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Lonely angels

Série : Doctor Who (2005)
Création : 04.02.2017 à 00h44
Auteur : choup37 
Statut : Terminée

« Rien ne préméditait Jack et le Doc à devenir amis. L'un s'est perdu dans les ténèbres, alors que l'autre demeure brisé par la perte des siens. Et pourtant.. » choup37 

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Hé bien voilà, c'est fait.. Cette histoire me hante littéralement depuis que j'ai commencé la série : la rencontre entre le Docteur et Jack m'a juste retournée, ce double épisode était grandiose, et l'alchimie entre ces deux abrutis des sentiments en est une grande raison ^^ Je suis toujours restée sur ma faim concernant leur relation, qui demeure effleurée jusqu'au final de la saison 1. Je me suis toujours demandée ce qu'on nous cachait, hé bien voici ma version ^^

Un léger (ok gros) (Jack tais-toi) avertissement avant que vous ne commenciez votre lecture. Ok, plusieurs.

C'est ma version des choses. Cela veut dire qu'on peut ne pas être d'accord. C'est la base d'une fanfic. On raconte tous notre propre vision (ou on lache un fantasme et ça nous libère, cela sera plusieurs fois le cas ici mais bref), et je les ai toujours toutes respectées (pas forcément accepté mais là encore, avis personnel). Vous n'aimez pas? Rien ne vous retient. Je réponds aux insultes par la froideur du vent d'hiver à l'Himalaya.

La seconde chose, c'est que cette fic se centre, vous l'aurez compris, surtout sur Jack. Pas le type le plus puritain de l'univers^^ alors les mineurs, ou les timides, ne venez pas hurler sur certains passages. C'est jack, merde, si on ne peut pas s'amuser ^^..

Ma vision de Jack est plus complexe que le dragueur débile de base amarouché du Doc. Il y aura des moments droles comme très sombres. Parce qu'on ne construit pas une relation en deux jours trois mouvements. Etant autant fan de DW que Torchwood, il y aura des références aux deux séries. Je fais tout pur que ceux qui n'aient pas vu TW s'y retrouvent :)

Voilà voilà, je pense que j'ai tout dit.. ah oui, si: je ne connais pas encore toutes les étapes, mais je sais où je veux aller. Cette fic aura une fin. Elles en ont toutes avec moi. Pas d'arrêt soudain, promis!

Et oui, Rose sera présente, évidemment, mais je la maitrise moins alors désolée si parfois elle se perd dans le Tardis, je ne veux pas mal la rendre :)

Merci à ma maman de coeur et ma sestra de m'avoir poussée à oser enfin écrire ce pavé qui dormait dans ma tête!

 

Lonely angels

 

 

Chapitre 1

 

La musique résonnait dans la pièce, en envahissant avec gaieté chaque centimètre alors que le Docteur et Rose dansaient. Les yeux de Jack suivaient chacun de leur pas, admirant leur grâce et symbiose évidente. Il retint un roulement de yeux amusé en entendant l'autre homme s'exclamer qu'il savait danser: pour quelqu'un sensé être rouillé, il avait bien vite retrouvé ses aises. C'était à se demander s'il n'avait pas fait exprès de se tromper afin de passer plus de temps avec la jeune fille. Une technique tellement basique, Jack se serait attendu à mieux de sa part.

Mais bien que Rose soit magnifique, ce n'était pas sur elle que son regard s'attardait le plus: les mouvements du Docteur étaient fluides, à la fois enfantins et sensuels. Jack le fixait, fasciné, ses yeux dévorant la manière dont ses muscles se contractaient alors qu'il évoluait, remontant le long de son torse pour mieux descendre ensuite sur sa colonne vertébrale, relevant la façon dont son dos se redressait lorsqu'il levait les bras pour faire pivoter Rose. Le sourire du Docteur illuminait son visage alors qu'il faisait tourner sa compagne sur elle-même, sa propre veste de cuir tournoyant au passage en même temps que ses prunelles pétillaient, faisant se retrousser les petites commissures au coin de ses yeux. Splendide. Il était juste splendide. Et cela ne rendait sa nature que plus cruelle encore.

Le nouveau venu se tendit à cette pensée, et ses yeux se détachèrent du propriétaire des lieux pour aller observer son vaisseau, en analysant chaque détail pour mieux ensuite les enregistrer, peinant toujours à croire ce qu'il voyait. Il avait toujours pensé que les TARDIS n'étaient qu'une légende, il venait de découvrir le contraire. Mais comment était-ce possible? Le peuple qui les naviguait n'était-il pas sensé avoir disparu? Il pouvait sentir quelque chose humer dans un coin de sa tête, le chatouillant et tentant de passer outre ses barrières télépathiques. Le visage toujours souriant, il augmenta davantage ces dernières, se protégeant au maximum de ses capacités. Il ne savait pas ce que c'était, mais il le laisserait pas pénétrer ainsi son esprit.

Bien trop tôt à son goût, la musique mourut, et les deux danseurs s'immobilisèrent dans une dernière pose, se fixant un temps indéterminé avant de se redresser lentement. Un sourire aux lèvres, Rose leur lança:

-Je vais me coucher, vous venez?

-Pas tout de suite, non, j'ai encore du travail. Bonne nuit, Rose, sourit le Docteur.

Celle-ci hocha la tête, leur faisant un signe de la main avant de partir, ses pieds bondissant gaiement sur le sol. Dès qu'elle eut disparu, l'ambiance changea du tout au tout, les deux hommes se tendant presque instantanément. La défiance qui existait entre eux depuis un certain temps sembla se cristalliser dans les airs alors que le Docteur se tournait vers Jack. Celui-ci le fixa, les bras croisés, et ouvrit les hostilités en lançant froidement:

-Pourquoi m'avoir sauvé?

Le Docteur haussa un sourcil, et répliqua avec cynisme:

-Vous auriez préférer mourir?

-Depuis quand votre race sauve les gens? Il y a eu un changement de politique?

La neige aurait pu recouvrir les murs du TARDIS juste au ton glacial de Jack, qui ne faisait rien pour cacher son animosité envers son interlocuteur. Cette tension existait depuis leur rencontre, et avait empiré quand Jack avait révélé avoir travaillé pour l'Agence du temps, le Docteur ne goûtant que très peu l'aveu. À présent, elle était à son comble, chacun se fixant avec une dureté qui n'aurait pas dépareillé en plein conflit diplomatique.

Et c'était bien ce dont il s'agissait, au fond, la rencontre de deux êtres dont les groupes s'étaient toujours méprisés et hai cordialement: un Seigneur du temps face à un ancien Agent du temps, chacun symbolisant deux manières radicalement opposées d'appréhender l'univers. Si le terme d'ennemi était toujours prudemment repoussé, il était clair que l'Agence et Gallifrey ne se supportaient pas et s'évitaient le plus possible: c'était une des raisons pour laquelle le Docteur avait hésité à accueillir Jack à bord. Ce dernier n'était pas un voyageur néophyte comme pouvaient l'être Rose ou plusieurs de ses anciens compagnons. Son ancienne .. appartenance .. le rendait imprévisible, et il n'aimait pas cela.

L'attaque du jeune homme l'avait blessé plus qu'il n'avait voulu le montrer, lui rappelant l'attitude de Cass, une jeune pilote rencontrée il y avait maintenant si longtemps pendant la Guerre du temps. C'était la même hargne, le même mélange de mépris et colère froide qu'il lisait dans ces yeux bleus et qu'il avait déjà dû affronter face à la pilote, qui avait refusé d'être sauvée en apprenant ses origines galifreyiennes. Il n'aurait pas dû être étonné, cependant: Jack avait travaillé pour l'Agence, ses connaissances étaient bien différentes de celles de simples humains. Piqué au vif, il ne put se retenir et lança, son ton claquant:

-Je n'ai pas de leçon à recevoir de la part de quelqu'un comme vous. Tout le monde connait vos méthodes violentes.

Les prunelles de Jack lancèrent des éclairs:

-Au moins, on n'a pas mis l'univers entier en danger.

-Ça reste encore à prouver, mais vous avez bien commencé le boulot avec la Terre.

Son interlocuteur pâlit légèrement, et répliqua:

-Je n'ai jamais voulu.. Je ne savais pas, je ne pensais pas..

  • -C'est bien ça le problème, le coupa le Docteur d'une voix cassante.

Il avait clairement marqué un point, au vu de l'expression de l'autre homme qui lutta pour cacher sa culpabilité. D'aussi loin qu'il se souvenait, Jack avait toujours su se maitriser et contenir ses émotions quand c'était nécessaire, mais ce type semblait parvenir à briser ses murs sans aucune difficulté, et il détestait cela. Alors il fit ce qu'il savait le mieux, et continua à répondre par l'attaque, sifflant, les poings serrés:

-Vous vous pensez toujours le plus intelligent?

-C'est généralement parce que je le suis, renifla l'intéressé avec un mépris évident.

-C'est pour cela que vous êtes là et pas eux?, claqua Jack.

La gouaille du Docteur tomba aussi vite que le masque sur son visage alors qu'il se figeait, le sang refluant soudainement de ses veines pour laisser une peau blême. Une lueur indéfinissable apparut dans son regard, et lorsqu'il parla, c'était d'une voix à peine perceptible:

-Je n'étais pas sensé survivre.

Un silence lourd tomba, les deux hommes se fixant sans mot dire. Le cerveau de Jack tournait à toute allure, tentant de décrypter tout ce qu'il venait d'entendre et voir: les Seigneurs du temps sensés avoir disparu mais l'un d'eux se tenant devant lui, avec comme seule compagne une humaine... Son attitude bravache, comme s'il voulait cacher ou ignorer quelque chose. Pas sensé survivre.. Est-ce que.. Est-ce qu'il.. Est-ce qu'il était le dernier? Le seul survivant? Oh quelle horreur. Il ne parvenait même pas à imaginer ce que cela devait être. Avoir perdu tous les siens, toute sa planète.. Mais comment ... Et comment avait-il pu survivre? Est-ce qu'il s'était enfui? Les questions tourbillonnaient dans son esprit, sans qu'il n'ose les poser.

Sans qu'il ne comprenne pourquoi, ses pensées se tournèrent vers Gray, le replongeant dans ses propres souvenirs et culpabilité. Il secoua la tête, fermant les yeux, il ne voulait pas se rappeler de cela. Jack tenta de repousser le malaise qui le dévorait, en vain. Il finit par se détourner en soupirant, exaspéré: il ne savait pas comment agir avec lui et cela le perturbait, il était habitué à lire facilement les gens et les séduire au gré de ses besoins et envies. Un murmure le tira de ses pensées:

-Je vous ai sauvé car Rose me l'a demandé. Elle pense que vous avez un meilleur fond que vous ne le montrez.

L'explication toucha une corde sensible chez Jack, qui répliqua avant même de réfléchir, se protégeant instinctivement par l'ironie:

- Incapable de résister aux yeux de la belle blonde, hein? Je peux comprendre, en même temps. Qui tiendrait devant un si joli minois?

La colère saisit le Docteur en entendant ces mots:

-Ne parlez pas d'elle de cette manière!

Un sourire moqueur déforma les lèvres de son adversaire:

-Et après vous allez venir me dire que vous n'êtes qu'amis, hein? C'est tellement crédible, Doc.

-Ne m'appelez pas ainsi!

-Quoi, vous préfèreriez beauté?, rétorqua Jack en se rapprochant, une lueur brûlante dans le regard.

-Non, je préfèrerais ne pas vous voir ici, cracha l'intéressé, avec tout le mépris dont il était capable.

L'autre homme se figea, toute trace de drague coléreuse disparue de son visage.

- Vous avez mis une planète entière en danger juste pour une escroquerie minable. Vos connaissances d'Agent du temps ne vous ont en rien servi, vous n'avez vu que le profit du moment. C'est bas, c'est méprisable, et votre belle gueule n'y change rien.

Jack aurait voulu se défendre, dire qu'il ne savait pas, mais à quoi cela aurait-il servi? Le Docteur avait raison, comme il avait eu raison depuis le début de leur rencontre. Il avait agi trop vite, sans réfléchir, pris dans les feux de l'argent facile et a priori sans danger. Son inconscience avait couté cher à beaucoup de personnes et aurait pu provoquer bien pire encore sans l'arrivée de cet homme... Seigneur du temps. Il n'arrivait toujours pas à se faire à l'idée qu'un membre de cette race hautaine et méprisante soit encore en vie, et soit assez descendu de son piédestal pour venir aider des êtres minuscules comme les Terriens. Mais le Docteur ne correspondait en rien aux descriptions qu'il avait pu avoir des habitants de Gallifrey.

-Pourquoi m'avoir sauvé, alors? Si je suis une telle pourriture, pourquoi ne pas m'avoir laissé mourir?, souffla-t-il, plus affecté par l'attaque qu'il ne l'aurait désiré.

-Rose y tenait tellement... Le regard céruléen s'adoucit légèrement alors que le Docteur le fixait, les bras croisés. Et elle a raison, vous nous avez sauvés en stoppant cette bombe, et en l'emmenant dans votre vaisseau. Même sans cela, vous avez cherché à nous aider tout le long de cette galère, alors que vous ne saviez pas encore que c'était votre faute.

C'était sans aucun doute les mots les plus gentils qu'on ait pu lui dire depuis longtemps, lui réchauffant doucement le coeur et laissant sans réponse pour la première fois depuis des lustres. Le fait que le Doc le fixe de ces yeux pénétrants ne l'aidait pas à se concentrer – il avait un regard vraiment puissant. Le même regard qui le fixait avec une froideur digne des Géants de glace il y avait encore quelques instants, et qui semblait à présent l'étudier sous toutes les coutures. Et Jack n'aimait pas cela, il avait la sensation d'être mis à nu, lui qui se cachait depuis si longtemps maintenant. Il avait de très bonnes raisons pour cela, et n'avait aucune envie de voir ses secrets révélés. Instinctivement, il maintint le plus élevé possible ses défenses mentales.

-Je n'essayerai pas de les passer, vous savez.

Il sursauta.

-Quoi?

Ce type le mettait réellement sur les nerfs, c'était insupportable. Il ne savait jamais sur quel pied danser avec lui.

-Vos barrières, expliqua le Seigneur du temps. Je n'ai pas pour habitude de rentrer dans l'esprit de quelqu'un sans son autorisation.

-Menteur, claqua-t-il, faisant hausser les sourcils de son interlocuteur. Qui essaye de les pénétrer depuis tout à l'heure?

-Personne, fit le Docteur en fronçant les sourcils, ne comprenant visiblement pas la colère de Jack.

-Alors pourquoi je sens quelque chose me gratter l'arrière de la tête en essayant d'y faire un trou?!

-Oh! Ce doit être le Tardis!

Et le type sourit soudainement, un sourire large, étincelant, qui fit manquer un battement de coeur à Jack, avant qu'à son tour, il fronce les sourcils.

-Le Tardis?

-Son esprit, expliqua le propriétaire des lieux, soudainement excité comme une puce (comment pouvait-on changer d'humeur si vite?! C'était effrayant) Elle doit sentir votre télépathie et essayer de communiquer avec vous.

-Com.. elle vit?! Jack crut s'étouffer sur place. Cette cabine vit?!

-Bien sûr!, s'exclama son voleur d'un ton outré, clairement blessé devant la remarque.

-Je.. oh! Je croyais que c'était une légende! Un conte un... Mais c'est extraordinaire! Comment est-ce possible?!

Et ses yeux s'étaient mis à briller soudainement, alors qu'il regardait frénétiquement autour de lui, dévorant d'un regard neuf la beauté l'entourant. Tant de légendes couraient au sujet de ces vaisseaux, il n'en avait jamais cru un dixième, alors apprendre que l'un des plus grands délires de ses profs était vrai..

Le Doc le regarda faire, surpris par sa réaction: la plupart des gens le prenaient pour un fou quand il expliquait que le TARDIS était un être vivant. Rose avait ri au départ, pendant à une plaisanterie de sa part. Mais Jack, Jack était clairement surexcité, son attitude se métamorphosant de défiante à celle d'un petit garçon découvrant un phénomène merveilleux. Le changement était inattendu, résumant ses sentiments vis-à-vis du nouveau venu qu'il ne parvenait décidément pas à cerner. Il agissait à l'opposé de ce qu'il s'attendait de la part d'un Agent du Temps. Le peu qu'il avait pu apercevoir lors de ses voyages étaient froids, durs, méprisants. À cela s'ajoutaient une bonne violence, voire une certaine cruauté pour certains. Des personnes charmantes, dont il se passait gaiement de la présence. Mais bien que Jack se soit montré manipulateur, il ne semblait pas avoir de mauvais fond: en tout cas, cela lui était difficile à concevoir alors qu'il l'observait étudier avec excitation les murs du vaisseau et tendre une main timide -oui timide- vers l'un d'eux devant lui.

Le jeune homme ferma les yeux à son toucher, et le Docteur le sentit abaisser légèrement ses boucliers. Il le vit frémir au contact avec le TARDIS, ses lèvres s'entrouvrant légèrement. Un souffle presque imperceptible en sortit, un souffle que le Docteur discerna pourtant parfaitement, ses pupilles se rivant sans le vouloir sur cette bouche aux contours parfaits d'un visage sans défaut. Il entendit la joie de sa dame lorsque les deux esprits se rencontrèrent, et ses coeurs firent un bond en voyant un lien incongru se former entre les deux dernières personnes auxquelles il aurait pu penser.

 


choup37  (04.02.2017 à 00:50)

Chapitre 2

 

Jack haleta, les yeux fermés. Le contact avec le TARDIS était indescriptible: un mélange de chaleur, douceur, et oh, cette musique qui chantait dans son esprit.. cette musique qui lui parlait, et qu'il comprenait, malgré l'absence de mots. Comment était-ce possible? Il n'avait jamais rien vu de pareil malgré toutes ses années à voyager dans les confins de l'univers et du temps. La musique lui parlait de confiance, et d'assurance. Elle lui expliquait que sous des abords sauvages, son voleur – pourquoi l'appelait-elle voleur – n'était pas méchant. Il déglutit, et parvint avec difficulté à murmurer, le regard encore dans le vague:

-Et maintenant?

-A vous de voir. Vous n'êtes pas obligé de rester. C'est votre choix. Mais si vous décidez de rester... Mon Tardis, mes règles.

Sa voix se voulait bourrue, mais Jack s'en tint aux mots. Il pouvait rester s'il le voulait. L'esprit toujours empli du contact avec le vaisseau, il hocha silencieusement la tête, trop perturbé pour parler. Le Docteur l'observa un instant, avant de suggérer, de ce même ton faussement grognon:

-Allez vous coucher, on parlera demain. La journée a été mouvementée pour tout le monde.

Cela eut le mérite de sortir Jack de ses pensées.

-Dormir? Où?

Il suivit le maitre des lieux dans les couloirs, tournant à quelques intersections avant d'arriver devant une porte. L'ex-Agent du temps écarquilla les yeux en découvrant la chambre, aux tons jaune-orangé chaleureux au milieu duquel se tenait un lit suffisamment grand pour accueillir aisément deux personnes. Il était recouvert d'une épaisse couverture blanche, et orné d'un traversin et de nombreux oreillers, comme Jack l'aimait. Une armoire et une commode cachait le mur gauche, et une petite étagère en forme d'escalier décorait la partie droite de la salle, attendant d'être remplie. Les meubles étaient en bois, comme c'était de coutume il y avait de nombreux siècles sur Terre. Comme Boeshane en avait conservé la tradition. Le jeune homme ne sut que dire, dévorant les lieux du regard: l'endroit était simple, mais agréable, émettant une sensation d'intimité troublante. Jack n'avait pas connu de tel endroit depuis longtemps.

Le Docteur lui jeta un regard en coin: il avait suivi les instructions de sa dame le long du chemin, et découvrait lui aussi la nouvelle apparence de la chambre. Clairement, elle avait été créée pour Jack, et au vu des expressions conflictuelles sur le visage de ce dernier, le Tardis avait bien visé. Il le quitta sans un mot, ne sachant guère quoi lui dire, le laissant seul perdu dans ses pensées.

Malgré cet accueil chaleureux du vaisseau, Jack dormit difficilement: était-ce les derniers évènements? Le rappel indirect de sa planète natale? Toujours est-il qu'il passa une partie de la nuit à se battre contre des cauchemars, la figure de Gray le hantant pour la première fois depuis des années. Il se réveilla dans un sursaut, le corps couvert de sueurs, sans reconnaitre les lieux. La panique le saisit et il se redressa brusquement, cherchant le poignard posé instinctivement sous son oreiller. Où était-il? Ce n'est pas la petite couchette de son vaisseau.. Et puis les évènements de la veille lui revinrent à l'esprit, apparaissant par flash: un grognement sortit de sa gorge, et il se laissa retomber sur un des oreillers.

Shit.

Dans quoi est-ce qu'il s'était fourré?

