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Série : Doctor Who (2005)
Création : 01.01.2022 à 18h41
Auteur : choup37
Statut : Terminée
« Le Docteur et Jack se connaissent depuis longtemps, et sont passés par beaucoup de sentiments. 31 histoires pour raconter la plus longue relation que le Docteur a jamais connue. » choup37
Cette fanfic compte déjà 31 paragraphes
Les cheveux des Docteurs étaient aussi différents que leur personnalité.
Les cheveux du premier Docteur de Jack – Grognon, Veste de cuir, Oreilles d'éléphant- étaient coupés si courts qu'on aurait presque cru le croire chauve. Le peu de millimètres parvenant à pousser sur ce crâne ferme étaient entretenus sévèrement, dans une discipline martiale symbolisant finalement parfaitement leur propriétaire.
Sévère, ferme et autoritaire.
Aucune place n'était laissée à l'amusement, ou la folie.
Ce Docteur était dur, renfermé, instable – si proche encore de la Guerre, et du double génocide, traumatisé au point de se haïr dans son apparence physique même. Se laisser pousser les cheveux était inutile, une marque de futilité et d'orgueil qui n'avait plu sa place depuis qu'il était devenu le plus grand meurtrier de tous les temps.
En conservant des cheveux si courts, en les empêchant de vivre et se développer, le Docteur se punissait lui-même.
Ses cheveux étaient à l'image du reste de son apparence physique, simples et efficaces : sobres, aisés à entretenir, rapides à laver. Pas de chichi, de folie ou de bêtise en tout genre. De même qu'il portait une tenue spartiate, le premier Docteur de Jack conservait des cheveux courts à en pleurer.
Il ne s'était pas attendu à ce que son compagnon les aime à ce point.
Jack devait l'admettre, il aimait passer ses mains dans des mèches longues et soyeuses. Mais il était un homme connu pour son sens de l'adaptation, et des cheveux courts et fermes possédaient aussi leurs avantages.
Magnifique.
Ce n'était pas un terme auquel le Neuvième Docteur était habitué, plus à présent.
Mais Jack l'avait employé.
Et malgré ses protestations, il ne cesserait de le répéter.
Jack caresserait ses mèches courtes avec fascination, et une douceur qui avait retourné le vieil ours que le Seigneur du temps était devenu.
Jack les regardait avec tendresse, et amusement.
Il avait dit cela d'un ton si posé, comme si c'était une vérité évidente, sans débat possible.
Normal, avait-il dit.
Le Docteur avait senti une pointe de quelque chose qu'il ne pensait plus connaître le frapper en plein dans ses cœurs.
Jack l'acceptait.
Jack ne s'interrogeait pas.
Jack le prenait tel qu'il était, sans se poser de question.
Les doigts de son compagnon s'étaient perdus dans son crâne lorsqu'il l'avait attiré à lui, les caressant avec une révérence et tendresse que le Docteur savait ne pas mériter.
***
Les cheveux du nouveau Docteur étaient aussi sauvages que cette incarnation.
Des pétards semblaient y exploser continuellement.
Ses mèches étaient brunes, de la même couleur que ses prunelles. Surtout, et c'était la première chose que le désormais immortel avait tout de suite notée, ils étaient beaucoup plus longs que ceux qu'il avait connus un siècle et demi plus tôt.
Longs, et endiablés, taquins, et sexy, incontrôlables, et si attirants..
Jack avait constamment envie d'y passer sa main.
Ils semblaient si soyeux..
Ils semblaient avoir été créés pour lui, par lui.
Et diable, si Jack n'avait pas fantasmé dessus.
Ces cheveux étaient une provocation qui ne demandait qu'à être répondue.
Et le gredin qui leur servait de propriétaire le savait, parce qu'il passait son temps à passer ses mains dedans, les tirant, secouant, agitant dans tous les sens, tentant en vain de les arranger d'une manière plus posée, contrôlée, avant de grogner et les laisser tels quels, c'est à dire, comme Jack aimait le taquiner, dans le même état qu'après le passage d'une super nova radioactive.
Le regard qu'il recevait à cette remarque, à chaque fois..
Diable.
Ce Docteur était le Diable, et ses cheveux en étaient l'incarnation.
Jack, à son grand malheur, était tombé dans leur piège, presque immédiatement.
Mais de même qu'ils étaient impossibles à peigner, leur Docteur était impossible à saisir.
Toujours en mouvement, et constamment en fuite.
Une terre de feu en furie, que rien ni personne ne semblait pouvoir contrôler et arrêter.
Ce Docteur était le Jour, et la Nuit. Le Feu et le Froid personnifiés en une seule personne, la chaleur tendre et passionnée mêlée à la violence de la froideur dédaigneuse.
Ses cheveux étaient doux, et si soyeux au toucher. Mais ils pouvaient aussi être durs, et raides, des pics dangereux créant un mur de protection impossible à traverser.
Jack ne parvenait pas à trouver la clé.
Et il n'était pas certain de le désirer.
Aussi brillantissime était cette incarnation, elle était aussi terriblement cruelle.
Et Jack avait trop souffert à cause d'elle.
Peut-être, était-il temps de s'éloigner.
Les cheveux du Docteur avaient semblé s'abaisser à cette idée.
Jack en avait presque été amusé.
Oh, comme son Docteur lui manquait.
***
Les cheveux de Jack semblent immuables, comme leur propriétaire.
Courts, bruns, militaires.
Sexy, et une marque sans pareil du damné capitaine Jack Harkness, de même que sa mâchoire droite et son sourire 40 000 mille watts.
Le Docteur les connait très bien.
Il a eu tout le temps, à une certaine période de sa vie, pour les explorer dans les moindres détails.
Cette époque semble si lointaine à présent que c'en est douloureux physiquement.
Quand il y repense, le Seigneur du temps n'est pas loin de s'arracher les siens.
Comment les choses ont-elles pu dérailler ainsi ?
Les cheveux du capitaine sont trempés et plaqués sur son front alors que le Docteur s'accroupit, son long manteau marron flottant autour de lui et le protégeant de la pluie.
Celui de Jack est plongé à moitié dans les flaques d'eau recouvrant les rues de la ville en furie.
Une révolution n'est jamais jolie.
Y retrouver Jack, le Docteur n'est même pas surpris.
Les cheveux du capitaine sont trempés et plaqués sur son front alors que le Docteur s'accroupit, protégeant désespéramment de son corps le cadavre de son ami.
Au milieu des mèches brunes que le Seigneur du temps a autrefois tant aimé, une tâche rouge s'agrandit.
Mais déjà, la vie est partie.
Le Docteur sent sa gorge se serrer.
Une nouvelle fois, il n'a pas pu le sauver.
Tout ce qu'il peut faire à présent, est le ramener dans ce qui a autrefois été son foyer.
D'un geste lent, il passe sa main dans les cheveux bruns du cadet.
Le sang qui y coule lui donne envie de crier.
Une partie a déjà séché.
Depuis combien de temps, le capitaine est-il décédé ?
Déjà, il peut sentir le flux du temps qui habite l'immortel se contracter.
Soupirant, il le soulève doucement, caressant avec délicatesse ses mèches trempées.
Il reste avec lui jusqu'à son réveil, murmurant doucement continuellement. Il reste avec lui, ses doigts errant dans ses cheveux souillés. Il continue à les caresser, alors qu'il sent la vie se réveiller en lui. Il ne les quitte que lorsque Jack se réveille dans un long cri, le serrant contre lui malgré les hurlements d'une partie de son esprit.
Le capitaine le fixe, son regard vide et embué.
Le Docteur soupire, avant de se pencher, ses doigts palpant avec délicatesse la zone du crâne de l'immortel auparavant blessée.
Sans surprise, elle est déjà réparée.
Mais le sang, lui, ne s'en est pas allé.
Les doigts du Docteur sont rouges lorsqu'il les retire des cheveux de Jack. Ce dernier continue de le dévisager, éberlué, choqué.
La stupeur, la peur, l'incompréhension, l'appréhension.
Le Seigneur du temps détourne le regard, honteux.
Lorsqu'il tourne de nouveau la tête, c'est en sursaut : Jack a glissé instinctivement sa main dans ses cheveux, les caressant avec fascination.
Le Seigneur du temps hausse un sourcil, avant de sourire malgré lui, taquin.
La réplique est instinctive, le sourire aussi. Le Docteur roule des yeux, partagé entre irritation et amusement.
La réplique est instinctive, le sourire frêle.
La main de Jack se glisse automatiquement dans ses cheveux, faisant tomber un peu plus de sang sur son visage.
Le Docteur grimace, avant de froncer les sourcils. Se rapprochant, il passe sa main dans les cheveux de l'immortel, les ramenant en arrière dans une parfaite imitation du geste qu'il répète constamment dans ses propres mèches.
Il leur en aura fallu du temps, pour se comprendre, pour se connaître. Peut-être, ne se comprendront-ils jamais vraiment, malgré toutes leurs ressemblances. Le mal est fait, les blessures toujours ouvertes. Les mots, Jack l'a appris, les mots peuvent blesser bien plus que n'importe quelle arme matérielle. Et à ce petit jeu, le nouveau Docteur est un empereur.
Mais peut-être, sont-ils plus proches qu'il ne le pensait.
Peut-être, avec le temps, parviendront-ils à se retrouver.
Les mains du Docteur sont hésitantes au départ, alors qu'il masse lentement le crâne de l'immortel, déterminé à en effacer toute trace rouge. La tâche est plus compliquée que prévue, l'intimité provoquée lui brûle les joues.
Ses mains s'affermissent en même temps que Jack s'affaisse dans la baignoire, ses yeux fermés sous l'épuisement, et, peut-être, ce qui apparaît comme de la confiance.
Entre ses doigts, les cheveux tâchés s'amollissent, le shampoing les recouvrant lentement pour mieux les nettoyer complètement.
Le rouge coule dans l'eau pour mieux y disparaître, laissant derrière lui des mèches brunes d'une propreté absolue et beauté parfaite.
Le Docteur sourit.
Les cheveux de Jack sont comme leur propriétaire : têtus, rebelles, immortels.
Et si, si doux au toucher.
Comme ils lui avaient manqué.
Le Docteur a deux cœurs.
C'est la première chose que Jack a retenue de la biologie du Seigneur du temps, et, admettons-le, c'est la plus fascinante.
Il existe tellement peu de peuples dans l'univers possédant un système vasculaire binaire, l'ancien agent du temps ne peut contenir sa fascination à chaque fois que le sujet est abordé.
Là où Rose y voit une autre étrangeté de leur alien de conducteur, Jack le considère comme un sujet d'études scientifique de premier ordre.
La science n'a jamais été son point fort à l'Agence, même s'il a appris toutes les bases, alors le capitaine se retrouve quelque peu démuni face à cette découverte aussi fascinante que rarissime.
Ce n'est pas comme s'il existe beaucoup de peuples pour mener une comparaison, et le Docteur, hé bien.. Le Docteur est le dernier de son espèce, et pas particulièrement enclin à parler de celle-ci.
Le peu de fois où Jack tente d'aborder le sujet, il se retrouve confronté à un mur.
À force, il finit par comprendre le message.
Il devra trouver ses réponses, seul.
Ce n'est pas un problème.
Jack a toujours été quelqu'un qui fonctionne aussi bien en équipe qu'en individuel, de toute façon.
Et il se trouve qu'il possède une immense base de données à portée de main.
*-*
Vraiment, il n'aurait pas dû être surpris que le Tardis aussi tente de lui mettre des bâtons dans les roues.
Jack étant un homme ayant grandi entouré de technologies de tout genre, c'est tout naturellement qu'il se tourne vers la base de données du vaisseau pour commencer son enquête. C'est celle qu'emploie constamment le Docteur, après tout, celle sur laquelle il semble se reposer en toutes circonstances.
Jack est certain d'y trouver les réponses qu'il cherche.
