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Interdit aux moins de 16 ans

La clef des souvenirs

Série : Doctor Who (2005)
Création : 29.10.2008 à 18h12
Auteur : egedan 
Statut : Terminée

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Le Docteur jura entre ses dents. Ce n'était vraiment pas le moment. Il jeta un coup d'œil sur l'écran de contrôle, avant de tomber lourdement sur le sol à causse d'une secousse. Le Tardis était ballottée dans tous les sens. Il s'accrocha au siège. Les lumières vacillèrent. Ce n'était vraiment pas bon signe, pensa le gallifréen en se relevant. Il se mit à genoux et regarda à nouveau sur l'écran, des perturbations dans le vortex déstabilisaient le vaisseau. Le Docteur tenta de se relever, mais fut projeté sur le sol une nouvelle fois. Il fallait à tout prix qu'il récupère le contrôle du Tardis. La situation aurait pu le faire sourire ou l'amuser dans d'autres circonstances. Pas en ce moment. Il devait rejoindre Rose. Il passa la main dans la poche de sa veste et en retira son tournevis sonique, puis il le régla. Cependant, la console eut un court circuit, et le gallifréen dû se protéger le visage de ses bras des étincelles qui s'en projetaient. Malheureusement, ce court circuit ne fut que le premier d'une longue série, des étincelles crépitaient de toutes parts dans la salle de contrôle.

- Mais par Rassillon ! Qu'est-ce qui se passe ? Hurla le Docteur.

Le Tardis était toujours secouée. Le gallifréen, d'un bond, se remit sur ses deux pieds, s'accrochant désespérément au rebord de la console pour garder un semblant d'équilibre. Il fit le tour de la console poussant, tournant, tirant, boutons ou leviers. Le vaisseau était en train de perdre de la vitesse. Il se précipita sur l'écran, évitant de retomber à plusieurs reprises sur le sol. Les traits de son visage se pétrifièrent en une expression d'affolement. Il se passa une main dans les cheveux.

- Non, non, non, non ! Ce n'est pas possible !

Les perturbations avaient finies par affaiblir le vaisseau. Elle tombait dans le vortex, ricochant dans le temps. Et le Docteur ne pouvait même pas esquisser la moindre manœuvre de secours. Il ne lui restait plus qu'à attendre qu'elle s'écrase quelque part. L'atterrissage n'allait pas se passer tout en douceur. Le Tardis se cogna à plusieurs reprises dans le vortex avant d'y être rejetée brutalement. Une secousse projeta le gallifréen sur une colonne, et la violence du choc l'assomma.

Le Docteur reprit connaissance qu'une dizaine de minutes plus tard. Sa tête lui faisait un mal de chien. Il ouvrit les yeux. Il ne voyait rien à par quelques gerbes de lumières. Il les referma et se passa une main sur sa tête. Il toucha à peine le haut de son crâne, qu'il grimaça de douleur. Encore une jolie bosse pour sa collection, ironisa-t-il. Cependant, il se reprit rapidement. Il y avait Rose avant tout. Le reste passerait après. Il tenta d'ouvrir les yeux, une nouvelle fois. Sa vision était trouble, mais il voyait. Il se releva péniblement, en s'appuyant sur la colonne. Il vacilla, tout le Tardis semblait tourner autour de lui. Il prit appui sur le bord de la console et tira l'écran de contrôle vers lui. Il plissa des yeux pour tenter d'avoir une vision plus clair, mais tout restait flou. Il sortit ses lunettes de sa poche et les posa sur son nez. Il y avait du mieux.

Une fantastique sarcastique résonna dans le vaisseau. Le Tardis se retrouvait en pleine ère glaciaire ! Il secoua la tête, espérant retrouver un semblant d'ordre. Il appuya sur quelques boutons pour lancer un diagnostic des systèmes. Il grimaça en entendant des étincelles crépiter. Il se baissa, souleva la grille et plongea la tête sous la console. C'était pire qui ne l'imaginait. Un bip sonore retentit et il se releva aussitôt vers l'écran. Il se passa une main sur le visage. Encore plus pire. Voir désastreux. Il en avait pour un moment avant de remettre le Tardis en état. Furieux, il balança un coup de pied dans la console. Il le regretta aussitôt en sentant la douleur dans ses orteils. Et puis, le Tardis n'y était pour rien. Seulement, il n'avait pas de temps à perdre, ce qui était un comble en tant que Seigneur du Temps ! Rose ne devait attendre. Il se précipita ramasser son tournevis, enleva sa veste qu'il jeta sur la banquette, puis descendit sous la console. Il fallait réparer le Tardis. Le plus vite possible.

*** ***

Louve éternua une nouvelle fois. La cave était humide et elle avait froid. La clef qu'elle avait remise autour de son cou brillait toujours. Ce qui permettait à la jeune femme de ne pas se retrouver totalement dans le noir. Elle s'en était même servie pour faire le tour de la pièce, la fouillant de fond en comble, sans rien trouver d'utile pour lui permettre de s'échapper. La seule issue possible était une lourde porte en bois. Elle était tout bonnement enfermée. Prisonnière de la tenancière, ce qu'elle avait toujours été dans un sens. Il ne restait plus qu'à Louve, attendre. Elle pensa à ses sœurs. Elle avaient osées défier Madame, tout à l'heure, qui ne pardonnerait pas une telle offense. La tenancière avait dû les enfermer elles-aussi dans la chambre pour le reste de la journée. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres malgré la situation, à l'idée que Lili sans aucun doute devait échafauder un plan pour l'aider à s'enfuir de la maison et lui permettre ainsi de rejoindre le Docteur.

Soudain la jeune femme entendit du bruit derrière la porte, comme si on y grattait. Elle en eut la chair de poule et recula pour imposer de la distance avec celle-ci. Maintenant, c'était des reniflements et des gémissements d'excitation. Louve se terra dans un coin. C'était Robert. Elle le savait. Elle le sentait. Elle eut la nausée, rien qu'à la pensée de le savoir derrière la porte. Elle commença à paniquer à l'idée qu'il pourrait ouvrir la porte et s'occuper de son sort. Elle serait alors totalement à sa merci, livrée à son bon vouloir. Et elle savait malheureusement à quoi s'attendre avec lui.

Elle ferma les yeux, agrippa la clef entre ses doigts et se remit à fredonner. Louve partit loin d'ici. Elle repensa à toute ces heures passées avec le Docteur. Rose avait vécue tant de choses avec lui. Elle avait combattue des Daleks, des Oods, des Slitheens, et bien d'autres extraterrestres. Rose avait eut une vie mouvementée à ses côtés. Elle n'avait pas eut l'air de s'être ennuyée avec lui, loin de là.

C'était très étrange ce qu'elle ressentait. Le Docteur lui avait conté toutes leurs aventures. Elle avait pu imaginer ce qu'il lui racontait. Cela lui semblait familier quelque part. Mais rien ne lui revenait. Malgré tous les détails, elle ne se rappelait pas. Elle n'y arrivait pas. Pourtant, elle essayait. Elle voulait que sa mémoire lui revienne. Elle voulait se rappeler du Docteur, de ce lien qui les unissait profondément. Elle pensait à quelque chose de précis, à un événement particulier avec le Docteur, espérant avoir une bribe de souvenir, une sensation. Rien n'arrivait. C'était toujours le vide dans sa tête. La clef ne trouvait décidément pas sa serrure.

*** ***

Le Docteur sortit du couloir en courant. Les manches retroussées, il portait d'étranges câblages autour de ses bras. Il les jeta près de la console, avant de bondir vers l'écran de contrôle. Il fit quelques réglages, avant de descendre sous la console en prenant au passage un des câblages qu'il venait de ramener. Il se passa plusieurs fois les doigts dans les cheveux, cherchant le moyen le plus rapide et qui tiendrait un moment avant une réparation plus aboutit. Il devait faire vite. Il attrapa son tournevis sonique. Cependant l'objet tomba de sa main, tant elle tremblait. Le gallifréen lâcha un juron.

Il était en colère contre lui-même. Mais, il était surtout terriblement inquiet pour Rose. Il avait eut un mauvais pressentiment ce matin, en descendant les escaliers. Et c'était en général jamais pour un rien. Il était resté un moment en bas des escaliers avec l'espoir de voir la jeune femme le rejoindre. Il avait bien entendu une des marches grincer. Mais, il ne s'était rien passé. Il avait, alors, posé le pied sur la première marche, l'envie qui lui tiraillait ses entrailles mélangé à cette sensation de manque, de retrouver Rose, de sentir à nouveau le parfum de ses cheveux, de la blottir contre lui. Finalement, il avait baissé la tête et prit la direction de la sortie. Il devait être encore patient. Cependant, il ne l'avait jamais été. Attendre, il détestait cela. Mais que ne ferait-il pas pour Rose ? Il s'était souvent posé la question. Si il y avait eut un moyen de la rejoindre, de passer ce maudit mur, il l'aurait fait. Il serait allé récupérer la jeune femme. Mais les Seigneurs du Temps n'étant plus, il était le dernier, incapable à lui tout seul de réaliser l'impossible. Il s'était résigné à ce que la jeune femme soit séparée de lui, de ne plus l'avoir à ses côtés. Qu'elle vive une vie fantastique... Sans lui...

Le Docteur était furieux. Il avait sentit que si il avait soulevé la jeune femme dans ses bras, elle n'aurait pas résistée. Il n'était qu'un imbécile, il aurait dû le faire. Il se mit une tape sur la tête pour se punir et grimaça de douleur. Sa bosse, il l'avait oublié. Il la frotta doucement pour apaiser la douleur. Il devait se calmer. Il ferma les yeux, prit une grande bouffée d'oxygène. Il entendit dans sa tête le rire de Rose résonner. Il sourit. Il adorait faire le pitre pour elle, afin de la faire rire aux éclats. Le Tardis après sa disparition, lui avait paru bien vide. Tout comme lui, on venait de voler au vaisseau une partie de son âme. Plus rien n'avait été pareil. Sa vie lui avait parue bien fade sans la jeune femme à ses côtés.

Cependant, aujourd'hui, Rose allait revenir. Les choses allaient reprendre leurs cours normal. Enfin, presque. Beaucoup de choses allaient changer dont une des plus importantes. Rose ne partagerait plus seulement ses aventures, il allait la faire entrer intégralement dans sa vie. Et, il n'était pas question pour lui de reculer. Il avait trop longtemps fuit la jeune femme. Il allait enfin lui dévoiler son âme, faire d'elle sa compagne dans le vrai sens du terme. Pas comme sur la baie du Méchant Loup, ou il avait faillit lui dire. Faillit. Comme toujours, il avait fait reculer l'aveu. C'était difficile pour lui de parler de ses sentiments. Rose ne l'avait pas prit par surprise sur la plage. Il le savait. Il n'avait pas pu être un simple homme. Il avait fallu qu'il se cache encore derrière son statut de Seigneur du Temps. Il s'était toujours trouvé des excuses, des prétextes pour garder une certaine distance avec elle.

Quand l'image de Rose s'était évaporée du Tardis, il avait regretté. Terriblement. Il s'en était mordu les doigts de ne pas lui avoir fait l'aveu qu'elle attendait. Parce que même si elle le savait -n'est ce pas ?-, elle aurait voulue l'entendre de sa propre voix que ses sentiments étaient bien partagés. Mais le Docteur restait le Docteur, incapable d'exprimer ce qu'il ressentait au plus profond de lui. Peur de se sentir vulnérable si il le faisait, d'être sans défense. Et ce même avec Rose. Pourtant, elle l'aurait écoutée sans le juger et l'aurait réconfortée comme elle l'avait fait cette nuit.

Finalement, il avait beau être un Seigneur du Temps, il n'était qu'un homme bien lâche, incapable d'assumer pleinement ses sentiments, emprisonné dans sa condition d'être le Docteur, le survivant, le sauveur, la légende, une sorte de super héros qu'il ne voulait pas être. Mais en tant que dernier représentant des Seigneurs du Temps, il se devait de porter ce lourd fardeau qui pesait de plus en plus sur ses épaules, fragilisé par tant de souffrances et de pertes. Et dont la carapace derrière laquelle, il se cachait sans cesse avait commencer à se fissurer avec la perte de Rose.

Le Docteur ouvrit les yeux, et passa un doigt sous ses lunettes pour se frotter les yeux. Il renifla et se redressa. Il inspira longuement. Ce n'était pas le moment de faire le bilan de ses erreurs. Il lui fallait rejoindre Rose, le plus vite possible. Il se lamenterait plus tard sur son sort. Ce soir, Rose reviendrait avec lui dans le Tardis. Il attrapa une gaine, l'ouvrit et observa les fils. Certain avaient fondu à cause des courts circuits. Il prit conscience qu'il avait délaissé le Tardis, repoussant des réparations qu'il aurait dû faire depuis bien longtemps. Le vaisseau aurait été en parfaite santé, elle aurait pu se stabiliser dans le vortex malgré les perturbations. Le gallifréen avait manqué à tous ses devoirs. Il n'avait pas su garder Rose dans sa vie. Et il ne prenait pas soin du Tardis, sa plus vieille amie. Il aurait du s'occuper un peu plus d'elle surtout après ce que lui avait fait endurer le Maître. Décidément, le bilan n'était pas très enviable.

- Je suis désolé, fit-il à voix haute à l'attention du Tardis. Dernièrement, je n'ai pas été là pour toi. Je mériterais largement que tu m'abandonne dans un coin désert pour que je réfléchisse aux conséquences de mes actes.

Le Docteur sentit une brise chaude et familière le frôler, avant de l'envelopper entièrement dans une bulle de réconfort. Il sourit et rit légèrement.

- Tu as raison. Je ferais bien de me remettre au travail.

Prit d'un nouveau regain d'énergie, d'une nouvelle force, il replongea le nez dans les méandres des circuits du Tardis.

*** ***

Louve perdue dans ses pensées, sursauta en entendant la porte être déverrouillée. Elle cacha sa clef, qui luisait encore, sous ses vêtements. Madame apparut avec Robert qui la suivait à la trace. Il avait un sourire en coin et les lèvres frémissantes. Il s'approcha de Louve et elle recula, mais il l'agrippa par un de ses poignets et l'attira vers lui. Avec dégoût, elle se retrouva contre lui. Elle sentit une des mains de Robert s'égarer sur sa poitrine. Elle s'écarta de lui, tentant de lui faire lâcher son poignet. De son autre main, elle le gifla. Robert ne cessa pas de sourire pour autant. Cela avait même l'air de lui faire plaisir qu'elle résiste. Il l'attrapa par la taille et la souleva, en poussant un gémissement de plaisir. Louve se débattait, voulant à tout prix quitter ses bras qui l'étouffaient. Madame s'approcha d'elle, et lui souleva le menton.

- A ce que je vois, la journée passée ici, ne t'a pas remis les idées en place.

Louve ferma les yeux sous la nausée. Les doigts de Robert remontaient de sa taille vers sa poitrine. Elle percevait son haleine sur sa joue, une puanteur aigre dû au mauvais whisky qu'il buvait. Madame lui secoua la tête, la forçant à rouvrir les yeux.

- Tu sais que j'aime les filles dociles. Robert se ferait un plaisir de te remettre sur le droit chemin, si je lui permettais de passer un moment avec toi.

L'intéressée poussa un grognement de jubilation. Louve poussa un cri suraigu, horrifiée à l'idée que Madame pouvait autoriser Robert à « jouer » avec elle. Madame sourit. La peur était une arme bien efficace et elle savait l'utiliser. Surtout que la petite avait toujours eut une peur panique à la vue de l'ancien marin.

- Louve, si je fais cela, c'est pour ton bien. Les hommes promettent tant de choses. De te sortir de là, de t'épouser, de t'offrir la vie que tu penses mériter. Tant de magnifiques paroles qu'elles te font rêver d'une vie meilleure. Mais dès qu'ils ont ce qu'ils veulent, ils renient leurs promesses. Ils t'abandonnent derrière eux. Je ne sais pas ce que t'a promis ton Docteur mais il ne les tiendra pas !

- Non ! Hurla la jeune femme. Il n'est pas comme ça ! C'est un homme bien ! Le Docteur a besoin de moi !

La tenancière perdit son sourire et gifla Louve avec rage.

- Cesse de dire n'importe quoi ! Un homme comme lui n'a pas besoin d'avoir une catin comme toi ! Rentre-toi bien ça dans la tête ! Tu est la fille d'un bordel, ma petite. C'est ta vie dorénavant. Peu importe qui tu étais avant ! Tu dois le comprendre et accepter que tu m'appartiens ! Tu fera ce que je te dirais, et quand je le voudrais !

Louve lui jeta un regard noir, remplit d'amertume et de haine. Elle cessa de se débattre. Elle passa la langue sur ses lèvres, un goût métallique s'insinua dans sa bouche.

- Le Docteur croyait m'avoir perdu. Il m'a retrouvé et il ne me perdra pas une nouvelle fois !

La jeune femme observa les pupilles de Madame s'agrandir sous la surprise et elle en retira une certaine joie. La tenancière tressaillit. C'était bien ce qu'elle avait pensée. L'homme était là pour lui arracher la petite.

- Tu le connais alors ?

- Même si je ne me rappelle pas encore de lui, je sais qu'il est important pour moi. C'est lui mon passé !

- Tu as osée me le cacher ! Répliqua Madame rageuse. Après tout ce que j'ai fais pour toi ! Je t'ai sortie de la rue et offert un toit ! Tu me déçois énormément...

Brusquement, Madame s'écarta et tourna le dos à Louve.

- Un client n'a cessé de te réclamer. Il m'a arraché la promesse que tu t'occuperais de lui ce soir... Et c'est ce que tu va faire... Tu vas allée te préparer... Puis, je verrais ce que je ferais de toi par la suite...

La tenancière s'avança vers la porte, alors que les mains de Robert recommençaient à se balader sur le corps de Louve.

- Robert, reprit-elle, le client arrive dans une heure. Fais en sorte qu'elle soit prête...

- Bien, Madame.

- Oh, et tu t'occupera de ce Docteur. Je ne veux plus qu'il remette les pieds ici. Fais-lui bien comprendre qu'il ne doit plus revoir Louve. Et si, il oppose de la résistance, fais ce qu'il faut... C'est bien comprit ?

