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Série : Doctor Who (2005)
Création : 01.01.2022 à 18h41
Auteur : choup37
Statut : Terminée
« Le Docteur et Jack se connaissent depuis longtemps, et sont passés par beaucoup de sentiments. 31 histoires pour raconter la plus longue relation que le Docteur a jamais connue. » choup37
Cette fanfic compte déjà 31 paragraphes
Le Docteur allait exploser.
Il savait, oh, bien sûr qu'il savait, que Jack était une tête brulée. Tous ses compagnons l'avaient toujours été, c'était presque une marque de fabrique pour pouvoir rentrer dans son vaisseau et y survivre.
Mais vraiment, il y avait des limites.
Même pour lui, il y avait des limites !
Est-ce que Jack était devenu fou ?
Il allait le tuer !
À la réflexion, non, il allait d'abord soigner son cerveau d'arriéré, à coups de grandes tartes dans la tronche, et ensuite il soignerait les bleus, et seulement après, il le tuerait.
Ou peut-être dans un autre ordre.
Peu importe.
Le Docteur fulminait.
Face à lui, son compagnon demeurait silencieux, attendant patiemment la fin de l'explosion.
Il aurait dû se douter que le Docteur ne serait guère.. appréciateur, de son initiative.
Mais cela avait été sa seule possibilité dans le contexte qui lui avait été donné.
De toute façon, ce n'était pas comme s'il avait eu le temps d'en chercher une autre.
Bien sûr, le Docteur ne comprendrait pas.
S'il s'était trouvé de l'autre côté de la scène, le capitaine n'aurait certainement pas compris non plus.
Mais cela avait été si logique.
Jack roula des yeux, avant de marmonner quelque chose dans sa barbe. Le Seigneur du temps le fixa, outré d'être coupé dans sa diatribe.
Le Docteur le fixa, bouche bée. Jack détourna la tête, se frottant l'arrière du crâne.
La bouche du plus âgé se referma en un pop sonore.
Jack lui avait fait confiance pour le sauver d'une chute mortelle? Avec le peu de temps qu'il avait à sa disposition ?
Le Seigneur du temps sentit son ventre se contracter.
S'il était arrivé trop tard..
S'il s'était trompé..
S'il avait mal calculé..
Si..
Si..
*-*
Celui-ci détourna la tête, tentant en vain de se dissimuler sous ses couvertures, mais sa nudité n'échappait à personne.
Et certainement pas à ses parents, occupés à menacer Jack de leur propre arme.
Vraiment, il fallait qu'ils se détendent.
Jack n'avait rien fait de mal.
Le prince avait été plus que volontaire.
Un sourire grivois aux lèvres, le capitaine lança un clin d'œil à ce dernier, le faisant rougir un peu plus.
Le Docteur venait d'apparaitre à la porte, tournevis sonique en main. D'un regard, il comprit l'ampleur du désastre. Jack répondit à son roulement de yeux par un autre clin d'œil, avant de reculer vers la fenêtre grande ouverte. D'un geste, les fusils le suivirent, augmentant son sourire.
*-*
Cela avait été si rapide.
Pendant un instant, il avait cru son compagnon mort.
La seconde suivante, il courrait, remontant le couloir plus vite qu'il n'en était capable, les lumières et fusils explosant sur son passage.
Le Tardis n'était garé qu'à quelques centaines de mètres, mais le Docteur eut la sensation que sa course dura des heures avant qu'il ne parvienne enfin à pousser les portes de son vaisseau, hurlant à sa fidèle amie de se préparer.
Déjà, les boutons tournaient sur eux-mêmes, un levier s'abaissant alors qu'un autre se relevait.
Jack.
*-*
Il était apparu une trentaine de mètres sous son compagnon, l'immense mur de pierres du château se solidifiant en face de lui en même temps qu'il s'agrippait à une porte, tendant désespérément la main vers l'humain.
Les doigts de ce dernier s'étaient instantanément liés aux siens, les faisant tomber tous deux en arrière et rouler sur le sol.
Pendant un instant, seul le silence avait résonné.
Et puis Jack avait grogné, se redressant avec un sourire aux lèvres.
L'expression tempétueuse du Seigneur du temps l'avait coupé net.
Ce même Seigneur du temps, qui ne savait plus quoi répondre à présent.
Jack lui avait fait confiance pour le sauver de sa chute mortelle.
Un tel niveau de confiance était.. illogique.
D'un geste sec, Jack le repoussa, le fusillant du regard.
Il regretta ses mots à l'instant même où le visage du capitaine se fit blanc, avant qu'un masque ne tombe sur son visage.
Ses épaules s'affaissèrent, en même temps que sa colère disparaissait d'un coup, et son énergie avec. Jack se mordit la lèvre, avant d'avancer avec hésitation vers lui. Le Docteur le fixa sans un mot, avant de se tendre lorsqu'il le prit dans ses bras, le serrant contre lui.
Les bras de ce dernier se refermèrent automatiquement autour de lui, en même temps qu'il fermait les yeux, inspirant profondément son odeur.
Jack était en vie.
Jack allait bien.
Jack était sauf.
Il allait le tuer.
Jack aurait bien fait un commentaire salace, mais l'expression tempétueuse du Docteur l'en empêcha. À la place, il se pencha, déposant un baiser sur ses lèvres, avant de souffler :
Le Seigneur du temps soupira, avant de caresser sa joue.
Le capitaine sentit sa gorge se serrer brutalement.
Ce n'était pas la réponse à laquelle il s'attendait.
Mais c'était sans aucun doute celle qu'il avait besoin d'entendre.
Une réponse évidente, sensée, logique.
Une réponse qui serra sa gorge, mais envoya une onde de chaleur dans son bas-ventre.
Une autre onde de chaleur le traversa lorsque le Docteur lui rendit son baiser, ses lèvres dures mais sa main sur sa nuque protectrice.
Jack ne put retenir son sourire.
Cela aussi, c'était logique.
Et pour rien au monde, il n'aurait voulu que les choses changent.
C'était sa vie.
Et il l'adorait.
Là où Rose était une citadine, Jack était un véritable poisson dans l'eau.
L'eau, le garçon semblait y être né.
De tous les éléments, c'était clairement son favori.
Montrez-lui une rivière, un lac, un océan ou une fontaine, il voudrait y plonger.
(Si, il avait déjà plongé dans une fontaine)
(Non, il n'était pas saoul)
(C'était une histoire pour un autre moment)
(Disons simplement que le Docteur et Rose conservaient un excellent souvenir de cette journée, et continueraient à l'évoquer autour d'un verre tard le soir, pour la plus grande fierté du vaurien leur servant de compagnon)
Jack, donc, aimait l'eau.
Pour quelqu'un qui était né dans une péninsule, c'était assez logique.
Jack était un excellent nageur, un marin professionnel, et un surfeur plus que décent.
Tout ce qui pouvait se faire sur et dans l'eau, il l'apprendrait.
C'était une des rares passions qu'il avait conservées de son enfance, et une qu'il continuait de chérir après toutes ces années.
Le Docteur trouvait cela adorable, bien qu'il ne l'admettrait jamais à voix haute.
Il se contenterait de rouler des yeux, marmonnant quelque chose à propos de « l'évolution de l'homme et ses origines maritimes », et «le marquage profond de canard inscrit dans l'ADN de certains stupides singes arriérés immatures ».
Le sourire de Jack indiquait clairement qu'il ne croyait pas une seconde à ses bougonnements, mais cela ne l'empêcherait pas de continuer.
Pour leur aventure du jour, il avait donc choisi de lui faire une surprise en l'emmenant sur Poseidon IV, une péninsule maritime réputée pour ses forêts et zones d'eau immenses.
Le cri enthousiaste du jeune homme en ouvrant les portes valait tout l'or du monde.
Le Docteur s'était accoudé avec amusement au battant, alors que Jack regardait autour de lui avec une joie presque enfantine.
Le Seigneur du temps le fixait, un fin sourire aux lèvres.
Jack haussa un sourcil, avant de se diriger vers lui, le saisissant par le col pour un baiser enthousiaste.
Le Docteur huma, satisfait.
Les yeux du jeune homme se mirent à briller.
Et si leur départ fut repoussé quelque peu suite aux remerciements... expansifs de l'ancien agent, vraiment, le Docteur ne trouvait étrangement pas matière à s'en plaindre.
*-*
La forêt recouvrant Poseidon IV était remarquable pour son extraordinaire diversité.
Platanes, marronniers, chênes et bouleaux côtoyaient pins et sapins dans un mélange dont Mère Nature possédait le secret, au milieu des rivières et ruisseaux.
Jack était aux anges.
L'humidité régnait dans la forêt, créant un environnement frais idéal pour les randonnées.
