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Série : Astrid et Raphaëlle
Création : 08.03.2023 à 10h34
Auteur : serieserie
Statut : Terminée
« Un mois après les événements de la fin de la saison 3, l'équipe est de retour sur le terrain mais l'affaire ne semble pas si évidente à résoudre. » serieserie
Cette fanfic compte déjà 35 paragraphes
En salle d'interrogatoire, Raphaëlle s'installa face à Eva Leblanc.
- Bonjour madame Leblanc, nous avons encore besoin de vous. Lui indiqua Raphaëlle.
- Est-ce que je suis toujours en garde à vue ?
- Pour le moment oui. Et elle risque d'être prolongée tant que nous n'avons pas réussi à retrouver Alain Lamarck.
- Et après ça ? Vous allez me déférer et m'envoyer en prison ? C'est mort, je ne peux pas retourner là-bas.
- On n'en est pas encore là madame Leblanc.
- Que vous dites ! Pourquoi je devrais vous croire ? Vous me laissez croupir en cellule depuis deux jours !
- Madame Leblanc, s'il vous plaît. Je vous promets de faire tout mon possible pour vous éviter la prison et la préventive. Mais j'ai besoin de votre aide, nous avons besoin de votre aide.
- D'accord. Qu'est-ce que vous voulez savoir ? Demanda la jeune femme.
- On aurait besoin que vous nous disiez tout ce que vous savez sur Alain Lamarck depuis toujours.
- Quoi ? Mais c'est impossible ça ! Je le connais depuis que je suis toute gamine ! Comment vous voulez que je vous raconte les vingt dernières années en quelques minutes, c'est impossible.
- On a surtout besoin de savoir s’il y a des personnes dont il était proche, si vous vous souvenez d'une manie qu'il avait ou qu'il a toujours.
- Je... Oui sûrement... Je me souviens que quand j'étais gamine, que j'avais une dizaine d'années, il y avait une fille qui avait à peu près mon âge qui était souvent chez lui.
- Vous vous souvenez de son nom peut-être ? Demanda Raphaëlle.
- Je... C'est loin, vous savez et je ne l'ai pas vue tant que ça ! On a joué quelques fois ensemble dans la rue, comme les gamins font à cet âge, vous savez. On ne demande pas l'état civil de la personne quand on a dix ans !
- Oui je vois bien. Essayez de faire un effort s'il vous plaît, c'est important.
- Je... Peut-être Lisa ou Elisa ou Elsa peut-être. Je crois qu'elle avait mon âge... Et j'avais onze ans. Oui c'est ça, c'est l'année où mes parents ont divorcé. On en avait parlé ensemble parce que ses parents étaient divorcés depuis longtemps aussi.
- C'était la fille d'Alain Lamarck ? Demanda Raphaëlle, perplexe.
- Je ne pense pas. Je pense que c'était celle de sa compagne de l'époque.
- Et vous ne vous souviendriez pas du nom des parents de cette jeune fille ? Tenta Raphaëlle.
- Non désolée. Comme je vous l'ai dit, c'est assez loin pour moi. Et c'était une période compliquée dont j'ai assez peu de souvenirs.
- Est-ce que vous sauriez nous décrire la jeune fille ? Continua Raphaëlle.
- Oui je pense. Elle était rousse, les yeux verts, je me souviens qu'ils étaient vert clair, j'aimais beaucoup la couleur de ses yeux. Elle n'était pas très grande mais depuis le temps, elle a forcément grandi donc ça ne va pas vous aider beaucoup.
- Tout ce que vous pouvez nous dire nous aide madame Leblanc. Et tout ce que vous pouvez nous dire plaide en votre faveur pour éviter de vous renvoyer en prison pour complicité de meurtre.
- Je vous l'ai déjà dit, je n'étais pas du tout au courant des plans d'Alain quand je lui ai appris les méthodes d'hypnose que je connais. Expliqua à nouveau la prévenue.
- Je sais madame Leblanc mais tant que nous ne l'avons pas retrouvé, vous restez la seule personne que nous ayons pour ces crimes. Et sans le témoignage d'Alain Lamarck, nous ne pouvons pas confirmer vos dires.
- Mais il ne dira jamais que je n'étais pas au courant ! Il va me charger pour se disculper.
- J'en doute. Mais ça sera sa parole contre la vôtre dans ce cas donc tous les éléments que vous pouvez nous donner seront vraiment en votre faveur. Lui rappela Raphaëlle.
À la documentation criminelle, Astrid s'occupa de sortir tous les dossiers où le nom d'Alain Lamarck, son adresse ou tout autre élément pouvant lui être lié, étaient cités. Nicolas de son côté récupéra toute la correspondance d'Alain Lamarck en prison sur l'ordinateur avant de l'imprimer pour pouvoir la consulter sur papier plus facilement.
