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Sur votre 31: Jack et le Docteur

Série : Doctor Who (2005)
Création : 01.01.2022 à 18h41
Auteur : choup37 
Statut : Terminée

« Le Docteur et Jack se connaissent depuis longtemps, et sont passés par beaucoup de sentiments. 31 histoires pour raconter la plus longue relation que le Docteur a jamais connue. » choup37 

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11- Logique

 

  • C'était d'une débilité sans nom ! Je n'ai jamais vu cela ! Ne recommencez jamais ! Espèce de singe arriéré ! Je peux savoir ce qui vous a pris ?

Le Docteur allait exploser.

Il savait, oh, bien sûr qu'il savait, que Jack était une tête brulée. Tous ses compagnons l'avaient toujours été, c'était presque une marque de fabrique pour pouvoir rentrer dans son vaisseau et y survivre.

Mais vraiment, il y avait des limites.

Même pour lui, il y avait des limites !

Est-ce que Jack était devenu fou ?

Il allait le tuer !

À la réflexion, non, il allait d'abord soigner son cerveau d'arriéré, à coups de grandes tartes dans la tronche, et ensuite il soignerait les bleus, et seulement après, il le tuerait.

Ou peut-être dans un autre ordre.

Peu importe.

Le Docteur fulminait.

Face à lui, son compagnon demeurait silencieux, attendant patiemment la fin de l'explosion.

Il aurait dû se douter que le Docteur ne serait guère.. appréciateur, de son initiative.

Mais cela avait été sa seule possibilité dans le contexte qui lui avait été donné.

De toute façon, ce n'était pas comme s'il avait eu le temps d'en chercher une autre.

Bien sûr, le Docteur ne comprendrait pas.

S'il s'était trouvé de l'autre côté de la scène, le capitaine n'aurait certainement pas compris non plus.

Mais cela avait été si logique.

  • Harkness !
  • Doc, soupira-t-il, seulement pour relancer la machine à cris.
  • Vous lancer par la fenêtre, à 300m de hauteur ? Je ne vous savais pas suicidaire ! Je dois vous enfermer pour vous soigner ? Parce que je vous assure, je vais le faire ! Si je n'avais pas eu le temps de remonter jusqu'au Tardis pour vous récupérer au vol..

Jack roula des yeux, avant de marmonner quelque chose dans sa barbe. Le Seigneur du temps le fixa, outré d'être coupé dans sa diatribe.

  • Quoi ?
  • Je savais, murmura le jeune homme.
  • Quoi ?
  • Je savais ! Explosa-t-il. Que vous viendriez me sauver ! Avec le Tardis !

Le Docteur le fixa, bouche bée. Jack détourna la tête, se frottant l'arrière du crâne.

  • Je vous faisais confiance, marmonna-t-il. Pour venir me chercher.

La bouche du plus âgé se referma en un pop sonore.

Jack lui avait fait confiance pour le sauver d'une chute mortelle? Avec le peu de temps qu'il avait à sa disposition ?

Le Seigneur du temps sentit son ventre se contracter.

S'il était arrivé trop tard..

S'il s'était trompé..

S'il avait mal calculé..

Si..

Si..

 

*-*

  • Autant pour moi ? S'exclama le capitaine, taquin, en fixant le groupe de gardes le menaçant de leurs fusils lasers. Cela faisait longtemps ! Des amis à toi, chéri ? Rit-il en s'adressant au prince rouge.

Celui-ci détourna la tête, tentant en vain de se dissimuler sous ses couvertures, mais sa nudité n'échappait à personne.

Et certainement pas à ses parents, occupés à menacer Jack de leur propre arme.

Vraiment, il fallait qu'ils se détendent.

Jack n'avait rien fait de mal.

Le prince avait été plus que volontaire.

Un sourire grivois aux lèvres, le capitaine lança un clin d'œil à ce dernier, le faisant rougir un peu plus.

  • Mon fils ! Hurla la reine, sa peau bleue pulsant furieusement.
  • Est un homme, commenta Jack, s'attirant un nouveau flot d'insultes.
  • Jack !

Le Docteur venait d'apparaitre à la porte, tournevis sonique en main. D'un regard, il comprit l'ampleur du désastre. Jack répondit à son roulement de yeux par un autre clin d'œil, avant de reculer vers la fenêtre grande ouverte. D'un geste, les fusils le suivirent, augmentant son sourire.

  • Aaah ... Tant d'êtres forts et musclés, juste pour moi..
  • J.. Jack ! Hurla le Docteur en le voyant se jeter par l'ouverture.

 

*-*

Cela avait été si rapide.

Pendant un instant, il avait cru son compagnon mort.

La seconde suivante, il courrait, remontant le couloir plus vite qu'il n'en était capable, les lumières et fusils explosant sur son passage.

Le Tardis n'était garé qu'à quelques centaines de mètres, mais le Docteur eut la sensation que sa course dura des heures avant qu'il ne parvienne enfin à pousser les portes de son vaisseau, hurlant à sa fidèle amie de se préparer.

Déjà, les boutons tournaient sur eux-mêmes, un levier s'abaissant alors qu'un autre se relevait.

  • Cet abruti ! Il va.. Je dois..

Jack.

 

*-*

Il était apparu une trentaine de mètres sous son compagnon, l'immense mur de pierres du château se solidifiant en face de lui en même temps qu'il s'agrippait à une porte, tendant désespérément la main vers l'humain.

Les doigts de ce dernier s'étaient instantanément liés aux siens, les faisant tomber tous deux en arrière et rouler sur le sol.

Pendant un instant, seul le silence avait résonné.

Et puis Jack avait grogné, se redressant avec un sourire aux lèvres.

  • Toujours à l'heure, Doc ! Je vous garde !

L'expression tempétueuse du Seigneur du temps l'avait coupé net.

Ce même Seigneur du temps, qui ne savait plus quoi répondre à présent.

Jack lui avait fait confiance pour le sauver de sa chute mortelle.

Un tel niveau de confiance était.. illogique.

  • Jack, murmura-t-il, avant de grogner, furieux. Vous auriez pu mourir ! J'aurai pu..
  • Mais vous étiez là, le coupa ce dernier.
  • Ce ne sera pas toujours le cas ! Vous ne pouvez pas..
  • Et pourquoi pas ? Fronça des sourcils son compagnon, irrité.
  • Je ne suis pas invincible, capitaine ! Par Rassilon, vous auriez pu mourir! Hurla-t-il, furieux, en l'attrapant par les épaules.

D'un geste sec, Jack le repoussa, le fusillant du regard.

  • Et ce n'est pas le cas. Ce n'est pas la peine d'en faire un drame, Doc !
  • Pas la peine d'en faire un drame? À quel point vous moquez-vous de votre propre vie, Harkness ? Ou des gens qui s'inquiètent pour vous ? Vous réfléchissez avant d'agir, parfois, ou vous êtes né naturellement stupide ? Rugit-il, la Tempête toute sortie.

Il regretta ses mots à l'instant même où le visage du capitaine se fit blanc, avant qu'un masque ne tombe sur son visage.

  • De votre part ? Comme le dit si bien Rosie, Docteur, c'est l'hôpital qui se fout de la charité.
  • Je sais ce que je fais, grogna-t-il, cherchant comment rattraper ses mots mais bien décidé à ne pas reculer sur son argument. Votre décision.. Elle était absurde !
  • Je vous faisais confiance, marmonna l'humain, ses joues rouges.
  • Je sais ! Je …

Ses épaules s'affaissèrent, en même temps que sa colère disparaissait d'un coup, et son énergie avec. Jack se mordit la lèvre, avant d'avancer avec hésitation vers lui. Le Docteur le fixa sans un mot, avant de se tendre lorsqu'il le prit dans ses bras, le serrant contre lui.

  • Je suis là, Doc, murmura-t-il. . suis désolé, je n'ai pas.. Je ne voulais pas vous effrayer à ce point, souffla-t-il, quelque peu honteux face à la terreur de son mentor.

Les bras de ce dernier se refermèrent automatiquement autour de lui, en même temps qu'il fermait les yeux, inspirant profondément son odeur.

Jack était en vie.

Jack allait bien.

Jack était sauf.

Il allait le tuer.

  • Vous ne voulez pas me faire peur ? Cessez de sauter par des fenêtres hautes de 300m, ce sera un bon début, gronda-t-il, avant d'attraper sa nuque pour le fixer, furieux. Je vous dirais bien de cesser de courir après tout ce qui bouge, mais c'est impossible.

Jack aurait bien fait un commentaire salace, mais l'expression tempétueuse du Docteur l'en empêcha. À la place, il se pencha, déposant un baiser sur ses lèvres, avant de souffler :

  • Vous êtes mon partenaire, Doc. Je vous fais confiance pour sauver mes fesses. C'est juste .. logique.

Le Seigneur du temps soupira, avant de caresser sa joue.

  • Vous n'êtes pas mon partenaire, garçon, c'est là où vous vous trompez.. Vous êtes mon ami, rectifia-t-il doucement, et les amis se soucient de leur sécurité les uns les autres. C'est juste.. normal.

Le capitaine sentit sa gorge se serrer brutalement.

Ce n'était pas la réponse à laquelle il s'attendait.

Mais c'était sans aucun doute celle qu'il avait besoin d'entendre.

Une réponse évidente, sensée, logique.

Une réponse qui serra sa gorge, mais envoya une onde de chaleur dans son bas-ventre.

Une autre onde de chaleur le traversa lorsque le Docteur lui rendit son baiser, ses lèvres dures mais sa main sur sa nuque protectrice.

  • A l'infirmerie. Je dois toujours vérifier que vous allez bien. Ne pensez pas échapper à l'examen complet, grogna ce dernier, le fusillant du regard pour la bonne mesure.

Jack ne put retenir son sourire.

Cela aussi, c'était logique.

Et pour rien au monde, il n'aurait voulu que les choses changent.

C'était sa vie.

Et il l'adorait.


choup37  (11.01.2022 à 21:23)

12- Eau

 

Là où Rose était une citadine, Jack était un véritable poisson dans l'eau.

L'eau, le garçon semblait y être né.

De tous les éléments, c'était clairement son favori.

Montrez-lui une rivière, un lac, un océan ou une fontaine, il voudrait y plonger.

(Si, il avait déjà plongé dans une fontaine)

(Non, il n'était pas saoul)

(C'était une histoire pour un autre moment)

(Disons simplement que le Docteur et Rose conservaient un excellent souvenir de cette journée, et continueraient à l'évoquer autour d'un verre tard le soir, pour la plus grande fierté du vaurien leur servant de compagnon)

Jack, donc, aimait l'eau.

Pour quelqu'un qui était né dans une péninsule, c'était assez logique.

Jack était un excellent nageur, un marin professionnel, et un surfeur plus que décent.

Tout ce qui pouvait se faire sur et dans l'eau, il l'apprendrait.

C'était une des rares passions qu'il avait conservées de son enfance, et une qu'il continuait de chérir après toutes ces années.

Le Docteur trouvait cela adorable, bien qu'il ne l'admettrait jamais à voix haute.

Il se contenterait de rouler des yeux, marmonnant quelque chose à propos de « l'évolution de l'homme et ses origines maritimes », et «le marquage profond de canard inscrit dans l'ADN de certains stupides singes arriérés immatures ».

Le sourire de Jack indiquait clairement qu'il ne croyait pas une seconde à ses bougonnements, mais cela ne l'empêcherait pas de continuer.

Pour leur aventure du jour, il avait donc choisi de lui faire une surprise en l'emmenant sur Poseidon IV, une péninsule maritime réputée pour ses forêts et zones d'eau immenses.

Le cri enthousiaste du jeune homme en ouvrant les portes valait tout l'or du monde.

Le Docteur s'était accoudé avec amusement au battant, alors que Jack regardait autour de lui avec une joie presque enfantine.

  • C'est.. génial ! Oh, cette forêt ! Je pourrais y passer des heures ! C'est une rivière que j'entends ? Il y a une cascade dans le fond, non ? Doc ? Doc ? Quoi?

Le Seigneur du temps le fixait, un fin sourire aux lèvres.

Jack haussa un sourcil, avant de se diriger vers lui, le saisissant par le col pour un baiser enthousiaste.

  • Je vous revaudrai cela, ronronna-t-il en caressant son torse.

Le Docteur huma, satisfait.

  • Allez faire votre sac, commenta-t-il. On part camper, capitaine.

Les yeux du jeune homme se mirent à briller.

Et si leur départ fut repoussé quelque peu suite aux remerciements... expansifs de l'ancien agent, vraiment, le Docteur ne trouvait étrangement pas matière à s'en plaindre.

 

*-*

La forêt recouvrant Poseidon IV était remarquable pour son extraordinaire diversité.

Platanes, marronniers, chênes et bouleaux côtoyaient pins et sapins dans un mélange dont Mère Nature possédait le secret, au milieu des rivières et ruisseaux.

Jack était aux anges.

L'humidité régnait dans la forêt, créant un environnement frais idéal pour les randonnées.

Les deux hommes avaient crapahuté pendant des heures, remontant le chemin tracé au milieu des arbres, à l'ombre des immenses troncs, en direction d'une cascade que le Docteur décrivait comme « spectaculaire ».

Ils s'étaient arrêtés quelques fois pour se reposer et profiter du paysage, le Seigneur du temps en profitant pour décrire chaque élément les entourant.

Arbres, feuilles, buissons, faune, flores, oiseaux, poissons, écureuils à deux queues et tourterelle noire au museau orangé, rien n'avait échappé à son cours du jour.

Jack l'avait écouté avec amusement, fascination et tendresse.

Le Docteur était clairement dans son élément, même si c'était d'une manière différente que lui.

C'est au détour d'un chemin, alors que le son de l'eau se faisait de plus en plus pressant, que les yeux de Jack s'étaient enfin posés sur la cascade.

Sa bouche s'était ouverte en un immense 'O', alors qu'il se figeait.

  • Fantastique, n'est-ce pas ? Sourit le Docteur derrière lui.
  • Je..

Sa mâchoire se referma d'elle-même, en même temps qu'il tentait d'enregistrer le spectacle face à lui.

Une cascade gigantesque, de plusieurs centaines de mètres de hauteur.

Trois lacs, à son pied, d'un bleu azur flamboyant.

Des champs de fleurs de toutes les couleurs, formant un arc-en-ciel naturel explosif.

  • Magnifique, souffla-t-il. Juste .. magnifique.
  • Les natifs conservent ce lieu secret, expliqua son ami, alors que Jack glissait sa main autour de sa taille, le rapprochant de lui. Pour eux, il est sacré, la source de toute vie.

Jack haussa un sourcil.

  • On ne risque pas de se faire encore tirer dessus ?

Le Docteur haussa ses propres sourcils dans un geste hautain.

  • Pensez- vous que je serai si stupide, capitaine ? Ce dernier le fixa. … Non, à cette période de l'année, personne n'ose y accéder, à cause de la floraison des fleurs.
  • Parfait ! S'exclama le jeune homme, avant de faire tomber son sac à dos sur le sol.

En un instant il était nu, et plongeait en un immense arc de cercle dans l'eau.

Le Docteur roula des yeux, contenant à grand-peine son sourire.

Garnement.

Même à distance, il pouvait voir Jack remonter la distance vers le centre du lac, son ombre se mélangeant à celle des poissons sous l'eau.

Un vrai poisson dans l'eau.

