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Jeunesse et protection des mineurs
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Série : Veronica Mars
Création : 21.02.2019 à 21h38
Auteur : alExiaN
Statut : Terminée
« Suite de l'épisode "de la poudre aux yeux" - post film » alExiaN
Cette fanfic compte déjà 98 paragraphes
Mac était sortie précipitamment de la chambre de Madison. Elle percuta d’autres patients dans sa course effrénée. L’un d’eux la saisit à bras le corps. Elle se rebiffa.
“- Lâchez-moi !
- Mac, qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que tu fais là ?”
Tout à coup, elle reconnut la voix de Logan et cessa de ruer.
“- Mais, tu as pleuré ?”
Mécaniquement, Mac essuya ses joues et souffla fort pour se détendre. Logan passa un bras par-dessus son épaule et l’entraîna vers l’extérieur. Ils s’assirent sur un des bancs. Le pilote garda la brune contre lui et la berça un moment en silence. Mac avait besoin de temps pour faire cesser le tumulte qui l’envahissait. Au bout de quelques minutes, ce fut elle qui relança la conversation.
“- Je suis venue voir Madison…
- Pourquoi ?
- Elle aussi m’a posé la question, tiqua Mac. Elle croit que je suis venue la questionner sur Dick.
- Et ce n’est pas le cas, hasarda Logan.
- Non… Je ne suis pas venue pour elle… Je suis venue pour Lauren et Madame Sinclair…Ce n’est pas facile à vivre comme situation, l’agression d’un proche.
- Et tu es venue les soutenir. Tu fais ça pour tous les parents de victimes ou... ?
- Les Sinclair et moi, c’est… compliqué…”
Mac chercha dans le regard de Logan des indices indiquant que Veronica aurait pu éventer son secret le plus intime. était-ce elle qui en avait parlé à Keith? Elle ne vit rien. Bien sur que Veronica n’avait rien dit. Elle prit alors la décision de s’expliquer.
“- En fait, c’est moi la Sinclair dans l’histoire… Madison et moi avons été échangées à la naissance… Peu de personnes sont au courant… Veronica, Madame Sinclair, mes parents, moi, toi, maintenant…
Logan prit quelques secondes pour digérer l’information.
- Okay… Donc, tu es là pour soutenir ta famille…
- C’est ça et en échange, je me prends les insultes et le venin de l’autre blondasse !”
Voyant que Mac repartait à pleurer, Logan choisit de changer de sujet.
“- Allez… Allez… Ne te laisse pas ramollir. D’ailleurs, je vais me faire du souci pour l’avenir de Mars Investigations si tu ne fais plus attention aux détails…”
Piquée au vif, Mac se redressa et regarda aux alentours. Son regard balaya l’entrée de l’hôpital. Une ambulance déchargeait un blessé. Madame Sinclair était sortie téléphoner tandis que Lauren pianotait sur son smartphone. L’avait-elle entendu ? Mac secoua la tête pour chasser cette idée folle. Logan la regardait en serrant sur ses genoux un dossier médical. Les yeux de Mac se plantèrent dessus. Un sourire s’étala sur les lèvres du pilote.
“- Ah, je te retrouve.
- Qu’est-ce que tu es venu faire ici ?
- A toi de le découvrir.
- J’ai droit à combien de questions ? demanda-t-elle prise au jeu.
- Oh, tu as reçu l'entraînement Mars Junior et Senior. Je dirai donc 3 questions.”
Emoustillée par le défi, Mac en oublia ses soucis.
- C’est ton dossier médical ?
- Oui, c’est le mien.
Mac retint un soupir. Elle avait espéré un temps qu’il avait en sa possession la preuve de la rechute de Dick.
- Tu as passé des examens ?
- Oui, test à l’effort, vision…
Au delà de la curiosité, une certaine anxiété accompagna sa dernière question
- Tu es malade ?
- Pas du tout.
- Ok, dit-elle, rassurée. Deux théories. Soit tu repars en service actif sur le terrain. Soit tu vises une reconversion dans les forces de l’Ordre. Vu que vous avez acheté la maison de la plage et que Veronica a arrêté la pilule… Je dirais la seconde option.”