- Astrid ? L'appela Nicolas alors qu'elle terminait de sortir les dossiers.
- Oui ? Vous avez besoin de quelque chose peut-être ? Demanda-t-elle en réponse.
- Est-ce que je pourrais disposer par tas les courriers quelque part ? J'aimerais pouvoir regrouper les éléments pour les consulter plus facilement.
- Ah. Oui. Vous pouvez vous mettre sur le bureau.
- Merci Astrid. Lui répondit Nicolas en s'installant sur le bureau.
- Vous avez déjà parcouru la correspondance de Lamarck ? Demanda-t-il à la documentaliste.
- Oui. Mais je me suis principalement intéressée à rechercher l'identité de son complice maîtrisant l'hypnose. Expliqua Astrid.
- Vous avez des pistes ou des éléments à partager avant que je ne m'y attaque ?
- Vous attaquer à quoi ? Demanda Astrid.
- A parcourir les courriers de Lamarck.
- Ah. C'était une expression imagée. Je n'avais pas saisi. Lui dit-elle.
- Désolé. Avant que je ne commence la lecture de la correspondant de Lamarck lorsqu'il était en prison si vous préférez.
- Je pense qu'il serait plus judicieux que vous vous fassiez votre propre opinion. Vous donner mes impressions pourrait causer des biais dans votre manière d'appréhender les courriers. Je les ai déjà parcourus d'un point de vue logique et quelques éléments me viennent en tête, je devrais réexaminer les courriers pour m'assurer de tout cela. Je procéderais à cette relecture dès lors que j'aurais parcouru les dossiers concernant Alain Lamarck. Expliqua Astrid de façon très consciencieuse à Nicolas qui l'écouta attentivement.
- Pas de soucis Astrid, je comprends, je vais m'atteler à la lecture alors et on pourra échanger nos impressions. Si ça vous va. Lui indiqua le capitaine de police.
- Oui. Ça me va, capitaine Perran. Lui répondit Astrid.
- Je vous l'ai dit Astrid, vous pouvez m'appeler Nicolas. Lui dit-il en souriant.
- D'accord, capitaine Nicolas Perran. Dit Astrid.
Nicolas se mit à sourire, Astrid était vraiment unique et il comprenait maintenant ce que Raphaëlle avait vu en elle depuis le début de leur collaboration. S’il en avait été jaloux au début, ayant l'impression que Raphaëlle le remplaçait par Astrid, il savait maintenant que c'était complètement différent, d'autant plus que Raphaëlle était toujours sa partenaire et maintenant dans plus d'un sens.
Dans les bureaux de la crim', Raphaëlle alla trouver Arthur qui était concentré sur son ordinateur à rechercher les proches et la famille d'Alain Lamarck.
- Arthur ? Lança Raphaëlle en arrivant au niveau du bureau du jeune OPJ.
- Oui commandant ? Répondit-il en relevant la tête de son écran.
- Est-ce que tu as réussi à identifier quelques personnes ? Demanda Raphaëlle.
- Oui ! J'ai réussi à trouver quelques personnes. Alain Lamarck a une sœur, Janine Malek. Elle vit dans le sud de la France depuis des années.
- Tu l'as contactée ? Demanda le commandant de police.
- Non pas encore.
- Est-ce que tu as trouvé quelque chose à propos d'une éventuelle compagne qu'il aurait eue, il y a une vingtaine d'années ?
- Commandant, il n'y avait pas les réseaux sociaux à l'époque ! Comment vous voulez que je retrouve quelque chose comme ça ?
- Dans les dossiers Arthur, dans les dossiers. Lui répondit Raphaëlle, secouant la tête devant la remarque d'Arthur. Et tu sais Arthur, il y a un proverbe qui dit : « Pour vivre heureux, vivons caché ». Tout le monde n'est pas sur les réseaux, même de nos jours.
- Oui, bien sûr commandant, désolé.
- Tu peux me donner le numéro de la sœur de Lamarck, je vais l'appeler.
- Oui pas de souci commandant. Répondit Arthur en notant le numéro de téléphone sur un post-it avant de le tendre à sa supérieure. Et voilà.
- Merci Arthur ! Dit Raphaëlle en se saisissant du post-it.
Installée à son bureau, Astrid consultait tous les dossiers pouvant avoir un lien avec Alain Lamarck. Elle découvrait de nouveaux éléments qui n'étaient jamais remontés dans les recherches précédentes ou qui n'avaient jamais paru pertinents jusqu'à maintenant.
