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Un Capitaine à la dérive

Série : Torchwood
Création : 17.03.2010 à 12h52
Auteur : chrismaz66 
Statut : Terminée

« Suite de ma fic 1, mais vous pouvez lire sans avoir lue la 1. Suite des réflexions amoureuses de Jack. Début scène du baiser "soldat Thomas", hum. » chrismaz66 

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CHAPITRE THREE

Malgré les demandes répétées et insistantes de Jack pour que Ianto reste la nuit entière au Hub, ce dernier refusa, prétextant qu’il avait du ménage à faire, même dans son petit chez soi, et expliquant judicieusement que Jack avait besoin de repos. Ianto avait raison, Jack était à bout, il avait évacué tout son poids en larmes, à quelques lichettes près. Et seul le sommeil soulagerait et sa conscience, et son corps. Sur la première, Jack n’aurait pas misé sa plus belle chemise, mais pour le second, en effet, le repos s’imposait.

Il donna congé à Ianto, à contre cœur, et tenta de mettre en pratique les conseils avisés du jeune homme. Sans succès. Si son corps tout entier le lâchait peu à peu, son esprit s’opposait farouchement à toute idée de répit. Jack ne dormirait pas tant que l’image débordante de lui et Alec au beau milieu de la lie, quelle fut humaine ou alien, ne viendrait le hanter comme un arc électrique qui vous lézarde la rétine et vous perturbe la vision avec persistance. Non pas qu’Alec fut un flash de milliers de volts.

Il était bien plus qu’un éclair fugitif, car les éclairs sont par définition toujours fugitifs. Non, Alec était bien plus qu’un simple éclair sans que Jack ne puisse vraiment dire avec certitude ce qu’il représentait pour lui. Quelque chose chiffonnait Jack, un soupçon de médisance, ou pire encore, une attaque personnelle contre sa fierté de mâle s‘insinuait dans sa réflexion sur l‘attitude versatile de l‘expert. Tout était logique dans sa tête. Malgré sa déclaration , Alec n’avait pas changé de décision. Il avait choisi de repartir retrouver sa femme et sa fille. Sa famille. Son lien de sang et de cœur. Jack lui avait pourtant dit qu’il aimait, de la façon la plus simple et sincère, la seule qui comptait. Et Alec n’en avait pas tenu compte. Il avait obtenu ce qu’il désirait - ce que peu d’hommes et peu de femmes n’aient jamais obtenu de lui, et il allait en rester là. Pourquoi? É tait-il finalement comme tous les autres? Ceux-là même auxquels il avait reproché leur lâcheté et leur propension à exploiter sans vergogne le plaisir que Jack leur octroyait avant de le laisser seul à nouveau. Alec avait obtenu de Jack ce plaisir et même plus, la suprême mélopée, celle à laquelle tout être vivant aspire, ou crève d’entendre au moins une fois dans sa vie. Et il partait.

Depuis quand n’avait-il pas dit « je t’aime »? Se demanda Jack, allongé sur le sofa, les mains sous sa tête, les yeux au ciel métallique du Hub, aussi lointain au dessus de lui que son désarroi était grand et sans fond. Il s’était épargné en épargnant ceux et celles qui l’avaient aimé. Se préservant de tout attachement, de tout engagement. La vie de famille ne lui avait jusqu’ici jamais réussi, pourquoi insister? Jack trouvait même un côté romanesque à sa façon d’aimer, de jouir des plaisirs de la chair. Tel un papillon butineur, flirtant avec cette rose-ci, puis faisant de l’œil à cette belle hortensia-là. Ainsi de suite sans jamais se poser. La liberté du corps palliait à l’aliénation de son esprit. Car Jack se torturait sans commune mesure avec le commun des mortels quand il aimait, vraiment. Sincèrement. Et Jack était amoureux.

Amoureux d’un homme qui l’aimait aussi mais le quittait. Amoureux d’un homme qui croyait l’aimer et ne le quitterait pas d’une semelle. Jack était amoureux de deux hommes. Le temps qu’il avait passé sans amour était enfin révolu. Comme pour s’excuser de l’avoir enfermé si longtemps dans un monde sans amour, le destin lui avait doublé sa ration de passion, d’ivresse des sens et de l’âme. Jack n’en demandait pas tant car les complications faisaient malheureusement partie du package. C’était tout ou rien et Jack voulait tout, toujours. Il était peu disposé à refuser un tel cadeau, même empoisonné. Seulement un dilemme somme toute bien humain le déchirait. Le terme n’était pas trop fort. Il souffrait du peu de cas qu’Alec faisait de sa déclaration, et il se refusait de faire souffrir Ianto, dont la noblesse des sentiments ne faisait plus aucun doute dans son esprit. Cette obsession qu’avait le jeune homme de séduire la moindre parcelle de sa peau l’avait complètement convaincu. Ianto ne l’aimait sans doute pas de la même façon que ne l’avait aimé Alec, mais cela n’enlevait rien à son attachement envers Jack.

Ianto le voyait tour à tour comme un grand frère protecteur, comme un complice jovial et coquin, comme un amant expérimenté et drôlement inspiré. Qui résisterait à un tel appât?

Alec, lui, l’aimait sans vraiment le connaître, ni ses défauts, ni ses qualités en dehors d’un lit. Alec était curieux, friand de nouveautés, il ne bradait pas ses sentiments. Il était entier, droit et sacrément imperméable aux quand dira-t-on? Un parfait reflet de lui-même, à un détail près. Il était marié et père d’une petite fille. Il avait une vie à lui. Un avenir confiant. Il s’arrangeait avec sa propre conscience sans que Jack ne sache de quelle manière. Jack ne chercherait pas à savoir. Son histoire avec Alec était terminée. Inutile de s’appesantir sur la raison de cette rupture brutale. Alec avait fait le meilleur choix possible.

Peu à peu, Jack délaissa sans s’en rendre compte ses divagations pour un sommeil réparateur et bienvenu.


chrismaz66  (26.03.2010 à 11:42)

Une main sur son épaule le sortit des bras de Morphée. Jack cligna des yeux et fut surpris de voir Tosh, penchée sur lui, qui le réveillait en douceur.

-Tosh, mais que fais-tu là, quelle heure est-il?

Jack étira ses bras et s’assit, désorienté.

- Il est presque 7 heures, Jack. Je suis désolée, je sais qu’il est un peu tôt mais je dois finir le rapport avant qu’Alec ne prenne son train de midi.

- Alec, je croyais qu’il était déjà reparti? S’étonna Jack en se levant. Où est-il, il va revenir ici?

Jack sentit son cœur palpiter mais s’arrangea pour ne rien laisser paraître de son trouble. Il releva gentiment la mèche de cheveux noirs et fins qui couvrait les yeux de la jeune femme. Tosh recula, l’air sévère.

- Non, il ne viendra pas , Jack, et tu sais bien pourquoi, fit-elle, en s’installant à son poste.

- Comment ça? Tu veux bien m’expliquer?

Jack savait pourquoi, mais il voulait savoir ce que Tosh savait.

- On a discuté hier soir en partant.

- Oui j’ai cru comprendre que vous vous entendiez plutôt bien tous les deux, la soirée a été comme tu voulais? Fit-il, grinçant.

- Qu’est-ce que tu veux dire?

- J’ai bien vu vos œillades hier. Tu sais qu’il est marié, fais gaffe, continua Jack sur le même ton.

La jeune femme le fusilla du regard. Jack avait touché la corde sensible. Tosh était cernée de cordes sensibles.

- Je viens de perdre Tommy. Je ne suis pas comme toi, Dieu m’en préserve, lâcha-t-elle d’une voix chevrotante. On a parlé de toi, figure-toi. Il n’a parlé que de toi. J’imagine que cela ne te surprend pas, n’est-ce pas?

Tosh ne le regardait pas. Elle était irritée, presque en colère.

- Qu’est-ce qu’il t’a dit, Tosh? Demanda Jack en se rapprochant, la voix calme.

Il savait très bien comment pousser la jeune femme à se confier à lui. Elle ne lui avait jamais résisté bien longtemps.

- Tu veux vraiment savoir?

- Si je te le demande, c’est que oui j’ai envie de savoir.

Tosh hésita un court instant, elle en avait gros sur le cœur et visiblement ce qu’elle savait lui pesait trop.