Le sourire de Logan se fit plus grand et il ouvrit la main droite pour que Mac y claque la sienne.
“- Te voilà remise sur les rails. Je passais les tests physiques pour entrer au NCIS.
- Dis, avant d’enquêter sur tes anciens potes de l’armée… Tu veux bien m’aider à retrouver notre ami commun ?
- Je le traque déjà...souffla-t-il en la serrant contre lui.”
Et il ne mentait pas. Logan avait mis en place tout ce que Veronica lui avait appris pour retrouver Dick. En vain. Alors faute de traces, le Marine essayait de se souvenir de cette fameuse soirée dans les moindres détails. Il aurait aimé en parler avec Mac mais c’était encore trop tôt.
Wallace avait juste eu le temps de déposer Eli dans son quartier avant de reprendre les cours. Alors qu’il allait se garer sur le parking des enseignants, un petit groupe de lycéens retardataires lui coupèrent la route. Il reconnut les joueurs de son équipe première de basket. Il les klaxonna en souriant. Ah le basket, le 5 majeur, les cookies de Veronica avant le match… Rêvassant à sa propre adolescence, Wallace faillit percuter un autre retardataires. Il écrasa la pédale de frein en invectivant le lycéen.
“- Fuller ! Regarde où tu vas !”
Le jeune homme se stoppa devant le parechoc de la voiture. Il semblait complètement ailleurs, totalement hébété. Il fallut toute la poigne de Rafaël Ibanez pour le ramener au présent. L’hispanique aux bras couverts de tatouages attrapa son ami par l’épaule et le tira hors du parking. Wallace les observait encore en sortant de sa voiture. Rafaël exhortait Drew Fuller à la réaction. Drew avait le regard hagard, le teint blanc. Une telle hébétude était rare chez le jeune homme.
“- Détends-toi. On a tué personne…”
Les regards de Wallace et Rafaël se croisèrent. Le coach allait les interroger davantage, craignant un bizutage qui aurait mal tourné chez les premières années. Instinctivement, il se tourna vers le mât du lycée où flottait le drapeau des Pirates. Cela laissa le temps aux deux lycéens de se mêler à la foule. Wallace entendit cependant leurs derniers mots.
“- Après tout, chacun son tour de mordre la poussière…”
Brièvement, un sourire traversa le visage de Drew. Rafaël semblait avoir trouvé les mots pour apaiser son ami. Toutefois, cela ne rassura pas le responsable qu’était Wallace. Il se hâta vers la cour où une petite foule s’était rassemblée.
Wallace appréciait autant la lutte idéologique qu’il détestait la violence. Le spectacle qui s’offrit à lui était d’une bêtise crasse. Deux premières années, visiblement des adolescents habitant les quartiers huppés de Neptune, avaient été attachés à demi-nu sous les bancs de l’espace de restauration. Face à cette vision, les souvenirs lointains et récents se mêlèrent. Il réussit à chasser l’image de sa propre humiliation passée mais les mots de Rafaël résonnaient fort en lui : “ chacun son tour de mordre la poussière ”. En colère contre les idiots de la Terre, contre les inactifs, il s’avança. D’abord, libérer les victimes ; ensuite, il se chargerait de punir les responsables. La foule qui s’était amassée s’écarta. Certains baissèrent les yeux, honteux. Depuis des semaines, ils débattaient d’égalité, de fraternité mais aucun d’entre eux ne passait à l’action. Les mains tremblantes de colère contenue, Wallace dénoua les liens faits des blousons et pantalons de luxe des victimes. Lorsqu’il jeta le dernier vêtement au sol, il toisa la foule avec rage. Plus personne ne levait les yeux. Enfin libéré, le plus petit des deux commença à ramper sur le sol quand un cri le stoppa.
“- Attendez..."
