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Série : True Blood
Création : 30.01.2012 à 14h07
Auteur : kalypso
Statut : Abandonnée
« Je ferais cet EV seule mais les conseils ou les idées sont bienvenus ^^ » kalypso
Cette fanfic compte déjà 12 paragraphes
Bill et Eric entrent précipitamment dans la maison de Sookie et découvrent… Pam, tous crocs dehors, à même pas un mètre de Sookie, en position d’attaque. Sookie, le visage défait par le chagrin, la fixe, extrêmement tendue, une main défensive armée, prête à projeter une boule lumineuse. Putain, si elle la cherche, elle va la trouver ! Sookie a déjà tué une louve y’a à peine une minute, et elle réfléchit déjà où elle pourrait trouver un pieu… Ou tout simplement un crayon de bois ? Oui, il doit il y en avoir un dans le tiroir, juste là... Sans qu’elle puisse les retenir, de grosses larmes dégoulinent de ses joues et s’écrasent sur le visage inerte de Tara, dans ses bras, inconsciente.
Bill contourne Pam et s’accroupit près d’elle :
- Que s’est-il passé ?!
Au son de sa voix, Sookie, qui ne les avait même pas encore calculés, désamorce sa tension. Elle reporte son attention sur Bill et, baissant la main, murmure la voix brisée :
- Debbie m’attendait, elle a tiré sur moi mais Tara s’est interposée et a pris la balle.
- Que fais-tu là ? Gronde Eric d’une voix sourde à sa progéniture.
- J’étais venue la tuer. Répond Pam calmement, semblant sortir d’un état second. Je voulais que tu souffre autant que moi en ce moment et si tu dois me haïr, autant que ce soit pour une bonne raison. Mais, en voyant cette boucherie, j’ai hésité une seconde et… vous êtes arrivés...
A cet instant, réveillé par le bruit, Lafayette a réussi à émerger de ses cauchemars et déboule dans la cuisine.
- Tara ? Tara !!! Hurle le jeune homme en s’écroulant sur ses genoux près de sa cousine.
Il caresse les cheveux de Tara de ses mains tremblantes, empêchant Bill de l’examiner. Puis, Regardant autour de lui, il appelle, complètement paniqué :
- Jésus ? Jésus ?! que dois-je faire ?!!
Bill lance un regard éloquent à son Shérif :
- Eric, occupe-toi de lui !
Eric détourne le regard incrédule avec lequel il fixait Pam pour regarder un instant son roi. Semblant soudain retrouver sa lucidité, il approuve d’un mouvement de tête et attrape son humain par les épaules pour le dégager de là. Laf se débat, fou de rage, et Eric percevant que le démon pourrait réapparaitre passe en vitesse vampirique et le plaque contre un mur de la cuisine.
- Là… tout doux… tout doux ! … regarde-moi, Lafayette.
- Non ! Vocifère le métisse, ne voulant pas quitter Tara des yeux.
- Bill s’en occupe ! Tonne Eric d’une voix plus ferme en le replaquant contre le mur. Reste avec moi, Lafayette ! Si elle peut être sauvée, elle le sera, on s’en occupe ! Il le saisit à la gorge fermement mais sans lui faire mal et, tournant sa tête, parvient à capter son attention.
Lafayette, a peu près soumis à l’hypnose se détend un peu mais Eric sent une résistance.
- Je ne peux pas le lâcher, son démon veut sortir. Marmonne le viking.
- Ok… dit Bill en évaluant les dégâts du coup de feu sur Tara.
Après un instant, il lève un regard navré sur Sookie.
- C’est très grave. Une simple transfusion ne suffira pas.
- Quoi ? souffle Sookie entre deux sanglots.
- Elle va mourir d’ici une minute ou deux, Sookie.
- Mais ? … Mais Bill ! C’est ma meilleure amie, elle vient de me sauver la vie ! Tu dois la sauver !!
Les deux vampires mâles échangent un bref regard intense puis Eric se refixe aussitôt sur Laf’… il était temps.
- Elle haïssait les vampires, Sookie. Ne la condamne pas a cette vie de ténèbres, elle ne te le pardonnerait pas. Articule Bill avec douceur.
- Cette vie de… quoi ? Tu… tu penses que la seule solution est de la vampiriser ?!
Lafayette, luttant toujours contre son démon, parvient malgré tout, grâce à lui, à se défaire un peu de l’hypnose pour implorer :
- Sauvez-la… s’il vous plait, sauvez-la ! Elle est tout ce qu’il me reste… Ce matin, je viens de perdre l’homme de ma vie à cause de vous, je ne pourrai jamais vivre sans elle !
Il fixe son vampire droit dans les yeux et supplie d’une voix noyée de chagrin:
-Eric … je t’en prie !
Celui-ci, touché, ressent sa peine intensément par leur lien, plus celle de la jeune fée… Pfff…pénible d’avoir autant baissé sa garde avec Sookie, le voilà perméable à toute les émotions humaines, maintenant ! N’importe quoi ! Eric roule des yeux, cherchant une solution, mais il fronce les sourcils.
- Pas moi, plus jamais. Grogne le viking en désignant Pam d’un mouvement de tête. Et puis, si je le lâche, il va imploser.
- Mais moi, j’ai déjà Jess… argumente Bill, se sentant piégé. Elle est si jeune… Je ne pourrais pas en prendre en charge une deuxième, pas après ce qu’on a fait tout à l’heure…
- Pam ? Demande alors Eric d’une voix lourde de menace.
Un silence pesant s’installe dans la pièce. Pam quitte progressivement sa posture agressive et se détend, penchant la tête sur le coté doucement. Réfléchissant rapidement, elle envisage les enjeux. Sauver cette chienne hargnieuse ? Cette femelle qui la déteste ? La lier a elle pour l’éternité ? Pourquoi ?!
Tout simplement pour vivre ? C’est vrai qu’en venant ici, elle savait qu’elle se condamnait mais si c’est pour vivre dans la haine ou l’indifférence de son créateur, autant mourir. Alors, pourquoi ferait-elle ça ? Pour reconquérir sa place dans le cœur d’Eric ? Serait-ce possible ? Et puis elle aurait sous sa coupe la meilleure amie de sa rivale. Un atout de poids. Elle se tourne vers l’amour de sa vie et demande :
- C’est ce que tu souhaites? que je sauve cette humaine ?
- Oui. Répond Eric sans la regarder.
Pam plisse les yeux, attendant plus. Eric dont l’immense colère à l’idée que Pam puisse attaquer Sookie ne demandait qu’à exploser, fait un gros effort pour chercher les mots juste, même si ça lui coûte.
- Fais-le Pam… s’il te plait.
Pam lève un sourcil étonné. « S’il te plait ? ». Elle baisse les yeux, soudain troublée. Oui… se serait donc possible… Eric… Mon amour… Ses yeux s’embuent de rouge.
Tentant de refouler le sanglot qui noue sa gorge, elle s’assoit près de Tara et, pour la première fois l’observe attentivement. Pauvre petite fille.
- Elle n’aurait pas voulu ça, Sookie. Chuchote-t-elle d’une voix douce en jetant un œil à la jeune fée.
Sookie roule des yeux débordant de larmes mais parvient à articuler avec rage:
- Elle ne voulait pas mourir non plus ! C’est mon amie. Si cette vie ne lui convient pas, j’y mettrai moi-même un terme si elle le demande, demain ou plus tard. Mais au moins, elle aura eu le choix !
Bill esquisse un sourire en baissant la tête. Elle en serait bien capable, oui. Pam hausse les épaules et, dégageant son cou, elle sort les crocs et la mord fermement afin de drainer le sang qu’il lui reste.
La tension baisse dans la pièce. Les deux humains, bouleversés, pleurent toutes les larmes de leur corps. Eric sent Lafayette s’amollir. La rage de son hôte s’étant muée en tristesse, le démon s’était retiré, déçu. Eric le lâche, ne parvenant toujours pas à accepter la parole de Pam « j’étais venue la tuer ». Le jeune humain s’assoit et se recroqueville contre le mur. Sookie jette un œil à Bill.
- Je ne te demande pas d’où vient tout ce sang sur toi ?
- Non… vaut mieux pas, non.