Les deux hommes avaient crapahuté pendant des heures, remontant le chemin tracé au milieu des arbres, à l'ombre des immenses troncs, en direction d'une cascade que le Docteur décrivait comme « spectaculaire ».
Ils s'étaient arrêtés quelques fois pour se reposer et profiter du paysage, le Seigneur du temps en profitant pour décrire chaque élément les entourant.
Arbres, feuilles, buissons, faune, flores, oiseaux, poissons, écureuils à deux queues et tourterelle noire au museau orangé, rien n'avait échappé à son cours du jour.
Jack l'avait écouté avec amusement, fascination et tendresse.
Le Docteur était clairement dans son élément, même si c'était d'une manière différente que lui.
C'est au détour d'un chemin, alors que le son de l'eau se faisait de plus en plus pressant, que les yeux de Jack s'étaient enfin posés sur la cascade.
Sa bouche s'était ouverte en un immense 'O', alors qu'il se figeait.
Sa mâchoire se referma d'elle-même, en même temps qu'il tentait d'enregistrer le spectacle face à lui.
Une cascade gigantesque, de plusieurs centaines de mètres de hauteur.
Trois lacs, à son pied, d'un bleu azur flamboyant.
Des champs de fleurs de toutes les couleurs, formant un arc-en-ciel naturel explosif.
Jack haussa un sourcil.
Le Docteur haussa ses propres sourcils dans un geste hautain.
En un instant il était nu, et plongeait en un immense arc de cercle dans l'eau.
Le Docteur roula des yeux, contenant à grand-peine son sourire.
Garnement.
Même à distance, il pouvait voir Jack remonter la distance vers le centre du lac, son ombre se mélangeant à celle des poissons sous l'eau.
Un vrai poisson dans l'eau.
Le Docteur huma, avant de retirer sa veste, et la déposer avec soin sur un rocher sec. Son pull suivit, puis ses chaussures, avant qu'il ne s'assoit, plongeant avec plaisir ses pieds dans l'eau fraiche.
Fantastique.
Face à lui, l'immense étendue d'eau scintillait, formant un miroir de reflets argentés.
Le Docteur soupira, ses épaules retombant d'elles-mêmes.
Fantastique, en effet.
Face à la splendeur de la nature, le Seigneur du temps sentait ses tourments s'apaiser un instant.
Il leur faudrait encore plusieurs jours pour explorer l'ensemble de la forêt, si ce n'est une bonne semaine. La perspective le comblait de joie : il n'y avait rien qu'il n'aimait davantage que de vivre dehors, au contact du ciel et des étoiles.
Et Jack.. Aucun doute quant à la réponse de son compagnon, bien sûr.
En parlant du zouave …
L'intéressé venait de réapparaitre à une centaine de mètres, ses cheveux plaqués en arrière sur son crâne. D'où il se tenait, le Docteur ne pouvait voir que le haut de son corps, ce qui était déjà suffisant, merci bien.
Ce n'était pas comme s'il avait envie d'en voir davantage, bien sûr.
D'un long mouvement des jambes, Jack s'élança vers lui, un sourire éclatant aux lèvres.
Celui-ci rit, avant de se laisser tomber en arrière sur son dos, coulant tête la première.
Un canard.
Il avait adopté un canard.
Il allait falloir qu'il fasse pousser une mare dans le Tardis.
La piscine olympique ferait bien l'affaire.
Le dit canard ré émergea dans un grand rire, avant de se diriger vers le rocher où le Docteur était assis. Un sourire aux lèvres, il s'accouda à ses côtés, l'eau coulant de ses muscles et son torse dans toute sa gloire.
Il ne croyait pas si bien dur, songea le Docteur en le regardant partir à l'assaut du lac, en direction de la cascade.
Soupirant, il ferma les yeux, profitant des rayons du soleil. Se retournant, il plia sa veste et son pull, avant de les placer sur son propre sac à dos, formant un oreiller. Un sourire aux lèvres, il s'y allongea, s'abandonnant malgré lui au son apaisant de l'eau et le clap clap de Jack.
La nature possédait cette capacité extraordinaire à vous aider à vous recentrer sur vous-même, et oublier, même temporairement, tous vos problèmes.
S'y oublier, c'était y ressourcer.
C'était s'y apaiser.
Et à la plus grande surprise du Docteur, mais pour son plus grand bonheur, il semblerait que pour une fois, même lui avait droit à quelques heures de tranquillité.
Au loin, le rire de Jack résonna.
Le Docteur sourit.
Fantastique.
Cher Docteur,
Docteur? Cher Docteur? Mon Docteur? Le vrai Docteur ? Comment dois-je vous appeler, comment dois-je commencer, je ne sais pas, c'est tellement.. étrange.
J'écris à un mort, qui est techniquement vivant dans une autre partie de l'espace-temps.
Les joies d'être un voyageur temporel, j'imagine.
Un voyageur temporel, coincé dans une époque qui n'est pas la sienne, sans pouvoir la quitter.
À cause de vous.
Ou de lui.
C'est pareil, j'imagine.
Ou plutôt, non, ça ne l'est pas.
C'est bien le problème, justement.
Alors comme ça, vous pouvez échapper à la mort, Doc ? Vous pouvez changer de visage, et de personnalité ? Un joli tour, je vous le dis. Très .. alien. Suis-je vraiment surpris, cependant ? Vous avez toujours été un homme à multi-facettes, Doc, alors j'imagine que je ne devrais pas être surpris que votre peuple ait trouvé un moyen pour tromper la mort.
Après tout, moi aussi.
Je suis si fatigué, Doc.
Mais comme vous, je dois continuer. Pour l'éternité.
Vous me manquez, Doc.
Quand je me suis réveillé, sur cette maudite station.. Quand j'ai vu le Tardis partir.. Vous m'avez abandonné, Doc. Vous m'avez laissé derrière, et pendant si longtemps, j'ai cru, j'ai espéré, je me suis accroché à cet espoir, que j'avais tort, qu'il devait y avoir une explication, que vous étiez gravement blessé.. Vous ne pouviez pas juste m'avoir abandonné ! Vous ne pouviez pas, pas vous, pas le Docteur, l'homme de bien, l'homme droit, vous ne pouviez pas ! Et pourtant, pourtant ! Oh, Doc, je n'ai rien demandé !
Je n'ai rien demandé, mais vous m'avez abandonné.
Et il n'est pas revenu.
L'autre.
Il s'appelle aussi le Docteur, mais il n'est pas.. Vous êtes si différents, et si semblables à la fois, c'est si … perturbant. Comment est-il possible qu'il puisse être vous ? Quand je le regarde, avec son long manteau, et ses converses ridiculement sexy, et ses cheveux en bataille.. Je ne vous vois pas vous, je vois un trublion de petit frère, insupportable et narquois. Une boule d'énergie intenable, un chien fou, qu'on se retrouve à suivre partout, sans même s'en rendre compte.
Il a la même énergie.
Le même sourire fou.
La même noirceur.
La sienne est cachée, mais elle est bien là.
Je l'ai vue, Doc.
Il me fait peur.
Et il me fascine.
Il est fou, peut-être encore plus que vous.
Je le hais, et je l'adore en même temps. Je veux le tuer, et l'embrasser.
Non, pas comme vous, andouille.
Vous étiez.. différent.
Vous étiez tout.
Il n'est pas vous.
Il y a en lui quelque chose.. Quelque chose de violent, et de brisé.
Il me ressemble tellement.
Je suis désolé, Docteur.
J'ai essayé, vous savez.
J'ai essayé d'être droit, et d'être digne de vous.
Mais je n'ai pas pu. J'ai échoué.
Je devais survivre.
Je suis devenu un monstre, Doc.
Je suis désolé.
Je n'ai pas été à la hauteur.
J'ai fait des choses, Docteur.. Des choses, dont j'ai tellement honte.
Je suis désolé.
J'ai essayé.
Mais vous savez, n'est-ce pas ? Vous savez ce que c'est. Vous l'avez aussi fait. Aussi vécu. Ces choix horribles que quelqu'un doit prendre, parce qu'il n'y a personne d'autre pour le faire. Ces choix atroces, mais nécessaires. J'en avais fait à l'Agence, vous savez, bien sûr que vous le savez, vous l'avez toujours su.. Mais vous avez toujours cru, que je pouvais faire mieux, que je pouvais être mieux, devenir quelqu'un de mieux.
Peut-être, avec vous à mes cotés..
Je suis désolé, Doc.
Vous me manquez tellement.
J'ai besoin de vous, Doc. Pour me guider, m'aider. J'ai besoin de vous, tellement, bien plus que vous ne le savez. Mais vous n'êtes pas là. Vous ne pouvez plus être là. Je ne peux plus vous voir, plus jamais. Je ne peux pas vous chercher, parce que vous êtes mon passé. Et aussi injustes qu'elles soient, je dois respecter les règles.
