HypnoFanfics

Veronica venait de raccompagner Eli et Magdalena à leur voiture, elle remontait vers le bureau quand son portable sonna. Elle regarda l’écran et eut un sourire. C’était l’alarme de la Navy. Il était l’heure de retrouver l’Amiral. Elle prit le soin de verrouiller l’entrée avant de rejoindre son bureau. Mac plongée dans l’analyse de l’ordinateur portable apporté par Magdalena ne la vit même pas passer. Veronica se recoiffa rapidement le temps que l’ordinateur s’éveille. Pendant que la connexion s’établissait, elle libéra le champ de sa caméra. Les dossiers seraient mis sur le côté pour quelques minutes.

- C’est bon, je crois que tu peux les lâcher tes dossiers, ils ne vont pas s’envoler, fit une voix rendue grésillante par le haut-parleur.

Bêtement, elle sursauta.

- Je suis si mal en point ? Ou il se passe un truc à Neptune pour que tu bondisses comme ça ?

Veronica s’assit face à la caméra et regarda son homme. C’était vrai qu’il n’était pas au mieux de sa forme. Le teint fatigué, les cernes creusés, il avait certainement écourté sa nuit pour pouvoir lui parler. Aussi, elle mit un point d’honneur à le faire rire.

- Même si tu perdais tout ton beau bronzage, tu resterais mon surfeur préféré…

- Veronica… Je te connais. Il se passe un truc à Neptune. Ne cherche pas à m’épargner, à me protéger ou je ne sais quelle autre bêtise de fille… En plus, tu sais pertinemment que je ne pourrais pas jouer au chevalier blanc… La Marine n’est pas très permissive sur ce sujet. Alors, Neptune ?

La détective soupira. Elle qui avait espéré minauder un peu se retrouvait victime d’un interrogatoire.

- Un meurtre d’adolescente. Une hispano. Lamb a plié l’affaire mais il se plante comme toujours. Donc…

- Te voilà repartie à la chasse à l’assassin et tu n’as que ton taser pour te défendre…se plaignit-il.

- Logan, on en a déjà parlé… Et je te promets qu’à ton retour, je te suis à la base pour apprendre à tirer au bon moment. Mais ce soir, tu vas m’accorder une faveur.

- Comme si je pouvais te refuser quoi que ce soit… Dis toujours…

- Je ne peux pas te questionner sur ton boulot, alors tu vas faire pareil ! On ne va parler que de nous.

Veronica se leva et baissa les stores de son bureau. Elle mit une compil de leurs chansons adolescentes préférées. Elle régla le son suffisamment haut pour que Mac comprenne : ne pas déranger. Logan eut un rire depuis sa cabine. Il reconnaissait bien sa petite-amie. Toujours à retourner la situation à son avantage. Beau joueur, il accéda à sa requête et se mit à parler d’eux sur une musique des Dandy Warhols. Ils discutèrent déco de leur maison, rangement des placards. Veronica ne trouvait toujours pas la passoire. Quand tous les sujets furent passés sur le grill, Veronica lui proposa de jouer à ni oui, ni non. Logan n’était pas particulièrement enthousiaste mais lorsque Veronica lui expliqua qu’à chaque erreur, ils devaient quitter un vêtement, Logan fut très intéressé par le jeu et s’amusa à piéger sa belle.