Robert rigola et la peur paralysa Louve. L'ancien marin n'était pas réputé pour sa douceur. Même les plus robustes des matelots n'osaient pas le défier dans un affrontement. Et ceux qui avait eut la témérité de le faire avaient mystérieusement disparus. L'idée qu'on fasse du mal au Docteur et qu'elle en soit la cause la répugnait. Personne ne devait faire souffrir son Docteur. Elle ne permettrait à quiconque, surtout Robert, de le toucher. C'était à elle de le protéger. Quelque chose en elle, lui hurlait que c'était son rôle, son devoir. Elle devait empêcher que cela se produise. Quitte à sacrifier ses espoirs... Et à le laisser partir...

- Madame ! Cria Louve pour la retenir.

Cependant la tenancière fit la sourde oreille. Louve recommença à se débattre et mordit le premier morceau de chair qui se présenta à elle. Roger poussa un juron et la lâcha. Elle en profita pour courir après Madame. Elle se jeta à ses pieds et cramponna sa robe pour la retenir.

- Je vous en pris, ne lui faites pas de mal ! Supplia-t-elle. Je ferais tout ce que vous voulez, mais ne lui faites aucun mal... Il n'a rien fait ! Tout est de ma faute !

Louve entendit les pas lourds de Robert derrière elle, puis il la saisit par les cheveux. Madame lui fit signe de les lâcher. Elle se pencha vers la jeune femme et lui releva la tête.

- Il est trop tard. Tu m'a manquée de respect donc, tu a désobéis. Alors tu dois être punis.

- Non... Gémit Louve.... S'il vous plaît... Ne lui faites pas de mal...

Madame soupira. Elle attrapa le bras de sa fille et la remit sur ses pieds.

- Si tu tiens vraiment à cet homme, tu sais ce qu'il te reste à faire. Si tu y mets du tiens, je dirais à Robert de lui faire passer le message avec toute la douceur dont il peut être capable... Mais déçoit moi une nouvelle fois, la menaça-t-elle, et je laisserais Robert faire ce qu'il lui plaira avec toi et ton Docteur.

Louve agrippa la clef dans sa main et baissa le regard en signe de reddition. Puis, elle se laissa traîner par la tenancière hors de la cave.

- Je suis désolée Docteur, murmura-t-elle les larmes aux yeux.

*** ***

Le Docteur passa le bras sur son front, et se hissa sur les grilles. Cela avait été difficile, mais il pensait y être enfin arrivé. Il s'essuya les mains sur sa chemise et regarda autour de lui. Des câbles, des fils, des pièces étaient éparpillées partout autour de la console. Il avait fait le nécessaire pour faire repartir le vaisseau. Il avait dû faire des réparations sommaires mais qui tiendraient le coup un moment. Le temps de mettre Rose en sécurité. Il fit quelques réglages et lança le Tardis. Avec crainte, il leva les yeux vers la colonne. L'oscillation commença un long va et vient. Le vaisseau démarrait difficilement un peu comme une vieille voiture qui tousse. Le gallifréen plissa des yeux et effectua des manœuvres complémentaires. Et il sourit. Cela fonctionnait. Il passa sur un autre côté de la console, et vérifia diverses choses. Le Tardis fut parcourue d'une secousse et le Docteur poussa un cri de joie. Il bondit, remit la grille en place, et alla regarder l'écran de contrôle. Fantastique ! Le Tardis filait à travers le vortex et il se matérialisait dans une ruelle tout près de Rose. Il attrapa sa veste et son manteau et courut à la porte. Ce n'était pas le moment de traîner. Cependant le Tardis l'arrêta dans son élan. Il se retourna vers la console, en levant les bras.

- Quoi ? S'écria-t-il. Qu'est ce qu'il y a ?

Le gallifréen baissa les yeux sur ses vêtements. Il grimaça. De nombreuses tâches les recouvraient entièrement. D'ailleurs, il n'y avait pas que les habits qui étaient sales, l'homme aussi. Il soupira. Le Tardis avait raison. Il ne pouvait pas sortir et rejoindre Rose dans cet état-là. Ce n'était pas vraiment le moment mais il devait faire un détour. Il jeta un regard, nerveux, vers la porte et il se précipita dans sa chambre.

*** ***

Louve pleurait. De fines larmes perlaient le long de ses joues. La porte de la chambre venait de se refermer sur elle et l'homme, dont elle allait devoir s'occuper durant toute la nuit. Son destin venait d'être scellé. De sa propre main. L'homme la prit par la taille, alors qu'elle était prête à s'écrouler au sol, ses jambes n'arrivant plus à la porter. Elle ne voulait plus de cette vie. Elle regarda par la fenêtre et aperçut les étoiles dans l'épais manteau noir de la nuit. Si petites, si infimes quand on les observe de la Terre, cachant mystères et secrets en leurs seins. Le Docteur lui en avait confié certains quand elle était Rose. Elle aurait tellement voulu se souvenir de lui. Mais Madame avait peut-être finalement raison, pourquoi voudrait-il d'une femme comme elle ? Une fille de bordel. Ça y est, les mot venaient d'être lâchés. Elle avait finalement admit ce qu'elle était devenue. Même si elle avait partagée un moment de la vie du Docteur, en tant que Rose, elle n'était qu'aujourd'hui Louve. Le Docteur paraissait à la jeune femme, si digne, si droit et si noble. Elle n'était rien. Une insignifiante particule de poussière dans l'univers, lui était une étoile qui scintillait. Pourquoi voudrait-il d'une jeune femme, à ses côtés comme compagne, qui ne se rappelait pas de lui et qui avait été sali ?


egedan  (19.12.2008 à 23:58)

Le gallifréen referma la porte du Tardis accompagnée de son grincement habituel. Il observa les alentours puis se mit en route. L'air était pesant comme si un orage s'apprêtait à éclater. Nerveux, il réajusta sa cravate. Le pressentiment de ce matin revenait en lui au triple galop. Il aperçut la lanterne rouge un peu plus loin. Il espérait que ce soir serait bien le dernier. Et après les événements de ce matin, il en était convaincu. Il poussa la lourde porte en bois pour entrer à l'intérieur de la demeure. Son instinct lui signala immédiatement que quelque chose clochait. Il grimpa l'escalier, les marches deux par deux avec agilité et rapidité, puis s'avança prudemment jusqu'au salon. Il fronça des sourcils. D'habitude, il entendait les joyeux bavardages des jeunes femmes, mais ce soir le silence semblait régner en main de maître dans la maison. Le pied à peine posé sur le tapis rouge du salon que le Docteur croisa les regards angoissés de quatre femmes serrées les unes contres les autres. Il nota d'emblée que Rose n'était pas parmi elles. Une bouffée de panique l'envahit. Et si il était arrivé quelque chose à la jeune femme dans la journée ? Et qu'il arrivait trop tard ?

Le gallifréen s'apprêtait à demander des explications lorsqu'une grosse main -non sans une certaine délicatesse- empoigna son épaule. Il se retourna vivement et reconnut Robert renommé par ses soins M. Muscle, ou même Brute épaisse si vous devenez plus intime avec lui. Il appréciait peu le personnage pour ce qu'il en avait entraperçut, cependant il doutait fort qu'un cœur d'artichaut se cache dans cette énorme carcasse.

- Robert, il me semble, dit-il sombrement. Dois-je vous préciser que je ne suis pas spécialement enthousiaste de vous revoir ?

L'homme haussa un sourcil et finit par sourire. Un sourire qui sonnait particulièrement faux. Il se mit à détailler le Docteur avec une certaine curiosité, un peu comme si il se demandait comment un gringalet de ce gabarit pouvait espérer le contrer. Il avait l'air d'un ours qui se préparait à jouer avec sa proie. Il resserra l'étau de ses doigts sur l'épaule un peu plus fort.

- Je dois vous demander de partir, annonça-t-il. Vous n'êtes plus le bienvenu ici.

Le Docteur prit sur lui, serrant les dents et les poings d'une certaine rage qui commençait à affluer en lui. Il ne permettrait à quiconque de se mettre en travers du chemin entre la jeune femme et lui.

- Ce sera, non, sans une certaine joie de quitter ce lieu, mais pas sans Louve. Elle part avec moi, ce soir.

- Elle ne veut plus vous voir. Elle vous demande de la laisser tranquille.

Le gallifréen tressaillit. Que venait de lui raconter M. Muscle ? Rose ne voulait plus le voir. Ce n'était en aucun possible. Elle n'aurait pas changée d'avis. Non, surtout pas après les événements de ce matin. Il fallait qu'il la voit, qu'il lui parle. Ce n'était sûrement pas elle qui en avait décidée ainsi.

- Je vais vous raccompagner à la porte, poursuivit Robert.

Le Docteur dégagea son épaule de l'emprise de Brute épaisse d'un geste brusque avant de faire un pas en arrière, mettant ainsi un peu plus de distance entre eux.

- Si vous me posez quelques soucis, alors qu'elle m'a demandée de ne pas vous faire du mal... Menaça Robert avant de poursuivre très langoureusement. Et ce d'une manière très gentille...

- Je vous préviens, si il est arrivé quoi que ce soit à ma compagne...

- Vous feriez quoi ? Lui répliqua-t-il d'un ton dédaigneux.

- Ne me provoquez pas ! Rugit le Docteur. Vous ne savez pas ce dont je suis capable quand je suis en colère !

Les deux hommes se tenaient face à face, tendus à l'extrême. Les veines battant furieusement les tempes, ils se défiaient du regard, l'un avec défi et un certain amusement, l'autre avec fureur et une envie de se battre quoi qu'il lui en coûte. Les quatre jeunes femmes observaient la scène, effrayées. Un seul geste suspect et la situation pouvait dégénérer en un véritable drame.

- Débarrassez-moi le plancher, fit Robert sèchement, avant que je le fasse de moi-même.

- Je serais curieux de voir cela, siffla le Docteur entre ses dents.

Bien que la brute pouvait l'assommer d'une simple baffe, le Docteur n'était nullement intimidé. Il luttait pour Rose. Une certaine colère bouillonnait en lui et menaçait d'exploser d'un instant à l'autre. Personne ne l'empêcherait de voir Rose et de la ramener au Tardis. Et même, si cela s'avérait vrai, chose qu'il avait bien dû mal à croire, que la jeune femme ne désirait plus entendre parler de lui et qu'il disparaisse de sa vie, il ne la laisserait pas ici. Elle partira avec lui, qu'elle le veuille ou non. Elle n'était pas elle-même. C'était à lui de la protéger et de prendre soin d'elle. Il en avait fait la promesse à la mère de la jeune femme il y a bien longtemps, et il se devait de respecter sa parole. Maintenant que Rose était revenue miraculeusement dans sa vie, il ferait tout pour qu'elle le reste. Elle n'avait plus que lui dans cet univers. Et il était prêt à user de tous les pouvoirs qu'il détenait en tant que Seigneur du Temps pour elle.

- Es-ce que l'une d'entre vous aurait l'obligeance de me dire ou se trouve Rose ? Demanda-t-il aux jeunes femmes sans quitter des yeux son adversaire.

- Louve est avec un homme, se lança Lili.

Rose était avec un homme. Son sang se glaça dans ses veines. Oh non, il ne laisserait pas une telle chose se produire. Plus personne ne la touchera. Elle ne subira plus jamais cela. Le gallifréen ressentit une énorme vague meurtrière de faire du mal à quelqu'un déferler dans ses veines pour la première fois de sa vie.

- Ferme-là Lili ! Beugla Robert.

- Non, je vous en prie, continuez, déclara le Docteur. Ne faites pas attention à la brute. Il aboie bien fort, mais il ne mordra pas.

Liliane, malgré les événements dramatiques qui étaient en train de se dérouler, eut un petit sourire face à la déclaration du Docteur. Il était bien comme Louve le lui avait décrit, un homme capable de rire au nez de la mort. Il mettait les nerfs de Robert à rude épreuve. L'ancien marin n'avait pas l'habitude qu'on lui tienne tête ainsi, et il n'attendait plus qu'un geste du gallifréen pour passer à l'attaque. Il ne souhaitait plus que cogner et le réduire en miettes. Bien que l'étrange compagnon de Louve semblait téméraire, Lili doutait fort qu'il fasse le poids face à Robert et se demandait par quels moyens, il allait résoudre la situation.

- Elle est dans la chambre du fond. Madame vous a menacée et elle...

- Boucle-là ! La coupa rudement Robert. Sinon, je devrais te...

- Sinon quoi ! Réagit le gallifréen avec un regard aussi sombre que de l'encre de chine. Vous ne lui ferez aucun mal ! Et je m'en assurerais !

Le Docteur avait en horreur la violence. Encore plus quand il s'agissait de violence envers une femme. Il ne supportait pas qu'on puisse leur faire du mal. Elles étaient bien trop souvent les premières victimes des folies des hommes. Et malheureusement, Rose en faisait partie. Soudain, il fit demi-tour sur lui-même et se dirigea vers le couloir en courant. Le jeu n'avait que trop duré, selon lui.

- Monsieur ! L'avertit Lili.

Avec rapidité et agilité, il fit un pas vers la droite et se retourna en passant la main dans sa veste. Robert venait de s'élancer à sa poursuite, le poing levé prêt à cogner, quand il lui colla son tournevis sonique sous le nez. Brute épaisse recula vivement devant l'objet qu'il prenait manifestement pour une arme.

- Qu'est-ce que c'est ? Bredouilla-t-il.

- Un ami qui m'est très précieux, lui répondit le Docteur. Capable de bien des choses.

Sans laisser le temps à M. Muscle de réagir, il s'élança dans le couloir, pressé d'en finir avec toute cette histoire. De récupérer Rose principalement. Il parcourut la distance qui le séparait d'elle, les cœurs menaçant d'imploser d'une seconde à l'autre. Il ouvrit la porte d'un geste vif et nerveux. Son regard se fixa tout de suite sur la jeune femme. Une sueur glacée glissa le long de sa colonne vertébrale et le figea. Un homme la tenait par la taille, une main se baladant en toute impunité sous sa blouse, le nez enfouit dans sa poitrine. Le Docteur s'efforça de ne pas fermer les yeux, ni de détourner le regard tant cette vision lui était insoutenable. Rose avait le regard vide comme si son esprit l'avait déserté. Son corps ne paressait plus être animé de vie. Elle semblait être devenue une simple poupée de chiffon avec laquelle l'homme jouait à sa guise.

- Lâcher la ! Ordonna-t-il.

Le cri du gallifréen fit réagir la jeune femme. Elle leva la tête vers lui. Leurs regards se croisèrent. Les yeux de Rose se faisaient douloureusement expressifs. La vie sembla reprendre tout à coup possession de son corps. Elle se dégagea de l'emprise de l'homme, horrifiée.

- Rose, venez... Lui fit-il d'une voix douce en lui tendant la main.

La jeune femme s'affola et recula pour s'éloigner de lui, terrifiée.

- Je ne peux pas ! Il va vous faire du mal ! Je suis désolée ! Vous devez partir ! Il faut que vous vous en alliez tout de suite !

Le Docteur entendit des pas et des cris provenant du couloir. Robert revenait à la charge. Le temps lui était compté. Il s'approcha de Rose doucement en essayant de ne pas l'effrayer davantage qu'elle ne l'était.

- Je sais Rose. Venez maintenant. Je vous emmène avec moi, au Tardis.

- Mais...

Il posa un doigt sur ses lèvres pour la faire taire et plongea son regard, illuminé de cette lueur qui venait de redoubler d'intensité, dans le sien.

- Inutile de discuter. Je vous ai dis que je vous voulais dans ma vie et je n'ai en aucun cas changé d'avis. Je le désire plus que tout. Alors, vous passerez la seuil de cette maison avec moi, ce soir.

Le Docteur offrit un sourire rassurant et réconfortant à sa compagne et passa sa main tendrement sur sa pommette. Puis, il enleva son manteau afin de le déposer sur les épaules de Rose. Il lui saisit la main délicatement et la tira pour qu'elle le suive. C'est à ce moment là que Robert se décida à apparaître dans l'encadrement de la porte, les yeux injectés de rage et de mépris. Son imposante carrure bloquait la seule issue possible. Madame arriva, sur ses talons, toute essoufflée. Une expression de haine tordit son visage en une affreuse grimace à la vue du gallifréen.

- Vous ! Cracha-t-elle en pointant un doigt boudiné vers le Docteur. Je ne vous laisserais pas me la prendre ! Elle m'appartient !

Le Seigneur du Temps se posta devant Rose pour la protéger et pointa son tournevis vers les deux tortionnaires.

- Rose ne vous appartient en aucun cas ! S'écria-t-il d'un ton virulent. Laissez-nous partir, sinon, je me ferais un plaisir de l'utiliser !

- Bon Dieu Madame ! Que se passe-t-il ? C'est une plaisanterie ?

Le Docteur ferma les yeux. Il avait complètement oublié l'homme qui avait osé toucher Rose. Du moins parce qu'il ne représentait pas une menace potentielle, donc il n'y avait aucune raison de se méfier de lui. Il tourna la tête vivement et lui jeta un regard noir.

- Cela ne vous concerne pas ! Et ne m'interrompez plus ! Je suis occupé !

- Qui êtes-vous pour...

- Je suis le Docteur ! C'est une raison amplement suffisante ! Et j'emmène, ce soir, avec moi ma compagne ! Cela vous pose-t-il un problème ?

- Compagne ! Couina Madame. Ce n'est qu'une pauvre fille que j'ai eut la bonté de ramasser dans la rue !

- Ne vous avisez plus de parler ainsi de Rose ! Menaça le gallifréen d'un ton glacial mais néanmoins lourd de sens.

Sa pulsion de vouloir faire du mal redoublait d'intensité. Et il n'avait plus qu'une envie : punir la tenancière, la faire souffrir. On ne touchait pas impunément à ses compagnons, en particulier à Rose, sans en subir ses foudres. Quelqu'un devait payer pour la souffrance de la jeune femme, pour ce fardeau qu'elle porterait tout au long de sa vie. Et il avait condamné la tenancière sans aucune autre forme de procès, coupable. Il ne serait d'aucune pitié. La vengeance du Seigneur du Temps allait s'abattre sur elle.