Au poste, Raphaëlle composa le numéro qu'Arthur lui avait donné, espérant en découvrir rapidement plus sur la personne d'Alain Lamarck et surtout sur qui il était des années auparavant, avant de devenir le criminel qu'ils connaissaient tous aujourd'hui.
- Allô ? Dit une voix à l'autre bout du fil.
- Bonjour madame, commandant Raphaëlle Coste, Brigade Criminelle de Paris. Vous êtes bien Janine Malek ? Se présenta Raphaëlle.
- Oui c'est bien moi. Brigade Criminelle ? Il y a un problème ? S'inquiéta de suite la femme.
- Non ne vous inquiétez pas madame, j'aurais simplement quelques questions à vous poser à propos de votre frère. Alain Lamarck ? Expliqua-t-elle
- Je ne veux plus entendre parler de lui. Désolée, je ne vais pas pouvoir vous aider.
- S'il vous plaît madame, c'est important. La vie de plusieurs personnes est peut-être en danger. Je ne vous dérangerai pas longtemps. Tenta Raphaëlla, désespérée pour obtenir des réponses.
Un silence tomba avant que la sœur de Lamarck ne reprenne la parole.
- Qu'est-ce que vous voulez savoir ? Souffla-t-elle.
- Quand est-ce que vous avez eu de ses nouvelles pour la dernière fois ? Demanda Raphaëlle.
- Il m'a appelé une fois, depuis la prison. Il voulait que je l'aide. J'ai refusé. On est resté moins d'une minute au téléphone.
- D'accord. Est-ce que vous lui connaîtriez des proches ou des amis dans la région parisienne ? C'est important.
- Non je ne vois pas. Désolée. Je n'ai pas vu mon frère depuis plus de dix ans vous savez et nous n'avons jamais été très proches.
- Est-ce qu'il aurait d'autres membres de famille dans le coin sinon ? Une ex-compagne peut-être ? Tenta Raphaëlle.
- La seule que j'ai connue, c'est Victoria mais ils ne sont plus ensemble depuis des années. Dit-elle en réfléchissant.
- Vous auriez son nom de famille peut-être ?
- Argent. Victoria Argent. Elle avait une fille, Elisa, elle s'entendait bien avec ma fille quand elles étaient gamines, avant que l'on ne déménage dans le sud avec mon mari.
- Vous ne voyez personne d'autre vers qui votre frère pourrait se tourner pour avoir de l'aide ? Demanda Raphaëlle une dernière fois.
- Non, je suis désolée commandant.
- Pas de problème. Merci d'avoir accepté de répondre à mes questions. Si jamais quelque chose vous revient, vous pouvez me rappeler à ce numéro. Indiqua-t-elle.
- Je n'hésiterai pas. Au revoir.
- Au revoir.
Raphaëlle raccrocha le téléphone et interpella Arthur d'un geste de la main.
- Vous l'avez eue ? Demanda Arthur.
- Oui. Tu peux faire une recherche sur une certaine Victoria Argent, elle doit avoir une fille du même âge qu'Eva Leblanc qui s'appelle Elisa.
- Je regarde ça tout de suite mon commandant.
- Merci Arthur. Tu me tiens au courant. Je vais aller à la doc voir où en sont Astrid et Nicolas.
- Compris. A plus tard. Lança le lieutenant de police en voyant sa supérieure partir.
Installé sur le bureau derrière Astrid, Nicolas lisait, surlignait et classait la correspondance d'Alain Lamarck. Raphaëlle arriva discrètement, bien qu'elle avait été repérée par Astrid, elle lui avait fait signe de ne rien dire, bien décidée à surprendre Nicolas. Elle s'approcha de lui et l'enlaça.
- Tu sais que je t'ai entendue arriver Raph ? Dit Nicolas en plaçant sa main sur les bras de Raphaëlle qui l'entourait pour partager cette étreinte.
- Moi qui pensais avoir été discrète.
- Hum hum. Fit Astrid, rejetant toute discrétion de la part de Raphaëlle. Vos chaussures font un bruit très caractéristique, on vous entend arriver dès que vous commencez à descendre les escaliers pour venir ici. Lui expliqua Astrid.
- Ah mais c'est pour ça que vous savez toujours quand j'arrive en fait ! Moi qui pensais que vous aviez un super pouvoir ! S'exclama Raphaëlle.
- Dans certains films de super-héros, l'hyperacousie est considérée comme un super pouvoir. Je ne suis pas sûre que dans mon cas, ce soit le terme adéquat, c'est même plutôt l'inverse. Répondit Astrid.
- Effectivement. Dit Raphaëlle, relâchant son étreinte autour de Nicolas. Vous avez trouvé quelque chose ?