Le Docteur huma, avant de retirer sa veste, et la déposer avec soin sur un rocher sec. Son pull suivit, puis ses chaussures, avant qu'il ne s'assoit, plongeant avec plaisir ses pieds dans l'eau fraiche.

Fantastique.

Face à lui, l'immense étendue d'eau scintillait, formant un miroir de reflets argentés.

Le Docteur soupira, ses épaules retombant d'elles-mêmes.

Fantastique, en effet.

Face à la splendeur de la nature, le Seigneur du temps sentait ses tourments s'apaiser un instant.

Il leur faudrait encore plusieurs jours pour explorer l'ensemble de la forêt, si ce n'est une bonne semaine. La perspective le comblait de joie : il n'y avait rien qu'il n'aimait davantage que de vivre dehors, au contact du ciel et des étoiles.

Et Jack.. Aucun doute quant à la réponse de son compagnon, bien sûr.

En parlant du zouave …

  • Doc!

L'intéressé venait de réapparaitre à une centaine de mètres, ses cheveux plaqués en arrière sur son crâne. D'où il se tenait, le Docteur ne pouvait voir que le haut de son corps, ce qui était déjà suffisant, merci bien.

Ce n'était pas comme s'il avait envie d'en voir davantage, bien sûr.

D'un long mouvement des jambes, Jack s'élança vers lui, un sourire éclatant aux lèvres.

  • Elle est fraiche ! Venez nager !
  • Je suis très bien où je suis, merci, rétorqua-t-il, souriant.
  • Vous n'êtes pas drôle ! Venez en profiter !
  • Quoi, pour tomber malade comme vous ?
  • Vous me soignerez, répliqua son compagnon, taquin.
  • Hors de question que je vous supporte en train de geindre et renifler, commenta d'un ton plat le Seigneur du temps.
  • Je confirme. C'est pour cela que vous me soignerez, rétorqua Jack, un sourire insolent aux lèvres.
  • Jack.

Celui-ci rit, avant de se laisser tomber en arrière sur son dos, coulant tête la première.

Un canard.

Il avait adopté un canard.

Il allait falloir qu'il fasse pousser une mare dans le Tardis.

La piscine olympique ferait bien l'affaire.

Le dit canard ré émergea dans un grand rire, avant de se diriger vers le rocher où le Docteur était assis. Un sourire aux lèvres, il s'accouda à ses côtés, l'eau coulant de ses muscles et son torse dans toute sa gloire.

  • Vraiment, Doc. Elle est parfaite. Merci.
  • Libre à vous d'y nager des heures, lui sourit son ami.
  • Et vous offrir un show personnel, hein ? Le taquina son compagnon, son sourire se faisant salace. Vraiment, Doc, il n'y a qu'à demander.
  • Je vais vous noyer.
  • Vous devrez plonger pour aller me chercher, après, vous pouvez me rejoindre directement, vous savez.
  • Je ne suis pas un canard, moi !
  • Non, plutôt un fennec, rit le jeune homme. Un vrai animal du désert.

Il ne croyait pas si bien dur, songea le Docteur en le regardant partir à l'assaut du lac, en direction de la cascade.

Soupirant, il ferma les yeux, profitant des rayons du soleil. Se retournant, il plia sa veste et son pull, avant de les placer sur son propre sac à dos, formant un oreiller. Un sourire aux lèvres, il s'y allongea, s'abandonnant malgré lui au son apaisant de l'eau et le clap clap de Jack.

La nature possédait cette capacité extraordinaire à vous aider à vous recentrer sur vous-même, et oublier, même temporairement, tous vos problèmes.

S'y oublier, c'était y ressourcer.

C'était s'y apaiser.

Et à la plus grande surprise du Docteur, mais pour son plus grand bonheur, il semblerait que pour une fois, même lui avait droit à quelques heures de tranquillité.

Au loin, le rire de Jack résonna.

Le Docteur sourit.

Fantastique.


choup37  (12.01.2022 à 21:21)

13. Lettre

 

Cher Docteur,

 

Docteur? Cher Docteur? Mon Docteur? Le vrai Docteur ? Comment dois-je vous appeler, comment dois-je commencer, je ne sais pas, c'est tellement.. étrange.

J'écris à un mort, qui est techniquement vivant dans une autre partie de l'espace-temps.

Les joies d'être un voyageur temporel, j'imagine.

Un voyageur temporel, coincé dans une époque qui n'est pas la sienne, sans pouvoir la quitter.

À cause de vous.

Ou de lui.

C'est pareil, j'imagine.

Ou plutôt, non, ça ne l'est pas.

C'est bien le problème, justement.

Alors comme ça, vous pouvez échapper à la mort, Doc ? Vous pouvez changer de visage, et de personnalité ? Un joli tour, je vous le dis. Très .. alien. Suis-je vraiment surpris, cependant ? Vous avez toujours été un homme à multi-facettes, Doc, alors j'imagine que je ne devrais pas être surpris que votre peuple ait trouvé un moyen pour tromper la mort.

Après tout, moi aussi.

Je suis si fatigué, Doc.

Mais comme vous, je dois continuer. Pour l'éternité.

Vous me manquez, Doc.

Quand je me suis réveillé, sur cette maudite station.. Quand j'ai vu le Tardis partir.. Vous m'avez abandonné, Doc. Vous m'avez laissé derrière, et pendant si longtemps, j'ai cru, j'ai espéré, je me suis accroché à cet espoir, que j'avais tort, qu'il devait y avoir une explication, que vous étiez gravement blessé.. Vous ne pouviez pas juste m'avoir abandonné ! Vous ne pouviez pas, pas vous, pas le Docteur, l'homme de bien, l'homme droit, vous ne pouviez pas ! Et pourtant, pourtant ! Oh, Doc, je n'ai rien demandé !

Je n'ai rien demandé, mais vous m'avez abandonné.

Et il n'est pas revenu.

L'autre.

Il s'appelle aussi le Docteur, mais il n'est pas.. Vous êtes si différents, et si semblables à la fois, c'est si … perturbant. Comment est-il possible qu'il puisse être vous ? Quand je le regarde, avec son long manteau, et ses converses ridiculement sexy, et ses cheveux en bataille.. Je ne vous vois pas vous, je vois un trublion de petit frère, insupportable et narquois. Une boule d'énergie intenable, un chien fou, qu'on se retrouve à suivre partout, sans même s'en rendre compte.

Il a la même énergie.

Le même sourire fou.

La même noirceur.

La sienne est cachée, mais elle est bien là.

Je l'ai vue, Doc.

Il me fait peur.

Et il me fascine.

Il est fou, peut-être encore plus que vous.

Je le hais, et je l'adore en même temps. Je veux le tuer, et l'embrasser.

Non, pas comme vous, andouille.

Vous étiez.. différent.

Vous étiez tout.

Il n'est pas vous.

Il y a en lui quelque chose.. Quelque chose de violent, et de brisé.

Il me ressemble tellement.

Je suis désolé, Docteur.

J'ai essayé, vous savez.

J'ai essayé d'être droit, et d'être digne de vous.

Mais je n'ai pas pu. J'ai échoué.

Je devais survivre.

Je suis devenu un monstre, Doc.

Je suis désolé.

Je n'ai pas été à la hauteur.

J'ai fait des choses, Docteur.. Des choses, dont j'ai tellement honte.

Je suis désolé.

J'ai essayé.

Mais vous savez, n'est-ce pas ? Vous savez ce que c'est. Vous l'avez aussi fait. Aussi vécu. Ces choix horribles que quelqu'un doit prendre, parce qu'il n'y a personne d'autre pour le faire. Ces choix atroces, mais nécessaires. J'en avais fait à l'Agence, vous savez, bien sûr que vous le savez, vous l'avez toujours su.. Mais vous avez toujours cru, que je pouvais faire mieux, que je pouvais être mieux, devenir quelqu'un de mieux.

Peut-être, avec vous à mes cotés..

Je suis désolé, Doc.

Vous me manquez tellement.

J'ai besoin de vous, Doc. Pour me guider, m'aider. J'ai besoin de vous, tellement, bien plus que vous ne le savez. Mais vous n'êtes pas là. Vous ne pouvez plus être là. Je ne peux plus vous voir, plus jamais. Je ne peux pas vous chercher, parce que vous êtes mon passé. Et aussi injustes qu'elles soient, je dois respecter les règles.

Je vous vois déjà rouler des yeux.

Vous faites tout le temps cela.

Rouler des yeux, et me taper l'arrière du crâne, en me traitant d'abruti de singe.

Je ne suis plus un abruti, Doc.

J'ai muri, j'ai appris. J'ai vieilli.

D'une certaine manière, je suis devenu comme vous, j'imagine.

Ce n'est pas aussi agréable que ce que j'imaginais, autrefois.

Vous avez encore roulé des yeux.

Vous êtes toujours là, vous savez. Dans ma tête, dans un coin de mon esprit. En train de me fixer, m'étudier, me juger. J'essaie, j'essaie de vous écouter, mais ce n'est pas la même chose. S'accrocher à un souvenir, ce n'est juste .. pas assez.

Vous n'êtes pas là, et j'ai besoin de vous.

Je pensais, vous savez, j'espérais, je pensais que vous reviendriez. Que vous me chercheriez.

J'ai attendu.

Un siècle et demi, Docteur.

J'ai attendu un siècle et demi.

Mais vous étiez déjà mort.

L'autre homme.. Ce n'est pas vous.

Il est le Docteur, oui. Un autre Docteur, insolent, jeune, taquin, sexy, brillant, incontrôlable.

Merveilleux, et insupportable à la fois.

C'est le Docteur, n'est-ce pas ?

Mais il n'est pas vous.

Vous étiez mourant, il m'a dit.

Vous alliez vous régénérer.

C'est pour cela que vous vous êtes enfui. Pour vous protéger, vous et Rose. Parce que j'étais un monstre.

Je comprends.

Je suis désolé.

Je vous pardonne, Docteur.

Un de mes hommes est mort aujourd'hui. Encore un autre, oui. Ils ne cessent de mourir. Ils vivent si peu, Doc. Des papillons face à la lumière. Est-ce ce que vous ressentez en nous voyant ? C'est si horrible, Doc. Tout le monde part si vite. Je suis si seul. Ils finissent tous par partir, et me laisser derrière.

Owen .. J'ai envie d'hurler. C'était juste.. tellement stupide. Cela n'aurait jamais dû arriver. J'aurai dû le voir venir, l'anticiper, c'était tellement évident ! J'ai envie d'hurler, et de tout casser. Me tirer une balle, pour oublier. Je sais, je vais revenir. Je reviens toujours. C'est ma malédiction, je reviens toujours. Vous ne pouvez pas me soigner, hein ? Me tuer une bonne fois pour toutes ? À quoi servez-vous si vous ne pouvez pas m'aider, Docteur ?

C'est la phrase que Gwen m'a dit, après que Rhys..

Je ne fais que les abimer.

Je ne fais que les tuer.

Pourquoi est-ce que je ne peux pas mourir pour de bon ?

Où êtes-vous, Doc ? J'ai besoin de vous.

Mais vous n'êtes pas là.

Vous n'êtes pas là, vous n'êtes plus là, vous n'êtes jamais là. Vous êtes mort, et l'autre me hait.

Je ne suis bon qu'à être laissé derrière.

Où êtes-vous, Doc..

Pourquoi m'avez-vous abandonné ?

 

J.

*-*

L'écriture était tremblante, l'encre en partie effacée par le temps. Le papier avait jauni, s'abimant et se cornant à force d'être lu et déplacé.

Malgré les décennies passées, la lettre demeurait dans un état de conservation plus que remarquable, si on en jugeait par la technologie du XXIème siècle.

Jack l'avait écrite à la main, à l'ancienne. Le Docteur reconnaissait l'emploi de la plume, typique du début du siècle précédent.

La fascination de Jack pour le début du XXème siècle n'avait jamais cessé de l'amuser.

Sur beaucoup de points, le capitaine était un vestige des temps passés, comme lui.

Et comme lui, il en avait payé le prix cher.

Depuis combien de temps transportait-il cette lettre sur lui ?

Depuis combien de temps avait-il quitté la Terre ?

Il ne savait pas, et c'était bien le problème.

Ni lui, ni sa précédente incarnation n'avaient réellement pris le temps de veiller sur l'immortel.

La honte, la gêne, l'impossibilité physique qu'était Jack, étaient autant d'excuses que le Docteur ne cessait de se répéter.

La vérité était qu'il était lâche.

Détourner la tête au lieu d'assumer avait toujours été plus simple.

Cette lettre n'en était que plus violente.

Le désespoir et la rage émanaient de chaque mot.

Le Docteur baissa la tête, une onde de dégoût le traversant.

Combien de temps encore allait-il devoir nettoyer derrière les erreurs du précédent ?

Face à lui, Amy serrait avec désespoir le capitaine, les larmes coulant à flot le long de ses si belles joues.

Jack s'était interposé entre elle et une flèche, la sauvant probablement d'une mort violente. Le métal avait transpercé son cœur, ne lui laissant aucune chance. Le hurlement du Docteur s'était mêlé à celui de la rousse, alors que le brun s'effondrait au sol, dans un grognement sourd.

C'est en tentant de le soulever, paniquée, qu'Amy avait trouvé la lettre.

Un sanglot échappa à la rousse.

  • Il est mort.. Docteur.. Il est mort.. A cause de moi..
  • Oui... Non, non non, secoua-t-il la tête. Pas à cause de vous, Amy, jamais à cause de vous, jamais, murmura-t-il en caressant gentiment sa joue. Ce n'est pas... Oh, Jack, soupira-t-il. Vous ne pouvez pas vous en empêcher, hein ?
  • Docteur ?

Celui-ci secoua la tête, avant de se pencher en avant, retirant délicatement les mains de la jeune femme.

  • Il ira bien, Amelia.. Je le promets...
  • Bien ? Il est mort, Docteur !

Sa compagne le fixait comme s'il était devenu fou, ce qui, au fond, n'était pas une si extravagante possibilité. Le Seigneur du temps secoua la tête.

  • Oui.. Non.. Oh, je n'ai pas le temps pour cela, une autre fois, plus tard, allez, Amy, c'est l'heure de rentrer, sourit-il, avant de soulever Jack comme s'il n'avait été qu'une plume.
  • Quoi ? Docteur ! Il faut l'aider ! L'enterrer !
  • Une pensée très appréciable, mais je ne suis pas certain que notre capitaine l'appréciera à son retour, commenta le Docteur, avant de grimacer. Oh, il a grossi, le gredin, il ne pesait pas si lourd la dernière fois, à moins que je me fasse vieux ? Amy ? Est-ce que je me fais vieux ? Hé !

La rousse venait de le frapper, furieuse.

  • Une phrase normale, andouille ! Je ne comprends rien !
  • Normale ? Qui veut être normal ? Normal est ennuyeux, répliqua-t-il avec un clin d'œil, avant qu'une expression déterminée n'apparaisse sur son visage. Une petite goutte d'eau contre mon océan d'erreurs, Jacky boy.
  • Vous le connaissez ? Vous comptez m'expliquer ou pas ? Pesta la jeune femme.

Un sourire apparut sur les lèvres du Docteur. D'un mouvement, il déplaça la tête de Jack contre son torse, là où se trouvaient ses deux cœurs.