Sookie fronce les sourcils et grimaçant un sourire navré, part prendre le médium dans ses bras afin de le réconforter. Le roi envisage le corps de Debbie et, d’un geste de la tête ordonne :
- Débarrasse-toi du corps. Cherche sa voiture aussi. Que personne ne puisse la relier à Sookie.
-Ok. Répond Eric les yeux dans le vide.
- Je vais faire un peu de ménage et creuser la tombe de Pam et Tara. Le jour va bientôt se lever.
- Ok. Répond Eric automatiquement.
Visiblement son esprit est tourmenté. Bill regarde son shérif et, désignant Pam du menton, demande d’une voix à peine audible :
- ça va, toi ?
Le viking regarde sa progéniture se lever et prendre un couteau et un entonnoir dans l’évier. Ouvrant la gorge de tara d’un geste précis, elle y introduit l’embout et, de son poignet béant, y verse son sang, renouvelant l’opération autant de fois que nécessaire à chaque fois que sa plaie se referme. Cette femme… il la regarde comme une étrangère. Mais que c’est-il passé ? Il déraille un peu depuis que Godric a disparu, il le sent bien. Mais comment a-t-il pu perdre Pam aussi ? Est ce que ça va ?! Quelle ironie.
- Non. Répond-t-il d’un air sombre.
Eric lui lance un regard qu’il aurait voulu courroucé a l’encontre de Pam mais Bill peut y lire son chagrin d’avoir été trahi et baisse les yeux.
- On verra ça plus tard.
- Ok.
Les deux vampires font ce qu’ils ont à faire et le jour fini par se lever.
Quelques heures plus tard, alors que Lafayette et Sookie sortent de la maison, n’ayant que très peu dormi, pour se rendre au Merlotte’s prendre leur service du midi, ils font un détour par le cimetière.
Profitant de la douceur de cette fin de matinée ensoleillée, ils s’assoient près de la tombe de Tara. Mais progressivement, le visage de Sookie s’assombrit. Elle imagine son amie, étendue, là, dans les bras glacés de Pam… Pam, venue ici la tuer. Soudain, la jeune fille manque d’air. Tara… Tara qui rêvait de vieillir, de soleil, d’enfants… « Elle n’aurait pas voulu ça » avait murmuré Pam. Sookie frissonne.
- Quoi ? S’inquiète Lafayette.
- Ri… rien. C’est juste que…
Elle regarde Laf’, rongée de remords, de culpabilité. Il lit sa détresse sur son visage et ne peut se retenir de fondre en larme une nouvelle fois. Elle le prend dans ses bras et le berce.
- Qu’est ce qu’on a fait… Sookie ? Qu’est ce qu’on a fait ?
La jeune fille se mordant les lèvres d’inquiétude est bien incapable de répondre…
Au même moment, dans son manoir, Bill s’agite sur sa couche, ne parvenant pas à trouver le sommeil. Bon dieu, quelle nuit ! Jessica était rentrée toute gaie et il n’avait pas voulu lui gâcher son repos en l’informant de la gravité de la situation, il lui en parlera au réveil. Il tourne la tête et la regarde dormir. Attendri, son regard est néanmoins assombri par l’inquiétude. Il se remet à fixer le plafond, se tordant les mains d’anxiété.
Il avait beau essayer de se calmer, les problèmes tournaient en boucle dans son esprit. Ses gardes ? Tous morts. Ses Shérifs ? Tous morts. Sauf un, son pire ennemi. Le porte-parole de l’autorité ? Il lui avait lui-même planté un pieu dans le cœur. Sa tête ? Mise à prix. Sookie ?
Bill soupire… Seul point supportable. Sookie est vivante. Elle lui a même pardonné. Bon, elle l’a aussi viré de sa vie mais elle lui a pardonné… ça valait son pesant de cacahouètes quand même… Mais elle resterait en danger sans protection. La preuve encore cette nuit. Mais cela ne cessera donc jamais ?!
Bill repense aux paroles de Nan « ton shérif est au courant des mouvements frondeurs au sein de la LVA ». Que cela signifiait-il ? Nan avait voulu lui dire quelque chose mais, maintenant, elle était morte. Quelles vont être les conséquences ? Pour lui, pour Jessica ? Quelle chance a-t-il de survivre à la nuit prochaine ? Bill s’agite.
- Arrête de gigoter ! marmonne une voix excédée à sa droite.
Bill, les nerfs à fleur de peau, démarre au quart de tour.
- Tu ne dors pas, toi ? répond-t-il sur le même ton.
- Tu gigotes et ça m’empêche de dormir.
- Je gigote ?! Demande Bill, exaspéré, se tournant vers lui tout en gardant la voix couverte pour ne pas réveiller Jessica.
- Il y a un an, un vampire m’a dit « je ne gigote pas, moi, j’assume » J’avais cru que c’était le roi de Louisiane mais j’ai dû faire erreur. Enonce le viking impassible, les yeux fermés.
- Et alors ? Je croyais que tu aimais, quand « ça gigote », tu devrais te réjouir de me croire aux abois, Non ?
- Tu es aux abois, Bill ?
- Non ! Mais sois franc un peu, si tu n’arrive pas dormir, c’est parce que tu es contrarié par Pam, ne t’en prends pas à moi.
- Quelles certitudes… s’amuse Eric.
Le viking a déjà digéré et réglé le problème de Pam dans sa tête. Il est passé à autre chose mais s'agace de voir son complice tourner en rond comme une souris en cage... comme si c'était à lui de trouver seul la sortie... quelle naïveté. Bon, en même temps, il avait été manipulé par Nan depuis des années et était si jeune, comment lui en vouloir ?
Bill, de son côté, le visage fermé, n’est pas du tout disposé à essuyer ses sarcasmes. Pour tout dire, il se retient même de lui sauter à la gorge. Il est tellement tendu, là, que la perspective d’une bonne bagarre lui est presque tentante. Cette mort vaut bien une autre. Il fait une longue inspiration et parvient à articuler :
- Mais j’assume ne t’inquiète pas, je… j’essaye juste de…
- De quoi ? de trouver une solution ? Tu n’en a pas les moyens, petite altesse. Cesse donc d’essayer de résoudre un problème alors qu’il te manque une grande partie de l’équation. Dès la tombée de la nuit, je vais entrer en scène et, si tu restes dans mon ombre, tu as peut-être une chance de survivre. Alors, arrête de gigoter.
Bill écarquille les yeux, désarçonné. Dans son ombre ? Comment ça ? Genre… sous son aile ? Il déglutit difficilement et demande, méfiant :
- Et… pourquoi tu ferais ça ? Je préfèrerais que tu me donnes les informations qui me manquent !
- Pas maintenant, tu le sauras bien assez tôt. Mais une chose est sûre c’est que, demain, je vais avoir besoin de toute ma vivacité d’esprit aussi je te demanderai de te calmer afin que je puisse me reposer.
- Ta vivacité d’esprit ?? Hm ! C’est évident que vu l’épaisseur des stocks que tu possèdes, il serait dangereux de les rogner par quelques heures de sommeil en moins.
- Bill, tu me fatigues. Soupire le beau blond.
- Parfait ! comme ça tu dors et moi, je peux réfléchir tranquille ! s’énerve le roi. T’as autant l’esprit vif qu’un mammouth. Marmonne Bill en se rappelant : Tuer l’amant d’un roi, S’enchaîner au soleil, mordre une nécromancienne… dans le genre « fute-fute », on a vu mieux !
Eric émet un petit rire et tourne la tête vers lui, son visage s’éclairant d’un sourire indulgent.
- Oh… la vie peut-être si ennuyeuse à mon âge. On verra ce que tu en penses dans 800 ans. Le tout est d’éveiller mon intérêt, mais quand l’enjeu est vraiment intéressant… Sookie… l’autorité vampirique : ses bases, sa légitimité…
Bill ouvre la bouche pour demander avec agressivité ce qu’un simple petit shérif comme lui peut y faire mais il y a quelque chose dans le regard d’Eric qui le trouble, lui forçant le respect. Il le scrute avec méfiance mais garde le silence. Eric approuve d’un mouvement de tête et, se repositionnant sur le dos, ferme les yeux en croisant les mains sur sa poitrine.
- Donc, dors, mon roi, et… ne me sous-estime pas, tu n’as pas la moindre idée de qui je suis vraiment.
