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Interdit aux moins de 16 ans

La clef des souvenirs

Série : Doctor Who (2005)
Création : 29.10.2008 à 18h12
Auteur : egedan 
Statut : Terminée

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Auteur : Egedan

Disclaimer : Doctor Who appartient au vénérable Russel T. Davies ainsi qu'à la BBC. Je ne tire aucun profit de cette fanfiction

Résumé : Le Docteur, fatigué, vidé, hanté par le souvenir de celle que ses cœurs ne cessent de réclamer, se rend chez un de ses amis pour pouvoir faire une pause. C'est alors qu'une étrange jeune femme blonde rencontrée dans la rue retient son attention et le trouble plus qu'il ne veux l'admettre.

Note : Les saisons 1, 2 et 3 jusqu'à l'épisode « Voyage of the Damned ». Et ce malgré une saison 4 exceptionnelle ! En fait, j'ai commencée à écrire cette histoire alors que la saison 4 démarrait. Cette fanfiction n'est que la première partie d'une histoire qui se découpe en deux actes. Cependant, elle est complète et donc à un dénouement, dont l'histoire se poursuivra dans la deuxième partie qui est déjà en cours d'écriture.

Si il y a des questions, n'hésitez pas ! Je me ferais un plaisir d'y répondre.

Bonne lecture !

*** ***

Prologue

Londres 1898

L'aube, en ce matin de printemps, avait grand peine à se lever. Une brume dense envahissait les rues de Londres tel un spectre venant hanter d'une sueur froide les personnes qui osaient s'aventurer hors de la chaleur de son foyer. Les Londoniens s'agitaient déjà, se préparant pour une longue, pénible et harassante journée de travail. Soudain, la brume se dispersa au passage d'une légère brise douce et chaude qui réchaufferait n'importe quel cœur de glace. Elle commença à tourner sur place pour se transformer en un tourbillon. Dans la journée, les habitants en parleront comme d'un orage ; une onde de choc fit trembler les fondations de la ville, éclatant en un milliard de particules dorés le tourbillon, éblouissant la ville d'un éclair de lumière. Sur le sol humide et crasseux apparaissait un corps humain en position fœtale d'où il émanait une lumière ambrée.

Il fallut plusieurs minutes pour que ce corps bouge. Une de plus pour qu'il se lève avec effort. C'était une jeune femme, avec de longs cheveux blonds et de grands yeux chocolats vides de toute expression, étrangement habillée pour l'époque.

Elle se frotta les yeux, perdue. Elle commença à paniquer. Elle ne savait pas. Elle ne savait rien. Ni le lieu ou elle se trouvait. Ni qui elle était. Elle n'était qu'une simple coquille vide. Elle fit quelques pas en titubant, scrutant de son regard apeuré les lieux qui l'entourait. Elle frissonna. Elle avait froid. Les vêtement qui la couvraient ne la protégeait pas assez de la brume dont les morsures se faisaient de glace. Elle resserra ses bras autour d'elle et commença à marcher sans but.

La jeune femme avait bien du mal à réfléchir. Elle cherchait en vain dans sa mémoire un souvenir, de la moindre chose qui pourrait lui indiquer qui elle était. Mais, elle ne trouvait rien. Elle était prête à fondre en larme mais un murmure au fond d'elle la poussait à avancer sans s'arrêter. Elle saurait bientôt ce qu'elle devrait faire. Oui, elle avait quelque chose à accomplir en temps voulu.

Elle entendit du bruit derrière elle, résonner dans la rue. Elle accéléra la cadence de ses pas, puis jeta un coup d'œil par dessus son épaule. Il y avait un homme qui la suivait. Il réglait ses pas sur les siens. L'homme avait grande peine à se maîtriser. La jeune femme était une proie facile, tel un animal blessé désorienté qui savait que sa fin était proche. Avant tout, il voulait jouer avec elle, l'affolée, sentir l'odeur de la peur suintant de sa peau, et là, il passera à l'attaque.

L'instinct de la jeune femme lui ordonna de courir, il fallait fuir. Cependant, l'homme fut plus rapide qu'elle. En un éclair, il fondit sur elle et lui attrapa un poignet brutalement. Il profita de sa confusion pour la plaquer avec violence contre le mur. La jeune femme rencontra son regard ou une lueur de folie et de lubricité l'illuminait. Sa respiration se faisait de plus en plus saccadée du par son excitation. Il se pressa contre elle. Elle eut un haut le cœur. Il puait une odeur de crasse. Elle tenta de crier mais la main de l'homme se plaqua sur sa bouche. Il lui chuchota de se laisser faire, que si elle était gentille avec lui, il saurait la récompenser.

Avec dégoût, elle sentit sa main sur son corps, son haleine sur sa joue, ses lèvres se presser sur sa peau.

Une lumière se mit à briller sur sa poitrine. L'homme la lâcha et recula incrédule sous cette lumière éblouissante qui commençait à envelopper d'une bulle ambrée la jeune femme. Pour la première fois, un sourire éblouit son visage. Elle retire de son cou une chaîne ou pendait une clef. C'est elle qui rayonnait tel un astre brillant de mille feux dans la voûte stellaire. Quelqu'un lui chuchotait quelque chose au creux de son oreille, « Méchant Loup, tu dois retrouver ta place ».

Peu à peu la lumière se dispersa. La jeune femme se redressa, droite, digne. Ses yeux n'étaient plus vide. Ils étaient habités d'une lueur flamboyante, majestueuse et presque sauvage. L'homme titube en arrière et glisse terrifié devant ce regard. Il tombe lourdement sur le sol. Elle avance. Non, elle semble flotter vers lui. Il rampe pour garder ses distances avec elle. Elle tend le bras, la paume vers le ciel ou se tient en son creux la clef. La jeune femme se met à fredonner, une mélodie envoûtante, voluptueuse qu'elle est la seule à entendre. La clef se remet à luire. L'homme ne peut s'empêcher de hurler, horrifié de cette chose qui flotte vers lui. La lumière le touche et il sent ses entrailles brûler. Il se relève avec précipitation en glissant une nouvelle fois avant de s'enfuir. Elle n'esquisse aucun geste pour le retenir. Elle l'observe prendre la fuite tel un gosse qui venait de voir le Grand Méchant Loup. Ce qui n'était pas tout à fait éloigné de la vérité.

La jeune femme, toujours auréolée de cette lueur se met à scruter les alentours. Soudain, un gémissement s'échappe de ses lèvres. Elle se prend la tête entre les mains. Sa tête lui fait mal. Elle brûle. La jeune femme halète. Elle s'appuie sur le mur pour ne pas s'effondrer au sol. Elle lève une de ses mains à hauteur de ses yeux. Celle-ci est quasiment transparente. Elle se consume. Il faut qu'elle se mette en sommeil pour le moment. Car, elle savait dorénavant ce qu'elle devait faire. Le Méchant Loup devait retrouver sa place, ce pour quoi elle a été créée.

La jeune femme ferme les yeux et prend une profonde respiration. Des milliers de particules s'échappent de son corps et sont irrémédiablement attirées vers la clef ou à son contact, elles disparaissent. Elle se laisse tomber le long du mur, épuisée, alors que la dernière particule doré touche la clef. Elle remet le collier autour de son cou. La mélodie revient envahir sa tête et l'apaise. Ses paupières se soulèvent découvrant un regard qui avait retrouvé sa couleur chocolat. Elle se relève avec difficulté, se met à marcher et commence ainsi son périple. Elle devait aller en France. Une voix la guiderait.

Le voyage en bateau fut long ou la jeune femme travailla comme bonne durant de pénibles journées de labeur éreintantes. Elle débarqua à Nantes, et se paya un billet de train avec le peu d'argent qu'elle avait réussit avec beaucoup de peine à gagner. Elle devait rejoindre une ville côtière, c'est ce que la voix lui soufflait. Elle arriva à destination en finissant son périple à pied, affamée, assoiffée, et prise de fièvre. Elle errait dans les rues, dans un état second, depuis plusieurs jours lorsqu'elle tomba inconsciente devant un groupe de femmes. Et là, elle sut qu'elle était enfin arrivée. Il ne restait plus qu'à attendre.

Le Méchant Loup ne tarderait plus à trouver le Docteur...


egedan  (29.10.2008 à 18:19)

Quelques mois plus tard...

Les cloches de l'église, d'une petite ville côtière située en Bretagne, sonnaient les cinq heures de cette après-midi pluvieuse. Un homme marchait les épaules rentrés, le col remonté, les mains enfoncées dans les poches. Les bourrasques de vent faisaient claquer les pans de son long manteau marron. Il se mit à courir lorsque la pluie se fit plus violente. Rapidement, il s'abrita sous un porche et se servit de la cloche pour prévenir de sa présence. Il n'attendit que quelques secondes avant que la porte ne s'ouvre et il se dépêcha à entrer dans la demeure. Un violent frisson lui parcourut l'échine face à l'écart de température. L'homme se passa la main dans les cheveux pour les coiffer en arrière, découvrant un regard chocolat qui semblait avoir vu bien plus que le commun des mortels.

- Docteur Smith, je suis heureux de vous revoir. Monsieur sera ravi de votre présence.

L'homme dénommé Smith se tourna vers la personne qui l'accueillait. Le maître d'hôtel était un grand homme d'une cinquantaine d'années aux yeux verts qui pétillaient de malice. Smith se contenta de lui répondre par un petit sourire, avant de laisser errer son regard dans le vaste vestibule ou la statut d'un chevalier en armure côtoyait un tableau représentant une scène de chasse. Le maître d'hôtel pria Smith d'un geste de le suivre. Les deux hommes longèrent un vaste couloir, puis finirent par s'arrêter devant une grande porte en bois.

- Je vais prévenir Monsieur de votre arrivé, fit le domestique en ouvrant la porte.

Le docteur Smith hocha simplement de la tête et entra dans la pièce en refermant derrière lui. La pièce était une vaste bibliothèque dont les murs étaient recouverts jusqu'au plafond d'étagères pleines à craquer de livres. Smith poussa un long soupir comme si il était soulagé de se trouver ici. Il s'avança vers la cheminée ou un feu crépitait, tout en se débarrassant de son manteau sur le dos d'un des deux fauteuils club. Il se réchauffa un peu avant de se laisser tomber sur un des confortables sièges. Il se laissa aller en arrière, visiblement épuisé et ferma les yeux.

Smith sursauta, quand la porte s'ouvrit sur le maître d'hôtel. Celui-ci déposa théière et tasses sur une petite table installée entre les deux fauteuils. Puis, il servit une tasse de thé. Smith se passa une main sur son visage. Il avait du s'endormir, ce qui ne l'étonnait guère. Il était plus que fatigué de courir sans cesse.

- Monsieur s'excuse, mais des affaires importantes le retiennes. Cependant, il viendra vous rejoindre dès qu'elles seront terminées.

- Merci Louis. Je vais l'attendre.

Louis quitta la pièce laissant à nouveau seul le docteur Smith dans la bibliothèque. Celui-ci se redressa légèrement et attrapa la tasse de thé. Il but quelques gorgées. Le liquide chaud semblait lui procurer un peu de réconfort. Il laissa errer son regard dans les flammes. Après seulement quelques minutes, incapable de lutter, ses paupières se ferment et il s'assoupit.

Smith courrait, la main tendue vers une jeune femme blonde. Elle lui priait de la rattraper, de ne pas la laisser partir. Leurs doigts se touchent quelques secondes puis glissent. La jeune femme hurle son nom. Un cris qui lui fait mal. Un froid qui envahit ses entrailles. Il court à en perdre haleine. Il doit rattraper la jeune femme. Il veut la prendre dans ses bras, la blottir contre lui, lui chuchoter que c'est finit, qu'il ne voulait pas la perdre. Elle est là, si prés de lui. Il a beau courir, il n'arrive pas à l'atteindre. A son tour, il crie son prénom. Il trébuche et tombe alors que le cris de la jeune femme résonne douloureusement dans tout son être. Brusquement, la jeune femme disparaît sous ses yeux, engloutit par les ténèbres.

Smith, la respiration coupée, ouvrit les yeux subitement en se redressant. Il était en sueur. Ses mains agrippaient les bras du fauteuil, tandis que ses ongles s'enfonçaient dans le tissu, tentant sans y parvenir de faire cesser les tremblements qui parcouraient son corps. C'était encore ce cauchemar. Le même qui ne cessait de le hanter. Dès qu'il fermait les yeux l'image de la jeune femme le suppliant de la retenir lui apparaissait. L'homme donnerait tout ce qu'il possédait pour retourner dans le passé, afin de changer les terribles événements de cette journée maudite qui avait transformée sa vie en un véritable tourment. Il pourrait le faire. Il pourrait éviter la catastrophe. Il peut le faire. Seulement, il n'en avait pas le droit. Il était capable de faire bien des choses, sauf de jouer avec la ligne du temps.

Mais à quoi bon ressasser tous cela...

La jeune femme était piégée dans un univers qui n'était pas le sien. Elle était en vie, en sécurité, avec sa famille tout autour d'elle. Peut-être que cela devait se passer ainsi... Elle était partie. Rien ne pouvait les réunir. Sauf un miracle. Et pourtant, il souhaitait secrètement qu'un tel miracle se produise...

- Vous pensez encore à Elle, Docteur ?

Smith sursauta et se tourna vers l'autre fauteuil. Un sourire étira ses lèvres en un mince trait en apercevant la personne qui s'était installée sans un bruit. L'homme avait une soixantaine d'années, des cheveux et une barbe, malgré leur blancheur apparente, trahissaient des restes d'un roux vif entourant un visage long et fin. L'homme avait la stature et le maintien d'un britannique et plus particulièrement celui d'un écossais ! Et l'homme était fière de ses origines.

Il se nommait Georges McDonald et s'était installé, avec femme et enfants depuis une bonne trentaine d'années en France. Il tenait une société qui exportait des produits français vers l'Angleterre et vice-versa. Depuis quelques temps, ses deux fils avaient reprit la petite entreprise familiale, bien qu'il gardait toujours un œil avisé sur l'affaire. Sa femme avait été emportée par la maladie, il y a de cela quelques années, maintenant. Depuis Georges passait beaucoup de temps à compléter sa collection de livres, qu'il disait bien plus fidèles que les hommes. Et le Docteur trouvait qu'il n'avait pas tout à fait tort.

- Oui... Lâcha le gallifréen à contre-cœur.

Georges remua dans son fauteuil et croisa les jambes.

- Je sais que la jeune femme vous était chère à vos yeux, tout comme l'était ma femme pour moi. Son souvenir vous fais souffrir. Et malgré le temps qui passe, cette douleur ne diminue pas en intensité. Cela fera sans cesse mal. Mais c'est ce qui vous fais prendre conscience que la vie continue malgré tout.

Le Docteur détourna le regard de son hôte, et se perdit dans les flammes. Georges avait raison. La jeune femme avait disparue brutalement, laissant en lui une plaie béante qu'il n'arrivait pas à cicatriser. Et, elle ne le sera jamais, lui rappelant à chaque seconde qu'il vivait, encore, alors que quelque part en lui, il se sentait mourir à petit feu. Il avait perdu sa raison d'être, le sens de son combat, sa raison de vivre. Et il ne souhaitait qu'une chose que tout cela se termine. Il n'y arrivait plus.

Il avait tenté de reprendre pied, d'aller de l'avant comme toujours, sans regarder en arrière. Sauf que dans ce cas ci, il ne pouvait pas. Parce que c'était Elle. Il ne pouvait plus avancer, faire semblant que tout allait bien. Il ne voulait plus courir pour sauver sa vie. Avec sa disparition, le souffle de la vie avait déserté une partie de lui, et pas la moindre.

- Vous m'aviez dit la dernière fois que l'on nous nous sommes vu que vous aviez trouvé une jeune femme. Martha, si ma mémoire ne me fait pas défaut, pour vous accompagner dans vos voyages. Qu'en est-il ?

- Elle est partie.

Martha avait été une compagne intelligente, pleine de ressources, sur qui compter. Mais... Il y a toujours un mais. La jeune femme avait voulue plus qu'il ne pouvait en donner. Alors qu'il ne cherchait qu'une amie, un peu de soutien. Une personne pour le maintenir dans la réalité, capable de le raisonner, pour éviter de sombrer. Elle avait eut des sentiments pour lui, bien au-delà de l'amitié que lui éprouvait sincèrement pour elle. Martha avait comprit que c'est tout ce qu'il pouvait lui offrir. Il savait qu'il l'avait blessé, bien malgré lui. Peut-être avait-il été trop vite à la recherche d'une nouvelle compagne ? Il se voilait la face. Il n'était pas là, le problème. Inconsciemment, il avait sans cesse comparé Martha à la jeune femme blonde. Parce que finalement, c'est à Elle qui voulait prendre la main. C'est Elle qu'il désirait comme compagne.

- Malgré tous vos compagnons, toutes vos séparations, c'est Elle qui vous fait le plus de mal...

- En effet. Mais, Elle était unique, spéciale...

Le Docteur se tourna vers Georges et plongea son regard sombre dans le sien.

- Vous m'avez vu sous mes différents visages. Vous savez qui je suis. Et vous êtes sans doute la personne de ce monde, de cet univers même, qui me connaisse le mieux. Pensez vous que ce serez égoïste de ma part de...

Le gallifréen ne termina pas sa phrase. Cependant, l'essentiel était dit. Et Georges avait comprit. Il connaissait assez l'homme, malgré les quelques mystères qui l'entouraient encore. Il savait qui était le Docteur, son histoire, sa vie. Leur rencontre remontait à une vingtaine d'années et depuis le Docteur revenait plus ou moins à échéance régulière. Une amitié solide s'était nouée au fil du temps entre les deux hommes.

- Docteur... Elle ne le voudrait pas. Il faut que vous continuez pour Elle. En sa mémoire.

Georges aperçut les yeux du Docteur s'embuer. Il ne l'avait jamais vu dans un état de dépression tel que celui-ci. Il se demanda alors, comment quelqu'un comme lui pouvait-il endurer toutes ses souffrances. Après la perte des siens, il avait fallu qu'il perde la seule personne qui avait pu lui panser cette blessure. Comment la vie pouvait être si cruelle avec lui ?

Le Docteur posa ses coudes sur ses cuisses et sa tête entre ses mains. Georges avait raison. Elle ne voudrait pas le voir dans cet état là. Il lui avait souhaité d'avoir une vie fantastique. Il espérait qu'Elle ait réussie à tourner la page. Mais la connaissant, ce n'était sûrement pas le cas. Elle chercherait par tous les moyens de venir le rejoindre. Elle n'abandonnerait pas. Elle ne l'abandonnerait pas. Comme la fois ou Elle était revenue sur le Satellite cinq, auréolée de cette lumière dorée, pour le sauver. Elle ne resterait pas là, à croiser les bras sans rien faire. Ce n'était tout simplement pas dans sa nature. Elle ne se laisserait pas aller. Elle continuerait à espérer. Elle était si jeune, si pleine de vie. Lui avait déjà tant vécu. Il était si vieux et si lasse. Il avait déjà tant perdu dans sa vie. Il ne se sentait plus la force de continuer.

Il ferma les yeux. Le visage de la jeune femme lui apparut et son adorable rire résonna dans sa tête. Si elle trouvait la force de continuer de son côté. Il devait en faire autant. Faire front. Lutter. Continuer pour Elle, en son nom. La jeune femme n'aimerait pas qu'il se laisse abattre de cette façon là. Ni qu'il ait de telles pensées sombres.