- Il t’aime. Et d’après ce qu’il m’a dit, c’est réciproque, dit-elle, sèchement. Jack?

Tosh le fixait, l’air chafouin.

- Oui?

- C’est vrai.? Tu lui as vraiment dit que tu l’aimais?

- En quoi cela te regarde-t-il, Tosh, balbutia-t-il, sincèrement désarçonné par cette révélation.

Comment Alec avait-t-il osé ?

- Il s’est confié à moi, Jack! Je suis en droit de savoir la vérité, non?

La jeune femme fit pivoter son siège pour le regarder droit dans les yeux. Douce Tosh, toujours en empathie avec les âmes les plus chagrines. Comme la sienne. Jack se dit que cette journée allait ressembler en tous points aux précédentes : longue, compliquée et riche en altercations.

- A quoi tu joues Jack? Tu ne changeras jamais. Pourquoi lui avoir dit que tu l’aimais, tu le connais à peine…

- C’est pourtant la vérité, Tosh., avoua Jack, la voix fêlée

Tosh s’attendait sûrement à une réplique cinglante ou simplement frivole. Mais Jack lui disait la vérité et cet aveu la choqua.

- Tu es sérieux?

- Tosh? Fit Jack en prenant un siège près d’elle. Je ne serais jamais allé aussi loin avec lui si je n’avais éprouvé qu’une simple attirance. Je sais que l’image que je donne n’est pas bien valorisante pour mon pedigree. Mais je n’y peux rien, je suis comme ça. Seulement il faut croire que tout peut arriver avec ce nouveau siècle. Le fait d’être immortel me retire-t-il le droit d’aimer?

- Tu aimes Alec?

Jack ne répondit pas, il baissa la tête, en soupirant.

- Et Ianto?

- Quoi, quel est le problème avec Ianto, Tosh, dis-moi? Protesta Jack, de nouveau sur la défensive.

- Ne me prends pas pour une idiote, Jack! Tu manges à tous les râteliers et tu n’y vois aucun mal?

- Je n’ai pas cherché à attirer Alec, Tosh. Il est revenu de sa propre initiative. C’est lui qui a repris contact avec moi, pas l’inverse. Est-ce encore de ma faute si cet homme m’aime?

Tosh rougit. Elle évita son regard fou. Jack disait vrai, de quoi devrait-il avoir honte?

- Tosh, reprit-il, l’obligeant à le regarder, est-ce ma faute?

La jeune femme secoua la tête. Ce n’était évidemment pas sa faute, mais elle ne pensait qu’à Ianto.

- Et Ianto?

Le Capitaine s’emporta.

- Tu vas arrêter de parler de lui, je te parle d’Alec!

- Alors, tu ne l’aimes vraiment pas…soupira-t-elle, accablée de tristesse pour son ami.

- Tosh, que t’a dit Alec? J’ai besoin de savoir, demanda Jack sans relever la dernière phrase.

- Quand on est rentrés hier soir au Hub, il a vu comment Ianto t’a regardé. Ianto n’était pas fâché, même pas en colère, m’a-t-il dit. Et c’est là qu’il a pris sa décision. Il a une morale, lui, il ne veut briser aucun couple.

- Il a surtout une famille, oui, et j’ignore de quel couple tu me parles. Je ne suis pas en couple avec Ianto, d’où est-ce que tu sors cette blague? Pérora Jack, gonflé à bloc.

- Je la tiens de Ianto, si tu veux savoir, tu es l’homme qu’il aime. Tu es tout pour lui! Comment peux-tu l’ignorer ou faire semblant de ne pas comprendre? Ne te fais pas plus naï f que tu ne l’es, pas toi, Jack! Et lui, il est quoi pour toi, dis-moi, un passe-temps, un bouche-trou?

Tosh criait presque, elle plaidait la cause de son ami avec ferveur et détermination. Brillante avocate. Mais Jack se mit à sourire.

- Oh, quel choix délicat d’expression, Tosh, tu sais que tu es drôle.

- Tu es impossible!

Jack crut voir un léger sourire se profiler sur le visage de Tosh. La boutade l’aurait-elle amusée? Le Capitaine adorait faire rougir les créatures les plus effarouchées.

- Laisse-moi travailler maintenant. Il faut que je l’appelle pour rédiger le rapport, fit-elle, louchant sur ses fiches.

- Tu vas appeler Alec? S’enquit Jack, anxieux.

- Oui, il ne tient pas à t’avoir dans les parages. Je lui ai proposé cette solution, qui convient à tout le monde, non?

- Elle ne me convient pas, à moi. Tu connais les tarifs des communications téléphoniques?

Tosh lorgna vers lui, intriguée, se demandant s’il plaisantait encore.

- Tu proposes quoi?

Jack sortit son portable de la poche de son pantalon.

- Je vais lui demander de venir ici. Gain de temps, gain d‘argent. En bon É cossais, il devrait comprendre.

Tosh se leva pour lui prendre le téléphone. Jack leva le bras et sa haute taille fit le reste.

- Aucune chance Tosh, tu n’as pas assez mangé de soupe quand tu étais…plus petite! Fit Jack en souriant avec satisfaction.

Tosh s’affaissa sur sa chaise, vaincue mais confiante.

- Il ne viendra pas. Tu perds ton temps.

- Tu crois ça?

- Qu’est-ce que tu veux Jack? Tu ne l’as pas assez torturé comme ça?

- Je veux savoir qui est allé lui mettre dans la tête que j’étais en couple avec Ianto! J’ai une vague idée sur la personne à incriminer et je te jure que si c’est bien celle à qui je pense, tu vas me le payer!

La jeune femme ne dit rien. Elle regarda Jack composer le numéro. Puis l’attente. Une sonnerie qui tournait dans le vide. Tosh esquissa un sourire de victoire.

- Il a ton nom dans son répertoire. Il ne répondra pas.

Jack ferma son portable.

- Donne-moi le tien! Ordonna-t-il en tendant la main.

- Pas question.

- Donne-moi ton portable Tosh! Sinon tu es virée!

Tosh lui céda, contrariée. Jack s’empara de son portable et s’éloigna d’un pas chaloupé. Elle n’entendit pas la conversation. Jack se frottait nerveusement la nuque tout en discutant avec Alec. Lorsqu’il referma le téléphone, il revint vers elle , le lui lança, et fit demi tour.

- Alors?

- Appelle-le et finissez-moi ce foutu rapport, dit Jack sans se retourner.

Il disparut du Hub central. Il avait besoin d’une bonne douche bouillante après la douche froide qu’il venait de recevoir.

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chrismaz66  (26.03.2010 à 11:44)

Ianto lui apporta son café matinal dans son bureau dont il referma la porte après avoir posé le plateau. Jack rédigeait sa propre version de la mission « radioactivité alien endiguée » mais reposa stylo et carnet dès que le jeune homme entra.

- Bien dormi, Ianto?

Aucune réponse. Au lieu de cela, Ianto lui servit son café chaud et s’installa en face de lui. Nouvelle altercation en perspective pour le Capitaine. Il était d’attaque. Le fait qu’Alec l’ait largué sans prendre de gants l’avait ramené à la dure réalité de son quotidien de chef éternel et solitaire.

- Tu as quelque chose à me dire? Demanda Jack, le plus calmement qu’il put, en prenant la tasse dans ses mains.

- Moi, non. Mais toi, tu as certainement à me parler.

Ianto était aussi calme que lui. Deux judoka avant le combat. Respect, salut avant le corps à corps que Jack aurait préféré plus poussé. Moins cérébral.

- A propos de quoi? Fit Jack, sirotant le nectar fumant.

- Alec est parti?

Leurs regards se défièrent.

- Non, il a son train à midi.

Jack parla calmement, sans intonation particulière. Il attendait le coup d‘envoi.

- Tosh est en visioconférence avec lui en ce moment.

- Je sais.

- Pourquoi n’est-il pas venu ici pour parachever son travail?

Jack reposa sa tasse. Il se massa la nuque.

- Aucune idée. Pourquoi ?

- Vous avez eu une querelle d’amoureux? Lâcha Ianto, impassible.

Seulement Jack connaissait son Ianto par cœur. Les épaules de celui-ci se voûtèrent sensiblement et son regard clair se perdit dans le feuillage de la plante à la droite du bureau.

- Pas du tout. Tu es déçu?