Une main douce et chaude se glissa dans la sienne. Cette présence familière apaisa quelque peu sa colère. Il pressa les doigts de Rose et tourna la tête en sa direction. Elle était effrayée par ce qui se passait mais elle lui souriait timidement. Ce sourire fit baisser à nouveau sa colère de quelques degrés. Elle paraissait si frêle, si fragile qu'il en avait mal aux cœurs. Elle se rapprocha un peu plus de lui. Il lui rendit son sourire. Compagne, ce mot prenait toute son ampleur quand il s'agissait de la jeune femme. Il aperçut du coin de l'œil, M. Muscle se rapprocher et reporta son attention sur lui. Il lui jeta un regard qui lui intima de ne pas faire un pas de plus. Les jointures de sa main blanchirent alors qu'il serrait le tournevis toujours plus fort entre ses doigts.

- J'ai horreur d'utiliser la violence, avertit-il, mais je suis parfaitement capable d'en user en dernier recours.

Robert commençait à reprendre de l'assurance. Nullement intimidé par la menace, il avança d'un nouveau pas. Il trouvait que l'homme parlait beaucoup plus qu'il n'agissait. Pourtant, il ne savait pas trop quoi penser de ce brasier ardent qui illuminait ses yeux. Il avait l'air d'être prêt à tout pour emmener avec lui, Louve. Alors qu'attendait-il pour passer à l'offensive ? Robert lui n'attendait qu'un geste de sa part. Ce n'était pas un gringalet comme lui qui le mettrait au tapis. Des comme lui, il en avait brisé à la pelle. Oh oui, celui-ci, il s'en fera un régal de le massacrer, surtout sous les yeux de Louve. Avant d'aller le balancer dans le port car il s'était découvert une passion -il y a de cela quelques années- nourrir les poissons. Et puis pour finir en toute beauté, il s'occuperait de Louve, de cette traînée avec son air de petite sainte nitouche qui le narguait depuis son arrivée. Madame ne pourrait pas lui refuser cette fois-ci. La nuit allait être très prometteuse.

Soudain, il entendit des pas et du bruit derrière lui. Puis, il sentit une douleur vive à l'arrière de sa tête. Il émit un gémissement avant de se retourner pour voir qui était le lâche qui venait de l'attaquer par derrière. A l'instant même ou il tourna la tête, il aperçut quelque chose de noir filer droit vers lui. L'assaut était totalement inattendu. Il eut l'impression d'avoir foncé droit vers un mur la tête la première. Il vit des flashs de lumières éblouissantes. Et puis plus rien.


egedan  (10.01.2009 à 11:18)

Le Docteur ne comprit pas tout de suite ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux. Il n'avait rien vu venir. Madame s'écroula comme frappée par la foudre découvrant Gigi et Cuicui se tapant dans la main. Alors que pendant ce temps là, Lottie et Lili soulevaient à elles deux, une énorme poêle de fonte noir pour frapper Robert à la tête. Il eut l'air ébranlé à peine une fraction de seconde et le gallifréen sentit son sang ne faire qu'un tour. Cependant, les deux jeunes femmes rassemblant leur force et courage, soulevèrent la poêle une nouvelle fois aidé par l'adrénaline. Et avec une parfaite harmonie, elles décochèrent un magnifique coup en plein sur le nez de Robert. Il entendit quelque chose céder et M. Muscle s'abattit de tout son long en atterrissant avec fracas sur le sol.

Le gallifréen observa avec des yeux écarquillés les quatre jeunes femmes qui venaient de mettre fin au combat, alignées tel un bataillon, la tête haute. Et il leur offrit un énorme sourire. Elles avaient de quoi être fière ! Oh oui ! Il avait apprit à de nombreuses reprises qu'on sous-estimait souvent les femmes à tort. Derrières leurs sourires et leurs charmes ravageurs, elles étaient pleines de ressources, à la fois fortes et délicates. Elles étaient plus qu'incroyables ! Le Docteur adorait les femmes tout en étant sidéré de la férocité et de la cruauté dont elles pouvaient faire preuve si on osait toucher à leurs proches.

- On s'est dit que vous auriez besoin d'un coup de main, déclara Lili les poings sur les hanches.

La main de Robert se contracta alors qu'un gémissement s'échappa de ses lèvres. Tous se reculèrent d'un pas. Lili agrippa la queue de la poêle avec Lottie, prêtent à frapper de nouveau. Le souffle coupé, ils fixèrent le corps inanimé prêts à le voir se redresser d'une seconde à l'autre. Ce ne fut qu'au bout d'une longue minute que chacun reprit sa respiration concluant que Robert était bel et bien vaincu.

- Je me demande bien pourquoi tous les marins en ont peur, fit alors Gigi en lui donnant un coup de pied pour s'assurer qu'il était bien inconscient. Deux femmes et une poêle, et il est à terre. Sa réputation va en prendre un coup dans le port...

- Et dire que c'est le vase qu'adorait Madame qui a eut raison d'elle. Elle va devoir s'en passer.

- Tant mieux Cuicui, répliqua Lottie. Je ne pouvais plus le voir ! Il était moche !

- Si tu crois qu'on ne le savait pas ! Je te signale qu'on avait toute remarquée ton manège d'essayer de le faire tomber plusieurs fois...

- Quoi ! Tout le monde le détestait ! Même Monsieur le Maire me chuchotait hier soir, qu'il fallait faire quelque chose ! Hé bien c'est fait !

Le Docteur contempla la scène avec une sorte d'irréalité. Les quatre jeunes femmes venaient à elles seules de venir à bout de M. Muscle et elles se chamaillaient à propos d'un vase ! Décidément, il ne comprendrait jamais les femmes. C'était bien un des mystères qu'il ne résoudra jamais dans sa vie.

- Bon, Louve, l'appela Lili. Tu va enfin nous le présenter ton gentleman ?

La jeune femme s'apprêtait à lui répondre quand trois paires de yeux se braquèrent sur elle et le Docteur. Lottie, Gigi et Cuicui se rapprochèrent d'eux. Elles encerclèrent le gallifréen qui n'avait aucun moyen de leur échapper et commencèrent à tourner tout autour de lui. Elles ressemblaient à des lionnes, isolant leur proie juste avant de lui donner le coup de grâce. Il déglutit. Oh, il n'aimait pas du tout ce qui se passait. Il se sentait détaillé de la tête au pied et même, disons-le, déshabillé.

- Il est tout maigrichon !

- Peut-être, Lottie mais il sent bon, fit Gigi en le reniflant.

Il n'osa même pas faire un geste de recul. Il était bien incapable aussi de prononcer un mot pour leur demander d'arrêter. Sans doute par peur qu'elles redoublent d'intensité et qu'elles lui donnent le coup de grâce. Cuicui se saisit d'une de ses mèches de cheveux pour l'examiner.

- Vous croyez vraiment qu'on peut lui laisser notre petite Louve ? Lança-t-elle. Qu'il sera capable de prendre soin d'elle ?

- Vous avez vu ses yeux ! Je me laisserais bien ensorcelée...

- Moi ce que j'en dis, c'est qu'il m'a tout l'air de cacher beaucoup de choses sous ce costume...

Des mains baladeuses passaient sur son visage, dans ses cheveux, sur son corps et le Docteur n'osait toujours pas bouger, ne serait ce que le petit doigt. Il avait même cesser de respirer, de peur que sa respiration le trahisse. Il était examiné sous toutes les coutures. Les commentaires durant leur expertise sur sa personne fusaient entre elles, se moquant complètement qu'il les entende. Il était figé et se sentit rougir. Être un sujet d'étude de trois femmes dont séduire était aussi naturelle que de respirer le troublait. Il se sentait sans défense et mis à nu. Et pourtant, il était quelque peu flatté de recevoir tant d'attention de la part de ces femmes extraordinaires.

- Laissez-le maintenant... Demanda Louve. S'il vous plaît...

Le Docteur rencontra trois regards lourds de sens, lui indiquant tout de même qu'il avait passé l'examen. Elles s'éloignèrent en poussant quelques grognements de frustrations qu'on les interrompent dans leur revue du gallifréen. Il poussa un soupir de soulagement et se détendit aussitôt. Il se retourna vers Rose pour la remercier d'un sourire de l'avoir sortit de cette situation plus que délicate. Puis, il s'approcha des corps inanimés, s'accroupit à côté de celui de Robert et posa ses doigts sur ses tempes alors qu'il fermait les yeux.

- Qu'est ce que vous lui faîte ? Lui demanda Lili.

- Je modifie sa mémoire. J'efface Rose de ses souvenirs, lui répondit le gallifréen en allant vers la tenancière faire la même manipulation. Je pense que cela vaut mieux pour tout le monde.

- Vous allez faire de même avec nous ?

Le Docteur releva la tête vers Lili et rencontra son regard. Un dialogue intense mais silencieux se déroula entre eux deux.

- Non, bien sûr que non.

- Alors occupez vous juste d'emmener Louve avec vous le plus loin possible d'ici. Nous nous occuperons de M. Grélin et du reste...

Il se retourna vers le dit M. Grélin, assit sur le lit, l'air hébété. Il ne semblait pas avoir comprit ce qui venait de se dérouler sous ses yeux. Le Docteur ne doutait pas une seule seconde qu'après un passage entre les mains des jeunes femmes, l'homme ne dirait rien sur cette étrange soirée qu'il venait de vivre et sur Rose. Il acquiesça de la tête en se redressant pour répondre à Lili qui s'était rapprochée de lui. Elle lui posa la main sur le bras concluant ainsi un pacte qu'ils venaient tous les deux de formuler d'un regard. Ils reportèrent tous les deux leur attention sur Louve qui allait de bras en bras pour dire au revoir. Chacune lui chuchotait des mots aux creux de l'oreille. Il observa les embrassades, plus ému qu'il en avait l'air. Rose n'avait pas été seule durant ces précédents mois. Elle avait eut des personnes pour l'aider, la soutenir, et la réconforter dans cette épreuve que la vie venait de lui faire endurer. Le Docteur sentit une énorme bouffée de chaleur l'envahir. Il prenait tout juste conscience qu'il ne quittera pas la maison seul. Non, cette fois-ci, il en passera le seuil avec Rose pendue à son bras. Enfin. Il allait de nouveau marcher à ses côtés et lui ouvrir la porte du Tardis comme avant. Comme cela aurait dû toujours l'être.

Liliane fut la dernière ou Rose alla se blottir. Elles se serrèrent très fort l'une contre l'autre.

- Tu vois Louve, chuchota Lili, tu te moquais quelque fois de nos histoires de Prince Charmant. Mais le voici ton preux chevalier. Il va t'emmener loin d'ici...

- Encore plus loin que tu ne l'imagines...

- Tu y arriveras. Tu retrouveras ta mémoire, celle que tu étais. Ton Docteur va t'y aider.

Elle se détachèrent l'une de l'autre, les yeux qui brillaient de larmes.

- Allez, ne le fais pas attendre encore plus que tu ne l'a fait...

- Venez avec nous... Vous ne pouvez pas rester ici... Docteur, l'appela-t-elle en se retournant vers lui, es-ce...

Mais avant qu'elle puisse poursuivre sa question, Lili lui encadra le visage de ses paumes et ancra un regard grave dans le sien.

- Ne t'occupes pas de nous. Part et ne regarde surtout pas en arrière.

Elle lâcha Louve et la poussa gentiment mais fermement vers le Docteur qui lui saisit aussitôt la main pour l'entraîner hors de la chambre. Cependant, elle le retient encore quelques secondes.

- Docteur, promettez-nous de prendre soin de notre petite Louve. Et surtout de ne plus la perdre...

Le visage du gallifréen s'illumina d'un énorme sourire et son regard -quelque peu éperdu- se posa sur celle qu'il retrouvait enfin comme compagne.

- Je vous le promets comme à la prunelle de mes yeux, déclara-t-il. Rose, avez-vous des affaires que vous voulez emportez ?

La jeune femme agrippa la clef à travers le tissu de sa blouse et secoua la tête négativement. Tout ce qui avait de la valeur à ses yeux, c'était cet objet. Elle ne voulait rien amener avec elle de cette vie.

Après un dernier signe de la main, le Docteur et Rose quittèrent, cette fois-ci pour de bon la chambre sous des yeux quelque peu embués. Derrières leurs charmes ravageurs, ces femmes avaient un cœur en or débordant d'amour et il leur était difficile de laisser partir celle qui était devenue une sœur de cœur. Elles avaient fait un bout de chemin ensemble et dorénavant, chacune devait poursuivre sa propre route.

- Bon, les filles ! Lança Lili. On ne va pas tout de même se laisser abattre ! D'une, on ferme la boutique cette nuit ! Et de deux, on a du grand ménage à faire !

- Oh ! J'allais oublier une chose !

Les quatre jeunes femmes, dont certaines avaient sortit les mouchoirs pour se tamponner les yeux, sursautèrent à l'apparition du gallifréen dans l'encadrement de la porte. Ses yeux avaient retrouvé cet éclat unique. Une magnifique et flamboyante lueur destinée à une seule personne.

- Je... Merci. Je vous suis reconnaissant de vous être occupées de Rose.

Il suça un de ses doigts, le leva en l'air et fronça des sourcils quelques secondes.

- Le vent est en train de tourner, poursuivit-il. La chance est en train de virer de bord, je peux vous l'assurer. Même plus tôt que vous le pensiez. J'ai été enchanté de faire vos connaissances, mesdemoiselles.

Le Docteur, avant de disparaître, leur envoya un baiser que les jeunes femmes attrapèrent de leurs mains, tout en gloussant devant cet étrange phénomène.

*** ***

Louve ouvrit en grand la porte et observa le monde qui s'offrait à elle. La nuit était fraîche. Elle respira avidement l'odeur du goémon que la brise portait de la plage. C'était une libération de se retrouver dehors, une délectation d'être dans l'air froid et sombre de la nuit. Le Docteur la rejoignit et passa le pas de la porte en lui saisissant la main. Il avança mais elle le retient.

- Rose...

- Quand vous m'aviez demandé si je voulais emporter quelque chose, j'aurais dû penser aux chaussures, avança-t-elle comme réponse à sa question muette.

Il baissa les yeux et s'aperçut que les pieds de la jeune femme étaient nus.

- Vous et votre maudite manie de marcher pieds nus ! Râla-t-il soudainement. Je ne sais combien de fois, je vous ais répété de cesser de marcher pieds nus dans le Tardis ! Mais comme toujours, vous ne m'écoutiez pas ! Miss Tyler n'en faisait qu'à sa tête !

Louve secoua la tête amusée devant ce comportement, alors qu'il passait malgré tout une main sous ses genoux pour la soulever dans ses bras tout en continuant de ronchonner. Elle lui colla une main sur la bouche pour le faire taire, puis elle l'embrassa sur la joue.

- Merci, lui chuchota-t-elle.

Ils s'observèrent un moment intensément, les cœurs battant au même rythme effréné. Puis, elle posa la tête sur son épaule et enroula ses bras autour de son cou.

- Bien, réussit-il à bredouiller. Rentrons au Tardis...


egedan  (10.01.2009 à 11:24)

Louve suivait le Docteur silencieusement, observant avec de grands yeux tout ce qu'il l'entourait. Le gallifréen lui avait décrit le Tardis, mais c'était bien au-delà de tout ce qu'elle avait bien pu imaginer. Un pied à peine posé à l'intérieur du vaisseau, elle avait sentit une une légère brise la frôler avant qu'elle ne l'enveloppe dans une bulle d'une chaleur douce et enivrante. La jeune femme ne pouvait se l'expliquer, mais elle pensait avoir entendu des éclats de rires et des fredonnements d'une fillette que la brise portait jusqu'au creux de son oreille. Elle s'était sentie immédiatement bien à l'intérieur, le Tardis lui était comme une présence familière et rassurante. Le Docteur la guidait dans un dédale de couloirs et d'escaliers, un immense sourire aux lèvres. Il ne cessait de se retourner vers elle pour constater qu'elle était bien là. Finalement, elle lui avait prit la main pour le rassurer de sa présence. Louve ne l'avait jamais senti si léger. Il semblait presque sautiller.

Le gallifréen tourna sur sa droite et déboucha dans un petit couloir sans issue. Il s'arrêta. Il semblait hésiter tout à coup. Louve le sut tout de suite à la manière qu'il avait de se passer la main sur la nuque. Elle lui lâcha soudainement la main et s'avança vers une porte. Elle passa la main dessus et sous ses doigts elle sentit des reliefs. Elle les chercha du regard. C'était tout petit, juste au-dessus de la poignée. Une rose y avait été gravé. Elle sourit. Elle savait ce qu'était la pièce. Le Docteur se rapprocha de la jeune femme en voyant qu'elle venait de découvrir l'inscription sur la porte.

Normalement, les chambres de ses compagnons se trouvaient dans le précédent couloir. Il partageait volontiers le Tardis avec eux, sauf cette partie là. Elle n'était réservée qu'à lui. Ses compagnons pouvaient aller et venir à leur guise dans le vaisseau à part ici. C'était là que se situait sa chambre. C'était là, ou il pouvait se réfugier quand il avait besoin d'être seul. Un lieu paisible qui n'appartenait qu'à lui. Il n'avait jamais permis à quiconque d'y poser un orteil. Mais avec Rose, cela avait été différent. Cela avait toujours été différent. Dès leur premier regard, dès le premier mot échangé, dès qu'il lui avait pris la main... Tout avait été différent.

Ce fut avec un énorme soulagement qu'il avait reçu le sac de la jeune femme dans les bras, alors qu'elle lui disait qu'elle ne comptait pas le lâcher de si tôt, au moment de repartir de la Terre, après leurs petits ennuies avec les Slitheens. A partir de ce moment là, il avait fallu qu'elle ait un lieu à elle dans le Tardis. Une pièce qu'elle pourrait investir complètement. Et, il ne sut trop comment, mais mû par un besoin irrépressible de l'avoir toujours plus prés de lui, il lui avait attribué la chambre en face de la sienne. Elle avait été la toute première à fouler le sol de ce couloir, comme le fait de pénétrer dans sa chambre. Parce que contrairement aux autres de ses compagnons, cela ne lui gênait pas de partager avec Rose ce lieu, qu'elle investisse totalement le Tardis. Parce que tout ce qui lui appartenait, l'était aussi à elle.