Bill se reconcentre à nouveau sur le plafond, un peu perplexe. Ne jamais sous-estimer quelqu’un, oui, c’était dans ses habitudes, autant continuer à respecter ce principe. « Mon roi »… Bill sourit tristement. C’était probablement ironique, comme toujours avec Eric mais, là, ce simple mot a desserré un peu l’étau qui l’étouffait. Après tout, vu qu’il n’existait aucun ex-roi vivant et que lui, l’était … oui, techniquement, il devait toujours être roi… Il soupire longuement et, sans s’en rendre compte, finit par sombrer dans le sommeil.
Arrivée au Merlotte, Sookie trouve une équipe pour le moins tendue : il y a beaucoup de monde, Arlène est à cran – pour changer- et Terry marche sur des œufs pour ne pas l’énerver encore plus. De son poste de cuisine, il a bien vu que la présence de Patrick avait été l’élément déclencheur de cette hostilité mais il n’arrivait pas à savoir pourquoi. Ne voulant absolument pas réfléchir aux motifs de la présence de son ancien compagnon d’armes à Bon Temps, il est heureux de passer le tablier à Lafayette et s’éclipse en Catimini pour retrouver avec enthousiasme la bonne humeur et les sourires innocents de Mikey… ce bébé, c’était la promesse d’un bonheur possible, il l’aimait de tout son cœur et n’avait jamais douté de lui. Se ressourçant à son contact, il l’installe dans son porte bébé ventral et retourne chez lui le sourire aux lèvres.
- Où est Sam ? Demande Sookie.
Elle aurait bien voulu lui parler à cet instant. Pas forcément de Tara… il était si proche d’elle mais… juste lui parler. Son sourire gentil avait toujours été d’un réconfort étonnant pour la jeune fille.
- Aucune idée ! Répond Arlène d’un air pincé. Il n’est pas passé encore aujourd’hui.
- Mais… il est midi et demi, c’est étrange, non ? Il avait prévenu ? quelqu’un a été voir chez lui ?
- Mais bien sûr ! On n’a que ça à faire nous ! Grogne la rouquine en chargeant son plateau.
C’est vrai que le bar est bondé. Sookie, voulant à tout prix éviter le moindre conflit et plutôt contente, finalement d’avoir une activité qui lui évite de trop réfléchir, attrape son tablier et parcourt la salle des yeux.
Dans un box, Holly (de repos aujourd’hui à l’évidence) déjeune avec Andy. Leur conversation gaie et animée réchauffe le cœur de la jeune fée qui tente d’attacher son tablier maladroitement. Elle a perdu la main apparemment. Allez, mais si, le bonheur est possible dans cette ville : Il fait beau, cette sorcière est morte, les personnes qu’elle aime sont vivantes… ou presque.
Sa tension nerveuse la rend gauche et ce foutu tablier s’emmêle dans ses doigts au lieu de se nouer facilement comme d’habitude. Soudain deux mains agréablement chaudes prennent le relais. Sookie sursaute. Ah… soulagée, Sam est là, finalement.
- Je t’ai fait peur ? excuse moi… ronronne une voix grave dans son dos. Voilà, parée.
Ah non, ce n’est pas Sam ! Sookie se retourne, surprise. Alcide lui adresse son regard calme et gentil.
- Bonjour ma belle. Je peux manger ici ?
- Ben… heu... oui, bien sûr. Bafouille la jeune fille surprise par sa familiarité.
Alcide s’assoit sans la quitter des yeux. Il fronce un peu les sourcils.
- ça va toi ? tu as l’air… fatiguée.
Fatiguée ? Tu m’étonnes ! Il aurait pu dire complètent défaite, ça aurait encore été poli. Sookie tente son grand sourire « sookiesque » mais il tire plus sur la grimace cette fois. Heu... Juste histoire de faire le point : alors, au menu de cette nuit : Jésus est mort, Bill et Eric ont failli brûler vifs et elle a dû les transfuser tous les deux, puis elle a rompu et pleuré toutes les larmes de son corps… qu’elle croyait ! Car finalement non, quand y’en a plus, y’en a encore ! Large, même. Et donc, là, sa meilleure amie est étendue sous terre en train de se transformer en monstre qu’elle haïssait plus que tout. Et… et… Soudain Sookie lève sur Alcide un regard affolé.
- Quoi ? s’inquiète le loup.
- Alcide…je… hier soir… j’ai…
Non ! Non, elle ne peut pas dire ça ! Elle finirait ses jours en prison ! Elle l’avait tué de sang-froid alors que Debbie, désarmée, la suppliait de l’épargner. Ce n’était pas de la légitime défense, c’était de la rage meurtrière. Elle avait été tellement retournée par l’inquiétude au sujet de Tara qu’elle n’avait pas encore vraiment réfléchi à ça … mais, là, devant le compagnon de sa victime, la réalité lui saute à la gorge et Sookie s’affole.
- Non, rien, laisse tomber !
Sookie tourne les talons et s’enfuit, laissant Alcide pour le moins perplexe.
Elle sort en trombe dans la cour arrière du bar. Décidément, ses poumons fonctionnaient mal aujourd’hui car elle avait beau faire de grandes inspirations bruyantes, elle avait toujours l’impression de manquer d’oxygène. Son cœur bat trop vite et cogne jusque dans sa tête. Elle lève un instant les yeux sur la cime des arbres et…
Oh…les belles pommes ! Plein de belles pommes pour tomber dedans ! Heureusement qu’elles étaient là, sinon elle serait tombée par terre.
Blanc.
- Allez, émerge, chérie, sinon ils vont croire que j’ai changé de bord. Tu pourris ma réputation, là.
Sookie ouvre les yeux et découvre le sourire narquois de Lafayette. Assis en tailleur par terre contre le mur du bar, il la tient doucement contre lui, un bras soutenant son dos, l’autre nonchalamment posé son genou, un joint étonnamment volumineux dans la main. Il tire une longue taf’ et le lui propose.
- Euh…non, merci… je … je n’en ai jamais pris.
- La ferme, pétasse. Tu tires là-dessus et puis c’est tout. Crois-moi, je ne te le proposerais pas si je n’étais pas absolument convaincu que t’en as vraiment besoin. Allez !
Il envoie une oeillade vers la porte où Sookie découvre qu’Arlène et Alcide les observent avec inquiétude.
- Elle va bien, assure Laf’ de sa voix trainante. On a eu une rude nuit, c’est tout. Ça va, vous pouvez rentrer, on arrive.
Sookie, sentant son cœur s’affoler à nouveau à l’idée de justifier son comportement, saisit la main de Lafayette et tire intensément sur le joint. Aussitôt prise d’une quinte de toux épouvantable, elle regrette amèrement son geste.
Alcide et Arlène finissent par rentrer sous le regard insistant et les gestes agacés de Lafayette. Les poumons de Sookie Brûlent. Décidément, ce n’est pas leur jour… Elle tousse et crache sans que Laf’ quitte son sourire narquois. Il a le temps de reprendre trois bouffées avant qu’elle ne retrouve son calme.
Enfin, les effets du cannabis se font sentir. Elle se sent mieux, plus légère, légèrement étourdie aussi.
- C’est qui Musclor, déjà? susurre le métisse en glissant un regard entendu à Sookie. Je l’ai déjà vu à l’hôpital.
- C‘est Alcide, un loup-garou. Le compagnon de la fille que j’ai tuée hier soir, c’était une louve aussi.
- Putain… souffle Lafayette en écarquillant les yeux.
- Comme tu dis ! Enfin… l’ex compagnon. C’est bien parce qu’il me tournait autour et qu’il avait rompu avec elle qu’elle est venue chez moi hier et… et… que Tara est morte.
Sookie refoule rageusement un sanglot naissant. Marre de pleurer.
- Pu… tain… renchérit Laf' en se frottant les yeux du pouce et l’index.
Sookie, si mal à l’aise, lui choppe la main et ré aspire une grosse bouffée, sans tousser cette fois.
- Hey… vas-y mollo, gamine, elle est très puissante celle-là. Prévient-il de sa voix calme.
La jeune fille se pelotonne au creux de son cou, l’enserrant de ses bras, appréciant ce bref sursis.
- Hmm… c’est bien aussi de pouvoir câliner un homme sans qu’il se méprenne sur nos intentions… Et j’ai vraiment pas envie de mêler Jason à ça. Merci Lafayette. Chuchote Sookie d’une petite voix enfantine.