Jack pouvait jouer à ce jeu puéril pendant des heures entières sans jamais se lasser. Ianto releva les yeux vers lui, toujours serein.

- Un peu. Alors tout va bien entre vous?

- Oui.

Les deux hommes continuèrent leur duel tacite, sans chercher à en sortir vainqueur.

- C’est bien. Dit Ianto, de plus en plus nonchalant.

Le Capitaine gloussa.

- Tu trouves que c’est bien, vraiment?

- Oui, ça veut dire que tu vas souffrir quand il partira, et je veux que tu souffres.

Le match avait commencé. Pas trop tôt, car Jack voulait rétablir la situation bancale qu’il supportait de plus en plus difficilement.

- Pour moi, il est parti hier. Et je n’en ai pas souffert. Mentit Jack.

Pas qu’il n’en ait véritablement souffert mais la rupture avait seulement été confirmée quelques instants auparavant, quand Jack lui avait téléphoné et était tombé sur un Alec presque méprisant qui lui avait juré de ne plus jamais vouloir avoir affaire à lui. Qu’il l’avait délogé de son esprit pour toujours. Maintenant Jack souffrait, mais Ianto n’en sut rien, malgré le don qu’il avait pour deviner les émotions de quiconque. Jack savait comment leurrer le fin limier qui était en face de lui. Il lui sourit copieusement.

- Tu seras soulagé si tu me vois souffrir?

- Non, je ne suis pas toi, Jack. J’ai horreur de voir les gens que j’aime souffrir. Mais tu le mérites, non? Répondit Ianto, qui jugulait mal sa colère.

Jack creva l’abcès.

- Tu m’aimes mais tu veux me voir souffrir? C’est ça qu’on appelle être sado-maso? Ricana-t-il, en reprenant sa tasse.

- Exact.

- Tu m’avais caché cet aspect croustillant de ta…personnalité mon jeune ami! Il faudra que j’y pense pour nos séances privées à venir.

Ianto le toisa fou de joie perverse.

- Car tu crois que je vais continuer à te satisfaire? Tu ne manques pas de souffle!

- C’est une rupture ou je ne m’y connais pas, fit Jack, grisé par la tension houleuse qui s’instaurait petit à petit entre eux.

- Je ne sais pas aimer quelque un qui aime quelque un d’autre que moi.

- On est d’accord, tu ne m’as jamais aimé. Lisa, elle, tu l’as aimée. Tant pis. Après tout telle est ma destinée, je ne suis qu’un chef-d’oeuvre en péril. Soupira Jack.

Il ne crut pas un instant que Ianto ne l’avait jamais aimé mais la tentation de le voir plisser son front était trop forte. Ianto se leva.

- Demande à Alec de venir à ton secours. Tu l’ignores sans doute mais son prénom signifie « protecteur » en dialecte celtique.

Ianto se dirigea vers la porte.

- Hey, tu ne sais pas ce que tu perds, Ianto. J’ai de la place pour mal de monde dans mon cœur.

Le jeune homme se retourna.

- Pas moi. Dommage.

Et Ianto quitta le bureau, aussi tranquillement qu’il y était entré. Jack étouffa un rire. Ianto n’avait même pas su se convaincre lui-même de cette rupture annoncée. La jalousie lui faisait perdre la tête, se rassura le Capitaine.

 

Jack rejoignit l’équipe en bas. Tosh était toujours en conversation vidéo avec Alec. Gwen l’assistait dans la rédaction du rapport. Rien de neuf durant la matinée. Il fallait bien s’occuper. Jack résista à l’envie de jeter un œil sur la caméra devant Tosh, mais il eut un mal fou à ne pas entendre la voix envoûtante de l’expert. Il s’étonna de voir Owen courir entre son labo et l’ordinateur de Tosh. Que faisait le médecin à faire la navette, les mains visqueuses et peu ragoûtantes?

- Owen, tu fais quoi? Demanda Jack, accoudé à la rambarde de l’escalier. Le jeune homme manipulait une substance infecte, faite de déchets, de bris de verre, de gelée puante. Il leva la tête vers Jack, étonné, voire énervé d’être interrompu dans son travail.

- J’analyse les prélèvements qu’on a fait hier dans la cave, Tosh me l’a demandé.

- Quelqu’un doit s’y coller vu qu’Alec n’a pas le matériel adéquat sous la main dans sa chambre d’hôtel, fit une voix dure derrière eux.

Jack se tourna. Tosh.

- Il n’avait qu’à venir sur place, on a tout ce qu’il faut sous la main, tu parles d’un collaborateur! Pesta Jack, franchement irrité.

- C’est vrai ça, pourquoi il ne vient pas? S’étonna Owen, le nez dans ses saletés.

Jack chercha une réponse intelligente à donner au médecin, mais toutes celles qui lui vinrent à l’esprit rivalisaient d’incohérence. « Il ne vient pas à cause de moi » voilà ce que Jack aurait dû dire.

- Faut croire qu’il est aussi fantasque que son illustre chef à Glasgow. Ces É cossais sont encore plus fainéants que je ne le pensais, fit-il en retournant au Hub.

Il réalisa alors, sous le choc, que sa voix forte et porteuse avait atteint sa cible. Tosh, Gwen et Ianto le regardaient. Un sourire malicieux sur les trois visages, et Jack comprit. C’est qu’il avait du coffre, le fringant Capitaine. Il courut vers le visiophone et, par dessus l’épaule de Tosh, il hasarda un regard furtif sur l’écran. Alec le voyait, mais pas de sourire sur ce beau visage-là.

- Je vous prie de m’excuser, Alec. Je tuerais père et mère pour amuser la galerie, bégaya-t-il.

- Vous êtes libre de vos opinions, Jack. Mais si vous n’y voyez pas d’inconvénients, Toshiko et moi-même devons terminer notre rapport, lui rétorqua l’expert, avec détachement.

Jack hocha la tête. Il s’éloigna du poste central mais fut rattrapé par le regard comblé de Ianto. Ce contentement déplut férocement au Capitaine, dont l’orgueil tournait à plein régime, en toutes circonstance. Il se pencha à nouveau par-dessus l’épaule de Tosh et déclama à l’homme un petit laï us improvisé mais percutant.

- Alec, je pense vraiment que vous êtes aussi barré que votre patron excentrique dont vous me vantez les talents à longueur de journée. Car je trouve ridicule, mesquin, et puérile votre façon de nous compliquer les choses. Nous sommes des professionnels dignes de ce nom. Je n’en dirais pas autant à votre endroit. Si vous voulez boudez dans votre coin, rien ne vous oblige à revenir à Cardiff, dans cet hôtel miteux, pour y semer la pagaille. Personne ne vous a dit de revenir vous perdre ici. Retournez donc dans vos quartiers insalubres de Torchwood Glasgow et laissez faire les vrais experts, ok?


chrismaz66  (26.03.2010 à 11:46)

Une fois sa bile déversée, Jack tourna les talons sans un regard pour personne, et remonta dans son bureau, nullement soulagé, juste un peu plus perdu.

Son portable sonna dès qu’il s’installa sur sa chaise.

- Oui? Fit-il en décrochant. Jack n’avait pas le numéro personnel d’Alec dans son répertoire. Oubli risqué.

- Jack, vous êtes satisfait de votre honneur mal placé je suppose.

Le ton était cinglant.

- Vous n’avez pas l’habitude vous faire lourder, mais il y a un début à tout, ajouta Alec.

- Je n’ai rien dit qui soit déplacé. Vous nous compliquez sérieusement la tâche, et Tosh n’a pas besoin de ça en ce moment.

- Certes, mais aviez-vous réellement besoin de le hurler devant tout le monde? Aurais-je sapé votre autorité naturelle? Ou bien autre chose?

Jack crut s’étrangler de rage. Le serpent n’avait plus de prise sur lui.

- Vous vous êtes conduit en lâche, Alec, je vous croyais plus téméraire.

- Je ne comprends pas, de quoi parlez-vous?

La voix s’était adoucie, bizarrement.

- Vous me harcelez pour me fuir. Une fois que vous avez obtenu ce que vous vouliez de moi, vous êtes comme tous les autres, égoï ste, pervers, nocif. Vous êtes méprisable, Alec.