Comment diable avait-il réussi à tomber sur un Seigneur du temps? Et le dernier d'entre eux, en plus, visiblement. Son coeur se tordit étrangement à ce souvenir: cela avait été l'un des seuls moments où il avait vu l'armure se fendiller. En dehors de ce bref éclair, le Docteur était toujours demeuré fort, assuré, et constamment maitre de la situation (à peu près), le tout avec un humour vif et un sens de la répartie qui avaient agréablement rafraichi Jack des coutumes de l'époque où il se trouvait alors. Si celle-ci était parfaite pour se cacher de ses anciens collègues, et les bals des endroits idéaux pour rencontrer de potentiels partenaires, elle était néanmoins encombrée de nombreuses conventions bien difficiles pour lui et son éducation du 51ème siècle. Le Docteur avait été une bourrasque autant inattendue que bienvenue, et bien que souvent insupportable avec ses remarques, il n'en était pas demeuré terriblement attractif et fascinant.

Jack secoua la tête, et se força à se lever: il eut la surprise de découvrir des vêtements frais posés sur la commode. Un jean noir et une chemise bleue, parfaitement pliés et n'attendant que lui. Il fronça les sourcils, est-ce qu'on les lui avait amenés quand il dormait? Un humement dans le coin de son esprit lui donna la réponse.

-Oh? C'est de toi?

Le humement satisfait s'intensifia, faisant sourire Jack.

-Merci ma belle.

Le dit humement se métamorphosa en ronronnement, faisant pouffer l'humain qui explora un instant la chambre avant de découvrir une petite porte à coté de l'étagère: une large salle de bain se cachait derrière, pour sa plus grande joie. Il prit le temps de savourer une très longue douche, jouant avec les bulles de savon qui volaient autour de lui au lieu de disparaitre comme elles l'auraient fait sur Terre, et se délectant du contact de l'eau sur sa peau. L'eau chaude était rare en temps de guerre, et il ne pouvait pas toujours revenir sur son vaisseau se laver.

Lorsqu'il eut terminé, il erra quelques instants dans les couloirs, avant de finalement apercevoir Rose au détour d'un tournant. Cette dernière se retourna en l'entendant, et l'accueillit d'un large sourire qu'il lui rendit, découvrant avec plaisir une nouvelle tenue. Elle était vêtue d'une courte robe rouge remontant par dessus ses genoux, agrémentée d'une fine ceinture de cuir à boucle de métal mettant en valeur sa taille. Ses cheveux tombaient en boucles sauvages sur ses épaules, une mèche rabattue en arrière par une barrette noire, aérant son visage. Elle était juste splendide, et Jack lui aurait bien sauté dessus. Un monde de fantasmes dans lequel chair, robe rouge et murs se mêlaient jusqu'à ne plus former qu'un s'abattit sur lui.

-Bien dormi?

La question le tira brusquement de ses pensées lubriques.

-Très bien, merci, mentit-il, avant d'ajouter: Vous avez d'autres robes de ce type?

Rose haussa un sourcil, avant de baisser les yeux vers sa tenue:

-Pas mal, oui, pourquoi? Vous n'aimez pas?

-Ah si si, au contraire, j'adore, répliqua-t-il en haussant un sourcil, laissant ses yeux dériver sans aucune honte.

La jeune femme rougit légèrement sous son regard -ce n'était pas Mickey qui se serait permis d'être si clair- avant de se reprendre -elle n'avait plus 16 ans- et croiser les bras, s'accoudant au mur pour lui faire face :

-Je me demandais comment s'était passée votre conversation avec le Docteur hier? Il n'a pas été trop rude avec vous? Voulut-elle savoir, révélant par là-même qu'elle n'était pas aveugle sur la nature du 'travail' qui attendait son ami.

Jack força difficilement ses yeux à ne pas dériver sur les seins de la blonde, scandaleusement mis en valeur par cette nouvelle position, et répliqua de sa voix chaude, les deux sourcils haussés cette fois:

-Pourquoi? Vous vous inquiétez pour moi?

Et il lui décocha un sourire de plusieurs milliers de watts, qui n'aurait pas fait tâche dans une publicité du XXIème siècle. Son interlocutrice lui en rendit un, mais pas aussi poussé que celui qu'elle lui avait donné un instant plus tôt. Cette version-ci était davantage tendue, voilée:

-Je me demandais ... Il n'est pas toujours tendre avec ceux qu'il ne connait pas...

-J'avais cru remarquer, mais merci de le souligner, ironisa Jack.

Cette fois, le sourire de la blonde disparut complètement alors qu'elle murmurait:

-Il a ses raisons .. et c'est en partie ma faute.

-C'est à dire?, demanda Jack en fronçant les sourcils.

Rose détourna le regard, clairement mal à l'aise:

-Vous n'êtes pas le premier qu'on accueille ici.. Il y a quelques temps ... On... enfin surtout moi... Pendant un ... voyage, en Utah, j'ai rencontré un jeune homme, Adam. Un scientifique, un brin imbu de lui-même, mais un génie. Il rêvait de voir l'espace, et son boulot venait littéralement d'exploser, alors.. j'ai proposé au Docteur de l'emmener avec nous.

-Huhu.. mignon?

Rose rougit violemment, faisant sourire moqueusement Jack.

-Ce n'était pas la question!

-Ah, Rosie, c'est souvent la question. Il était mignon, un petit génie dans son domaine, et visiblement de votre âge, alors vous l'avez emmené voir les étoiles. Il joua suggestivement de ses sourcils, renforçant l'expression boudeuse absolument adorable de la cadette. Qu'est-ce que le Doc en a dit?

Rose roula des yeux:

-Il n'était pas d'accord, et j'aurai dû l'écouter. Adam était un génie, mais aussi et surtout un sale égoiste: dès le premier voyage où on l'a emmené, il a essayé de voler des informations du futur pour devenir riche. Autant dire que le Docteur l'a viré tout de suite.

-Compréhensible, commenta Jack en tentant de ne pas faire de parallèle avec certaines de ses missions pour l'Agence.

-Ce que je veux dire, Jack, c'est que cela fait deux fois que je lui demande de laisser sa chance à quelqu'un... contre son gré ... Vu comment cela s'est passé la dernière fois, c'est logique qu'il soit réticent à accueillir de nouveau quelqu'un ... surtout vu comment on s'est rencontré, expliqua-t-elle en soupirant.

-Je vois, fit-il, les lèvres pincées.

Cela expliquait pas mal de choses, en effet, comme son agressivité à son encontre, qui avait dû être empirée par sa drague avec Rose. Jack n'était pas aveugle, le Doc s'était clairement amouraché de la petite, et il était jaloux, très jaloux. Lui-même était prêt à parier qu'il avait dû y avoir au moins un début de flirt entre Rose et Adam, et que cela avait rendu le Seigneur du temps dingue. La manière dont il avait revendiqué la blonde la veille pour danser ne laissait aucun doute quant à sa possessivité à son égard, et si Jack avait assez d'expérience pour savoir jouer sur ce terrain, il n'était pas certain que c'était le cas du geek.

 

***

 

Tous deux rejoignirent le Docteur dans la cuisine: celui-ci était occupé à dévorer un plat de cheesakes à la banane, une tasse de café fumante devant lui. Rose grimaça et se servit un thé, imitée par Jack qui avait pris goût au breuvage pendant ces quelques mois en plongée sous-marine anglaise.

-Bien dormi?

-Yep, répondirent-ils en choeur.

Jack tournait le dos au Docteur à ce moment, aussi ne vit-il pas le long regard que lui lança ce dernier: le Seigneur du temps était au courant de ses cauchemars, transmis gracieusement par le Tardis. Pourquoi avait-elle fait cela? Il ne comprenait pas. Qu'est-ce que cet homme avait de si particulier pour que sa belle se montre si chaleureuse à son égard et lui fasse parvenir à lui ses émotions? Il pouvait voir à quel point Jack était déstabilisé, se tenant constamment sur ses gardes, clairement à l'opposé de son élément: malgré son sourire, ses épaules étaient légèrement tendues et son dos raide, révélant sa tension interne. Ses prunelles détaillaient tout autour de lui, comme s'il craignait d'être attaqué, et en même temps – et c'était là que commençaient les choses intéressantes- elles étaient clairement fascinées, comme le seraient celles d'un enfant. Comme tous ses compagnons qui débarquaient à bord du Tardis l'étaient toujours. Il était difficile d'associer cette image à celle qu'il se faisait des Agents du temps.

 

***

 

Jack savait reconnaitre une analyse quand il en voyait une, et encore plus quand il en était le sujet. Il se savait observé, étudié, testé par le Docteur. Ses sentiments étaient partagés à ce sujet: bien qu'il en comprenait à présent davantage les causes, cela ne l'en agaçait pourtant pas moins prodigieusement. Il n'avait rien à lui prouver, merde! Il n'était pas un gamin de quinze ans découvrant l'univers, il n'avait pas besoin d'une main lui tenant l'épaule. Il était un grand garçon, parfaitement capable de se gérer tout seul ... bien que les derniers évènements allaient plutôt à l'encontre de cette affirmation. Mais justement, ils n'en rendaient les choses que plus claires entre lui et le pilote, qui lui avait affirmé sans ambiguité que rien ne le retenait à bord s'il voulait partir.

Il aurait pu partir. Il aurait même sûrement dû. Il n'avait rien à faire là, après tout. Un type comme lui face à un Seigneur du temps? L'univers devait pleurer de rire. Alors pourquoi ne l'avait-il pas fait? Pourquoi? Qu'est-ce qui l'avait retenu à bord? La fatigue? Le Tardis aurait pu le déposer à n'importe quel hôtel. Le Tardis ... Il frissonna en se rappelant leur échange. Il en était toujours secoué. C'était sans aucun doute une des raisons qui l'avait fait demeurer: cette conversation entre lui et l'être vivant dans ces murs. Comment aurait-il pu s'éloigner d'un tel trésor?

Il réalisa presque aussitôt l'ambiguité de la formule, et un petit sourire se dessina sur ses lèvres: oui, les termes s'appliquaient aussi au Docteur. Cet homme ... alien ... être avait touché quelque chose en lui, et il réalisa perturbé que ses attaques de la veille l'avaient peut-être davantage heurté qu'il ne voulait bien l'admettre. Personne n'avait été si honnête avec lui depuis bien longtemps, le jugeant avec une franchise autant décapante que blessante. Et Jack, Jack n'avait pas du tout aimé ce qu'il avait entendu. Lâche. Égoiste. Stupide. Ignorant. Tels étaient les qualificatifs qui ressortaient de ce jugement. Etait-ce vraiment lui? Était-il réellement devenu ce que le Docteur décrivait? Pour la première fois depuis bien longtemps, il avait été forcé de prendre un miroir et se regarder en face, et la vérité était que oui, c'était ce qu'il était à présent.

Il pouvait faire mieux que cela. Il le savait. Il le pouvait. N'est-ce pas? Il avait commencé en les sauvant cette nuit-là, le Docteur l'avait reconnu lui-même. C'était même pour cela qu'il l'avait secouru à son tour. Le Docteur. Il voulait lui prouver qu'il valait mieux que ce qu'il avait vu. Mais pourquoi? Pourquoi? Pourquoi l'avis de ce type comptait-il autant pour lui? Jack ne comprenait pas. Il ne le connaissait pas, après tout: ils ne s'étaient rencontrés que la veille, et oui, certes, ils avaient sauvé le monde ensemble, mais en dehors de cela, l'alien lui cassait royalement les pieds, le critiquant constamment et étalant ses connaissances comme un lauréat ...

Ok, s'il était réellement honnête avec lui-même, ce dernier point ne le dérangeait pas tellement: en fait, c'était même fascinant, tant l'esprit du Docteur était vif et extraordinaire. Ses connaissances étaient plus poussées que toutes les personnes qu'il avait pu rencontrer, et Jack mourrait d'envie d'en apprendre davantage de sa part. Mais son orgueil l'agaçait: il semblait toujours mieux savoir que tout le monde, c'en était exaspérant. Oh, qui essayait-il de leurrer? S'il était totalement, complètement sincère avec lui-même, il lui fallait reconnaitre que oui, peut-être bien qu'une petite partie stupide en lui était aussi vexée, sa vanité avalant mal le fait qu'il ne soit plus le centre de l'attention. Il l'avait presque toujours été, à cause de son intelligence et sa beauté, et voilà que quelqu'un lui volait la vedette, le reléguant au rôle de l'observateur.

 

***

 

-Jack?

L'homme sursauta, tiré brusquement de ses pensées par la voix de Rose. Celle-ci le fixait d'un air interrogateur, un sourcil relevé narquoisement.

-Il y a quelque chose dans votre thé? Cela fait bien dix minutes que vous le fixez sans bouger.

Il sourit.

-Je prends juste le temps de le déguster: c'était dur d'avoir un bon thé en pleine guerre, encore plus préparé avec tant de chaleur, répondit-il en en prenant une gorgée, la fixant de son regard pénétrant se faisant.

Il ne manqua pas le roulement de yeux du Docteur; un sourire moqueur s'étira sur ses lèvres: il pouvait s'habituer à cela.

-Alors, Jack, dites-moi .. Vous avez dû voyager dans beaucoup d'endroits avec l'Agence.

-C'était l'idée, oui, confirma-t-il en la fixant, devinant d'avance sa question.

Et en effet, un sourire éclatant fit son apparition sur les lèvres de Rose.

-Alors vous avez forcément des anecdotes!

Il hésita, jetant un coup d'oeil au Docteur qui le fixait de son regard impénétrable.

-Oh, ne faites pas le timide! S'exclama la jeune femme, inconsciente de l'échange silencieux. Vous êtes comme nous, à voyager dans le temps et l'espace, vous avez forcément des choses à raconter! Forcément vu des lieux hallucinants! Pour une fois que je rencontre un autre voyageur du temps, vous n'allez pas me priver d'anecdotes!

-Rose, laissez-le tranquille, le pauvre homme vient juste de se réveiller, ironisa le Docteur.

-C'est ok, Doc, je m'y attendais, sourit Jack avant de se redresser, pensif. Il but une autre gorgée de thé (comment pouvait-il être encore chaud?), murmurant: Qu'est-ce que je pourrais vous raconter ...

Il lui fallait un récit léger, sans conséquence. Quelque chose sans escroquerie ni violence. Urg. Ses yeux se mirent à briller alors qu'il se remémorait un souvenir:

-Il y a eu cette fois où on avait été envoyé sur cette planète ... Ce n'était que de l'observation, la peuplade du coin était en plein développement et commençait juste à avoir des contacts avec d'autres planètes. Vous auriez vu cela, Rose: un ciel totalement or avec deux soleils violets au milieu, une herbe rouge vif et des arbres et buissons tout en camaieu d'orange ...

-Ça a l'air magnifique, souffla la blonde, le regard rêveur. Comment s'appelle cette planète?

-Roxos, dans la galaxie du ...

-... Lion d'or, termina le Docteur, et Jack hocha la tête.

-Vous connaissez?

-Je m'y suis rendu quelques fois. Ils ont un marché annuel intéressant, expliqua innocemment son interlocuteur, mais le regard de Jack se fit narquois:

-Vous parlez de la beuverie planétaire annuelle?

-Beuverie? rit Rose alors que le Docteur se renfrognait.

-Chaque année, pendant une semaine, toutes les régions se retrouvent pour partager leurs spécialités culinaires, tenta-t-il d'expliquer.

-Et chaque année, cela se termine en débauche générale, compléta Jack, son sourire digne de celui de Cheshire tandis que son expression se faisait purement salace. Et j'aime autant vous dire que ces gens-là savent s'amuser, oh oui! Ils ont un vin de Fuvros, mes aieuls, c'était la première fois que je roulais sous la table!

Rose explosa de rire.

-Cela n'a pas semblé vous gêner!

-Ah, naaaaaan, parce que sous la table, il y avait une petite indigène qui me courrait après depuis le début de la soirée, et..

-Je pense qu'on a compris l'idée, le coupa le Docteur, s'attirant un haussement de sourcils moqueur.

-Quoi, vous êtes timide, Doc? Vous saviez pourtant ce que vous faisiez, hier.

-Ce n'était qu'une danse! Se récria l'alien en rougissant légèrement.

-Si vous le dites, Doc, rit Jack.

-Allez, Jack, une autre!, réclama Rose, les yeux pétillants de plaisir.

-Aaaah, demandé si gentiment .. Quoique un baiser me convaincrait encore plus ...

-Peut-être après, si j'ai aimé le récit, le taquina la jeune femme sous le regard outragé du Seigneur du temps.

-Aaah, vous réchauffez mon coeur blessé, Rosie, fit Jack en la fixant de son meilleur regard grivois, la main posée sur le coeur. Vous me rappelez cette princesse d'Utrax III... Quelle perle, celle-là! Elle prenait les règles de l'hospitalité très au sérieux, un peu trop pour son père, d'ailleurs, rit-il, imité par la blonde.

-Comment je dois prendre ça?

-Ah mais bien, Rose, très bien! Elle était à tomber, une peau bleu ciel aussi éclatante que votre Méditerranée, de petites oreilles en pointe qui frémissaient sous la moindre caresse – vous saviez que les oreilles des Utraxiens étaient érogènes- et ses mains, oh ses mains ..

Et son regard se perdit dans le vague alors qu'il se remémorait cette nuit-là.

-Bien sûr, c'est devenu beaucoup moins drôle quand sa servante est entrée dans sa chambre le matin et a ameuté tout le château, ajouta-t-il en roulant des yeux, provoquant un nouveau fou rire chez Rose et arrachant un sourire amusé au Docteur. Je n'avais jamais entendu de son si aigu!

-Une femme, commenta d'un ton plat le Docteur, et un cri indigné échappa à la seule représentante du dit-sexe alors que Jack pouffait.

Il s'était détendu sans le réaliser, se perdant dans des souvenirs depuis longtemps oubliés.

-A vous, Rose!, fit-il soudain en tapant les mains sur la table. Je ne suis pas le seul à avoir voyagé ici!

-Oh, je ne sais pas, j'ai vu tellement de choses aussi!, répondit l'intéressée, souriante.

-Votre première fois, racontez-moi votre première fois.

-HARKNESS!

-Quoi? Fit ce dernier, le visage reflétant l'innocence incarnée. Tout le monde se souvient de son premier voyage.

Il n'échappa pas à un regard glacé, auquel il répondit par un clin d'oeil avant de reporter son attention sur Rose, qui goutait clairement la joute verbale.

-Comment je pourrais oublier cela? 5 milliards d'années dans le futur, sur la plate-forme 1, avec tous ces gens venus voir la mort de la Terre ..

Jack manqua s'étouffer dans son thé.

-Refaites-la, celle-là?

Rose rit, avant de commencer à raconter sa première aventure dans le futur. L'homme l'écouta sans un mot, fasciné: extraordinaire, c'était extraordinaire. La mort de la planète-mère, en direct, avec tous ces gens venus des recoins de l'univers. Il aurait tellement voulu être là pour voir cela.

 


choup37  (07.02.2017 à 17:04)

 Chapitre 3

 

-.. et c'est comme cela que j'ai fini banni de Brazilios, termina Jack sous les rires de Rose.

Le Docteur secoua la tête, amusé malgré lui. Le garçon avait sûrement beaucoup de défauts, mais il fallait lui reconnaître un talent pour les récits. Et, oh, le Docteur adorait les bonnes histoires, qu'il en soit ou pas le centre. Le groupe avait passé les quinze dernières minutes à partager anecdotes et aventures – enfin, Jack et Rose, le Seigneur du temps s'était contenté d'écouter, rajoutant quelques détails parfois lorsque cela lui semblait nécessaire. Néanmoins, il commençait à s'ennuyer -très peu pour lui de rester assis des heures – aussi profita-t-il de la fin du récit pour sauter sur ses pieds et demander, un énorme sourire sur le visage :

-Les raconter c'est bien, les vivre c'est mieux ! Rose, où voulez-vous aller ?

-Quelque part où il y a des sucreries! S'exclama la jeune femme avant d'expliquer devant son regard surpris : Malgré tout ce que cette cuisine contient, on n'y trouve pas le moindre bonbon!

-Ceci afin de vous éviter de vous abimer les dents, répondit le Seigneur du temps avec une expression qui sonnait condescendante.

-Hé bien, dommage pour vous, je suis une stupide singe, j'aime mes bonbons, sourit Rose, sa langue apparaissant entre ses dents. La Terre, donc ?

-Êtes-vous folle ? S'exclama le Docteur en se dirigeant en sautillant vers la console. Je ne vais pas vous laisser acheter ces saletés. Non, j'ai bien mieux pour vous !

Sans en dire plus, il commença à appuyer sur des boutons, avant d'abaisser un grand levier. Presque aussitôt, le Tardis se mit en mouvement, se lançant à travers temps et espace avant que les deux humains n'aient pu demander au pilote leur destination.

-Docteur, où va-t-on ? S'exclama Rose.

-Surprise ! Répliqua celui-ci, ce sourire dément découpant son visage d'une oreille à l'autre, en provoquant un autre aussi fou chez la jeune fille.

Agrippé à la rampe, Jack ne manqua pas de noter leur complicité. Juste amis, tu parles, pensa-t-il alors que le vaisseau s'arrêtait dans un sursaut.

-Et voilà ! Moxos ! Troisième planète du Système argenté de la Galaxie de Castelbradon, 7856 km de diamètre pour une superficie de 510,1 millions km². Très semblable à votre planète Terre, Rose. Atmosphère identique, pas besoin de combinaison pour sortir. Ce qui est très agréable, vu notre destination.