Instinctivement, les deux bizutés se recroquevillèrent sous les bancs. Wallace balaya la foule du regard pour trouver qui avait à redire de la situation. C’était Alison Drake, suivie par Evan Rollins. Elle fendit le bloc d’élèves visiblement essoufflée et se planta face à son professeur. Sans mot dire, les deux adolescents se saisirent de la première table et la soulevèrent libérant ainsi le plus petit des bizutés. Il put s’asseoir. Timidement, un élève de terminale rompit le cercle de la foule, ramassa les vêtements du garçon et les lui tendit. En silence, Wallace et Evan enlevèrent la seconde table. Alison apportait les habits restants. La sonnerie de 13h mit fin à la curée. Les lycéens se séparèrent. Quand ils passèrent les portes du bâtiment principal, le brouhaha reprit, chacun commentant la scène qui venait de se dérouler. Wallace les regarda partir. La colère pulsait encore en lui. A la seconde sonnerie, il se tourna vers les tables. Il espérait y voir les deux victimes. A la place, il ne restait qu’Evan et Alison. Décidément, ils ne se quittaient plus.
“- Pourquoi vous n’êtes pas en cours ? demanda-t-il.
- Notre prof sera en retard, alors on a le temps de rester ranger, répondit Evan.
- Sera en retard, vous êtes devin Rollins maintenant ?”
Le vouvoiement témoignait de l’énervement de Wallace. Il ne l’utilisait avec ses étudiants qu’en dernier recours. Les deux terminales le savaient bien.
“- On a cours avec vous, monsieur Fennell… répondit timidement Alison.”
Le sourire qu’elle lui offrit réussit à chasser ses émotions négatives.
“- Et bien, ne faisons pas attendre vos condisciples…
- Pour être con, ils sont cons. Elle était où la fraternité dont ils parlent à longueur de statut facebook ? Pesta Evan en lâchant lourdement la table.
- Tout le monde n’a pas votre courage, expliqua Wallace qui choisit de faire celui qui n’avait pas entendu l’injure.
- Et puis, attacher un 3x09 à une table pour faire valoir son autorité… ajouta Alison.
- Faut vraiment être… dirent les deux adolescents en chœur.
- Ne finissez pas cette phrase, à moins de vouloir faire 10 tours de terrain en plus.
- Ah non, M’sieur ! J’ai déjà assez couru ce matin ! râla Alison.
- C’est certain qu’on court beaucoup en littérature appliquée, plaisanta Wallace."
Les deux lycéens furent surpris que leur professeur connaisse si bien leurs emplois du temps. Sans mot dire, Wallace poussa Alison à se justifier. Evan écouta avec curiosité, il avait été entraîné dans la course déjà lancée de son amie.
"- A la sortie de mon cours, j’ai surpris une conversation. Une bande de pestes prévoyait de tomber sur Magdalena Lopez, qui a une certaine popularité à cause de vous savez quoi… Bref, je ne voulais pas la laisser seule face aux griffes de Georgina et compagnie. J’ai donc couru vers la salle de première année, expliqua Alison. Le problème s’est réglé assez vite. Pas d’effusion de sang, promis, M’sieur. C’est là que j’ai entendu pour le coup des tables. J’ai retraversé tout le lycée."
Evan riait du récit d’Alison. Elle qui n’aimait pas le sport courait partout depuis le début du mouvement égalitaire.
« - Et vous connaissez la suite. Je crois que vous avez été assez indigné par la situation. Pas besoin de la raconter à nouveau. »
Wallace se contenta d’un maigre sourire en guise de réponse. Tous les trois, ils passèrent les portes du gymnase. Le reste de la classe les attendait. Wallace les répartit en ateliers : montée de corde, saut de haies, saut en hauteur étaient au programme. Alors qu’Alison finissait de lacer ses chaussures en compagnie d’Evan. Le jeune homme la couvait du même regard qu’il avait eu après le sauvetage de Dick sur le pont de Coronado. Seulement, Alison ne semblait pas le voir.
“- Passe me voir à la fin du cours…annonça Wallace.
- Pourquoi ? Vous avez un projet pour faire avancer le mouvement, s’emballa Alison.
