HypnoFanfics

Veronica descendit dans le hall avec un léger sac de sport pour tout bagage et sa besace d’appareil photo. Elle confia le tout à Carter. Alors qu’il claquait le coffre, Veronica aperçut son air réjoui.

- On voit que ce n’est pas toi qui va replonger dans le milieu de ton adolescence...

- Avoue que ça te plait… L’adolescence, cette période riche en amours clandestins, répondit Carter sur un ton taquin en désignant du menton Hunter qui sortait de la cabine d’ascenseur de l’hôtel.

Veronica préféra rouler des yeux plutôt que de rentrer dans son jeu. Et puis, elle ne savait pas exactement comment qualifier le début de relation qu’elle entretenait avec Blake.

- Mets le cap sur l’aéroport, au lieu de dire des âneries ! Je ne veux pas manquer le dernier vol.

- Tu ne vas pas remplacer Granger, quand même, ajouta Blake en montant dans la voiture.

Le temps du trajet, les hommes firent plein de recommandations à Veronica. Elle les accueillit bon gré, mal gré. Certaines étaient intéressantes, d’autres plus hasardeuses.

- Et n’oublie pas que ce que tu as vécu avec lui est un atout pour nous, répéta Carter en se garant en triple file devant l’aéroport.

- ça, ce n’est pas sûr… Entre les hommes et moi, c’est méfiance ou fuite...

- Moi, je choisis la fuite. Dépêche de descendre ou je vais prendre une prune, plaisanta Carter.

Alors qu’il allait repartir pour le centre-ville, il se tourna vers l’arrière du véhicule et ne vit personne. Rapidement, il distingua son collègue Blake qui accompagnait Veronica à l’embarquement.

- Lui, il a choisi de s’accrocher visiblement…

« Entre les hommes et moi, c’est méfiance ou fuite... » Cette phrase tournait dans l’esprit de Blake depuis qu’ils étaient descendus de voiture. Il ne savait pas comment l’analyser. Le plus simple étant d’interroger Veronica, Blake se lança.

- Alors j’ai le choix entre la fuite ou la méfiance, c’est ça ?

Veronica lui offrit un sourire amusé. Il n’oubliait jamais rien, ce fichu agent. Elle commença à expliquer.

- Mon premier petit ami a été poussé à la fuite. Avec ma plus grande histoire d’amour, on se méfie l’un de l’autre, autant que l’on s’est fuit. Le dernier en date, c’est moi qui le fuis…

- Et Vandergraff, il a fui ou il se méfie ?

- Les deux… La première fois, il a fui. Ensuite, il s’est méfié de moi… Cette fois-ci, je vais devoir jouer serré… répondit-elle en déposant son bagage sur le tapis roulant.

Elle tira son billet de sa poche arrière et se tourna vers Blake.

- Tu me laisses ici.

Elle allait s’avancer vers le comptoir d’enregistrement quand il la retint par le poignet. Il y avait tellement de force dans son geste qu’elle se retrouva nichée contre lui. De l’extérieur, on jurait assister à une étreinte maladroite.

- Ne compte pas sur moi pour fuir, Veronica.

- Alors tu vas te méfier de moi, répondit-elle en levant la tête.

- Je suis profileur et spécialiste en lecture des micro-expressions du visage… Tu ne peux rien me cacher, pourquoi je me méfierais, souffla-t-il en l’embrassant.

Loin de l’agacer, cette réponse libéra la jeune femme. Elle s’écarta de Blake le cœur plus serein.

- Je t’appelle en arrivant, lança-t-elle en se glissant dans le couloir d’embarquement.

