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Série : Sex Education
Création : 21.05.2021 à 10h28
Auteur : sanct08
Statut : Terminée
« Jean et Stella, deux soeurs en froid depuis longtemps, mettent des mots sur leur vie et leur relation » sanct08
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L’épisode virtuel (EV) qui suit est un crossover entre les séries Sex Education et The Fall. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas les séries ou n’en connaîtraient qu’une seule, voici un petit descriptif de leurs trames et des personnages mentionnés dans l’histoire.
Les séries :
Contexte de l’EV :
Les personnages principaux :
Les personnages secondaires :
Cela faisait des jours qu’elles ne se sentaient pas très bien. Au départ, aucune des deux n’y avait vraiment prêté attention, trop occupées à faire face à leurs problèmes et à se convaincre que cette sensation n’était que passagère. Très rapidement cependant, elles avaient été forcées d’admettre que tout ne dépendait pas que de leur volonté propre. Qu’une partie de ce qui leur arrivait émanait de l’autre. Il y avait longtemps que ce sentiment ne les avait pas étreintes. En règle générale, elles parvenaient à rester séparées, ne savaient rien ou presque rien l’une de l’autre. Pas aujourd’hui. Elles n’arrivaient même plus à distinguer leurs propres émotions de celles véhiculées par l’autre ! Peur, angoisse, peine, vexation se mêlaient et rendaient leur quotidien difficile à supporter. Il leur arrivait même de se perdre ! D’avoir l’impression de ne plus être elles-mêmes. Elles détestaient cette sensation. Elles détestaient perdre le contrôle de la situation. Elles devaient faire quelque chose. Mais aucune des deux ne se résolvait à faire le premier pas.
Le temps où elles pouvaient tout partager était révolu. Trop de choses les opposaient désormais et elles n’étaient pas certaines de vouloir résoudre leurs différends. Chacune de leur tentative avait lamentablement échoué à cause de la franchise, parfois brute, dont elles pouvaient faire preuve l’une envers l’autre. Chacune de leur rencontre se terminait immanquablement en querelle et, après l’enterrement de leur mère voilà cinq ans, elles avaient décidé de ne plus se voir. Leurs ressemblances n’avaient plus suffi à les rassembler et, en leurs forts intérieurs, elles trouvaient ça dommage. Bien sûr, elles savaient ce qu’il y avait à savoir de l’autre. Internet aidait beaucoup mais aucune n’aurait admis devant l’autre qu’elle éprouvait le même besoin de rester en contact, aussi étrange et minime ce contact puisse-t-il être.
Elles avaient pourtant la très nette impression que les choses allaient bouger. Que les choses devaient bouger si elles ne voulaient pas sombrer. Tout avait basculé trop vite ces derniers mois pour qu’elles continuent à s’ignorer.
Jean était abasourdie. Comment son quotidien avait-il pu déraper si vite ? Tout avait commencé quelques jours plus tôt quand elle avait découvert que son fils avait trahi sa confiance et démoli 16 ans d’éducation en un claquement de doigts. Et maintenant ça ? Comment allait-elle pouvoir gérer cette situation ? Elle avait besoin d’en parler à quelqu’un. Elle attrapa son téléphone et son premier réflexe fut de vouloir appeler Jakob avant de se raviser. Non, il avait été très clair. Il ne voulait plus qu’elle l’importune. Si seulement elle avait des ami.e.s vers qui se tourner ! Mais Jean était seule. Désespérément seule. Elle avait toujours refusé d’avoir trop d’attaches par peur de souffrir et elle avait coupé les ponts avec le peu de personnes qui gravitait dans son cercle intime lors de son divorce. Elle n’avait donc personne à qui se confier. Soudain, une idée lui traversa l’esprit. Une idée ridicule qui la fit ricaner toute seule dans sa voiture. Il y avait si longtemps qu’elles ne s’étaient pas parlé qu’elle doutait qu’elle veuille bien lui répondre. Elle n’était même pas sûre qu’elle reconnaitrait son numéro de téléphone ! Elle se ravisa. Elle ne pouvait pas faire ça. Elle reposa son portable, mit le contact et quitta le parking du cabinet médical.
A la pause déjeuner, sa volonté de la voir refit surface lorsque son visage apparut à l’écran. La télévision diffusait un reportage sur « L’étrangleur de Belfast » et consacrait quelques minutes à l’enquêtrice qui avait aidé à le démasquer et l’arrêter.
