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Série : The Pretender
Création : 28.11.2021 à 18h17
Auteur : sanct08
Statut : Terminée
« Une rencontre bouleversante entre une fillette malade et une femme désireuse de l'aider et de tout mettre en oeuvre pour lui accorder plus de temps. » sanct08
Cette fanfic compte déjà 7 paragraphes
Sainte Marie des malades avait longtemps été une maison de repos sombre et inhospitalière mais aujourd’hui, un nouvel avenir se dessinait devant elle. Aujourd’hui, 1er juillet 1969, elle réouvrait ses portes après deux longues années de travaux pour faire d’elle un lieu accueillant et chaleureux. Les nouveaux pensionnaires de l’hospice étaient de jeunes enfants malades, parfois mourants, auxquels il fallait procurer autant de joie que possible. Les petits patients, ravis, avaient même monté une pièce de théâtre pour remercier leurs bienfaiteurs. Pièce qui devait être donnée avant que le gala organisé par l’établissement n’occupe les donateurs. Ces derniers avaient été conviés à cet évènement pour constater par eux-mêmes quel usage avait été fait de leur argent
Catherine Parker, l’une des bienfaitrices, avait donc revêtu sa plus belle tenue – une robe bustier de couleur saumon – et s’y rendait avec enthousiasme. Elle adorait les enfants et défendait avec ardeur toutes les causes les concernant. Elle n’avait naturellement pas laissé filer l’opportunité de financer les travaux de l’hospice et avait même généreusement doté la structure. A elle seule, elle avait offert un demi-million de dollars pour que le projet puisse être concrétisé ! Son initiative lui avait donné l’opportunité de s’investir pleinement dans le programme et elle avait fini par enfiler la casquette de « Grande Conseillère ». Son époux avait bien grincé des dents quand elle lui avait fait part de son intention et lui avait demandé de financer la campagne de rénovation mais il l’avait laissée faire. Il faut dire qu’elle avait su se montrer convaincante. Son mari était obsédé par l’image que renvoyait le Centre, la compagnie dont il était le Président, et elle lui avait assuré que participer à ce programme le propulserait sur le devant de la scène et lui ferait beaucoup de bonne publicité. En effet qui blâmerait une entreprise qui finançait la rénovation d’une maison de repos pédiatrique et collaborerait au bien-être de ses futurs petits résidents ? Paul Parker n’avait rien trouvé à y redire et avait ouvert les comptes du Centre en lui indiquant qu’elle pouvait y piocher comme bon lui semblerait. Il savait que son confesseur, le Père Moore, lui avait parlé de ce projet et il la connaissait suffisamment bien pour savoir que si elle se sentait soutenue elle ne renoncerait pas à ses idées. En réalité il espérait secrètement que cette nouvelle mission l’accaparerait souvent et qu’elle arrêterait ainsi de mettre des bâtons dans ses roues et dans les projets qu’il faisait pour l’avenir du Centre. Projets avec lesquels elle était en désaccord. Autant dire que cette rénovation arrangeait bien ses affaires et qu’il n’avait pas hésité longtemps à lui donner accès aux coffres de l’entreprise ! Et Catherine ne se l’était pas fait dire deux fois ! Son apport financier avait ainsi permis, entre autres, d’offrir une décoration plus gaie aux chambres des futurs résidents. En tant que « Grande Conseillère » et accompagnée de sa petite fille et du Directeur de la pension, elle avait fait les boutiques pour dénicher des papiers peints, des frises, des tableaux et du beau mobilier qui avaient pour ambition d’empêcher les malades de trop avoir le cafard. La fillette, qui tenait à aider sa maman, avait même eu l’idée d’acheter des lettres en bois aux formes rigolotes dont les malades pourraient se servir pour écrire leurs noms sur la porte de leur chambre. Cette gentille pensée avait ému la mère de famille qui y avait immédiatement adhéré.
Il était maintenant l’heure de découvrir le résultat final…
Catherine applaudissait à tout rompre. La représentation donnée par les enfants avait été très réussie. Leur interprétation de Peter Pan, basée sur le dessin animé sortit en salles en 1953, l’avait profondément émue. Ils étaient parvenus à retransmettre leur envie d’évasion de la prison que constituaient leurs corps et leur psyché pour pénétrer un monde meilleur dans lequel ils pourraient évoluer sans contraintes. Elle essuya une larme qui avait roulé sur sa joue. Ces gamins étaient de vrais battants qui affrontaient la douleur au quotidien et se battaient contre elle avec acharnement de la même manière que Peter et ses enfants perdus combattaient le Capitaine Crochet et ses pirates. Tous les jours elle remerciait le Ciel de lui avoir offert une adorable petite fille qui était vive et en bonne santé. Elle se demandait si son cœur aurait supporté de voir son enfant souffrir sans pouvoir rien faire pour la soulager quand, soudain, son regard fut attiré par une fillette blonde comme les blés qui venait de chuter. Elle quitta sa place et se dirigea vers elle.