Je vous vois déjà rouler des yeux.
Vous faites tout le temps cela.
Rouler des yeux, et me taper l'arrière du crâne, en me traitant d'abruti de singe.
Je ne suis plus un abruti, Doc.
J'ai muri, j'ai appris. J'ai vieilli.
D'une certaine manière, je suis devenu comme vous, j'imagine.
Ce n'est pas aussi agréable que ce que j'imaginais, autrefois.
Vous avez encore roulé des yeux.
Vous êtes toujours là, vous savez. Dans ma tête, dans un coin de mon esprit. En train de me fixer, m'étudier, me juger. J'essaie, j'essaie de vous écouter, mais ce n'est pas la même chose. S'accrocher à un souvenir, ce n'est juste .. pas assez.
Vous n'êtes pas là, et j'ai besoin de vous.
Je pensais, vous savez, j'espérais, je pensais que vous reviendriez. Que vous me chercheriez.
J'ai attendu.
Un siècle et demi, Docteur.
J'ai attendu un siècle et demi.
Mais vous étiez déjà mort.
L'autre homme.. Ce n'est pas vous.
Il est le Docteur, oui. Un autre Docteur, insolent, jeune, taquin, sexy, brillant, incontrôlable.
Merveilleux, et insupportable à la fois.
C'est le Docteur, n'est-ce pas ?
Mais il n'est pas vous.
Vous étiez mourant, il m'a dit.
Vous alliez vous régénérer.
C'est pour cela que vous vous êtes enfui. Pour vous protéger, vous et Rose. Parce que j'étais un monstre.
Je comprends.
Je suis désolé.
Je vous pardonne, Docteur.
Un de mes hommes est mort aujourd'hui. Encore un autre, oui. Ils ne cessent de mourir. Ils vivent si peu, Doc. Des papillons face à la lumière. Est-ce ce que vous ressentez en nous voyant ? C'est si horrible, Doc. Tout le monde part si vite. Je suis si seul. Ils finissent tous par partir, et me laisser derrière.
Owen .. J'ai envie d'hurler. C'était juste.. tellement stupide. Cela n'aurait jamais dû arriver. J'aurai dû le voir venir, l'anticiper, c'était tellement évident ! J'ai envie d'hurler, et de tout casser. Me tirer une balle, pour oublier. Je sais, je vais revenir. Je reviens toujours. C'est ma malédiction, je reviens toujours. Vous ne pouvez pas me soigner, hein ? Me tuer une bonne fois pour toutes ? À quoi servez-vous si vous ne pouvez pas m'aider, Docteur ?
C'est la phrase que Gwen m'a dit, après que Rhys..
Je ne fais que les abimer.
Je ne fais que les tuer.
Pourquoi est-ce que je ne peux pas mourir pour de bon ?
Où êtes-vous, Doc ? J'ai besoin de vous.
Mais vous n'êtes pas là.
Vous n'êtes pas là, vous n'êtes plus là, vous n'êtes jamais là. Vous êtes mort, et l'autre me hait.
Je ne suis bon qu'à être laissé derrière.
Où êtes-vous, Doc..
Pourquoi m'avez-vous abandonné ?
J.
*-*
L'écriture était tremblante, l'encre en partie effacée par le temps. Le papier avait jauni, s'abimant et se cornant à force d'être lu et déplacé.
Malgré les décennies passées, la lettre demeurait dans un état de conservation plus que remarquable, si on en jugeait par la technologie du XXIème siècle.
Jack l'avait écrite à la main, à l'ancienne. Le Docteur reconnaissait l'emploi de la plume, typique du début du siècle précédent.
La fascination de Jack pour le début du XXème siècle n'avait jamais cessé de l'amuser.
Sur beaucoup de points, le capitaine était un vestige des temps passés, comme lui.
Et comme lui, il en avait payé le prix cher.
Depuis combien de temps transportait-il cette lettre sur lui ?
Depuis combien de temps avait-il quitté la Terre ?
Il ne savait pas, et c'était bien le problème.
Ni lui, ni sa précédente incarnation n'avaient réellement pris le temps de veiller sur l'immortel.
La honte, la gêne, l'impossibilité physique qu'était Jack, étaient autant d'excuses que le Docteur ne cessait de se répéter.
La vérité était qu'il était lâche.
Détourner la tête au lieu d'assumer avait toujours été plus simple.
Cette lettre n'en était que plus violente.
Le désespoir et la rage émanaient de chaque mot.
Le Docteur baissa la tête, une onde de dégoût le traversant.
Combien de temps encore allait-il devoir nettoyer derrière les erreurs du précédent ?
Face à lui, Amy serrait avec désespoir le capitaine, les larmes coulant à flot le long de ses si belles joues.
Jack s'était interposé entre elle et une flèche, la sauvant probablement d'une mort violente. Le métal avait transpercé son cœur, ne lui laissant aucune chance. Le hurlement du Docteur s'était mêlé à celui de la rousse, alors que le brun s'effondrait au sol, dans un grognement sourd.
C'est en tentant de le soulever, paniquée, qu'Amy avait trouvé la lettre.
Un sanglot échappa à la rousse.
Celui-ci secoua la tête, avant de se pencher en avant, retirant délicatement les mains de la jeune femme.
Sa compagne le fixait comme s'il était devenu fou, ce qui, au fond, n'était pas une si extravagante possibilité. Le Seigneur du temps secoua la tête.
La rousse venait de le frapper, furieuse.
Un sourire apparut sur les lèvres du Docteur. D'un mouvement, il déplaça la tête de Jack contre son torse, là où se trouvaient ses deux cœurs.
Amy leva les bras au ciel.
Le Docteur roula des yeux en entendant une sonnerie bien spécifique émaner de son téléphone portable.
Pourquoi avait-il accepté de laisser Jack lui installer Can't take my eyes off you en sonnerie ? Vraiment, c'était ridicule. Et depuis quand son compagnon l'appelait-il en pleine matinée de travail ? Il connaissait pourtant ses horaires ! Irrité, il secoua la tête, se demandant à moitié s'il devait ignorer l'appel – il avait une pause de quelques minutes avant son prochain patient, fantastique, ne pouvait-il donc pas en profiter, enfer?
Sur son bureau, le téléphone continua de sonner, le son lancinant résonnant dans le bureau pour mieux le provoquer.
Le Docteur soupira, avant de saisir l'objet, et décrocher brutalement.
Immédiatement, la voix paniquée de Jack le fit culpabiliser. Son compagnon ne l'appellerait pas en pleine matinée pour rien (enfin, pas tout le temps non plus.. Il préférait davantage le bombarber de sms dès qu'il en avait l'occasion).
Inquiet, il demanda, s'appuyant contre son bureau :
La voix de son petit-ami était si misérable, le Docteur sentit son cœur s'arrêter de battre un instant, avant que son cerveau ne passe en mode vétérinaire immédiatement.
Ce dernier indiqua son portable du doigt, avant de mettre le haut-parleur.
Le pauvre Jack culpabilisait à en mourir. Le Docteur soupira.
Malgré lui, Jack sourit.
Le Docteur était un ours mal léché, mais il possédait un cœur immense. Il aurait eu deux cœurs que cela n'aurait étonné personne.
Le Docteur roula des yeux, mais déjà Jack avait raccroché, bien décidé à amener au plus vite celui qui risquait, il le sentait, de devenir bientôt un membre privilégié de la famille.
Fantastique.
Il sentait que Donna allait encore faire famille d'accueil, tiens.
*-*
Sans surprise, Rose vit apparaître le 4x4 noir de Jack à peine dix minutes plus tard. Le véhicule s'immobilisa dans un scritch strident, laissant une colonne de poussière dans son passage. Roulant des yeux, elle se leva, courant vers la porte pour l'ouvrir : le capitaine rentra en courant dans la pièce, transportant dans ses bras une énorme couverture recouvrant une boule de poils dorés à longues oreilles.
Des couinements emplis de détresse se firent entendre, lui tordant le cœur.
La porte du fond de la pièce s'ouvrit à la volée, révélant l'immense silhouette à cheveux courts. Autour d'eux, des murmures inquiets se firent entendre chez les clients, alors que les autres chiens commençaient à couiner, apeurés. Les chats n'étaient pas dans un meilleur état, miaulant ou sifflant.
Génial. Fantastique.
Jack traversa la pièce en trois grandes enjambées, son angoisse tellement forte qu'elle en émanait presque physiquement de son corps. Avec délicatesse, il déposa le chien sur la table en métal, lui murmurant des paroles apaisantes. Le Docteur roula des yeux, le poussant de son chemin presque instantanément alors qu'il se penchait vers la pauvre bête, à l'apparence en effet catastrophique. De la terre avait séché dans ses longs poils, s'y mélangeant pour former des masses informes dans lesquelles semblaient s'être perdues toutes sortes de saletés. On ne voyait plus ses yeux, et ses griffes, oh, Jack avait raison, elles étaient si longues..