 « Je ne connais pas le mot de passe », avait dit Magdalena. « Mac s’en chargera » avait répondu Veronica. Et Mac s’en était chargée. Ça n'avait pas été le plus difficile. Pour trouver un mot de passe soit vous êtes comme Veronica, vous analysez la personnalité et l’environnement de votre victime et vous déduisez son code. Soit vous êtes comme Mac, vous laissez un algorithme créé par vos soins faire le boulot. Mac fit tourner son petit programme pendant qu’elle se servait un café. Elle eut un pincement au cœur en entendant la compil rock de Veronica résonner fort et clair dans le bureau. Elle envoya paître sa jalousie et retourna travailler sans déranger Veronica puisque telle était sa volonté. Une fois le mot de passe trouvé (M&M4ever), Mac visita l’arborescence du disque dur. Des photos de famille, des chansons piratées pour la plupart, une boite mail savamment organisée, un agenda très détaillé et un journal intime assez succinct. La hackeuse laissa de côté les photos, les musiques, les mails et le journal. C’était l’agenda sur-détaillé qui l’intéressait. Pourquoi une adolescente aurait besoin de noter tant de choses ? Mac allait commencer son analyse quand on toqua à la porte. Elle ne bougea pas. Si c’était Keith, il avait les clefs. Si c’était un client, il pourrait repasser aux horaires d’ouverture notés sur la plaque. Mais les coups de poings sur la porte ne s’arrêtèrent pas. Ils s’amplifièrent. Et s’ils l’avaient débusquée… Mac ouvrit son tiroir et prit son sig sauer en main. Elle allait se lever pour voir quand la porte du bureau s’ouvrit à toute volée. Le visiteur las d’attendre avait fait sauter la serrure. Mac pointa son arme en direction de l’intrus. Elle baissa le canon quand elle reconnut le visiteur nocturne.

Mac voix off : si tu te mets dans des états pareils pour un 3-09 bourré, es-tu vraiment de taille à  les affronter ?  

La hackeuse glissa son arme dans son dos et s’avança vers Dick.

- On peut savoir ce qu’il te prend ?!

- Je veux voir Mars ! hurla Dick complètement ivre.

- On est fermé, répondit Mac en redressant la porte enfoncée.

- Je veux la voir ! beugla-t-il plus fort.

- Elle n’est pas…

- Ne me dis pas qu’elle n’est pas là, postillonna-t-il au visage de Mac en pointant le bureau de Veronica d’où s’échappaient les notes de Sway.

- Elle. N’est. Pas. Disponible, martela Mac en finissant sa réparation de fortune sur la porte.

L’intervention d’un professionnel serait nécessaire. Il n’y était pas allé de main morte le surfeur.

- Je veux la voir ! cria-t-il en se dirigeant vers la porte du bureau de Veronica.

Mac se glissa derrière lui. Elle était plus petite que lui. Elle ne pourrait pas le contenir mais elle tenta quand même sa chance. Elle posa ses mains sur les avants bras de Dick et essaya de l’empêcher d’arracher une autre porte.

- Lâche la porte, Dick ! Lâche-la ! Supplia-t-elle en lui maintenant aussi fermement qu’elle le pouvait les bras.

Dick s’énervait contre la porte vitrée du bureau privé de Veronica. La rage de Dick était décuplée par le contact physique que lui offrait Mac. Malgré sa colère, elle restait douce avec lui. Dick n’aimait pas ça. Sa douceur lui rappelait combien il était devenu inconséquent et méprisable. Il essaya de se dégager d’elle mais elle tenait bon. Il cogna alors plus fort sur la porte dans l’espoir de lui faire peur et aussi pour faire sortir la blonde de sa bulle de bonheur.

- Elle va venir ! Mais ne casse pas une autre porte !

En terminant sa phrase, Mac sentit la porte céder. Elle partit en arrière toujours accrochée à Dick. Quand la porte fut complètement ouverte par les soins de Veronica, Dick quitta le contact de la hackeuse en lui jetant un regard noir. Il ne voulait pas qu’elle le touche.

- C’est quoi ce bazar ? demanda Veronica une main sur la hanche et une autre sous son ordinateur portable.

- Bon sang, Dick, dans quel état tu es ? fit l’ordinateur qui affichait un E-Logan.

Dick, frappé par la voix de Logan, redressa la tête. Il avait l’air hagard et ses yeux commençaient sérieusement à le piquer. Il passa son pouce et son index sur ses paupières pour cacher ses larmes. Mac s’éloigna de la scène en pestant.

- Il est ivre ton pote. Comme toujours.