Après la disparition de la jeune femme, il avait ouvert la porte puis embrassé du regard sa chambre, notant des détails sans importance, comme le livre de partition qu'elle étudiait, une robe -achetée sur un marché qu'ils venaient de faire- posée sur un bras du fauteuil... Tout un tas de détails qui faisaient que c'était Rose, notamment ce léger désordre qu'elle tentait de lui camoufler par divers moyens de sa penderie. Et puis, comme d'un commun accord avec le Tardis, il avait scellé la porte pour toujours, en se disant qu'il n'aura plus jamais l'occasion de débarquer dans sa chambre afin de la sortir du lit, ou à celle de venir tout simplement la rejoindre pour discuter avec elle. L'inscription sur la porte venait d'un caprice du Tardis. Elle avait voulu marquer à sa manière le passage de la jeune femme mais aussi pour signifier que cette pièce n'appartenait qu'à une seule personne et qu'elle le resterait. Elle gardait jalousement la chambre de toute tentative d'intrusion. Elle n'aurait d'ailleurs en aucun cas permis que quelqu'un d'autre -même lui, c'est dire- que Rose y pose un pied.

Le Docteur aurait pu vider la pièce, mais cela aurait été trop douloureux. Et puis pour quoi faire ? Pour tenter désespérément d'effacer toutes les traces que Rose avait laissé dans le Tardis ? Même lui n'y croyait pas. La donner à un autre de ses compagnons ? Impossible. Cette pièce appartenait à Rose et le demeurerait. Elle n'était et ne serait à personne d'autre. La chambre était devenue comme une sorte de sanctuaire. Un lieu dédié à sa mémoire. A la seule et unique personne qui l'avait marqué à vif et qui s'était imprimée dans sa chair. A celle qui avait fait bien plus finalement, d'être qu'une simple compagne.

Alors quand, il avait refermé la porte de la chambre de la jeune femme, il avait cru que cela aurait pu l'aider à tourner la page, clore définitivement le chapitre « Rose » de sa vie. Mais on ne tournait pas une page d'une histoire, qui vous a pris au corps et que vous écriviez à deux avec félicité, si facilement comme on pouvait fermer une porte. Combien de fois avait-il eut l'envie d'ouvrir la porte avec ce fol espoir que la jeune femme se trouvait dans sa chambre ? Et que tout ce qu'il avait vécu n'était qu'un simple cauchemar ? Tant de fois... De trop nombreuse fois...

- C'était ma chambre ? Demanda-t-elle.

- C'est toujours votre chambre.

Louve fut surprise de l'entendre. Toujours. C'était étrange de l'entendre. Surtout de la bouche d'un homme tel que lui. Mais elle en comprit la raison. Il n'avait tout simplement pas pu s'y résoudre. La chambre était tout ce qu'il lui restait de Rose. La pièce était devenue une sorte de lien qui le reliait encore à elle.

- Je pensais que... Enfin... Bredouilla le Docteur. Mais il y a d'autres chambres. Je ne voudrais pas...

Elle sourit, attendrit de le voir mal à l'aise par cette attention. Elle comprenait ce qu'il voulait lui dire. Elle posa sa main sur son bras pour le rassurer. Alors qu'en elle, elle était loin de l'être. Elle appréhendait, sans réellement en connaître la raison. Elle avait peur de ce qu'elle allait découvrir et de ce qu'elle pourrait ressentir. Elle allait découvrir par la chambre, par les objets, par l'ambiance qui était vraiment la jeune femme Rose. Elle allait faire connaissance avec elle-même. Ce n'était pas si courant, ce qui se passait. Il y a quelques jours, elle n'était qu'une pauvre gamine amnésique repêchée de la rue pour devenir une fille de bordel n'ayant aucun avenir devant elle. Et, aujourd'hui, elle se découvrait en une jeune femme du futur partageant la vie du Docteur et qui avait pu rêver à d'autres horizons.

- C'est gentil, mais ça va aller.

Louve sentit aussitôt le gallifréen s'apaiser. Il sortit de sa veste son tournevis sonique qu'il pointa sur la serrure. Il poussa lentement la porte qui s'ouvrit avec un petit grincement. Il alluma la lumière, puis s'effaça pour laisser passer la jeune femme. Louve avança timidement dans la pièce. Elle passa le seuil et ouvrit les yeux en grand qu'elle ne se rappelait pas d'avoir fermés. Elle embrassa la chambre du regard. Quelque chose qu'elle identifia rapidement comme une bouffée de soulagement l'assaillit.

La pièce lui semblait familière. Elle s'y reconnaissait en quelque sorte, parce que c'est comme cela qu'elle aurait pu l'emménager. Cela lui plaisait. Elle s'y sentait à l'aise. Elle aimait la couleur prune de la couette du lit au désordre qui y régnait joyeusement. Elle sourit. Elle avait l'étrange impression que Rose venait tout juste de quitter sa chambre. Il lui semblait que rien n'avait bougé et que la chambre était restée tel quel depuis la disparition de la jeune femme. Et qu'elle le serait restée encore pendant très longtemps ainsi ; du livre négligemment posé sur le lit à la robe placée sur le fauteuil.

Elle avança tout doucement dans la chambre laissant ses yeux vagabondés, pour tout voir, enregistrer chaque détail. Son regard fit le tour de la pièce et retournèrent rapidement sur l'étagère, qu'il y avait au-dessus du lit, où siégeaient pas moins d'une dizaine de cadres. Chacune des photographies représentait une personne de la vie de Rose. C'était très troublant. Elle voyait enfin les personnes que lui avait décrites le Docteur. Cette femme blonde avec qui Rose posait devait être sans doute Jackie. Elles riaient, heureuses, se couvrant mutuellement d'un regard affectueux. Elle n'avait pas l'air aussi terrible comme le lui avait décrit le gallifréen. A moins que ce soit le souvenir de la gifle qu'il avait reçu de sa part, qu'il le faisait ainsi parler d'elle. La première claque de sa vie, lui avait-il dit. Néanmoins, elle avait perçu l'affection qu'il portait vers Jackie.

Un autre cadre représentait Rose entourée de deux hommes. L'un brun, un sourire à faire fondre n'importe quel cœur de glace, l'air charmeur, sûrement le capitaine Jack Harkness, l'autre, grand à la veste de cuir, un beau sourire aussi mais qui semblait cacher beaucoup de secrets. Les deux hommes avaient un regard bienveillant sur elle mais celui à la veste de cuir avait quelque chose en plus. C'était un regard caressant, chaud, tendre, qui brillait avec intensité, celui du gallifréen. Elle comprit que c'était l'ancien Docteur, celui que Rose avait rencontré dans le magasin. Le premier Docteur qui avait laissé place à celui qu'elle connaissait aujourd'hui. Un homme aux multiples visages. Comment Rose avait pu faire la transition entre les deux ? Comment l'avait-elle vécu surtout ?

Louve laissa errer son regard sur les autres cadres et le fixa sur le dernier. Une bouffée de tendresse l'envahit à sa vue. Pour la jeune femme, cette photo représentait tout ce qui unissait le Docteur et Rose. Elle avait pris par le bras son compagnon. Comme sur la photo qu'il lui avait montré, ils riaient. Ils semblaient si heureux ensemble. Ils avaient l'air de rire sans cesse. Et leurs regards accrochés l'un à l'autre qui reflétaient la même chose. Une vague de chaleur la submergea. Elle aimait cette image, surtout ce qu'elle suscitait. Cette impression de complicité, de tendresse et d'admiration qu'ils se portaient l'un à l'autre. Mais surtout ce qui ressemblait à un amour profond et éternel qui s'en dégageait.

Louve se retourna vers le Docteur. Il était resté sur le seuil. Il semblait hésiter à entrer. Avait-il peur de ce qu'il pourrait ressentir ? Elle lui tendit la main pour lui demander de la rejoindre. Elle voulait qu'il soit à ses côtés. Elle ne voulait plus être éloignée de lui. Elle avait si froid quand elle n'était pas prés de lui, ou bien tout simplement quand elle n'était pas dans ses bras. Il la regardait avec beaucoup d'intensité, un mélange de joie et de douleur.

- Venez...

La jeune femme le vit fermer les yeux un instant. Il semblait perdu. Elle comprenait que pour lui c'était éprouvant comme situation. Il n'avait pas retrouvé sa Rose. C'était difficile pour lui parce qu'il voyait en elle Rose et non Louve, celle qu'elle était en ce moment. Ça l'était d'autant plus difficile pour lui, qu'elle n'ait pas retrouvé la mémoire de sa compagne. Qu'elle ne se rappelle pas de lui et de ce qu'ils avaient partagés ensemble. Elle savait ce qu'il ressentait. Elle était aussi perdue que lui.

Louve lui sourit pour l'encourager, la main toujours tendue vers lui. Il se passa une main sur le pantalon, agité. Puis, finalement sans doute après une lutte acharnée dans sa tête, il avança d'un pas avant de se stopper dans son élan. Il regarda, un peu effrayé, ce qu'il l'entourait. Ses épaules se soulevèrent quand il prit une grande inspiration. Il s'approcha précipitamment de la jeune femme et lui prit la main qu'elle lui offrait. Il eut un petit sourire craintif.

- La salle de bains est derrière la porte coulissante, fit-il en lui montrant du doigt. Vous avez vos affaires dans la penderie... Mais si vous ne trouvez rien qui vous convienne ou qui vous plaise, le Tardis possède une garde-robe. Il suffit de reprendre le couloir sur votre gauche, de continuez jusqu'à l'escalier, puis de...

La jeune femme l'observa. Il parlait rapidement et elle n'arrivait pas à le suivre. Il était troublé, et il s'emportait. Elle lâcha sa main et alla se blottir contre lui, en enroulant ses bras autour de sa taille. Il s'arrêta surprit dans un premier temps, puis il l'enlaça à son tour. Il se mit à la bercer tout doucement pendant un long moment.

- Je vais vous laissez prendre vos aises...

- Non... S'il vous plaît... Ne me laissez pas toute seule...

- J'ai plusieurs choses à faire... Mais ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas toute seule. Le Tardis veille sur vous.

- Vous allez revenir ? Lui demanda-t-elle prise de panique.

- Aussitôt que j'ai finis. Je vous le promet.

Le Docteur se détacha d'elle. Rassurée, Louve lui sourit et l'observa fermer la porte derrière lui. Elle resta un instant immobile au milieu de la pièce. Elle ne savait pas par où commencer, alors qu'une sensation bizarre lui nouait l'estomac. Elle aurait voulu que le gallifréen reste avec elle. Cependant elle comprenait que si il la laissait seule un moment, c'était pour lui laisser prendre ses marques et du temps pour qu'elle s'habitue à ce lieu. Il ne voulait pas la presser et elle lui en était reconnaissante. Elle sursauta en apercevant son reflet dans un miroir. Filiforme, un teint pâle et fatigué, ses cheveux blonds qui tombaient en cascade jusqu'au creux de ses reins. Elle n'avait pratiquement plus rien en commun avec Rose. Elle décida subitement de débuter par la salle de bains. Elle devait effacer les traces de ces derniers mois sur elle. Ce serait symbolique, mais elle en éprouvait le besoin pour passer à autre chose et retrouver celle qu'elle était.


egedan  (17.01.2009 à 12:15)

Georges assit dans un de ses confortables fauteuils club, les jambes allongées sur un repose pied, lisait en toute tranquillité dans sa bibliothèque. Un feu flamboyait dans l'âtre réchauffant ses membres engourdit par le froid et la vieillesse. Il sourit quand il sentit une petit brise l'effleurer. Elle était accompagnée de reflets bleus et d'un son bien particulier. Il ne se retourna pas quand il entendit une porte s'ouvrir avec un grincement plus que mélodieux et unique dans l'univers. Il savait qui était son visiteur.

- Une rumeur court en ville, s'exclama-t-il. Elle dit qu'un étranger rôde dans les rues et qu'il passe toutes les nuits avec une fille de Madame. Certains notables de la ville commencent à le jalouser de leur prendre la jeune femme. Ne vous ayant pas revu depuis l'autre soir, Docteur, j'en ai déduis que cela ne pouvait être que vous.

Le vieil homme leva les yeux pour rencontrer le regard du gallifréen. Il souriait et ses yeux avaient retrouvés cette pétillante, cette intensité qu'il lui avait toujours connu. Il se passa les doigts dans les cheveux et s'appuya de son épaule sur la cheminée, avant d'enfoncer les mains dans les poches.

- Effectivement, c'était moi.

- Louve est alors bien votre compagne Rose...

Le Docteur acquiesça de la tête.

- Je suis heureux, déclara sincèrement le vieil homme, que vous l'ayez retrouvé malgré les douloureuses circonstances. Mais, je vous prie de me pardonner...

- Pourquoi ? Demanda surprit le Docteur.

- De vous avoir en quelque sorte sermonner l'autre soir. Je n'en avais aucun droit.

- Je l'avais mérité, Georges. Vous aviez raison. J'ai tendance à être impulsif, à agir sans réfléchir aux conséquences que peuvent avoir certains de mes actes.

Le Docteur rencontra le regard coupable de Georges avant qu'il ne baisse la tête.

- Et parce que j'ai un aveu à vous faire. J'étais là lorsque Madame a trouvé votre compagne. Nous venions tout juste de mettre fin à notre conversation. Elle attendait une cargaison qui devait arriver par un de mes bateaux depuis plusieurs jours. J'ai observé toute la scène de loin et puis en voyant que ses filles...

Il s'interrompit quelques secondes, fuyant toujours le regard du gallifréen, avant de reprendre.

- J'aurais dû savoir qu'elle était votre compagne perdue. Je ne l'aurais jamais laissé là-bas, si je l'avais su...

Le gallifréen avança vers son ami, et s'accroupit devant lui.

- Vous ne pouviez pas savoir que c'était elle, lui dit-t-il doucement en posant une main sur son bras. Vous ne connaissiez Rose que par mes descriptions. Alors cessez de vous sentir coupable...

Le Docteur respira profondément et observa un moment de silence avant de continuer sur sa lancée.

- Néanmoins, cela confirme ce que je pensais. Que c'est en aucun cas une simple coïncidence qu'elle se retrouve ici.

- Comment cela ? Fit le vieil homme intrigué.

Le visage du gallifréen s'assombrit et une pointe de douleur se mit à scintiller dans son regard.

- Je vous avais expliqué que Rose se retrouvait piégée dans un monde parallèle. Il n'y avait aucun moyen pour que je puisse, ou qu'elle puisse traverser le mur. Autrefois, quand mon peuple était encore de cet univers, les passages entres les différentes dimensions étaient possibles, mais avec sa disparition, ils se sont fermés à jamais. C'est pour cette raison que je suis persuadé que Rose n'a pas pu traverser le mur seule, ou qu'elle ait trouvé un passage... Bien qu'elle soit capable de l'impossible, rajouta le gallifréen non sans une pointe de fierté. Quelqu'un ou quelque chose lui a permis de rejoindre cet univers. Ce que je ne comprend pas, c'est comment elle a pu se retrouver à cette époque au lieu de la sienne ?

- Vous en avez une idée ?

- Non. Ce dont je suis certain, c'est que quelque chose l'a guidé et l'a attiré ici. Parce qu'on savait que je la retrouverais ici par votre intermédiaire. Cette chose est sûrement la cause de l'amnésie de Rose, involontairement ou non.

- Je suis désolé.

- Ne le soyez pas. Je l'ai retrouvé, c'est l'essentiel. Même si elle ne se rappelle pas encore, je sais que je retrouvais ma Rose, très bientôt.

Georges sourit en entendant le Docteur dire que c'était « sa » Rose. Il y a quelques temps, il ne se serait jamais permis une telle familiarité. Et le vieil homme comprit qu'il n'avait pas l'attention de laisser filer cette deuxième chance avec sa compagne.

- Comment va la jeune femme ? Et surtout comment prend t-elle toute cette histoire ? S'inquiéta-t-il.

- Difficile à dire, répondit le gallifréen en lâchant un soupir. Même si je lui ai apporté la preuve qu'elle est bien Rose Tyler. Elle ne l'a pas encore admis. Rose est une étrangère à elle-même.

Le Docteur se releva et le vieil homme l'observa prendre place dans l'autre fauteuil. Il se laissa tomber contre le dossier. La joie d'avoir à nouveau la jeune femme dans sa vie était entachée par le fait qu'elle ne se rappelle de rien, de lui, de tout ce qu'ils avaient pu vivre ensemble, mais principalement de ces sentiments qui les liaient profondément tous les deux. Le gallifréen avait de la peine, cela se sentait.

- Rose n'a pas voulu me suivre le premier soir, expliqua-t-il. Je n'étais qu'un inconnu qui lui disait des choses qu'elle ne comprenait pas. Il a fallu que je regagne sa confiance. Cela a été long. Mais maintenant, elle est en sécurité. Elle est avec moi.

- J'en suis heureux pour vous, Docteur. Quoi que vous puissiez dire, vous aussi, vous avez droit au bonheur.

Le gallifréen ne rétorqua pas et se tourna vers le Tardis. Elle trônait fièrement au milieu de la bibliothèque. Elle-aussi était heureuse de retrouver Rose. Elle étincelait comme jamais, sa couleur bleue avait reprit son intensité d'antan. Comme lui, elle retrouvait une partie de son âme.

- Par contre, je m'interroge sur le fait Docteur, que vous n'êtes pas avec elle en ce moment. Elle a besoin de vous.

- Je voulais la laisser seule un moment, pour qu'elle puisse se rapproprier les lieux, notamment sa chambre.

- Allez la rejoindre ! Tonna Georges. Plutôt que de tenir compagnie à un vieillard comme moi !

- Vous ? Fit le gallifréen en se tournant vers son ami, un immense sourire aux lèvres. Que devrais-je dire ?

-Docteur ! Vous avez l'énergie de la jeunesse ! Et de l'amour qui rajeunirait n'importe quel homme ! Alors foutez-moi le camps !

Sur ces mots les deux hommes se levèrent de leurs sièges. Le Docteur d'un bond alors que Georges le fit en prenant appui sur les bras de son fauteuil avec lui le poids de son âge sur ses épaules. Le vieil homme jeta un coup d'œil vers la cabine bleue, amusé de la voir ici avant de poser son regard sur le gallifréen. Celui-ci se passa une main sur la nuque et grimaça légèrement comme pour se faire pardonner.