-Qui est ? Interrogea la blonde, amusée devant l'attitude surexcitée de son ami.

-Ahah ! Vous aurez besoin de ça, dit-il en lui tendant des oreillettes, avant d'en lancer une autre paire à Jack. Parfait pour communiquer à distance, puisque je ne peux pas vous faire confiance pour ne pas vous éloigner !

-Oy ! S'exclama Rose en lui donnant une tape sur le bras, mais ses yeux pétillaient.

Le Docteur lui rendit son sourire, avant de se diriger vers la porte. Ses compagnons se hâtèrent de le suivre : ils haussèrent un sourcil en découvrant un placard à balai.

-Vous savez, si vous vouliez un endroit intime, vous auriez pu trouver mieux que ce trou à rats, commenta Jack, s'attirant un Ssssssh.

-Je ne peux pas garer le Tardis en plein couloir, ce ne serait pas discret.

-Depuis quand sommes-nous discrets ? Interrogea sa compagne, provoquant un sourire moqueur chez Jack qui n'avait pas oublié leur rencontre.

Un reniflement fut leur seule réponse. Le duo échangea un regard narquois avant de suivre l'extraterrestre dans le couloir adjacent. Quelques couloirs de plus et ils débouchèrent devant une grande baie vitrée. Les yeux de Rose s'écarquillèrent en découvrant des dizaines de machines s'étalant à perte de vue. Des êtres de toute origine s'activaient autour, leurs origines si variées que Rose n'en reconnaissait pas la moitié. Tous étaient vêtus de blouse blanches et masques dissimulant le bas de leur visage. Des gants et couvre-chefs blancs complétaient la combinaison. Certaines personnes circulaient au milieu des ouvriers, se penchant pour examiner les produits sur les tapis roulants qui défilaient à toute vitesse avant de cocher quelque chose sur leur tablette. Rose avait la sensation d'observer une fourmilière en pleine activité.

-Bienvenue à Adias, la plus grande usine de bonbons de ce Système! Réputée dans toutes les galaxies avoisinantes pour la qualité de ses produits et la finesse de ses goûts ! Je gage que vous y trouverez des douceurs bien plus variées que les bonbons de Londres, déclara le Docteur, les bras croisés et ses sourcils haussés.

Rose ne répondit pas, fixant bouche bée l'usine devant elle.

-Comment.. commença-t-elle à demander avant d'être interrompue par une voix grave.

-Qui êtes-vous ? Comment êtes-vous entrés ici ?

Le trio se retourna pour apercevoir un être à la peau bleue azur les dévisager de ses iris verts. À son costume cravate, ils reconnurent un cadre. Certaines choses ne changeraient jamais.

-John Smith, Département Hygiène et Sécurité, répliqua simplement le Docteur en sortant son papier psychique, le tendant au nouveau venu en même temps que Jack qui avait aussi sorti le sien.

-Jack Harkness. Heureux de vous rencontrer, ajouta-t-il en lui décochant un sourire 4000 volt.

Le cadre sembla se décomposer.

-Une visite ? Mais nous en avons déjà eu une le mois dernier !

-Inspection surprise, répondit le Docteur en souriant. Nous sommes chargés de former Miss Tyler, qui est nouvelle dans le métier.

L'intéressée haussa un sourcil, mais ne commenta pas, se contentant de serrer la main fine du cadre qui s'était repris et leur offrit un sourire.

-Je vois. Gash Tosh, chargé de sécurité d'Adias. Veuillez m'excuser pour mes propos. Si vous voulez bien me suivre, je vais vous faire visiter les lieux.

 

***



C'était un rêve d'enfant qui se réalisait: Rose ne pouvait pas croire à sa chance. Jamais elle n'aurait pensé possible de visiter un jour une usine de bonbons, et pourtant.. Ses yeux bruns étincelaient d'un bonheur sans nom alors qu'elle tournait la tête dans tous les sens, cherchant à ingurgiter chaque détail, chaque image. La petite fille en elle faisait des bonds, criant et gesticulant devant chaque machine et échantillon proposés. L'adulte tentait de conserver une apparence professionnelle, mais cela devenait de plus en plus difficile au fur et à mesure des minutes qui passaient. Jack se tenait quelques mètres derrière elle, son expression plus calme bien que la tenue de son corps trahissait son excitation. Comme Rose, il goûtait avec énergie à chaque sucrerie proposée, se délectant de leurs arômes si variés.


Comme ils l'apprirent en écoutant les explications de Gash, la particularité de l'usine consistait en le fait qu'on y trouvait tous les parfums de toutes les galaxies répertoriées. Et, Dieu, il en existait tant, que ce soit les bonbons terriens connus par Rose, ou bien ceux natifs des autres mondes, des centaines de parfums étaient catalogués dans l'usine. Des coquillages de différente couleur émettaient des odeurs propres à la mer, alors que de longs brins d'herbe verts sortait la fraicheur de la campagne terrienne. Des petites boules rouges possédaient le même goût que le bœuf vénusien, et si vous mordiez dans ce qui ressemblait à des carambars, vous entendiez une musique différente à chaque bouchée.


Le Docteur sourit en voyant Rose esquisser une grimace devant ce qui avait ressemblé à une fraise tagada, mais avait le goût de pain rassi. Sérieusement, il y avait des espèces qui trouvaient cela bon?! À coté d'elle, Jack s'était également fait avoir en goûtant à une sucette verte qui n'avait visiblement pas le parfum de pomme attendue.

-Herbe séchée et terre... Il n'y a que les Judoon pour aimer cela, grogna-t-il.

Un petit cri dégouté lui fit tourner la tête : Rose fixait des carrés rouges avec une expression qui ne pouvait être décrite que comme horrifiée. Inquiet, il se rapprocha, et lut l'étiquette. Une expression écoeurée apparut à son tour sur ses traits.

-Viande humaine .. Docteur, est-ce que c'est ce que je pense ?!

-Hum ? Oh oui. Non non non, se reprit-il devant leurs visages soudainement terrifiés. Pas de cannibalisme. Juste le goût reproduit.

-Qui peut aimer ça ?! Interrogea Rose avec une voix ressemblant d'un seul coup terriblement à un fausset.

-Des chasseurs, répondit son ami avant d'ajouter : Il existe autant de goûts que d'univers, Rose.

-Très peu pour moi, merci bien, grommela la blonde en s'éloignant.

-Je crois que je viens de tourner végétarien, murmura Jack en la suivant.

-J'aurai pensé que vous connaissiez ce type de bonbons, avec tous vos voyages, chuchota ironiquement le Docteur, s'attirant un regard blanc.

-Il y a des choses que même un Agent du temps ne veut pas connaître.

Adias produisait également des sucreries influant les émotions, et Rose ne mit pas longtemps à comprendre pourquoi elles faisaient partie des ventes favorites: certains bonbons provoquaient une excellente humeur, vous faisant oublier vos soucis, tandis que d'autres entrainaient un fou rire ou vous rendaient temporairement extraordinairement attirant aux yeux de votre entourage. Harkness renifla avec mépris devant ces dernières, affirmant que seuls les faibles en avaient besoin. Il était resté fasciné devant les oursons réveillant les bons souvenirs, se demandant intérieurement s'ils pourraient l'aider à retrouver ses deux ans disparus. Le Docteur avait pour sa part décidé de se fournir à leur sortie de plusieurs sacs de Lave à dormir : il serait plus qu'heureux de récupérer des heures de sommeil, ses mauvais rêves ne lui laissant guère de répit depuis la fin de la Guerre. Il grimaça devant les Cauchemars célestes, s'interrogeant sur l'utilité d'en provoquer chez ses amis.

-On se croirait dans Harry Potter, souffla Rose en regardant des fleurs multicolores aussi longues que son bras. Vous savez, la boutique d'Honeydukes ? Sauf que cette fois je peux goûter tous les bonbons. Ou presque, rectifia-t-elle après quelques secondes de réflexion.

-Oooooh, des pommes douces de Neptune ! Je pensais qu'il n'en existait plus ! S'exclama Jack en reconnaissant des boules bleues émettant un air froid.

-Une partie a été conservée malgré la chute de l'empereur Kezkazien par des autochtones exilés, expliqua le Docteur, occupé à dévorer des Jelly Babies.

-Nous avons alors pu les analyser et en extraire la substance originelle avant de la reproduire, compléta le responsable de sécurité.

-Cela n'a pas dû aller sans mal, et a surement provoqué un certain nombre de jalousies puisque vous en êtes devenus le seul dépositaire, commenta Jack. Mais j'ai pu constaté que vous semblez bien protégés contre tout type d'attaque : l'accès de chaque laboratoire est contrôlé par reconnaissance visuelle, vocale et tactile. Votre nombre de caméras est impressionnant, en particulier celles dissimulées, et je ne parle même pas des gros muscles à fusils placés à intervalles réguliers dans chaque couloir.

Difficile de les manquer, pensa le Docteur alors que Gash haussait un sourcil bleu marine.

-Il nous faut nous protéger contre l'espionnage industriel. Nos produits ne sont pas seulement de qualité, ce sont les meilleurs.

-L'orgueil est le pire défaut d'un vendeur, lâcha Rose.

-C'est un fait, Miss Tyler. Ils sont reconnus dans toutes les galaxies avoisinantes pour leur pureté et finesse. Beaucoup sont exclusifs et attisent la convoitise de nos concurrents. Nous n'avons pas le choix de nous montrer intransigeants sur la sécurité. Vous constaterez à l'heure de la sortie que chaque membre du personnel, moi compris, doit se soumettre à une fouille avant de sortir en validant son badge sensoriel.

-Une vraie base militaire, ironisa la blonde, s'attirant un sourire de Gash.

-L'industrie est une vraie guerre, Miss. Il est normal d'y répondre par des moyens similaires.

-Il semble que cela vous ait réussi pour le moment, dit le Capitaine.

-Tout à fait. Nous n'avons recensé aucune intrusion dep...

BIP ! BIP ! BIP !!!

-Vous disiez ? S'exclama Jack en suivant le Docteur, qui venait de disparaître par la porte.

-C'est impossible ! S'exclama le cadre en le suivant, Rose sur les talons du Docteur. Personne ne peut entrer sans être détecté !

-Comme nous, vous voulez dire ? Cria Jack pour se faire entendre par dessus la sonnerie stridente.

Veuillez rester calmes et demeurer à vos postes. Ceci n'est pas un exercice. Veuillez rester calmes et demeurer à vos postes.

Les consignes résonnaient en parallèle du vrillement, neutres et agaçantes.

-Rapport ! Appela Gash en appuyant sur son oreillette.

Lorsqu'ils rejoignirent enfin le Docteur, ce fut pour le trouver accroupi à coté d'un homme à tête de poisson vêtu d'une blouse blanche à rayures grises. Un des scientifiques, avaient-ils appris dans l'heure passée. Une énorme bosse trônait sur son front, et sa peau normalement vert foncée était terriblement pale. À leur grand soulagement, la sonnerie avait cessé, mais leurs oreilles vibraient toujours.

-Ruff? Qu'est-ce qui s'est passé ? Vous allez bien ? Interrogea son supérieur.

Jack s'accroupit à côté d'eux, et se tourna discrètement pour effectuer un scan avec son bracelet. Le Seigneur du temps secoua la tête, murmurant :

-Bosse et épuisement. Il a été confiné un certain temps dans la petite pièce avoisinante, bâillonné et attaché. Il lui a fallu deux jours avant de réussir à défoncer la porte, et je ne sais toujours pas comment il a trouvé la force d'appuyer sur l'alarme. Oh, et mon tournevis indique un fort concentré d'azote.

Les relevés de Jack confirmèrent ces propos, indiquant un manque alarmant de vitamines et une forte déshydratation. Fouillant dans sa poche, il en sortit une petite pilule rouge qu'il vint placer près des lèvres de Ruff.

-Tenez, avalez. Cela a été créé pour être compatible avec n'importe quelle espèce.

-Qu'est-ce c'est ? Demanda aussitôt Rose.

-Énergie synthétisée en pilule, résuma simplement le capitaine.

Le Docteur haussa les sourcils en voyant les joues du poisson reprendre une teinte plus foncée. Celui-ci inspira profondément, et se redressa lentement, s'appuyant sur ses coudes.

-Oh oh doucement, je n'ai pas dit que vous pouviez vous lever, le gronda gentiment Jack en le repoussant d'une main sur le torse.

-Mais il faut.. il faut l'arrêter..., murmura paniqué son patient.

-Qui? Celui qui vous a enfermé ? Qui est-ce ? À quoi ressemble-t-il ? Le pressa le Docteur.

-Docteur, le réprimanda Rose. Laissez ce pauvre homme parler.

-Je... je ne sais pas qui c'est... ce que c'est.. Il était venu me fournir en ingrédients, il ressemblait à un ouvrier normal. Je lui tourne le dos quelques instants, et puis la seconde d'après j'entends le verrou se fermer et quelque chose se poser sur mon nez. Quand j'ai rouvert les yeux, j'étais dans le noir dans le placard.. Je... Il paniqua une nouvelle fois. Rose posa gentiment sa main sur son épaule, cherchant à le réconforter. Il.. Monsieur, il avait mon visage ! C'était moi! Je ne sais pas comment c'est possible mais c'est la vérité ! C'était moi !

-Je vous crois, Ruff, déclara calmement le responsable de sécurité, son expression sombre. Nous allons nous en charger, reposez-vous. Il se tourna vers le trio. Il semble que votre visite ne sera pas qu'amicale, après tout. Nous avons un espion dans l'usine.


choup37  (18.02.2017 à 22:09)

Chapitre 4

-Bien! Que savons-nous ? Idées, des idées !

Jack se retint de rouler des yeux en voyant le Docteur commencer à faire les cent pas: l'enthousiasme de ce type dans une telle situation était juste déplacée. Est-ce qu'il réagissait de cette manière à chaque fois qu'il y avait un problème? La vie ne devait pas être calme avec lui.


Non pas que l'idée le gênait.


Avec précaution, le jeune homme aida Ruff à se relever puis s'assoir sur une chaise, veillant à ce qu'il soit installé confortablement avant de se tourner vers le duo dont les cerveaux tournaient à toute allure.

-Il a exactement la même apparence que Ruff. Mais il en a surement changé à présent que l'alarme a sonné, damn, si j'avais su … pesta le Seigneur du temps. Gash, vérifiez sur les caméras, avec un peu de chance il est toujours là !

-Il est resté ici des jours, qui nous dit qu'il n'a pas pris d'autres apparences avant ? interrogea Rose.

-C'est probable, mais Ruff est le seul qu'il a assommé pour prendre sa place. Pourquoi lui ? Qu'a-t-il de particulier ? Ruff, sur quoi travaillez-vous exactement ? le pressa le Docteur.

Jack fronça les sourcils.

-Il est épuisé, fichez-lui la paix ! Il est resté des jours dans ce placard sans rien avoir à manger ni boire, il n'est pas en état de répondre à vos questions !

Le Docteur cligna des yeux.

-Oh. Exact. Désolé, je.. j'avais oublié..

-Oublié ? On vient de l'en sortir ! Comment pouvez-vous oublier cela ? Le réprimanda Jack avant de lui tourner le dos pour tendre à boire à Ruff – d'où sortait cette bouteille ?

Rose jeta un coup d'oeil entre les deux hommes, avant de se diriger vers Jack et murmurer doucement :

-Il ne voulait pas se montrer rude, Jack.. On a besoin de savoir. Celui qui a pris sa place peut être dangereux.

L'intéressé l'ignora, le temps de s'assurer que Ruff avait suffisamment bu – qui avait eu l'idée saugrenue d'autant monter la température? - avant de siffler entre ses dents, sous le regard intense du Docteur :

-Je sais. Ça va ? Demanda-t-il à l'employé qui hocha lentement la tête.

-Oui.. Merci.. Jack lui sourit, et les joues de Ruff virèrent au noir -sa façon de rougir ? Il se tourna vers Gash, lui lançant un regard hésitant. Celui-ci hocha la tête. Je travaille sur un nouveau type de bonbons... adapté aux insectivores. Un concentré de plusieurs espèces, très riche en vitamine. Mouches, libellules, ragnards de Toxos.. Un concentré, comme je vous dis.

-Qui d'autre est au courant ?

-Avec vous, M.Tosh et le directeur. C'est un nouveau produit, on le garde secret, répondit Ruff avec évidence en se redressant. J'étais en train de terminer la formule quand ce.. l'autre.. m'a attaqué. Il a tout pris, se lamenta-t-il en regardant autour de lui : la formule, tous les échantillons.. Il n'y a plus rien. Ce produit n'a pas encore de licence, s'il parvient à le vendre à une autre compagnie, on perdra tous les droits !

-On va le retrouver, tenta de le rassurer Rose. N'est-ce pas, Docteur ?

Celui-ci hocha la tête, l'air sombre.

-Espionnage industriel.. Sale et vénal … Je déteste ça, mais vous savez ce que je déteste encore plus, Rose ? La violence. Un homme a été agressé, et je veux savoir pourquoi.

-La formule, fit Ruff mais le Docteur secoua la tête.

-S'il n'avait voulu que cela, il n'aurait pas eu besoin de vous enfermer des jours. Ni de vous voler tous vos échantillons. Quelques uns auraient suffi... Il y a quelque chose de plus, quelque chose qui m'échappe.. mais quoi ? Pesta-t-il en tournant comme un lion en cage.

-Il faut se dépêcher, commenta Jack. Il a tout pris, il est sur le départ ! Il se cache surement avant de s'enfuir.

-Ah ! J'ai!

Ils se tournèrent vers le chef de la sécurité, qui montra sa tablette avec triomphe.

-Il n'apparait nulle part sur les caméras, ce qui veut dire qu'il se cache ou a changé d'apparence, ça dépend de ce qu'il est, mais en attendant, j'ai remonté les fichiers d'il y a plusieurs jours, et …

Il appuya sur un bouton, et une scène en 3D apparut : Ruff était penché sur une des tables, un tube en main. Derrière lui, la porte s'ouvrit, laissant apparaître un homme de grande taille à la peau orange et aux yeux verts. Il portait la tenue des ouvriers de l'usine ainsi qu'une mallette.

-C'est lui ! S'exclama le pauvre scientifique. Avec ses ingrédients !

Les lèvres de l'inconnu bougèrent sans qu'ils ne puissent entendre quoique ce soit, mais le Ruff du passé hocha la tête. Il lui tourna le dos, indiquant distraitement une table à sa gauche. Des murmures de surprise se firent entendre dans l'assistance lorsque l'ouvrier se transforma, prenant en moins d'une seconde son apparence. Tout était identique, excepté..

-Ses yeux ! S'exclamèrent-ils en choeur, Gash figeant l'image.

-Ils sont toujours verts! Constata Rose. Pourquoi ? Tout a changé, sauf ça !

-Continuez, pressa le Docteur. Je veux voir la suite !

Le groupe observa la scène avec un mélange d'excitation et peur, alors que l'ouvrier assommait le scientifique, avant d'attacher ses mains dans son dos avec une paire de menottes miniaturisées, qui, une fois sorties de sa poche, retrouvèrent leur taille d'origine. Puis il traina le corps jusqu'au placard le plus proche, avant de tourner le dos à la caméra et manipuler quelque chose. Quand il se retourna, ses yeux étaient devenus du même gris neutre que ceux de sa victime.

-Des lentilles, devina Jack. C'est pour cela que personne ne s'est aperçu de la différence. Cela lui a permis de se fondre totalement dans la masse.. Impossible à repérer..

-Tout le monde a une faiblesse ! S'exclama Gash. Il suffit qu'on la trouve !

-Vous devez reconnaître que ce sera difficile ! C'est clairement un professionnel, il sait ce qu'il fait : il est rapide et efficace, et ne laisse aucune trace. De quand date cette vidéo ?

Le cadre sembla contrit.

-Quatre jours, reconnut-il.

-Quatre jours ! S'étouffa Rose. Et personne n'a rien vu ?!

Elle se tourna vers le Docteur, qui avait froncé les sourcils, l'expression concentrée.

-Un être qui peut prendre une apparence en quelques secondes, sans que personne ne s'en aperçoive..

-Comme un caméléon, commenta sa compagne.

-Des yeux qui restent les mêmes..., murmura le Seigneur du temps.

-Des bonbons pour les insectivores..., ajouta Jack.

-Donc ni un Zigon ni un Slitheen.. Pas de bouton, la transformation a été instantanée, et parfaite. Personne n'a rien remarqué..

-Mais il l'a gardé en vie ! Releva Jack. Est-ce qu'il avait besoin de lui vivant pour que la transformation fonctionne ?

-Pourquoi pas.. Cela voudrait dire que ce serait un métamorphe naturel.. Mais quoi.. Il y en a tant ! Grommela le Docteur.

-Un Auton ? Suggéra Rose. Comme celui qui avait pris l'apparence de Mickey!

-Non, réfuta son ami en secouant la main, je reconnaitrais l'odeur du plastique, et ils ne peuvent pas se transformer ainsi. Ils n'ont qu'un modèle. Est-ce que quelque chose d'autre manque dans l'usine ? S'exclama-t-il.

Gash hocha la tête, la main sur son oreillette.

