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Série : Torchwood
Création : 13.04.2009 à 18h50
Auteur : Rhea01
Statut : Terminée
« L'histoire prend place après le final de la saison 2. » Rhea01
Cette fanfic compte déjà 28 paragraphes
Le hub était silencieux. Jack Harckness écouta le silence, pensant y trouver les bruits familiers et l'arôme du café corsé si caractéristiques de la machine à expresso. Non, en l'absence de Ianto, personne ne pouvait faire fonctionner correctement cette monstruosité. En pensant à ce café, il songea aux nombreuses veillées passées dans ces lieux avec ses compagnons d'alors. Ses yeux s'embuèrent à la pensée d'Owen le caustique et Tosh sa morne amante. Il les avait perdus, il n'avait rien pu faire, ils avaient quittés ce monde pour un autre, chose qui lui ait refusée, interdite. Ianto avait demandé à prendre quelques jours de congés, mérités certes depuis les presques deux années où il était auprès de lui. Malgré tout, sa présence lui manquait. Sa poitrine se gonfla et son cœur résonna plus sourd sous l'afflux sanguin qui courut dans ses veines. Il prononça son nom, doucement mais qui sonna comme un tonnerre assourdissant à ses oreilles. Voilà qu'il devenait sentimental !
Ianto sensible et doux, avait demandé à se mettre en congé car la mort de ses deux amis l'avait affecté plus qu'il ne l'avait imaginé. Quoique, se dit Jack, il y a des choses qu'il a faite auxquelles il n'aurait pas pensé et encore moins secrètement désiré !
Gwen l'avait encouragé à prendre des vacances, loin du Hub, loin de lui, alléguant qu'il en avait besoin. Un zeste de jalousie, peut-être ? Non, cela n'était pas dans l'esprit de Gwen. Elle préfèrerait les savoir occupés comme elle l'était avec Rhys, plutôt que de chercher à les séparer. Non, elle avait raison, se dit-il, Ianto avait besoin de voir sa famille. Et puis Londres n'était pas si loin. Il serait bientôt de retour.
Cependant la solitude pesait au Capitaine, resté isolé dans cette citadelle high-tech, déserté par ses amis, partis chercher réconfort parmi leur proches. Cela aussi lui était refusé, toujours seul... Un sursaut de vie l'emplit, un besoin de sentir le sang courir plus vite dans ses veines, se sentir pleinement vivant, oublier peut-être. Il pouvait toujours partir à la chasse au weevil, ce serait une façon idéale de se réconforter. Son regard glissa tristement en direction de la morgue. Il soupira de regret, secoua la tête et jeta son manteau d'officier sur ses épaules. Que la chasse commence !
Gwen rentrait paisiblement chez elle lorsqu'elle se rappela que Rhys lui avait demandé d'arriver plus tôt. Ses parents, qui fêtaient leurs 25 et quelques années de mariage, venaient leur rendre visite et il avait une surprise pour elle. Ses parents allaient certainement enfoncer le clou sur le fait que six mois après leur mariage, il n'y avait toujours pas d'enfant. Elle s'arma de courage alors qu'elle arrivait à la porte de chez elle.
Un bruit de conversation et de verres entrechoqués lui fit comprendre qu'elle n'avait pas trop de retard. Une odeur de cuisine très épicée lui confirma que Rhys était en cuisine, aidé par sa mère.
- Gwen, Gwen, viens, on t'attendait, fit Rhys, en penchant la tête hors de la cuisine. Gwen s'approcha et tomba nez à nez avec la plus belle femme qui lui ait été donné d'approcher.
Une impression féerique qui lui coupa la parole. Une femme, environ trente ans, très grande et très fine, aux jambes interminables, était assise en face de Mr Williams, souriant légèrement, les yeux mi-clos comme un chat savourant le soleil. Ses longs cheveux blond-roux tombaient jusqu'au milieu de son dos, ses pommettes hautes, sa bouche fine et son maintien évoquait une magicienne.
