HypnoFanfics

Il était 21h. Logan était passé voir Veronica à l’agence de son père.

Ils s’étaient disputés, encore. Logan ne supportait pas qu’elle l’ait mis à l’écart de son enquête sur le Castle. Elle avait préféré demander à Dick plutôt qu’à lui. Encore une fois, elle lui avait sorti l’excuse que Jake Kane le connaissait trop et qu’il comprendrait vite qu’il jouait l’espion. Mais encore une fois, Logan savait que ce n’était pas la seule raison. Il était sûr que la raison pour laquelle elle ne voulait pas de lui dans l’enquête était la même raison qui avait fait qu’ils avaient rompu quelques années auparavant. Elle prenait des risques, courait de graves dangers ; il s’inquiétait pour elle, il voulait la protéger. Mais avec son grand égo et sa carapace protectrice, elle ne le supportait pas.

Des années plus tard, Logan était certain qu’ils en étaient encore là. Il avait toujours peur pour elle. Même avant qu’elle ne recommence son enquête contre le grand Jake Kane. Il était toujours inquiet pour elle, surtout depuis qu’elle avait quitté Neptune. Et Veronica ne voulait pas qu’il s’en mêle pour rester le seul maître à bord.

« Arrête avec cette excuse V. Je sais que tu ne veux pas de moi parce que tu as peur que j’essaye de t’écarter mais je te protégeais quand je te demandais d’arrêter d’enquêter.

- Et tu crois que je ne te protège pas moi aujourd’hui en te demandant de ne pas te mêler de ça ?

Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose. Tu as déjà assez subi mes enquêtes par le passé. Je ne veux plus être cette fille-là pour toi. Je veux que tu me voies autrement. Je ne veux plus être la petite fille fragile que tu crois devoir protéger, je ne le suis pas et ce depuis longtemps. Mais je ne veux pas non plus être la garce qui préfère le risque à toi. C’est pour ça que je préfère que tu restes à l’écart. Comme ça tu ne sais pas ce qu’il se passe, tu ne sais pas les risques que je prends, et tu ne crains rien.

- V, je sais qui tu es, et tu sais qui je suis. On se l’ait déjà dit. Et je vais réitérer ce que j’ai dit il y a des années. Je t’aime. Jamais aucun risque que tu me feras courir ne sera pire que la peur que j’ai constamment qu’il t’arrive quelque chose.

Veronica se tut. Elle le regarda. Cela faisait maintenant quatre ans qu’ils ne s’étaient pas dit « je t’aime », quatre ans qu’ils n’étaient plus ensemble. Et pourtant ils en étaient certains tous les deux. Il n’avait pas cessé de l’aimer et elle non plus.

Elle allait s’approcher de lui quand le téléphone sonna. Elle répondit à regret, sans cesser de le regarder. Au bout du fil, une voix qu’elle ne connaissait pas demanda à parler à son père. La petite amie du détective avait eu un accident de voiture.

Veronica raccrocha, la mine déconfite. Logan savait que le moment, leur moment, était passé et qu’il ne reviendrait probablement plus avant longtemps, peut-être même jamais.

La jeune fille appela son père à de maintes reprises puis son ami Wallace, en vain. Elle attrapa ses clés au vol et courut dans sa voiture. Logan la suivit, ne sachant pas trop comment réagir. Elle lui demanda de trouver Wallace, de trouver un moyen qu’il sorte du Castle, qu’il puisse aller voir sa mère, sinon il ne lui pardonnerait jamais.

Le jeune homme acquiesça et traversa la route à vive allure pour rejoindre son SUV.

Il était maintenant là, devant le portail du château, attendant que quelqu’un sorte pour qu’il puisse passer sans se faire voir par la porte. L’enceinte était trop sécurisée pour tenter de casser une fenêtre ou de forcer la serrure.

