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Série : Veronica Mars
Création : 29.12.2015 à 20h59
Auteur : Elodielodi
Statut : Terminée
« Largement inspirée d'une conversation avec Marion, cette fic ne tient pas compte du film. Je ne vous en dis pas plus... » Elodielodi
Cette fanfic compte déjà 48 paragraphes
Un silence de quelques secondes suivit cette annonce. Puis Mac reprit le cours de son explication.
MAC : Une jeune femme correspondant grosso modo à la description de votre première victime a été retrouvée dans un parc d’Adelaïde il y a près de deux semaines. Les enquêteurs Australiens ont découvert qu’elle était sortie à plusieurs reprise avec un certain Jeff Bridges. C’était le nom sous lequel Duncan s’était intégré en Australie. Lorsqu’ils ont voulu l’interroger, il avait déjà disparu. Ils ont alors découvert qu’il avait été interné et ont fait déclassifier son dossier. J’ai discuté avec le psy en charge en Australie et…. Pour faire court, il semblerait que suite au décès de Lilly, il ait eu besoin de se raccrocher à des personnes qui avaient compté pour lui. Vous êtes tous les deux mentionnés à de nombreuses reprises dans son dossier.
Elle fit une pause pour les laisser digérer l’information. Après quelques instants, Veronica se leva et commença à faire les cent pas dans la pièce.
VERONICA : Ok, donc si j’ai bien tout compris, le décès de Lilly a déclenché une phase psychotique chez Duncan au cours de laquelle il a développé de multiples personnalités. Il a été interné en hôpital psychiatrique et il s’est avéré qu’il faisait une fixation sur nous deux. Comment en est-on arrivé à ce qu’il tue une jeune femme ? Il s’est échappé de HP ?
MAC : Non, son séjour en HP n’a pas été définitif. Il a été traité et les médecins ont jugé qu’il ne présentait pas de danger pour lui-même ou pour autrui. Il est sorti de l’hôpital il y a quelques mois. Il continuait à revenir une fois par semaine pour prendre son traitement. Le Psy pense que c’est sa rencontre avec la jeune femme qui a dû déclencher quelque chose. Soit elle ne voulait pas de lui, soit son subconscient a réalisé qu’elle n’était pas vraiment toi, toujours est-il que la personnalité la plus violente de Duncan a du prendre le dessus et il semblerait qu’elle ait complètement écrasé les autres depuis.
LOGAN : Pas un danger pour lui-même ou pour autrui, hein ! Ce médecin a 4 morts sur la conscience !
MAC : J’aimerais ne pas avoir à tout vous balancer comme ça, mais les résultats de l’autopsie de la jeune femme de l’hôtel vous attendent à votre bureau. Elle a été identifiée. C’est une jeune Australienne arrivée sur le sol américain il y a quelques jours… En même temps que Duncan…
VERONICA : Donc il est arrivé avec sa victime !?
MAC : A priori, ils se seraient rencontrés dans l’avion, la jeune femme a été accompagnée à l’aéroport par son petit ami.
LOGAN : Mais c’est complètement dingue ! Comment pouvait-il savoir que nous allions nous retrouver à cette conférence ?
MAC : C’est là que le hasard s’en mêle : il ne le savait pas ! Je me suis posée la même question et ne trouvant pas de réponse, je me suis demandée comment il avait pu l’apprendre : le bureau de Veronica a reçu un appel d’un agent de liaison australien qui avait des informations urgentes à lui communiquer. Ils lui ont donné le lieu de la conférence. Je mettrai ma main à couper qu’aucun agent australien n’a cherché à joindre Veronica et que c’est seulement en arrivant à la conférence que Duncan vous a vu tous les deux. Et ça a déclenché sa folie meurtrière.
Il y a de fortes chances pour qu’au départ, il soit simplement rentré pour retrouver Veronica, peut-être lui demander de l’aide s’il était conscient de ce qu’il avait fait en Australie.
Je n’ai pas encore eu le temps de me pencher sur les vidéos de la conférence mais c’est en haut de ma liste.
Veronica se laissa tomber dans un fauteuil. Jamais Logan ne l’avait vue aussi abattue.
VERONICA : William, ta femme, cette fille… tous morts parce qu’il nous aurait vus…
C’en était trop. Elle se leva, attrapa sa veste et quitta la chambre en claquant la porte.
LOGAN : Veronica, attends ! Il essaya de la suivre mais Mac le rattrapa par le bras.
MAC : Laisse-la, Logan. Elle a besoin de digérer tout ça.
LOGAN : Tu ne comprends pas, elle pense que tout cela est arrivé parce que nous…
MAC : Je comprends très bien, Logan. C’est surtout pour ça qu’il faut lui laisser de l’espace là maintenant.
LOGAN : Je ne vais certainement pas la laisser toute seule alors qu’elle est la cible d’un …
MAC : Elle n’est pas seule, trois agents sont chargés de sa protection. Et de la tienne. Logan, à priori, Dun…, le tueur, s’en est pris à William et Sofia parce qu’ils constituaient un obstacle entre vous et lui. Duncan a besoin de vous pour se reconstruire et l'objectif premier de son "double", c’est de vous retrouver. Pas nécessairement de vous tuer.
LOGAN : Qu’entends-tu par « pas nécessairement » ?
MAC : Il y a peu de chances pour que vos retrouvailles correspondent à ce qu’il en attend. Et dans ce cas, quel que soit l’amour que vous porte la personnalité primaire de Duncan, il risque de ne pas être suffisant pour arrêter la personnalité qui a le contrôle en ce moment.
Duncan ne l'attendait pas si tôt. Mais il ne s'étonnait plus des apparitions soudaines de son comparse. Depuis le début de leur relation, il surgissait de nulle part et sans avertissement. Fébrile, le jeune homme se passa plusieurs fois les mains sur son visage mal rasé. Son interlocuteur le rabroua vivement.
X - Arrête de flipper ! Tu vas finir par me foutre les jetons !
DUNCAN - C'est facile pour toi de dire ça ! Ce n'est pas toi qui es en première ligne ! C'est moi qu'on voit ! A chaque fois, tu me fais le coup ! Tu dis que tu vas m'aider mais...
X - Mais rien du tout ! Je ne t'ai jamais laissé tomber ! Tu n'as jamais été seul depuis cette nuit-là ! Qui a pris les choses en mains ? Qui a rempli les papiers pour son inhumation ? Qui a mené l'enquête pour retrouver ce bâtard qui nous a pris notre soleil ? QUI ! hurla le visiteur.
Duncan se prit la tête dans les mains et se mit en boule sur le lit de la chambre de motel miteux qu'il louait. Il ne voulait plus l'entendre. Duncan voulait qu'il se taise mais il ne lui obéissait jamais. Il n'obéissait à personne. Finalement lui tenir tête était la meilleure façon de le faire partir. A chaque fois qu'il s'était affirmé, Jeff avait renoncé. Duncan se redressa et lui fit face. Le jeune homme grimaça en voyant Jeff l'imiter. Duncan détestait ça. Sa colère se fit plus forte.