Elle n’avait pas remis les pieds à Neptune depuis le premier mois de sa suspension et n’avait averti personne de son retour. Veronica avait réussi à intercepter un taxi qui avait accepté de la conduire aussi loin à cette heure-là. A présent, elle était assise sur le muret bordant la plage. Elle s’attendait presque à voir Logan surgir des vagues. Mais il n’en fut rien. Il ne surfait pas de nuit, et elle savait que sa vie actuelle ne lui permettait plus ce genre de plaisir. En plus, Veronica avait coupé les ponts avec lui après son coup d’éclat à la caféteria.  Aujourd’hui, assise seule sur le front de mer, elle le regrettait. Elle aurait bien besoin d’un ami qui avait traversé la douleur pour l’épauler. Appeler Blake ne lui avait pas fait le plus grand bien. Elle regrettait de ne pas avoir accepté sa présence avec elle pour cette mission. Heureusement, le bruit d’une moto la tira de sa mélancolie. Il  n’y avait que lui pour rôder à minuit passé dans les rues.

- Oh Oh ! Mars est en ville.

Sans un mot, elle se leva et vint étreindre le motard chauve.

- Ravie de te voir moi aussi, Eli.

- Je peux savoir ce qui t’amène ?

Elle sourit devant l’attitude toute paternaliste d’Eli.

- Une affaire de New York qui aurait des liens avec un gars traînant dans le coin…

- Ah le boulot ! Tu viens à la maison et tu me racontes ?

- D’accord mais avant, tu peux m’emmener le voir ?

Eli opina du chef et prit Veronica dans ses bras. Il la serra fort au point de l’étouffer. A moins que ce ne soit la douleur encore vive du décès de celui qui lui avait accordé sa chance qu’il cherchait à étouffer.

Il gara la moto devant les grilles du cimetière. Auparavant, ils s’étaient arrêtés pour acheter des fleurs. Le cœur serré, ils franchirent le portail. Eli venait régulièrement entretenir la tombe mais l’émotion était toujours aussi vive. Pour Veronica, ce passage était un véritable supplice. Elle essayait d’être forte. Elle avait besoin d’être forte. Elle avait toujours puisé sa force en lui. Quand ils arrivèrent en vue du petit carré d’herbe surmonté d’une stèle minimaliste, Eli resta en retrait. La fille avait besoin de temps avec son père. Lentement, elle déposa son bouquet.

- Je sais que tu aurais préféré une assiette de chili mais…

Sa voix se brisa sur les derniers mots. Elle se laissa tomber à genoux et ancra ses doigts dans le sol à s’en briser les ongles.

- J’ai peur papa… J’ai réintégré le FBI il y a 6 mois avec beaucoup de difficultés. J’ai dû réapprendre beaucoup de choses. Si tu savais, tu aurais honte de moi… J’avais oublié toutes tes leçons… Je perds les pédales sans tes conseils. Ok, je ne t’écoute pas toujours mais tu m’as toujours permis de rester sur MA voie. Aujourd’hui, on m’envoie ici pour une mission importante. Et j’ai peur… J’ai peur de ce que cette ville peut me faire… J’ai peur de perdre ma voie maintenant que je n’entends plus la tienne…

Elle essuya du revers de sa main les larmes qui commençaient à perler sur ses joues. Elle redressa le buste et s’adossa contre les jambes d’Eli, qui s’était rapproché. Il lui serra l’épaule, elle posa sa main par-dessus la sienne. Elle le remerciait de son soutien silencieux. Si Keith n’était plus, lui avait toujours été présent pour elle.

- Alors, qui te ramène en ville ?
- Troy Vandergraff…
- Merveilleux… Dois-je avertir le Shérif que ce type est de retour ?
- Non, laisse-le en dehors de ça. Je suis là pour une mission discrète. Je suis supposée tomber sur Troy par hasard et lui laisser un petit truc pour qu’on puisse le pincer…
- Tu sais où le trouver ? questionna Eli prêt à rendre service.
- Je tenterai la marina demain matin.
- Oui, il se fait tard. Tu sais où loger ?
- Mon collègue m’a réservé une chambre à NGH mais…
- Comme tu ne veux pas que le Shérif soit au courant de ta venue, tu préférerais dormir ailleurs…

Veronica opina du chef. Eli l’aida à se relever et la prit contre lui.

- Allez, ce soir, tu dors à la maison !
- Ah enfin ! Moi qui attends ça depuis notre deuxième année de lycée !