Une voiture se fit entendre. Le jeune homme se cacha dans les fourrés. Le grand portail s’ouvrit, laissant place à un cabriolet violet qui devait coûter une fortune. Un homme d’une vingtaine d’années était au volant. Selon les ecchymoses qu’il avait sur le visage et les mains, il devait s’être battu récemment. Un homme était allongé sur la plage arrière. Mais Logan ne prit pas le temps de regarder de qui il s’agissait. Il se faufila par le portail qui déjà se refermait.

Il courut à travers le parc en faisant attention à ne pas être vu, il esquivait les caméras : passer à ras, se cacher derrière les arbres, jusqu’à arriver devant une fenêtre. Il aperçut Jake Kane qui parlait à Dick. Logan sourit en voyant son ami, il semblait tout à fait à son aise. Jamais personne ne pourrait penser qu’il s’agissait d’une façade et qu’il travaillait en fait pour celle que tout le monde considérait comme son ennemie.

Le portail se rouvrit. Un énorme 4x4 noir entra dans la cour pied au plancher. Logan se baissa pour ne pas être vu. Jake Kane s’approcha de la fenêtre pour regarder qui arrivait. Quand il reconnut l’homme, son visage se transforma.

D’où il était, Logan crut même voir de la peur sur le visage du plus grand homme de Neptune.

Le chauffeur s’arrêta dans un crissement de pneus. Il ouvrit sa porte à la volé. Il semblait très en colère.

« Kane ?! Montre-toi !

Un des sbires du Castle, accompagné de Dick, sortit. Il demanda qui voulait parler au grand patron.

- David  Severine. Mon nom devrait vous dire quelque chose ! Je suis le père de Neal. »

Il dit cela en sortant une petite télécommande de sa poche. C’est là que Logan comprit. Il se leva et hurla le nom de Dick. Celui-ci, surpris, se recula et tomba sur la balustrade des quelques marches qui montaient au château qui se brisa. Dick tomba sur le dos en un énorme fracas que seul Logan entendit. Les autres étaient trop occupés à regarder l’homme qui actionnait un bouton sur la télécommande. Le fracas qui suivit fut encore plus grand. Logan aperçut des flammes qui surgissaient et ce fut le noir complet.

Un an plus tard...

1 an plus tard. 

«  Il est 7 heures, bonjour New York city ! »

Veronica se leva en sursaut. Elle détestait être réveillée par les gens de la radio. Elle préférait se réveiller en douceur avec une musique pop calme. C’est pourquoi elle mettait toujours son réveil à 6h58. Il lui restait alors deux minutes pour éteindre son réveil avant que Derek Benett, du journal du matin, ne lui casse les oreilles. En vérité, il n’y avait qu’une seule personne qu’elle acceptait d’écouter parler à la radio. Il s’agissait d’un de ses amis. Elle se dit alors qu’elle devrait l’appeler pour se plaindre et lui demander de remplacer ce Derek. Mais voilà, ce matin-là, ce n’était pas elle qui avait décidé de l’heure à laquelle il fallait se lever. Elle n’était pas chez elle. Un homme était avec elle dans le lit. Elle s’étira puis fila sous la douche. Elle devait se dépêcher, elle était loin de son bureau et elle avait promis d’y être à 8 heures tapantes. Elle allait dire à son hôte qu’elle devait partir quand il l’appela de la cuisine. Une douce odeur de bacon et de pancakes vint lui renifler les narines.

Veronica voix off : et voilà que tu tombes sur un cuisto en plus !  

Elle entra alors dans la cuisine.

L’homme était en caleçon, ce qui laissait entrevoir parfaitement ses jambes bronzées et musclées de cycliste.

« J’ai toujouRs adoRé les petits déjEUners américaINs, lui dit-il avec un accent français.

Veronica voix off :  arrête de parler, ou je vais encore craquer !

L’homme tenait une assiette remplie de pancakes d’une main et de l’autre, une poêle contenant des œufs brouillés. Elle ragea: les téquilas sunrises n’étaient vraiment pas faites pour elle. Jamais elle n’aurait fini dans le lit de ce Français sinon. Jamais elle ne couchait avec un inconnu, si charmant soit-il.

