HypnoFanfics

Note de l’auteur : Les flashbacks sont en italiques, le début et la fin d’un flashback sont signalés et en majuscules. Les dialogues sont en gras.
Vous trouverez parfois des passages en italique qui correspondent soit à une note écrite (SMS …), soit à la conscience de Veronica quand c’est entre crochets.

C’est la fin du mois d’août. Lilly m’amène devant la porte du bureau des admissions.

Lilly : Je te laisse là. Tu n’auras qu’à me téléphoner quand tu auras terminé. Moi je m’en vais faire du repérage chez les futures premières années ! Dit-elle avec un air coquin.

Je roule les yeux et lui souris. Lilly … C’est ma meilleure amie depuis que j’ai dix ans. On était dans le même club de foot toutes les deux. Bien que ce soit une riche héritière, elle ne se comporte pas comme telle. J’ai l’impression qu’elle agit selon ses propres lois, elle m’impressionne par sa légèreté, son charme, sa joie de vivre… Lilly quoi ! C’est elle qui m’a fait faire toutes les bêtises pour lesquelles j’ai été punie, c’est elle qui m’a appris à lire le regard des garçons, c’est elle qui me prête des vêtements lorsque je pour que je sois irrésistible aux yeux de mon petit ami, c’est elle qui me redonne le sourire quand je vais mal … C’est un peu la sœur que je n’ai jamais eue. Et elle me considère de la même façon. Elle m’a convaincue de venir à Hearst. J’avais décroché une bourse grâce à mes excellents résultats scolaires. J’avais les moyens d’aller à Stanford ou Berkeley étudier la criminologie. Mais comment refuser de poursuivre ses études accompagnée de sa meilleure amie complètement déjantée ? L’avantage c’est que je continuerai de voir mon petit ami quotidiennement. Quelle fille préférerait faire ses études à des centaines de kilomètres alors qu’elle peut les faire dans la même université que son homme ?

Je sors de mes pensées quand la secrétaire me tend un formulaire, celui qui permet de demander une chambre étudiante. J’ai choisi de quitter l’appartement de mon père. On s’entend à merveille, mais depuis que Maman est partie, je sais qu’il a besoin d’espace. Et si sa fille traîne dans ses pattes, comment peut-il espérer conclure ?
Lilly m’a fait une autre proposition …

FLASHBACK

Lilly : Pourquoi tu ne viens pas à la maison ? On a des chambres libres, des grandes ! Et si c’est le fait d’être empilés les uns sur les autres qui t’attire - et là je te comprends, dit-elle en aparté avec un clin d’œil – tu n’auras qu’à t’installer dans ma chambre ! Tu verras, ça sera sympa ! Ou sinon, tu peux aussi t’installer dans celle de Duncan … Ajoute-t-elle pleine de sous-entendus.

On rit aux éclats toutes les deux.

FIN DU FLASHBACK

… Mais je ne veux pas dépendre de quelqu’un. J’ai envie d’un peu d’indépendance. Depuis cet été je travaille en tant que serveuse au Java the Hut, un petit bar sympa. Ils poursuivent mon contrat sous forme d’emploi étudiant, ça me permet de payer cette chambre. Et puis de toute façon Céleste me fait froid dans le dos. Je crois qu’elle me déteste.

Je m’assois sur les sièges mis à disposition au fond du bureau pour remplir le formulaire. Un jeune homme récupère un formulaire et vient s’asseoir à mes côtés pour le compléter. A son sac et sa démarche, on se doute qu’il fait partie de l’équipe de basket-ball de l’université. Leurs entraînements ont déjà repris. La saison démarre rapidement après la rentrée.

Un autre type accomplit la même démarche. Je me lève et rends mon papier à la secrétaire. Pendant qu’elle vérifie qu’il n’y manque rien, je me retourne et vois que le deuxième type, tout en faisant mine de remplir le papier, a la main dans le sac du premier. J’arque un sourcil et observe discrètement la scène. Il en sort une chaussure qu’il glisse dans son propre sac. J’affiche un rictus. La secrétaire me dit que tout est bon dans un grand sourire. Je la remercie et la salue. Je m’approche du siège où j’étais assise pour récupérer mon sac et ma veste, et j’en profite pour glisser à l’oreille du basketteur :

Veronica : Tu es en train de te faire tirer tes chaussures.

