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Balinor et Hunith

Série : Merlin (2008)
Création : 20.12.2011 à 18h45
Auteur : abeilledic 
Statut : Terminée

« Suite de Merlin et Balinor - Comment Hunith et Balinor se sont rencontrés, et surtout comment sont-ils tombés amoureux ? » abeilledic 

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Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à la BBC, j'ai fait de mon mieux pour ne pas les abîmer mais j'ai pas vraiment réussi. Seule l'histoire est de moi. L'univers appartient tout entier à la série Merlin.

 

Note : Suite de Balinor et Merlin … mais permettant de retracer la trame entre Hunith et Balinor

 

Remarque sur l'orthographe : Annechou jusqu'au 13 environ et Choup à partir du 9 (je crois- approximativement)

 

Bonne lecture.

-0-0-0- 

Prologue

 

C'était une belle matinée, ensoleillée et peu venteuse. Une charrette avançait à un rythme lent mais soutenu sur le chemin de terre. Un homme aux cheveux qui lui arrivaient aux épaules se tenait à l'avant et conduisait prudemment. Il réfléchissait à l'endroit où ils s'arrêteraient pour dormir. Il leur faudrait bien deux jours pour arriver à Ealdor.

 

Balinor se retourna pour observer Merlin à l'arrière. Il avait été entièrement recouvert de couvertures et de coussins pour le caler confortablement et qu'il ne prenne pas froid. Cela avait semblé le contrarier mais il n'avait rien dit, s'endormant rapidement. Il avaient quittés Camelot à l'aube pour être sûr de disposer d'assez de temps pour le voyage. En ce moment Merlin ne dormait plus, il avait le regard perdu dans le vide et paressait s'ennuyer fermement.

 

-Réveillé, petit ?

-Moui.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Rien …

-Vraiment, Merlin ?

-Je m'ennuie, c'est tout. J'en ai assez de rester couché.

-C'est une simple précaution, tes coutures se sont rouvertes … plusieurs fois.

-Mmhpff

-Merlin on ne doit pas plaisanter avec ça, en plus avec l'infection et la fatigue…

-Je ne suis plus fatigué, j'ai assez dormi pour la fin de ma vie.

-N'exagère pas … Ta mère risque d'être du même avis que Gaius.

-…

-Merlin ?

-Co… comment vous…

-Oui ?

-Comment vous êtes tombés amoureux ?

 

Merlin avait rougi et tourné la tête dans les couvertures pour cacher sa gêne.

 

-Aah… Eh bien … c'est une longue histoire.

-Comment ?

 

Merlin s'était redressé, surpris.

 

-Merlin, recouche-toi, je te raconte si tu restes tranquille.

-D'accord, … mais combien de temps vous êtes resté à Ealdor ?

-Quatre ou cinq mois je pense. Ta mère m'a hébergé mais elle ne m'appréciait pas tellement quand je suis arrivé, elle le faisait pour Gaius… et parce que la décision d'Uther la révoltait. 

-Vraiment ? 

-Oui, je  … J'avais un sale caractère tu sais, et j'étais en colère. Ta mère m'a aidé avec ça.

-Alors votre première rencontre…

-A été plutôt explosive, oui.

-…

-Merlin … on va faire une pause, pour dîner, ensuite je te raconterai notre première rencontre. Ça devrait t'occuper tout l'après-midi.

-Merci.

 

Balinor avisa un endroit dégagé sur le coté de la route où il pourrait s'arrêter. C'était une aire herbeuse, à l'ombre d'un chêne. Après avoir attaché les chevaux, il rejoignit l'arrière de la charrette et prit les provisions que Gaius avait préparé.  Il aida Merlin à s'adosser contre le dossier du siège de la charrette. Merlin grimaça légèrement, la blessure tirait encore. 

 

-Ça va ?

 

Merlin hocha la tête, puis attrapa la gourde d'eau que son père lui tendait. C'était étrange de se dire qu'il avait un père à présent. Il but lentement, savourant la fraîcheur. Il avait chaud avec toutes ses couvertures. Il les repoussa sous l'oeil désapprobateur de Balinor, mais il ne dit rien. Guenièvre l'avait bordé comme si il allait faire un périple en plein hiver sous la neige. Il prit une respiration profonde avant de tendre la main vers les fruits , pendant que Balinor lui coupait un morceau de pain. Il prit son temps pour manger la pomme qu'il avait choisie. Il n'avait pas tellement faim, mais Gaius avait été clair, il fallait manger pour prendre des forces.

 

-Tu n'aimes pas ? fit Balinor.

-Si, mais je n'ai pas tellement faim.

-mmmh, je comprends, mange ce que tu peux. 

 

Un silence agréable s'installa tandis qu'ils finissaient leur repas. Quand soudain Balinor reprit la parole.

 

-Pourquoi me vouvoies-tu ?

-Je … je vouvoie tout le monde…

-Même ta mère ? Et il ne me semble pas que tu le fasses avec Gwen.

-Disons que je n'ai pas l'habitude … Gwen sert avec moi et au village, c'est différent.

-Je suis ton père, tu peux me tutoyer.

-Je vais faire des efforts.

 

Merlin lui sourit tandis que Balinor lui souriait en retour. Ils apprenaient doucement à se connaître et le retour à Ealdor allait les y aider.

 

Balinor se leva, sauta du chariot, remballa les provisions, puis regarda Merlin.

 

-Je te laisse en position assise ?

-oui s'il vous… te plaît.

 

Balinor sourit, et reprit les rennes. Derrière lui, Merlin s'impatientait :

 

-Alors, tu racontes ?

-Bien sûr …

 

Et Balinor de rire.  

 

À suivre


abeilledic  (20.12.2011 à 18:47)

Chapitre 1 : La rencontre


Vingt-trois ans plus tôt, le pays était à feu et à sang. Uther venait de décréter la grande Purge. La reine Ygerne venait de mourir en couche et le roi après un moment de désolation avait fini par se relever avec cette obsession insensée : supprimer toute trace de magie de son royaume … et des autres, si possible. Il avait commencé par tuer les dragons, les créatures magiques, les druides et les sorciers. Finalement au bout d'une année, il ne restait qu'un dragon … Alors il fit venir les dragonniers  et promit qu'il voulait faire la paix avec lui. Désirant aveuglément cette paix pour le dernier de leur espèce, Balinor avait retrouvé Kilgharrah et ramené à Uther, mais celui-ci avait menti … il avait fait enfermer le dragon dans le sous-sol du château et avait ensuite continué son éradication en incluant les dragonniers. Balinor s'était alors retrouvé coincé dans les cachots où il vit ses amis se faire enfermer avant d'être emmenés au fur et à mesure pour être brûlés. 

 

Pourquoi Uther avait-il attendu pour le tuer ? Il était le premier à être tombé dans son piège. Il revoyait les hommes d'Uther emprisonner Kilgharrah tandis qu'il recevait un coup sur la tête. Il s'était réveillé quelques heures plus tard, avec un mal de crâne épouvantable, seul dans un cachot, puis il avait entendus les cris. Ces frères emmenés de force au bûcher.

Cela faisait deux jours qu'il était là à croupir, il ne désirait pourtant rien d'autre que de rejoindre ses frères, sa famille décimée … 

 

-Balinor ?

 

Il releva la tête surpris au son du murmure.

 

-Gaius ?

-Je n'ai pas pu venir plus tôt … 

-Que fais-tu ici ? N'as-tu pas choisi ton camp ? Celui des traîtres ?

-Non, j'ai choisi celui de la vie. Je suis peut-être lâche, mais ce n'est pas en mourant que j'aiderais qui que ce soit. Je reste un médecin et voir mourir ces innocents me touchent plus que tu ne le crois. Mais même sans magie je pourrais continuer à aider le peuple. 

-Pourquoi suis-je encore vivant ?

-Uther te retient dans l'espoir d'attirer le reste des dragonniers.

-Il ne les as pas encore tous tué ?

-Ça ne va plus tarder, à l'allure où … vont les choses. Écoute, je vais t'aider à sortir d'ici et à partir… 

-Pourquoi ? pourquoi m'aiderais-tu ?

-Parce que je crois qu'un jour les choses changeront … elles le doivent et à ce moment nous aurons besoin de faire renaître l'ancien culte. J'ai … aidé Alice à partir  …

-Elle a eu la chance que tu l'aimes … 

-Non! Enfin … si je pouvais, je les aiderais tous … mais je suis plus utile ici, je n'arriverais pas à changer l'avis d'Uther concernant la magie, mais en dehors ce ça, je sais qu'il peut être un bon roi, … Je… En tant que serviteur de confiance, j'ai pu prévenir certains de mes amis … mais si je les avais tous prévenu …

-Uther s'en serait rendu compte. Mais pourquoi moi ?

-Parce que tu connais Kilgharrah, parce que si un jour il s'échappait … 

-Uther ne laissera pas ça arriver.

-Certes, mais tu chercheras pas avidement la vengeance, contrairement à Nimueh … 

-Me venger ne servirait à rien, juste à devenir comme lui cracha Balinor, les traits déformés par la colère.

- … Acceptes-tu mon aide ? Acceptes-tu de vivre ?

 

Balinor hocha doucement la tête, les yeux brillants de larmes contenues. Gaius se releva, prêt à partir.

 

-Je reviens dans quelques instants, prendre les clés. Je vais te libérer et te mener à un passage secret … essaie de ne pas te faire remarquer et rejoins le plus vite possible le chêne creux qui se trouve en lisère du bois nord. Tu vois duquel je parle ?

-Oui …

 

Gaius s'était déjà retourné quand Balinor l'interpella.

 

-Est-ce bien de ma part de vouloir vivre alors que ma famille se meure ?

 

Il tourna lentement la tête, avant de soupirer.

 

-Vouloir vivre n'est pas un crime, Balinor. Même c'est un devoir, tu te dois de vivre pour ceux que tu aimes et que tu as aimé. Tu es le dernier à pouvoir te souvenir d'eux…

 

Balinor baissa la tête, acceptant à moitié les paroles sages que Gaius venait d'énoncer, pendant que celui-ci s'assurait de l'inattention des gardes pour faire venir à lui les clés.

 

-Magie ?

-C'est encore le meilleur moyen … mais ce sera sans doute une des dernières fois où je pourrais la pratiquer.

-Tu as choisi un monde bien triste.

 

Ils entendirent le cliquetis de l'ouverture comme si un tambour avait sonné, ils retinrent leur respiration, craignant que les gardes n'aient entendu, mais rien n'arriva …  Ils expirèrent doucement, tandis que prudemment, Balinor ouvrait la porte de la grille et que Gaius trouvait la clé qui ouvrait ses chaînes. Une fois la procédure achevée, Gaius posa un doigt sur ses lèvres en signe de silence, et indiqua de le suivre. Doucement ils arrivèrent derrière la porte de la salle où se trouvait les gardes et de la même manière Gaius chuchota un sort que Balinor ne put comprendre.

Aussitôt Gaius entra dans la salle où les gardes s'étaient endormis mollement sur la table où ils jouaient aux dès.  Au lieu de remonter l'escalier, il le contourna et découvrit une porte cachée qui menait à des souterrains extérieurs. Balinor s'y engouffra, puis le médecin referma la porte calmement. Il remonta quelques marches et prit appui lourdement sur la rampe pour la faire grincer. Les gardes sursautèrent surpris.

 

-Ooh, euh … lâcha le premier garde en se levant difficilement.

-Ce n'est rien, … je venais m'assurer que les prisonniers ne posaient pas de problèmes. Si c'est nécessaire, je peux vous faire porter des potions … calmantes, déclara platement Gaius.

-Hum, non … tout va bien, en fait c'est plutôt nous qui aurions besoin de potions stimulantes, répondit le second garde.

-Mouais, bâillement, je sais pas ce que j'ai … mais j'arrête pas de somnoler ces temps-ci … répliqua le premier.

-C'est parce que tu manges trop, ricana le second, pendant que Gaius souriait  moqueusement.

-Bien dans ce cas, venez me consulter un de ces jours.

 

Sûr ce, il se dirigea vers les escaliers qu'il grimpa à son aise le temps de disparaître de la vue des gardes. Une fois Gaius parti, ils poussèrent un soupir de satisfaction.

 

-Heureusement qu'il ne nous a pas fait relever …, entama le premier

-Ouais, on en a besoin de la paie. Hey, on refait une partie ? acheva le second en prenant les dés.