« Je n’ai pas trop le temps mais merci ! » répondit-elle avec un sourire timide quand il lui tendit son assiette.

Son téléphone sonna, elle se dépêcha de répondre.

« Mars ? hum hum… oui j’y serais dans 15 minutes. Merci au revoir. »

Elle regarda le français avec des yeux d’excuses et se dépêcha de partir.

- Je …, le Français aurait aimé ajouter quelque chose, mais Veronica avait déjà filé.

Arrivée sur les lieux, elle passa sous les bandes jaunes de sécurité en présentant sa carte.

Le policier leva les yeux au ciel mais la laissa passer.

Le lieutenant de police en charge vint à sa rencontre.

« George Voigt, à qui ai-je l’honneur ?

- Veronica Mars, New York Times, puis-je vous poser quelques questions ?

Après quelques années à Columbia en faculté de droit, Veronica était retournée à sa première passion : la photographie. Elle avait fait plusieurs expositions dont une qui n’était pas restée inaperçue auprès des amateurs de photos de la grosse pomme. Son amie, Gabriela Garcia, galeriste, l’entrainait à se dépasser dans son art. Elle lui avait même trouvé un poste de consultante auprès des meilleurs journalistes du Times. Depuis peu, on lui avait laissé la possibilité d’écrire des articles elle-même et de ne plus être que la photographe de secours. Elle possédait dorénavant une carte de presse en tant que journaliste étudiante. Elle suivait des cours de perfectionnement le soir, malgré son CV déjà bien rempli par rapport à la plupart de ses camarades de classe.

« Nous suivons l’affaire de très près au Times, commença-t-elle. Vous pensez qu’il s’agit du même homme que pour la victime de la 35^ème ? »

L’inspecteur leva les yeux au ciel; encore une fille à papa, blonde qui plus est, qui voulait briller pour faire de la télévision. Mais très vite, après quelques minutes de conversation, il comprit que la première impression qu’il avait eue de la jeune fille était fausse. Il dût l’avouer, elle savait ce qu’elle disait et connaissait son sujet.  La gamine commençait même à lui plaire !

Veronica rentra chez elle, ivre d’enquêter. Elle passa son après-midi sur Internet à la recherche du moindre petit indice dans les archives des journaux. Elle était sûre que l’affaire était en lien avec d’autres plus anciennes et elle allait le prouver. Elle avait un scoop, elle le sentait et n’allait pas laisser passer sa chance de faire un superbe article. Et qui sait ? se dit-elle, il mériterait peut-être la première page du Times. Elle en rêvait.

En passant en revue les actualités, elle tomba sur une page qui l’intrigua.

« Noyée sous le soleil de Neptune, Californie ».  Une mort à Neptune, ça ce n’était pas surprenant. Ce qui l’était, c’était le fait qu’elle soit répertoriée dans les actualités des plus grands journaux du pays. Elle parcourut donc l’article, d’abord brièvement puis plus précisément.

« Retrouvée morte dans sa piscine. Blonde. Jeune. 10h du matin. Sans doute un meurtre. Aucun témoin » sont les choses que Veronica garda en mémoire. L’article était peu détaillé, cela avait eu lieu le matin même, donc peu d’informations étaient disponibles. La jeune femme chercha dans d’autres bases de données journalistiques. Elle trouva un unique autre article qui la surprit. Le nom de Jake Kane apparaissait. Apparemment, la jeune fille avait un lien avec la famille Kane. Mais Veronica ne voyait pas du tout de qui il s’agissait. Elle préféra oublier et reprendre son travail. Les choses avec Jake Kane n’avaient jamais été simples mais elle s’était promis de ne plus se mêler de ses affaires… pour le bien de tous…

Veronica dormait à poings fermés quand son téléphone vibra sur sa table de nuit. Elle regarda l’heure à son réveil : 2 heures du matin. Qui pouvait l’appeler à cette heure-ci ? Elle décrocha sans regarder le numéro dévoilé, la tête encore embrumée de fatigue.

