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La mort et moi

Série : Bones
Création : 22.04.2009 à 10h26
Auteur : ELECTRA 
Statut : Abandonnée

« Booth et Brennan sont victimes d'une explosion... » ELECTRA 

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LA MORT ET MOI...

Bonjour à toutes et à tous. Voici une nouvelle fic de Bones. Dites-moi si le sujet vous emballe. Si c'est le cas, je continuerai. Dans le cas contraire...

N'ajoutez pas de paragraphe. Cette histoire est terminée, je la complèterai au fur et à mesure avec les chapitres.

Je vous souhaite bonne lecture et attends vos commentaires avec impatience. N'hésitez pas à vous lâcher ! Merci.

Disclaimer : Bones et ses personnages ne m'appartiennent pas. Je n'en tire aucun profit.

Chapitre 1

J'ouvre les yeux. Noir. Une nouvelle fois, je cligne des yeux, mais toujours noir. Pourtant, j'entends des bruits autour de moi, des gens qui bougent, des bruits de voix, comme si la journée était déjà commencée depuis longtemps. Je sens même comme une sensation de chaleur sur mon bras droit. Comme si un rayon de soleil me frappait la peau. Mais autour de moi, c'est toujours noir. Je dois être dans une chambre d'hôpital. Je reconnais l'odeur des médicaments et de la pièce aseptisée. Je hais les hôpitaux. Une perfusion dans ma main. Je sens le cathéter. Il me fait mal. Le bip bip d'une machine, juste à côté de ma tête.

Et puis la douleur.

Une intolérable douleur dans ma tête. Dans toute ma tête. Ça tape. Ça cogne. Ça fait mal. Ça me fait horriblement mal. Je pousse un gémissement de douleur et mes mains viennent d'elle-mêmes serrer mes tempes. J'appuie sur les deux côtés de ma tête, dans l'espoir vif de faire partir cette douleur.

Mais rien à faire, elle reste là, à me transpercer le crâne.

Et puis soudain, le sursaut. Je fais un bond dans mon lit et la réalité vient se faire réelle à moi.

L'explosion. La déflagration. Le bruit. Juste derrière moi. Juste derrière nous.

Des larmes, que je ne peux retenir, montent dans mes yeux et coulent sur mes joues. J'ai beau tourner la tête dans tous les sens, je ne perçois rien, juste du noir. Une obscurité d'encre. Mes mains viennent frotter mes yeux dans l'espoir de les nettoyer de cette noirceur. Quand je les rouvre, toujours cette noirceur.

Alors, je comprends.

Je suis aveugle. Et je me souviens. De tout.

J'étais en week-end quand c'est arrivé. Avec Booth. Je me souviens de ce qu'il portait ce jour-là : un pantalon bleu marine, un pull assorti et des tennis bleues. Et moi, j'étais en jeans, avec un col roulé blanc. Et des chaussures blanches toutes propres.

Au fur et à mesure que je me souviens, mon cœur s'affole et ma respiration se met à dérailler.

Ce matin-là, nous avions décidé d'aller à la banque pour réapprovisionner nos portefeuilles. Je n'arrive pas à me rappeler du sac que je portais ce jour-là. Était-ce le noir en cuir ou le sac à dos bariolé ? C'est le genre de détails qui me rend folle. Tout ce que j'ai vu et n'ai pas retenu ! Et maintenant, j'ai tellement besoin d'images.

Bref, nous sommes arrivés devant la banque et j'ai poussé la porte vitrée. Et puis ça s'est produit. L'explosion. Une voiture piégée à 10 mètres de nous. Il y a d'abord eu le bruit, la déflagration, énorme, et en même temps l'impression d'être jetée dans une fournaise. Booth m'a agrippé le bras, m'a jetée à terre. Nous étions pris dans un tourbillon de métal et de verre. Je voyais la voiture en train d'exploser, j'entendais les cris, mais je ne comprenais pas, non, je ne comprenais pas que ça se passait vraiment, que ça m'arrivait à moi, Temperance Brennan. Les gens hurlaient. J'ai vu un éclat de métal frapper la tête de Booth, et du sang - ai-je compris que c'était du sang ? - qui jaillissait. J'ai hurlé moi aussi. A mon tour, quelque chose m'a frappé à la tête. J'ai fermé les yeux.

Aujourd'hui, je les rouvre. Et je ne vois plus rien.

Et je panique. Affolée, je tâtonne autour de moi, à la recherche de la sonnette d'appel. L'infirmière. Il faut que je voie l'infirmière. Vite.

Alors que je cherche à me lever, trouvant l'arrivée de l'infirmière trop longue, j'entends quelqu'un entrer en trombe et se mettre à me crier dessus. Une voix de femme. L'infirmière, sûrement.

- Mlle Brennan, vous êtes réveillée ? Oh, seigneur ! C'est un miracle ! Non, vous ne devez pas vous lever ! s'écrie-t-elle alors que je sens ses mains se poser sur mes épaules et me pousser fermement en arrière pour me recoucher.

- Qu'est-ce qui m'est arrivée ? je lui crie dans les oreilles alors que je tente de résister à sa poussée. Je ne vois plus clair ! Je suis aveugle ! Qu'est-ce qui se passe ?

- Allons, calmez-vous, s'il vous plaît ! Vous ne devez pas vous agiter, vous êtes encore très faible. S'il vous plaît, faites ce que je vous demande ! Je vais aller chercher le médecin. Calmez-vous !

- Où est mon partenaire ? Je veux savoir où est mon partenaire ! Il a été blessé, lui aussi !

L'infirmière ne répond pas et je sens ses mains reculer légèrement. Puis elles reviennent, encore plus fermement pour me rallonger sur le matelas.

- Allongez-vous, je reviens tout de suite !

- NON ! Où est Booth ? je hurle tandis que je me débats de plus belle.

- Venez m'aider ! crie l'infirmière. Je ne peux pas la tenir toute seule !

J'entends un bruit de galopades, puis d'autres mains se posent sur moi, d'autres voix, des hommes, me disent de me tenir tranquille, des mains qui me forcent à m'allonger et me maintiennent sur le lit, puis la sensation d'une aiguille dans mon bras et je me sens soudain vide, si vide... mes forces m'abandonnent et mes yeux se ferment malgré moi.

----------

Il pleut. Une grosse pluie épaisse, qui martèle les vitres. J'entends les rafales de vent secouer les portes et les fenêtres. A nouveau, j'ouvre les yeux et je ne vois toujours rien. Je suis calme. Je suis allongée dans un lit et j'ai froid.

Et puis je sens une présence à côté de moi, à côté du lit. Quelqu'un respire calmement. J'entends des bruissements de pages. Quelqu'un lit un livre ou un magazine, là, juste à côté de moi. Je tends une main et à tâtons, je cherche.

Ma main se pose sur une jambe. Et cette jambe sursaute sous ma main.

- Ma chérie, tu es réveillée ?

Une voix de femme. Celle d'Angela. Je la reconnaîtrais entre mille.

- Ange, c'est toi ?

C'est ma voix, ça ? Cette voix éraillée, rauque, comme si j'avais crié ou chanté toute une nuit, c'est la mienne ?

- Oui, ma belle, c'est moi.

Elle pleure. Angela pleure.

- Pourquoi tu pleures, Angela ?

Toujours cette voix rauque. J'ai soif.

- Parce que tu es revenue. Je n'y croyais plus. On n'y croyait plus.

- Pourquoi je ne serais pas revenue ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Ange, je ne vois plus rien... Je crois que je suis aveugle.

J'entends ma meilleure amie renifler et des sanglots la secouer. Instinctivement, ma main remonte vers son visage, vers ses joues où je sens couler des larmes.

- Ne pleure pas... Dis-moi la vérité, Ange, qu'est-ce qui m'arrive ? J'ai tellement mal à la tête, mon corps me fait mal, j'ai mal partout. Qu'est-ce qui s'est passé ? Et Booth, où est-il ? Comment va-t-il ? Je l'ai vu tomber, je l'ai vu saigner...

Je l'abreuve de questions, mais il faut que je sache. Il faut que je sache ce qui s'est réellement passé, compléter mes souvenirs vagues, et surtout si Booth s'en est tiré.

Mon Dieu, Booth...

- Ma chérie, dit Angela en posant une main fraîche sur la mienne qui est brûlante, tu as été victime d'un attentat à la voiture piégée.

J'avale ma salive. Oui, donc c'est bien ça, je n'ai pas rêvé, une bombe a bien explosé à côté de moi, à côté de Booth et de moi.

- Et Booth ? je demande en tentant de me redresser dans le lit.

Angela ne tente pas de m'aider, elle sait très bien que je préfère me débrouiller seule. Même maintenant. Même aveugle.

- Brennan, tu es restée dans le coma deux mois.

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A suivre...


ELECTRA  (22.04.2009 à 11:29)

Merci pour vos reviews qui m'ont fait très plaisir.

Voici le chapitre 2. J'espère que ça va continuer à vous plaire. Dites-le moi.

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Chapitre 2

Une seconde bombe ne m’aurait pas fait autant d’effet que celle qu’Angela vient de lâcher.

- Quoi ? Qu’est-ce que tu viens de dire ?

Je cherche ses mains et elle les prend aussitôt.

- D’après les médecins, un éclat de métal de la voiture a percuté ta tête avec une force incroyable et a provoqué ton coma et ta cécité. Ma chérie, les médecins t’expliqueront bien mieux que moi. Je ne...

- Et Seeley ? je l'interromps, mortellement angoissée à l'idée de sa possible mort. Je l’ai vu tomber, sa tête saignait… il saignait tellement…

Flash de la scène où je vois mon partenaire tomber au ralenti, le visage en sang, une main sur la tête…

Angela serre mes mains dans une étreinte qui se veut rassurante.

- Ne t’inquiète pas pour Booth, il va bien. Il va mieux.

Je pousse un énorme soupir de soulagement et je sens que je recommence à respirer. Sans m'en rendre compte, mon cœur et ma respiration s'étaient arrêtés de fonctionner, dans l'attente d'une terrible nouvelle. Je sens mes yeux qui se mouillent. Des larmes.

- Lui aussi est resté quelques jours dans le coma, continue-t-elle, mais bien moins longtemps que toi. Il a la tête dure, tu sais. Oh, il a porté un gros pansement sur la tête plusieurs jours qui le faisait ressembler à un sultan, tu aurais dû le voir, c’était à mourir de rire ! dit-elle en riant.

Puis son rire se fane brutalement.

- Désolée, ma chérie, je… je suis désolée…

- Ce n’est rien, Ange, ne t’inquiète pas... Je suis si heureuse que Seeley aille bien. C'est tout ce qui compte pour moi. S'il était...