-0-0-0-

Lorsque Balinor avait enfin réussit à atteindre l'arbre, il trouva Gaius qui tenait un cheval qu'il avait chargé de provision. Il lui tendit une lettre.

 

-Qu'est-ce que c'est ? 

-Tu vas te rendre à Ealdor, dans le royaume de Cenred, il n'y aucune raison qu'on t'y cherche.

-Pourquoi Ealdor ?

-J'y ai une amie, Hunith, si tu lui donnes ceci, elle t'hébergera.

-Peut-on lui faire confiance ?

 

Gaius sourit au froncement de sourcil de Balinor … la méfiance faisait loi maintenant … et il le comprenait mais craindre une trahison d'Hunith était plus ridicule que de vouloir prendre un bain dans un lac en plein hiver.

 

-Tu n'as rien à craindre, je ne connais personne qui ne soit plus digne de confiance qu'Hunith

-On dirait que tu décris une sainte … 

-Elle pourrait l'être, c'est une jeune femme admirable.

-Jeune ?

-Oui … je l'ai mise au monde, il y a de ça un bon moment… Ses parents étaient des amis proches.

-Oh…

-Tu pensais que c'était une vieille femme aussi ridée que moi ?

-Gaius … j'oserais pas voyons.

-Contourne les bois pour rejoindre la forêt d'Ascétyr sans te faire repérer.

-Je ne sais …

-Ne dis rien … j'aurais aimé en faire plus.

 

Balinor hocha la tête, enfourcha le cheval et disparut dans la noirceur des bois environnants. Gaius resta un moment avant de retourner discrètement au château … La disparition n'avait pas encore été remarquée par la grâce du ciel et le tocsin n'avait pas retenti … il espérait être dans son lit quand cela se produirait.

-0-0-0-

Ealdor avait beau n'être qu'à deux jours de cheval, il avait dû faire tellement attention et passer à travers bois, qu'il lui avait fallu une semaine entière avant d'atteindre le village. Lorsqu'il arriva, la première réaction des habitants fut de se retrancher à l'abri dans leur maison. Seule une jeune femme qui balayait sur le perron d'une petite maison au toit de chaume resta à le regarder, elle semblait le jauger, incertaine de savoir s'il s'agissait d'un ennemi ou d'un ami. Il mit pied à terre et attacha son cheval à l'entrée du village. Il se dirigea ensuite vers la jeune femme. Toute de vert vêtue, les fins cheveux châtains remontés en un chignon dont les mèches s'échappaient, retenus que par les bandeaux de tissus qui dégageaient son front et sa nuque. Elle avait un visage sévère et fronça les sourcils lorsqu'il s'approcha.

 

-Bonjour, fit-il.

-Bonjour, qui êtes-vous et que venez-vous faire dans ce village reculé ?

-Euh, manifestement il ne s'attendait pas à un accueil aussi froid, … Je suis Balinor, je cherche un certaine Hunith.

-Pourquoi ?

-Eh bien, j'ai cette lettre pour elle, c'est Gaius, le médecin de la cour qui m'envoie.

-Donnez-la moi.

-Je dois la lui remettre personnellement.

-Ce sera le cas, si vous me la donnez. Je suis Hunith.

 

Sa bouche s'arrondit de surprise et ses yeux s'écarquillèrent. La description de Gaius ne l'avait pas préparé à rencontré quelqu'un d'aussi … suspicieux. Il la vit ouvrir la lettre, tandis que les autres villageois sortaient peu à peu de leur demeure et se rapprochaient curieux. Néanmoins, les mères ne dépassaient pas leur perron et retenaient leur enfants à l'intérieur.

Il reporta son regard sur son visage, encore plus sérieux, pris par la lecture de la lettre. Il l'observa se mordre la tête, secouer la tête et reporter son attention sur lui. Il faillit baisser le regard sous l'intensité de celle qui le regardait. Ses yeux étaient tout-à-fait fascinants, bien qu'un peu dur. Il déglutit, mais ne cilla pas.

 

-Eh bien, entrez, je vais vous faire visiter, officiellement, fit-elle en entrant dans la chaumière, vous êtes un neveu de Gaius et vous venez m'aider pour les semailles et les moissons qui arriveront sous peu.

-D'accord. 

 

Il inspecta la pièce, avisa le pauvre décor, mais ne dit rien.

 

-Vous vous installerez dans la grange, je préparerais les repas, il n'y a pas beaucoup de choix ici, on fait ce qu'on peut. 

-Pourquoi …

-parce qu'il ne serait pas convenable que …, Elle était devenue encore plus sévère, le froncement de sourcil se creusant un peu plus.

-Non, je voulais dire, pourquoi les gens ont-ils l'air si inquiet ?

-Oh, ça ! En fait bien que le royaume de Cenred ne soit pas en guerre actuellement, et que le village soit éloigné, nous restons aux abords de la frontière et nous sommes souvent victimes de raid du fait de notre éloignement; Son visage s'était détendu, et maintenant apparaissait son exaspération.

 

Elle déposa son balai dans un coin et attrapa un seau et un torchon pour finir son nettoyage. Tandis que Balinor restait perplexe. Pourquoi semblait-elle plus exaspérée qu'apeurée ?

 

-Vous pourriez vous battre ?

-On pourrait ? Ici les hommes ne savent pas se battre … Ils ne connaissent que les travaux des champs … alors généralement on leur donne le peu qu'on a …

-Je pourrais…

-NON ! Vous ne vous mêlez pas de ça ! 

-Mais…

-Nul ne doit savoir qui vous êtes.

 

Il fronça les sourcils, elle était peut-être très gentille de l'accueillir, mais il n'avait pas l'habitude de se faire traiter de cette manière. Il avait le titre de Lord, tout de même. Il restait un guerrier, ce n'était pas ce petit bout de femme qui allait faire la loi ici. Il était peut-être son invité mais il n'allait certainement pas obéir comme un toutou.

 

-Pour qui exactement me prenez-vous ?

-Pour un fugitif … qui doit se cacher, n'attirez pas l'attention sur vous.

-mmmhpfff, je ne le ferai pas, cracha-t-il calmement mais elle put sentir la fureur qui  couvait sous son ton venimeux. Mais, croyez-moi, je ne resterai pas inactif s'il faut se battre … Je ne me laisserai pas encore molester. Je me suis enfui pour être libre,  pas pour me cacher dans un trou…

 

-BBLAAAAAAAASHHH

 

La gifle fut tellement forte, que la main d'Hunith resta dessinée sur sa joue gauche et que sa tête pivota d'elle même sur la droite. Il en resta coi et le silence se fit … sans que ni l'un ni l'autre n'ose plus bouger.

À suivre



abeilledic  (22.12.2011 à 15:01)

Interlude 1 : Arrivée à Ealdor … 

 

Merlin essaya de tourner la tête pour observer Balinor, mais l'homme continuait de garder son attention sur la route afin d'éviter les ornières.

 

-Vous… Tu … Maman vo… t'a vraiment giflé

-Mmh, oui … fit Balinor.

 

Il souriait stupidement à ce souvenir cuisant, mais qu'il ne regrettait aucunement. Malheureusement, de là où il était, Merlin ne pouvait pas le voir … Il sentit juste le rire étouffé dans sa voix, et soupira.

 

-J'ai du mal à le croire, elle est toujours …

-Très gentille ?

-Je ne connais personne de plus douce que maman… 

-Tu as raison.

-Mais … 

-Merlin, il y a une différence certaine entre la femme que ta mère est aujourd'hui et la jeune femme que j'ai rencontré à l'époque. La retenue … On est bien moins apte à contenir ses émotions à ton âge. Ta mère est et était quelqu'un de très gentille et très douce, mais c'était aussi une femme de … caractère. Elle n'a jamais mâché ses mots, en ce qui me concerne … et il faut dire que je manquais aussi de patience à l'époque. 

-Je comprends encore moins comment vous avez pu tomber amoureux … ronchonna Merlin.

 

Et Balinor de rire de son ton outragé. Que ce gamin pouvait être drôle quand il le voulait.

 

-Ce n'est pas drôle !

-Je t'ai dit que c'était une longue histoire, d'ailleurs nous arrivons à l'auberge.

-Quoi ? déjà ?

-Le soleil est déjà fort bas, je suis content d'arriver avant la nuit.

-Pfff … Et maintenant, je suppose que je vais devoir aller me reposer ?

-Pas avant d'avoir soupé en tous cas.

 

Merlin croisa les bras et plissa la bouche en une moue qu'on aurait pu juger adorable si quelqu'un l'avait observé à ce moment-là. Il sentit la charrette s'arrêter et il vit Balinor sauter à terre et rejoindre l'entrée de l'auberge. Après quelques instants, une femme âgée au visage rond et aux cheveux blanc sortit et lui indiqua la grange de la main. Il vit Balinor hocher la tête et se rapprocher.

 

-C'est l'aubergiste, elle s'appelle Meredith, Je vais te transporter dans la salle à manger où elle s'occupera de toi pendant que je dételle et que j'installe les chevaux dans la grange.

-J'ai pas besoin qu'on s'occupe de moi.

-Tu peux arriver à marcher ?

 

Merlin grimaça, conscient que la dernière fois qu'il avait tenté de tenir sur ses jambes, elles avaient tellement tremblé qu'il s'était aussitôt ré-assit sur son lit. Il s'était senti faible et avait failli faire exploser la fenêtre qui avait vibré sous sa colère.

 

-Je peux essayer ?

-Mmh d'accord, mais à une condition : si tu ressens la moindre douleur, tu me laisses te porter ?

-Alors je ne marcherais jamais … bougonna le jeune homme, qui savait pertinemment que la blessure allait le pincer au niveau des sutures.

-Une douleur non supportable, alors … ne dépasses pas tes forces.

 

Merlin hocha gaiement la tête, le sourire revenant. Au moins Balinor ne le traitait pas comme une petite chose fragile comme Gwen ou Gaius. Il soupira intérieurement … La jeune fille et le vieux médecin étaient tout bonnement épuisant lorsqu'ils passaient en mode mère-poule. Quant à Arthur, il avait été moins présent par la suite … avec les recherches de Morgane et la reconstruction, il comprenait. Il passait généralement en soirée pour discuter … essentiellement de Morgane et de …Magie quand Balinor restait avec eux. Le prince semblait moins réticent à l'idée que la magie ne corrompait pas les gens mais que c'était plutôt la réciproque qui était vraie, c'est-à-dire que les gens la corrompaient. Il posait des questions sur le fait que la magie pouvait être innée, ou instinctive. L'ancienne culture et ses rites lui semblaient moins obscure et Merlin avait bien vu que cela provoquait un grand bouleversement dans ses “conceptions”. Il semblait essentiel à Arthur de se renseigner un maximum sur le sujet afin de retrouver et d'aider Morgane. Cela l'avait touché de se rendre compte qu'il était passé à coté de quelque chose d'aussi énorme que ça. Une personne qu'il considérait comme sa soeur était une sorcière … Et contrairement à ce que son père lui avait enseigné, il savait qu'elle ne l'avait pas appris … pas dans un tel contexte. Il s'était senti misérable de ne pas avoir perçu la peur et la détresse de son amie. Il s'était senti encore plus coupable lorsqu'il s'était rendu compte que si Merlin ne lui en avait pas parlé, c'était aussi par peur … la peur de parler de Magie …Arthur avait ressenti de la colère puis de la honte et il hésitait encore à définir le sentiment qui le tenaillait chaque fois qu'il se trouvait en présence de son père.

 

Merlin aurait voulu pouvoir en profiter pour lui parler de ses pouvoirs, mais Gaius et Balinor avait été parfaitement clair sur ce point … Ce n'était pas le moment … Arthur était bien trop instable … et il ne fallait prendre aucun risque … Morgane était comme une soeur  pour lui … Merlin restait un simple serviteur. Enfin même si il était évident qu'il y avait bien plus qu'une relation maître serviteur. Autant éviter tout risque. 

 

-Merlin ?

-Mmh ?

-On est arrivé, assied-toi.

-Oh, euh … oui.

-Ça va ?

-Oui … Je réfléchissais.

-Bien, je reviens sous peu. Tu commandes à manger ?

-D'accord.

 

Balinor le laissa assit sur un banc, pendant que la vielle dame, entamait la conversation. Il soupira, conscient que l'immobilité forcée de Merlin ne jouait pas vraiment de manière positive sur son moral.

-0-0-0-

Les chandelles avaient été allumées dans la chambre du prince quand il arriva, et son repas était déjà fumant sur la table. Gwen sortit de derrière le paravent qu'elle venait de cirer, les chiffons dans les mains.