- Désolé Georges. Je sais que vous n'aimez pas que je matérialise le Tardis dans votre bibliothèque...

Le vieil homme éclata de rire, en se rappelant notamment de la dernière fois ou le Docteur avait fait atterrir son vaisseau à la limite de la catastrophe. Le résultat ressemblait au passage d'une tornade. Toute la maison, jusqu'à ses fondations, en avait tremblé d'effroi. Et c'est avec le branle bas de combat que tout le monde s'était précipité à la bibliothèque pour comprendre ce qui venait de se passer.

- Événement exceptionnel ! S'exclama-t-il. Exception à la règle ! D'ailleurs, cela mériterait d'ouvrir une bouteille de ce fameux bordeaux que vous aimez tant !

Le gallifréen rit. Georges était peut-être un écossais fier de ses origines, mais il s'était rapidement habitué à la gastronomie française.

- Georges...

- Allez débarrassez-moi le plancher, Docteur ! Tout de suite avant que je le fasse à coup de canne !

- Avant que je parte, me rendriez-vous un service ?

- Vous osez encore vous poser la question ! Lui reprocha le vieil homme faussement irrité.

Le gallifréen sourit de toutes ses dents. C'était exactement la réaction à laquelle il s'était attendu. Il se rapprocha de Georges et lui formula sa requête au creux de l'oreille.

- Considérez que c'est déjà fait, lui répondit Georges.

MacDonald observa le Seigneur du Temps regagner le vaisseau et en pousser la porte afin de rentrer à l'intérieur.

- Docteur ? L'appela-t-il avant qu'il ne disparaisse. Lors de votre prochaine visite, me feriez-vous l'honneur de me présenter Rose, votre compagne ?

- Gardez donc cette bouteille sous le coude, Georges. Nous aurons bientôt l'occasion de la déboucher !

Le gallifréen ponctua sa phrase d'un sourire et referma la porte sur lui. La lanterne au-dessus de la cabine commença à s'illuminer par intermittence et le vaisseau se dématérialisa avant de disparaître totalement. Georges s'avança en clopinant jusqu'à la fenêtre et regarda le ciel. Il aperçut une étoile filante fendre la nuit, laissant derrière elle une traînée de couleur bleue. Et il fit un vœu pour son ami. Celui qu'il retrouve sa compagne et qu'il goûte enfin à ce bonheur qu'il s'était refusé tant de temps avant de le laisser lui filer entre les doigts.

*** ***

Le Docteur effectua quelques réglages puis contrôla les indications sur l'écran. Ravi du résultat, il sourit. Au moins, rien ne pouvait les déranger. Il regarda autour de lui et soupira en voyant le désordre qu'il avait mit pendant la réparation du vaisseau. Il ne pouvait décidément pas laisser la salle de contrôle dans cet état-là. Il jeta un coup d'œil vers le couloir. Il voulait retrouver Rose, constaté qu'elle était bien là. Que tout ce qu'il avait vécu ces derniers temps n'était pas le fruit de son esprit malade. Elle lui manquait déjà. Il éprouvait le besoin de la sentir en permanence auprès de lui. Il soupira à nouveau en enlevant sa veste et en relevant ses manches. Si il le faisait maintenant, il n'aurait pas à le faire plus tard, et il pourrait se concentrer sur la jeune femme entièrement. De plus, il avait promis de prendre un peu plus soin du Tardis. Il fallait qu'il tienne ses résolutions. Et puis, cela faisait vraiment mauvaise impression. Il fallait que tout soit parfait pour la jeune femme.

*** ***

Sans un bruit, le gallifréen poussa doucement la porte et chercha du regard la jeune femme prit d'une soudaine panique. Ses épaules se relâchèrent en même temps qu'il poussait un énorme soupir de soulagement. Rose était bien là dans sa chambre. De nouveau. Enfin. Elle était de retour dans sa vie. Il entra dans la pièce et s'avança jusqu'à elle. Il observa la jeune femme assoupie sur la couette. Il sourit devant cette scène qui faisait remonter en lui des souvenirs similaires. Il la souleva tout doucement pour ne pas la réveiller, afin de la poser délicatement au creux du lit, au chaud sous la couette. Puis il s'assit sur le bord du lit et observa la jeune femme paisiblement endormie. Elle avait dû s'endormir en l'attendant. Elle avait besoin de repos. Les événements de ces derniers mois l'avaient épuisée mentalement et physiquement. Il posa sa main sur sa joue chaude. Elle était réelle. Il laissa glisser ses doigts, repoussant quelques mèches de ses cheveux dorés de son visage. Avec un nouveau sourire, il retrouvait ce parfum enivrant autrefois si familier du shampoing que Rose avait toujours utilisé. Il avait toujours le même effet sur lui. Sa chevelure sentait les fleurs sauvages après un orage d'été. Le Docteur resta, là, un long moment, incapable de bouger, s'émerveillant de la présence de la jeune femme à ses côtés. Il ne lui en fallut pas plus en ce moment pour être heureux. Rose inspira profondément, puis poussa un léger soupir. Elle ouvrit brusquement les yeux et plongea dans le regard du Docteur.

- Venez... Lui demanda-t-elle en tendant le bras pour s'emparer de sa veste afin de le retenir. Je ne veux pas dormir toute seule, s'il vous plaît...

Le gallifréen retira sa main de la joue de la jeune femme et baissa la tête. Il hésitait. Maintenant que Rose était en sécurité, il pensait que c'était une mauvaise idée de continuer de dormir avec elle. Cependant, durant les précédentes nuits, il s'était habitué à la présence de Rose dans ses bras. Elle lui procurait une telle sérénité, qu'il se sentait à nouveau en paix avec lui-même. Et il savait parfaitement que si il refusait de dormir avec elle, il ne sentirait pas tranquille et ne trouverait ni le sommeil de la savoir si éloignée de lui.

Il hocha simplement de la tête et Rose lui sourit. Elle se décala aussitôt pour lui faire de la place dans le lit. Le Docteur retira ses chaussures, sa veste et sa cravate avant de se glisser sous la couette. Il s'allongea sur le dos, et Rose vint aussitôt se blottir contre lui. Il constata qu'elle retrouvait tout naturellement sa place, le visage au creux de son épaule et ce n'est pas sans surprise qu'il remarqua qu'elle s'agrippait à sa chemise. Toujours aussi belle. Terriblement fragile. Et encore plus terriblement attirante. Il était troublé. Malgré tout, il passa un bras autour de sa taille pour la maintenir contre lui puis ferma les yeux. Il se sentit aussitôt happé par le sommeil.

- Bonne nuit, ma Rose, chuchota-t-il avant de s'endormir.


egedan  (17.01.2009 à 12:18)

Une douce mélodie parvenait à se frayer un chemin dans son sommeil, la ramenant tout en douceur dans la réalité. Cette réalité qui changeait absolument tout et qui remettait toute sa vie en question. Louve se mit à fredonner. C'était si doux, si voluptueux. C'était cette mélodie qu'elle entendait sans cesse dans sa tête. Cet air qui avait toujours su la réconforter. Elle ouvrit lentement les yeux et resta un moment immobile, totalement perdue avant de prendre conscience de l'endroit où elle se trouvait : à l'intérieur du Tardis avec le Docteur. Celui-ci avait laissé une place vide, tout à l'heure dans le lit. Elle l'avait sentit remuer avant qu'il se lève tout doucement afin de ne pas la réveiller. Elle ne l'avait pas retenu car elle savait qu'il ne sera plus jamais bien loin d'elle dorénavant.

Louve était épuisée mais elle flottait sur un nuage de bonheur et de béatitude. Elle ferma les yeux avant de nicher son visage dans l'oreiller et un long frisson parcourut tout à coup son corps. Le cœur battant soudainement plus vite, elle respira avec avidité le parfum du Docteur. Dieu qu'il sentait merveilleusement bon. Elle n'avait jamais connu un homme qui sentait aussi bon, dont le parfum pouvait lui faire tourner la tête avec délice. Elle se laissa aller à cette douce torture faite de délectation et d'euphorie, puis considérant qu'elle avait assez traîné, elle se redressa. Elle bailla tout en s'étirant, puis ramena ses genoux contre sa poitrine pour y poser son menton. Elle sourit en voyant les affaires du gallifréen toujours là où il les avait posé cette nuit avant de la rejoindre. Et cela lui plaisait énormément...

La jeune femme passa ses doigts dans ses cheveux pour les repousser en arrière. Elle entendait toujours cette mélodie qui ne venait pas de sa tête mais de quelque part dans le Tardis. Elle décida de se lever, curieuse de savoir d'où elle provenait. Peut-être qu'elle résoudrait ainsi son mystère. La porte en face de celle de sa chambre était grande ouverte. Elle avança craintivement, presque gênée de rentrer à l'intérieur de la pièce sans permission. Elle s'arrêta au seuil, laissant vagabonder ses yeux partout dans la pièce. Son regard se fixa en premier lieu sur le Docteur. Et quelque part, elle fut rassurée de le trouver ici. Cela devait donc être sa chambre. Louve était étonnée de sa simplicité. Pas d'extravagances. Elle pouvait passer pour une chambre tout à fait ordinaire, pourtant ce n'était pas tout à fait le cas. Il y avait bien entendu un lit, une penderie camouflée dans un mur comme dans sa chambre, et un gros fauteuil usé mais qui avait l'air pourtant moelleux et confortable. Le plus surprenant était la dizaine de tableaux suspendus aux murs. Ils représentaient tous différents paysages : des montagnes recouvertes d'herbes rouges ou une rue animée d'une ville à l'architecture magnifique, étincelante sous les rayons de deux soleils. Ils étaient tous dans la même lignée de pureté, de beauté et d'un réalisme époustouflant. Louve n'en croyait pas ses yeux devant la splendeur des toiles. Il lui semblait presque voir l'herbe se balancer sous une brise ou bien les gens s'animer de vie.

Le Docteur jouait sur un piano demi-queue -un drap jeté à ses pieds- la mélodie qu'elle ne cessait de fredonner. Elle l'observa affectueusement pendant un long moment, alors qu'il laissait courir ses doigts sur les touches avec virtuosité. Elle n'osait pas s'approcher de lui de peur de l'interrompre. Et puis la musique était si douce à ses oreilles. Subitement, il s'arrêta de jouer et se tourna vers elle, un immense sourire aux lèvres. Le cœur de Louve bondit dans sa poitrine.

- Bonjours Rose... Je ne vous ai pas réveillé, au moins...

Louve secoua la tête négativement avant de lui répondre par un sourire. Il lui fit signe d'entrer et de le rejoindre d'un geste de la main.

- Je ne voudrais pas...

- Venez, la coupa-t-il doucement.

Le gallifréen bougea sur le banc pour faire de la place à la jeune femme. Elle avança timidement comme si elle entrait dans un sanctuaire, un lieu dans lequel il ne fallait en aucun cas troubler la tranquillité. Elle s'assit aux côtés du Docteur puis elle caressa du bout de ses doigts les touches blanches et noires de l'instrument.

- Elle est magnifique cette mélodie que vous jouiez, lui confia-t-elle. C'est elle que j'entends sans cesse dans ma tête et dont je ne peux pas m'en empêcher de fredonner. Elle m'aidait à aller mieux...

- Vous vous en souvenez ? Demanda le gallifréen quelque peu décontenancé.

Louve rencontra son regard et y lut beaucoup d'espoir. Trop pour elle. Elle sentit un poids lui comprimé l'estomac. Elle ne savait que lui répondre de peur de le décevoir. Elle ne pouvait -en aucun cas- lui dire que ce n'était pas un des souvenirs de Rose qui lui revenait. Elle détourna les yeux et baissa la tête pour ne pas voir l'expression de peine sur son visage par son explication.

- Je me suis réveillée à Londres avec cette mélodie en tête. Maintenant, je sais d'où elle provient...

- Je vous apprenais à jouer au piano, fit le gallifréen nostalgique en passant sa main sur les touches. C'est la dernière mélodie que nous avions répétés avant votre disparition.

Le Docteur se rappelait avec une tendresse toute particulière de ses longues heures ou il avait apprit à jouer au piano à Rose. La jeune femme contre toute attente avait été une élève attentive et particulièrement douée. D'ailleurs, c'était la seule chose qu'il avait gardé en commun avec son ancien lui. Elle avait commencé son apprentissage de l'instrument avec le neuvième Docteur et lui avait continué après sa régénération. Il avait aimé partager ces moments avec elle. C'était leur secret, leurs moments. Quelques instants volés à l'univers qui n'appartenaient qu'à eux et que personne ne pourrait leur retirer. Partager ces moments intimes avec Rose avait été ses plus grands moments de joies. Lorsqu'elle avait commencé à maîtriser l'instrument, ils avaient joués à quatre mains. Et il avait tout autant adoré ne jouer que pour elle. Cela avait été tout simplement magique.

Cela l'avait été d'autant plus lorsqu'il lui avait fait partager cette mélodie, parce que c'était quelque chose qui venait de Gallifrey, de son peuple. Il avait voulu lui offrir cet air comme une sorte de cadeau pour la remercier d'être là et d'avoir illuminé sa vie. Et dans un certain sens pour se faire aussi pardonner.

Le Docteur jouait les yeux fermés. La musique l'envahissait mais n'arrivait pas à le défaire de ce poids qui lui comprimaient ses cœurs. Il venait de perdre Madame de Pompadour. Il n'avait pas respecté sa promesse de lui faire toucher les étoiles. Et une sensation de culpabilité lui nouait les entrailles. Il avait tout bonnement abandonné Rose sur le vaisseau... Seule... Enfin non, pas tout à fait. Mickey était avec elle, ce qui n'avait pas été particulièrement pour le réjouir. Il ne pouvait tout de même pas laisser les automates tuer Reinette. Et pour cela, il avait dû laisser Rose derrière lui. Il fallait bien pourtant qu'il agisse pour que la ligne du temps ne soit pas modifiée, non ? Alors pourquoi avait-il cette désagréable sensation d'avoir trahit Rose ? Et surtout de l'avoir blessé ?

Depuis que le Tardis avait quitté le vaisseau, il avait soigneusement évité la jeune femme. Il s'était lâchement terré dans sa chambre. Peur d'affronter Rose et de voir le mal qu'il lui avait fait. Il ne pourrait plus jamais la regarder dans les yeux après ce qui venait de se passer. Il ne s'en pardonnerait jamais.

- C'est triste ce que vous jouez...

Le gallifréen sursauta au son de cette voix et se retourna vers Rose, adossée au chambranle de la porte. Il baissa aussitôt la tête, mal à l'aise. Elle s'approcha d'un pas sûr et le poussa doucement pour qu'il lui laisse de la place sur le banc. Elle releva ses manches, sortit de nul part un élastique pour s'attacher les cheveux, et commença à jouer doucement. Il adorait observer les doigts fins de la jeune femme courir sur le clavier non sans une certaine sensualité.

- Ou est Mickey ? Lui demanda-t-il, embarrassé par le silence qui s'était installé entre eux. Je pensais que vous finissiez de lui faire le tour du Tardis.

Rose s'arrêta de jouer et prit largement son temps pour lui répondre.

- Je l'ai laissé devant un match de football. Et je constate que le foot obsède toujours autant les hommes malgré des siècles d'évolution. Enfin pas tous. Il reste encore quelques irréductibles...

Le Docteur consentit à lever le regard vers elle et nota le petit sourire de la jeune femme. Il frissonna sous la surprise de s'apercevoir que son regard qu'elle posait sur lui n'avait pas changé. Il était toujours emplit de cette tendresse et de cette admiration qu'elle portait à son égard. Il se demanda alors comment pouvait-elle faire pour l'aimer. Il ne la faisait que souffrir. Il n'était bon qu'à ça, à faire du mal. Il ne méritait vraiment pas toute la confiance qu'elle mettait en lui. Ni la jeune femme dans sa vie. Et plus particulièrement son amour.

- Rose...

- Oui, Docteur ?

Les mots ne parvinrent pas à franchir ses lèvres. Il voulait tellement lui dire qu'il était désolé, mais il en était incapable. Elle pencha la tête sur le côté, toujours ce petit sourire aux lèvres. Quelques minutes passèrent et cela parut au gallifréen des siècles. Il se sentait tellement fautif de lui avoir fait cela. D'avoir encore trahit sa confiance. Pourquoi lui faisait-il autant de mal, bien malgré lui, alors qu'il l'aimait de tout son être ? Et ce tout en lui faisant miroiter vainement que quelque chose puisse se passer entre eux pour la garder auprès de lui. Il ne comprenait pas comment pouvait-elle encore vouloir rester à ses côtés, après tout cela. C'était un mystère pour lui. Il n'en était pas digne.

Brusquement Rose se redressa. Il se figea et cessa de respirer en la voyant s'approcher de lui un peu plus. Elle resserra le nœud de sa cravate qu'il avait desserré puis la lissa.

- Voilà, c'est mieux ainsi. Vous ne trouvez pas ?

Le Docteur sourit. Elle savait qu'il détestait être négligé. Mais par ce geste, elle lui avait signifié silencieusement quelque chose. Elle lui avait pardonné. Elle ne le dirait pas. L'incident était clos et il n'était plus questions de revenir dessus. Le gallifréen en fut soulagé. Rose comprenait. Elle le comprenait si bien. Elle comprenait toujours. Il posa sa paume sur la joue de la jeune femme. Il ancra son regard dans le sien, lui dévoilant rien qu'un instant, à peine une fraction de seconde ce qu'il ressentait pour elle. Puis, il l'attira dans ses bras. Elle se laissa faire. Elle se blottit contre lui. Une étreinte, c'était tout ce qu'il pouvait lui offrir. C'était si peu par rapport à ce qu'elle lui avait apporté dans sa vie. Rose s'en contentait. Mais pour combien de temps, encore ?

Ils restèrent un long moment, beaucoup plus que ce qu'ils auraient dû, dans les bras de l'un et de l'autre. Quelque part en lui, il aimerait que ce moment ne connaisse jamais de fin. Il luttait chaque seconde passée avec la jeune femme pour ne pas succomber. Il n'avait qu'un pas à faire pour combler la distance qu'il s'imposait avec elle. Tout serait si simple pourtant si il trouvait le courage de le faire, d'arrêter d'avoir peur de souffrir avant d'avoir réellement mal. Seulement, il ne pouvait pas se le permettre. Il devait se protéger pour plus tard. Quand Rose disparaîtra de son univers. Ce qui arrivera tôt ou tard. Il fallait qu'il la garde éloignée de lui, même si il avait parfaitement conscience que cette distance entre eux la faisait souffrir. Il restait persuadé que c'était la meilleure solution. Il ne pouvait et ne devait en aucun cas y avoir de « nous ».