Premier réflexe du gars, il regarde ses pieds puis me fixe d’un air interrogateur. Je roule des yeux et poursuit :

Veronica : Tes chaussures de sport idiot !

Il se tourne vers son sac, remarque la main de l’autre dedans. L’autre essaie de s’en aller en courant mais le basketteur et ses réflexes de sportif l’arrêtent avant qu’il ne passe la porte. La secrétaire se lève :

Secrétaire : Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ?
Basketteur : Il était en train de voler mes chaussures.

L’autre abandonne son sac et profite de ce moment d’inattention pour s’enfuir. Personne n’a réagi assez vite, il est déjà loin. Je décide de m’en aller moi aussi. Je cherche mon téléphone au fond de mon sac pour contacter Lilly.

Basketteur : Hé attends ! Je voulais juste te dire merci. Ces baskets coûtent une fortune, je n’aurais pas pu m’en racheter une paire. Tu viens de sauver ma carrière de basketteur à Hearst ! Je te dois une fière chandelle. Moi c’est Wallace Fennel. Dit-il en tendant sa main. Et toi ?
Veronica : Veronica Mars. Répondis-je en la saisissant.
Wallace : Ravi de te rencontrer Veronica. Si tu décides de venir voir un match, je te garderai une place au premier rang !
Veronica : Oh, très aimable ! Dis-je amusée
Wallace : C’est que tu un œil de Lynx ! Un sourire en coin incontrôlé s’affiche sur mon visage. Ce n’est pas la première fois qu’on me compare à ce félin. Il était à côté de moi et je n’ai rien senti, rien vu. Impressionnant !
Veronica : Des années d’entraînement…
Wallace : Vraiment ? Il faudra que tu me racontes ça, une autre fois. Il faut que j’y aille. A bientôt ! Lance-t-il en s’éloignant rapidement vers la salle de sport.
Veronica : A bientôt !

Avant d’être le shérif, papa était détective privé. Tous les week-ends on jouait à notre jeu préféré : enquêter. Il préparait des enquêtes policières du genre « Mais qui a volé ton cartable ? » ou « A la recherche de la licorne disparue », et je devais résoudre le mystère en interrogeant des témoins – que lui et maman prenaient soin d’interpréter, et la voisine aussi parfois -, en fouillant « les scènes de crime »… Bref, il me faisait vivre son métier à travers le jeu. Peut-être était-ce un moyen pour que je ne m’inquiète pas lorsqu’il est sur le terrain, ou pour que je suive ses pas et en fasse mon métier moi aussi. Quoi qu’il en soit, grâce à ça, je suis dotée d’un certain sens de l’observation et j’ai quelques réflexes de détective. Autant m’en servir pour donner un coup de main à un parfait inconnu ! Wallace a l’air vraiment sympa. Son sourire et sa gaieté me rappellent Lilly. Tiens, il faut que je l’appelle…

***

Ca y est, demain c’est la rentrée. Demain sera le premier jour à Hearst pour Duncan et moi. On sonne, c’est lui. Il vient me chercher pour m’aider à emménager dans ma chambre étudiante. Je me précipite pour aller lui ouvrir et saute dans ses bras avant de l’embrasser tendrement.

Duncan : Bonjour toi, prononce-t-il distant et surpris par ce débordement d’affection sur le pas de ma porte.

Veronica : Rassure-toi il n’est pas là.

Duncan : Oh alors ça change tout… Bonjour toi. Renchérit-il sur un ton beaucoup plus chaleureux et doux.

Il me serre dans ses bras et me rend mon baiser. Il avance vers le salon tout en continuant de m’embrasser, je me laisse faire. Il ferme la porte du pied et me jette sur le canapé avant de s’allonger au-dessus de moi.