Il s’écarta d’elle et la dévisagea. Il avait été son épaule au début de sa suspension. Il avait été le pilier sur lequel elle avait pu se raccrocher. Il lui avait permis de garder espoir. Les fédéraux l’avaient mise sur la touche parce qu’elle s’en était pris au grand Jake Kane. Les fédéraux avaient préféré enterrer l’affaire et faire subir à Veronica six mois de placard. Il lui avait permis de rendre justice en la sollicitant pour de petites affaires qui secouaient le ghetto. Il était hors de question qu’une plongée dans sa ville natale ruine tout son travail. Aussi, il fouillait son regard, il n’y décela aucune trace de déprime, juste une pointe de sarcasme. Il se réjouit de la voir reprendre ses armes.

- Tu dormiras sur le canapé, Mars ! Je ne couche pas le premier soir…

Veronica préféra pouffer plutôt qu’énumérer les coucheries d’un soir d’Eli.

La soirée avec Eli lui avait fait beaucoup de bien. Veronica avait remis de l’ordre dans ses idées et savait comment aborder Troy. Elle allait prétexter l’achat d’un bateau quand elle lui tomberait dessus. La jeune femme avait soigné sa tenue pour mieux appâter le client. Elle portait une jupe courte et un T-shirt très décolleté. Elle se souvenait que Troy était adepte des tenues affriolantes. Veronica se rendit à la marina vers 11h, histoire d’être certaine de le croiser. Elle ne voulait pas faire le pied de grue. Après avoir savamment baratiné le surveillant de la marina, elle put accéder aux pontons. Un coup d’œil au tableau d’amarrage lui donna l’appontement de Troy. Le navire était là. Son plan se déroulait sans accroc. Il ne restait plus qu’à attendre la sortie de ce play-boy de pacotille. Veronica s’assit à l’écart pour mieux observer. Elle attendit longtemps. Au bout d’une demi-heure sans le moindre mouvement, elle se décida. Troy n’était pas là. Discrètement, elle grimpa à bord du bateau. Il était certain que Troy n’avait changé de style de vie. Tout ici transpirait le luxe, l’argent. Elle continuait son tour quand une odeur persistante vint lui tirer une grimace. Elle connaissait cette odeur. Elle la redoutait. Lentement, elle tira son arme de son holster et se dirigea vers la cabine inférieure.

Avant même d’avoir atteint la cabine, elle savait ce qu’elle allait découvrir. Elle inspira profondément et s’avança vers le corps. C’était celui de Troy. Il baignait dans une immense mare de sang et de matière cérébrale. Dans sa main droite, Veronica reconnut un pistolet. Un haut-le-cœur la prit soudain. Elle remonta en hâte l’escalier pour respirer à l’air libre. Les mains sur les genoux, elle peinait à retrouver son calme. On l’avait envoyé à la pêche aux infos, elle trouvait un cadavre. Elle devait réfléchir vite. Sa mission n’avait aucune légitimité ici puisque Declan n’avait pas jugé bon d’avertir l’antenne du FBI de Californie. Elle devait rapidement informer son chef pour éviter de se retrouver classée  au rang de suspect. Elle descendit du bateau et s’éloigna de quelques mètres. Elle s’installa de manière à avoir une vue dégagée sur la scène de crime, puis appela son chef.

- Passez-moi Declan. Je me fous qu’il soit en réunion. C’est très urgent ! tonna-t-elle.

Veronica patienta une minute puis entendit le ton agacé de son supérieur.

- Mars, j’étais avec le Directeur du Bureau, j’espère que vous avez une bonne raison !

- Vandergraff est mort, répondit-elle sans s’embarrasser de chichis.

- Merde.

- Comme vous dites. Puisque vous êtes avec notre cher Directeur, vous pouvez lui dire pourquoi je viens de découvrir un cadavre à Neptune. Je vais avoir besoin de son soutien quand je vais avertir les flics d’ici.

- Mars, tirez-vous, ne faites pas ça ! Laissez le Shérif gérer ! On a plus…

- On n’a plus le choix. J’ai dû pipeauter le surveillant de la marina pour pouvoir entrer. Il m’a fait poireauter 10 minutes avant d’accepter. Il saura me reconnaître. La police d’ici est grandement corrompue et vous le savez, le Maire ne m’aime pas… Si Jake Kane vient à savoir que j’étais là, il me soupçonnera et contraindra les forces de police à me pourrir la vie…

- Mars, arrêtez votre cirque.