Derrière lui, Rose ferma la porte, déjà armée de ses propres gants. Le Docteur jeta un regard à son compagnon tendu comme un roc.
Le couple se fusilla du regard, la tension évidente.
Le jeune homme semblait à deux doigts d'une rupture nerveuse. Le Docteur fronça les sourcils, avant de se diriger vers lui, le saisissant par les épaules. Jack lui lança un regard misérable, le faisant soupirer en même temps que son expression s'adoucissait.
Malgré lui, Jack sourit faiblement, avant de lancer un regard inquiet à leur patient. Le Docteur l'embrassa gentiment, avant de le pousser en direction d'une porte interne.
Jack lâcha un grognement sonore, avant de trainer les pieds vers le bâtant de bois. Remplir les papiers lui donnerait quelque chose à faire pour s'occuper les mains et l'esprit.
Le Docteur secoua la tête, avant de se tourner vers Rose, occupée à palper le cocker.
Son assistante et amie roula des yeux.
La blonde lui décocha un clin d'oeil, s'attirant un roulement de yeux, avant qu'ils n'échangent un sourire.
*-*
Vingt-cinq minutes, trente secondes et quarante-six millièmes plus tard, la porte donnant sur le bureau du Docteur s'ouvrit, révélant un vétérinaire épuisé mais souriant. Jack lui sauta littéralement dessus, abandonnant la pile de paperasse remplie depuis longtemps et qu'il avait entrepris d'archiver – tout pour s'occuper, qu'est-ce qui leur prenait si longtemps, ce n'était pas normal, est-ce que le chien allait bien, est-ce qu'il irait bien, il ne se le pardonnerait jamais, sinon..
L'expression du Docteur s'assombrit, une lueur tempétueuse apparaissant dans ses prunelles bleues.
Jack bougonna, mais finit par hocher la tête.
Le Docteur sourit, attendri malgré lui. Jack pouvait être un tel enfant, parfois.
En une seconde, le capitaine s'était levé, disparaissant par la grande porte entre les deux pièces. Le Docteur sourit un peu plus, son cœur se réchauffant devant l'inquiétude du plus jeune. Il ne fut pas surpris de le retrouver en train de caresser le cocker, son nez à moitié fourré dans ses poils alors qu'il murmurait des paroles sans sens. La chienne n'était pas en reste, lui léchant la main avec vigueur et couinant de plaisir. La transformation était spectaculaire : à présent qu'elle avait été soignée, lavée et ses poils coupés, on aurait dit un nouveau chien. S'accoudant à la porte, le Docteur les fixa quelques instants, profitant du spectacle.
Jack lui lança un sourire étincelant, la chienne roulée en boule dans ses bras.
Le cœur du Docteur manqua un battement.
Peut-être ..
Mais non, ils avaient déjà deux chats, ce ne serait pas responsable..
Peut-être que Donna la garderait ?
Jack rit, devinant clairement ses pensées.
Le capitaine rit, avant de l'embrasser. Le plus âgé huma, le serrant un instant contre lui avant de reculer, les sourcils froncés.
Cette fois, Jack ne protesta pas, lui envoyant un clin d'oeil avant de sortir du bureau, son paquet serré avec ardeur contre lui. Le vétérinaire roula des yeux, mais il souriait lorsque la porte se referma.
Jack n'était qu'un sale garnement.
Mais il était son garnement personnel.
Et n'était-ce pas fantastique ?
15. Sport
Jack aimait le sport comme il aimait la vie : intensif, puissant, passionné, une lutte constante de tous les instants face aux contraintes de l'univers.
Rien n'était impossible, tout n'était qu'un challenge.
À lui de tendre la main pour saisir les opportunités lancées.
Un nouveau sport à tester ? Le capitaine était votre homme.
Besoin d'un partenaire ? Le jeune homme n'était que trop heureux de vous accompagner.
Jack aimait le sport comme il aimait la vie, avec passion et fureur.
Le capitaine n'avait pas tardé à démontrer son excellente capacité physique aux côtés du Docteur et Rose, les suivant sans cligner des yeux ni jamais souffler lors de leurs innombrables fuites inhérentes à leur style de vie. Jack courrait sans broncher, ni jamais finir essoufflé, à la grande jalousie de Rose et l'amusement du Docteur.
Le Docteur renifla.
Sans surprise, la vision des deux hommes autour du sport était à l'opposé : là où Jack pensait entrainement, salle de sport et flirt, le Docteur préférait une version plus naturelle et quotidienne.
Ce n'était un secret pour personne qu'il aimait courir, et marcher.
Sauter, escalader des parois abruptes et nager étaient aussi inclus dans cette liste.
La version de Jack différait légèrement quant à ces activités physiques, mais elles faisaient bel et bien partie de sa liste.
Parce que oui, le capitaine tenait une liste.
Assis autour de la console, le Docteur et Rose écoutaient Jack énumérer tous les sports nautiques qu'il avait pratiqués.
Et clairement, l'ancien agent ne mentait pas en affirmant avoir tout fait.
Son ami cligna des yeux.
Jack la fixa, son expression fascinée.
Celui-ci soupira, avant de lever les mains au ciel.
Il contint son sourire en voyant Jack décamper immédiatement, à la recherche de sa tenue.
La vérité était que la vision de Jack était celle de nombreuses personnes dans l'univers, et pas seulement des mâles terriens.
Un comportement typique, issu bien souvent d'une éducation portée sur la survie physique et le besoin d'impressionner son partenaire.
Un fait qu'il éviterait bien évidemment d'expliquer trop haut, au risque de lancer son compagnon dans une autre danse de séduction à son égard.
Jack n'était jamais discret dans son flirt.
Le Docteur le savait, et s'en amusait.
Jack pouvait être un tel paon.
Un jeune mâle dans la force de l'âge, sûr de lui et de ses capacités, et désireux de lui mettre le grappin dessus.
Immature.
Mais attendrissant.
Il savait, bien sûr, que ses réponses faussement acides ne trompaient personne, et en particulier pas l'intéressé, qui reviendrait à la charge, bien déterminé à obtenir son dû.
Il le savait, mais il continuait, parce que c'était leur danse.
Un autre sport dans lequel le capitaine excellait.
C'était peut-être celui où il brillait le plus fort, en vérité.
Celui qui poussait le plus de monde à l'observer, fasciné.
Celui que Jack préférait, depuis toujours.
Le Docteur aurait dû avoir honte de lui répondre, mais vraiment, il n'avait jamais été un bon Seigneur du temps, et il ne commencerait pas aujourd'hui.
Lui aussi pouvait mener ce petit jeu, s'il le désirait.
Il savait parfaitement à quel point Jack le regardait, et en particulier quand il courait.
Le garnement serait toujours légèrement en retrait derrière lui, ses yeux rivés sur son corps.
Jack le taquinait sans cesse sur ses longues jambes de singe, et son souffle de poisson.
Il le regarderait manier avec fascination un arc, remonter des chemins escarpés avec une facilité humiliante, et escalader toutes les roches venues comme le chamois qu'il était.
Plus que tout, il pouvait l'observer pendant des heures entretenir son vaisseau, l'effort physique nécessaire largement suffisant en lui-même pour justifier son excellente santé.
Jack était fasciné par la constitution physique du Docteur, et son insolente facilitée à la conserver.
Lui aussi avait grandi au grand air, près de l'océan, mais il n'aurait jamais atteint une telle puissance sans entrainement. Comment diable s'y prenait le Seigneur du temps ? Sa vie au grand air était-elle, comme il l'affirmait, à l'origine de son excellente santé, ou existait-il d'autres éléments, comme son ADN?
*-*
Les visions de l'effort physique du Docteur et Jack s'opposaient, et se complétaient, comme toujours.
La seule chose dont ils étaient certains était que lorsque venait l'heure de courir pour s'enfuir, tous deux étaient au top de leur forme.
Et c'était peut-être bien la seule chose qui comptait, au fond.
Peu importait la méthode, tant que le résultat suivait, n'est-ce pas ?
16- Disney
Appuyé contre un mur, le jeune homme regardait le Seigneur du temps travailler sur la console, son expression incertaine. Le Docteur haussa un sourcil, et se redressa, ses outils en main. Est-ce que quelque chose n'allait pas ?
Son compagnon fronça les sourcils, avant d'indiquer deux boitiers qu'il tenait en main.
Le Docteur haussa un peu plus les sourcils, avant de pencher la tête pour lire les titres.
Ses sourcils allèrent se perdre dans son crâne.
Jack haussa les épaules.
*-*
Jack avait été mitigé.