Veronica : Il n’est pas là, mais il ne va pas tarder. Duncan lâche un petit grognement, dépose une dernière fois ses lèvres sur les miennes et s’éloigne. Il est juste parti promener Back Up. Il devrait arriver d’une minute à l’autre.

On commence alors à charger la voiture. Je n’emmène pas grand-chose, je compte bien continuer de passer une partie de mon temps libre avec mon père. Je lui manquerais trop sinon ! Je ferme le coffre et un énorme chien se jette sur moi et manque de me faire tomber.

Keith : Alors ça y est ? Petit Oiseau quitte le nid ?

Veronica : Eh oui, Petit Oiseau déploie ses ailes et prend son envol. J’espère juste qu’il ne s’écrasera pas au pied de l’arbre pour ensuite être dévoré par un chat. Conclue-je avec une grimace.

Keith : Mais Papa Oiseau te rattrapera avant, ne t’inquiète pas. Ou au pire je m’arrangerais pour faire fuir les chats ! Je souris. Vous mangez ici ce soir ?

Veronica : Et non, ce soir je fais la connaissance de ma future colocataire. Pourvu qu’elle soit sympa et qu’elle n’écoute pas Justin Bieber à longueur de journée ! Dis-je en implorant. Mais ne t’inquiète pas, je te ferai des lasagnes le week-end prochain.

On dépose mes cartons dans la chambre qu’on m’a indiquée. Duncan reste le temps de m’aider à ranger un peu tout ça… et qu’on prenne possession des lieux… Il me quitte juste après ce moment intime assez intense. Je suis encore euphorique. J’espère que ma colocataire ne va pas débarquer maintenant et voir ce sourire béat sur mon visage.

***

Je ne découvre ma colocataire que ce matin. Elle a dû préférer retarder ce moment fatidique. J’avoue que c’est très stressant. Je la reconnais, elle était au lycée, mais on ne s’est jamais parlé. Une jolie brune, qui semble timide.

Veronica : Hey, Salut. Je suis …

Colocataire : … Veronica Mars. Oui, je sais. J’étais à …

Veronica : … Neptune High, moi aussi. On sourit toutes les deux.

Colocataire : Si on commence déjà à finir les phrases l'une de l'autre c'est plutôt bon signe non ? Nouveau sourire. Moi c'est Mac.

Veronica : Mac comme ....

Mac : Mac Kenzie. Cindy Mac Kenzie

Je l’apprécie déjà ! Elle est marrante. Je l'aide à déballer ses affaires. Elle a emmené plus d'ordinateurs, câbles, appareils électriques que de vêtements. Elle m'intrigue. On décide d’aller boire un café à la cafeteria pour faire plus ample connaissance. Alors que j’allais pouvoir commander nos boissons, un type à la démarche nonchalante se poste devant moi et envoie son choix à l’employé.

Veronica : J’hallucine ! Il y en a que ça dérange pas de se croire au-dessus du panier ! Puis faisant mine de me parler à moi-même, un doigt sur la joue, j’ajoute : Le mot « Modestie » fait-il seulement partie du vocabulaire des riches héritiers ? A croire que cette valeur est soigneusement mise à l’écart de leur sens moral, tout comme le respect.

Il se retourne après avoir passé sa commande.

X : Je me disais bien que cette façon d’attaquer les gens dès le matin ne pouvait venir que d’une petite blonde de ma connaissance. Comment vas-tu Veronica ?

FLASH BACK : Soirée chez les 09ers après la remise des diplômes.

X : Enfin tu nous présentes ta copine Duncan !

« Enfin » ? Je dirais plutôt « Déjà » ! Ah mauvaise fois quand tu nous tiens ! Il fallait bien que ça arrive. Cela fait 6 mois que je forme le couple le plus glamour de Neptune High avec le plus riche des 09ers. En tant que représentante de la classe moyenne, je hais tous ces fils et filles de riches qui se pavanent à travers cette pièce. Duncan n’est pas comme eux, heureusement, mais ce sont ses amis. Amis que je prends soin d’éviter à chaque instant. Mais ce soir, ce n’est pas possible, je lui avais promis qu’à la remise de nos diplômes je l’accompagnerais dans une de ces soirées huppées. Lilly m’ayant lâchée pour rejoindre son amant secret, me voilà comme un cheveu au milieu de la soupe.