« Une fois encore elle occupe le devant de la scène, songea Jean avec une pointe d’amertume. »
Pourtant, en dépit de la jalousie qu’elle sentait naître, elle avait la certitude qu’elle seule pourrait avoir une vague idée de ce qu’elle ressentait. Son obstination à ne pas vouloir entrer en contact avec elle fut une nouvelle fois mise à rude épreuve mais elle tint bon. Elle n’avait pas besoin d’elle. Elle pouvait se débrouiller seule et, de toute manière, Stella serait bien trop occupée pour lui répondre si elle se fiait au reportage qu’elle venait de voir. A supposer qu’elle ait le temps et l’envie de lui répondre.
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2h12 du matin. Jean ne dormait toujours pas. Sa journée tournait en boucle dans sa tête. Sa conversation, houleuse, avec Otis le matin même la hantait encore. Son fils lui avait à peine adressé la parole au déjeuner et elle en était blessée. Elle reconnaissait ne pas avoir fait beaucoup d’efforts pour entamer la conversation mais elle commençait à avoir assez d’être celle qui faisait toujours le premier pas. Elle savait qu’en tant que mère c’était son devoir mais cette fois-ci elle ne parvenait pas à s’y résoudre. Elle n’aimait pas se disputer avec lui mais la dispute faisait désormais partie de leur quotidien. Ils étaient partis fâchés et aucun des deux ne semblait décider à tendre la perche à l’autre. Angoissée à l’idée de ne plus retrouver ce qu’elle partageait avec lui avant de découvrir la vérité sur ses activités de sexologue en herbe, elle avait commencé à suffoquer. Une fois encore. Cela faisait plusieurs jours qu’elle avait l’impression d’être oppressée mais le malaise dont elle avait failli être la victime l’avait poussé à consulter en urgence. Et là encore la stupeur lui avait coupé les jambes. Elle avait passé l’après-midi à s’interroger sur cette découverte sans parvenir à prendre une décision définitive même si plusieurs pistes s’offraient à elle. Puis, pour se changer les idées et se prouver qu’elle restait une femme forte et sûre d’elle, Jean avait décidé d’assister à la comédie musicale que présentait la promo d’Otis au Lycée même si elle n’était plus la bienvenue dans l’établissement. Et là encore elle avait dû encaisser un choc supplémentaire. Elle avait été humiliée devant tout le Lycée de Moordale mais avait eu l’agréable surprise de voir son fils prendre sa défense. Rien ne pouvait lui faire plus plaisir, elle en avait même eu les larmes aux yeux. Ce dernier était même venu lui présenter ses excuses, l’assurer de son amour pour elle et l’avait incitée à retourner vers Jakob si c’était ce qu’elle souhaitait avant de s’évaporer à la recherche de Maeve. Une réconciliation sur le tard. Précaire. Fragile. Un équilibre qui pourrait bientôt être rompu de nouveau. Tout dépendait d’elle maintenant. De la décision qu’elle allait prendre.
Pour la troisième fois en moins de 24h, des sanglots lui serrèrent la gorge. Elle était perdue. Elle avait besoin de conseils. Besoin d’une oreille attentive. Besoin de sa sœur. Elle fit taire la petite voix qui l’incitait à gérer ça toute seule et s’empara de son portable. Elle composa le numéro et la première sonnerie retentit.
C’était la douleur qui l’avait réveillée. Il fallut à Stella quelques secondes pour reprendre pied avec la réalité et se remémorer l’endroit où elle se trouvait. L’hôpital général de Belfast. En un éclair, tout lui revint. Elle revit Spector la frapper de toutes ses forces au visage puis, profitant du fait qu’elle soit à terre, la rouer de coups dans les côtes et l’abdomen. Elle entendait les cris de ses collègues qui se précipitaient dans la salle d’interrogatoire pour maîtriser son agresseur. Elle revoyait l’incrédulité se peindre sur le visage d’Healy, l’avocat du serial killer. Elle se rappelait à peine, par contre, de l’arrivée des secours et ne gardait du trajet vers l’hôpital que de vagues souvenirs. Elle se rappelait beaucoup mieux, en revanche, de son arrivée aux Urgences et de sa prise en charge par le Dr O’Donnell. A ce moment-là, elle avait commencé à réaliser véritablement qu’elle s’était laissée dominer par Spector et que celui-ci avait fait d’elle sa victime, au même titre que les pauvres femmes qu’il avait sauvagement assassinées au cours des derniers mois. Elle secoua la tête pour chasser ses souvenirs. La douleur, semblable à une décharge électrique, la parcourut. Sa tête et sa tempe gauche l’élançaient. Elle passa précautionneusement un doigt sur son arcade sourcilière gauche et grimaça. Spector ne l’avait pas épargnée en lui cassant l’arcade zygomatique. Plisser les yeux lui faisait mal mais il allait falloir qu’elle fasse avec pendant au moins deux semaines. Voilà ce qu’avait dit le Dr O’Donnell.