- Pas de quoi. Moi aussi, j’ai comme qui dirait un gros besoin de câlin, là. Et d’ailleurs, si tu n’étais pas là, je crois que j’irais direct me tirer une balle.
Pure vérité. Sookie peut le lire dans son esprit. Mais comment peut-il dire ça avec autant de calme ?! Sookie, touchée, reprend une taf’ sous le regard moqueur de Lafayette puis le serre un peu plus étroitement contre lui, esquissant un sourire.
- Tiens ? Je t’aurais plus vu avaler trois tonnes de médocs…
- Hmm ?
Laf’ tire une taf’ en évaluant cette option.
- Oui, tu as raison. Et puis quel dommage de gâcher une beauté pareille avec le trou d’une balle. S’amuse le médium en caressant son visage.
Sookie embrasse son cou pour toute réponse. Les mots sont inutiles quand on a autant de peine. Après un silence, Lafayette reprend :
- Comment vas-tu faire avec ton loup ?
- Lui dire la vérité. Je n’en peux plus des mensonges avec Bill et Eric.
- Tu t’es fait Eric aussi ?
- Hm !
- Pu…rée… tu ne te refuses rien…
Lafayette rit doucement et poursuit :
- Et donc, c’est ton mec maintenant ?
- Non, on a rompu hier.
- Oh ?! Ce fut hyper court alors… Il est si mauvais que ça au pieu ? J’aurais pas cru.
Sookie grimace et grogne :
- Ta gueule, pétasse ! sort-elle sans réfléchir.
Hou… la, efficace le joint ! Sookie, sent toutes ses inhibitions tomber. Elle roule des yeux, effarée d’avoir sorti cette phrase. Lafayette rit doucement à nouveau. Sookie se redresse et s’étire... Sa tête tourne un peu…
- Je te laisserai te faire ta propre opinion.
Lafayette grimace.
- Dieu m’en garde !
- Arrête, je suis sûr que tu ne serais pas contre, tu dois avoir envie de lui depuis que tu as reçu son sang.
- Mais pas du tout ! C’est un monstre ce type, si tu savais ce que j’ai vu quand j’étais prisonnier, ça te passerait l’envie de lui sourire.
Sookie s’accroupit devant lui, levant un sourcil inquisiteur, puis, adoucissant son regard, elle murmure :
- Et pourtant ce n’est pas de la peur que j’ai lu dans ton esprit quand on a parlé de lui. Je te connais bien, Laf’, c’est dans ta nature de noyer tes chagrins d’amour dans des relations sans lendemain. Dans leurs bras, tu oublies ta peine et ta solitude. C’est une méthode aussi bonne qu’une autre si elle te permet de « continuer »… mais sache bien une chose, Lafayette : tu n’es pas seul. Jamais. Je suis là. Tara est Là. Oui, elle est toujours là ! Pour toi, elle aussi ne baissera pas les bras et fera face à cette nouvelle épreuve. Elle est forte. Comme toi. Vous êtes forts tous les deux.
Lafayette étire un sourire moqueur en baissant la tête.
- Tu peux me la refaire celle-là, en mettant le décodeur cette fois ?
Sookie fronce les sourcils, un peu perplexe.
- Mais… qu’est ce qui m’arrive ? j’ai l’impression que ce n’est pas moi qui parle…
Laf’ montre son joint et sourit.
- La Beuh… pétasse… ça rend philosophe, on hallucine aussi parfois, comme tu peux constater. Mais ça n’empêche, ce que tu as cru sentir c’est mon envie d’être dans les bras d’un homme au lieu de tenir une petite blonde shootée dans les miens : ce n’est pas le même réconfort, mais c’est tout. Je n’ai aucune envie de calculer un plan cul pour l’instant, j’ai toujours Jésus dans la peau je te signale.
Sookie s’agenouille, navrée. C’est vrai que ses antennes étaient toutes parasitées, là. Elle s’était emballée, Lafayette n’avais rien pensé de tel.
- Excuse-moi, je suis tellement maladroite…
- T’es surtout complètement stone.
- Mais non !
- Mais si… s’amuse le métisse en fermant les yeux. Enfin… ce qui me réconforte aussi c’est de savoir que Jésus restera toujours à Bon temps maintenant.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Eric m’a proposé d’aller chercher son corps en revenant des bois, tu n’as pas vu, tu finissais le ménage avec Bill. Il avait besoin de s’occuper apparemment. Bref, il a approfondi la tombe que Bill avait préparée et y a déposé Jésus. Il est à environ un mètre sous Pam et Tara.
Sookie, se mord la lèvre. C’est vrai, elle n’avait même pas pensé à ça. C’est évident que Lafayette n’aurait pas pu argumenter qu’il était « possédé » au moment où il avait tué Jésus. Laf soupire et détourne les yeux.
- Eric m’a dit qu’il ne souhaitait pas que « son » médium pourrisse en prison le reste de ses jours, qu’il pourrait en avoir besoin.
Sookie, qui avait pensé furtivement qu’Eric avait fait ça juste « pour lui » comme il l’avait fait pour Debbie, lève les yeux au ciel. Evidemment, jamais rien pour rien… elle soupire.
- Tu… tu peux communiquer avec lui ?
- Avec Eric ? Il dort, là.
- Mais non, Jésus. Grogne Sookie.
Lafayette sourit, il l’a fait exprès. Tant qu’il pourra faire un peu d’ironie, ça sera supportable.
- Oui. Il est passé m’embrasser hier.
- Et ?
- Ça va. Il gère. C’est dur, mais il gère… mieux que moi en tout cas…
Oups, on arrive sur les réserves d’ironie, là. Laf’ ferme les yeux, soudain humides. Sookie lui prend la main, démunie.
- Je n’ai jamais aimé quelqu’un autant, Sookie, ça fait tellement mal.
- C’est si injuste, Lafayette…
Elle se penche pour le prendre dans ses bras mais le jeune homme la repousse gentiment.
- Laisse-moi, Sook’, je… j’ai envie d’être seul.
- Ok… dit la jeune fille avec douceur.
Elle presse fort une dernière fois sa main dans la sienne et, vérifiant dans son esprit que plus aucune envie « d’en finir » ne lui donnerait de mauvaises idées, elle le quitte, le laissant déverser son chagrin avec pudeur.
Sookie entre dans le bar, déterminée, et se dirige droit sur Alcide qui savoure un steak on ne peut plus saignant.
- Je peux te parler une minute ?
Alcide, la fourchette à trois centimètres de sa bouche grande ouverte, la repose légèrement dépité.
- Oui… oui, bien sûr. Et d’ailleurs, moi aussi j’a quelque chose à te dire.
- Suis-moi.
Et elle l’accompagne dans le bureau de Sam. Ce qu’elle va lui dire, personne ne devra l’entendre. Elle s’appuie sur le bureau et lui désigne le fauteuil en cuir d’un geste de la main.
- Assieds-toi s’il te plait. Ce que je voudrais te dire est difficile à entendre.
Alcide s’assoit, de plus en plus inquiet.
- Je peux te faire confiance ? demande Sookie d’une voix distraite, poussant un crayon qui la dérangeait sur le bureau.
C’est pourtant la question la plus importante qu’elle ne lui posera jamais.
- Oui, Sookie. Répond fermement le loup.
Elle reporte alors son attention sur lui, verrouillant son regard dans le sien.
- Alcide. Il y a un an, Debbie est venue chez moi pour me tuer.
- Je sais.
- Elle a dévasté ma chambre, nous nous sommes battues à mort, j’ai gagné.
- Oui, je sais, elle m’a raconté.
- A l’époque, je l’ai épargnée car, même si je ne te connaissais pas beaucoup, j’avais compris que tu l’aimais encore et je ne voulais pas te faire de peine.
- Oui… concède Alcide un peu perplexe.
- Bon. Hier après midi, tu es venu me dire que vous aviez rompu, que tu ne l’aimais plus. Plus du tout.
- C’est vrai, elle n’est plus rien pour moi. Au contraire, même, je crois que si je devais la revoir un jour, ça se passerait mal.
- Ça ne risque pas. Avoue Sookie en baissant le regard.
- Que ?
- Tu ne la reverras jamais plus, Alcide. Enonce Sookie en relevant les yeux sur lui.
Le visage du beau brun s’assombrit. Sookie ne lui laisse pas le temps de réagir et enchaine :
- Debbie est venue chez moi, hier soir.