Le Docteur se leva en prenant appui sur les bras du fauteuil. Il avait besoin de marcher. Il s'approcha d'une rangée et parcourut d'un doigt les tranches des livres. Il eut un petit sourire quand il reconnut quelqu'un de ses auteurs préférés, comme Charles Dickens qu'il avait eut l'honneur de rencontrer lors d'un de ses nombreux voyages avec... Son regard s'assombrit. La jeune femme était à ses côtés à ce moment là. C'était un de leurs premiers et nombreux voyages.

Le gallifréen détourna la tête brusquement comme si la vison des livres lui était devenu pénible. Il se dirigea vers un large vitrail sertie de plomb. La pluie tambourinait contre celui-ci. Le temps était comme lui, triste et morose. Il inspira. Il était là pour rendre visite à son ami. Il aimait venir ici, loin de tout, des combats qui se menaient dans l'univers. C'était un endroit neutre, rattaché à aucun de ses anciens compagnons. La compagnie de Georges lui était très agréable. L'homme avait de la conversation et un sens de l'humour hors du commun. Mais, c'était surtout un confident.

Le Docteur soupira et se passa la main dans les cheveux. Il retourna s'asseoir.

Georges avait observé le gallifréen silencieusement. Le Docteur était, contrairement aux apparences, une personne très pudique quand il parlait de ses sentiments. Pourtant il ne lui avait jamais autant parlé de la jeune femme que de ses autres compagnons. A quel point, il en était fier, qu'elle était incroyable, courageuse. Il pouvait parler d'elle pendant des heures avec une une telle admiration, une telle tendresse que Georges avait vite saisit qu'elle n'était pas qu'une simple compagne. Et sa disparition n'en était plus que douloureuse. Et son souvenir ne cessait de le hanter.

- Un de mes fils organise un dîner ce soir, déclara-t-il. Vous lui feriez un grand honneur, si vous y assistiez.

- Georges, je ne suis pas d'une agréable compagnie en ce moment...

- Je sais que vous êtes parfois un vrai loup solitaire. Mais ressasser vos idées noirs ne vous sera d'aucune utilité. J'ai déjà fais part au petit William que vous serez au dîner.

- Le petit William, répéta quelque peu amusé le gallifréen.

Le vieil homme lui sourit chaleureusement. Son fils vouait au Docteur une adoration aveugle. Et malgré son âge, aujourd'hui, il agissait toujours comme un gamin dés qu'il le voyait, lui demandant de lui raconter une de ses aventures. Cette soirée permettrait au gallifréen de lui changer un peu les idées et de lui faire oublier un temps son amie perdue.

- Vous me prenez en otage par les sentiments, Georges. Vous savez parfaitement que je ne peux refuser une telle invitation. Vous n'êtes qu'un vil renard...

- De votre part, mon cher ami, je prend cela comme un compliment.


egedan  (01.11.2008 à 16:36)

Les deux hommes marchaient côte à côte, silencieusement, le petit William n'habitant que quelques rues plus loin. Le gallifréen avait du régler son pas sur celui de Georges. Celui-ci boitait à cause d'une jambe mal soignée et devait donc marcher avec une canne. Il ne restait que du mauvais temps de cette après-midi, une légère pluie qui les accompagnait dans leur ballade nocturne. Une petite brise portant les embruns de la mer leurs chatouillait les narines.

Le Docteur respira à plein poumons, puis s'arrêta en plein milieu de la rue. Il leva la tête vers le ciel. La lune, d'une lumière bleutée, arrivait à percer les nuages gris. Quelques étoiles scintillaient. Il chercha du regard et la trouva. Son étoile. Celle que la jeune femme avait choisit. La même qui lui rappelait maintenant celle qu'il avait perdu. Celle qu'il l'aimait.

Le vieil homme se rendant compte que le Docteur n'était plus à ses côtés, s'arrêta à son tour. Il poussa un long soupir. Il s'inquiétait énormément pour lui. Le gallifréen commençait à perdre pied à la réalité. Il préférait se perdre dans ses souvenirs. Et à chaque fois, il s'arrachait de plus en plus péniblement de sa léthargie. Même si Georges savait que le Docteur obéissait à une certaine déontologie, celle d'un génie quelque peu excentrique, il avait peur qu'il renie des principes pour Elle. Que le gallifréen fasse une bêtise en somme.

Georges fut chassé de ses pensées quand deux jeunes femmes riant aux éclats le dépassèrent en courant. Elles le saluèrent d'un sourire auquel il répondit bien volontiers. Il s'étonnait toujours de la façon dont les femmes arrivaient à courir avec leur robe et tous leurs jupons. L'une d'elle, la brune, stoppa sa course, essoufflée. La deuxième jeune femme, celle aux cheveux dorées se retourna vers elle. Elle ne vit pas l'homme, le nez en l'air sur son chemin et ne s'en s'aperçut que bien trop tard pour l'éviter.

La jeune femme blonde heurta le Docteur. Celui-ci fut brutalement arraché à ses souvenirs avec le choc. Il baissa les yeux et réagit avec rapidité lorsqu'il s'aperçut que la terrienne basculait en arrière. Il la saisit par les épaules et la colla à lui.

Brusquement, le temps s'arrêta autour de lui. Une chaleur se propagea en lui, insufflant un nouveau souffle de vie dans ses cœurs. Lentement, ils se remirent à battre, puis de plus en plus violemment dans sa poitrine. Cette chaleur se diffusa partout en lui, dans chaque particule qui faisait son être. La présence de la jeune femme réveillait en lui des sensations et sentiments qu'il ne voulait plus jamais ressentir. C'en était douloureux et doux en même temps. La jeune femme s'écarta de lui en baissant la tête.

- Je vous prie de m'excuser, Monsieur, lança-t-elle.

La voix de la jeune femme résonnait en lui telle une douce et caressante mélodie.

- Louve ! Il faut qu'on y aille ! Dit la jeune femme brune.

- Oui... On y va...

Elle attrapa une main du Docteur et lui pressa en relevant la tête. Leurs regards se croisèrent juste le temps d'une seconde.

- Je suis désolée, Monsieur. Je ferais plus attention dorénavant.

Elle ponctua sa phrase d'un petit sourire. Puis, elle se saisit d'un pan de sa robe et s'élança. La jeune femme brune la suivit aussitôt. Et elles disparurent au coin de la rue aussi vite qu'elles étaient apparues.

Le Docteur ne bougea pas. Il resta immobile. Après quelques secondes, il leva la main que la jeune femme blonde avait prise au niveau de ses yeux. Il ressentait encore sa douceur et sa chaleur. Il remua ses doigts et en recula sous la surprise. Il était troublé. Il n'arrivait pas à se défaire du regard de la terrienne. Des yeux chocolats comme ceux qu'il avait tant recherché.

- Qu'est ce qui se passe Docteur ?

Le gallifréen sursauta. Georges s'était rapproché de lui. Il avait le front plissé, soucieux pour son ami.

- Je ne sais pas... C'est...

Le Seigneur du Temps secoua la tête. Son cerveau devait lui jouer un tour. Pourtant... Non... Cela ne pouvait être qu'une coïncidence. Il fallait se rendre à l'évidence, ce n'était pas Elle. Ce ne sera jamais Elle. Combien de fois, faudra-t-il qu'il se répète que le mur s'était refermé sur Elle pour toujours. Toujours. A jamais. Ces mots résonnaient douloureusement en lui...

Il baissa la tête, les yeux voilés, le visage sombre. Il enfouit ses mains dans les poches.

- Rien. Nous allons être en retard, Georges.

Le vieil homme hocha de la tête, ne préférant pas brusquer le gallifréen quand il était un état tel que celui-ci. Sinon il allait se renfermer encore plus, qu'il ne l'était, sur lui-même, plus lugubre, plus mélancolique. Les deux hommes se remirent en marche.

- Connaissez-vous ces jeunes femmes ? Demanda le Docteur après un long moment.

- Pas personnellement. Mais toute la ville en a plus ou moins entendu parlée.

Georges prit une grande respiration. Avec le Docteur, il discutait de tous les sujets. Mais celui-ci était délicat.

- Ces jeunes femmes sont les employées d'un modeste commerce.

- Un modeste commerce ? Répéta le Docteur en haussant des sourcils.

- Oui... Enfin, une maison close, si vous préférez.

- Oh...

Le Docteur connaissait les mœurs de l'époque. Et une maison close située en compagne était très différente à celle des grandes villes. C'était un commerce comme les autres. Les hommes y venaient comme si ils allaient au café. Ils n'approuvait pas, bien sûr, ces agissements, il considérait cela comme une soumission, un esclavage. Et il était bien conscient que malheureusement, c'était un mal qui rongeait les sociétés, même les plus évoluées de l'univers.

- Et cette jeune femme blonde, Georges ? L'interrogea à nouveau le gallifréen.

- Elle ? C'est la petite dernière que Madame la tenancière a prit sous son aile, si je peux le qualifier ainsi. Madame l'a accueillit alors qu'elle errait dans les rues depuis quelques jours. Cela doit faire environs six mois...

Le gallifréen acquiesça d'un mouvement du menton la réponse à sa question. Les deux hommes observèrent le silence, seul le martellement de la canne de Georges sur le pavé osait le perturber. Le Docteur ferma les yeux. Il revoyait sans cesse ce regard noisette. Il ne parvenait pas à l'oublier. Il y avait quelque chose dans ces yeux qui lui semblait familier qu'il ne parvenait pas à s'expliquer. Il ouvrit la bouche. La referma. Il hésitait à demander plus de détail. Tout de même, il était avide d'en savoir un peu plus sur la jeune femme.

- Comment s'appelle-t-elle ?

- Pourquoi cet intérêt ? Lui répliqua Georges un brin soupçonneux.

Le vieil homme savait que le gallifréen ne s'intéressait que à ce qui représentait un intérêt pour lui. Pourquoi donc s'intéressait-il en particulier à cette jeune femme ?

- Pour rien, fit le Docteur en haussant des épaules. Comme ça.

- Tout ce que je peux vous dire sur la jeune femme, c'est que c'est une anglaise d'une vingtaine d'années. Elle est un véritable mystère. Pas de nom. Pas de passé. Elle est devenue comme une sorte de curiosité en ville.

Georges jeta un coup d'œil vers le Seigneur du Temps. Celui-ci avait baissé la tête, déçu par la réponse. Qu'espérait-il finalement ? Que la jeune femme blonde soit celle qu'il avait perdu par le plus grand des miracles ? Si il se raccrochait à cela, son état commençait à devenir de plus en plus critique selon Georges.

- On raconte aussi en ville , continua-t-il, qu'elle aurait comme une sorte de tatouage sur l'une de ses omoplates qui serait à l'origine de son surnom, Louve. Il représente un loup d'une couleur ambrée.

Le Docteur se figea à ce détail. Cela ne pouvait pas être qu'un simple hasard cette fois-ci. Son âge, sa nationalité, la couleur de ses cheveux, des yeux chocolats. Tout coïncidait. Surtout ce tatouage. Elle en possédait un aussi, le même dessin d'un loup, d'une couleur ambrée, au même endroit l'omoplate. C'était la marque de ce qu'elle était devenue à cause de lui, par sa faute, le « Méchant Loup ». Elle ne lui en avait jamais parlée jusqu'à ce qu'il le remarque alors qu'elle portait un débardeur. Il en avait été paniqué alors qu'elle ne semblait pas s'en soucier davantage. Il lui avait demandé quand Elle se l'était « fait ». Question qui s'avérait dans un un sens inutile puisqu'il en connaissait déjà la réponse. Elle lui avait rétorquée en l'interrogeant avec une parfaite innocence, pourquoi le loup était mystérieusement apparu après leur retour du Satellite cinq. Ce à quoi, il n'avait pas pu lui répondre, parce que c'était lui avouer des choses qu'il cachait volontairement. Devant son mutisme, Elle avait rajoutée en haussant des épaules que c'était ce qu'elle était maintenant, et qu'il n'y avait rien à rajouter ou à expliquer plus en détail. Et le sujet avait été clos. Sur le moment, il avait douté sur le fait qu'Elle en sache beaucoup plus que ce qu'Elle voulait lui faire voir.

Non, cela ne pouvait être Elle. Même si il y avait eut une infime probabilité...

Cependant, cette chaleur qui l'avait électrisée, ce regard qui l'avait hypnotisé.

Il n'y avait qu'Elle pour provoquer ces effets là sur lui.

Et si il y avait eut une faille qui lui avait permis de rejoindre cet univers ? Non, le Tardis l'aurait repérée. Elle ne pouvait pas être de retour. C'était tout simplement improbable. Mais l'impossible n'avait jamais fait partit de son vocabulaire. Les chances étaient si infimes, si insignifiantes... Et, il se raccrochait à cela malgré tout.

Et si le miracle qu'il souhaitait tant avait eut lieu ?

Le gallifréen se sentit submerger par une immense vague d'espoir qu'il avait grande peine à la contenir.

- Docteur ?

Il sursauta et rencontra le regard préoccupé de Georges.

- Que se passe-t-il ? Vous me semblez bien agité, tout à coup ?

- Ou est la maison ? Demanda le Docteur en ignorant la question qu'on venait de lui poser.

- La maison close ? A quelques rues de l'église ? Pourquoi cette question ? Es-en relation avec la jeune femme blonde ?

Le vieil homme n'eut aucune réponse à ses interrogations, mais il comprit ce qui se passait. Il n'y avait qu'une seule chose pour le mettre dans un état pareil. Et plus particulièrement, une seule personne dans l'univers pour le sortir de sa léthargie.

- Docteur, cela ne peut pas être Elle, votre compagne perdue. Dois-je vous rappeler qu'Elle est piégée dans un autre monde ?

Georges était tout de même perplexe de son affirmation, car il connaissait assez le gallifréen. Celui-ci possédait un instinct bien plus développé que le sien. Seulement, il espérait sincèrement que le Docteur ne se créait pas de faux espoir. Il savait son désir de la retrouver à ses côtés. Malheureusement, ce fol espoir jouait des tours parfois bien cruel, même aux meilleurs. Il reporta son attention sur le Docteur. Il avait retrouvé la stature du Seigneur du Temps qu'il était. Droit, fier et digne.

- Georges, il n'y a jamais de hasard ou de coïncidence dans l'univers. Il faut que je vérifie. Je ne peux pas faire comme si il ne s'était rien passé. Ce n'est pas parce qu'Elle est sensée être piégée dans l'autre monde, qu'elle ne peut pas être de retour ! Cela pourrait être Elle !

Le vieil homme lui fit signe d'un geste autoritaire de se taire et pointa une canne menaçante vers son torse.

- Vous voulez y croire, je le comprends ! Je vous souhaite de la retrouver, mais pas dans ces conditions là !

- Georges...

- Non ! Vous vous emportez souvent pour un rien ! Vous foncez tête baissée vers le mur ! Vous ne réfléchissez pas sur les conséquences que certains de vos actes entraînes ! Vous vous rendez-compte de ce que la jeune femme vit dans une maison close ? Réveillez-vous, bon sang ! Souhaitez-vous vraiment que ce soit Elle en sachant cela ?

Le gallifréen resta coi devant la réaction virulente de son ami, avant de baisser le regard, quelque peu honteux de son comportement, comme un gamin qui venait de se faire sermonner.

- Malgré tout ce que je pourrais vous dire, je sais parfaitement que vous ne pourrez pas faire l'impasse ! Ni faire semblant que la jeune femme n'existe pas. Il faut que vous alliez vérifier, ne serait que pour comprendre que vous avez tort. D'ailleurs, je me demande ce que vous faites encore là ! A m'écouter ! Alors que vous devriez être déjà à sa poursuite !

Le Docteur releva la tête quelque peu décontenancé de ce revirement de situation. Georges venait de lui remettre les idées en place et pourtant, il le poussait à vérifier. Il ne put que bredouiller qu'un vague merci.

- Passez par là, Docteur, lui indiqua le vieil homme en pointant sa canne une ruelle.

Le gallifréen ne perdit pas une seule seconde. Il salua Georges d'un signe de tête avant de s'élancer dans la direction qu'on venait de lui indiquer.

*** ***

Le Seigneur du Temps parcourut la ruelle de son regard sombre, mais habité d'une petite étincelle qui venait de naître et qui ne demandait qu'à s'enflammer. Déserte. A cette heure ci, tout le monde était à la maison à dîner. Il avança scrutant les maisons à la recherche de quelque chose en particulier. Il aperçut une lumière rouge un peu plus loin et s'élança vers elle. C'était une petite lanterne derrière une treillage éclairant le numéro de la rue. Il réprima un frisson. Il avait trouvé. Une nausée le prit. De toute sa vie, de ces neuf cent ans d'existence, il n'avait jamais mis un pied dans ce genre d'établissement. Il ne comprenait pas ce comportement, ce manque de respect envers les femmes. Ce qui se passait à l'intérieur le répugnait. Et dire qu'il a fallu attendre la moitié du vingtième siècle pour que ces « maisons » soient enfin fermées. Quelque part en lui, le Docteur approuvait ce que Georges lui avait dit. Il ne voulait pas la trouver, ici. Même si c'était douloureux de se l'avouer. Il ne valait pas ce lourd tribu. D'un autre côté, que ferait-Elle là ? Elle ne serait pas là de son plein grès. Elle si fière, si libre, si forte...

Le Docteur se mit à cogner violemment la porte de ses deux poings. Si c'était bien la jeune femme malgré tout, il la sortirait de là. Il l'emmènerait loin d'ici. Le plus loin possible. Il ne permettrait pas une nouvelle fois qu'on le lui arrache. Il ne la perdrait plus. Il ne la fuirait plus. La trappe dans la porte s'ouvrit brutalement et un grognement lui ordonna de se calmer. Le gallifréen lança un regard noir. On ne lui ordonnait pas et il n'était pas question qu'il se calme. Une boule d'angoisse le prenait à la gorge. Il devait la voir. Il devait savoir. C'était une question de vie.

- Je veux voir Louve, imposa le gallifréen d'une voix sombre.

- Revenez dans une heure.

Sans attendre une réponse, la trappe se referma. Le Docteur fulminait. On ne lui fermait pas la porte au nez. Il se remit à frapper la porte en redoublant d'intensité. Elle s'ouvrit, avec un léger grincement, découvrant un homme qui faisait à vu de nez, plus de deux tête que le Docteur, charpenté comme un bûcheron canadien. Bien malgré lui, le Docteur déglutit devant le M. Muscle. Il savait qu'il ne ferait pas la taille si par d'étranges circonstances il devait se battre contre lui. Il lui semblait qu'une simple baffe pouvait le mettre K.O durant un moment. C'est d'ailleurs pour cela qu'il utilisait plutôt son intelligence que ses poings. Il n'avait jamais été adepte de la violence mais il était prêt à en user, au dernier recours. Il passa une main dans une de ses poches de manteau et en ressortit son papier psychique et le pointa sous le nez de M. Muscle. Le surnom collait parfaitement au personnage. Brute épaisse aurait très bien pu faire l'affaire aussi.

- La police ? S'étonna M. Muscle en baissant le bras du gallifréen. Qu'est ce que vous-voulez ?

- Je suis venu voir Louve. Je dois lui parler.