Alors, il ne peut contenir sa frustration lorsque, encore et encore, toutes les informations sur les Seigneurs du temps se retrouvent bloquées.
La voix de Rose, inquiète, monte du couloir.
Jack grimace, et secoue sa main, fusillant du regard le plafond.
Il réapparait des heures plus tard, couvert de boue verte gluante et puante, le dos courbé et les jambes lourdes de toutes leurs courses. D'un pas trainant, Jack se dirige vers le couloir, suivi de la blonde. Celle-ci hausse un sourcil, se tournant vers le Seigneur du temps, occupé à retirer sa veste devenue verte caca :
Cela lui vaut un regard intéressé de son autre compagnon.
Vraiment ?
Ou n'est-ce qu'une plaisanterie, à destination d'une Rose très bon public ?
Jack n'arrive jamais à faire la différence.
Tout est devenu si compliqué, depuis qu'il s'est mis en tête de trouver des informations sur le fonctionnement vasculaire interne du Docteur.
Les blagues se succèdent aux mythes, et aux bribes d'informations, lâchées du bout des lèvres.
La seule chose dont le jeune homme est certain, est justement qu'il ne sait rien de manière certaine.
Après des jours de recherche, Jack n'est toujours pas plus avancé.
Aucune information tangible n'est apparue depuis le début de son enquête, le silence de sa cible se mêlant au caractère protecteur du vaisseau.
Qu'y a-t-il de mal à vouloir en apprendre davantage sur la physiologie du Seigneur du temps ? Ce n'est pas comme si Jack comptait s'en servir pour le blesser ! Est-ce que le Tardis ne lui fait pas confiance ? Cette simple idée lui donne la nausée.
Par dessus lui, un humement attristé résonne.
Rose hausse un sourcil, et le Docteur sort son tournevis sonique, cherchant frénétiquement une blessure quelconque chez sa belle, mais Jack secoue la tête, avant de remonter le couloir, son expression déterminée.
Si le Tardis ne veut pas coopérer, il n'aura qu'à fonctionner à l'ancienne.
*-*
La Bibliothèque du Tardis est un gouffre temporel à elle toute seule.
Jack a toujours aimé s'y perdre, et cette fois, il le refait avec un objectif bien précis.
Sans surprise, les systèmes vasculaires binaires occupent une étagère entière.
Ce n'est pas surprenant, vraiment : le système vasculaire binaire étant la base du fonctionnement interne du Docteur, il est logique que ce dernier conserve le plus d'informations possibles sur le sujet. En cas d'accident, ou de maladie, ce sera peut-être sa seule source d'informations disponibles à portée de main. Peut-être, a-t-il lui-même écrit une partie de ces livres, songe Jack en fixant blasé l'étagère.
Le jeune homme ne peut retenir son reniflement en découvrant l'étendue de son travail.
Les poings sur les hanches, il fixe l'immensité de bois, avant de murmurer, s'adressant autant à celle-ci qu'au vaisseau en général :
*-*
Une demi-heure plus tard, Jack sentit ce vœu pieu se transformer en cauchemar.
La complexité biologique de son sujet d'études ne lui avait jamais échappé, mais elle ne faisait qu'augmenter au fur et à mesure de ses recherches.
Ce n'est pas comme s'il était un débutant complet en sciences, mais là, le capitaine se sentait légèrement dépassé.
Soupirant, il se frotta le crâne, avant de redéposer son livre, irrité. Clairement, il avait vu trop gros pour le moment. Il était temps de retourner aux bases. Se relevant, Jack se dirigea vers l'étagère, étudiant tous les titres avec attention. Un sourire apparut sur ses lèvres, et il tendit la main, sortant avec délicatesse un nouveau manuel.
Système vasculaire binaire : Débutant – Introduction.
*-*
Plus le temps passait, et plus la fascination de Jack augmentait.
Même s'il avait toujours des difficultés à saisir certaines nuances, il comprenait de mieux en mieux les bases de ce qu'il lisait, lui permettant d'approfondir de plus en plus ses recherches.
Qui disait deux cœurs, disait double rythme cardiaque, et donc deux fois plus de sang, et d'énergie. Cela signifiait, en effet, deux fois plus de globules rouges produits, et donc davantage de fer, et d'oxygène. Soudainement, la capacité à courir pendant des heures du Docteur lui semblait logique, et terriblement avantageuse. De même, ce géant de la course possédait aussi une aisance presque vexante à rester, en effet, un certain temps en apnée, née des immenses réserves en oxygène de ses quatre ventricules.
Pas un simple humain, moi. Un corps supérieur, le mien !
Ce qui n'était jusqu'à maintenant qu'une simple plaisanterie orgueilleuse de leur hôte prenait subitement un tout autre sens dans les yeux fascinés de Jack.
De quoi était capable exactement le Docteur ?
Existait-il des capacités internes spécifiques aux Seigneurs du temps ?
À quel point ses deux cœurs étaient-ils à la fois dépendants de l'autre, et totalement autonomes ? C'était cette question en particulier qui turlupinait le jeune homme, et le poussait à enchainer manuel sur manuel, transformant une simple curiosité de départ en réelle obsession. Le caractère toujours secret de ses recherches ne faisait qu'empirer ce sentiment, la frustration de ne pas pouvoir échanger avec le Docteur sur le sujet, compensée à grand-peine par encore plus d'heures passées à étudier.
Sa table de chevet était couverte de livres en tout genre, de même que l'étagère située en face de son lit. Jack y avait transféré une partie des manuels qu'il était en train de lire, par aisance, mais aussi par discrétion. Le courroux du Docteur était quelque chose qu'il ne désirait guère provoquer, et il ne se leurrait pas sur la réaction de son mentor s'il découvrait les recherches qu'il menait dans son dos.
Mais elles étaient tellement fascinantes. Tellement .. fantastiques.
Jack ne pouvait plus s'arrêter.
La connaissance, avait un jour affirmé le Seigneur du temps, était la pire des drogues. Une fois avalée pour la première fois, il n'existait aucun moyen de se stopper.
Le capitaine ne pouvait que confirmer.
Pour rien au monde, il ne cesserait ses recherches, même si elles commençaient à nuire réellement à sa santé.
À force de lire sans discontinuer des heures et nuits durant, Jack sentait le manque de sommeil commencer à pointer le bout de son nez, et avec lui, fatigue, irritabilité et manque de réactivité.
Jack ouvrit la bouche pour répondre, mais un énorme bâillement lui échappa. La blonde roula des yeux.
La mâchoire de la blonde tomba au sol, alors que le Docteur haussait un sourcil. Depuis quand Jack se montrait-il si agressif ? Quelque chose n'allait définitivement pas avec le capitaine, et ce quelque chose semblait durer depuis un certain temps. D'un pas vif, le Seigneur du temps remonta la cuisine, suivant son compagnon dans le couloir.
Celui-ci se figea, avant de se morigéner intérieurement. Bien évidemment que le Docteur s'inquiéterait pour lui. Soupirant, il tourna la tête, faisant face à son mentor inquiet.
Le Docteur le dévisagea longuement, avant de finalement hocher lentement la tête.
Le Docteur lui lança un clin d'œil, avant de froncer les sourcils.
*-*
C'est frais comme un pinson, en effet, que le capitaine se réveilla huit heures plus tard, bien décidé à reprendre ses recherches.
Armé d'une tasse de café et de biscuits à la banane – les favoris du Docteur, sans surprise, Jack adorait les lui chiper – le jeune homme se dirigea vers la bibliothèque, désireux de profiter du calme permis par sa solitude. Un large sourire aux lèvres, il se laissa tomber dans son fauteuil favori – celui du Docteur – avant de rouvrir son livre là où il s'était arrêté la nuit précédente.
Premiers secours, chapitre 9 : Que faire en cas de double arrêt cardiaque ? De l'intérêt d'avoir un cœur de secours !
Jack renifla.
Ce livre avait définitivement été écrit par le Docteur.
Perdu dans sa lecture, il n'entendit pas la porte de la bibliothèque s'ouvrir, ni les bruits de pas derrière lui. Il ne put contenir un violent sursaut, cependant, lorsque la voix du Docteur s'éleva derrière le fauteuil:
Celui-ci haussa un sourcil, ses yeux se posant déjà sur le chapitre en cours, et tous les autres livres accumulés autour de lui.
Jack sentit ses joues virer au rouge vif.
Trop tard pour s'enfuir, à présent.
Au lieu de l'explosion qu'il craignait, cependant, le jeune homme eut la stupeur de voir le Seigneur du temps se diriger vers la bibliothèque. Tendant la main, ce dernier appuya sur une rangée : immédiatement, celle-ci recula, laissant un immense trou derrière elle. Le Docteur y plongea la main, appuyant sur une série de boutons. La bouche de Jack tomba un peu plus au sol lorsque les rangées inférieures pivotèrent sur elles-mêmes, dévoilant une porte bleu marine. Sans le regarder, le Docteur poussa le battant de bois, révélant une immense pièce cachée.
La bouche toujours grande ouverte, le capitaine se leva précipitamment, l'y suivant frénétiquement. Ses yeux se transformèrent à leur tour en deux énormes boules bleues alors qu'il découvrait une pièce de la taille d'un amphithéâtre, recouvert d'un dôme dont émanait une étrange lumière bleue dorée.
Levant les yeux, il retrouva son mentor agrippé à une échelle, en train de fouiller dans une des immenses bibliothèques remplissant la salle.
D'un bond, il sauta les quinze mètres le séparant du sol, avant de tendre son livre au capitaine halluciné.
Ce ne fut que quelques instants plus tard que celui-ci baissa les yeux, avant de froncer les sourcils.
Le livre était écrit en Gallifreyen, le rendant incompréhensible pour le jeune homme.
Jack sentit le sang refluer de son visage.
Jack grimaça, avant de souffler :
Le Docteur le dévisagea, avant de sourire légèrement :
Le sourire du Docteur était aussi large qu'une supernova en explosion.
Jack lui lança un clin d'œil, avant de glisser son bras sous le sien, l'entrainant vers un des immenses canapés dans un angle. Le Docteur roula des yeux, amusé, avant de l'imiter, souriant un peu plus lorsque son compagnon se roula en boule contre lui.
Les deux hommes échangèrent un regard, des dizaines de mots et pensées silencieuses traversant l'espace entre eux sans pour autant qu'aucun ne parle.
Un léger sourire aux lèvres, Jack se cala plus confortablement dans les coussins, avant de poser sa tête sur l'épaule du plus âgé.
Une tape sur le front le fit taire, augmentant son sourire. Le Docteur roula des yeux, attendri, avant d'ouvrir le recueil.
Il était l'heure de transmettre ses connaissances.
Jack n'a jamais été d'un naturel jaloux, et il ne manque certainement pas de confiance en lui-même. Il ne se sent donc pas de trop aux côtés du Docteur, et en particulier de Rose.
Jack n'est pas la troisième roue du carrosse, ou un coup d'un soir vers qui on se tourne lorsqu'on s'ennuie.
Il est un membre à part entière du Tardis, et un compagnon du Docteur, dans tous les sens du terme.
Le capitaine est né au 51ème siècle, à une époque où les mœurs ont radicalement évolué. Faire partie d'un trio n'est pas chose rare, au contraire : il existe toute sorte de relations, tout autant qu'il existe de personnes.
Jack n'est pas jaloux, parce que c'est sa normalité. Il n'a aucun mal à accepter la situation, parce qu'il sait qu'il n'a rien à craindre. Sa relation avec le Docteur est tout aussi unique que celle que le Seigneur du temps entretient avec la blonde, aussi profonde, aussi complexe.
Le Docteur a deux cœurs, pourquoi ne pourrait-il pas aimer deux personnes ?
Jack n'a aussi souci à l'accepter.
Son seul regret est de ne pas pouvoir développer ce type de relation avec Rose : pendant un temps, après son arrivée sur le vaisseau, il s'est interrogé, mais la réponse du Docteur a été catégorique.