- Oh ça va, la ferme Macintosh…

La hackeuse préféra s’éloigner plutôt que de rentrer dans son jeu. Son psy lui avait conseillé d’arrêter de s’investir dans les relations basées sur le conflit. Pour une fois, elle l’écouta et laissa Veronica régler le problème Casablancas. E-Logan prit les choses en main. Il salua Veronica et lui adressa une requête. Logan en fin diplomate ne la formula pas à haute voix, il l’écrivit sur un papier qu’il montra à la caméra. Ainsi seule Veronica reçut le message. Le mot disait : « Veille sur lui. Il ne me reste que lui comme ami… » Veronica opina du chef pour lui indiquer qu’elle avait compris.

 Une fois la connexion rompue, Veronica s’approcha de Dick. Il se laissa conduire dans la mini kitchenette de leur office.

- Tu veux bien me dire ce qui t’a poussé à arracher la porte de mon bureau ? demanda-t-elle en proposant un verre d’eau et un comprimé de paracétamol au surfeur.

Dick accepta volontiers le verre et le médicament. Ça commençait à légèrement tanguer. Il vida d’un trait le verre et s’en resservit un second avant de bougonner.

- Elle n'avait qu’à m’ouvrir quand j’ai frappé… Ta porte n’aurait pas été détruite…

- Laisse Mac en dehors de ça. Pourquoi tu es venu si tard ?

Dick se murât dans le silence comme un petit garçon pris en faute. Veronica mit en branle son esprit analytique pour combler les blancs.

- Bon… Tu viens à Mars Investigations à une heure tardive. J’en déduis que tu as un problème et c’est important.

Dick releva le nez pour acquiescer mais sans ouvrir la bouche.

- Tu exiges de me voir personnellement. J’en déduis et je le fais en toute modestie, que tu as un gros problème, que c’est très important. J’ai bon jusque-là Dick ?

Il acquiesça à nouveau.

- Bon, je coche quelle case maintenant : filles, drogues, argent ? Les trois ? Tu as perdu ton portefeuille et tu ne peux pas payer ta revendeuse de came préférée ?

Veronica savait qu’elle dépassait un peu les bornes avec sa dernière question mais il fallait sortir Dick de son mutisme.

- Presque, blondie… C’est bien une histoire de fille et d’argent…

Veronica s’installa sur la petite chaise de kitchenette pendant que Dick s’appuyait contre l’évier pour s’expliquer.

- Je suis sorti avec une magnifique brune, on a fait la fête et tout à l’heure en voulant payer la note ma carte a été refusée…

- Oh, trop dure la vie, lâcha Mac qui venait de s’appuyer au chambranle de la porte de la cuisine.

Dick ne lui adressa pas un regard, par contre Veronica fusillait sa collègue des yeux. Mac fit un 360° oculaire et s’insultant intérieurement. Pourquoi avait-elle besoin de l’asticoter ?

- J’ai l’air un peu foufou sur les bords mais je sais compter.

- Oh oui ! Une bière plus une bière, ça fait deux bières, persifla Mac.

La hackeuse se mordit la joue. Elle n’arrivait jamais à se retenir avec lui. Quand il lâchait une ânerie, il fallait qu’elle en rajoute une couche. Elle en parlerait à son psy, enfin si Veronica la laissait vivre jusque-là. La blonde venait à nouveau de la fusiller du regard.

Veronica voix off : Arrête de lui taper dessus… Mon dieu, on dirait Logan et moi au lycée avant qu’on ne se mette ensemble…

- Pense ce que tu veux, mais si j’ai pu éviter de travailler jusqu’à aujourd’hui, c’est parce que je sais compter. Et ce soir, je n’aurais pas dû être à sec.

Veronica se leva pour réfléchir et aussi pour parer la réaction de sa collègue à la déclaration qui allait suivre.