 

-Guenièvre ! …

-Bonjour, comment allez-vous ?

-Bien, mais tu sais, je comptais aller manger chez Gaius, Merlin doit m'attendre.

-Merlin ?

-Oui, je vais toujours chez lui à cette heure.

-Mais il est parti ce matin pour Ealdor …

-Hein ?

-Arthur, nous avons décidé hier que je resterais chez Gaius pendant l'absence de Merlin, afin de ne pas le laisser seul.

-Je … j'avais oublié … enfin je me rendais pas compte que c'était aujourd'hui.

-Vous êtes occupé, et plein de choses dans la tête. Aller, mangez et puis couchez-vous, ça va vous faire du bien.

-Sans doute… J'irai quand même voir Gaius avant de me coucher.

 

Gwen hocha doucement la tête et sourit. Elle le salua et se dirigea vers la porte. Arthur la regarda passer sous le chambranle et refermer posément la porte. Il soupira, Comment avait-il pu oublier le départ de Merlin ? Il s'assit et repoussa l'assiette, incapable de manger … Il était un ami plutôt pitoyable. Il posa sa tête contre ses paumes … Ses derniers jours avaient été dur … Retrouver Morgane s'avérait particulièrement difficile … La reconstruction était devenue un sujet plutôt houleux avec son père, il ignorait si c'était juste à cause de toutes ces nouvelles données sur la magie qui se bousculaient dans sa tête ou si c'était juste parce qu'il trouvait son père trop dur avec le peuple. Quant à Merlin, depuis la conversation ouverte qu'ils avaient eu … ils étaient revenus à leur comportement habituel. Mais cela ne l'empêchait pas de rester inquiet… 

 

Bref, il secoua la tête et avala un peu de pain avant d'aller rejoindre Gaius, ne serait-ce que pour ne pas rester seul à broyer du noir.

-0-0-0-

La nuit était vite tombée sur la petite auberge et Merlin s'était endormi la  tête au creux de son bras replié qui reposait sur la table … Il n'avait bu que la moitié de sa soupe et n'avait pas touché au reste, mais Balinor préférait ne pas le réveiller.

 

-Il est tellement adorable chuchota la vieille dame, qui débarrassait avec dextérité la table. 

 

Balinor lui sourit et se renseigna sur l'endroit où il pouvait aller l'allonger. Elle indiqua une petite porte derrière les escaliers.

 

-J'ai préparé cette pièce tout-à-l'heure, je me doutais bien qu'il ne tiendrait pas aussi tard.

-Merci.

-De rien, voyons, … Je vais vous préparer un petit déjeuner à emmener avec vous demain, comme ça vous pourrez partir au plus tôt.

-C'est très gentil à vous. Combien vous dois-je ?

-Oh rien, à cette époque il n'y a personne d'habitude … On vient plutôt pour chasser ici. Rares sont les gens qui font étape.

-Je tiens tout de même…

-Laissez… venez juste me dire bonjour lors de votre retour … cela me fera un peu de compagnie.

 

Balinor sourit, prit doucement Merlin dans ses bras, et rejoignit la petite chambre où Meredith avait préparés deux lits. Il le déposa prudemment, lui retira ses chaussures et replia la couverture sous son menton. Il referma la porte, se coucha à son tour et souffla sur la bougie posée sur la petite table de chevet.

-0-0-0-

Quand Merlin se réveilla, le soleil était déjà haut dans le ciel, il vit le ciel bleu à travers les branchages des arbres désordonnés qui longeaient la route. Il cligna des yeux surpris de se trouver dans la charrette mais avant même qu'il n'eut le réflexe de se lever, il la sentit ralentir et s'arrêter, tandis que Balinor lui entamait de rester allonger.

 

-Je vais venir t'aider à t'asseoir.

-Com…

-Tu as dormi comme une bûche … Tu ne t'es pas réveillé quand je t'ai amené dans la chambre, ni quand je t'ai installé là-dedans, fit-il en désignant la charrette, tu devait être très fatigué. 

-Je … sais pas, peut-être, en tous cas je me sens en pleine forme.

 

Balinor avait grimpé à coté de Merlin et l'attrapa doucement en dessous des bras, pour l'adosser contre le fond de la charrette. Il lui tendit un essuie dans lequel était précautionneusement placé du pain frais et du fromage, ainsi qu'une gourde. 

 

-Prend ton temps, mais essaie de finir.

-Tu veux que je mange tout ça ?

-Tu veux pouvoir te lever et marcher sans mon aide ?

-Mouais.

 

Balinor sourit, lui ébouriffa les cheveux et retourna s'asseoir pour conduire les chevaux. Pendant quelques temps, il n'entendit que Merlin en train de mâcher lentement son repas, puis Merlin toussa pour attirer son attention

 

-Alors maman ne t'aimait pas ?

-On peut dire ça, en fait … c'est plus compliqué. Ses parents, tes grands-parents, étaient morts peu de temps avant. 

-Elle ne m'a jamais parlé d'eux.

-Elle les aimait beaucoup, ils avaient essayé de lutter contre les raids … mais…

-Oooh.

-Oui, elle était en colère contre le village de ne pas s'être battu avec eux, en colère contre ces barbares, en colère contre moi qui venait troubler son deuil … Elle n'a accepté que je reste que parce que Gaius le lui demandait et qu'elle haïssait ce que faisait Uther. Elle trouvait qu'il agissait comme les barbares … elle n'avait pas tort.

-Alors qu'avez-vous fait ?

-pardon? fit Balinor, étonné que Merlin repasse au vouvoiement.

-Oui, qu'est-ce que maman et toi avez fait après la gifle ?

-… Oh ça … on a apprit à se connaître.

-Comment ?

-Écoute, je préférerais en rester là pour le moment.

-Oh.

-Si tu t'ennuies, tu peux toujours lire le livre que Gaius a caché sous les provisions. Je te l'ai sorti, il est sur ta droite.

 

Merlin tourna la tête avisa son livre de Magie et sourit. Gaius pensait vraiment à tout.

 

-Il faudra juste le cacher quand on arrive à Ealdor.

 

Merlin hocha la tête, mais il était déjà absorbé par sa lecture.

-0-0-0-

L'après-midi était à peine entamée quand Balinor aperçut le village, il fit ranger le livre et pénétra dans le village, arrêtant la charrette qu'à hauteur de la maison d'Hunith. Le village tout entier s'était approché, n'en croyant pas leurs yeux … du moins pour ceux qui l'avait connu, les jeunes se tinrent coi, sentant que leurs parents connaissaient l'homme qui transportait … 

 

-MERLIN !

-Maman !

 

Hunith était sortie et sans même se rendre compte de la présence de Balinor, avait fondu sur son petit. Elle le prit dans ses bras, et l'embrassa avant de commencer à l'ausculter sous toutes les coutures.

 

-Maman … s'il te plaît. Je n'ai rien.

-Rien, pourquoi es-tu couché dans cette charrette alors ? fit-elle en lui caressant le front, soulevant quelques mèches.

-Il a été blessé lorsqu'il m'a sauvé la vie … Une blessure superficielle à la hanche, quasiment guérie, mais il a été fort malade après… une forte grippe d'après Gaius. Il a prit froid et ça s'est infecté, répondit Balinor.

-Balinor ?

-…

 

Hunith avait pâli en le reconnaissant, et Merlin fut heureux qu'elle soit assise près de lui, car elle serait sûrement tombée, les jambes flageolantes. Balinor esquissa une moue qui se voulait être un sourire … mais qui manquait de conviction. Il avait eu raison … elle semblait choquée de le voir .

À suivre


abeilledic  (29.12.2011 à 10:03)

Chapitre 2 : S'apprivoiser

 

Finalement, c'est un voisin qui détendit l'atmosphère en venant présenter un accueil chaleureux au nouvel arrivant ? Aussitôt les présentations furent faites et ils sortirent rejoindre le reste du village, tout aussi curieux.

 

Très vite, les choses s'étaient mises en place, il s'était déclaré ancien soldat et venait aider sa cousine puisqu'il en avait été décidé ainsi. Les voisins s'étaient enquis de ses connaissances sur l'agriculture, il avait reconnu son ignorance et nombreux étaient ceux qui lui avait proposé de lui enseigner les rudiments afin d'être prêt au moment ad hoc.

 

Les journées s'étaient organisées de manière très simple, et ni Hunith. ni Balinor n'avait repris la conversation depuis. Il se levait, déjeunait, passait la journée auprès de l'un ou de l'autre et en mettant la main à la pâte commençait à acquérir de bons réflexes. Il ne rentrait que pour dîner et souper, puis allait se coucher. Il ignorait ce qu'Hunith faisait de son coté et s'en fichait, même si il voulait bien reconnaître que cela ne l'aidait pas à s'intégrer… Ne pouvant répondre aux questions sans savoir ce qu'elle avait dit, il se contentait de grogner et faire le solitaire.

 

Il se frotta la joue, se remémorant la fin de leur conversation, ne comprenant pas ce qui avait bien pu la pousser … à le gifler. Aujourd'hui étant dimanche, après la sommaire prière commune à l'église, il s'était isolé. Assis sur une souche, il taillait machinalement un bout de bois. C'était une vieille habitude, qu'il tenait de son père. Celui-ci lui avait appris à manier le bois, … il se souvenait des longues soirées, enfant, où il observait son père lui confectionner de multiples animaux avec lesquels il jouait pendant des heures. Par la suite il avait appris à les faire et ça l'aidait à réfléchir … à se vider l'esprit pour voir les choses plus … clairement.

 

Soudain il entendit un grand bruit derrière lui, il soupira quand il reconnut Gaspard, le voisin curieux qui avait décoincé la situation … 

 

-Bonjour ! 

-… Bonjour, répondit mollement Balinor … *il n'aimait pas avoir à mentir.*

-Pourquoi restes-tu ici ? Hunith doit certainement se sentir seule… 

 

Balinor releva la tête, surpris et haussa le sourcil.

 

-Ben oui, avec la mort de ses parents lors de la dernière attaque, … On sait que c'est dur pour elle. C'est pour ça qu'elle a besoin de ton aide … pour les champs.

-Je l'ignorais … enfin je savais qu'ils étaient morts mais euh … elle n'en parle pas vraiment, répondit calmement Balinor, *après tout ce n'était pas vraiment un mensonge*

-Aah, je vois. C'est une fille bien ta cousine, mais un peu trop … renfermée … pas très causante quand ça la concerne quoi. Vous vous ressemblez pour ça.

-Je suppose, grimaça le dragonnier, *si il savait … *

-C'est sûr qu'on a eu peur quand on t'a vu arriver sur ton cheval… C'est que ta encore la gueule de l'emploi, de soldat je veux dire … avec les attaques des uns et des autres, on sait jamais comment on va être manger. Pfff…Les parents d'Hunith, ils disaient qu'il ne fallait pas se laisser faire… sinon ça s'arrêterait pas … mais on sait pas se battre …

-Je comprends, je croyais que du fait de votre isolement … vous ne deviez pas vraiment avoir de problèmes.

-Ouais, mais toi tu as été soldat, hein ?

-Oui, fit-il, surpris, je l'ai été, mais ça me plaisait pas trop… Uther est un roi trop cruel … je ne voulais plus avoir à lui obéir. *Bravo mon grand, joliment dévié*

-Ouais ouais, mais tu pourrais nous apprendre … à nous protéger.

-… Je ne … crois pas qu'Hunith serait d'accord.

-Bah c'est une femme, … et puis elle disait pas le contraire avant la mort de ses parents. Elle a le sens de la justice … Elle finira bien par accepter … et puis … c'est pas pareil pour toi… tu risques moins que nous autres, du fait de tes connaissances.

 

Balinor se sentit embarrassé, il n'avait pas vraiment envie de ruer dans les brancards, mais il était tout à fait d'accord avec cet homme …

 

-Écoute, Gaspard, j'accepte si Hunith est d'accord … et seulement à cette condition.

-Ça c'est chouette, gars. Tu sais, c'est étrange ton prénom, il fait un peu … noble, tes parents ils avaient de drôles d'idées.

-Certes, ma mère aimait ce prénom, un chevalier qui avait aidé ma famille, elle l'a fait en son honneur… *Pas tout à fait faux non plus, en sachant que le chevalier était son grand-père paternel*

-Oh je vois … C'est juste difficile de t'appeler comme ça … hum et un diminutif ça le ferait pas… bah on va trouver, t'inquiètes.