- Pour ?
- Avec un fusil, pour me tuer…
- Non… souffle le loup, incrédule.
- Elle a tiré, mais… mais c’est Tara qui a pris la balle.
- Non ! répète Alcide, sentant sa colère monter.
- Elle a assassiné Tara, Alcide ! Tara est morte ! gronde sookie rageuse, les larmes aux yeux.
- Je vais la tuer ! grogne le loup d’une voix à peine humaine, se levant d’un bond.
- Non. Souffle Sookie, les larmes ruisselant enfin sur ses joues. Debbie est morte, je l’ai désarmée et je l’ai tuée.
Voilà, c’est dit. La jeune fille relâche les vannes et pleure éperdument. Noyée derrière son rideau de larmes, soudain elle se sent entourée d’une formidable chaleur alors que les bras d’Alcide se referment autour d’elle avec douceur. La jeune télépathe a une brève pensée pour Lafayette : oui, c’est exactement ça. Un immense sentiment de sécurité et de réconfort procuré par ces bras puissants. Un ange passe. Puis alcide reprend la parole d’une voix éteinte :
- Où est le corps ?
- Je ne sais pas, Eric s’en est débarrassé.
- Ah… tu l’as appelé ? Normal en même temps, c’est ton homme après tout.
Sookie renifle et tourne la tête pour s’essuyer la joue.
- Non… non, il a senti ma détresse. Il est venu avec Bill. J’ai définitivement rompu avec eux hier soir. Je ne veux plus de vampire dans ma vie. Pas en tant qu’amoureux en tout cas.
- Première bonne nouvelle de la journée ! approuve Alcide en raffermissant son accolade. Sookie… il n’y a donc plus rien entre nous !
Sookie se détache et fronce les sourcils.
- Juste le deuil de ma meilleure amie.
- Ah oui, pardon.
Alcide lève les yeux au ciel, agacé par sa propre maladresse.
- Le deuil de Tara telle que nous la connaissions. Précise Sookie.
- Comment ça ?
- Pam l’a vampirisée pour la sauver.
- Quoi ?!
Sookie hausse les épaules, navrée. Alcide proteste :
- Mais elle hait les vampires, Sookie.
- Je sais… mais je n’ai pas pu accepter de la perdre. Je… je ne pouvais pas.
Le loup grimace, navré aussi, et vient s’appuyer à son tour sur le bureau. Prenant Sookie par les épaules d’autorité, ils restent un petit moment à savourer ce contact tout simple.
- Tu as été très franche… quel courage. Ta marque de confiance me touche. Tu es si forte, Sookie.
- Je ne veux plus jamais envisager une relation avec quelqu’un s’il doit y avoir des mensonges. Ce sont les mensonges qui ont tout gâché avec Bill. Et Eric aussi. Je veux pouvoir avoir confiance ! Et puis… Lafayette m’a fait fumer un joint, ça aide. Murmure la jeune fille humblement.
Alcide sourit.
- Tu peux avoir confiance. Et… heu… donc, tu envisages une relation avec moi alors ? tente le loup gentiment.
Oups, Sookie grimace : elle a parlé trop vite. Pénible ce joint !
- Alcide, je ne plaisante pas, je ne veux ni mensonge ni secret. Et rappelles toi que je pourrais découvrir la vérité dans ton esprit si je le souhaite. Ce jour-là, tout sera fini. Ne commence rien si tu penses que tu ne pourras pas respecter cette chose toute simple.
Le loup prend le temps de réfléchir à cette phrase. Pourquoi pas après tout, lui aussi détestait les mensonges. Et c’est bien à cause d’eux qu’il avait tout raté avec Debbie. Il soupire.
- Ok, Sookie, j’ai donc quelque chose de grave à te dire aussi : j’ai découvert hier soir que Russel s’est libéré de son tombeau. Il est quelque part, mais je ne sais pas où.
- Quoi ?! aboie la jeune fille paniquée. Tu as prévenu Eric ?
- Non, je n’ai pas réussi à le joindre… et puis… je crois que j’espérais que Russel irait directement le tuer, que ma famille et moi soyons débarrassés de lui. que tu sois libre… mais si tu me dis que tu as vu Eric la nuit dernière…
Sookie se dégage fermement et apostrophe musclor sans sourciller :
- J’ai vu plus de morts qu’à mon tour, Alcide, tu peux me croire. Je n’en peux plus de pleurer tout le temps ! Alors la dernière chose que je souhaite c’est que Bill ou Eric meurent, comprends bien ça ! Ce n’est pas parce que j’ai rompu que je ne les aime plus, au contraire, maintenant, ce sont des amis précieux qui m’ont offert leur vie plusieurs fois et pour rien au monde je ne souhaiterais qu’on leur fasse du mal, c’est clair ?!
Passé la surprise, Alcide sourit :
- Et bien ! j’espère que tu te battras aussi pour moi comme ça un jour ! Pas de problème, Sookie. Je vais réessayer de joindre Eric dès son réveil.
La jeune fille, retrouvant son calme, se dirige vers la porte.
- Ok. Bon, il faut que je retourne au travail.
- Sookie ?
- Quoi ? demande-t-elle légèrement sur la défensive.
- Tu veux sortir avec moi ce soir ?
Sookie roule des yeux, un peu prise au dépourvu. Alcide penche la tête sur le côté et sourit : tout à fait charmant.
- Juste un petit resto, histoire de se poser, de prendre le temps de discuter… On dit vers 21h, chez toi ? ça marche ? comme ça tu auras eu le temps de voir Tara et… si tu n’as plus envie de sortir, on reportera ça à une autre fois… mais ça te ferait du bien, je pense, juste une heure ou deux.
Mais il pense à tout celui-ci ! Sookie mâchonne sa joue en réfléchissant rapidement. Oui, pourquoi pas, de toute façon il lui laissait une porte de sortie.
- Très bien 21h, chez moi. Mais je ne te promets rien.
- Pas de problème.
Alcide la rejoint, et, passant un bras dans son dos, dépose un bisou, tout doux, tout chaud sur son front avant de lui ouvrir la porte.
- Après vous…
Tout a fait charmant. Sookie ne peut cacher un sourire en entrant dans la salle.
Quand elle arrive chez elle vers 19h, la nuit vient de tomber. Accompagnée de Lafayette, elle se précipite dans le cimetière, très anxieuse. Trois silhouettes se tiennent déjà debout près de la tombe…
Bill a une conversation on ne peut plus sérieuse avec Jessica visiblement et Eric est au téléphone, le visage fermé.
En s’approchant, Sookie remarque qu’une quatrième personne est là, agenouillée : Pam. La jeune fille écarquille les yeux en détaillant la vampire aux pieds de son créateur qui fait les cent pas juste devant elle sans lui prêter la moindre attention. Sookie sent une pointe de pitié naitre pour cette femme qui le visage défait, attend le verdict dans le plus total abandon. Son maître lui avait dit la veille qu’il ne pourrait statuer sur son sort qu’une fois calmé, aussi attendait-elle la sentence, résignée.
Sookie et Laf’ cherchent Tara des yeux mais aucun signe d’elle.
- Bill ? ça va ? où est Tara ?
Le roi lève un regard contrarié qu’il adoucit aussitôt en posant les yeux sur elle. Il caresse l’épaule de Jessica et se tourne vers Sookie. La jeune fille note dans un coin de son esprit que Jessica, les yeux dans le vide, encaisse difficilement ce qu’il vient de lui dire apparemment et que le ton monte du côté du viking.
- Les progénitures mettent un peu plus de temps à se réveiller la première nuit, c’est normal. Elle ne devrait pas tarder à se lever, ne t’inquiète pas pour ça.
- Bill, j’ai une mauvaise nouvelle, Russell…
- Oui, je sais. La coupe le beau brun. Alcide nous a prévenus.
- … peu importe vos ordres, je souhaite lui parler MAINTENANT ! aboie Eric au téléphone.
- A qui parle-t-il ? chuchote Sookie un peu inquiète.
- Sookie… murmure Bill en se rapprochant d’elle. Il vient d’arriver quelque chose de très grave.
- Russell ?
- Non, pire… avoue le vampire en cherchant ses mots. Je ne peux rien te dire mais mon poste de roi est en jeu, ma vie certainement aussi, celle de Jessica peut-être, celle d’Eric sûrement. Les autorités vampiriques nous ont dans le collimateur, Eric cherche une solution.