M. Muscle le toisa quelques secondes et lui fit signe d'entrer puis referma la porte. Ils passèrent devant une porte entrebâillée ou des tonnerres de cris et beuglements éclataient avant de monter par un petit escalier aux marches recouvertes d'un tapis débouchant sur une petite porte. Puis Brute épaisse fit signe au Docteur de pénétrer dans une pièce qui ressemblait plus ou moins à un bureau, avant de disparaître. Le gallifréen respira profondément. Il n'avait pas la patience d'attendre et prit sur lui pour ne pas retourner la maison à la recherche de Louve. Et pourtant, il appréhendait leur rencontre. Ses sentiments étaient mitigés. Quelque soit le dénouement, il aurait mal. Mal si ce n'était pas la jeune femme. Mal de la retrouver ici et de savoir ce qu'Elle avait traversée.

La tenancière apparue comme une être fantomatique. Madame était grande, charnue, très avenante. Son teint pâle luisait comme sous un vernis gras du par l'obscurité de ce logis toujours clos et son visage poupin donnaient d'elle un aspect juvénile qui jurait avec la maturité de ses formes. Elle paraissait surprise de voir l'homme qui se tenait dans son bureau dans un premier temps. Il émanait de lui une présence et un charme incontestable qui imposait. Madame fut quelques secondes déstabilisée par le regard transperçant de l'homme puis se ressaisit. Les hommes ne voulaient qu'une seule chose et elle leur vendait les services de ses filles en réponse. Un sourire de circonstance, alors, étira ses grosses lèvres et s'avança vers le gallifréen en lui tendant la main.

- Bonsoir, je suis Madame, la tenancière de ce modeste établissement...

- Passons les politesses, la coupa brutalement le Docteur. Je suis ici pour voir Louve. Et je veux la voir de suite !

Madame perdit son sourire. Elle n'aimait pas du tout ce comportement, ni les manières cet cet homme.

- Que lui voulez-vous ? Demanda-t-elle d'un ton beaucoup moins complaisant. Louve est une de mes protégées.

- Des affaires qui ne vous regarde aucunement ! Je veux la voir. Tout de suite. Et seul.

Elle avança vers lui, approchant leurs visages pour qu'ils ne soient plus qu'à quelques centimètres d'écart.

- J'aime les hommes qui savent ce qu'ils veulent... C'est souvent la promesse d'un agréable moment.

- Dite moi, ou elle est, siffla le Docteur entre ses dents.

Le Docteur et Madame s'affrontèrent un moment du regard. Elle mit fin à leur lutte silencieuse et se dirigea vers un petit meuble pour aller se servir un verre.

- Robert, va chercher la petite et emmène là dans la chambre, puisque Monsieur veut la voir seul.

M. Muscle, qui se tenait sur le pas de la porte, lança un regard mauvais au Docteur avant de partir.

- Puis-je vous servir un verre en attendant, pour vous détendre, reprit Madame avec un léger ton ironique. Vous me semblez sur les nerfs.

Le Docteur lui jeta un regard meurtrier. L'ambiance de la pièce, déjà pas très chaleureuse, chuta d'une dizaine de degrés. La comtoise égrenait les secondes avec une lenteur insupportable. Madame but une gorgée de vin et observait l'homme qui s'impatientait. Robert ne revient qu'au bout de cinq longues minutes qui parut au Docteur comme la plus affreuse des tortures.

- Robert va vous y emmenez, déclara Madame.

- Indiquez moi simplement le chemin ! Trancha le gallifréen.

- Tournez à droite, traversez un salon qui débouche sur un couloir et ce sera la troisième porte sur la gauche.

Le gallifréen ne se le fit pas répéter une seconde fois, il se précipita pour sortir du bureau. Mais Brute Épaisse lui bouchait la porte. Celui-ci poussa un grognement et retroussa les lèvres comme un chien le ferait avec ses babines.

- Robert, laisse-le passer ! Ordonna Madame. Je ne veux pas d'ennuis avec la Police ! Et retourne à ton comptoir ! Les filles sont toutes seules pour servir les clients !

Robert affronta encore quelques secondes le Docteur avant de se décider à obéir à le laisser passer. Se contenant, le gallifréen sortit du bureau calmement avant de se mettre à courir vers Elle. Droite. Ses cœurs menaçaient de lâcher d'un instant à l'autre. Salon. Il allait enfin savoir. Gauche. Plus que quelques secondes. Une. Deux et trois.

Ça y est. La troisième porte. La jeune femme était derrière, dans la chambre. La main tremblante, il posa la main sur la poignée. Ce n'était pas le moment d'hésiter. Il poussa la porte doucement et avança. La jeune femme se tenait face à la fenêtre, prenant appuie de sa hanche sur le rebord. Le docteur avait de plus en plus de mal à contenir les tremblements qui parcouraient tout son corps. Hypnotisé par sa vision, ce n'est qu'inconsciemment qu'il claqua la porte. Un pas après l'autre, il parcourut la moitié de la distance qui la séparait de lui.

Le jeune femme se tourna lentement vers lui. Ses longs cheveux dorés tourbillonnant tout autour d'elle comme une auréole. Les cœurs du Docteur s'arrêtèrent de battre. Il cessa de respirer. Un gémissement s'échappa de ses lèvres. Une fièvre brûlante prit brutalement possession de son corps, le faisant tituber. Il dut prendre appui sur le bord du lit pour éviter qu'il ne s'effondre.

C'était Elle.

La jeune femme était Rose.

Rose Tyler.

Le Docteur observa son visage avec une délectation extrême, savourant de replonger à nouveau son regard dans le sien.

Ce regard chocolat qui le faisant fondre.

Ce sourire ravageur qu'elle ne réservait qu'à lui.

Ce si beau visage qu'il avait tant dessiné pour ne pas oublier le moindre détail.

Sa gorge se noua, ses yeux se troublèrent.

Cette distance qui la séparait de lui devient totalement atroce. Le Docteur se précipita vers elle pour la soulever dans ses bras. Il la blottit contre lui, la serrant toujours plus fort contre lui. Nichant le nez dans son cou, respirant avec avidité son parfum, étreignant avec fouge ce corps fin et bouillonnant de vie, posant une main sur sa peau, sentant le sang couler dans ses veines. La vie. Sa vie. Cette même vie qui revenait prendre possession de son corps, qui faisait rebattre ses cœurs. Il avait si chaud, le bonheur, la joie, le soulagement lui brûlaient les entrailles. Il comprenait maintenant qu'elle lui était vitale.

- Rose... Murmura-t-il.

Ce prénom qu'il venait de chuchoter avec toute la tendresse et l'amour qu'il ressentait pour elle. Ce prénom qu'il avait cru ne jamais pouvoir prononcer de vive voix sans avoir mal. Rose... C'était elle. Belle, têtue, impossible à vivre. Sa détermination et son énergie dans chacun de ses gestes. Sa témérité et sa force dans les pires situations. Sa douceur et sa gentillesse avec chacun. Son sourire et son éclat lorsqu'elle est heureuse. Elle était tout ça et bien plus encore. Et elle était là dans ses bras, plus réelle que jamais, Rose Tyler. Le Méchant Loup. Sa lumière. Sa vie.

- Monsieur ?


egedan  (01.11.2008 à 16:40)

Liliane, dite Lili, une brune au caractère bien trempé, regardait amusée, celle qu'elle considérait comme sa sœur adoptive. Celle-ci dansait, le nez en l'air sous une bruine. Ses longs cheveux blonds ondulaient au rythme de ses pas. Elle fredonnait, tout en riant, comme toujours cet air voluptueux.

- Louve ! Madame va se fâcher si nous traînons encore un peu plus...

- Encore quelques minutes, s'il te plaît ! Supplia la jeune femme blonde. Cela faisait si longtemps...

Lili, qui se protégeait de la pluie sous un porche, secoua la tête face à ce comportement de gamine capricieuse. Il vrai cependant que cela faisait des semaines qu'elles n'avaient pas mit les pieds hors de la maison. Madame autorisait rarement les sorties sans elle. Exceptionnellement, aujourd'hui, Louve et elle avaient eut l'autorisation d'aller faire quelques commissions, seules.

- Louve, il faut qu'on rentre...

Louve n'entendit pas ce que disait Lili. Elle avait les yeux fermés, à mille lieux de l'endroit ou elle se tenait. Elle savourait avec joie, la pluie glisser sur son visage, la brise de la mer caresser ses joues. Elle se sentait bien, merveilleusement bien. Libre et légère comme jamais. Elle ne pouvait s'en empêcher, elle fredonnait cette mélodie envoûtante qui l'obsédait depuis toujours. Et qui étrangement depuis cette après-midi avait redoublée d'intensité.

- Je suis désolée, mais il faut rentrer maintenant.

- Je sais, soupira Louve en s'arrêtant de danser.

Elle ouvrit les yeux, le nez toujours pointé vers le ciel qui commençait juste à se dégager. Les étoiles brillaient dans l'épais manteau sombre de la nuit tel des diamants étincelants. Elle rêvait parfois de voyager parmi ces astres, de partager leurs secrets, de danser parmi elles. Le temps lui appartiendrait, alors.

- Elles sont magnifiques. J'aimerais tellement découvrir leurs trésors...

Lili sentit son cœur se pincer en sentant la tristesse qui se dégageait de Louve. Elle se rapprocha d'elle et passa sa main sur ses cheveux attendrit. Cela faisait quasiment six mois que la jeune femme était devenue une nouvelle pensionnaire. Liliane se demandait souvent comment es-ce qu'une jeune anglaise avait pu se retrouver si loin de chez elle, dans cet endroit en particulier ? Elle qui était si jeune, pleine de vie, l'avenir ne demandait qu'à lui tendre les bras. Et pourtant si secrète, renfermée sur elle-même. Et la fleur qu'elle était, commençait à se faner...

- Ne cesse jamais de rêver, Louve. Crois de toutes tes forces. La vie se rendra-compte qu'elle t'a laissée sur le bas-côté par erreur. Elle viendra te chercher tôt ou tard et te remettra sur le chemin que tu n'aurais jamais du quitter.

Louve sourit et enlaça son amie tendrement pour la remercier.

- Plus tard, les effusions, tu veux bien. C'est le moment de rentrer, déclara Lili en lui saisissant la main pour l'entraîner avec elle dans sa course.

*** ***

Les deux jeunes femmes couraient à en perdre haleine, se chahutant gentiment pour prendre la tête de la course. Elles saluèrent un vieil homme d'un sourire en passant devant lui. Lili qui commençait à s'essouffler s'arrêta. Louve tourna la tête pour lui faire un clin d'œil, rien que pour la provoquer, avant de se remettre à regarder devant elle. Et c'est là qu'elle aperçut un homme immobile en plein milieu de la rue, la tête en l'air à rêvasser. Elle n'eut pas le temps de le contourner, et le heurta de plein fouet. Et le choc de la collision la fit basculer en arrière. Mais l'homme, d'un geste rapide la retient par les épaules et la ramena contre lui pour éviter qu'elle ne tombe.

Sa joue contre le torse de l'homme, elle entendait les battements de son cœur qui devenaient de plus en plus fort. Le sien, aussi, battait très fort. L'homme dégageait une chaleur qui l'enveloppait dans un cocon. Elle se sentait bien contre lui. Pour la première fois depuis bien longtemps en sécurité. Brusquement, elle réalisa qu'elle était toujours contre lui. Et c'est à grand regret qu'elle s'écarta de l'homme.

- Je vous prie de m'excuser, Monsieur, lança-t-elle.

La jeune femme attendait la réaction de l'homme avec une certaine crainte. Mais, il ne dit aucun mot, ne fit aucun geste. Il semblait complètement figé. Peut-être qu'il n'avait pas entendu ses excuses.

- Louve ! Il faut qu'on y aille ! Lui rappela Lili.

- Oui... On y va...

Louve saisit une main de l'homme. La sensation de ses doigts, de sa peau la fit frissonner. La mélodie dans sa tête laissa place à un murmure qu'elle n'arrivait pas clairement à distinguer. Elle releva la tête et rencontra un regard sombre et douloureux.

- Je suis désolée, réitérera-t-elle. Je ferais plus attention dorénavant.

La jeune femme lui sourit. Puis, elle se tourna vers Lili. Elle lui fit un signe de la tête tout en saisissant un pan de sa robe avant de s'élancer. La jeune femme brune la suivit aussitôt. Lorsqu'elles tournèrent au coin de la rue, Louve se stoppa. La chaleur qu'elle avait ressentit venait de s'évaporer. Elle en avait presque oubliée la fraîcheur de la nuit. Il y avait quelque chose dans cet homme qui la troublait. Elle éprouvait comme un lien de familiarité avec lui qu'elle ne pouvait s'expliquer. Elle décida de faire demi-tour. Elle avait l'envie dévorante de revoir cet homme.

- Bon Dieu, Louve ! Arrête de rêvasser ! Grogna Lili en lui saisissant la main.

- Mais... Protesta-t-elle. Je dois...

- Non ! Nous avons suffisamment traînées. Et je ne préfère pas jouer avec la patience de Madame...

Louve soupira et capitula en baissant la tête. Puis, elle se laissa entraîner par Lili vers la « maison ».

*** ***

La « maison » ressemblait à toute les autres, toute petite, avec des volets de couleur bleue, à l'encoignure d'une rue pas très loin de l'église. Par ses fenêtres, on apercevait le port plein de navires qu'on déchargeait de leurs marchandises. A son rez de chaussé, un café borgne s'ouvrait le soir, aux matelots et autres. Une annexe au commerce de Madame, ou deux de ses filles, Gigi et Cuicui faisaient office d'hôtesses. Elles servaient bières et toute autres substances qui contenaient de l'alcool sur des tables rafistolées dues aux nombreuses bagarres, les bras jetés au cou des buveurs, assises sur leurs genoux en les poussant à la consommation.

En tout, Madame avait cinq filles sous ses ordres. Louve et Lili en plus de Lottie, une petite ronde rousse, formaient à elle trois, une sorte d'aristocratie réservées à la compagnie du premier, sauf si on avait besoin d'elles au rez de chaussée. Le seul employé masculin de la troupe se nommait Robert, un ancien marin réputé pour sa violence, pour tenir le café et y régler les bagarres avec son poing.

Louve entrebâilla la porte mitoyenne entre la « maison » et le café. La salle, ce soir était bondée par des matelots anglais fraîchement débarqués de la mâtinée. Elle sourit en regardant le spectacle que donnaient Gigi et Cuicui. Elles dansaient sur la table, une chope de bière à la main, sur la cadence que frappaient de leurs mains les buveurs. Cuicui, comme d'habitude, braillait de sa voix éraillée des chansons grivoises. Elles saluèrent, d'un petit signe de la main, Louve en l'apercevant qui leur rendit aussitôt.

- Louve, dépêche-toi... Chuchota Lili du haut de l'escalier qu'elle venait de gravir.

La jeune femme tira la porte, en oubliant de la fermer totalement. Elle grimpa les marches deux par deux pour rejoindre Lili. Sur le palier de l'escalier, elles tombèrent nez à nez sur Robert.

- Vous êtes en retard, annonça-t-il. Vous deviez être rentrés depuis au moins une bonne demi-heure.

- Et toi, lui rétorqua vivement Lili mesquine, tu ne devrais pas être au rez de chaussé ?

Robert ignora sa remarque et la repoussa brutalement contre le mur. Il se rapprocha de Louve et tendit la main vers elle, une lueur lubrique dans les yeux. Il salivait rien qu'à la pensée de pouvoir passer un moment avec elle. La jeune femme blonde recula effrayée.

- Ne la touche pas, Robert, lui ordonna Lili d'un ton sec. Sinon, je devrais en parler à Madame...

Il se tourna vers elle, et lui agrippa les cheveux d'un geste brusque.

- Tu devrais me parler sur un autre ton. Un jour, je serais beaucoup moins gentil avec toi...

Des coups assez violents à la porte du bas l'interrompit et il poussa un grognement, furieux contre ce vacarme.

- Tu ne vas pas ouvrir ? Lui demanda Lili dédaigneuse.

Il levait la main pour la gifler pour son arrogance lorsque Madame arriva derrière lui.

- Qu'est ce qui se passe ici ? Aboya-t-elle.

Robert lâcha aussitôt Lili alors qu'elle lui lançait un regard remplit de méprit.

- Rien, Madame.

- Alors va voir qui est l'auteur de ce boucan insupportable à la porte ! Exigea-t-elle avant de s'adresser aux deux jeunes femmes. Et vous ! Allez tout de suite vous préparez ! Vous avez assez traînées comme cela !

Louve et Lili hochèrent simultanément de la tête et prirent la direction de la chambre qu'elles partageaient avec les trois autres jeunes femmes. Robert descendit les escaliers de son pas lourd pour voir qui était le trouble fête à la porte.

*** ***

Lottie dormait lorsque Louve et Lili entrèrent dans la chambre. Elles s'échangèrent un sourire complice. Lottie était une véritable marmotte, elle dormait n'importe où, à n'importe quel moment. Il lui suffisait simplement de s'allonger et de fermer les yeux. Sans faire de bruit, elles commencèrent à se débarrasser de leurs vêtements. Louve poussa un soupir de bien-être quand sa robe tomba à ses pieds, soulagée de son poids puis s'habilla d'une légère blouse. Lili s'approcha d'elle.

- Et si nous allions réveiller notre Lottie ? Fit-elle, un large sourire sur les lèvres. Je propose une séance de chatouilles.

Louve approuva de suite. Les deux jeunes femmes s'approchèrent doucement du lit. Elles s'apprêtèrent à sauter sur Lottie quand on frappa à la porte. Elle se lancèrent un regard d'interrogation, surprise par cette interruption. Lili découvrit Robert en ouvrant la porte.

- Qu'est-ce que tu veux ? Lui demanda-t-elle sèchement. Tu n'a rien à faire ici !

- Madame m'a demandée de conduire Louve dans une chambre. Un homme demande à la voir.

- Maintenant ? Demanda la jeune femme blonde.

Non, pas la chambre. Une bouffée de panique l'envahit. La chambre signifiait qu'une seule chose pour elle. Passer la nuit dans le salon avec les notables de la ville était autre chose. Elle jouait un rôle en badinant avec eux. Alors que dans la chambre, elle n'était qu'une simple femme. Et une femme ne servait qu'à une seule chose dans la chambre avec un homme...

- Tout de suite, renifla-t-il. Suis-moi...

Elle agrippa quelque chose à travers sa blouse et avança. Lili lui saisit la main au passage et la lui pressa en signe de soutien. Robert s'effaça de la porte pour la laisser passer. Il l'amena dans une des chambres sans lui donner de plus amples explications sur l'homme qui voulait la voir. Un frisson de dégoût lui parcourut l'échine quand il laissa traîner son regard sur elle en refermant la porte. Elle haïssait Robert. Elle n'aimait pas son regard impudique parcourir sa silhouette.

Louve secoua la tête pour le chasser de ses pensées. Elle s'approcha de la fenêtre. Le ciel était tout à fait dégagé, maintenant. Elle sourit en voyant ses amies, les étoiles. Elle se mit à fredonner encore cet même air qu'elle entendait sans cesse dans sa tête. Elle aimait cette mélodie. Elle la rassurait. La jeune femme ne savait pas ou elle l'avait apprise. Peut-être qu'on lui fredonnait pour s'endormir ou bien qu'on la lui jouait. Peu importe, c'était à elle. Personne ne pourrait le lui prendre.