C'était tellement frustrant, mais le Docteur avait raison. Les risques que Jack et Rose se blessent mutuellement sans le désirer étaient trop élevés, et s'il y avait une chose que le capitaine voulait éviter à tout prix, c'était de blesser la blonde. Elle était trop cher à son cœur, et il ne risquerait pas leur amitié pour une relation éphémère.
Cela l'avait attristé, mais Jack l'avait accepté.
Il pouvait être ami avec Rose, et le compagnon du Docteur. C'était déjà un cadeau merveilleux de leur part, que Jack ne pensait pas mériter, mais qu'il prenait sans poser de questions. Il savait, que si jamais il exprimait ses doutes quant à ce sujet, il s'exposerait à l'ire du duo, et en particulier du Seigneur du temps.
Jack ne s'était jamais senti de trop comme amant du Docteur, mais il lui avait fallu du temps pour accepter qu'il méritait réellement sa place sur le Tardis, et qu'il n'était pas simplement gardé pour faire plaisir à Rose.
Les débuts avaient été difficiles, voire même.. explosifs.
Oh, le capitaine était éperdument reconnaissant qu'on lui ait sauvé la vie, la question ne se posait pas. Mais il ne se leurrait pas sur la raison pour laquelle cela avait été fait, et combien de temps il serait conservé à bord du vaisseau.
Il l'avait dit avec le sourire au Docteur, alors que les deux hommes se trouvaient à présent seuls, Rose partie se coucher après sa danse avec le Seigneur du temps.
Ce dernier l'avait fusillé du regard.
Jack avait haussé un sourcil.
Ce vaisseau était.. impossible.
Fascinant.
Hallucinant.
Jack avait toutes les difficultés du monde à accepter de ne pas pouvoir rester.
Le Docteur avait grogné, irrité.
Le capitaine avait haussé un sourcil.
Jack avait cligné des yeux.
Le Docteur avait soupiré.
Jack n'avait jamais été de nature à se poser trop de questions. On lui offrait un lit chaud et gratuit, il n'allait pas le refuser. Il aurait tout le temps de penser à l'avenir au réveil, le lendemain.
Avec un sourire et un clin d'œil, il avait accepté l'offre, s'attirant l'ombre d'un sourire.
*-*
Il était resté.
Ce qu'il avait d'abord perçu comme une marque forcée d'hospitalité s'était transformée en amitié réelle.
Le Docteur voulait réellement de lui à bord.
Jack ne savait pas quoi en penser.
Il ne savait absolument pas comment l'accepter.
Amitié signifiait confiance, et soutien. Partage, et écoute, et présence, et Jack n'était pas certain qu'il était capable de se relancer dans cette aventure, pas après la trahison de l'Agence.
Il avait gardé ses distances, souriant et riant suffisamment pour indiquer son plaisir d'être à bord, sans pour autant s'ouvrir davantage.
Il s'était attendu à ce que le Docteur insiste pour qu'il échange davantage sur lui-même, mais le maitre des lieux était demeuré étrangement discret.
Jack avait réalisé qu'il n'était pas le seul à dissimuler des secrets.
Et ceux du plus âgé semblaient particulièrement … Compliqués.
Jack avait décidé que si le Docteur respectait son passé, lui non plus n'irait pas fouiller.
Quel intérêt ?
Le Docteur choisirait quand partager, à son gré.
Cela, Jack n'avait eu aucun mal à l'accepter.
Cela avait été une des premières marques de leur amitié.
L'absence de jugement du plus âgé l'avait bouleversé.
Jack n'avait jamais caché son passé : il avait les mains sales, il le savait, et le reconnaissait. Ce n'était pas comme s'il pouvait le nier. Rose était jeune et encore un peu naïve, mais le Docteur était suffisamment expérimenté pour deviner ce que cela signifiait.
Et pourtant, jamais il ne l'avait jugé.
Il tempêterait sur l'Agence, leurs méthodes et leur cruauté, mais Jack n'avait jamais été personnellement incriminé.
Le jeune homme n'avait pas su comment l'accepter.
Il ne cessait de se demander, avait-il eu raison de rester ? Ou se faisait-il duper ?
Jack avait appris à ses dépens à se méfier.
Le Docteur n'était pas un homme aisé à cerner.
Pourtant, il le fascinait.
Alors il était resté.
*-*
Il avait fallu qu'une aventure tourne mal pour que le capitaine comprenne ce qui lui avait échappé.
Il aurait dû le deviner plus tôt, vraiment, comment est-ce qu'il n'avait pas pu le remarquer?
Mais Jack avait été ébloui par la beauté du vaisseau, ébloui par ses merveilles, ses secrets et ses merveilleux habitants.
L'une était humaine. Une simple humaine du XXIème siècle, désireuse d'une vie meilleure, d'aventure et d'excitation, de dangers et de découvertes.
Rose Tyler était merveilleuse. Jack l'avait aimée instantanément.
Le Docteur..
Le Docteur était sombre et mystérieux, prompt à de terribles colères aux moments les plus inopportuns. La joie enfantine qu'il avait déployée lorsque le petit Jamie avait été sauvé, puis lorsqu'il avait réussi à guérir tous les malades, avait été un des rares moments de pur bonheur que le capitaine avait pu lire sur son visage.
Quelque chose tourmentait cet homme, quelque chose de terrible et atroce, quelque chose qui l'empêchait de dormir et le poussait à agir chaque jour en suivant un code moral plus strict que Jack n'avait jamais vu.
Le jeune homme s'était interrogé, avant de décider d'accepter que cela faisait partie des nombreux secrets du Docteur.
Ce secret avait fini par être révélé, et Jack ne savait pas comment l'accepter.
*-*
A une époque, les Sov'k'rs avaient été un des peuples les plus civilisés de la planète Orion IV. Leur art n'avait d'égal que leur sens de l'hospitalité, et la gentillesse presque intuitive qui semblait gouverner chacun des habitants.
Cette ère semblait terminée, ou bien certains des habitants avaient mal tourné. Comment expliquer autrement l'attaque brutale dont avait été victime le trio depuis le vaisseau même ?
Le navire ennemi n'était pas surarmé, mais il était loin d'être pacifique également, ses canons suffisamment puissants pour détruire la cuirasse de n'importe quel adversaire.
N'importe quel adversaire, sauf le vaisseau du Docteur, qui apparemment, était réellement paré contre toute éventualité, comme il ne cessait de s'en vanter.
Les boucliers avaient fait leur travail, laissant le groupe secoué et irrité. C'est avec une certaine mauvaise humeur toute justifiée que le Docteur avait ouvert ses canaux de communication, y grognant avec acidité :
Ses compagnons avaient roulé des yeux, avant d'hausser en cœur un sourcil en entendant une exclamation monter des micros.
Ce fut le tour de ce dernier d'hausser élégamment un sourcil.
La voix à l'autre bout du micro semblait en effet furieuse.
Le Docteur fronça les sourcils, avant de se pencher.
Pendant un instant, seul le silence lui répondit, avant que des bzz bzz ne s'élève de l'écran sur la console, des ondes y apparaissant. Le trio se pencha en cœur, les yeux de Rose se transformant en boules en découvrant plusieurs êtres à la peau jaune zébrée de marques rouges, vêtus sommairement de ce qui ressemblait à des uniformes bleu marine.
Jack pointa le doigt vers le groupe, dont les expressions s'étaient faites encore plus hargneuses.
Celle du Docteur se perdit un peu plus dans l'incompréhension.
Un silence brutal tomba dans le vaisseau.
Le Docteur, dont les sourcils étaient froncés la seconde précédente, le Docteur était devenu blanc comme la mort.
Une ombre passa dans le regard de ce dernier.
Jack se sentit frémir.
Jamais auparavant il n'avait vu cette expression sur le visage du plus âgé.
Il n'avait aucun mal à la reconnaître, cependant.
Le Docteur était en guerre.
L'autre capitaine le fusilla du regard.
L'autre haussa les épaules.
Le masque du Docteur se fissura légèrement, laissant passer .. quoi ? De la peine ? Du regret ? Du chagrin ?
De la culpabilité.
Tant de culpabilité, que Jack se sentit vaciller.
Jack se sentit blêmir.
Rose lui tendit la main, serrant la sienne avec force alors que le souvenir de sa rencontre avec la créature se rappelait à elle.
Le Docteur leur lança un regard, avant de se retourner vers l'écran.
Un sanglot lui échappa, et elle se laissa tomber en arrière, un de ses compagnons la rattrapant pour la serrer contre lui.
Le regard du trio fit le tour du groupe.
Hommes, femmes, enfants, une dizaine de personnes à peine. Des traits similaires, des tenues sommaires.
Une famille.
Des réfugiés ?
Jack lança un regard au Docteur, dont l'expression alternait entre rage, abattement et culpabilité.
Un Seigneur du temps ?
Mais ils étaient tous morts.
Du moins, c'est ce que l'Agence affirmait.
C'était à compter qu’ils n’aient jamais existé.
Les légendes à leur sujet étaient légion, mais les preuves bien inexistantes.
Mais Jack savait, il savait la vérité. Il était monté suffisamment haut dans les rangs de l'Agence pour pouvoir avoir accès à plus d'informations que le commun des agents : il savait que ce peuple, quel qu'il soit, avait réellement existé, et régné sur toutes les galaxies pendant des milliards d'années.
Il savait, qu'un jour, un terrible conflit avait éclaté.
Seigneurs du temps contre Daleks, la plus grande guerre de tous les temps.
La Guerre du temps.
Jack savait.
Des milliards de milliards de morts, des galaxies entières détruites, des peuples rasés de toute existence.
Une guerre plus atroce que toutes, qui avait fait trembler l'espace-temps lui-même.
Est-ce que le Docteur y avait participé ?
Était-il l'un d'eux ?
Le capitaine serra les dents.
En face d'eux, la famille de survivants tremblait toujours de rage, le Docteur – Seigneur du temps – étrangement mutique.
Oh, par le diable.
Jack détourna la tête.
Parfois, le jeune homme maudissait sa curiosité.
Il semblait qu'il avait enfin trouvé réponse à ses questions.
Et bien sûr, il aurait souhaité ne jamais savoir.
Arkil la fusilla du regard.
Un silence de mort tomba dans les deux vaisseaux, le discours de la blonde imprégnant chacun des équipages.
Pendant un instant, le temps s'arrêta.
Jack jeta un regard à Rose, puis au Docteur, prostré sur sa console.
Il secoua la tête, avant de se redresser à son tour et poser sa main sur son épaule, le faisant sursauter.
Rose se mordit la lèvre, alors que de l'autre côté de l'écran, la famille les écoutait, leur expression concentrée.
Arkil cligna des yeux, avant de froncer les sourcils à son tour, sa colère se réveillant de nouveau.
Sa voix se brisa.
Derrière lui, des sanglots et pleurs se firent entendre.
Le Docteur baissa un peu plus la tête, alors que Jack se mordait la lèvre, une envie de meurtre le saisissant.
Rose, merveilleuse Rose, innocente Rose, Rose fixait l'écran, et le Docteur.
Jack fronça les sourcils. De quoi parlait-elle ?
Mais déjà, Arkil secouait la tête, ses lèvres plissées. Avec rapidité, il frappa les boutons sur sa console.
Avant que l'un d'eux n'ait pu répondre, l'homme tira sur un levier, avant d'appuyer sur un bouton. La seconde suivante, le vaisseau disparut, propulsé à la vitesse de la lumière loin, très loin du Tardis.
Rose soupira, se laissant tomber contre la console.
Elle releva la tête lorsqu'aucune réponse ne survint, avant de se mordre la lèvre.
Jack fixait toujours la console, ses mains crispées sur la rambarde de métal.
À côté de lui, le Docteur avait fermé les yeux, ses propres mains serrées désespérément contre ses jambes.
Le capitaine fixait sombrement la console, ses yeux perdus dans le vide. Le Docteur lui lança un regard, ses lèvres plissées.