- Pu*** ! jure Le vampire millénaire en raccrochant. Mes appels sont filtrés : je n’arrive pas à joindre de président du conseil et mon contact au sein de l’autorité est introuvable. Il va falloir y aller.
Personne n’ose commenter cette information tant le visage du viking exprime une colère noire. Un silence de mort s’installe. Eric faisant un énorme effort pour se calmer, finit par poser les yeux sur Pam. Celle-ci retrouve alors de l’intensité dans le regard.
- Maître ? Souffle-t-elle d’une voix pleine de respect.
- Lève-toi. Lâche-t-il glacial.
Pam s’exécute. Sookie observe que ses yeux s’embuent de rouge à nouveau. Jamais elle n’aurait imaginé que le lien qui la liait à Eric pouvait être si fort. La jeune fée baisse les yeux de pudeur, son sentiment de pitié se renforçant de secondes en secondes.
- Tu m’as déçu, tu m’as désobéi, tu m’as trahi…
Une larme roule sur la joue de Pam, zebrant son magnifique visage d’une ligne sombre. Elle serre les poings mais garde le silence, tentant difficilement de gérer son émotion.
- A compter de ce jour, je ne te considère plus comme ma fille.
Pam lâche un sanglot, tremblante de tout son être. Jessica, bouleversée, cache sa bouche derrière sa main en soufflant un « ho ! » Bill aussi baisse les yeux, il n’a jamais aimé voir souffrir quelqu’un.
- Tu vas te rendre au Fangtasia avec ta progéniture. Tu respecteras nos traditions et l’élèveras comme il se doit. Malgré tout tu restes mon associée, tu devras donc gérer le club entièrement car, comme tu l’as compris, j’ai d’autres problèmes à régler en ce moment. Ne m’appelle pas, n’essaye pas de me joindre, je n’existe plus pour toi. Désormais, tu es seule… jusqu’à ce que j’en décide autrement.
- Eric ! tente Pam la voix suppliante.
Le vampire sort les crocs et la saisit fermement à la gorge. Les quatre personnes assistant à la scène craignent pour la vie de Pam en même temps.
- Pas de ça entre nous, Pam ! Il y a cent ans, je t’ai choisi, toi. Tu étais la première, la seule. J’avais des doutes pourtant. As-tu donc tout oublié ?! Si un jour tu te souviens pourquoi mon choix s’est porté sur toi, si tu retrouves cette femme qui m’a conquise, si tu sais me démontrer que tu es encore digne de moi…
Eric détaille son visage ravagé de chagrin et finit par adoucir son regard.
- Alors nous en reparlerons peut-être.
Le viking la lâche et la regarde s’écrouler a ses pieds éperdue de larme. Il se remémore la souffrance qu’il avait lui-même éprouvé lorsque Godric l’avait éconduit et ferme les yeux. Il se sent mal. Godric… mais pourquoi pense-t-il autant à lui à cet instant ? Il en a presque la nausée. Malgré tout il sait que c’est la meilleure solution, il ne reviendra pas sur sa décision. Il se tourne vers Bill et portant son regard juste derrière lui… se fige totalement stupéfait. Voilà pourquoi !
Tous suivent son regard et découvrent qu’une septième personne assiste à la scène.
- Je n’aurais pas voulu voir ça. Dit-elle d’une petite voix.
- Moi non plus… sort une huitième voix.
Le spectacle de Pam s’effondrant par terre lui donne la nausée. « Je n’aurais pas voulu voir ça » Entend-elle vaguement.
- Moi non plus… lâche-t-elle sans réfléchir. Tiens ? elle ne reconnait pas sa voix.
Oh… son esprit est embrouillé… elle a pris une cuite ou quoi ? Mais que faisait-elle dans ce trou ? Tara fait tomber le reste de terre accroché à ses cheveux et tente de faire le point.
Un Bûcher, vagement, Lafayette triste : bon… plus ou moins , heu...Cuisine… ? Fusil ! …oups ! Tara ralentit son geste en écarquillant les yeux.
Trou plus cimetière … heu… égal tombe, non ? … oups oups… Sa machoire tremble légèrement.
Voix caverneuse, hypersensibilité, plus sensation ébrieuse… oups oups OUPS !!! Tara fronce les sourcils en déglutissant difficilement. Non, ce n’est pas ça… c’est une blague. Mais si seulement elle pouvait éclaircir ses idées !
- Oh… une naissance ? ça compense. Bienvenue ma chère… dit une belle inconnue en passant près d’elle.
Une naissance ? Tara, encore à genoux sur la terre fraichement retournée pose sur elle un regard hébété. Comme elle est jolie… son visage n’exprime qu’une infinie douceur. Elle lui adresse un doux regard bienveillant et se dirige vers Eric.
- Nous avons à parler. Murmure-t-elle avant de se diriger vers le manoir royal.
Le viking, interdit, met un certain temps à lui emboiter le pas, pressant Bill de le suivre d’un regard appuyé. Bill acquiesce mais prend le temps de venir s’accroupir près de Tara un moment.
- Bienvenue Tara. Pas de rancœur ou de colère, s’il te plait, nous avons juste essayé… de te garder en vie. Jessica t’aidera si besoin.
Tara cligne des yeux un instant, l’esprit toujours au ralenti. Elle regarde Bill lui adresser son petit sourire désolé en se levant, la réalité s’imprimant de plus en plus dans sa tête. Il lui tend la main et, alors qu’elle se lève aussi, elle essaye de percevoir si ses sentiments pour Bill ont changé. Non, pas vraiment. Pourtant, elle avait cru comprendre qu’un vampire et son créateur avaient un lien particulier… mais là, non, rien de spécial.
Il caresse son épaule d’un bref geste amical et tourne les talons, rejoignant Eric à la vitesse vampirique. Mais ?! Il la laisse comme ça ? Tara pose alors les yeux sur Jessica qui s’est approchée d’elle. La belle rousse lui adresse un chaleureux sourire.
- Bienvenue Tara !! s’enthousiasme-t-elle en la prenant dans ses bras.
Tara écarquille les yeux sans oser lui rendre son accolade.
- Tu vas voir, cette vie est géniale. Tiens, voici mon N° de portable. Tu n’hésites pas à m’appeler si tu as besoin, OK ?
Tara observe le N° griffonné sur le bout de papier et grimace un vague sourire, sentant la panique monter : ils vont la laisser toute seule ! Jess recule d’un pas, un peu mal à l’aise.
- Bon, je dois y aller, là. Je n’ai que la nuit pour trouver un abri sûr et m’organiser… heu… on s’appelle, d’accord ? On ira peut-être chasser à l’occasion ?
Tara ne peut que lui adresser une moue signifiant « pourquoi pas ». Mais alors que Jess s’éclipse en un clin d’œil, Tara commence à trembler, la panique l’envahissant de plus en plus. Sans pouvoir se l’expliquer, en plus de la peur, elle se sent triste et a envie de pleurer. Elle a l’impression de penser à son père…. Sauf que c’est une image floue, grande et blanche. Son père ? Alors qu’elle ne l’a jamais connu… et blanc en plus !? Elle déraille complètement. Elle se tourne alors vers Sookie et Lafayette qui eux aussi tremblent d’émotion, ne sachant pas quelle attitude prendre. Alors qu’ils se rapprochent prudemment, Tara sent leur odeur… succulente, elle entend les battements de leurs cœurs… entêtants…
-Tara ! craque Lafayette en lui sautant au cou, bientôt rejoint par Sookie.
Mais au lieu de se sentir réconfortée par ce contact, Tara fronce les sourcils. Sookie… Sookie !
Aussitôt, enfin le voile se déchire et tous les souvenirs de Tara affluent avec une précision ciselée. Debbie, le coup de feu, la douleur à la tête, les hurlements de Sookie au loin. Tara revit la scène violemment et une épouvantable envie de violence la submerge. Elle est morte ! Elle est morte en essayant de sauver Sookie et tout à coup l’idée de le lui présenter la facture devient très tentante. Ses crocs sortent et les deux humains reculent à ce bruit.
- Tara ? gémit Lafayette.