Elle entendit la porte claquer. Il était là, l'homme qui voulait la voir. Mais quelque chose d'étrange se passa en elle. Elle sentait le regard de l'homme sur elle. Il était diffèrent de tous les autres. Elle le sentait doux et tendre. La chaleur de tout à l'heure l'envahissait à nouveau. Et elle sut. C'était lui, l'homme qu'elle avait heurtée dans la rue. Cela ne pouvait être que lui. Elle allait enfin savoir à quoi il ressemblait. Tout à l'heure, elle n'avait pas eut le temps de le regarder vraiment.

Louve se retourna lentement, un magnifique sourire qui fleurissait sur ses lèvres. Elle reconnut de suite ses yeux chocolats. Un regard comme celui-ci, elle ne pouvait pas l'oublier. Il lui semblait qu'elle pouvait s'y perdre, se noyer à l'intérieur. L'homme se tenait face à elle, les bras ballants le long de son corps. Grand, svelte, des cheveux bruns indisciplinés, elle le trouvait bel homme. Elle ne saurait dire son âge. Bien qu'il paraissait en avoir la trentaine, ses yeux faisaient plus vieux.

Son visage ne cessait de changer d'expression, alternant entre surprise, joie et douleur. Il alla s'appuyer sur le rebord du lit en vacillant. Elle voyait bien qu'il était prés à s'effondrer. L'envie de le prendre dans ses bras, de le consoler, de le protéger la submergeait et prenait son cœur en otage.

Louve s'apprêtait à se rapprocher de l'homme quand il fondit sur elle. Il la souleva dans ses bras avec une énergie désespérée, la pressant toujours plus contre lui. Stupéfaite, dans une premier temps, de cet élan, elle resta sans réaction. Puis petit à petit, elle enroula ses bras, timidement, autour de son cou avant de poser la tête sur son épaule. Elle était bien là. Son corps, par une volonté propre qui lui était propre, se coulait à celui de l'homme. La jeune femme avait la tête qui tournait en respirant avec délice le parfum de l'homme. Elle le sentait trembler de tous ses membres alors qu'il s'accrochait désespérément à elle comme si elle était le seul lien qui le retenait à la vie. Elle avait toujours éprouvée une sensation de manque au fond d'elle, et là contre lui, elle semblait, enfin, être rassasiée. Il lui semblait qu'être dans les bras de cet homme, c'était sa place.

Et parmi les brunes de béatitude, elle entendit l'homme lui murmurer « Rose ». Ce prénom prononcé d'une voix si douce, chaude et quelque peu sensuelle la fit frissonner.

- Monsieur ?


egedan  (08.11.2008 à 12:46)

Le Docteur se figea. Le « monsieur » résonnait en lui douloureusement. Pourquoi l'appelait-elle donc Monsieur ? A contre-cœur, il la déposa à terre et s'écarta d'elle, sans toute fois lâcher ses mains. Il se mit à l'observer plus attentivement, gravant l'image de la jeune femme en lui. Elle avait maigrit, et ses traits fatigués rehaussait le ton pâle de son visage malgré le léger maquillage qui était sensé le camoufler. Il posa sa paume sur sa joue, caressant de son pouce sa pommette. Leurs regards se croisèrent. Dans ses souvenirs, ses yeux pétillaient de malice, de joie de vivre, de jeunesse, aujourd'hui, ils étaient devenu ternes, douloureux Il n'arrivait pas à distinguer cette lueur qu'il aimait tant.

- Rose... dit-il avec douceur. C'est moi, le Docteur.

La jeune femme ne réagit pas. Elle se contentait de l'observer et de jouer avec leurs doigts.

- Rose, c'est moi, le Docteur, répéta-t-il la voix tremblante.

- Docteur qui ? Qui êtes-vous ? Pourquoi m'appelez-vous, Rose ?

Le gallifréen sentit ses jambes se dérober sous lui. Il tomba sur les genoux. Pourquoi ? Que se passait-il ? Il serra les poings tentant de contrôler les larmes qui menaçaient de rouler sur ses joues. Rose ne le reconnaissait pas. Elle ne savait pas qui il était. Elle semblait même ignorer qui elle était. Comment était-ce possible ? Qu'est ce que Rose avait bien pu faire pour venir le rejoindre ? Elle ne souvenait pas de lui. Pas d'eux.

- Monsieur ? Qu'est-ce qui vous arrive ? Vous allez bien ?

Le Docteur leva les yeux vers la jeune femme. Elle s'était agenouillée face à lui. Il avança la main vers elle et prit une de ses jolies boucles dorées entre ses doigts. Il ferma les yeux un instant. Une vague de chaleur le secoua de part en part lorsqu'il caressa sans retenue ses mèches en bataille.

- Qu'avez-vous fait Rose ? Murmura-t-il plus pour lui-même.

C'était une chose si simple. Glisser ses doigts dans ses boucles soyeuses. Combien de fois l'avait-il rêvé ? Combien de fois avait-il réprimé ce désir innocent ? De si nombreuses fois. C'était elle, Rose Tyler. Il en était sûr. Rose Tyler était inimitable. Il se détestait de ne pas l'avoir reconnu, tout à l'heure dans la rue. De ne pas avoir réagit plus tôt. De n'avoir pas fait tout simplement le lien entre cette chaleur et elle. Car Rose avait toujours dégagée quelque chose d'unique. Une force puissante et sereine, qui avait redoublée d'intensité lorsqu'elle était devenue le Méchant Loup. Elle lui avait apportée cette force dans laquelle il avait puisé le réconfort dont il avait tellement eut besoin.

Le Docteur se maudissait de lui faire cela. Parce que d'une façon ou d'une autre, il était le responsable de son état. Elle était revenue pour lui. Mais comment avait-elle pu atterrir ici ? Comment avait-elle pu, en fait, s'échapper de l'univers de Pete ? Es-ce que cela avait eut pour prix, ce qui faisait elle, sa mémoire ?

Les questions s'enchaînaient dans sa tête, créant un brouhaha qu'il n'arrivait pas à contenir. Elles demeuraient sans réponses. Il ne parvenait pas à réfléchir. Il avait mal. Rose avait été son trésor. La merveille qui lui avait enchantée la vie. Et il ne la faisait que souffrir.

Il essuya les larmes qui roulaient sur ses joues. Il avança les mains vers le visage de Rose qui eut un mouvement de recul.

- N'ayez pas peur. Je ne vous ferais aucun mal.

Le Docteur posa ses doigts sur les tempes de la jeune femme. Il ferma les yeux pour se concentrer. Il allait pénétrer l'esprit de Rose. Il espérait ainsi savoir ce qu'elle avait fait pour rejoindre l'univers qui l'avait vu naître. Et peut-être aussi lui rendre sa mémoire. Retrouvez la Rose. Sa Rose. Celle qu'il n'avait jamais autant désiré de retrouver comme compagne.

Brusquement, le gallifréen reçut une décharge qui l'expulsa de l'esprit de Rose. Il recula sous l'effet, incrédule, tout en baissant les bras. Il ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Ce n'était pas elle qui l'avait éjectée. Quelque chose d'autre l'empêchait de fouiller dans sa mémoire, de savoir ce qui lui était arrivé.

-Monsieur, je...

La jeune femme s'interrompit quand les mains du Docteur vinrent encadrer son visage. Il plongea un regard grave dans le sien qui l'hypnotisa.

- Je suis désolé Rose, gémit-il. Tout ceci est de ma faute... Je ne vaux vraiment pas ce que vous avez fait. Ni ce sacrifice...

Il déposa un baiser sur le front de la jeune femme avant de se lever, puis l'aida à en faire de même.

- Je suis désolé pour tout. Mais, je peux vous assurer que plus rien ne vous arrivera. Je vous fais la promesse que l'on vous fera plus de mal.

Il enleva son long manteau et le passa sur les épaules de Rose.

- Qu'est-ce que vous faîtes ? Lui demanda-t-elle surprise de son geste.

- Je vous emmène avec moi. Je ne vous laisserais pas une minute de plus ici.

Le gallifréen la tira alors qu'il avançait vers la porte, mais elle résista.

- Venez... La supplia-t-il. S'il vous plaît...

Louve lui fît lâcher sa main d'un mouvement brusque et recula de quelques pas.

- Rose...

- Cessez de m'appelez Rose ! Je suis Louve ! Pas Rose !

A ces mots, les cœurs du Docteur se serrèrent, lui faisant rappeler péniblement qu'elle n'était tout à fait la jeune femme qu'il connaissait. Elle enleva le manteau de ses épaules et le rendit à son propriétaire.

- Et je ne vous suivrais pas ! Trancha-t-elle.

- Et moi, je ne vous laisserais pas ici ! Il en est hors de question !

Il se rapprocha d'elle et lui attrapa la main doucement mais fermement. La jeune femme essaya de se libérer de son emprise, mais le gallifréen ne semblait en aucun cas vouloir la lâcher. Et il l'entraîna avec lui vers la porte.

- Je n'irais nul part avec vous, lui cria-t-elle. Je ne vous connais pas !

Louve aperçut une pointe de douleur illuminée les yeux de l'étrange homme. Elle venait de le blesser. Pourquoi cela lui faisait si mal à elle aussi ? Elle ne voulait pas voir cette peine sur son visage, cette douleur dans ses yeux. Sans savoir pourquoi, cela lui lacerait le cœur alors qu'elle le connaissait à peine. Comment l'a connaissait-il ? Pourquoi, il lui semblait qu'elle avait un lien très spécial avec cet homme ? Était-il une personne de son passé qu'elle n'avait plus depuis son réveil dans cette rue sombre et humide ? Elle ne comprenait pas ce qui se passait en elle. La jeune femme voulait fuir et suivre cet homme en même temps. Son cœur lui soufflait que c'était une personne importante pour elle. Mais que représentait-il pour elle ? Un frère ? Un cousin ? Un ami ? Un amant peut-être ?

Cependant la raison, dans la bataille qui se déroulait en elle contre son cœur, en sortait victorieuse. L'homme lui était inconnu. Elle ne le suivrait pas. Il devait être comme tous les autres. Les hommes avaient trop souvent joués avec elle. Ils lui avaient volés son corps, son intimité, sa dignité. Pourquoi serait-il une exception ?

Le gallifréen s'approcha d'elle et tenta de la soulever dans ses bras alors qu'elle se débattait. D'une manière ou d'une autre, elle repartirait avec lui, ce soir. Elle ne vivra pas une seule seconde de plus dans cette maison. C'était son rôle de la protéger. Sans comprendre ce qu'il lui arrivait, le Docteur sentit une douleur vive sur sa joue. Rose venait de le gifler. Il tituba en arrière. Autant les claques de Jackie faisaient mal physiquement, jamais autant, elles ne lui avaient fait mal psychologiquement. Le choc était violent. Il la regarda, les yeux écarquillés face à son geste.

La jeune femme recula, effrayée de son geste. Elle ne l'avait pas voulue. Mais sa main était partie toute seule. Elle s'éloigna encore un peu plus de l'homme. Il ne réagissait toujours pas. Sa joue rouge portait encore la marque de sa main. Elle se retrouva contre le mur, et se laissa tomber le long jusqu'au sol. Puis elle se cacha la tête dans ses bras.

- Je suis désolée... L'implora-t-elle. Je ne voulais pas... N'appelez pas Madame, elle me punira. S'il vous plaît...

Le Docteur sortit de sa torpeur, et observa la jeune femme recroquevillée contre le mur. Il s'effondra de l'intérieur. Qu'avait-elle bien pu vivre ces dernier temps ? Sa compagne avait l'air si dévastée, si brisée. Cela faisait si mal de la voir dans cet état-là. Contrairement à ce qu'on pouvait croire, cela avait toujours été elle, la plus forte d'eux deux. Parce qu'il savait qu'il l'avait fait souffrir à plusieurs reprises. Et malgré ses mensonges, ses secrets, ses promesses qu'il reniait, elle avait toujours été là pour lui. Elle s'était toujours tenue droite à ses côtés pour le soutenir, pour l'aider et le rassurer. Tout le contraire de lui. Et là, elle semblait si fragile.

Il se rapprocha et s'accroupit face à elle.

- Ce n'est pas à vous de vous excuser, dit-il d'un ton doux. C'est à moi de le faire.

Il prit le visage de la jeune femme entre ses paumes. Elle leva vers lui un regard indéchiffrable qui le bouleversa. Elle avait les yeux qui brillaient de larmes, les lèvres tremblantes.

- Je suis désolé, Rose. Sincèrement désolé. Je ne voulais pas vous faire de mal. Êtes-vous prête à me donner une seconde chance ? Pour que l'on puisse reprendre tout depuis le début...

- Pourquoi ? Gémit-elle. Pourquoi êtes-vous si gentil avec moi ? Pourquoi vous semblez me connaître ? Alors que moi, non. Que savez-vous de moi ?

Louve baissa la tête réprimant un sanglot. Elle sentit les doigts de l'homme glisser le long de son visage dans une caresse voluptueuse vers son menton. Une légère pression lui fit relever la tête. Elle croisa son regard. Inquiet, coupable, désolé, triste. Chaud et tendre aussi. Elle ferma les yeux. Sa paume contre sa joue. Son pouce balayant la larme solitaire qu'elle n'avait pu retenir. Elle se laissa attirer à lui, contre lui. Ses lèvres sur son front. Sa main dans ses cheveux. Son bras autour de sa taille. Elle était si bien.

Le Docteur était ravagé. Rose était meurtrit dans sa chair, dans son âme. Elle était perdue, sans défenses. Il prenait conscience qu'il allait devoir être patient. Rose avait tout oubliée. Il ne fallait pas qu'il la brusque davantage. L'essentiel, c'est qu'il l'avait retrouvé. Elle allait revenir à ses côtés. Elle serait à nouveau sa compagne. A sa place. Comme cela devait être. Peu importe le temps qu'il faudra. Mais Rose se souviendra à nouveau. Il fera tout pour l'aider. Cependant, pour le moment, il devait regagner sa confiance. Et surtout la sortir de cet endroit.

Il s'écarta d'elle, un petit sourire aux lèvres.

- J'ai toujours été un idiot quand il s'agissait de vous.

La jeune femme le regarda, quelque peu décontenancée de ce revirement de situation, puis finalement sourit à son tour. Il se redressa et lui tendit la main qu'elle attrapa après un moment d'hésitation. Il l'aida à se relever puis il la tira doucement vers le lit. Il s'assit sur le bord avant de lui désigner la place à ses côtés. Elle s'y installa avec prudence. Ils demeurèrent silencieux, un long moment.

- Qui êtes-vous ? Finit-elle par demander.

- Je suis le Docteur.

- Docteur qui ?

- Je m'appelle juste le Docteur, lui affirma-t-il avec un petit sourire.

Elle l'observa, légèrement méfiante, en fronçant des sourcils. La main qui se crispait à quelque chose au travers de sa blouse.

- J'avais un nom, expliqua-t-il, il y a très longtemps. On me l'a retiré. Et j'ai choisis Docteur pour le remplacer en quelque sorte.

La jeune femme hocha de la tête, acquiesçant son explication.

- Pourquoi m'appelez vous Rose ?

- Parce que c'est ainsi que vous nommez, Rose. Rose Marion Tyler.

Rose Tyler, c'est ainsi qu'elle s'appelait. Et étrangement, elle ne ressentait aucune émotion, aucun attachement à ce prénom Rose. Rose n'était pas elle, c'était une inconnue.

- Vous m'êtes une amie très chère, continua-t-il. Une compagne que je croyais perdu à jamais...

Amie... Compagne... Que voulait-il dire par cela ? Les deux mots pouvaient signifier bien des choses. Étaient-ils intimes ? Ou juste amis ?

- Je suis une sorte d'aventurier, un voyageur. Vous partagiez mes aventures. Ils nous arrivaient parfois d'avoir quelques problèmes, mais cela faisait partie du charme de nos voyages.

Le gallifréen sourit chaleureusement à la jeune femme, et d'un geste tendre lui passa une mèche de cheveux derrière l'oreille. Le contact furtif de leur peau se frôlant, les fit frémir de concert.

- Si je voyageais avec vous, pourquoi suis-je ici ? Le questionna-t-elle.

Louve aperçut tout de suite les yeux de l'homme s'assombrir avant qu'il ne détourne son regard d'elle. Et il mit quelques secondes pour lui répondre.

- Nous avons été séparés brutalement lors d'une bataille. Ils nous étaient impossible de nous retrouver. Je vous croyais perdu à jamais Rose...

- Pourquoi, je n'arrive pas à me souvenir de vous ? S'énerva-t-elle tout à coup. Alors que je sens que vous êtes très important pour moi ! Pourquoi je n'ai aucun souvenir ! Pourquoi ! Pourquoi ! Pourquoi !

Elle se mit à frapper le Docteur de ses poings, ne sachant pas réellement la raison de sa colère. Mais elle avait besoin de l'évacuer. Contre lui. Parce qu'il disait des choses sans aucun sens pour elle. Elle était perdue. Elle n'avait rien à quoi s'accrocher. Elle voulait savoir qui elle était. Cela faisait des mois qu'elle cherchait en vain. Depuis tant de temps, elle se sentait une inconnue pour elle-même. Et lui, il débarquait comme ça, de nul part, dans sa vie ! En lui disant des choses qu'elle voudrait se rappeler. Qu'elle veux se rappeler ! Et elle n'y arrive pas ! Rien ! Et quelque part, elle lui en voulait de savoir tant de choses sur elle, qu'il avait l'air de la connaître par cœur. Et qu'elle ne se rappelle rien sur lui. Qu'elle ne sache rien sur lui.

- Allez-vous en ! Je veux plus jamais vous voir, Monsieur, hurla-t-elle. Je ne suis pas Rose ! Je ne suis pas votre amie ! Je suis Louve ! Partez !

Le Docteur la bloqua en la serrant contre lui, alors qu'elle pleurait de rage et d'impuissance. Il tenta de la calmer en lui chuchotant avec tendresse et douceur des mots sans aucun sens. Il ne savait pas quoi faire d'autre. Il se sentait si démunit face à la situation. Mais cela semblait marcher. Rose se calma graduellement, la joue contre ses cœurs tout en agrippant sa veste. Quand elle releva finalement la tête, quelque chose venait de changer. La colère était tombée. Il ne restait plus que de la tristesse et de la culpabilité. Culpabilité de ne pas se souvenir. Il comprenait ce qui se passait. Elle n'était pas encore prête à accepter la personne qu'elle était réellement. Ni à écouter ce qu'il avait à lui raconter sur elle ou sur eux. Elle était bien trop fragile. Bien trop égarée aussi. Il lui disait des choses qu'elle ne pouvait se souvenir. Il voulait aller trop vite. Oui mais voilà, il voulait tant retrouver sa Rose. Il avait tant de choses à lui dire et d'autres qu'il n'avait pas eut le courage de lui avouer...

Il posa son front contre celui de la jeune femme.

- Chut... Je suis là, maintenant... Tout ira bien...

Le Docteur se laissa tomber sur les draps avec la jeune femme dans les bras. Il passa maladroitement un bras autour de sa taille pour la maintenir contre lui. Elle n'y opposa aucune résistance. Elle se blottit contre lui, s'accrochant désespérément à ses vêtements alors qu'elle gémissait de la laisser tranquille et qu'elle ne voulait plus jamais le voir. Il lui caressa le dos, doucement, tendrement, la serrant toujours plus contre lui. Il la sentit s'apaiser. Elle ferma les yeux. Elle semblait épuisée et à bout de force. Les derniers mois avaient été plus qu'éprouvant. Sa respiration se fit plus lente, plus régulière. Elle commençait à s'endormir tout doucement.