-J'en suis sûr, sourit Balinor.

-Aller, viens, ma femme a sûrement préparé une tarte, on peut la partager avec Hunith.

-0-0-0-

Gaius fut réveillé au petites heures lorsque le tocsin se mit à sonner. Il sauta au bas de son lit et se hâta de rejoindre le roi. Uther n'était pas au mieux de sa forme, son visage déformé par la fureur. Les deux gardes de la veille se tenaient devant lui, tête baissée. 

 

-Gaius ! Apprends que ces deux imbéciles ont laissé échappé le dragonnier…

-Vraiment ? Mais comment aurait-il pu ?

-La magie bien sûr… 

-Mais les dragonniers … commença Gaius.

-Il a profité de leur inattention pour sortir de son cachot et s'enfuir.

-Peut-être est-il la source de leur inattention ?

-Que veut-tu dire ? répliqua Uther, refusant d'admettre que les gardes n'avait peut-être pas tous les torts dans cette affaires

-Eh bien, hier soir, je suis passé proposer mon aide au cas où les prisonniers auraient été récalcitrants … Ils dormaient … Je … j'ai cru qu'il s'agissait d'une fatigue anomale due à une maladie quelconque … Mais peut-être étaient-ils soumis à un charme ? répondit Gaius, conscient qu'il ne fallait surtout rien cacher pour ne pas attirer l'attention sur lui.

-Et tu ne comptais pas le signaler ?! fit Uther, ulcéré.

-Ils devaient passer ce matin … enfin … d'ici quelques heures pour que je puisse les ausculter. *La vérité mère des meilleurs mensonges*

-Mmmh, depuis quand proposes-tu ton aide aux gardes ? demanda alors Uther, soudainement suspicieux.

-Depuis déjà plus de deux ans, Majesté. Il y avait eu un problème avec l'un des prisonniers qui avait attaqué ses condisciples … depuis, j'apporte de temps à autre des potions calmantes pour certains cas particulièrement violent… une simple prévention. 

 

Gaius restait parfaitement calme, répondant sans aucune angoisse. Chaque action avait été pensée et chaque acte avait une explication parfaitement logique. Il avait été soucieux de bien préparer son plan et avait utilisé ses propres habitudes pour se disculper du moindre doute.

 

-Pourquoi n'ai-je pas été mis au courant ? claqua la voix dure d'Uther.

-C'est de l'ordre médical … et je ne pensais pas que ce problème n'avait pas été ramené à vos oreilles.

 

Uther se tut, resta silencieux, puis reprit ses injonctions. Il fut finalement décidé que les gardes seraient mis en congé forcé pendant une semaine sans solde, et il lâcha certains de ses meilleures chevaliers à sa recherche. AU moment où il s'apprêtait à rompre le conseil, un homme éleva la voix.

 

-Majesté, bien que je comprenne le point de vue de votre 'médecin', je pense que rien ne nous a prouvé l'innocence de ces gardes et Il est évident que le dragonnier n'a pas pu s'échapper seul.

-Pourquoi cela Areydian ?

-Eh bien, comme Gaius avait commencé à le dire … les dragonniers n'ont pas forcément des pouvoirs magiques et dehors de leur capacité à pratiquer l'ancien langage. Si celui-ci en avait eu, pourquoi n'aurait-il pas agi avant ? susurra le chasseur de sorcier, le regard planté dans celui de Gaius.

 

Gaius déglutit, puis se reprit afin de ne pas avoir l'air suspect.

 

-Peut-être a-t-il caché ses pouvoirs pour justement nous endormir …, Majesté les sorciers sont souvent faux … après tout.

-Bien sûr Gaius, Celui-là ne valait guère mieux que les autres. Ne vous inquiétez pas Areydian … Je veillerai à ce que ces hommes soient surveillé et à la moindre preuve de magie, vous vous en chargerez.

 

Si les yeux d'Areydian avaient pu tuer, alors Gaius serait mort. Il était furieux, ce 'médecin' n'était qu'un sorcier déguisé et il fallait le mettre à mort! Nul doute qu'il avait aidé le prisonnier à fuir … mais il était trop dans les bonnes grâces d'Uther pour être inquiété. Il hocha la tête pour montrer son assentiment, et recula en faisant voltiger sa cape, pour partir en chasse… il ne se laisserait pas avoir !

 

Gaius détourna les yeux de son ennemi qui s'éloignait, il pria pour que Balinor soit déjà loin ! Et revint vers le roi, qui bien que toujours furieux, l'envoya vérifier que l'enfant se portait bien. Uther n'osait pas s'en approcher … le deuil était encore trop douloureux pour supporter de le voir. Il ressemblait tellement à sa mère… ce pauvre petit. Gaius soupira et se dirigea vers les couloirs qui menait aux appartements du prince où une nourrice veillait sur son bien-être.

-0-0-0-

Hunith avait laissé son ouvrage sur le coté, bien que dimanche, elle finissait toujours ce qu'elle n'avait pas eu le temps de faire de la semaine … et vu la charge de travail depuis qu'elle était seule … La présence de cet étranger allait l'aider… elle devait bien l'admettre. Elle soupira, elle n'avait aucune envie de reprendre le reprisage. Elle se leva et se dirigea lentement vers la fenêtre où elle laissa ses pensées dériver. 

 

Honnêtement, elle ne lui en voulait pas vraiment … sauf son inconscience … le combat était une trop grande source de douleur pour elle. Elle se sentait coupable de les avoir incité à se révolter, à se battre … Elle se mordit la lèvre et laissa couler quelques larmes. Elle tenta de reprendre sa respiration entrecoupée de sanglots de plus en plus violents. Elle se laissa tomber sur les genoux, incapable de reprendre son souffle… Elle finit par reposer sa tête contre le bout de mur surhaussé de la fenêtre. Elle se laissa aller … à pleurer au lieu de se retenir. Elle ne se rendit même pas compte que la porte s'était ouverte, laissant la lumière découper la silhouette musclée du dragonnier. 

 

Indécis, il resta quelques instants sur le seuil de la porte, incapable de décider de ce qu'il allait faire. Finalement, il entra et referma la porte doucement. Il se dirigea vers elle et s'agenouilla près d'elle, l'amenant doucement dans ses bras.

 

Lentement elle laissa sa tête tomber contre le creux de son épaule, incapable de résister, se laissant aller dans ses bras. Il ne disait rien, se contentant de la bercer le temps qu'elle s'apaise.

Ce fut après un bon quart d'heure qu'elle se recula, se frotta nerveusement les yeux d'un revers de la main et sourit faiblement.

 

-Désolée … je … 

-Gaspard … m'a expliqué … je ne savais pas … Gaius m'a juste dit qu'ils étaient  morts. 

-Gaspard ? murmura-t-elle, perdue, Vous, …

-Tu, entre cousins ça paraîtra plus … naturel.

-Tu … ne devrais … pas … discuter de ces choses avec lui sans qu'on se soit mis d'accord avant. 

-J'ai juste dit que j'avais démissionné pour pouvoir t'aider et parce que je n'approuvais plus Uther. Quant au reste, c'est lui qui l'a abordé, j'ai juste dit que tu ne m'en parlais pas… Ce n'est pas vraiment faux.

 

Elle sourit un peu plus , ses yeux toujours rouges, avant d'essayer de se relever.

 

-Je sais que cette cohabitation forcée ne doit pas être évidente pour toi, mais nous pourrions du moins nous entendre … et peut-être devenir amis ?

 

Elle hocha vigoureusement la tête, tandis qu'il la soutenait gentiment. Elle se sépara de lui et se dirigea vers une chaise proche où elle s'accrocha.

 

-Gaspard et sa femme nous invite à manger de la tarte.

-Ooh … 

-Prends quelques minutes d'abord. 

-… Je sais que ça t'es pénible, mais Gaspard m'a fait une requête.

-Une requête ?

-Eh bien, sachant que j'étais soldat, il voulait savoir si j'accepterais … de leur apprendre à…

-Se battre ? fit-elle d'une voix blanche.

-Oui, je lui ai dit que je ne le ferais que si tu acceptes. On ne peut changer ce qui est, mais je peux peut-être éviter d'autres mort inutiles ?

-Mmh… Ce serait renier mes propres convictions que de refuser… mais cette conviction a tué mes parents …, sa voix se brisant à ses mots.

 

Il s'avança et posa sa main sur son épaule.

 

-Ce n'est pas de ta faute, tes parents ont été tué par des hommes cupides et sans scrupules. Tu n'as rien à voir là-dedans.

-Mais sans moi, ils ne les auraient pas affrontés.

-Vraiment ? Réfléchis bien … En es-tu sûr ? Gaius semblait dire que c'était d'eux que tu tenais tes opinions.

 

Elle sourit faiblement, se rendant compte de la justesse de ses propos … Elle s'essuya les yeux puis les rinça à l'eau froide avec l'eau du seau qu'elle avait ramené pour la cuisine et remit de l'ordre dans sa tenue. Balinor lui tendit sa châle qui était tombé par terre et ils se rendirent silencieusement à l'invitation lancée.

 

 

À suivre



abeilledic  (06.01.2012 à 09:28)

Interlude 2 : De drôles de retrouvailles

 

L'emménagement s'était fait dans la pagaille, Merlin avait été transporté et confortablement installé dans le lit d'Hunith par Balinor. Puis laissant à Hunith le soin de vérifier son petit sous toutes les coutures, il entreprit de vider la charrette avec l'aide des voisins : les matelas offerts par Arthur, les vêtements chaud que Gwen avait préparés, la nourriture donnée par Gaius …  Il avait pris le livre sous certaines couvertures, et le dissimula soigneusement en les rangeant.

 

Bientôt, les voisins les laissèrent et ils se retrouvèrent seuls. Hunith avait fini par détourner les yeux de Merlin qu'elle avait jugé trop maigre, pâlot et fatigué. Il avait ronchonné pour la forme, puis en reposant la tête sur l'oreiller, avait suivi son regard qui n'osait pas se poser sur le dragonnier.

 

-Maman ? 

-Oui mon petit?

-Euh, tu pourrais euh … faire du feu ? … j'ai un peu froid.

-Du … feu ?? Euh, bien sûr, mais je dois aller chercher du bois.

 

Elle se releva, prête à aller chercher son châle, mais Balinor avait déjà pris les choses en main : d'une main il avait indiqué à Hunith qu'il y allait, tandis qu'il sortait attraper la hache sur le billot.

 

-Tu n'as pas vraiment froid, n'est-ce pas ?

-Mmh non, mais tu voudras sûrement me garder au chaud après avoir lu la lettre de Gaius, fit-il en grimaçant.

-… Qu… que fait-il là ?

-Peu importe…

-Peu… Merlin !

-Pourquoi tu ne me l'a jamais dit ? Pourquoi as-tu interdit à Gaius de m'en parler ?  Pourquoi ?? Je … J'avais le droit de savoir qui il était.  D'apprendre à le connaître.

-Oh Merlin.

 

Elle s'assit sur le bord du lit en soupirant. Elle passa la main dans se cheveux pour remettre une mèche dans son turban. Elle plissa sa robe et prit une grande inspiration. 

 

-Je voudrais … t'expliquer … enfin … te faire comprendre… que … il ne savait pas … Je ne lui ai rien dit à l'époque … La guerre avait éclaté et les hommes d'Uther se déplaçaient sur les terres de Cenred …

-Et alors … 

-Écoute, je ne voulais pas … tu sais c'est un homme de principe … et s'il avait su, il serait sans doute resté, et il se serait fait prendre … et puis il serait resté pour...

-Moi ? Et pas pour toi ?…

 

Elle ouvrit la bouche et et le referma … comme gênée, elle ferma les yeux et finit par acquiescer.

 

-C'était égoïste, mais … je ne pense pas que cela t'aurait été profitable de le forcer à rester de cette manière… Je…

-Je m'en fiche maman, je veux dire … que tu ne lui as rien dit … je peux comprendre. Mais … j'aurais pu comprendre d'où me venaient ces pouvoirs … 

-Merlin … Balinor n'a pas de pouvoirs particuliers en dehors de sa capacité à parler aux dragons. Il aurait pu t'enseigner l'ancienne religion …  c'est vrai … mais c'est tout.

-… ooh.

 

Elle le prit dans ses bras …nichant sa tête dans son giron.

 

-Je pense que personne ne sait vraiment pourquoi tu es si particulier… mais tout ce que tu as à savoir … c'est qu'aucune mère n'aurait pu avoir un fils aussi merveilleux que toi. Magie ou pas, Merlin, tu es merveilleux.