- Chut, ma chérie... Relaxe-toi. Il va passer te voir, les médecins l’ont appelé pour lui dire que tu étais sortie du coma. Comme nous étions tous ensembles… tu sais, on travaillait à l’Institut… on a appris la bonne nouvelle en même temps que lui. Tu aurais dû le voir. Son visage quand il a su que tu étais réveillée. Son sourire et ses yeux qui brillaient…

- Mon réveil…

- … a été très agité, nous a dit l’infirmière. Tu étais totalement paniquée, ils ont dû te faire une piqûre de calmant pour te replonger dans un sommeil artificiel tellement tu t’agitais.

- J’ai paniqué, Angela, je ne voyais plus rien… J’ai eu peur…

- Je comprends, ma chérie. Quelqu’un d’autre que toi aurait réagi de la même façon.

- J'ai toujours peur... Ma vie est foutue. Ma carrière est foutue.

Je sens la main d’Angela qui serre la mienne plus fort.

- Non, ma chérie, non. Le médecin a dit que ta vue reviendrait un jour.

- Quand ? je demande avec une petite lueur d'espoir.

- Il ne sait pas encore, mais je t’en prie, ne me pose plus de questions, il te répondra, lui.

Tiens, la petite lueur vient de s'éteindre...

- Je veux sortir d’ici.

- Quoi ? Mais t’es folle, Brennan ! Tu viens de te réveiller après deux mois de coma et tu veux déjà sortir de l’hôpital ?

- Je veux sortir, je me sens bien, je veux…

Je repousse les draps et tente une sortie de mon lit, mes jambes sont déjà dans le vide, assise, les mains au bord du matelas. La tête me tourne et j'ai un hoquet qui se termine par une grosse nausée. J'ai l'estomac au bord des lèvres.

- Waoh waoh, qu’est-ce que je vois là ? Tu veux déjà te sauver, Bones ?

Seeley. C’est la voix de Seeley. Il vient d’entrer dans ma chambre et mon cœur s’emballe. Mes mains tremblent.

- Ne m’appelle pas Bones… Seeley…

Ma voix tremble aussi. Je me redresse tant bien que mal sur le bord du lit et je tends mes bras en avant, je le cherche à tâtons. Et je le trouve. Je trouve ses mains, je trouve ses bras et je m’y engouffre avec délice. C’est si bon de le sentir, là, tout près, vivant. Vivant et chaud.

- Tempérance…

Sa voix à lui tremble aussi. Son corps tremble contre le mien et le mien s’ajoute à ses tremblements. Nous tremblons tous les deux. Je savoure sa chaleur et sa présence, m’en gave, me drogue avec. Je le respire, je l’aspire. Je vais faire une overdose de Seeley.

- J’ai eu si peur de te perdre…, murmure-t-il à mon oreille. Tu m’es revenue, enfin…

Et puis, tout simplement, tout naturellement, nos lèvres se joignent dans un profond baiser.

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A suivre...

 


ELECTRA  (23.04.2009 à 21:42)

Une nouvelle fois, merci pour vos sympathiques commentaires. Continuez à me dire si la suite vous plaît.

Voici le chapitre 3.

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Chapitre

Il pleut toujours. Toujours cette pluie qui martèle sans cesse les vitres. Et les rafales de vent sont toujours là, à secouer portes et fenêtres. Je suis installée dans le fauteuil de la chambre, je serre les accoudoirs, raide comme un piquet.

Une infirmière, elle s'appelle Kathy, s'affaire autour de moi. C'est pour ainsi dire mon infirmière personnelle. Elle était entrée dans ma chambre, le lendemain matin suivant mon réveil, en m'annonçant que c'était elle qui allait s'occuper de moi, me remettre d'aplomb, et que rien que je dirais, supplierai ou ferai, ne la ferait plier. J'avais commencé à ouvrir la bouche pour lui dire ma façon de penser, quand je l'avais senti s'approcher de moi à toute allure, posant ses mains sur les accoudoirs du fauteuil où j'étais installée :

- Jolie mademoiselle Brennan, anthropologue, docteur en je ne sais quoi, à l'institut Jefferson, c'est peut-être vous qui commandez, mais ICI, c'est moi, avait-elle dit. C'est bien compris ?

De stupeur, j'avais refermé ma bouche.

Elle a du caractère, mais moi aussi. Entre nous, ça fait des étincelles car elle me donne des ordres. Et moi j'aime pas qu'on me donne des ordres.

Elle ferme les volets et les rideaux. Ensuite, elle va m'apporter mon repas, mais je n'y toucherai pas, je n'ai pas faim. Elle insistera. Elle se mettra en colère. Comme tous les soirs. Elle me dira :

- Allons, Mlle Brennan, ne soyez pas stupide, il faut manger pour reprendre des forces.

Conneries. Les seules forces dont je dispose sont celles qui maintiennent en état mon organisme interne. Pour le reste, je ne peux pratiquement plus me déplacer toute seule. Je suis ce qu'on appelle communément une aveugle. Interruption de l'image, toutes les émissions sont suspendues pour le moment. Je suis aveugle. En clair : plus bonne à rien.

Kathy revient, j'entends ses pas.

- C'est l'heure du dîner ! crie-t-elle joyeusement.

Je la hais. Comme si j'avais envie de me nourrir.

Ça fait une semaine que je suis sortie du coma et mes repas à l'hôpital consistent en des gestes mécaniques. Je n'ai pas faim. Je ne vois pas ce que je fais, alors, quelques fois, si la cuillère est trop pleine, j'en fous partout. Sur mon menton, sur mes mains, sur mes genoux.

Souvent, je me demande si je n'aurais pas mieux fait de mourir ce jour-là et les larmes me montent aux yeux.

Je me demande s'il fait nuit. Nous sommes fin mai. Je ne me souviens pas à quelle heure tombe la nuit en cette saison. Je demanderai à Angela. Ou à Seeley.

Je repense sans cesse à ce jour où Booth et moi avons failli mourir. Et je me dis qu'il y avait sûrement un ange qui veillait sur nous, ce jour-là. Que ce n'était pas notre jour d'être séparés.

J'ai mis toute la semaine à comprendre que ma situation n'était, d'après les médecins, que provisoire. Qu'un beau matin, j'allais rouvrir les yeux et pouvoir reprendre une activité normale. Une vie normale. C'est en les entendant discuter entre eux que j'ai compris que mon cas était encore grave. Je ne voulais pas le croire. Et pourtant...

J'ai passé des tonnes d'examens pour mes yeux. Résultat : nerf optique intact, juste une grosse commotion qui m'empêche de voir. Ma vue peut revenir demain, dans une semaine, un mois, une année... Dieu seul le sait.

Et voilà. Je faisais du sport, j'avais un métier génial que j'adorais, qui me prenait tout mon temps, j'aimais le soleil, j'écrivais des best-sellers, je voyageais... Et maintenant, je suis dans le noir, j'ai perdu mon autonomie, je suis enfermée en moi-même, seule, et je prie tous les jours pour mourir complètement.

Non. Arrête de déconner, Brennan. Tu n'es pas toute seule. Tu as tes amis. Angela, Jack, Zack, Camille. Et Seeley.

Non. Seeley est plus qu'un ami.

Kathy m'engueule. Le plateau est posé devant moi et l'odeur de la nourriture me soulève le cœur. Malgré tout, je tente d'avaler une bouchée, mais impossible. Ça passe pas. Ça reste bloqué, là, dans ma gorge.

Depuis que j'ai repris conscience, je canalise toute ma volonté à distinguer une lueur, une petite lumière, un signe qui me fasse croire au miracle. Mon médecin dit que je dois faire fonctionner mes yeux, dans tous les sens, les forcer à bouger, à cligner. Je dois même pleurer pour les humidifier.

Ça, j'y arrive facilement. Malheureusement.

Durant toute cette longue semaine, j'ai réappris à marcher avec l'aide d'un kiné. Mes muscles étaient atrophiés par cette longue immobilisation au lit. Il m'a appris à me déplacer en m'aidant avec les murs et les objets autour de moi, en faisant glisser mes mains partout, à ressentir le moindre contact, le moindre objet, apprendre à m'en servir pour avancer, pour progresser. Bien sûr, je butte dans tout. Alors, j'ai encore envie de pleurer, j'ai encore envie de mourir.

Je pleure. Je ris. Seeley me fait rire, il me fait pleurer aussi. Quand il parle de nous deux. Quand il fait ça, j'ai envie de l'embrasser, ou de le gifler. J'ai envie de hurler parce que je ne peux plus voir son sourire charmeur. Mais j'ai appris à le deviner, à le sentir avec mes doigts quand je les passe lentement sur ses lèvres.

Le dîner est fini. Kathy retire le plateau. Il est quasiment intact. Je l'entends soupirer et je détourne la tête en pinçant les lèvres. A quoi s'attendait-elle, ce soir ?

- Vous voulez un peu la télé, Mlle Brennan ? me demande-t-elle.

Pourquoi faire ? Je ne vois rien ! Crétine !

- Vous entendrez les infos, me dit-elle en allumant la télé, sans attendre ma réponse.

Sirènes, cris, commentaires. Voix surexcitée d'un journaliste.

Pourquoi est-ce que nous nous sommes retrouvés devant cette foutue banque ?

Par ta faute, Brennan.

Je me souviens fort bien que ce matin-là, Seeley avait voulu se rendre dans une gigantesque boutique de jouets pour acheter un cadeau à Parker. J'étais d'accord, mais j'avais insisté pour passer à la banque avant. Je voulais, moi aussi, offrir un beau cadeau à l'enfant.

Et voilà le résultat.

Un petit garçon avait failli perdre son père et moi, j'avais perdu la vue.

J'entends quelqu'un entrer dans la chambre et je tourne la tête dans la direction. Je sais que c'est Seeley. Il vient tous les soirs pratiquement à la même heure. Ponctuel, mon bel agent du FBI. Je ne sais pas comment il y arrive.

Il a toujours quelque chose à m'offrir. Des fleurs. Des chocolats. Nous les dégustons ensemble, il m'apprend à les reconnaître au goût. Curieusement, c'est la seule chose que je peux avaler.

Et pourtant, certains soirs passés, quand la déprime et le ras le bol étaient là et bien là, ancrés dans mon crâne et mon corps, je me suis montré odieuse avec lui, l'accueillant avec froideur. Je lui en veux de pouvoir me voir, de pouvoir voir tout ce qui l'entoure, tout ce qui nous entoure.

Je m'en veux de ne pouvoir le voir.

D'autres soirs, dès qu'il entrait dans la chambre, apportant avec lui une bouffée d'air frais et d'eau de toilette boisée, et qu'il s'asseyait sur le bord de mon lit, je me précipitais dans ses bras pour un gros câlin. Alors, sans dire un mot, il me serrait si fort contre lui que plus rien d'autre n'existait que lui, que nous deux. Nous ne parlions pas, tout était dit et ressenti.

C'est grâce à ces instants-là que je n'ai pas tenté d'en finir avec cette vie anéantie.

- Mr. Booth ! s'écrie Kathy. Vous arrivez à point : votre amie ne veut encore rien manger ce soir. Faites-lui un peu la morale ! Moi, je n'y arrive plus ! Peut-être que vous, elle vous écoutera ! Faites-lui bien comprendre que s'il elle ne se décide pas à manger, plus tard elle quittera l'hôpital et plus tard, elle sera chez elle ! C'est une vraie tête de linotte !