DUNCAN - Je sais bien que tu as tout pris en charge ! Je sais que je n'étais qu'une loque à cette époque. Je sais que j'ai eu besoin de me faire aider !
JEFF - Tu n'avais pas besoin d'aller là-bas ! Tu n'avais pas besoin d'aller dans ce HP ! J'étais là pour toi, ça aurait dû te suffire !
Duncan serra les poings. A cet instant, il ne rêvait que d'une chose : exploser la tête de Jeff avec ses poings. Mais quand il vit que Jeff en était arrivé à la même envie, Duncan renonça. Face à Jeff, il n'aurait jamais le dessus. Le fort c'était lui. Ça avait toujours été lui...
JEFF - Bien. Très bien. Tu sais comment ça va se finir si tu veux m'affronter. Tu ne sais pas te battre, Duncan. Tu ne sais pas te défendre. Quoique tu sois venu chercher ici, tu auras toujours besoin de moi.
Les yeux de Duncan se remplirent de larmes. Il serra les dents. Il ne pleurerait pas devant Jeff.
JEFF - Ta belle Veronica a l'air de bien s'amuser avec ton pote Echolls. Elle a l'air de s'être lassée de toi et tes envies d'amour éternel, dit-il pointant des photos de Veronica et Logan s'embrassant à pleine bouche.
Duncan se détourna pour ne pas voir son unique amour prendre du plaisir entre les bras de son ex-meilleur ami.
JEFF - Elle n'est plus là pour toi. Moi, je suis là. Quoique tu fasses, je serais toujours là.
Cette phrase énoncée dans un souffle galvanisa Duncan qui envoya son poing droit dans le visage de Jeff. Soudain, le miroir de la chambre explosa. La main ensanglantée, Duncan s'affala au sol et pleura longtemps. Il avait quitté l'Australie avec la certitude que Jeff lui était néfaste. Il était venu chercher de l'aide auprès de Veronica mais il n'avait pas pu l'approcher. Alors qu'il était prêt à tout lui dire, à tout lui raconter, Jeff était revenu. Duncan redoutait les gestes de Jeff. Il était le cérébral. Jeff était l'instinctif. Et Duncan savait que l'instinct était de bien mauvais conseil chez lui...
Depuis que Veronica avait quitté la pièce, le silence était revenu. Logan ruminait dans son coin, un verre à la main, le regard dans le vague. Mac, elle, jetait quelques coups d’œil discrets dans sa direction depuis un moment. Il l’avait bien remarqué mais il n’avait pas le cœur à la taquiner sur le sujet. Il tentait en vain de comprendre comment Duncan avait pu en arriver aussi loin, et pourquoi il voulait à tout prix retrouver Veronica. Pour retrouver l’assassin de la petite ? Pour faire justice ? Simplement pour la retrouver maintenant qu’il n’y avait plus de raison de fuir et de se cacher des Manning ? Son cœur se serra. Il avait trahi son meilleur ami et était tombé éperdument amoureux de la seule femme dont il n’aurait jamais dû. Comment expliquer cela à un homme qui a fui en espérant un jour retrouver son amour ? Son visage se figea.
Logan voix off : Tu n’es qu’un idiot !
Mac se crispa en voyant le visage de Logan changer. Elle tenta de se concentrer sur son ordinateur lorsqu’il s’avança vers elle en silence. Il s’installa sur la chaise à côté d’elle et pinça ses lèvres avant de prendre la parole.
LOGAN – Tu savais n’est-ce pas ?
Mac respira profondément, tentant de garder son calme et se tourna vers Logan.
MAC – Je sais beaucoup de choses… De quoi tu parles au juste ?
LOGAN – Mac s’il te plait…
MAC – Oui je suis au courant.
LOGAN – C’est ça la raison ! Il n'en a pas après Veronica, n’est-ce pas ? C’est elle QUI l’a aidé à fuir avec Lilly à l’époque. C’est elle QUI L'A fait disparaître du système. C’est pour ça qu’il est là. Une partie, la partie saine de Duncan est là pour la retrouver. Parce qu’il n’y a qu’elle. Je me trompe?
MAC – J’ai récupéré des dossiers de consultations de Duncan. Tu y es aussi mentionné. Mais oui, elle est la source de tout.
LOGAN – Lilly n’était que la goutte d’eau qui l’a ramené à sa schizophrénie. C’est ça le déclencheur. Et du coup le Duncan fou à lier a refait surface…
Voyant l’air surpris de Mac, Logan s’expliqua.
LOGAN – Je l’ai vu à l’œuvre. Il a étranglé son père lorsqu’on était jeunes, et le lendemain c’était comme si rien ne s’était passé. C’est pour ça qu’il était suspect dans le meurtre de sa sœur, du moins c’est ce qu’ont toujours cru Celeste et Jake.
MAC – Donc ce n’est pas nouveau, les crises de colères existaient déjà avant la mort de sa sœur.
LOGAN – Exactement. Et donc il est là pour retrouver la seule chose qui a un sens à ses yeux.
MAC – L’amour de Veronica.
LOGAN – Et c’est là que le cauchemar a commencé. La femme qui ressemble a Veronica, le fait que Veronica ait refait sa vie… et puis moi.
Mac baissa les yeux, confuse de ne pas lui avoir dit la vérité plus tôt. Elle ne voulait juste pas le dire devant Veronica. Elle ne pouvait pas le faire. Pas après avoir perdu William. Elle ne pouvait pas entendre ça.
LOGAN – Duncan a découvert que la seule femme qu’il a jamais aimé et qu’il a attendu toute sa vie a finalement refait sa vie et surtout… surtout qu’elle a succombé au charme de son ancien meilleur ami. Ce n’était qu’un jeu de piste jusqu’à présent. Il n’a éliminé que les pions. Ce qu’il veut c’est…
MAC – Toi.
Les deux amis déglutirent difficilement. Mac posa ses yeux réconfortants sur lui. Logan était dévasté. Il n’aurait jamais pensé en arriver là, mais il avait bien entendu les réactions de Duncan après son anniversaire. Meg n’avait pas trainé à parler avec ses copines des réactions un peu brutales de Duncan. Logan eut la nausée. Il avait trahi son premier ami. Il se sentait coupable, mal. Il aimait Veronica plus qu’il n’aimait la vie. Il était incapable de passer plusieurs jours sans que ses pensées ne divaguent à ces années avec elle. Et pourtant il savait, il avait toujours su que Veronica appartenait à Duncan, d’une façon étrangement perverse mais qu’il en était ainsi. Qu’il avait simplement eu de la chance jusque-là.
MAC – Je n’étais pas capable de lui dire. Je ne voulais pas…
Elle regarda Logan faire quelques pas dans la pièce et sauta sur ses pieds en voyant ses yeux briller.
MAC – Logan ce n’est pas de ta faute !
Logan leva les yeux vers la jeune femme avec un petit rictus.