« Tu ne t’es pas faite mal ?
- Non Madame, merci, lui répondit-elle en se massant néanmoins le genou »
L’adulte l’aida à se relever et à s’asseoir avant de vérifier l’étendue des dégâts. La petite s’était écorché le genou et Catherine envoya une infirmière chercher de quoi nettoyer et panser la plaie pendant qu’elle restait à ses côtés pour lui tenir compagnie. Elle avait la vague impression de l’avoir déjà vue quelque part… Peut-être l’avait-elle aperçue avec le Père Moore dans le centre d’accueil temporaire où logeaient les enfants jusqu’à aujourd’hui ? Elle fut tirée de sa réflexion quand la fillette prit la parole :
« Si vous ne partez pas maintenant, vous allez manquer le banquet, constata-t-elle en voyant les invités et le Directeur se rendre dans la salle de réception
- Ce n’est pas grave. De toute manière ces cocktails m’ennuient toujours. Je suis surtout venue pour voir le spectacle. »
Un sourire éclaira le visage de la gamine.
« Vous avez aimé ?!
- Oh que oui ! C’est la plus belle représentation de Peter Pan que j’ai vue. Elle était bien meilleure que celle à laquelle j’ai assisté à Londres il y quatre ans.
- On a beaucoup travaillé vous savez. Et nous avons créé les costumes nous-même ! Ça nous a pris beaucoup de temps mais c’était plutôt amusant ! Au fait, je m’appelle Faith.
- Et moi Catherine, lui répondit-elle en réalisant soudain qu’elle avait sous les yeux la fillette dont lui avait longuement parlé son confesseur. C’est un réel plaisir de te rencontrer Faith. »
L’infirmière revint à ce moment-là et désinfecta puis banda la blessure. Elle signala également à Mme Parker que le Directeur venait d’entamer son discours d’inauguration et de remerciements et lui indiqua qu’elle était attendue. La femme grimaça mais elle ne pouvait pas s’absenter plus longtemps. Elle était une invitée de marque et avait accepté de dire quelques mots pour expliquer les raisons de son investissement. Elle promit malgré tout à Faith de repasser la voir plus tard pour prendre de ses nouvelles.
Elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle revoyait sans cesse le visage souriant de Faith et repensait à la désinvolture avec laquelle elle lui avait annoncé être atteinte de leucémie. D’une forme rare de leucémie. Comment une enfant si jeune pouvait-elle prendre la chose avec tant de philosophie ? Catherine, elle, était profondément bouleversée. Pourquoi le Seigneur faisait-il porter un tel fardeau sur des épaules si fragiles ? Faith avait-elle conscience, réellement et pleinement conscience, qu’elle était condamnée ? Que quoi qu’il advienne elle ne survivrait pas à l’adolescence, à supposer qu’elle arrive jusque-là… A son retour au Centre elle avait retrouvé son amie médecin, Edna Raines, pour en apprendre plus sur la maladie. C’est là qu’elle avait appris que l’espérance de vie de la fillette était très courte. Seul un miracle pourrait la sauver. Et ce miracle, avait décidé Catherine, ce serait le Centre qui le lui apporterait. L’entreprise possédait des millions et détenait des parts dans de nombreux laboratoires de recherche. Le Centre en possédait même un qui était à la pointe de la technologie des années 1960. Certains disaient même qu’il était avant-gardiste. Elle avait donc décidé qu’elle devait faire quelque chose pour cette enfant souffrante. Elle refusait de rester les bras croisés à la regarder mourir. Si Dieu, par l’intermédiaire du Père Moore, avait mis la petite fille sur son chemin, ce devait être pour une bonne raison. Cependant, pour mener à bien cette mission, elle avait besoin d’aide. Il fallait qu’elle parvienne à convaincre son mari de l’épauler. Elle savait que l’un des projets du Centre consistait à créer des médicaments pour lutter contre les différentes formes de cancer connues à ce jour et elle souhaitait que les recherches sur la leucémie progressent encore. Elle vivait dans la peur d’apprendre un jour que sa propre fille était gravement malade et qu’il soit impossible de la sauver ou au moins de lui fournir un traitement pour la soulager. Et elle savait de quoi elle parlait. Après tout Dorothée, sa jeune sœur, était maintenant en institution parce qu’elle était gravement malade. Ce pourrait très bien être son petit ange qui occuperait un lit d’hôpital, identique à celui de Faith. Et elle refusait farouchement de voir cela se produire. C’est la raison pour laquelle elle soutenait les projets médicaux portés par l’entreprise de son époux. C’est donc une décision mûrement réfléchie qu’elle prit : elle allait tout mettre en œuvre pour offrir un futur à Faith.