  • Nous avons tous des dettes à payer un jour, Amelia. Ma plus importante vient de se rappeler à moi. Avant qu'elle n'ait pu en demander davantage, il fronça les sourcils, son expression se faisant un instant tempétueuse. Même si ce n'est pas spécifiquement ma. Mais ça l'est quand même.. J'espère qu'il comprendra.. Oh, à qui est-ce que je veux mentir, bien sûr qu'il ne comprendra pas.. Tardis, il faut rentrer au Tardis, marmonna-t-il avant de jouer des mains et bras pour caller confortablement Jack contre lui, son tournevis sonique fermement en main.
  • Docteur ? Je ne comprends rien à ce que vous dites.
  • Je sais, sourit-il malicieusement, son regard un instant enfantin redevenant brutalement sérieux.
  • Tardis ?
  • Tardis.

Amy leva les bras au ciel.

  • Un canon qui meurt pour me sauver, et il ramène son cadavre au vaisseau. Je ne sais pas si je dois vomir ou être flattée.
  • Le connaissant, je dirais davantage.. excitée, commenta-t-il, amusé, avant de se pencher et déposer un baiser très léger sur le front du brun. C'est l'heure de rentrer à la maison, capitaine. Géronimo ! Hurla-t-il en se jetant dans la rue adjacente, au milieu des flèches et hurlements, une rousse irritée mais déterminée à ses côtés.

choup37  (13.01.2022 à 19:12)

14- Chien

 

Le Docteur roula des yeux en entendant une sonnerie bien spécifique émaner de son téléphone portable.

Pourquoi avait-il accepté de laisser Jack lui installer Can't take my eyes off you en sonnerie ? Vraiment, c'était ridicule. Et depuis quand son compagnon l'appelait-il en pleine matinée de travail ? Il connaissait pourtant ses horaires ! Irrité, il secoua la tête, se demandant à moitié s'il devait ignorer l'appel – il avait une pause de quelques minutes avant son prochain patient, fantastique, ne pouvait-il donc pas en profiter, enfer?

Sur son bureau, le téléphone continua de sonner, le son lancinant résonnant dans le bureau pour mieux le provoquer.

Le Docteur soupira, avant de saisir l'objet, et décrocher brutalement.

  • Quoi ?
  • John !

Immédiatement, la voix paniquée de Jack le fit culpabiliser. Son compagnon ne l'appellerait pas en pleine matinée pour rien (enfin, pas tout le temps non plus.. Il préférait davantage le bombarber de sms dès qu'il en avait l'occasion).

Inquiet, il demanda, s'appuyant contre son bureau :

  • Jack ? Est-ce que tout va bien ?
  • Je... J'ai.. Est-ce que tu as des patients ce matin ?
  • Pas davantage que d'habitude, pourquoi, un problème ?
  • Je..
  • Inspire. Expire, ordonna-t-il, inquiet, alors que la panique dans la voix du jeune homme ne faisait qu'augmenter. Encore. Voilà, c'est bien, continue.. Continue.. Dis-moi, demanda-t-il finalement, de plus en plus angoissé. Tu vas bien ? Tu n'as pas eu d'accident ?
  • Non .. Si..
  • Quoi ?
  • J'ai renversé un chien..

La voix de son petit-ami était si misérable, le Docteur sentit son cœur s'arrêter de battre un instant, avant que son cerveau ne passe en mode vétérinaire immédiatement.

  • Un chien ? Il est en vie ?
  • Oui ! Oui ! Oui oui, il l'est, mais il a si mal, je ne l'ai pas vu, il est sorti du champ, et..
  • Jack, c'est ok, je vais l'opérer, amène-le, ordonna-t-il, se dirigeant en toute hâte vers son bureau pour avertir sa secrétaire.
  • Docteur? S'inquiéta Rose en le voyant apparaître.

Ce dernier indiqua son portable du doigt, avant de mettre le haut-parleur.

  • Il est conscient ?
  • Oui, il couine.. Il a l'air d'avoir tellement mal..

Le pauvre Jack culpabilisait à en mourir. Le Docteur soupira.

  • Evidemment qu'il a mal, il s'est fait renverser.
  • Merci, Doc, charmant, je sais, je suis au courant, pesta le jeune homme, blessé.
  • Jack ? C'est Rose, les interrompit la blonde. Tu as une couverture de survie dans ta voiture ? Le Docteur en a une.
  • Rose ! Oui, oui j'en ai une, je vais la prendre.
  • Vas-y doucement, ajouta le Docteur, en même temps que Rose ouvrait un fichier sur son ordinateur. Il risque de vouloir mordre, c'est un mécanisme automatique de défense. Quel type de chien ?
  • Petit... Cocker, mais il est dans un état.. Il a dû être abandonné, tu verrais ses griffes..
  • Génial, marmonna-t-il, en même temps que Rose notait frénétiquement toutes les informations sur son ordinateur. Pas de blessure apparente ?
  • Non, confirma Jack, soulagé. Pas de sang, pas d'os, grimaça-t-il. Juste un chien qui couine à la mort, soupira-t-il, en caressant la pauvre bête.
  • Amène-le, je vais m'en occuper, grommela le Docteur. Ne te tue pas sur la route, j'ai assez à faire !

Malgré lui, Jack sourit.

Le Docteur était un ours mal léché, mais il possédait un cœur immense. Il aurait eu deux cœurs que cela n'aurait étonné personne.

  • Prépare la table, au lieu de parler, répliqua-t-il. À tout de suite.

Le Docteur roula des yeux, mais déjà Jack avait raccroché, bien décidé à amener au plus vite celui qui risquait, il le sentait, de devenir bientôt un membre privilégié de la famille.

Fantastique.

Il sentait que Donna allait encore faire famille d'accueil, tiens.

 

*-*

Sans surprise, Rose vit apparaître le 4x4 noir de Jack à peine dix minutes plus tard. Le véhicule s'immobilisa dans un scritch strident, laissant une colonne de poussière dans son passage. Roulant des yeux, elle se leva, courant vers la porte pour l'ouvrir : le capitaine rentra en courant dans la pièce, transportant dans ses bras une énorme couverture recouvrant une boule de poils dorés à longues oreilles.

Des couinements emplis de détresse se firent entendre, lui tordant le cœur.

  • Docteur ! Il est là !

La porte du fond de la pièce s'ouvrit à la volée, révélant l'immense silhouette à cheveux courts. Autour d'eux, des murmures inquiets se firent entendre chez les clients, alors que les autres chiens commençaient à couiner, apeurés. Les chats n'étaient pas dans un meilleur état, miaulant ou sifflant.

Génial. Fantastique.

Jack traversa la pièce en trois grandes enjambées, son angoisse tellement forte qu'elle en émanait presque physiquement de son corps. Avec délicatesse, il déposa le chien sur la table en métal, lui murmurant des paroles apaisantes. Le Docteur roula des yeux, le poussant de son chemin presque instantanément alors qu'il se penchait vers la pauvre bête, à l'apparence en effet catastrophique. De la terre avait séché dans ses longs poils, s'y  mélangeant pour former des masses informes dans lesquelles semblaient s'être perdues toutes sortes de saletés. On ne voyait plus ses yeux, et ses griffes, oh, Jack avait raison, elles étaient si longues..

Derrière lui, Rose ferma la porte, déjà armée de ses propres gants. Le Docteur jeta un regard à son compagnon tendu comme un roc.

  • Dehors.
  • Même pas en rêve !

Le couple se fusilla du regard, la tension évidente.

  • Jack, grogna le Docteur, tentant clairement de rester posé. J'ai besoin de calme pour l'ausculter. Sors.
  • C'est ma faute s'il est là ! Je ne sortirai pas !
  • Tu ne peux pas m'aider !
  • Je m'en fiche !

Le jeune homme semblait à deux doigts d'une rupture nerveuse. Le Docteur fronça les sourcils, avant de se diriger vers lui, le saisissant par les épaules. Jack lui lança un regard misérable, le faisant soupirer en même temps que son expression s'adoucissait.

  • Garçon. J'ai besoin de calme. Ton angoisse va se transmettre à lui, expliqua-t-il, le plus gentiment possible.
  • Je... Il ira bien ?
  • Je pense, j'espère. Mais je dois l'ausculter pour vérifier, et tu es dans mes pattes.

Malgré lui, Jack sourit faiblement, avant de lancer un regard inquiet à leur patient. Le Docteur l'embrassa gentiment, avant de le pousser en direction d'une porte interne.

  • Tu sais où se trouve la paperasse. Ouste.

Jack lâcha un grognement sonore, avant de trainer les pieds vers le bâtant de bois. Remplir les papiers lui donnerait quelque chose à faire pour s'occuper les mains et l'esprit.

Le Docteur secoua la tête, avant de se tourner vers Rose, occupée à palper le cocker.

  • Au moins, il ne saigne pas.

Son assistante et amie roula des yeux.

  • Pour un vieux couple comme vous, vous êtes toujours comme chien et chat.
  • Oy !

La blonde lui décocha un clin d'oeil, s'attirant un roulement de yeux, avant qu'ils n'échangent un sourire.

  • Au travail, Docteur, le taquina-t-elle.
  • Fantastique, répliqua-t-il, son sourire diminuant l'acidité de ses mots. Alors, voyons voir comment tu vas.. Tu auras besoin d'une bonne douche..

 

*-*

Vingt-cinq minutes, trente secondes et quarante-six millièmes plus tard, la porte donnant sur le bureau du Docteur s'ouvrit, révélant un vétérinaire épuisé mais souriant. Jack lui sauta littéralement dessus, abandonnant la pile de paperasse remplie depuis longtemps et qu'il avait entrepris d'archiver – tout pour s'occuper, qu'est-ce qui leur prenait si longtemps, ce n'était pas normal, est-ce que le chien allait bien, est-ce qu'il irait bien, il ne se le pardonnerait jamais, sinon..

  • Doc !
  • Doucement, garçon, rit-il en le réceptionnant.
  • Il va bien ?
  • Elle, corrigea-t-il, amusé.
  • C'est une fille ? Elle va bien ? Jack pâlit légèrement. Elle n'était pas enceinte, au moins.
  • Non, elle n'était pas enceinte, confirma le Docteur, en l'entrainant vers le petit canapé à côté du bureau. Et elle ira bien. Elle a une patte cassée – Jack baissa la tête – et elle est secouée, mais elle ira bien.
  • C'est ma faute.. J'aurai dû..
  • Jack, non, le coupa-t-il fermement, alors que la culpabilité augmentait un peu plus encore chez son compagnon. Les accidents arrivent. Tu ne l'as pas abandonnée, tu me l'as amenée directement, tu as fait ce qu'il fallait.
  • Comme si j'allais l'abandonner ! S'exclama choqué et furieux le jeune homme.

L'expression du Docteur s'assombrit, une lueur tempétueuse apparaissant dans ses prunelles bleues.

  • C'est plus courant que tu ne le penses, malheureusement.
  • Je sais, je sais ! Mais je n'aurai jamais.. Oh, je me sens tellement mal, soupira-t-il en se prenant la tête entre les mains.
  • Je sais, répondit d'une voix basse le Docteur en lui caressant maladroitement le dos. Mais elle ira bien.
  • Elle .. Elle n'a pas de puce, hein ? Vu son état.. Ouais, je m'en doutais, soupira-t-il lorsque le plus âgé secoua la tête, irrité. Les enflures..
  • On lui trouvera une bonne maison, répondit le vétérinaire, sa voix calme apaisant peu à peu le jeune homme qui fronça les sourcils.
  • Je ..
  • Non.
  • John !
  • Non, Jack, on ne peut pas le garder, le sermonna-t-il, gentiment mais fermement. C'est un cocker, elle a besoin de place et d'espace, pas d'un appartement.

Jack bougonna, mais finit par hocher la tête.

  • Je vais appeler Donna, soupira-t-il.
  • Elle va être enthousiaste, ironisa le frère de celle-ci. Encore une autre boule de poils à surveiller.
  • Elle va l'adorer, oui ! Et les petits avec, sourit Jack, se détendant enfin. Je peux la voir ? Demanda-t-il soudain, sa voix emplie d'espoir.

Le Docteur sourit, attendri malgré lui. Jack pouvait être un tel enfant, parfois.

  • Evidemment que tu peux la voir ! Tant que tu ne la ramènes pas à la maison !

En une seconde, le capitaine s'était levé, disparaissant par la grande porte entre les deux pièces. Le Docteur sourit un peu plus, son cœur se réchauffant devant l'inquiétude du plus jeune. Il ne fut pas surpris de le retrouver en train de caresser le cocker, son nez à moitié fourré dans ses poils alors qu'il murmurait des paroles sans sens. La chienne n'était pas en reste, lui léchant la main avec vigueur et couinant de plaisir. La transformation était spectaculaire : à présent qu'elle avait été soignée, lavée et ses poils coupés, on aurait dit un nouveau chien. S'accoudant à la porte, le Docteur les fixa quelques instants, profitant du spectacle.

  • On ne peut vraiment pas la garder ?
  • Jack.
  • Pff.. Allez, viens, je t'emmène chez tata Donna, soupira celui-ci en soulevant avec délicatesse la chienne, qui aboya, enthousiaste.
  • Tu vois ? Parfait état; comme neuve ! Vaccinée, pucée, lavée, prête pour de nouvelles aventures !

Jack lui lança un sourire étincelant, la chienne roulée en boule dans ses bras.

Le cœur du Docteur manqua un battement.

Peut-être ..

Mais non, ils avaient déjà deux chats, ce ne serait pas responsable..

Peut-être que Donna la garderait ?

Jack rit, devinant clairement ses pensées.

  • Je ne peux pas être responsable si tu ne l'es pas, tu sais.
  • Oh, la paix, bougonna-t-il, avant de caresser gentiment la tête du cocker, qui aboya, toute heureuse. Ne me dis pas que tu lui as déjà donné un nom.
  • Étrangement, non, mais maintenant que tu en parles..
  • Donna.
  • Donna ? Tu es sûr ? Je ne suis pas certain qu'un tel nom lui serait de bon augure.. Hey ! Rit-il lorsque son compagnon lui décocha une tape derrière la tête.
  • Espèce de singe. Dehors.

Le capitaine rit, avant de l'embrasser. Le plus âgé huma, le serrant un instant contre lui avant de reculer, les sourcils froncés.

  • Dehors.

Cette fois, Jack ne protesta pas, lui envoyant un clin d'oeil avant de sortir du bureau, son paquet serré avec ardeur contre lui. Le vétérinaire roula des yeux, mais il souriait lorsque la porte se referma.

Jack n'était qu'un sale garnement.

Mais il était son garnement personnel.

Et n'était-ce pas fantastique ?


choup37  (14.01.2022 à 19:25)

15. Sport

 

Jack aimait le sport comme il aimait la vie : intensif, puissant, passionné, une lutte constante de tous les instants face aux contraintes de l'univers.

Rien n'était impossible, tout n'était qu'un challenge.

À lui de tendre la main pour saisir les opportunités lancées.

Un nouveau sport à tester ? Le capitaine était votre homme.

Besoin d'un partenaire ? Le jeune homme n'était que trop heureux de vous accompagner.

Jack aimait le sport comme il aimait la vie, avec passion et fureur.

Le capitaine n'avait pas tardé à démontrer son excellente capacité physique aux côtés du Docteur et Rose, les suivant sans cligner des yeux ni jamais souffler lors de leurs innombrables fuites inhérentes à leur style de vie. Jack courrait sans broncher, ni jamais finir essoufflé, à la grande jalousie de Rose et l'amusement du Docteur.