Si je pouvais, je lui lancerai un regard meurtrier.

- Oh, ça, je le sais ! répond Seeley. Je supporte son sale caractère depuis 3 ans !

Il se trouve près de moi et d'instinct, je trouve son bras et je lui donne un coup de poing.

- Aïe ! Hé, mais ça fait mal !

Puis je l'entends rire et je me retrouve aussitôt dans ses bras. Il me serre fort et je lui rends son étreinte. Seeley est magique. Dès que je suis contre lui et que je sens son torse contre ma poitrine, je me sens apaisée, toutes mes peurs et mes craintes s'envolent. Et je me sens tout de suite plus forte. Plus forte pour affronter ma nouvelle situation. Dans ces moments-là, je n'ai plus envie de mourir.

Kathy sort de la chambre et je l'entends refermer la porte.

- Tempérance, tu veux me faire plaisir ? dit Seeley contre ma joue.

- Quoi ?

- Tu veux rentrer chez toi, n'est-ce pas ? Tu veux quitter cet hôpital ?

- Oui, bien sûr que oui, tu le sais.

- Alors, fais-moi le plaisir de manger. Tu as déjà maigri. Ils ne te laisseront jamais sortir si tu ne te reprends pas. Il faut que tu manges.

- Je n'ai pas faim et, en plus, la nourriture est infecte, ici. Comment veux-tu que j'ai envie de manger ?

- Si je t'apporte des petites choses que tu aimes bien, tu les mangeras ?

- Comme quoi ? dis-je en me redressant, soudain légèrement intéressée.

Seeley sait bien ce qui me fait plaisir.

- Un bon repas thaï.

- Tu pourrais faire ça ? Tu crois que Kathy te laisserait faire ?

- Si tu me promets de manger ce repas, je suis capable de franchir toutes les frontières imposées par ton chien de garde.

- Kathy n'est pas un chien, c'est une....

- Bones, c'est une façon de parler. Alors ?

Je ferme les yeux et tente de m'imaginer attablée devant un repas thaï parfumé. Et à ma grande surprise, mon estomac se met à gargouiller. Oui, j'ai faim. En fait, mon corps meurt de faim, mais c'est mon esprit en berne qui me crie le contraire.

- Oui, je te promets, Seeley. Je te promets de manger ton repas.

Je sais qu'il sourit et qu'il me fixe de ses beaux yeux noisette.

- Très bien. Alors demain soir, prépare-toi à te faire exploser l'estomac.

Je ris. Je remonte mes mains vers son visage et je caresse sa joue.

- Merci d'être là, Seeley. Merci de m'aider à surmonter ça. Sans toi, je...

- Arrête de dire des bêtises, tu veux bien ? Je sais très bien que tu es forte, je n'ai jamais douté de ça. Et je sais très bien que tu vas t'en sortir. Je veux retrouver la Bones que je connais et avec qui je travaille depuis trois ans. Celle qui va de l'avant, que rien n'abat, même les plus mauvais coups du sort. Je t'admire pour ça, c'est toi aussi qui m'aide à continuer ce que je fais. Alors, je t'en prie, bats-toi. Pour toi. Pour nous. Pour tes amis. Pour tes fans.

- Seeley, je...

- J'ai besoin de toi, Tempérance. Pense à nous deux, à notre avenir.

Notre avenir. Oui. Notre avenir. Mon cœur manque un battement quand je me souviens brusquement : Seeley et moi sommes fiancés.

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A suivre...


ELECTRA  (25.04.2009 à 17:44)

Merci mille fois pour toutes vos commentaires qui sont très motivants. Voici donc un nouveau chapitre, le 4.

Bien sûr, n'hésitez pas et continuez à me laisser vos petits commentaires, je suis toujours ravie de les découvrir. Bonne lecture.

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Chapitre 4

Le lendemain soir, après un fabuleux repas thaï que j'ai littéralement dévoré, Seeley m'emmène doucement, serrée contre lui, jusqu'à un banc près d'une fontaine, dans le parc de l'hôpital. J'entends le glouglou de l'eau qui ruisselle. Le temps est doux, il ne pleut plus, il n'y a plus de vent. C'est ma première sortie depuis mon réveil et je respire l'air frais avec délice. Le soleil est encore là, je le sens sur mon visage. J'entends le chant des oiseaux, je sens l'odeur de l'herbe fraîchement coupée.

Je me sens mieux, plus stable sur mes jambes, j'ai plus plus d'énergie. Le repas apporté par Seeley m'a vraiment requinquée et m'a remonté le moral. Pour la première fois depuis des jours, je commence à entrevoir ma nouvelle vie sous un autre angle. De toute façon, je n'ai pas trop le choix.

Seeley m'a prêté une de ses paires de lunettes noires. Il prétend que le soleil pourrait me blesser les yeux. Moi, je crois que ce n'est pas pour effrayer les gens avec mon regard fixe.

Me blesser les yeux. Pour ce qu'ils servent !

Quelques fois, je me dis que, une des choses qui me manquent le plus, en dehors de voir Seeley, c'est de ne pas pouvoir me regarder dans un miroir. C'est futile, c'est vrai, mais est-ce que je suis toujours jolie ? Est-ce que je suis bien coiffée ?

- Tempérance, je vais nous chercher des cafés. Attends-moi ici, ne bouge surtout pas.

- Ça risque pas, je siffle entre mes dents.

Il rit et pose un baiser sur mes lèvres.

- Je t'adore. Je reviens tout de suite.

Je l'entends s'éloigner et soudain, je me sens seule et abandonnée.

Non. Il faut que je surmonte ça. Je sors de l'hôpital à la fin de la semaine et je vais être obligée de réapprendre à vivre autrement. Seule. Alors, commence maintenant, Tempérance. Prends sur toi et assume.

La mort n'a pas voulu de moi.

Ça fait du bien, je m'engueule toute seule. Instinctivement, je sens que je sers les poings, décidée à me battre et surtout à y arriver. Comme une grande.

Tout à l'heure, quand nous remontrons dans ma chambre, il faut que je parle à Seeley. De nous. De notre mariage. Aussitôt, je sens des larmes mouiller mes yeux. Ça tombe bien, ils en ont toujours besoin.

Tempérance, arrête de te voiler la face. Ça ne t'aidera pas. Ne recommence pas à t'apitoyer sur toi-même.

Soudain, je ne sens plus le soleil sur mon visage, juste de la fraîcheur, comme si une ombre était venue s'interposer entre moi et lui. Je distingue un bruit de pas et une respiration.

- Seeley, c'est toi ?

Pas de réponse. Je sens des frissons parcourir mes bras.

- Seeley ? Si c'est toi, arrête de faire ça, c'est pas drôle.

Quelque chose touche mon bras. Des doigts glacés et moites à la fois.

J'ai horreur de ce genre de blagues. Toujours pas de réponse. La respiration s'accélère un peu et je sens comme une odeur de sueur.

Je m'agite sur mon banc. Je déteste les farces, surtout dans ma situation. Ça ne me fait pas rire, ça m'angoisse. Alors je me lève, me tenant d'une main contre le rebord du banc tandis que je tends l'autre devant moi, à tâtons, à la recherche de l'inconnu. Je fais un pas en avant.

- Tempérance, qu'est-ce que tu fais ?

La voix de Seeley qui crie, tout près de moi. Il pose une main sur mon bras pour m'arrêter. Mon cœur bat à cent à l'heure.

- Mais où est-ce que tu vas comme ça ? s'exclame-t-il. Je t'avais dit de ne pas bouger.

- Seeley... il y a quelqu'un...

- Quoi ?

- Il y a quelqu'un tout près, ça m'a touché le bras.

Silence. Je devine que Seeley regarde autour de lui.

- Il n'y a personne près de toi... tu es toute seule.

- Non ! Il y avait quelqu'un, une présence, ça... ça sentait la sueur et ça respirait difficilement. Je ne suis pas folle !

- Je t'assure qu'il n'y a personne. Relaxe-toi, tu as dû t'assoupir et tu as fait un cauchemar. Tu es toute pâle. Tiens, prends-ton café. Attention, il est très chaud !

Il m'aide à me rasseoir sur le banc et me glisse doucement le gobelet brûlant dans la main. La chaleur du café me réchauffe un peu, mais je me sens pas vraiment bien. Cette présence m'a laissé un goût amer de peur.

Qui ça pouvait bien être ?

- Seeley, ramène-moi dans ma chambre, dis-je.

- Tempérance, tu...

- S'il te plaît.

Alors, il me ramène doucement, comme à l'aller. Nous buvons nos cafés dans la chambre, en silence. Puis, une fois le café avalé, je me lance.

- Seeley, il faut qu'on parle.

- Oui, je t'écoute. De quoi veux-tu parler ?

- De nous. De notre mariage.

- Je pense qu'on en a assez parlé, répond-il en riant. Tout est quasiment au point, tu te souviens ? Tu as été assez exigeante là-dessus. Même Angela commençait à en avoir marre.

Mon cœur se serre. Angela devait être ma demoiselle d'honneur.

- J'ai bien réfléchi. On ne peut plus se marier, dis-je rapidement.

- Quoi ? s'exclame-t-il. Tu plaisantes, j'espère ?

Sa voix est étonnée et grave à la fois. Il ne s'attendait pas à ça.

- Booth, comprends-moi, je suis aveugle, je vais rester comme ça un temps que l'on ne sait pas encore. Notre mariage est devenu impossible.

- Impossible ? répète-t-il. Pourquoi impossible ? Tu dis n'importe quoi, Bones ! Il n'y a que toi pour penser ça ! Tu es aveugle, oui, et alors ?

Maintenant, sa voix est pleine de colère.

- Tu crois que c'est ça qui va m'empêcher de t'épouser ? Même handicapée sur un fauteuil roulant que je t'épouserai quand même ! C'est pas ça qui va m'empêcher de t'aimer. Certainement pas. Je veux que tu sois ma femme, rien ne me feras changer d'avis.

- Booth, je...

- Arrête, s'il te plaît ! La discussion est close, on n'en parle plus, OK ? Je t'aime et je t'aimerai toujours, quoiqu'il se passe.

Il s'assoit sur le bord de mon lit.

- Je t'en prie, ne détruit pas ça, Tempérance, on a mis tant de temps à nous trouver l'un l'autre, il ne faut pas gâcher ça avec ton handicap, qui pour moi, n'en est pas un pour t'aimer ! Tu vas apprendre à vivre avec, à travailler avec, à m'épouser et à m'aimer avec. Jusqu'au jour où tout reviendra à la normale.

- Ça risque d'être long et nous...

- Peu importe, ça ne change rien. On avait prévu de se marier avant notre accident, on se mariera comme prévu.

J'essaie encore de trouver des excuses pour le faire changer d'avis. Têtue, moi ?