- Gwen, dit Mrs Williams en l'embrassant, viens que je te présente la cousine de Rhys, Emma ; Emma, je te présente Gwen Cooper Williams, la femme de Rhys. Ils se sont mariés l'été dernier.
- bien sûr, dit l'exquise apparition, j'ai appris cela, il ya quelque mois. Pardonnez-moi mon absence, mais j'étais retenue en France.
En disant cela avec un accent français à peine discernable, elle darda ses yeux entièrement bleus dans ceux écarquillés de Gwen.
Celle-ci se reprit et alla saluer chaleureusement le père de Rhys.
- Ce n'est rien, je ne savait même pas que Rhys avait une cousine en France, précisa-t-elle en s'approchant maladroitement de la jeune femme. « une bise, une poignée de main, bon sang, pourquoi ne me facilite-t-elle pas les choses pensa Gwen».
Emma, en effet, restait assise sur son siège sans bouger, son sourire légèrement figé. Gwen s'approcha encore et comprit qu'Emma ne la voyait pas, elle était aveugle. Elle lui toucha la main.
- on devrait peut-être s'embrasser comme des membres d'une même famille ?
- oui, bien sûr, fit Emma en tendant sa joue.
« C'est tout de même curieux ses yeux si bleus, on dirait que l'œil a fondu. » se dit-elle en la fixant.
- Ne t'inquiète pas, dit Emma, ce n'est pas contagieux, et je ne crois pas avoir quelque chose sur le visage...
- Non, non, je suis désolée, fit Gwen en filant se refugier dans les bras accueillants de Rhys. Elle l'enlaça et l'embrassa fougueusement. Tu m'as manqué, tu sais.
- Eh bien, si tu étais arrivée plus tôt, j'aurais pu te prévenir que ma cousine venait me rendre visite. Elle va rester quelques temps chez nous, ce sera mieux qu'à l'hôtel, ajouta-t-il dans son cou, pressentant qu'elle allait râler. Emma a rendez-vous à l'hôpital de Saint Mary pour des examens. Va t'asseoir, va te détendre et profite de l'apéritif avec mes parents, finit-il sur un sourire un peu navré. Il connaissait les rapports un peu conflictuels entre Gwen et sa mère Rhonda.
Gwen s'installa dans le profond canapé blanc, à coté de Richard, le père de Rhys. Elle commençait à se détendre, surtout lorsque son époux lui apporta un gin martini bien frappé avec des amuse-gueules amoureusement concoctés. Elle observait Emma, qui n'avait aucune ressemblance avec la famille Williams. Elle lui semblait remarquablement intéressante, discutant de n'importe quel sujet avec aisance. Gwen se sentait assez peu à la hauteur. La cousine de Rhys arrivait même à écouter les anecdotes vipérines de Rhonda, sans broncher, affichant un sourire permanent que Gwen ne tarda pas à trouver agaçant.
Le repas que Rhys cuisinait sentait remarquablement bon. Son estomac gronda. La faim le revenait. Depuis une semaine, le chagrin d'avoir perdu Owen et Tosh lui avait coupé l'appétit. Sans l'insistance de son mari, elle serait déjà tombée d'inanition. Owen, son confident des nuits passés, mort une seconde fois, et Tosh si triste, si gentille, si droite jusqu'à dévouer sa vie pour sauver Cardiff d'une catastrophe nucléaire, perdant Owen dans le même temps.
- tout va bien, ma chérie ? Tu es bien pâle, demanda Rhonda, qui avait remarqué son changement d'humeur, tu penses encore à tes collègues ?
Gwen avait raconté que lors d'une opération anti-terroriste, elle avait perdu deux collègues et qu'une dizaine d'habitants avaient perdu la vie dans la même opération. Les journaux continuaient d'ailleurs à traiter abondamment le sujet.
- Maman ! s'exclama Rhys.
-Non, laisse mon cœur, répondit Gwen, d'un ton las, oui, Rhonda, mes collègues me manquent vraiment. Toute l'équipe est démoralisée et c'est suffisamment d'être atroce d'être un survivant.