  • Pourquoi tu ne souffles jamais ? Même pas deux secondes ? Je cours tout le temps, et je finis quand même fatiguée !
  • L'entrainement, Rosie, répliqua-t-il avec un clin d'œil. Un souffle d'enfer.
  • Je vais t'étouffer, rit la blonde, ses joues rouges en même temps qu'il lui lançait un baiser.
  • Mmm … Tu devrais me faire le bouche-à-bouche pour me réveiller, la taquina le jeune homme. Ou alors lui, ajouta-t-il en désignant le Docteur, s'attirant un haussement de sourcils.
  • Merci de ne pas m'inclure dans votre danse de séduction de primates, Harkness. Et mon souffle va très bien, merci bien, commenta-t-il avec un sourire moqueur.
  • Deux cœurs, ça aide, rit Jack, s'attirant un clin d'œil.
  • Un rythme cardiaque d'enfer, moi.
  • Hé, le mien aussi est super ! Des heures à la salle de sport, ça finit par payer !

Le Docteur renifla.

  • Ce besoin de vous autres primates de vous entrainer des heures et suer comme des gorets.. Alors qu'il suffit de vivre au grand air..
  • Mais un peu d'entrainement en plus ne fait jamais de mal, répliqua son compagnon, en exhibant ses muscles, faisant rire Rose.
  • C'est clair que tu es bien loti, le taquina-t-elle en les palpant.
  • N'est-ce pas ? Viens t'entrainer avec moi, tu auras les mêmes, répliqua-t-il, son expression se faisant salace.
  • Naaaah, je vais rester sur la méthode du Doc, courir, s'amusa-t-elle, s'attirant un immense sourire de la part de ce dernier alors que Jack levait les yeux au ciel, faussement désespéré.
  • Vaincu par le vieux bougon.. On ne me croira jamais..
  • Retournez à votre salle de sport, Harkness, rétorqua avec dédain ce dernier, alors que Rose liait son bras au sien.
  • Pour que vous m'y admiriez ? Tout de suite, Doc de mon cœur, sourit-il, grivois, en attrapant son autre bras.

Sans surprise, la vision des deux hommes autour du sport était à l'opposé : là où Jack pensait entrainement, salle de sport et flirt, le Docteur préférait une version plus naturelle et quotidienne.

Ce n'était un secret pour personne qu'il aimait courir, et marcher.

Sauter, escalader des parois abruptes et nager étaient aussi inclus dans cette liste.

La version de Jack différait légèrement quant à ces activités physiques, mais elles faisaient bel et bien partie de sa liste.

Parce que oui, le capitaine tenait une liste.

  • Nage, aviron, canoé-kayak, flyboard, flyboard de l'espace, surf, surf stellaire, plongée sous-marine, voile, oh, water-polo, ce jeu était épiqueeee !

Assis autour de la console, le Docteur et Rose écoutaient Jack énumérer tous les sports nautiques qu'il avait pratiqués.

Et clairement, l'ancien agent ne mentait pas en affirmant avoir tout fait.

  • Pas la planche à voile ? Rit Rose.

Son ami cligna des yeux.

  • La quoi ?
  • Tu ne connais pas ? Oooh, Doc, il ne connait pas! Une planche, s'exclama-t-elle en imitant la forme avec ses mains, c'est plat, tu t'accroupis dessus pour monter, et il y a une barre à laquelle tu te tiens, et une voile et ça se dirige avec le vent, maman en a fait ado, c'était la grande mode !

Jack la fixa, son expression fascinée.

  • Une version ancienne du surf à voile ? Doc ?
  • Ses origines, en effet, sourit son mentor, les bras croisés, avant de rouler des yeux en le voyant tourner vers lui un regard avide. …. je ne nous emmène pas dans les années 1980 terriennes !
  • Pourquoi ? Doc ! S'exclama-t-il en se levant, surexcité à l'idée de découvrir une nouvelle activité.
  • Oh, allez, soyez cool, rit Rose en se tournant à son tour vers lui. Maman adorait ça, ça doit être super drôle.
  • Je ne suis pas certain que votre mère soit une référence, grommela le Seigneur du temps.
  • Docteur !
  • Allez, Doc !

Celui-ci soupira, avant de lever les mains au ciel.

  • Tout pour vous exposer torse nu.. Singes en chaleur, bougonna-t-il en se tournant vers la console. Qu'est-ce que vous attendez ? Allez chercher vos maillots de bain !

Il contint son sourire en voyant Jack décamper immédiatement, à la recherche de sa tenue.

  • Il va adorer, commenta Rose, souriante.
  • On ne va pas pouvoir le sortir de l'eau, roula-t-il des yeux. Vous me devez une glace.
  • Uniquement si vous vous joignez à nous, répliqua la blonde avec un clin d'œil, avant de disparaître à son tour.
  • Pour l'amour de Rassilon, grommela-t-il. Qu'est-ce qu'ils ne m'auront pas fait subir.

La vérité était que la vision de Jack était celle de nombreuses personnes dans l'univers, et pas seulement des mâles terriens.

Un comportement typique, issu bien souvent d'une éducation portée sur la survie physique et le besoin d'impressionner son partenaire.

Un fait qu'il éviterait bien évidemment d'expliquer trop haut, au risque de lancer son compagnon dans une autre danse de séduction à son égard.

Jack n'était jamais discret dans son flirt.

Le Docteur le savait, et s'en amusait.

Jack pouvait être un tel paon.

Un jeune mâle dans la force de l'âge, sûr de lui et de ses capacités, et désireux de lui mettre le grappin dessus.

Immature.

Mais attendrissant.

Il savait, bien sûr, que ses réponses faussement acides ne trompaient personne, et en particulier pas l'intéressé, qui reviendrait à la charge, bien déterminé à obtenir son dû.

Il le savait, mais il continuait, parce que c'était leur danse.

Un autre sport dans lequel le capitaine excellait.

C'était peut-être celui où il brillait le plus fort, en vérité.

Celui qui poussait le plus de monde à l'observer, fasciné.

Celui que Jack préférait, depuis toujours.

Le Docteur aurait dû avoir honte de lui répondre, mais vraiment, il n'avait jamais été un bon Seigneur du temps, et il ne commencerait pas aujourd'hui.

Lui aussi pouvait mener ce petit jeu, s'il le désirait.

Il savait parfaitement à quel point Jack le regardait, et en particulier quand il courait.

Le garnement serait toujours légèrement en retrait derrière lui, ses yeux rivés sur son corps.

Jack le taquinait sans cesse sur ses longues jambes de singe, et son souffle de poisson.

Il le regarderait manier avec fascination un arc, remonter des chemins escarpés avec une facilité humiliante, et escalader toutes les roches venues comme le chamois qu'il était.

Plus que tout, il pouvait l'observer pendant des heures entretenir son vaisseau, l'effort physique nécessaire largement suffisant en lui-même pour justifier son excellente santé.

Jack était fasciné par la constitution physique du Docteur, et son insolente facilitée à la conserver.

Lui aussi avait grandi au grand air, près de l'océan, mais il n'aurait jamais atteint une telle puissance sans entrainement. Comment diable s'y prenait le Seigneur du temps ? Sa vie au grand air était-elle, comme il l'affirmait, à l'origine de son excellente santé, ou existait-il d'autres éléments, comme son ADN?

 

*-*

Les visions de l'effort physique du Docteur et Jack s'opposaient, et se complétaient, comme toujours.

La seule chose dont ils étaient certains était que lorsque venait l'heure de courir pour s'enfuir, tous deux étaient au top de leur forme.

Et c'était peut-être bien la seule chose qui comptait, au fond.

Peu importait la méthode, tant que le résultat suivait, n'est-ce pas ?


choup37  (16.01.2022 à 12:22)
Message édité : 18.01.2022 à 21:47

16- Disney

 

  • Docteur?
  • Jack?

Appuyé contre un mur, le jeune homme regardait le Seigneur du temps travailler sur la console, son expression incertaine. Le Docteur haussa un sourcil, et se redressa, ses outils en main. Est-ce que quelque chose n'allait pas ?

Son compagnon fronça les sourcils, avant d'indiquer deux boitiers qu'il tenait en main.

  • C'est Rose … Elle n'arrête pas de me dire que ce sont des classiques de son époque, que tout le monde les a vus … Du coup, je me suis dit que j'allais y donner une chance, et je me demandais, est-ce que vous voulez vous joindre à moi ?

Le Docteur haussa un peu plus les sourcils, avant de pencher la tête pour lire les titres.

Ses sourcils allèrent se perdre dans son crâne.

  • Robin des bois et Peter Pan ? Sérieusement ? Vous voulez me faire subir des Disney ?

Jack haussa les épaules.

  • Pas certain de ce que cela donnera, mais cela ne peut pas être pire que Titanic.
  • Titanic est un classique, répliqua le Seigneur du temps, en se redressant pour le rejoindre.
  • Dites cela à celui dont l'homonyme meurt stupidement, pour sauver une jolie fille en détresse, grimaça le capitaine, avant de rire. Jack et Rose, le couple éternel ! Au moins, je peux persécuter Rosie jusqu'à la fin des temps !
  • Et elle vous le fait cher payer, sourit l'ainé avant de fixer les DVD. Du Disney … Je sens que je vais le regretter.

 

*-*

Jack avait été mitigé.

Robin des bois, Mulan, Aladdin, La Belle et la bête et Rebelle avaient vite rejoint sa liste de favoris.

La reine des neiges l'avait laissé bouleversé, la relation des deux sœurs orphelines réveillant des souvenirs douloureux chez l'ancien agent.

Raiponce avait conduit à un long débat avec le Docteur sur la violence psychologique et l'infantilisation familiale.

Le roi Lion, sans surprise, l'avait laissé en pleurs.

La Princesse Grenouille l'avait passionné pour sa description historique réaliste de La Nouvelle-Orléans des années 1920, notamment en terme de jazz. C'était aussi le premier à avoir représenté une héroine noire, un fait que Jack avait particulier apprécié.

Parce que, soyons honnête, les premiers Disney n'étaient pas exactement représentatifs en terme de .. diversité.

Blanche-Neige l'avait laissé sans voix.

La représentation sociale féminine de l'oeuvre l'avait profondément choqué, poussant le Seigneur du temps à lui expliquer le contexte historique d'alors. Le capitaine l'avait écouté avec intérêt, mais avait tout de même fini par secouer la tête.

  • J'entends ce que vous dites, Doc, mais c'est juste tellement..
  • Arriéré, compléta celui-ci en grimaçant depuis le canapé de leur salle de cinéma privée.
  • Misogyne ! C'est comme La Belle au bois dormant, sauvée par un inconnu qui l'embrasse sans son autorisation.. Jack secoua la tête. Je peux comprendre que la culture n'était pas la même à l'époque, j'ai voyagé dans le temps, j'ai vu de tout, mais il y a quand même des limites.. Je ne sais pas, je pense que c'est un choc culturel, admit-il.
  • Je ne vous blâme pas, je suis du même avis, l'approuva son ami. Walt Disney est un immense créateur, mais il demeurait un homme de son époque, empreint du machisme de son temps.
  • Je me demande à quel point ils ont influencé Rose, commenta Jack.
  • Bonne question, murmura le Docteur en se frottant le menton. Le thème de la princesse qui cherche l'amour est omniprésent, et je pense qu'on peut tous deux admettre que notre Rose est très portée sur les beaux jeunes hommes, roula-t-il des yeux.

Jack le fixa, blasé. À quel point le Docteur était-il aveugle ? Un tel manque de discernement de la part du Seigneur du temps l'effarait.

Il était évident que Rose avait trouvé son prince depuis longtemps.

Secouant la tête, il répondit, détournant le sujet, taquin:

  • Une jeune femme éprise de liberté emportée par un fou dans l'espace dans une boite plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur.. On pourrait en faire un film.

Le Docteur roula une nouvelle fois des yeux, avant de le frapper.

  • Debout, andouille. Votre cerveau de singe a besoin de prendre l'air ! Taxus V ! s'exclama-t-il en sautant sur ses pieds. Des cascades d'argent liquide ! Trois soleils dorés artificiels sous une cloche de verre !

Jack lui lança un clin d'oeil, avant de se lever à son tour, l'attrapant par la taille.

  • On me parle d'amour, Doc ? Montrez-moi le chemin !

 

*-*

  • Jack ? Jackie boy? Oooooooy ? Le Tardis au capitaine ?

L'immortel sursauta, avant de tourner la tête vers le Docteur. Celui-ci le fixait, amusé, depuis sa console où il se tenait, appuyé en avant sur ses coudes.

Jack sourit, et lui lança un clin d'oeil.

  • On me mate, Doc ?
  • Tout de suite l'autocentrisme, roula des yeux ce dernier, avant de claquer sa langue et se redresser. Qu'est-ce qui vous occupe ainsi le cerveau ? Vous avez la tête dans les étoiles, le taquina-t-il.

Jack lui décocha un sourire salace, avant d'hausser les épaules.

  • C'est juste … J'ai retrouvé cela, expliqua-t-il avant de sortir un DVD.

Les sourcils du Docteur allèrent se perdre dans la toison brune explosée lui servant de cheveux, avant qu'il ne les fronce, plissant le nez en même temps qu'il se penchait, ses lunettes tombant en avant avec lui.

  • La Belle et la bête ? Où ..
  • Mon ancienne chambre..
  • Que .. Oh, marmonna le Docteur en se mordillant la lèvre, avant de se passer la main dans les cheveux, gêné.

Déjà, des souvenirs d'un autre-temps se rappelaient à lui.

Jack haussa de nouveau les épaules.

  • Elle n'arrêtait pas de me dire qu'elle trouvait que notre vie était celle d'un conte de fées, sourit-il doucement, son expression mélancolique. Une boite magique tombée du ciel trop grande pour être vraie, des aventures délirantes, un homme merveilleux mais inaccessible..
  • Oy !

Le Docteur fronça les sourcils, son expression se refermant, comme à chaque fois que l'on évoquait Rose, avant qu'il ne soupire.

  • Notre vie est loin est loin d'être un conte de fées, Jack.
  • Clairement, approuva brutalement l'immortel. Quoique, vous feriez un beau prince, et moi, une sacrée bête. Ou peut-être Quasimodo, murmura-t-il pensivement, alors que le Docteur le fixait, choqué.
  • Jack ! Vous ne .. Ne parlez pas ainsi !

L'intéressé haussa les épaules, clairement peu concerné.

  • C'est ce que je suis, Doc.
  • Non ! Vous .. Le Docteur fronça les sourcils, avant de se mordre la lèvre, irrité, et se diriger vers lui. Jack, intima-t-il en le saisissant par les épaules. Vous êtes toujours un prince. Un magnifique prince, ajouta-t-il avec un clin d'oeil et un sourire jovial.

Jack lui rendit son sourire, mais celui-ci n'atteignit pas ses yeux.

  • Si vous le dites, Doc. Damn, je comprends mieux la fascination de Rose pour les Disney, maintenant.. Même s'ils sont naifs.. Ils ont une innocence qui me manque.
  • Ooooh, qu'entends-je? Le terrible capitaine Jack Harkness, innocent ? Commenta le Docteur, un large sourire aux lèvres, avant de claquer sa langue.

Cette fois, le sourire grivois de son compagnon était sincère.

  • Il fut un temps où je l'ai été, vous savez, Doc, s'exclama-t-il avant de l'attraper par la taille, souriant quand le Seigneur du temps le repoussa avec un clin d'oeil.
  • Et par Rassilon, si je n'aurai pas aimé voir ça ! Il roula des yeux lorsque l'immortel revint à la charge, et sauta en arrière. Vous, innocent ? Vous êtes intenable !
  • Et vous m'aimez ainsi, le taquina Jack, avant d'attraper sa main pour l'embrasser.