- Kane n’a pas apprécié mon esclandre à la mort de mon père… Il a mis des mois avant de retrouver une certaine crédibilité ici. Il craint toujours le retour de Mars… Si je reviens en catimini, il va se méfier et nous mettre des bâtons dans les roues. Si je joue franc jeu, on gagnera du temps.  Et je connais bien le shérif…

Veronica attendit la décision de son patron. Elle avait à peine forcé le trait. Elle ne savait pas quel sentiment Kane nourrissait à son égard mais c’était son meilleur atout pour rester enquêter ici. Quoi qu’en pense Granger, Vandergraff était leur meilleure piste pour pénétrer le réseau des Irlandais de New-York. Declan, sous ses airs bourrus, adorait Veronica. Il ne prendrait pas le risque de perdre son agent à cause d’un nanti ambitieux qui n’acceptait pas qu’une ado ait été plus maline que lui autrefois.

- OK, Mars. Appelle le shérif. On va rendre ta mission officielle. Ce sera fait dans 10 minutes.

- Merci.

- Les renforts arrivent dans la journée.

Veronica allait rétorquer que c’était inutile mais Declan avait déjà tranché. La jeune femme espéra seulement que ce ne serait pas toute l’équipe qui débarquerait. Sinon, ça promettait des investigations épiques. Priant pour ne pas tomber sur le Shérif en personne, elle appela le poste.

- Bureau du Shérif, que puis-je pour vous ?

La gorge de Veronica se noua en reconnaissant la voix et l’accent germanique d’Inga.

- Je suis agent du FBI et je vous appelle pour vous signaler un cadavre.

- Veronica ?

La gorge de la détective se noua davantage. Elle aussi l’avait reconnu.

- Oui, Inga. Je suis rentrée. Mais mon séjour vient de s’assombrir. Il y a un cadavre à la marina. Troy Vandergraff.

- J’avertis le shérif. Il sera là dans un quart d’heure.

- Inga, ne lui dites pas que c’est moi qui ait appelé…

PARTIE 2

Déjà deux heures qu’il leur file le train… Deux heures durant lesquelles ils ont changé quatre fois d’endroit… D’abord le parking du centre commercial, puis le centre commercial, ensuite les toilettes d’une station-service et enfin la plage. Eli pestait sous son casque. Il détestait ceux qu’ils suivaient. Ce n’était pas nouveau, déjà à l’époque du lycée, il détestait ces fils de riches à qui tout était pardonné. A son dégoût des nantis s’ajoutait le sentiment de s’être fait promener. Pourtant, il s’était montré extrêmement discret. Il allait relâcher sa filature quand l’événement se produisit. Ce fut rapide mais cela n’échappa pas à son regard. Il avait si souvent fait ces gestes autrefois. Réaliser une transaction interdite à la vue de tous, Eli savait ce que ça faisait. Lui s’était cantonné aux paris illégaux, les jeunes sur la plage faisaient un tout autre business. Eli fit crépiter son appareil photo. Maintenant qu’il avait un point d’entrée dans cette sombre affaire de dope qui gangrénait le lycée, il n’allait pas lâcher. Avec le sentiment du travail accompli, il rentra au bureau. Il avait pensé déménager les locaux dans son quartier de naissance, puis il s’était ravisé. Mars ou pas Mars à la tête du navire, Mars Investigations resterait ici. Les vitraux faisaient partie du charme de l’agence et le nom de l’ancien patron sa renommée. Eli devait reconnaître que sans ces atouts, jamais il n’aurait pu garder l’affaire à flots. Tout en analysant les clichés volés sur la plage, Eli se souvint de sa première collaboration avec Keith. Etait-ce la similitude entre les affaires qui le poussait à la nostalgie ? Le motard ne s’interrogea pas davantage et se laissa bercer par le souvenir.