- Dick, les problèmes de compte et de carte bancaire, c’est le domaine de Mac. C’est elle qui va devoir gérer ton affaire. Enfin, si vous acceptez de vous parler sans vous étriper… ne serait-ce que quelques minutes…

Mac eut le souffle coupé. Dick regarda par en-dessous la hackeuse. Il était de notoriété publique que ces deux-là ne faisaient que s’asticoter mais personne ne pouvait expliquer pourquoi cela avait toujours été ainsi. Ne voulant pas assister à la curée, Veronica quitta la kitchenette pour le hall et au passage elle récupéra une boite à outils. Elle allait jouer du marteau ou de n’importe quel autre outil afin de surveiller son associée et son client. Seuls dans la cuisine, ils se jaugèrent du regard. Aucun des deux ne voulait céder, pourtant il fallait bien que l’un parle pour résoudre cette affaire. Ce fut Mac qui rompit le silence.

- On va essayer de retrouver tes millions…

- Oh, tu sais, il s’agit plus de dizaines de milliers de dollars.

Après cet échange presque normal, ils s’assirent devant le grand écran. Mac laissa parler sa magie et en moins de temps qu’il ne faut à Dick pour siffler un pack de bières, elle avait trouvé.

- Ta mère ne te verse plus ta rente mensuelle.

Dick encaissa le choc mais ça n’expliquait pas tout. Même sans la rente du mois, il n’aurait pas dû être à sec.

- Elle a aussi utilisé la procuration qu’elle a sur ton compte pour pomper ce qu’il te restait…

Ce fut la goutte d’eau. Dick se prit la tête entre les mains et marmonna pour lui-même.

- Il ne me restait plus qu’elle… Et elle me prend tout. Pourquoi j’ai une famille aussi naze ?

Mac lui laissa quelques secondes de répit avant de lui demander de partir. Elle avait eu son compte de Dick pour la soirée. Mais celui-ci n’en avait pas fini.

- Pourquoi a-t-elle fait ça ? Trouve pourquoi elle a fait ça, Mac.

- Parce que tu as passé l’âge d’être entretenu, peut-être…

Le bruit d’un outil tombant lourdement dans la caisse indiqua à la hackeuse qu’elle avait mal répondu. Elle se reprit.

- Enfin, même si tu as passé l’âge de l’argent de poche, ça n’explique pas pourquoi elle a pompé le reste…

Mac tendit l’oreille. Les outils ne firent aucun bruit. Elle avait dû bien répondre cette fois.

- Elle estime avoir payé sa dette et elle me reprend les intérêts.

- Sa dette, demanda Mac interloquée.

- Ma mère a toujours considéré l’amour comme une valeur monétaire. Depuis le … lycée, elle se sent redevable…

Dick se leva et avant de partir, il s’excusa auprès des filles pour la frayeur, les dégâts et le dérangement. Il promit de payer une fois ses économies retrouvées. Seule devant son écran, Mac essaya de retrouver l’événement du lycée qui aurait amené Mme Casablancas à aimer davantage Dick. Qu’est-ce qui avait pu expliquer un transfert d’amour ? Ce fut Veronica qui comprit la première.

- Il parlait de Cassidy. Il a dû perdre son frère pour gagner davantage d’amour de sa mère… Et encore, peut-on parler d’amour ?

Mac eut un sourire triste en repensant aux mots de Veronica. Elle avait souffert après le suicide de Cassidy. Elle s’en était sortie grâce à ses amis, sa famille, son psy. Son psy qu’elle voyait toujours quand c’était trop dur d’affronter le monde réel, quand tirer dans des cibles en cartons pour évacuer la peur ne suffisait plus, quand son angoisse de se faire abandonner ou manipuler (ça dépendait de la saison) la submergeait. C’était lui qui lui avait conseillé de s’investir dans Mars Investigations. « Travailler au plus près de vos peurs vous aidera à les surmonter ». Elle repensa au désarroi de Dick tout à l’heure. Elle revit ses yeux bleus humides et la peur enfantine qui l’avait saisi. Le voir si vulnérable avait ému la hackeuse. Elle entendait encore résonner les murmures du surfeur. Parce qu’elle savait ce que c’était la peur d’être seule, elle poursuivrait l’enquête.