« Mars ?

- Veronica ? C’est Mac. Désolée il est tard, surtout pour toi à New York mais j’ai besoin de toi.

La jeune blonde se leva d’un bond. Mac avait une voix triste et effrayée. Elle était certaine que c’était important, surtout sachant que cela faisait plus de six mois qu’elles ne s’étaient pas parlé. La dernière fois, Veronica lui avait envoyé un mail pour son anniversaire. « Merci » avait été sa seule réponse.

- Pas de problème ! Que se passe-t-il Mac ?

- Je suis en prison. Le shérif m’a arrêtée ce soir.

- Pardon ?

Si quelqu’un de son entourage devait l’appeler de prison, jamais elle n’aurait pensé que ce pu être Mac.

- Parker est morte. Elle a été assassinée ce matin. Le shérif m’accuse. J’ai besoin de toi Veron… »

La conversation coupa. Seul un « bip bip » retentissant répondit à Veronica. Elle secoua la tête d’incompréhension. Elle retourna la conversation plusieurs fois dans sa tête. Elle n’en croyait pas ses oreilles. Elle se pinça pour savoir si elle ne rêvait pas. « Aie ».  Elle regarda le dernier numéro entrant dans son téléphone : « Bureau du shérif de Neptune ».

Veronica voix off : Oh mon dieu Mac !! 

Veronica se leva à toute vitesse. Elle ouvrit son ordinateur et l’alluma.

Veronica voix off : Oh mon dieu Parker ! 

Cinq heures plus tard, Veronica était dans l’avion. Elle avait pris le premier vol du matin pour la Californie. Elle était passée au bureau du Times mais personne n’était encore arrivé bien sûr. Les femmes de ménage étaient présentes. Elle les convainquit de la laisser entrer dans le bureau du rédacteur en chef. Elle laissa une note sur son bureau : « Monsieur, j’ai une urgence dans ma ville natale. Je travaillerai sur l’affaire Kisella sur place, j’emmène mes notes et mon ordinateur. Je serai joignable si besoin. Je ne veux surtout pas laisser passer cette affaire, faites-moi confiance. »

Stressée, la jeune fille éteignit son téléphone après un troisième regard noir de l’hôtesse de l’air. Ils allaient décoller.

Il a fallu six heures au vol 316 pour atterrir à LAX, l’aéroport de Los Angeles. Veronica était exténuée, elle n’avait pas réussi à dormir, un bébé n’avait pas arrêté de hurler pendant tout le trajet. Le pire, se dit-elle, c’est qu’il lui fallait encore atteindre Neptune et donc trouver rapidement un taxi ou alors ça serait le bus, et ça elle ne voulait même pas y penser !

En attendant sa valise devant les tapis roulants, elle alluma son téléphone. Il y avait un message vocal du Times.

 Veronica voix off :  Neptune, tu auras raison de moi ! Jamais je ne pourrai te quitter et vivre ma vie !?!! 

 Avant d’écouter le message de son boss, la jeune fille envoya un texto à son père : « Je suis à LA, je prends un taxi, prépare-moi un chocolat avec plein de guimauves, j’en ai besoin ! »

 Très vite elle reçut une réponse : « bonjour à toi, fille, mi casa es tù casa, ou plutôt mon agence est ton agence ! J’y suis, rejoins-moi là-bas. »

Veronica sourit, son père avait toujours le mot pour rire, même dans les pires situations. Il ne pouvait ignorer la raison de son retour. Un taxi passa près de la jeune fille qui le héla. Le chauffeur, un jeune homme noir musclé, sourit en regardant sa cliente. Elle lui fit un sourire timide tout en gardant un regard dur. Il tourna vite la tête, prit ses bagages et après lui avoir demandé l’adresse où se rendre, ne lui adressa plus la parole du trajet.

 Veronica voix off : Veronica Mars ou la fille qui fait fuir tous les hommes.