Jack secoua la tête, avant de se redresser. Le Docteur détourna la sienne, s'attendant clairement à une attaque, mais son compagnon se contenta de pivoter sur ses pieds.
Le jeune homme soupira, avant de caresser gentiment son visage.
La blonde le fixait, furieuse.
Jack soupira.
Mais ce dernier secoua la tête.
Ne me laisse pas seule.
J'ai besoin de toi.
Il a besoin de toi.
C'est toujours ton ami.
C'est le Docteur.
Le capitaine déglutit.
Du coin de l'œil, il jeta un regard au Docteur, affalé contre la console.
Le Docteur, qui l'avait accueilli sans un mot, dès son premier jour, malgré sa bêtise et son immaturité.
Le Docteur, qui le poussait constamment à croire en lui, à se dépasser pour devenir quelqu'un de meilleur, de digne, de juste.
Le Docteur, qui avait participé à la Guerre du temps.
Le Docteur était un Seigneur du temps.
Jack sentit son estomac se glacer.
Avant qu'il n'ait eu le temps de réfléchir, il pivota sur ses talons, s'enfuyant à toutes jambes sous les cris de Rose.
*-*
Jack lui lança un regard plat.
Sans surprise, la blonde l'avait poursuivi dans les tréfonds du Tardis, le traquant jusqu'à la salle de sport où Jack était occupé à se défouler contre un punching-ball.
Jack la fusilla du regard, abandonnant son sac pour lui faire face.
Il avait hurlé, s'attirant un regard perdu teinté de colère.
Grognant, il pivota sur lui-même, frappant du poing le sac qui résonna, le son lugubre.
Rose soupira.
Jack tourna la tête, la fixant surpris. Rose roula des yeux.
*-*
La salle des moteurs était inhabituellement silencieuse lorsque Jack y pénétra, son pas hésitant. Il se mordit la lèvre, regardant autour de lui, mais la pièce semblait bel et bien vide.
Et puis un cling retentit sous les moteurs, suivi d'une série de jurons dans une langue inconnue.
Jack sourit malgré lui.
Débile.
Se frottant le bras, il se rapprocha de la console, tentant de se faire le plus discret possible.
Presque aussitôt, les jurons cessèrent, le silence retombant dans la pièce.
Jack soupira.
D'un mouvement, ce dernier se fit glisser sur le sol, réapparaissant couvert de poussière. S'accroupissant, il lui tourna le dos, ouvrant une cloison.
Le capitaine roula des yeux.
Clairement, le plus âgé ne rendrait pas les choses simples.
Jack ne le méritait pas, cependant.
En tout cas, il ne s'y attendait pas.
Son esprit était toujours tourmenté, et sa colère bien réelle, mais Rose avait eu l'effet d'une douche froide sur lui : ses mots avaient fait leur chemin, le poussant à tenter de mettre de côté ses sentiments pour écouter son ami.
Le Docteur, le Docteur était trop important pour lui, pour qu'il laisse sa peur détruire leur relation.
Sois courageux, Jack.
D'un pas lourd, le jeune homme se dirigea vers le Seigneur du temps, s'accroupissant à ses côtés. Le Docteur l'ignora, son visage recouvert d'un masque d'une neutralité à en crever le cœur.
Celui de Jack se brisa.
La souffrance du Docteur émanait de lui par vagues.
C'était celle d'un homme brisé, persuadé qu'on allait encore l'abandonner.
Le capitaine sentit une vague de culpabilité le frapper.
Pris dans son chagrin et sa colère, il n'avait pas réussi à se mettre à la place de son ami.
Mais le choc avait été si fort..
Il regretta son geste presque immédiatement, lorsqu'un poing s'écrasa sur son visage, l'envoyant voler plusieurs mètres en arrière.
Le Docteur le fixait, horrifié.
Le jeune homme grogna, se redressant lentement.
Le Docteur baissa la tête, son expression abattue.
D'un bond, il s'était relevé, le tournant brutalement vers lui pour le fusiller du regard. Le Seigneur du temps fronça les sourcils, irrité.
Le Docteur le fixait, ahuri. Jack secoua la tête.
Parce que le Docteur lui avait tendu la main, au moment où Jack en avait le plus besoin.
Parce qu'il l'avait sauvé, trop de fois pour qu'il puisse les compter.
Parce qu'il avait eu peur, et s'était enfui.
Parce qu'il l'avait laissé seul, seul avec ses peurs, ses démons et sa haine de lui-même.
Parce qu'il était sensé être son ami, son mentor, son soutien, et que Jack lui avait tourné le dos, par peur et colère.
Parce que le Docteur croyait en lui, quand Jack n'avait plus tellement de respect pour lui-même.
Parce que le Docteur l'acceptait tel qu'il était, et tentait de le guider pour s'améliorer.
Parce que le Docteur, terrible Docteur, épuisé Docteur, le Docteur donnait des chances à tous ceux dans le besoin, même ceux ne le méritant pas, surtout ceux ne le méritant pas.
Comme Jack.
Jack en avait tellement eu besoin.
Même maintenant, il ne savait toujours pas comment accepter cette main tendue. Il ne savait pas comment l'accepter.
Mais il voulait être digne de sa confiance.
Il voulait devenir l'homme que le Docteur voyait en lui.
Il voulait accepter cet espoir, et cette foi, et tout ce que le Docteur avait à lui offrir, si seulement il acceptait de le prendre.
Jack ferma les yeux, s'agrippant au Seigneur du temps.
Celui-ci respira brutalement, avant de se laisser tomber contre lui.
Le Docteur aussi avait besoin d'aide.
Jack ne le laisserait pas tomber.
Il l'aiderait à s'accepter.
Un travail en apparence impossible, mais Jack n'avait jamais été homme à reculer.
Il acceptait le défi.
Jack lui lança un clin d'œil, avant de caresser sa joue. Avec lenteur, il se rapprocha, ses yeux rivés dans ceux du Seigneur du temps.
À son grand soulagement, ce dernier ne bougea pas, l'ombre d'un sourire étirant ses lèvres alors que le capitaine y posait doucement les siennes.
Cela, il pouvait l'accepter.
Le sourire du Docteur était celui d'un chat ayant attrapé le canari.
Les sons enthousiastes de Jack résonnaient autour d'eux alors qu'il explorait leur terrain de jeu du jour.
Un terrain de jeu.. nuageux, au sens propre du terme.
Autour d'eux, les nuages s'étalaient à perte de vue, humides et duveteux à la fois, masse grise blanche de plusieurs kilomètres de largeur.
Glasgow III (la cité-état, pas la ville d'origine) s'était fait connaître en étant pionnière dans l'installation d'un système de récupération d'eau basée sur la condensation de l'humidité de l'air à très grande échelle.
La ville avait créé des nuages artificiels.
Au cœur même de ces derniers, leur densité était telle que l'on pouvait marcher dessus.
Et le Docteur avait garé le Tardis au cœur du plus épais.
Les rires ravis de Jack résonnaient autour du vaisseau alors que le jeune homme continuait son exploration, s'amusant clairement comme un fou.
Appuyé sur la porte de son vaisseau, les mains dans les poches, le Seigneur du temps fixait son compagnon avec amusement et attendrissement.
Et peut-être, une pointe de fierté et d'orgueil.
Les humains étaient de tels enfants.
Et marcher sur les nuages n'était-il pas un rêve que tout le monde avait partagé au moins une fois ?
Le sourire du Docteur augmenta.
Oui, cela l'était, n'est-ce pas ?
Il ne savait jamais vraiment ce qui était le mieux : le plaisir de la découverte, celui de la partager, ou la réaction de ses compagnons.
Certainement, un mélange des trois.
La réaction de Jack, en tout cas, valait de l'or.
Son ami retombait clairement en enfance, courant comme un fou le long des nuages, une expression de pur bonheur ébahi gravé sur son visage.
Ce n'était pas si souvent que Jack se laissait aller ainsi.
Oh, il souriait, toujours. Et il riait, constamment, flirtant avec le reste de l'univers comme le jeune coq fier qu'il était. Mais combien de fois se laissait-il vraiment aller à sourire réellement, malgré son amitié croissante avec Rose et ses sentiments évidents pour le Docteur ?
Pas assez, songea ce dernier.
Comme lui, le capitaine ne connaissait que trop bien les choses les plus noires de la vie. Son cœur s'était durci, son esprit forgé par la violence et le besoin de survie. Derrière son masque cynique et flirteur, cependant, se cachait une âme désespérée de trouver une vie différente.
Une vie comme celle que lui offrait le Docteur.
Jack s'y était lancé sans réfléchir, confirmant ce que le Seigneur du temps avait déjà compris de lui.
Non, il n'avait pas choisi cet endroit par hasard.
Son sourire s'adoucit un peu plus, alors qu'il regardait Jack tomber tête la première en avant, un cri lui échappant alors qu'il glissait, s'étalant de tout son long. Ce dernier fut bientôt remplacé par un fou rire, et le gredin tourna la tête vers lui.
L'humain en question lui fit un clin d'œil, en même temps qu'il se redressait.
Jack rit, avant de glisser sa main dans la sienne, lui lançant un nouveau clin d'œil grivois.
Le Docteur allait répliquer, mais déjà Jack se mettait à courir, l'entrainant à sa suite. Sa réponse mourut dans sa gorge alors que l'adrénaline l'envahissait, le plaisir jouissif de courir sans s'arrêter prenant comme toujours le pas sur le reste.
Le rire du capitaine résonna au milieu des nuages, lui arrachant un immense sourire.
Intenable.
*-*
Bien évidemment, les choses avaient dégénéré.
Bien évidemment.
Ce ne serait pas un voyage avec le Docteur, autrement, n'est-ce pas ?
Le Seigneur du temps s'était pensé malin en se garant au milieu du nuage le plus épais de l'agglomération.
Il n'avait pas pensé, ou ne s'était pas soucié – c'était plus probable – de la sécurité entourant ces constructions ultra-protégées.
Sans surprise, l'exploration enthousiaste des lieux avait été interrompue par l'arrivée de gardes furieux, et bien décidés à attraper les gredins venus espionner ce qui demeurait un des secrets les plus gardés de Glasgow III.
Le Docteur lui fit un clin d'œil, avant d'attraper sa main.
Jack lui décocha un regard outré, avant que celui-ci ne se fasse filou, ses yeux alternant entre le Docteur et leurs mains liées.
Le Seigneur du temps le fixa avec une expression hautaine, avant de le pousser brusquement derrière un nuage plus épais que les autres. Jack haussa un sourcil en voyant une troupe d'humanoïdes apparaître.
L'intensité du regard de son compagnon était telle que le Docteur se sentit déglutir.
Ces yeux bleus seraient sa perte.
Le regard de Jack s'intensifia davantage, avant qu'il ne se rapproche, profitant de la situation pour se coller davantage à lui. Se penchant très légèrement, il jeta un coup d'œil de l'autre côté du nuage, vérifiant les lieux. Le Docteur le regarda faire, terriblement conscient de la chaleur corporelle émanant de l'humain.
Pourquoi est-ce que les singes devaient-ils toujours brûler comme une supernova en explosion ? C'était incompréhensible.
Jack lui lança un regard amusé, clairement conscient de l'effet qu'il lui faisait, avant de murmurer, sa voix calme et entièrement concentrée sur leur fuite en cours :
Le Seigneur du temps hocha la tête, mais ne commenta pas. Jack haussa un sourcil, et se rapprocha de lui, soufflant :
Mais déjà, le masque était retombé, l'expression du Seigneur du temps de nouveau impénétrable alors que Jack s'arrêtait, sa gorge s'asséchant. Le plus âgé secoua la tête, tendant la main pour caresser le visage du jeune homme, avant de s'arrêter en plein vol et se contenter de presser son épaule.
Jack contint un juron, frustré.
Le Docteur jeta un regard derrière le mur de vapeur, avant d'hocher la tête.
Jack roula des yeux, avant de sourire.