Mac voix off : Tu es submergée de boulot... Pourquoi faut-il que tu t’en rajoutes ?

Elle trouverait pourquoi Mme C avait pompé les ressources d’un fils qu’elle avait longtemps ignoré, parce que c’était son métier. Mais ça attendrait le lendemain. Il était tard, Veronica et elle quittèrent l’office pour rentrer chez elles. La nuit portait conseil. Reposées, elles auraient les idées plus claires. Veronica souhaita bonne nuit à son amie. Mac fit de même tout en sachant qu’elle ne rejoindrait les bras de Morphée que beaucoup plus tard.

Mac rêvait de son lit douillet quand elle se souvint d’un rendez-vous numérique qu’elle avait repoussé suite aux événements de la journée. En pyjama, elle se glissa sous la couette et alluma son ordinateur. Elle lança les différents protocoles qui lui garantissaient anonymat et sécurité. Son interlocuteur mit quelques minutes à se connecter. Son pseudo s’afficha. Depuis plusieurs semaines maintenant, ils communiquaient régulièrement via un chat sécurisé mis en place par Mac.

CB : Bonsoir. Ravi de pouvoir enfin échanger avec vous MK.

MK : Bonsoir. On se fera des politesses une prochaine fois. Avez-vous commencé à lire les nouveaux documents que je vous ai envoyés ?

Mac tapait vite sur son clavier et allait droit au but mais la prévenance de l’agent l’avait touchée.

CB : J’ai lu. C’est TRES documenté comme investigation. Je ne sais pas comment vous avez fait mais votre dossier sur ce Simon Bell est... conséquent. Ce n’est pas de la poudre aux yeux, votre dossier.

MK : Lui, ce n’est que du menu fretin… C’était histoire de vous mettre en appétit. Et ne vous souciez pas des risques que je prends pour vous obtenir ces données. Contentez-vous de les traiter.

CB : On se calme. Si on doit bosser en duo, on va se détendre.

Mac serra les poings au-dessus de son clavier. Travailler en équipe… Elle n’avait pas envisagé cette option. Elle se voyait plutôt dans le rôle de la source anonyme. Elle s’imaginait en cerveau et lui en bras armé de la justice.

MK : Je m’introduis dans différents serveurs et lieux liés à l’organisation. Je prends des risques tous les jours alors excusez mon manque de zen…

CB : Personne ne vous a demandé de prendre de tels risques…

Mac faillit claquer l’écran de son ordinateur pour faire taire ce CB de malheur. Elle commençait à croire qu’elle avait misé sur le mauvais agent. Prise d’une bouffée de doute, elle préféra hacker sa webcam et voir quelle tête avait ce foutu bureaucrate.

Mac voix off : Et si ce n’était pas lui ? Mais eux que tu avais en ligne ?

Un visage au teint halé surmonté de cheveux roux striés de mèches blondes apparut à l’écran. Son cœur manqua un battement quand elle croisa les yeux bleus perçants de l’agent.

Mac voix off : On dirait Dick… Il ne me lâchera donc jamais celui-là !

Il semblait sonder les lignes de leur conversation. Elle détourna le regard bien qu’elle ait conscience qu’il ne la voyait pas. Son front se plissait de concentration. Mac s’approcha davantage de l’écran et vit ce qui occupait l’espace de travail de l’agent. Au mur, elle reconnaissait les différents éléments des dossiers qu’elle avait envoyés au cours des dernières semaines. Derrière ses mots bourrus, se cachait un agent déterminé. C’était pour cela qu’elle l’avait choisi dans le vaste organigramme du FBI de Los Angeles. Elle avait épluché les dossiers de tous les agents et avait finalement opté pour ce rouquin à la carrure athlétique qui enquêtait à l’instinct et n’hésitait pas à chercher dans les lieux interdits.