Elle avait été battue sur son propre terrain alors même qu’elle pensait en avoir fini et avoir gagné la bataille. La honte l’assaillit tout à coup. Comment la situation avait-elle pu lui échapper à ce point ? Comment avait-elle pu ne pas deviner ce qui allait se passer ? Elle qui se targuait d’être l’une des meilleurs flics de Londres ! Elle déchantait en voyant le pétrin dans lequel elle se trouvait actuellement. Et elle avait entraîné Anderson et toute son équipe dans sa chute. Un profond soupir de lassitude lui échappa. De toute manière, tout était allé de travers depuis son arrivée en Irlande du Nord. Elle détestait Belfast et elle regrettait maintenant d’avoir été capable de voir la connexion entre des meurtres qui, au premier abord, n’avaient rien en commun. Elle avait refusé de lâcher l’affaire et avait donné corps à sa conviction. Son intervention avait sans doute sauvé des vies mais elle en avait mis autant en danger ! Rose Stagg, Tom Anderson, Danielle Ferrington, Sally-Anne Spector et sa famille et même la petite Katie Benedetto ! Jamais elle n’avait commis d’erreur plus grave.
Les évènements s’étaient enchainés tellement vite qu’elle n’avait pas pris le temps de se poser réellement et d’envisager l’avenir. Sa carrière pourrait bien souffrir des débordements de l’affaire et des libertés qu’elle avait prises avec son rôle. Elle n’aurait jamais dû s’impliquer autant et, surtout, elle aurait dû respecter les règles inhérentes à la position qu’elle occupait. Jamais elle n’aurait dû accepter de mener les interrogatoires ou de prendre la tête de l’escouade qu’on lui avait fournie. Pire encore elle n’aurait jamais dû tisser de lien avec le suspect ! Tout le monde le lui avait reproché mais elle savait pertinemment que cette relation ambiguë qu’elle avait entretenue avec lui avait permis de résoudre l’enquête. Elle en payait maintenant le prix. Elle éprouva alors un besoin violent de se confier à quelqu’un. Parler lui ferait sans doute du bien mais elle était plutôt solitaire. Pas de mari, pas d’enfant, très peu d’amis en dépit de ce qu’elle avait confié un peu plus tôt à son médecin et elle n’avait plus contact avec sa famille depuis un long moment. Elle aurait volontiers appelé Jim mais elle doutait qu’il lui réponde. Sa relation avec lui avait beaucoup souffert ces dernières semaines et il avait déjà ses propres problèmes à régler. Soudain, son visage s’imposa à elle. Elle rejeta fermement cette idée. Il y avait si longtemps qu’elles ne s’étaient pas parlé qu’elle doutait qu’elle veuille bien lui répondre. Sans compter que Jean, elle, avait une vie et que celle-ci l’accaparait ; elle ne serait donc pas disponible pour l’écouter s’épancher. A supposer qu’elle veuille bien lui répondre…
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2h12 du matin. Stella ne parvenait toujours pas à se rendormir et l’agitation propre à un Service d’urgences n’y était certainement pas étrangère. Elle souhaitait plus que tout parler à quelqu’un de ses craintes, de ses douleurs et de ses regrets. Le visage de sa sœur s’imposa une nouvelle fois à elle.
« Jean saurait sans doute quoi faire. Elle a toujours su écouter les autres et trouver une solution à leurs problèmes, songea-t-elle, mais comment être sûre qu’elle veuille encore m’adresser la parole ? »
Stella n’eut pas à se poser la question plus longtemps car son téléphone vibra et le prénom de sa sœur s’afficha à l’écran. Elle hésita une fraction de secondes puis décrocha.
« Bonsoir Jean. »
Entendre la voix de sa sœur à l’autre bout du fil fut un soulagement immense pour Jean. Stella lui avait répondu. Elle pouvait compter sur elle. Du moins elle voulait y croire.
« Bonsoir Stella. Est-ce que je te dérange ?