Son ami lui sourit légèrement, le faisant sourire à son tour en même temps qu'il sentait son cœur se réchauffer.
Un jour, il réussirait à briser les murs du Docteur.
Ce dernier lui lança un clin d'œil, avant de presser plus fort sa main. L'instant d'après, le duo s'enfuyait, courant à en perdre haleine vers la supposée localisation du Tardis – Jack avait des doutes, à la grande indignation du Seigneur du temps (Je sais retrouver mon vaisseau, capitaine!) dont le ton outré ne cesserait jamais de l'amuser (Vous n'avez jamais pensé à y installer un capteur ? Ou un GPS?).
Un immense sourire commun éclaira leur visage, cependant, alors que le son d'hommes armés se lançant à leur poursuite s'élevait à une centaine de mètres derrière eux. Le sourire du Docteur augmenta jusqu'à se faire fou, en même temps que Jack riait, sa main serrant instinctivement plus fort celle du plus âgé alors qu'ils accéléraient soudainement leur course.
Juste un autre jour sur le Tardis.
5- Bien sûr
C'est un sujet quelque peu tabou au départ, mais Jack rêve de piloter le Tardis depuis qu'il y a mis les pieds.
Le vaisseau est trop beau, trop grand, trop extraordinaire pour qu'il n'envisage pas l'idée.
Malheureusement, il lui faut se contenter d'admirer.
Ses mains le brûlent alors qu'il regarde faire le Docteur, ses doigts se pliant d'eux-mêmes en même temps qu'il l'observe, analysant et retenant tous ses gestes, tentant d'en comprendre le sens pour mieux s'en souvenir, admirant sans aucune retenue l'efficacité du plus âgé.
Des vaisseaux, il en a piloté des centaines, mais aucun ne peut s'apparenter à celui-ci.
Le Tardis est une merveille, et Jack ne se prive pas de le clamer.
Il rêve de la piloter, et damnit, s'il n'est pas frustré !
Pour le moment, cependant, il doit se contenter d'observer.
Son cœur fait des bonds alors qu'il regarde le Docteur danser autour de la console, tournant et pivotant et glissant et vraiment, Jack n'est qu'un homme faible.
Ce n'est pas sa faute si le Docteur est si beau à regarder, bien sûr.
Le Docteur, qui ne le laisse pas toucher à la console, pilote possessif et protecteur qu'il est. Mais Jack ne le blâme pas, il comprend, lui aussi a eu une relation spéciale avec chacun de ses vaisseaux. Le lien entre un pilote et son navire est unique, et celui entre le Docteur et le Tardis dépasse clairement l'entendement.
Il n'est pas jaloux, non.
Il aimerait simplement tellement pouvoir le piloter, lui aussi.
Un jour, peut-être.
En attendant, il se contente de s'asseoir sur les marches et de regarder – en toute amitié, bien sûr.
Bien sûr.
*-*
Le jeune homme sursaute, et relève les yeux du roman que Rose lui a prêté – une édition originale d'Harry Potter, extraordinaire.
Le Docteur le fixe, son expression partagée comme d'habitude entre exaspération et amusement.
Ce dernier indique la console.
La mâchoire du capitaine tombe au sol.
L'instant d'après, il se relève précipitamment, et court à moitié vers son ami amusé.
Ce ne sont que des petites choses au départ : appuyer sur tel bouton, tourner celui-là, pousser tel levier.. Des choses simples, mais qui laissent Jack aux anges.
Il n'est pas stupide, il sait que le Docteur le teste.
Il doit passer l'examen, cependant, car le Seigneur du temps continue de lui demander son aide. Mieux, plus le temps passe, et plus il lui apprend, lui enseignant lentement mais surement à piloter son précieux vaisseau.
À chaque fois, Jack accourt, ses prunelles bleues brillant de bonheur, un 'bien sûr' rivé aux lèvres.
Le Docteur roule des yeux, mais finit toujours par sourire, même si ce n'est qu'une ombre.
Jack le prend comme une autre victoire.
Et si son cœur bat la chamade alors qu'il se tient aux côtés du Seigneur du temps, ce n'est pas sa faute, bien sûr.
*-*
Directif, comme toujours, mais le capitaine en a pris l'habitude, depuis le temps. Ce n'est pas comme si cela le dérange, il sait que derrière cette apparence d'ours grognon mal léché se cache un homme aux grands cœurs. Il faut simplement aller le chercher, et à ce petit jeu, Jack est un des meilleurs, bien sûr.
Bien sûr.
Souriant, il se dirige vers la rambarde, et se penche par-dessus l'escalier, en direction des moteurs. Le Docteur le fixe, ses énormes lunettes sur le front, un marteau dans une main et son tournevis sonique dans l'autre.
Le capitaine roule des yeux, amusé, avant de descendre l'escalier en sautillant, les mains dans ses poches.
Le Docteur le fixe d'un air hautain, avant de froncer les sourcils.
Jack hausse élégamment un sourcil, à moitié perché sur la rambarde de l'escalier.
Une nouvelle fois, les yeux de Jack se font ronds comme des billes, avant qu'il ne balbutie :
La mâchoire de son compagnon se referme d'elle-même. L'instant d'après, il descend la fin des escaliers comme un dératé, et s'accroupit à côté du Seigneur du temps, le corps vibrant d'excitation. Son mentor ne lui lance même pas un regard lorsqu'il lui lance une série de chiffons, une lampe et de l'huile.
Les yeux de Jack se mettent à briller.
Certains appelleraient cela dégradant.
Pour le capitaine, qui a passé son temps dans des dizaines de vaisseaux depuis son adolescence, et appris à prendre soin de chacun d'eux dans les moindres détails, c'est un précieux cadeau, qu'il n'est pas prêt de lâcher.
Une preuve de confiance silencieuse, de la part de celui qui est devenu, bien trop rapidement, bien davantage qu'un simple camarade de voyage.
Le Docteur est son ami, et son mentor.
Et puis un jour, sans que Jack ne sache trop comment, il devient davantage.
C'est un quelque chose de silencieux, qu'aucun d'eux n'ose réellement évoquer. Pour deux hommes matures et sûrs d'eux-mêmes, c'en est presque absurde, mais le sujet demeure silencieux, la pudeur et les doutes se mêlant aux démons du passé pour les empêcher de s'exprimer.
Cela n'empêche pas ce quelque chose de réellement exister.
Les mots ne sont pas toujours nécessaires pour communiquer.
Les regards, les mains qui se frôlent, les sourires sont tout autant de manières d'échanger.
Autour d'eux, personne n'est dupe, bien sûr, Rose la première. La jeune femme ne cesse de se plaindre et les taquiner sur le flirt intensif, mais eux se contentent de sourire, les clins d'œil taquins de Jack rencontrant les sourires feutrés du Docteur.
Le cœur de Jack est tombé pour le Docteur, il est fichu, il le sait, bien sûr, mais il s'en moque, il est trop heureux, il sait que tout cela se terminera un jour, bien sûr, tout se termine toujours, mais il en compte bien en profiter au maximum, évidemment.
*-*
Le Docteur aimerait se leurrer, mais ce serait hypocrite, et si inutile.
Pourquoi perdre du temps et de l'énergie à nier ce qui est évident ?
Jack, Jack lui est devenu indispensable.
Cela devrait être effrayant, terrifiant. Le faire fuir, s'enfuir, à toutes jambes, sans jamais se retourner, sans regret.
Cela l'est, le Docteur ne peut pas le nier.
Mais c'est aussi .. Apaisant.
Jack lui apporte une joie de vivre à laquelle il ne s'attendait pas, et dans laquelle il s'est jeté à corps perdu, s'y abreuvant à grandes gorgées désespérées. Il est à la fois différent et semblable à Rose, bien sûr, mais il ne les compare pas, ce n'est pas l'objectif, ses deux compagnons lui sont tous aussi importants, chacun à leur façon.
Au lieu de s'interroger, et se torturer, il préfère profiter du moment présent.
Il n'est pas stupide, ni naïf, il sait que tout cela disparaitra un jour, bien sûr.
Tout finit toujours par disparaître, c'est l'histoire de sa vie.
C'est bien pour cela qu'il en profite au maximum, tant que c'est encore possible, bien sûr.
Bien sûr.
Ce n'est pas autre chose qu'un flirt.
Bien sûr.
Aucun réel sentiment de sa part, simplement un jeu, pour s'amuser, se détendre, oublier.
Bien sûr.
Jack ne lui fait aucun effet.
Bien sûr.
Bien sûr.
*-*
Lorsqu'ils finissent par se tomber pour la première fois dans les bras de l'autre sous les moteurs, aucun d'eux n'est vraiment surpris, au fond.
A moins, peut-être, que cela ait pris autant de temps.
Du temps, ils en ont plein, bien sûr.
Bien sûr.
Les yeux de Jack sont emplis d'effroi alors qu'il regarde son ami pénétrer dans l'immense pièce en explosion.
À l'intérieur, l'orbe temporel continue de laisser s'échapper ses ondes dorées, mortelles pour tout être vivant s'en approchant sans protection.
La sphère blanche étincelle sans contrôle, à présent que la protection vitrée a été détruite au milieu des combats entre l'armée impérialiste et les rebelles.
Car qui contrôle la sphère, affirme la légende, contrôle le temps lui-même.
C'est cette description intrigante qui a attiré les deux hommes sur Tempo, une petite planète oubliée du fin fond de la galaxie de l'Astre de lumière.
Sans surprise, la réalité est bien moins reluisante que l'écrit.
Le Docteur n'a pas tardé à comprendre que la sphère, de la taille d'un ballon de football, n'est autre qu'un catalyseur temporel, construit autrefois par son peuple pour permettre de soigner les patients atteints d'une maladie grave: correctement employée, elle permet de les placer dans une bulle coupée de l'espace-temps, dans laquelle celui-ci se déroule au ralenti. Ainsi, l'évolution de la maladie est stoppée, permettant aux médecins gallifreyens d'entreprendre les traitements nécessaires pour soigner le patient.
Une journée pour le malade équivaut à un mois pour l'hôpital.
Un outil médical de haute pointe gardée jalousement secret par les Seigneurs du temps, bien sûr.
Une relique d'un autre temps, tombé par un vortex temporel sur Tempo, depuis la Guerre du temps lors de laquelle son usage avait déjà été perverti.
De médical, il est devenu militaire.
De soignant, il s'est fait meurtrier.
Bien évidemment, la famille noble l'ayant découverte n'a pas manqué vouloir en tirer profit.
À quel point est utile une arme permettant d'enfermer ses ennemis dans une bulle temporelle inviolable depuis l'intérieur ?
La fureur du Docteur à cette découverte a été indescriptible.
Jack l'avait déjà vu furieux, mais ce n'était rien comparé à la réaction de son mentor en découvrant la sphère, enfermée dans une boite de verre rouge dans l'immense pièce de métal.
Une pièce envahie – encombrée – de dizaines de petites boules de lumière, brillant plus ou moins faiblement, certaines éteintes et couvertes de poussière.
Des dizaines de vies, volées, enfermées, au sens littéral du terme.
Depuis combien de générations dure cet enfer ?
Les êtres éternels auxquels le duo a été confronté n'ont pu leur apporter aucune réponse.
Clairement, l'usage originel de l'orbe a été détourné à un point dépassant le simple entendement humain par ceux qui n'étaient, à l'origine, que de simples nobliaux sans réel pouvoir.
Des nobles devenus des tyrans rendus invincibles par leur maitrise du temps, jeunes à tout jamais, séparés de la ligne temporelle de leur peuple pour vivre une éternelle jeunesse.
Il est temps de les stopper, cela va sans dire, et c'est alliés aux rebelles, nobles, soldats et peuple alliés, que le Docteur et Jack se sont lancés à l'attaque du château.
Pendant la bataille, une balle, cependant, a frappé la protection de verre entourant le globe. Ce qui n'était qu'un éclat s'est vite transformé en dizaines de fissures lorsque d'autres tirs ont explosé, la fureur des rebelles explosant face à l'objet responsable de la souffrance de dizaines de générations.