 Dans le taxi, Veronica prit enfin le temps d’écouter le message de son patron :

« Mlle Mars, je vous fais confiance. Vous pouvez traiter ce sujet, même à des milliers de kilomètres, il ne faut juste pas qu’un autre crime surgisse à New York. Sinon il faudra vous libérer ou je serais obligé de laisser le sujet à un de vos collègues. A bientôt Mlle Mars. Profitez du soleil de Californie ! »

Veronica soupira, elle ne réussissait jamais à savoir quand Sheldon Briveland était ironique ou sérieux.

 La jeune fille regardait par la fenêtre, la tête pleine de réflexions : que s’était-il passé ? Pourquoi Mac était-elle accusée ? Depuis quand Parker était-elle à Neptune ? Avait-elle vraiment été assassinée et pourquoi ? Un panneau directionnel indiquant l’arrivée imminente à Neptune laissa un gout amer dans la gorge de Veronica, et une boule se forma dans son estomac. Elle n’était pas venue à Neptune depuis maintenant 1 an. Depuis ce soir-là où tout avait changé…

« Papa ? C’est moi ! 

Keith Mars sortit rapidement de son bureau et prit sa fille dans ses bras en la soulevant du sol.

- Oh ma chérie ! Tu m’as tellement manqué !

- Oui, je fais souvent cet effet-là aux hommes, railla Veronica, lâche-moi maintenant où je vais te vomir dessus !  

- C’est pour ça que je t’embrasse avant que tu boives ce chocolat que tu m’as commandé !

Le détective posa sa fille au sol et la regarda dans les yeux en remettant une mèche de cheveux blonds derrière son oreille.

Veronica rit, « tu penses à tout ! »

Keith sourit en lui servant son lait chocolaté

- N’oublie pas les gui… » commença-t-elle, mais son père sortait déjà le paquet de marshmalows de son placard à cochonneries, comme elle aimait l’appeler.

Pendant près d’une demi-heure, le père et la fille firent comme si tout allait bien, comme s’ils s’étaient vus la veille, comme si rien n’avait changé. Mais très vite le temps les rattrapa.

« Je sais que tu es là pour Mac. Veronica, il faut que je te dise, ils ont des charges solides contre elle. Elle et Parker se voyaient souvent ces derniers temps. Mac dit qu’elles étaient amies mais des e-mails anonymes menaçant Parker ont été envoyés. Et il semble qu’ils provenaient de l’ordinateur de Cindy. »

Veronica fit la grimace. Mac s’était fait prendre à son propre jeu. C’était elle qui arrêtait les méchants en fouillant dans leur ordinateur à l’époque du lycée. Mais une chose intrigua la jeune journaliste, son amie était pourtant la meilleure pour cacher les traces provenant de sa machine… De toute façon, Veronica n’avait pas besoin de chercher à croire à son innocence, jamais elle n’aurait pu penser le contraire. Il fallait juste le prouver aux yeux des autres, et surtout du nouveau shérif qui n’avait pas l’air facile d’après son père. « Le contraire de Dan Lamb, avait-il dit. Un mélange entre Al Capone et Benjamin Gates ». Veronica n’avait pas compris l’allusion mais son père avait toujours des idées farfelues. 

- J’ai du travail aujourd’hui, je peux te laisser la boutique pour quelques heures ? demanda le détective à sa fille.

- Bien sûr, ça me changera les idées ! Et puis, j’ai du travail moi aussi, dit-elle en sortant son ordinateur de son sac. Je ne peux pas aller voir Mac avant ce soir de toute façon.

- Oui, alors pourquoi es-tu venue si tôt ?

Keith était sorti, son appareil photo dans une main, un calepin dans l’autre, et un stylo dans la poche. Veronica n’avait pas répondu à sa dernière question. Pourquoi était-elle venue si tôt ? Pourquoi avait-elle pris le premier vol ce matin ? Peut-être pour rattraper le temps qu’elle avait passé loin de Neptune, peut-être pour prouver à Mac qu’elle était présente, pour se prouver à elle-même qu’elle n’avait pas autant changé, comme tout le monde le pensait et puis surtout parce qu’elle savait que si elle n’était pas partie de suite, elle ne serait probablement jamais montée dans cet avion.