Au moment où elle prononçait ces mots dans un silence de mort, elle se rendit compte que cela était la réalité. Elle étouffa un sanglot en se forçant à avaler le reste de son verre.
- je comprends parfaitement, dit Emma, d'une voix douce, j'ai perdu mes parents dans un accident, et il est difficile d'être celui qui reste. Mais un jour, le chagrin s'apaise et on a envie de continuer. La vie continue, dit elle en français. En tout cas, je suis heureuse de te rencontrer Gwen, je n'aurais pas cru que Rhys m'aurait si bien remplacé, dit elle malicieusement.
- Mais, commença-t-il en rougissant furieusement, attisant soudain la jalousie de Gwen, on n'a été ensemble qu'un été, on était encore des enfants, Gwen. Celle-ci lui jeta un regard furibond, jamais elle avait entendu parler d'un été passé avec une cousine aussi belle.
- On savait pourtant ce qu'on faisait, dit Emma en souriant de plus belle, comme si elle ressentait la colère et la jalousie montait dans le cœur de Gwen. Mr et Mrs Williams prirent conscience que l'ambiance de la soirée avait changée.
- Et à part revoir un ancien petit ami, qui est aussi ton cousin, que viens-tu faire à Cardiff ? reprit Gwen d'une voix glaciale, espérant se contenir suffisamment, Emma commençait à l'horripiler. Rhys allait très certainement en entendre parler.
- eh bien, suite à l'accident, j'étais dans un coma très long. Lorsque je suis revenue, on a découvert que j'entendais trop bien. On appelle ça une hyperacousie. J'entends des sons que les gens ordinaires ne perçoivent pas. Par exemple, ici j'entends distinctement la mer et le port.
- C'est impossible, dit Rhys, elle est à plus de 2 km, la sentir, je veux bien, mais pas l'entendre.
- Pourtant, c'est la réalité, tes voisins se disputent, ouvre la fenêtre pour vérifier, si tu veux.
-J'entends des cris, dit Mr Williams à la fenêtre, mais je ne comprends pas ce qu'ils se disent.
- Qu'elle est une grosse vache et lui ,un ignoble salaud trop saoul pour ... assumer ses besoins sexuel, dit-elle en souriant, elle a une sacrée imagination.
- Est-ce douloureux, demanda Gwen, d'un ton un peu plus radouci. Rhys tenta de lui prendre la main, mais elle ne se laissa pas faire.
- Non, je m'y suis habituée, mais c'est surtout encombrant, Je porte quasi constamment des bouchons d'oreilles mais cela ne suffit plus. Mon ouïe continue de se développer. Je suis venue ici à Cardiff car à Sainte Mary, vous avez une clinique spécialisée dans les phénomènes de ce genre. Un spécialiste m'a été recommandé à Paris.
- Ah Paris, quelle ville magnifique, dit Rhonda en sautant sur l'occasion de reprendre la main sur une conversation qui lui échappait complètement, nous y sommes allés pour notre 20ème anniversaire de mariage. N'est-ce pas mon chéri ?
Gwen en profita pour se lever et aller dans la cuisine en faisant signe à son mari de l'accompagner. Un regard de chien battu parfaitement exécuté la fit sourire. Elle l'embrassa, il l'enlaça.
- soirée intéressante ? demanda-t-il
- J'ai un peu de mal à cerner ta cousine. Je ne sais pas encore si je ne l'apprécie pas ou si je la déteste franchement. Tu m'as caché ton premier amour
- Ce n'était pas exactement cela, mais elle a beaucoup changé depuis l'adolescence, en mieux. Mais c'est toi que j'aime reprit-il en l'embrassant, alors qu'elle se raidissait dans ses bras, c'est toi que j'ai épousé pour le pire et le meilleur, pour une fois que cela vient de moi...
La sonnerie de la porte l'interrompit avant qu'il ne puisse finir sa phrase. Qui ? s'interrogèrent-ils du regard. Gwen appuya sur l'interphone : qui est-ce ?
- C'est moi, Jack, puis-je monter ?