- Faire avancer le mouvement, je ne sais pas… Te faire gagner des points en plus pour ton dossier universitaire, oui. Quand on est capable de traverser le lycée deux fois en moins de 10 minutes sans broncher, on doit faire partie de mon équipe d’athlétisme.”
L’air déçu qu’affichait Alison fit éclater de rire Evan. Il prit son amie par le cou et lui murmura à l’oreille.
“- Ça, tu ne l’avais pas vu venir… C’était pas prévu dans ton plan d’étude, blagua-t-il.
- Y a pas que les études dans la vie… Il y a les amis aussi… lui répondit-elle en lui claquant une bise sonore sur la joue.”
Là-dessus, elle attrapa la corde lisse et commença à s’élever. Le cœur battant, le visage souriant, Evan resta sur le tapis à l’observer décrocher le foulard.
Keith avait attrapé le dossier Summers dans les vieux classeurs dès qu’il avait entendu l’appel. Une maison soi-disant inviolable cambriolée en plein jour et sans difficulté, ça n’arrivait pas souvent dans une carrière de shérif. Keith avait eu beaucoup de mal à l’époque à dénouer toute l’affaire. Si son expérience pouvait servir, il la partagerait avec joie. Mais avant cela, il préférait vérifier certaines choses. Il se rendit alors à la prison du comté. Au planton à l’accueil, Keith demanda à voir le détenu Mario Vega. L’ancien shérif fut installé dans une salle particulière, privilège accordé par le garde qui avait voté pour lui à chaque élection. Keith se massait le genou en attendant que paraisse son invité. Mario Vega arriva. C’était le stéréotype du prisonnier hispanique : salopette orange, baskets dépourvues de lacets, bras couverts de tatouages, grosses chevalières aux doigts et un air de dogue prêt à mordre. Keith esquissa un sourire.
« - Je t’avoue que je suis un peu déçu de te voir… commença-t-il.
- Je ne vous ai pas envoyé d’invitation, il me semble, rétorqua Mario en s’asseyant.
- J’avais imaginé que tu serais encore mis à l’isolement…
- Ils ont renoncé. Pas moyen de m’y enfermer. Leur système ne tient jamais avec moi…
- Pourtant, tu es toujours là…
- Je suis nourri, logé et j’ai du boulot ici pour les 5 ans à venir. Pourquoi je sortirais galérer au chômage dehors ?
- Je ne sais pas… Pour donner des cours particuliers ? dit Keith en sortant des photos de sa besace. »
L’hispanique se saisit des photos. Il sourit.
« - Celle-là, c’était vraiment du grand art… »
Keith contracta ses mâchoires. Il avait vu juste.
« - Regarde la date, Mario. Regarde bien…
- C’est impossible, dit-il en repoussant les images comme si elles venaient de le brûler. »
Grâce à la naïveté du jeune Tad Delauney, Keith avait récupéré des photos de la scène de crime du jour. Il venait de les soumettre à celui qu’il avait arrêté 10 ans auparavant pour un délit identique. Son instinct ne l’avait pas trompé. L’affaire de Veronica se recoupait avec celle de Vega.
« - Alors Mario, comment tu expliques que tes techniques soient de retour ?
- Ce n’est pas moi. »
Ce furent les derniers mots de Mario. Le planton venait mettre fin à l’entrevue. En sortant, Keith offrit un conseil au prisonnier.
« - Il faudra trouver autre chose pour la shérif. »
Après avoir terminé les constatations et posé les scellés, Veronica était rentrée au poste où Leo et Tad l’attendaient. Elle commençait à peine à noter les premiers éléments sur son tableau que le téléphone sonna. Veronica glissa son marqueur derrière l’oreille. C’était le bureau de la Scientifique, le nom de Denise Marquez s’affichait sur le combiné. Veronica sourit en pensant à la plantureuse experte qui draguait ouvertement et sans succès son adjoint Leo. Pour qu’elle la rappelle si vite, c’est qu’il y avait du nouveau et du concret. Veronica décrocha, rouvrit son stylo et se tint prête à noter. Denise avait tendance à parler vite. Alors que Veronica allait lui demander le résultat de ses recherches, la porte du bureau claqua. Leo revenait de l’hôpital, la mine déconfite. Prendre la déposition de Madison n’avait pas dû être de tout repos. Voulant redonner du baume au cœur d’artichaut de son adjoint, Veronica dit :
“- Deux secondes, Denise, je te mets sur haut-parleur.”