LOGAN – Bien sûr que ce n’est pas ma faute, du moins pas directement… Mais je suis tombé amoureux de la seule femme dont je n’aurais jamais dû.
MAC – Tu ne fais que te torturer toi-même. Duncan n’est pas lui-même. Il n’est pas la personne que tu as connue dans ton passé. Il est malade… Très malade. Peu importe que ce soit toi l’homme qui fasse battre le cœur de Veronica.
LOGAN – Je suis juste la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ! La cerise sur le gâteau ! En d’autres circonstances, j’aurais adoré ce genre de comparatif. Mais là…
MAC – Tu ne peux pas mettre ça sur le compte de tes sentiments. Elle n’est pas une gamine, elle n’a pas fait ça juste pour passer le temps. Elle t’a aimé Logan…
LOGAN – De la même façon qu’elle a aimé Duncan ?
Mac secoua la tête devant l’attitude bornée de Logan. Elle se mordit la lèvre en repensant aux discussions sans queue ni tête qu’elle avait eues à son sujet avec Veronica et devait admettre que ces deux-là avaient de sérieux problèmes de communication.
MAC – Ce n’est pas le sujet. Pour l’instant, c’est toi qui es en danger. Si Duncan est tel que le décrivent les diverses consultations que j’ai réussi à dégoter, tu es dans un sacré pétrin.
LOGAN – Duncan n’est même pas capable d’envoyer une bonne droite ! S’il veut m’attaquer, double personnalité ou pas, il n’a aucune chance. Mais c’est mon meilleur ami et ça je n’arrive pas à lutter contre.
MAC – Tu dois être prudent et surtout promets-moi de ne pas le dire à Veronica.
LOGAN – Elle va le découvrir tôt ou tard Mac. Si j’ai fait le lien, je parie qu’avant de remonter te voir elle aura, elle aussi, trouvé. Mais merci Mac.
Logan pencha sa tête en arrière, souffla un bon coup avant de se diriger vers la porte.
LOGAN – J’ai besoin d’air.
Mac pivota sur ses talons et alors que la porte de la chambre s’ouvrit elle lança :
MAC – Elle t’aime toujours Logan… Duncan est juste une excuse pour toi comme pour elle…
Lorsque l’ascenseur s’ouvrit sur Logan dans le hall, celui-ci se dirigea vers la sortie d’un pas rapide. Il avait besoin d’air. Son estomac était retourné et il était un tantinet fragile ces derniers jours. La nausée le suivait depuis la mort de William et de Sofia. Une fois sur le parking, il soupira et traversa la route avant de s’arrêter net. Quelqu’un l’observait. Un regard qu’il connaissait. Il pivota sur ses talons et leurs regards se croisèrent.
LOGAN – Ca faisait longtemps…
DUNCAN - Oui, ça faisait longtemps...
Duncan sortit de l'ombre et s'avança vers son ami.
DUNCAN - ... que j'attendais ça !
Subitement, le jeune homme venait de lancer son poing en direction de la mâchoire de Logan. Celui-ci évita sans effort le coup. Duncan n'avait jamais été un grand puncheur. Logan s'effaça devant l'attaque. Emporté par son élan, Duncan se prit un pilier du parking. Tandis qu'il serrait les dents face à la douleur, Logan laissa échapper un rire.
LOGAN - Tu as oublié que c'était le poing qu'il fallait cogner...
La plaisanterie n’amusa pas du tout Duncan. En colère, il se retourna face à Logan.
DUNCAN - Je n'ai rien oublié ! JE SAIS TOUT !
La véhémence de son ami figea Logan. Tout à coup, l'agent prit conscience que plaisanter avec un type sujet aux crises de violence n'était pas l'idée du siècle. Il allait tempérer son attitude mais c'était déjà trop tard. Duncan continuait sa diatribe. Puis les gestes suivirent les mots. Le poing menaçant, il chargea.
DUNCAN - Tu crois qu’on ne t’a pas vu ! Tu crois qu'on ne sait pas ce que tu fais avec elle ! Tu n'as pas honte de lui faire ça !
Logan leva les mains en signe de reddition mais Duncan n'en avait que faire. Mais était-ce vraiment encore Duncan qui lui faisait face ? En repensant à la dernière phrase, Logan en doutait. L'hésitation ne fut plus de mise quand il se prit le poing droit de son ami dans le foie.
JEFF - Tu n'es qu'un animal, Echolls !
Logan voulut se redresser mais c'était mal connaitre Jeff. Il était aussi violent que Duncan était indolent. Maintenant qu'il avait repris possession du corps, il allait faire parler sa sauvagerie. Logan essuyait une averse de coups.
JEFF - Il te les faut toutes !
Il ponctua chacun de ses mots par un coup de poing : foie, mâchoire, plexus, menton, ventre. Logan encaissa autant que sa condition physique le lui permettait. D'ordinaire dans pareille situation, son entrainement lui aurait permis de reprendre le dessus mais là, face à son meilleur ami, il était pétrifié. Surtout que le discours proféré résonnait beaucoup avec ses propres doutes. Il acceptait presque les coups en guise de pénitence.
JEFF - Tu sautes sur tout ce qui bouge ! Exactement comme ton père !
La mention faite à Aaron donna le coup de grâce à Logan qui s'affaissa sur le bitume.
JEFF - Plus de salive pour me noyer sous tes belles paroles ! Et bientôt plus de jolie petite gueule pour l'attirer dans ton pieu !
Le jeune homme tira de sa veste un revolver. Il ôta le cran de sécurité et pointa l'arme sur la tête de Logan qui gisait au sol. Au prix d'un dernier effort, Logan releva les yeux vers celui qui avait été son meilleur ami. Dans le brouillard, il ne fut pas certain mais il crut voir accourir Veronica.
JEFF - Je ne fais pas ça de gaieté de cœur mais c'est mieux pour ...
VERONICA - DUNCAN ! Arrête ! Ne fais pas ça ! Tu n'es pas un meurtrier !
Logan eut le temps de voir la main armée trembler avant de s’évanouir.
Logan eut à peine le temps de discerner la folie dans le regard de Duncan que celui-ci lui envoya son poing dans la mâchoire.