- Je vais être désagréable, très probablement souvent de mauvaise humeur, tu me connais.

- Alors, je supporterai ta mauvaise humeur.

- Je ne suis pas...

Soudain, il me prend dans ses bras, me serre contre lui et murmure dans mes cheveux :

- S'il te plaît, Tempérance, ne me fais pas ça, ne m'abandonne pas, épouse-moi. Je t'aime et je veux faire ma vie avec toi.

Là. Ce qu'il vient de me dire est tellement... tellement... Ses paroles provoquent en moi ce que je redoutais le plus. Un déluge de sentiments, de sensations, d'amour que je n'ai jamais connu de ma vie.

Tout ce qui s'est passé, l'explosion, le coma, mon réveil, la découverte de ma cécité, tout ça mélangé provoquent un monstrueux chaos dans ma tête.

Alors, n'en pouvant plus, laissant tout ça sortir de moi, j'ai un hoquet et je fonds en larmes contre sa poitrine, contre sa chemise. Je mouille sa chemise de larmes. Combien de fois j'ai pleuré dans ses bras ? Je ne les compte plus.

Il me laisse pleurer tout mon saoul, caressant mes cheveux doucement. Il ne parle pas, il attend. Puis...

- Tu es sûr ? Tu ne le regretteras pas ? je lui demande d'une voix que je tente d'avoir ferme.

Le résultat est plutôt raté.

- La seule chose que je regrette aujourd'hui, répond-il, c'est de ne pas t'avoir dit plus tôt que je t'aimais.

Alors, il pose ses lèvres sur les miennes et nous nous embrassons profondément, échangeant des promesses d'un avenir très chaotique, mais que nous avons décidé de suivre main dans la main.

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Je me sens très angoissée. J'ai l'impression d'avoir fait un cauchemar. Y a-t-il vraiment eu quelqu'un, là, tout près de moi, quelqu'un qui jouait à me faire peur ?

Il est tard. Je n'arrive pas à m'endormir.

Seeley est parti que seulement lorsque je lui ai juré de l'épouser. C'est tout juste s'il ne m'a pas demandé de cracher par terre. Je souris.

Je l'aime vraiment très fort. Il veut absolument m'épouser alors qu'il sait pertinemment qu'il va en baver avec moi. J'ai un frisson de plaisir en songeant à la quantité d'amour qu'il doit me porter pour vivre ça avec moi.

La mort n'a pas voulu de moi...

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A suivre...


ELECTRA  (26.04.2009 à 22:50)

Encore merci pour votre fidélité et pour tous vos commentaires qui sont très motivants. Voici le chapitre 5. Comme les précédents, j'espère qu'il vous plaira. Dites-le moi vite !!!

(Attention : Le prochain chapitre sera classé NC-17).

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Chapitre 5 

La fête bat son plein. Le soleil s'est couché, il fait plus frais. Angela m'a dit qu'ils avaient installé deux grandes tables dans le jardin, pour le buffet, et c'est Seeley qui s'occupe du barbecue. Nous sommes dans le jardin de la résidence d'Hodgins.

J'entends des rires, des bruits de verres qui s'entrechoquent, des couverts dans les assiettes. Je suis assise sur un confortable fauteuil de jardin. Il doit y avoir une quinzaine de personnes et tout le monde a l'air de bien s'amuser.

Hodgins et Angela ont organisé cette petite fête en mon honneur, pour fêter mon retour parmi les vivants.

Je secoue la tête. Je n'aime pas me sentir l'attraction d'une fête. J'avais dit à Angela que je ne tenais pas à cette soirée, mais elle et Hodgins n'avaient rien voulu savoir, malgré mes protestations, et donc ils l'avaient maintenu, me sortant maints prétextes plus ou moins vaseux. A bout d'arguments, j'avais cédé, non sans crainte.

Alors, me voilà assise dans le jardin d'Hodgins, à attendre que quelqu'un se décide à venir s'occuper de moi. Je déteste ça.

- Tout va bien, Tempérance ? me demande Hodgins, arrivé près de moi sans faire de bruit.

Je sursaute.

- Ça va, je lui réponds en souriant.

C'est un mensonge. Je ne vais pas bien.

- J'espère que cette petite fête te plaît.

- C'est gentil à toi d'avoir penser à faire ça pour moi, mais il ne fallait pas. Ce n'était pas nécessaire.

- Bien sûr que si. Ton retour parmi nous, ça se fête. Tu reviens de loin, tu sais. Tu nous as tant manqué, à tous. Et je ne te parle pas de Booth. Tu aurais dû le voir, il...

La voix de Seeley :

- Hodgins, j'ai besoin de votre aide !

- J'arrive ! lui crie-t-il. Je t'envoie Angela, me chuchote-t-il en se penchant vers moi avant de disparaître.

Je suis seule. Je n'ai pas faim. Je regrette d'être venue.

Une main sur mon bras. Je fais un bond de dix mètres.

- Tout va bien, ma chérie ?

C'est Angela.

Je ne réponds pas. Si quelqu'un me demande encore une fois si ça va bien, je hurle. Je hoche la tête en signe de réponse et apparemment, ça lui convient car je l'entends s'éloigner.

- A tout à l'heure, ma chérie.

Alors, n'y tenant plus, je me lève et me dirige lentement vers les voix quand soudain je sens une présence à mes côtés. Une odeur de sueur et une respiration haletante. Les mêmes que dans le parc de l'hôpital.

Mon cœur s'emballe mais je me tourne tout de même vers la présence, prenant sur mon angoisse revenue au grand galop. Ça ne m'empêche pas de penser que je n'étais pas comme ça, avant. Avant l'explosion.

- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous voulez, enfin ? Parlez-moi, dites quelque chose au lieu de rester planté là !

Et, à ma grande surprise, la présence se met à parler.

- Ce n'était pas un hasard.

Un homme. C'est un homme. Jeune. La voix est bizarre, comme... comme étoufée.

- Quoi ? Qu'est-ce qui n'était pas un hasard ?

Machinalement, je tends une main tatonnante vers lui, le cherchant.

- L'explosion dont vous avez été victime, me répond-il dans un souffle.

Alors là, je chancelle. Mon cœur s'affole dans ma poitrine et la tête me tourne. J'ai l'impression que ma situation est en train de tourner au cauchemar. J'essaie de garder le contrôle malgré tout.

- Qu'est-ce que vous voulez dire ? Comment êtes-vous au courant ?

Ma voix est légèrement chevrotante. J'ai envie de le secouer.

- Répondez ! Comment êtes-vous au courant ?

- Faites attention à vous.

Toujours cette voix bizarre, comme s'il avait une main devant sa bouche, comme s'il voulait me cacher sa voix. Y a pas de raison, je le connais pas. A moins que...

- Quoi ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

Cette fois, pas de réponse. Plus de voix étouffée. J'entends des pas qui s'éloignent. Il est parti.

Ah non alors, tu vas pas t'en tirer comme ça, cette fois-ci !

Alors, je me mets à avancer, à le suivre. A suivre son odeur, pas à pas, narines dilatées.

Pourquoi m'a-t-il dit de faire attention à moi ?

Je ne rencontre rien devant moi. Tant mieux, j'ai peur de faire connaissance avec un arbre. J'avance encore, et encore, et encore, les mains en avant. Pourtant, j'ai l'impression de ne pas avancer. Les bruits de la fête sont toujours là, dans mes oreilles.

Je sens toujours la présence devant moi, comme s'il m'attendait, avec la bizarre impression qu'il veut que je le suive.

Soudain, j'entends un cri derrière moi.

- TEMPERANCE !!!

La voix de Seeley. Elle semble paniquée, voir même affolée. Pourquoi ?

- TEMPERANCE !! crie-t-il une nouvelle fois.

Cette fois-ci, je me fige sur place. Son appel est plein de terreur. J'entends une galopade qui se rapproche très vite de moi et des mains qui me saisissent fermement.

- Tempérance, tu es folle !

- Mais qu'est-ce qu'il y a, Seeley ? J'ai juste fait quelques pas, il n'y a pas mort d'homme, je peux quand même bouger un peu toute seule, non ? dis-je d'une voix agacée tout en tentant de me dégager de ses mains.

- Si tu veux te noyer, alors, oui, tu peux y arriver toute seule. Il te suffit de faire un seul pas.

- Quoi ?

Qu'est-ce qu'il raconte ? Me noyer ?

- Ma chérie, j'entends me dire Angela d'une voix essoufflée et tremblante, tu es au bord de l'étang !

- Au bord de l'étang ? Quel étang ?

Je ne comprends rien à ce qu'ils me racontent.

- Celui qui est dans le parc de ma maison, me répond Hodgins que j'entends sur ma droite. Tu faisais encore un seul et unique pas et tu te retrouvais en train de barboter avec les canards.

- Que...

- Pourquoi t'es-tu éloignée ? m'interrompt Booth d'une voix un peu trop agressive à mon goût. Tu es trop imprudente, tu dois rester près de nous.

Une bouffée de colère me tord l'estomac. J'en ai marre qu'on me surveille et qu'on me donne des ordres. Fais pas ci, fais pas ça, reste ici, ne bouge pas. Je serre les dents et me mords la langue, ravalant la vilaine tirade que je m'apprête à leur envoyer. Je prends une grande inspiration.

- Seeley, la présence que j'ai ressenti, l'autre jour à l'hôpital, était là. Il m'a parlé. Puis il s'est éloigné, alors j'ai décidé de le suivre. Je voulais en savoir plus.

Je l'entends soupirer. Là, tout de suite, il m'énerve.

- Quoi ? Tu ne me crois pas ? Tu penses encore que je faisais un cauchemar ?

- Ma chérie, dit Angela en me prenant une main, il n'y a eu personne avec toi, j'ai toujours eu un œil sur toi, je ne t'ai vu parler à personne et aucun inconnu ne s'est approché de toi.

Je tourne la tête vers mon amie, les yeux dans le vide.

- Alors toi aussi, tu me prends pour une folle ?

Calme, Tempérance, calme, relax, respire à fond.

Je me tourne vers Seeley.

- Il m'a dit que l'explosion dont nous avons été victimes n'était pas un hasard.

Un silence, sûrement le temps pour lui d'avaler la nouvelle, puis :

- Quoi ? fait-il dans un souffle.

- Je n'en sais pas plus. Il est parti, voilà pourquoi je l'ai suivi. Pour en savoir plus.

- Tu aurais dû m'appeler, dit-il d'une voix moins agressive, voilà ce que tu aurais dû faire et pas t'éloigner comme ça, sans personne avec toi. Cet homme a tenté de te tuer, Bones.

- Bien sûr que j'aurais dû faire ça, c'est vrai que maintenant je ne peux plus rien faire sans quelqu'un avec moi.

J'ai dit ça sur un ton railleur, mais que je n'ai pas pu empêcher.

- Et il n'a pas tenté de me tuer, c'est moi qui l'ai suivi, j'aurai pu me noyer toute seule.

- Mais il t'a quand même amené vers l'étang, non ?