Doucement, Rose s'écarta de lui et détourna vivement son regard de lui. Pourtant, il avait vu ce qu'elle ne voulait pas lui montrer. Ses yeux brillaient de larmes qui menaçaient de couler. Et ses cœurs se serrèrent encore un peu plus douloureusement. Elle ne pleurerait pas devant lui. Elle ne se le permettrait pas. Elle joua quelques notes avant de se frotter les yeux.

- Vous m'aviez fait la promesse de travailler une nouvelle partition, la dernière fois.

Le Docteur eut un petit sourire triste. Si il y avait bien une seule promesse qu'il pouvait tenir, c'était bien celle-ci. Rose changeait de conversation. C'était tout elle. Elle se montrait toujours si attentionnée envers lui.

- En effet, réagit-il. Cela fait déjà un moment que je réfléchis à la manière de récompenser vos progrès. C'est pourquoi, je vais vous apprendre une mélodie très spéciale pour moi. Et parce que je désire la partager avec vous. Si vous êtes prête Rose, mettons-nous au travail.

La jeune femme lui sourit. Un sourire qui illumina son visage et réchauffa les cœurs du Docteur.

Et c'est ainsi qu'ils passèrent un long moment ensemble, complice comme avant, devant le piano. Le Docteur apprenant cette nouvelle mélodie à Rose. Les leçons du gallifréen étaient loin d'êtres ennuyeuses. Il pouvait être tantôt sérieux, tantôt à faire le pitre pour la déconcentrer. Ce n'était donc pas rare qu'ils se retrouvaient tous les deux écroulés de rires sur le clavier.

Finalement, le Docteur se retrouva à jouer pour elle. Il s'était aperçut qu'elle commençait à s'assoupir, bien qu'elle luttait pour rester éveiller. Il avait donc mis fin à la leçon. Rose l'écoutait depuis quelques minutes lorsqu'il la rattrapa délicatement dans ses bras, endormie. Il sourit, attendrit. Elle présumait bien au-dessus de ses forces. Elle voulait tant faire comme lui. Sauf que lui pouvait se passer de sommeil pendant quelques jours, mais pas elle. Rose n'était encore qu'une humaine avec ses forces et fragilités. Et les humains avaient besoin de sommeil. Bien souvent, il devait la forcer à aller se mettre au lit, alors qu'elle tombait de fatigue. Il la ramenait dans sa chambre malgré ses protestations et lui ordonnait de se coucher. Il revenait une bonne demi-heure plus tard pour vérifier qu'elle lui avait obéit et la plupart du temps, il la trouvait profondément endormie -encore habillée-sur son lit dont les draps n'étaient pas défait. Il secouait la tête devant ce spectacle tout en soupirant, avant de s'occuper de la border.

Le gallifréen souleva Rose dans ses bras et se leva. Il resta un instant immobile avant de la porter dans sa chambre afin de la coucher dans son lit. Il s'apprêtait à quitter son chevet, après s'être assuré qu'il l'avait installé confortablement sous la couette, lorsque Mickey arriva. Le Docteur leva la tête vers lui alors qu'il appelait la jeune femme. Le regard du jeune homme s'assombrit de suite lorsqu'il s'aperçut de sa présence dans la chambre de Rose, avant de se charger de mépris et de jalousie. Puis, il tourna les talons précipitamment.

Le Docteur ne lui en voulait pas d'avoir un tel comportement à son égard. C'était quelque part mérité, il lui avait volé le cœur de la jeune femme. Et Mickey en venant les accompagner avait voulu dans un certain sens regagner le cœur de Rose, en lui prouvant qu'il n'était pas un idiot, qu'il pouvait lui aussi être un gagnant comme elle, et non un perdant.

Seulement, Rose et lui formait une équipe, un duo. Ils vivaient tous les deux dans leur univers qu'ils s'étaient construit petit à petit, ensemble. Et malheureusement pour lui, Mickey n'en faisait pas partie. Et Rose comme lui n'avait fait véritablement d'effort pour l'intégrer. La jeune femme n'avait pas été particulièrement enjouée de l'accueillir à bord du Tardis. L'arrivée du jeune homme avait perturbé leurs habitudes, et l'un comme l'autre avait vivement souhaité que les choses redeviennent comme avant. Principalement de se retrouver à nouveau que tous les deux.


egedan  (24.01.2009 à 13:23)

- Docteur ?

Le gallifréen perdu dans ses souvenirs sursauta. Il secoua la tête pour les faire disparaître puis reporta son attention sur la jeune femme. Elle l'observait inquiète par son mutisme, ses doigts agrippant quelque chose au travers de son tee-shirt.

- Désolé d'être distrait, lui fit-il.

- Es-ce que vos pensées vous laissent de temps en temps en paix ?

Le gallifréen fronça des sourcils, curieux et quelque peu décontenancé qu'elle lui demande une telle chose.

- Pourquoi cette question ?

- Pourquoi vous ne répondez pas à la mienne ? Lui répliqua-t-elle.

Pour Louve, le Docteur semblait toujours en activité. Il ne pouvait pas apparemment s'empêcher de penser. Même quand il dormait, il avait cet air pensif. Elle avait l'étrange impression qu'il réfléchissait à ce qui s'était passé, à ce qui se passait et à ce qui pouvait se passer. Il avait l'air comme cela si spontané, si pétillant et pourtant ses gestes et mots semblaient avoir été longtemps réfléchis et pesés.

- Pas comme, je le souhaiterais, lui répondit-il énigmatiquement.

Ses pensées ne lui laissaient aucun répit. Jamais. Il y avait tant -trop, sans doute- de choses dans sa tête. Cela tournait sans cesse. Observant, analysant, décryptant, tout ce qu'il l'entourait. Parfois, c'était à en devenir fou. Il n'arrivait tout simplement pas à se vider l'esprit. Les seuls moments ou il avait été un peu libre, ce fut quand Rose avait été à ses côtés, sa présence l'avait toujours apaisé.

Louve lui sourit, puis passa quelques unes de ses mèches dorées derrière les oreilles et reporta son attention sur le piano. Peut-être que si elle se rappelait de cette mélodie, c'était qu'il y avait une raison. Il y avait au moins ça qui la reliait au passé de Rose. A son passé, se reprit-elle. Elle était Rose. La compagne du Docteur. Il fallait qu'elle l'accepte. Surtout qu'elle arrête de renier ce qu'elle était au plus profond d'elle. Si elle le faisait, elle savait que ce serait un grand pas pour retrouver la mémoire. Elle appuya craintivement sur une touche, puis sur une autre. D'étranges sensations qu'elle n'arrivait pas identifier la submergeait. Elle en était troublée. Il y avait quelque chose en elle qui s'éveillait aux notes produites.

- Posez vos mains sur les miennes.

La voix du Docteur la sortit de ses pensées. Elle le regarda un peu étonnée, ne comprenant pas ce qu'il voulait lui dire. Son regard passa du visage du gallifréen à ses mains et vice versa.

- Je ne...

- Vos mains, posez-les sur les miennes.

- Pourquoi ?

- Et pourquoi, vous ne le faîtes pas ? Lui rétorqua-t-il.

Louve leva les mains hésitantes. Celles du Docteur se trouvaient au-dessus du clavier. Quelque peu confuse d'une telle demande, elle accepta tout de même sa requête.

- Laissez-vous juste faire, d'accord ?

La jeune femme hocha de la tête, ne comprenant toujours pas ou il voulait en venir. Il ferma les yeux et elle suivit son exemple. Elle sentit les doigts du gallifréen bouger lentement, emportant les siens dans une valse aérienne, formant un pas à chaque touche.

- Je vais vous empêcher de jouer ! S'écria-t-elle en retirant vivement ses mains. Je vous gêne !

Le Docteur sourit. Elle avait eut le même réflexe quand elle avait commencé son apprentissage de l'instrument.

- Rose, c'est comme cela que vous aviez débuté votre initiation à l'art difficile mais pas moins magique du piano !

- Mais...

- Allez ! Allez ! Fit-il gaiement. Qui sait si cela ne réveilla pas en vous quelques souvenirs ?

Le gallifréen l'avait dit d'un ton joyeux, mais elle sentait dans sa phrase beaucoup d'espoir. Il semblait beaucoup plus confiant qu'elle dans cette quête. Louve commençait à douter. Cela faisait plus de huit mois qu'elle vivait dans l'ombre. Le Docteur était une petite lumière qui lui avait permis de retrouver l'espoir qu'elle saurait qui elle était. Cependant, rien de sa mémoire ne lui était encore revenu. Même si le fait d'être avec le Docteur et de se retrouver dans un environnement familier ne provoquait rien, pas le moindre souvenir, ne serait-ce qu'un infime. Elle pensait que ses chances s'amoindrissaient à chaque seconde passée. Elle voulait sans doute aller trop vite. Et comme, elle l'avait pensé un peu plus tôt, il fallait qu'elle arrête d'avoir peur de se connaître elle-même. Car Louve sera toujours une partie de Rose quelque part. Louve devait être le passé. Rose l'avenir.

La jeune femme avec un peu d'appréhension reposa ses mains sur celles du gallifréen. Elle ferma les yeux et prit une grande inspiration. Elle sentit à nouveau les mains de son compagnon se mouvoir sur le clavier. Elle vida son esprit, tentant de ne penser qu'à la musique. A cette si belle mélodie qu'il jouait pour elle. Elle se laissa aller. Elle se mit à fredonner, se laissant emporter et envahir par la musique. Leurs mains entraînées dans une danse céleste.

A part cette musique qui commençait à lui faire tourner la tête, son esprit était vide, allégé de ses maux et de ses bleus. Une sensation douce, chaude et sereine prenait son cœur en assaut. Un murmure résonna dans tout son être. Ce même murmure qui avait remplacé la mélodie dans sa tête lorsqu'elle avait rencontré le Docteur dans la rue. A chaque note jouée, il prenait de plus en plus d'ampleur. Et il se faisait plus distinct. Ses mains quittèrent celles du gallifréen et commencèrent à leur tour à effleurer les touches.

Et quatre mains se mirent à jouer en parfaite harmonie.

Le Docteur ouvrit les yeux et se tourna vers Rose, un sourire aux lèvres qui disparut immédiatement. Il cessa de jouer brusquement, terrifié par ce qu'il voyait. La jeune femme semblait être rentrée dans une sorte de transe. Ses lèvres formaient des mots sans qu'aucun son ne sorte. Il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Il avait pensé que la musique l'aiderait. Il avait été tellement heureux qu'elle se rappelle de cette mélodie. Il avait eut la sensation d'avoir retrouvé un peu de sa Rose quelque part. Il avait juste voulut voir si cet air pouvait servir la jeune femme à retrouver quelques souvenirs. Il tendit l'oreille, croyant percevoir quelques sons sortir de sa bouche.

- Méchant Loup ! Déclara-t-elle soudainement.

Le Docteur sursauta en entendant ces mots et son sang se glaça dans les veines. Rose continuait toujours à jouer. Ses doigts filaient à une vitesse vertigineuse sur les touches du piano. Il saisit le visage de sa compagne entre ses paumes.

- Rose ! L'appela-t-il d'une voix douce mais ferme.

Les paupières de la jeune femme s'ouvrirent sur un regard vide. Mort comme si sa conscience s'était entièrement dissoute. Le gallifréen était tétanisé. Les doigts de Rose couraient toujours sur le clavier, accélérant le tempo de la mélodie.

- Rose... Réveillez-vous, je vous en prie...

Sa voix tremblait. Il était complètement désemparé par le comportement de sa compagne. Il secoua la jeune femme. Il fallait à tout prix qu'il trouve le moyen de l'arracher à sa transe. Elle semblait être comme possédée.

- Méchant Loup ! Je suis le Méchant Loup ! Je dois trouver le Docteur !

- Rose, je suis là, gémit le Docteur. Vous m'avez trouvé. Le Méchant Loup a trouvé le Docteur.

A ces mots, Rose cessa de jouer. Son regard retrouvait un peu de vie, s'illuminant d'une magnifique et envoûtante lueur dorée. Quelque chose semblait s'emparer progressivement d'elle. Ou plutôt comme si, elle prenait peu à peu le contrôle de la jeune femme. Cette chose devenait de plus en plus présente. C'est ce qui terrifiait le Docteur. La chose qui grandissait en elle était en train de prendre le pas sur l'humaine.

- Le Méchant Loup a trouvé le Docteur ? Chuchota-t-elle.

- Oui, lui répondit le Docteur d'une voix brisée. C'est finit Rose, je suis là... Tout est finit... Je suis là, maintenant.

- Docteur... Enfin... Mon Docteur...

La jeune femme sourit avant de tomber inconsciente dans les bras du gallifréen. Il la serra maladroitement contre lui et se mit à la bercer, tout en écoutant les battements de leurs trois cœurs se confondre dans le silence. La gorge nouée, les larmes aux yeux, il se mit à prier silencieusement. A prier pour que le retour de Rose dans sa vie ne soit pas le signe avant-coureur d'un mauvais présage.


egedan  (24.01.2009 à 13:25)

Le Docteur faisait les cent pas, repassant sa main encore et encore dans ses cheveux. Soudain, il se stoppa, se prit la tête entre les mains et poussa un hurlement intérieur. Il était paniqué, angoissé et terriblement inquiet pour Rose. Il se tourna vers son lit ou il avait installé la jeune femme. Elle n'avait toujours pas reprit connaissance. Elle gisait, les yeux clos, les lèvres entrouvertes, la couleur de son visage pâle contrastait avec les quelques mèches blondes qui barraient son front. Seul les draps qui se soulevaient au rythme de sa respiration lui prouvait qu'elle était toujours en vie. Il avança d'un pas nerveux et s'assit sur le lit aux côtés de sa compagne. Elle paraissait si frêle, si fragile, ce qui provoqua chez le gallifréen un élan de tendresse qui le terrassa. Il ferma les yeux, un instant, tentant de retrouver son calme. La transe de Rose l'avait complètement déstabilisé. Il n'avait toujours aucune idée sur ce qui venait de se passer. Un sentiment de tristesse, de peur et d'impuissance le rongeait. Et cela l'empêchait de réfléchir, dû moins à essayer d'avoir une pensée cohérente.

« Méchant Loup ». Ces deux mots ne cessaient de hanter son esprit. Il était terrifié de les voir ressurgir d'un temps qu'il pensait définitivement résolu. Rose était devenue le Méchant Loup pour venir le sauver sur le Satellite cinq, grâce au cœur du Tardis. Elle s'était auto-crée, en envoyant ces deux mots à travers l'espace et le temps pour la mener à lui. Et par ce geste, elle avait changé. Il ne lui avait jamais avoué, bien trop lâche de lui expliquer les conséquences de son acte. Et quelque part en lui, il en avait été soulagé que Rose ne se souvienne de rien. Il n'avait pas eut à répondre à ses questions et il s'était alors convaincu que c'était bien mieux ainsi. Et surtout, il avait été trop préoccupé de savoir si elle allait restait avec lui, alors qu'il venait de se régénérer.

Rose n'était plus tout à fait humaine. Le cœur du Tardis l'avait transformé. D'ailleurs, il n'avait toujours pas comprit comment une telle chose avait pu arriver. Ce qui s'était passé n'aurait jamais dû se conclure ainsi. Il n'y avait qu'une seule conclusion à ce que Rose avait fait : la mort.

Le Docteur avait été effrayé de voir réapparaître le Tardis avec la jeune femme à l'intérieur parce qu'il avait comprit immédiatement ce qu'elle avait fait. L'image d'un ange, et plus particulièrement de son ange gardien lui avait traversé l'esprit quand Rose lui était apparue auréolée de cette lumière dorée. Puis, elle s'était avancée vers lui possédée par le cœur du Tardis, le portant en elle avec une force puissante et sauvage. Il en avait été effondré et en même temps très fier. Il avait toujours su qu'elle serait différente de ses autres compagnons. Forte et courageuse. Unique et spéciale. Et là ou il avait échoué, elle avait mit fin à la Guerre du Temps.

Cependant, il restait persuadé que Rose aurait dû mourir. Le vortex était en train de la consumer. Il avait pensé qu'il était trop tard pour la sauver, que les dégâts provoqué par le vortex du temps en elle étaient irréversibles. Alors, il y avait eut ce baiser. Ce moment qui resterait à jamais gravé en lui, celui où il avait enfin pu goûter à ses lèvres si douces et si sucrées. Son intervention, autre que de reprendre ce pouvoir qui la rongeait, n'avait été que pour atténuer ses souffrances, la laisser partir en paix. Lorsqu'elle s'était affaissée dans ses bras, il s'était dit que c'était finit. Il l'avait déposé sur le sol avant de prendre conscience tout d'un coup qu'elle respirait, que son cœur battait. Principalement que la vie continuait inlassablement de couler dans ses veines. Cela lui avait paru inconcevable mais Rose était plus vivante que jamais.

Devenant, ainsi le Méchant Loup, Rose avait renoncé à une partie de son humanité. Elle était devenue autre chose qu'une simple humaine. Elle était quelque chose d'autre, lui-même ne savait véritablement ce qu'elle était devenue exactement. A part que la Rose humaine avait laissé place à une Rose de sang-mêlé. Et qu'elle portait cette marque sur sa peau, ce loup qui semblait le narguer à chaque instant et qu'il lui faisait rappeler sans cesse que c'était lui le responsable de sa transformation.