-Mmman, bafouilla-t-il dans ses vêtements. 

 

Hunith sourit et le releva.

 

-En ne te disant pas qui était ton père, je voulais te protéger … Si quiconque avait su … à Camelot … fit-elle en plissant la bouche, d'inquiétude.

-Arthur sait … Sir Léon… aussi, ainsi que Gwen … et ils n'en ont rien à faire … je te jure … 

 

Il lui souriait et il caressa son visage pour essuyer une larme.

 

-Tes amis te sont très loyaux … mais Uther…

-Je sais … mais ne t'inquiètes pas … il ne saura rien. 

-Et puis, je voulais … en ne parlant pas de lui … je n'avais pas à penser à lui. fit-elle en souriant faiblement.

-Tu l'aimais hein ?

-Oui … mais ça ne veut pas dire qu'il m'aimait… lâcha-t-elle en fermant les yeux, incapable de faire face à cette vérité qui lui avait fait si mal à l'époque.

-Je suis sûr qu'il tient à toi, répondit Merlin d'une voix ferme

-Mais il est parti, en me mettant au coin du mur. Sans vouloir de moi… trembla la voix d'Hunith

-Il voulait juste que tu ne sois pas en danger … fit Merlin en la prenant à son tour dans es bras.

-Merlin … je préfèrerait qu'on n'en parle plus … Je … c'est un sujet clos. répondit-elle en s'éloignant et se relevant.

-Tu veux bien qu'il reste hein ? Uther lui a rendu sa liberté … pour service rendu … mais il ne pouvait pas rester … sous ses yeux, ajouta-t-il en faisant la moue.

 

Elle se retourna encore en train de sécher se yeux et hocha la tête nerveusement … Elle ne pouvait pas le priver de son père … surtout si …Balinor tenait à faire partie de sa vie …

-0-0-0-

Lorsque le soleil se leva sur Camelot, Arthur était déjà debout, les yeux dans le vague, il semblait regarder la cour … mais il ne voyait rien en fait …  Il soupira … incapable de se décider … Pouvait-il seulement accepter que son père puisse avoir fait des erreurs … d'aussi énormes erreurs ? 

 

La porte grinça, laissant passer Guenièvre avec le plateau du petit déjeuner, sans qu'il se soit rendu compte du temps écoulé.

 

-Arthur ? Allez-vous bien ?

-Mmh … je n'ai pas vraiment faim , en fait.

-Mais … 

 

Elle se tut, remarquant qu'il ne l'écoutait pas. Elle se dirigea alors vers la porte, glissa un mot au garde, puis revint en fermant soigneusement la porte.

 

Elle avança dans la pièce pour déposer délicatement sa main sur son épaule. Elle s'agenouilla à sa hauteur et lui sourit faiblement.

 

-Ça ne va pas mieux, n'est-ce pas ? murmura-t-elle.

-Est-ce que mon père est un monstre ? lâcha-t-il, abruptement.

-Arthur … il est évident que je n'approuve pas toutes les décisions qu'il a prise mais ce n'est pas un … un monstre … Je dirais qu'il a juste une aversion pour la magie qui lui a fait perdre la conscience de la réalité … dans ce domaine, soupira t-elle en lui serrant un peu plus l'épaule en réconfort.

-Il a tué ton père … murmura-t'il en se tournant vers elle, les yeux légèrement hagards.

-Il pensait … que c'était un sorcier … Arthur … vous… pouvez avoir des opinions différentes de votre père … Il n'est pas parfait, c'est certain, mais je ne le suis pas non plus, ni vous. Contentez-vous de ce qu'il est … C'est aussi ça grandir … admettre que nos parents ne sont pas parfaits.

-Mais Balinor … fit-il en secouant la tête

-… a quitté la mère de Merlin … et n'est jamais revenu, compléta-t-elle

-Et ton père?

-Il a joué avec le feu en marchandant avec un sorcier. J'aimais mon père … mais il n'était pas parfait … personne ne peut l'être. répondit-elle en baissant la tête, les yeux humides.

-Un roi ne devrait-il pas ? demanda-t-il avec ferveur.

-Eh bien je suppose qu'étant donné ses responsabilités, il doit lutter un maximum contre ses défauts afin d'être le plus juste possible … mais ce sont de lourdes responsabilités qui obligent parfois à faire des choses qu'on ne voudrait pas avoir à faire. Il doit tâcher de faire au mieux … mais il peut échouer … parce que c'est un humain malgré tout.

-Mmh …fit-il en retombant dans sa morosité.

-Depuis quand n'avez-vous pas dormi correctement ?

-Je … 

-Aller, venez …

 

Elle le prit par le bras, et le mena vers son lit. Il s'assit et la laissa lui retirer ses bottes qu'il avait mise machinalement. Elle écarta les couvertures et le fit s'allonger avant de le recouvrir .

 

-Je … j'ai des choses…

-Non, non, sire Léon s'occupera de tout aujourd'hui, Gaius va venir vous ausculter et je suis sûre qu'il va vous prescrire du repos. Une bonne journée de repos, Il faut cesser de ressasser tout ça Arthur.

 

Il hocha la tête, difficilement vu qu'elle était à moitié enfoncée dans ses oreillers. On entendit des petits coups à la porte et Guenièvre fit entrer le vieux médecin, qui entra sans faire de bruit.

-0-0-0-

La nuit commençait à tomber lorsque Balinor se décida à revenir… il avait bien compris que Merlin souhaitait s'isoler … avec l'un d'entre eux. Sans doute pour éviter qu'ils ne se retrouvent pas en tête à tête tout de suite. Il valait mieux qu'il parle à sa mère d'abord … 

 

Il attrapa le tas de bois qu'il avait ramassé et se dirigea vers la porte. Il frappa et entra. La pièce était dans la pénombre, Hunith n'ayant allumé que trois bougies. Une près du lit, une autre sur la table et la dernière sur la cheminée. Elle était assise dans le lit, à coté de Merlin qui s'était calé contre elle pendant qu'elle caressait distraitement ses cheveux. Merlin avait du s'endormir depuis un petit moment déjà. 

 

Il se dirigea vers la cheminée pour déposer le tas de bois et entreprit de l'allumer.

 

-Ce n'est pas nécessaire, murmura Hunith

-Ce n'était pas nécessaire … Mais maintenant il fait plus frais, Gaius a précisé qu'il fallait éviter tout coup de froid.

-…

 

Elle arrêta ses mouvements de doigts dans les cheveux soyeux de son petit et le réinstalla convenablement pour pouvoir se dégager sans le réveiller. Elle se leva et attrapa son châle qu'elle s'empressa de mettre sur ses épaules. Les journées étaient de plus en plus belles, mais la nuit restait glaciale.

 

-Tu m'en veux ? fit-elle d'une voix particulièrement douce et calme.

 

Il déglutit et après avoir attrapé les silex, mit le feu au bois sec. Il se releva et se retourna pour lui faire face.

 

-Je ne peux pas … Tu as fait ce qu'il fallait.

-De ne rien te dire ?

-Je peux comprendre que tu n'aies pas voulu de moi dans votre vie après la manière dont je t'ai appris mon départ. Je… je voulais que tu me haïsses … que tu m'oublies.

-Pourquoi ? s'exclama-t-elle, les expressions de son visage se creusant un peu plus sous la tristesse qui rejaillissait.

-Parce que tu … serais venue … et je ne voulais pas de ça pour toi. Même si j'avais su … Vous aviez droit à une vie libre, sans être obligé de se terrer comme des bêtes.

-…

-Je ne m'attends pas à ce que tu me pardonnes … mais laisse-moi au moins rester ici, être un … ami ?

 

Elle sourit en se remémorant comment ils en étaient venus … à s'accepter ? se supporter ? 

 

-Je … Je suis de nouveau libre… entama-t-il.

-Merlin me l'a dit … à condition d'éviter le regard d'Uther.

-Oui … je … je crois que s'il me savait ici … il s'inquiéterait moins p…

-pour moi ? Il n'a pas à le faire … c'est mon rôle de veiller sur lui, s'exclama-t-elle.

-Le nôtre, maintenant : toi, moi et … Gaius ! déclara-t-il en souriant faiblement.

 

Elle rit nerveusement … Il était vrai … que maintenant que Merlin savait … il était logique qu'il compte sur son père. Quant à Gaius, elle avait tendance à oublier qu'il veillait sur lui à sa place à Camelot.

 

-J'ai des difficultés à admettre que je ne suis plus capable de le faire seule… je n'ai pas su gérer correctement tout…

-La magie ?

-… oui, concéda-t-elle, j'ai tellement peur qu'il soit découvert, autant à l'époque que maintenant … et il se pose tant de question … 

-Kilgharrah m'en a parlé … Je pourrais aider pour certaines choses … je n'ai clairement pas un bon niveau de magie mais je connais bien son histoire, ses créatures, … Ma connaissance théorique est plus instinctive que celle de Gaius qui ne lui vient que des livres.

-Kil ? …comment ?

-Le grand dragon … il s'était échappé et attaquait Camelot. Raison pour laquelle Uther a eu besoin de mes dons.

-Il a attaqué Merlin ?

 

Les yeux d'Hunith s'était agrandi de peur à l'idée que Merlin ait pu être blessé par un tel animal ? Balinor se rapprocha et la prit par les épaules.

 

-Jamais il ne lui ferait de mal, il lui doit la liberté et la vie … Je lui ai laissée … essentiellement parce que je savais que Merlin ne désirait pas sa mort …

-Essentiellement ?

-Il est le dernier de son espèce comme moi … et puis ça a fait les pieds à Uther. Tu aurais vu sa tête !

 

Hunith eut une moue réprobatrice, reconnaissant son humour bancal et secoua la tête.

 

-Certaines choses ne changent pas … 

-Non … Amis ?

-Amis !

 

Et ils se sourirent furtivement avant de détourner leur regard vers Merlin…  Leur plus grande réussite.

À suivre



abeilledic  (12.01.2012 à 20:09)

Chapitre 3 : Se respecter

 

La soirée en compagnie de Gaspard et de sa femme Marthe s'était déroulée fort agréablement et on n'avait plus abordé les sujets tristes. Ils avaient mangé avec plaisir la tarte, étant donné la rareté d'en trouver les ingrédients. Puis la vie avait reprit doucement … Les journées s'étaient écoulées au même rythme et de la même manière qu'auparavant mais avec un changement notable : la situation, moins tendue, rendait les choses plus aisées. Les repas s'étaient fait plus conviviaux et avait permis à Balinor d'en apprendre plus sur Hunith et de pouvoir se lier un peu plus avec les membres du village.

 

Finalement, Gaspard attendit deux semaines avant de parler à Hunith de sa demande. Elle l'écouta attentivement et lui signifia son accord d'un hochement de tête. Aussitôt avait été organisées des sessions d'entraînement au combat en soirée… Les hommes montraient un bel enthousiasme même si leur niveau ne s'améliorait guère… Enfin si … mais pas vraiment de manière spectaculaire. Balinor s'était renseigné sur leur attaquants … et n'avait pas appris grand chose, excepté qu'il s'agissait de hors-la-loi qui préféraient attendre la fin des moissons pour tout rafler. Il en conclut qu'il aurait tout l'été et une partie de l'automne pour améliorer la performance de ses 'élèves'.

 

Au début Hunith s'éclipsait discrètement pour ne pas avoir à y assister … puis peu à peu elle avait observé de sa fenêtre : l'infinie patience dont il semblait faire preuve … La précision des gestes … Il semblait fait pour être un guerrier. Quel dommage qu'Uther ne voit en lui que la magie … 

 

Par la suite, elle s'était rapprochée et avait rejoint les femmes qui observaient depuis quelques bancs qu'on avait fini par installer là en désespoir de cause. Dès le début, Balinor avait insisté pour qu'elles ne restent pas là à observer leur mari … Ça les mettait mal à l'aise et cela les perturbait. Mais rien à faire, il n'y avait rien de plus divertissant à faire à cet heure-là que de rester à les regarder. Bien sûr ce qu'il ignorait, c'est que certaines en profitaient pour noter ces remarques et exercices afin de les reproduire de leur coté. En tant que chevalier, il n'avait même pas envisagé que les femmes puissent avoir envie de se battre au cotés de leur mari.