- Je suis méprisable, on est parfois méprisable quand on aime, Jack, mais je n’ai jamais voulu profiter de vous, je suis meurtri, profondément meurtri de savoir que vous doutez ainsi de ma bonne foi. Comment est-ce possible, Jack, comment pouvez-vous pensez une chose pareille? Je vous aime et vous n’avez pas idée du calvaire qui est le mien.

Jack se focalisa sur les derniers mots d’Alec pour ne pas sombrer dans la honte. « Je vous aime », c’est bien ce qu’il venait d’entendre? Un proverbe ancien lui traversa l’esprit « avant de regarder la paille qui est dans l’œil de ton voisin, pense à regarder la poutre qui est dans le tien ». Jack était tout aussi méprisable que l’expert, bien plus. Aussi vaniteux qu’Alec était sincère et droit. Obnubilé par la voix brisée de l’homme, Jack n’entendit pas Ianto qui avait ouvert la porte du bureau.

- Quoi, qu’est-ce que tu veux encore? Aboya-t-il à son jeune ex-amant.

- Rien, je venais voir si tout allait bien de ton côté, fit Ianto, jubilant.

Jack se mit à rire, nerveusement mais bruyamment. Il avait à présent une poutre dans chaque œil et cela l’horripila magistralement. Mais qu’à cela ne tienne, Jack Harkness survit à tout. Et la difficulté l’avait toujours stimulé, sans elle, il ne serait pas le grand Capitaine vaillant et casse-cou qu’il était. Cependant, il hésitait entre caresser Alec dans le sens du poil ou faire entendre raison à Ianto en donnant à sa conversation téléphonique une teneur plus technique. Il n’avait envie de perdre ni l’un ni l’autre et pourtant, l’heure du choix avait sonné.

- Je vous rappelle plus tard, j’ai un Ianto sur le feu, dit-il à l’expert avant de fermer son portable.

- Tout va bien? Répéta Ianto, imperturbable.

Jack se leva, en souriant, et s’avança vers l‘insolent. Il le serra contre lui sans que l’autre ne résiste.

- Tout va parfaitement bien, Ianto. Ce type est sans intérêt , crois-moi.

Jack déposa un léger baiser sur la joue du jeune homme qui se laissa faire.

- Mais tu l’aimes.

Ianto le regardait, stoï que.

- Qui t’a dit ça? Fit Jack en multipliant ses baisers dans le cou.

- Tosh.

Jack priva Ianto de ses démonstrations d’affection.

- Mais de quoi doit elle se mêle? Qu’est-ce qu’elle connaît aux histoires d’hommes? Elle n’est pas fichue d’en trouver un pour elle qui soit potable…

- Tu es abject quand tu t’y mets !

Ianto se dégagea de son emprise, furieux, blessé pour son amie.

- Alors qu’est-ce que tu as à me coller tout le temps? Tempêta Jack. Trouve-toi quelque un de gentil, de docile, de mielleux et fiche-moi la paix une bonne fois pour toutes! Mieux : sors avec Tosh et fichez-moi la paix !

Il poussa Ianto dehors et claqua la porte, violemment.


chrismaz66  (26.03.2010 à 11:48)

CHAPITRE FOUR

Merci aux mêmes, B’R, Eva pour sa correction rétroactive! Et Arian.

Merci à Alec, qui est reparti souffrir dans son coin…pour de bon!

Merci à Jack, ma muse.

 

Le reste de la journée fut d’un calme inquiétant. Pour ce qui était de la faille. Il n’en fut pas de même pour la tempête de remords qui terrassa Jack. Il ne voulut voir personne. Personne ne voulut le voir. A l’heure où Alec devait descendre de son train pour retrouver sa famille, Jack se retrouvait seul à la base. Cette fois-ci il lui fallait faire le deuil de cette romance si intense, si nouvelle pour lui. Alec s’était distingué des autres, il n’avait jamais ressenti un tel attachement pour quiconque avant lui, malgré ses nombreuses moissons sentimentales. Son émoi le surprenait. Il était égoï ste comme la plupart des gens amoureux mais il se sentait capable de courir deux lièvres à la fois. Avec autant de virulence et d’excès que de tendresse. Jack était capable de tout. Capable de relancer l’expert dès que le manque se ferait trop grand. Dès que son besoin de l’autre deviendrait invivable. Ce moment ne tarderait pas à venir. Jack sourit. L’ogre qu’il était en matière de sexe rugissait en lui avec moins de force que l’homme amoureux. É perdument amoureux.

Combien de fois avait-il résisté à l’envie féroce de lui téléphoner. Dix fois? Cent fois? Combien de temps allait-il tenir ainsi? Mais il dut se faire violence, par respect pour Alec, pour sa famille, pour Ianto.

Jack se concentra sur la lecture des rapports de Tosh, sur l’affaire de la cave secrète, puis sur celle du pauvre Tommy. La jeune femme avait travaillé d’arrache pied toute la sainte journée et Jack eut une pensée émue pour elle. Brave Tosh. Malgré la somme de travail qu’elle venait d’abattre pendant que lui n’avait pensé qu’à une seule chose depuis le lever du jour, Tosh avait trouvé le temps de lui parler de Ianto, de remettre la brebis égarée qu’il était dans le droit chemin. Jack se fichait du droit chemin. Seul comptait le chemin qu’il empruntait par monts et par vaux, pour satisfaire toutes ses pulsions. Mais Tosh était sage, et loyale. Il se devait de l’être aussi .

Il n’eut qu’à approuver les rapports fouillés et brillants avant de les consigner pour la postérité. Puis il alla se coucher, seul, fatigué. Il ne fermerait pas l’œil de la nuit pour autant. Trop de lourdeurs dans son corps et son esprit pour trouver le sommeil qui le fuyait si souvent.

¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤

Tout revint à la normale. Dès son réveil, Jack se sentit exténué. L’arrivée de Ianto et de Tosh, en même temps, n’allait évidemment rien apaiser. La routine du matin s’installa vite. Le café qui passait. Les ordinateurs qui démarraient. Les tasses qui s’entrechoquaient sur leur plateau. Rien à signaler. Excepté Ianto, la mine rayonnante, qui sifflotait l’air entraînant de « Brazil « . Jack souffrait et Ianto savourait sa vengeance. Match nul. La joute promettait d’être spectaculaire. Il descendit à la cuisine et examina chaque geste enjoué que le jeune homme faisait. Dans son dos. Ianto se retourna enfin et croisa son regard triste.

- Bien dormi, Ianto?

- Comme un bébé, fit le jeune homme en lui tendant une tasse. Et toi?

Ianto avait l’oeil pétillant, le sourire niais d’un adolescent qui aurait reçu le nouveau jeu vidéo à la mode, et le geste léger.

- Pas trop mal, répondit Jack. Mais tu m’as manqué. J’ai dû me contenter tout seul, c’est moins amusant.

Ianto perdit son sourire niais et l’air qu’il fredonnait. Son visage se décomposa à la vitesse de la lumière. Jack jubilait intérieurement. Ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace, bon sang. Il s’avança vers lui, avec ce sourire hybride, entre la soif de sexe et la remontrance, un sourire spécial Jack Harkness qui foudroyait la plus rétive des proies existantes en ce bas monde. A chaque coup.

- J’avais très envie de toi cette nuit. Pourquoi es-tu rentré dans ton triste appart?

Jack avait repris du poil de la bête qui ne sommeillait que très rarement en lui. Cette bête-là était pratiquement toujours éveillée. Immanquablement , Ianto le rendait bestial. Et Jack avait vraiment eu envie de lui cette nuit. Comme toutes les autres nuits.

- Arrête Jack, je ne veux plus de ça, protesta Ianto en reculant.

- Tu mens, dis-moi que tu n’as plus envie de moi!

Jack se rapprocha encore et cerna sa proie, acculée contre le mur, dans ses bras.

- Tosh nous regarde, fit Ianto, gêné.

- Et alors? Elle sait que tu m’aimes. Elle me l’a encore répété hier. Je t’écoute, Ianto. Dis le moi.

Jack était sur le point de l’embrasser. Ianto lui renversa le contenu de sa tasse sur le bras.

- Aie, mais qu’est-ce qui te prend? Rugit Jack, en se frottant la manche trempée et bouillante.

- C’est pour calmer ta libido, cria Ianto en se dégageant.

Il sortit du coin cuisine, d’un pas allègre. Jack le foudroya du regard. Le zèle du jeune homme le séduisait en temps normal mais là il avait outrepassé ses droits. Et Jack adorait braver les interdits. Il se mit à rire.