Veronica voix off : tu te serais dégonflée une fois de plus, voilà tout…

 Le téléphone sonna. La jeune fille se dirigea vers le bureau sur lequel un écriteau indiquait « réception », de nombreux dossiers en cours étaient posés dessus, et des papiers rappelant que de nouveaux clients attendaient le détective Mars tapissaient la table. Elle répondit aussitôt : « Mars Investigations, que puis-je faire pour vous ? » Elle avait dit ça tellement souvent pendant ses années de lycée que les mots lui vinrent comme si elle n’était jamais partie de ce bureau. La personne au bout du fil eut un moment d’hésitation.

« Je voudrais parler au détective Mars s’il vous plait, c’est important… »

Cette voix… elle la reconnut aussitôt, le sang ne fit qu’un tour dans ses veines. Elle répondit très vite en un souffle : « il est absent pour le moment, il sera là en fin d’après-midi, vous pourrez le rappeler à ce moment-là. » puis elle raccrocha.

Veronica passa la journée à écrire son sujet sur l’affaire Kisella, la victime de la veille.  Elle téléphona à des informateurs, vérifia s’il n’y avait pas du nouveau dans les journaux concurrents et s’il n’y avait pas eu d’autres victimes. Il fallait qu’elle finisse son papier vite, sinon un concurrent pourrait sortir son scoop avant elle. Mais elle était perfectionniste, elle revérifierait encore une dizaine de fois tous les détails avant de dire qu’il était terminé et prêt à être publié.

Son travail lui permit d’oublier l’affaire Parker un moment et le coup de fil du matin. Mais très vite son dossier n’avançait plus, elle n’arrivait plus à écrire aucune ligne. « Syndrome de la page blanche, se dit-elle. » Elle parcourut donc les journaux locaux sur internet pour en savoir plus sur la mort de Parker Lee. Une journée s’était écoulée, les journalistes avaient dû s’empresser de dévoiler l’affaire, peut-être avec plus de détails que les articles de la nuit précédente. Elle trouva vite l’article qu’elle cherchait.

« Une jeune fille est décédée hier matin dans sa piscine dans un quartier chic de Neptune. La jeune fille, originaire du Colorado, s’était fiancée récemment à Jake Kane, un riche entrepreneur du célèbre quartier 90909 de la ville. Ce quartier a fait couler beaucoup de sang ces dernières années. Aaron Echolls, acteur célèbre dont la femme s’était suicidée, avait assassiné une jeune adolescente, elle-même fille de Jake Kane. Mais cette fois, Aaron Echolls n’y est pour rien. Il a été lui-même assassiné. L’histoire se répète on dirait.»

Veronica eut un rictus.

Veronica voix off : Neptune ou la ville où tous les gens sont liés par le sang et le crime. 

Keith Mars entra dans son bureau à cinq heures de l’après-midi. Il réveilla sa fille qui s’était autorisée à faire une sieste sur le sofa. Avec le décalage horaire et le peu d’heures qu’elle avait dormi cette nuit, elle était exténuée.

« Je pense que tu peux aller voir Mac maintenant ma chérie. Je suis sûre qu’elle est impatiente de te voir.

Veronica se releva du canapé en s’étirant et se frottant les yeux.

- Elle doit avoir hâte de rencontrer un ancien détective privé qui l’aidera à l’innocenter gratuitement, ça oui. Mais me voir moi, son amie qui l’a trahie, j’en doute.

Son père soupira puis l’embrassa sur la joue.

- Sache qu’elle aurait pu avoir un autre détective travaillant gratuitement dans le coin, mais qu’elle a préféré t’appeler toi alors que tu étais à des milliers de kilomètres de là.

Veronica emprunta la voiture de son père pour se rendre au bureau du shérif. Elle souffla à grandes bouffées avant de pousser la porte et de se présenter à l’accueil. Elle sourit en voyant la réceptionniste. Elle n’avait pas changé depuis toutes ces années.