Duncan : Logan, voici Veronica. Veronica, je te présente Logan, mon meilleur ami sur la côte Est !

Logan : Enchanté Miss Mars, me dit-il mimant une révérence. Duncan me parle sans arrêt de toi.

Il a l’air tellement fier de lui que même en faisant abstraction de la marque de ses vêtements et de sa coiffure dernier cri, on peut être certain qu’il fait partie de ces riches personnes. Pendant que j’analyse son attitude, il discute avec Duncan. Il est tellement prétentieux ! Duncan est heureux de le retrouver, ça se lit sur son visage. Je sors de mes pensées en les entendant évoquer Lilly.

Logan : Où est ta sœur, la mangeuse d’hommes la plus affamée que cette terre n’ait jamais portée ?

Je rêve où il vient de la traiter de trainée ?

Veronica : Quoi ? T’es vexé parce qu’elle ne s’est pas jetée à tes pieds, ou parce qu’elle ne te considère pas comme un homme ?

On ne s’attaque pas à Lilly sous mon nez.

Logan : Et tel un petit lynx, elle sort les griffes. Dit-il en mimant des griffes de ses mains.

Duncan : Ne t’énerves pas Ronnie, il la taquine c’est tout.

Logan : Oui, ni plus ni moins. Je peux me le permettre, on se connait depuis aussi longtemps que ma mémoire puisse se souvenir. Je la considère davantage comme ma sœur, que ma vraie sœur. Mais dis-moi Mars, peux-tu en dire autant ? Amusé, il me défie du regard.

Veronica : Comparé à Duncan, elle ne parle que très rarement de toi. Je comprends pourquoi maintenant ! Dis-je en le toisant du regard. Il sourit.

Je me radoucis et lui explique ma relation avec Lilly. Lui me dit qu’il a quitté Neptune à l’âge de 12 ans, où il passait le plus clair de son temps à jouer à la console avec Duncan. On se rend compte qu’on s’est même déjà croisé chez eux ! Il me raconte des anecdotes sur Duncan et elle, je lui conte les miennes. Duncan, n’y tenant plus, a fini par rejoindre d’autres amis au bout de trente minutes, nous laissant seuls, morts de rire sur la banquette pendant une bonne partie de la soirée. Je comprends pourquoi ils sont si proches malgré la distance. Tout comme Duncan et Lilly, l’image que Logan véhicule ne le représente pas réellement.

FIN DU FLASHBACK

Veronica : Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ? Personne n’est aussi imbu de sa personne que toi, Logan, lui répondis-je avec un faux sourire.

Logan : Rentre tes griffes, petit Lynx. Dit-il en me tendant un des deux cafés préparés par l’employé.

Veronica : Qu’est-ce que tu fais là, Echolls ?

Logan : Ici ? Oh, tu vois où on est ? Eh bien c’est la cafeteria. Les gens viennent chercher une boisson, de quoi manger ou juste s’y reposer entre deux cours. Déclare-t-il ironiquement avant de reprendre plus sérieusement. Ton petit ami n’arrêtait pas de me vanter les mérites de la vie à Neptune. Alors je me suis inscrit ici pour suivre les cours d’économie et profiter des atouts de la Californie. Le Pacifique, le surf, les filles … Enfin, l’histoire de ma vie tu vois ?

Je commande en même temps qu’il me parle un café pour Mac. Lilly et Duncan nous rejoignent à ce moment, je les emmène tous à la table et leur présente Mac. Mac est mal à l’aise au milieu de tous ces 09ers, elle finit par trouver une excuse pour s’enfuir. Je rentre dans son jeu pour la suivre. On va boire notre café dans la chambre tout en discutant. Je lui explique que Lilly et Duncan ne sont pas comme les autres 09ers, ils se définissent autrement que par leur compte en banque. Concernant Logan, je reste sceptique.