Je pince les lèvres. Seeley a raison. L'inconnu a tenté de me tuer. L'angoisse et la peur reviennent à triple galop dans mon cœur.

- Le Docteur Brennan a raison. J'ai vu un homme près d'elle, tout à l'heure.

La voix de Zack. Il confirme ce que je viens de leur expliquer. Mon sauveur.

- Comment est-ce possible ? s'exclame Angela. Je ne t'ai pas quitté d'un oeil, Tempe. Et je n'ai rien vu de suspect, à part cet...

Elle s'interrompt brutalement.

Je tends une main vers elle et je trouve son bras.

- Tu as vu cet homme près de moi ? Comment était-il ?

- Je.. je n'ai pas fait attention, sur le coup, mais c'est vrai qu'en y repensant maintenant, il était penché sur toi, ses lèvres au-dessus de tes cheveux. Mais, tu sais, j'étais loin, je ne l'ai pas bien vu, il était de semi-profil, je ne distinguais pas ses traits.

Instinctivement, je porte une main sur le dessus de ma tête, comme pour effacer l'empreinte des lèvres de l'inconnu.

- Quoi ? s'exclame Seeley. Et pourquoi vous ne m'avez rien dit ?

- Enfin, Booth, je n'y ai pas vu de mal. J'ai cru que Tempe le connaissait. Je me suis dit alors qu'elle n'était pas seule et j'en ai profité pour terminer ce que je faisais. Je suis désolée, ma chérie...

- Ne t'inquiète pas, Ange, tu étais occupée, tu ne pouvais pas tout faire en même temps.

- Zack, pouvez-nous décrire cet homme ? demande Seeley.

- Non.

- Non ? Pourquoi non ?

- Parce qu'il portait un masque.

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A suivre...


ELECTRA  (04.05.2009 à 22:17)

Chapitre 6

Je me réveille en sursaut. Où suis-je ? Dans le noir, bien sûr, mais où ? Il n'y a pas de bruit. Je suis allongée, mais ce n'est pas mon lit. C'est insupportable de ne pas pouvoir regarder autour de moi.

Ah oui, je me souviens. Je suis chez Seeley. Et je suis dans son lit. Seule.

Suite aux évènements de la veille, il a insisté pour que je passe la nuit chez lui, en attendant qu'il puisse mettre en place une surveillance sur ma petite personne et sur mon appartement.

Perte de temps. Je trouve ça ridicule, je le lui ai dit, mais il ne veut pas en démordre. Il va mettre un agent du FBI pour me surveiller, que je le veuille ou non.

Des pas. J'entends des pas. Des pieds nus qui frôlent le sol. Ah non, ça va pas recommencer, je...

- Tempérance, tu dors ?

C'est Seeley. Soulagement.

- Oui, je dors.

- Menteuse ! Si tu dors, comment tu peux m'entendre ?

- Hummm... Très drôle, Seeley. Quel heure est-il ? je lui demande en me redressant sur l'oreiller.

- L'heure de te rendormir. Il est encore tôt. Tu as besoin de te reposer.

- Tu vois, j'ai dormi pendant deux mois, alors je pense que j'ai largement pris de l'avance sur mon temps de sommeil et sur mon repos.

Booth émet un petit rire et je le sens qui s'allonge à côté de moi. Mon cœur fait une petite embardée et ma respiration s'accélère légèrement. Le sentir à côté de moi, ainsi, sa chaleur contre ma peau, me fait songer que lui et moi n'avons pas fait l'amour depuis deux longs mois. Depuis l'explosion. Et pour cause. Quand on est dans le coma, plus question de faire des galipettes.

Je suis en manque de lui et mon corps réagit aussitôt. J'ai envie de lui. J'ai envie qu'il me fasse redécouvrir les sensations qu'il avait fait naître en moi ce fameux soir d'hiver, devant la cheminée de son appartement.

La première fois que nous avons...

Je ferme les yeux, je replonge dans mes souvenirs...

Flash back

Ce soir-là, Seeley et moi avions franchi la ligne qui nous séparait, mais que nous avions instituée depuis le début de notre partenariat. C'était quelques jours avant Noël. Je l'avais rejoint chez lui pour discuter des cadeaux et de la fête que nous allions organiser pour le sixième Noël de Parker. Nous avions commandé des pizzas que nous avions dévorées tout en discutant et en riant. Après le repas, Seeley avait allumé une superbe flambée dans sa cheminée, et en silence, assis sur le canapé, nous avions écouté craquer le bois et regardé danser les lueurs.

J'ai toujours aimé regarder une flambée. Je trouve ça apaisant et ça sent bon la résine. Maintenant, je n'aurai plus que l'odeur de la résine.

Tout naturellement, nos mains et nos yeux s'étaient joints dans une profonde complicité. Oh Dieu, qu'il était beau !

Puis...

Il est là, près de moi, il m'enlace, m'attirant doucement tout contre lui. Je le laisse faire, je ne suis plus moi. Son bras glisse sur ma taille, m'enlaçant tendrement. Son autre main caresse ma joue et il soulève mon menton dans le creux de sa main. Je lève les yeux vers lui. Ses yeux brillent d'un curieux mélange de tendresse et de sensualité. Puis sa main quitte mon visage pour venir se glisser derrière ma nuque, juste à la naissance des cheveux. Mon cœur bondit dans ma poitrine et mon corps frémit sous sa caresse. Une décharge électrique passe entre nous.

Alors, il pose ses lèvres sur les miennes, dans un baiser tendre auquel je réponds de la même façon. Je ne réfléchis pas, je ne me pose pas de questions. Je crois que le moment est arrivé pour que nous franchissions cette ligne qui nous permettait de rester partenaires et rien d'autre.

Voyant que je suis réceptive à son baiser, il approfondit celui-ci, ouvrant mes lèvres et glissant sa langue dans ma bouche. A nouveau, je réponds à son baiser de la même manière. Ses lèvres sont brûlantes, sa langue agile. Nous nous explorons mutuellement avec la même intensité, le même désir. Son baiser est en train de m'enflammer. Nos corps sont collés l'un contre l'autre et je caresse son dos musclé. Alors, je délaisse ses lèvres pour poser les miennes sur la peau tendre de son cou. Il a la peau très douce et qui dégage une odeur de savon et d'eau de toilette. Il sent bon.

Sa main caresse lentement mon dos tandis que je l'entends gémir doucement sous mes baisers. Ses lèvres reprennent les miennes dans un mouvement passionné. Ma main se fraye un chemin dans ses cheveux qui sont doux et soyeux, comme je l'avais imaginé. Je laisse glisser ma main sur sa nuque, le long de sa mâchoire. Je le désire.

Le désir de lui enflamme ma chair et embrase mon corps.

- Enlève ton tee-shirt, Seeley... Je veux te sentir contre moi.

Se reculant de moi, il retire le vêtement et le balance derrière lui. Je caresse son torse du bout des doigts, sentant sa respiration s'arrêter, recommencer, s'affoler. Je mordille le lobe de son oreille. Alors, il m'attire contre lui, écrasant ses lèvres sur les miennes, sa langue s'introduisant dans ma bouche. Entremêlant mes mains dans ses cheveux, je l'attire plus près et l'embrasse plus profondément, tandis qu'il laisse glisser ses mains sur mes reins.

Il se relève tout en me soulevant dans ses bras. Je continue à l'embrasser dans le cou tandis qu'il me porte jusque dans la chambre. Il m'allonge sur le lit et s'assit près de moi. Il prend mon visage entre ses mains et plonge son regard dans le mien.

- Je te veux, Tempérance. Laisse-moi t'aimer.

Je cligne des paupières, cherchant une réponse. Dois-je le laisser faire ou non ? Est-ce que ça va tout changer entre nous ?

- Donne-toi à moi, Tempérance et je te promets que tu ne le regretteras jamais.

Je sens des larmes mouiller mes yeux et il pose un baiser sur mon front. Cette soirée prend une tournure plus intense, plus profonde. Il me demande non seulement de dévoiler une part de moi-même que j'ai toujours dissimulée, mais aussi de prendre des risques et de lui ouvrir mon cœur.

Il embrasse doucement mon visage avant de prendre possession de ma bouche. Tenant ma nuque d'une main, ses lèvres prennent le chemin de ma poitrine, me caressant au passage. Puis il me prend dans ses bras. Mon cœur bat la chamade contre le sien.

Alors, il commence à retirer mes vêtements, doucement, puis de plus en plus vite. Je me retrouve nue devant lui et je vois son regard s'attarder sur moi. Je me redresse et c'est à moi de lui retirer tous ses vêtements, de la même façon qu'il a eu pour moi. Il est là, devant moi, dans toute sa nudité et il est superbe.

Il s'allonge sur moi et dépose un chapelet de baisers le long de ma gorge jusqu'à la naissance de mes seins. Une pulsion de désir me traverse de part en part. Folle de désir, je me colle à lui et l'agrippe par les épaules. J'enfouis ma tête dans le creux de son cou et mord l'os de sa clavicule.

- Aïe ! gémit-il.

Puis sa bouche part à l'assaut de mon corps. Du bout des doigts, je caresse ses avant-bras, je dessine un chemin dans son cou, sur ses épaules, effleurant ses muscles saillants. Biceps, abdominaux, pectoraux... Il y a une légère couche de sueur sur son torse.

Brennan, arrête de faire de l'anatomie, ce n'est pas le moment ! Tu as mieux à faire ! songeai-je tout en continuant le tracé de mes doigts. Alors que je plonge mon regard dans ses yeux noisette, je découvre un mélange de tendresse et de défi. J'aime le petit pli qui marque le coin de ses yeux quand il me sourit, la chaleur de son regard tandis qu'il m'observe.

Nos corps se joignent enfin. Je lâche un cri de plaisir alors que Seeley se met à bouger sur un rythme lent et sensuel.

- Ouvre les yeux, Tempérance.

Alors qu'il se redresse sur ses coudes, je lève les yeux vers lui. Bientôt, je reconnais la sensation presque douloureuse qui monte à l'intérieur de moi. Lui aussi doit le sentir, puisqu'il se met à bouger de plus en plus vite.

Je m'agrippe à son dos couvert de sueur et me cambre pour mieux me laisser emporter. L'orgasme me submerge. Puis c'est au tour de Seeley qui laisse échapper de sa gorge un râle triomphant au moment où il s'abandonne au plaisir.

Je reprends peu à peu mes esprits. Le souffle court, Seeley repose sur moi. Je ferme les yeux, essayant de calmer les battements affolés de mon cœur.

L'intensité des émotions que je viens de ressentir me prend par surprise. Un effet secondaire où...

Je me suis donnée à Seeley, au contact le plus intime qui soit. Rien de plus normal que d'être bouleversée. Qu'allait-il en être de la suite de notre partenariat ? Est-ce que celui-ci allait se dégrader, au risque de le perdre totalement ? Ou bien, au contraire, le rendre encore meilleur qu'il ne l'était déjà ?