« Verrrronica ? Que puis-je faire pour toi ? demanda Olga avec son accent russe, ton père m’a dit que tu venais peu souvent le voir, c’est triste, je pensais qu’il t’avait mieux éduqué que ça.

Veronica eut un sourire timide.

- J’ai été pas mal occupée ces derniers temps avec mon nouveau boulot, ma vie à New York etc…

Olga hocha la tête mais avec une moue de désaccord.

La jeune blonde préféra couper court à la conversation.

- Je suis venue voir mon amie Mac, Cindy Macchenzie. Elle a été amenée ici hier soir par le shérif.

La réceptionniste hocha à nouveau la tête et demanda à un officier de conduire la jeune fille vers son amie.

Veronica voix off : allez Mars sois forte ! Ce n’est pas comme si tu n’avais jamais été dans cette situation. Tu vas la voir, tu l’écoutes, tu l’aides et tout est réglé.

Veronica se ravisa aussitôt quand elle vit le regard de Mac à son arrivée. C’était loin d’être réglé on dirait.

« Bonjour, dit Cindy doucement.

- Bonjour Mac, je suis contente de te voir, même si la situation est un peu particulière pour des retrouvailles, dit la blonde en souriant.

Mac eut un léger rictus puis se détourna.

- Il faut que tu m’aides, tout m’accuse mais je suis innocente, déclara-t-elle les yeux fixant le sol.

- Je sais. Raconte-moi ce qu’il s’est passé.

Mac expliqua à la journaliste les évènements des derniers jours sans jamais poser le regard sur elle.

Veronica apprit que Parker et Mac étaient devenues très bonnes amies après son départ pour New York. Parker avait réussi à redonner le sourire à Mac qui se sentait seule sans sa meilleure amie. Elle allait régulièrement voir ses parents à Denver mais revenait très vite. Elle disait se sentir chez elle à Neptune.  

Mac avait insisté sur le mot « elle », Veronica ressentit comme un couteau qu’on lui enfonçait dans le dos. Parker était donc revenue de Denver après une année passée dans sa famille. Elle était rentrée avec une peine de cœur. Très vite, elle s’était entichée d’un homme marié qu’elle avait rencontré dans un bar. Mac avait compris plus tard qu’il s’agissait de Jake Kane. Celui-là même qui avait demandé le divorce à sa femme pour se fiancer avec une jeune fille de 24 ans qu’il avait attendu toute sa vie, selon ce qu’il avait dit aux médias. Parker et Jake s’étaient fiancés trois semaines plus tôt. Cela avait fait un certain scandale chez les 09ers : les partisans de Celeste Kane, surtout des femmes qui dévisageaient Jake et Parker à chaque fois qu’ils les croisaient, contre les hommes riches et vieux qui pensaient que Jake avait bien raison de se faire plaisir pour la fin de sa vie au lieu de rester avec une pimbèche comme Céleste. A ces mots, Veronica ne put étouffer un rire. Mac la regarda soudainement en souriant. Le sourire de Veronica n’en fut que plus fort et sincère.

« C’est à peu près tout, finit par dire Mac. Parker était en pleins préparatifs de mariage. Ils avaient prévu de se marier dans peu de temps. Ils avaient cette envie de ne pas attendre, comme s’ils avaient une épée de Damoclès au-dessus d’eux.

La jeune brune regarda son ancienne amie, comme si elle attendait une réplique de sa part. Son humour noir était célèbre et elle n’avait jamais trop apprécié Parker. Ça serait une belle occasion pour elle. Mais Veronica se tut. Elle n’avait pas envie de faire de l’humour, la situation était trop sérieuse. Parker, même si elle n’était pas son amie, était une connaissance, et elles avaient ri toutes les deux dans le passé, de plus elle était très proche de Mac et des autres et elle voyait bien que son amie souffrait.

Les autres… est-ce pour cela qu’il avait appelé son père ce matin ?