 

Hunith n'avait pas été mise au courant … Les villageoises préféraient la laisser tranquille, s'habituer peu à peu à la situation. Les villageois savaient combien la vie à Ealdor était dure mais quand on avait sa famille près de soi, cela n'avait aucune importance. Nombreux l'avaient vue grandir, jouer avec leur enfant, devenir une jeune femme… Ses parents avaient été des gens appréciés et hautement respectés dans le village. Ils étaient toujours là en cas de coup dur. Hunith leur ressemblait beaucoup, gentille, aimable, douce et intelligente, très intelligente … bien plus que la plupart des villageois et ils le sentait inconsciemment. Elle n'avait pas peur non plus d'exprimer ses opinions et les gens lui faisaient instinctivement confiance.

 

Maintenant qu'il ne l'évitait plus, Balinor avait remarqué les nombreuses attentions que lui portait le village, sans doute dû à son deuil … chacun veillait sur elle à sa manière, même si assez étrangement … elle ne semblait pas en avoir besoin. Elle participait de manière active à la vie du village. Tous les enfants passaient à un moment ou un autre chez elle … pour apprendre à lire ou faire corriger des exercices. Il n'était pas rare qu'elle s'absente pour aider les jeunes mères qui avaient des difficultés à gérer toutes leurs nouvelles responsabilités. Les personnes âgées pouvaient compter sur elle pour une promenade, une lecture … ou quoi que ce soit.

 

En fait, bien que ce soit des activités qu'elle avait toujours effectué de bon cœur, elle les acceptait avec encore plus de bonne volonté car cela lui permettait de s'abrutir de travail. Toujours occupée, elle ne risquait pas de penser à ses blessures. Plus que la mort de ses parents, c'est la façon dont ils étaient mort qui la meurtrissait. Elle se sentait responsable et coupable. Bien que sa nature la portait à se rebeller et à se révolter contre toute injustice … elle tâchait maintenant d'être le plus calme possible et de cacher cet enthousiasme qui l'habitait et qui avait détruit sa famille.

-0-0-0-

Cependant, cette situation ne pouvait plus durer, la fatigue commençait à s'insinuer en elle et un soir, tandis qu'elle ramenait l'eau pour la vaisselle, elle sentit ses forces la lâcher et elle faillit trébucher alors que le seau tombait et répandait son contenu sur le sol. Elle se retint à la table proche, sentant la pièce autour d'elle tourner. Elle aurait pu tomber si Balinor n'était pas enfin revenu du terrain d'entraînement où il s'était attardé et ne l'avait pas retenue. 

 

-Hunith ?

-Ce n'est rien … qu'un étourdissement. 

-Tu devrais t'asseoir, fit-il.

 

Il l'aida à atteindre une chaise où elle se laissa tomber, tandis qu'il allait ramasser le seau. Il revint vers elle et se penchant pour l'observer de plus près lui murmura :

 

-Je vais aller chercher de l'eau … tu en as besoin, histoire de te rafraîchir.

-Ça va, c'est passé, répondit-elle en posant sa main sur son avant-bras et en essayant de se relever.

-Hunith… Tu es toute blanche, reste ici.

 

Il avait pris sa main et l'avait reposée sur la table en la rasseyant. Il sortit quelques minutes, le temps d 'atteindre le puits et de remonter un seau d'eau plein. Lorsqu'il revint, il constata avec joie qu'elle était restée assise. Elle n'était pas vraiment du genre à se plier à un ordre. Et à vrai dire, elle se serait bien levée, mais elle n'y arrivait pas, ses jambes tremblant trop pour la maintenir debout de manière stable.

 

Il lui remplit un verre et lui tendit. Elle le but lentement tandis qu'elle le regardait s'affairer autour de son lit. Il le défaisait pour pouvoir l'y installer !

 

-Balinor !, s'écria-telle, manquant de s'étrangler avec une gorgée d'eau.

-Je pense que si Gaius était là, il te dirait de te reposer.

-Je dois encore préparer à manger et …

-Je suis capable de me faire à manger et de faire la vaisselle, fit-il en souriant.

 

Elle soupira mais se rendit à l'évidence : il avait raison… Il l'attrapa en dessous des bras pour l'aider à se mettre debout et plaça ensuite son bras autour de sa taille pour la guider vers le lit. Une fois installée entre les draps, elle eut un soupir de bien-être. Il sourit et se releva.

 

-Merci …

-Je t'en prie, tiens, un peu de pain. Je ferai de la soupe demain.

-Ce ne sera pas nécessaire … J'irai mieux, assura-t-elle, en prenant le quignon et mordant un bout.

-Tu en fais trop, lâcha-t-il.

-… j'en ai besoin, fit-elle en se calant sur son oreiller trop fin et en détournant le regard.

-Je … je ne connaissais pas tes parents, mais je suis sûr qu'ils n'aimeraient pas te voir ainsi.

-Je … sans …, elle ne put continuer, submergée par les émotions qui remontaient à la surface.

 

Balinor s'assit sur le bord du lit et lui prit la main.

 

-Sais-tu comment on devient dragonnier ?

-No… noon, fit-elle en secouant la tête, les larmes aux yeux et la gorge nouée.

-On hérite de cette faculté lorsque son père meurt.

-Ooh.

-J'aurais préféré qu'il vive encore plutôt que de pouvoir maîtriser des dragons. Mais je sais aussi qu'il était fier de ce pouvoir … de ce qui faisait la spécificité de son espèce. L'utiliser pour faire le bien est une façon d'honorer sa mort, du moins en ce qui me concerne.

-En quoi ça consiste ?

-Nous partageons un langage commun et ils se soumettent à nos désirs, mais il ne faut pas en abuser … c'est une relation de confiance … c'est difficile à expliquer.

-Ce n'est pas de la magie ?

-La magie pure est différente. Certains d'entre nous l'ont, d'autres pas  … Personnellement je n'ai pas beaucoup de pouvoir … ou du moins je ne suis pas très puissant … mais j'ai acquis les connaissances qui touchent notre religion … Je sais la comprendre et l'utiliser correctement.

-Ooh … je vois.

-Alors… Uther, hésita-t-elle.

-N'y comprend rien!

 

Elle sourit nerveusement et se cala un peu plus dans son lit en fermant les yeux. La chaleur que lui apportaient les couvertures commençait à se diffuser et elle se sentait bien mieux. Balinor la regarda un moment avant de reprendre.

 

-Tu sais que leur mort n'est pas de ta faute ?

-Si je n'avais pas été aussi impulsive … si …

-Ça n'aurait rien changé. Ils se seraient aussi battus, pour toi … pour que tu sois à l'abri, que tu n'aies pas à subir cette injustice. Tu n'est pas responsable de ce qui s'est passé. Et maintenant, tu te dois de vivre … pour eux. Comme ils voulaient que tu vives : libre et heureuse. Je sais ce que c'est de perdre ses proches … pour des raisons injustes et absurdes et si je me laissais prendre, je trahirais leur mémoire.

-C'est difficile … de…

-d'accepter ?

 

Il se pencha sur elle et ramena doucement sa tête sur son torse, tandis que les larmes se déversaient. Il n'avait que quelques années de différences, mais ses parents étaient morts depuis bien plus de temps, il comprenait. 

 

-Fais-moi plaisir : travaille moins, amuse-toi un peu plus. Penser à tes parents n'est pas un crime, et si tu dois pleurer, pleure.

 

Il avait relevé son visage en plaçant son index sous son menton et lui souriait. Il sécha ses larmes en passant doucement ses doigts sous ses yeux et la recoucha. Elle lui prit le bras alors qu'il se mettait debout et lui sourit entre ses larmes.

 

-Je vais essayer, merci.

Il hocha la tête et la laissa s'endormir tandis qu'il avalait un morceau en vitesse et faisait sa vaisselle pour enfin rejoindre son propre lit.

-0-0-0-

Le lendemain, Balinor se leva à l'aube comme à son habitude et s'occupa des tâches dont s'occupait habituellement Hunith. Lorsque Gaspard se présenta pour savoir pourquoi il ne venait pas les rejoindre dans le champ de Balthazar, Balinor était occupé à préparer de la soupe. Hunith dormait toujours, signe qu'elle en avait besoin. Il lui fit signe de se taire et indiqua qu'il sortait le rejoindre.

 

-Je suis navré, mais Hunith est un peu malade, je vais m'occuper de la maison à sa place.

-Ooh, euh, si tu veux, ma femme peut venir s'occuper d'elle et de la maison … fit-il en se grattant l'arrière de la tête.

-C'est gentil, mais j'aimerais être là quand elle se réveillera, je trouve qu'elle travaille beaucoup trop, remarqua Balinor ; Bien qu'il avait souri à la proposition, son visage se ferma.

-Ben maintenant qu'elle doit tenir la maison et s'occuper des champs, c'est sûr que le reste de ses activités lui prend toute son énergie.

-Je ne dis pas que ce qu'elle fait n'est pas nécessaire, mais il faudrait davantage équilibrer …avec le reste du village.

-Mmmh, je vais en parler au conseil du village ce soir. Pour sûr qu'on devrait pouvoir s'organiser autrement. T'inquiète pas pour ses bêtes, je vais m'en occuper.

-C'est fort aimable, répondit Balinor.

-Ben c'est un peu de notre faute, hein, on l'a laissée faire … ça avait l'air de lui faire plaisir. On s'est dit … ben que ça l'aiderait avec la mort de ses parents … et tout…

 

Balinor hocha la tête, tandis que Gaspard s'en retournait retrouver les autres villageois. Il resta un instant devant la maison avant de rentrer. Hunith dormait paisiblement et seul le son de sa respiration troublait le silence de la pièce. Elle ne se réveilla que quelques heures plus tard, affamée. Balinor était occupé à couper du bois dehors, elle entendait les coups de hache s'abattre à un rythme régulier sur le billot. La soupe qui mijotait sur le feu parfumait toute la maison. Elle se leva, se sentant bien plus forte que la veille. Elle attrapa son châle que Balinor avait soigneusement replié et déposé sur la table et prit un bol. En soulevant le couvercle de la marmite, elle put humer plus profondément le fumet qui s'en échappait. Décidément, cet homme avait plus d'une corde à son arc. Il se débrouillait bien mieux qu'elle en matière de cuisine. Elle sursauta quand elle l'entendit l'appeler … elle ne l'avait pas entendu entrer.

 

-Hunith ?

-Oh, je me suis réveillée, j'avais faim et en sentant cette bonne odeur …

-Je vais te servir, assieds-toi.

-Merci. Tu n'as pas rejoint les autres ?

-Je me suis dit que je serai plus utile ici, tu te sens mieux ?

-Oui beaucoup, ce n'était que de la fatigue.

-Sans doute, as-tu trop de travail ?

-Oh, pas plus que les autres.

-Mais les autres ne s'occupent pas des enfants, des vieillards, ni d'aider les autres ?

-Je le faisais, avant … si je ne le fais pas …

-D'autres s'en chargeront. Gaspard va en discuter au conseil, ils vont trouver une solution pour que tu puisses partager cet ouvrage de manière plus équitable.

-Je peux m'en occuper !

-Certes, mais les autres sont un peu jaloux, ils se sentent mis à l'écart, répondit-il innocemment avant d'avaler une gorgée de soupe.

 

Hunith baissa la tête et se mordit les lèvres, elle avait parfaitement compris son jeu … Elle la releva la tête et sourit.

 

-C'est vrai … je pourrais partager davantage, ce serait plus juste.

 

Il sourit et ils poursuivirent le repas comme si de rien n'était. Parfois, apprendre qui est l'autre permet de mieux se respecter.

 

 

À suivre


abeilledic  (20.01.2012 à 07:53)

Interlude 3 : Compromis

 

Lorsque Merlin se réveilla, il faisait encore nuit. Sa mère avait installé son nouveau matelas juste à coté de son lit et elle respirait doucement. Il réussit péniblement à s'asseoir et observa la pièce plongée dans la pénombre, excepté le rougeoiement du feu dans la cheminée où se consumait lentement la grosse bûche que Balinor y avait mise pour maintenir les braises durant la nuit.

 

Il avait soif mais ne voulait pas réveiller sa mère. Il tendit le cou, se demandant où Balinor pouvait bien être.

 

-Tu ne penses pas qu'à cette heure, tu devrais dormir ?

 

Merlin sursauta violemment puis grimaça et sentant sa peau s'étirer sous le mouvement. Balinor était assis dans un coin de la pièce sur le fauteuil de sa mère, une couverture sur les jambes.

 

-Je … j'ai soif.