Mais il est déjà trop tard, le verre explose, et avec lui la sécurité qu'il offrait aux humains.
Déjà, les soldats tombent en criant au sol, frappés de toute part par les rayons mortels.
Le Temps, élément incompréhensible présent depuis la naissance des univers, brille de toute sa fureur d'avoir été enfermé des siècles.
Personne ne saura plus le faire taire.
Jack a à peine le temps de se jeter derrière la porte avant d'être touché à son tour. Avec urgence, il enfile les lunettes de protection que lui avait fournies le Docteur avant la bataille. Il ignore de quoi elles sont faites, mais son ami lui a affirmé qu'elles le protégeraient des rayons temporels.
Mais déjà le Docteur se détournait, une lueur sombre dansant au fond de ses prunelles.
*-*
Parfois, Jack oublie que le Docteur n'est pas un homme comme les autres.
Le Seigneur du temps est un être multi-centenaire, aux capacités psychiques bien plus élevés que la moyenne.
Il peut, notamment, manipuler le temps, au sens propre comme figuré.
Mais à part quelques ressentis télépathiques, le capitaine n'avait jamais rien vu de tel de sa part.
Cette fois, cependant, il ne peut que regarder terrifié alors que le Seigneur du temps s'avance avec calme et rapidité vers l'orbe temporel, remontant la salle à grands pas au milieu des ondes explosant sans contrôle.
Calme, posé, concentré.
Autour de lui, les ondes se contractent, s'éloignent, se rapprochent, avant de finalement venir l'enrouler, formant un cocon lumineux.
La voix de son ami est posée, sa concentration évidente lorsqu'il tend les mains vers la sphère.
La bouche du capitaine s'ouvre en un cri silencieux, le son mourant dans sa gorge en même temps que ses mains se contractent d'horreur.
Et puis les paupières du Docteur se ferment d'elles-mêmes, son corps se cabrant alors que sa tête tombe en arrière.
Autour de lui, les ondes étincellent, une vague de dorée rayonnant brutalement dans la pièce en même temps que le Seigneur du temps rentre en contact avec la sphère.
La voix du plus âgé est lugubre, sa souffrance évidente. Déjà, Jack commence à se redresser, mais il se fige de nouveau lorsque son ami ouvre les yeux.
À la place de ses pupilles dansent deux boules d'or.
La bouche de l'humain s'ouvre pour former un immense 'o'.
Le Docteur lève les mains, ses paumes posées en coupe autour du globe. Celui-ci étincelle, ses rayons s'enroulant autour des poignets du plus âgé.
De flamboyante, la lumière s'adoucit.
Jack fronce les sourcils.
Le capitaine fronce un peu plus les sourcils, et relève la tête vers le Docteur, prenant soin de ne pas regarder la sphère. D'inquiet, il sent la stupeur l'envahir en découvrant l'expression de son ami.
Le Docteur n'a pas peur.
Le Docteur..
Le Docteur sourit, doucement, tristement.
Ses mains caressent le globe, sa tendresse évidente.
Celui-ci semble palpiter, et pendant un instant, Jack croit entendre des dizaines de voix en souffrance.
Sa gorge se contracte.
Lentement, la lumière se resserre autour du Docteur, les rayons se repliant autour de son corps pour mieux le faire rayonner.
C'est un des plus beaux spectacles auxquels Jack n’ait jamais assisté, mais aussi un des plus terribles.
Le visage du Docteur alterne entre tristesse, douceur, tendresse et chagrin.
Jack sent son cœur se tordre sans savoir pourquoi.
À qui parle le Docteur ? Le globe ? Les personnes enfermées ?
Peut-on parler au Temps lui-même ?
Le Seigneur du temps fronce les sourcils, les boules dorées étincelant alors que son expression se fait intense et impérieuse. D'un mouvement du poignet, il commence à faire danser les rayons autour de ses doigts, les tordant et pliant autour du globe.
Autour de lui, les petites boules clignotent, certains s'éteignant tandis que d'autres se transforment en portails.
Jack met un instant à comprendre ce à quoi il assiste, jusqu'à ce que des ombres commencent à traverser les passages.
Lentement, une foule immense envahit la pièce.
Une clameur monte du couloir.
Le Seigneur du temps plisse les lèvres, avant de commencer à bouger ses mains avec rapidité, déplaçant les rayons pour former une nouvelle cage autour de la sphère. Ces derniers se mettent à palpiter, se fondant les uns dans les autres jusqu'à obtenir une boite dorée.
Les épaules du Docteur s'affaissent alors légèrement, avant qu'il ne ferme les yeux, une larme unique coulant sur sa joue.
Jack est debout la seconde suivante, courant vers lui pour le rattraper en même temps que les rebelles investissent les lieux.
Avec lenteur, son ami se redresse, avant de glisser le nouveau coffre dans une poche intérieure de sa veste de cuir. Lorsqu'il rouvre les yeux, ces derniers sont de nouveaux bleus.
La peine que Jack y lit n'est pas nouvelle.
C'est celle du deuil, et de la culpabilité.
La gorge du jeune homme se sert.
Celui-ci soupire, avant de se redresser, imité par son compagnon qui jette un regard autour de lui. La salle est envahie par les rebelles et leurs proches sauvés.
L'intéressé le fixe avec dédain, avant de lui lancer un clin d'œil. Le masque retombe ensuite, son regard de nouveau sérieux et empli de pouvoir.
Le Docteur esquisse un sourire, en même temps que Jack se place à ses côtés.
Le Docteur grimaça, avant de se frotter l'arrière du crâne, contrit. Jack le fusilla un peu plus du regard, avant de se laisser tomber à son tour contre le mur.
Face à eux, la porte de la salle des moteurs demeura obstinément fermée.
Pour une raison ou pour une autre, le Tardis avait lancé un mode sécurité peu de temps après leur entrée dans la pièce : le Docteur avait voulu expliquer en plus amples détails que d'ordinaire le fonctionnement interne du vaisseau à un Jack ravi, mais son initiative s'était retournée contre eux lorsque la porte de métal s'était refermée brusquement, une lumière jaune et rouge illuminant soudainement la pièce en même temps qu'une série de 'bip bip bip bip bip' résonnait.
Le Docteur avait eu beau faire, la porte ne s'était pas rouverte.
Le vaisseau semblait décidé à leur jouer une blague de mauvais goût.
Le Seigneur du temps soupira, avant de se passer la main sur le front. Il grimaça en la retirant en sueur. À côté de lui, Jack inspira profondément.
Bien sûr, cette pièce était une des plus chaudes du Tardis.
À peine quelques instants enfermés et ils étaient déjà en sueur.
Les deux hommes échangèrent un nouveau regard, avant de grimacer en cœur.
À sa grande surprise, Jack rit doucement. Le Docteur haussa un sourcil – déjà en sueur – et tourna la tête vers son ami, qui lui lança un clin d'œil, un sourire grivois aux lèvres.
Le Docteur roula des yeux, contenant à grand-peine son sourire.
Celui-ci rit, avant de retirer ses bretelles, s'attaquant aux boutons de sa chemise bleue. Le Seigneur du temps lui lança un regard indigné.
Le Seigneur du temps grogna, et se détourna, luttant contre le rouge qui avait envahi ses joues – un tout autre type de chaleur interne, mais que voulez-vous, même le grand Docteur n'était pas immunisé contre le charme de Jack Harkness.
Celui-ci rit, avant de tapoter gentiment son bras.
Jack renifla, amusé.
Jack secoua la tête, une lueur mélancolique dans son beau regard bleu.
L'autre Docteur. Grandes oreilles. Veste de cuir. Le grognon par excellence. Le plus grand bougon que l’univers n’avait jamais connu.
Un léger sourire étira ses lèvres au souvenir de sa précédente incarnation.
Jack cligna des yeux, et repoussa une ligne de sueur sur son front, avant de sourire, son expression s'attendrissant devant l'insulte typique du Nordique.
À côté de lui, Jack rit, son regard appréciateur détaillant la taille fine révélée.
L'intéressé haussa un sourcil, avant de le fixer, ses doigts retirant avec lenteur son veston.
Jack grogna, un son grave quittant sa bouche alors qu'une nouvelle vague de chaleur le frappait.
Le Docteur haussa son sourcil un peu plus, son expression se faisant hautaine et moqueuse alors qu'il laissait tomber son veston au sol.
Son sourire augmenta en même temps que Jack lui sautait dessus, l'attrapant par le col pour l'embrasser passionnément.
En un instant, la chaleur doubla dans la pièce, mais les deux hommes n'y prêtèrent aucune attention, trop occupés à agripper le corps de l'autre.
Il semblait qu'ils avaient trouvé un autre moyen pour fondre que simplement attendre et se croire au sauna.
Par dessus eux, le Tardis huma, amusée.
Le Docteur grogna – bien sûr, c'était un tour de sa belle, oh, la coquine – avant de soupirer sous les attaques de l'immortel. D'un geste brusque, ce dernier ouvrit sa chemise, faisant tomber les boutons au sol au passage.
D'autres soupirs et sons de plaisirs suivirent alors qu'il s'abandonnait aux soins de l'immortel, les vêtements s'empilant rapidement sur le sol alors que les deux hommes se débarrassaient des dernières couches leur barrant le passage.
Grognant, le Docteur leva les bras, saisissant une barre de métal de ses mains en même temps que le capitaine le soulevait, son expression enivrée.
*-*
Fondre (verbe) : Devenir liquide sous l'effet de la chaleur, se liquéfier
Telle était la définition du verbe dans les dictionnaires s'éparpillant dans l'univers connu et non connu.
Le Docteur n'avait jamais autant approuvé ce choix de mots.
Pressé contre le mur, coincé entre la surface plane et le corps rugueux mais puissant du capitaine, il se sentait fondre comme neige au soleil.
Les mains glissantes, il ne pouvait que s'agripper aux épaules de l'immortel alors que ce dernier le conduisait sur des chemins bouillants d'une ardeur qu'il n'avait pas connue en trop longtemps.
Contre lui, Jack gémissait doucement, son front posé contre celui du Seigneur du temps alors qu'il allait et venait, ses mains fermement enfoncées dans les hanches pâles de son compagnon.
Leurs bouches se trouvèrent une nouvelle fois, se glissant avec ardeur l'une dans l'autre en même temps qu'une nouvelle vague de sueur collait le long de leur dos.
La passion, si forte, les brûlait sans contrôle, les faisant fondre de l'intérieur.
Le Docteur gémit, laissant tomber sa tête contre le mur en même temps que les lèvres de Jack s'attaquaient à son cou.
Ses ongles s'enfoncèrent dans ses épaules, ajoutant de nouvelles marques rouges, qui, il le savait, disparaitraient bientôt.
Contre lui, Jack huma, avant de gémir, son corps commençant soudainement à trembler.
Le Docteur leva les mains, agrippant de nouveau la barre de métal alors que les deux hommes haletaient, une onde plus forte que les autres les frappant. Il ferma les yeux, calquant son rythme sur celui du capitaine qui mordit ses lèvres, sa voix rauque lorsqu'il souffla :
Fondre. Jack avait la sensation d'avoir perdu toute force lorsqu'il tomba au sol, entrainant le Seigneur du temps avec lui. Celui-ci les réceptionna avec rapidité, employant sa physiologie supérieure pour s'envelopper autour de Jack et le protéger du choc de la chute. Sans savoir comment, l'immortel atterrit donc sur le torse du Docteur, sa tête enveloppée par une main fine mais protectrice.
Derrière eux, la porte en métal s'ouvrit, un sifflement résonnant alors que l'air frais envahissait la pièce.
Jack rit, en même temps que le Docteur roulait des yeux vers le plafond.
Il s'interrompit brusquement, alors qu'un ronronnement résonnait dans son esprit. Jack haussa un sourcil couvert de sueur en le voyant rougir, son sourire suggestif.