Robin des bois, Mulan, Aladdin, La Belle et la bête et Rebelle avaient vite rejoint sa liste de favoris.
La reine des neiges l'avait laissé bouleversé, la relation des deux sœurs orphelines réveillant des souvenirs douloureux chez l'ancien agent.
Raiponce avait conduit à un long débat avec le Docteur sur la violence psychologique et l'infantilisation familiale.
Le roi Lion, sans surprise, l'avait laissé en pleurs.
La Princesse Grenouille l'avait passionné pour sa description historique réaliste de La Nouvelle-Orléans des années 1920, notamment en terme de jazz. C'était aussi le premier à avoir représenté une héroine noire, un fait que Jack avait particulier apprécié.
Parce que, soyons honnête, les premiers Disney n'étaient pas exactement représentatifs en terme de .. diversité.
Blanche-Neige l'avait laissé sans voix.
La représentation sociale féminine de l'oeuvre l'avait profondément choqué, poussant le Seigneur du temps à lui expliquer le contexte historique d'alors. Le capitaine l'avait écouté avec intérêt, mais avait tout de même fini par secouer la tête.
Jack le fixa, blasé. À quel point le Docteur était-il aveugle ? Un tel manque de discernement de la part du Seigneur du temps l'effarait.
Il était évident que Rose avait trouvé son prince depuis longtemps.
Secouant la tête, il répondit, détournant le sujet, taquin:
Le Docteur roula une nouvelle fois des yeux, avant de le frapper.
Jack lui lança un clin d'oeil, avant de se lever à son tour, l'attrapant par la taille.
*-*
L'immortel sursauta, avant de tourner la tête vers le Docteur. Celui-ci le fixait, amusé, depuis sa console où il se tenait, appuyé en avant sur ses coudes.
Jack sourit, et lui lança un clin d'oeil.
Jack lui décocha un sourire salace, avant d'hausser les épaules.
Les sourcils du Docteur allèrent se perdre dans la toison brune explosée lui servant de cheveux, avant qu'il ne les fronce, plissant le nez en même temps qu'il se penchait, ses lunettes tombant en avant avec lui.
Déjà, des souvenirs d'un autre-temps se rappelaient à lui.
Jack haussa de nouveau les épaules.
Le Docteur fronça les sourcils, son expression se refermant, comme à chaque fois que l'on évoquait Rose, avant qu'il ne soupire.
L'intéressé haussa les épaules, clairement peu concerné.
Jack lui rendit son sourire, mais celui-ci n'atteignit pas ses yeux.
Cette fois, le sourire grivois de son compagnon était sincère.
Sa cible fronça les sourcils, mais ne recula pas.
Cette fois, le Docteur lui rendit son clin d'oeil, avant de se diriger vers les portes de son vaisseau, qu'il ouvrit en grand.
Dehors, l'éternel spectacle des étoiles les attendait, spectaculaire.
Le Seigneur du temps haussa un sourcil, avant de le fixer depuis ses lunettes.
Jack lui lança un regard, avant de sourire, glissant sa main contre la sienne.
Le Seigneur du temps se mordit la lèvre, avant de détourner la tête, une vague d'émotion le frappant.
À coté de lui, l'immortel secoua la tête, son sourire toujours aux lèvres.
La vie n'était pas toujours un conte de fées.
Mais elle n'était pas toujours non plus un cauchemar.
Parfois, il fallait juste la prendre au fur et à mesure, sans se poser de questions.
Parfois, le prince pouvait commettre de terribles erreurs.
Parfois, il pouvait perdre toutes ses qualités aux yeux de son aimé.
Parfois, c'était à celui-ci de tendre la main, et pardonner.
Les Disney étaient une marque de leur époque, et Jack les avait tous vus.
Il connaissait chacune de leur morale par cœur.
Il avait déjà perdu de nombreux princes et princesses.
Il avait vu son cœur se briser trop de fois pour les compter.
Il n'avait pas peur d'attendre que son roi soit prêt.
Un jour, peut-être..
Jack l'attendrait.
17.Je ne te crois pas
Notes : références aux épisodes Last of the Time Lords, Voyage of the damned, The Doctor's daughter
Le sourire du Docteur est large, son expression presque joviale.
Jack a envie de le frapper.
Après tout ce qu'ils ont enduré, le Docteur a le culot de lui demander de revenir ?
Après l'avoir abandonné ?
L'avoir insulté ?
Lui avoir tourné le dos ?
Leur avoir préféré l'autre monstre de Seigneur du temps ?
Il veut que Jack revienne avec lui ?
Qu'est-il pour lui ?
Une blague ?
Un caprice?
Une occupation ?
Une honte à cacher, à gérer ?
Je ne te crois pas.
C'est sans regret qu'il rentre chez lui, à Cardiff. Ses amis et employés ont énormément de reproches à lui faire, mais au moins sont-ils sincèrement heureux de le revoir.
C'est plus que ne peut lui offrir le Docteur.
*-*
Un mois à peine passe avant que le téléphone du capitaine ne sonne de nouveau. Il est tard et la nuit est tombée depuis longtemps sur le Hub. Comme toujours, Jack est réveillé, son horloge interne détraquée depuis longtemps par le vortex qui l'habite depuis 150 ans.
Fronçant les sourcils, il saisit son portable, le fixant avec inquiétude. Peu de gens connaissent ce numéro de téléphone, et aucun ne correspond aux chiffres s'affichant.
Haussant les épaules, il décroche, sa voix froide :
Il peut presque sentir l'indignation du Seigneur du temps émaner des touches.
Malgré lui, Jack sent un sourire étirer ses lèvres.
Le Docteur a toujours été une boule d'énergie, et cette nouvelle version semble encore davantage incontrôlable.
La voix du Seigneur du temps s'éteint légèrement sur les derniers mots.
Jack contient un soupir.
Le Docteur l'appelle lui, parce qu'il n'a personne vers qui se tourner.
Martha est partie, Rose est toujours perdue, et ..
Jack hausse les épaules, même si l'autre homme ne peut pas le voir.
Jack ne prend même pas la peine de répondre. À l'autre bout du fil, le silence se fait pesant un instant, avant que le Seigneur du temps ne murmure finalement, sa voix adoucie et inquiète :
Je ne te crois pas, pense le Docteur.
Jack ne peut pas aller bien.
Pas après tout ce qu'il a enduré à cause de lui.
Mais déjà, l'immortel hausse les épaules, et ajoute, sa voix plate :
La bouche du Seigneur du temps s'ouvre aussitôt pour répondre – l'arrêter, le stopper, lui dire qu'il est désolé, de revenir, n'importe quoi, vraiment, pour l'empêcher de ..
Clic.
Les épaules du Docteur s'affaissent, en même temps qu'il fixe son téléphone, les cœurs serrés.
Jack ne veut pas le voir.
Pourquoi le voudrait-il, vraiment ?
Il n'a rien fait pour le retenir.
Autour de lui, les lumières dorées clignotent doucement, en même temps qu'il fixe sa console, le regard vide.
Il n'a pas besoin de Jack.
Je ne te crois pas, murmure cette part insidieuse de son esprit qu'il déteste entendre.
C'est bien pour cela qu'il la fait taire brutalement, avant de lancer au hasard une nouvelle destination.
*-*
Jack ne prête même pas attention au numéro lorsque son téléphone sonne. Il décroche sans réfléchir, sa voix suave lorsqu'il commente :
L'immortel se fige, attirant l'attention de son équipe.
Ce dernier se détourne, sa voix tendue lorsqu'il peste :
Il peut presque voir l'autre immortel sourire.
Il y a quelque chose de faux dans sa voix, quelque chose d'anormal, une tension sous-jacente que le capitaine ne connait que trop bien.
Il y a eu des morts.
Beaucoup de morts.
Le Docteur n'a pas pu les empêcher.
Et comme toujours, la culpabilité le ronge.
Poussant un soupir, il se redresse, avant de s'appuyer contre une table :
Jack bat la main, s'attirant un regard indigné.
À l'autre bout du fil, le Docteur fronce les sourcils.
Autour de lui, le silence est de plomb alors que le reste du groupe feint de continuer à travailler sur le nettoyage des dégâts collatéraux provoqués par l'immense vaisseau nucléaire.
À l'autre bout du fil, le silence règne également pendant d'interminables secondes, avant que la voix du Docteur ne résonne de nouveau, calme et autoritaire :
Jack hausse un sourcil à ce dernier commentaire.
Je ne te crois pas.
*-*
Jack sent littéralement son cœur s'arrêter lorsqu'un son bien connu résonne dans le Hub, une soirée tardive d'automne.
Il est sur ses pieds avant que le vent provoqué par le vaisseau ne finisse de faire tomber les papiers soigneusement rangés par Tosh.