- C'est Jack, soupira Gwen,
- Encore, renâcla Rhys, c'est la troisième fois cette semaine, qu'il passe sans se faire annoncer. Et puis mes parents sont là, je n'ai pas envie qu'il leur donne encore cette fichue pilule d'amnésie.
- Jack, ce n'est pas le moment, dit Gwen en tentant de durcir sa voix, nous avons du monde ce soir et ...
- Gwen, Gwen, un peu de compagnie ne me nuirait pas en ce moment, fit la voix enjôleuse de son patron.
- Jack, dit elle en sentant fondre sa résistance, elle n'arrivait pas à résister, elle ne pouvait pas le laisser à la porte comme ça. Son regard se fit implorant. Rhys lui fit signe qu'il abandonnait. Il connaissait son épouse et il connaissait ce regard. Elle allait s'en vouloir de refuser d'ouvrir à Jack. Elle le remercia d'un rapide baiser et déverrouilla le passage.
Un instinct la fit se retourner et elle eut la confirmation qu'Emma entendait réellement tout, peut être même plus que les simples mots.
- Maman, p'pa, le chef de Gwen arrive, annonça Rhys.
- Oh mon chéri, nous allions justement partir, c'est dommage, vraiment, dit d'un ton faussement désolé la mère de Rhys. Elle n'appréciait pas particulièrement la manière dont le Capitaine regardait sa bru et la poussait à continuer dans une carrière aussi dangereuse au détriment de sa vie familiale. Ils partirent, saluant le capitaine dans le couloir.
Celui-ci entra et remarqua aussitôt la jeune femme blonde assise sur le canapé. Son regard s'alluma et un sourire appréciateur se dessina sur ses lèvres.
- Jack laisse-moi te présenter ma cousine Emma, Emma, je te présente le capitaine Jack Harckness, qui prend un peu trop ses quartiers chez nous depuis quelques temps.
- Tu restes diner avec nous, n'est-ce pas, dit Gwen, se vengeant définitivement de son mari.
- Cela sent si bon que je m'en voudrais de refuser. Mais Rhys laisse-moi te féliciter, j'ignorais qu'une telle beauté était possible dans ta famille, mis à part Gwen, bien sûr...
- Mademoiselle, reprit-il en français, je suis très honoré de faire votre rencontre, et d'avoir à nouveau l'occasion de reparler français. C'est une langue qui va bien à l'amour et fait résonner les sentiments.
- Très honoré également, dit Emma en souriant franchement, bien que je ne sache pas qui vous êtes, à part le patron de Gwen.
- Le patron de Gwen, bien sur, mais également une des personnalités les plus charismatiques de Cardiff, si ce n'est du monde. Appelez-moi Jack, pour me faire plaisir
- Dommage, qu'elle ne puisse te voir, glissa méchamment Gwen, regrettant immédiatement le fiel de ses mots.
- Mais je peux très bien l'imaginer, chère cousine, la prestance et le parfum ... enivrant qu'il dégage, laisse deviner un homme très élégant, soucieux de son image, une pointe d'anti-conformisme alliée à une certaine ambiguïté.
- Touché, mais je ne porte aucun parfum, juste ma peau échauffée par votre beauté, finit-il en lui faisant un baise-main, alors que ses hôtes le regardaient faire d'un air blasé.
Emma dégagea sa main, amusée par le bagout charmeur du capitaine. Rhys, agacé, alla s'occuper de dresser la table pour le diner, tandis que Jack continuait de badiner avec la jeune femme.
- vous venez d'où en France ? il y a longtemps que je n'ai visité ce pays.
- Je viens de Bordeaux ; une ville que les anglais et plus encore les gallois connaissent bien : le vin, la mer et la forêt de pin.
- Je connais, mais j'ai mieux connu la Normandie, ses plages et ses bunkers. Je me souviens particulièrement de certains villages normands où les femmes qui avaient accueilli les GI étaient très belles et très gourmandes...
- Jack, fit à titre d'avertissement Gwen, connaissant la proportion du capitaine à gloser sur ses souvenirs passés. Il comprit l'avertissement et changea de sujet.