- Ouais je pense qu'on tient un truc. Dit Nicolas.
- Top ! Vous me racontez ? J'ai aussi un truc qui pourrait vous intéresser !
À la documentation criminelle, Raphaëlle attendait que Nicolas et Astrid lui fassent part de leurs découvertes. Elle s'installa sur une chaise pour les écouter.
- Alors ? Je vous écoute dites-moi tout ! Lança-t-elle.
- Astrid, allez-y ! Lui dit Nicolas.
- D'accord. Merci capitaine Nicolas Perran. Répondit Astrid.
Raphaëlle sourit à cette appellation de Nicolas.
- En examinant les dossiers relatifs à Alain Lamarck et à divers éléments lui étant liés, j'ai découvert plusieurs dossiers susceptibles de nous intéresser. J'ai porté mon attention sur ces deux dossiers. Indiqua Astrid en désignant deux dossiers.
- Ce sont quels types de dossiers ? Demanda Raphaëlle.
- Celui-ci concerne un accident de la circulation ayant eu lieu à quelques mètres de l'ancien domicile d'Alain Lamarck il y a dix ans, en novembre 2012. Un certain Alain L est cité dans le dossier comme témoin de la scène.
- Lamarck ? Questionna le commandant.
- Oui.
- Mais si c'est juste un accident de la circulation, je ne vois pas vraiment en quoi c'est important pour nous. S'étonna Raphaëlle, perplexe sur la pertinence de ce dossier dans leur enquête.
- J'y venais. Il s'agit d'un accident mortel impliquant un automobiliste et un enfant. L'enfant a été percuté par la voiture qui passait dans la rue.
- Merde. Et Lamarck là-dedans ? Insista Raphaëlle.
- Lamarck s'est présenté comme témoin de l'accident, indiquant que l'enfant avait traversé sans prévenir, que la voiture n'avait rien pu faire. Cependant, il s'agit du seul témoin de l'accident. Les photos prisent sur les lieux et les différents relevés indiquent une autre version de l'histoire. Expliqua Astrid.
- Comment ça ? Ça ne serait pas un accident ?
- Si. Mais d'après les relevés et les photos, je suis en mesure d'affirmer que c'est Alain Lamarck qui conduisait la voiture et non pas la jeune fille qui a été condamnée pour l'accident.
- Comment vous pouvez en être si sûre ? Demanda Raphaëlle, faisant confiance à Astrid mais toujours perplexe.
- Les photos du véhicule et les témoignages. Le siège conducteur aurait dû être bien plus avancé si la jeune fille avait été au volant. Alain Lamarck mesure un mètre soixante-seize tandis que la jeune fille mesure un mètre cinquante-trois.
- Ah oui sacrée différence ! Dit Raphaëlle en regardant la photo que lui montrait Astrid. Effectivement, avec le siège aussi reculé, il est impossible qu'elle ait pu toucher les pédales.
- Voilà.
- Et on sait ce qu'elle est devenue cette jeune fille ? Demanda ensuite Raphaëlle.
- Elle a été condamnée à deux ans de prison pour homicide involontaire. Indiqua Nicolas. Depuis elle a refait sa vie dans la région.
- Donc on a une jeune fille, à peine titulaire du permis, qui s'accuse d'un accident ayant coûté la vie à un enfant à la place de Lamarck, c'est bien ça ? Récapitula Raphaëlle.
- Oui. Mais ce n'est pas tout. Il y a un second dossier. Lui dit Astrid.
- Allez-y, je vous écoute.
- Il s'agit d'une plainte déposée contre Alain Lamarck mais retirée par la suite, c'est pour cela que nous ne l'avons jamais vu précédemment. Expliqua la documentaliste.
- Elle est à propos de quoi cette plainte ? Demanda Raphaëlle.
- Une femme a accusé Alain Lamarck d'avoir abusé de sa fille. Cependant, la jeune fille a nié les faits et la femme a retiré sa plainte quelques jours plus tard.
- Et cette jeune fille, c'est celle de l'accident ? Dit Raphaëlle, commençant à faire les liens.
- Oui. Lui répondit Astrid avec un sourire victorieux sur le visage.
- Je vois ! Et toi Nico ? Tu as trouvé quoi dans les courriers de Lamarck ?
- Il a reçu beaucoup de courriers de fans donc c'est un peu compliqué de faire le tri dans tout ça mais j'ai pu regrouper plusieurs lettres. Elles sont signées avec des noms différents mais elles proviennent toutes de la même personne. Indiqua Nicolas.
- Il y a en a beaucoup ?