- Monsieur, souffla-t-elle. Je...

- Chut... Je suis là Rose... Je serais toujours là, maintenant... Je vous en fais la promesse...

A présent, le gallifréen sera là, à chacun de ses réveils. Pour elle. Pour sa si délicate Rose. Plus personne ne la lui arrachera de sa vie. Ils s'étaient retrouvés. A nouveau ensemble. Comme avant. Il venait de retrouver celle qui lui avait redonnée une raison de vivre. Une douce lumière recommençait, enfin, à illuminer son chaos. Il savait que le chemin serait long, douloureux, parsemé d'embûches pour que Rose retrouve sa mémoire. Mais peu importe... Parce qu'en ce moment même, il la tenait dans ses bras. Et elle ne les quitterait plus jamais. Le Docteur se le jurait....


egedan  (15.11.2008 à 17:45)

Le Docteur passa les heures suivantes à observer Rose, le moindre de ses traits, à écouter sa respiration régulière, à passer ses doigts peu assurés sur son visage. Émerveillé malgré lui par ce spectacle si douloureux. Il était effrayé à l'idée de fermer les yeux, ne serait qu'une seconde, et de s'apercevoir que ce n'était qu'un rêve qui se transformait en cauchemar. Celui ou la jeune femme disparaissait de sa vie sans qu'il puisse la retenir.

Après lui avoir dit adieux sur cette plage en Norvège, il avait espéré pouvoir tourner la page et clore le chapitre « Rose » de sa vie. Jamais un de ses compagnons n'était parti si brutalement, et ne l'avait fait tant souffrir. Cependant, la jeune femme n'avait pas été juste de passage dans sa vie. Non, elle en était devenue un pan entier. Il n'avait, donc, pas pu jeter un drap sur leurs moments, ses souvenirs, ses sentiments pour les couvrir et les abandonner quelque part en lui. Parce que tout simplement, c'était Elle. Une jeune femme qui l'avait profondément bouleversée, et qui avait réussit à elle seule à cicatriser cette plaie dont il souffrait depuis tant de temps. Le fardeau qu'il portait sur ses épaules lui avait paru plus léger avec elle à ses côtés. Il n'était plus seul. Rose était là. A partager sa vie.

Le gallifréen avait tant regretté finalement de ne pas avoir fait partager sa vie entièrement à la jeune femme. De ne pas l'avoir aimée comme elle le méritait. De n'avoir, tout simplement pas osé faire un pas dans sa direction et d'attraper la main qu'elle lui tendait. Il n'avait été qu'un lâche dès qu'il s'agissait d'elle, d'assumer ses émotions qu'il éprouvait pour elle. Il avait crû bêtement qu'en la gardant éloignée de lui, il souffrirait moins quand elle disparaîtrait de sa vie. Mais, cela avait été tout le contraire.

Il l'avait pleuré.

Quand, il était retourné au Tardis, seul. Qu'il avait refermé la porte derrière lui en sachant que Rose ne la franchirait plus jamais, il s'était écroulé sur le sol, les joues inondées de larmes. Juste au moment ou il croyait qu'il était désormais incapable de pleurer, quelque chose en lui avait finalement craqué. On venait de lui arracher ses cœurs, son oxygène, sa raison de vivre... Cela faisait si mal... Il ne sut combien de temps, il était resté dans cet état, à pleurer des larmes qui ne semblaient pas se tarir, des hoquets qui lui secouaient le corps, tout en poussant des cris déchirant pour tenter d'évacuer sa douleur. Perdre Rose avait été sa plus sa grande peur, sa plus grande angoisse et il était en train de la vivre... A bout de force, exténué, vidé, il s'était endormit, à même le sol, d'un sommeil qui ne le lui n'avait laissé aucun répit. Il s'était réveillé en sueur, tremblant d'un cauchemar ou il revivait la perte de Rose. Ce même cauchemar qui le poursuivait dorénavant dès qu'il fermait les yeux.

Ce n'est qu'après avoir perdu Rose, qu'il avait prit conscience qu'il aurait du vivre « quelque chose » tout simplement avec elle. Il n'avait comprit que bien trop tard, qu'elle aurait pu lui apporter tant de choses dans sa vie. Que les regrets n'étaient finalement que le reflet de sa propre erreur. Qu'à se cacher derrière des prétextes, il avait loupé l'une de ses plus belles aventures. Sûrement le plus extraordinaire de ses voyages.

Et là, aujourd'hui, on lui redonnait une seconde chance. Oui, mais à quel prix ? Rose ne serait plus jamais la même. La vie l'avait marquée à vif dans sa chair. Es-ce qu'elle pourra lui pardonner tout cela ? Voudra-t-elle partager sa vie à bord du Tardis, à nouveau ? Il voulait tellement l'aimer. Mais sera-t-il assez fort pour la soutenir dans cette épreuve ? Sera-t-il capable de ne plus la faire souffrir ? Malgré tout, le Docteur était résolu à tout faire pour mériter cette seconde chance et d'en être digne.

Une des portes dans la maison claqua, et des pas lourds passèrent devant leur chambre. Durant toute la nuit, il n'avait cessé d'entendre des allers et venus, riant, chantant, gloussant. Il posa sa main sur les cheveux de Rose. Comment avait-elle pu survivre à « ça » ? Comment s'était-elle retrouvée ici ? Le Docteur se maudissait de n'avoir pas trouvé la jeune femme plus tôt. De lui avoir fait endurer ses longs mois pénibles. Elle ne méritait en aucun cas « ça ».

Durant toute la nuit, le gallifréen n'avait cessé de s'interroger sur la situation. Une conclusion s'était rapidement imposée à lui. Rose n'avait pas pu revenir dans cet univers, seule, bien qu'elle soit capable de grandes choses. Elle avait reçue une aide extérieur. Mais qui, comment et surtout pourquoi ? Il se pencherait sur ses questions plus tard, quand elle sera en sécurité et qu'il l'aura retrouvé. Pour l'instant sa priorité, c'était elle.

Rose ouvrit les yeux avec une soudaineté qui fit sursauter le Docteur. Elle le fixa intensément sans bouger. Il sourit alors qu'il frissonnait sous l'intensité de cet échange. La jeune femme lui rendit son sourire. Elle leva la main et lui souleva une mèche de cheveux qui barrait son front. Elle ne se souvenait pas d'avoir si bien dormit depuis longtemps. Les bras de l'homme était un endroit chaud, accueillant et doux. Les battements dans la poitrine de l'homme se mêlaient avec la mélodie qu'elle avait en tête, pour n'en faire qu'une. Elle n'avait pas envie de quitter ce qu'elle considérait comme une sorte de « chez elle ». Contrairement aux autres, cet homme ne la répugnait pas. Elle n'avait pas cette nausée quand il la touchait.

- Vous êtes encore là, chuchota-t-elle.

- On se débarrasse pas de moi, si facilement, vous savez.

- Pourquoi ?

- Vous êtes ma compagne, lui répondit-il. Je ne partirais pas sans vous. J'attendrais le temps qu'il faudra pour que vous vous décidiez à me suivre...

- Comment pouvez-être si sûr que...

- Parce que je suis le Docteur ! Et vous, ma Rose Tyler ! C'est comme ça et pas autrement !

Louve pouffa légèrement. Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle se comprenait. Elle n'avait qu'une envie en sa présence, c'était celle de sourire et de rire. Rose n'avait pas du s'ennuyer avec lui. Soudain, elle tressaillit, en se tournant vers la fenêtre, quand les cloches de l'église retentir. Brusquement, elle s'écarta du Docteur en prenant conscience que c'était déjà l'aurore. Puis, elle se leva sous son regard d'incompréhension. Le conte de fée venait de prendre fin...

- Vous devez partir Monsieur, expliqua-t-elle.

- Mais...

Elle lui attrapa le bras et le tira pour qu'il se lève. Madame avait instaurée certaines règles. L'une d'elle était, notamment, que les clients, sans exceptions, devaient être tous partis à l'aube. Elle ne tolérait aucun écart. Si on ne respectait pas ses règles ou ses ordres, la punition pouvait être très sévère.

Le Docteur perçut sa panique et décida de ne pas protester. Si il voulait regagner totalement la confiance de la jeune femme, il devait faire ce qu'elle lui demandait. Il se glissa hors du lit. Rose se précipita pour aller chercher son manteau brun et le déposa entre ses bras avant de le tirer vers la porte. Elle l'ouvrit et jeta un coup d'œil dans le couloir.

- Vous pouvez y aller. Robert n'est pas dans les parages...

Le gallifréen plongea dans son regard. Il était profond, intense, déconcertant. Louve se rendit compte tout à coup que c'était pas n'importe lequel regard. Un homme ne regarderait jamais une femme de cette manière là, si elle n'était pas spéciale pour lui. Surtout une femme comme elle... C'était le regard d'un homme amoureux.

- Venez avec moi, la supplia-t-il. Je vous emmènerais loin d'ici...

- Je ne peux pas, lui répondit-elle d'une voix sombre.

- Pourquoi ? Rien ne vous retient ici...

- Rien qui me retient ! Qu'en savez-vous ? J'ai été peut-être votre compagne, il y a un temps ! Croyez-vous vraiment que je vais vous suivre parce que vous savez qui je suis ? Comment puis-je être sûre que vous me disiez la vérité ?

Le Docteur baissa la tête devant les reproches de la jeune femme. Ne voulait-elle pas comprendre qu'il voulait la protéger ? Lui faire quitter cet enfer ? Louve s'en voulut immédiatement d'avoir été dure avec lui. Il ne méritait pas cette agressivité de sa part après toute la gentillesse dont il avait fait preuve envers elle. Elle lui prit les mains et lui pressa les doigts.

- Je vous en pris, laissez-moi du temps. Je veux savoir la personne que j'étais. Vous êtes sans doute le seul qui puisse répondre aux questions que je me pose, mais je veux vous connaître avant tout. Vous m'aviez dit tout à l'heure que vous attendrez le temps qu'il faudra... Ne précipitez pas les choses... S'il vous plaît...

Le gallifréen soupira. Elle se raccrochait désespérément à la seule vie qu'elle connaissait car c'est tout ce qu'elle avait. Il décida à contre-cœur d'accéder à la requête de la jeune femme, alors qu'il ne souhaitait plus qu'une chose, c'est de voir à nouveau la silhouette de la jeune femme arpenter le Tardis. Il savait que c'était une erreur, qu'il ne devait surtout pas l'écouter. Cependant, qu'allait-elle penser de lui, si il la forçait à le suivre au Tardis ? Il ne vaudrait pas mieux que les autres hommes alors. De plus, cela ne ferait que la brusquer et la pousser dans ses retranchements. Et ce n'est sûrement pas de cette façon là que Rose retrouverait plus vite la mémoire si Louve ne se sentait en confiance avec lui. Gagner sa confiance lui était primordiale. Parce que ce combat là, serait tout autant difficile que celui ou Louve accepte qu'elle est véritablement la jeune femme Rose, sa compagne. Il attendrait et devrait prendre son mal en patience en jouant le jeu de la Maison close. Chose qu'il apprécierait peu. Il reviendra chaque soir et gardera Rose jusqu'à l'aube avec lui. De cette manière, cela permettrait à la jeune femme de le connaître, et surtout qu'aucun autre homme ne puisse la toucher à nouveau.

Il ancra à nouveau son regard dans celui de la jeune femme avant de lui répondre.

- Très bien. Je reviendrais ce soir, ainsi que tous les autres qui suivront. Je serais là. Je le ferais jusqu'à ce que vous me fassiez confiance et que vous vous décidiez à me suivre. Mais soyez certaine d'une chose, je ne vous laisserais plus filer entre mes doigts. Parce que je vous veux, vous, Rose Tyler, dans ma vie.

Sur cette affirmation, le Docteur déposa un baiser sur le front de Louve. Il lui offrit un dernier sourire plein de tendresse et de promesse puis se dirigea vers l'escalier. Quelque peu interdite face à ses propos, elle le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse de sa vue. Une sensation de manque commença aussitôt à la tirailler. Quand, elle lui avait dit qu'elle ne pouvait pas le suivre comme ça, les yeux fermés, cela lui avait semblé la meilleure chose à faire. Mais elle n'en était plus aussi certaine. Seulement, elle ne pouvait pas se permettre de donner sa confiance aveuglement, c'était une question de survie. Tout était une question de survie pour Louve depuis plusieurs mois. Vivre dans cette maison et faire toutes ces « choses » en était un moyen. Et parce qu'elle avait aussi une dette...

Peut-être qu'elle venait de louper sa chance. Et que l'homme malgré sa promesse de revenir, ne la tiendrait pas... Mais, il lui avait dit avec une telle sincérité qu'elle ne pouvait que le croire. Elle voulait y croire. D'une manière ou d'une autre, elle était liée à cet homme par quelque chose de très fort. Et elle n'avait plus qu'une hâte, c'est de le revoir et qu'il la serre à nouveau dans ses bras...

*** ***

L'imposante présence de Madame surgit de l'obscurité du couloir, alors que Louve se dirigeait vers la chambre qu'elle partageait avec les autres filles. Elle venait d'assister à la scène. Et ce qu'elle en avait entraperçut ne lui plaisait pas le moins du monde. Hier soir, un pressentiment s'était insinué en elle, et dont elle n'arrivait pas à s'en défaire, que le mystérieux homme n'était pas n'importe qui. Et qu'il serait tôt ou tard une source de problème.

La tenancière s'était inquiétée de ne pas voir Louve revenir de son tête à tête avec l'homme. Les hommes restaient rarement toute la nuit. La plupart étant mariés, ils rentraient bien sagement chez eux pour dormir d'un sommeil de plomb dans les bras de leurs femmes, avant d'aller se repentir à l'église de leurs « écarts ». Elle avait décidée d'aller voir ce qui se passait entre sa petite et le mystérieux homme, mais au même moment une bagarre avait éclatée au café, à laquelle elle avait due mettre fin avant de constater les dégâts. Puis, Monsieur le Maire lui avait attiré toute son attention. Ce qui fait qu'elle n'avait pas vue la petite de toute la nuit mettre le pied dans le salon alors que certains clients l'a réclamait. Néanmoins Lili et Lottie s'étaient occupées de les distraire et de leurs faire oublier son absence.

Madame était en sortie avec ses filles, et venait tout juste d'avoir mit fin à sa conversation avec l'anglais, Georges McDonald, lorsqu'elles avaient aperçues la petite. Celle-ci errait dans rue et semblait être à la recherche de quelque chose. Elle paraissait bien faible, titubait comme si elle était ivre et devait s'arrêter tous les dix pas pour reprendre son souffle. Lili, la première en tête, s'était prise de pitié et lui avait demandée de faire un geste quand d'un coup la petite s'était effondrée au sol. Les filles s'étaient toutes précipitées pour lui porter secours et s'étaient rendues-compte qu'elle était souffrante. Madame devant leurs supplications avait permis de ramener la petite à la maison pour lui prodiguer des soins.

Durant une semaine, tout le monde s'était relayé à son chevet. Le médecin avait été bien pessimiste sur son sort. La fièvre ne descendait toujours pas et la faisait délirer. Elle ne cessait de répéter des paroles sans queue ni tête sur un docteur et un méchant loup. Et puis du jour au lendemain, le mal mystérieux qui semblait la ronger s'était miraculeusement envolé. Cependant, il avait fallu encore quelques jours pour que la petite reprenne conscience. A son réveil, elle avait été prise de panique et il avait fallu se mettre à plusieurs pour la retenir et la calmer. A l'étonnement général, elle ne savait pas ou elle était mais surtout qui elle était.

Les jours passaient et Louve, c'est ainsi que les filles avaient décidées de l'appeler, ne se rappelait toujours de rien. Et Madame avait prit cela comme un signe du destin. Le fait que Louve ne retrouve pas la mémoire était une bonne chose, très bonne même. Cela permettait à la tenancière de la garder sous son pouvoir, et elle en avait tirée qu'une seule conclusion, la petite lui appartenait dorénavant.

Madame, alors, avait décidée de garder la petite et de la faire travailler pour son commerce. Après tout, elle était jolie et avait une certaine saveur d'ailleurs. Mais principalement cette fraîcheur de la jeunesse dont les hommes raffolaient. Et puis, la tenancière était à ce moment là, à la recherche d'une autre fille pour l'étage.

Toutefois même au bout de ces six mois, elle n'arrivait toujours pas à percer le mystère qui entourait la petite. Elle était renfermée, rêveuse, toujours le nez à la fenêtre, presque effacée. Elle ne créait jamais de problème et faisait ce qu'on lui disait sans la moindre protestations. Madame avait pourtant la drôle de sensation que ce n'était qu'une apparence qui cachait un caractère fougueux, animé d'un feu ardent qui ne demandait qu'à s'embrasser.

Cependant, l'apparition de cet homme, de ce soi disant policier, remettait tout en questions. Et si il la connaissait ? Et si, il avait été engagé pour retrouver la petite et la récupérer ? Ou, alors, était-ce un de ses policiers qui utilisait son passe-droit ? Ce ne serait pas la première fois que cela arriverait... Dans tous les cas, Madame n'était pas prête à se laisser enlever sa fille sans rien faire. Peut-être qu'elle s'inquiétait pour rien, après tout... Les hommes étaient peu fiable, on ne pouvait décidément pas leur faire confiance. Néanmoins, si il revenait ce soir, elle attendra de voir ou cela irait. Malgré tout, elle allait devoir rappeler à Louve la première règle de cette maison en mesure de précaution. Sinon, Madame devra y mettre en terme et faire disparaître cet homme par tous les moyens.


egedan  (22.11.2008 à 12:28)

Louve entrebâilla la porte de la chambre. La pièce était bien silencieuse. Jusqu'à midi, la mâtinée était consacrée au repos des braves comme aimait bien le qualifier Gigi. Elles dormaient toutes à une exception, Lili qui lui faisait signe de la rejoindre dans son lit. C'était une vie collective. Elles partageaient tous, la chambre, les lits, les repas, les toilettes. L'intimité était une chose que la maison ne connaissait pas. Il était difficile de s'isoler pour Louve parfois. Mais, les filles étaient devenue comme une sorte de famille pour elle. Elles étaient sœurs. Elle s'assit en tailleur face à Lili et s'observèrent durant quelques minutes silencieuses.

- Tu vas me raconter, ou faut-il que je te fasse cracher le morceau...

Lili avait haussée le ton sans s'en rendre-compte, ce qui réveilla aussitôt les autres. Lottie la première en tête, qui s'occupa de secouer tout le reste de la troupe, qui grognait de faire moins de bruit, en la prévenant que Louve était revenue de sa « nuit ». La jeune femme blonde savait ce qu'il l'attendait. Et aujourd'hui, pas question d'y couper. Elle se retrouva entourée des quatre femmes qui la scrutaient dans tous les sens. Louve se sentit rougir. Elle n'aimait pas être détaillée de cette façon là.

- Allez ne fais pas ta cachottière, se lança Cuicui. On sait toutes que tu as passée la nuit avec un homme. Un policier, c'est ça ? Raconte !

Louve soupira, c'est bien ce qu'elle craignait. Un interrogatoire. Leur curiosité avait été piquée à vif en ne la voyant pas dans le salon de toute la nuit. Et puis les filles adoraient se raconter tout un tas d'anecdotes sur les hommes. Cela donnait la plupart du temps de bonnes crises de fou rires, de hurlements et de cris.