-Plusieurs types de bonbons.. A l'herbe, aux oiseaux, d'autres bonbons au goût d'insectes... Maintenant que vous le dîtes, fit-il en fronçant les sourcils, cela fait plusieurs jours qu'on se plaint de disparitions d'échantillons. Un par ci, deux par là... Je pensais que c'était un mauvais plaisantin un peu trop gourmand, mais maintenant...

-Ça ne peut pas être un hasard, murmura le Docteur. Pourquoi ces bonbons ? Pourquoi ces parfums ?

-Il en a piqué un peu partout pour les donner à son employeur, répondit Rose en haussant les épaules, avant de se tourner vers Ruff, sur le front duquel perlaient des petites gouttes. Vous êtes en sueur, constata-t-elle. C'est vrai qu'on meurt de chaud ici, il n'y a pas moyen de baisser la température ?

La nuque du Seigneur du temps pivota à une telle vitesse qu'elle se serait brisée si elle avait été humaine.

-Température! Chaleur! Oui! Rose Tyler, vous êtes fantastique! Cria-t-il, un immense sourire éclairant son visage.

-Quoi ? Pourquoi ? S'exclama la blonde en riant.

-Je sais ce qu'est notre voleur ! Et je sais comment on va l'arrêter !

 


choup37  (24.02.2017 à 23:01)

Chapitre 5

 

-C'est noté, à tout de suite. Ne tardez pas.

Le Docteur tapota son oreillette, coupant le contact. Il sourit en voyant arriver Rose à l'autre bout du couloir, accompagnée de Ruff qui regardait autour de lui nerveusement. Jack les rejoignit quelques minutes après, une expression désappointée sur le visage.

-Alors ?

-Rien.. Personne ne l'a vu, soupira la blonde. Une aiguille dans une botte de foin.

Ruff lui lança un regard curieux.

-Quel rapport avec un si petit objet de métal placé dans de la paille ?

Rose ouvrit la bouche pour répondre, avant de la fermer. Fichues expressions terriennes. Elle pouvait voir l'expression narquoise du Docteur d'ici.

-C'est.. une expression de par chez moi. Pour parler de quelque chose perdu dans une grande.. masse, expliqua-t-elle.

Le scientifique arbora un air songeur.

-Intéressant, commenta-t-il. Ce serait l'équivalent d'une goutte d'eau dans l'océan. Indétectable.

Il ne vit pas le regard ahuri de Rose, ni le sourire amusé du Docteur alors qu'il pénétrait dans le bureau du directeur, suivi du reste du groupe. Ce dernier les attendait, assis derrière un bureau de métal. La jeune terrienne se sentit étrangement soulagée en reconnaissant un être humain : tout en lui était familier, de ses boucles brunes coupées court au visage ovale, en passant par le costume cravate. Parfois, un peu de points communs avec la Terre faisait du bien.

-Entrez, entrez, les accueillit ce dernier. Asseyez-vous.

-Un instant, fit le Docteur en levant soudainement la main, avant de sortir son tournevis sonique. Il le passa devant le visage de toutes les personnes présentes, puis en lut les relevés, les sourcils froncés. Pas de lentilles.. Tout me semble bon. Désolé, commenta-t-il en rangeant l'objet dans sa poche. Simple précaution.

-Bien sûr.., murmura le directeur en le fixant avec curiosité. Monsieur Tosh n'est pas avec vous ?

Les nouveaux venus clignèrent des yeux, regardant autour d'eux. Effectivement, Gash n'était pas encore arrivé.

-Non.. Je ne l'ai pas vu depuis qu'on est parti explorer l'usine, commenta le Docteur. Et vous ? Demanda-t-il aux autres qui secouèrent la tête. Il doit finir son inspection, il nous rejoindra, bientôt je pense.. On commencera sans lui, fit-il en haussant les épaules. Donc! S'exclama-t-il, sa voix soudain enthousiaste. Nous avons fouillé l'usine  personne n'a rien vu ni entendu, comme d'habitude, mais des bonbons manquent à divers endroits, en plus ou moins grande quantité. Beaucoup trop pour de simples échantillons, la question est donc pourquoi?

-Il a faim? Suggéra Rose avant de réaliser à quel point sa proposition pouvait sembler stupide, mais le Docteur lui sourit.

-Faim, oui.. Il agit comme un voleur affamé, mais ce n'est pas logique.. On n'infiltre pas une usine pour voler à manger...

-A moins qu'il ait besoin de nourriture spécifique, déclara Jack.

L'autre homme hocha la tête.

-Cela aurait davantage de sens.. Mais une telle organisation simplement pour voler à manger... et des bonbons de surcroit... Il nous manque quelque chose.. Jack, que vous ont dit les gardes qui veillent sur les sorties ?

-Beaucoup de choses, sourit le plus jeune avec un sourire coquin. Très cordiaux et enclins à rendre service, ces messieurs.. Ah, ça! Ajouta-t-il avec une fausse innocence devant le regard noir du Docteur. Ruff est beaucoup venu ces derniers jours, sous divers prétextes : prendre des nouvelles, apporter à boire.. Ce qui les a surpris, puisque ce n'est pas du tout son lieu de travail. Ils l'ont vu passer également il y a deux heures: il semblait assez agité, mais n'a pas répondu à leurs questions. Il est reparti et ils ne l'ont pas revu depuis.

-Deux heures.. Au moment où on visitait l'usine, dit Rose.

-Possible qu'il y ait vu son ticket de sortie... ajouta son compagnon. Mais il est encore là, c'est certain : les portes sont gardées à double tour, et personne n'est autorisé à sortir tant qu'il n'aura pas été attrapé. Ce qui me fait penser, Doc..

-Ne m'appelez pas ainsi, râla l'intéressé, s'attirant un nouveau sourire.

-.. que vous ne nous avez toujours pas dit comment on allait faire pour le retrouver.

-Enfin une bonne question ! S'exclama le Seigneur du temps en tapant dans ses mains. C'est très simple, franchement : quoi et qui qu'il soit, ces bonbons l'attirent, comme une drogue. Donc, nous allons l'attirer en en disposant différents tas à plusieurs endroits stratégiques, en apparence non surveillés. S'il est aussi affamé que je le pense, et je me trompe rarement, son odorat n'en sera que plus sensible.

-Quel type de bonbons ? Interrogea le directeur.

-Tous ceux qui ont pu disparaître, et d'autres aux saveurs proches. Vous allez bien ? Demanda-t-il à Rose qui clignait des yeux.

-Oui.. désolée.. le manque de sommeil, sûrement..

Son ami n'eut pas le temps de l'interroger davantage : la porte du bureau s'ouvrit, révélant un jeune homme essoufflé aux cheveux bruns, et vêtu d'un jean noir et une chemise bleue.

-Doc !

-Jack ?! Cria celui-ci en coeur avec Rose.

  • -Doc on m'a.. Un clic se fit entendre. Le Docteur tourna les yeux vers l'autre Jack, dont l'arme était rivée sur le nouveau venu. Assommé … termina son double en se redressant lentement.

  • -Rose, reculez, ordonna le Jack armé.

Celle-ci lui lança un regard confus, mais obéit, se rapprochant du Docteur.

-Extraordinaire, commenta ce dernier, ses yeux ne cessant de faire l'aller-retour entre les deux hommes. Parfaitement identiques, jusqu'au moindre détail. Harkness, baissez ça, vous augmentez la tension dans la pièce.

-Cette chose porte mon visage ! J'ai le droit d'être tendu !

-Je confirme ! Râla le second Jack. Surtout après avoir été assommé et bâillonné !

-Quand ? Interrogea Rose.

-Il y a vingt minutes, après avoir interrogé les gardes.. Des types très sympathiques au passage, commenta-t-il, l'ombre d'un sourire grivois apparaissant sur ses lèvres.

Le Docteur haussa un sourcil. Sa compagne s'étouffa.

-C'est ce qu'il a dit tout à l'heure !

-Bien sûr ! C'est mon double ! Il a pris mon apparence, pourquoi pas une partie de mes souvenirs et mon attitude avec ? Mais tu vas devoir être très bon si tu veux gagner, vieux, parce qu'il y a des choses dans cette tête qui ne sont pas pour tous les yeux !

-De la menace, l'attitude d'un couard ! Je n'agirai jamais ainsi, siffla avec mépris Jack 1.

-Tout le monde a été analysé en entrant, personne ne portait de lentilles, rappela Ruff, qui s'était éloigné instinctivement des jumeaux.

-Pas de souci ! Analysez-moi ! S'exclama Jack 2 en ouvrant les bras.

-En cours, murmura le Docteur qui abaissa son tournevis. Son front se plissa devant les résultats. Pas de lentilles.

-Quoi ?

-C'est impossible !

-Je vous le disais ! Je suis le vrai ! Cette chose -il montra du doigt son double furieux- est très forte, je lui accorde, mais ce n'est pas moi !

-Comment trouver le vrai ? Murmura Rose.

-Je ne sais pas, souffla son compagnon, l'air soucieux. Ils sont identiques..

-Où est Gash ? S'exclama Jack 2. Il devait nous retrouver ici ! C'est toi ! Accusa-t-il son jumeau. Tu l'as attaqué ! Qu'est-ce que tu lui as fait ?

-Excellente question ! Réponds-y ! répliqua l'autre en rajustant son arme.

-Oh wow wow wow ! Doucement ! Intervint le Docteur en agrippant son poignet. Ça part vite ces choses-là. Pas la peine de blesser quelqu'un.

-Ne vous inquiétez pas, Doc, je viserai parfaitement !

-Oh, vraiment ? Et avec mon poing dans ta tronche tu y arriveras toujours ?

-Au secours, gémit la terrienne en se prenant la tête entre les mains, son mal de tête augmentant au fur et à mesure que les cris augmentaient.

 

***

Une heure avant...

-En situation de panique, un catio peut perdre le contrôle sur sa transformation. Il faut lui faire prendre peur. Il est déjà certainement effrayé à cause de nos recherches, poussons-le dans ses retranchements.

 

***

 

-Il doit bien exister un moyen de les différencier ! Affirma Ruff. Quelque chose dans leur apparence physique qui clocherait !

Les deux Jack échangèrent un regard, avant de commencer à déboutonner simultanément leur chemise.

-Oh oh oh ! Qu'est-ce que vous faites ? S'étrangla le Docteur.

-On se déshabille ! Répondirent-ils en coeur.

-Non non non ! Pas besoin ! Remettez ça ! Mon tournevis suffit !

La moue déçue qu'affichèrent les intéressés aurait presque pu passer comme mignonne, si la situation n'avait pas été si tendue. Ils haussèrent un sourcil pendant leur examen, et Jack2 commenta :

-Tant de puissance dans un si petit objet...

-Harkness..

-Il n'a pas tort, répliqua Jack 1, et les deux hommes partagèrent un sourire salace.

-Ils auront ma mort, grommela le Docteur avant de se redresser. Il plissa les yeux devant les résultats. Identique. Absolument tout. Jusqu'au moindre grain de rousseur.

Un couac indigné résonna d'un côté alors qu'un rire taquin émanait de l'autre.

-Oh, vraiment ? Absolument tout identique ? Tout de la même taille ? Si indiscret, Docteur... Il n'y a qu'à demander pour voir, vous savez.

-Harkness !

-Il me vole ma blague, se lamenta Jack 1. Je vais me vexer, Doc: aucune différence? Impossible! Un corps aussi parfait que celui-ci ne peut qu'être unique ! Même si je n'ai rien contre l'idée d'avoir un double.. Dans d'autres circonstances bien sûr.. Hum.. Un sourire grivois étira ses lèvres. Tant de choses possibles..

-Harkness !

-C'est lui ! Affirma Rose ! C'est Jack ! Il drague toujours au pire moment !

-Oy ! Pas dans ce genre de situation ! Affirma l'autre exemplaire offusqué. Je sais me montrer sérieux quand il le faut !

-Ah oui ? Ce n'était pas ce que vous disiez devant la tour.

-Aaaaah, mais parce que c'est impossible de ne pas draguer une jolie fille comme vous..

-Pas touche ! Gronda le premier capitaine en se plaçant entre les deux.

-Jaloux ? On a peur de ne pas être à la hauteur de l'original ? Se moqua l'autre en croisant les bras, le défiant du regard. C'est trop dur d'atteindre le même niveau de perfection ?

-Ma perfection se sent très bien, merci, répliqua sa cible avec dédain, croisant les bras à son tour pour le fixer, le menton relevé.

-Au secours, trop de Jack dans la pièce... Le taux de testostérones va exploser..., gémit Rose en posant la main sur son front. Tout comme mon front..

Le Docteur fronça les sourcils, un instant distrait de la chamaillerie en cours.

-Qu'est-ce que c'est que ce mal de tête ? Vous ne l'aviez pas avant.

-Je ne sais pas.. ça a commencé en entrant dans ce bureau. Le stress surement... Cette chose est tellement dangereuse ! Paniqua la blonde. Et elle a pris l'apparence de Jack ! Comment on va faire, Docteur ? On ne peut pas les laisser repartir !

-Facile, grogna le Seigneur du temps en saisissant une boite en métal posée sur le bureau. Il l'ouvrit, attirant l'attention de tout le monde dans la pièce : les bonbons la remplissaient jusqu'à ras-bord, emplissant immédiatement le bureau d'une odeur d'insectes. Il suffira de voir lequel craquera le premier, expliqua-t-il.

Il tendit la boite, observant les deux hommes. Un grondement sauvage se fit soudainement entendre.

-Docteur !

 

***

 

Une heure avant....

-Vous voulez le piéger comment ?! S'étrangla Ruff.

-Hum.. Pourquoi pas.. ça pourrait marcher, commenta Jack pensivement.

-Bien sûr que cela marchera ! S'indigna le Docteur. Depuis quand mes idées ne marchent pas ?

Rose commenta à compter sur ses doigts, avant de rire devant l'expression outrée de son ami.

-Admettez-le, Docteur, vos plans ne sont pas franchement parfaits.

-Peut-être, mais c'est toujours mieux que ne rien avoir, répliqua l'alien d'un ton faussement supérieur en croisant les bras. À moins que votre petit cerveau humain n'ait pensé à quelque chose de mieux ?

-Mon petit cerveau sait toujours comment vous gifler, sourit-elle. L'homme lui rendit le sourire. Mais pourquoi Jack ? Je peux très bien le faire !

-Hors de question ! S'exclamèrent-ils en cœur.

Ce fut le tour de Rose de croiser les bras, l'expression boudeuse.

-Je ne vous mettrais jamais en danger ! Affirma le Seigneur du temps.

-Je sais prendre soin de moi, merci bien !

-Ce n'est pas la question ! J'ai fait une promesse à votre mère, je la tiens. Fin de la discussion.

Jack intervint avant que la blonde ne voit vraiment rouge.

-En cas de combat, je suis bien mieux paré que vous, Rosie, sans vouloir vous vexer. Je ne me le pardonnerais pas si vous étiez blessé.

-Parce que vous, vous savez mieux prendre les coups, peut-être ?

-Oui, répliqua simplement l'ancien Agent du temps, et c'était vrai, aussi agaçant que cela pouvait être à reconnaître.

-Rose, tout se passera bien, affirma le digne Seigneur du temps. Faites-moi confiance.

 


choup37  (03.03.2017 à 20:04)

***

L'intéressé commença à ré-évaluer cette affirmation lorsque quelque chose de lourd et sauvage le percuta, l'envoyant voler au sol. La créature l'ignora complètement pour dévorer le contenu de la boite.

-C'était le directeur ! S'exclama le Docteur, ahuri. Je pensais que c'était Rose !

-Quoi ?! S'écria la blonde. Pourquoi ?

-Cette migraine ! Franchement, quoi de plus stupide comme excuse pour essayer de partir plus vite ?!

-J'ai vraiment mal à la tête ! S'insurgea la jeune femme. Quel super docteur vous faites !

-Attention !

Le Docteur la poussa à temps, lui évitant d'être percutée par un des Jack qui vint voler contre le mur. Lui et son double s'étaient jetés sur l'intrus, tentant de le maitriser, mais ce dernier se battait avec férocité, enchainant les coups avec une rapidité digne d'un professionnel. Le Seigneur du temps fit reculer Rose jusqu'au mur, se plaçant devant elle pour la protéger instinctivement : la précaution était nécessaire au vu de la violence de l'échange. Le poing de l'inconnu vint s'écraser sur le visage d'un des capitaines, lui faisant pousser un juron sonore.

-Oy! Mon visage ! S'exclama l'autre. Un si beau nez ! Se lamenta-t-il avant de plonger pour éviter de se faire frapper à son tour.

-Merci pour la compassion ! Ironisa l'autre.

-À ton service !

Vif comme l'éclair, il se jeta sur le catio, l'attrapant par les jambes pour le plaquer au sol. La chute fut brutale, les faisant rouler sur le plancher. La main de son agresseur vint saisir sa gorge, tentant de l'étouffer. Jack poussa un râle, luttant pour le repousser.

-Je n'ai rien contre la rudesse, chéri, mais ce n'est ni le lieu ni l'heure !

Glissant son genou entre leurs deux ventres, il s'en servit comme levier pour le rejeter, leur faisant inverser leur position. Un clic se fit entendre, et avant que Rose eut le temps de cligner des yeux, une paire de menottes épaisses apparut sur les poignets de l'inconnu, emprisonnant ses poignets.

-Voilà ! Ce sera bien mieux ainsi, commenta son adversaire en se relevant, essoufflé, avant de trainer sa cible jusqu'à une chaise.

Son double avait sorti son arme, le canon rivé sur son supposé directeur.

-Ça va ?

-Parfait, souffla-t-il, repoussant les mèches de cheveux tombées sur son visage. Ton nez ?

-Je survivrai.

-Un si beau visage, soupira une nouvelle fois Jack 2, avant de jeter un regard noir à leur agresseur.

Rose cligna des yeux.

-Qui est qui ? Lequel est revenu avec nous ?

Le Jack armé -Jack 1, comme elle l'appelait intérieurement- fit un signe avec son pistolet. Le second sourit, une étincelle pétillant dans ses yeux, et sortit de sa poche une télécommande miniature. Il la dirigea vers son double et appuya sur un bouton: un flash sembla traverser le visage de ce dernier, avant que sa peau ne devienne bleue azur. Ses prunelles tournèrent au vert foncé, et les jean et chemise laissèrent place à un costume cravate.

-Gash ! Mais.. qu'est-ce que vous faites là ?

-Mon job, commenta celui-ci, les yeux rivés sur son prisonnier. Même si c'est perturbant de viser mon directeur. Où est-il ? Demanda-t-il durement, sans obtenir de réponse.

-Mais je ne comprends pas.. Pourquoi lui ? Jack devait servir de cible ! Je pensais que c'était le catio était un des deux ! Elle plissa les yeux, se tournant vers le Docteur. Vous m'avez menti ! Vous m'avez dit qu'il ferait l'appât !

 

***

Trente minutes avant..

 

Un grésillement indiqua au Docteur une communication en entrance. Il tapota sur son oreillette, établissant le contact.

-Oui ?

-Doc ? C'est Jack. Nous sommes prêts : Gash a pris mon apparence. Mon appareil marche parfaitement, comme je vous avais dit.

-Fantastique, sourit le plus âgé. Où est-il ?

-Parti vous rejoindre. Rose est avec vous ?

-Non, elle explore l'usine. Elle n'est pas au courant.

-Elle risque de s'énerver quand elle découvrira la vérité, rit le capitaine de sa voix chaude, augmentant le sourire du Docteur. Faites attention à la gifle.

L'alien grimaça, se souvenant de celle administrée par Jackie. Les Tyler avaient la main rude.

-Elle comprendra, assura-t-il, tentant de se persuader lui-même.

-Je l'espère pour vous.. Je vous laisse une dizaine de minutes avant d'entrer dans le bureau.

-C'est noté, à tout de suite. Ne tardez pas.

 

***

 

Le Docteur vacilla légèrement sous l'intensité du regard furieux de la plus jeune des Tyler. Il se demanda s'il n'avait pas commis une terrible erreur en lui mentant.

-Vous m'avez menti ! Vous m'avez dit qu'il ferait l'appât !

-Il l'a fait, d'une autre manière, c'est tout, commenta son ami en observant d'un œil critique le prisonnier. Une main s'abattit rudement sur son épaule. Oy ! Il grimaça devant le regard noir estampillé 'Tyler'. Bon, je ne vous ai pas tout dit.. Je pensais qu'il voudrait prendre votre place ou celle de Ruff.. Les deux cibles les plus évidentes.

Un double cri indigné se fit entendre.

-Sérieusement ?

-Docteur !

Celui-ci leva les mains pour se défendre.

-C'était juste logique! La stagiaire, et la première cible. Personne ne penserait qu'on puisse se réattaquer à Ruff. Il fallait que vous pensiez que Jack serait la cible pour que cela marche : les Catio ont accès aux derniers souvenirs.. Il aurait pensé avoir une longueur d'avance sur nous, alors que c'était l'inverse. Si vous aviez su la vérité..

-Mais ça n'a servi à rien ! Il a pris l'apparence du directeur !

-Il s'est quand même retrouvé perdu devant deux Jack ! Au final, le résultat est le même, sourit le Docteur avec orgueil, avant de lancer à son autre compagnon. Jolie technologique que vous aviez là.. Bien utile.