Jack rit, avant de se pencher en avant, léchant le torse couvert de sueur du Docteur qui protesta, épuisé:
Le capitaine lui décocha un clin d'œil, avant de se frotter contre lui, couvert de sueur et les cheveux en pagaille. Le Docteur lui lança un regard plat, avant de glisser sa jambe entre les siennes, les retournant d'un mouvement de hanches. Jack rit, s'attirant un haussement de sourcil dédaigneux.
Ainsi allongé sur lui, ses propres mèches éparpillées dans tous les sens et le corps rayonnant de sueur, le Docteur ressemblait à un dieu des anciens temps.
Jack sentit son cœur fondre.
Se redressant, il glissa sa main dans ses mèches brunes, l'attirant à lui pour un long baiser. Le Docteur le lui rendit immédiatement, sa main caressant son torse avant qu'il ne l'attrape par la main, l'entrainant dans le couloir avec un clin d'œil. Jack haussa un sourcil, avant de rire lorsque le pas si digne Seigneur du temps le poussa contre un mur, son regard noir indiquant clairement ses pensées.
Le rire du capitaine résonna dans le couloir, alors que le Docteur partait à l'attaque de son immortel favori.
Le Docteur lui fit un clin d'œil depuis son propre scaphandre, avant de tapoter son bras.
Jack se tourna vers lui, surpris.
Ses yeux brillaient alors qu'il babillait, sa joie évidente. N'aurait-il pas porté de scaphandre, il aurait surement secoué les mains dans tous les sens pour illustrer ses propos.
Le sourire du Docteur augmenta, en même temps que le duo remontait l'immense Mer de la Tranquillité, à la rencontre d'Apollo 11.
Apollo 11.
Jack en avait entendu parler depuis son arrivée à l'Agence.
Le jeune agent qu'il était alors avait été fasciné par ce récit, en devenant obsédé au point de chercher toutes les informations possibles dans les immenses bases de données de l'Agence.
Dès l'instant où il avait obtenu sa validation d'exercice physique, il n'avait rêvé que d'une chose, pouvoir se rendre sur les lieux lui-même, en direct.
Mais l'exercice était jugé trop dangereux par ses supérieurs, la date étant considérée comme trop proche d'un potentiel point fixe dans le Temps.
Malgré son désespoir, le jeune homme avait dû renoncer.
Des années plus tard, au cours d'une conversation avec le Docteur, il avait mentionné cette frustration.
Le Seigneur du temps l'avait fixé avec l'ombre d'un sourire, avant de se lever et commencer à rentrer des coordonnées.
Jack le fixait, perdu.
Le Docteur lui lança un clin d'œil.
La mâchoire du jeune homme tomba au sol.
Un 'squiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiick' hystérique jaillit des lèvres du capitaine, avant qu'il ne saute sur ses pieds … pour mieux commencer à sauter partout dans la salle de contrôle.
Pour une fois, le Seigneur du temps se laissa faire sans protester, clairement très satisfait de lui-même.
*-*
Le voyage avait nécessité une certaine préparation, que Jack avait vécue avec enthousiasme, au grand amusement du Docteur.
C'était comme revivre ses cours et recherches d'étudiant.
Il allait enfin le faire.
Il allait se rendre sur la Lune, le 24 juillet 1969, pour assister en direct aux premiers pas de l'Homme.
Le capitaine était hystérique.
Une pipelette.
Une fois lancé, Jack était impossible à faire taire.
Un vrai double du Seigneur du temps, tiens.
Celui-ci devait l'avouer, au moins dans son for intérieur, voir Jack agir comme un fanboy de 12 ans était un vrai délice.
Le fait que le capitaine possédait également de réelles connaissances techniques et scientifiques sur le sujet n'était pas du tout désagréable, au contraire. C'était … fantastique.
Le Docteur avait toujours aimé partager son savoir, et Jack constituait un public de choix.
Finalement, après plusieurs heures de préparation intense et enthousiaste, l'équipage du Tardis fut fin prêt pour l'aventure.
L'heure était venue d'enfiler les scaphandres.
Le Docteur ne put contenir un sourire devant la joie enfantine de son compagnon.
L'intéressé grogna, avant de se diriger vers la console, ses pas alourdis par son scaphandre. Avec davantage d'aisance qu'il n'aurait due en avoir, il appuya sur une série de boutons, puis tira un levier, les envoyant brutalement en avant.
Jack se rattrapa à la rambarde précipitamment, ses propres mouvements rendus maladroits par la gravité du Tardis.
Avec une expression hautaine, le Docteur se dirigea vers les portes du vaisseau, les ouvrant dans un geste magistral.
La mâchoire de Jack tomba au sol.
Face à lui, la Lune rayonnait de toute sa splendeur.
Au loin, la Terre, minuscule astre bleu, étincelait dans le noir de la nuit éternelle.
Jack sentit son ventre se contracter.
Derrière lui, le Docteur appuya sur des boutons, entamant leur descente lente mais certaine.
Le jeune homme inspira profondément, luttant contre la vague d'émotion le saisissant.
Damnit.
Ce n'était tellement pas le moment.
Son compagnon tourna vers lui des yeux humides.
Le Docteur sourit.
Objectif, Lune.
*-*
Jack était resté silencieux tout le temps de la descente, ses yeux rivés sur l'astre gris. Il n'avait pas davantage pipé mot lorsque l'heure était venue d'enfiler son casque, ses mains crispées d'excitation.
Le Docteur avait roulé des yeux, mais souri, avant d'enfiler son propre casque et le rejoindre.
Face à eux, l'immensité grise et blanche les fixait, fière et revêche.
Le capitaine se tourna vers lui, ses prunelles bleues brûlant d'émotion.
Le Docteur roula des yeux.
*-*
Le reste du voyage avait été somme toute très simple, et en même temps d'une folie totale aux yeux de Jack.
Le duo avait passé la première heure à explorer les lieux, le Docteur décrivant avec enthousiasme et forts détails capitaux leurs environs – roches, air, atmosphère, couleurs, sons, ciel.. Tout y était passé, mais Jack ne l'aurait jamais voulu autrement.
Et puis un son avait traversé les airs.
Jack avait levé les yeux, pour voir un minuscule point se rapprocher de la surface.
*-*
C'est armé de paires de jumelles cosmiques du 47ème siècle plutonien que le duo d'enfer avait regardé les premiers humains alunir.
Cela n'avait pas été sans peine, mais même s'il savait que tout se finirait bien, Jack n'avait pu se contenir en se rappelant de tous les problèmes de dernière minute survenus.
C'est donc avec un immense sourire qu'il avait regardé l'équipage descendre de la fusée.
Neil Amstrong d'abord – Jack était toujours amusé par les disputes internes que ce choix avait provoqué – puis Buzz Aldrin, Michael Collins, pilote du module de commande et de service restant en orbite lunaire.
Le capitaine ne pouvait s'imaginer faire tout ce chemin pour devoir rester dans la fusée. Quelle frustration cela avait dû être ! Lui avait la chance de pouvoir marcher sur la Lune, autant de fois qu'il le désirait, le Docteur le lui avait assuré – il suffirait simplement de choisir la date avec soin.
Il aurait pu rester sans problème 21h sur la surface de la Lune, comme les astronautes, mais leur oxygène avait ses propres limites, et c'est avec résignation qu'il se résolut à rentrer, 4h et 35 minutes plus tard.
Jack sourit à cette pensée.
*-*
Cela n'aurait pas été un voyage avec le Docteur sans un imprévu, n'est-ce pas ?
Apparemment, ils n'étaient pas les seuls à avoir décidé de venir assister à l'évènement en direct.
Il semblait, que le terme de 'point fixe dans le Temps' n'était pas très clair pour certaines compagnies de voyage inter-temporel.
Se faire agresser sur le sol lunaire parce qu'on y voyageait sans passeport n'était pas exactement au menu du jour.
Le Docteur s'était fait un plaisir d'exploser les communicateurs des abrutis détruisant sa journée avec le capitaine, avant de faire vibrer la roche les entourant, faisant tomber malencontreusement quelques rochers sur le groupe d'andouilles.
Profitant du chaos provoqué, il s'était enfui avec un Jack mi-exaspéré, mi-hilare.
Ce n'est qu'une fois arrivé au Tardis que celui-ci retira son casque, rieur. Le Docteur haussa hautainement ses sourcils, avant de retirer le sien. D'un mouvement brusque, Jack saisit le haut de sa veste dépassant du scaphandre, avant de plaquer ses lèvres contre les siennes.
Le Docteur roula des yeux, avant de le pousser en arrière contre le chambranle de la porte, leurs scaphandres rendant la tâche ardue mais ô combien encore plus passionnante.
Ses prunelles bleues pétillant de plaisir, Jack souffla, ses lèvres à quelques millimètres de celles du Seigneur du temps :
Celui-ci sourit, grivois, avant d'attraper son cou, l'immensité de la Lune étincelant en arrière-plan derrière eux pour former un tableau d'amour.
Jack ne s'était jamais considéré comme obsessionnel.
Mais le Docteur faisait vraiment tout pour le provoquer.
Est-ce qu'il avait vraiment besoin de porter autant de boutons ?
Il en avait partout.
Son long manteau marron, sa veste, son veston, et évidemment sa chemise, chacun en comportait des dizaines.
Jack connaissait un autre homme qui aimait porter des tenues emplies de boutons.
Il avait pris l'habitude de les lui retirer, avec répétition.
Mais là où Ianto le laisserait faire avec amusement, tendresse, irritation ou provocation, le Docteur semblait totalement inconscient de l'effet qu'il provoquait sur Jack.
Ses boutons le rendaient fous.
Jack voulait les lui arracher.
Le cerveau enfiévré du capitaine ne pouvait s'empêcher d'imaginer des dizaines de scenarii lors desquels il ferait disparaître cette damnée couche de vêtements.
Jack n'avait eu de cesse de se demander, depuis la première fois qu'il avait rencontré ce Docteur, dans le lointain futur, loin, si loin de tout, il n'avait eu de cesse de se demander, ce que ces boutons dissimulaient.
Que cachaient-ils ?
Que découvrirait le capitaine, s'il les retirait ?
De quelle couleur serait la peau du Seigneur du temps ?
Serait-elle aussi pale que celle de son précédent amant, ou bien davantage crémeuse, comme celle de son visage ?
Tremblerait-elle à son toucher, ou le rejetterait-elle, comme son propriétaire ?
Jack devrait-il la dompter, l'apprivoiser ?
Serait-elle douce ou rugueuse ? Aimante ou sauvage ?
La fascination première de Jack pour ce nouveau corps à découvrir s'était lentement décentrée sur les boutons le dissimulant.
L'immortel avait passé des nuits entières à fantasmer sur ces minuscules petits morceaux arrondis lui coupant la vue de son objectif.
De quoi étaient-ils composés, exactement ?
Cuir, plastique, autre ?
D'où venaient-ils ?
Qui les avait créés ?
Comment le Docteur avait-il choisi chaque part de son costume ?
Avait-il déjà dû les remplacer ? Où se rendrait-il pour en trouver des identiques ? Possédait-il une réserve cachée sur son vaisseau ? Cette hypothèse quelque peu ridicule faisait sens quand on connaissait l'obsession du nouveau Docteur concernant son apparence.
Jack devait admettre qu'il avait ses raisons.
Ce Docteur était splendide, et son costume le lui rendait bien, boutons compris.
Les boutons, ces tous petits détails qui faisaient la différence.
Jack avait appris à les aimer, même s'il n'avait jamais pu les toucher.
Il ne pouvait cesser de se demander, comment ils sentiraient sous ses doigts.
Seraient-ils doux ou rugueux ?
Faciles à retirer, ou coriaces à dompter ?
Comment le Docteur réagirait-il en le voyant les lui enlever?
Le repousserait-il, ou l'aiderait-il ?
Jack réussirait-il à garder son calme, ou céderait-il à la violence de sa passion ?