Sa cible fronça les sourcils, mais ne recula pas.

  • Et qu'est-ce que cela fait de moi ? Une princesse ?
  • Naaaaah, vous êtes clairement Peter Pan, répliqua Jack.
  • Oy ! Hé, quoique, murmura le Docteur, pensif, avant de se frotter le menton. Peter Pan ? J'aime Peter Pan, sourit-il. Libre, sans règle..
  • Insolent..
  • Oy !
  • Voleur de jeunes filles … L'homme de ces dames..
  • Oy !
  • Des garnements en compagnons...
  • ça c'est vrai, pesta-t-il en le frappant, s'attirant un autre clin d'oeil.
  • Le voyageur éternel des étoiles...

Cette fois, le Docteur lui rendit son clin d'oeil, avant de se diriger vers les portes de son vaisseau, qu'il ouvrit en grand.

Dehors, l'éternel spectacle des étoiles les attendait, spectaculaire.

  • Elle n'avait pas tort, vous savez, murmura le capitaine en le rejoignant, ses mains dans les poches. Notre vie est bien celle d'un conte de fées. Simplement, ce n'est pas un Disney. Davantage la version originale de Perrault, ou des frères Grimm.

Le Seigneur du temps haussa un sourcil, avant de le fixer depuis ses lunettes.

  • Tant de culture, Jack. Je ne vous savais pas fan de contes.
  • J'ai appris, répliqua ce dernier en haussant les épaules. J'ai eu le temps.
  • Je suis désolé, murmura le Docteur en sentant une nouvelle pointe de culpabilité le frapper.
  • Il y a une once de vérité dans chacun de ces récits.. Une morale.. Quelque chose à apprendre.. Walt Disney avait ses défauts, mais il avait retenu ce point.
  • Et qu'en retenez-vous, capitaine ? Commenta le Docteur, en le fixant, pensif.

Jack lui lança un regard, avant de sourire, glissant sa main contre la sienne.

  • Que les suites ne sont pas toujours mauvaises, et que si la Bête a eu droit à sa rédemption, alors même les princes ont droit à une seconde chance.

Le Seigneur du temps se mordit la lèvre, avant de détourner la tête, une vague d'émotion le frappant.

À coté de lui, l'immortel secoua la tête, son sourire toujours aux lèvres.

La vie n'était pas toujours un conte de fées.

Mais elle n'était pas toujours non plus un cauchemar.

Parfois, il fallait juste la prendre au fur et à mesure, sans se poser de questions.

Parfois, le prince pouvait commettre de terribles erreurs.

Parfois, il pouvait perdre toutes ses qualités aux yeux de son aimé.

Parfois, c'était à celui-ci de tendre la main, et pardonner.

Les Disney étaient une marque de leur époque, et Jack les avait tous vus.

Il connaissait chacune de leur morale par cœur.

Il avait déjà perdu de nombreux princes et princesses.

Il avait vu son cœur se briser trop de fois pour les compter.

Il n'avait pas peur d'attendre que son roi soit prêt.

Un jour, peut-être..

Jack l'attendrait.


choup37  (18.01.2022 à 21:12)
Message édité : 18.01.2022 à 21:56

17.Je ne te crois pas

 

Notes : références aux épisodes Last of the Time Lords, Voyage of the damned, The Doctor's daughter

 

  • Revenez avec moi, sur le Tardis, voyagez avec moi.

Le sourire du Docteur est large, son expression presque joviale.

Jack a envie de le frapper.

Après tout ce qu'ils ont enduré, le Docteur a le culot de lui demander de revenir ?

Après l'avoir abandonné ?

L'avoir insulté ?

Lui avoir tourné le dos ?

Leur avoir préféré l'autre monstre de Seigneur du temps ?

Il veut que Jack revienne avec lui ?

Qu'est-il pour lui ?

Une blague ?

Un caprice?

Une occupation ?

Une honte à cacher, à gérer ?

Je ne te crois pas.

C'est sans regret qu'il rentre chez lui, à Cardiff. Ses amis et employés ont énormément de reproches à lui faire, mais au moins sont-ils sincèrement heureux de le revoir.

C'est plus que ne peut lui offrir le Docteur.

 

*-*

Un mois à peine passe avant que le téléphone du capitaine ne sonne de nouveau. Il est tard et la nuit est tombée depuis longtemps sur le Hub. Comme toujours, Jack est réveillé, son horloge interne détraquée depuis longtemps par le vortex qui l'habite depuis 150 ans.

Fronçant les sourcils, il saisit son portable, le fixant avec inquiétude. Peu de gens connaissent ce numéro de téléphone, et aucun ne correspond aux chiffres s'affichant.

Haussant les épaules, il décroche, sa voix froide :

  • Qui est-ce ?
  • Jack ! Jackie boy ! Est-ce une façon de parler à un vieil ami ? Je suis vexé !
  • Docteur ? S'étonne-t-il. Comment avez-vous eu ce numéro ?

Il peut presque sentir l'indignation du Seigneur du temps émaner des touches.

  • Vous pensez vraiment que votre système de communication primaire peut bloquer le Tardis ? Tsk tsk !

Malgré lui, Jack sent un sourire étirer ses lèvres.

Le Docteur a toujours été une boule d'énergie, et cette nouvelle version semble encore davantage incontrôlable.

  • Déranger les bonnes gens au milieu de la nuit, Doc ? En quel honneur ? Ironise-t-il, avant de froncer les sourcils. Que se passe-t-il ?
  • Rien ! Rien ! Je voulais juste.. Vous savez.. Prendre des nouvelles, m'assurer que tout va bien..

La voix du Seigneur du temps s'éteint légèrement sur les derniers mots.

Jack contient un soupir.

Le Docteur l'appelle lui, parce qu'il n'a personne vers qui se tourner.

Martha est partie, Rose est toujours perdue, et ..

  • Toujours pas de nouveau compagnon, hum ?
  • Pourquoi est-ce que vous assumez cela directement ? S'indigne le Docteur, sa voix partant dans un couac.

Jack hausse les épaules, même si l'autre homme ne peut pas le voir.

  • Quelle autre raison pour m'appeler moi ?
  • Je ne peux pas contacter un ami ?

Jack ne prend même pas la peine de répondre. À l'autre bout du fil, le silence se fait pesant un instant, avant que le Seigneur du temps ne murmure finalement, sa voix adoucie et inquiète :

  • Je voulais savoir comment vous alliez.
  • Je vais bien, réplique-t-il aussitôt.

Je ne te crois pas, pense le Docteur.

Jack ne peut pas aller bien.

Pas après tout ce qu'il a enduré à cause de lui.

Mais déjà, l'immortel hausse les épaules, et ajoute, sa voix plate :

  • Bonne nuit, Docteur.

La bouche du Seigneur du temps s'ouvre aussitôt pour répondre – l'arrêter, le stopper, lui dire qu'il est désolé, de revenir, n'importe quoi, vraiment, pour l'empêcher de ..

Clic.

Les épaules du Docteur s'affaissent, en même temps qu'il fixe son téléphone, les cœurs serrés.

Jack ne veut pas le voir.

Pourquoi le voudrait-il, vraiment ?

Il n'a rien fait pour le retenir.

Autour de lui, les lumières dorées clignotent doucement, en même temps qu'il fixe sa console, le regard vide.

Il n'a pas besoin de Jack.

Je ne te crois pas, murmure cette part insidieuse de son esprit qu'il déteste entendre.

C'est bien pour cela qu'il la fait taire brutalement, avant de lancer au hasard une nouvelle destination.

 

*-*

Jack ne prête même pas attention au numéro lorsque son téléphone sonne. Il décroche sans réfléchir, sa voix suave lorsqu'il commente :

  • Capitaine Jack Harkness. Que puis-je pour votre bon plaisir ?
  • Jack.

L'immortel se fige, attirant l'attention de son équipe.

  • Jack ? S'inquiète Ianto.

Ce dernier se détourne, sa voix tendue lorsqu'il peste :

  • Doc ? Qu'est-ce qu'il y a ? C'était vous, le Titanic ? C'était un sacré bazar, votre truc ! La prochaine fois, vous éviterez de viser ma planète, merci !

Il peut presque voir l'autre immortel sourire.

  • Désolé. Et je vais bien, merci.

Il y a quelque chose de faux dans sa voix, quelque chose d'anormal, une tension sous-jacente que le capitaine ne connait que trop bien.

Il y a eu des morts.

Beaucoup de morts.

Le Docteur n'a pas pu les empêcher.

Et comme toujours, la culpabilité le ronge.

Poussant un soupir, il se redresse, avant de s'appuyer contre une table :

  • Qu'est-ce que vous voulez, Doc ?
  • Doc ? Docteur ? Ton Docteur ? S'exclame Gwen, en même temps que le reste du groupe se tend.

Jack bat la main, s'attirant un regard indigné.

À l'autre bout du fil, le Docteur fronce les sourcils.

  • C'est votre équipe que j'entends ? Je connais cette voix.. Pourquoi pensez-vous que je veux forcément quelque chose ? S'indigne-t-il.
  • Vous m'appelez en pleine journée, vous pensez que je suis où ? La Terre vient de manquer d'être détruite, roule des yeux le capitaine. Et vous ne m'appelez que pour un service. Alors allez-y, dites-moi, commente-t-il à voix basse, cachant difficilement son amertume.

Autour de lui, le silence est de plomb alors que le reste du groupe feint de continuer à travailler sur le nettoyage des dégâts collatéraux provoqués par l'immense vaisseau nucléaire.

À l'autre bout du fil, le silence règne également pendant d'interminables secondes, avant que la voix du Docteur ne résonne de nouveau, calme et autoritaire :

  • Il y a un homme, à Londres. Un homme de bien. Un guide. M.Copper. La soixantaine, excentrique, un million de ponds dans les poches.

Jack hausse un sourcil à ce dernier commentaire.

  • Laissez-moi deviner. Il n'est pas du coin.
  • Et il mérite une vie tranquille. Veillez sur lui, pour moi.
  • Aucun problème avec cela, sourit Jack. Sa voix s'adoucit légèrement lorsqu'il ajoute : Doc ? Est-ce que vous allez bien ?
  • Je vais toujours bien, capitaine.

Je ne te crois pas.

 

*-*

Jack sent littéralement son cœur s'arrêter lorsqu'un son bien connu résonne dans le Hub, une soirée tardive d'automne.

Il est sur ses pieds avant que le vent provoqué par le vaisseau ne finisse de faire tomber les papiers soigneusement rangés par Tosh.

Son cœur bat la chamade alors qu'il regarde la porte du vaisseau s'ouvrir, un long manteau brun familier apparaissant dans l'embrasure.

Lui et le Docteur ne se sont pas parlés depuis des mois.

Entre eux, le fossé semble s'agrandir de jour en jour, la rancoeur et le chagrin accumulés semblant impossibles à dépasser.

Pourtant, ce soir, c'est vers l'immortel que se tourne le Seigneur du temps.

Peut-être, Jack comprendra-t-il.

Qui d'autre pour l'écouter ?

Donna est une excellente oreille, mais le capitaine est.. à part.

Jack a vécu.. certaines choses.

Et c'est cette expérience qui indique à celui-ci à quel point le Seigneur du temps est dévasté.

Son sourire est celui que lui-même porte après une autre de ses morts, son expression joviale celle qu'il emploie pour rassurer ses amis après une mission compliquée.

Les épaules du Docteur sont tendues, ses mains enfoncées dans ses poches pour dissimuler leur tension.

Quelque chose de noir brille au fond de son regard châtain.

Quelque chose de dangereux.

La Tempête qui couve sous ce manteau n'est pas loin d'exploser.

  • Docteur, le salue-t-il, sa voix posée, ses propres mains enfoncées dans ses poches.

Ce dernier l'étudie du regard, notant sa chemise bleu pale et la manière dont Jack l'a repliée, comme toujours, au niveau de ses coudes.

L'ombre d'un sourire traverse son visage pendant un instant.

  • Capitaine.
  • Que puis-je pour vous ?

Le Seigneur du temps regarde autour de lui, tendant de trouver une distraction lui permettant de s'éloigner de la vraie raison de sa venue.

  • Magnifiques locaux que vous avez là. Très .. rétro.

Jack lui lance un clin d'oeil.

  • Je vous en fais la visite autant de fois que vous le désirez. Son sourire tombe. Une fois que vous m'avez dit la raison de votre venue.
  • Ai-je besoin d'une raison pour venir ? Le capitaine se contente de le fixer, silencieux. Le Docteur sent ses épaules s'affaisser. Je voulais juste.. Je pensais.. J'espérais.. Oh, tant pis, murmure-t-il en se détournant, déjà prêt à s'enfuir.

Une main ferme sur son bras le stoppe sur place.

  • Doc.

La voix de l'immortel est calme, posée, presque douce. Le Docteur ferme les yeux, alors que Jack se rapproche, inquiet.

  • Dites-moi.

Les épaules du Seigneur du temps s'affaissent davantage.

  • Je voulais juste.. Lorsqu'il se tourne vers lui, c'est avec le poids de toutes les siècles vécus et pertes subies inscrits dans son regard. J'ai perdu..

Jack soupire.

Il le savait.

  • Venez.
  • Je ne veux pas..

Mais déjà, le capitaine lie son bras au sien, l'entrainant vers son bureau. Le Docteur se laisse faire en silence, regardant autour de lui malgré tout, fasciné. Ce n'est que plusieurs heures plus tard, passées à boire du thé et écouter Jack lui décrire les travaux menés pour aménager les lieux – ils ont un ptérodactyle, le Docteur n'a pas pu cacher sa jalousie, comment est-ce que Jack a pu trouver un ptérodactyle ?! - que le Seigneur du temps murmure finalement, ses yeux rivés dans sa tasse :

  • Est-ce que vous avez des enfants, Jack ?

Son ancien compagnon se fige immédiatement, un masque tombant sur son visage.

  • Pourquoi?
  • Est-ce que vous en avez ?

Jack ne répond pas, mais ses yeux se posent inconsciemment vers un tiroir de son bureau, là où il garde sa malle personnelle.

Le Docteur hoche la tête.

  • Un sujet privé. Bien sûr. Je suis désolé.. Je n'aurai pas dû.. Il soupire, et fixe sa tasse. J'ai été père, autrefois. D'un geste distrait, il fait tourner sa cuillère, alors que Jack le fixe, avalant du mieux qu'il ne le peut la bombe lancée. Ils sont tous.. La voix du Docteur s'éteint. Je pensais que.. Et puis elle est apparue.. Je ne voulais pas.. Mais elle l'était.. Elle était ma fille, souffle-t-il, une lumière s'éteignant dans son regard au souvenir de Jenny.

Il entend sans le voir Jack inspirer brutalement, avant que son ami ne se lève, contournant le bureau pour se diriger à grands pas vers lui. Il ne peut retenir sa soudaine tension lorsque l'immortel le prend dans ses bras, la brulure provoquée par le vortex presque impossible à supporter.

Étrangement, cependant, le chagrin qu'il ressent à la perte de sa fille rend la douleur presque supportable.

Contre lui, Jack esquisse un sourire amer, avant de murmurer :

  • Je suis désolé, Doc.

Celui-ci ferme un instant les yeux, avant de le repousser à bout de bras, le fixant en fronçant les sourcils.