Flashback

L’affaire s’avérait compliquée. Keith avait besoin de poser ses micros dans le bureau du Professeur Swartz et malgré toute son expérience, il ne voyait pas comment réussir à s’introduire dans son bureau. Il ne pouvait pas demander à Veronica de faire diversion, sa très chère fille s’était violemment emportée contre le professeur la semaine passée. Le détective tournait et retournait le problème dans sa tête en tapotant le volant de sa voiture quand une voix qu’il connaissait bien le tira de ses réflexions.

- Un problème Shérif ?

- Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler comme ça, Weevil…

- Et il me semble qu’il t’a déjà dit de ne plus l’appeler comme ça ! Il s’est rangé, fit une voix féminine.

Keith se tourna vers sa fille qui lui souriait.

- Je peux savoir ce que tu…vous faites là ?

- Je t’apporte une solution !

Le regard de Keith exprimait tant d’incompréhension que Weevil faillit partir.

- Tu as besoin d’entrer chez Swartz ? Tu ne sais toujours pas comment faire ? TADA !!! Voilà la solution ! claironna Veronica en montrant fièrement Weevil.

Le motard regarda ses boots en se massant la nuque.

- Veronica, j’ai pour habitude d’arrêter les cambrioleurs, pas de les embaucher…

- Qui te parle de cambrioler ? Eli est agent d’entretien sur le campus. Il a toute légitimité à entrer dans les bureaux des professeurs…

Keith croisa le regard d’Eli et réfléchit à la proposition sous-jacente de sa fille.

- Et puis, dois-je te rappeler que tu comptais d’introduire sans autorisation dans le dit bureau ? L’intervention d’Eli est quand même beaucoup plus légale…

- Rappelle-moi pourquoi tu ne suis pas des études de droit ?

- Parce que j’ai déjà lu le code pénal en CP.

- OK. Weev… Eli, acceptes-tu de placer quelques micros pour moi dans le bureau de Swartz… On l’accuse de trafic d’amphétamines… J’ai besoin de…

- La photo en or, fournisseur, payeur, dealeur, plaisanta Veronica avec un clin d’œil appuyé.

Eli se contenta de tendre la main pour récupérer les micros à poser. Silencieusement, il s’éloigna de quelques pas. Allait-il servir le bien ? Il se posait la question en fixant les micros. Visiblement, il n’était pas le seul à douter.

- Tu crois vraiment qu’il va poser les micros, demanda Keith.

- Oui. C’est un type bien.

- Qui a fait plusieurs passages en centre de redressement.

- Les bêtises forgent le caractère…

Fin flashback

Les photos avaient fini de charger. Il allait pouvoir les observer. Avant de s’attaquer à ce travail fastidieux, il se fit couler une tasse de café. Les premiers clichés n’apportaient rien de bien nouveau. Au centre des photos, on voyait les fils de ses clients : Ethan Burton, Tim Mc Lane et Nathan Keane. Les autres photos montraient l’échange discret des sachets de pilules, un sachet décoré d’une conque. Ethan Burton récupérait les pilules dans la main d’un quatrième gars, inconnu jusqu’à maintenant. Eli zooma sur son visage. Peu à l’aise avec les outils numériques, il manqua sa manipulation et agrandit l’arrière de la photo. Toutefois un visage apparut. Un visage qu’il connaissait… Un visage qui lui tira un juron. C’était celui de Jeff Ratner. Depuis des années, Eli haïssait ce type. A l’époque où il  n’était pas encore un détective assermenté, Eli avait eu à faire à lui. Jeff Ratner était un des dealers du professeur Swartz. La pose des micros avait conduit au jeune étudiant. Keith avait voulu se servir des écoutes pour faire pression sur l’étudiant mais sans succès. Jeff avait retourné la situation contre Keith et Eli. Jeff avait réussi à faire croire au doyen qu’il avait agi sous la menace de Weevil lui-même au service du professeur Swartz. Son casier judiciaire vierge plaidant en sa faveur, Jeff fut innocenté, Swartz et Weevil renvoyés. Depuis ce jour, Eli haïssait Ratner et cherchait un moyen légal de le faire payer. Cette affaire au départ anodine prenait une tournure qui lui plaisait. Il allait pouvoir se payer Ratner.

