HypnoFanfics

Je ne me souviens même pas du jour où elle est arrivée au château. Aussi loin que remonte ma mémoire, du moins en ce qui la concerne, elle a toujours été présente. Présente comme les grands portraits de mes ancêtres, présente comme les tapisseries de la grande salle, et comme toutes ces choses que je ne remarque pas. Toutes les choses auxquels je ne fais pas attention. Elle n’était qu’une servante timide et discrète, s’inclinant quand je passais près d’elle, silencieuse quand je discutais avec Morgane, sa maitresse. Elle faisait partie des meubles.

Je me suis aperçu de son existence que grâce à Merlin. Cet idiot est indirectement responsable de la véritable panique sentimentale qui règne dans mon cœur… En effet, il y a quelques temps, il me semblait (et Morgane partageait mon opinion) que mon valet était raide dingue d’elle. Et elle a commencé à exister dans mon esprit. Je recherchais les raisons qui faisaient que Merlin et Morgane étaient si attachés à cette fille qui m’avait semblé au début sans grand intérêt majeur. Je me suis alors rendu compte à quel point cette fille était exceptionnelle : généreuse, respectueuse, drôle car maladroite, sensible et, il faut bien le dire, d’une beauté certaine même si moins classique que celle de Morgane. Son charme est moins frappant, moins insolent que celui de cette dernière. Il est progressif : à chaque fois que je la voyais, ou plutôt que je faisais attention à elle, je me rendais compte d’un détail de sa personne que je n’avais jamais vu auparavant. Le teint de sa peau qui change légèrement selon la luminosité, ses yeux qui me font penser au bol de chocolat que ma nourrisse me préparait le matin, son sourire qui réchauffe instantanément le cœur de celui à qui il s’adresse, ses mains rassurantes bien qu’abimées par le labeur, ses cheveux encadrant librement son visage…

Plus je la voyais, plus je la regardais, plus je l’appréciais, plus mes sentiments envers elle devenaient complexes. De la simple indifférence, je suis passé à l’attachement amical. Et c’est ce foutu sentiment d’attachement, de tendresse qui prend de l’ampleur chaque jour que Dieu fait, qui occupe mes pensées, qui change sournoisement. C’est lui qui fait qu’elle a le droit de me dire ce qu’elle pense. Je l’encourage à me dire en face ce que je ne supporterais pas que d’autres pensent. C’est aussi ce même sentiment qui, en grossissant de jour en jour, qui fait que je l’écoute prodiguer des conseils de sa merveilleuse voix, si douce, si mélodieuse… Et voilà que je divague encore !!! Ces fameux conseils sortent de la bouche d’une servante, qui par définition ne devrait pas donner des leçons à un Prince. Surtout que je n’écoute pas ceux de mon père… Cette situation est complètement paradoxale.

Elle ne devrait pas me toucher à ce point et je déteste me rappeler l’abysse social existant entre un Prince héritier et une servante. Pourtant elle y parvient. Depuis que je suis enfant, les plus belles princesses de tous les royaumes me font des sourires, me jettent des regards langoureux, jouent aux jeunes femmes en détresses en espérant toucher mon cœur de chevalier. J’ai les plus belles femmes du monde à mes pieds et il faut bien le dire, aucune ne me touche réellement. Ou bien uniquement de façon provisoire. Je suis envouté par la beauté et le charme. J’en profite parfois quelques jours et quelques nuits. Mais je me lasse rapidement et souvent, elles font de même. Alors Grand Dieu pourquoi je crève de bonheur quand une servante me parle, me réconforte, m’aide ? Pourquoi étais-je si heureux quand cette même servante me dit que je vais survivre parce que je dois devenir un grand roi, que je dois devenir l’homme qu’elle voit en moi ? Pourquoi depuis ce jour je m’efforce de devenir cet homme ? Pourquoi ai-je absolument voulu savoir pourquoi elle a prononcé ces paroles alors que ces dernières étaient surement inspirées par la peur de perdre l’unique héritier du royaume auquel les petites gens sont forcément attachés ?

Depuis qu’elle m’a parlée dans la forêt près du village de Merlin (encore lui tiens), depuis qu’elle m’a soignée alors que j’était mourant, elle ne cesse de me surprendre, elle ne cesse de m’intéresser encore davantage… Seigneur elle pourrait y mettre du sien aussi ! Au lieu de me rejeter comme une servante censée devrait le faire, j’ai l’impression qu’elle m’encourage à l’aimer ! Bon peut-être qu’elle n’a rien changé et c’est surement moi qui lui prête une plus grande attention… Mais elle n’était pas obligée de vouloir me rendre meilleur, elle n’était pas obliger de m’aider dans cette mission ridicule (bien qu’instructive) que je m’étais moi-même confié pour me prouver ma valeur. Et surtout elle n’était pas obligée d’avoir peur pour moi, elle n’était pas obligée de tenter de dominer sa peur ce qui la rendait tellement plus belle… Je n’ai rien compris… Sur le moment, j’ai juste suivi ce satané sentiment qui me poussait vers elle… Je me suis juste penché et je l’ai juste embrassée. Et bien que je n’ai jamais ressenti une telle chaleur et un tel bonheur, bien que le contact de ces lèvres m’ait transporté et que son souvenir me fasse encore rêver, cela a surtout tout compliqué…

 

LovSecret  (20.02.2010 à 12:44)

Voilà la suite et fin. Finalement je la poste tard, désolée

 