- Il ne s'est rien passé.

Des cris d'indignations s'élevèrent dans la chambre.

- Il n'a rien tenté ! Fit Gigi. Il n'est pas normal, ton homme.

- Il n'est pas venu que pour la causette quand même ! S'écria Lottie.

- A moins qu'il ne soit pas très dégourdit, surenchérit Cuicui.

- Ne parlez pas de lui comme ça ! Protesta Louve. Vous ne le connaissez pas !

La jeune femme blonde poussa bruyamment un soupir en voyant des yeux se lever au ciel et des petits sourires en coin échanger.

- Oh ! C'est qu'elle le défend son gentleman !

- Peut-être que notre petite Louve l'a trouvée tout compte fait son preux chevalier...

Liliane qui n'avait fait aucun commentaire jusque là, aperçut Louve se crisper. Celle-ci agrippa de sa main le seul objet à travers sa blouse qu'elle détenait de son passé. Elle y tenait plus que tout. Durant sa convalescence, elle s'y était cramponnée comme si c'était la seule chose qui la reliait à la vie.

- Alors qu'est ce qu'il te voulait ton gentleman ? Demanda Lili.

- Il me connaît, dit-elle de but en blanc. Il sais qui je suis.

Les regards échangés, cette fois-ci, fut des regards de stupeur accompagnés de quelques hoquets de surprise. Louve décida de leur dire la vérité. Les filles l'avaient accueillit et pris sous leurs ailes. Elle leurs faisait confiance. Aucune d'elle n'irait répéter ses confidences à Madame. Et on ne cachait rien à la famille.

- Je m'appellerais Rose. Rose Marion Tyler. Et je voyageais avec lui. Il dit qu'il me croyait perdu...

- Rose, c'est tout mignon !

- Tais-toi Cuicui ! Laisse la parler ! Tonna Lili exaspérée, avant de s'adoucir en posant son regard sur sa protégée. Qu'est ce qu'il t'a dit d'autre ? Pourquoi, il ne t'a pas emmené avec lui, alors ?

- Je...

Lili lui prit les mains pour la soutenir.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Louve ferma les yeux. Elle ne voyait plus rien. Elle n'arrivait plus à contenir ses larmes.

- Je n'arrive pas à me souvenir ! Rose, cela me dit rien ! Je ne sais pas qui je suis ! Je ne sais pas qui il est pour moi ! Je sais pas ! Je ne me rappelle de rien ! Je...

Lili la prit dans ses bras pour la calmer. Et les autres filles aussi. Elles partageaient sa souffrance. Elles savaient ce que traversait Louve était difficile et parfois pénible. Elles restèrent un long moment comme ça, soutenant leur sœur de cœur, avant de se détacher l'une de l'autre. Lili sourit chaleureusement à Louve en encadrant son visage de ses mains.

- Il va revenir ton gentleman, hein ? Il va t'aider à te souvenir, et tu partira avec lui.

- Mais...

- Non, Louve, la coupa Lili. Rappelle-toi de ce que je t'ai dit hier soir. Ici, tu n'est pas à ta place. Alors ne laisse pas filer ta chance...

*** ***

Le Docteur referma les portes du Tardis précipitamment derrière lui. Il s'empressa de rejoindre la console. D'une nervosité mélangée à une certaine euphorie, il lança le vaisseau. L'intérieur de la colonne se mit à osciller. Le Tardis se mit à tanguer et le gallifréen s'accrocha au rebord du panneau de commande pour maintenir un équilibre précaire. Le regard rivé sur l'écran, il priait que tout se passe bien. Il n'était pas question pour lui de se retrouver autre part que sur Terre au dix-neuvième siècle. Il faisait un saut dans le temps. Il n'avait pas la patience nécessaire d'attendre que la journée se passe pour rejoindre Rose. Plus vite, il regagnera sa confiance, plus vite, il pourra la ramener avec lui dans le Tardis ou elle sera en sécurité. Cela ne lui plaisait pas le moins du monde d'avoir du la laissé là-bas. Tout et n'importe quoi pouvait lui arriver dans la journée. Le vaisseau retrouva enfin sa stabilité et l'oscillation de la colonne s'arrêta. Il était arrivé.

Le gallifréen se précipita vers la porte et tenta de l'ouvrir. Cependant quelque chose la bloquait. Il poussa un long soupir, s'adossa contre celle-ci en croisant les bras. Le Tardis n'avait pas l'attention de le laisser sortir. Il jura entre ses dents silencieusement pour éviter de vexer le vaisseau. Il la savait un tantinet susceptible et rancunière. Et ce n'était en aucun cas le moment de se la mettre à dos. Le Docteur sentait que le Tardis s'inquiétait énormément pour lui ces dernier temps.

- Laisse-moi sortir ! Fit-il en tentant de garder son calme. Je n'ai pas le temps de t'expliquer !

Le Tardis fit vaciller ses lumières pour montrer son mécontentement qu'il ose lui parler de cette manière là. Le Docteur ferma les yeux en prenant en grande respiration. Elle ne le laisserait pas sortir avant de savoir ce qui se passait. Têtue comme une mule décidément. Comme Rose. Avec un sourire, il pensa que la jeune femme avait fait bien plus que de laisser son empreinte dans le vaisseau, du notamment à ce lien qu'elles avaient partagées toutes les deux. Mais aussi parce que le Tardis s'était attachée à Rose, beaucoup plus que ses anciens passagers. Elle avait énormément souffert de sa disparition. Elle n'avait pas été tout à fait d'accord avec lui, lorsqu'il avait proposé à Martha de l'accompagner. Elle avait prit cela comme un affront de sa part, qu'il bafouait la mémoire de Rose. Et elle avait vivement fait ressentir à Martha qu'elle n'était pas la bienvenue. La jeune femme avait bien souvent pestée contre le vaisseau. Passer après Rose, et de vivre avec en quelque sorte avec son fantôme avait été difficile, le Tardis ne lui avait pas facilitée les choses...

Le gallifréen entendit un grondement d'impatience retentir. Il soupira à nouveau en ouvrant les yeux. Le vaisseau était dans le noir maintenant. Le Docteur grogna.

- Ce que tu peut-être... S'exclama-t-il. Peut-être... Ah ! Pourquoi, tu n'utilise pas notre lien pour savoir ! Par Rassillon ! Qu'est ce qui t'en empêche ? Ne me dit surtout pas qu'aujourd'hui, tu respecte mon intimité ! Tu ne l'a jamais fait !

Un grondement plus fort résonna dans le vaisseau toujours plongé dans le noir, ce qui fit taire aussitôt le Docteur. Il se passa une main dans les cheveux. Il ne comprenait décidément pas ce qui se passait. Encore moins le Tardis. Qu'est ce qu'il lui prenait ? Surtout, en ce moment. Il n'avait le temps de se disputer avec elle. Il avait une autre priorité, Rose.

Soudain, il se tapa le front de sa paume. Il venait de comprendre le comportement de son Tardis. Et cela avait un lien avec Rose. Elle savait ce qui se passait et s'inquiétait pour lui parce qu'elle croyait qu'il délirait. Elle avait bien lu en lui qu'il venait de retrouver Rose. Sauf que pour elle, cela ne pouvait pas être possible. Pour elle, la jeune femme était toujours censée être piégée dans le monde de Pete.

- Je sais, cela a l'air complètement invraisemblable. Mais, c'est la vérité. Rose est bien de retour dans notre univers... Moi-même, j'ai encore du mal à le croire.

Comme si le Tardis commençait à accepter cette possibilité, la colonne de la console s'illumina. Le Docteur se rapprocha du centre de commande et laissa courir ses doigts dessus. Il releva la tête avec un air triste.

- Pourquoi, elle n'est pas ici, alors ? Parce qu'elle amnésique. Elle ne sait plus qui elle est. Tout comme, elle ne se rappelle plus de nous. J'ai essayé de la ramener, mais elle se raccroche à ce qu'elle connaît. Il va falloir nous armés de beaucoup de patience pour que nous retrouvions notre Rose.

Au lieu d'un grondement, cette fois-ci, le Docteur entendit une sorte de plainte.

- Tu doutes de moi ? Hein ? Recherche sa présence... Utilise ce lien qui vous unit. Car au fond de toi, tu a déjà perçu sa présence. Mais tu l'a ignorée parce que Rose ne pouvait pas être de retour... Sauf que l'impossible n'a jamais existé pour Rose Tyler, l'aventurière.

Les lumières du vaisseau se rallumèrent. Sur l'écran de contrôle se mit à défiler à une vitesse folle d'étranges symboles, alors que la colonne se remit à osciller, lentement, puis de plus en plus rapidement. Le Docteur pencha la tête sur un côté, en enfonçant les mains dans les poches. Il lui fallait attendre le verdict du Tardis. Elle devait vérifier d'elle-même. Il n'eut pas à patienter bien longtemps. Les portes du Tardis s'ouvrirent d'elles-mêmes. Le gallifréen sourit et s'y précipita. Avant de sortir, une légère brise l'enveloppa. Il se retourna vers la console.

- Je vais la ramener, promit-il au vaisseau.

Et le gallifréen disparut. Alors que les portes se refermaient seules, une lumière dorée s'échappa de la console et se mit à tourbillonner autour de la colonne avant de se matérialiser en une petite fille, habillée d'une robe bleue et de souliers vernis. Ses cheveux blonds de la couleur des champs de blés étaient tressés en une natte et ses yeux de la couleur d'un saphir, pailleté de points dorées, brillaient d'une lueur vive. Un sourire illuminant son visage, elle se mit à chanter.

"Méchant Loup !

Ou est tu ? Ton ange a besoin de toi !

Méchant Loup !

L'ange doit retrouver ses ailes.

Méchant Loup !

Égaré et perdu, tu est de retour !

Méchant Loup !

Ton ange déchu te redonnera tes souvenirs !

Méchant Loup !

Les ailes à nouveau déployées, l'ange retrouvera son pendant.

Méchant Loup ! "

La fillette rit aux éclats.

- Il était temps... Gardienne du dernier Seigneur du Temps, ton retour était attendu...

Elle se mit à danser autour de la console recommençant à chanter, alors qu'elle se dématérialisait en de milliard de particules ambrés.

- Méchant Loup ! Ou est tu ? ...

 

 

 

 

 

 

 

 


egedan  (22.11.2008 à 12:35)

Madame, assise sur un des fauteuils qui garnissaient le salon, attendait nerveusement l'arrivée de ses filles, un verre de vin à la main. Elle se posait beaucoup de questions depuis ce matin notamment sur cet homme qui lui avait réclamé Louve. Elle avait un mauvais pressentiment. Quelque chose en lui la dérangeait profondément. Elle sursauta en entendant les joyeux bavardages et éclats de rire de ses filles. Elles s'étaient isolées dans leur chambre durant toute la journée. Madame ne savait pas ce qui se tramait et elle n'aimait pas du tout cela. Mais cela avait un lien avec le mystérieux soupirant de Louve. Cela signifiait le calme avant la tempête. Quelque chose était en train de lui échapper et elle détestait perdre le contrôle de la situation.

- Bonsoirs Madame, dirent-elles en chœur.

Elle leurs répondit par un vague signe de la main. Elle finit de boire son verre d'une traite. Lili et Lottie s'installèrent autour de Louve telle une garde rapprochée, pendant que Gigi et Cuicui allaient rejoindre le café. Madame fronça des sourcils. Un silence quasi religieux régnait désormais dans le salon. Qu'est ce qu'elles mijotaient ? Elle reporta son attention sur la petite. Ce soir, elle paressait rayonner, ses yeux pétillaient, et son sourire se faisait plus éclatant. Madame ne l'avait jamais vue ainsi. L'idée de revoir son soupirant avait l'air de l'émoustiller. Louve lui cachait quelque chose sur lui. Cependant, Madame était persuadée qu'elle aurait le dernier mot de cette histoire. Elle n'était en aucun cas prête à perdre la petite.

Un bruissement de vêtement la sortit de ses pensées. L'homme venait d'arriver. Il tendit la main à Louve qui hésita à la prendre. Elle jeta un regard d'interrogation à Madame. Celle-ci acquiesça de la tête. La jeune femme se leva et suivit l'homme qui la tirait doucement vers le couloir. Les deux autres filles ne les lâchèrent pas du regard avant de les voir disparaître. Elles se lancèrent des regards complices et admiratifs, tout en gloussant, avant de se mettre à chuchoter entre elles.

- Cessez de vous comporter comme des gamines ! Leurs ordonna Madame exaspérée.

*** ***

Le Docteur referma la porte derrière lui et s'y adossa. Il ne savait pas comment s'y prendre. Il se sentait tellement impuissant. Il aurait imaginé toutes sortes de retrouvailles avec Rose sauf celle-ci. Et il la trouvait particulièrement cruelle. Il avait retrouvé Rose certes, mais amnésique. Louve n'était qu'une partie de Rose. Les événements avaient façonnés la jeune femme qu'il avait en face de lui, en ce moment. Il se passa une main sur la nuque prit soudain de panique. Et si, elle ne retrouvait jamais la mémoire ? Non... Non... Non. Il n'était qu'un idiot pour penser à une telle chose. Ce n'est pas maintenant qu'il allait commencer à baisser les bras. Rose, sa Rose devait être quelque part en Louve. En sommeil.

Louve se retourna vers lui, un petit sourire aux lèvres qui lui réchauffa ses cœurs.

- Vous avez tenu votre promesse... Vous êtes revenu.

Le gallifréen se contenta de lui répondre par un sourire. Il se redressa de la porte et enleva son manteau qu'il jeta sur le dos d'une chaise. Il attrapa la main de Louve et la fit asseoir à ses côtés sur le lit. Il passa une main à l'intérieur de sa veste et en ressortit un papier. Il le déplia avec beaucoup de soin et le tendit à la jeune femme.

- C'est une photo de nous deux, fit le Docteur en butant un peu sur les mots.

Louve approcha la photo de son visage et l'observa avec minutie. Elle était froissée, usée, mais pas déchirée. Elle représentait une jeune femme blonde avec le Docteur. Louve ne se reconnut pas au premier coup d'œil. C'était une inconnue, différents vêtements, différente coiffure, et pourtant c'était elle trait pour trait. La Rose de la photo avait attrapée le gallifréen par la taille. Il semblait surprit mais, il avait ce regard tendre, chaud et admiratif sur elle. Rose portait sur lui, le même regard. Elle semblait sourire et rire en permanence en la présence du Docteur.

Ils avaient l'air tellement heureux sur la photo, bien insouciant du lendemain. L'image montrait toute l'intensité de ce qu'il les reliait. Quelque chose de puissant et de profond. Louve se demanda alors, si il y avait autre chose entre eux qu'une simple amitié. Mais aussi étrange qu'il soit, elle ne pouvait pas se l'expliquer mais la réponse s'imposa à elle. Non, il ne s'était rien passé entre eux. Même si il avait eut des sentiments beaucoup plus profond et qu'ils partageaient les mêmes, il semblait à Louve que l'homme n'aurait rien tenté.

- Vous m'avez l'air très proches.

Le gallifréen nota l'utilisation du vous à sa grande peine. Elle ne semblait pas vouloir admettre qu'elle était Rose.

- C'est le cas, lui répondit-il.

Louve se leva et s'approcha de la fenêtre. Elle ferma les yeux en posant son front sur la vitre froide. Elle tenta de retrouver une quelconque sensation, la moindre bribe de souvenir. Mais rien ne lui venait. Sa mémoire restait désespérément vide. Au bout de tout ce temps, elle était toujours aussi égarée. Elle était épuisée de ce combat qu'elle devait mener chaque jour. Elle cherchait sans cesse. Elle n'en pouvait plus.

Le Docteur l'observait sans un mot. Il freina sa tentation de la prendre dans ses bras. Il avait ce besoin de la sentir prés de lui, de la serrer contre lui. Et de la garder ainsi pour toujours. Il voulait tellement lui murmurer à l'oreille que tout irait bien, et bien d'autres choses. Comme ces quelques mots qu'il n'avait jamais pu lui dire...

Louve ouvrit les yeux et regarda à nouveau la photo. C'était bien elle, sans aucun doute. Le Docteur lui disait la vérité. Ils se connaissaient. Elle avait envie de savoir ce que Rose, enfin elle, avait vécue avec lui, de tout savoir. Mais, elle appréhendait. Elle avait peur de ce qu'il pourrait lui dire, qu'il lui décrive une jeune femme Rose, qui ne lui plaise pas. De savoir en fait, qui elle était vraiment. Sauf que Lili lui avait dit qu'ici, ce n'était pas sa place. Et si, sa place était aux côtés de cet homme ? Elle toucha du bout des doigts l'image comme si elle pouvait sentir ce que la Rose ressentait à ce moment là. Un espoir aussi infime qu'elle pourrait avoir une sorte de flash. Mais rien n'arriva.

Désespérément vide de tous sens, d'émotions et de sentiments. Louve agrippa ce qu'elle avait de plus précieux dans sa vie. Un objet qui n'avait pas de grande valeur en soi, mais qui représentait tout ce qu'elle était à ses yeux. Elle portait autour de son cou une clef. Une petite clef. Elle en avait passée du temps à étudier sous toutes ses facettes, cette clef, qui était le seul objet qu'elle détenait de son passé. Louve était pareil, une clef sans serrure. Elle ne servait à rien.

Elle se retourna vers le Docteur qui la scrutait de ses grands yeux noisettes silencieusement. Il y avait tellement de tristesse et de douleur dans son regard. Elle le sentait si seul. Il avait l'air d'avoir besoin de quelqu'un à ses côtés. Une personne pour lui tenir compagnie, l'aider, le soutenir. N'avait-il donc personne dans sa vie pour jouer ce rôle ? Rose, l'avait-elle tenue, ce rôle comme compagne ? Que représentait, finalement, vraiment la jeune femme pour l'homme ?

Louve se rapprocha du gallifréen et lui rendit la photo. Il la remercia d'un sourire. Elle vit ses yeux s'éclairer d'une lueur, alors qu'il regardait à son tour le cliché. Se rappelait-il à quel moment, la photo avait été prise ? Les sourires et les éclats de rires qu'ils avaient partagés alors ? Louve enviait presque Rose de le rendre un peu moins triste. Elle secoua la tête, honteuse de ce comportement. Elle s'en voulait de penser une telle chose. Elle était Rose, sa compagne d'une façon ou d'une autre. Sinon, il ne serait pas là.

Le gallifréen replia la photo minutieusement et la rangea dans sa veste.

- Par quoi voulez-vous que je commence ? Demanda-t-il.

- Comment m'avez-vous retrouvée ? Vous m'aviez dit que j'étais sensé être perdue.

- J'étais venu ici pour rendre visite à un de mes amis qui habite cette ville. Notre rencontre dans la rue, la veille, est ce qui s'apparenterait à un hasard. Comprenez-moi, Rose, vous n'étiez sensée jamais revenir, de là où vous étiez... Je ne pouvais pas savoir que vous vous trouviez ici. Sinon, croyez-moi que je ne vous...

Le reste de sa phrase resta bloqué au fond de sa gorge. Louve perçut son désarroi et posa sa main sur son bras pour tenter de l'apaiser. Elle décida de laisser sa question de côté pour le moment. Elle savait qu'elle comprendrait plus tard, pourquoi elle semblait être perdue pour lui.

- Qui êtes-vous réellement ? D'où venez-vous ?