-Je confirme, commenta Gash. La transformation était parfaite. Et avoir accès à quelques souvenirs au passage pour pouvoir jouer mon rôle correctement.. un vrai bonheur, ajouta-t-il en lançant un sourire au capitaine qui le lui rendit.

-Vous étiez mignon sous ma forme.. Mais vous n'êtes pas mal non plus avec la vraie.

-Vous n'êtes pas détestable non plus, répliqua son interlocuteur.

-Prenez une chambre, tous les deux ! Râla le Docteur alors que Rose pouffait.

-Plus tard, Doc, plus tard.. Et vous êtes le bienvenue, le taquina l'ancien Agent, dont le sourire grandit en le voyant bougonner un peu plus.

-Des singes.. Retour au sujet ! Pourquoi avoir infiltré l'usine ? Et où est le directeur ?

-Oh, je peux résoudre cette dernière question, intervint Harkness en se détournant pour scanner la pièce discrètement avec son bracelet.

-Vous êtes un catio, fit le Docteur. Vous n'avez rien à faire dans cette partie de la galaxie. Qu'est-ce que vous fabriquez là ? Et en tant que mercenaire ? Ça ne correspond pas à votre race !

Rose se rappela de ses explications alors qu'ils mettaient en place ce qu'elle croyait être leur plan: les catio étaient un des plus anciens peuples de métamorphes de leur galaxie. C'était des cousins des caméléons, à l'alimentation basée sur les insectes. Ils pouvaient prendre n'importe quelle apparence physique, tant qu'elle était vivante. Autant pour les objets et la nourriture. À la réflexion, cela évitait des questionnements trop sales : que se passerait-il si on cassait la fausse lampe ? Et si on était avalé ? Erk.

Le Docteur affirmait que c'était un peuple pacifique, mais rendu méfiant à cause de la puissance de ses dons : la peur d'attirer les convoitises l'avait poussé à se refermer et demeurer centré essentiellement sur sa planète, sur laquelle régnaient des règles très strictes concernant ces capacités particulières. Si vous n'étiez pas capable de les maitriser, elles vous étaient bloquées, purement et simplement. Les autorités ne voulaient pas prendre le risque de se retrouver avec des polymorphes malhonnêtes dans la nature.

Un cri de triomphe lui fit tourner la tête : Jack venait de trouver quelque chose dissimulé dans le mur. Il glissa sa main le long de la paroi, avant de s'immobiliser sur un point précis : le jeune homme tapota alors sur quelques boutons de son bracelet, et une porte s'ouvrit, révélant une autre pièce.

-Le placard secret du patron.. typique, sourit-il en s'y engouffrant avant de grimacer. Ruff? Venez m'aider !

Tous deux parvinrent à sortir un directeur groggy et de forte mauvaise humeur, aux mains attachées dans le dos. Ce dernier siffla instantanément en apercevant son double qui avait blêmi.

-Lui ! Le polymorphe ! Il va voir s'il peut prendre ma place.

La main de Jack sur son épaule l'immobilisa.

-Tentez de lever la main sur lui et ce sera un acte de violence contre un prisonnier. Vous ne désirez surement pas une telle publicité pour votre usine.

L'homme grogna mais ne bougea pas.

-Pour qui travaillez-vous ? Qui vous a payé pour nous voler ?

-Stoppez ça !

La voix claquante du Seigneur du temps résonna soudainement dans la pièce, faisant sursauter tout le monde. Le directeur lui lança un regard offensé, mais les yeux du Docteur étaient posés sur le prisonnier qui sursauta.

-Stopper quoi ? Demanda Rose.

-Entrer dans votre esprit, expliqua son ami en fusillant du regard le responsable.

-Quoi ?!

-Il fait cela depuis que vous êtes dans le bureau.. C'est pour cela que vous avez mal à la tête, il essaye de lire vos souvenirs. Aucun Catio digne de ce nom ne ferait ça !

-Ce n'est pas comme s'il y avait toujours quelqu'un pour nous rappeler les règles, marmonna amèrement le prisonnier.

-Pardon ? Interrogea le Docteur en fronçant les sourcils. Seul le silence lui répondit. Je ne pense pas que vous saisissiez correctement la situation dans laquelle vous vous êtes fourré : l'espionnage industriel est un crime suffisamment irritant en lui-même qui peut vous valoir pas mal d'ennuis, mais tenter d'entrer dans un esprit sans permission.. ça, c'est beaucoup plus grave. Alors, si vous voulez éviter de terminer entre les mains des Judoons -le prisonnier frissonna- je vous conseille de parler.

De nouveau, le silence.

-Vous n'allez pas lui laisser le choix? S'agaça le directeur. C'est un voleur, un mercenaire, il doit être arrêté!

-Personne ne l'emmènera tant que je ne saurai pas les raisons de ses agissements, répliqua froidement le Docteur. Son attitude était illogique en plusieurs points et je veux savoir pourquoi.

-Il y a moyen de le savoir ! Laissez simplement Gash faire son travail !

Celui-ci détourna les yeux sous le regard du groupe.

-Je ne pense pas avoir besoin de ses compétences, commenta d'un ton glacial le Gallifreyien.

Jack haussa un sourcil. Pas besoin d'être un génie pour savoir de quoi parlait le directeur. Lui aussi aurait pu faire 'parler' le prisonnier. Et bien qu'il ne puisse pas le prouver, son instinct lui criait que le Docteur aussi. Mais ce dernier semblait rejeter cette violence, s'en tenant à un interrogatoire basique. Pourquoi? Ce serait plus rapide avec l'autre méthode. Qu'avait-il à y gagner? Est-ce qu'il voulait épargner ce spectacle à Rose? Jack avait aidé le duo dans cette enquête sans trop réfléchir : l'espion industriel en lui-même ne l'intéressait guère, il avait juste suivi le mouvement. Les évènements l'avaient amusé, en particulier son jeu de rôle, mais ce plaisir disparaissait devant l'ambiance soudainement lourde.

Il cligna des yeux lorsque plusieurs flashs d'images apparurent devant ses yeux, avant de disparaître aussi vite qu'ils étaient venus, ne lui laissant pas le temps de les enregistrer. Le jeune homme tourna la tête vers le Docteur, qui clignait aussi des yeux. Leur regard se posa en même temps sur le prisonnier : celui-ci était entouré d'une légère brume, et une odeur d'azote fortement désagréable commença à se répandre dans l'air.

 


choup37  (03.03.2017 à 20:13)

Chapitre 6

-Shit ! Qu'est-ce que c'est que cela ? S'exclama Jack.

-C'est lui qui fait ça ? Interrogea Gash, qui avait raffermi la prise sur son arme.

-Il semble, murmura le Docteur en se rapprochant lentement du prisonnier. Il fronça les sourcils en le voyant tousser. Mais je ne pense pas que ce soit volontaire. Ça va? Lui demanda-t-il. Une nouvelle quinte de toux lui répondit. Non ça ne va pas. Dites-moi, lui demanda-t-il en sortant son tournevis. Je suis docteur.

-Vous n'êtes pas de l'Hygiène et Sécurité ? S'exclama le directeur.

-Également, répondit le Seigneur du temps en scannant son patient, qui secoua la tête.

-C'est inutile.. Il n'y a rien à faire, juste attendre.

Il inspira bruyamment, tentant en vain de retrouver le contrôle de sa respiration.

-Vous tremblez de froid, constata le Docteur. C'est pour ça que vous augmentez la température des salles ? L'inconnu hocha la tête. Qu'est-ce que vous avez ? Non, laissez-moi deviner... Froid, toux, fièvre, légère déshydratation, épuisement.. Belle grippe que vous avez attrapée. Inconnu sur votre planète, c'est pour ça que vous y réagissez si fort. Et vos dons se détraquent avec. Ça, c'est un problème.

-Qui êtes-vous ? Souffla le malade, ahuri.

-Comme je vous l'ai dit, un docteur, répliqua l'intéressé.

-Personne ne connait nos maladies en dehors de Catios ! Comment savez-vous que la grippe n'y existe pas ?

-J'étais le meilleur à l'académie, commenta le Docteur, avant d'ajouter : Non seulement vous êtes malade, mais vous crevez de faim. Le tout combiné détraque votre corps, et provoque une réaction chimique qui vous fait suer de l'azote.. Pas très agréable pour l'entourage.

Le malade voulut répondre, mais un nouveau frisson le secoua, le faisant gémir: Rose écarquilla les yeux en voyant sa peau prendre un teint vert, avant de virer rouge en un flash. Un nouveau sursaut, et son apparence devint celle d'un terrien à la peau mate d'une cinquantaine d'années, vêtu d'un ensemble bleu marine. La seconde d'après, il se métamorphosait en un rhinocéros recouvert d'un uniforme noir.

-Docteur, qu'est-ce qu'il se passe ? S'alarma-t-elle.

-Il perd le contrôle sur ses dons.. Je vous l'ai dit, si un Catio panique, ses métamorphoses lui échappent.. Alors, malade.. grimaça le Seigneur du temps.

-Ah !

Le rhinocéros se changea en un être à la peau très pale et aux longs cheveux blonds, ses oreilles se faisant fines et pointues. Il poussa un nouveau cri, secouant le visage.

-Rose, reculez ! S'exclama Jack en se plaçant entre elle et le métamorphe qui gémit plus fort.

-Mes yeux...

-Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? le pressa le Docteur. Qu'est-ce qui vous arrive ?

-Ils brulent.. Il tira sur ses menottes, tentant en vain de se libérer. Ah ! L'homme à l'apparence elfique secoua de nouveau la tête, les paupières pressées en vain contre la douleur. Ah !

-Docteur ! Aidez-le !

-Je ne sais pas ce qu'il a ! protesta celui-ci.

Il avait attrapé avec Jack les épaules du malade, luttant pour le restreindre sur le fauteuil. L'elfe entrouvrit les paupières, et le duo s'étouffa en apercevant une fine couche transparente recouvrant ses iris.

-Qu'est-ce que..

-Harkness! Maintenez-le ! Ordonna le Docteur avant d'attraper le malade par les cheveux, tirant sa tête en arrière pour extraire les lentilles.

Celles-ci tombèrent dans sa main avec une étonnante facilité, double pellicule transparente qui aurait presque pu se fondre dans son doigt.

-Fascinant.. Des lentilles indétectables.. murmura-t-il.

-Technologie militaire.

Le Docteur tourna la tête vers Jack, surpris. Celui-ci haussa les épaules :

-On s'en servait à l'A... là où je travaillais avant. Très utile. Elle se fond autour de l'iris et prend la couleur que vous souhaitez par simple pensée. Il faut être télépathe pour s'en servir, bien sûr. C'est Catios qui l'a créé? Interrogea-t-il l'elfe qui le fusillait de ses yeux à présent verts.

-Et c'est vous qui nous l'avez volée.. Cela n'appartient qu'à nous !

-Il fallait être plus discret, répliqua l'accusé, clairement peu concerné. Comment y avez-vous eu accès ?

L'homme eut un rire amer.

-Chaque soldat en avait une paire pendant la guerre.. Ce n'est pas le genre de chose que vous laissez derrière vous.

-Guerre? Interrogea Rose, en jetant un coup d'oeil au Docteur qui s'était tendu.

-La Guerre du temps, les Daleks ont eu peur de nous.. de notre technologie.. Ils nous ont attaqués.. Ils ont tout détruit, murmura le malade en toussant une nouvelle fois.

Sa peau prit une teinte bleue, mais cette fois, ses yeux demeurèrent verts.

-Je suis désolé, murmura le Seigneur du temps.

Jack lui lança un regard. L'alien s'était renfermé en quelques secondes, son expression s'assombrissant et devenant aussi tourmenté que pendant leur dispute sur le Tardis. Sa voix était froide quand il demanda :

-Vous n'avez pas l'attitude d'un mercenaire habituel, vous auriez dû disparaître il y a des jours, et pas rester dans le laboratoire, ni prendre la place de Ruff, pourquoi avoir fait ça?

-Et pourquoi ne pas l'avoir plutôt éliminé ? Attaqua Jack. Cela aurait été bien plus simple !

-Je ne suis pas un tueur!, s'exclama le prisonnier en lui lançant un regard horrifié. Je fais ce que j'ai à faire, mais je ne suis pas un meurtrier! Pas comme vous! Cracha-t-il, attirant des regards surpris et effrayés vers Jack dont l'expression se fit glacée.

-Je ne viole pas les esprits, moi. Vous essayez une nouvelle fois de rentrer dans le mien, je vous explose la tronche, c'est clair ? Claqua-t-il.

-Je n'ai pas.. j'avais besoin de..

L'homme secoua la tête, avant de se taire.

-Voler, employer vos dons comme mercenaire.. Essayer de rentrer dans des esprits.. Votre comportement n'est pas celui d'un Catio, pourquoi agir ainsi ? Demanda le Docteur.

-Je vous l'ai dit.. Il n'y a plus personne pour me stopper.. M'obliger à suivre les règles.. Si vous connaissez mon peuple, alors vous savez que cela aurait été le rôle de mon clan.. Mais je n'en ai plus. Le lien est rompu. Il n'y a plus personne, souffla-t-il. Pourquoi garder ces règles ? Il faut bien survivre.

Une larme coula sur sa joue. Un silence mortel était tombé dans le bureau. L'expression du Docteur était devenue impénétrable alors qu'il luttait pour ne rien montrer de son tourment intérieur: les mots de l'inconnu avaient touché quelque chose en lui qui n'avait pas été éveillé depuis longtemps. Le lien télépathique entre membres d'un même clan ou d'une même planète.. Oh, oui, comme il connaissait la souffrance de l'avoir perdu. Son propre esprit hurlait tous les jours face au vide laissé par la disparition des siens. Ce type de blessure demeurait ouverte, incurable, vous rendant mentalement fragile et avec le temps, fortement instable.

-J'ai besoin de cette formule, pas juste pour eux.. j'en ai besoin...

L'inconnu tira sur ses menottes, tentant en vain de les retirer alors que sa voix se faisait vacillante, son désespoir de plus en plus évident au fur et à mesure que son masque craquait. Gash abaissa silencieusement son arme, ignorant le regard furieux du directeur.

-Pourquoi ? Interrogea le Docteur.

-Vous ne comprendriez pas, murmura l'autre.

-Essayez, je suis plus intelligent que j'en ai l'air.

L'elfe secoua la tête.

-Ce n'est pas le problème... Même si je le voulais, je ne pourrais pas le dire. Cela ne concerne que mon espèce, cela nous a fait survivre des siècles.. et je devrais vous le révéler ?

Les informations lâchées sans le vouloir n'échappèrent pas à Jack qui contre-attaqua aussitôt :

-Vous avez besoin de cette formule pour votre peuple ? Vous avez dit que votre planète est détruite, donc ce serait pour les survivants. C'est grâce à vos dons que vous avez réussi à rentrer ici ?

Rose sursauta devant son changement soudain d'attitude : le jeune homme avait croisé les bras, fixant le prisonnier – elle détestait ce mot- avec deux prunelles glacées qu'elle n'avait jamais vues à Londres. Son aura elle-même avait changé, se faisant plus dure. Elle frissonna, mal à l'aise. Elle n'aimait pas cet aspect de Jack, et elle pouvait dire que le Docteur non plus simplement à le regarder.
Sa cible eut un nouveau rire amer.

-Comme si c'était si simple.. Il m'a fallu des jours pour réussir à infiltrer cette putain d'usine ; leur niveau de sécurité est aussi élevé qu'une ambassade en pleine guerre. Il a fallu que je vole une carte d'accès pour créer la mienne, et que je rentre mon nom dans la liste des employés.

Cela attira l'attention de Gash :

-Personne n'est entré dans notre système informatique! Je l'aurai su !

-Pas si on sait cacher ses traces, répliqua l'autre en haussant les épaules. J'ai traqué assez de délinquants sur Utanet pour savoir me cacher.

-Ancien flic ? Devina Rose.

-Surement de la Brigade informatique, commenta le Docteur alors que l'inconnu se renfermait.

-Ça ne vous protègera pas de la prison ! Tempêta le directeur de l'usine.

-La ferme, ordonna le Docteur, provoquant un couac indigné de la part du responsable.

-Vous ne pouvez pas me parler ainsi ! Je dirige cette usine !

-Et je dirige l'enquête, répliqua sèchement le Seigneur du temps en lui tournant le dos. Et vous la gênez. Ignorant ses murmures furieux, il demanda au mercenaire : Pourquoi le directeur ? Ce n'est pas la meilleure apparence pour s'enfuir.

Son interlocuteur hésita à lui répondre, semblant partagé entre la prudence et irriter davantage le directeur. Il choisit finalement la deuxième option, et répliqua, le front plissé sous la fatigue :

-Mais c'est idéal pour savoir où en est l'enquête.. Il m'a fallu tant de temps pour trouver cette formule et la récupérer.. Je ne pouvais pas me faire prendre.. J'avais prévu de partir bientôt, mais il y a eu l'alarme – une toux, les cheveux se transformèrent en boucles orange – et plus personne ne pouvait sortir.. Tout le monde paniquait sauf vous, vous étiez tellement simples à repérer, se moqua-t-il. J'ai pris la forme d'un garde pour vous approcher, vous n'avez rien vu.. Je vous ai entendu partir à ma recherche, j'ai compris que vous étiez mon billet de sortie.. Mais il fallait que je sache exactement vos infos, et qui de mieux que le directeur pour tout connaître ?

Le commentaire vexa l'intéressé, qui s'écria :

-Et c'est moi qui vous ferai mettre en taule ! Pour qui travaillez-vous ? Quel concurrent ?

Seul le silence lui répondit.

-Qui qu'ils soient, ils sauront très vite que vous avez échoué, commenta Jack. Vous taire ne vous protègera pas.

Sa cible poussa un soupir fatigué.

-Jouer sur ma morale ne marchera pas.. Je suis un ancien flic, je connais les méthodes d'interrogatoire.. Le gentil -Il regarda le Docteur- et le méchant flic -au tour de Jack.

Ce dernier allait lui lancer une pique cinglante, mais il fut interrompu par un nouveau flash : cette fois, l'image dura plus longtemps, lui permettant de distinguer une très jeune fille à la peau bleu ciel et aux pupilles océan, vêtue d'une courte tunique blanche déchirée. Le flash était accompagné d'un sentiment de douleur et de peur comme il en avait rarement ressenti, une culpabilité sourde saisissant ses tripes et les tordant jusqu'à n'en laisser que des cendres. Il expira fortement, secouant la tête et repoussant l'image pour revenir dans le présent.

-Jack ? S'inquiéta Rose.

Le jeune homme ne l'entendit pas, tournant la tête vers le Seigneur du temps qui semblait également secoué.

-Doc...

Celui-ci hocha la tête, et attrapa le prisonnier par l'épaule, lui indiquant par une poussée de se lever.

-Il est évident qu'on n'en apprendra pas davantage ici.. Nous allons emmener à nos locaux, on vous tiendra au courant des suites de l'enquête.

-Quoi ? Non ! Cria le directeur, indigné.

Le Docteur l'ignora, se dirigeant déjà vers la porte, suivi d'une Rose confuse et d'un Jack qui tenait l'inconnu par le bras.

-Vous ne pouvez pas faire ça ! Il doit être interrogé ici !

-Non, répliqua le Docteur.

-Ça ne se passera pas comme ça ! Votre direction sera au courant ! Insista l'homme en les talonnant dans le couloir.

Le Docteur haussa les épaules, clairement peu concerné.

-Jack ! Insista Gash.

-Navré Gash, le règlement est le règlement. Mais je serai heureux de te revoir.. dans d'autres circonstances.

Ses compagnons roulèrent des yeux. Incurable.

Le duo continua à les suivre tout le long du couloir, refusant clairement de les laisser partir avec le mercenaire. Ils les auraient surement bassinés encore longtemps si les ampoules n'avaient pas brusquement explosé, plongeant le couloir dans le noir.

-Qu'est-ce que... rallumez-les !

Un flot de jurons se fit entendre quand le directeur découvrit un corridor vide.


***



A plusieurs années-lumières de l'usine, le Docteur relâcha un levier avant de se tourner vers le nouveau venu. Ce dernier était en train de s'étouffer sur place, sa tête tournant dans tous les sens alors qu'il découvrait l'intérieur.

-Que.. où est-on ? C'est..

-Immense, commenta Rose. On s'y fait.

-Ah bon ? interrogea Jack, s'attirant un sourire de la blonde.

-Bienvenue dans le Tardis ! S'exclama son conducteur avant de viser les menottes avec son tournevis sonique, les faisant se rétracter avant de les attraper, les lançant à un Jack indigné.

-Doc ! Pourquoi vous le libérez ?

-Vous le savez très bien, répliqua l'intéressé.

Le plus jeune croisa les bras.

-Ça ne veut pas dire qu'il n'est pas dangereux !

-Je n'aime pas avoir des menottes sur mon Tardis, répondit le Docteur en lui lançant un regard agacé. Ni d'armes, au passage.

-C'est un criminel, pesta l'ex-Agent du temps.