***

Les jours défilent, et je me sens de plus en plus proche de Mac. De Logan aussi. On passe notre temps à se taquiner tous les deux, j’ai enfin trouvé un adversaire à ma hauteur dans les joutes verbales. Nous formons tous les cinq un petit groupe assez surprenant aux yeux des autres étudiants. Il est rare de voir des représentants des 09ers et de la classe moyenne passer d’aussi bons moments ensemble. Nous nous retrouvons tous les midis et quasiment tous les soirs, pour bavarder, boire un verre, s’amuser. Les autres soirs, je les passe avec Mac dans l’intimité de notre chambre, parfois Lilly se joint à nous. Je suis finalement assez peu avec Duncan. Nos journées sont bien remplies à tous les deux, mais on s’arrange pour trouver au moins deux demi-journées par semaine rien qu’à nous.

Ce soir, Duncan est convié à une soirée entre « membres de la confrérie » Soirée pyjama en vue ! J’ai prévenu Lilly, on mange un morceau à la cafeteria avant de regarder le dernier film de Will Smith sous la couette, un seau de popcorn sur les genoux. C’est sans compter sur l’élément perturbateur que représente Logan, qui vient de s’attabler avec nous.

Mac : Pas de soirée entre frères pour toi ? Le taquine-t-elle.

Logan : Aurais-tu oublié que je n’ai plus de famille ? Répond-t-il sur le même ton. Mac rougit, gênée. Hey depuis quand prends-tu au mot ce que je raconte ? ajoute-t-il ayant remarqué son trouble, comme pour la rassurer. Je ne me suis inscrit dans aucune confrérie, pas envie d’avoir à partager toutes les jolies filles qui tombent sous mon charme naturel. J’ai déjà Le Dick dans les pattes, je ne vais pas me rajouter un handicap !

Lilly saisit à nouveau l’occasion pour tenter Logan. La dernière fois qu’elle avait vu Logan avant la rentrée, il avait 14 ans. Maintenant qu’il a abandonné son corps d’enfant pour devenir le beau jeune homme qu’il est, Lilly le voit d’un autre œil. En s’approchant de lui comme une tigresse :

Lilly : Je ne vois aucun Dick, ni aucune autre fille sous ton charme dans les parages. Achève-t-elle en s’asseyant sur ses genoux.

Logan (en la forçant à s’asseoir sur la chaise à coté) : Arrête ! Les relations incestueuses, très peu pour moi.

Lilly : Ça va, ça va, j’abandonne ... Pour l’instant ! Ce n’est pas comme si les liens du sang nous unissaient.

Logan : C’est vrai, nous sommes liés par un lien bien plus fort… La fraternité. Ajoute-t-il en exagérant à souhait.

Lilly grimace. Mac et moi rions chaque fois de leur petit jeu.

Logan s’est invité à notre soirée filles… Pas d’accord sur la carrière de mon acteur favori, nous nous sommes lancés dans un débat sur le cinéma. L’occasion de rentrer dans une énième joute verbale pour Logan et moi, et de s’endormir pour Lilly et Mac. Il m’énerve à contrer tous mes arguments, mais j’apprécie sa culture. Il s’en sert à bon escient d’ailleurs car il a réussi à me convaincre que Leonardo DiCaprio est meilleur que Willou (pour les intimes). Fier de lui et me défiant du regard, il se vante d’avoir réussi à faire changer d’avis « Mars, la petite blonde plus que têtue », pour reprendre ses mots. Moi-même étonnée, je le laisse chanter en souriant à ses piques.