- Je ne l’ai pas volée celle-la, n’est-ce pas?

Ianto le fixa, médusé.

- J’aime ta façon de me montrer ta flamme, continua Jack. Ç a m’excite!

Ianto resta sans voix. Jack l’avait connu plus loquace. D’un geste ample de la manche, Jack balaya la douleur et reprit son badinage.

- Tu es vraiment sado-maso, j’adore. Ce soir je te veux avec moi, c’est compris!

- Tu peux te gratter, Jack, c’est fini. Trouve-toi un autre cobaye.

Ianto parlait durement, mais son visage le trahirait toujours. L’amoureux est fluctuant comme la marée, et Ianto serait avec lui ce soir.

-Tosh, hurla Jack, en passant devant le jeune homme, le même sourire mitigé aux lèvres. Je te félicite pour ton travail d’hier. Tu es parfaite.

La jeune femme qui avait assisté à toute la scène rougit autant du compliment que du petit jeu viril entre son patron et son ami.

- Merci, Jack. Owen m’a beaucoup aidé.

- Et Alec, ajouta Jack, en louchant vers Ianto qui avait regagné son coin fétiche. N’oublions pas Alec.

Tosh le regarda en biais, sévèrement.

- Il a fait du beau boulot, non? Renchérit Jack.

Mais la farce ne prenait pas, pas même sur lui. Il devait oublier Alec. Oublier les paroles d’extase qu’il lui avait dites. Les paroles inoubliables. Exclusives. Uniques.

- Jack?

Tosh vit le changement dans son comportement qui vira du clown espiègle au héros maussade.

- Oui?

- Tu vas bien? S’enquit la jeune femme.

- Très bien, Tosh, je te remercie. Tout va très bien. Je me demande juste ce que font nos deux cancres, il ne manque plus qu’eux pour le débriefing.

Il alla rechercher sa tasse de café et remonta dans son bureau.

- Ianto, cria-t-il depuis l’escalier. C’est quoi ce café, on dirait du déca, tu n’as pas osé?

Le jeune insolent ne répondit pas. Jack se chargerait de lui plus tard. Il ne perdrait rien pour attendre.

Owen et Gwen arrivèrent enfin. Jack les rejoignit dans la salle de réunion. Aucune activité de la faille durant la nuit, et rien à se mettre sous la dent sinon de la paperasserie.

- Tosh, tu peux prendre la matinée, si tu veux, comme je te l’ai dit tu as bien bossé hier.

- Je préfère rester si ça ne t’ennuie pas, je n’ai pas envie de me retrouver seule, murmura la jeune femme.

--Tu vois que j’avais raison, ce n’est jamais bon de rester seul, …et je sais de quoi je parle, crois-moi, dit-il à Tosh, mais son regard était posé sur Ianto qui ne détourna pas les yeux. Le jeune homme avait de l’aplomb, mais un geste fébrile de ses mains indiquèrent à Jack que l’allusion ne l’avait pas laissé de marbre.

- Alec est parti? Demanda un Owen plus candide que nature.

Visiblement il était à mille lieux de l’imbroglio romantique que l’expert avait déclenché. Certes il savait que Jack et Alec s’étaient relativement bien « entendus » mais la présence de Ianto ne l’embarrassa nullement.

- Oui, depuis hier midi. Affirma ce dernier, plein d’assurance.

Jack voulut moucher son jeune ex-futur amant, mais rien de corrosif ne sortit de sa bouche.

- Il est appelé à de hautes fonctions, et une affaire personnelle à régler, mitonna le chef de Torchwood. Bon, mode administratif pour tout le monde, sauf toi Ianto, tu viens avec moi.

- Pourquoi moi? Dirent en chœur Owen et Ianto.

- Pardon?

- Je suis médecin, j’ai pas de paperasse à faire, se plaignit Owen.

- Où veux-tu que je vienne avec toi? Demanda Ianto.

- Owen, tu aides tes copines. Ianto, tu verras où je t’emmène.

Le Capitaine se leva. Les autres l’imitèrent.

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chrismaz66  (27.03.2010 à 10:44)

Jack n’avait pas la moindre idée de l’endroit où il allait emmener Ianto. Tout ce dont il était sûr, c’est qu’il tenait à être seul avec lui. Ils avaient à se parler. Ils roulèrent longtemps. Jusqu’à ce que Jack sache où aller. Ianto ne disait rien. A ce train là, ils auraient vite franchi la frontière et visiter le « pays » voisin qu’était l’Angleterre. Mais au bout d’une heure, Jack gara le véhicule sur une charmante place piétonne, et proposa de prendre un verre à la terrasse couverte d’un pub.

Ianto commanda un café serré, comme toujours. Jack dérogea à ses habitudes de buveur sobre et prit une bière blonde. Il fallait au moins ça pour présenter ses doléances au jeune homme.

- Ianto, il faut qu’on parle.

- Je n’ai rien de particulier à dire, fit Ianto, incisif.

- Alors tu vas m’écouter.

Ianto ne dit rien. Jack but une franche gorgée de sa bière fraîche et se lança.

- Je sais que je t’ai fait du tort. J’en suis conscient.

- Vraiment?

- Laisse-moi parler. Ce qui s’est passé avec Alec ne doit rien changer à nos …habitudes.

- Tu es désopilant.

Jack le fit taire d’un simple regard.

- Je crois que nous sommes quitte à présent. Tu m’as trompé avec Lisa. Je l’ai fait avec Alec.

- Je n’ai rien fait avec Lisa, protesta Ianto, furibond. Elle était sans vie. Je ne suis pas nécrophile!

- Tu l’aimais tout le temps que tu étais avec moi! Pendant que tu flirtais avec moi, tu ne pensais qu’à elle. C’est la pire façon de tromper quelque un, tromper avec ses sentiments.

- Je t’aimai aussi…

- Mais tu n’avais qu’une idée en tête : la sauver ! Au mépris de la confiance que nous t’avions accordée. Si tu avais réussi ton coup bas, par je ne sais quel miracle, tu serais avec elle à l’heure qu’il est. Ne dis pas le contraire!

Jack reposa sa pinte violemment.

- C’est vrai, avoua Ianto, dépité.

- Je ne te blâme pas, Ianto, dit Jack, plus calmement. Je suis désolé que cela n’ait pas marché. Je suis désolé pour elle et pour toi.

Ianto baissa les yeux.

- Je suis sincère.

- Je te crois, Jack.

- Alors, essaie de me comprendre. Essaie de me pardonner mon écart. Tu sais aussi bien que moi qu’il est possible d’aimer deux personnes. Puisque tu dis à tout le monde que tu m’aimes…

- Seulement à Tosh. Elle m’a cru, elle, se défendit Ianto.

- Je te crois aussi. Si tu m’aimes, tu dois me pardonner, non? Je t’ai pardonné.

- Ce n’est pas pareil. Tu as été trop loin avec lui.

Ianto but son café d’une traite.

- Quelle importance? Tu aurais fait pareil si Lisa avait survécu.

- Non, j’aurais fait un choix.

- Quel choix?

- Je ne sais pas, mais je n’aurais certainement pas continué à vous voir tous les deux.

Jack soupira. Ianto se pencha vers lui.

- C’est totalement différent, Jack. Tu ne peux pas te cacher derrière le passé . C’est vrai, je t’ai trahi. C’est vrai, j’aimais Lisa plus que tout. Mon amour pour elle m’a aidé à ne pas devenir fou. C’est pour elle que je me suis levé chaque maudit jour. Mais si je t’ai laissé me séduire , ce n’était pas prémédité. J’étais perdu et mes tentatives vaines à vouloir la sauver s’étiolaient de jour en jour, à mesure que mon amour pour toi grandissait.

Le jeune homme était fou de colère. Les clients aux alentours commençaient à les regarder de travers.

- Ianto, je me suis perdu moi aussi. N’en avais-je pas le droit?

- Peut-être. Mais ne compte pas sur moi pour recoller les morceaux. Il n’y avait plus que toi dans mon cœur, je vois qu’il n’en va pas de même pour toi.

Jack voulut laisser tomber. Ianto avait raison.

- Soit. Qu’est-ce que tu proposes? Lui demanda-t-il. Tu restes à Torchwood?

- Pourquoi devrais-je partir? S’étonna Ianto.