-C'est un Catio perdu qui n'a pas eu d'autre choix pour survivre que d'employer ses dons. Ne me dites pas que vous n'avez pas couché avec la bonne personne quand il le fallait pour sauver votre tête. Jack lui lança un regard noir, mais ne répondit pas, préférant s'accoler à une colonne les bras croisés. Bien, maintenant que nous sommes en sécurité, dites-nous tout, commenta le Gallifreyien. Qui êtes-vous vraiment ? Et qui est cette fille ?

-Fille ? S'étouffa le Catio. Vous... vous l'avez vue?

-Vos barrières mentales sont fragiles... Répondez-moi.

-Pourquoi ? Vous êtes des flics.

-On a vraiment l'air de flics ? Se moqua gentiment Rose.

Un cri lui échappa lorsque le Catio pivota sur ses pieds, remontant en quelques secondes le peu de distance qui le séparait de la porte et l'ouvrant à la volée. Il pila sur place en apercevant l'espace, la peur émanant de lui se transformant en panique.

-Qui êtes-vous ? Où est-ce que je suis ?!

-Dans le Tardis, en sécurité, répondit le Docteur en s'approchant, mais l'elfe recula.

-Ne m'approchez pas !

-Vous n'avez rien à craindre, fit doucement Rose. Vous êtes en sécurité, ici. Si le Docteur le dit, vous pouvez le croire.

-Po... Pourquoi ? Je ne le connais pas !

-Il vous a fait échapper de l'usine, et a ôté vos menottes. C'est assez pour montrer qu'il ne vous veut pas de mal, je pense.

Le type expira bruyamment, les fixant tous les trois tour à tour.

-Surement ..

Une nouvelle quinte de toux le saisit, plus violente que les précédentes. Il se pencha en avant, croisant ses bras autour de son torse dans une vaine tentative de lutter contre la douleur qui lui vrillait la poitrine. Rose lui lança un regard de sympathie, et vint frotter gentiment son dos.

-Docteur, on n'a rien pour l'aider ?

-Hum, maintenant que vous m'y faites penser... murmura l'alien en cherchant autour de lui. Il sourit en apercevant un comprimé posé sur la console, avec un verre d'eau. Voilà ! Avalez ça, vous irez mieux tout de suite.

Le type lança un regard suspicieux au médicament.

-Prenez, insista l'humaine.

Malgré sa méfiance, le malade finit par céder, avalant le comprimé rapidement, comme effrayé d'être empoisonné. La tension disparut en partie de son corps quelques secondes après, alors que sa respiration se faisait plus claire et que les tremblements diminuaient. Le Docteur le poussa vers le fauteuil du pilote, avant de poser sa veste sur ses épaules.

-La sensation de froid va disparaître peu à peu, le rassura-t-il.

-Merci... Pourquoi est-ce que vous faites ça ?

-Vous êtes malade. Je suis docteur. Je guéris les malades.

L'ancien policier le fixa de son regard vert intense, semblant l'analyser sous toutes les coutures. Ce qu'il vit dut le convaincre, car il murmura :

-Vous l'êtes vraiment, hein ? Il détourna les yeux, se perdant dans ses pensées avant d'ajouter sur le même ton : Qu'est-ce que vous faisiez à l'usine ?

-Tourisme, réplique le Docteur sur un ton léger. Et vous ?

Un faible sourire apparut sur les lèvres du malade. Si peu discret dans ses questions.

-Qui êtes-vous ? Interrogea-t-il.

-Un ami, répondit simplement le Docteur sans le lâcher des yeux, observant chacune de ses réactions. Et je pense que c'est ce dont vous avez besoin en cet instant. Quelqu'un pour vous aider.

L'homme baissa la tête, serrant davantage la veste de cuir autour de lui en un réflexe protecteur.

-Il a raison, fit doucement Rose. Si vous avez des problèmes, le Docteur peut les résoudre. Il réussit toujours.

-Je fais de mon mieux, répondit l'intéressé en tentant d'arborer un air grognon, mais celui-ci ne trompait personne.

-Faites-lui confiance. Il peut vous aider, insista la Terrienne.

Le Catio secoua la tête.

-Personne ne peut m'aider.. Ma seule solution était ce job.. et j'ai échoué.

Sa détresse éveilla quelque chose chez Jack, qui se redressa et vint se placer devant lui.

-Comment vous vous appelez ? Demanda-t-il gentiment en le fixant de ses grands yeux bleus, sachant parfaitement l'effet qu'ils auraient sur l'inconnu qui, comme prévu, rougit légèrement avant de murmurer, mal à l'aise :

-Goon.

-Ok, Goon, moi c'est Jack, et vous connaissez déjà le Doc et Rose. Pourquoi vous ne nous expliquez pas tout, et on verra ce qu'on peut faire ?

Ce dernier hésita, regardant autour de lui : il ne vit que des sourires et expressions attentives. Se mordillant la lèvre, il murmura :

-Qu'est-ce que vous voulez savoir ?

-Que faisiez-vous vraiment à l'usine ? Interrogea le Docteur.

Un silence.

-En dehors de voler cette formule pour mon employeur ?

-Oui.

-Je .. De nouveau, un mordillement de lèvres. Les Anciens me tueraient pour ce que je vais dire … Ce n'est sensé être connu que de nous..

-Ils ne sont plus là et vous avez besoin d'aide, répliqua le Docteur dans toute sa finesse, s'attirant une tape de Rose. Aie !

-Taisez-vous, fit-elle en roulant des yeux.

Tellement mariés, pensa Jack avant de prendre la main de Goon, la serrant gentiment et l'encourageant du regard.

-Je.. ça ne doit pas sortir d'ici, insista le Catio en fixant le Docteur, clairement effrayé. C'est notre faiblesse.

-Silence complet, promit celui-ci.

Un énième mordillement de lèvres. J ack pressa la main un peu plus fort.

-Vous savez que mon peuple est métamorphe... Mais est-ce que vous savez ce qui le permet ?

Les yeux du Docteur s'allumèrent d'excitation.

-Non ! Je n'ai que des hypothèses : un don de l'esprit, une substance..

-Les deux, en fait, expliqua Goon. Nous sommes télépathes, tous, sans exception. Cela fait partie de notre biologie, et c'est ainsi que nous discutons en privé, avec nos proches. Ce lien nous permet de sentir mentalement leur présence, leurs émotions, et s'ils sont en danger.

-Jusque-là, rien d'exceptionnel pour des télépathes, commenta le Seigneur du temps en s'asseyant sur la console.

-C'est cette télépathie qui nous permet d'utiliser notre don … de changer d'apparence.. Pour faire simple, il y a deux groupes : ceux qui ont besoin d'un modèle pour se transformer, et ceux qui peuvent créer une nouvelle forme. Je fais partie des premiers : une fois le modèle enregistré dans ma conscience, je peux l'employer autant de fois que je veux.

-Plusieurs degrés de puissance, donc... Fascinant.

-Et très complexe.. Mais notre don n'est pas provoqué par notre télépathie, c'est juste un moyen de l'employer. Il est provoqué par une substance présente naturellement dans la plupart de nos aliments. Une forme de glucide, qui en se transformant provoque nos transformations.

-Mais votre planète est détruite... Et vos aliments naturels avec, déduisit le Docteur.

Goon hocha la tête.

-Oui... Et la substance avec.. Elle est très particulière, et propre à ma planète. Tous les survivants souffrent de carences plus ou moins élevées.. Vous la voyez à l'effet sur moi.. Ce glucide est notre source d'énergie principale, sans lui, non seulement nous tombons malades, mais notre don se détracte, et à long terme, il peut disparaitre. Un frisson d'horreur le traversa à cette pensée. J'ai cherché des substituts... Mais aucun n'est aussi efficace..

-Laissez-moi deviner.. Un glucide à base d'insectes ? Interrogea Jack. Comme la plupart des bonbons volés ?

Goon détourna la tête.

-Il n'y a rien de mal.. Je comprends mieux vos chapardages. Comment résister devant un tel concentré de bonnes choses ?

-Vous ne comprenez pas.. Vous appelez ça des bonbons, mais pour mon peuple, c'est comme une pilule d'énergie synthétisée. Et la nouvelle formule du Docteur Ruff? Un vrai miracle pour nous. Mais il y a des effets secondaires, je m'en suis aperçu en goûtant ses échantillons, alors j'ai cherché comment l'adapter, pendant des jours... en vain.. Je ne suis pas scientifique, se lamenta-t-il. Je n'ai pas pu résister à manger des bonbons de ci de là.. La nourriture de l'usine ne m'était qu'en partie adaptée, j'avais si faim.. et il fallait que j'entretienne mon don.

Le silence retomba dans la pièce. Le Docteur réfléchissait intensément, imité par Jack qui faisait tourner dans sa tête tout ce qu'il avait entendu. Cela se tenait, et expliquait beaucoup de choses, mais cela signifiait-il qu'on pouvait lui faire confiance ? Pas nécessairement, décida-t-il. Il n'avait aucun moyen de savoir s'il disait la vérité, rien pour comparer ses informations. Comme s'il avait entendu ses pensées, le Seigneur du temps se tourna vers sa console, et saisit l'écran qui s'y trouvait pour taper à toute vitesse une série de mots.

-Doc ? Demanda-t-il.

-Voyons voir.. Qu'est-ce que nous avons en archive ? Ah, je l'ai ! Fantastique !

Curieux, Jack se leva et le rejoignit, imité par Rose.

-Qu'est-ce que c'est ?

-La base de données du Tardis. Tout ce que l'on sait sur toutes les planètes et peuples de l'univers.

-Vous avez ça ?!

Le Docteur lui décocha un immense sourire, amusé par le ton brusquement enfantin de Jack.

-Voyons voir ce qu'elle a pour nous, dit-il en se penchant vers l'écran.

 


choup37  (11.03.2017 à 19:31)

Chapitre 7

 

Nom : Catio

Emplacement : Troisième planète du Système d'or de la Galaxie de Galapexus

Superficie : 450 millions de km²

Age : 5, 648 milliards d'années

Masse : 5,972 × 10^24 kg

Population : 4,125 milliards

 

S'en suivait une description de ses propriétés physiques, notamment des détails sur l'atmosphère: aussi fascinants étaient-ils, le Docteur décida de les laisser en attente pour une future lecture, et descendit directement jusqu'à la partie sur les habitants.

 

«Les Catio sont un peuple vieux de plusieurs milliers d'années, descendants en ligne indirecte des caméléons dont ils ont hérité de la capacité à changer d'apparence. Seule l'apparence physique est touchée : il leur est ainsi impossible de se transformer en objet ou nourriture, pour des raisons évidentes de sécurité.

Cette capacité est provoquée par la présence plus ou moins importante dans l'organisme du tis'h, un composé chimique pouvant être comparé au glucose humain. On ignore dans le détail son fonctionnement : il est présent dès la naissance dans le corps, et est entretenu grâce à la nourriture ingurgitée par les sujets. Il s'active à la puberté, qui commence chez les Catio vers 12 ans, permettant le développement lent mais certain d'un gêne qui provoque les métamorphoses.

La puissance du don semble être lié à la quantité de composé chimique dans l'organisme : cette quantité provoque une première métamorphose, celle des yeux qui change de couleur à l'adolescence pour prendre leur teinte définitive. C'est le seul élément à ne plus changer, quelque soit la transformation.»

 

A ce point, le trio leva les yeux vers Goon, qui les avait rejoints et fixait l'écran de ses pupilles vertes. C'était donc pour cela que celles-ci n'avaient pas changé pendant ses métamorphoses, le forçant à employer des lentilles.

 

«Les iris sont initialement bleus, avec plusieurs nuances de teintes possibles. Ils sont liés à l'enfance, et symbolisent de fait l'innocence et la pureté chez les Catio. »

 

Le Docteur haussa un sourcil. Jack ne put se retenir de pouffer.

  • L'innocence ? Je ne sais pas ce qu'ils auraient dit de moi...

  • La ferme, Harkness, râla le Seigneur du temps, mais la pointe de ses lèvres montaient vers le haut, esquissant un sourire.

 

«Trois autres couleurs ont été relevées par les observateurs : vert, noisette et gris, cette dernière semblant provoquer l'opprobre chez les autres sujets. »

 

  • L'opprobre ? Pourquoi ? Demanda le Docteur de but en blanc à Goon qui s'était raidi.

  • Nous ne parlons pas de cela, répliqua celui-ci froidement.

Le dégout et mépris soudain caché derrière ses mots n'échappèrent à personne. Le trio échangea un regard, et décida d'un commun accord silencieux de ne pas insister.

 

«La société des Catio s'est formée autour de ces dons. Elle est organisée en clans, ceux aux pouvoirs les plus puissants dirigeant les villes. La structure familiale est un élément central du monde catioien : elle est nécessaire à l'équilibre mental de ses membres qui s'auto-régulent entre eux, et permettent un respect des règles entrainées par la possession de son don. Le clan soutient en particulier les adolescents dans leur transition vers l'âge adulte, leur apprenant à maitriser leurs nouvelles capacités et ne pas perdre l'esprit face aux métamorphoses difficilement contrôlables au départ. Des rituels d'apprentissage sont mis en place au cours de l'adolescence : lors de l'étape finale, la maitrise de soi-même et la compréhension des règles morales liés au don doivent être complètes, sous peine de se le voir retirer. »

 

  • Quoi ? Mais c'est cruel ! S'insurgea Rose.

  • Mais nécessaire, répliqua Goon. Vous n'avez aucune idée de la puissance de ce don, mal employé, il peut avoir des conséquences catastrophiques. Vous trouvez que je suis sorti de la ligne droite ? Vous ne voulez pas savoir les crimes que mes collègues ont vus. Il se tourna vers le Docteur, clairement agité. Est-ce qu'on peut arrêter là ? Vous en avez assez lu pour savoir que je dis la vérité.

  • C'est suffisant pour le moment, répondit ce dernier en tournant l'écran. Mais ça ne répond pas à mon autre question. Qui est cette fille ?

Goon détourna la tête, et commença à tourner en rond.

  • Quelqu'un à qui j'ai failli.

  • Quelle fille ? Interrogea Rose.

  • Goon avait des flashs d'une jeune fille à l'usine, expliqua Jack. Je pense qu'elle est la raison pour laquelle il a accepté ce job. Je me trompe ?

L'intéressé secoua la tête.

  • Elle est prisonnière ? Demanda l'humaine, sa compassion immédiate.

Le Catio ne répondit pas, mais son silence parlait pour lui.

  • Qui ? Voulut savoir le Docteur.

  • Ma sœur, murmura Goon très bas. Elle a 15 ans, elle est en plein dans sa transformation.. Elle est si jeune et je n'ai pas su la protéger.

Si son trouble n'avait pas été évident dans sa voix, le changement constant de couleur de peau et cheveux qu'il vivait depuis plusieurs minutes aurait été un indice suffisant. L'homme était à fleur de peau, sa vulnérabilité affichée sans plus aucun masque pour la dissimuler.

  • 15 ans ? Répéta Rose. Quel âge avez-vous ?

  • Quel âge vous me donnez ? Interrogea Goon avec un faible sourire.

  • Je ne sais pas, je ne peux pas me baser sur votre physique.. La trentaine ?

Un rire amer se fit entendre.

  • Quoi ? Pourquoi c'est si drôle ?

  • J'ai 22 ans, mademoiselle.

  • 22.. mais vous faites bien plus !

  • L'effet de mes métamorphoses.. Typique pour un œil non exercé, sourit-il gentiment. Quoi ? Demanda-t-il en la voyant secouer la tête.

  • Rien, c'est juste.. J'ai quasiment votre âge, mais on est tellement différent.. Vous êtes si jeune, et pourtant vous dites que vous avez fait la Guerre du temps. Je n'arrive pas à assimiler.

  • Souhaitez ne jamais comprendre, mademoiselle .. murmura Goon tristement, son regard se faisant soudainement hanté, un regard identique à celui des deux autres hommes.

Rose les regarda tour à tour, réalisant à quelque point malgré leur origine et histoire différente, ces trois êtres étaient si semblables. Ils avaient tous fait la guerre, à leur manière, et avaient tous du sang sur leurs mains qu'aucun savon ne pourrait effacer.

  • Votre sœur, où est-elle ? Interrogea soudainement Jack.

Goon sursauta, avant de soupirer.

  • J'ai fui avec elle pendant la dernière attaque.. Je n'ai pas eu le choix.. Tout brûlait, j'avais si peur, je ne pensais qu'à elle.. Elle était la dernière en vie, je devais la protéger, vous comprenez ? Je l'ai trouvée et on s'est enfui avec d'autres personnes dans une navette. Les explosions l'ont projetée si loin dans l'atmosphère... Quand on a pu regarder par le hublot, il n'y avait que des flammes. Il semblait si jeune soudainement, perdu dans son récit d'horreur. Je ne sais pas combien il y a de survivants.. Notre groupe a été attaqué par des pirates et séparé, j'ai réussi à m'enfuir avec Taya.. Il ferma les yeux. Je n'avais qu'une seule chose en tête, la protéger, mais comment faire dans un tel enfer ? Il n'y avait personne pour nous aider... Personne n'est venu, cracha-t-il, faisant tressaillir le Docteur. Toutes ces prétendues organisations dirigeant l'espace, elles n'ont rien fait, elles nous ont laissé crever. Des réfugiés à l'abandon.. Il passa sa main sur son visage. Il fallait bien survivre.. Alors j'ai fait ce que j'avais à faire. J'ai proposé mes services à ceux qui en avaient besoin. Tout pour qu'elle ait à manger et un toit..

Un silence de mort était tombé dans la pièce : tous les yeux étaient rivés sur le jeune homme au regard perdu dans le vide, hanté par des souvenirs trop violents pour être vécus.

  • Cela marchait, on survivait.. Mais Taya était en pleine transformation, elle avait un besoin si grand de ce foutu composé chimique.. Et de règles à suivre.. J'ai essayé mais je n'ai pas été à la hauteur, je ne suis pas prêt, ce sont les anciens du clan qui savent quoi faire. Je n'ai pas eu eu le temps d'apprendre.. Et je ne trouvais pas assez de nourriture possédant du tis'h, alors je me suis tourné vers ceux qui en auraient.

  • Des trafiquants, devina Jack.

Goon hocha la tête.

  • Mais cela devait couter cher.. Bien plus que ce que vous aviez, ajouta le Docteur. Un nouveau hochement de tête. Alors vous vous êtes endetté...

  • Auprès du type de personnes qui n'aime pas les dettes, murmura Jack. Ils ont pris Taya en gage de paiement ? Vous avez une date limite pour éponger votre dû, sinon ils la gardent ?

Goon laissa tomber sa tête entre ses mains.

  • Cette mission était ma chance.. L'entreprise payait très cher pour cette formule, j'aurai pu rembourser mes dettes et conserver assez de sous pour qu'on vive correctement longtemps.. Maintenant j'ai tout perdu.

  • Pas nécessairement, rétorqua Jack.

Il tourna la tête vers le Docteur, qui avait croisé les bras, une lueur furieuse commençant à grandir dans ses yeux, à l'instar de ceux de Jack. Le Seigneur du temps plissa les lèvres, sa mauvaise humeur évidente.

  • Trafiquants.. adolescente .. Les deux termes ne vont pas du tout ensemble, grogna-t-il.

  • Qu'est-ce qu'ils lui feront si vous n'arrivez pas à temps ? Interrogea Rose.

Goon se recroquevilla sur place à cette pensée.

  • Ils la vendront au plus offrant sur le marché d'esclaves de Taclos.

  • Quoi ?!

La blonde avait poussé un hurlement en même temps que deux grondements sauvages résonnaient.

  • Mais c'est horrible !

  • Ce sont des trafiquants, mademoiselle.. Ils ne travaillent pas dans le social.

  • Prenez-moi pour une abrutie, siffla-t-elle. Et pourquoi vous m'appelez mademoiselle ? Je m'appelle Rose.

Goon détourna les yeux devant son irritation.

  • Je suis désolé.. C'est génétique.. Chez moi, les plus puissants ont les yeux noisette.. Un peu comme vous.

  • Quoi, je ferai partie des riches si j'étais une Catio ?

  • On peut le résumer ainsi.

  • Ma mère pleurerait de rire si on lui disait ça, murmura la blonde en croisant les bras. Et quoi, dès que vous voyez quelqu'un avec des yeux marron ou noisette, il faut que vous lui obéissiez ?

  • C'est la règle chez moi.. Nos rangs sociaux sont très importants.. Ils nous aident... aidaient.. à garder les choses ordonnées. Certaines choses étaient primitives, mais dans l'ensemble, cela marchait bien.

Il pleurait ouvertement à présent, le flot d'émotions trop puissant pour être contenu plus longtemps. Il n'avait jamais pu parler de tout cela à personne : sa vie était devenue trop instable, et la confiance impossible. Son don était à la fois sa plus grande force et faiblesse : il lui permettait de survivre, mais était aussi ce qui l'empêchait d'obtenir une meilleure vie. Piégé par sa génétique. Un cercle vicieux dont il ne voyait plus la fin.

  • Taclos est une des planètes les plus dangereuses de son système, si ce n'est de l'univers.. Un concentré de rats et pourritures qui ne pensent qu'à s'enrichir et tuer.. Aller là-bas sera l'équivalent de se jeter dans une centrale nucléaire sur le point d'exploser, murmura Jack, les bras croisés.