  • Je ne suis pas une chose fragile, capitaine.
  • Mais vous pouvez apprécier un câlin comme tout le monde, réplique ce dernier, avant de l'attirer de nouveau contre son torse bien malgré lui.
  • Je ne suis pas une peluche, Jack, peste-t-il, mais sa voix est faible même à ses oreilles. Je vais bien !

Son compagnon se contente de le serrer un peu plus fort.

Je ne te crois pas.

Le Docteur roule des yeux, peste, rage, proteste, mais il finit par se laisser tomber contre le corps chaud et apaisant à disposition.

Pendant quelques instants, l'enfer qu'est son cerveau s'apaise.

Autour de lui, la lumière de l'immortel brille, puissante et féroce, repoussant les démons occupant son esprit.

Le Docteur esquisse un sourire amer.

Peut-être, lui reste-t-il quelque chose à partager avec le capitaine, finalement


choup37  (18.01.2022 à 21:51)
Message édité : 18.01.2022 à 22:01

18.Agacement

 

  • Vous faites cela à tout le monde ? Parce que ça ne va pas durer, je peux vous le dire !

Le Docteur roula des yeux, avant de suivre un Jack furieux dans le Tardis. Celui-ci le fusilla du regard.

  • Je ne vois pas de quoi vous parlez, capitaine.
  • Oh, bien sûr, vous ne savez pas ! Me prendre pour un débile !

Le Seigneur du temps fronça les sourcils, avant de se diriger vers la console du vaisseau. Sans regarder son compagnon, il commença les gestes rituels, lançant le Tardis dans le vortex. Jack le regarda faire, fasciné malgré sa colère. Il n'était présent que depuis peu de temps sur le vaisseau, et le spectacle le laissait toujours sans voix. Ses yeux suivaient chaque mouvement du Seigneur du temps, chaque geste, chaque seconde de ce qui était un des spectacles les plus fantastiques qu'il ne connaisse.

Le Docteur prit son temps, cherchant ses mots, tournant et poussant leviers et boutons, reculant la confrontation à venir le plus longtemps possible.

Un Seigneur du temps, à la recherche désespérée de celui-ci.

Le résumé de sa vie.

Soupirant, il poussa un dernier levier, sa silhouette immense penchée par-dessus la console semblant s'agrandir lorsqu'il se redressa finalement, faisant face à Jack.

  • Je ne vous prends pas pour un débile, Jack ; au contraire.
  • Au contraire ? Qu'est-ce que cela veut dire, au contraire ? Parce que d'où je me tiens, c'est à cela que cela ressemble !

Le jeune homme le fixait, son expression clairement blessée.

Le Docteur lâcha un nouveau soupir, avant de s'appuyer contre une colonne et croiser les bras.

  • Je prends soin de mes compagnons, Jack.
  • En les tenant en laisse ? Ça passe peut-être avec Rosie, Doc, mais je ne suis pas un gosse !

Le Docteur fronça un peu plus les sourcils, irrité.

  • Ne la mêlez pas à cela, Jack !
  • Pourquoi ? Cela frappe trop au cœur ? Vous n'aimez pas entendre la vérité ? Cela fonctionne avec une ado, mais pas moi !
  • Je ne vous tiens pas en laisse, capitaine ! S'exclama le Docteur, bouleversé.
  • Vous ne me laissez pas m'éloigner ! Vous râlez dès je ne vous suis pas ! Je ne suis pas votre chien ! Je sais me débrouiller seul, Docteur ! Je l'ai fait des années, je n'ai pas besoin de vous pour veiller sur moi !
  • Ce n'est pas.. Oh, Jack, soupira-t-il, sa colère retombant en même temps qu'il comprenait enfin d'où venait le malentendu. Je ne remets pas cela en cause, garçon.. Je sais à quel point vous êtes débrouillard et indépendant, rappela-t-il gentiment.
  • Mais vous ne me faites pas confiance, répliqua ce dernier, toujours blessé.
  • Si ! Bien sûr que si ! Mais je ne.. Ooooh, grogna-t-il en se redressant brusquement, irrité par sa propre incapacité à s'exprimer dans les moments les plus importants. Pourquoi est-ce que tout est tellement difficile avec vous autres ?!
  • Parce que c'est ma faute ? S'exclama Jack, furieux.
  • Oui ! Non ! Je.. Oooh, pesta-t-il de nouveau en secouant la tête, avant de s'appuyer sur la console, lui faisant face. Je ne suis tellement pas doué pour cela, se marmonna-t-il à lui-même.

Malheureusement pour lui, Jack l'entendit, et roula des yeux, croisant ses propres bras.

  • Je confirme. Il fronça les sourcils devant l'expression défaite du plus âgé, et soupira. Temps mort. Recommencez depuis le début. Qu'est-ce que vous essayez de me dire avec si peu de talent ?

Les lèvres du Seigneur du temps s'étirèrent en un fin sourire amer, avant qu'il ne secoue la tête.

  • Ce n'est pas vous, Jack.. C'est juste.. Cette vie.. Elle n'est pas sure.
  • Évidemment qu'elle ne l'est pas, c'est le principe de voyager dans l'espace, répliqua amusé le capitaine, mais le Docteur secoua la tête.
  • Vous êtes ma responsabilité, Jack. Une fois que vous montez ici, ce qui vous est arrive est de mon fait.

L'ancien agent haussa un sourcil à ces mots.

  • Non.
  • Bien sûr que si !
  • Non ! Je choisis ce que je fais, Doc ! Je suis un adulte, je fais mes propres choix !
  • Vraiment ? Parce que vous n'essayiez pas de m'impressionner, tout à l'heure, en séduisant le prince le plus bougon du royaume ?

Jack sentit sa bouche se refermer avant même qu'il ne l'ait ouverte.

Il détourna la tête, gêné, une rougeur soudaine envahissant ses joues.

Touché.

Cela n'avait même pas été conscient. Jack passait son temps à flirter avec tout le monde, sans limite ou arrière-pensées. C'était simplement qui il était, et comment il fonctionnait. Cela n'avait fait qu'empirer depuis qu'il était arrivé sur le Tardis, cependant, le besoin de prouver sa valeur au Seigneur du temps se mêlant à l'amusement de le taquiner. Le Docteur roulerait des yeux, grommelant dans sa barbe à propos des stupides singes, mais le suivrait des yeux, son regard puissant ne le quittant pas une seconde.

Peut-être n'était-ce pas la meilleure manière de prouver son intelligence au Seigneur du temps.

Mais c'était le seul domaine dans lequel le capitaine avait la sensation d'exceller face à lui.

Le Docteur secoua la tête, agacé.

  • Non content d'être immature, c'est aussi totalement stupide. Je sais qui vous êtes, capitaine, de quelle époque vous menez, quelle éducation vous avez reçue. Vous n'avez pas besoin de faire le singe pour attirer mon attention. Il soupira, irrité. Vous pensez tous que vous avez besoin de prouver votre valeur, que vous méritez de monter à bord.. Mais ce n'est pas le cas. Je ne vous aurai pas laissé nous rejoindre si vous ne le méritiez pas.
  • Je ne le méritais pas, marmonna le jeune homme, alors que le souvenir de leur rencontre se rappelait à lui.

Le Docteur fronça les sourcils, avant de remonter la distance les séparant en quelques pas. Jack détourna un peu plus la tête lorsque le Seigneur du temps s'arrêta face à lui, avant d'agripper fermement son épaule.

  • Regardez-moi.

Celui-ci obéit immédiatement, son expression misérable rencontrant des yeux bleus au fond desquels semblaient naitre des tempêtes.

  • Tout le monde fait des erreurs, capitaine. Tout le monde, même moi, surtout moi, insista-t-il, avant de sourire. Un vrai bougon asocial, moi. Incapable de m'exprimer correctement quand c'est important.

Jack renifla à cela, avant de secouer la tête.

  • J'ai manqué détruire la Terre, Doc, souffla-t-il.
  • Et cela n'a pas été le cas. Vous avez réparé votre erreur, vous nous avez sauvés, c'est tout ce qui compte. C'est tout ce qui compte, Jack, insista-t-il devant le regard dubitatif de ce dernier. Vous pensez que je n'ai pas fait d'erreurs ? Que Rose n'en a pas fait ? Vous n'avez pas idée de toutes les fois où j'ai manqué tout détruire, garçon.
  • Mais la Terre..
  • La Terre va bien, le coupa-t-il brusquement, avant de soupirer devant son expression. Je sais. Cela va vous hanter longtemps. Mais vous mettre stupidement en danger pour tenter de prouver votre valeur n'aidera pas.
  • Je ne..
  • Si. Il le secoua par l'épaule, agacé. Ne me prenez pas pour un bleu, Jack. C'est à moi que vous parlez. Et je vous dis que vous n'avez pas besoin de cela. Je n'ai pas besoin d'un autre mort sur les bras, grogna-t-il, irrité.

Il regretta ses mots immédiatement, le sentiment d'en avoir trop dit l'envahissant brutalement. Mais il était trop tard pour revenir en arrière, les yeux de Jack s'étaient écarquillés, une soudaine compréhension traversant en un clair ces prunelles bleues trop intelligentes pour leur propre bien.

  • Un autre mort, hein ? Murmura-t-il en le dévisageant, sa voix profonde prononçant chaque mot avec lenteur alors qu'il le fixait, relevant sa soudaine raideur et le masque retombé sur son visage. J'aurai dû m'en douter.. Ce n'est pas en moi que vous n'avez pas confiance, c'est en vous.

La bouche du Docteur s'ouvrit, avant de se refermer.

Avant que le capitaine n'ait pu ajouter quelque chose, le Seigneur du temps avait disparu, s'enfuyant dans les profondeurs des moteurs sous la console.

Jack soupira, avant de secouer la tête.

Fantastique.

D'une démarche misérable, il se dirigea vers le couloir, se préparant à une longue soirée seul.

 

*-*

Toc toc toc.

Le capitaine haussa un sourcil, et releva la tête, quittant un instant des yeux l'écran 6D pour fixer l'ombre du Seigneur du temps, appuyé contre le chambranle de la porte. Celui-ci se mordit la lèvre, avant de fixer l'immense écran sur le mur, et les images projetées au milieu de la pièce.

  • Thor 3 ? On se refait les classiques, capitaine ?

Le jeune homme haussa les épaules.

  • C'est le meilleur. Vous comptez vous asseoir ou vous appréciez juste de me pourrir la vie ?

Le plus âgé roula des yeux, avant de se mordre la lèvre. Au prix d'une immense claque mentale, il se redressa, se dirigeant lentement vers lui et le rejoignant sur le canapé noir. Jack lui lança un regard, notant la tension dans les épaules du Docteur, et la manière dont il luttait pour ne pas tordre ses mains.

Contenant un sourire, il se rapprocha de lui, se collant ostensiblement au plus âgé qui se raidit, avant de se détendre. Jack roula des yeux, avant de relancer le film, se réenfonçant confortablement dans les coussins.

Il n'eut pas à attendre bien longtemps. Vingt minutes, quinze secondes et trente-trois millièmes plus tard, la voix du Docteur souffla, tendue :

  • Je suis constamment sur votre dos, parce que vous êtes des aimants à ennuis. Je ne peux pas vous laisser seuls sans risquer de vous retrouver menacés de mort.. ou de mariage. Un léger sourire étira ses lèvres à cette pensée, avant qu'il ne fronce de nouveau les sourcils, son angoisse évidente. Vivre avec moi.. C'est accepter ce danger. C'est vivre à tout allure, sans jamais s'arrêter, sans jamais se retourner. C'est fantastique – Il sourit – mais cela se termine toujours de la même manière. Vous cherchez tous à m'impressionner, me plaire, comme si vous en aviez besoin, comme si c'était un jeu, mais ce n'est pas un jeu, vous n'êtes pas immortels, et je ne veux pas.. Je ne veux plus..

Il s'interrompit, sa voix se brisant alors que des flashs de la Guerre envahissaient ses yeux. Sans un mot, Jack se redressa, abandonnant le film pour le prendre dans ses bras. Le Docteur se raidit instantanément, mais le capitaine insista, le serrant contre lui avant de murmurer :

  • Je suis désolé, Docteur. Je serai plus prudent. Vous n'aurez jamais mon cadavre dans les bras, je le promets.
  • Vous ne pouvez pas en être certain, souffla ce dernier en se laissant tomber contre lui, cherchant désespérément sa chaleur – humain, si humain, si vivant, en vie, Jack était en vie, il était là, avec lui, il était en vie..
  • On finit tous par mourir un jour, Doc. Mais ce ne sera pas pour tout de suite. J'ai trop à voir, répliqua son compagnon avec un large sourire dissimulant son inquiétude pour son ami et mentor.

Celui-ci ferma les yeux un instant, luttant contre les démons qui envahissaient son esprit.

Les bras de Jack se refermèrent plus fermement autour de lui, le pressant contre son torse chaud.

  • Vous n'êtes pas seul, Doc. Je suis là, Rosie est là. Et on ne vous lâchera pas. Stupide alien, pesta-t-il, furieux contre le destin qui avait ainsi abimé son ami. Aucun de nous ne vous laissera, jamais.

Le Docteur contint un sourire triste.

La foi dans la voix de Jack était si forte, il ne voulait pas le blesser en lui prouvant combien il avait tort.

  • Oy! Pesta-t-il lorsqu'une main le frappa à l'arrière du crâne.

Son compagnon le fixait, agacé.

  • Je sais ce que vous pensez. Et vous avez tort. Le jeune homme lui décocha un clin d'oeil, assorti de son sourire ravageur. Vous êtes coincé avec moi. Autant en profiter.

Le Docteur roula des yeux, avant de renifler, hautain.

  • J'imagine qu'il y a pire.
  • Oooh, dur et cruel.. Mon si beau prince..

Un nouveau roulement de yeux, suivi d'un sourire.

  • Morveux.
  • Méchant !
  • Vous comptez remettre ce film, ou je dois faire tout le travail ?

Jack lui lança un sourire étincelant, avant de se rouler en boule contre lui, son bras toujours enroulé autour de ses épaules.

  • Pour vous, Doc de mon cœur ? Je ferai n'importe quoi.

choup37  (18.01.2022 à 22:04)

Dieu

 

Jack laissa s'échapper un sanglot.

Face à lui, le visage de Rose était aussi blanc que la mort en train de la dévorer.

Personne dans le village ne savait comment la soigner ; l'hiver était trop dur, trop froid, et Rose était tombée malade, le rhume se transformant rapidement en quelque chose de beaucoup plus dangereux et terrible.

Jack laissa s'échapper un sanglot.

Il ne savait pas quoi faire.

Est-ce que Rose allait mourir ?

Malgré lui, le jeune homme leva les yeux vers le plafond.

Il n'avait jamais été un grand croyant. L'ancien capitaine avait vu trop de choses depuis son enfance et son service dans l'armée pour croire à l'existence d'êtres magiques surnaturels. Rose le taquinerait souvent à ce sujet, lui demandant en quoi il croyait, s'il ne croyait en rien. Jack secouerait la tête.

  • Je ne crois pas en rien, Rose, je crois en ce que je vois, répliquerait-il. En toi, en moi, ajouterait-il en prenant sa main pour l'embrasser, la faisant rire.
  • Tu n'es qu'un charmeur, capitaine !
  • Et tu es tombée sous mon sortilège, répondrait-il en lui faisant un clin d'oeil, la faisant rire encore plus fort.