Le cœur de Veronica se serra lorsque son regard croisa celui de Duncan. Elle ne s’était pas préparée à le revoir. A vrai dire, elle avait tout fait pour avancer et ne plus y repenser, étant persuadée que la vie les avait séparés pour de bon. Jamais elle n’aurait imaginé le tenir en joue et encore moins pour protéger Logan. Elle n’avait pas choisi de tomber dans les bras de son meilleur ami, non. Mais Logan et elle étaient déchirés par les mêmes blessures, et malgré les non-dits ils avaient bien plus en commun que n’importe qui. Ils avaient été dévastés par leur famille, Veronica par sa mère, Logan par son père. Ils avaient perdu la personne qu’ils aimaient le plus au monde, Lilly. Duncan était loin et Logan, lui, avait été là. Bien sûr que les moments qu’ils avaient partagés n’étaient pas toujours les plus beaux mais elle n’avait pas choisi. Elle l’avait aimé. Et même s’il lui était difficile de l’admettre, elle l’aimait toujours. Eh oui, le départ de Duncan avait laissé un vide en elle. Il avait été son premier amour, le premier homme en qui elle avait eu confiance. Duncan restait un point sensible, un point central de cette relation fusionnelle et destructrice. Duncan était le tabou entre Logan et Veronica. Il était la discussion qu’ils n’abordaient jamais. Il était le seul sujet qu’ils avaient préféré taire. Maintenant qu’elle se trouvait là, au milieu de la rue, une arme braquée sur Duncan et Logan gisant à ses pieds elle comprenait qu’elle aurait peut-être dû être plus claire dès de le départ. Elle respira profondément, se souvenant des mots de Mac.
Flash Back
La porte de la chambre s’ouvrit brusquement, faisant sursauter Mac. Elle sauta sur ses pieds lorsqu’elle vit le visage inquiet de Veronica.
MAC – Qu’est ce qui se passe ?
VERONICA – Où est Logan ?
MAC – Il est sorti prendre l’air.
VERONICA – Et tu l'as laissé faire ! Duncan en a après lui. C’est pour ça qu’il est là. Le fait de nous avoir vus ensemble a déclenché ses crises. La jeune femme qui me ressemble, Sofia, William… Ils n’étaient que des obstacles en plus pour me reconquérir… Son but, c’est de faire payer Logan.
Elles se jaugèrent en silence pendant quelques secondes. Puis Veronica rompit le contact et s’élança vers le balcon, ouvrit la fenêtre et aperçut Logan devant l’hôtel. D’abord elle fut rassurée, mais lorsqu’elle aperçut la personne avec qui il parlait elle se crispa encore d’avantage.
VERONICA – Il l’a trouvé…
MAC – Duncan ? Duncan est ici ?
Veronica acquiesça et retourna dans la chambre à la recherche de son arme. Mac la regarda puis réagit.
MAC – Veronica, attends !
VERONICA – Je ne peux pas, si je ne fais rien, il risque de s’en prendre à Logan.
MAC – Tu dois lui mentir…
VERONICA – Pardon ?
Veronica se stoppa dans sa course et regarda son amie avec un regard plein d’incompréhension.
MAC – Duncan est malade et si c’est son double qui le contrôle, il faut lui mentir. C’est le seul moyen que tu auras pour ramener Duncan. Lui faire croire que tu es de son côté.
VERONICA – Je ne suis pas douée pour le mensonge Mac… Il a tué trois personnes… Il a tué William et il va …
Sa gorge se noua. Elle chercha un autre moyen dans les yeux de sa meilleure amie mais comprit bien vite qu’elle n’aurait pas le choix. Elle pinça ses lèvres, renifla et essuya ses larmes du revers de la main. Elle regarda autour d’elle et trouva ce qu’elle cherchait. Elle le tendit à Mac, qui à son tour la regarda avec surprise.
MAC – Et je fais quoi de ça ?
VERONICA – Ca ! C’est au cas où je serais incapable de mentir…
Fin Flash Back
Veronica tenta un petit sourire en direction de Duncan et baissa son arme une fois qu’il avait reporté son attention sur elle et plus sur Logan. Elle déposa son arme à ses pieds, consciente de se mettre à découvert.
VERONICA – Je vais poser mon arme. Je ne te veux aucun mal. Duncan, il faut qu’on parle.
Duncan la regarda avec un intérêt nouveau, peut-être n’était-il pas trop tard. Peut-être l’aimait-elle toujours après tout.
Jeff voix off : Ne la laisse pas te rouler… tu l’as vue…
VERONICA – Duncan, c’est moi. Je veux juste parler. Je suis heureuse de te voir.
Son estomac se noua sous le mensonge. Elle avait la nausée. Cet homme qu’elle avait aimé, en qui elle s’était abandonnée et confiée venait de faire de sa vie un enfer. Il venait de tuer l’homme avec qui elle avait partagé sa vie pendant des années et la femme de Logan. Elle se concentra, tentant de refaire le vide. Toute erreur était fatale, pour elle comme pour Logan. A nouveau, elle inspira et se rappela des paroles de Mac.
VERONICA – Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu voulais me voir ?
DUNCAN – Je … Je n’étais pas sûr que tu veuilles me voir, je t’ai vu… Commença-t-il d’une voix tremblante en baissant son arme.
VERONICA – Je sais, j’en suis désolée. Je n’ai jamais voulu que ça arrive…
DUNCAN – Pourquoi lui ? Pourquoi…
VERONICA – C’était… C’était une erreur. Lâcha-t-elle avec difficulté. Mais son regard la trahit, son regard lâcha instantanément celui de Duncan pour glisser sur Logan.
DUNCAN – Pourquoi tu le regardes en disant ça ? S’énerva-t-il soudain.
Veronica se mordit la lèvre, les larmes aux yeux, elle ne pouvait pas. Duncan redevint nerveux à nouveau et son visage changea.
DUNCAN – Je le savais. On avait raison. Tant qu’il sera en vie tu ne m’aimeras pas !
VERONICA – DUNCAN ! NON !
Duncan pivota à nouveau, releva son arme et la dirigea vers Logan. Veronica s’avança vers lui et finalement souffla sans aucun remords :
VERONICA – Si tu le tues, Duncan, je te détesterai jusqu’à la fin de mes jours.
Veronica le supplia du regard. Incapable de faire face à la perte d’un être cher. Incapable de rester sans rien dire face à ces deux hommes qui avaient tant compté pour elle. Le regard de Duncan hésita un instant, puis se fit plus dur. Alors, il releva l’arme vers Logan, prêt à faire feu mais une balle l’atteignit dans le bras. Veronica sursauta de frayeur. Duncan tomba à genoux dans un cri de douleur. Veronica attrapa l’arme et se précipita vers Logan. A quelques mètres de là, une Mac tremblante tenait Duncan en joue avec l’arme que Veronica lui avait donnée plus tôt. Duncan vociférait, le regard noir, plein de haine.
DUNCAN – Tu avais promis. On s’était juré. Tu m’avais dit que tu m’aimerais toujours.
Veronica encaissa le coup sans broncher, les larmes aux yeux. Elle détourna les yeux, blessée par Duncan. Sans un mot, elle souleva la tête de Logan et la posa sur ses genoux. Au loin, les sirènes retentissaient déjà.
Veronica voix off : Oui Duncan, je t’aimais. Et sans doute qu’une petite partie de moi t’aimera toujours. Mais le Duncan Kane que j’ai connu n’existe plus. Le Duncan Kane que j’ai aimé n’est plus. Les crises ont fait de toi quelqu'un d'autre, un homme que je ne reconnais plus.
Sa tête lui tournait. Un bourdonnement lui emplissait les oreilles. Au loin, il entendit les sirènes de police. Il sentit sa tête se soulever. Veronica. C'était nécessairement elle qu'il sentait à ses côtés.