Dès le lendemain de sa rencontre avec la malade, elle avait pris contact avec les plus éminents spécialistes de la leucémie et s’était documentée plus profondément sur la forme dont elle souffrait. Elle avait aussi compulsé toutes les informations concernant les recherches conduites pour lutter contre la leucémie. Elle était également retournée à l’hospice pour connaître dans le détail l’état de santé de sa nouvelle protégée et se faire une idée plus précise de ce qui pouvait être entrepris. Elle avait aussi quémandé la possibilité de venir visiter l’enfant plus souvent pour qui elle s’était prise d’affection. Requête qui lui avait accordée. Elle lui avait alors fait part de son désir de l’aider et lui avait expliqué comment cela allait se passer. Elle devrait voir de nouveaux docteurs et subir d’autres examens médicaux mais elle lui avait assuré que ce serait pour son bien. Si quoi que ce soit la dérangeait ou lui faisait mal, elle devait l’en avertir. Faith avait acquiescé sans poser de questions. De ce jour naquit une relation quasi filiale entre Catherine et Faith.
Des semaines étaient passées et Catherine était enfin parvenue à pousser son conjoint à l’accompagner à Sainte Marie des malades. Il était important que Paul fasse la connaissance de Faith et voit à quel point il défendait une juste cause. Les millions de Mr Parker investis dans la fondation catholique ne l’avaient pas été en vain. Ceux consacrés aux recherches sur la leucémie ne le seraient pas plus. Cette visite était d’autant plus importante pour la mère de famille qu’une idée concernant le devenir de la fillette commençait de prendre forme dans son esprit. Elle avait hésité à emmener sa fille avec eux mais elle craignait que cette visite ne la bouleverse trop. Elle l’avait donc laissée sous la surveillance de Janet, la gouvernante de la demeure Parker.
Le couple retrouva l’enfant dans les jardins et la regardèrent avec attendrissement terminer sa partie de « policier-voleur ». A l’issue du jeu, Faith nota leur présence et son visage s’illumina en voyant Catherine vers qui elle s’élança en souriant. Son sourire avait pourtant du mal à dissimuler la fatiguait qu’on lisait dans son regard et Catherine la trouva encore plus amaigrie que lors de son dernier passage. Les trois dernières semaines avaient dû être dures pour l’enfant. Une fois les présentations faites, le trio profita encore un peu du grand air avant que la petite fille, fatiguée, ne demande à ce qu’ils la reconduisent à sa chambre. Paul et Catherine restèrent près d’elle jusqu’à ce qu’elle s’endorme puis quittèrent la pièce. Paul ne souffla pas un mot de tout le trajet de retour. Il semblait perplexe. Sa femme était prête à parier qu’il était chamboulé par cette singulière rencontre mais son éducation l’empêchait de s’étendre sur ses sentiments. La seule fois où elle avait vu une émotion spontanée marquer son visage avait été le jour où il avait vu leur fille pour la première fois.
Le lendemain soir, alors qu’ils se couchaient, il se décida enfin à parler.
« Tu as eu raison d’insister pour que le Centre investisse dans ce projet. Et je comprends pourquoi cette petite fille t’a tant touchée. Je veux, moi aussi, lui venir en aide. »
Catherine ne peut masquer sa surprise. Il lui arrivait de faire part de ses sentiments mais ces moments étaient tellement rares qu’ils surprenaient à chaque fois. Il n’y avait que dans l’intimité de leur chambre ou de leur maison de campagne que Paul acceptait de s’ouvrir et montrait qu’il était aussi un être humain. Un humain qui mettait des mots sur ses pensées et envies propres. Qu’il n’était pas dirigé par le Centre.
« Et si on l’adoptait ? »
Les démarches étaient lancées. Faith serait bientôt à eux. Catherine s’en réjouissait. Elle avait hâte de pouvoir la présenter à sa petite princesse. Paul et elle se refusaient cependant à lui parler de leur projet dans l’immédiat. L’état de santé de la fillette malade se dégradait à vue d’œil en dépit de du nouveau traitement mis en place par le Centre et dont elle bénéficiait. Le couple ne renonçait à rien pour lui donner toutes ses chances de survie et il espérait bien voir ses efforts aboutir. Et le pire pouvait arriver n’importe quand. Faith s’épuisait de plus en plus vite et développait aussi des problèmes respiratoires. Catherine et Paul voulaient donc préserver leur fille de la douleur de perdre une amie, à défaut d’une sœur car elles n’auraient probablement pas le temps de développer un lien sororal.