- Parce que je …parce que je ne suis pas homme à résister à la tentation. Et tu es ma tentation. Hors de question de t’avoir à mes ordres si tu ne veux plus de moi, je suis navré.

Ianto le fixa, incrédule.

- Tu n’as pas le droit de me virer pour ça! Ragea-t-il.

- Oh mais des raison de te virer, de tous vous virer, j’en ai tout un stock. Lisa. Owen qui m’a tiré dessus. Gwen qui n’en fait qu’à sa tête. Vous vous êtes tous ligués contre moi pour ouvrir votre putain de faille. Je continue?

Jack crachait son venin, et cela le soulagea, bizarrement. Il n’avait pas prévu de se comporter aussi durement vis-à-vis de Ianto, mais il se savait dans son bon droit. Ianto le savait également.

- Jack, si tu veux me virer, fais-le.

- Alors tu es sérieux? Je n’ai pas droit à une seconde chance? Je n’ai jamais été voir ailleurs depuis que je te connais, si ce n’est cette fois-ci et tu n’en déduis rien? Tu sais pourtant que personne ne me résiste. Que je peux flirter avec n’importe qui, je n’ai qu’à lever le petit doigt.

Jack essayait de tempérer sa colère mais n’y parvint visiblement pas. Ianto gardait les yeux baissés sur sa tasse.

- Qu’est-ce que tu cherches à me dire, Jack?

Jack éclata de rire.

- Tu ne devines pas?

- Dis-le!

- Non, Ianto. Je ne te le dirai jamais.

Le jeune homme se rembrunit.

- Car cela ne m’a jamais réussi de le dire, avoua Jack, pensif.

- Tu le lui as dit. Et s’il était resté?

- Aucun risque. C’est pour ça que je l’ai dit. Je savais qu’il ne resterait pas pour mes beaux yeux. Il est parti pour toi, tu sais.

- Pas ça, Jack. Ne sois pas si mesquin, ne rejette pas ta faute sur moi.

- C’est pourtant la vérité! Explosa Jack. Il parait qu’on est en couple, figure-toi! Tu parles d’une sacrée paire!

Ianto fouilla la poche de son manteau.

- Tu fais quoi là? Demanda Jack, surpris.

- Je paie. Notre numéro a assez amusé le peuple.

- Je t’invite, fit Jack en le devançant.

Il posa un billet sur la table et se leva pour enfiler son manteau.

- Et si tu tiens à rester mon employé, je n’y vois pas d’inconvénient. Mais à la moindre incartade, tu dégages ! Pour le personnel, ajouta-t-il en posant un autre billet sur le comptoir, sans remarquer le sourire approbateur de la jeune serveuse.

Le capitaine Jack venait de se faire larguer, une nouvelle fois. Le 21ème siècle était vraiment celui de tous les changements, pensa -t-il, en regagnant le SUV.

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chrismaz66  (27.03.2010 à 10:45)

Jack fut réduit à l’abstinence la plus totale durant les deux semaines qui suivirent sa rupture avec Ianto. Le Capitaine aurait eu plus de succès auprès d’Owen qu’auprès de son ex-amant, apparemment bien décidé à tourner la page Jack Harkness, d’un revers de la main. Jack redoublait de tentatives déguisées, il multipliait les sous-entendus graveleux, dont il aurait pu faire une encyclopédie tellement elles fusaient dans son esprit tourmenté. Alec avait disparu. Pas de signe de vie depuis 2 semaines. Pas le moindre coup de fil. Le néant.

Soit. Jack trouva un autre passe-temps, moins satisfaisant sur la plan physique mais suffisamment drôle pour conserver une ambiance enjouée et conviviale au sein de l’équipe. Son jeu, que bientôt Owen adopta, était de demander à Gwen des détails, des anecdotes sur son futur époux, sans omettre de leur parler de ses prouesses au lit. La jeune femme avait d’abord trouvé la blague amusante mais Jack et Owen commencèrent à la harceler littéralement de questions salaces auxquelles elles ne répondait jamais.

- Tu peux tout de même nous donner la date que vous avez arrêtée pour célébrer votre union? Ne cessait de répéter Jack, excité.

- On n’a encore rien décidé, Jack. Fiche-moi la paix à la fin! S’énervait-elle.

- Si tu n’es pas pressée de te marier, c’est qu’il n’en vaut pas le coup, ma belle, la taquinait Owen, le souvenir de leur brève liaison dans le sourire.

- C’est une évidence, Owen. Confirmait Jack, fier comme un paon. Comment veux-tu épouser le quidam ordinaire quand tu as tous les jours devant toi le plus beau de tous les partis!

- Dans tes rêves, Jack, râlait alors Owen.

- Quelle suffisance, Jack. Tu es à l’aise dans tes boots? Tes chevilles ne gonflent pas trop?

- Oh, j’ai souvent une partie de mon anatomie qui gonfle , fit Jack, alors que Ianto passait derrière lui. Mais rien à voir avec mes chevilles!

- Tu es monstrueux! Disait Gwen, mutine.

Jack n’était jamais à court d’idées, surtout en la présence permanente de Ianto. Hormis les nuits, que Jack passait à nouveau seul. A musarder dans le Hub ou bien à l’extérieur juché sur son toit. Le sentiment de puissance qui le gagnait lorsqu’il montait pour dominer et contempler sa belle ville, qu’il protégeait sans restriction, diminuait de jour en jour, de nuit en nuit. Il avait connu trop de bonheur, et il en payait le prix fort. Solitaire il était, solitaire il resterait. Peut-être était-ce le lourd tribut à payer pour son immortalité?

Tosh avait compris, Ianto lui en avait parlé à tous les coups. Elle était parfois encore plus triste que d’habitude et Jack n’aimait pas la voir ainsi. Il avait fait plus d’une victime à cause de son égarement. Il était indigne de tout amour. L’immortalité ou la joie d’être aimé et d’aimer. Jack aurait dû choisir l’une des deux options, mais c’est le destin qui s’était chargé de la sélection. Il n’eut pas son mot à dire. Comment rester fort si on est incapable de choisir soi-même sa destinée?

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chrismaz66  (27.03.2010 à 10:48)

Un soir, aussi calme et ennuyeux que les précédents, Jack trouva asile dans le travail. Il avait souhaité une bonne soirée à Gwen, Tosh et Owen, et avait décidé de faire le tri dans ses affaires personnelles. Pour la plupart des photos jaunies par le temps, des bribes couchées sur un papier terni de ses vies passées. Quand il détecta une présence dans le bâtiment. Jack vérifia sur les caméras et reconnut le clandestin qui s’était réfugié dans la kitchenette. Ianto. Un large sourire sur le visage, et le cœur battant la chamade, il cligna des yeux pour s‘assurer qu‘il n‘hallucinait pas. Il l’avait pourtant vu partir avec les autres. Ou peut-être l’avait-il supposé ? Car Jack ne le surveillait plus depuis leur rupture. Il se contentait de lancer ses fameuses boutades équivoques au tout-venant, une fois certain que le jeune homme était assez proche pour les entendre. Mais Jack ne le regardait plus. Il était à la diète forcée et un seul regard sur cette friandise le détournerait fatalement de son régime.

Cependant, il n’avait pas la berlue. Ianto était là, en dessous de lui, de son bureau. Et il préparait du thé!

Jack bazarda ses photos dans leur boîte métallique et courut rejoindre son supplice de Tantale. Le cœur ivre et palpitant.

Ianto l’entendit descendre mais continua de faire bouillir son eau. Il nettoyait sa machine.

- Tu peux me dire ce que tu fabriques? Demanda Jack, calmement.

- Je nettoie, fit le jeune homme sans le regarder et sans lâcher la machine.

- Et ça ne pouvait pas attendre demain?

Jack bataillait dur pour ne rien laisser filtrer de son regain d’enthousiasme.

- J’ai tout nettoyé chez moi. C’est nickel. Je n’en dirais pas autant de cet endroit.

- Tu parles de la cuisine?

- Non, je parle du Hub dans son ensemble. Et de ses occupants.

Ianto cessa son ménage et le regarda, fixement.

- Tu as l’intention de tout nettoyer ici, et moi avec? Plaisanta Jack, dérouté.

- Oui. Je veux te laver de tes souillures.

Ianto le fixait toujours. Sa voix était calme, méprisante.

- Si tu es revenu pour m’insulter, je te conseille de repartir illico!