Les évènements lui revinrent en mémoire. Duncan. Veronica était là ; où était Duncan. Il tenta d'ouvrir les yeux.
LOGAN : Veronica...
VERONICA : Oui Logan, je suis là, ne t'inquiète pas, ça va aller...
LOGAN : Duncan...
VERONICA : Oui, Duncan était là. Mais rassure-toi. C'est fini.
Il sentait que sa tête n'était pas encore prête à retrouver sa position verticale, mais il devait savoir. Il tenta de se redresser.
LOGAN : Où est Duncan... Veronica, je dois...
Veronica le coupa, tenta de l'apaiser.
VERONICA : Tout va bien, Logan, reste calme. Il ne te fera plus de mal.
Logan s'agita un peu plus.
LOGAN : Veronica, où est-il? … Il est …
Veronica comprit alors que ce n'était pas pour lui ou pour elle qu'il s'inquiétait, mais bien pour Duncan. Légèrement décontenancée, elle le rassura :
VERONICA : Il va bien. Enfin, physiquement. Il s'est juste pris une balle dans le bras, mais rien de grave. Juste de quoi l'empêcher de te mettre une balle dans la tête...
LOGAN : Merci, V.
VERONICA : Ne me remercie pas, remercie Mac, c'est elle qui...
Mais Logan avait de nouveau perdu connaissance.
Elle vit un agent menotter Duncan et entendit l'ambulance arriver.
VERONICA : Par ici! Un médecin par ici s'il vous plait!
Veronica arriva à l'hôpital seulement quelques minutes après l'ambulance qui transportait Logan. Elle dut attendre plusieurs longues minutes avant d'être autorisée à passer en salle d'examen pour le rejoindre.
Il était assis sur le bord d'un brancard et se faisait ausculter par un interne qui avait toutes les peines du monde à retenir son patient.
LOGAN : Je vous dis que je vais bien! Non, je n'ai pas besoin de scanner.
INTERNE : Monsieur, vous avez reçu un sérieux choc à la tête et avez perdu connaissance à plusieurs reprises. Il est hors de question que je vous laisse partir sans avoir vérifié que vous n'avez pas de lésions internes.
Veronica s'avança vers eux.
VERONICA : Il a raison, Logan. Assurons-nous que tu n'as rien. S'il te plait.
L'angoisse qui se lisait sur son visage eut raison de l'impatience du jeune homme. Il soupira et se tint tranquille pendant la suite de l'examen.
LOGAN : Où est Duncan? Ils n'ont rien voulu me dire.
VERONICA : Il a été amené à l'hôpital central. Il a semblé plus sûr d'éviter de le laisser à proximité de toi.
LOGAN : Veronica, Il faut qu'on fasse quelque chose pour lui.
VERONICA : Quoi!!!
LOGAN : Ecoute, ne me dis pas que tu ne l'as pas vu ! Ce n'était pas lui, là-bas!
VERONICA : Logan, je sais que c'est dur à admettre, mais..
LOGAN : Non, Veronica, ce n'est pas ça! Duncan est droitier. Or lorsqu'il m'a tenu en joue, il tenait son revolver de la main gauche. C'est plus que des crises de violences ou un comportement psychotique. Il a réellement plusieurs personnalités bien distinctes et celle qui nous a fait face dans ce parking, ce n'était pas Duncan. Peut-être quelques minutes au début, et encore je ne suis même pas sûr.
Veronica ne sut que répondre. A bien y réfléchir, en effet, Duncan tenait son revolver de la main gauche tout à l'heure dans le parking. Mais est-ce que cela changeait réellement quelque chose?
LOGAN : Ecoute, V, je sais que tu dois me trouver dingue, mais je n'arrive pas à m'ôter de la tête que tout cela ne serait jamais arrivé si on avait, … Si j'avais été là pour lui. Peut-être pas juste après son départ, mais une fois les choses tassées...
VERONICA : Logan, écoute-moi bien. Peut-être que toi comme moi, on a eu tort d'effacer Duncan de nos vies. Mais quels que soient nos torts à son égard, nous ne sommes en aucun cas responsables des morts qu'il a causées. C'est lui le seul et unique coupable, Logan. Si tu veux rechercher une autre responsabilité, regarde du côté des médecins qui l'ont laissé sortir de psychiatrie.
LOGAN : Veronica, tu ne m'enlèveras pas de l'esprit que s'il avait pu compter sur nous au moment de la mort de Lilly, il n'aurait pas eu besoin que cette part sombre de son subconscient prenne le dessus. Je ne peux pas le laisser tomber une deuxième fois. Il faut qu'on l'aide à redevenir lui-même.
Veronica ne sut que répondre. Bien sur qu'elle se sentait coupable de ne pas avoir cherché à savoir comment il allait, alors qu'il était parti seul, sans aucune attache. Mais de là à envisager de le défendre maintenant, alors qu'il avait tué William et Sofia. Pour elle, Duncan était devenu un monstre.
INTERNE : Monsieur Echolls, je vous emmène au scan.
L'interne se tourna vers Veronica
INTERNE : Vous pouvez attendre votre ami ici, mais ça risque de prendre un moment. Vous serez peut-être mieux à la cafétéria du deuxième étage.
VERONICA : Merci.
Elle quitta la salle d'examen et se retrouva dans le couloir.
Les phrases de Logan raisonnaient dans sa tête. Mais elle n'arrivait plus à envisager Duncan autrement que comme une meurtrier. Le jeune homme qui lui avait fait face dans le parking n'avait rien à voir avec celui qu'elle avait aidé à fuir 10 ans auparavant. Elle n'arrivait pas à faire le lien entre les deux et le seul qu'elle envisageait maintenant était celui qui avait tué William.
Elle avait toujours été comme ça : pour elle, les choses étaient toutes blanches ou toutes noires. Logan était la seule personne dont elle acceptait toutes les nuances de gris. Pourquoi n'y parvenait-elle avec personne d'autre ?
Ses pensées l'avaient menées jusqu'à la cafétéria. Elle sélectionna un café dans le distributeur et allait s'installer à une table lorsque son téléphone sonna.
VERONICA : Allo Mac... Oui, il va bien. Il passe un scanner...
…
VERONICA : Ne t'inquiète pas pour ça. J'ai vu avec Greenfield pour reporter ton audition à demain.
…
VERONICA : Je te rejoins à l'hôtel dès que possible. Je veux juste les résultats du scanner avant de partir. S'il n'y a rien, ils le laisseront certainement sortir.
….
VERONICA : Oui, à tout à l'heure. Je te tiens au courant.
Après avoir terminé son deuxième café et passé plusieurs coups de fil afin de s'assurer que Mac ne serait pas inquiétée lors de son audition du lendemain pour le coup de feu tiré, elle retourna aux urgences afin de prendre des nouvelles de Logan.