Nos invités sont partis et j’ai du mal à m’endormir. J’ai apprécié la soirée, beaucoup, vraiment beaucoup… le débat en particulier. Je me surprends à sourire en repensant aux arguments parfois à la limite du ridicule que nous avons avancés l’un et l’autre, juste pour le plaisir de se contredire. Et le sourire qu’il affichait quand je défendais corps et âme mon opinion. Pas un sourire moqueur, non … mais d’ailleurs c’était quoi ce sourire ? Et ce regard … Pourquoi je frisonne moi ? Bon, stop. Je devrais peut-être envoyer un SMS à Duncan pour savoir comment s’est passée sa soirée. Mais a-t-il pris des nouvelles lui ? Non, alors ça attendra demain !

Je commence doucement à m'assoupir. Je suis tirée de mon demi-sommeil par le vibreur de mon téléphone, regarde l'heure, 2h54. Tu rentres tard Duncan !

SMS: Je suis à la cafeteria. Rejoins-moi si tu ne dors pas. L.

Mais que fait-il encore ici ? Que veut-il ? Ce n’est pas l'heure pour un nouveau débat ! … Il a peut-être des soucis... Maintenant que j'ai les yeux grands ouverts, autant que j'aille vérifier ça.
Je sors doucement de la chambre, réalise que je suis en pyjama. En même temps il est 3h du mat et il me tire de mon lit, une autre tenue serait improbable, non ? Il est là, assis sur la table, les pieds sur les chaises, les coudes sur les genoux et la tête entre les mains. Il ne m'a pas vu arriver.

Veronica : Logan ? … Est-ce que ça va ?

Il sort de sa torpeur, se redresse, me regarde, inspire profondément et s'avance vers moi. J'arque un sourcil, attendant qu'il m'explique sa présence ici, et la mienne par la même occasion. Il écarte une mèche de mon front et dépose ses lèvres contre les miennes. Elles sont chaudes et douces. Mon cœur manque un battement à ce contact. Il s'éloigne déjà, en secouant la tête, avec un sourire nerveux. [Non, attends ! ] Je crois que mon manque de réaction l'a décontenancé. Il se retourne pour fuir, mais je lui saisis le bras pour l'inciter à rester, accroche mes mains à sa nuque et lui rends son baiser.

Alors que je réduis l'espace entre nos corps, ses bras enlacent ma taille. Ses mains parcourent mon dos, il me serre tout contre lui. Il accentue notre baiser. Mes genoux tremblent sous cet excès de douceur, de tendresse, et de désir. Il est doué de ses mains, de ses lèvres, de son corps entier. Mes jambes ne me porteront bientôt plus, il l’a deviné. Il me soulève et m'assoit sur la table. Je frôle la tachycardie. J'ai chaud.

Il passe ses mains sous mon t-shirt. Je m'embrase. Le baiser s'intensifie encore un peu plus. Je frissonne de plaisir sous ses mains et ses lèvres expertes. Comme pour l'inciter à faire de même, j’ôte son polo. Message compris. Je me plaque sur son torse nu, musclé. J'aime la chaleur de son corps, l'odeur de sa peau. Je frémis.

Il fait courir une main sur ma cuisse, bascule ma tête en arrière avec l’autre, glisse ses lèvres sur mon cou et descend doucement sur ma poitrine. Malgré le désir ardent qui l'habite, ses gestes sont délicats, doux, emprunts de sensualité. Il sait vraiment y faire ! Je laisse échapper un soupir de plaisir. Je sens ses lèvres se tendre sur ma peau, il sourit. Il recapture mes lèvres, parcourt mon corps de ses dix doigts. Je suis au bord de la rupture.

Il hésite à aller plus loin, je l'y invite en faisant habillement tomber son jean sur ses chevilles. Ni une ni deux, mon shorty rejoint son jean, suivi de son boxer. Mon bas ventre se tord d'impatience. Il me soulève à nouveau, je l'enlace de mes jambes, il s'assoit sur une chaise. Son bas ventre est aussi impatient que le mien, mais il décide de jouer avec mes nerfs et de tester ma patiente. Un nouveau gémissement m'échappe. Ça le fait craquer, il me laisse nous délivrer enfin.