  • Vous voulez y aller ? Hoqueta Goon.

  • C'est évident, non ? On ne va pas la laisser dans ce merdier ! S'exclama le jeune homme, une lueur féroce étincelant dans ses prunelles bleues.

  • Mais pourquoi ? Vous ne la connaissez pas ! Ni moi ! Pourquoi m'aider ?

  • C'est ce qu'on fait, répondit simplement Rose en posant sa main sur son épaule. Docteur ? Appela-t-elle, en se tournant vers lui.

  • Rose a raison... Je n'ai pas l'habitude de laisser un innocent en danger.

  • Mais c'est trop dangereux.. Vous ne pouvez pas y aller, vous vous ferez tout de suite repérés ! Vous ne connaissez pas ce monde, c'est empli de tueurs !

  • Rien d'inhabituel, sourit Rose.

  • Non, vous ne comprenez pas.. Ces gens, ce sont des monstres. Ils tuent, pillent, volent, ils massacrent à la pelle sans arrière-pensée. Ils ont plus de sang sur les mains chacun qu'une planète réunie. Vous ne tiendrez pas dix minutes : ils vous verront et ils vous violeront. Et personne ne viendra vous sauver. Une aussi belle fille que vous.. vous terminerez dans leur harem, ou au marché d'esclaves. Il secoua la tête. Il est hors de question que vous y foutiez les pieds.

  • Elle n'y ira pas, répliqua Jack. Vous avez raison, ce serait de la folie. J'y irai.

  • Quoi ?!

  • Harkness !

  • Doc, on sait tous les deux que c'est la seule solution possible : il est hors de question que Rose pose un seul doigt de pied dans ce merdier, et on aura besoin de vous pour se barrer dès que j'aurai trouvé la gosse. Le Docteur ouvrit la bouche. Et ne faites pas comme si vous vous souciez de moi, je sais très bien que la seule raison pour laquelle vous m'avez sauvé est Rose.

  • Jack !

  • C'est la vérité, Rosie, et on le sait tous, sourit-il avant de se redresser. Une perle comme vous, aller dans cet enfer... jamais. Une crapule comme moi ? Ce n'est pas comme si ma mort serait une grande perte.

  • Je ne veux pas que vous mourriez ! S'exclama la jeune femme en saisissant son bras.

  • Et vous êtes trop belle et innocente pour faire ce job. C'est réglé, Rose. Insister nous fera seulement perdre du temps.

Il se tourna vers le Docteur, ignorant volontairement l'expression furieuse et effrayée de la jeune fille.

  • Je vous fais confiance pour trouver toutes les informations dont j'aurai besoin dans le quart d'heure. Je vais me préparer. Cette tenue est totalement inappropriée pour ma destination.

  • Est-ce que je vais avoir mon mot à dire ? Tonna le Seigneur du temps.

  • Il n'y a rien à dire de plus, Doc.

  • Ça c'est à voir ! Vous voulez vous rendre dans cet enfer vivant seul, pour trouver une gamine dont vous ignorez l'apparence exacte, sans savoir précisément où elle se trouve et qui la retient ?

Le capitaine haussa les épaules.

  • J'ai fait pire.

  • C'est bien ce qu'il me pose souci ! Vous vous proposez bien facilement !

  • L'autre alternative aurait été que vous preniez ma place, répliqua Jack. Et c'est hors de question : non seulement parce que vous êtes le seul à savoir piloter ce vaisseau, et on serait pas dans la merde s'il vous arrivait quelque chose, mais en plus, Rose ne survivrait pas si vous mourriez.

Le Docteur ouvrit, puis referma la bouche, son expression toujours outrée. Jack lui sourit, avant de faire demi-tour et se diriger vers sa cabine.

 

***

 

Jack roula des yeux en entendant frapper à la porte. Il s'était douté qu'on ne le laisserait pas se préparer tranquillement : le duo semblait être têtu comme une mule, et bien décidé à le protéger envers et contre tout. Chose qu'il ne comprenait pas, ne faisant pas partie de l'équipage. Ce n'était pas ce petit voyage à l'usine qui l'y avait incorporé.

  • Entrez.

Il haussa un sourcil en apercevant le Docteur : il se serait attendu à Rose; la jeune fille semblait s'être déjà beaucoup attachée à lui. Un peu trop pour son goût. Ces … sentiments, cela ne ferait qu'accentuer sa souffrance quand Jack partirait. Parce qu'il partait toujours. Il ne restait jamais longtemps au même endroit ; il ne pouvait pas se le permettre.

  • Venu pour me tancer, Doc ? Ironisa-t-il en glissant une lame dans sa botte.

L'intéressé haussa un sourcil devant sa tenue digne d'un commando.

  • Vous prévoyez de conquérir la planète ?

  • Ne jamais se sous-estimer, Doc.

  • Ne m'appelez pas comme ça.

  • Comme vous voulez, Doc, sourit-il en vérifiant ses protections.

Ce dernier roula des yeux, mais ne fit pas de commentaires. À la place, il referma la porte et croisa les bras.

  • Vous allez me dire la vraie raison pour ce soudain élan de bonté ?

  • J'ai besoin de me justifier pour vouloir sauver cette gosse ?

  • Pourquoi vous intéresse-t-elle ? Répliqua le Seigneur du temps.

Jack se tourna brusquement vers lui, furieux. Ce ton condescendant ne lui plaisait pas du tout.

  • Parce que, aussi surprenant que cela puisse paraître, je ne suis pas un monstre ! Une enflure, un escroc, un lâche, et beaucoup d'autres choses encore qui feraient vomir jolie Rose, mais pas un esclavagiste ! Ni un violeur ! Son visage était presque collé à celui du Docteur quand il siffla. Je ne vous dois rien. Je suis en vie grâce à Rose, pas vous. C'est elle que je remercie. Vous l'impressionnez peut-être avec votre vaisseau, mais je ne suis pas né de la dernière pluie. J'ai parcouru l'espace assez de temps pour ne plus baver devant le premier explorateur venu.

  • Et pourtant vous regardez le Tardis comme un enfant devant un paquet de Noël, murmura le Docteur en le fixant comme s'il était une boite à mystère.

Jack fronça les sourcils.

  • Quel rapport avec cette tradition paienne ? Oh, peu importe, pesta-t-il en lui tournant le dos. Je ne suis pas encore prêt. Revenez quand vous aurez les informations nécessaires.

  • C'est déjà le cas. Et je pense avoir le droit de me déplacer où je désire dans mon vaisseau, comme vous aimez le rappeler, rétorqua le plus âgé.

  • Vous allez rester là à piailler des heures comme une fille ou vous allez me dire ce que vous savez ?

  • On ne vous apprend pas la politesse à l'Agence ?

  • Pas avec les alphas plein de muscles qui se prennent pour Dieu !

  • Insulter le conducteur du vaisseau ! Stupide avec ça !

  • Au moins vous ne pleurerez pas ma perte si je meurs !

  • Ne dites pas ça !

Le silence retomba, tendu, oppressant. L'ancien Agent avait tourné le dos au Seigneur du temps, ses mains triturant sans réfléchir un pistolet et en vérifiant l'état. Ses épaules se contractèrent quand il perçut un bruit de pas se rapprochant, avant qu'une main ne se pose sur son épaule.

  • Ne dites pas ça, murmura le Docteur. Je ne souhaite la mort de personne. Personne, vous entendez ?

  • Très crédible, Doc, ironisa Jack. Gardez votre apparence pacifique pour Rose. Je sais reconnaître un tueur quand j'en vois un.

Aie. Ça faisait mal. Mais c'était mérité. Il était celui venu acculer le plus jeune dans sa chambre, après tout.

  • Je ne voulais pas leur mort, souffla-t-il.

Jack ferma les yeux.

  • Je sais, murmura-t-il en se tournant vers lui. Moi non plus.

Tous deux se fixèrent un long moment, partageant davantage dans cet échange de regards qu'ils ne pourraient jamais le dire avec des mots.

  • Je ne peux pas l'abandonner, Docteur.. Elle est surement encore en vie, il y a toujours une chance.. Ils ont toujours une chance. Je suis trop brisé, mais eux.. Ils peuvent toujours être heureux. Si on arrive à temps.

  • On arrivera à temps, répliqua le Docteur en serrant son épaule. On la sauvera, je vous le promets, assura-t-il en le fixant dans les yeux.

Jack hocha la tête, troublé par ces deux grandes prunelles trop bleues pour son équilibre mental. Il aurait pu s'y perdre des heures sans jamais revenir à la réalité.

  • Et évitez de mourir, je ne veux pas me retrouver avec une Rose en larmes, ajouta le Seigneur du temps sur un faux ton bourru, arrachant un sourire à Jack.

  • Inquiet pour mes fosses, Dokidoc ?

  • Vous m'appelez une nouvelle fois comme ça, je vous éjecte du Tardis en plein vol, répliqua le Gallifreyien avec un calme mortel. On vous attend dans la salle de contrôle, alors lâchez votre miroir et dépêchez-vous, ajouta-t-il avant de quitter la pièce, décidé à ignorer le sourire grivois de son occupant.

Peut-être bien qu'il se débrouillerait pour revenir en vie, finalement. L'humour de ce type et sa paire de fesses en valaient surement le coup.

 


choup37  (25.03.2017 à 18:59)

Chapitre 8

 

-Hart ! Hart ! Il faut partir ! Dis-moi que tu es prêt !

Le jeune homme ouvrit la porte de leur chambre à la volée … et se figea devant le spectacle qu'il découvrit. Il roula des yeux, exaspéré.

-Trois putes, sérieusement ? C'est à ça que tu as passé la matinée ?

Hart lui sourit de cette manière vicieuse qui lui était si propre. Il se redressa en s'appuyant sur un coude, faisant ressortir son torse finement musclé.

-Ne jamais sous-estimer les plaisirs du polyamour, Yeux-bleus !

-Tu n'aimes pas, répliqua celui-ci en refermant la porte, avant de pousser une commode devant, bloquant comme il le pouvait l'entrée. Tu désires et tu baises.

-Ce n'est pas la même chose ? Ironisa son collègue. Qu'est-ce qui t'arrive ?

-Il faut partir, on est repéré, répondit-il en rajoutant une chaise sur le meuble, avant de pester. Putain de bois, pas moyen de bloquer l'entrée avec le bracelet, c'est trop ancien !

Un bruit de draps froissés lui indiqua que John s'était levé.

-Qui ? Interrogea ce dernier, tout humour disparu de sa voix, alors que les prostituées tentaient de se faire oublier, effrayées.

-Kosh. Un des types que j'avais assommé s'est réveillé et a donné l'alarme, maugréa Jack en pianotant sur son bracelet.

-Tu l'as ?

L'autre Agent du temps indiqua sa chemise. Hart devina qu'il désignait une des poches intérieures qui s'y trouvaient.

-J'ai le signal ! S'exclama son jeune amant en se tournant vers lui.

Il fut à peine surpris en entendant trois coups de feu retentir la seconde suivante. Jack ne put contenir un soupir devant les trois cadavres sur le lit.

-Tu sais, on aurait simplement pu partir. Ce n'est pas comme si elles savaient quoique ce soit.

-Ne jamais laisser de traces, gamin, rétorqua Hart en saisissant son bras, avant d'appuyer sur le bouton de téléportation.

 

***

Les longs doigts verts glissaient sur son ventre, traçant des formes silencieuses avant de remonter vers un de ses tétons qu'ils saisirent doucement pour le tordre. La bouche brune vint se poser dans son cou, le torturant avec délice en même temps que son propriétaire se frottait contre lui. Jack avait fermé les yeux, des soupirs de plaisir lui échappant de temps à autre. C'était aussi bon qu'il se souvenait, voire même meilleur que la dernière fois qu'il avait été présent sur Taclos. Cette fois, personne ne cherchait à le tuer lui ou son partenaire. C'était la faute de John, vraiment: ce type était un aimant à emmerdes où qu'il se rende. Il était bien content d'en être débarrassé, même si leurs parties de sexe avaient été mémorables.

Rouvrant les yeux, le capitaine inversa leurs positions avant de clamer la bouche du garçon. Quel âge avait celui-ci? 17? 19 ans? Il était bien jeune, en tout cas, pour déjà se prostituer. Jack ne pouvait rien faire pour lui en dehors de s'assurer de lui donner autant de plaisir qu'il en recevait. Non seulement il respectait toujours ses partenaires, mêmes professionnels, mais il espérait le mettre suffisamment à l'aise de cette manière pour obtenir des réponses à ses questions. Le temps lui était compté, après tout : il n'avait que quatre jours.

Glissant ses mains sous les cuisses du plus jeune, il vint les placer sur ses épaules, avant de plonger son visage vers ses fesses. Un sourire de triomphe apparut sur ses lèvres lorsque des gémissements commencèrent à se faire entendre, se faisant de plus en plus forts au fur et à mesure. Le corps frêle se tordait sous ses attentions, ses mains s'accrochant avec force aux draps. Jack continua à torturer son amant du jour de sa langue quelques minutes encore avant de reculer pour insérer un doigt. Il prit soin de lui laisser le temps de s'ajuster avant d'en rajouter un et commencer à les écarter. Après plusieurs minutes de ce traitement, le garçon était plus que prêt à le recevoir. Grognant, le capitaine saisit ses poignets et les attacha aux barreaux du lit avec sa ceinture. Le jeune alien tira dessus, désespéré de pouvoir le toucher. Cela arracha un rire chaud à son bourreau qui caressa son visage.

-Plus tard, murmura-t-il avant de se positionner.

Un long râle de plaisir lui échappa à son entrée. Si bon.. Ce ne fut pas long avant que le son des corps claquant l'un contre l'autre ne résonne dans le couloir de la petite auberge, mêlé à des cris étouffés par le mur de bois.

 

***

Le groupe l'attendait en effet dans la salle de contrôle du TARDIS. Rose et Goon haussèrent à leur tour un sourcil en découvrant sa tenue : Jack était vêtu de ce qui ressemblait à un uniforme noir de combat semblable à celui des anciennes Forces spéciales terriennes. Son torse et son dos étaient protégés par un gilet pare-balles, et ses bottes étaient apprêtées pour un combat. Les ennuis étaient d'ailleurs ce à quoi Jack semblait s'attendre au vu du nombre d'armes de taille et nature diverses qu'il portait à sa ceinture. Le jeune homme referma son blouson, dissimulant le gilet de protection.

-Où est-ce que vous avez trouvé ça ? Interrogea la blonde, ahurie.

-C'est une bonne question, releva le Docteur. Je crois me souvenir que toutes vos affaires ont sauté avec votre vaisseau.

-Pas mes armes, répondit l'humain en haussant les épaules. Et les vêtements m'ont été fournis par le TARDIS, expliqua-t-il en souriant au vaisseau qui ronronna.

-Vous comptez vous faire tuer ? Demanda Rose.

-C'est une forte probabilité vu le trou à rats dans lequel je me rends, alors autant être paré.

-Je continue toujours à penser que je pourrais venir avec vous, bouda la jeune fille.

Jack sourit.

-C'est gentil de vous inquiéter pour moi, Rosie. Mais vous détoneriez dans ce monde. Vous ne seriez pas en sécurité. Et je ne pourrais pas faire mon job si je dois vous surveiller sans cesse, et c'est ce qui arrivera si vous venez. Une large partie de leurs profits vient de l'esclavage et la prostitution, vous savez. Je ne pense pas que vous vouliez voir ça en direct.

-Non, souffla-t-elle. Mais je n'aime pas l'idée de vous laisser y aller seul.

Le Docteur observait l'échange sans mot dire, moins concerné par la sécurité d'Harkness que ses motivations. Pourquoi diable voulait-il aller sauver cette gosse ? Cela ne correspondait pas à son profil d'escroc dragueur auto-centré. Il avait commencé à s'investir réellement dans l'interrogatoire de Goon en entendant les mots 'petite sœur'. Était-ce une simple compassion ou y avait-il davantage ? Essayait-il de compenser quelque chose ?

-Alors, Doc, dites-moi tout : qu'est-ce qu'on sait ?

Le Seigneur du temps tressaillit en entendant la question, tiré de ses pensées par leur objet même.

-Savoir, oui! Goon nous a donné le plus de détails possibles : Taya est prisonnière d'un groupe de trafiquants dirigé par Kosh, un des principaux fournisseurs de ce quadrant. Drogue, nourriture, armes, esclaves... Tout ce qui peut être vendu, il l'a, expliqua-t-il avec dégoût. Il occupe deux larges bâtiments dans le centre de Posh, dans le quartier des ventes. Ils sont protégés par une milice privée, ce qui n'est pas surprenant vu sa richesse et la concurrence qui fait rage sur Taclos.

-Génial, ironisa Jack. On a une photo de cette enflure ?

Le Docteur appuya sur un bouton de l'écran de contrôle, faisant apparaître l'image d'un homme chauve de grande taille à la peau marron zébrée de vert foncée.

-C'est un tueur. Soyez prudent quand vous le verrez.

-Prudence est mon second prénom, sourit son interlocuteur. Et Taya ? Je suis bien conscient que c'est une métamorphe, mais à quoi est-elle sensée ressembler ?

-La dernière fois que je l'ai vue, elle avait la peau bleu ciel et de longs cheveux noirs, murmura son frère. Elle portait une tunique blanche déchirée en bas.

-Et elle a toujours les yeux bleus.

-Bleu marine, précisa le Catio. Elle faisait la taille de Mademoiselle Tyler.

-Espérons que ce sera suffisant pour la retrouver, soupira Jack.

-Il vous faudra être rapide, Harkness. Le délai de Goon se termine dans quatre jours. Après cela, ce sera bien plus difficile de la soustraire à d'éventuels acheteurs.

Si elle n'est pas déjà vendue, pensa sombrement l'espion.

-Comment je vous contacte quand je l'ai trouvée ? Demanda-t-il.

-C'est là que cela devient compliqué. Cette fichue planète est protégée par des écrans qui empêche la localisation de ses habitants en dehors de Taclos même. Impossible de savoir où se trouvent les villes et les trafiquants, c'est ainsi qu'ils réussissent à échapper à la police depuis si longtemps... Le Tardis a réussi à trouver avec difficulté Posh, mais c'est tout ce que je peux faire pour le moment. Je vais vous y déposer, mais l'endroit est bien trop dangereux pour y laisser trainer le Tardis. Si jamais il était aperçu..

-Aussitôt arrivé, aussitôt seul, résuma Jack.

-J'aurai préféré rester sur place, je peux vous le dire, grommela le Seigneur du temps. Il faudra que vous trouviez un moyen pour désactiver les défenses, même temporairement.

Ce commentaire lui valut un roulement de yeux.

-Et comment je suis sensé faire ça ?

-C'est vous l'expert de la planète, ironisa le Docteur, dont l'expression se refit sérieuse. Vous êtes conscient de ce dans quoi vous vous engagez? Vous n'aurez aucune aide, personne pour assurer vos arrières.

-Le résumé de ma vie, fit le jeune homme en haussant les épaules, avant de grogner en sentant un large poids lui tomber dessus. Rose...

-Soyez prudent, murmura-t-elle en le serrant.

-Je peux essayer, sourit-il.

 

***

Prudent. La bonne blague. Dans l'un des pires nids de l'univers. Cet endroit était empli de criminels tous plus dangereux les uns que les autres. Ce serait un miracle s'il réussissait à en sortir en vie, encore plus avec la gosse. Jack contint un soupir: il n'avait rien promis volontairement à Rose, ne voulant pas lui donner de faux espoirs. La jeune fille était tellement naive et emplie de rêves, c'en était à la fois rafraichissant et attristant. Sa propre noirceur n'en remontait que davantage.

Ses sombres pensées disparurent en entendant son amant commencer à émerger de son lourd sommeil. Un sourire apparut sur ses lèvres quand il pencha la tête vers le corps roulé en boule contre lui: le jeune homme avait posé sa tête sur son torse pendant sa sieste involontaire, et quelques mèches étaient retombées sur son front, rendant la vision adorable. Il caressa ses cheveux, embrassant son front avec gentillesse. Son sourire se fit taquin lorsque deux petites fentes marron emplies de sommeil apparurent.

-Bien dormi ?

-Je.. Une lueur subite de peur apparut dans les yeux du prostitué alors qu'il réalisait les mots de Jack. Je suis désolé ! Je.. C'est la première fois que ça m'arrive, je..

-Hé, calme-toi, murmura le capitaine en se penchant vers lui pour l'embrasser. Tu en avais clairement besoin. Je ne vais pas te punir. Ses yeux prirent une teinte coléreuse. Je ne suis pas un de ces salauds qui aiment martyriser un esclave.

L'intéressé baissa la tête.

-Je suis quand même désolé.

-Si c'est si important pour toi, alors tu peux te faire pardonner en répondant à quelques questions … Paulo, c'est ça ? Un hochement de tête. Parfait. Rien de bien difficile.. Sais-tu où se trouve Kosh ?

Jack s'était attendu à une réaction vive, aussi ne fut-il pas surpris quand Paulo recula précipitamment, la peur émanant cette fois de tout son être.

-Non ! Non !

-Calme-toi, murmura-t-il en tendant la main vers lui, mais son compagnon recula davantage.

-Non! Demandez-moi ce que vous voulez, mais pas ça ! Je ne sais pas ! Je ne suis pas à lui !