Mes pensées s'effilochent tandis que je sens le sommeil me gagner...

Fin du flash-back...

Et voilà. Je reviens dans la réalité. Seeley s'est rendormi et ronfle doucement à côté de moi. Il a passé son bras en travers de ma taille, appuyant sur mon estomac. Ça m'empêche un peu de respirer, mais je ne bouge pas. Je laisse son bras en travers de moi parce que j'aime quand il fait ça, j'ai comme l'impression que, même tout en dormant, il cherche à me protéger, à me faire comprendre qu'il sera toujours là.

Et c'est le cas. Je suis aveugle, je ne suis plus que l'ombre de moi-même, vivant dans le noir, mais il est toujours là, toujours près de moi, toujours amoureux de moi, toujours décidé à m'épouser.

Et pour rien au monde, je ne gâcherai cet instant-là. Pour rien au monde je ne trahirai cet amour-là. Pour rien au monde je ne le trahirai...

Je l'aime. Il m'aime. Et nous allons nous marier.

Quand l'affaire de l'inconnu sera résolue.

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A suivre...


ELECTRA  (06.07.2009 à 14:07)

Chapitre 7

Réveil en sursaut au son d'un bruit fort. J'entends une voix grommeler. La voix de Seeley.

- Désolée de t'avoir réveillée, chérie.

J'entends des bruissements de tissu, puis le bruit d'une fermeture éclair qu'on remonte. Je souris. Il est en train de s'habiller. Quel gâchis. Je ne peux même pas profiter de la situation.

Je me redresse lentement dans le lit. J'ai mal à la tête et mes yeux me brûlent. Machinalement, je les frotte et je pousse un gémissement. J'ai l'impression d'avoir du feu derrière les orbites.

- Tempérance, ça va ? me demande-t-il en s'asseyant sur le bord du lit.

Sa main fraîche se pose sur mon front.

- Je sais pas, j'ai très mal à la tête et j'ai l'impression que mes globes occulaires vont exploser. Ca brûle.

- Je t'emmène voir le médecin tout de suite.

- Non. Ca va passer.

- Non, ça va pas passer tout seul, Tempérance. Si tu as mal, c'est que quelque chose ne va pas et tu dois voir ton médecin.

- Non, laisse tomber, dis-je en le retenant d'une main alors que je sens qu'il se lève du lit. J'ai faim.

Il pousse un soupir.

- Tempérance...

- Non, je t'ai dit de laisser tomber, dis-je en sortant mes jambes du lit. Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « laisser tomber » ? Je vais aller prendre une douche et tout ira mieux après. Si tu veux faire quelque chose pour moi, prépare-moi un bon petit déjeuner. S'il te plaît. Ca me ferait plaisir.

- Très bien, je n'insiste pas, mais si...

- Seeley, j'ai faim.

- Bien, mademoiselle. Que veut manger mademoiselle au petit déjeuner ce matin ?

- Des céréales et du jus d'orange. Et un café.

- Bien mademoiselle. Le petit déjeuner de mademoiselle sera prêt dans 10 minutes.

Je souris et l'imagine bien en train de faire des courbettes. Sa voix est railleuse.

Je me lève et commence à avancer à tatons à travers la chambre. D'après mes souvenirs, la salle de bain se trouve sur ma gauche.

- Je vais t'accompa...

- Non ! Laisse-moi me débrouiller toute seule ! Je dois m'habituer.

Il n'insiste pas et je l'entends s'éloigner vers la cuisine probablement. Non sans l'avoir entendu ronchonner dans sa barbe. Il est adorable.

Je suis contente de moi. Je me suis bien débrouillée pour ma douche. J'ai trouvé tout ce qu'il me fallait dans la salle de bains de Seeley. Bon, je n'ai pas eu à chercher longtemps, il avait déjà tout préparé pour moi. L'eau, légèrement tiède, m'a requinquée et son liquide douche à la senteur citron et menthe a fait sensation sur ma peau et sur mon odorat.

Je suis en train de m'habiller, je suis obligée de remettre les mêmes fringues qu'hier, mais peu importe, c'est pas grave. Elles doivent être fripées, mais de toute façon, je ne peux pas me voir. Mon mal de tête s'est passé et mes yeux ne me brûlent plus. Par contre, ils sont secs. Je devrais pleurer pour les humidifier, comme le médecin me l'a conseillé, mais aujourd'hui, je n'ai pas envie de pleurer. Je me sens plutôt gaie, c'est une première. Même l'inconnu qui a essayé de me tuer hier ne me fait plus flipper.

Ca sent bon. Drôlement bon. Mon estomac gargouille. Une bonne odeur de café et de pain grillé. Je suis l'odeur en me tenant aux murs. Je retrouve mes repères car je suis déjà venue plusieurs fois à l'appartement de Seeley. J'ai déjà pris quelques habitudes.

Nous ne savons pas encore quel appartement nous prendrons après notre mariage. Le sien ou le mien. Ou bien un tout nouveau. Une maison, peut-être. Nous en avons déjà parlé, mais nous ne nous sommes pas encore décidé. Bon, rien ne urge.

J'entre dans la cuisine et mon estomac gargouille de plus en plus. Soudain, je me rends compte qu'il a oublié de faire quelque chose. Une chose très importante et qui ne peut attendre plus longtemps.

- Seeley ?

- Oui ?

A ma droite. Il se trouve à ma droite. Je m'approche, les mains en avant et elles le trouvent. Enfin, plus exactement, elles trouvent ses fesses. Je le sens sursauter. Je souris.

Tiens tiens, d'être aveugle a un tout petit côté, je dis bien un tout petit côté plaisant, je peux poser mes mains où je veux, sans que la personne palpée puisse m'engueuler.

- Hé ! s'écrie Seeley. On se permet des choses, Dr Brennan ?

Il essaie de prendre une voix choquée, mais je sais qu'il sourit. Je le connais trop pour que ça marche avec moi.

Je pose mes mains sur son torse.

- Agent spécial Seeley Booth, tu n'aurais pas oublié quelque chose, par hasard, ce matin ?

- Quoi ?

- Une chose très importante.

Il ne répond pas, je sens qu'il réfléchit. Ca tourne dans son crâne. Il fait semblant pour me taquiner ou a-t-il réellement oublié ?

- Tu veux que je te donne un indice ?

- Ah ben oui, parce que là, je ne vois pas.

Alors, n'écoutant plus que mon coeur et mon désir de lui, je le pousse vivement en arrière, je me dresse sur la pointe des pieds et je trouve ses lèvres du premier coup, je l'embrasse passionnément. Alors, j'entends un fracas monstrueux, du verre qui se casse, du liquide qui coule.

- Bones, qu'est-ce que tu as fait ? s'exclame Seeley d'une voix interloquée.

Je devine que, dans mon élan passionné, j'ai dû le bousculer un peu trop fort sur le plan de travail et que nous avons renversé tout le petit déjeuner.

Ma gaité s'efface brusquement.

- Je... je suis désolée... je...

- Non, Tempérance, non, c'est pas grave, ne t'inquiète pas. J'ai encore du jus d'orange au frigo et je vais refaire du pain grillé. Assis-toi, je vais te servir ton petit déjeuner.

Quelle idiote je fais ! Les larmes me montent aux yeux sans que je puisse les en empêcher.

Toujours à tatons, je trouve le tabouret de bar et je grimpe dessus. Je sens des lèvres se poser sur les miennes.

- Chérie, j'ai adoré ton élan amoureux, dommage que le petit déjeuner, lui, ne l'est pas apprécié.

Je sens ses lèvres qui sourient contre les miennes.

- Tu avais oublié de m'embrasser tout à l'heure, quand je me suis réveillée, dis-je d'une voix légèrement voilée.

- Je suis impardonnable, mais tu vois, je crois que je vais l'oublier très souvent, vu la façon dont tu as eu de me rappeler, dit-il d'une voix gourmande. Et tant pis pour la casse !

- Seeley !!

- Tiens, prends ton verre, dit-il en riant.

Je sens le contact d'un verre frais dans mes mains. J'avale une gorgée. Le jus d'orange est glacé, c'est bon.

- Je te mets ta tasse de café et ton assiette de céréales devant toi. C'est du muesli, j'espère que tu vas aimer.

Cuillerée de muesli. C'est bon. J'adore les céréales.

- C'est très bon, Seeley. Merci.

- Alors comment va ton mal de tête et tes yeux ? me demande-t-il en s'installant à côté de moi.

Je reconnais l'odeur d'oeufs au bacon. Seeley adore les petits déjeuners copieux. Le contraire de moi.

- Mieux, merci. C'est passé. Seeley, il faut que tu me ramènes chez moi.

- Tu peux rester ici, si tu veux. Moi, je vais aller au FBI mettre en route l'enquête contre ton inconnu au masque et toi, tu te reposes tranquillement. OK ?

- Non. Il faut que je rentre à mon appartement, je dois m'habituer à y vivre seule, tu comprends ? Et puis, il faut que je retourne à l'institut Jefferson, j'ai du travail qui m'attend.

Silence. Puis...

- Tempérance, tu ne peux pas retourner travailler, tu es en arrêt de travail. Et puis, tu es...

- ... aveugle, je sais, pas besoin de me le rappeler. Seeley, j'ai besoin de retrouver les lieux, de les ressentir à nouveau. Besoin de retrouver mon bureau, la plateforme d'autopsies. De retrouver mes amis, et Angela. J'ai besoin d'eux. Sinon, je vais péter un plomb. J'adore ta compagnie, tu le sais bien, mais là, elle ne me suffit pas. Du moins, pour l'instant. J'ai besoin de sentir que je vis encore. Que je suis encore vivante et que je peux encore servir à quelque chose. Même si je ne peux plus voir les os des squelettes, je peux aider. J'ai besoin de me rendre utile. J'en ai un énorme besoin.

Je suis essouflée. J'ai dit tout ça d'une seule traite. Je sens Seeley qui prend mes mains.

- D'accord, Bones, d'accord. Je vais t'emmener à ton appartement, tu vas te changer et puis ensuite, tu iras au Jefferson. Par contre, je ne pourrais pas t'y conduire, j'ai rendez-vous avec mon supérieur et il est du genre qui n'aime pas que ses rendez-vous soient en retard. Je vais demander à un agent du FBI de t'y conduire, il passera te chercher, OK ?

- OK. Merci.

Il me prend dans ses bras et dépose un baiser sur mon front.

- Je t'aime, Tempérance, et je serais toujours là pour t'aider et te protéger.

- Je n'en attendais pas moins de toi, je réponds en lui souriant. Moi aussi, je t'aime.

Nous roulons vers mon appartement. Seeley conduit tranquillement, sans s'énerver. Ca, c'est une première. J'écoute les bruits de la rue. Coups de klaxon de chauffeurs impatients. Bruits des moteurs de voitures, de camions ou de motos. Odeurs de pots d'échappements. Il fait beau, le soleil tape sur mon visage à travers le pare-brise du SUV.