- Que viens-tu faire au Pays de Galles ? J'ai toujours cru que les françaises préféraient conquérir Londres.
- Avant que tu n'arrives, Emma nous expliquait, qu'elle avait rendez-vous avec un spécialiste pour, comment dis-tu, l'hyperacousie. Emma acquiesça.
- Ah, le professeur Damian Walton, dit Jack d'un air pénétré, il s'occupe des personnes qui souffrent d'un déficit d'audition.
- Dans mon cas, j'entends trop bien, même pour une non voyante.
- Entends-tu, alors mon cœur battre ? demanda le capitaine en se réservant à nouveau un verre de vin. Il arborait un sourire irrésistible.
- Bien sûr, il bat plus vite que la moyenne, mais sur un rythme pourtant régulier.
- Enfin, une femme qui écoute mon cœur, capable de me comprendre, êtes-vous libre ce soir ?
- Non, car ton cœur ne bat pas pour moi seule, malheureusement, répondit en riant la jeune femme.
Elle se tourna légèrement vers Gwen qui frémit. Ses yeux bleus, iris et sclérotique lui donnaient l'aspect d'une pythie, d'une beauté insoutenable. Pour qui le cœur du capitaine battait-il et que pouvait entendre Emma de son propre cœur ? Son rythme cardiaque s'emballa et elle aperçut un sourire narquois apparaître subitement sur les lèvres délicates de la non-voyante. Elle se leva pour débarrasser la table. En s'activant, elle reconnut en son for intérieur que Emma et le capitaine formeraient un couple exceptionnel, rayonnant de beauté et de mystère. Mais qu'en penserait Ianto ?
- As-tu eu des nouvelles de Ianto, demanda-t-elle sournoisement, espérant secrètement que le capitaine s'éloigne de la magnifique jeune femme.
- Non, répondit Jack, en détachant comme à regret son regard du visage préraphaélite d'Emma. Je pense qu'il est bien arrivé à Londres.
- C'est tout de même curieux, qu'il ne nous ait pas appelé, du moins pour nous avertir de son arrivée.
- Appelle-le dit Rhys, heureux de pouvoir changer de conversation. Gwen acquiesça et dégaina son téléphone portable, composant le numéro de Ianto.
- C'est notre ami, expliqua Jack à Emma, mais... il plissa les yeux, semblant réfléchir intensément, mais quelle beauté ! ces yeux si bleus, cela te donne un air exotique, étrange, presque alien...
- Cela ne plait pas à tout le monde, tu sais, répondit-elle, amusé par le comportement du capitaine, moi-même, je ne sais pas de quoi ils ont l'air. Elle semblait attendre les commentaires ; elle ne fut pas déçue.
- Eh bien, ils sont d'un bleu profond, au centre de la prunelle, presque marine, dont la teinte s'écoulerait le long de tes sclérotiques qui prennent alors des couleurs tendres comme des pervenches qui viennent d'éclore. Et ton visage leur fait un écrin de neige fascinant, auréolé par la mousse vaporeuse de tes cheveux. Ah, Mon cœur t'appartient, je le laisse à tes pieds, vibrant et plein d'amour, fit-il en lui prenant la main, qu'il pressa contre son cœur.
- Oh non, dit-elle en riant, je ne tiens pas à posséder ton cœur, même tout vibrant de désir.
Elle s'amusait visiblement de la déclaration outrancière de Jack Harckness, autant que lui. Le capitaine arborait un air réjoui qu'il n'avait plus eu depuis plusieurs semaines. La conversation légère qu'il entretenait avec la jeune femme le divertissait immensément. Cela soulevait un aspect de sa personnalité qui avait fait de lui la coqueluche de bien des sociétés terrestres ou non. Emma le repoussa d'une légère bourrade, faisant mine de faire la tête.