- Pas moins d’une cinquantaine sur la durée du séjour en prison de Lamarck et bizarrement les lettres ont arrêté d'arriver dès que Lamarck s'est échappé de prison, contrairement à d'autres groupies qui ont continué à écrire. Répondit-il.
- Et vous avez réussi à l'identifier ? Demanda Raphaëlle à Nicolas et Astrid.
- On a eu beaucoup de mal, aucun nom utilisé n'existe ou s’il existe, on a pu en déduire facilement que ce n'était pas l'auteur des lettres. Expliqua le capitaine de police.
- Elles racontent quoi ces lettres pour être aussi mystérieuses et surtout pour que quelqu'un se donne autant de mal en envoyant autant de courriers différents ?
- C'est assez peu intéressant à première vue. Mais Astrid a trouvé quelque chose de plus intéressant que je n'avais pas vu directement. Dit Nicolas, donnant de ce fait la parole à la documentaliste.
- Les lettres sont codées. Si on en croit les dates, elles arrivaient toujours par deux ou trois mais mêlées au reste du courrier, elles passaient inaperçues. Expliqua Astrid.
- Codées ? Comme une énigme ? S'étonna Raphaëlle.
- Oui, comme une énigme.
- Et vous avez réussi à les décoder ? Demanda Raphaëlle, en attendant beaucoup du duo.
- Oui. On a réussi. Répondit Astrid.
- Figure-toi que les lettres donnent des lieux de rendez-vous, des numéros de téléphone et tout un tas d'informations à Lamarck, dissimulées sous des couches de compliments et lettres d'amour et d'adoration. Eva Leblanc a aidé Lamarck à utiliser l'hypnose mais ce n'est pas elle sa complice. Dit Nicolas.
- C'est énorme ça ! Pourquoi vous m'avez pas appelé ? Demanda Raphaëlle, étonnée de ne pas avoir été prévenue plus tôt.
- On allait le faire Raph, on terminait juste de regrouper tout ça pour faire un brief clair à tout le monde et surtout au proc' pour avoir un mandat d'arrêt pour sa complice ! Lui répondit Nicolas.
- Et vous ne m'avez toujours pas donné son nom ! Comment elle s'appelle cette complice ?
- Elisa Argent. On a fait quelques recherches, on a découvert que sa mère et Lamarck ont été ensemble pendant quelques années quand Elisa avait une dizaine d'années.
- Oui. C'est ce que la sœur de Lamarck m'a dit. Répondit Raphaëlle, étonnant ses collègues qui ne s'attendaient pas à ce qu'elle aussi ait connaissance d'Elisa Argent.
Les voitures de police arrivèrent en trombe dans la cour d'une maison. Les forces de l'ordre sortirent des voitures, gilets par balles déjà enfilés et armes à la main. Ils ne prirent même pas la peine de frapper à la porte qu'ils enfoncèrent avec un bélier dès lors que toutes les sorties du logement furent couvertes. Raphaëlle pénétra avec Nicolas et Arthur par la porte de devant. Ils trouvèrent Alain Lamarck et Elisa Argent, assis à la table de la salle à manger en train de tranquillement partager un verre de whisky, comme s'ils ne les avaient pas entendus arriver.
- Commandant Coste ! S'exclama Alain Lamarck. Je ne vous attendais pas si tôt. Rappelez-moi de donner un plus gros pourboire à mon coursier, il a livré la suite de mon livre bien plus rapidement que ce que je n'avais espéré !
- Une suite ? On n'a pas besoin de vos indices et jeux de piste Lamarck. Levez-vous. Lui ordonna Raphaëlle.
- Et où est Astrid ? Vous n'allez pas me faire croire qu'elle n'est pas venue avec vous pour m'interpeller, voyons, commandant Coste.
Les armes des officiers de police étaient toujours braquées sur le couple qui n'avait pas bougé du tout.
- Désolée de vous décevoir, mais Astrid a des choses bien plus importantes à faire que jouer à vos jeux stupides et surtout, elle a bien mieux à faire que venir pour vous interpeller ! Lui répondit Raphaëlle.
- Commandant, vous savez très bien qu'Astrid ne peut pas résister à mes livres et mes énigmes, rien ne sert de nier tout cela. Est-ce que je pourrais la voir ? Demanda l'homme, sûr de lui.
- Ça ne dépend pas de moi. Astrid fait ses propres choix, malgré ce que vous semblez penser. Levez-vous. Lui répondit-elle.
Lamarck fit un signe de tête à sa compagne et celle-ci se leva, les mains croisées derrière la tête. Lamarck l'avait préparée, la jeune femme savait pertinemment à quoi s'attendre à être ici avec lui et surtout, après l'avoir aidé dans son évasion et dans ces nouveaux crimes.