Leo, qui s’apprêtait à taper son compte-rendu, se stoppa et écouta la scientifique.
“- L’alarme était désactivée quand ils sont entrés dans la maison.
- Ok. Ils ont eu du bol... pesta Veronica en gribouillant un “alarme déverrouillée”.
- Je ne crois pas… D’après le journal de l’appareil, le boîtier a été déverrouillé 5 minutes seulement avant l’effraction.
- Ils ont vraiment eu du bol, répéta Leo.
- Salut beau gosse, minauda Denise. »
Leo roula des yeux. Veronica avait souri en discernant le changement de ton de la scientifique. Elle en faisait vraiment des tonnes pour séduire ce beau Leo. Il n’était pas dupe mais il ne répondait à aucune de ses avances. Cette attitude surprenait Veronica mais pour le moment, elle avait plus urgent à analyser. Elle relança la conversation avec Denise, qui reprit d’un ton plus professionnel.
« - Ils ont eu du bol ou bien ils ont bidouillé le tableau électrique pour arrêter l’alarme.
- C’est aussi facile que ça ?
- Ça a l’air simple mais il faut sacrément s’y connaitre en électronique. Seul un crac a pu réaliser la manip sans déclencher un son et lumière dantesque.
- Et qu’est-ce qui te fait croire qu’on a à faire à un pro de l’électronique, D ? demanda Leo intrigué.
- Le coffre-fort, mon cœur...
- Denise, je ne suis pas une fouine, râla Veronica. »
Au tour de Leo de sourire franchement tandis que sa patronne le foudroyait des yeux.
« - Il va falloir que tu développes… poursuivit la blonde.
- En plus de désactiver une alarme complexe, ils ont aussi réussi à forcer un coffre à combinaison numérique 5 étoiles et à couper le circuit de vidéo-surveillance de toute la propriété. »
Veronica fit mine de se tirer une balle en pleine tête. Leo pouffa.
« - D, fais simple ou tu vas nous la tuer…
- Je ne serais pas contre… Ça me ferait une concurrente de moins… »
Les regards de Veronica et Leo se croisèrent ; surprise pour l’une et gêne pour l’autre. Face à ce silence, Denise reprit.
« - En gros, le plantage de l’alarme, de la vidéo-surveillance, plus l’ouverture toute en douceur du coffre, c’est la signature d’un as de l’électronique. Un as du numérique…conclut la scientifique.
- On cherche une Dark Mac, résuma Leo.”
“- On m’a appelée ? fit la brunette en passant la porte du bureau de Veronica.
- Non. Mais on va avoir besoin de tes services, dit Leo.
- Parfait, il faut que je m’occupe l’esprit.”
Veronica fit la moue en pensant à ce que traversait son amie. Alors qu’elle décrochait son combiné pour s’entretenir en privé avec Denise, elle invita Mac à s’asseoir. Tad leur apporta deux cafés.
“- Je le trouve comment ton super as du numérique. Tu as relevé des empreintes ? demanda la shérif. “
Veronica écoutait les informations de Denise tandis que Mac s’assit contre le bureau de Leo. Elle le regardait noter les dernières données autant qu’elle lisait le diagramme de Veronica.
“- On sait ce qu’ils ont volé ? demanda-t-elle en prenant une gorgée de café.
- Pas encore. Denise et son équipe n’ont pas fini de faire l’inventaire de ce qu’ils ont collecté. On est dans le flou pour le moment, reconnut Leo.
- Pas tant que ça… commenta Mac.
- Comment ça ?
- Quand tu t’introduis chez quelqu’un en douce, tu prends ce que tu as sous la main, non ? Suggéra-t-elle.
