van Lowe qu’il était un bon politicien ?

-Veronica ?... Veronica ?

La petite blonde leva la tête de son assiette et regarda son père.

- Tu es sûre que ça va ?

- Bien sûr, pourquoi ?

- Non, rien, c’est juste que tu ne parles pas beaucoup.

- Tu veux que je te raconte ma folle soirée d’hier soir ? Parce que j’ai au moins parlé à trois personnes, dont deux qui ne partent pas dans quelques heures… euh attends, une seulement, la troisième était un chien.

- Veronica…

- Je sais Papa. Désolée, ça ira mieux quand je serai loin, enfin, ça ira mieux pendant le stage en tout cas.

- Tu sais bien comment sont les gens, tout passe assez vite tout compte fait.

- Oui, tu as raison, d’ici quelques mois tout sera un peu plus tassé. Je ne serai plus la blonde de la vidéo, je ne serai plus celle qui brise tous ceux qu’elle aime, et surtout je serai un peu moins celle qui est la cause de l’injuste défaite et mauvaise réputation de son père adoré qui mérite tout sauf cela.

Keith soupira.

- Les choses ne sont pas aussi simples Papa.

- Ah, mais ma fille, serait-on vraiment Mars sans quelques jugements de valeurs rapides et faux ? Les rumeurs et les commérages me manquaient. Je vais te dire, sans quelques difficultés, la vie serait mortellement ennuyeuse.

- Je t’aime Papa.

- Je sais. Mange, ça va refroidir.

Veronica leva rapidement les yeux vers l’horloge.

- Je dois y aller. L’avion de Wallace part dans trois heures, j’ai promis de passer avec lui ses dernières heures de garçon insouciant et frivole…

- Wallace, frivole ? J’ai du mal entendre…

- Oh, si tu savais… une vraie fille.

Veronica attrapa son sac, embrassa son père sur le front et sortit en coup de vent. Keith, seul à table, soupira et débarrassa l’assiette que sa fille avait à peine touchée.

- Et Wallace !

Le jeune homme se retourna une dernière fois.

- Essaie de pas trop me manquer !

Il haussa les épaules d’un air faussement désolé.

- Je ne suis pas responsable de l’effet que je provoque chez la gente féminine V. Tache de t’en rappeler.

- Deux mois sans toi ça va être long !

- Ta vie devait être terriblement ennuyeuse Mlle Mars, avant que tu ne me détaches.

- Pire que ça, murmura Veronica avec un petit sourire triste.

- Et, tu vas pas me faire ta guimauve. On s’écrira.

- Y a internet dans ton centre ?

- Tu sais, il y a quelque chose, je ne sais pas si tu en as déjà entendu parler, c’est assez simple, je vais t’expliquer, on appelle ça du papier. C’est une invention fantastique vieille de quelques milliers d’années, ça marche très bien, j’ai testé. Tu vois, c’est vraiment facile, tu prends un…

- Crétin !

- Non, je te jure ensuite tu le mets dans une enveloppe et …

- Allez, dépêche-toi de prendre ton avion, il va partir sans toi…

Wallace sourit, et prit Veronica dans ses bras une dernière fois.

- Tu vas me manquer aussi petite blonde. Fais attention à toi en sauvant le monde des fédéraux cet été. Je te veux en un seul morceau à mon retour.

Wallace s’éloigna, mais il se retourna au bout de quelques pas.

- Et, V !

- Cette conversation n’a jamais eu lieu, je sais.

Et voilà… un autre qui s’en va.

Veronica conduisait, un peu trop vite, un peu trop seule, un peu trop triste.

Un autre qui s’en va. Enfin, je suis en train de mettre Piz et Wallace dans le même panier… ça ne leur plairait certainement pas. Il faudra qu’un jour quelqu’un parvienne à m’expliquer comment ça marche tout ça. Déjà trois semaines que Piz est parti, il ne m’a jamais autant manqué que depuis que Wallace vient de s’envoler. Ca ne lui plairait pas non plus ; ça ne lui plairait pas de savoir que c’est l’absence de Wallace qui fait ressortir la sienne. Ca ne lui plairait pas de savoir que l’absence de Wallace me pèse plus que la sienne. Ça ne lui plairait pas, mais peu importe. Il ne reviendra pas. Il est parti pour de vrai celui-ci. Après que Logan a explosé une chaise sur la tête de Gorry, il est parti. Très certainement à New-York pour ce stage à Pitchfork… et puis pour tenter sa chance. Il l’aura, il est doué.