Mais La jeune vampire ne quitte pas Sookie des yeux. Elle la dévore des yeux en fait, dans un état second. Une puissante envie de mordre la submerge, nourrie par la colère. Tara a faim et son tout nouvel instinct vampire lui hurle de passer à l’action. Elle se tend, prête à lui sauter à la gorge : Sookie nourrit des vampires depuis des mois, elle ne lui refusera pas cette offrande, elle lui doit bien ça !
- Non !
Non ?! Qui a dit non ? Et pourquoi se sent-elle entravée tout d’un coup ?!!
Tara et les deux humains se retournent vers cette voix ferme qui s’était élevée tout d’un coup. Pam, debout, s’est enfin remise de ses émotions et se refait une beauté avec son poudrier, le visage légèrement amusé. Elle prend la parole sans quitter son propre reflet des yeux :
- Ce n’est pas l’envie qui me manque de te laisser faire, petite fille. Mais mon créateur t’a donnée à moi pour te sauver la vie et m’a demandé de t’élever, or, si tu la tues maintenant, je ne te donne même pas trois minutes à vivre.
« Mon créateur t’a donnée à moi » les mots s’impriment dans l’âme de Tara au fer rouge. Elle roule des yeux, épouvantée. En se concentrant sur Pam elle eut la certitude indéniable. Ce n’est pas Bill qui l’a vampirisée, c’est Pam !
Non… Non ! NON !!! Tara recule, horrifiée. Maintenant qu’elle la regarde, qu’elle a tourné son esprit vers cette… Salope avec un grand S, elle sent comme des milliers de chaines invisibles qui la harponnent afin de la ligoter à ce monstre qu’elle déteste.
Pam, enfin satisfaite du résultat, range son poudrier et pose les yeux sur elle, une moue dédaigneuse sur le museau.
- Ne t’en prends pas à moi, ma fille, j’y suis pour rien. Je t’aurais laissée crever si ça n’avait tenu qu’à moi, tu penses bien.
- J’imagine, oui. Marmonne Tara, la mâchoire serrée.
- Mais ces deux-là ont pigné et trépigné pour qu’on te sauve et comme aucun de ces messieurs n’ont voulu de toi, et bien…
Pam hausse les épaules comme si cette conversation l’ennuyait profondément… ce qui était probablement le cas. Tara serre les poings et baisse les yeux pour réfléchir à ses options. Elle était morte et ne pouvait même pas haïr cette pute. Or la haine l’avait toujours beaucoup aidée à survivre à ses épreuves. Et ce sentiment de colère qui ne s’apaisait pas…
- Tara ? Tu… comment te sens-tu ? Tu as faim ? On t’a apporté du tru-blood.
Tara reporte son attention sur Sookie qui visiblement faisait un énorme effort pour se maitriser. Bouleversée, elle avait été à deux doigts de repousser une attaque de sa meilleure amie et vivait ça douloureusement. Sa mine navrée donne la nausée à Tara. Elle lui arrache la bouteille des mains et recule d’un pas.
- Ne m’approche pas Sookie. Tu n’es pas en sécurité près de moi.
- Mais… tu peux lutter contre ce besoin de m…
- Encore faudrait-il que j’en ai envie.
La mâchoire de Sookie s’affaisse.
- Je… je suis tellement désolée, Tara…
- Tu peux… approuve Tara froidement en regardant la bouteille.
Elle lève les yeux sur Lafayette et fait une grimace comique:
- Putain, ma mère va faire une attaque !
Lafayette, retrouvant enfin sa cousine, éclate d’un grand rire nerveux en imaginant sa tante hoqueter à l’idée d’avoir une fille vampire. La tension nerveuse accumulée dans la journée ayant enfin trouvé une soupape, il s’assoit par terre pour savourer ce fou-rire incontrôlable. Tara esquisse enfin un sourire et échange un regard complice avec lui avant de lever les yeux sur son maître. Formulant sa demande dans un geste un rien insolent, Pam se contente de balayer sa question d’un mouvement de la main agacé « fais ce que tu veux » mais son expression « j’ai hâte de voir ta tête » met en garde Tara.
Elle porte le goulot à ses lèvres et, après la première gorgée, grimace.
- Merde ! C’est dégueulasse !
- Ce n’est peut-être pas ton groupe sanguin préféré, tu devras les essayer tous… explique Sookie, mal à l’aise, en se rappelant le soin qu’avait pris Bill de tout faire goûter à Jessica.
- Et vas-y, ramène la, madame « je sors avec un vampire et je connais le sujet ». Pince Tara en se forçant à reprendre une gorgée.
Pas si mal finalement, ça serait meilleur chaud probablement. Sookie encaisse la pique en baissant le regard, malheureuse. Elle avait déjà été en conflit avec Tara… elle espère juste que cette fois encore, elles pourront surmonter ça. Sa rancœur était justifiée pour le moment, elle lui devait d’essuyer tout cela sereinement.
Lafayette s’allonge dans l’herbe et regarde le ciel étoilé à travers les arbres au-dessus d’eux. Il se remet à rire et tourne la tête sur la coté, comme s’il observait quelque chose de précis.
- Et t’es bien placé pour dire ça, pétasse. S’amuse-t-il à mi-voix, tendant sa main vers la droite.
Sookie comprend qu’il voit quelque chose qui lui échappe, Jésus probablement. Soudain une énorme envie de rentrer chez elle pleurer lui serre la gorge mais elle n’ose pas quitter Tara.
La jeune vampire finit sa bouteille puis une autre. Plus ça va, plus les regards s’intensifient entre elle et Pam. La créatrice s’est rapprochée, détaillant sa progéniture avec intérêt. Quand enfin elle termine son repas, Tara lèche ses lèvres particulièrement sensuellement et lève un sourcil en demandant :
- On y va ?
- Où ça?
- Quoi ? on reste ici ? Ironise Tara en ouvrant les mains sur le cimetière.
Pam rit doucement. Elle s’approche encore et pose sa main fermement sur sa gorge. Tara ne bouge pas mais son regard exprime le plus grand défi. Pam élargit son sourire.
- Tu apprendras à baisser les yeux.
- Je ne crois pas, non. S’amuse Tara, très sûre d’elle.
Pam éclate d’un petit rire indulgent. Très prometteur tout ça… elle la lâche et se détourne.
- Suis-moi. Ordonne-t-elle.
Puis se volatilise. Sans un regard pour Sookie, Tara envoie un clin d’œil à Lafayette qui la salue de son minois narquois et, pour la première fois, passe en vitesse vampirique.
Bill rejoint Eric au milieu du cimetière. Il se tourne vers lui avec la ferme intention de lui demander qui est cette ravissante vampire mais l’expression sur le visage de l’homme qui marche près de lui coupe net la parole. Le viking semble complètement bouleversé comme s’il luttait intérieurement pour retrouver son calme. Une expression à la fois douloureuse et démunie est imprimée sur ses traits. Et Bill qui n’a jamais vu son shérif –dans son état normal du moins- que paré d’un visage arrogant ou coléreux est lui aussi désarçonné. Mais qui est donc cette femme pour le mettre dans cet état ?!
Ils finissent par la rejoindre sous le porche du manoir. Elle parcourt la façade des yeux et se retourne vers les garçons.
- William Campton ?
- Oui… concède Bill, sur ses gardes.
Le regard d’un noir profond de cette femme semble le sonder jusqu’au plus profond de son être.
- Pouvons-nous entrer un moment, majesté ?
Bill déglutit. « Majesté »… oui, tâchons de ne pas l’oublier… Il jette un regard furtif à Eric qui, d’une œillade sombre, lui fait signe d’entrer. Le roi retrouve alors toute sa galanterie et précédant ses invités, il ouvre un bras accueillant au seuil de sa porte.
- Après vous, je vous en prie.
La vampire lui adresse un sourire en passant près de lui qui le remue un peu. Cette femme avait vraiment quelque chose de spécial. Eric passe à son tour et, dans un mouvement fluide sans faire d’arrêt, pose un instant ses doigts sur les lèvres de Bill accompagné d’un froncement de sourcils autoritaire. Le message : « tais-toi ! » est on ne peut plus clair mais Bill qui ne s’attendait pas du tout à ça, fusille le dos du viking d’un regard outré.
Mais très vite il change de tête en la voyant choisir d’entrer dans son bureau. Oups ! Il était encore jonché des restes de Nan, ils n’avaient vraiment pas eu le temps de nettoyer ça la veille. Il les rejoint à contre cœur, très mal à l’aise, les deux vampires se toisant intensément.