- Je suppose…
- Tu ne t’es jamais introduit chez personne ? s’étonna Mac, qui l’avait fait plusieurs fois depuis qu’elle fréquentait Veronica.
- Si. Enfin, non ! Non, je suis un flic...bafouilla Leo rougissant.”
Amicalement, Veronica passa sa main dans le dos de Leo. Elles le taquinaient. Elles le bizutaient ainsi depuis le début de leur collaboration. Il se faisait avoir à chaque fois. Tad osa un petit sourire mais il savait que bientôt son tour viendrait… Aussi, il se remit au travail en silence.
“- Ce que Mac essaie de te dire, c’est que ce cambriolage était prévu, prémédité. On ne désactive pas une alarme pour juste prendre les ordinateurs, les tablettes. Nos deux monte-en-l’air devaient avoir un objectif, expliqua la blonde.
- Les bijoux ? demanda Mac.
- C’est une bonne idée, reconnut Veronica. Denise a profilé nos suspects… Il semblerait qu’ils aient quelques talents pour le numérique… Tu pourrais faire parler ta magie et nous trouver un nom ?
- Ça, je peux le faire,” fit une voix masculine qui n’avait plus résonné dans le bâtiment depuis des mois.
Keith venait de pousser la porte du bureau en s’appuyant sur sa fidèle canne. Leo lui offrit un siège avec beaucoup de prévenance. Monsieur Mars accepta avec plaisir. Il s’installa et jeta sur le bureau un dossier que Mac reconnut aussitôt.
“- Le nom que tu cherches, c’est Vega. Mario Vega.”
Les trois trentenaires échangèrent un regard.
« - Comment tu as eu accès à nos infos ? demanda Veronica. »
Keith sourit. Maintenant, c’était elle qui ne supportait pas qu’un Mars fouine dans ses affaires. Tad préféra baisser la tête et continua de noter les informations données par Denise.
“- J’ai piraté vos fréquences…choisit de répondre Keith.”
“- Ça vous arrive de faire des trucs légaux dans cette agence?, demanda Leo.
- Tu ne peux pas comprendre, tu n’es pas d’ici… dit Veronica en sondant le regard calme de son père.
- Oui, ici, on est des Pirates depuis le lycée, alors… ”, plaisanta Mac en se jetant sur le dossier.
Keith avait attisé sa curiosité depuis le déjeuner. Elle allait enfin savoir. Rapidement, elle lut les éléments de la procédure. Plusieurs fois, elle releva la tête pour vérifier avec le tableau de Veronica. Leo essayait de lire par-dessus son épaule. En vain, le cerveau de Mac tournait à toute allure et les pages suivaient le même rythme.
« - Comment ce Vega a-t-il pu expliquer sa technique à nos deux gugusses s’il est enfermé depuis tout ce temps ?”
Leo fixait intensément le tableau. Quelque chose leur échappait.
“- Je n’en sais rien et pour aujourd’hui, je crois qu’on en a assez fait, confessa Veronica.”
Elle commençait à avoir faim et l’affaire qui les occupait n’était pas un véritable crime de sang. Aussi, elle estima qu’ils pouvaient rentrer chez eux. Chacun prit le temps de ranger des dossiers. Mac et Tad raccompagnèrent Keith, laissant Veronica seule avec un Leo contrarié. La blonde le remarqua.
“- Rentre chez toi, Leo. On trouvera demain…
- C’est parce que c’est Madison que ça peut attendre, il est encore tôt, glissa-t-il en recherchant son calepin.”
Il était certain de l’avoir posé quelque part.
“- Qu’est-ce que tu cherches, Leo, dit froidement Veronica les mains sur les hanches.
- Mon carnet… Je suis certain de l’avoir mis là…”
L’adjoint n’avait pas remarqué l’attitude renfrognée de Veronica aussi elle monta le ton.
“- Arrête de te foutre de moi, tu veux. Il est là ton calepin.”
Elle le lui plaqua contre le torse.
“- Ne va pas t’imaginer que cette affaire m’importe peu. Je trouverai qui a fait ça. Mais pas ce soir.