Le Docteur avait été terrorisé de voir ce que la jeune femme était devenue par sa faute. Elle avait eut un geste complètement suicidaire, de complètement inconscient. Pour lui. Et parce que cette fusion improbable entre une humaine et un Tardis n'avait jamais eut lieu. Ce résultat pour les Seigneurs du Temps aurait été une abomination. Une aberration qu'il aurait fallu à tout prix faire disparaître parce qu'elle ne pouvait exister. Pourtant quelque part en lui, il en avait été flatté qu'elle ait fait une telle chose pour lui. Elle lui avait prouvé qu'elle était prête à mourir pour lui, qu'elle était capable de tout faire pour rester à ses côtés et lui avait ainsi démontré sa loyauté sans faille. Alors quand, il s'était rendu-compte que Rose n'avait aucun souvenirs, qu'elle n'avait aucune idée de ce qui venait de se passer en elle et ne semblait surtout pas se sentir différente, cela l'avait rassuré dans un sens. De ce fait, il avait décidé de garder tout cela pour lui. Il était persuadé que si la jeune femme l'apprenait, elle en serait effrayée. Et qu'à cause de cela, elle s'éloigne de lui avant qu'elle ne décide de le quitter. Il ne voulait pas la perdre. Il avait -au fond de lui- cette peur irrationnelle qu'elle l'abandonne. Rose était tout ce qu'il avait de plus précieux dans l'univers.

Pourtant l'idée de repartir de la Terre sans Rose lui avait traversé l'esprit. La quitter pour la protéger de ce qu'il était et de tous les problèmes qu'il attirait. Il avait été un moment confus jusqu'au moment où il avait rencontré son regard chocolat -sous lequel il s'était sentit fondre littéralement- toujours illuminé de cette tendresse et essentiellement de cet amour qu'elle portait à son égard. Malgré les événements, rien n'avait changé entre eux, alors il avait rapidement chassé cette idée de son esprit. Rose voulait toujours partager sa vie. De plus, il n'avait aucun droit de la laisser derrière lui alors qu'elle venait de changer pour lui. C'était à lui de la protéger, de veiller sur le Méchant Loup qu'elle était devenue. C'était son rôle, son devoir. Il fallait qu'il reste à ses côtés. Mais, c'était surtout ce qu'il désirait au plus profond de son âme. Il l'aimait tellement comme compagne...

De voyage en voyage, il avait crû que le Méchant Loup appartenait au passé. Le côté humain de Rose semblait avoir reprit le dessus, mettant en sommeil sa véritable nature. Jusqu'à maintenant. Le Docteur avait toujours supposé que c'était véritablement Rose qui avait été à l'origine de sa transformation. Mais après son retour et ce qu'il venait de vivre, il n'en était plus aussi certain. Et si c'était sa destinée de le devenir ? Que quelqu'un ou que quelque chose, dans l'ombre, avait été l'instigateur de sa transformation ? Il n'avait jamais envisagé cette possibilité. Pourquoi était-il si important que le Méchant Loup trouve le Docteur ? Était-ce en lien avec son amnésie ? Qu'est-ce que tout cela signifiait ? Et si son retour annonçait une tempête ? Et que le Méchant Loup devrait y jouer un rôle ?

La gorge du gallifréen se serra. Non, il ne la perdrait pas une autre fois. Il ne la sacrifierait pas une nouvelle fois pour sauver l'univers. Il ne pourrait pas y survivre. Pas cette fois-ci. Il ne voudrait pas y survivre de toute façon. Il se sentait bien incapable de vivre sans Rose. Il fera tout ce qui en son pouvoir de la garder dans sa vie. Et même au-delà...

L'estomac noué, le Docteur ne pouvait détacher son regard de sa compagne. Elle qui d'habitude était si pleine de vie et là, si faible. Il saisit une main de Rose et y enlaça ses doigts. Il espérait ainsi lui procurer un peu de ses forces, lui faire sentir qu'il était là, qu'elle n'était pas toute seule.

- Rose... Ma Rose... Fit-il dans un murmure, quasiment inaudible, avec toute la tendresse qu'il éprouvait pour elle.

Il passa ses doigts tremblants sur sa joue.

- Ne me laisse pas... J'ai tellement besoin de toi...

Il se pencha sur elle et nicha le visage dans son cou, les cœurs au bord du gouffre. Il resta un long moment comme ça, contre elle, respirant son si doux parfum. Il ne voulait pas la quitter, la laisser une fraction de seconde seule. C'était bien la première fois qu'il se sentait complètement désemparé, bien démunit face à la situation. Bien incapable de faire autre chose que de rester auprès d'elle, de penser à autre chose qu'elle. Il ne pouvait qu'attendre. Attendre qu'elle reprenne conscience.

Ce ne fut qu'au bout de minutes interminables que le Docteur sentit Rose revenir à elle. Il releva la tête. Les paupières de la jeunes femme papillonnèrent quelques secondes avant qu'elle n'ouvre complètement les yeux. Il sentit aussitôt l'énorme poids qui lui comprimait la poitrine s'envoler. Elle lui sourit faiblement. Elle tenta de se redresser mais d'un appui ferme et doux à la fois sur son épaule, le gallifréen lui ordonna silencieusement de ne pas bouger. Elle obéit sans protester, se demandant toute fois ce qu'elle faisait dans le lit du Docteur.

- Rose ?

La jeune femme ne lui répondit pas tout de suite. Elle se contenta de l'observer. Ses yeux noisettes étaient troublés. La peur et l'angoisse commençait tout juste à laisser place à un énorme soulagement. Et parce qu'elle savait qu'il espérait une réponse à sa question muette. Celle que malheureusement, elle ne pouvait pas encore lui donner.

- Qu'est ce qui s'est passé ? Demanda t-elle.

Le Docteur baissa la tête, déçu bien malgré lui. C'était encore Louve. Rose n'était toujours pas revenue. Quelque part en lui, il avait espéré qu'elle serait revenue après cette transe. Après tout, le Méchant Loup semblait s'être réveillé de son long sommeil, il avait pensé que la jeune femme aurait fait de même. Mais cela ne pouvait pas être si simple et si facile, n'est ce pas ? Il allait devoir encore patienter. Combien de temps la situation allait-elle durer ?

- Vous avez perdue connaissance, lui répondit-il.

Louve se souvenait de la musique qui l'envahissait. Ses mains quittant celles du Docteur pour pouvoir courir sur ce clavier qu'elles semblaient connaître par cœur. Elle s'était sentit libre et légère, si heureuse aussi. Jouer au piano lui avait procuré une certaine euphorie. Cela lui semblait si naturel, si familier. Elle se laissait aller, apaisée. Ses doigts se déplaçaient avec aisance sur le clavier et aussi avec une facilité déconcertante. Elle avait sentit une nouvelle force couler dans ses veines, animal et sauvage, prenant peu à peu possession d'elle, comme si une présence se réveillait en elle. Elle s'était sentit si bien et quelque part enfin elle-même. Et puis brusquement, elle avait basculé dans le noir total. La jeune femme rencontra le regard toujours aussi attentif et quelque peu inquiet du gallifréen.

- Je suis désolée, Docteur, de vous avoir causé autant de soucis.

- Si vous pouviez m'éviter de me refaire une telle peur à l'avenir. Vous savez je ne suis plus si jeune que cela. Mes cœurs ne le supporteront pas une nouvelle fois.

La jeune femme sourit. Il plaisantait mais c'était pour cacher sa confusion. Elle avait encore dû mal à le cerner. Il semblait volubile, incapable à saisir. Il pouvait être d'une solennité et être aussi sombre que la nuit alors que la seconde suivante aussi joyeux qu'un homme ivre.

- J'oubliais. Plus de neuf cent ans d'existence, lança-t-elle taquine. Bientôt millénaire... Cela doit en faire des bougies sur votre gâteau d'anniversaire... Dites, vous arrivez encore à toutes les souffler malgré votre grand âge ?

- Attention, Miss Tyler... On ne se moque pas de mon âge. Je suis encore tout à fait capable de vous botter les fesses pour votre insolence...

- Je serais curieuse de voir cela...

Ils s'affrontèrent un instant du regard, avec beaucoup de tendresse et de malice. Chacun se mordait la langue pour ne pas éclater de rire. Soudain un grognement se fit entendre et le Docteur leva un sourcil.

- Aurais-je entendu un estomac qui crie famine ?

Louve ne le contredit pas. C'était bien le sien. Effectivement, la faim commençait à lui harceler l'estomac. Elle n'avait pas ingéré la moindre miette de nourriture depuis que Madame l'avait enfermé dans la cave. Elle reconnaissait volontiers que manger avait été le cadet de ses soucis. Et dire qu'elle avait une faim de loup en ce moment était loin de la vérité. Le gallifréen se leva d'un bond tout en claquant des mains.

- Bien ! S'exclama-t-il. Vous savez le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée ! Il n'y rien de tel qu'une bonne tasse de thé et d'une banane pour vous mettre de bonne humeur et en pleine forme dès le matin !

La jeune femme le regarda perplexe et un brin soupçonneuse. Elle commençait à s'interroger dans quel état, il serait après le petit-déjeuner. Déjà qu'il lui semblait être bien énergique et de bonne humeur. Elle secoua la tête. Peu importe, elle verra bien.

Le Docteur se sentait apaisé. Rose allait bien. C'était la seule chose qui comptait pour lui. Elle souriait et riait à nouveau. Il décida de garder ce qui venait de se passer pour lui. Inutile de l'inquiéter. La priorité, c'est qu'elle retrouve la mémoire. Elle avait besoin de son soutien pour l'instant et qu'il soit là pour l'encourager. Il s'occuperait plus tard de comprendre pourquoi le Méchant Loup était revenu et quel rôle il devait jouer... Il sourit à la jeune femme et lui attrapa la main alors qu'elle commençait tout juste à se glisser hors des draps.

- Allons ! Allons ! Dépêchons nous de rejoindre la cuisine !

- Et après le petit-déjeuner, que ferons-nous ? L'interrogea Louve.

Le Docteur fit demi-tour vers elle, pencha la tête sur un côté et attrapa le lobe de son oreille entre ses doigts. Louve laissa son regard parcourir la silhouette du Docteur. C'était un autre gallifréen qu'elle voyait, un peu plus décontracté avec une chemise complètement hors du pantalon, les manches retroussées... et les pied nus, remarqua-t-elle amusée. Un homme moins étriqué dans ce costume qui semblait être comme une armure. Elle aimait ce qu'elle voyait. Ce charme qu'il dégageait, ce si beau sourire qu'il avait pour elle. Elle se mordilla les lèvres. Il se dégageait de lui quelque chose qui lui plaisait, la rassurait et l'attirait même sans qu'elle puisse l'expliquer.

- Oh ! Et bien, nous improviserons ! Expliqua-t-il. Ce sera plus drôle ainsi ! J'adore improviser ! Je suis un expert dans l'art de l'improvisation ! Mais avant tout, allons déjeuner ! J'ai faim, moi-aussi !

Louve éclata de rire. Il était incroyable. Les journées risquaient d'être mouvementées avec lui. Le gallifréen la tira doucement et ils se mirent à courir tous les deux, les cœurs légers. L'univers leur appartenait. L'avenir leur tendait les bras. Ensemble à nouveau. Tout ne pouvait qu'aller bien. Oui, tout irait bien...


egedan  (31.01.2009 à 15:36)

Le Docteur était nonchalamment installé dans le gros fauteuil de sa chambre, les jambes au-dessus de l'accoudoir et le dos adossé à l'autre. Les lunettes sur le nez, il était plongé dans sa lecture. Il paressait, chose qu'il n'avait pas fait depuis fort longtemps. La vie dans le Tardis suivait son cours et avait prit la forme d'une routine informelle, dû notamment parce que la jeune femme avait besoin de repères. Depuis son retour, ils n'avaient pas quittés le vaisseau car quelque part, le gallifréen n'était pas prêt à la partager avec le reste de l'univers. C'était sans nul doute égoïste de sa part de vouloir la garder juste pour lui un temps, mais il ressentait comme un besoin impérieux de rattraper tout ce temps passé sans elle. Cependant, il avait parfaitement conscience qu'il ne pourra pas la garder éternellement enfermée dans le Tardis. Elle lui ressemblait, elle avait besoin de grands espaces et de liberté. Sauf que pour l'instant, elle n'était pas prête, enfin c'est ce qui lui semblait. Il voulait tant la protéger...

La jeune femme avait prit rapidement ses aises, comme les habitudes qu'elle avait eu avant qu'elle ne disparaisse. Particulièrement, cette maudite manie de marcher pieds nus dans le Tardis ou de laisser traîner ses affaires un peu partout. Cela l'avait amusé et rassuré en même temps. Rose revenait tout doucement. Pas aussi vite qu'il le voudrait, mais elle semblait commencer peu à peu à se réveiller de son long sommeil.

Le temps aux côtés de Rose filait à toute allure. Ils n'avaient pas eut l'occasion de s'ennuyer une seule seconde à vrai dire. Entre la visite et les réparations du Tardis, leur temps avait été bien occupé. D'ailleurs, elle avait été ravie de l'assister dans sa tâche de remettre en état le vaisseau et de faire plus ample connaissance avec elle. Ils avaient aussi repris les leçons de piano à la demande de la jeune femme. Et le gallifréen avait été extatique de la voir se remémorer de tout ce qu'il lui avait apprit. C'était inconscient, mais cela l'aidait énormément, l'encourageant qu'elle parviendrait à se rappeler.

Ils improvisaient au fur et à mesure de la journée, partageant à nouveau des moments de complicités et des fous rires qui lui avaient tant manqués. Ils ne se quittaient pratiquement pas du regard de l'autre. Chacun éprouvait ce besoin de sentir la présence de l'autre. Comme si voir l'autre, le sentir et le toucher, leur était nécessaire, voire vital. Le Docteur n'avait pas pu ainsi se résoudre à retrouver le chemin de son lit.

Il avait tenté une fois de ne pas rejoindre la jeune femme. Cependant, allongé sur son lit dans l'obscurité de sa chambre, il n'avait cessé de gigoter -essayant de trouver le sommeil- à la recherche d'une présence devenue familière et surtout nécessaire. Il s'était précipité hors de sa chambre, la peur au ventre, lorsqu'il avait entendu Rose crier. Il l'avait trouvé à hurler, à gesticuler contre une force invisible, le visage déformé par des grimaces d'effroi. Elle s'était réveillée en pleurs de son cauchemar, s'agrippant à lui comme à une bouée de sauvetage. La jeune femme ne lui avait pas raconté son cauchemar mais il se doutait que même si elle n'était plus physiquement prisonnière de Madame, les six mois passés dans cette maison des horreurs laissaient des traces indélébiles en elle. Et, il avait comprit à ce moment là qu'il ne devait plus la laisser dormir seule. Depuis, elle ne semblait pas avoir fait d'autres cauchemars aussi terrifiants. Malgré tout, elle continuait toujours de s'agiter dans son sommeil alors il la serrait un peu contre lui, ce qui l'apaisait aussitôt. De plus, il appréciait particulièrement le fait de se réveiller et d'ouvrir les yeux sur une Rose encore endormie. Il ne lui en fallait pas plus -pour lui- de la voir s'éveiller petit à petit pour être heureux. Heureux comme il ne l'avait jamais tant été à ses côtés. Le gallifréen semblait nager en pleine béatitude.

Le Docteur leva les yeux de son livre vers la porte, qu'il avait laissé ouverte pour avoir un œil sur la chambre de Rose. D'ailleurs, il n'avait pas vu celle-ci depuis le déjeuner. Et, un sentiment de manque s'introduisait insidieusement en lui. Elle avait disparu dans sa chambre et n'en était pas ressortie. Néanmoins, il savait qu'elle éprouvait le besoin de se retrouver seule pour faire le point sur ce qu'elle apprenait et ainsi sur elle-même. Louve commençait à accepter qu'elle était bien Rose. Elle ne parlait plus d'elle-même à la troisième personne. Louve commençait peu à peu à laisser la place à Rose, sa si merveilleuse compagne...

Il poussa un soupir, lâcha son livre et s'étira. Il retira ses lunettes de son nez et les posa sur sa tête pour se frotter les yeux. Tout de même, il était inquiet. Il se demandait ce qu'elle pouvait bien fabriquer depuis tout ce temps. Il tendit l'oreille, tentant désespérément d'entendre le moindre petit bruit qui pourrait provenir de la chambre de Rose. Seul le murmure du Tardis lui répondit. L'envie de se lever et d'aller jeter un coup d'œil pour voir si tout allait bien, le titillait de plus en plus. Décidément, elle savait toujours autant jouer avec ses nerfs. Il poussa un grognement. Il fallait qu'il lui laisse de l'espace. Elle n'avait pas besoin de l'avoir sur le dos tout le temps. A force de la couver, il allait l'étouffer. Le gallifréen, tout en grommelant, s'enfonça un peu plus dans son fauteuil, reposa ses lunettes sur son nez et reprit sa lecture ou il l'avait laissé.

Soudain, des cheveux blonds apparurent dans son champs de vision venant lui chatouiller les narines. Il leva les yeux. Rose était penchée au-dessus de lui sur le dossier du fauteuil. Un magnifique sourire éclairait son visage. Le Docteur sentit que les battements de ses cœurs venaient de redoubler d'intensité. Elle apparaissait toujours au moment ou il s'y attendait le moins. A croire qu'elle adorait le surprendre.

- Rose... Fit-il dans un souffle.

- Dites, vous savez vous servir d'une paire de ciseaux ?

Le gallifréen fronça des sourcils, soupçonneux, devant sa demande mystérieuse. Il s'attendait à tout et n'importe quoi avec la jeune femme.

- Pour quoi faire ?

Elle leva les yeux au ciel en soupirant bruyamment, faisant s'élargir le sourire qui venait d'apparaître sur les lèvres de son compagnon.

- Vous m'aviez promis Docteur, le sermonna-t-elle, de ne plus répondre à mes questions par d'autres questions.

- Désolé une vieille habitude, lui répondit-il en haussant des épaules, amusé.

- Alors oui ou non ?

- Cela dépend de l'utilisation que vous voulez en faire. Vous vous n'imaginez pas le nombre de choses que l'on peut faire avec une paire de ciseaux ! Tenez par exemple...

- Je n'en doute pas, l'interrompit-elle.

Louve l'avait volontairement coupé, bien qu'elle adorait l'écouter lui raconter toutes sortes de choses. Cependant, quand il se lançait dans un exposé, il lui était impossible de l'arrêter. Elle n'avait jamais connu une personne aussi bavarde comme lui. Il était pire qu'une dizaine de bonnes femmes, rassemblées toutes dans la même pièce, à jacasser entres elles. Parfois, il s'emportait et débitait un nombre incalculable de mots à la seconde qu'elle n'arrivait -bien entendu- jamais à suivre. Et à chaque fois, elle était obligée de lui coller la main sur sa bouche pour le faire taire, et ainsi pouvoir en placer une. Elle lui remit ses lunettes qui glissaient le long de l'arrête de son nez. Puis d'un geste vif, elle lui prit le livre des mains.