-Justement, répliqua froidement l'espion, abandonnant son sourire pour une apparence bien plus menaçante. Tu appartiens au réseau concurrent, tu sais là où il ne faut pas aller travailler.

Il avait commencé son enquête dès son arrivée, se mettant à la recherche du trafiquant: mais comme prévu, ce dernier était introuvable, caché dans le large quartier commercial. Le Docteur parlait de deux bâtiments de grande taille, un indice bien maigre puisque aucun ne portait volontairement de nom, juste des numéros anonymes. Le meilleur moyen pour trouver des informations était donc de se fondre dans la faune locale, c'est à dire, dans ce cas, consommer les produits phares de la ville. L'alcool et le sexe.

-Je ne peux pas ! Ils me tueront !

-Ce qu'ils peuvent te faire n'est rien comparé à moi, siffla Jack en se rapprochant de lui. Tu sais ce que je suis, je t'ai vu frémir en le voyant, ajouta-t-il en montrant son bracelet. Paulo baissa la tête. J'ai été plus que gentil avec toi.. Bien peu t'auraient traité de cette façon et tu le sais. C'est bien mal me remercier de ne pas vouloir répondre à une simple question.

-M.. monsieur, je..

-A moins que c'est ce que tu veuilles ? Que je te traite comme les autres ? Grogna-t-il en le saisissant par l'épaule.

Sa victime se recroquevilla.

-N.. non.. s.. s'il vous plait...

-Alors répond à ma question.

-Je.. je ne sais pas grand-chose.. juste le nom du quartier.. et la rue.. Je n'ai pas le droit d'y aller..

-Dis-moi.

Le jeune homme murmura deux noms, les yeux toujours rivés sur le matelas. Jack hocha la tête.

-C'est loin d'ici?

-Une vingtaine de minutes à pied.. C'est tout ce que je sais, je le jure !

-J'espère pour toi que c'est vrai, souffla le capitaine en attrapant son menton. Je détesterai abimer un si beau visage.

-Non ! C'est la vérité ! S'il vous plait ! Le supplia le garçon.

-Je te crois, Paulo, murmura Jack en l'embrassant.

-Ils ne doivent pas savoir... Ne leur dites pas que c'est moi!

-Je ne dirai rien, petit. Quel intérêt ? Il fronça les sourcils, incapable de retenir sa question. Quel âge tu as ?

Le jeune homme sursauta, surpris.

-Pour.. pourquoi ?

-Répond-moi.

-17 ans, chuchota-t-il sans le fixer.

-17 ans.. si jeune.. Depuis combien de temps ?

Il n'eut pas besoin de préciser de quoi il parlait.

-Deux ans..

Jack ferma les yeux.

-Je suis désolé.

Paulo ne répondit pas. En fait, il avait blotti son visage dans l'oreiller, cachant ses larmes naissantes. Il sursauta en sentant un bras l'envelopper. Relevant les yeux, il découvrit un regard doux d'où n'émanait que la compassion.

-Tu aurais presque son âge, chuchota Jack. À un an près.

-Q.. qui ?

-Mon petit frère... Mon Gray... Il pourrait être à ta place...

L'esclave ne commenta pas : il savait reconnaître de mauvais souvenirs quand il les voyait. Lui-même avait son lot.

-Est-ce que.. Jack déglutit, inhabituellement mal à l'aise sur le sujet. Tu étais déjà esclave quand...

Paulo blêmit, et se terra davantage, incapable de répondre.

-Je suis désolé, murmura encore Jack, en le prenant cette fois dans ses bras. Je dois sûrement être un des seuls à t'avoir donné un peu d'attention..

-Le seul, corrigea le garçon d'une toute petite voix, son visage blotti contre son torse.

Une vague de haine sans nom saisit le plus âgé. Ses bras se resserrèrent convulsivement autour de son compagnon, cherchant en vain à le protéger de la violence de ce monde. Mais c'était trop tard, Paulo était déjà marqué, détruit par deux ans d'esclavage sexuel qui lui avait volé toute forme d'innocence. Une destruction incarné par le tatouage en forme de serpent gravé dans sa nuque, là où tout le monde pouvait le voir.

-J'ai un ami... enfin une connaissance... Sa sœur est prisonnière de Kosh... Elle risque d'être vendue, elle aussi.. J'ai promis de la sauver.

-Comment elle s'appelle ? Murmura le garçon.

Jack eut un sourire triste.

-J'aimerai bien te le dire, mais vois-tu, je ne sais pas si tu ne travailles pas pour lui.. Il lui tendit un verre d'eau. Bois, tu dois être assoiffé.

Paulo prit le verre avec reconnaissance. Il l'avala d'une traite, avant de le rendre à Jack qui le reposa sur la commode et caressa ses cheveux.

-Je suis désolé.

-Je sais...

-Non. Je suis désolé.

Le jeune alien tressaillit. Les yeux de son client avaient changé, se faisant plus distants. Il secoua la tête, saisi d'une vague de somnolence inattendue. Il venait de faire une sieste, comment pouvait-il être déjà fatigué ? Sa vision se fit brumeuse, et sa tête commença à tourner. Il lui fallut quelques instants pour comprendre ; il releva la tête vers Jack, terrifié.

-Po.. pourquoi ?

-Je te l'ai dit... Je ne sais pas pour qui tu travailles vraiment... N'ai crainte, ce n'est pas du poison, juste une drogue.. Tu vas oublier notre dernière conversation, il ne te restera que le sexe, murmura l'ancien Agent du temps en caressant son visage.

-N..non.. Je veux me souvenir...

-Je suis désolé, ajouta-t-il en glissant sa main dans ses cheveux, pressant le visage de Paulo contre son torse.

-Non.., protesta plus faiblement encore ce dernier, dont les yeux se fermaient déjà.

Jack attendit d'entendre une respiration régulière, avant de reposer délicatement la tête de l'adolescent sur l'oreiller. Il repoussa une mèche de cheveux rebelle, et se pencha pour déposer un léger baiser sur son front. Il se releva ensuite, et alla jeter le contenu du verre dans l'évier de la salle de bain. Quelques grammes de retcon avaient suffit à effacer les dernières vingt minutes de la mémoire du garçon. Il avait prévu de le faire dès le départ, mais ne s'était pas attendu à ce que ce soit si douloureux. La conversation avait pris un tour inattendu, se faisant désagréablement personnelle. Le petit avait touché sans le savoir une corde sensible en lui, et effacer sa mémoire avait été une torture.

Jack soupira, se fixant dans le miroir tout en finissant de se rhabiller. Il n'avait pas eu le choix. Ne jamais laisser de trace. Hart l'aurait traité de sentimental pour culpabiliser de cette manière. Il ne pouvait pas se permettre de telles émotions : il devait retrouver Taya, et pour cela, il devait jouer le rôle qu'on attendait de lui. Une enflure sans cœur. Cela n'aurait pas posé problème à son ancien lui d'il y avait encore deux ans, mais à présent..

Secouant la tête, il revint dans la chambre, prêt à partir. Son regard s'attarda sur le corps frêle roulé en boule sous la couverture. Si jeune.. et déjà si mal parti dans la vie. Se mordillant la lèvre, il sortit de sa poche un épais paquet de billets qu'il déposa sur la commode, accompagné d'un petit mot.

 

Je ne peux pas te racheter, mais je peux te donner cela.. Il y en a assez pour payer ton patron et te faire une jolie réserve. Bat-toi, tu mérites mieux que cette vie de merde.

J.

 

C'était tout ce qu'il pouvait faire pour lui. Le choix était celui de Paulo. Taya, par contre.. Il pouvait encore l'empêcher d'être brisée de cette manière. Il lui fallait juste la retrouver.

 


choup37  (26.03.2017 à 19:59)

Chapitre 9

 

Lorsqu'on connaissait le nom de la rue, trouver le bâtiment appartenant à Kosh était chose facile: ce n'est pas comme s'il existait des tonnes d'entrées gardées par une dizaine de molosses (ceux visibles, Jack en comptait une autre dizaine derrière la porte). N'étant guère enclin à attirer l'attention, l'espion décida donc de trouver un autre passage : rajustant la capuche de sa cape, il se fondit dans la foule, lui permettant de remonter tranquillement la large avenue et passer devant l'entrée. Les types étaient tous armés et protégés de gilets pare-balles. Kosh n'était clairement pas un amateur, mais Jack le savait déjà. Il grimaça en repensant à leur dernière rencontre. Ça allait être drôle.

Le jeune homme tourna dans la première ruelle à gauche, avant d'enchainer immédiatement à droite. Il continua ainsi à changer régulièrement de rue pendant plusieurs minutes, afin de s'assurer qu'il n'était pas suivi. Il traça ensuite une large boucle jusqu'à la rue derrière l'entrepôt, qui se révéla comme prévu beaucoup moins gardée. Seulement cinq gardes dans la petite cour adjacente.

Jack sourit du haut de son perchoir : il s'était dissimulé sur le toit de l'immeuble voisin, lui offrant une vue parfaite sur la cour. Plongeant la main dans sa poche, il en ressortit une petite sarbacane, des fléchettes et un tube empli d'un liquide vert. L'ouvrant avec précaution, il en enduisit le bout de ses flèches, avant d'en placer une dans l'arme. Le morceau de métal alla s'enfoncer dans la nuque du type le plus proche, qui s'effondra au sol. Cela provoqua une panique immédiate chez ses camarades, empirée lorsqu'un deuxième homme s'effondra, presque aussitôt suivi par un autre.

-Ouvre la porte ! Vite ! Cria l'un des gardes du corps survivant.

-Quelle magnifique bande de couards vous faites.

Le duo sursauta, avant de se retourner en même temps pour découvrir Jack, entièrement recouvert de sa cape noire, le visage dissimulé par sa capuche. Aucun d'eux ne l'avait entendu sauter du toit de l'immeuble, ce qui, du point de vue de Jack, démontrait leur manque total de compétences. Il roula des yeux en les voyant se redresser et serrer les poings. Si prévisible. Leur manque d'intelligence serait leur mort.

Il ne fut pas surpris de voir le premier type attaquer seul. Tellement stupide. Ils auraient eu plus de chance à deux. Il s'en débarrassa facilement, esquivant son attaque avant de le frapper de sa botte dans le dos, le faisant tomber au sol. Le second garde sembla se réveiller à cet instant, et lui sauta dessus : il alla s'écraser dans le mur, Jack l'ayant attrapé par les épaules pour l'y balancer en se servant de son élan. Un grognement lui indiqua que Débile-1 s'était relevé et se prêtait à l'attaquer de nouveau. Diantre, ce type ne pouvait même pas lui offrir une bonne bagarre ; il ne méritait pas de vivre plus longtemps, et Jack s'en assura en lui tranchant la gorge dès qu'il fut à portée de lame. Il venait de se débarrasser de son collègue de la même manière lorsque la porte qu'ils gardaient s'ouvrit, révélant une dizaines de gardes qui se figèrent devant le spectacle des cadavres, avant de se jeter sur lui en sifflant, furieux.

Ils avaient peut-être l'avantage du nombre, mais Jack les trouva tout aussi ennuyeux que les premiers. Leurs attaques étaient prévisibles, leurs réactions inappropriées, et aucun ne semblait savoir se battre avec une lame correctement. Au moins, ils lui permettaient de se dérouiller, pensa-t-il en brisant une nouvelle nuque, avant d'enfoncer son poignard dans l'avant-bras du plus proche. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas pu se défouler ainsi.

-STOP!

Le cri avait été poussé avec force, figeant les rares survivants sur place. Jack haussa un sourcil en découvrant un nouveau venu à la peau marron zébrée de vert, vêtu d'un ensemble de toile gris. Kosh. Celui-ci s'avança vers Jack, s'arrêtant à une distance prudente.

-Douze de mes meilleurs hommes, murmura-t-il avec irritation. Il va falloir les remplacer.

-Si c'est le mieux que tu puisses trouver, tu me déçois, renifla avec mépris Jack en se redressant. Je croyais me souvenir que tu aimais la qualité.

Le son de sa voix fit frémir Kosh.

-Toi?!

-Hello, Kosh, sourit narquoisement l'humain en retirant sa capuche. Ça fait longtemps.

-Tu es un fou pour revenir ici, siffla le trafiquant. Après ce que tu as fait !

-Pas la meilleure action de ma vie, je l'admets, répliqua sa cible en haussant les épaules avec nonchalance.

-Donne-moi une seule raison pour ne pas te tuer sur place, grogna le criminel.

Jack haussa un sourcil. Tout ce que Kosh vit fut un mouvement vif, mais la seconde d'après, le son d'une nouvelle nuque brisée résonnait, et un autre cadavre tombait sur le sol ensanglanté de la cour, à plusieurs mètres de l'endroit où se tenait originellement Jack.

-Je peux t'en donner treize, répliqua celui-ci avec froideur en plongeant ses mains immaculées dans ses poches. On peut continuer ça longtemps ou bien on passe à la partie suivante. À toi de voir.

Ils se défièrent du regard de longues secondes, chacun refusant de lâcher le premier. Finalement, un fin sourire apparut sur les lèvres de Kosh.

-Toujours le même. Tueur et orgueilleux.

-Tu aimais cela, si je me souviens bien, renifla Jack, s'attirant un rire.

-Allons discuter à l'intérieur. Tu m'expliqueras ce que tu fous ici.

 

***

 

- Ta chambre, vraiment ? Tu n'as qu'à demander, tu sais, ironisa Jack en entrant dans la pièce.

-C'est l'endroit le plus sûr que je connaisse, répliqua Kosh en refermant la porte gardée par deux hommes. Et c'est approprié vu le type de conversation à venir.

Jack n'eut même pas une seconde pour comprendre ce qu'il se passait : il se retrouva bloqué contre un mur, le visage pressé contre la surface de bois, ses poignets coincés dans une prise de fer alors que quelque chose de glacé et métallique était pressé contre son cou.

-Tu pensais vraiment pouvoir revenir ici et t'en sortir intact? Après m'avoir volé? Après m'avoir menti ?

L'humain ne répondit pas ; il baissa simplement la tête, montrant un peu plus sa nuque.

-Qu'est-ce que tu fous là, Yeux-bleus? Pourquoi tu es revenu quand tu sais que ta tête est mise à prix?

-Justement parce qu'elle l'est, murmura-t-il.

-Développe.

Jack ferma les yeux. Il allait devoir révéler quelques informations réelles pour apaiser le criminel.

Je ne suis plus l'un d'entre eux.. Ils m'ont menti.. Volé comme personne ne l'a jamais fait. Il expira -difficilement, avant d'ajouter : Ils m'ont effacé deux ans de souvenirs. Je ne sais pas pourquoi. Je me suis réveillé un matin et.. il me manquait deux ans.

Un sifflement.

-Alors c'est toi.. L'ex-Agent du temps en fuite, le renégat dont tout le monde veut la tête.

Jack eut un rire sans joie.

-Ça n'a pas aidé pour la discrétion, je peux te l'assurer.

-Qu'est-ce qui te prouve que je ne vais pas te balancer pour la prime ?

-Rien … sauf le fait que tu détestes l'Agence autant que moi.

-J'aime aussi l'argent.

-Le Kosh que je connaissais n'aurait jamais touché à celui de pourritures pareilles.

-Dixit le menteur et manipulateur.

-Je faisais mon job.. mais ça ne veut pas dire que je n'ai pas aimé nos moments ensemble.

La pression sur ses poignets augmenta, en même temps que la sensation de métal froid s'intensifiait sur sa nuque. Il grogna en se sentant retourné et de nouveau plaqué contre le mur, ses mains toujours maintenues dans un étau, à présent par dessus sa tête.

-Je devrais te tuer, siffla Kosh en caressant sa joue de son arme.

Jack le fixa sans rien dire, son cœur battant la chamade. Il gémit lorsque la bouche du trafiquant s'écrasa sans prévenir sur la sienne, sa langue cherchant l'entrée avec brutalité. Le baiser fut rude et violent, laissant le jeune homme le souffle court et les lèvres en sang.

-Kosh...

Celui-ci esquissa un sourire froid, le canon de son pistolet descendant le long de son torse et s'arrêtant sur son foie. L'humain tint son regard sans se démonter, sachant qu'il était testé: la question n'était pas s'il était en danger, il l'était assurément. Revenir ici était un danger mortel depuis le départ. Ce n'était pas non plus de savoir s'il pouvait se libérer, tous deux étaient conscients qu'ils étaient de force égale. L'issue d'un combat entre eux demeurait incertaine. Non, il s'agissait pour Kosh de montrer qu'il était celui qui contrôlait la situation. Jack avait beau être puissant, il n'était pas de taille face à la maison entière. Kosh le lui rappelait de sa manière malsaine.

Le trafiquant dut apprécier sa réaction, car il abaissa lentement son arme, la rangeant dans sa ceinture, avant de caresser lentement les traits de son prisonnier. Il s'attarda sur sa bouche, passant lentement son doigt dessus. Un grognement lui échappa lorsque la langue de Jack vint lécher ce dernier, le noir de ses pupilles s'étendant rapidement.

-Fuck, Yeux-bleus..., siffla-t-il avant de s'emparer une nouvelle fois de sa bouche, sa main gauche agrippant ses cheveux alors que la droite saisissait sa hanche.

Les bras de Jack s'enroulèrent instinctivement autour de sa taille, le pressant contre lui en même temps qu'il lui répondait avec passion. L'échange se fit rapidement féroce, chacun cherchant à dominer l'autre. Jack enfonça ses ongles dans le dos de Kosh, le labourant sauvagement en même temps qu'il mordait sa langue. L'alien siffla, et tira brutalement en arrière ses cheveux, dévoilant sa gorge dans laquelle il enfonça ses dents, faisant pousser un râle de plaisir à son partenaire qui ferma les yeux. Il se laissa être poussé jusqu'au lit, y tombant sans protester alors que Kosh s'installait par dessus lui, ses yeux brillant d'une faim intense.

 

***

 

-Pourquoi es-tu vraiment là ?

Jack roula des yeux depuis le torse de Kosh sur lequel il avait posé sa tête. Son amant avait passé un bras autour de lui, caressant de ses longs doigts les marques qu'il avait laissées sur son dos.

-Est-ce qu'on doit vraiment parler de ça maintenant ?

-Je viens de coucher avec le bâtard qui m'a manipulé et volé devant tous mes hommes. Je pense que c'est un moment adapté.

-Toujours aussi romantique.

Un petit rire se fit entendre, faisant résonner la poitrine sous son oreille.

-Je ne connais même pas ton vrai nom. Tu parles d'un romantisme.

-J'aurai pu essayer de te tuer pendant que cette talentueuse bouche qu'est la tienne me suçait. Ça, ça aurait vraiment tué l'ambiance.

Il sourit lorsque Kosh inversa leurs positions, le faisant retomber sur le matelas, son visage à quelques centimètres du sien.

-Tu étais bien trop occupé à gémir mon prénom, susurra le criminel en laissant trainer ses doigts sur sa gorge, faisant frémir de plaisir Jack.

-N'importe quoi pour entretenir ton ego, souffla l'humain avant de lécher ses lèvres, s'attirant un grognement.

-Mauvais garçon.. Tu as besoin d'une leçon..

-Tu serais trop heureux de me la fournir, roucoula Jack en le fixant de son regard mutin.

-Ce serait avec plaisir, sourit son dangereux compagnon, si j'étais certain que tu n'allais pas m'enfoncer ta dague dans mon dos.

Cela eut le mérite de faire disparaître le sourire du plus jeune qui poussa un soupir, et se redressa sur un coude.

-J'ai besoin de me cacher quelques temps. Me faire oublier. C'est tout. Ce trou à rats est le meilleur endroit pour ça, et je préfère être chez toi que dans n'importe quelle auberge.

-Parce que tu as toute confiance en moi, ironisa Kosh.

-Parce que ton niveau de sécurité est le plus élevé de la ville, rectifia le jeune homme en le fixant dans les yeux.

-Tu en sais quelque chose, tu as mis des semaines à le briser, répliqua Kosh.

-Vexé, hein ? sourit l'ancien Agent. Si tu savais tous les soucis que j'ai eus pour désactiver tes alarmes.

-C'est comme ça que tu comptes gagner mon accord ?

-Non. Je vais le gagner en consommant.

Le trafiquant haussa un sourcil.

-Je veux des femelles, répliqua froidement Jack en s'asseyant. Jeunes. Télépathes. Exotiques. Je vais rester planqué ici longtemps, alors je compte bien m'amuser.

Un léger sourire apparut sur les lèvres du vendeur.

-Ça, c'est un argument.

-Vois ça comme un cadeau pour me faire pardonner l'arrivée agressive, murmura son amant avant de l'embrasser.

-Huuum … Cadeau accepté.. Je vais t'en fournir pour le reste de la matinée, comme essai gratuit. J'ai quelques affaires à gérer jusqu'à ce midi, mais je peux t'emmener visiter mes lots après le repas.

-Parfait, sourit Jack. J'ai hâte de voir ce que tu as à me proposer. Ta réputation dans le quadrant est impressionnante.

-Oh, elle n'est pas usurpée, crois-moi.. Tu trouveras ce que tu voudras.

 


choup37  (27.03.2017 à 10:57)

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