INFIRMIERE : L'agent Echolls? Oui, il est revenu du scanner mais il me semble que... Oui, il a signé sa décharge et je crois bien qu'il est parti.
Logan pénétra dans l’hôpital et se dirigea vers l’accueil d’un pas sûr et rapide. Il n’avait pas chômé après l’examen. Il avait filé à l’anglaise en espérant avoir un peu d’avance sur la petite blonde. Bien sûr qu’elle avait remarqué sa disparition à l’heure qu’il était mais ça lui laissait au moins le temps d’atteindre Duncan sans qu’elle s’interpose. Il n’avait pas envie de la contrarier et surtout pas d’ouvrir un débat. Mais Duncan était son ami, il l’était toujours. Et malgré tout ce qui avait pu se produire il se sentait coupable. Il fallait qu’il le voie. Il fallait qu’il lui parle. Et bien que tous l’avaient prévenu, il était hors de question de le laisser se faire séquestrer par des bonshommes en blouse blanche sans pouvoir lui parler avant. Il posa sa plaque avec fermeté sur le comptoir de la réception.
LOGAN – Agent Echolls, je cherche Duncan Kane.
L’infirmière ne prit pas la peine de répondre et consulta les données dans l’ordinateur avant de relever la tête vers lui.
INF – Il est sorti des urgences, on lui a retiré la balle logée dans l’épaule mais il n’est pas encore en salle de réveil. Il va falloir patienter.
LOGAN – Je n’aime pas patienter.
INF – Je ne peux pas vous laisser y aller.
LOGAN – Mon badge dit le contraire et si vous pensez que quelqu’un m’empêchera d’aller le voir vous ne me connaissez pas.
INF – Vous pouvez toujours essayer. Deuxième étage, salle de chirurgie numéro cinq, dit-elle en soupirant devant l’air agacé de Logan.
Il ne la remercia pas et fila dans le couloir en direction de l’ascenseur.
Une fois au bon étage, il brandit sa plaque au premier interne qu’il croisa et prononça le nom de son ami. Celui-ci ne pipa mot et lui indiqua la pièce. Logan, nerveux, inspira profondément en avançant vers la salle que venait de lui indiquer l’homme en blouse bleue. Il s’arrêta devant la porte vitrée et observa Duncan, allongé, endormi sur le lit d’hôpital. Son cœur se sera à nouveau. Il n’avait pas revu Duncan depuis le lycée. Il était tombé amoureux de Veronica, et puis il avait déconné, comme souvent à l’époque. Et lorsque Veronica était retombée dans les bras de Duncan, les choses avaient changé. Bien qu’ils aient partagé une suite pendant un temps, il savait que Duncan ne le portait plus aussi haut dans son estime qu’avant tout ça. La mort de Lilly avait dévasté tout sur son passage tel un ouragan. Logan sourit en coin, la blonde aurait adoré la comparaison, il en était sûr. Il savait aussi que si elle était là, elle lui botterait le train d’avoir pu tomber amoureux de sa meilleure amie. Il leva la main pour ouvrir la porte lorsqu’une voix douce le sortit de ses pensées.
X – Vous êtes de la famille ? Je n’ai personne sur le formulaire en cas de soucis.
Logan se retourna vers la jeune femme avec un triste sourire sur le visage. La jeune femme lui rendit son sourire. Elle avait des petits yeux étincelants, des boucles rousses qui lui retombaient sur les épaules et quelques taches de rousseur sur les joues. Elle portait une blouse et un petit badge où il était inscrit aide-soignante.
LOGAN – Non. Je suis agent fédéral. Je m’occupe de l’affaire qui le concerne… Et c’est mon meilleur ami. Enfin, il l’a été…, lâcha-t-il tristement.
A-SOIGNANTE – Je ne pense pas que le temps, ou même la distance éloigne des amis, tenta-t-elle innocemment.
LOGAN – Non mais la trahison, si…, répondit-il doucement.
A-SOIGNANTE – De toute façon, tant que vous ne lui aurez pas parlé, vous ne pourrez pas savoir, lança-t-elle avec un petit clin d’œil. Et avant de tourner les talons elle rajouta : Et dans tous les cas, vous ne risquez pas grand-chose, il est menotté et sous antidouleur.
Logan sourit à l’attention et la regarda s’éloigner. Il inspira profondément et ouvrit la porte pour pénétrer dans la pièce. Le visage de son ami était tourné vers l’extérieur, dans le vague. Il devait garder son calme quoi qu’il arrive. Il avait lu quelque part qu’il ne fallait jamais brusquer les schizophrènes, qu’il fallait aller dans leur sens pour les calmer, pour les ramener à leur personnalité d’origine. Il allait ouvrir la bouche lorsque Duncan, ou peu importe la personne qui le contrôlait à présent, tourna les yeux vers lui.
DUNCAN – Qu’est-ce que tu fais ici, gronda-t-il le regard noir.
LOGAN – Je suis là pour m’excuser, Duncan. Pour te dire que tu avais raison.
DUNCAN – Pourquoi ? Tu as enfin réalisé que tu ne valais rien et que tu ne serais jamais assez bien pour elle ?
LOGAN – En fait, je n’ai jamais pensé que j’étais assez bien pour elle. J’ai toujours su qu’elle méritait mieux.
DUNCAN – C’est un début. Et je t’en prie dis-moi que ce badge c’est une blague.
Ce coup-ci, la pique l’atteignit en plein cœur. Pour Veronica, il savait qu’il avait ses torts. Il n’avait jamais compris comment elle avait pu tomber amoureuse de lui. Il n’avait jamais compris ce qu’elle avait vu en lui et pourquoi elle avait toujours mis tant d’espoir en lui. Mais ce badge il le méritait. Il avait travaillé dur, il avait donné son temps et sa vie pour ce qu’il était aujourd’hui. Il inspira, tentant de ne pas se crisper.
LOGAN – Je sais, c’est drôle hein. Ce n’était pas ce que j’avais prévu.
DUNCAN – Fils de meurtrier, traître, faux-frère… C’est sûr que si tu rajoutes « agent fédéral » à la liste, ça hausse le niveau.
Logan déglutit. Il fallait qu’il trouve une brèche, il voulait bien s’infliger tout ça s’il arrivait à faire sortir Duncan de là, mais si le seul but qu’il réussissait à atteindre c’était l’humiliation, le jeu n’en valait pas la chandelle.
A l’accueil de l’hôpital, un badge se posa sur le comptoir devant l’assistante médicale. Celle-ci fronça les sourcils en levant les yeux vers la jeune femme blonde qui se tenait devant elle.
ASS – Vous aussi vous cherchez Duncan Kane ? Ou alors c’est le beau gosse mal luné que vous tentez de rattraper ?
Veronica ne put réprimer un sourire en coin à la répartie de l’assistante. Elle hocha la tête en guise d’affirmation.
ASS – Vous les trouverez en chirurgie au deuxième étage, salle cinq.
VERONICA – Je vous remercie.