- Oui, ce soir, tu vas rentrer roucouler avec Mister Air Force One…rétorqua-t-il tout en gardant prisonnier dans sa main son carnet et la main de la blonde.”
Effarée, elle se libéra et recula. Elle ne reconnaissait pas Leo. Pourquoi cette affaire le mettait dans cet état ? En pinçait-il pour Madison ?
“- Je ne sais pas ce que tu as mais si tu te sens seul, appelle Denise, lui lança-t-elle en claquant la porte du bureau.”
Honteux, il s’assit contre le bureau de Veronica. Il aperçut une photo de Logan et elle s’embrassant. Il se prit la tête entre les mains, se massa les tempes avant de cacher le cliché.
“- Parfois, tu manques de clairvoyance, Mars…”
Veronica était encore toute retournée de son altercation avec Leo quand elle rentra. Elle aurait voulu enlacer Logan pour oublier. Le comité d’accueil fut tout autre. Sur le trottoir, elle reconnut la moto d’Eli, le pick-up de Wallace.
Veronica voix off : Il ne manque plus que Mac…
En se maudissant d’y avoir pensé, elle vit approcher la petite voiture de sa geek préférée. Rassemblant tout son courage, Veronica rejoignit la maison de la plage.
Veronica voix off : Roucouler avec Mister Air Force One … Mais bien sûr, Leo…
A peine avait-elle ouvert la porte qu’elle entendit des éclats de voix. Ainsi, l’agression de Madison ne pouvait qu’engendrer la discorde et le chaos.
“- L’agression de Sinclair fait grand bruit dans le quartier, affirma Eli.
- Tu m’étonnes, ça vous pose un bonhomme un tel exploit, railla Logan en décapsulant sa bière.”
Le motard lui lança un regard sombre.
“- Tout doux, je plaisante…
- Pas moi. On ne se vante pas dans le quartier. On a plutôt peur de ce que l’enquête va engendrer…
- La vérité. Simplement la vérité, dit Veronica quelque peu agacée par le manque de confiance qu’Eli lui témoignait."
D’abord, Leo doutait de sa gestion de l’affaire, maintenant Eli. Les hommes se turent en la voyant entrer avec Mac sur les talons. Gêné, le motard s’expliqua.
“- Je le sais bien mais maintenant, tu es sous pression politique… Et puis, avec Madison…
- Ça ne m’empêchera pas de faire mon job. On n’est pas dans une cour d’école. Je sais mettre ma rancœur au vestiaire.”
Mac préféra se mettre en retrait pour éviter de laisser ses mots dépasser sa pensée. Logan le remarqua. Il la suivit derrière le bar et lui servit un alcool fort.
“- Il faut toujours s'anesthésier avant d’ouvrir une plaie, expliqua-t-il à mi-voix en faisant glisser le verre devant elle.
- Plaie, voilà un mot qui lui convient bien...observa Mac avant de boire une rasade”.
Elle pointa la salle du menton.
“- Tu devrais payer ta tournée…”
Veronica et Eli se toisaient comme deux chiens prêts à mordre. Wallace tenta une diversion.
“- En parlant d’école, sous couvert d’égalité, ils se mettent à agresser les premières années simplement parce qu’ils sont nés du mauvais côté de la ville...
- Rien de nouveau sous le soleil, reconnut Veronica dont le regard glissa d’Eli à Wallace.
- Avec moi, ce n’était jamais gratuit…
- Je sais, Eli… Mais là, Ils s’agressent les uns les autres pour que tous aient à subir la dure loi du lycée... Il faut faire quelque chose !”
Wallace cherchait du soutien auprès de Veronica. Après tout, elle avait toujours été là pour lui. Plus que tout le reste, elle était celle qui avait représenté avant l’heure cette lutte des classes. Veronica sentait bien que son ami avait besoin de son aide. Mais elle sentait aussi que Mac était en souffrance. Elle sentait l’angoisse de Logan concernant Dick. Tout cela additionné à ses propres doutes, Veronica explosa.