Un sortilège, ou un charme, Jack ferait n'importe quoi pour en trouver un qui guérirait la blonde en cet instant.

Un sanglot lui échappa.

  • Pour elle.. S'il vous plait.. Elle ne mérite pas.. Rose.. S'il vous plait..

Sans surprise, la maison demeura silencieuse, le son du feu le seul bruit résonnant dans la pièce.

Le capitaine secoua la tête, une vague d'amertume le saisissant. Qu'avait-il cru ? Les dieux n'existaient pas, ils avaient disparu depuis longtemps, tout le monde le savait.

Il était seul, comme toujours.

Jetant un regard inquiet à Rose, il se redressa, à la recherche d'une nouvelle couverture.

Un cri lui échappa alors qu'il découvrait une ombre près du feu.

Son épée était dans sa main en un instant, un sifflement épuisé lui échappant alors qu'il se relevait pour faire face à l'intrus. Ce dernier roula des yeux, et l'épée disparut, au grand effroi de l'humain.

  • La violence, toujours. Vous autres singes n'apprendrez donc jamais.
  • Que .. Qui..

Le nouveau venu secoua la tête, avant de se rapprocher, sa démarche tranquille mais imposante faisant reculer Jack, et se placer entre lui et Rose. L'homme roula de nouveau des yeux, avant de le repousser, sa main plongeant dans sa veste de cuir pour en sortir un étrange outil allongé.

Veste de cuir ?

Malgré lui, le jeune homme sentit sa bouche s'ouvrir en grand en voyant l'homme s'accroupir à coté du lit, son expression intense en même temps qu'il étudiait la malade. Un geste de la main et l'objet vibra, un son aigu résonnant dans la petite pièce.

  • Pneumonie... Je m'en doutais.. Vous autres singes et votre manie de sortir dans le froid.. Elle est dans un état, grogna-t-il, avant de fusiller Jack du regard, comme si c'était sa faute.

Son expression s'adoucit légèrement en découvrant le regard perdu et paniqué de l'humain. Ce dernier avait serré les poings, ses yeux bleus brillant de rage et peur.

  • Elle ira bien, Jack.
  • Que .. Qui êtes-vous ? Comment est-ce que vous êtes entré ? La porte est fermée !

Un nouveau roulement de yeux exaspéré, comme si Jack était un enfant particulièrement lent à comprendre les évidences.

  • Incapable de voir ce qui est sous son nez.. Je ne suis pas rentré par la porte, Jack.
  • Comment, alors ? Et qui vous a dit mon nom ?!
  • Par Rassilon, et il a été capitaine.. Employez votre cerveau, Jack, le sermonna-t-il. Les faits, basez-vous sur les faits !

Jack le fusilla du regard, mais ne bougea pas, le regardant étudier Rose avec son étrange objet.

Malgré lui, sa gorge s'assécha.

Il émanait de l'inconnu quelque chose.. de différent.

Presque .. divin.

Mais c'était impossible, n'est-ce pas ?

L'homme ne pouvait pas être.. Mais il était apparu de nulle part, et il avait cet outil magique, et Jack avait prié..

  • Docteur?

Un sourire soudain apparut sur les lèvres du plus âgé, un tourbillon doré étincelant quelques instants dans ses prunelles bleues.

  • En personne ! Le premier, et l'unique !

Jack se sentit défaillir.

Le dieu de la Médecine, chez lui ?

Le.. Dieu.. de la Médecine ?

Un tremblement violent le saisit, et il serra les poings, inspirant profondément pour contrôler sa panique. Sans même le regarder, le Docteur ordonna de sa voix grave:

  • Assis.
  • Je ..
  • Je n'ai pas besoin d'un singe entre les pattes lorsque je travaille, ni d'un abruti qui me fait un malaise et m'en rajoute. Assis.

Jack se sentit tomber sur le sol.

Le Docteur n'avait pas élevé la voix, mais la pression émanant de chacun de ses mots était telle que l'humain ne pouvait que lui obéir.

  • Pourquoi? Souffla-t-il, en même temps que le Docteur continuait à travailler, marmonnant dans sa barbe des paroles incompréhensibles en même temps qu'il auscultait Rose, la palpant avec une surprenante délicatesse.

L'homme – ou plutôt le dieu, et comment était-ce possible, personne ne le croirait jamais – lui lança un regard plat.

  • Vous avez appelé.
  • Mais je ..
  • Ne pensai pas que je viendrai. Je sais, commenta-t-il amèrement. Pas un grand croyant, hein ? Jack détourna la tête. Je sais. Moi non plus. Il haussa les épaules devant le regard surpris de l'humain, en même temps qu'il fouillait dans sa poche. On ne vous apprend rien, à l'école ? Ironisa-t-il avec acidité, en sortant une petite pastille qu'il donna à manger à Rose. Les récits, les légendes ? Il y en a beaucoup à mon sujet, pourtant.

La gorge de Jack s'assécha davantage.

La mythologie était étrangement trouble concernant le Docteur.

Ce dernier semblait posséder autant de visages que de personnalités. Certains affirmaient même qu'il avait déjà vécu plusieurs vies, et était plus ancien que tous les autres dieux réunis. D'autres racontaient que son sourire et sa gentillesse n'avaient d'égale que la violence de ses colères, et son amour pour l'humanité.

On affirmait même qu'il était mort plusieurs fois pour la protéger, mais que toujours, il reviendrait, surgissant d'une boite bleue en bois avec de nouveaux compagnons à ses cotés.

Qui étaient-ils, d'où venaient-ils, personne ne le savait. Ils étaient aussi nombreux que les nuages, et aussi volatiles qu'eux. Ils semblaient changer à chaque apparition, ne demeurant qu'un temps avant que la malédiction du Dieu de la Médecine ne les frappe.

Car le Dieu qui aimait le plus les humains, et cherchait constamment leur compagnie, ce dieu-là était aussi le plus seul.

Seul au milieu des autres êtres divins, et encore plus seul à présent qu'ils avaient tous disparu.

Seul malgré son amour pour l'humanité, seul, si seul, et pourtant toujours si, si dévoué à les aider, malgré leurs fautes et erreurs.

Jack déglutit.

Face à lui, le Docteur le fixait avec intensité, son expression semblable à celle du tonnerre.

La Tempête, qu'on le surnommait dans le village.

Jack comprenait à présent d'où lui venait ce surnom.

Derrière le masque froid et cynique du Dieu, cependant, l'humain percevait une terrible solitude.

Soudainement, il comprenait pourquoi les Anciens raconteraient autant ses aventures.

Secouant la tête, il se redressa, se rapprochant du lit pour caresser la joue de Rose. Celle-ci semblait déjà moins pâle, lui arrachant un faible sourire.

  • Merci.

Le dieu lui lança un regard en coin, avant que la pointe de ses lèvres ne s'étire vers le haut.

  • Les humains, si faibles. Il faut toujours venir vous soigner, le taquina-t-il.

Jack lui lança un regard outré.

  • Tout le monde n'est pas docteur !

Un reniflement.

  • Pourquoi croyez-vous que je passe mon temps à vous soigner ?

Le capitaine le fusilla du regard. Tout dieu qu'il était, il n'échapperait pas à son poing dans la tronche s'il continuait à lui parler ainsi. Face à lui, le sourire du Docteur augmenta, passant d'amusé à .. approbateur.

  • Elle ira bien, Jack.

Celui-ci lança un regard à Rose, dont la respiration s'était améliorée sans qu'il ne s'en rende compte.

Ses épaules s'affaissèrent, en même temps qu'un poids terrible en disparaissait.

  • Oui ? Souffla-t-il.
  • Oui, confirma le plus âgé.

Le jeune homme ferma les yeux, luttant contre les tremblements qui venaient de le saisir. Il sursauta lorsqu'une main se posa sur son épaule, la pressant gentiment. Rouvrant les yeux, il croisa le regard empli de compréhension du Docteur. Détournant la tête, il se pencha vers Rose, embrassant doucement son front. La blonde huma dans son sommeil, les faisant sourire.

Secouant la tête, il jeta un regard en biais au Docteur, toujours occupé à le fixer avec une puissance qui le fit déglutir.

  • Je... Il baissa la tête. Merci .. Que..
  • Rien.
  • Mais ..
  • Non.
  • Mais vous l'avez soignée !
  • Oui, confirma simplement le dieu. Et non. Je ne veux rien.

Jack se mordit la lèvre, avant de se tordre nerveusement les mains. Il ne pouvait pas le laisser simplement repartir ainsi, ce ne serait pas respectueux.. Face à lui, le Docteur secoua la tête, avant de soupirer.

Les humains, et leur besoin incessant de reconnaissance.

Tendant la main, il caressa gentiment la joue du jeune homme, le faisait déglutir. Son regard bleu croisa celui identique de l'humain, et il se laissa tomber un instant dans ses prunelles, s'abandonnant à la puissance des émotions qu'il y lisait.

Peut-être … Mais non, ce serait irresponsable. Cela se terminait toujours mal, et il était si fatigué de toujours les perdre..

Les doigts de Jack se lièrent aux siens, le regard de l'humain intense alors qu'il se redressait, se rapprochant de lui.

Ses lèvres étaient douces contre les siennes, son baiser chaste et léger lui faisant fermer les yeux. La main de Jack se posa sur son torse, un sourire apparaissant sur son visage en y découvrant un double boum boum.

  • Deux cœurs, comme dans les légendes, souffla-t-il, leurs fronts posés l'un contre l'autre. Peut-être que les Anciens ne sont pas si fous, finalement.
  • Venez avec moi.
  • Quoi?

Jack le fixait, ahuri. Le Docteur se mordit la lèvre, avant de se redresser, caressant du bout des doigts les joues de Rose et leur redonnant toutes leurs couleurs. Le jeune homme le regarda faire sans un mot, sa gorge sèche.

  • Sa fièvre est tombée, ses poumons réparés. Elle sera fraiche comme une rose demain, commenta-t-il, un fin sourire aux lèvres. Venez avec moi. Tous les deux.
  • S.. Seigneur ?
  • Docteur, roula-t-il des yeux. C'est Docteur.
  • Mais .. Jack le dévisagea, perdu. Pourquoi ..

Le dieu roula des yeux, avant de ranger sa baguette magique dans sa poche.

  • Pas de magie, juste de la science, répliqua-t-il, devinant ses pensées. Et vous êtes courageux, intelligent et dévoué. Vous méritez plus. À moins.. que vous ne préféreriez rester ici ?

L'ancien capitaine secoua la tête.

  • Ce n'est pas.. Je ne peux pas juste.. Rose..
  • Vous autres singes et votre ouie restrictive, ai-je dit de l'abandonner ? J'ai dit, venez avec moi, tous les deux. Il haussa les épaules. Comme vous le souhaitez. Je comprendrais que vous ne vouliez pas.. Je veillerai quand même sur vous, commenta-t-il en se redressant.

Jack l'arrêta en l'attrapant par le bras. Malgré sa peur, il tint bon, en particulier lorsque le Docteur se tourna lentement vers lui, son sourcil haussé.

  • Est-ce que tous les autres dieux étaient de tels abrutis ? Laissez-moi le temps de comprendre l'offre, Doc !

Les anciens auraient hurlé en l'entendant parler ainsi à un être divin, mais l'intéressé se contenta de sourire.

  • C'est un oui ?
  • Bien sûr que c'est un oui ! Si vous connaissez ma vie, vous savez qui je suis, ce que je suis, vous pensez que j'aime être coincé ici ? Si ce n'était pas pour Rose.. Il secoua la tête. Vous la protégerez.

Ce n'était pas une question, mais un fait, simple et clair. Le Docteur hocha la tête, déterminé.

  • Evidemment.
  • Parce que, vous savez, j'ai quand même appris les légendes, et ils parlent de tous ces merveilleux compagnons qui vous accompagnent.. et ils finissent tous par disparaître.

Le sourire du Docteur disparut.

  • Parfois, des.. problèmes surviennent.
  • Je ne suis pas naif, Docteur, je sais que vivre avec un dieu est dangereux. Juste, promettez-moi de la protéger, insista-t-il.

Le Docteur se redressa, des tourbillons dorés apparaissant à la place de ses prunelles bleu marine. Jack ne bougea pas, malgré sa gorge soudainement sèche et son rythme cardiaque qui s'emballait.

  • Je promets, énonça lentement le Seigneur de la médecine, de vous protéger, tous les deux, au péril de ma vie. Je jure, devant Rassilon, que rien ne vous arrivera. Que je sois maudit, si je ne sais respecter mon vœu.

La gorge de Jack s'assécha davantage, alors que des lueurs dorées apparaissaient également dans les mains du dieu. Tendant les mains, ce dernier les posa sur le front des deux humains. Rose gémit dans son sommeil, alors que Jack se sentait tomber à genoux.

  • Devant Rassilon, et le noble conseil de Gallifrey, moi, le Docteur, vous prend, Jack, comme compagnon. Les yeux de l'humain s'écarquillèrent. Que la Louve et l'Immortel me soient témoins, murmura-t-il, en même temps qu'un vent immense s'élevait soudainement dans la petite maison.
  • Docteur !

Ce dernier cligna des yeux, sortant brutalement de sa transe. Le vent retomba aussi vite, remplacé par un son stupéfait de Jack. Une boite bleue était apparue de nulle part, la porte en bois entrouverte laissant passer une lumière dorée.

Le Docteur lui fit un clin d'oeil.

  • C'est l'heure de faire vos bagages, garçon. Ne vous inquiétez pas pour Rose, je me charge d'elle, ajouta-t-il avant de soulever avec douceur la blonde, pour mieux l'emmener vers son vaisseau.
  • D .. Docteur ?
  • Jack ?

L'humain le fixait, la fascination et la joie se mêlant à l'appréhension dans son regard.

  • Elle ira bien ?
  • Bien sûr qu'elle ira bien, lui sourit le plus âgé. Je peux même vous le dire, elle sera fantastique !

Jack rit, avant de se redresser pour remplir le plus vite possible leurs sacs. Le Docteur lui sourit, ses cœurs se réchauffant en même temps qu'il se dirigeait vers le vaisseau.

Une nouvelle fois, des humains avaient volé ses cœurs.

Et peut-être, le regretterait-il un jour.

Mais en attendant, les choses seraient.. fantastiques.


choup37  (19.01.2022 à 21:04)

20. Peur

 

Le Docteur ne réalisa pas immédiatement que quelque chose clochait avec Jack, trop occupé à chercher une sortie.

  • Fantastique, pesta-t-il en palpant furieusement les rochers bouchant l'entrée de la grotte. Absolument fantastique ! L'air passe, mais c'est bien tout ce qui arrive à traverser ! Nous sommes coincés, soupira-t-il, la pointe de son tournevis sonique seule lumière éclairant la pénombre ambiante.

Derrière lui, Jack inspira brutalement, serrant les poings.

  • Coincés? Répéta-t-il, sa voix sourde. Vous êtes certain ?
  • Evidemment que j'en suis certain, capitaine, je ne le dirais pas sinon ! Un peu d'intelligence, enfin !

Le Docteur ne réalisa que quelque chose clochait que lorsque aucune réponse narquoise ne survint.

Tournant la tête, il haussa un sourcil en découvrant son compagnon en train de serrer ses poings, sa respiration hachée.

  • Jack ? Jack ? S'inquiéta-t-il, lorsque ce dernier ne répondit pas.
  • Je .. Oh, merde, gémit celui-ci, avant de se pencher en avant brusquement, son souffle rauque.
  • Jack ! Damnit, garçon, vous me faites une crise de panique dans une grotte? s'exclama-t-il en le saisissant par les épaules.