Eli regarda sa montre. 17h… Il était tard mais il était certain de pouvoir coincer Ratner au lycée. Etudiant, Ratner n’était que dealer de dope. En passant ses diplômes et en devenant professeur, il s’était lancé dans la production, si on en croyait les rumeurs de Neptune High. Il mit le cap vers le lycée dans le soleil couchant. Heureusement qu’il conduisait toujours sa vieille moto sans cela il serait arrivé trop tard. Un accident de la route bloquait la circulation aux voitures sur deux pâtés de maisons. Eli s’était faufilé entre les véhicules et pénétrait à l’instant sur le parking du lycée. Le vieux tacot de Ratner était sur le départ. Eli se mit en travers de son chemin. Il ôta son casque, le posa sur le réservoir de sa moto avant de se tourner vers Jeff. Il lui offrit un magnifique sourire. Le professeur frappa de rage son volant et descendit de voiture.

- Bouge de là ! Je suis pressé !

- On se détend. Tu ne pourras aller nulle part.

- C’est toi qui va m’arrêter avec ta mobylette ?!

- Ce n’est pas une mobylette. C’est une harley. Montre-lui du respect, dit calmement Eli en descendant de sa selle.

Jeff déglutit avec peine en le voyant approcher. De tout temps, Weevil l’avait effrayé. Les rumeurs circulant sur lui donnaient des sueurs froides au professeur encore aujourd’hui.

- Le quartier est bloqué. Accident de la route. Tu ne peux aller nulle part avant l’évacuation des blessés. On va donc pouvoir causer un peu…

- Un accident de la route… Comme c’est pratique ! Tu ne vas pas me faire…

- De mal ? ça dépendra des réponses que tu me donneras…

Eli s’assit sur le capot de la voiture et sourit à Jeff qui devint aussi pâle que la poudre qu’il sniffait.

- Ethan Burton, Tim Mc Lane, Nathan Keane, tu connais ?

- Des élèves de deuxième année. Pourquoi ?

- Ce sont mes affaires, répondit Eli.  

- Ce sont mes élèves. J’ai le droit de savoir.

- Le secret professionnel m’interdit de t’en dire plus. Mes employeurs n’apprécieraient pas. Et on sait tous les deux à quel point tu es bavard quand il s’agit de colporter de mauvaises informations…

Ratner encaissa l’allusion aux rumeurs qu’il avait fait circuler sur Veronica quand elle avait manqué d’agresser Jake Kane. Jeff était présent au manoir ce soir-là. A peine avait-il quitté les lieux qu’il avait raconté à qui voulait l’entendre que la fille Mars avait fracassé l’entrée du manoir avec une batte de baseball et avait menacé de mort Jake Kane en personne. Les deux hommes se jaugèrent du regard quand soudain un concert de klaxons retentit. Ratner sourit.  

- Oh ! La circulation reprend. Je crois que notre entretien touche à sa fin.

Sur ces paroles, Jeff remonta en voiture et démarra avant même qu’Eli se soit décollé du véhicule. Alors que le professeur passait les limites du parking, Eli le vit téléphoner. Rapidement, il chaussa son oreillette.

« Tim ? Rappelle-moi dès que tu as ce message. Je ne sais pas ce que vous avez fait, mais vous avez merdé ! »

Chaussant ses lunettes de soleil, Eli sourit, il avait mis en pratique les techniques de Veronica pour poser un micro et ça avait marché à la perfection. Il entendait encore sa petite voix lui sermonnant la leçon : « Etablis le contact, baratine, mets en confiance, ferre le client, fais ton affaire et laisse-le croire que c’est lui qui met fin à l’entretien. ». Un brin de mélancolie l’envahit. Les événements du jour lui avaient beaucoup fait penser aux Mars. Eli prit la décision d’appeler Veronica en rentrant. Les Mars lui avaient toujours tendu la main, aujourd’hui, c’était un juste retour des choses qu’il prenne soin de Veronica.