-Il y a un verre d'eau à coté de ton lit.

 

Merlin se tourna vers la caisse qui tenait lieu de table de chevet et prit le verre. Il le but lentement avant de se tourner vers son père, interrogatif.

 

-Pourquoi tu ne t'es pas installé sur un des matelas …

-Je me doutais que tu te réveillerais ? sourit-il en prenant un air narquois.

-N'importe quoi … 

-Ta mère a toujours dit que j'avais un très mauvais humour.

-Vous vous êtes parlés ?

-On s'est mis d'accord.

 

Merlin fronça les sourcils et s'adossa convenablement contre le montant du lit.

 

-D'accord ?

-Tout n'est pas réglé, mais nous sommes amis.

-Mmh.

 

Balinor se leva et rejoignit Merlin.

 

-Tu ne pouvais pas raisonnablement penser que ce serait simple.

-Non, mais j'espérais … que peut-être…

-Il nous a fallu du temps pour apprendre à se connaître et se respecter, tu sais et c'est seulement après que nous avons commencé à nous apprécier et puis … 

-Pourquoi ?

 

Balinor sourit … 

-Je te raconte la suite, puis tu retournes te coucher ?

-D'accord, si je peux sortir un peu demain ?

-SI tu arrives à te redresser sans mon aide, je suppose que je peux convaincre ta mère de te laisser faire un petit tour dans le village … accompagné bien sûr.

-Mmh… Ça marche.

Il tendit la main que Balinor serra pour sceller leur marché et Balinor repris son histoire où il l’avait laissée, expliquant comment d'une gifle, ils étaient arrivés à un accord autour d'une tarte.

-0-0-0-

Ce fut un médecin fatigué qui sortit des appartements du prince. Gwen l'attendait dans le couloir, laissant les gardes la regarder faire les cent pas et soupirer alternativement.

 

-Alors ?

-De la fatigue … J'ai prescrit du repos … le plus dur ayant été de le convaincre. Allez, viens.

 

Comprenant qu'il ne désirait pas rester et laisser échapper des paroles imprudentes devant les oreilles indiscrètes des gardes, Gwen le suivit dans les couloirs et finit pas s'impatienter.

 

-Alors ?

-Tu n'es pas très patiente ces temps-ci. 

-Eh bien, après la frayeur que nous a fait Merlin, je ne me sens pas particulièrement rassurée de le voir si apathique … Merlin saurait le secouer.

-Oui, nous avons discuté, Morgane est un trop grand sujet d'inquiétude et ce que nous lui avons appris à son sujet le perturbe de plus en plus par rapport à son père.

-Que lui avez-vous appris ?

-Morgane a des pouvoirs, c'est elle qui a mis le feu à sa chambre, involontairement bien sûr.

-Mais ne faut-il pas apprendre la magie ?

-Certains peuvent, comme moi, mais d'autres l'ont tout simplement en eux.

-Alors ils ne choisissent pas de l'avoir ?

 

Gwen avait l'air perdue, mais Gaius la poussait déjà pour entrer dans son laboratoire et lui indiquait la chambre de Merlin.

 

-Pourquoi ?

-Uther a l'esprit trop fermé pour se rendre compte de ça … Lorsqu'elle a découvert ses pouvoirs, elle a dû être paniquée.

-Oui, sans doute, ça explique pourquoi elle était si nerveuse … alors elle n'a pas été enlevée par les druides ?

-Non, elle les a rejoint, pour savoir, avec certitude. Une idée de Merlin.

 

Abasourdie, elle s'assit sur le petit lit de Merlin.

 

-Pourquoi ? Pourquoi ne m'a-t-elle rien dit ? Ou Merlin ? Je, j'aurais … pu...

-C'était un secret trop lourd à porter pour elle, le partager avec Merlin était déjà suffisamment dangereux. Merlin n'aurait pas trahi sa confiance.

-Alors pourquoi maintenant ?

-Morgause a utilisé sa peur pour utiliser Morgane, le sort qui tenait tout Camelot endormi tenait grâce à elle. Merlin a du la tuer pour que le sort soit levé.

 

Les yeux de Gwen s'agrandirent sous la nouvelle.

 

-Mor … elle est…

-Non, Morgause a accepté de lever le sort contre le nom du poison, de manière à la sauver.

 

La jeune fille expira doucement, se rendant compte qu'elle venait de bloquer sa respiration sous le coup.

 

-Arthur a compris et intégré ce qu'on lui a expliqué, mais … maintenant il est pris entre l'idéalisation qu'il a de son père et cette nouvelle image où il est capable de terribles erreurs.

-Mais ce n'est pas la première fois … 

-Oui, mais Arthur pensait que le roi avait en partie raison, même si il était trop sévère. Ici, il a la preuve que la magie n'a pas conduit Morgane dans les ténèbres … c'est sa peur … Et maintenant qu'elle est avec Morgause, Dieu seul sait ce qu'elle va lui raconter.

-Elle risque de lui mentir ?

-De déformer la vérité plutôt, comme la dernière fois avec Arthur. En fait tout ça remet en cause ses convictions. Il a besoin de calme pour y réfléchir posément et remettre à plat son jugement de valeur.

 

Gwen fronça le front, réfléchissant … et cherchant une solution.

 

-Que proposez-vous ?

-Étant donné le contexte … d'un coté le roi pousse pour qu'on la retrouve et de l'autre, il y a les travaux. Je pense qu'il pourrait commencer par lancer des recherches … du coté d'Ealdor ?

-Oh, astucieux …fit-elle en souriant.

-La reconstruction peut être mise entre les mains de sir Léon je pense …

-Je peux lui en parler, et il en fera la demande à Arthur ?

-Par exemple.

 

Guenièvre se leva et se mordit le lèvre, toujours réfléchissant à la manière d'amener Uther à faire des recherches le long de la frontière de Cenred.

 

-Il faudra que tu l'accompagnes … après tout, étant sa servante, tu es la mieux placée pour …

-la retrouver ?

-Oui.

-Attendez ! Pourrions-nous imaginer que le plus simple pour retrouver Morgane serait de traquer Morgause ?

-Tout à fait.

-Vers qui Morgause irait-elle chercher de l'aide ? Est-ce que Cenred pourrait accepter ? Ealdor est sur ses terres non ?

-Si … elle lui promet le royaume, oui il accepterait volontiers, de surcroît il est connu pour apprécier la compagnie des belles femmes … et Morgause est loin d'être repoussante. 

-Il faudrait qu'Uther l'envisage…

-Je peux lui souffler habilement l'idée ; bien, voilà une façon d'envoyer Arthur à Ealdor où il restera avec Merlin jusque son rétablissement, une semaine ou deux environ.

-Mais il faudrait vraiment retrouver Morgane …

-Balinor aura peut-être une idée ou sinon, il pourrait demander à Kilgharrah … 

-Le dragon ?

-Une créature magique devrait être capable de retrouver une autre créature magique.

 

Gwen hocha la tête, semblant comprendre.

 

-Je m'occupe de Sire Léon et vous d'Uther, afin qu'il parte … ?

-D'ici deux jours. Je lui ai dit de ne rien faire aujourd'hui, et si je mène bien ma barque Uther peut l'envoyer le long de la frontière dès demain. 

 

Gwen rejoignit la porte, sourit joyeusement à Gaius, contente de pouvoir enfin participer à l'aventure … Il était si dur de rester à attendre et de ne rien pouvoir faire. Elle descendit les marches et traversa le laboratoire rapidement, tandis que Gaius suivait, avec un peu plus de peine.

-0-0-0-

-Non ! Je refuse ! s'écria une voix trop haute pour appartenir à un homme.

 

Les villageois qui passaient à proximité de la maison d'où s'était échappé cet éclat haussèrent les sourcils, surpris, c'était bien la première fois qu'il entendait Hunith crier. Enfin, pour la plupart … Dans un coin, un vieil homme riait doucement, assis dans son coin. Il se souvenait bien des disputes qu'Hunith avait eues avec l'étranger à l'époque … De l'électricité statique qu'il y avait entre eux à l'époque et encore maintenant … Avec son retour au village, les choses allaient être nettement plus amusantes … 

 

À l'intérieur de la maison, Merlin avait fini par placer ses mains sur ses oreilles tant les cris étaient forts. Il se demandait sérieusement s'il n'avait pas eu la pire idée de sa vie lorsqu'il  avait demandé à Balinor de revenir avec lui.

 

-Mais enfin, Hunith, ce n'est pas en restant enfermé qu'il va reprendre des forces !

-Il arrive à peine à tenir debout et tu veux qu'il sorte ?

-Il est capable de se redresser … et de se tenir debout.

-Avec ton aide !

-Oui et je n'ai pas dit que j'aillais lui faire parcourir tout le village ! Bon sang, il peut tout de même sortir dehors prendre un peu l'air  … juste quelques pas devant la maison.

-Gaius insiste pour qu'il ne prenne pas froid !

-Alors il sera bien couvert … il doit bouger, premièrement pour réhabituer ses muscles à l'effort, ensuite parce qu'il s'ennuie à être enfermé en permanence … 

-Pfmhh…

 

Hunith retira ses poings de ses hanches et croisa les bras, avant de se tourner vers Merlin.

 

-Tu veux vraiment sortir ?

 

Merlin descendit ses mains doucement en se rendant compte que la situation semblait se calmer.

 

-J'aimerais, oui … Je me sens vraiment mieux et j'en ai assez de rester au lit.

-…

 

Elle soupira, décroisa les bras, fronça les sourcils et prit son air le plus sérieux avant d'accepter :

 

-Bien, mais qu'un quart d'heure. Et couvert correctement !

 

Elle prit son seau et sortit, pensant que sortir de l'eau du puits lui ferait du bien pour se calmer.

 

-Mais qu'est-ce que tu lui as fait ?

-Hein ?

 

Balinor le fixa avec des yeux surpris et l'air le plus innocent qu'on ait pu voir.

 

-Quoi ? 

-Je l'ai jamais vue crier comme ça avant ! Et … elle n'aurait jamais … d'habitude, elle fronce les sourcils et me regarde en silence et … j'abandonne !

-Mmmh. Tu manques de courage peut-être… Hé !

 

Merlin venait de lui lancer son coussin à la figure et Balinor avait juste eu le temps de l'éviter. Mais son sourire moqueur n'avait pas disparu pour autant.

 

-Tu as eu ce que tu voulais non ?

-Très drôle. J'ai cru qu'elle allait nous démonter.

-Il suffisait juste de lui montrer la justesse de mon raisonnement … 

-Tais-toi, tu t'enfonces !

-Je te laisse te reposer pour que tu sois suffisamment en forme pour cet après-midi ?

 

Merlin hocha la tête en faisant la moue et se cala un peu plus dans son lit. Balinor sourit, ramassa le coussin, lui tendit et sortit proposer son aide à Hunith. Merlin soupira et sourit avant de fermer les yeux … Ok ce n'était pas ce qu'il s'était imaginé … C'était bien mieux… 

-0-0-0-

Merlin se pencha en arrière, appuyant la tête contre le mur … Il était assis sur un banc à coté de Balthazar, l'un des hommes les plus âgés du village. L'un des rares qui avait toujours été gentil avec lui avant qu'il n'ait à quitter Ealdor pour Camelot. 

 

-Alors ta mère a accepté de te laisser sortir, hein ?

-Oui … Si elle pouvait, elle me mettrait dans un cocon.

-Ah, c'est que tu as toujours été son petit trésor. Dès le moment où tu es né, elle t'a couvé.

-Vous étiez déjà ici à l'époque ?

-Bien sûr, ton père est arrivé un beau matin en se disant un cousin d'Hunith … Ah la bonne farce. La plupart des villageois l'ont cru d'ailleurs.

-Pas vous, vous saviez… ? 

-Que c'était un dragonnier ? Non … A l'époque je pensais que c'était un sorcier en fuite, je n'étais pas loin d'ailleurs … 

-Pourq … 

 

Merlin le regardait abasourdi, tandis que vieil homme continuait de sourire … Il semblait perdu dans ses souvenirs.

 

-Pourquoi je ne l'ai pas donné ? … Je n'avais rien contre lui, vois-tu. Ma femme avait failli mourir en enfantant quelques années plutôt, sans l'aide des druides et de la magie … Je l'aurais perdue … Difficile de m'imaginer que la magie était mauvaise dans ce cas … 

-Ooh, mmh et maintenant ?

-Hum ? 

-Où est-elle, votre femme ?

-Elle est morte … quand tu devais avoir deux ou trois ans … la maladie. 