Rapidement elle rejoignit l’étage et trouva la salle dans laquelle elle aperçut le regard noir de Duncan. Ce regard qu’elle aurait préféré ne plus revoir. Mais lorsqu’elle posa ses yeux sur Logan, son cœur se brisa. Il devait certainement encaisser les coups, comme à chaque fois. Avant d’entrer, elle écouta quelques mots.
DUNCAN – Tu es là pourquoi au juste ? Me dire que tu n’es pas assez bien pour Veronica, que c’était une erreur. Que tu n’en as pas trouvé d’autre à sauter ?
LOGAN – Je suis désolé de ne pas avoir été plus présent.
DUNCAN – Plus présent ? C’est un euphémisme là ! T’étais où lorsque Lilly est morte ? T’étais où lorsqu’on a tenté d’enlever ma fille ? T’étais où quand j’avais besoin de toi ? T’étais où quand ma fille est morte ? Tu n’es qu’une blague.
Logan baissa les yeux, ne sachant quoi répondre à ces accusations. Lorsqu’il releva les yeux, il voulut dire quelque chose mais Duncan le coupa :
DUNCAN – Tu es juste le fils de ton père, Logan. Une pâle copie, au moins lui ne faisait pas semblant d’être un salopard. Tu ne mérites pas mon amitié, tu ne mérites pas Veronica, tu ne mérites pas ta plaque, jamais tu ne mériteras tout ça… Tu…
Il allait balancer une nouvelle horreur au visage de son ancien ami lorsque Veronica n’y tint plus. Elle pénétra dans la pièce, attristée par l’attitude de Duncan. Elle ne pouvait pas, elle n’arrivait pas à faire face, peu importe que ce soit Duncan, elle n’arrivait pas à admettre que Logan se laisse descendre plus bas que terre. Fermement elle se posta devant Logan, prenant place entre Duncan et son amant.
VERONICA – ÇA SUFFIT !
DUNCAN – Parfait, tu as même besoin d’une chevalière en armure pour te protéger.
VERONICA – J’en ai entendu assez ! Duncan je sais que ce n’est pas toi, tout le monde m’avait prévenue. Je n’ai pas voulu y croire. Tous tentent de jouer le jeu, moi je ne peux pas. Je sais que tu n’as pas eu une vie facile, tes parents t’ont cru responsable de la mort de Lilly. Les Manning ont voulu t’enlever le bébé de Meg. Tu as dû fuir et te cacher pendant des années. Perdre Lilly a dû être atroce, je ne prétends pas comprendre ta douleur. Mais ni moi, ni même Logan ne sommes responsables de tes actes. Tu es un tueur. Tu es malade. Tu as tué l’homme avec lequel j’ai construit les dernières années de ma vie. Tu as tué la femme de Logan. Le pseudo psychopathe qui sommeille en toi me donne la nausée. Le Duncan que j’ai connu, celui que Logan a connu, et celui que les deux Lilly ont connu n’était pas un assassin. C’était un garçon fort, bon, attentionné et intelligent. Et il aurait été assez fort pour savoir qu’il avait besoin d’aide. Logan n’est en aucun cas responsable de tout ce que tu as subi. Logan est un homme bien, et ce n’est pas par défaut que je suis tombée amoureuse de lui.
Le visage de Duncan changea au fur et mesure des paroles que Veronica débitait. L’estomac de Logan se noua sous les mots de sa belle. Il n’acceptait que très peu le fait qu’elle l’ait interrompu, néanmoins il devait admettre que ses mots sonnaient juste. Et que bizarrement Duncan semblait plus calme et beaucoup moins agressif qu’il y avait encore une minute. Il n'aurait su dire si c’était juste la présence de Veronica ou si c’était son monologue qui l’avait touché. Mais Duncan se décomposa et fondit en larmes.
DUNCAN – Elle me manque tellement… J’ai envie de mourir quand je pense à elle.
Le poids qu’elle portait dans sa poitrine depuis qu’elle l’avait revu venait de s’envoler. Cette voix, c’était la voix de Duncan, la voix d’un homme brisé. Elle échangea un regard triste avec Logan et ils restèrent là, en silence.
VERONICA - Je sais. Duncan, je sais...
DUNCAN - Tu sais ? Comment peux-tu savoir ? Tu n'étais pas là !
La blonde recula devant la véhémence de Jeff car nul doute possible, c'était bien le double maléfique qui revenait. Logan prit Veronica par les épaules pour la placer hors de portée de ce monstre. Mais elle ne se laissa pas faire. Depuis son intervention musclée face à Duncan, Veronica commençait à voir émerger un mode de communication avec lui. La douceur et la délicatesse répugnaient Jeff et le maintenaient en alerte tandis que la véhémence, la résistance berçaient cette personnalité sombre. Gavées de ces émotions négatives, Jeff se faisait moins vigilant et Duncan réapparaissait. Veronica basait sa stratégie là-dessus.
VERONICA - Je n'étais pas là parce que tu as choisi de fuir ! Parce que tu n'as pas souhaité garder contact ! Tu es parti ! Tu as coupé les ponts. Mais ce n'est pas pour autant que tu as le monopole de la souffrance ! Si tu crois que te voir partir à l'autre bout du monde a été une partie de plaisir, tu me connais mal ! Ou alors, tu m'as bien oublié !
DUNCAN - L'oubli, ça te connait mieux que moi, rétorqua-t-il en indiquant Logan. Sortir avec mon meilleur pote dès que j'ai le dos tourné...
VERONICA - Parce que te taper la seule fille qui a bien voulu être mon amie au lycée après la mort de ta soeur c'était correct ?
Les deux jeunes gens se toisèrent. Logan restait en retrait. Il allait tenter une nouvelle approche quand la porte de la chambre s'ouvrit sur le psychiatre en chef.
PSYCHIATRE - Je vois qu'on n'a pas attendu que je donne mes consignes... J'aurais dû m'y attendre venant de votre part Agent Mars...
Veronica bougonna en reconnaissant le psy. Elle le bouscula en sortant avec Logan sur les talons.
Son poing s’abattit avec rage dans le carrelage face à lui. Sa chemise et ses mains étaient couvertes de sang. Il grimaça sous la douleur, les yeux pleins de larmes. Comment cela avait-il pu déraper à ce point ? Comment tout cela avait-il pu arriver ?
Flash Back
Les semaines qui avaient suivi l’arrestation et l’internement de Duncan avaient été difficiles. Veronica et Logan avaient enchaîné les auditions puis l’audience préliminaire pour le procès de Duncan. Ils n’avaient pas échangé un regard, un moment de tendresse depuis le jour où Duncan avait craqué face à eux. Depuis ce jour, ils avaient mis un point d’honneur à ignorer leurs sentiments, comme zippés dans un sachet bien hermétique, à l’abri des regards. Les rares fois où ils avaient échangé quelques mots, c’était pour parler de l’enquête, de la condition de Duncan ou des multiples audiences auxquelles ils devaient assister. Depuis le retour de Duncan, leur relation était devenue taboue. À chaque témoignage, on revenait sur le fait qu’ils avaient été amants, que Duncan faisait partie de leur passé et chaque fois le couteau s’enfonçait encore un peu plus dans la plaie béante. À force de répéter les mêmes mots, inlassablement, ils étaient à présent incapables de se regarder dans les yeux. La douleur était lancinante et bien réelle, et le procès qui approchait ne les aidait pas à se sentir mieux.