Mac voix off : Rectification, c’est Dick mais avec un cerveau. Arrête de penser à lui !

Mac s’insultait en silence et venait de manquer la relance de l’agent.

CB : Je vous ai fait fuir ?

MK : Il en faut plus pour me faire peur… Comme vous avez dû le comprendre, un membre est lié à l’organisation par un secret plus ou moins honteux. Plus votre secret risque de vous détruire, plus vous êtes lié à l’organisation, plus vous montez en grade.

CB : Donc les vraies ordures sont au sommet. Vous avez de quoi leur couper la tête ?

MK : C’est prématuré pour en parler. Et puis, je vois cette organisation comme de la mauvaise herbe. L’arracher ne suffira pas. Il faut l’empêcher de disperser son pollen aux alentours.

CB : En tuant les abeilles ?

MK : C’est bien. Je vois qu’il y a des cerveaux aussi chez les fédéraux. J’ai plusieurs dossiers en cours sur les abeilles.

CB : Hâte de lire votre prose Maya !

Mac rosit devant le compliment. En plus, le bel agent avait tapé ces mots avec un petit sourire amusé. Cela lui donnait un air coquin qui émoustillait la hackeuse ; à moins que ce ne soit sa ressemblance avec un certain surfeur. Mais elle était trop impliquée pour le comprendre. Elle se résolut à couper la connexion caméra pour garder son sérieux. Elle fit tout de même une capture écran de l’agent qu’elle imprima dans la foulée.

Mac voix off : Tu prends des photos d'un mec inconnu à son insu maintenant ! Il faut vraiment que tu sortes !

« On peut se voir pour en parler » commença-t-elle à taper, puis elle se ravisa. C’était ses hormones qui parlaient. C’était sa solitude qui la poussait à vouloir rencontrer l’agent. Elle dut reconnaître qu’il avait tout du fantasme. Un corps qu’elle avait deviné musclé, des yeux à vous faire chavirer le cœur…

Mac voix off : et des cheveux… On meurt d’envie d’y glisser les doigts…

MK : Je ne veux pas vous mettre le bourdon mais il va falloir être patient. J’ai besoin de sommeil comme tous les humains. Je vous recontacterai très bientôt pour vous transmettre les dossiers. De votre côté, faites le nécessaire pour pouvoir agir une fois les dossiers en mains.

Mac mit immédiatement fin à la conversation pour plusieurs raisons. 1, il était tard, elle devait dormir si elle voulait être efficace demain. 2, parce qu’ils avaient fait le tour du dossier. 3, parce qu’ils allaient se mettre à parler personnel et Mac ne voulait pas mélanger le boulot et le perso.

Mac voix off : Avoir des principes, c’est bête parfois…

La hackeuse rangea son ordinateur et glissa la photo de l’agent dans sa besace. Son sac fait, elle pourrait dormir 5 minutes de plus demain matin.

Veronica ne s’attendait pas à trouver l’office ouverte de si bonne heure et encore moins à trouver Eli agenouillé devant sa porte.

- Alors, c’est grave docteur, demanda Veronica en s’accroupissant à ses côtés.

- Je ne sais pas qui a fait ça mais il a une force de taureau ! Il a tout arraché ! Ta réparation de fortune a aussi aggravé les dégâts mais bon, on ne peut pas être douée partout…

- Comment tu sais que c’est moi qui ai réparé ?

- Ta charmante associée m’a appelé ce matin parce qu’elle ne pouvait plus entrer dans vos locaux… Et comme je veux que vous trouviez l’assassin de Maria, je suis venu.

Veronica fit mine de s’énerver et commença à hurler après Mac pendant qu’Eli finissait de réparer l’entrée. La blonde espérait faire sursauter la brune mais ce fut l’inverse qui se passa. Mac venait de bondir et de couiner si fort que Veronica surprise prit peur. Mac tapait des pieds à une cadence effrénée tout en tournant sur elle-même.