Presque immédiatement, les mains du jeune homme s'enfoncèrent dans ses bras, ses yeux exorbités par la panique le fixant, son visage blafard.

  • D...Doc..
  • Jack, Jack, doucement.. Respirez..
  • Je... On va mourir..
  • Bien sûr que non, pesta-t-il en le secouant. Nous trouverons une sortie. Au pire des cas, nous attendrons que Rose arrive avec les secours.
  • R...Rose.. Trop long.. Je...
  • Jack, Jack, intima-t-il, sa voix ferme et forte. Regardez-moi. Regardez-moi, ordonna-t-il brutalement, le tirant de son cycle de pensées noires pour le faire lever les yeux, son expression paniquée serrant les cœurs du plus âgé.

Yep. Définitivement une crise de panique.

Fantastique.

Quel qu'en soit le déclencheur, il était assez puissant pour provoquer une perte de contrôle complète chez son compagnon.

Brillant.

Fantastique.

Jack ne paniquait pas facilement, et ne montrait que rarement ses vraies émotions lors d'évènements graves. Il se concentrerait sur le moment en cours, et les actions à entreprendre. De même que le Docteur, il enfermerait ses émotions dans une zone à part de son cerveau, les dissociant de l'instant présent pour se concentrer sur ce qui devait être fait.

Ce n'était que bien plus tard, dans l'intimité de sa chambre, qu'il se laisserait, potentiellement, réagir.

Potentiellement.

Ce n'était que rarement le cas.

Le capitaine avait trop vécu pour se laisser aller si facilement à présent.

Il encaisserait, subirait, avant d'effacer et avancer.

À beaucoup d'égards, il était semblable au Seigneur du temps.

Un fait que ce dernier avait appris à apprécier ou maudire, selon les circonstances.

En cet instant, le Docteur aurait aimé savoir lire dans son esprit. Cela lui aurait été terriblement utile pour comprendre quel traumatisme se cachait derrière ces grands yeux bleus et ce visage faussement juvénile, se réveillant brutalement au pire instant pour tourmenter son jeune ami.

  • Tout va bien. Je suis là. Vous n'êtes pas seul. Je suis là, répéta-t-il, en pressant ses épaules. On s'en sortira. Ensemble, insista-t-il.
  • En ... ensemble ?
  • Ensemble, confirma-t-il. Vous me faites confiance ?
  • Je .. Le brun déglutit, avant d'hocher lentement la tête. Oui.
  • Sûr ?
  • Certain, souffla-t-il, avant d'agripper plus fort ses bras. Je .. Doc..
  • Respirez, ordonna ce dernier, sa voix toujours ferme mais complétée par une onde de gentillesse qui alla frapper droit au cœur de Jack.
  • Je... Respirer, murmura-t-il, avant de fermer les yeux, se concentrant sur sa respiration et la voix du Docteur.

Celui-ci répéta ses instructions, le tenant toujours fermement par les épaules.

Focus, Jack, focus, repense à ton entrainement, tu n'es pas faible, tu sais te contrôler, écoute-le, respire, respire.. Une zone calme et apaisée de ton cerveau.. Le Tardis, pense au Tardis..

Trois minutes, quinze secondes et dix millièmes plus tard, le jeune homme sentit son souffle commencer à s'apaiser.

Le Docteur sourit, et pressa gentiment ses épaules.

  • Bon garçon. Cela va mieux ?
  • Un peu, marmonna l'intéressé. Il inspira longuement, avant de se redresser, son regard ferme. Je vais bien.
  • Non, vous n'allez pas bien, andouille, je ne vous demande pas d'aller bien, juste comment vous allez, pesta le Seigneur du temps.
  • Bien, grogna son compagnon, irrité. Et encore mieux quand on se sera cassé de cette grotte. Il y a forcément un moyen de sortir.

Le Docteur fronça les sourcils, inquiet, mais décida de ne pas insister. Jack avait retrouvé le contrôle de lui-même, c'était tout ce qui comptait pour le moment. Il aurait tout le temps de l'ausculter plus tard. Les mains de son compagnon tremblaient toujours alors qu'il tournait les boutons de son manipulateur de vortex, à la recherche d'une indication indiquant une sortie.

La secousse avait été aussi brutale qu'inattendue, faisant s'effondrer les rochers devant la sortie de la grotte où ils s'étaient assis pour se reposer. Les deux hommes avaient à peine eu le temps de rentrer en courant dans celle-ci avant que les masses de pierres ne s'écroulent sur le sol, s'accumulant instantanément pour bloquer toute sortie.

Jack secoua la tête, irrité devant son absence de résultats. Son visage était autant couvert de poussière que le reste de son corps, ses cheveux habituellement bruns couverts de gris. Le Docteur n'était pas dans un meilleur état, ses mains écorchées d'avoir tiré en vain sur les pierres.

  • Rien, il n'y a rien, rien, rien ! Pesta Jack avant de grogner, soufflant brutalement.
  • Jack, intervint le Seigneur du temps, avant de saisir doucement ses poignets, le stoppant. Jack.
  • Je .. Son compagnon inspira longuement, mais sa panique était toujours évidente. Je suis désolé, je..
  • Je sais. Mauvais souvenir.

Ce n'était pas une question, et Jack n'y répondit pas, se contentant de le fixer de son expression misérable.

  • Je suis ridicule, hein ?
  • Bien sûr que non, répliqua aussitôt son mentor, en fronçant ses énormes sourcils. Enfermé dans une grotte dans le noir, n'importe qui paniquerait. Et si cela vous est déjà arrivé..
  • Je n'ai pas dit cela.

Le Docteur fixa.

Jack détourna la tête.

  • Ce n'est pas être faible que d'avoir peur, capitaine.

La voix du Docteur s'était adoucie, sa main droite traçant gentiment l'intérieur du poignet de l'humain qui déglutit, sentant son cœur s'emballer.

Damnit.

Ce n'était absolument pas le moment pour cela.

Son crush devrait attendre.

Au lieu de répondre, il détourna la conversation, marmonnant :

  • Vous n'avez rien pour éclairer ? On dirait un four.
  • Maintenant que vous m'y faites penser.. Le Docteur plongea sa main dans sa poche, avant d'en ressortir une série de petites boules roses. Et .. Hop ! S'exclama-t-il, les lançant dans les airs.

Les yeux de Jack s'agrandirent.

En un instant, les boules s'étaient figées dans les airs, s'allumant pour éclairer les lieux d'une lumière rosée.

  • Oh, waouh ! Génial ! C'est .. fantastique, rit-il, s'attirant un immense sourire fier.
  • N'est-ce pas ?
  • Oh, vous ! Rit-il, avant de le frapper au bras. Toujours quelque chose au fond de votre poche, hein ? Où est-ce que vous avez trouvé cela ? Qu'est-ce que c'est ?

Le Docteur lui fit un clin d'oeil, avant d'enfoncer ses mains dans les poches de sa veste de cuir, fier de lui. Presque immédiatement, il en ressortit une, se penchant en arrière pour désigner les lueurs.

  • Lumière artificielle en poche, Venus III, galaxie de la Lionne aux mille cerceaux. 17ème siècle, fabrication artisanale. Cadeau de la princesse d'Antioche IV.
  • Maintenant, c'est une histoire que je veux entendre, sourit Jack, ses yeux pétillants.

Le Docteur lui lança un nouveau clin d'oeil.

  • J'en suis certain, ironisa-t-il, avant de regarder autour d'eux, ses sourcils froncés sous sa concentration. Prêt à explorer les lieux, capitaine ?

Celui-ci déglutit, avant d'hocher la tête, se plaçant automatiquement à ses cotés. Le Docteur lui sourit, avant de lever son tournevis. Jack jeta un regard aux boules roses, et se détendit légèrement, la lumière rassurante se mêlant au souvenir de leur amie.

Le Docteur avait raison, Rose ne les laisserait pas tomber.

S'ils ne trouvaient pas de sortie, la blonde déplacerait la montagne entière pour les retrouver.

C'était ce qu'ils étaient, une équipe. Non, se rectifia-t-il immédiatement, alors que le Docteur pressait gentiment son poignet, l'encourageant, ils étaient bien plus que cela.

Le Docteur et Rose étaient ses amis, sa famille.

Ils s'en sortiraient.

Armée d'une détermination nouvelle, Jack se lança en avant, suivant le Seigneur du temps dans le noir d'encre de la grotte.

 

*-*

Cela leur prit beaucoup trop de temps à son goût – trois heures, quinze minutes et vingt-secondes – mais les deux hommes finirent par découvrir un minuscule passage les menant vers une potentielle sortie. Le chemin n'était pas très large, et les cailloux ne cessaient de glisser sous leurs pieds, mais le duo le remonta lentement, restant collés l'un à l'autre alors qu'ils avançaient à tâtons.

Peu à peu, ce qui n'était qu'une notion confuse s'élargit, se transformant en un petit point de lumière, puis quelques rayons obscurcis par les pierres.

Grognant, les deux hommes se mirent aussitôt au travail, arrachant le plus de morceaux possibles, et les envoyant rouler derrière eux.

  • Uuuuuuuuuurg ... Je.. Voilà ! S'exclama Jack en faisant tomber en avant un gros morceau de rocher, révélant la couleur jaune du ciel et ses deux soleils gris. Aaaaah ! Enfin ! Génial ! Doc ! Regardez ! Doc !
  • Pas grand-chose à voir, capitaine, à part un singe en sueur couvert de poussière, le taquina ce dernier.

Jack rit, le frappant au bras, avant de se pencher en avant sur la fenêtre improvisée, étudiant les lieux.

  • Nous ne sommes pas du même coté que tout à l'heure, hein ?
  • Je ne crois pas, en effet, approuva le Seigneur du temps, avant de scanner les lieux. Non, vous avez raison, nous sommes sur l'autre versant.
  • Hum … Et pas moyen de redescendre.. Bon, hé bien, plus qu'à attendre, soupira le jeune homme, avant de sursauter. Oh, je crois que.. Attendez, s'exclama-t-il en levant son poignet, montrant son bracelet. Je devrais pouvoir contacter Rose avec !

Le Docteur roula des yeux, avant de saisir son bras, son tournevis sonique levé.

  • Peut-être bien. Au moins une utilité à votre jouet. Ignorant le son indigné de l'ancien agent, il pointa son tournevis vers le morceau de cuir. Et peut-être que.. je peux.. accélérer..

Bzzt bzzt bzzt.

Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzt.

  • .. Doc ?

Jack laissa s'échapper un cri de joie en entendant la voix inquiète de la blonde, alors que le Seigneur du temps souriait largement.

  • Rosie ! Tu vas bien ?
  • Jack ! Oui ! Et vous ? Vous êtes où ? Où est le Docteur ? Je..
  • Tout va bien, Rose, intervint le Seigneur du temps. Nous sommes sains et saufs.
  • On pue comme des rhinocéros de Pluton, mais on est en vie, rit le capitaine.
  • Je vais vous tuer ! J'ai eu la peur de ma vie ! Où ..

Quelques minutes plus tard, Jack raccrochait, le soulagement se mêlant à l'anticipation à l'idée de l'arrivée imminente des secours. Soupirant, il se laissa tomber contre le rocher, fixant le ciel.

Il avait cru ne jamais le revoir.

  • Claustrophobe?

Le capitaine sursauta, avant de se renfermer. Le Docteur le fixait, son expression intense. Soupirant, il secoua la tête, sachant qu'il ne pourrait pas y échapper.

  • Juste..
  • Une mauvaise expérience ?
  • Voilà.
  • Cela a dû être quelque chose, pour vous faire paniquer ainsi.
  • Vous savez, vous pouvez aussi vous taire et me laisser tranquille.
  • Pas si cela risque de se répéter, capitaine. Je dois savoir à quel point votre traumatisme est profond pour pouvoir vous aider.

Jack grogna, irrité, avant de le fusiller du regard.

  • Vous savez, pour un type brillant, vous êtes franchement nul parfois.
  • On me l'a souvent dit, répliqua d'un ton léger le plus âgé, avant que son regard ne se refasse terriblement sérieux. Dites-moi.

Jack roula des yeux, se renfrognant.

  • Pas grand-chose à dire. Une mission qui a mal tourné. Un tremblement de terre pas prévu. Je me suis retrouvé coincé seul dans une grotte souterraine.
  • Seul ? Répéta lentement le Docteur.
  • Hum hum.
  • Sans lumière ?
  • Juste une torche. Mon matériel s'est cassé dans ma chute. Pas le top.
  • Combien de temps ?
  • Combien de temps ?
  • Trois jours.
  • Trois jours, souffla le Seigneur du temps.

Damn. Pas étonnant que son compagnon ait eu un flash-back. Le traumatisme avait été violent. Secouant la tête, il murmura :

  • Je suis désolé. Je ne m'en serai jamais douté.
  • J'ai survécu, Doc. C'est fini.
  • Clairement pas. Pas d'honte à avoir toujours peur, capitaine, je vous l'ai déjà dit.
  • Parce que vous montrez votre peur ? Répliqua l'intéressé, sa voix cassante dissimulant à grand-peine sa gêne. Le Docteur roula des yeux. Là. Voilà.
  • Ce n'est pas une question de la montrer, capitaine, le réprimanda le plus âgé. Mais de l'accepter. Nier vos sentiments est la meilleure manière de vous mettre en danger. La peur est une protection, elle est un garde-fou contre les imbéciles.
  • Venant de vous ? La bonne blague, marmonna le jeune homme, avant de soupirer. Je vais bien, Doc. J'ai juste.. eu peur, murmura-t-il très bas, les yeux fixés sur les montagnes environnantes.

Presque aussitôt, une épaule vint se coller à la sienne. Tournant la tête, il croisa le regard bleu marine du Seigneur du temps. Celui-ci le fixait, son expression intense. Un sourire étira ses lèvres, ses yeux s'adoucissant avant qu'il ne réponde :

  • Je sais. Moi aussi.

choup37  (20.01.2022 à 21:23)

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Mardi 23 avril à 22:00
3.33m / 15.2% (Part)

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Face à Face, S02E07
Mardi 23 avril à 21:10
3.41m / 16.7% (Part)

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Un si grand Soleil, S06E157
Mardi 23 avril à 20:45
3.09m / 15.2% (Part)

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Demain nous appartient, S07E171
Mardi 23 avril à 19:15
2.44m / 15.3% (Part)

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Les bracelets rouges (2017), S05E04
Lundi 22 avril à 22:15
2.44m / 15.2% (Part)

Logo de la chaîne TF1

Les bracelets rouges (2017), S05E03
Lundi 22 avril à 21:10
2.75m / 13.5% (Part)

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Death In Paradise, S13E05
Lundi 22 avril à 21:10
3.89m / 19.2% (Part)

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Un si grand Soleil, S06E156
Lundi 22 avril à 20:45
3.53m / 16.4% (Part)

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choup37, 18.04.2024 à 08:49

5 participants prennent part actuellement à la chasse aux gobelins sur doctor who, y aura-t-il un sixième?

chrismaz66, 18.04.2024 à 11:04

Choup tu as 3 joueurs de plus que moi!! Kaamelott est en animation, 3 jeux, venez tenter le coup, c'est gratis! Bonne journée ^^

choup37, 19.04.2024 à 19:45

Maintenant j'en ai plus que deux, je joue aussi sur kaa

Viens chatter !

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