Pour Veronica, Duncan n’était plus l’homme qu’ils avaient connu, il était malade, il avait besoin de soins, il devait rester sous surveillance et ne surtout plus sortir de son confinement. Elle n’arrivait pas à penser à lui sans penser à Sofia et William, c’était viscéral. C’était comme ça qu’elle avait grandi, c’est comme ça qu’elle avait appris à vivre et à se protéger. Et lorsqu’elle regardait Duncan, à chaque fois son cœur se brisait car elle voyait l’homme à qui elle avait confié son innocence et en même temps le monstre qui avait tué son dernier amour. Elle était en colère et triste et elle ne savait pas gérer ce mélange constant de sentiments. Logan, contre son avis, avait décidé d’aller voir Duncan, de continuer à l’aider. Il avait voulu assister à son internement. Il voulait s’impliquer, se sentant coupable. Veronica ne comprenait toujours pas pourquoi il était capable de s’en vouloir à ce point, il n’était en rien responsable des actes de Duncan. Et il n’avait pas cherché à séduire Veronica, la vie en avait décidé ainsi, c’était tout.
Elle pénétra dans la douche après avoir vérifié l’heure sur la petite montre posée sur la table et soupira. À cette heure-ci, Logan devait rendre visite à Duncan comme tous les mardis. À cette heure-ci, elle se noyait sous sa douche pendant une bonne quarantaine de minutes, pour ne pas entendre son téléphone sonner. Pour ne pas devoir répondre à l’appel de Logan, qui comme chaque semaine lui demanderait si elle se joindrait a lui. Elle alluma l’eau bouillante et ferma les yeux avant de se glisser sous le filet d’eau.
Il rangea son téléphone dans sa poche, ouvrit la portière de la voiture et se dirigea vers l’entrée du centre d’incarcération spécialisé. Le gardien le reconnut et lui ouvrit la porte métallique pour le laisser entrer dans l’enceinte du bâtiment. À la porte, comme chaque mardi, il déposa son arme, sa paire de menottes et le reste de ses effets personnels dans une boite en plastique qu’il tendit au surveillant derrière la vitre blindée. Surveillant avec lequel il échangea les politesses habituelles avant de s’avancer dans le couloir et d’attendre le bip désagréable qui lui donna finalement accès à l’intérieur de la prison. À pas lourds, il s’avança dans les étages, suivi d’un garde prévu pour sa protection. Comme chaque fois, il se laissa conduire au travers des couloirs, même s’il commençait à connaître le chemin par cœur. Le surveillant pénitentiaire stoppa à l’entrée du dernier couloir, qui desservait cinq cellules. De là, Logan avança seul, se posta devant la porte de la cellule de Duncan et attendit un moment. Un nouveau bip se fit retentir, la porte s’ouvrit et lorsque le regard de Logan se posa sur Duncan, il eut la nausée.
Logan se précipita vers Duncan, qui baignait dans son sang, les yeux livides, le regard dans le vague.
LOGAN – DUNCAN ! Appelez le 911 ! Appelez le médecin.
Il s’agenouilla auprès de Duncan en hâte, retrouvant une lame de rasoir dans la mare de sang et plaça son doigt sur la jugulaire de son ami pour constater que celui-ci les avait déjà quittés. Incapable de lâcher prise, il souleva son ami, le serra contre lui alors que des larmes perlaient sur ses joues. Deux surveillants se précipitèrent dans la cellule, alertés par le garde qui lui aussi venait de découvrir le tableau macabre.
LOGAN – Appelez l’agent Mars et le Lieutenant Greenfield. Dit-il d’une voix tremblante. Et dites-moi comment ça a pu se produire ?
SURVEILLANT – Nous faisons des rondes toutes les vingt minutes, l’effectif ne nous permet pas d’être en constante surveillance, l’établissement est trop grand. S’excusa le premier surveillant qui vint l’aider.
SURVEILLANT 2 - Vingt minutes, cela suffit à ce qu’il arrive ce genre de chose. Dit le second tout aussi secoué mais pas plus surpris que cela. Le souci c’est que de nos jours ils font passer tout et n’importe quoi entre détenus. Ce matin on a fouillé les cellules et on n'a rien trouvé.
SURVEILLANT – Vérifiez s’il avait pris son traitement, si son dernier examen était normal. Ordonna-t-il à l’infirmière qui les avait rejoints.
Les deux surveillants aidèrent Logan à se relever, tandis que l’infirmière s’affairait autour du corps de Duncan en attendant que le médecin légiste arrive.
Logan se colla contre le mur, tel un spectateur, incapable de parler, de bouger. À plusieurs reprises, il demanda après Greenfield, après Veronica, mais personne n’arrivait à les joindre. Alors il resta là, impassible. Le défilé d’hommes et de femmes en blouse blanche était sans fin, les surveillants venaient et partaient, grognant dans leurs barbes, mécontents de la situation. Et puis le corps de Duncan fut emballé, placé sur un brancard et emmené au travers des couloirs. Les yeux de Logan glissèrent encore une dernière fois dans la pièce alors qu’il s’apprêtait à en sortir mais son regard fut attiré par un morceau de papier sous l’oreiller de Duncan. Son nom y était inscrit. Alors, sans réfléchir, d’un geste rapide et sans que personne ne s’en aperçoive, il attrapa le papier, le chiffonna et le fourra dans le fond de sa poche. Son estomac se noua à nouveau lorsqu’il regarda les traces de sang au sol.
Logan voix off : Comment en est-on arrivé là ?
Fin Flash Back
De colère, son poing s’abattit contre le mur de carrelage. Il se frotta le visage et remarqua ses mains pleines de sang. Il se détailla un instant, réalisant qu’il était couvert du sang de Duncan. Il sortit de la pièce, les yeux remplis de larmes et croisa son regard. Elle se tenait au bout du couloir, les cheveux encore humides, les deux mains posées sur la bouche pour étouffer un cri. Son cœur se brisa lorsqu'elle apperçut Logan couvert de sang. Il se frotta la nuque en secouant la tête et s’avança vers elle d’un pas rapide. Elle se jeta dans ses bras, s’agrippant à lui comme si sa vie en dépendait, laissant enfin s’écouler les larmes qui lui brûlaient les yeux. Il la serra fort contre lui, heureux de sentir sa chaleur, heureux de ne plus être le seul à vouloir hurler de douleur. Sur les joues de Logan, les larmes coulaient aussi. Leurs cœurs frappaient fort et de concert dans leurs poitrines. Et puis la voix de Veronica résonna dans son oreille.
VERONICA – Pourquoi ?