Son cœur bat la chamade alors qu'il regarde la porte du vaisseau s'ouvrir, un long manteau brun familier apparaissant dans l'embrasure.
Lui et le Docteur ne se sont pas parlés depuis des mois.
Entre eux, le fossé semble s'agrandir de jour en jour, la rancoeur et le chagrin accumulés semblant impossibles à dépasser.
Pourtant, ce soir, c'est vers l'immortel que se tourne le Seigneur du temps.
Peut-être, Jack comprendra-t-il.
Qui d'autre pour l'écouter ?
Donna est une excellente oreille, mais le capitaine est.. à part.
Jack a vécu.. certaines choses.
Et c'est cette expérience qui indique à celui-ci à quel point le Seigneur du temps est dévasté.
Son sourire est celui que lui-même porte après une autre de ses morts, son expression joviale celle qu'il emploie pour rassurer ses amis après une mission compliquée.
Les épaules du Docteur sont tendues, ses mains enfoncées dans ses poches pour dissimuler leur tension.
Quelque chose de noir brille au fond de son regard châtain.
Quelque chose de dangereux.
La Tempête qui couve sous ce manteau n'est pas loin d'exploser.
Ce dernier l'étudie du regard, notant sa chemise bleu pale et la manière dont Jack l'a repliée, comme toujours, au niveau de ses coudes.
L'ombre d'un sourire traverse son visage pendant un instant.
Le Seigneur du temps regarde autour de lui, tendant de trouver une distraction lui permettant de s'éloigner de la vraie raison de sa venue.
Jack lui lance un clin d'oeil.
Une main ferme sur son bras le stoppe sur place.
La voix de l'immortel est calme, posée, presque douce. Le Docteur ferme les yeux, alors que Jack se rapproche, inquiet.
Les épaules du Seigneur du temps s'affaissent davantage.
Jack soupire.
Il le savait.
Mais déjà, le capitaine lie son bras au sien, l'entrainant vers son bureau. Le Docteur se laisse faire en silence, regardant autour de lui malgré tout, fasciné. Ce n'est que plusieurs heures plus tard, passées à boire du thé et écouter Jack lui décrire les travaux menés pour aménager les lieux – ils ont un ptérodactyle, le Docteur n'a pas pu cacher sa jalousie, comment est-ce que Jack a pu trouver un ptérodactyle ?! - que le Seigneur du temps murmure finalement, ses yeux rivés dans sa tasse :
Son ancien compagnon se fige immédiatement, un masque tombant sur son visage.
Jack ne répond pas, mais ses yeux se posent inconsciemment vers un tiroir de son bureau, là où il garde sa malle personnelle.
Le Docteur hoche la tête.
Il entend sans le voir Jack inspirer brutalement, avant que son ami ne se lève, contournant le bureau pour se diriger à grands pas vers lui. Il ne peut retenir sa soudaine tension lorsque l'immortel le prend dans ses bras, la brulure provoquée par le vortex presque impossible à supporter.
Étrangement, cependant, le chagrin qu'il ressent à la perte de sa fille rend la douleur presque supportable.
Contre lui, Jack esquisse un sourire amer, avant de murmurer :
Celui-ci ferme un instant les yeux, avant de le repousser à bout de bras, le fixant en fronçant les sourcils.
Son compagnon se contente de le serrer un peu plus fort.
Je ne te crois pas.
Le Docteur roule des yeux, peste, rage, proteste, mais il finit par se laisser tomber contre le corps chaud et apaisant à disposition.
Pendant quelques instants, l'enfer qu'est son cerveau s'apaise.
Autour de lui, la lumière de l'immortel brille, puissante et féroce, repoussant les démons occupant son esprit.
Le Docteur esquisse un sourire amer.
Peut-être, lui reste-t-il quelque chose à partager avec le capitaine, finalement
18.Agacement
Le Docteur roula des yeux, avant de suivre un Jack furieux dans le Tardis. Celui-ci le fusilla du regard.
Le Seigneur du temps fronça les sourcils, avant de se diriger vers la console du vaisseau. Sans regarder son compagnon, il commença les gestes rituels, lançant le Tardis dans le vortex. Jack le regarda faire, fasciné malgré sa colère. Il n'était présent que depuis peu de temps sur le vaisseau, et le spectacle le laissait toujours sans voix. Ses yeux suivaient chaque mouvement du Seigneur du temps, chaque geste, chaque seconde de ce qui était un des spectacles les plus fantastiques qu'il ne connaisse.
Le Docteur prit son temps, cherchant ses mots, tournant et poussant leviers et boutons, reculant la confrontation à venir le plus longtemps possible.
Un Seigneur du temps, à la recherche désespérée de celui-ci.
Le résumé de sa vie.
Soupirant, il poussa un dernier levier, sa silhouette immense penchée par-dessus la console semblant s'agrandir lorsqu'il se redressa finalement, faisant face à Jack.
Le jeune homme le fixait, son expression clairement blessée.
Le Docteur lâcha un nouveau soupir, avant de s'appuyer contre une colonne et croiser les bras.
Le Docteur fronça un peu plus les sourcils, irrité.
Malheureusement pour lui, Jack l'entendit, et roula des yeux, croisant ses propres bras.
Les lèvres du Seigneur du temps s'étirèrent en un fin sourire amer, avant qu'il ne secoue la tête.
L'ancien agent haussa un sourcil à ces mots.
Jack sentit sa bouche se refermer avant même qu'il ne l'ait ouverte.
Il détourna la tête, gêné, une rougeur soudaine envahissant ses joues.
Touché.
Cela n'avait même pas été conscient. Jack passait son temps à flirter avec tout le monde, sans limite ou arrière-pensées. C'était simplement qui il était, et comment il fonctionnait. Cela n'avait fait qu'empirer depuis qu'il était arrivé sur le Tardis, cependant, le besoin de prouver sa valeur au Seigneur du temps se mêlant à l'amusement de le taquiner. Le Docteur roulerait des yeux, grommelant dans sa barbe à propos des stupides singes, mais le suivrait des yeux, son regard puissant ne le quittant pas une seconde.
Peut-être n'était-ce pas la meilleure manière de prouver son intelligence au Seigneur du temps.
Mais c'était le seul domaine dans lequel le capitaine avait la sensation d'exceller face à lui.
Le Docteur secoua la tête, agacé.
Le Docteur fronça les sourcils, avant de remonter la distance les séparant en quelques pas. Jack détourna un peu plus la tête lorsque le Seigneur du temps s'arrêta face à lui, avant d'agripper fermement son épaule.
Celui-ci obéit immédiatement, son expression misérable rencontrant des yeux bleus au fond desquels semblaient naitre des tempêtes.
Jack renifla à cela, avant de secouer la tête.
Il regretta ses mots immédiatement, le sentiment d'en avoir trop dit l'envahissant brutalement. Mais il était trop tard pour revenir en arrière, les yeux de Jack s'étaient écarquillés, une soudaine compréhension traversant en un clair ces prunelles bleues trop intelligentes pour leur propre bien.
La bouche du Docteur s'ouvrit, avant de se refermer.
Avant que le capitaine n'ait pu ajouter quelque chose, le Seigneur du temps avait disparu, s'enfuyant dans les profondeurs des moteurs sous la console.
Jack soupira, avant de secouer la tête.
Fantastique.
D'une démarche misérable, il se dirigea vers le couloir, se préparant à une longue soirée seul.
*-*
Toc toc toc.
Le capitaine haussa un sourcil, et releva la tête, quittant un instant des yeux l'écran 6D pour fixer l'ombre du Seigneur du temps, appuyé contre le chambranle de la porte. Celui-ci se mordit la lèvre, avant de fixer l'immense écran sur le mur, et les images projetées au milieu de la pièce.
Le jeune homme haussa les épaules.
Le plus âgé roula des yeux, avant de se mordre la lèvre. Au prix d'une immense claque mentale, il se redressa, se dirigeant lentement vers lui et le rejoignant sur le canapé noir. Jack lui lança un regard, notant la tension dans les épaules du Docteur, et la manière dont il luttait pour ne pas tordre ses mains.
Contenant un sourire, il se rapprocha de lui, se collant ostensiblement au plus âgé qui se raidit, avant de se détendre. Jack roula des yeux, avant de relancer le film, se réenfonçant confortablement dans les coussins.
Il n'eut pas à attendre bien longtemps. Vingt minutes, quinze secondes et trente-trois millièmes plus tard, la voix du Docteur souffla, tendue :
Il s'interrompit, sa voix se brisant alors que des flashs de la Guerre envahissaient ses yeux. Sans un mot, Jack se redressa, abandonnant le film pour le prendre dans ses bras. Le Docteur se raidit instantanément, mais le capitaine insista, le serrant contre lui avant de murmurer :
Celui-ci ferma les yeux un instant, luttant contre les démons qui envahissaient son esprit.