- Hey ! Réagit-il.

- Je veux que vous me coupiez les cheveux ! Lui annonça-t-elle.

- Quoi ! Vous coupez les cheveux ! Vous plaisantez ?

- Je suis certaine qu'à un moment donné dans votre vie, vous avez joué au coiffeur... Bien que votre tignasse me prouve le contraire !

- Ah ! Vous recommencez à être insolente, Miss Tyler ! On ne se moque pas de mes cheveux ! Ils sont très bien ! Je les aime comme ça !

Louve éclata de rire devant le comportement du gallifréen. Il se passa une main dans les cheveux tout en prenant un air boudeur. Elle avait l'impression quelquefois d'avoir affaire à un véritable gamin.

- Allez Docteur, le supplia-t-elle. S'il vous plaît...

Il ferma les yeux et secoua la tête, bien incapable de résister à la moue adorable de Rose. Il attrapa une mèche de cheveux de la jeune femme entre ses doigts. Il aimait tant sa longue chevelure dorée.

- Pourquoi, cette subite lubie ? Lui demanda-t-il curieux.

Le Docteur croisa son regard et comprit. Elle voulait changer de coiffure, pour se métamorphoser. Elle voulait par là, tenter de tracer une croix sur ce qu'elle venait de vivre ces derniers temps. Changer pour tourner le dos au passé. Reprendre en quelque sorte un nouveau départ.

- Très bien ! S'exclama-t-il. Mais ne venez pas râler par la suite si cela ne vous plais pas ! Je n'accepterai aucune critique !

Louve lui offrit un magnifique sourire en lui rendant son livre, et fila à toute allure dans sa chambre. Le gallifréen se redressa et se leva de son fauteuil. Il s'étira puis se gratta la nuque un instant, fouillant sa mémoire. Ou y avait-il dans le Tardis une paire de ciseaux ?


egedan  (07.02.2009 à 11:21)

Les cheveux de Rose tombaient sur le sol de la salle de bains du Docteur à chaque coup de ciseaux de celui-ci. Louve suivait son compagnon des yeux, grâce à son reflet dans le miroir. Il était rapide et précis dans ses gestes, en étant très sérieux. Il était bien silencieux aussi. Il n'avait pas prononcé un mot depuis qu'il lui avait demandé comment elle souhaitait qu'il lui coupe les cheveux. Parfois, elle rencontrait son regard dans le miroir et ils s'échangeaient un sourire.

Louve avait bien dû mal à croire à la réalité de ces derniers jours. Le Docteur était attentif, prévenant, doux, adorable, patient... Enfin, jusque là, elle ne lui avait pas encore découvert un seul défaut. A part peut-être, celui de parler sans cesse...

Quand à elle, Louve commençait à cerner qui était la jeune femme Rose, fouillant le moindre recoin de sa chambre et avait découvert bien des choses sur elle. Elle avait étudié la moindre de ses trouvailles. A son grand regret, elle n'avait pas tenu de journal -intime ou de bord. Elle aurait voulu savoir ses sentiments, ce qu'elle pensait, ce qu'elle vivait avec le gallifréen. Avoir tout simplement sa vision des choses. Cependant, tout ce qu'elle avait pu découvrir avait toujours un lien plus ou moins direct avec le Docteur. Elle n'avait pas voulu aborder le délicat sujet des sentiments qui les liaient, lui et elle. La jeune femme ne voulait pas l'embarrasser. De toutes façons, ses gestes, sa façon de la protéger, de la couver du regard, ne laissait aucun doute sur ses sentiments.

Elle n'avait toujours eu aucune réminiscence de sa mémoire. Seulement quelques sensations. Dans le Tardis, elle se sentait chez elle. Elle s'y sentait en sécurité. Elle aimait la présence du Docteur à ses côtés. Elle adorait être enveloppée de sa chaleur et de son parfum quand il la prenait dans ses bras. Elle chérissait en particulier ses leçons de piano. Elle se sentait encore plus proche de lui à partager ces moments. Jouer au piano lui paraissait si naturel. C'était quelque chose qui la reliait à son passé, à ce qu'elle était.

Elle sursauta quand une silhouette apparut dans son champ de vision. Le gallifréen était devant elle, l'empêchant de se voir dans le miroir. Il croisa les bras sur son torse et plissa des yeux. Louve doutait qu'il voit mieux le résultat, ainsi.

- Je ne suis pas mécontent de moi, fit-il avec une petite moue. Je n'ai pas tout à fais perdu la main.

Louve haussa un sourcil, soudainement inquiète. Elle lui avait laissé carte blanche. Elle se pencha sur le côté pour voir la tête qu'elle avait, mais le Docteur la retient par les épaules. Elle leva les yeux vers lui. Il avait un petit sourire malicieux en coin.

- Pourquoi vous ne me laissez pas voir ? Lui demanda-t-elle.

- Laissez encore quelques secondes à l'artiste, voulez-vous...

Le gallifréen passa une main dans les cheveux de Louve, qui sentit un énorme frisson la parcourir, repoussant quelques mèches. Il hocha de la tête apparemment satisfait du résultat de son travail. Puis, il s'effaça. La jeune femme aperçut enfin son reflet. Elle ne se reconnue pas tout de suite et cela lui plaisait. Ce n'était pas Louve, ni la Rose des photos. Elle renaissait en une nouvelle Rose prête à s'épanouir. Elle allait enfin pouvoir tourner la page de ces précédents mois et commencer une vie nouvelle. D'un bond, elle se leva du tabouret pour sauter au cou du Docteur, et elle l'embrassa sur la joue.

- Merci... Merci... C'est parfait !

Le gallifréen rit de bon cœur, heureux que le résultat lui plaise. Pourtant, ce n'était pas grand chose. Il lui avait juste coupé ses cheveux de manière à ce qu'ils arrivent dorénavant au milieu du dos -et non plus jusqu'au creux de ses reins- avec un léger dégradé. Il avait été tenté de lui faire la même coupe de cheveux qu'elle avait avant sa disparition. Finalement, il avait décidé de répondre au besoin de la jeune femme de changement. Rose se cherchait encore, et il ne voulait pas l'influencer en faisant d'elle la Rose qu'il avait connu. Car malgré son vœu de la retrouver, elle ne sera plus tout à fait la même. Les terribles épreuves qu'elle venait de vivre l'avait irrémédiablement changé.

La jeune femme quitta précipitamment la salle de bains en sautillant de joie. Il la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse de sa vue. Il resta un moment immobile, les yeux dans le vague, avant de se redresser. Il se saisit du tabouret, le rangea dans un coin puis sortit de la salle de bain pour aller chercher un balai. Rose entra au même moment dans sa chambre. Il s'arrêta ébahit. Il ouvrit la bouche. La referma. L'ouvrit à nouveau. La referma. Plusieurs fois. Rose venait de se changer, délaissant ainsi son jean -rapidement adopté- pour revêtir une courte robe de lin blanche dévoilant avantageusement ses formes. Il déglutit péniblement.

Belle... Magnifique... Sublime... Merveilleuse... Divine... Lui venait à l'esprit.

La jeune femme s'avança vers lui avec son ravissant sourire aux lèvres. Elle tourna sur elle-même, faisant virevolter avec grâce les pans de sa robe.

- Ça vous plaît ? Lui demanda-t-elle.

- Vous... Vous... êtes... Bafouilla-t-il.

Louve amusée, surprise et quelque peu attendrie par la réaction de son compagnon pencha légèrement la tête en le fixant. C'était bien la première fois qu'elle le voyait incapable d'aligner une phrase correctement.

- Je vous autorise à répondre par une question cette fois-ci, lui fit-elle taquine.

Le Docteur ferma les yeux un instant, le temps pour lui de secouer sa tête pour y remettre un tant soit peu d'ordre avant de rencontrer le regard chocolat rieur de Rose.

- Fan... Fantastique, réussit-il à articuler.

- Je l'ai trouvé en fouillant la penderie. Apparemment, Rose... Je, se reprit-elle, la gardais pour une occasion.

Louve l'avait découverte emmitouflé dans pas moins d'une dizaine d'emballages et bien enfouit au fin fond de la penderie. A croire qu'elle n'avait voulu en aucun cas que le gallifréen en apprenne l'existence. De plus, elle se garda de lui dire, qu'elle l'avait trouvé accompagné d'un cadeau de la forme d'un livre. Elle en avait rapidement déduit qu'il était à l'attention du Docteur. Elle n'avait pas été réellement surprise d'une telle chose. Surtout curieuse. Pour quel événement avait-elle eu l'attention de lui offrir ? Elle avait été tenté de l'ouvrir afin de savoir ce qu'elle comptait lui faire comme cadeau. Elle avait été à deux doigts de le faire avant de se raviser et de le remette à sa place au fond de la penderie. Cela lui donnait une raison supplémentaire de retrouver un peu plus vite sa mémoire.

Et cette fameuse robe. Une femme ne mettait pas une telle robe pour elle-même, mais pour un homme. Et dans ce cas bien particulier, c'était pour le Docteur. Le cadeau. La robe. Rose avait eu l'attention de fêter un événement très particulier. Très spécial à ses yeux. Tout cela pour lui. Rien que pour le gallifréen. Et Louve n'en avait tiré qu'une seule conclusion. Elle préparait le terrain. Elle voulait passer à l'attaque. Vraisemblablement, elle ne voulait plus se contenter d'une relation platonique entre eux. Et avait donc voulu tenter sa chance auprès du gallifréen en passant à l'offensive.

Louve était quelque peu décontenancée d'une telle initiative de sa part, d'une telle audace. A croire qu'elle avait voulu tenter le tout pour le tout. Elle voulait savoir, être fixée et ce définitivement, quitte à avoir le cœur en miettes par la suite. Cependant, elle avait voulu mettre toutes ses chances de son côté. Et au vu de la réaction du Docteur, de son air admiratif et ébahit, de ses yeux incandescents, elle se surprenait a penser qu'elle aurait pu le faire craquer. Il aurait fallu une étincelle. Même une infime pour que le brasier s'enflamme...

Le regard du gallifréen ne cessait de parcourir la silhouette de Rose. Toujours aussi effroyablement belle et terriblement craquante. L'espace d'un instant, il avait cru qu'elle était le fruit de son imagination, une hallucination enchanteresse et dangereuse apparue pour son malheur. Cependant, ses réactions physiques, bien réelles et tout aussi violentes déferlaient en lui telles des vagues s'écrasant violement sur des rochers durant une tempête, le convainquirent du contraire. Il se passa une main dans les cheveux. Une fois. Deux fois. Cinq fois... Il ne parvenait plus à détacher ses yeux de Rose. Si elle avait eu l'attention de la porter avant sa disparition, il doutait fort qu'il aurait pu résister bien plus longtemps à la tentation. Malgré que la jeune femme lui soit interdite, ce qui dans un certain sens ne la rendait que plus désirable à ses yeux. Et principalement, si elle avait décidé de passer à l'offensive avec lui, ce qui ne l'aurait guère surprit quelque part. Rien n'arrêtait Rose Tyler. Et il se surprenait à penser que cette idée ne le rebutait pas tant que ça, finalement...

Surtout qu'avant les événements de Torchwood, il avait remarqué un subreptice changement chez la jeune femme. Pas de quoi l'inquiéter mais qui avait attisé sa curiosité. Il avait eut l'impression qu'elle préparait quelque chose dans son dos. Il avait tenté de percer le mystère, cependant elle se méfiait de lui et prenait grand soin de rien laisser traîner derrière elle de susceptible de lui mettre la puce à l'oreille.

Il se rappelait notamment d'une anecdote en particulier. Ils étaient à Londres en 2012 depuis quelques jours pour assister aux Jeux Olympiques. Ils se promenaient tranquillement sans se presser, après le déjeuner, lorsque Rose avait lâché son bras pour se planter devant lui, un énorme sourire plaqué sur ses lèvres qui ne lui avait présagé rien de bon. La jeune femme lui avait, alors, déclaré mystérieusement qu'elle devait le laisser quelques heures et qu'elle le rejoindrait au Tardis en fin d'après-midi. Il n'avait pas eu le temps de répliquer, ni de la retenir, qu'elle l'avait embrassé chastement sur la joue avant de partir en courant. Ahurit dans un premier temps par le comportement de Rose, il avait tenté dans un second temps de la rattraper. Seulement, elle s'était fondue dans la foule et il n'avait pas pu la retrouver. Il l'avait cherché quelque temps avant finalement de capituler et de rentrer au Tardis. Durant toute l'après-midi, il n'avait cessé de tourner en rond dans le vaisseau, essayant tant bien que mal d'occuper son esprit sur autre chose que la jeune femme. Bien qu'il savait qu'elle ne courrait aucun danger, il n'avait pas pu s'empêcher d'avoir une énorme boule d'angoisse dans l'estomac qu'il lui arrive quelque chose. Il avait même cherché à la joindre sur son portable, plusieurs fois, sans succès. A croire qu'elle adorait le rendre fou.

Et puis, elle était rentrée toute joyeuse de son après-midi comme si de rien n'était, avec plusieurs sacs de provenant de divers magasins. Il en avait été soulagé qu'elle revienne sans égratignures, mais perplexe face à son air espiègle. Habituellement lorsqu'elle voulait faire une virée shopping -selon ses propres mots-, elle ne lui faisait pas tant de cachotteries. Il l'avait réprimandé gentiment de ne pas avoir répondu à ses appels, avant de s'intéresser à ses achats. C'est alors que Rose lui avait rétorqué le regard planté dans le sien : « Des trucs de filles ! Qui ne vous regarde aucunement ! Intimes si vous préférez ! ». A ce moment là, il s'était sentit extrêmement mal à l'aise avec la forte impression qu'il avait cramoisi de la tête au pied, chose qu'il ne lui arrivait que très rarement. Et il s'était vivement retourné vers la console pour évitez de se rendre plus ridicule qu'il ne l'était. Il avait sentit le regard rieur de Rose sur lui, amplement mérité. Et à son plus grand contentement, elle avait eu l'obligeance de ne pas en rajouter.

Le rire joyeux de la jeune femme résonna dans la chambre. Elle dansait légère et gracieuse. Sa robe bougeant au rythme de ses pas, alors qu'elle fredonnait la mélodie -celle qu'il avait partagé avec elle. Il la regarda amusé et ému par tant de fraîcheur et d'insouciance. Elle était si forte et si délicate à la fois. Et malgré tout ce qu'elle venait de vivre, de subir, elle se tenait encore droite et digne. Il était si admiratif, si fier d'elle. Elle était un petit bout de paradis qui illuminait son chaos. Le Docteur pouvait enfin voir des jours meilleurs.

- Vous m'accompagnez ? Lui demanda-t-elle.

Il sourit en entendant les premières notes de « Moonlight Serenade» de Glenn Miller. Le Tardis voulait, elle-aussi, participer à sa manière. Rose leva les yeux vers le plafond, surprise.

- C'est elle ?

Il hocha de la tête simplement. Il lui avait expliqué que le Tardis n'était pas n'importe quel vaisseau. Ce n'était pas qu'un simple amas de métal et de circuits. Le Tardis était vivant. C'était une entité. Elle avait une conscience.

- Pourquoi a-t-elle choisi cette chanson ?

- C'est sur cette chanson que m'avez proposé une danse.

- J'étais bien téméraire pour vous proposer une telle chose, à l'époque...

Le Docteur se rapprocha d'elle, le regard ancré dans le sien.

- Vous l'êtes toujours. Comme nul autre de mes autres compagnons ne l'a été avant vous.

Il lui tendit la main.

- Vous dansez, miss Tyler ?

Louve lui sourit et attrapa sa main. Il l'attira à lui en enlaçant ses doigts. Elle plaça timidement une main sur son épaule, et il passa un bras autour de sa taille. Elle posa sa tête sur son épaule tandis qu'il posait sa joue contre ses cheveux. Ils avaient tous les deux les yeux fermés. Ils dansaient doucement, bougeant d'une façon quasiment imperceptible, bercés par la musique et les battements de leurs cœurs respectifs.

Et elle éclata en sanglot. Elle ne s'y attendait pas. Le regard troublé par des larmes qu'elle ne pouvait retenir. Elle ne savait pas réellement pourquoi elle pleurait. Tout se mélangeait en elle. Rose. Louve. Elle ne savait plus véritablement qui elle était ou qui elle devait être. Elle pleurait de rage, d'impuissance et d'incompréhension. Elle s'accrocha au Docteur. Elle sentait avec beaucoup de confusion qu'il resserrait ses bras autour d'elle. Elle se laissa aller. Rassurée. Protégée. Apaisée. Plus elle pleurait et plus son cœur semblait s'alléger. Elle ne sut combien de temps elle resta ainsi mais peu lui importait.

Le Docteur fut bouleversé. Profondément. Elle avait l'air tellement fragile. Tellement perdue. Tellement mal. Et c'était Rose. Comment avait-il fait pour ne pas se rendre compte qu'elle n'allait pas aussi bien qu'elle pouvait lui montrer ? Surtout de croire maintenant qu'elle était en sécurité, elle ne pouvait qu'aller mieux ? Il se mit à lui murmurer des mots tendres et doux au creux de son oreille pour tenter de l'apaiser et de la réconforter.

La jeune femme leva ses yeux embués vers lui. Elle comprenait comment Rose avait pu tomber amoureuse de lui. Au delà du charme incontestable qu'il dégageait, de son intelligence, de son excentricité, mais aussi de son côté torturé et mystérieux, il possédait une chose qu'elle n'arrivait pas à déterminer. Peut-être cette tendresse dont il savait faire preuve précisément quand elle en avait besoin. Cette douceur dans ses gestes. Ce côté gamin qui l'amusait aussi. Cette capacité qu'il avait à la faire se sentir si protégée, si en sécurité. Si merveilleusement bien...

Oh ! Oui, la jeune femme comprenait que trop bien, parce que tout simplement, elle retombait amoureuse du Docteur...


egedan  (07.02.2009 à 11:23)

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