“- Je suis shérif. Simplement shérif. Et pas Dieu le père. Je ne peux pas résoudre tous les problèmes ! ”
Toute l’assemblée s’était figée. Il était tellement rare de la voir perdre son calme. Personne ne tenta le moindre geste. L’ouragan se déchaina.
“- Le quartier s’inquiète ? Rassure-le ! aboya-t-elle à l’attention d’Eli qui cherchait son casque du regard.”
Elle apostropha son meilleur ami.
“- Les lycéens font des conneries ? C’est de leur âge, non ? Ça te déplait ? Alors, sois l’éducateur que tu t’es promis d’être ! Sois acteur du changement. Ce n’est pas ça que tu leur racontes ?”
Wallace baissa la tête, laissant passer l’orage. Veronica se tourna alors vers Mac qui pâlit.
“- Dick… murmura-t-elle.
- Oui, Dick, grogna Veronica.”
Alors qu’elle allait cracher le peu de colère qui lui restait, Logan la bouscula. La blonde fit volte-face et découvrit son homme enlacer le surfeur. Mac les regardait sans bouger. Elle craignait d’avoir eu une hallucination. Cette soudaine apparition doucha les velléités de Veronica. Subitement calmée, elle vint se ranger aux côtés de Mac et lui caressa maladroitement l’épaule. Elle avait failli lâcher tout un tas d’horreurs concernant l’amant de son ami, elle n’osait pas l’étreindre. Mac se contenta de poser sa main sur celle de Veronica sans quitter Dick des yeux. Il était revenu. Pris dans l’étau des bras de Logan, Dick brisa le silence qui s’étirait depuis son entrée.
“- Je crois que j’ai interrompu un truc...bafouilla-t-il.”
Wallace laissa échapper un rire repris par tous.
Leo ne comprenait pas pourquoi il s’était soudainement emporté contre sa supérieure. Il avait toujours eu confiance en son jugement,alors pourquoi le doute l’avait-t-il taquiné ? Était-ce le badinage de Denise, les jeux verbaux de Mac et Veronica qui l’avaient insufflé ? Reléguant ses sombres pensées pour la solitude de ses nuits, Leo se concentra sur l’affaire. Il imprima la déposition de Madison, l’épingla avec le reste et commença son analyse. Au bout d’une demi-heure, il en avait tiré plusieurs conclusions et autant de questions. Le cambriolage était prémédité, l’objectif clair comme le prouvait l’usage de l’électronique et l’ouverture du coffre deux minutes après l’arrêt de l’alarme et de la vidéo-surveillance. Alors pourquoi ce désordre dans la maison ? La mise à sac de l’appartement contrastait fortement avec la froide préméditation. Quelque chose avait dû brouiller les plans. L’arrivée de Madison ? Leo n’y croyait pas. Vous vous faites surprendre en plein larcin, vous molestez l’importun et vous filez. Pourquoi avoir retourné tout l’appartement ? Saisi d’une intuition, Leo décrocha son téléphone. 21h 32. L’équipe de jour de la Scientifique était certainement partie. Alors qu’il se préparait déjà à réexpliquer tout le dossier à une des fouines nocturnes, il fut surpris d’entendre la voix suave de Denise.
“- On fait des heures supplémentaires ?
- Je peux te retourner la question, Denise…
- Voyons, Leo, tu sais bien que je reste tard uniquement dans le fol espoir que tu m’appelles…”
Seul dans ce poste de police, Leo se sentit rougir. Elle était toujours si directe.
“- Euh, j’essaie d’éclaircir certains points du dossier Sinclair… Vous avez relevé des empreintes ? Vous avez établi une chronologie dans le cambriolage ? Vous avez un inventaire de la scène de crime ?
- Tout doux. Tout doux, beau gosse. Regarde ta boite mail. Je vous ai envoyé nos premières conclusions. Je peux être au poste dans un quart d’heure et répondre à toutes tes demandes…
- Parfait. Je t’attends.”
A peine avait-il raccroché qu’il se mit à éclairer tout le bureau et à faire du café. Il devait rester concentré.