Veronica regarda l’heure. Elle était en retard. Elle avait rendez-vous avec Nish. Elle accéléra.

Penser ne sert à rien.

Tout de même, il n’avait laissé que deux phrases. « Je t’aimais ; j’aurais pu t’aimer encore. Sois heureuse. »

Veronica accéléra encore.

J’aurais pu t’aimer encore, non mais sans rire ! C’est pas un peu facile comme rupture !

Devant elle, un policier lui fit signe de se rabattre. Elle regarda son compteur. Elle allait beaucoup trop vite.

- Et merde. Manquait plus que ça.

Elle s’arrêta au bord de la route. Elle observa l’agent en silence. Elle ne le connaissait pas. Un des nouveaux neptuniens van lowesque sans doute. Blonde écervelée ou jeune fille éplorée ?

Lorsqu’il s’approcha de la voiture, elle était déjà en pleurs.

Une demi-heure plus tard, Veronica arrivait enfin devant la fac, certes sans retrait de permis, mais les nerfs à vifs. Elle fut surprise par le monde rassemblé dans le parking, début juin les lieux étaient habituellement déserts. Elle se gara rapidement et s’avança vers le groupe qui s’était formé autour de l’entrée de la fac, bien décidée à rejoindre Nish le plus vite possible. Elle avait déjà presque une heure de retard. Mais à peine se fut-elle rapprochée qu’elle sentit que cet attroupement était anormal et inquiétant. Elle accéléra le pas, se faufila jusqu’à apercevoir la banderole jaune qu’elle redoutait tant. Elle se retourna vers une jeune fille à côté d’elle qui semblait bouleversée.

- Que s’est-il passé ?

- C’est… cette journaliste, Nish je crois, ils l’ont retrouvée morte il y a une demi-heure.

Veronica sentit sa gorge se nouer. Nish… ce n’était tout simplement pas possible, pas aujourd’hui, pas maintenant… Elle avança précipitamment jusqu’à la barrière de sécurité, cherchant des yeux quelqu’un qu’elle connut, mais tous les hommes que Vinnie avait envoyés sur place semblaient nouveaux. Sans plus réfléchir, elle franchit la banderole. Un jeune homme en uniforme l’arrêta immédiatement.

- Je dois voir Nish ! s’exclama Veronica au bord des larmes.

- Et vous êtes…?

- Je… j’avais rendez-vous avec elle il y a une heure… J’étais en retard… il faut absolument que je la vois…

- Seule la famille a le droit de passer. Je ne peux rien faire pour vous mademoiselle.

Veronica, épuisée, fondit en larmes. Le jeune homme surpris hésita un instant puis passa un bras autour de ses épaules et l’emmena s’asseoir un peu à l’écart du monde.

- Vous avez eu beaucoup de chance, souffla-t-il au bout d’un moment.

- Pardon ?

- Sans votre retard, vous ne seriez peut-être plus là non plus… vous avez eu beaucoup de chance.

Veronica leva les yeux vers lui. Il semblait mal à l’aise. Elle essuya ses larmes d’un vif mouvement de la main.

- Comment est-ce arrivé ? demanda-t-elle doucement.

- Je vais aller vous chercher un verre d’eau, ne bougez pas.

- Je dois savoir, reprit-elle fermement.

- Je… Nous n’avons pas de certitude, il va falloir attendre l’autopsie, mais elle a été étranglée…et… (il hésita une seconde) il semblerait qu’elle ait été violée.

Un silence pesant s’installa quelques instants.

- C’était votre amie ? reprit finalement le jeune homme.

- Pas vraiment, répondit Veronica. Estime réciproque. Elle devait me faire lire un article important avant de le publier. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça…

Elle se tut, et baissa les yeux.

- C’était important pour vous ? reprit le jeune homme après un moment d’hésitation.

- Pardon ?

- Cette estime réciproque, c’était important pour vous ?

- Je ne sais pas, je crois oui… excusez-moi, je crois que je vais y aller.

Veronica se releva. Elle se sentait faible, la tête bourdonnante et le cœur au bord des lèvres. Elle ne comprenait pas. C’était juste irréel.

Elle sourit tristement au jeune policier et commença à s’éloigner.

- Vous voulez que j’essaie de vous récupérer cet article ?

Veronica se retourna.

- Donnez-moi votre nom, et vous n’aurez qu’à passer au poste demain, je vous préparerai une photocopie.

- Mars. Veronica Mars.

- Vous direz que vous venez de la part de David Jill.