Veronica voix off : ça, c’est une danse de la victoire ou je ne m’y connais pas…

En entendant le bruit sourd d’un sac posé sur un bureau, Mac cessa son manège et se rassit professionnellement devant son clavier. Elle inspira un grand coup avant d’expliquer ses trouvailles matinales. L’ordinateur avait craché ses secrets. L’agenda sur-détaillé était une vraie mine d’or. Les week-ends étaient annotés de grammages, d’horaires, de lieux, d’initiales et de sommes en centaines de dollars, le tout soigneusement codé. La hackeuse avait vérifié. Les dates annotées correspondaient aux séjours chez la grand-mère à Tijuana. Veronica ne bondit pas spécialement au plafond. Les découvertes de Mac venaient juste corroborer les dires de Ratner et épargner à Veronica un passage au River Styx. Au mieux, ça leur permettrait de tenter une action contre le milieu de la drogue. Veronica ne voyait pas ce qui dans ces informations les aiderait à coincer l’assassin, ni ce qui aurait pu justifier une telle allégresse. Mac sortit alors sa plus belle munition.

- Le soir de sa mort est annoté, commença-t-elle.

- Mais elle n’était pas au Mexique, elle sortait avec un mec qui n’était pas du quartier, la coupa Veronica.

- Justement, c’est pour ça que c’est intéressant. Lamb aime la facilité et les apparences. S’il dit à la presse que c’est une affaire de drogue, c’est que ce n’est pas ça justement ! Et cette date est différente des autres. Elle n’a pas les mêmes annotations.

La curiosité de Veronica fut piquée, elle s’approcha de l’écran et lut à voix haute les annotations.

- San Diego, Kurt Reynolds, 20h, 500$ ?

- Elle n’a pas cherché à dissimuler les noms ni les lieux. C’est forcément parce que ça n’a pas de lien avec la drogue, expliqua Mac.

Veronica voix off : Pourvu que tu aies raison, ça écarterait définitivement les Fitzpatrick du paysage…

- Pourquoi ce point d’interrogation ? Elle n’était pas certaine de gagner cet argent ?

- Et si elle a passé la soirée à San Diego, comment a-t-elle pu mourir derrière le Java ? renchérit la hackeuse.

- Une seule façon de le savoir…

Veronica récupéra son sac, ses clefs. En rassemblant ses affaires, elle fit tomber celles de Mac. Une photo sortit de la besace. Veronica posa les yeux dessus une fraction de seconde car Mac s’empressa toute gênée de ranger le cliché.

 - Depuis quand tu te promènes avec une photo d’un sosie de Dick dans ton sac ? Tu peux lui en demander une directement si besoin…

Mac ouvrit la bouche pour expliquer qu’elle avait rencontré le type de la photo sur internet. Mais si Veronica le prenait pour Dick, Mac risquait de s’enfoncer. Elle entendait déjà Veronica se moquer d’elle. Mac botta en touche.

- C’est une vieille photo de Dick, oui… Mais c’est pour son affaire…

La blonde ne trouva rien à redire. Elle se dirigea vers la sortie quand son téléphone sonna. Mac sursauta.

Mac voix off : Reste zen ou elle va se douter de quelque chose…

Veronica décrocha rapidement. C’était son père. Il était retenu encore un jour sur San Francisco. Il venait de réussir à avoir un rendez-vous avec un informateur important. Veronica comprit instantanément le sous-titre : son père était sur le point de rencontrer quelqu’un de proche du Castle ou du réseau de corruption de Neptune. Elle lui demanda d’être prudent, ce à quoi il lui répondit :

- Donne-moi plutôt des nouvelles de l’agence au lieu de dire des bêtises.

Elle lui exposa brièvement l’affaire Casablancas, leurs avancées dans le dossier Lopez et son projet de visite à San Diego. A son tour, Keith lui ordonna d’être prudente. Elle accepta de l’être avant de raccrocher. Veronica regarda sa montre. Si ça roulait bien, elle pouvait espérer accueillir son informateur avec une bonne pizza.