Les bras de Jack se refermèrent plus fermement autour de lui, le pressant contre son torse chaud.
Le Docteur contint un sourire triste.
La foi dans la voix de Jack était si forte, il ne voulait pas le blesser en lui prouvant combien il avait tort.
Son compagnon le fixait, agacé.
Le Docteur roula des yeux, avant de renifler, hautain.
Un nouveau roulement de yeux, suivi d'un sourire.
Jack lui lança un sourire étincelant, avant de se rouler en boule contre lui, son bras toujours enroulé autour de ses épaules.
Dieu
Jack laissa s'échapper un sanglot.
Face à lui, le visage de Rose était aussi blanc que la mort en train de la dévorer.
Personne dans le village ne savait comment la soigner ; l'hiver était trop dur, trop froid, et Rose était tombée malade, le rhume se transformant rapidement en quelque chose de beaucoup plus dangereux et terrible.
Jack laissa s'échapper un sanglot.
Il ne savait pas quoi faire.
Est-ce que Rose allait mourir ?
Malgré lui, le jeune homme leva les yeux vers le plafond.
Il n'avait jamais été un grand croyant. L'ancien capitaine avait vu trop de choses depuis son enfance et son service dans l'armée pour croire à l'existence d'êtres magiques surnaturels. Rose le taquinerait souvent à ce sujet, lui demandant en quoi il croyait, s'il ne croyait en rien. Jack secouerait la tête.
Un sortilège, ou un charme, Jack ferait n'importe quoi pour en trouver un qui guérirait la blonde en cet instant.
Un sanglot lui échappa.
Sans surprise, la maison demeura silencieuse, le son du feu le seul bruit résonnant dans la pièce.
Le capitaine secoua la tête, une vague d'amertume le saisissant. Qu'avait-il cru ? Les dieux n'existaient pas, ils avaient disparu depuis longtemps, tout le monde le savait.
Il était seul, comme toujours.
Jetant un regard inquiet à Rose, il se redressa, à la recherche d'une nouvelle couverture.
Un cri lui échappa alors qu'il découvrait une ombre près du feu.
Son épée était dans sa main en un instant, un sifflement épuisé lui échappant alors qu'il se relevait pour faire face à l'intrus. Ce dernier roula des yeux, et l'épée disparut, au grand effroi de l'humain.
Le nouveau venu secoua la tête, avant de se rapprocher, sa démarche tranquille mais imposante faisant reculer Jack, et se placer entre lui et Rose. L'homme roula de nouveau des yeux, avant de le repousser, sa main plongeant dans sa veste de cuir pour en sortir un étrange outil allongé.
Veste de cuir ?
Malgré lui, le jeune homme sentit sa bouche s'ouvrir en grand en voyant l'homme s'accroupir à coté du lit, son expression intense en même temps qu'il étudiait la malade. Un geste de la main et l'objet vibra, un son aigu résonnant dans la petite pièce.
Son expression s'adoucit légèrement en découvrant le regard perdu et paniqué de l'humain. Ce dernier avait serré les poings, ses yeux bleus brillant de rage et peur.
Un nouveau roulement de yeux exaspéré, comme si Jack était un enfant particulièrement lent à comprendre les évidences.
Jack le fusilla du regard, mais ne bougea pas, le regardant étudier Rose avec son étrange objet.
Malgré lui, sa gorge s'assécha.
Il émanait de l'inconnu quelque chose.. de différent.
Presque .. divin.
Mais c'était impossible, n'est-ce pas ?
L'homme ne pouvait pas être.. Mais il était apparu de nulle part, et il avait cet outil magique, et Jack avait prié..
Un sourire soudain apparut sur les lèvres du plus âgé, un tourbillon doré étincelant quelques instants dans ses prunelles bleues.
Jack se sentit défaillir.
Le dieu de la Médecine, chez lui ?
Le.. Dieu.. de la Médecine ?
Un tremblement violent le saisit, et il serra les poings, inspirant profondément pour contrôler sa panique. Sans même le regarder, le Docteur ordonna de sa voix grave:
Jack se sentit tomber sur le sol.
Le Docteur n'avait pas élevé la voix, mais la pression émanant de chacun de ses mots était telle que l'humain ne pouvait que lui obéir.
L'homme – ou plutôt le dieu, et comment était-ce possible, personne ne le croirait jamais – lui lança un regard plat.
La gorge de Jack s'assécha davantage.
La mythologie était étrangement trouble concernant le Docteur.
Ce dernier semblait posséder autant de visages que de personnalités. Certains affirmaient même qu'il avait déjà vécu plusieurs vies, et était plus ancien que tous les autres dieux réunis. D'autres racontaient que son sourire et sa gentillesse n'avaient d'égale que la violence de ses colères, et son amour pour l'humanité.
On affirmait même qu'il était mort plusieurs fois pour la protéger, mais que toujours, il reviendrait, surgissant d'une boite bleue en bois avec de nouveaux compagnons à ses cotés.
Qui étaient-ils, d'où venaient-ils, personne ne le savait. Ils étaient aussi nombreux que les nuages, et aussi volatiles qu'eux. Ils semblaient changer à chaque apparition, ne demeurant qu'un temps avant que la malédiction du Dieu de la Médecine ne les frappe.
Car le Dieu qui aimait le plus les humains, et cherchait constamment leur compagnie, ce dieu-là était aussi le plus seul.
Seul au milieu des autres êtres divins, et encore plus seul à présent qu'ils avaient tous disparu.
Seul malgré son amour pour l'humanité, seul, si seul, et pourtant toujours si, si dévoué à les aider, malgré leurs fautes et erreurs.
Jack déglutit.
Face à lui, le Docteur le fixait avec intensité, son expression semblable à celle du tonnerre.
La Tempête, qu'on le surnommait dans le village.
Jack comprenait à présent d'où lui venait ce surnom.
Derrière le masque froid et cynique du Dieu, cependant, l'humain percevait une terrible solitude.
Soudainement, il comprenait pourquoi les Anciens raconteraient autant ses aventures.
Secouant la tête, il se redressa, se rapprochant du lit pour caresser la joue de Rose. Celle-ci semblait déjà moins pâle, lui arrachant un faible sourire.
Le dieu lui lança un regard en coin, avant que la pointe de ses lèvres ne s'étire vers le haut.
Jack lui lança un regard outré.
Un reniflement.
Le capitaine le fusilla du regard. Tout dieu qu'il était, il n'échapperait pas à son poing dans la tronche s'il continuait à lui parler ainsi. Face à lui, le sourire du Docteur augmenta, passant d'amusé à .. approbateur.
Celui-ci lança un regard à Rose, dont la respiration s'était améliorée sans qu'il ne s'en rende compte.
Ses épaules s'affaissèrent, en même temps qu'un poids terrible en disparaissait.
Le jeune homme ferma les yeux, luttant contre les tremblements qui venaient de le saisir. Il sursauta lorsqu'une main se posa sur son épaule, la pressant gentiment. Rouvrant les yeux, il croisa le regard empli de compréhension du Docteur. Détournant la tête, il se pencha vers Rose, embrassant doucement son front. La blonde huma dans son sommeil, les faisant sourire.
Secouant la tête, il jeta un regard en biais au Docteur, toujours occupé à le fixer avec une puissance qui le fit déglutir.
Jack se mordit la lèvre, avant de se tordre nerveusement les mains. Il ne pouvait pas le laisser simplement repartir ainsi, ce ne serait pas respectueux.. Face à lui, le Docteur secoua la tête, avant de soupirer.
Les humains, et leur besoin incessant de reconnaissance.
Tendant la main, il caressa gentiment la joue du jeune homme, le faisait déglutir. Son regard bleu croisa celui identique de l'humain, et il se laissa tomber un instant dans ses prunelles, s'abandonnant à la puissance des émotions qu'il y lisait.
Peut-être … Mais non, ce serait irresponsable. Cela se terminait toujours mal, et il était si fatigué de toujours les perdre..
Les doigts de Jack se lièrent aux siens, le regard de l'humain intense alors qu'il se redressait, se rapprochant de lui.
Ses lèvres étaient douces contre les siennes, son baiser chaste et léger lui faisant fermer les yeux. La main de Jack se posa sur son torse, un sourire apparaissant sur son visage en y découvrant un double boum boum.
Jack le fixait, ahuri. Le Docteur se mordit la lèvre, avant de se redresser, caressant du bout des doigts les joues de Rose et leur redonnant toutes leurs couleurs. Le jeune homme le regarda faire sans un mot, sa gorge sèche.
Le dieu roula des yeux, avant de ranger sa baguette magique dans sa poche.
L'ancien capitaine secoua la tête.
Jack l'arrêta en l'attrapant par le bras. Malgré sa peur, il tint bon, en particulier lorsque le Docteur se tourna lentement vers lui, son sourcil haussé.