- Arthur, tu t'en occupes. Indiqua Raphaëlle à son collègue.
Arthur rangea son arme et se dirigea vers la femme, il lui saisit les poignets et la menotta.
- Madame Elisa Argent, vous êtes en état d'arrestation pour complicité de meurtres, complicité d'évasion... Commença à épeler les chefs d'accusation Arthur en sortant la femme de la maison.
- Allez Lamarck, faites-nous gagner du temps et levez-vous.
- Je vais le faire commandant, vous êtes bien agitée ! Dit l'homme de façon condescendante.
- Lamarck, levez-vous. Commença à s'agacer le commandant Coste.
- Comment va votre ex-compagnon, David, je crois ? Ce n'était pas mon premier choix, mais bon, le jeu aurait été bien moins drôle avec quelqu'un d'autre et l'histoire bien moins vendeuse ! Mon éditeur va être ravi lorsque je vais lui transmettre mon tapuscrit complet ! Se félicita-t-il.
- Ne rêvez pas Lamarck. Jamais ce livre ne sera publié, il s'agit d'une affaire de la police et je ferai tout pour que votre torchon ne soit jamais publié, vous pouvez compter sur moi pour ça.
- Oh mais je sais commandant. Mais vous n'avez pas tous les pouvoirs, vous savez. Dit-il d'un air défiant.
- Et vous non plus. Conclut-elle la discussion en faisant un signe de la tête aux collègues face à elle, placés derrière Lamarck.
Les policiers intervinrent et placèrent Lamarck en état d'arrestation : enfin ! Une fois, l'homme sortit de la maison et tous les collègues dehors, Raphaëlle n'arrivait toujours pas à se dire que c'était fini, elle n'arrivait pas à ranger son arme. La voyant bloquée, Nicolas lui saisit les mains et prit son arme pour l'aider à réaliser. Raphaëlle la sécurisa dans son holster avant de se jeter dans les bras de Nicolas pour une étreinte dont elle ne pensait pas autant avoir besoin.
- Ça va aller Raph. Il va retourner en prison et on va tout faire pour qu'il ne puisse vraiment jamais remettre le nez dehors.
Raphaëlle hocha la tête contre la poitrine de Nicolas qui n'insista pas plus, cette étreinte était tout ce qu'il lui fallait à ce moment précis.
Dans la salle d'observation, Astrid et Raphaëlle regardaient Lamarck, confiant, installé en salle d'interrogatoire. Il affichait un air arrogant et supérieur, comme s’il pensait pouvoir s'en sortir.
- Il n'a pas résisté à son arrestation. Je suis presque sûre qu'il pense pouvoir sortir de prison rapidement. Indiqua Raphaëlle à son amie et collègue.
- Mais ça n'arrivera pas. Il va être condamné pour de nouveaux chefs d'accusation. Ces derniers cumulés aux peines précédemment prononcées, il ne pourra jamais sortir de prison. Lui répondit Astrid.
- Vous savez, parfois le système est mal fait... Il pourrait sortir d'ici une vingtaine d'années sans même avoir à s'évader.
- Il aura presque quatre-vingts ans dans vingt ans Raphaëlle.
- Je sais Astrid. Mais ça ne me rassure pas. Il est prêt à tout et je ne suis pas sûre qu'il soit très heureux qu'on ait une seconde fois réussi à le mettre en prison.
- Peut-être. Raphaëlle, vous m'avez dit qu'il avait demandé à me voir.
- Oui. Mais vous n'êtes pas obligée d'y aller. Il veut vous voir pour essayer de prendre l'ascendant sur vous. Vous vous souvenez la dernière fois ? Il vous contactait et vous disait que je vous en voudrais si je le savais. Il avait tort.
- Oui. Je sais Raphaëlle. Mais cette fois, vous êtes ici, derrière la vitre, je ne risque rien.
- Non vous ne risquez rien Astrid. Lui répondit Raphaëlle en souriant.
Astrid était devenue si confiante et si sûre d'elle dans certaines situations, cela épatait toujours autant le commandant de police.
Astrid entra dans la salle d'interrogatoire où se trouvait Alain Lamarck.
- Ah ma chère Astrid ! Que je suis content de vous voir ! S'exclama le prévenu.
- Ah. Je suis contente de vous voir de nouveau en chemin vers la prison. Lui répondit Astrid.
- Oh Astrid, je sais que vous ne le pensez pas.
- Vous avez tort. Vous ne pouvez pas savoir ce que je pense. Et je pense qu'un homme comme vous ou plutôt un criminel comme vous n'a de place qu'en prison, hors d'état de nuire à quiconque. Exprima Astrid.