- C'est compliqué, bredouilla-t-il en fuyant son regard. Je ne voudrais pas vous effrayer.

- Pourquoi aurais-je peur de vous ?

Il la regarda dans les yeux à la recherche de quelque chose sans vraiment savoir laquelle. Il hésita un moment avant de se lancer. Il lui saisit les deux mains doucement et les posa sur son torse, à l'emplacement de ses deux cœurs. Elle le regarda circonspecte. Elle ne savait pas comment réagir face à ce geste.

- Vous sentez ? Demanda-t-il.

- Oui, c'est votre cœur.

- Rose, écoutez bien. Fermez les yeux.

Louve obéit. Elle sentait quelque chose sous ses doigts. Des battements qui se mêlaient avec une parfaite harmonie à sa mélodie. Ces mêmes battements irréguliers qui trahissaient une certaine émotion. Elle se rapprocha du gallifréen, qui eut un mouvement de recul à cette proximité, pour mieux écouter. Cependant, elle ne le remarqua pas et posa sa joue contre son torse. Il y avait quelque chose de diffèrent. Elle pouvait le sentir maintenant. Il y avait comme une résonance, un écho. Un battement en cachait un autre. Elle releva la tête surprise.

- Je possède deux cœurs, lui expliqua-t-il. Parce que je ne suis pas humain.

Louve éprouva le besoin de le toucher. Sa main, son bras, son ventre, ses cheveux, sa joue. Si il n'était pas humain comme il le prétendait, pourquoi en avait-il l'apparence ? Le gallifréen se laissa faire. Il se laissa examiner, presque avec amusement.

- Je suis un Seigneur du Temps, annonça-t-il. Je viens d'un autre monde, d'une planète qui s'appelait Gallifrey.

Un Seigneur du Temps, c'était bien présomptueux, selon Louve. Un titre qui n'avait aucune signification pour elle et qui donnait un air trop solennel pour un homme tel que lui, et qui lui semblait surtout bien lourd à porter.

- Es-ce que je suis comme vous ? Demanda-t-elle hésitante.

- Non, vous êtes humaine. Cependant, vous n'êtes pas de cette époque...

- Je ne comprends pas...

Le gallifréen se leva et l'attira vers la fenêtre avec lui.

- Je suis un voyageur du temps. Vous voyez ces étoiles ? Je vous faisais découvrir leurs mystères, leurs passés, leurs futurs. Vous partagiez ma vie en tant que compagne. Et puis, il y a eut cette bataille et...

La voix du gallifréen se brisa et le cœur de Louve se serra douloureusement. Il n'était pas humain et alors ? Elle, ce qu'elle voyait c'était un homme qui avait mal, qui était gentil avec elle et qui la traitait avec respect. Peu importe qu'il lui disait des choses farfelues, elle le croyait. Voyager dans les étoiles, aussi étrange qu'il soit, lui paressait comme un rêve qu'elle pouvait toucher du bout des doigts.

Elle passa ses bras autour de la taille de l'homme et se blottit contre lui. Plus par envie de le réconforter que d'être contre lui. Le Docteur fut surprit, puis sourit. Rose avait toujours été comme cela, si généreuse, si sensible. Elle avait toujours su si bien le consoler. Elle avait toujours su, aussi, être là quand il en avait besoin ou s'effacer quand il voulait être seul. C'était tellement elle, tout ça.

- Rose, partez avec moi... Maintenant...

Louve se figea contre le gallifréen. Les paroles du Docteur ressemblaient plus à un cri du cœur. Quelque chose en la jeune femme lui hurla de le suivre au moment même où leurs yeux se rencontrèrent. Un instinct si puissant qui la prit totalement au dépourvu que pendant quelques secondes, elle faillit l'écouter. Non, pas maintenant. C'était trop tôt. Et puis, elle ne le pouvait pas. Elle était redevable à Madame.

- Je ne peux pas... Souffla-t-elle.

- Pourquoi ? Lui demanda-t-il.

- Je... Je... J'ai une dette envers Madame. Elle m'a sauvée la vie et m'a accueillit. Je travaille pour elle pour la rembourser.

- Ce n'est pas une raison. Si ce n'est que cela, laissez-moi régler ce détail insignifiant.

- Vous feriez cela ? S'exprima-t-elle surprise.

- Et bien plus Rose... Et malgré cela, je ne pourrais vous rendre tout ce que vous m'avez apportée et donnée dans ma vie. Jamais, une personne avait fait tant pour moi... Je vous promets que...

- Je ne peux pas vous laisser faire cela, Monsieur, le coupa-t-elle. Parce que ce n'est pas à vous de régler ma dette.

Le Docteur ferma les yeux. Il avait décidément trop déteint sur elle. Elle était comme lui, trop bornée, trop fière pour demander de l'aide, de dire à la personne que vous aimez que vous avez besoin d'elle. Si il avait cessé de fuir Rose, peut-être que tout se serait passé différemment ? Si... Comment un simple et ridicule mot pouvait tellement exprimer ? Tellement hypothétique. Tellement injuste.

Louve se détacha du gallifréen et lui saisit la main. Il la suivit docilement jusqu'au lit. Elle y grimpa et s'adossa contre sa tête. Elle lui sourit et sans qu'il ne demande la moindre explication, il s'assit en tailleur face à elle. Il était temps pour elle, de faire le pas.

- Racontez-moi, fit-elle.

- De quoi ?

- Contez-moi votre histoire avec Rose. Notre histoire, se reprit-elle.

- Tout ?

- Dans le moindre détail, j'entends.

- C'est une très longue histoire, Rose. La nuit ne sera pas assez longue...

- Hé bien, cela nous donnera une raison de plus pour que nous nous retrouvions le soir...

Le Docteur sourit. L'un des plus sourires qu'il lui avait offert jusque là. Il tâta ses poches à la recherche de quelque chose, puis il reprit la photo qu'il venait de sortir tout à l'heure. Il prit une grande inspiration et d'une voix emplit d'une certaine nostalgie, il commença son récit...


egedan  (29.11.2008 à 12:18)

Le Docteur raconta à Louve l'histoire d'une jeune terrienne Rose Tyler, qui de ses dix-neufs printemps travaille comme vendeuse dans un grand magasin. Elle y rencontre dans les sous-sols, un homme étrange qui la sauve de mannequins en plastique. Cet homme, c'est lui le Docteur. Les circonstances font qu'ils se trouvent sans cesse sur le chemin de l'autre. Elle lui sauve la vie. La Terre, aussi, par la même occasion. Rose Tyler ne faisait jamais les choses à moitié. Par ce geste, elle lui prouve ainsi toute sa valeur et il lui propose alors de l'accompagner dans ses voyages. C'est ainsi que Rose Tyler devient la compagne du Docteur.

Le gallifréen lui conta à partir de là, la vie de Rose à bord du Tardis, extraordinaire mais pas moins mouvementée, et de toutes leurs aventures qu'ils avaient partagés ensemble. Il lui parla de tout, sans toute fois s'appesantir sur quelques moments ambigus qui les mettaient en jeu elle et lui. Louve était avide de tout savoir, de tout connaître sur Rose. Il lui parla donc de Jackie, sa mère, Mickey et aussi du capitaine Jack Harkness. Des extraterrestres, ce qui la fit beaucoup rire. Il accompagnait son récit d'anecdotes et de traits d'humour.

Louve était enthousiaste pour sa part. Enfin, pas réellement enthousiaste de la situation dans son ensemble. Mais enchantée ou durant ses nombreuses heures, elle se plongeait avec le Docteur dans le passé de Rose. Son passé. Leur passé en commun. La jeune femme aimait énormément écouter le gallifréen lui conter leurs aventures. Elle voyait bien, qu'il était soulagé de lui parler de « sa » Rose, de partager ça avec elle. Il avait dans ses yeux une lueur qui se mettait à flamboyer dès qu'il parlait d'elle. Louve avait, alors, un peu mieux comprit ce qui les unissaient, elle, Rose et le Docteur. Ils avaient eut des gestes envers l'un et l'autre qui trahissaient leurs sentiments. Malgré tout, elle avait la sensation qu'il cachait des choses volontairement sur Rose et lui.

La jeune femme, avec toute la profusion de détails que le Docteur lui donnait, n'avait aucun mal à imaginer la vie de Rose à ses côtés. C'était une vie trépidante, d'aventures, de rencontres, ou surtout le Docteur en était le centre. Autant, elle voulait savoir qui elle était et de ce qu'était sa vie, autant, elle voulait en apprendre toujours plus sur le gallifréen. Mais, il restait désespérément secret sur sa vie. Celle avant Rose. Louve se demanda alors quels secrets, quelles souffrances pouvait-il bien cacher en lui. Pourquoi, il semblait aussi porter sur ses épaules un très lourd fardeau. Cependant, elle se contenta simplement de l'écouter.

Le récit du Docteur fut long. Ils y passèrent d'agréables nuits, ponctuées d'éclats de rires et de moments complices. Le gallifréen devait bien souvent interrompre son histoire passionnante au bout de quelques heures. Bien que Rose luttait pour rester éveillée, le sommeil gagnait le plus souvent la bataille. Il se contentait, alors, de se rapprocher d'elle, de la prendre dans ses bras et de partager ce moment avec elle, finissant à son tour par s'endormir. Parce qu'il ne pouvait pas tout simplement se contenter de la regarder dormir, il avait besoin de sa présence tout contre lui. Depuis bien longtemps, il ne s'était sentit si bien.

Chaque matin, à l'aube, ils se réveillaient simultanément, ce qui les amusèrent beaucoup. Ils ne parlaient pas. Ils s'observaient simplement. Les cloches de l'église finissant par leur faire quitter cet univers qui n'appartenait qu'à eux et dont le Docteur prenait un soin tout particulier à reconstruire. Alors, il se levait, remettait son long manteau puis embrassait Louve sur la joue en lui murmurant un « à ce soir ».

Et pendant que Louve attendait avec impatience le soir, ou le Docteur débarquait dans le salon, son petit sourire sur les lèvres, ou elle lui prenait la main, chaude et douce qu'il lui tendait et qu'il y entrelaçait leurs doigts, avant de rejoindre cette chambre qui était devenu un abri, un refuge ou rien ne pouvait les atteindre. Le Docteur, lui, courrait comme si sa vie en dépendait, au Tardis, pour faire un bond dans le temps de quelques heures afin de retrouver Rose. Chaque soir, elle s'installait, adossée à la tête du lit, le gallifréen face à elle. Puis, il se lançait à nouveau dans son récit.

Et un soir, à sa plus grande surprise, il lui avait offert une magnifique fleur. Une hémoralle bleue, qui selon Lili, dans le langage des fleurs signifiait persévérance. Une belle de jour, sensée être éphémère, mais qui étrangement ne s'était toujours pas fanée. Elle l'avait observée, attendrit d'une telle attention, et troublée par son comportement. Lui, qui semblait être si sûr de lui, avait paru intimidé de son geste à ce moment là. Elle l'avait remerciée en l'embrassant sur la joue, émue. C'était la première fois que quelqu'un lui offrait des fleurs. Et, elle avait cru le voir rougir, l'espace d'un bref instant.

Cependant, ce soir, Louve trouvait le gallifréen agité, mal à l'aise comme si il s'apprêtait à raconter quelque chose de terrible et d'horrible. Il avait de plus en plus de mal à la regarder dans les yeux. Plus, il avançait dans son récit, plus il butait sur les mots. Elle le sentait surtout plus distant avec elle. Sa joie de lui raconter avait disparue. Ses yeux ne brillaient plus de cette intensité qu'elle aimait tant voir, remplacé par un regard sombre, torturé et porteur d'une certaine culpabilité. La jeune femme, ne comprenant pas au début ce changement d'attitude, commençait tout juste à saisir, ce qu'il s'apprêtait à raconter. Elle allait enfin savoir la raison qui faisait qu'elle ne voyageait plus avec lui. Mais, surtout, pourquoi, il croyait l'avoir perdu à jamais.

Le Docteur venait de commencer à lui raconter les événements de Canary Wharf. Ils en étaient au moment ou elle était revenue de l'autre monde, celui de Pete, pour l'aider à refermer le mur. Cela faisait quelques minutes que le gallifréen gardait le silence. Il eut une profonde respiration, ce qui fit soulever ses épaules. Il chassa une poussière imaginaire de son pantalon. Elle décida de faire quelque chose. Elle se rapprocha tout doucement puis lui prit les mains pour le soutenir, lui montrer qu'il n'était pas tout seul. Ses mains étaient glacées. Elles, qui d'habitude étaient si chaudes. Il avait mal et elle le sentait. Elle leva les yeux vers lui et rencontra un visage blême et triste.

- Qu'est ce qui s'est passé par la suite, Monsieur ?

Le gallifréen baissa la tête, et elle sentit ses doigts se resserrer davantage autour des siens.

- Nous avons ouvert la brèche, chacun de notre côté, commença-t-il d'une voix basse. Les Daleks et Cybermen disparaissaient dans le vide, pendant que nous nous accrochions à ces pinces magnétiques, pour ne pas nous-même faire engloutir. Et puis, je ne sais pas ce qui s'est passé... Le levier de votre côté s'est abaissé. Et malgré le risque encourut, vous êtes allée le réactiver. Sauf que le vide vous aspirait. Vous vous accrochiez de toutes vos forces au levier mais cela n'a pas suffit. Et... Et, je vous ais vu... Cependant, Pete est revenu, juste à temps. Il vous a sauvé du vide en vous emmenant dans son monde. Lui. Et la brèche s'est refermée définitivement.

Louve venait d'écouter silencieusement. Elle commençait tout juste à assimiler ce qu'il venait de lui raconter. Elle comprenait mieux cette douleur, cette plaie qui n'avait pas pu cicatriser. N'était-ce pas la plus ignoble des séparations ? Voir celle qui était devenue votre compagne, une amie et bien plus, avec qui vous partagiez la vie depuis un long moment, disparaître brutalement de votre vie ? Car quelque part, vous croyiez qu'ensemble, rien ne pouvait vous arriver et que votre histoire, elle, n'était pas prête à se terminer. C'était terrible. Affreux. Intolérable.

- Je suis désolé Rose. Je... J'au...

Le gallifréen ferma les yeux, incapable de prononcer un mot de plus. Il avait la gorge nouée. C'était si douloureux. Louve le sentait trembler. Elle leva ses mains pour encadrer son visage.

- Pourquoi êtes-vous désolé ?

Il consentit à rouvrir les yeux mais ce qu'il voyait était troublé par des larmes qui menaçaient de couler d'une seconde à l'autre.

- C'est de ma faute ! Si vous saviez comme je m'en veux ! Tout est de ma faute ! J'aurais du faire quelque chose !

C'était ce mal qui le rongeait et qui le détruisait à petit feu. La culpabilité. Il avait perdu Rose par sa faute. Il avait bien vu qu'elle commençait à lâcher prise. Bien qu'elle soit téméraire, elle ne pouvait lutter contre le vide. Il aurait du faire quelque chose. Ne serait-ce tenter quelque chose pour essayer de la sauver... Mais non, il n'avait rien fait. Il n'avait pu que rester là, à s'accrocher à sa pince et à la voir petit à petit glisser vers la brèche. La peur l'avait paralysé. Et à cause de cela, il avait perdu Rose.

Il avait été si lâche de l'envoyer dans le monde de Pete pour la mettre en sécurité avec sa mère, sans lui demander son avis. Avec quel soulagement, il l'avait vu revenir vers lui. Elle, au moins, avait eut le courage de lui dire que cela faisait longtemps qu'elle avait choisit de passer le reste de sa vie avec lui. Rose lui avait tant donnée. Elle lui avait si souvent prouvée qu'elle était prête à mourir pour lui... Et lui qui avait si peur de la perdre, qu'on le lui arrache, il n'avait rien fait pour la retenir dans sa vie. Il avait eut une maigre consolation à sa peine. La jeune femme n'était pas morte, mais en vie dans l'autre monde avec toute sa famille autour d'elle pour la soutenir et la réconforter. Et il avait du se résigner difficilement à vivre sans elle.

Il était l'unique responsable. C'était à cause de lui que Rose avait disparue de sa vie. Il aurait du faire quelque chose pour la sauver. Que si il avait tenté de le faire, la jeune femme serait, peut-être encore, à ses côtés, la main dans la sienne à courir pour leur vie tout en riant. Surtout, elle n'aurait pas eut à vivre ces derniers mois, à « ça ».

- Je suis désolée Rose ! Désolé ! Fit-il d'une voix brisée. Je n'ai rien fais ! C'est de ma faute ! Je suis si désolé !

Les larmes, qu'il ne parvient plus à contenir, commencèrent à rouler doucement sur ses joues. Il ne pouvait plus faire semblant que tout allait bien. La culpabilité le rongeait depuis tant de temps. La voix tremblante du Docteur fit sursauter le cœur de Louve. Elle croisa son regard. Elle n'avait jamais vu un tel vide dans ses yeux chocolat. La gorge sèche, elle ne put répliquer, alors elle lui tendit les bras, et il s'y réfugia comme un enfant. A la vue de ses larges épaules secouées par les sanglots, elle eut le besoin irrésistible de protéger le Docteur. Cet homme à qui la vie lui avait arrachée la seule personne à laquelle il tenait plus que sa propre vie. Elle l'enlaça et le serra contre elle pendant qu'il continuait de pleurer. Louve se promit de le soigner comme l'animal blessé trahi par la vie, et qui ne recherchait que le pardon.

- Je suis désolé...

Les bras de la jeune femme était là, pour lui. Il ne lui faisait que du mal alors qu'elle ne le méritait pas. Il ne savait que détruire. Et elle s'offrait à lui, une nouvelle fois. Elle n'avait jamais cessée de lui ouvrir ses bras. Ils étaient son refuge, un endroit chaud et accueillant, « son chez lui ». Une bulle ou il se sentait renaître de ses peines et de ses douleurs. Il s'y accrocha de toutes ses forces. Louve se pencha vers lui puis lui murmura des mots. Les seuls mots qui étaient capable d'atténuer les plaies de son âme.

- Chut... Cessez de vous sentir coupable. Ce n'est pas de votre faute. C'est ce que Rose vous dirais, si je pouvais me souvenir. Ce qui s'est passé n'est en aucun cas de votre faute...

Les cheveux de Rose frôlaient sa peau, son parfum l'enivrait. Sa présence le rassurait. Il désirait rester ainsi. Ne plus bouger pour profiter pleinement de ce moment de sérénité. Sérénité qu'il n'avait jamais retrouvé depuis la disparition de la jeune femme de sa vie. Il aurait pu faire comme le reste du temps, garder tout en lui, serrer les poings jusqu'à saigner, serrer les dents et ravaler ses larmes. Mais il en avait assez de paraître fort, sans aucune faille, alors qu'au fond de lui, il n'était qu'un homme blessé.

La chambre était silencieuse, malgré les sanglots qu'elle entendait. Qu'il pleure si cela pouvait le soulager, qu'il pleure si cela pouvait évacuer sa culpabilité, qu'il pleure si cela pouvait effacer toutes les peines du passé. Cette fragilité de sa part, elle la garderait pour elle, dans sa mémoire sans jamais revenir dessus. Si il lui faisait assez confiance pour verser des larmes devant elle, elle se promettait de garder ce moment pour elle et de devenir la gardienne de ses secrets.