- Ce n’est pas toi qui es souillé, Jack. C’est ce que tu as dans la tête depuis ce type! Lui répondit Ianto.

- Pourquoi es-tu revenu?

Jack sentit une pointe d’angoisse lui percer le ventre.

- Je te l’ai dit, pour faire le ménage.

Ianto posa son chiffon sur la table et versa l’eau frémissante dans deux tasses.

- C’est l’heure du thé? Fit Jack, la gorge serrée.

- Oui. Une petite camomille pour calmer tes nerfs.

- Pourquoi? Tu as l’intention de m’énerver?

Ianto ne répondit pas. Il touilla les sachets de thé dans les tasses. Jack prenait son mal en patience mais il ne tiendrait pas très longtemps. Il s’approcha pour prendre sa tasse, et sentir le corps désirable de son ex-amant près du sien.

- Alors?

Ianto commençait à trembler. Son regard fuyant sur les tasses.

- Tu avais peut-être raison. Dit-il enfin, hésitant.

- A propos de quoi? Demanda Jack, qui s’appliqua à boire doucement pour ne pas avaler de travers le liquide bouillant.

- D’une certaine façon, on est quitte. Tu t’es perdu. Une seule fois depuis que tu me connais.

- Exact. Et si tu savais le nombre d’avances que j’ai décliné. Tiens pas plus qu’avant-hier, quand on était partis chasser le weevil sur Alice Street, j’ai eu une touche avec une des serveuses du resto qui se trouve à gauche de la place…

- Stop, j’ai compris. Je sais que tu es irrésistible. Malheureusement pour moi.

Jack sourit. Il fit un pas en arrière, pour signifier à Ianto qu’il ne tenterait rien de déplacé.

- Excuse-moi. Réflexe. Alors, on est quitte?

- Jack, même si tu ne me le dis pas, je sais que tu m’aimes. J’en ai la conviction. Je ne t’aimerais pas aussi fort si je n’étais pas certain de ton amour. Tu m’as fui au début. Tu m’as pardonné. Tu m’as gardé. Tu m’as sauvé. Je sais que tu m’aimes.

Jack reposa la tasse, qui tôt ou tard lui glisserait des mains, qu’il avait de plus en plus moites.

- J’ai raison de le croire? Demanda Ianto, fébrile.

Jack profita de la situation pour avancer d’un pas, ou deux. Il plongea ses yeux azur dans le regard perdu de Ianto. Sans le toucher. Sans même frôler sa main posée sur la table, près, tout près de la sienne.

- Oui, Ianto. Tu as raison de le penser. Je ne veux jamais te le dire mais je te jure de te le prouver jusqu’à ce que tu te lasses de moi, en espérant que ce jour n’arrive jamais. Je ferais tout pour que ce jour n’arrive jamais, tu peux me croire. Aussi vrai que je suis immortel et insatiable.

Ianto glissa sa main sur la sienne.

- Alors pourquoi est-ce que tu le lui as dit?

Jack secoua la tête, songeur.

- Je ne sais pas vraiment. A chaque fois que je l’ai dit, j’ai perdu ce bonheur. Comme si ces mots étaient bannis de ma vie. Comme s’ils sonnaient immanquablement le glas de mes sentiments. J’ai toujours tout perdu à cause de ces maudites paroles! Et je refuse de te perdre pour si peu. Je refuse de prendre ce risque.

Leurs doigts se tissèrent les uns aux autres. Ianto revenait vers lui.

- Est-ce que tu m’aimerais plus si je te le disais?

- Non. Je ne vois pas comment t’aimer au-delà…

Jack entraîna le jeune nouvel amant dans son bureau. Ils n’avaient quasiment pas touché à leur camomille. Rien ne saurait calmer le feu qui les consumait depuis leur premier regard.

- Tu ne te débarrasseras pas de moi, tu m’entends. Je suis ton parasite. La coquille accrochée à ton rocher. Je veux être le centre de ta vie, jusqu’au ciment de ta dernière demeure. Je veux que tu penses Jack. Que tu respires Jack. Que tu pleures Jack. Que tu ris Jack. Je veux que tu …baises Jack!

Le Capitaine trouva la fin de sa déclaration éminemment drôle et partit dans un grand rire magnétique. Ianto se colla contre lui, logiquement attiré par le charme de son héros.

- Tes désirs sont des ordres, mon Capitaine, lui murmura-t-il avant de l’ensevelir sous un bouquet de baisers à perdre haleine.

Jack savoura le corps chaud, vibrant. Déjà séduit de ce contact familier. Il mit fin à leurs baisers.

- Ferme la bouche, et ne l’ouvre sous aucun prétexte, lui dit-il. J’ai envie de jouer.

Passage PGN-13

Ianto le regardait avec envie. Ianto le regardait toujours avec envie. Jack lui sourit. Il glissa une langue joueuse sur les lèvres closes du jeune homme. Il adorait lécher le sel et le sucre de cette bouche calorique et appétissante. Fin de la diète. Place à son festin préféré.

Ianto serra les lèvres. Impossible pour Jack de pénétrer dans cet antre délicieux qu’il voulait explorer pour la millième fois. La résistance du jeune homme le stimula un peu plus. Il lui mordit le menton, méchamment. La douleur arracha à Ianto un grognement sourd qui excita l’esprit joueur de Jack. Il saisit Ianto par les épaules, fermement, pour le coller contre la baie. Puis, toujours souriant et silencieux, il se baissa, maintenant les hanches de ses mains puissantes. Il souleva la chemise de l’autre et parcourut le bas de son ventre avec sa langue. Relevant les yeux vers Ianto, il le vit se mordre la lèvre pour ne pas gémir.

- Je t’ai à peine touché, contrôle-toi un peu, fit-il , taquin.

Ianto ne dit rien. Il ne dirait rien. Jusqu’au bout. Enfin, il allait essayer.

Jack repartit à la conquête du Ianto grognon. Il déboucla la ceinture, puis déboutonna le pantalon, qu’il fit descendre jusqu’aux genoux du jeune amant. Un nouveau regard vers lui et il savait que la résistance allait tomber plus vite qu’il ne le pensait. Il attrapa le caleçon noir avec ses dents de prédateur et étira l’élastique avant de le lâcher. Celui-ci cogna contre le pubis de Ianto, qui voulut agripper les cheveux de son mentor, de son amant chevronné, de son tout. Mais Jack lui plaqua les mains contre la baie.

- Ne me touche pas!

Ianto soupira de dépit.

Jack continua son art des préliminaires. Il baisait lascivement son bas ventre, le creux de ses hanches frémissantes, en évitant soigneusement de toucher, ni même d’effleurer le désir montant de Ianto. Jack baissa le caleçon juste assez pour ne pas dévoiler le membre éveillé, le confinant dans son tissu de coton, le narguant avec sournoiserie. Il entoura le bassin de Ianto dans ses bras pour coller ses lèvres à son aisne. Qu’il se mit à lécher, langoureusement. Il crut entendre un râle au dessus de sa tête enfouie, il cessa ses lampées.

- Silence! Ordonna-t-il.

- Non, Jack, répondit Ianto en l’obligeant à se relever. Le jeune homme remonta son caleçon. Le regard décidé, il défit la ceinture de son patron. Jack, déboussolé, le dévisagea. Un peu inquiet aussi.

- Je pense Jack, je respire Jack.

Ianto le plaqua contre la baie. L’Œil rieur.

- Et je baise Jack!

Jack Harkness eut un rictus d’hésitation. Mais ses yeux semblèrent approuver la nouveauté. Ianto reprit ses baisers, ses caresses et remplit son devoir avec la plus grande rigueur. Celle qui le caractérisait le mieux.

Le 21ème siècle était vraiment celui de tous les changements, pensa encore le Capitaine, qui avait évité de si peu le chavirement de son navire.

FIN FINALE.

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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chrismaz66  (27.03.2010 à 10:51)

Vous savez quoi, Bibi a oublié le meilleur passage de la fic !!!!! Une chance que je suis tombée dessus, c'est la fin du chapitre 3, la rupture Alec/Jack...

Désolée, j'ai vraiment besoin de repos, ça tombe bien je le suis ce soir !!!!