- Vous êtes nouveau à Neptune, David.

- Ca se voit tant que ça ?

- Vous comprendrez assez vite. Merci.

Nish morte. Veronica n’aurait jamais pensé que ces deux mots mis côte à côte puissent un jour lui retourner autant l’estomac. Elle connaissait la mort. Elle savait. Elle avait déjà beaucoup trop ressenti l’absence. Mais elle n’aurait jamais cru que la mort de Nish la bouleverserait autant.

C’était impossible, et pourtant ce ne pouvait pas être un hasard.

Veronica sentit ses forces faiblir à nouveau lorsqu’elle ouvrit sa portière.

Nish n’avait pas pu être attaquée et tuée le jour même où elles allaient finaliser ensemble l’article sur le Castel sans qu’il n’y ait un lien entre les deux affaires. C’était impossible. Et… elle aurait du être là. La gorge serrée, elle se mit à pleurer doucement, les bras croisés sur son volant. Elle sortit son téléphone :

- Il faut que tu viennes me chercher… A la fac. Nish est morte.

Une voiture s’arrêta juste à côté de celle de Veronica. Une porte claqua. La sienne s’ouvrit. Veronica leva la tête.

- Allez viens, monte.

Elle descendit sans un mot, ferma sa portière, ouvrit celle de l’autre voiture et s’assit doucement. Elle avait les yeux gonflés et le teint pâle.

- Merci. Merci d’être venue Mac.

Assise sur son lit, Veronica ne bougeait pas. Son père n’était pas là. Très certainement en train d’écouter le temps passer à l’agence. Compter les secondes, le lent tic-tac de l’horloge, c’était son occupation principale depuis quelques semaines. Veronica sentit son ventre se nouer. Elle avait tout détruit. Leur vie, sa vie à lui… Pourquoi ? Pour une vague organisation secrète. Et Nish était morte. Et elle aurait du être morte aussi.

Elle se leva précipitamment, attrapa sa veste et sortit. Elle avait besoin de marcher, de prendre l’air. Elle ne voulait pas perdre pied. Elle ne pouvait pas perdre pied. Elle devait à Nish de faire publier son article.

Veronica marchait vite, un peu au hasard. Elle ne savait pas où elle allait. Lorsqu’elle leva les yeux, elle était devant chez Wallace. Elle soupira. « Je ne pensais pas que tu me manquerais autant aussi vite mon petit Wallace… » murmura-t-elle doucement. Elle sourit tristement et prit la direction de Mars Investigation. Quelques heures avec son père. Voilà ce dont elle avait besoin. Quelques heures avec la seule personne en qui elle put avoir une confiance totale et aveugle. Quelques heures de repos, à se sentir enfant encore, avant d’affronter à nouveau la dure réalité et cette culpabilité trop lourde qui commençait à peine à peser sur ses épaules.

Elle avait toute la vie pour s’en vouloir. Toute la vie pour regretter. Toute la vie pour pleurer. A présent, elle voulait juste se sentir en sécurité.

Veronica se leva le lendemain matin de meilleure humeur et presque le sourire aux lèvres. Elle s’habilla rapidement et rejoignit la cuisine. Un mot était posé sur la table.

« Bonjour chérie, bonne nouvelle, première affaire sérieuse depuis les élections. Je suis parti tôt ce matin, devoir oblige. Passe à l’agence à midi, on mangera ensemble. N’oublie pas ton sourire, je crois que je l’ai rangé dans la poche arrière gauche de ton jean préféré.

Je t’appelle si je peux apprendre quoi que ce soit à propos de cette affaire à l’université.

P.S. : Je suis allé chercher ta voiture ce matin. Les clefs sont dans ton sac. »

Elle sourit, leva un œil vers la pendule. Dix heures trente… Elle avait largement le temps de passer dire bonjour à ce nouvel homme de main du sheriff qu’elle avait rencontré la veille…

Elle engloutit en vitesse un bol de céréales noyées dans un demi-litre de lait, attrapa son sac, deux CDs qui trainaient et monta en voiture. Chanter trop fort en conduisant, y a-t-il jamais eu meilleur moyen de reprendre le dessus? 

Quelques minutes plus tard, elle attendait calmement, assise sur une de ces chaises qu’elle connaissait si bien que les quelques trois journalistes qui se pressaient autour du bureau du sheriff aient fini leurs interviews. Elle entraperçut Vinnie qui, négligemment appuyé sur l’embrasure de la porte, se laissait prendre en photo en souriant. Elle s’enfonça un peu plus dans sa chaise, priant pour qu’il ne la remarque pas, et bientôt il fit entrer les journalistes et referma la porte avec assurance, un sourire confiant aux lèvres.