Le Docteur pleura. Un long moment. Déversant toutes les larmes qu'il retenait depuis bien trop longtemps. Louve ne cessa jamais de le garder blottit contre elle. Petit à petit, les larmes cessèrent. Il s'affaissa dans ses bras et il finit par s'endormir, vidé et épuisé par toutes ses souffrances qu'il portait en lui. Elle lui déposa un baiser dans les cheveux avant de lui chuchoter quelques mots au creux de son oreille.

- Reposez-vous, mon Docteur... Tout ira bien, maintenant... Je suis là... Je vais veiller sur vous.


egedan  (06.12.2008 à 12:44)

Durant toute la nuit, Louve ne bougea pas. La tête du gallifréen sur ses cuisses, elle lui caressa les cheveux avec beaucoup de tendresse faisant glisser de temps à autre ses doigts sur la peau rugueuse de sa joue. Elle resta éveillée toute la nuit, réfléchissant à tout ce qu'il venait de lui confier. A tout ce que Rose avait vécue avec lui. Qu'avait-elle à perdre de le suivre ? A se sauver de cette vie qu'elle détestait ? Rien. Rien ne la retenait ici. Elle se mentait à elle-même depuis le début. Même si sa mémoire lui faisait défaut, son cœur connaissait le Docteur. L'esprit pouvait oublier mais un cœur non. Les sensations étaient bien plus fidèles.

Et si, elle avait bien tout suivit ce qu'il lui avait raconté, elle n'avait plus de famille dans cette dimension. Sa mère et Mickey se retrouvaient dans le monde de Pete. Plus d'attaches. Elle était seule. Enfin non, ce n'était pas vrai. Le Docteur était là. Il était tout ce qu'il lui restait. Elle était tout ce qu'il lui restait. Elle comprenait maintenant cette détresse qu'elle avait pu lire dans ses yeux lorsqu'il l'avait retrouvé. Elle était censée être bloquée dans l'autre univers, à jamais perdue pour lui. Cependant, elle était revenue. Ce qui était dans la mesure de l'impossible.

Et son retour l'intriguait de plus en plus. Comment avait-elle fait pour revenir ? Son amnésie en était-elle une conséquence directe ? Quelle était la raison qui l'avait poussée à venir ici, dans cette ville en particulier ? Il y avait tellement d'autres questions auxquelles elle voulait trouver des réponses. Elle voulait comprendre ce qui lui était arrivée. Et pour cela, il fallait qu'elle se souvienne. Qu'elle retrouve sa mémoire. Pour elle. Mais pour lui avant tout. Il avait besoin de retrouver sa Rose. Louve n'en était qu'une infime partie. Elle savait ce qu'elle devait faire. Elle venait de faire un choix.

Le gallifréen remua dans ses bras, la sortant de ses réflexions. Elle sourit en le sentant se réveiller. Elle jeta un coup d'œil à la fenêtre. Le soleil commençait à se lever. Les bras du Docteur raffermirent leur emprise autour de sa taille. Durant toute la nuit, il n'avait pas desserrer son étreinte, s'agrippant à elle comme si il avait peur qu'elle disparaisse de son existence, une nouvelle fois. Mais cela, il en était hors de question.

- Rose, chuchota-t-il la voix encore endormie.

- Je suis là, Docteur.

Louve ne vit pas le sourire fleurir sur les lèvres du gallifréen. Elle venait de l'appeler Docteur. Ce n'était plus Monsieur. Un petit changement, certes, mais qui représentait tant pour lui. C'était la promesse de nouvelles choses. Il sentait avec une certaine béatitude, les doigts de sa compagne passer dans ses cheveux. Il se sentait si bien. Plus léger aussi. Enfin serein. Il avait enfin réussit à extérioriser ce qu'il gardait en lui depuis trop de temps. Notamment, cette culpabilité d'avoir perdu Rose. Il était soulagé de lui avoir dit. Cette nuit était bien la toute première ou il n'avait pas fait ce cauchemar qui le réveillait en sueur, tremblant, alors qu'il poussait un cri déchirant le silence si paisible du Tardis. Il resterait bien, ainsi, pour toujours dans les bras de sa si merveilleuse Rose.

Il roula sur le dos, gardant toujours sa tête sur les cuisses de Rose. Leurs regards se croisèrent et ils se sourirent simultanément du même sourire chaleureux. Il leva la main vers le visage de la jeune femme et y posa ses doigts pour s'assurer qu'elle était bien réelle, qu'elle n'était pas qu'une simple illusion. Il caressa tendrement sa joue. Un geste bien innocent qu'il avait tant de fois refoulé auparavant.

- Comment allez vous ? Lui demanda-t-elle.

- Mieux. Grâce à vous.

Louve se pencha vers lui et déposa un baiser sur son front. Il ferma les yeux, mémorisant cet instant dans sa mémoire. Elle ne parlerait pas de ce qui s'est passé cette nuit. Et lui non plus. Ce moment resterait à jamais gravé dans leurs cœurs. Ce moment qui n'appartenait qu'à eux. Les yeux toujours clos, il sentit à nouveau les doigts de Rose caresser ses cheveux. Une porte grinça, des gloussement et des murmures se firent entendre.

- L'aube s'est déjà levé, n'est-ce pas ?

- Oui, lui répondit la jeune femme avec une pointe de tristesse.

Louve ne voulait pas qu'il parte. Elle désirait que ce moment qu'ils partageaient ne connaisse jamais de fin. Elle voulait continuer à lui caresser les cheveux, l'aider à aller mieux. Mais à son grand regret, le Docteur se redressa et se leva. Il lui tendit la main et l'aida à s'extraire du lit à son tour. Sans échanger un mot, elle l'aida à remettre son manteau. Puis, elle le suivit à la porte. Il l'ouvrit. Ils se retrouvèrent tous les deux sur le seuil. Comme chaque matin, il se pencha vers elle et l'embrassa sur la joue. Il lui offrit un magnifique sourire en lui promettant qu'il reviendrait ce soir. Les regards s'accrochèrent et ne parvinrent plus à se détacher. Le Docteur attrapa la main de Rose dans la sienne et il se rapprocha encore un peu plus d'elle. Il n'y avait pratiquent plus d'écart entre eux. Il posa son front sur celui de la jeune femme réduisant à néant cette distance d'elle.

- Venez avec moi... J'ai besoin de vous.

Louve sentait le souffle chaud du gallifréen sur la peau de sa joue. Elle lisait tellement de choses dans ses yeux. C'était tellement sincère ce qu'il venait de lui dire, mais aussi tellement emplit de détresse. Il lui semblait à la jeune femme que c'était la première fois qu'il avouait une telle chose, qu'il avait besoin d'aide. Qu'il avait surtout besoin de Rose.

- Pas encore, lui répondit-elle. Je dois régler certaine choses avant...

Le rythme des cœurs du Docteur s'emballa. Elle venait de dire « avant ». Il sourit. Il savait qu'il avait réussit. Elle allait le suivre. Il allait rentrer avec elle dans le Tardis. Chez lui. Chez eux. Cela n'avait jamais cessé d'être chez elle.

- Vous savez, personne ne n'avait fait attendre de la sorte, si longtemps avant vous...

- Il est vrai que vous me semblez plutôt ressembler à un preux et impétueux chevalier, prêt à tout pour sauver sa Belle du méchant dragon qui la garde prisonnière.

- Quelque chose comme ça, en effet, rit-il. Et, cet homme vaillant est capable de bien des choses pour sa Bien-aimée.

- Oh, je vois ! Fit-elle avec un sourire radieux. Comme l'enlever et l'emmener sur son beau destrier d'une blancheur immaculée !

- Ha, non ! Il est bleu, mon noble destrier. Une magnifique boîte bleue !

Louve rit à son tour, et posa sa tête sur l'épaule du gallifréen. Si là, il la soulevait dans ses bras et l'emmenait loin d'ici, elle ne protesterait pas. Elle serait bien incapable de résister. Il pouvait l'enlever, si l'envie lui prenait. Elle savait dorénavant, qu'elle le suivrait les yeux fermés, comme Rose l'avait fait, il y a un temps, en acceptant de partir avec un parfait inconnu, qui lui promettait de voir les étoiles, de les toucher. Il était son Docteur. Elle était sa Rose. N'était-ce pas suffisant à savoir ?

- Je pense qu'il est temps pour moi d'y aller, dit-il sans grande conviction.

La jeune femme ne répondit pas. Le monde pouvait bien s'écrouler autour d'elle, elle s'en moquait éperdument. Elle était contre lui, c'était tout ce qui lui importait. Et le Docteur semblait partager son avis. Une porte s'ouvrit, des pas lourds dévalèrent l'escalier mais aucun des deux ne s'en préoccupa. Finalement, c'est Louve qui se détacha du Docteur. Elle lui sourit. Leurs doigts toujours enlacés, elle le raccompagna à l'escalier. Il commença à descendre les marches, une à une, sans toute fois lâcher sa main. Il préféra laisser glisser ses doigts des siens. Quand, ils se détachèrent, chacun ressentit une vague de froid l'envahir. Le gallifréen lança un dernier regard à Louve remplit d'espoir et de tendresse. La jeune femme le regarda disparaître dans la pénombre de l'escalier, puis poussa un long soupir en s'appuyant contre le mur. Quelque chose tout au fond d'elle, lui disait qu'elle aurait du partir avec lui ce matin. Qu'elle aurait du se laisser enlever. Que son preux chevalier était là pour la protéger. Elle agrippa la clef entre ses doigts. L'envie de dévaler les marches la submergea. De courir après le Docteur, de lui sauter dans les bras, et de lui dire de l'emmener avec lui ou il voudra.

Louve posa son pied sur la première marche, et resta immobile dans cette position. Son instinct lui hurlait de partir, de ne surtout pas attendre une seconde de plus. Il fallait qu'elle rejoigne le Docteur. Oui, mais voilà, elle ne souhaitait pas partir sans dire au revoir aux filles. Elle ne pouvait pas leur faire cela. Elles avaient toujours été là pour elle dans les moments pénibles et douloureux. Et puis, elles étaient devenue comme une famille, certes très invraisemblable, mais exceptionnelle. Et on ne quittait pas sa famille sans lui faire des adieux. Elle secoua la tête. Il fallait qu'elle soit patiente. Elle le rejoindrait. Elle partira avec lui. Bientôt. Ce soir, même.

*** ***

La jeune femme allait retirer son pied de la marche quand elle se sentit attirée vers l'arrière. Elle fut projetée sur le sol. Sa tête heurta le plancher recouvert d'un tapis, mais elle n'y accorda pas plus d'attention. Elle leva les yeux. Madame se tenait au-dessus d'elle. Et Louve sut au moment même ou elle croisa son regard, animé d'une certaine colère, qu'elle venait de commettre une énorme erreur en ne suivant pas son instinct.

- Ou est-ce que tu allais comme ça, Louve ? Lui demanda Madame d'une voix sifflante. Tu allais le rejoindre. Hein ?

La jeune femme ne rétorqua pas. Elle se releva, la tête haute pour affronter la tenancière.

- Tu ne passera pas une nuit de plus avec lui ! Je t'interdis de le revoir !

Louve se figea. Non ! Pas maintenant. La tenancière ne pouvait pas lui faire cela, juste au moment ou elle avait fait son choix. Elle comprit que l'heure de régler sa dette et de solder leurs comptes était arrivée. Elle devait reprendre sa liberté à Madame.

- Non ! Trancha-t-elle d'un ton glacial qui la surprit elle-même. Je vous quitte ! Je dois partir !

- Si tu crois que cela sera aussi simple, ma petite ! Lui répliqua la tenancière. Je ne te laisserais jamais partir d'ici ! Tu m'entends ? Je me moque éperdument de ce que tu veux ! Ici, c'est moi qui donne les ordres ! Et tu me dois l'obéissance !

Madame examina sa fille. Celle qui avait été toujours si facile à manipuler, peu farouche, docile à souhait. La voilà qui remettait son autorité en question, réclamant sa liberté qui plus est ! Décidément, la petite ne semblait pas avoir encore comprit une chose. La plus importante de toute. On ne quittait pas la maison parce qu'on l'avait décidé. C'était à cause de cet homme. Il lui avait encombré la tête d'idées, de promesses complètement utopiques et illusoires. Madame ne le laisserait pas remettre un pied ici. Il ne le lui arracherait pas Louve. Si seulement, la petite pouvait comprendre qu'elle faisait cela pour son bien. Chaque matin, elle épiait le départ de l'homme. Et à chaque fois, Louve avait de plus en plus de mal à se détacher de lui. Et après ce qu'elle venait de voir tout à l'heure, elle avait décidée de reprendre la situation en main. Elle avait déjà laissée traîner cette histoire beaucoup trop longtemps. Il fallait étouffer ce qui commençait à naître. Cela ne pouvait plus continuer ainsi. Elle devait y mettre un terme.

- Tu as oubliée une règle essentielle ! S'écria Madame d'un ton venimeux. Celle qui domine toutes les autres dans cette maison ! On ne s'attache pas à un client ! Lui, oui ! Mais toi, hors de question !

Louve jeta un regard noir à la tenancière. Elle entendit du bruit au fond du couloir. Elle aperçut du coin de l'œil, les filles arrivées dans leur direction. Madame et elle avaient dues les réveiller par leurs cris, et pousser par leur curiosité, elles étaient venues voir ce qui se passait. La tenancière les avait vue aussi. Elle tendit son bras leur ordonnant ainsi de ne pas intervenir.

- Vous ne me retiendrez pas ici ! Hurla Louve.

Madame leva la main et gifla la petite violemment. La jeune femme tituba en arrière sous le choc du geste. Elle ne s'y attendait pas. La tenancière pouvait être très sévère mais n'avait jamais levée la main sur ses filles. Louve posa ses doigts sur sa joue brûlante. A ce moment, elle maudit Madame. Elle la haïssait. Elle n'avait plus aucun scrupules de quitter cette maison. La geste de la tenancière de la recueillir n'avait rien de bien généreux prit conscience Louve tout à coup. Madame avait besoin d'une fille et elle était, malheureusement, tombée au bon moment. Elle le savait quelque part. Elle l'avait toujours su, mais elle n'avait voulue voir que les bons côtés de son geste et non la vérité criante qu'elle n'était que chair fraîche à donner en pâture aux hommes. D'ailleurs, elle avait déjà assez payée de sa personne pour régler sa dette. Louve ferma les yeux et une larme solitaire roula sur une de ses joues. Non, il était hors de question qu'elle se laisse faire, qu'elle s'avoue battue devant la tenancière.

Louve avança d'un pas pour fuir. Elle devait partir. Elle passerait la porte. Elle allait courir à en perdre haleine aussi loin qu'elle le pourrait de cette maison. Elle trouverait le Docteur. Mais on ne l'empêchera pas de le rejoindre et de revenir à sa place auprès de lui. Si, elle avait pu traverser un mur pour être de nouveau à ses côtés, ce ne sera pas Madame qui allait lui en empêcher.

Elle voulut contourner la tenancière pour atteindre l'escalier mais elle glissa et se tordit la cheville. Elle sentit une douleur fulgurante la traverser de part en part, cependant elle serra les dents pour ne pas crier. Avec un gémissement, elle se releva, parvient en clopinant à la première marche et se sentit brutalement retenue par le col de sa blouse. Madame lui saisit le bras avant de le lui tordre. Louve ne parvient pas cette fois à retenir sa douleur et poussa un cri.

- Que tu le veuille ou non, tu m'appartiens, fit sournoisement Madame. Tu as toujours ta dette envers moi. Ce qui me donne tous les pouvoirs sur toi, ma petite. Notamment celui de faire ce que je veux de toi.

La tenancière commença à tirer Louve pour qu'elle la suive. Mais, les filles qui avaient jusque là observées la scène passivement se mirent en travers de son chemin.

- Déguerpissez de ma vue ! Leurs ordonna-t-elle.

Les quatre jeunes femmes ne bougèrent pas, protestant leur désaccord de cette manière. Madame, rageuse de cet affront, serra un peu plus fort le bras de Louve qui émit un nouveau cri.

- Solidarité ! Oh ! Que c'est beau ! Mais jusqu'à quel point ? Continuez sur cette voie, et je vous mets toutes à la porte ! Vous savez parfaitement que personne ne voudra de vous en dehors de cette maison ! Ou mieux, je vous fais enfermer !

Elles se regardèrent mutuellement, s'interrogeant du regard tout en gardant leur position. Soudain, les filles écarquillèrent les yeux et reculèrent. Louve sentit un souffle glacial envahir son ventre. Elle en savait la cause. Robert...

- Un problème, Madame, peut-être ? Demanda-t-il sans cacher son amusement.

Louve, tout à coup étrangement calme comme si elle avait acceptée son triste sort, regarda chacune de ses sœurs dans les yeux et secoua la tête négativement. La seule qui l'obligea à soutenir son regard fut Lili. Bien malgré elle, la jeune femme eut un maigre sourire face à cette attitude. Lili et son foutu caractère, la chef de leur famille, qui se battait pour la protéger de Madame et de Robert. Elle n'hésitait jamais à se sacrifier pour la famille. Mais, pas cette fois ci, les risques étaient bien trop grands pour elle et les autres. La menace de la tenancière était bien réelle. Et la « maison » était tout ce qu'elles avaient.

- Tout ira bien, dit-elle pour la rassurer.

Oui, tout irait bien. Elle en avait le sentiment car le Docteur allait revenir. Il ne l'abandonnerait pas. Il l'a sortirait d'ici et l'emmènerait avec lui très loin. Les filles la dévisagèrent un instant avant de se dégager à contre-cœur du chemin. Un sourire de victoire fleurit sur les grosses lèvres de Madame. Elle tira Louve et la força à descendre les escaliers. Puis, elle la traîna le long d'un couloir. Elle ouvrit la porte de la cave et y jeta la petite. La jeune femme tomba lourdement sur le sol crasseux et humide.

- Tu ne sortira pas d'ici avant ce soir ! Hurla Madame. D'ici là, tu aura tout le temps de réfléchir aux conséquences de ta désobéissance !

La tenancière claqua la porte brutalement puis la verrouilla dans un bruit sinistre. Louve se retrouva totalement dans le noir. Elle agrippa la clef à travers le tissu de sa blouse. Elle sentait la chaleur qu'elle lui procurait. Et étrangement en cet instant, elle remarqua que cette chaleur était très proche à celle du Docteur. Elle retira la chaîne de son cou. La clef luisait d'une lumière dorée. Louve ferma les yeux et se mit à fredonner cette mélodie qu'elle aimait tant, et qui arrivait toujours à la rassurer et à l'apaiser.


egedan  (13.12.2008 à 13:11)

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choup37, 15.04.2024 à 10:15

Il manque 3 votes pour valider la nouvelle bannière Kaamelott... Clic clic clic

chrismaz66, 15.04.2024 à 11:46

Oui cliquez;-) et venez jouer à l'animation Kaamelott qui démarre là maintenant et ce jusqu'à la fin du mois ! Bonne chance à tous ^^

Supersympa, 16.04.2024 à 14:31

Bonjour à tous ! Nouveau survivor sur le quartier Person of Interest ayant pour thème l'équipe de Washington (saison 5) de la Machine.

choup37, Hier à 08:49

5 participants prennent part actuellement à la chasse aux gobelins sur doctor who, y aura-t-il un sixième?

chrismaz66, Hier à 11:04

Choup tu as 3 joueurs de plus que moi!! Kaamelott est en animation, 3 jeux, venez tenter le coup, c'est gratis! Bonne journée ^^

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