Les ouvrirait-il lentement, ou sauvagement ?
En l'embrassant, ou bien en gardant son regard bleu rivé dans le sien ?
Et si..
Et si..
*-*
Jack recommençait à le fixer.
Quelque chose n'allait définitivement pas avec l'immortel.
Cela avait pris du temps au Docteur pour le remarquer, mais le capitaine semblait le fixer à chacune de ses visites, depuis son retour sur Terre.
Est-ce que quelque chose n'allait pas avec Jack ?
Du coin de l'oeil, le Seigneur du temps lança un regard à celui-ci, en même temps qu'il se penchait pour appuyer sur un bouton de la console.
Le regard de Jack s'intensifia.
Génial.
Quelque chose n'allait définitivement pas avec le capitaine.
Ou bien, était-ce vraiment le cas ?
Jack ne semblait pas souffrir.
Au contraire, il apparaissait.. très heureux.
Et rouge.
Ses yeux brillaient de cette manière qu'ils n'avaient que lorsque..
Oh, damn.
Sérieusement ?
Jack !
Quoi encore ?
Qu'avait-il fait cette fois pour provoquer le désir de l'irréductible capitaine ?
Comme s'il avait besoin de faire quelque chose.
Jack lui avait toujours couru après, et ne s'en était jamais caché.
Déjà, avec le précédent lui..
Et de nouveau dans ce corps..
Apparemment, il avait trouvé quelque chose de nouveau sur lequel fantasmer.
Ses fesses, surement.
Son dos ?
Ses cheveux ?
Jack adorait ses cheveux.
Mais ce n'était pas eux qu'il dévorait avec tant d'assiduité du regard.
Non, il semblait obsédé par son costume.
Le Docteur huma, fier de lui.
Il adorait son costume.
Ses costumes, en fait.
Il avait passé un certain temps à les choisir, merci bien.
Encore heureux qu'ils faisaient de l'effet à l'immortel.
Ce n'était pas du tout la raison pour laquelle il les portait, bien sûr, mais c'était toujours agréable.
Désormais amusé, le Docteur se redressa, prenant soin de s'étirer lentement, comme le chat taquin qu'il était.
Un brusque appel d'air dans son dos lui tira un sourire.
Avec précision, il tira les manches de sa veste, en polissant les boutons.
Un autre brusque appel d'air.
Le Docteur sourit un peu plus, et passa la main dans ses cheveux, les ébouriffant encore davantage.
Se retournant, il lança un clin d'oeil à l'immortel, s'attirant un regard empli de désir.
Yummy.
Désormais tout aussi amusé qu'intrigué – et quelque peu excité – le Seigneur du temps se mordit la lèvre, rougissant légèrement sous le regard intense du capitaine.
Hé bien, il semblerait que leur voyage ensemble venait de prendre une tournure.. intéressante.
*-*
Le même phénomène se reproduisit plusieurs fois, lors d'autres voyages.
À présent que le Docteur l'avait remarqué, il ne semblait plus pouvoir l'ignorer.
L'obsession de Jack concernant ses tenues était plus qu'évidente, c'en était.. déroutant. Gênant ? Fascinant? Excitant ? Amusant ? Perturbant ?
Un peu tout cela à la fois en même temps, vraiment.
Jack avait toujours été attiré par le Seigneur du temps, tout le monde le savait, le Docteur le premier – il l'avait vécu, après tout, même si ce n'était pas spécifiquement ce lui – mais le phénomène semblait atteindre un nouveau niveau ces derniers temps.
Ce fut au retour d'un énième voyage, après une visite au festival de mode de Los Angeles IV – la capitale, pas la ville – que le Docteur décida de confronter l'immortel.
Ils avaient passé un très agréable moment ensemble, s'amusant comme des idiots au milieu des défilés et autres tenues folles exhibées par les locaux. Le Docteur avait même pu flâner au milieu des échoppes temporaires, se délectant de tous les tissus et breloques disponibles. Il avait même pu trouver un stand dédié spécifiquement à l'art des boutons, le poussant dans un long débat avec le vendeur sur ceux le plus adapté à sa tenue.
Un très agréable personnage, merci bien.
D'ailleurs, il était reparti avec plusieurs sacs.
Qui aurait cru qu'il existait autant de coloris et formes possibles ?
Le Docteur avait hâte de les essayer !
Et la technologie qu'on pouvait y insérer..
Magnifique !
Pendant tout ce temps, Jack était demeuré étrangement silencieux, ses yeux rivés sur l'échoppe alors que les deux hommes discutaient.
Son comportement pour le moins inhabituel n'avait pas échappé au Seigneur du temps, mais ce dernier était trop accaparé par sa propre discussion pour s'en préoccuper sur l'instant.
À présent que Jack continuait à le fixer avec des yeux de bille malgré leur retour sur le Tardis, le Seigneur du temps n'y tint plus. Se retournant brusquement, il s'exclama, sa voix tirant sur l'aigu sous l'effet de l'exaspération :
Son compagnon cligna des yeux, avant de sourire et lui faire un clin d'oeil.
Le Seigneur du temps se sentit rougir jusqu'à la pointe de ses oreilles.
C'était donc cela ?
Ses boutons ?
Jack fantasmait sur ses boutons ?
C'était … Une première, il devait l'admettre.
Mais pourquoi pas, après tout ?
Il y avait des choses plus étranges, au fond.
Comme les gens aimant les poires.
Est-ce que Jack aimait les poires ?
Jack aimait tout.
Et en particulier son Docteur.
Et il avait attendu très longtemps pour goûter celui-ci.
Contre tous ses principes, le Seigneur du temps se rapprocha, avant de souffler, taquin :
Jack haussa un sourcil.
L'expression de ce dernier se fit encore plus lubrique, provoquant une onde de chaleur chez le Docteur. D'un geste de la main, il saisit le cou de ce dernier, l'entrainant dans un baiser passionné.
Le Seigneur du temps huma, avant de soupirer en sentant des doigts se glisser sous son manteau.
Il semblerait que ses boutons allaient passer à la casserole.
Et ensuite, ce serait son tour.
Pourquoi pas, après tout ?
Il existait pire comme sort, n'est-ce pas ?
La relation à l'argent des deux hommes illustrait toutes leurs différences de caractère et de mode de vie.
De l'argent, Jack était constamment inquiet d'en manquer. Depuis son départ de Boeshane, le jeune homme avait dû apprendre à survivre seul, souvent par tous les moyens. C'était une des raisons principales pour lesquelles il était devenu un aussi bon escroc et manipulateur : savoir fasciner et séduire était capital pour pouvoir soutirer les richesses.
Sa beauté aidait, bien sûr.
À une époque, Jack n'avait pas trop été regardant sur le fait de l'employer pour obtenir son objectif, argent compris.
Certains appelleraient cela de la prostitution.
Le capitaine hausserait les épaules, et répliquerait que c'était survivre.
Vraiment, parfois, la frontière entre les deux était mince.
Ce don était une des choses qui lui avait permis d'être remarqué par l'Agence, puis d'y grimper rapidement les échelons. Sa relation à l'argent y était demeurée tendue, le jeune agent d'alors alternant entre économiser comme un rapiat chaque centime reçu et dépenser sans compter celui des autres.
Lorsqu'il s'était enfui de l'Agence, c'était avec une jolie réserve en mains ; elle ne l'avait jamais quittée depuis, les barres interstellaires demeurant systématiquement dans une poche temporelle au fond de son costume du jour.
Jack n'était ni naif, ni stupide.
Il savait que tout pouvait toujours changer, du jour au lendemain, sans prévenir.
De l'argent, sa famille n'en avait jamais beaucoup eu. Cela ne les avait pas empêchés de bien vivre, même si c'était parfois chichement. Ses parents compenseraient en péchant, ou en élevant des animaux, producteurs d'oeufs, lait, plumes, poils, écailles ou viande, dans le pire des cas.
Jack avait été heureux.
Sa famille était détruite, à présent, et tout ce qui lui restait était ses économies.
Le capitaine avait tout fait pour les faire grossir, et au diable la morale. L'argent était la seule vérité qui demeurait dans ce monde au bout du compte.
C'était devenu encore plus vrai après la trahison de l'Agence, et sa fuite.
Jack avait cru y trouver quelque chose de différent : une morale, un objectif, des aventures.
Une famille.
Des amis.
Et ils l'avaient trahi.
Seul lui restait son argent.
L'ancien agent comptait bien le faire fructifier au maximum.
*-*
Si une chose prouvait aux yeux de Jack la nature alienne du Docteur, c'était bien sa relation à l'argent.
Le Seigneur du temps n'en avait strictement rien à faire.
Jack ne comprenait pas comment c'était possible.
Tout le monde avait besoin d'argent.
Même dans les actes les plus simples de la vie quotidienne, l'argent était indispensable.
Comment le Docteur pouvait-il s'en détourner ainsi ?
Jamais un sou sur lui, sous toutes les formes possibles à travers le temps et l'espace.
N'avait-il donc pas besoin de manger ?
Il fallait bien qu'il achète ses repas quelque part, non ?
Le Tardis était un vaisseau merveilleux, mais il ne créait pas de nourriture de nulle part aux dernières nouvelles.
Dans le doute, Jack avait vérifié, mais il n'avait rien trouvé, à part de nombreuses brulures et ecchymoses.
Dommage, cela aurait été utile.
Comment le Docteur pouvait-il rejeter ainsi l'argent ? Jack ne comprenait pas son dédain. C'était juste.. incompréhensible. Le capitaine connaissait de nombreuses cultures qui fonctionnaient sans argent même, mais il existerait toujours un système de troc, quelqu'en soit la nature.
Le Docteur semblait détaché de cette nécessité, et de toutes les choses matérielles en général.
Jack ne savait pas s'il devait l'envier ou en pleurer.
Il ne comprenait pas.
Il ne comprenait juste pas.
Et cela le rendait fou.
Alors, il était allé demander.
Lors d'une soirée tardive passée à travailler sur les moteurs, il osa enfin poser la question qui lui brulait les lèvres.
Le Docteur haussa les sourcils, et roula des yeux, avant de bougonner quelque chose à propos du 'matérialisme des singes et leur besoin de créer des réserves comme des hamsters mutants'.
Jack continua simplement à le fixer, silencieux.
Le Seigneur du temps soupira, avant de poser lentement ses outils sur le sol métallique en face de la console. Se redressant, il retira ses énormes lunettes, les posant à leur tour sur le siège du capitaine.
*-*
Un siècle et demi plus tard, le désormais immortel était à la tête d'une des plus grosses fortunes terriennes.
Ce n'était pas comme s'il s'en vantait, bien sûr.
Moins les gens en savaient sur lui, mieux il se porterait.
Et ses proches avec.
Ses proches, ses amis, sa famille, c'était pour eux que Jack économisait.
Oh, pour lui aussi, bien sûr, mais il avait des milliards d'années devant lui à venir, alors il aurait bien le temps de dépenser ses richesses.
L'argent était tout ce qui lui resterait, à la fin.
Alors autant l'économiser.
On ne savait jamais.
Il avait des milliards d'années à tenir, autant les vivre confortablement.
Ironiquement, Jack était un des hommes les plus spartiates au monde.
Son bunker lui suffisait, et ses vêtements. Ses vraies richesses consistaient en sa malle, et ses souvenirs. Son épouse, ses amours, sa fille, son petit-fils, ses amis, ses aventures, ils étaient ses vrais trésors, et leur valeur était inqualifiable.
Aucune somme d'argent ne pourrait jamais les remplacer.
Mais elle pouvait sans aucun doute les aider.
On ne savait jamais.
C'était juste au cas où.
Jack avait connu la pauvreté trop de fois pour ne pas être préparé.
Juste au cas où.
Un jour, peut-être, il en aurait besoin.
Ce n'était pas comme s'il pouvait compter sur quelqu'un d'autre pour l'aider.
À la fin, il ne demeurerait que lui.
Alors autant être prêt.