Depuis que j’ai commencé à m’intéresser à elle, je n’ai jamais pu mettre un mot précis sur l’attirance qui me liait à sa personne. Ce baiser a tout compliqué car il a accompli ce que j’ai été incapable de faire : c’est grâce à lui que je me suis rendu compte que je suis raide dingue de cette magnifique fille de forgeron. Mais qui comprendrait l’amour qu’un prince de Camelot ressent pour une servante ? Je ne suis pas sûr de le comprendre moi-même…

L’amour a forcément des conséquences. Je suis devenu plus distrait, ce qui est fatal pour moi qui suis le meilleur combattant du royaume. Même Merlin l’a remarqué ! Je suis d’ailleurs surpris que Père n’ait pas relevé que je suis souvent ailleurs moi qui ait toujours été si attentif en conseil. Et puis, il y a eut les changements d’humeurs… D’un coup, je me rend compte que je vais surement la voir dans quelques heures. Et brusquement, je me sens si bien, je suis si heureux que je ressens le besoin de hurler à en crever les tympans de mes voisins. Et puis survient la peur qu’elle soit absente, qu’elle arrive aux bras d’un autre… La peur me ronge littéralement. Et quand le moment que j’attends avec tant d’impatience arrive enfin, quand elle est près de moi ou du moins dans la même pièce, je ne peux m’empêcher de la regarder, de souhaiter qu’elle parte parce qu’elle me rend littéralement fou. Encore une situation complètement paradoxale : je ne désire que sa venue quand elle est loin de moi et quand mon vœu se réalise, je voudrais m’enfuir… Et pourtant quand elle part, je veux courir la retenir. Et tout cela s’embrouille et m’empêche fatalement de me concentrer sur autre chose…

A cela vient s’ajouter la jalousie. Jalousie envers Morgane qui passe son temps avec elle, jalousie envers Merlin qui s’entend si bien avec elle… Et surtout, surtout, envers Lancelot. J’ai la triste impression que cette jalousie dévastatrice ne me quittera pas de si tôt. Cet homme, que je ne peux m’empêcher d’apprécier est amoureux d’elle. Et le pire est la réciprocité de leur amour. Il est normal qu’elle ait d’abord été attirée par lui. Il n’y a rien qui les empêche de s’aimer. Je déteste me rappeler cela, que je n’ai pas le droit d’aimer cette femme. Mais si elle l’aime, je ne comprends pas pourquoi elle me regarde avec ce que je crois être de la tendresse quand nous sommes dans la même pièce, pourquoi elle a l’air de douter, de souffrir quand elle s’éloigne de moi… Si elle partage les sentiments de Lancelot, elle ne devrait pas partager les miens. Parfois je pense qu’elle se joue de l’un de nous deux, puis je me dégoute moi-même car ce n’est absolument pas sa personnalité de faire souffrir les gens. Je ne sais pas quoi penser, sinon que nous sommes trois à souffrir.

Mais Lancelot est parti et même si il s’agit de mon rival le plus direct, je l’ai détesté non pas parce qu’il aimait la même personne que moi mais parce qu’il avait fait souffrir cette même personne. Pendant longtemps, elle et moi, nous nous sommes cherchés, nous nous sommes regardé et je n’arrive pas à tenir… Et pourtant elle est infiniment plus raisonnable que moi, à chaque fois que je vais vers elle, elle me rappelle les lois des classes sociales. Un jour je serais Roi et je sais qu’elle ne pourra pas être ma Reine même si je n’en désire pas une autre. Sauf si on m’envoute… Mais elle est humaine et quand Olaf et sa fille m’ont envoutés, quand mon mariage avec Vivianne était prévu, je l’ai vu en colère, je l’ai vu jalouse, je l’ai vu déçue et même si sur le moment je m’en suis contrefiché (saleté de magie), maintenant cela me rempli de bonheur !!! Je sais que c’est mal mais un homme amoureux est idiot, c’est bien connu… Et une fois que l’envoutement fut défait (bon d’accord merci Merlin, je l’aime vraiment bien ce bonhomme finalement), j’ai pu lui parler, j’ai pu m’excuser auprès d’elle. Et j’ai pu l’embrasser, une seconde fois. Une seconde fois, mon cœur s’est mis à battre si fort que c’en était presque douloureux et une chaleur intense s’est répandu dans tout mon cœur. Mais je ne voulais pas y mettre fin, je voulais et veux passer le reste de mon existence à embrasser cette fille !

Et je suis là, dans mon lit, à passer une autre nuit blanche à force de trop penser à elle. J’en ait même discuté avec Merlin. Je me suis trouvé des millions d’excuses, j’ai pensé à toutes les possibilités qui s’offraient à moi et j’en suis arrivé à cette conclusion : je ne renoncerais pas et j’ai tout mon temps, toute ma vie pour la retrouver, pour l’aimer. Mon amour pour elle a déjà changé énormément de choses en moi et je ne compte pas m’arrêter là. Je sais que nous pouvons être si heureux et à présent je n’entrevois qu’une seule possibilité. Juste elle et moi, unis à jamais. Je lui offrirais chaque instant, chaque seconde de ma vie. Mon cœur et ma tête ne pensent qu’à elle et elle fera de moi ce qu’elle voudra. Maintenant, j’attends. J’attends juste qu’elle soit là, à mes côtés, Reine fière, belle et exceptionnelle. Guenièvre sera ma femme, Guenièvre sera ma reine, qu’importe ce qu’en dise les autres.

 

LovSecret  (27.02.2010 à 21:30)