Les anciens auraient hurlé en l'entendant parler ainsi à un être divin, mais l'intéressé se contenta de sourire.
Ce n'était pas une question, mais un fait, simple et clair. Le Docteur hocha la tête, déterminé.
Le sourire du Docteur disparut.
Le Docteur se redressa, des tourbillons dorés apparaissant à la place de ses prunelles bleu marine. Jack ne bougea pas, malgré sa gorge soudainement sèche et son rythme cardiaque qui s'emballait.
La gorge de Jack s'assécha davantage, alors que des lueurs dorées apparaissaient également dans les mains du dieu. Tendant les mains, ce dernier les posa sur le front des deux humains. Rose gémit dans son sommeil, alors que Jack se sentait tomber à genoux.
Ce dernier cligna des yeux, sortant brutalement de sa transe. Le vent retomba aussi vite, remplacé par un son stupéfait de Jack. Une boite bleue était apparue de nulle part, la porte en bois entrouverte laissant passer une lumière dorée.
Le Docteur lui fit un clin d'oeil.
L'humain le fixait, la fascination et la joie se mêlant à l'appréhension dans son regard.
Jack rit, avant de se redresser pour remplir le plus vite possible leurs sacs. Le Docteur lui sourit, ses cœurs se réchauffant en même temps qu'il se dirigeait vers le vaisseau.
Une nouvelle fois, des humains avaient volé ses cœurs.
Et peut-être, le regretterait-il un jour.
Mais en attendant, les choses seraient.. fantastiques.
20. Peur
Le Docteur ne réalisa pas immédiatement que quelque chose clochait avec Jack, trop occupé à chercher une sortie.
Derrière lui, Jack inspira brutalement, serrant les poings.
Le Docteur ne réalisa que quelque chose clochait que lorsque aucune réponse narquoise ne survint.
Tournant la tête, il haussa un sourcil en découvrant son compagnon en train de serrer ses poings, sa respiration hachée.
Presque immédiatement, les mains du jeune homme s'enfoncèrent dans ses bras, ses yeux exorbités par la panique le fixant, son visage blafard.
Yep. Définitivement une crise de panique.
Fantastique.
Quel qu'en soit le déclencheur, il était assez puissant pour provoquer une perte de contrôle complète chez son compagnon.
Brillant.
Fantastique.
Jack ne paniquait pas facilement, et ne montrait que rarement ses vraies émotions lors d'évènements graves. Il se concentrerait sur le moment en cours, et les actions à entreprendre. De même que le Docteur, il enfermerait ses émotions dans une zone à part de son cerveau, les dissociant de l'instant présent pour se concentrer sur ce qui devait être fait.
Ce n'était que bien plus tard, dans l'intimité de sa chambre, qu'il se laisserait, potentiellement, réagir.
Potentiellement.
Ce n'était que rarement le cas.
Le capitaine avait trop vécu pour se laisser aller si facilement à présent.
Il encaisserait, subirait, avant d'effacer et avancer.
À beaucoup d'égards, il était semblable au Seigneur du temps.
Un fait que ce dernier avait appris à apprécier ou maudire, selon les circonstances.
En cet instant, le Docteur aurait aimé savoir lire dans son esprit. Cela lui aurait été terriblement utile pour comprendre quel traumatisme se cachait derrière ces grands yeux bleus et ce visage faussement juvénile, se réveillant brutalement au pire instant pour tourmenter son jeune ami.
Celui-ci répéta ses instructions, le tenant toujours fermement par les épaules.
Focus, Jack, focus, repense à ton entrainement, tu n'es pas faible, tu sais te contrôler, écoute-le, respire, respire.. Une zone calme et apaisée de ton cerveau.. Le Tardis, pense au Tardis..
Trois minutes, quinze secondes et dix millièmes plus tard, le jeune homme sentit son souffle commencer à s'apaiser.
Le Docteur sourit, et pressa gentiment ses épaules.
Le Docteur fronça les sourcils, inquiet, mais décida de ne pas insister. Jack avait retrouvé le contrôle de lui-même, c'était tout ce qui comptait pour le moment. Il aurait tout le temps de l'ausculter plus tard. Les mains de son compagnon tremblaient toujours alors qu'il tournait les boutons de son manipulateur de vortex, à la recherche d'une indication indiquant une sortie.
La secousse avait été aussi brutale qu'inattendue, faisant s'effondrer les rochers devant la sortie de la grotte où ils s'étaient assis pour se reposer. Les deux hommes avaient à peine eu le temps de rentrer en courant dans celle-ci avant que les masses de pierres ne s'écroulent sur le sol, s'accumulant instantanément pour bloquer toute sortie.
Jack secoua la tête, irrité devant son absence de résultats. Son visage était autant couvert de poussière que le reste de son corps, ses cheveux habituellement bruns couverts de gris. Le Docteur n'était pas dans un meilleur état, ses mains écorchées d'avoir tiré en vain sur les pierres.
Ce n'était pas une question, et Jack n'y répondit pas, se contentant de le fixer de son expression misérable.
Le Docteur fixa.
Jack détourna la tête.
La voix du Docteur s'était adoucie, sa main droite traçant gentiment l'intérieur du poignet de l'humain qui déglutit, sentant son cœur s'emballer.
Damnit.
Ce n'était absolument pas le moment pour cela.
Son crush devrait attendre.
Au lieu de répondre, il détourna la conversation, marmonnant :
Les yeux de Jack s'agrandirent.
En un instant, les boules s'étaient figées dans les airs, s'allumant pour éclairer les lieux d'une lumière rosée.
Le Docteur lui fit un clin d'oeil, avant d'enfoncer ses mains dans les poches de sa veste de cuir, fier de lui. Presque immédiatement, il en ressortit une, se penchant en arrière pour désigner les lueurs.
Le Docteur lui lança un nouveau clin d'oeil.
Celui-ci déglutit, avant d'hocher la tête, se plaçant automatiquement à ses cotés. Le Docteur lui sourit, avant de lever son tournevis. Jack jeta un regard aux boules roses, et se détendit légèrement, la lumière rassurante se mêlant au souvenir de leur amie.
Le Docteur avait raison, Rose ne les laisserait pas tomber.
S'ils ne trouvaient pas de sortie, la blonde déplacerait la montagne entière pour les retrouver.
C'était ce qu'ils étaient, une équipe. Non, se rectifia-t-il immédiatement, alors que le Docteur pressait gentiment son poignet, l'encourageant, ils étaient bien plus que cela.
Le Docteur et Rose étaient ses amis, sa famille.
Ils s'en sortiraient.
Armée d'une détermination nouvelle, Jack se lança en avant, suivant le Seigneur du temps dans le noir d'encre de la grotte.
*-*
Cela leur prit beaucoup trop de temps à son goût – trois heures, quinze minutes et vingt-secondes – mais les deux hommes finirent par découvrir un minuscule passage les menant vers une potentielle sortie. Le chemin n'était pas très large, et les cailloux ne cessaient de glisser sous leurs pieds, mais le duo le remonta lentement, restant collés l'un à l'autre alors qu'ils avançaient à tâtons.
Peu à peu, ce qui n'était qu'une notion confuse s'élargit, se transformant en un petit point de lumière, puis quelques rayons obscurcis par les pierres.
Grognant, les deux hommes se mirent aussitôt au travail, arrachant le plus de morceaux possibles, et les envoyant rouler derrière eux.
Jack rit, le frappant au bras, avant de se pencher en avant sur la fenêtre improvisée, étudiant les lieux.
Le Docteur roula des yeux, avant de saisir son bras, son tournevis sonique levé.
Bzzt bzzt bzzt.
Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzt.
Jack laissa s'échapper un cri de joie en entendant la voix inquiète de la blonde, alors que le Seigneur du temps souriait largement.
Quelques minutes plus tard, Jack raccrochait, le soulagement se mêlant à l'anticipation à l'idée de l'arrivée imminente des secours. Soupirant, il se laissa tomber contre le rocher, fixant le ciel.
Il avait cru ne jamais le revoir.
Le capitaine sursauta, avant de se renfermer. Le Docteur le fixait, son expression intense. Soupirant, il secoua la tête, sachant qu'il ne pourrait pas y échapper.
Jack grogna, irrité, avant de le fusiller du regard.
Jack roula des yeux, se renfrognant.
Damn. Pas étonnant que son compagnon ait eu un flash-back. Le traumatisme avait été violent. Secouant la tête, il murmura :
Presque aussitôt, une épaule vint se coller à la sienne. Tournant la tête, il croisa le regard bleu marine du Seigneur du temps. Celui-ci le fixait, son expression intense. Un sourire étira ses lèvres, ses yeux s'adoucissant avant qu'il ne réponde :