Le temps filait à une vitesse effrayante et plus les mois passaient plus l’état de santé de Faith, mais aussi de Catherine, se détériorait. La mélancolie chronique, pour ne pas dire sa « dépression », dont elle souffrait l’affaiblissait. Ses séances avec Sydney, son ami psychiatre, devenaient de plus en plus nombreuses et ses luttes lui prenaient de plus en plus de temps. Elle suffoquait au Centre et elle suffoquait aussi en pensant à ce qui l’attendait. A ce qui les attendait tous. Elle continuait à se battre pour sa fille et pour Faith mais sa grossesse inattendue ainsi que l’échec du traitement contre la leucémie venaient contrarier ses plans. Elle avait de plus en plus de mal à garder la foi. Foi en l’avenir, foi en l’Homme, foi en la science, foi en l’espoir.
Elle avait fini par faire quitter Sainte-Marie à sa nouvelle fille pour le Centre où une équipe médicale s’occupait d’elle 24h/24h. Elle allait la voir dès qu’elle en avait l’opportunité et lui consacrait la quasi-totalité de ses après-midis. Sauf le mercredi qui était exclusivement réservé à sa petite princesse. Elle ne lui avait toujours rien dit à propos de sa sœur. De même elle ne lui avait pas révélé attendre un enfant. Elle estimait que tout ça pouvait attendre qu’elles soient toutes les deux en sûreté en Europe et que son opération secrète soit achevée. Elle s’était en effet assigné une mission : secourir les enfants du Centre. Elle était déjà parvenue à faire sortir une dizaine de bambins et des bébés en douce mais elle était désormais à court de temps. Elle avait dû se fixer des priorités et, aidée par Fenigor et le Major Charles, elle avait décidé de sortir trois autres enfants : Jarod, Timmy et sa propre fille. Seule Faith posait problème. Elle n’était pas en état de voyager et elle avait besoin de soins mais Catherine Parker ne pouvait pas se résoudre à partir en Europe sans elle. C’était un insoluble dilemme. La future maman savait pertinemment qu’elle tenait là sa dernière chance de faire quitter ce monde froid et horrible à ses trois petits protégés. Cependant, pour que cela réussisse, elle devait abandonner l’un de ses enfants.
Le Destin décida finalement pour elle et ce n’est pas un mais quatre enfants qu’elle condamnait à rester prisonniers du Centre. Seul l’enfant qu’elle attendait survivrait.
Faith était triste et inquiète. Sa nouvelle maman était en retard et ce n’était pas dans ses habitudes. Elle sentait que quelque chose n’était pas normal. Qu’un drame s’était produit. Ses craintes furent confirmées quand elle vit arriver son père adoptif. Son visage n’était pas aussi impassible qu’à l’accoutumée et elle pouvait voir qu’il avait pleuré. Mr Parker tira à lui une chaise, se frotta les yeux et posa un regard attendri et plein de sollicitude sur la petite fille.
« Où est maman ?
- Ma petite Faith, j’ai une terrible nouvelle à t’apprendre. Ta mère a… elle s’est donné la mort, lui répondit-il la gorge nouée de sanglots »
Faith n’était pas bête. Elle comprenait tout à fait ce qu’il venait de lui dire. Sa mère avait commis un acte atroce qui allait lui coûter le Paradis. Sa seconde maman ne viendrait plus la voir. Elle ne la prendrait jamais plus dans ses bras, ne l’embrasserait plus, ne prierait plus avec elle. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux puis dévaler sur ses joues en obscurcissant sa vision. Sa mère avait décidé de mourir seule et elle aussi, de fait, mourrait seule. Son père ne venait que rarement la voir (son travail l’accablait disait Catherine) et les médecins n’étaient pas très compatissants. De même, ils n’étaient pas la meilleure des compagnies dont pouvait rêver une fillette de 8 ans. Seule Catherine était présente pour elle.
Tout à coup, elle sentit des bras se refermer autour d’elle. Son deuxième papa tentait, maladroitement, de la réconforter. Elle ne peut s’empêcher de se demander s’il avait été aussi gauche avec sa « vraie fille » et se prit à espérer que non. L’autre petite fille devait être encore plus malheureuse qu’elle. Elle accepta malgré tout l’étreinte car elle sentait que l’homme en avait besoin autant qu’elle. Puis, aussi soudainement que cela avait débuté, lui tapota la joue et quitta les lieux. Faith était maintenant seule avec son chagrin, ses angoisses et sa maladie. Sa fin se rapprochait inéluctablement, elle le savait, mais elle ignorait que contrairement à ce qu’elle croyait elle ne mourait pas seule et dans l’indifférence générale.