- Vous me blessez Astrid. Moi qui pensais que nous étions amis et que nous nous comprenions entre amoureux d'énigmes.
- Hum hum. Nia Astrid. Nous ne sommes pas amis. Et vous aimez créer des énigmes, moi, je préfère les résoudre. Cependant, je dois vous avouer que votre dernier ouvrage m'a beaucoup déçue.
- Oh Astrid, ne jouez pas à ça avec moi ! Je sais que vous adorez mes livres, ne faites pas semblant.
- Hum hum. Nia-t-elle à nouveau. Ce tapuscrit n'avait pas d'énigme centrale, il était comme des poupées gigognes dans lesquelles ont avait omis de mettre la dernière, la plus importante, celle qui est le cœur de l'intrigue.
L'homme changea de visage, blessé dans son ego par la seule personne qu'il avait considérée comme son égal.
- Bien, monsieur Lamarck. Reconnaissez-vous les faits suivants. Reprit Astrid en ouvrant le dossier. Manipulation et homicide sur la personne de Charles Nelson.
- Astrid, s'il vous plaît, vous savez très bien que je n'ai pas tué cet homme.
- Au contraire. Je sais que vous l'avez fait. Indiqua-t-elle. Reconnaissez-vous l'enlèvement de David Rougier ?
- Oui oui oui je reconnais tous les faits dans votre petit dossier minable là ! S'énerva l'homme, blessé dans son amour-propre.
- Bien. Merci monsieur Lamarck. Dit Astrid avant de se diriger vers la porte.
- Astrid ! J'ai hâte de pouvoir échanger avec vous de nouveau. Lui dit l'homme.
- Je vous le déconseille. J'ai demandé une ordonnance de protection contre vous. Vous n'avez pas le droit de me contacter de la moindre manière.
L'homme se figea et Astrid sortit de la salle d'interrogatoire.
Dans le couloir des locaux de la criminelle, Raphaëlle et Astrid s'installèrent sur les sièges pour discuter.
- Il n'a pas apprécié quand vous lui avez dit que vous aviez demandé une ordonnance de protection contre lui. Indiqua Raphaëlle à Astrid.
- Ah. Je n'ai pas envie d'avoir de nouveaux contacts avec lui. Ce n'est pas quelqu'un avec qui il est sain d'avoir une relation. Expliqua Astrid.
- On est complètement d'accord là-dessus !
- Et Elisa Argent ? Que va-t-il lui arriver ? Demanda Astrid.
- Elle va être présentée au juge, elle va devoir répondre de complicité pour une bonne partie des crimes de Lamarck mais je pense qu'il l'a bien manipulée depuis qu'elle était gamine. Elle nous a dit que c'est elle qui avait débuté la liaison mais je pense qu'elle le couvre. Dit Raphaëlle.
- Oui. Alain Lamarck est doué pour manipuler les gens. Dit Astrid à son tour.
Un silence tomba entre les deux amies avant qu'Astrid ne reprenne la parole.
- Raphaëlle ?
- Oui Astrid ?
- Pensez-vous qu'il vous serait possible de venir ce soir, vers vingt heures, au gymnase, après l'atelier d'aptitude sociale ? Demanda Astrid.
- Bien sûr oui. Pour quoi faire ? Demanda Raphaëlle qui voulait en savoir plus.
- Je voudrais remercier tous ceux qui m'ont soutenue lorsque j'étais à l'école de police. Expliqua-t-elle.
- Mais vous êtes en train de m'inviter à une fête pour célébrer votre réussite là Astrid ou je rêve ? S'étonna Raphaëlle.
- Ce n'est pas vraiment une fête. C'est juste un verre après l'atelier. Dit-elle.
- C'est une fête pour vous ça Astrid.
- Oui vous avez sans doute raison. Serez-vous là ?
- Bien sûr que je serai là ! Je ne manquerais ça pour rien au monde ! Vous avez besoin d'aide pour quelque chose ? Je peux apporter des boissons ou quelques trucs à grignoter si vous voulez.
- Oui je veux bien. Merci Raphaëlle. Je ne sais pas vraiment comment marche ce genre d'événement.
Raphaëlle sourit.
- Pourrez-vous passer l'invitation à Théo ainsi qu'au capitaine Perran et au lieutenant Enguien ?
- Bien sûr oui.
- Je vais aller voir le commissaire pour l'inviter puis j'appellerai le docteur Fournier ainsi que Tetsuo Tanaka et Mathilde Nielsen. Dit Astrid. Je préviendrai également les membres de l'atelier par écrit.