Jean tiqua. Stella pensait à elle ? Était-ce bon ou mauvais signe ?
« Jean ? Tu es toujours là ?
L’ironie mordante dont faisait preuve sa sœur irrita la mère de famille.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? Il est arrivé quelque chose à Otis ? reprit Stella
Fichu lien gémellaire ! Impossible d’avoir une vie privée quand vous avez une jumelle ! Soudain Jean prit conscience que Stella devait en savoir long sur ses émotions. Il y avait plusieurs jours qu’elle allait mal et qu’inconsciemment elle avait dû transmettre ce mal-être à sa grande sœur.
« Je suis enceinte. »
Les mots avaient jailli sans qu’elle l’ait voulu. Il y eut quelques secondes de silence puis Stella demanda :
« Qu’est-ce que tu as décidé ? »
Aucune félicitation, aucune exclamation de joie ou de surprise. Juste une question. Une simple question posée d’une voix calme. Le calme de Stella rassura Jean. Elle s’était bien sûr interrogée à ce propos mais cette nouvelle l’avait tellement déboussolée qu’elle avait été incapable d’y réfléchir posément. Entendre sa sœur lui poser LA question avait un côté rassurant.
« Je ne sais pas. C’est une nouvelle à laquelle je ne m’attendais pas. Je croyais être en préménopause et Jakob, mon ex et père du bébé, est supposé avoir fait une vasectomie alors…
Stella sourit. Jean avait gardé son sens de l’humour.
« Tu en as discuté avec ce… Jakob, c’est ça ?
Il y eut encore quelques instants de silence puis Stella reprit la parole :
« Jean, tu veux de ce bébé ?
Jean entreprit alors de lui raconter les dernières déconvenues dont sa vie avait fait les frais sans que sa sœur ne l’interrompe une seule fois. Elle lui fit part de ses craintes à l’idée d’avoir mal éduqué Otis, lui raconta qu’il avait monté clandestinement un cabinet de sexologie au sein de son Lycée et qu’il faisait payer ses camarades pour donner ses conseils ! En parler, en dépit de leur réconciliation, ulcérait encore Jean. Comment ne pouvait-elle pas penser qu’elle avait raté quelque chose dans son éducation en apprenant que son fils avait le culot de gagner de l’argent illégalement en prétendant être quelqu’un qu’il n’était pas ? Elle lui parla également de la jalousie d’Otis à l’égard de Jakob, en précisant qu’il était venu s’en excuser, et de sa crainte à l’idée qu’il la rejette si elle acceptait cette grossesse.
« Otis doit apprendre à grandir Jean. Tu lui as consacré ta vie et il est temps que tu penses un peu à toi. Et tu as toi-même dit qu’il était venu s’excuser de son comportement. La seule question que tu dois te poser concerne ton désir de maternité. Est-ce que tu te sens encore capable d’être mère ? Tu as un fils de 16 ans et tu vas avoir un bébé. Ce sont deux mondes complètement différents et il est bien plus probable qu’Otis rejette cet enfant que toi. »
La franchise dont faisait preuve Stella avait toujours tendance à déstabiliser un peu Jean. C’était aussi l’une des grandes qualités de sa sœur même si cela l’énervait parfois.
« Qu’est-ce que tu me conseillerais ?
Avoir l’avis de Stella représentait beaucoup pour la future maman. Elle avait mis des mots sur ce qui la tourmentait et lui proposait une solution concise, tenant compte de ses sentiments et des perspectives qui s’offraient à elle dans un avenir proche. L’angoisse qui l’étreignait s’éloignait peu à peu et Jean respirait mieux.
« Merci.
Stella ne savait pas quoi dire. Jean avait toujours été la plus câline des jumelles et la plus acharnée à maintenir une relation stable entre elles. Son honnêteté était l’une de ses plus grandes qualités même si elle estimait parfois que sa frangine devrait apprendre à se taire ; elle décida donc de l’imiter.
« Pour être honnête, tu me manques aussi. »
Jean sourit à l’autre bout du fil. Entendre Stella l’admettre était aussi rare que de l’entendre reconnaître qu’elle avait tort.
« Assez parlé de moi, reprit Jean. La télévision ne parle que de tes exploits.