Veronica se leva alors et s’approcha de l’accueil. Elle sourit en voyant que c’était David lui-même qui se trouvait de corvée « réception ». Le jeune homme se tenait dos à elle et ne l’avait pas vue. Elle prit alors le temps de l’observer, ce qu’elle n’avait pas fait la veille. Il était plutôt grand, très brun et la peau claire. Elle ne pouvait pas voir son visage, mais elle se souvenait qu’il avait les traits fins et presque apaisants, des yeux rieurs et innocents et le sourire franc de ceux que la vie a épargnés. Il n’était pas réellement beau, mais il dégageait de lui une confiance en l’avenir et en la vie qui le rendait terriblement vulnérable et touchant.

Veronica fit sonner la petite cloche posée sur le comptoir de l’accueil.

- Bonjour, dit-elle en souriant.

- Mlle Mars ! Je vous attendais, j’ai quelque chose pour vous !

Et il sortit une grande enveloppe kraft d’un tiroir.

- C’est… c’est l’article ? demanda Veronica hésitante.

- Je crois.

- Je… vous ne savez pas combien vous me soulagez… Vous l’avez lu ?

- Je…

David fut interrompu par les journalistes qui sortaient du bureau de Vinnie qui, toujours souriant, serrait chaleureusement toutes les mains qui se tendaient vers lui. Apercevant Veronica, il lui fit un petit signe de la main.

- N’oubliez pas de signaler qu’en plus d’un sens inné du devoir et de la justice, votre nouveau sheriff a un charisme hors du commun et un sourire d’acteur né !

Il fit un clin d’œil complice aux trois journalistes et se retourna vers la petite blonde et le jeune policier.

- Je vois que tu as déjà fais connaissance avec le gratin des fouineuses, lança-t-il avec un sourire à David. (à Veronica) Tu viens faire le repérage des lieux ? Il va falloir que je briefe mes hommes. (se retournant vers David) Derrière ces boucles blondes et ce sourire angélique se cache un tas d’emmerdes que tu n’arriverais même pas à imaginer. Cette petite est pire qu’un tas de purin.

- Un tas de purin, releva Veronica, j’admire la poésie de la comparaison.

- Règle numéro un, reprit Vinnie, on ne relève pas ses remarques cyniques ; règle numéro deux : on ne se fie jamais à Veronica Mars ; règle numéro trois : je veux savoir chaque fois qu’elle passe ; règle numéro quatre… pas de règle numéro quatre.

- Je ne sais pas si je dois être flattée ou vexée d’une telle présentation… Mais en parlant de présentation, je vois que vous n’avez pas perdu votre temps Vinnie… trois journalistes pour acclamer la facilité avec laquelle vous êtes allé constater un meurtre hier, j’avoue que je me sens tellement en sécurité en sachant que vous enquêtez depuis votre bureau en donnant des interviews…

- Cynisme, je t’avais prévenu David, cynisme, fais attention. Et, quoique je ne te doive aucune explication, l’affaire est résolue. Tu n’auras qu’à lire les journaux demain, comme tout le monde, plutôt que de venir ici tenter de soudoyer de pauvres agents innocents.

Veronica le regarda surprise.

- Vous avez déjà… mais comment est-ce possible ?

- Journaux, demain… peut-être est-ce un vocable trop complexe… il faut que j’apprenne à me mettre au niveau de mes interlocuteurs. Toi lire demain journal. Mais, qu’est-ce que tu fais là ? Tu veux porter plainte peut-être ? Alors dehors, on étouffe ici.

Veronica se releva, attrapa l’enveloppe kraft qu’elle avait posé sur une chaise et se dirigea vers la porte.

- Qu’est-ce que c’est que ça ? l’interpella Vinnie une dernière fois. Quelques mauvaises photos pour faire chanter des femmes volages ? Des informations habilement soutirées à un jeune homme naïf ?

- Tout le monde n’enquête pas comme vous Vinnie.

- Eh, je suis sheriff petite, un peu de respect !

- Oh pardon, sheriff Van Lowe, lui lança Veronica en se mettant au garde-à-vous.

Une fois Veronica sortie, Vinnie se retourna vers David, et le regarda, assez fier de lui :

- Sheriff Van Lowe… ça sonne bien, tu ne trouves pas ?