Le soir venu, les invités d'Astrid attendaient à l'extérieur du bâtiment la fin de l'atelier d'aptitude sociale pour célébrer la réussite d'Astrid. Raphaëlle était contre Nicolas qui avait son bras dans le dos de sa compagne, se moquant de qui pouvait les voir, ils n'étaient pas au travail et puis tant pis.
- Commandant, capitaine. Les salua le commissaire.
- Bonsoir commissaire. Répondit Raphaëlle sans pour autant bouger.
- Je ne vais rien vous dire, mais vous savez que je sais et puis, je m'en fiche, ce n'est pas vraiment nouveau. C'est bien compris ? Dit-il simplement.
- C'est bien compris commissaire. Répondit Nicolas alors que le commissaire s'éloignait. Raphaëlle le regarda.
- Il s'en fou. Dit-elle.
- Mais complètement ! Et moi, ça me va très bien ! Se réjouit le capitaine de police.
William arriva et ouvrit la porte du bâtiment, les invitant à entrer.
Astrid vit toutes les personnes qu'elle avait invitées arriver dans le gymnase, tout le monde avait répondu présent pour elle et cela l'étonnait presque, elle ne pensait pas que tout le monde pourrait venir ou du moins que tout le monde ferrait l'effort de venir. Elle se figea, beaucoup d'émotions l'envahissaient d'un seul coup. Raphaëlle alla la voir et sans la toucher la conduisit dans un coin de la pièce, plus au calme le temps qu'elle reprenne ses esprits.
- Ça va aller, Astrid ? Demanda Raphaëlle.
- Oui. Tout le monde est là. Je ne pensais pas que tout le monde viendrait.
- Vous comptez beaucoup pour tout le monde Astrid. Et tous ceux pour qui vous comptez et qui comptent pour vous sont là.
- Presque. Presque tout le monde. Dit Astrid.
- Ah oui ? A qui vous pensez ? Demanda Raphaëlle.
- Je n'ai pas invité Niels. J'ai pensé qu'un soir de semaine, ça ne serait pas une bonne idée pour un enfant de sept ans. Expliqua-t-elle.
Raphaëlle se tourna et fit un signe de la main. Un petit garçon se mit à courir pour les rejoindre.
- J'ai appelé sa tante tout à l'heure. C'est un événement inhabituel Astrid et je sais que Niels compte beaucoup pour vous maintenant alors je lui ai demandé si elle pouvait l'amener. Dit Raphaëlle en tenant le petit garçon contre elle.
- Merci Raphaëlle. Dit Astrid qui ne s'y attendait pas mais qui était vraiment heureuse de voir son petit frère. Bonsoir Niels.
- Bonsoir Astrid ! Tata a dit que c'était une fête parce que maintenant t'es une vraie policière ? Dit le petit garçon.
- Oui. Je suis lieutenant de police.
- Trop cool !
Astrid respira profondément et tendit sa main à Niels qui la saisit délicatement, la touchant à peine. Astrid présenta son frère à tous ses amis et proches avant de partager un verre avec tout le monde. William vint trouver Tetsuo et Raphaëlle qui discutaient tous les deux en regardant Astrid.
- Elle en a fait du chemin depuis votre première enquête. Dit William à Raphaëlle.
- Oh que oui ! Je suis tellement fière d'elle !
- Ne l'est-on pas tous ? Répondit William.
- Oh que oui. Ajouta Tetsuo.
Tout le monde prit du plaisir à échanger et discuter ensemble dans un volume sonore restant très faible par respect pour toutes les personnes présentes sensibles aux bruits forts. Nicolas et Raphaëlle profitaient du moment décontracté pour être plus démonstratifs ensemble. Tout le monde discutait, riait, célébrant ensemble Astrid mais également pour certains la fin de cette enquête compliquée.
Astrid vint trouver Raphaëlle qui discutait avec tout le monde comme toujours.
- Raphaëlle. Il est de coutume de trinquer lorsqu'un événement heureux se produit. Je sais que nous avons tous trinqué à ma réussite au concours de sortie de l'école de police mais j'aimerais trinquer avec vous pour autre chose. Expliqua la documentaliste.
- Bien sûr Astrid ! A quoi voulez-vous que l'on trinque ? Demanda Raphaëlle.
- A la fin de cette affaire et au fait qu'Alain Lamarck soit de nouveau en prison. Dit Astrid.
- Oh ça me va ça ! Dit Raphaëlle en trinquant avec Astrid.
Les deux femmes se sourirent et regardèrent tous les proches d'Astrid réunis dans un même lieu. Ce lieu si symbolique pour Astrid gagnait un nouveau souvenir dans la mémoire du lieutenant Astrid Nielsen.
Fin