- Ça fait une heure que j’essaye de te joindre… marmonne Eric d’une voix maussade, la mine sombre.
Bill note qu’il semble avoir à peu près retrouvé son sang-froid. La vampire sourit gentiment.
- Oui, moi aussi, je suis contente de te revoir mon…
- Nora ! coupe Eric visiblement nerveux.
Bill aperçoit l’œillade dont Eric le désigne à la belle brune… super ! Bill se sent vraiment de trop dans cette pièce. Elle lève un sourcil et, semblant légèrement amusée, croise les mains sur son ventre en demandant calmement :
- Oh ? et si tu nous présentais, ça serait peut-être plus simple ?
Eric semble hésiter une seconde et, après un soupire excédé, lâche :
- Bill, je te présente Nora, membre du conseil vampirique, le contact dont je te parlais, c’est… c’est…
Eric se mord la joue une seconde et Nora penche la tête comme si elle avait hâte de savoir aussi.
- c’est mon ex. Nous avons été ensemble il y a quelques siècles.
Eric scrute la femme avec anxiété, se demandant si cette option lui conviendrait et… contre toute attente, en effet, son visage s’éclaire.
- Ensemble oui… chuchote-t-elle d’une voix soudainement très chaude.
Visiblement, elle avait choisi de pardonner, de mettre de côté l’aspect sombre et douloureux de leur dernière entrevue et acceptait d’évoquer les merveilleux moments des premiers temps. Eric se détend, soulagé.
Bill observe Nora sourire à son shérif avec gentillesse, étonné de l’impression que lui donne cette femme. Elle rayonne de bonté et de douceur, comment pouvait-elle être vampire ? Il jette un œil au viking qui, finalement, semble se laisser gagner lui aussi par sa bonne humeur. Le visage d’Eric s’éclaire petit à petit et il finit par détourner les yeux, un petit sourire naissant enfin sur ses lèvres.
Bill essaye un instant d’imaginer cette femme assez petite, douce, au regard si franc et calme vivre une histoire d’amour avec cette grande brute au cœur de glace… et non, Bill fronce les sourcils. Cette image lui déplaisait copieusement.
- Et donc, Nora, voici : Bill, mon roi, qui n’a rien à se reprocher dans la gestion des nécromanciennes…
- Mon roi ? répète Nora, étonnée. Et ben…
Eric se renfrogne et ouvre la bouche pour continuer son argumentaire mais Nora lève une main autoritaire, désignant la flaque du regard.
- Je n’ai pas eu vent des nécromanciennes, je ne suis pas là pour ça. Qui est-ce ?
- Nan Flanagan et ses hommes. Elle est venue nous informer que le conseil avait exigé notre true death.
- C’est faux, vous deviez être convoqués au sujet de Russell. Il a refait surface il y a 48 heures.
Bill et Eric se consultent du regard, stupéfaits.
Le visage de Nora s’assombrit et Bill découvre soudain pourquoi elle fait partie de conseil. Devant lui se tient tout d’un coup, une vampire sévère, froide et on ne peut plus contrariée qui lui inspire le plus grand respect. Elle devait être très âgée. Quand elle reprend la parole, son ton s’accorde parfaitement avec une femme habituée aux lourdes responsabilités.
- Eric nous avons un énorme problème au sein de l’autorité. Parmi mes plus proches collègues se terre un traitre mais nous ne parvenons pas à le confondre…
- Continue. Demande Eric, très attentif.
- J’ai laissé mon portable à mon humain pour ne pas qu’on puisse me tracer jusqu’ici. Je ne veux pas qu’on sache que je t’ai parlé.
- Continue… redemande Eric, un peu plus sur la défensive cette fois.
Bill, complètement largué, comprend à quel point il a été naïf pendant tout ce temps.
- Pourquoi avez-vous tué Nan ?
- Elle a tenu des propos de traitre, voulant nous inciter à rejoindre un groupe séparatiste.
- Oui, Russell prépare quelque chose et rassemble...
Nora acquiesce en fermant les yeux. Semblant –elle- détenir la plupart des équations, elle parait calculer les probabilités à la vitesse vampirique. Bill baisse les yeux, démuni. Une simple marionnette, quelle ironie.
- Très bien, pour cet acte, je vais lancer un mandat d’arrêt contre vous : vous serez désormais recherchés par les autorités pour meurtres prémédités.
Bill ouvre la bouche, sentant la panique monter.
- OK. Répond pourtant Eric, parfaitement calme.
Apparemment, il l’attendait. Bill est stupéfait. D’accord, Eric a fait les mêmes calculs, en même temps. Ils semblent parfaitement sur la même longueur d’onde ces deux-là !
- Vous allez travailler sans filets. Même le chancelier ne sera pas informé… Moi seule et …
- Roman ? Demande Eric sur le ton de la simple vérification.
- Oui, Roman. C’est toujours le seul qui sait…pour… nous.
Nora jette un œil à Bill, puis, baissant les yeux tout d’un coup, fait une moue soucieuse.
- En espérant que… (soupire)... Bref, Priez pour que je ne sois pas tuée entre temps…
Instinctivement, Eric fait un pas vers elle, le visage exprimant une grande inquiétude. Elle lui sourit, touchée, retrouvant son expression douce. Puis progressivement leurs corps se tendent. Ils échangent un long regard débordant d’émotion, puis, sous l’œil incrédule de Bill, la froide distance qu’ils avaient maintenu tous les deux s’effondre d’un coup et ils tombent dans les bras l’un de l’autre.
Se contentant de se serrer fort au début, ils chuchotent leurs prénoms, rattrapant les siècles passés loin l’un de l’autre par une étreinte de plus en plus passionnée. Eric, fébrile, embrasse les cheveux de Nora, puis son front alors qu’elle aussi bascule la tête pour couvrir son cou, son menton d’une pluie de petits baisers affamés. Arrivés sur la joue, ils se figent un instant, les yeux clos, hésitants… et puis non, le désir est trop fort et ils s’embrassent… éperdument.
Bill sait qu’il devrait baisser les yeux, se détourner, quitter la pièce même, sachant pertinemment que personne ne se rendrait compte de son absence… mais il ne peut quitter le couple des yeux. Aucun doute possible ces deux-là se sont aimés passionnément et s’aiment encore !
Nora, la première, finit par poser la main sur la joue d’Eric et, très doucement, remplace sa bouche par ses doigts, détournant le visage pour appuyer son front sur sa tempe afin de laisser le temps à Eric de se reprendre en douceur. C’était fini, elle reprenait le contrôle d’elle-même et entendait qu’il fasse pareil, même si c’était douloureux. Hors de question qu’on envisage autre chose, chaque minute d’absence pouvait peser lourd et faire tout capoter.
Pourtant, Eric, fragilisé par le rejet de Sookie et la trahison de Pam, est bouleversé et ne parvient pas encore à ouvrir son étreinte. Très ému, il chuchote à son oreille d’une voix à peine audible mais que Bill entend pourtant :
- Mais où étais-tu ? Où étais-tu ?
Puis les mots tabous sortent d’une voix brisée :
- Il ne serait pas parti si tu avais été là !
- Tais-toi ! proteste Nora, la gorge serrée. Tu le sais pourtant !
Puis, le repoussant violemment, elle le fusille d’un regard larmoyant, visiblement profondément blessée. Bill se retient de la prendre dans ses bras.
- Ohh… Comment oses-tu ?! C’est tellement injuste Eric ! Crois-tu avoir plus souffert que moi ?!
Eric, les yeux rouges, ouvre la bouche mais devant le minois chagrin de Nora, finit par capituler. Le visage défait, il se détourne pour essuyer la larme qui s’apprêtait à couler. Bien sûr qu’elle avait dû souffrir autant que lui, sinon plus !
Bill n’en revient pas. Eric, les larmes aux yeux ? Inconcevable ! Le beau brun se concentre sur le tapis, navré d’avoir assisté à ça. Ils avaient un lourd passif tous les deux et, il ne sait pas de qui ils parlaient mais d’évidence, ils auraient eu besoin d’en parler encore. Hélas, le temps manquait… Soudain, le roi fronce les sourcils. Un sentiment qu’il avait eu depuis le réveil… et même avant, se confirmait et s’intensifiait.