Le portable de Seeley se met à sonner. Je l'entends décrocher. Je sais qu'il garde toujours un oeil sur la route.

- Booth. (Il écoute son interlocuteur.) OK merci. A plus.

Il referme d'un claquement sec son portable.

- C'est en place. Un agent du FBI surveille ton appartement depuis ce matin, dit-il. Il sera relayé toutes les quatre heures par un autre agent, jour et nuit.

- Ce n'était pas vraiment nécessaire, je te...

- C'est très nécessaire, au contraire, et la discussion est close, Bones. Ils te surveilleront jusqu'à ce que nous ayons épinglé notre homme. Point barre.

Je ne discute pas, je pince les lèvres, je me tais.

Un quart d'heure plus tard, nous sommes sur le pas de la porte de mon appartement.

- Ca va aller ? me demande Seeley.

- Pas de problème, je connais mon appartement par coeur, je lui réponds avec un petit sourire.

- Parfait. L'agent Patterson passera te prendre dans une demi-heure. Je te retrouve à midi au Jefferson. On ira déjeuner tous les deux. D'acc ?

- D'acc.

Il pose un doux baiser sur ma joue et je l'entends s'éloigner. Je rentre dans mon appartement et retire ma veste. Je trouve le portemanteau où j'ai l'habitude d'accrocher mes affaires. Puis direction canapé où je m'effondre, fatiguée. Mon mal de tête est en train de revenir au grand galop. Comprimés.

Je me relève en soupirant et me dirige lentement, toujours en m'aidant des murs et des objets, vers la salle de bain. Angela a classé mes médicaments dans mon armoire à pharmacie dans de petites boites en fonction de leurs effets et a glissé des étiquettes en braille pour que je les retrouve. Elle m'a appris à les reconnaître en glissant mes doigts dessus. Merci, Angela.

Je trouve les comprimés et j'en avale deux avec de l'eau que je recueille dans le creux de ma main, au-dessous du robinet. La flemme de retourner dans la cuisine chercher un verre. Puis je trouve ma brosse à cheveux et j'essaye tant bien que mal de me recoiffer. Je décide pour une queue de cheval. Au moins, avec cette coiffure-là, je sais à quoi je ressemble.

Je suis en train de nouer mes cheveux avec un élastique en velours en songeant à ce que j'allais mettre comme vêtements propres quand soudain, j'entends frapper à ma porte. Je repars en sens inverse. Murs. Objets. Porte.

- Qui est là ? je demande en collant mon oreille à la porte.

- Agent spécial Patterson. L'agent Booth m'a chargé de vous accompagner jusqu'à l'Institut Jefferson.

Déjà lui ? Ca fait déjà une demi-heure que je suis là ? Je ne vois plus le temps passer.

- Ah oui, très bien, j'arrive.

Tant pis pour les vêtements propres, je ne veux pas le faire attendre. Je croise les doigts en espérant que les vêtements que je porte ne sont pas trop froissés et qu'Angela ne me pose pas trop de questions sur le pourquoi du comment je ne me suis pas changée.

Je reprends ma veste, mon sac et j'ouvre la porte.

- Agent Patterson ?

- Je suis là, Dr. Brennan. Donnez-moi votre bras.

- Je peux...

- Ordre de l'agent Booth, mademoiselle.

Je pousse un soupir. Décidément, Seeley ne me fait pas confiance. Alors, bon gré mal gré, je glisse mon bras sous celui de Patterson. Du fait, je me rapproche de lui. Aussitôt, mon odorat plus développé perçoit une odeur de sueur qui émane de lui. Ca me rappelle l'inconnu de l'hôpital et de la fête d'Hodgins. Aussitôt, je me raidis.

Tempe, tu veux arrêter ton manège, oui ? C'est un agent du FBI et pas ton inconnu. Tu deviens parano.

Dehors, il fait chaud, l'air est immobile, lourd. Je ne sens plus le soleil sur ma peau. Le ciel a dû se couvrir de nuages.

Patterson me fait monter dans sa voiture et nous prenons la route. A nouveau, les bruits de la circulation. Mon chauffeur n'est pas très bavard. La douleur cogne derrière mes yeux et je sens que mes paupières se ferment. Confiante à nouveau, je me laisse aller et je m'assoupis.

Soudain, je sens que le véhicule s'immobilise, m'arrachant à mon engourdissement bienfaiteur. J'entends un bruit à côté de moi, comme si quelque chose tombait. Qu'est-ce qui se passe ?

- Agent Patterson ? On est arrivé ?

Silence.

Je tatonne à la recherche de l'agent, mais je ne trouve rien. Mon coeur s'emballe. Je trouve la poignée qui ouvre ma portière et je descends du véhicule. Je ne reconnais pas les bruits qui entourent habituellement l'institut Jefferson. En fait, en écoutant bien, il n'y a pas de bruit du tout.

- Agent Patterson, où êtes-vous ?

Pas de réponse. Pourquoi ne me répond-il pas ?

Je me mets à trembler. Ca ne présume rien de bon. Quelque chose de mouillé s'écrase sur mon visage. Je frissonne. Une autre goutte. J'en ai la chair de poule. Bruit de tonnerre dans le lointain. Allons bon, il va pleuvoir maintenant.

Je me sens mal. Je ne sais pas où nous sommes. J'entends un chant d'oiseau, le bruissement du vent dans les arbres. Rien d'autre.

Le silence de Patterson devient inquiétant.

La pluie tombe de plus en plus fort, je vais être trempée. Je longe la voiture, j'en fais le tour, sans rien trouver. Pas d'agent spécial.

Alors, devinant que quelque chose cloche vraiment, je décide d'appeler Seeley avec mon téléphone. Il a programmé son numéro de téléphone portable sur une touche en relief de mon propre portable.

Je le cherche à tatons dans mon sac, je le trouve. Soudain, avant que j'ai eu le temps d'appuyer sur la touche, je sens une brutale poussée dans mes reins. Je bascule en avant, je roule, je roule, je vais me casser quelque chose, et puis de l'eau. Je suis dans de l'eau. De l'eau gelée. Je me débats, je n'ai pas pied. Nage, Tempe, tu sais nager. Mais là, je ne sais plus ce que je dois faire, je panique, je m'enfonce dans de la boue.

Mais qu'est-ce que fout Patterson ?

Seeley, Seeley, je coule, je suis en train de me noyer, je veux respirer, je veux respirer ! Non non non ! Au secours !

J'essaie de crier, d'appeler à l'aide, mais l'eau m'étouffe. Je tousse, je m'étrangle, je crache de l'eau. Je coule, je remonte, je coule à nouveau, je perds mes forces. Et puis soudain, plus rien...

A suivre...


ELECTRA  (03.08.2009 à 21:07)

Chapitre 8

(Attention, ce chapitre contient une scène classée NC-17)

Est-ce que je suis morte ? J'ai mal dans la poitrine, ça brûle.

Ahhh ! Quelqu'un vient de me taper dessus, en plein sur le cœur, encore une fois, de l'eau jaillit de ma bouche, je m'entends tousser, j'ai envie de vomir, je...

- Vous m'entendez ? Hé, vous m'entendez ? Bon Dieu, il faut que je tourne sa tête, on dirait qu'elle va vomir...

C'est fait. J'inspire, une grande et douloureuse et délicieuse inspiration qui me brûle de haut en bas. De l'eau ruisselle sur mon visage. Il pleut à torrents.

- Ne bougez pas. Ça va aller.

J'obéis. Des mains me soulèvent, m'assoient.

- Vous avez eu de la chance que je sois venu rechercher ma boîte de pêche parce qu'avec cette pluie, il n'y avait personne au bord du lac aujourd’hui.

Une voix d'homme. Pas toute jeune.

- Et vous avez eu de la chance que j'aie fait du secourisme. Vous aviez avalé assez d'eau pour éteindre un incendie. Est-ce que vous m'entendez au moins ?

Je comprends que je dois le fixer avec des yeux vides.

- Je suis aveugle.

- Ah ? Je me demandais aussi pourquoi vous me fixiez comme ça. Bon, écoutez... Je vais vous emmener jusqu'à ma voiture et puis on appellera la police, OK ?

- Il faut...

J'ai du mal à parler, mes poumons sont encore engorgés d'eau, ma gorge me fait mal.

- Il faut... appeler l'agent... Booth, au FBI...

Je m'étrangle, je tousse et crache encore de l'eau. Je suis épuisée. J'ai froid. Je grelotte.

- Le FBI ? répète l'homme. On va pas déranger le FBI, mademoiselle. La police fera l'affaire.

Je le sens qui me soulève sur mes jambes, je sens une odeur de lainage mouillé, le contact d'un ciré. Il m'entraîne sur le sol trempé. La pluie me gifle violemment le visage.

- Appelez l'agent Booth... au FBI... C'est mon fiancé...

- L'agent Booth, au FBI ? Bon, OK, comme vous voulez, mais avant... On y est.

Il ouvre la portière d'une main, je manque glisser à terre, il me retient de justesse, je grimpe tant que bien que mal avec son aide et me voilà installée sur la banquette, ce doit être à l'arrière puisque je suis allongée.

- Je reviens. Je vais appeler votre fiancé.

Mon mal de crâne est terrible, j'ai froid, je grelotte, la réaction nerveuse, je présume. Mais qu'est-ce qui a bien pu se passer ? Où est Patterson ?

Je ferme les yeux et j'essaie de me calmer. Je prends une grande inspiration et je souffle, comme à mon cours de yoga. Je suis vivante, c'est à ça que je dois penser. Je suis vivante.

La mort n'a pas encore voulu de moi.

Bon, que fiche mon sauveur ? Il a pas de téléphone portable ou quoi ? Dire que je dois la vie à une boîte de pêche... Le bruit de la pluie sur la carrosserie étouffe tous les bruits alentour, je suis seule, dans cette voiture inconnue, et je ne comprends rien à ce qui m'arrive.

Non, c'est faux. Je comprends une chose : on a encore essayé de me tuer.

Je suis au chaud dans mon salon, emmitouflée dans un gros pull, allongée sur le canapé. Angela et Seeley sont dans la cuisine, en train de préparer du café. Je les entends discuter, sans pouvoir distinguer ce qu'ils disent.

Quand Seeley est arrivé avec l'équipe du FBI, il m'a tout de suite serrée dans ses bras, me réchauffant de sa chaleur, me réconfortant avec des paroles apaisantes et enfin un baiser. Puis il m'a emmené à l'hôpital. Par chance, on est tombé sur le médecin qui m'avait suivi pendant et après mon coma. Il m'a examinée, a décrété que tout allait bien, que j'étais une noyée en pleine forme et qu'on pouvait me ramener chez moi.

Je suis fatiguée, je voudrais rester seule. Dormir. J'en ai marre. Ah si, un seul point positif dans cette triste affaire : je n'ai plus mal au crâne.

Non, changement d'avis : je ne veux pas rester seule, je veux rester avec Seeley. Seule avec lui. Je veux faire l'amour avec lui.