Pas de tentatives d’excuser le comportement de sa sœur. Pas de reproches quant au fait qu’elle ait mis sa santé mentale en danger en se liant à ce fou furieux. Stella apprécia énormément cette retenue mais elle apprécia encore plus que Jean se contente de poser LA question qui la tourmentait. Spector avait souligné, à plusieurs reprises, qu’ils partageaient des points communs et le doute avait fini par s’insinuer en elle. Elle avait lutté pour le maintenir en vie alors même que tout cette histoire aurait pu se finir des jours plus tôt si elle n’avait pas été si obstinée à vouloir tout savoir, tout contrôler et si elle ne s’était pas acharnée autant à vouloir le conduire devant les tribunaux. Bien sûr elle avait rejeté vigoureusement cette allégation mais maintenant, seule dans son lit d’hôpital, elle ne pouvait s’empêcher de dresser une liste de leurs ressemblances.
« Je n’en sais rien. Peut-être. Tu crois que je possède en moi des pulsions meurtrières ou sadiques ?
Il y eut quelques instants de silence avant que Stella ne reprenne la parole.
« J’ai merdé Jean. J’ai vraiment merdé. Le seul point positif dans toute cette affaire c’est que Spector ne s’en tirera pas. Il a grillé sa dernière carte « sortie de prison » en s’en prenant à moi.
L’inquiétude perçait dans la voix de sa petite sœur aussi Stella entreprit-elle de la rassurer et de lui conter ses récentes mésaventures en insistant lourdement sur l’absence de blessures graves. Elle lui parla de l’amnésie simulée par son suspect et de la manière dont elle était parvenue à le faire tomber en jouant sur sa double identité et sur les crimes commis alors qu’il n’était que Peter Baldwin. Elle lui révéla sa peur de le perdre quand il s’était fait tirer dessus et lui parla de son insistance à le faire prendre en charge pour qu’on lui sauve la vie alors qu’il était un salaud. Un salaud doublé d’un pervers sexuel et meurtrier. Un salaud qui, par sa faute, avait bien failli recouvrer sa liberté.
Le désespoir qui perçait dans la voix de sa sœur alarmait Jean plus que n’importe quoi d’autre. Stella avait toujours été une force de la nature, elle ne laissait jamais paraître ses émotions et se cachait derrière un masque de froideur destiné à repousser les autres pour ne pas être blessée. Et maintenant, elle redevenait l’adolescente perturbée et fragile que Jean avait dû protéger d’elle-même.
« Tu l’as coincé Stella. Il ne sera plus jamais libre. Il a menti. Il s’en est pris à toi. Il a fait sauter sa couverture d’amnésique. Il s’est trahi tout seul.
Il fallut à Stella un bon quart d’heure, et moult excuses pour avoir manqué de tact dans sa réponse, pour calmer Jean.
« Je prends le premier vol pour Belfast demain et je viens te voir.
Inutile de le nier. Stella avait déjà mis sa vie en péril à de multiples reprises par le passé pour clore des dossiers et Jean le savait parfaitement.
« Je n’arriverai pas à t’en dissuader de toute façon. Mais rappelle-toi que je tiens à toi. Tu as aussi une famille. Essaye de t’en souvenir à l’occasion. »
Jean avait toujours eu du mal avec la décision de sa jumelle de s’engager dans la police et pas un jour ne passait sans qu’elle craigne de recevoir un coup de fil lui annonçant son décès en mission. Il lui arrivait même, parfois, de s’immerger dans leur lien gémellaire pour s’assurer que Stella allait bien et ne courait aucun danger immédiat mais elle ne l’aurait avoué pour rien au monde !
« Je n’ai jamais oublié que j’avais une sœur qui m’aimait mais si je laisse cet amour m’inonder quand je fais face à un ennemi, je pourrais perdre la vie. Je ne suis pas aussi insensible que j’en ai l’air.
La voix d’Otis se fit entendre derrière Jean. Celle-ci jeta un œil à son réveil et constata qu’il était près de 3h30. Elle avait discuté si longtemps avec Stella ?!
« Tout va bien, chéri. Je ne voulais pas te réveiller. Retourne te coucher. Je vais raccrocher.
L’air contrarié qui se peignit sur le visage de sa mère força Otis à se taire. Il ne tenait pas à se disputer à nouveau avec elle. Il l’embrassa, lui dit de saluer sa tante et regagna sa chambre.
« Excuse-le.
A l’issue de leur conversation, les deux sœurs se sentaient bien mieux. Elles arrivaient à nouveau à démêler leurs émotions de celle de l’autre, étaient redevenues elles-mêmes et avaient retrouvé un peu de leur lien d’antan.