Je me réveille dans mon lit. Oh mon dieu qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce que j'ai fait à Duncan ? Je panique. Mes souvenirs sont flous. Comme pour vérifier que tout était réel, je relis mon dernier SMS. Tiens ! C'est un SMS de Lilly, qui me confirme qu'elle viendra manger avec nous.

Je cherche le message de Logan, il n'y est pas. Je l'aurais effacé ? Non je n'en ai pas eu le temps ! À moins qu'il n'y ait jamais eu de SMS... Ce qui veut dire que ce n'était qu’un rêve. Oui c'est ça, ce c'était un rêve. Ouf ce n'était qu'un rêve… Une douche froide ! Une douche bien froide ! Je ne vois que ça pour me remettre les idées d’aplomb.

En sortant de la salle de bain, je vois Mac s'extirper de son lit pour aller ouvrir au visiteur un peu trop matinal à son goût. Je souris en la voyant traîner les pieds, les yeux à moitié ouverts. Au son de sa voix, mon corps se tend. Logan entre dans notre chambre avec le petit déjeuner, façon spéciale Echolls de dire merci pour la soirée probablement. Ce n'est pas pour déplaire à Mac. Je rougis sous le regard doux qu'il me lance. J'essaye de cacher mon trouble en cherchant après mon téléphone, demande à Mac si elle ne l'a pas aperçu. Il m'adresse un immense sourire, s'approche doucement de moi. Je rougis de plus belle, mon ventre se tord, je n'ose pas bouger. Il saisit mon poignet et le monte à hauteur des yeux.

Logan : On ne peut pas dire que vous soyez matinales vous deux. C'est ça que tu cherches ?

Je suis une truite. J'ai honte. Il rit. Mon téléphone était dans ma main gauche… Mac s'engouffre dans la salle de bain. Oh non, je ne peux pas rester seule avec lui. Des images d'une folle nuit d'ébats imaginaires me reviennent en tête. La douche froide n'a pas réussi à me faire oublier totalement mon rêve. Je cherche une échappatoire, mais il me devance.

Logan : Si je ne veux pas m'attirer les foudres de ma tornade blonde, il vaut mieux que je file d'ici au plus vite. Je ressens ce qu’on pourrait appeler … de la jalousie. [Pfff, n’importe quoi ma grande]. Bah oui, c'est à Dick que j'avais promis un petit déj. Dit-il avec un sourire en coin. Il m'adresse un petit signe de la main avant de quitter la chambre. Je suis soulagée. [Vraiment n’importe quoi …]

Après les cours, je rejoins Duncan. Nous dinons ensemble chez lui. On se raconte nos soirées respectives de la veille. De fil en aiguilles, arrive ce qui doit arriver entre un homme et sa petite amie, dans la luxueuse maison abandonnée par les parents du jeune homme pour la soirée, après un délicieux dîner en amoureux. Je ne me suis jamais autant lâchée, déchaînée que ce soir. Au plus grand plaisir de Duncan !

***

Ce rêve m’a hantée pendant une bonne semaine. A chaque fois que je croisais Logan, des images de lui et moi à la cafeteria jaillissaient de mon esprit. Je l’ai donc évité le plus possible le temps que ça se tasse. Chose faite ! J’ai l’impression que tout est revenu à la normale maintenant.

Comme souvent, Duncan viens réviser ses cours au Java the Hut pendant mon service. J’aime cette petite attention. Il s’installe dans ma zone, et me donne un coup de main parfois quand je suis débordée. Il est venu cet après-midi. Je suis contente qu’il soit là. Je suis débordée, mais sentir son regard tendre sur moi me redonne des forces.

Oh non pas elles… Madison et ses lèche-bottes passent la porte. Et qu’ai-je mérité pour qu’elles viennent s’asseoir dans ma zone ? Ah oui, elles essayent de séduire ce beau jeune homme qu’est mon petit ami. Duncan est un ange, il n’y prête aucune attention. Il sait à quel point je les hais, elles et leurs manières, leurs égos déplacés, leur superficialité… Je dois aller prendre leur commande, j’y vais en traînant les pieds.

Veronica : Qu’est-ce que je vous sers ?