Je les entends qui reviennent vers moi. Une bonne odeur de café les accompagne. J'ai hâte d'en avaler une bonne tasse, j'ai déjà l'impression de sentir couler le liquide chaud dans tout mon corps et me réconforter.

- Tiens, ma chérie, je pose ta tasse devant toi, sur la table basse, me dit Angela.

J'entends s'entrechoquer la cuillère contre la tasse lorsqu'elle la pose sur la table.

- Merci, Ange.

Je sens quelqu'un s'asseoir près de moi, sur le canapé. Une main se pose sur mes jambes. Seeley. Angela a dû s'asseoir dans le fauteuil.

- Comment te sens-tu, Tempérance ? me demande-t-il tout en passant une main caressante sur mes jambes.

- Ça va...

Non, ça va pas. J'ai la trouille.

- Il faudrait que je te pose quelques questions, tu te sens la force d'y répondre ?

Je hoche la tête tout en attrapant ma tasse de café. Mes mains tremblent, j'ai peur d'en renverser. Mais non. Je m'en sors bien.

Une gorgée. Ouf, ça fait du bien.

- Bon. Ce ne sera pas long, je te promets. Peux-tu m'expliquer pourquoi tu t'es retrouvée dans cet étang, au seul endroit où il y a près de deux mètres de profondeur ?

- Non, je ne sais pas, je réponds en secouant la tête.

- C'est bien l'agent Patterson qui est venu te chercher à ton appartement ?

- Oui. Enfin... je crois que c'est lui, il s'est présenté comme tel en tout cas...

Une autre gorgée de café, je me sens déjà mieux.

Le portable de Seeley se met à sonner.

- Booth. (Il écoute son interlocuteur.) Quoi ? Où ça ? Bon, merci d'avoir appelé. Je veux le rapport sur mon bureau pour demain matin.

Il raccroche.

- Que se passe-t-il ? je lui demande en me redressant.

- On a retrouvé l'agent Patterson et l'agent qui surveillait ton appartement couverts de sang dans la cave de ton immeuble. Assommés tous les deux avec un objet contondant qui a failli leur briser le crâne. L'un et l'autre prétendent ne se souvenir de rien.

Patterson assommé ! Mais alors, ce n'était pas lui qui a sonné à ma porte ? Bon Dieu, qui ça pouvait bien être ?

- Tu as encore été victime d'une tentative de meurtre, Tempe, dit Angela.

J'ai un hoquet de stupeur. On me vole ma vue, et maintenant, on veut me tuer ? Encore ?

- Mais... pourquoi ? POURQUOI ???

J'ai hurlé. J'en ai marre. Si je n'étais pas aveugle, je serai déjà sur la piste du tueur, arme à la main.

Je veux qu'on me foute la paix, qu'on me laisse tranquille. J'ai peur.

- Tempérance, calme-toi, me dit Seeley en posant une main apaisante sur mon bras. Tout va s'arranger, je vais tout faire pour. Je vais retrouver ce salaud qui en veut à ta vie et lui faire payer très cher.

J'entends Angela se lever.

- Ma chérie, il faut que je parte, il est très tard. N'hésite pas à m'appeler si tu as besoin de quoi que ce soit, même cette nuit.

- Ce ne sera pas nécessaire, Angela, dit Seeley en se levant à son tour. Je vais rester avec elle cette nuit. Pas question de la laisser seule.

- Bonne idée, Booth, je pars rassurée. Je te téléphone demain, Tempe. Dors bien et surtout ne t'inquiète pas, dit-elle en se penchant vers moi pour poser une bise sur mon front, ton chevalier en armure est là.

- Merci, Ange.

Seeley la raccompagne jusqu'à la porte, je les entends encore chuchoter, puis il revient vers moi et reprend sa place sur le canapé. Je me redresse et instinctivement, je cherche le berceau de ses bras. Et je le trouve aussitôt. Je pose ma tête sur son torse et il resserre ses bras autour de moi. Là, je me sens bien, en sécurité.

- Qu'est-ce qui se passe, Seeley ? Pourquoi cet homme m'en veut-il à mort ? Je ne comprends pas...

- Moi non plus, je ne comprends pas, chérie, mais crois-moi que je vais tout faire pour comprendre, ça, je peux te le jurer.

Il caresse doucement mes cheveux et je sens ma peur s'envoler à son contact. Mon corps frissonne et je me mets à trembler. Non pas de peur, mais de désir.

- Seeley...

- Hummm ?

- J'ai besoin de toi..., dis-je doucement.

- Je suis là, Tempérance, près de toi, je te protège.

- Je sais, mais, pour l'instant, ce n'est pas de protection dont j'ai besoin...

Je relève mon visage vers lui. Je devine qu'il me fixe car je sais que ma réponse l'a interloqué.

- Alors, de quoi as-tu besoin, chérie ?

- Je veux que tu me fasses l'amour, Seeley... J'ai besoin que tu m'aimes...

Je le sens se raidir légèrement contre moi.

- S'il te plaît....

- Tempérance... je...

Je pose un doigt sur ses lèvres.

- Non, arrête, je sais ce que tu vas dire : que je ne suis pas en forme pour ça, que je viens d'être victime d'une seconde tentative de meurtre, que je suis aveugle, bla bla bla... C'est justement pour toutes ces choses-là que je veux que tu me fasses l'amour, ces choses que je veux oublier pour quelques heures...

Alors, je sens qu'il m'attire plus encore au creux de ses bras.

- Tu veux vraiment que je te fasse l'amour ici, maintenant ?

- Oh oui, Seeley, oui...

Ma voix n'est plus qu'un souffle et mon cœur bat la chamade dans ma poitrine. Alors je sens ses lèvres se poser sur les miennes en un baiser profond et passionné. Je comprends aussitôt que Seeley est à bout.

- Tempe, ça fait si longtemps que j'ai envie de toi, je n'ai pas osé... je pensais que tu... n'étais pas prête pour ça...

Sa voix tremble un peu.

- Chuuutttt, ne parle plus... et embrasse-moi, dis-je en faisant glisser le bout de mes doigts sur sa joue et dans ses cheveux, rapprochant son visage du mien.

Alors, il laisse tomber les barrières qu'il avait érigées autour de moi depuis mon réveil pour me protéger, pour me garder en paix, pour me laisser me remettre de tous ces tourments, laissant son désir pour moi de côté, ne pensant qu'à mon rétablissement. Comme il a dû souffrir...

Et comme j'ai souffert du manque de lui...

Mais maintenant, maintenant...

Nous nous embrassons à en perdre le souffle. Mes mains le cherchent, elles parcourent son corps fiévreusement tandis que les siennes font la même chose sur mon corps. Mes sensations sont décuplées, ma peau est électrisée et frissonne sous ses caresses. Ses lèvres laissent des traînées brûlantes dans mon cou. Je brûle, j'ai l'impression d'être un volcan en éruption. C'est plus fort que moi, je gémis, de plus en plus fort, rien ne me retient. Je me laisse aller à cet abandon divin.

Seeley glisse ses mains sous mon pull et le fait glisser le long de ma poitrine pour le faire passer par-dessus de ma tête. Puis ses mains glissent sur mes épaules pour le faire tomber. Dessous, je ne porte qu'un petit top et un jean. Je frissonne parce que je sais qu'il me regarde, je sens ses yeux sur moi, partout. Puis il pose ses mains sur ma taille et remonte vivement le top qu'il passe par-dessus ma tête, et ensuite, il me retire mon jean et mon string dans des gestes rapides.

Ça y est, je suis nue devant lui. Je l'entends haleter. Alors je le déshabille aussi : cravate, chemise, pantalon, boxer, tout y passe. Mes gestes sont sûrs. Une fois que j'ai mes mains sur lui, tout va très vite.

Là, maintenant, il n'y a pas le temps pour la romance, ni pour les préliminaires. Là, tout de suite, je n'ai qu'une envie : le sentir en moi. Et je sais que c'est la même chose pour lui. L'urgence du désir à satisfaire. D'un désir qui nous consume depuis déjà trop longtemps et inassouvi.

Alors, je le renverse sur le canapé et je l'enfourche rapidement. Il gémit. Mes gestes sont toujours aussi sûrs, comme si voir ne m'était pas indispensable. Je l'embrasse profondément, puis mes lèvres glissent sur sa mâchoire, sur son cou, sur sa poitrine. Ma langue entre en action elle aussi, laissant sur ses tétons une trainée de salive brûlante.

- Tempérance..., murmure-t-il d'une voix rauque, tu me rends fou...

Il gémit et se cambre sous mes caresses qui deviennent de plus en plus audacieuses. Alors je comprends qu'il ne faut pas que je m'attarde, sinon, il va perdre tout contrôle. Après une dernière caresse, j'abaisse mes hanches sur lui et le prends en moi. Je serre les dents pour ne pas jouir tout de suite. Je pousse un gémissement de plaisir.

Seeley attrape mes hanches et nous commençons à bouger en cadence. Notre tempo est parfait et bientôt, je sens les petits fourmillements annonciateur de l'orgasme qui va me submerger. Je cramponne le torse en sueur de Seeley qui halète sous mon assaut.

- Seeley, je...

Je ne vais pas pouvoir me retenir très longtemps, le plaisir monte en moi comme une lave en fusion. La moindre caresse de Seeley déclenche en moi des sensations qui m'électrisent complètement. J'ai l'impression d'avoir 100 000 volts dans le corps, c'est dément. Je sens la sueur couler sur mon ventre et dans mon dos. Jamais je n'ai connu ça. Même la première fois avec Seeley. J'ai l'impression que tous mes sens sont décuplés.

Et soudain, ça y est. L'orgasme me déchire le corps et je pousse un hurlement que je ne peux retenir. Impossible. Totalement impossible. J'ai l'impression que je vais étouffer, ma respiration s'est bloquée, mes poumons sont en feu. Je crie encore plus d'une fois tandis que l'orgasme n'en finit pas.

Sous moi, je sens Seeley qui se cambre plus fort. Il pousse un cri rauque en criant mon nom. Son corps s'arque plusieurs fois et il me serre contre lui. Nos souffles se mélangent tandis que nous échangeons un baiser passionné.

Puis tout retombe lentement, le plaisir et les sensations s'éloignent doucement, me laissant complètement inerte et ravagée de plaisir sur le corps de Seeley. Nous laissant complètement ravagés de plaisir.

- Merci, Seigneur..., je murmure doucement tout en souriant.

Je sens les lèvres de Seeley sourire contre ma joue.

- Je pensais que tu ne croyais pas en Dieu, Bones..., dit-il.

- Arrête et laisse-nous profiter de cet instant divin, mon amour...

- Tu as été... waouh...

En souriant, je me blottis dans ses bras. Oui, ça a été magnifique, unique et nous avions tous deux besoin de profiter de ce moment magique. Je venais de m'abandonner totalement à Seeley et j'avais hâte de devenir sa femme. Pour le meilleur et surtout, pour l'instant, le pire.

A suivre...


ELECTRA  (07.08.2009 à 21:44)

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