- eh bien, je crois que tout est dit, fit Rhys en reposant violemment la vaisselle dans l'évier, je ne crois pas qu'elle soit intéressée par ton boniment. Apparemment, cela ne fonctionne pas avec toutes les femmes, heureusement d'ailleurs, car je n'ai rien d'entendu d'aussi ridicule depuis longtemps. Cette foutue façon maniérée de mimer des sentiments pour juste la foutre dans ton lit. Dommage pour toi,je ne crois pas que ça marche! Dommage, vraiment, mais je crois qu'il est temps que tu partes, seul. Enfin, sans vouloir te jeter à la porte.
Rhys et Jack s'affrontèrent du regard, le front du capitaine s'assombrissant lentement, tandis qu'un sourire carnassier apparaissait sur ses lèvres. La tension s'accentua tandis que les deux femmes restaient silencieuses. La messagerie de Ianto s'enclencha « je ne suis pas là, rappelez-moi plus tard. » Jack se détendit.
- eh bien, voici une véritable colère, dit-il railleur, une telle décharge d'émotion cache quelque chose que tu préfères ignorer. Quel parfum d'érotisme, dit-il en mimant un frisson de plaisir. Je vais rentrer au Hub, je ne crois pas être indispensable ici. Emma, ravi de t'avoir rencontrée, Gwen, merci de ton invitation, Rhys merci pour ...pour ce repas instructif, fit-il en se rapprochant du jeune homme, jusqu'à toucher ses lèvres, la colère te va si bien...au revoir dit-il légèrement, avant de refermer la porte derrière lui.
- Quelle audace, franchement, quelle audace, s'emporta Rhys, tu le crois, non mais tu le crois ça, draguer ma cousine, devant moi, la draguer alors que ...
- Que quoi ? Rhys, demanda calmement Emma, alors que je suis aveugle ? N'ai pas peur pour moi, je sais me défendre. Je n'ai plus quinze ans, tu sais et puis j'ai eu d'autres amants que toi. Ce n'est pas ton rôle de me défendre, encore moins de te mettre en colère comme cela. Au contraire, reprit-elle, réveusement, cela fut très agréable, dit-elle en étouffant un bâillement. Dis-moi, Gwen, est-il aussi beau qu'il le crois ?
-Oh oui ! répondit Rhys, avant que Gwen, étonnée, n'ouvre la bouche. Il est vraiment superbe et non, je ne suis pas gay, reprit-il d'un ton de défi, gâché par une rougeur qui lui empourpra le visage.
Les deux femmes éclatèrent de rire de concert et Rhys continua de râler, alimentant l'amusement de ses deux compagnes. Finalement, la soirée se finissait bien pour lui.
Jack esquissa un petit sourire avant d'entamer la descente des escaliers. Rhys, toujours semblable à lui-même. Il l'avait vu le foudroyer du regard toute la soirée, ce qui l'avait poussé à se montrer de plus en plus entreprenant envers la jeune femme.
Il ne se doutait pas que Rhys avait une cousine aussi belle. Elle avait un visage d'ange étrange, et un corps diablement tentateur. Il s'était empêché de la toucher toute la soirée. Elle ne semblait pas vraiment encline de le laisser faire. Comme elle venait de le dire, elle avait toutes les capacités de se défendre seule, malgré son handicap. Et ce corps de sportive, c'est un mystère qu'une mal-voyante soit aussi sportive. Nul doute qu'elle était fascinante.
Cependant son esprit sauta rapidement à une autre personne tout aussi attrayante à ses yeux. Ianto, il n'avait pas répondu à Gwen. Curieux, effectivement, qu'il n'ait pas donné de nouvelles plus tôt, il était quasiment minuit. Il l'appela et tomba sur le même message pré-enregistré, et n cœur manqua un battement en entendant sa voix sévère mais agréable. Il essayerait plus tard. Ianto pouvait attendre. Il avait passé une agréable soirée avec deux femmes fascinantes. Gwen avait toujours ce parfum d'enfance perdue si excitant. A moins que ce ne soit son histoire avec Rhys, qui l'attirait autant. Il sentait que ses rêves allaient être peuplés d'images séduisantes, cette nuit encore, faute de mieux.