Madison : Tiens tiens, Veronica Mars en larbin. Pourquoi ne suis-je pas étonnée ? Cet uniforme te va à ravir ! J’ignore encore ce que te trouve Duncan…

Je vais répliquer, mais je croise le regard de Duncan. Il me supplie de laisser tomber. Il me l’a dit des centaines de fois : « Ces filles sont juste jalouses de toi, de ce que tu es, de ce qu’elle ne sont pas et de ce qu’elle n’auront jamais. Ce lien qui nous unit toi et moi. ». Il a sûrement raison. Je me ravise.

Veronica : Alors qu’est-ce que je vous sers ?

Madison : Champagne pour nous toutes. On fête dignement mon anniversaire. Elle marque une pause, comme si elle s’attendait à ce que je le lui souhaite. Puis elle reprend à l’intention de Duncan. J’organise d’ailleurs une fête ce week-end. Tu peux venir si tu veux ! [Aguicheuse !]

Ses groupies gloussent. Duncan n’a même pas levé un sourcil. Je bous à l’intérieur.

Madison : Rajoute-lui une coupe, il a besoin de s’amuser un peu. Il a l’air de s’ennuyer à mourir... Lâche-t-elle pour me défier.

Je force un sourire et je pars préparer leurs boissons, les dépose sur leur table avec l’addition. Je n’ai pas envie de les entendre me siffler comme un chien pour que je la leur rapporte. Je dépose aussi la coupe qu’elle a offerte à Duncan en face de lui.

Duncan : Tu n’étais pas obligée.

Veronica : Bien sûr que si. Ça me donne une bonne excuse de venir te voir, et puis je ne pense pas que les 8$ que coûte ce verre ne manquent à son portefeuille. Profites-en !

Il me sourit, ravi de voir que je prends ça avec légèreté. Un baiser volé, et je reprends le boulot.

***

Quelques jours plus tard, j’accompagne Duncan à la plage. Pendant qu’il surfe, je réviserai. Quelques pas en direction de l'eau et nous sommes alertés par des cris. Logan et Dick sont visiblement prêts à se battre. Duncan réagit vite, il laisse tomber sa planche et les rejoint en courant. Je récupère sa planche et m'approche rapidement, mais reste en retrait. Duncan, posté entre les deux surfeurs, réussit lentement à calmer le jeu. Dick hurle. Logan a couché avec Madison, son ex, ce week-end, probablement à la fameuse fête d’anniversaire. Logan affiche un sourire narquois, ce qui agace profondément Dick. Logan explique pour les deux autres qu'il était saoul, que Madison lui a fait des avances et qu’il n’a pas pu résister bien longtemps face à l’acharnement de la jeune fille. Il tente pour se défendre:

Logan : Ce n'était que pour un soir, Dick. Tu devrais le savoir, on fonctionne de la même façon toi et moi.

Dick : C'est mon ex ! Crie-t-il.

Logan, pour dédramatiser : Oh bah dans ce cas je vais devoir m'abstenir de toutes les filles à 30km à la ronde !

Dick : Elle a compté pour moi. Tu n'avais pas le droit.

Duncan : Je dois avouer qu'il marque un point. "On ne touche pas les mères et les ex des potes, jamais". Articles 104 et 150 du code des potes (d’après Barney Stinson), dude !

L'attitude de Logan change. Son sourire s'efface. Il baisse les yeux. Les paroles de Duncan semblent mettre son cerveau en ébullition.

Logan : Excuse-moi dude. Je ne savais pas qu'elle était aussi importante à tes yeux. Dit-il en tendant une main à Dick.

Ce dernier la saisit ; s'en suit une étreinte masculine.

Logan: Je vais vous laisser, j'ai quelque chose à faire. Conclut-il avec un clin d'œil.

Il récupère sa planche et se dirige vers sa voiture. En me croisant, il ancre dans mes yeux un regard triste, puis détourne la tête. Oh ... Il n'a pas l'air bien. Pourquoi je me sens si mal ?

***