Dernier paragraphe du Chapitre 3

Le charme du Capitaine Jack avait ses limites. Son énorme potentiel amoureux avait lui aussi des failles. Même s’il ne perdait que très rarement de sa superbe, Jack pouvait rebuter la plus hardie des créatures. D’un seul mot tranchant. D’un simple geste de dédain. D’une infime ingérence dans son âme la plus noire. D’une motivation fumeuse, mal interprétée, pouvait découler un acte démesurément catastrophique. Rien de ce qu’il avait dit à l’instant n’était juste. Ianto ne le collait pas, c’est Jack qui l’attirait à lui par tous ses moyens, et, des moyens, il en possédait des tonnes. Il se savait irrésistible pour les mortels qui le côtoyaient , et il en abusait. Ouvertement. Bannissant tout engagement, tout investissement affectif de sa part. Il était le pivot, la pièce maîtresse du grand manège sans fin qu’était sa vie, son aire de jeux. Et il était seul à y jouer la plus grande partie. Il n’avait personne pour l’aider à orchestrer cet immense cirque déjanté que peu de gens venaient applaudir.

Alec n’était pas lâche. Il était tout l’inverse d’un lâche. Il cherchait à se préserver de Jack comme Jack se préservait des autres. Ils étaient de la même trempe, tous les deux. Si libres, si complices, si harmonieux. Pourquoi avoir brimé une telle communion? Pourquoi s’exiler sans relâche derrière sa peur du bonheur? Quelle faute impardonnable devrait-il expiée tant qu’un souffle d’air s’échapperait encore et toujours de sa poitrine oppressée?

Jack Harkness était bel et bien en péril. Mais il était loin d’être un chef-d’œuvre. Seulement une pâle copie ternie du héros légendaire qui fait rêver les enfants. Sa Majesté des Enfers. Ianto n’aurait pu trouver un meilleur surnom à lui planter dans le dos que celui-ci.

Le Paradis ne voulait pas de lui. Autant attiser les flammes déjà vives des ténèbres. Et se réserver une place de choix aux côtés de Belzébuth.

Cependant, même une place en Enfer, Jack n’était pas certain de la mériter. Et un bon quart d’heure après le « départ » brutal de Ianto, un regard vers la caméra de son bureau qui balayait jour et nuit la place Roald Dahl, lui fit perdre l’équilibre. Jack était pourtant bien assis. Le Purgatoire précédait l’Enfer. Et son messager, Jack le voyait à travers la caméra, dans sa ligne de mire, pour son malheur.

Alec, sa sacoche à la main, sa valise dans l’autre, attendait d’être admis dans l’enceinte du Hub. Son regard guettait le moindre mouvement de caméra, il savait laquelle était reliée à son bureau. Le serpent était de retour. Jack attendit que Ianto donna l’accès à l’expert pour se lever et sortir du bureau, les mains dans les poches, le regard égaré, le cerveau en miettes.

Pas d’impair. Pas d’esclandre. Il traversa un Hub étrangement silencieux. Puis il retrouva Alec dans l’office de tourisme. Ils se toisaient en chiens de faï en ce. Rompu à l’art de l’esquive, Jack ouvrit le bal des explications.

- Vous venez me dire adieu, comme c’est délicat de votre part, fit-il, vertement.

Alec l’invita à sortir de l’office, histoire d’avoir un peu d’intimité. Jack accepta.

- Je suis venu pour m’expliquer. Il est hors de question pour moi de repartir sans vous dire ce que je sais de vous.

- Tiens, vous attisez ma curiosité, je vous écoute.

Jack se prépara à recevoir le coup létal mais Alec esquissa un sourire timide et plongea lui aussi ses mains dans les poches de son pantalon.

- Je suis égoï ste, pervers et nocif, selon vos propres termes. Dit Alec, d’une voix neutre. Vous êtes parfois cruel, insensible et votre cœur peut être aride, et moribond. Mais vous savez déjà tout cela. Non, ce que je sais de vous et que vous ignorez, c’est que vous êtes pitoyable. Oui j’ai de la pitié pour vous. C’est ce qui m’empêche de vous en vouloir pour votre intolérable attitude. Vous êtes suffisant, besogneux mais surtout si pitoyable, Jack. Je me demande vraiment comment Ianto peut cautionner vos actes. Par amour sans doute. C’est pour ce jeune homme que je m’en vais. Vous ne méritez pas son amour mais visiblement il est solide, assez pour vous supporter.

- Vous ne m’apprenez rien, Alec. Je suis conscient de ce que je suis, de ce que je représente pour lui, comme pour les autres. C’était inutile de revenir jusqu’ici pour me dire de telles platitudes. Je suis déçu, j’espérais…

- Je n’ai pas terminé. Veuillez prendre la peine d’écouter pour une fois.

Jack lui lança un regard sinistre.

- Je vous écoute, mais faites vite, j’ai du travail.

- Ne jouez pas au plus malin avec moi, ça ne prend pas, vous le savez.

Alec se rapprocha de lui.

- Nous sommes tous par moments exécrables , cruels, nocifs. Vous comme moi. Mais ce que j’emporte avec moi, ce que j’emporte de vous n’a rien de pervers. J’emporte votre odeur. La chaleur de vos baisers, de votre corps. La sève de votre plaisir dans mes veines. La perfection de vos gestes, de votre visage. J’emporte le meilleur de vous et vous ne pourrez pas m’en empêchez, Jack. Je me suis nourri de vous, de ce qu’il y a de plus beau en vous, de ce que j’ai trouvé de plus désirable, de plus vrai en vous, et cela me suffit pour vous pardonner.

La poitrine de Jack gronda sourdement, il faillit se jeter à corps perdu sur l’homme. Il ne s’était donc pas trompé. Alec lui correspondait comme jamais un homme n’avait pu le faire. Et Alec allait partir, une vague d’amertume le secoua tout entier. Que faire? Que dire à ce serpent apprivoisé, tout acquis à sa cause? Ianto et les autres observaient leurs adieux et Jack ne put rien tenter.

- Alec, je suis désolé, je vous demande pardon, fit Jack.

- Je viens de vous dire que je vous avais pardonné. Est-ce que vous m’écoutez?

Les deux hommes sourirent.

- Je ne veux pas que vous partiez. Si vous le faites parce que vous croyez que c’est mieux pour moi, vous vous trompez. J’aime Ianto, c’est vrai, je ne supporterais pas de le perdre. Mais vous, Alec, je…vous êtes si différent. Si semblable à moi-même dans vos audaces, dans votre façon d’être.

Alec s’était reculé, il avait ramassé sa sacoche.

- Peut-être, Jack. Mais vous êtes égoï ste en disant cela. C’est aussi plus sain pour moi.

- Qu’y a-t-il de sain dans le fait de se renier, Alec? Vous êtes aussi libre que moi. Nous pouvons prétendre au bonheur…

- Le vôtre est ici, le mien est ailleurs. Il faut que je parte. Je ne suis pas revenu pour semer la zizanie entre vous et Ianto.

- Je suis assez grand pour savoir qui j’ai envie d’aimer, Alec, ne partez pas! Le supplia Jack en lui prenant le bras.

- Je vous en prie, c’est déjà difficile. D’ailleurs même si vous n’aviez personne dans votre vie, vous savez bien qu’il nous est impossible de nous projeter au-delà de notre statut respectif. Je suis marié et j’aime ma femme. C’est mieux ainsi.

Alec souleva sa petite valise.

- Vous m’avez promis de ne pas m’oublier, Jack, j’espère que vous tiendrez votre promesse.

- Comment vous oublier, j’ai un appétit d’ogre et vous ne m’avez pas donné le temps de me nourrir suffisamment. Vous me mettez à la diète et je ne suis pas sûr de tenir bien longtemps avec ce régime, plaisanta Jack, un écueil de rage dans la voix.

- C’est mieux comme ça, Jack. Adieu.

Jack leva machinalement les yeux vers la caméra. Il devait tenter quelque chose, une dernière répartie pour convaincre Alec de rester mais ce dernier marchait déjà à reculons, secouant la tête faiblement.

- je ne voudrais pas rater mon train, je suis navré, Jack. Adieu.

Le Capitaine hocha la tête et le regarda s’éloigner. Impuissant et désespéré. Il avait échoué, encore. Il attendit que la silhouette se perde dans la foule pour se réfugier à l’intérieur. Et dissimuler sa déchéance , son abattement.

 

 

 


chrismaz66  (09.04.2010 à 12:48)

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