-Je suis désolé.

-Ne le sois pas, nous avons vécu de belles années ensemble et maintenant c'est mon fils qui veille sur moi.

-…

-Pourquoi tu n'utilises pas la magie pour te soigner au fait ?

 

Merlin écarquilla un peu plus les yeux … 

 

-Je …ne vois pas…

-Hihi, petit, j'ai toujours su. Il se produisait trop de choses étranges autour de toi pour ne pas le remarquer … mais évidemment, j'ai toujours pris le temps de t'observer, contrairement aux autres. 

-Pourquoi ?

-Tes grands-parents, tu sais, je les aimais beaucoup, et quand il sort morts, ta maman s'est retrouvée toute seule. Avec ma femme, on a envisagé de la prendre avec nous, mais elle était trop fière pour accepter, alors on ne lui en a pas parlé. Et puis ton père est arrivé… et les choses ont changé … 

-Vous me racontez ?

-Bien sûr, combien de temps tu peux rester ici ?

-Elle a dit un quart d'heure de marche … mais rien de plus pour rester ici.

-Alors… que veux-tu que je te racontes exactement?

-Ils se disputaient sans cesse, n'est-ce pas … j'y croyais pas mais maintenant … 

-Hihi … leur relation était explosive.

-Comment … ont-ils fini …?

-Par tomber amoureux ? Tu sais ce n'est pas parce qu'ils se disputent qu'ils ne s'appréciaient pas … je crois même que c'est comme ça qu'ils en sont venus à s'entendre. Ils ont toujours eu un caractère très fort … et des avis souvent divergents, un jour ils se sont disputé en plein milieu d'un champ sur la meilleure façon de s'y prendre pour le moissonner … jusqu'à ce qu'il ne se mette à pleuvoir.

 

Merlin sourit de toutes ses dents, écoutant attentivement le vieil homme, tandis qu'il avançait dans ses anecdotes, toutes plus amusantes les unes que les autres.

 

À suivre


abeilledic  (26.01.2012 à 22:01)

Chapitre 4 : S'apprécier

 

Depuis l'arrivée de Balinor au milieu du printemps, les labourages s'étaient terminés comme à leur habitude et le fauchage allait commencer. Les paysans avaient pour habitude de se regrouper et de travailler chaque terrain l'un après l'autre. L'entièreté des récoltes étant ensuite redistribuée selon les besoins. Ainsi si certains champs n'avaient pas eu le temps d'être fauchés avant un orage ou toute autre catastrophe naturelle, cela ne représentait pas une menace pour le propriétaire qui aurait quand même de quoi manger durant l'hiver. Le travail collectif était bien plus efficace que de s'occuper de son champ de manière individuelle. 

 

Après leur mise à plat, Balinor avait repris ses activités auprès des paysans, tandis qu'Hunith déléguait davantage auprès des autres villageoises. Mais ce n'était pas pour autant que le calme était revenu. Au fur et à mesure des échanges d'idées, d'opinions ou de points de vue, de nombreuses disputes s'étaient formées. Disputes … peu importantes sur le fond mais particulièrement 'bruyantes' sur la forme. 

 

La première fois, les villageois s'étaient amassés pour venir y mettre fin, la violence des cris s'étendant dans tout le village. Pourtant, quand ils étaient arrivés, tout ce qu'ils avaient trouvé, c'était Hunith avec une louche dans une main d'un coté de la pièce et de l'autre Balinor qui se tenait les cotes de rire. 

 

-MA cuisine N'est PAS digne des cochons ! hurlait la jeune fille, rouge d'indignation.

-Ah, mais je n'ai pas dit ça … j'ai dit que même les cochons n'en voudraient pas … ricanait-t-il.

 

SWWBLAAAAASH !

 

La louche venait de voler à travers la pièce, alors que les villageois soupiraient de soulagement et s'en retournaient chez eux. Eh ben ça promettait… Et depuis, ils s'étaient habitués à ce que des cris se mettent à résonner à tout moment de la journée. 

-0-0-0-

Les hommes d'Areydian arrivèrent au début du jour. Ils mirent pied à terre, tandis que le chasseur sortait de sa tente.

 

-Alors, qu'avez vous trouvé ? aboya-t-il.

-Monseigneur, nous n'avons malheureusement trouvé aucune trace dans les bois entourant la cité, des patrouilles ont été envoyé au sud-est jusqu'aux Montagnes Blanches et à La vallée des Rois déchus. C'est l'endroit où il risque le moins de s'y cacher. 

-C'est un début, mais il ne faudrait pas perdre d'autres pistes prometteuses. Il faudra fouiller partout, jusqu'aux royaumes voisins. Il peut s'être réfugié en Mercy, sur les terres de Cenred ou de Carlèon.

-Mais … le roi Uther ne veut-il pas préserver la paix avec ces royaumes ?

-Nul sorcier ne doit s'échapper! Allez, en route!

 

Un serviteur lui présenta les rennes de sa monture, qu'il prit avec agressivité, tandis que les gardes s'inclinaient et remontaient sur leur propre cheval.

 

-Première direction : la vallée des rois déchus. En avant!

-0-0-0-

La porte claqua avec une violence peu commune, faisant sursauter Hunith et manquant de lui faire renverser la soupe légère qu'elle préparait par la même occasion. 

 

-Bon sang, qu'est-ce qu'elle t'a fait cette porte ?, fit-elle en portant la main sur sa poitrine pour calmer les battements de son cœur qui s'était emballé sur le coup.

 

Mais Balinor se contenta de s'assoir durement sur une chaise après avoir envoyé valser sa veste contre le mur. Hunith fronça les sourcils. Ah non, pas encore ? Il n'allait pas encore faire la tête parce qu'elle préparait à manger ? Il ne croyait quand même pas qu'elle allait attendre qu'il revienne de sa séance d'exercice pour commencer à préparer le repas ? Elle plaça ses mains sur ses hanches et prit la mine qu'elle prenait pour réprimander ses élèves lorsqu'ils ne faisaient pas les devoirs qu'elle leur avait donné.

 

-Hey ! Je suis encore chez moi ! J'aimerais que tu traites ma maison avec respect !

-Scuse…

-…?

 

Le dragonnier avait murmuré, les dents serrées de colère. Il évitait soigneusement son regard et vu la façon dont sa jambe tremblait contre la chaise  … il devait vraiment être à bout. Jamais lors de leur dispute quotidienne, il ne s'énervait … il la poussait à bout, ça oui … et il y arrivait très bien, mais c'était par taquinerie. Elle s'approcha doucement et posa sa main sur son épaule. Il se raidit à son contact et se leva en laissant la chaise tomber par terre dans un lourd fracas.

 

-Qu'y a-t-il ?, la voix d'Hunith s'était adoucie.

-Est-ce que toutes les femmes de ce village sont folles ? grogna-t-il, explosant enfin.

-Euh… je…ne comprends pas…souffla-t-elle, surprise et choquée.

-Elles s'entraînent de leur coté, elles regardent mes entraînements et refont les exercices dans leur coin. Résultat, deux d'entre elles se sont blessées … Ce n'est pas un jeu, bon sang ! Si elles voulaient apprendre à se battre, elles ne pouvaient pas venir demander au lieu de … Ce genre de comportement stupide ne mène à rien … Des centaines de gens se font massacrer alors que leur seul crime est d'être né avec des pouvoirs magiques, des dons spéciaux. Mais ce n'est pas grave si on met sa vie en danger en se battant à tort et à travers avec des épées alors qu'on n'a aucune expérience!

 

Hunith resta coite, tout du long de sa litanie. Elle n'était pas surprise par les activités des villageoises, bien qu'elle aurait aimé qu'elles lui en parlent, surtout que manifestement il n'avait rien contre l'idée de leur enseigner les techniques de combats … les maris poseraient plus de problèmes. Mais ce n'était pas ça le plus important … 

 

-Tes proches te manquent ?

-Quoi ?

 

Balinor resta la bouche ouverte tellement il fut surpris.

 

-Tu t'en fiches qu'elles veuillent se battre… Ça t'agace qu'elles n'aient pas osé t'en parler … mais elles ont eu davantage peur de déplaire à leur époux, pères ou frères que de vouloir à tout prix agir dans ton dos et tu le sais … tu es suffisamment intelligent pour le comprendre. 

-Sincèr…

-Ce qui te blesse, c'est de penser à tous ceux qui souffrent à cause de la loi d'Uther.

-Je ne suis pas blessé !

-Non? Tu es en colère pourtant…

-MÊLE-TOI DE CE QUI TE REGARDE !

 

Et il partit en re-claquant la porte derrière lui … Un peu de temps pour lui l'aiderait à se calmer … Mais en tout cas, elle avait tapé juste.

-0-0-0-

La nuit était tombée depuis un moment lorsque Balthazar s'assit à coté de lui sur le tronc qui s'était écroulé par terre. Le dragonnier soupira. 

 

-C'est Gaspard ou Hunith qui t'envoie ?

-Hunith, sourit l'homme.

-Pfff…

-C'est une chouette fille, on l'aurait accueillie avec joie dans la famille…

-?

-Oh il fut un temps où j'espérais qu'elle épouserait mon fils, mais elle n'est pas faite pour lui. Il est très bien avec la petite qu'il s'est trouvée.

-Où est-il ?

-Sur les terres d'Uther … un village près des montagnes blanches.

-Oh.

-Je crois … que c'est un bon roi, mais … ça reste un homme capable d'erreurs. Je ne sais pas pourquoi il a interdit la magie et pourquoi il en a aussi peur … mais ce n'est rien de plus … que de la peur au final.

-Il tue des gens innocents ! Je … vous, les yeux du jeune homme s'était élargis en comprenant que l'homme savait.

-Je m'en fiche … ne t'inquiète pas… et je ne dirai rien … Tu as raison d'être en colère contre lui et ses agissements … mais cela vaut-il la peine de vivre libre mais prisonnier de sa colère ? Ou vaut-il mieux t'en libérer et profiter de ce qui t'est offert ?

 

Balinor le regarda fixement se relever et partir les mains dans les poches, la nuit étant plus fraîche. Que devait-il en penser ?

 

-Tu devrais rentrer, elle t'attend.

 

Il lui fit un signe de la main et s'éloigna…

-0-0-0-

Hunith était assise devant la cheminée et faisait du raccommodage lorsqu'il toqua et entra dans sa petite demeure.

 

-Si tu as faim, il reste de la soupe, … mais je comptais la garder pour les cochons.

-Ils n'en voudront pas.

-Humpff, tout le monde n'a pas le même avis que toi …je suis sûre qu'ils aimeront.

 

Il sourit doucement et s'assit sur une chaise qu'il ramena près d'elle.

 

-Je n'ai pas faim de toute façon, mais je m'excuse de m'être emporté tout à l'heure.

-Je sais que ce n'était pas dirigé contre moi … prêt à reconnaître que tu es en colère contre Uther ?

-Je… ne tiens pas vraiment … à en parler.

-D'accord, mais il faudra bien, il vaut mieux crever l'abcès.

-De quoi tu te…

 

Il stoppa net en voyant qu'elle avait relevé le sourcil. Après tout c'était vrai que ça ne l'avait pas vraiment arrêté en ce qui la concernait.

 

-Je… pardon.

-Tu en parleras quand tu seras prêt.

 

Elle reprit son ouvrage tranquillement, pendant qu'il se relevait pour finalement prendre un peu de soupe, ça le réchaufferait…

 

-Pas si mauvaise que ça finalement ?

 

Il se pinça les lèvres avant qu'un sourire narquois se dessine… Les choses rentraient dans l'ordre.

-0-0-0-

Le fauchage des champs arrivaient maintenant sur sa fin … Il ne restait que quelques propriétés dont celle d'Hunith dont le fauchage avait été repoussé au profit d'autres propriétés plus importantes. Et enfin, c'était son tour. Les paysans attendaient sur le bord du champ d'Hunith, attendant que la paire se décide où ils devaient commencer.

 

-Moi je dis qu'il vaut mieux commencer en bas de la pente, comme, ça on finit sur une descente !

-Bien sûr ! Et ils risquent de se fatiguer plus vite.

-De toute façon ils devront les monter et les descendre … alors la fatigue sera la même.

-Mais pas le moral !

 

Le ton commençait doucement à monter… les villageois les regardaient se disputer et perdre leur temps. Certains soupiraient mécontents, d'autres souriaient largement, plus qu'amusés par la situation.

 

-Tu vois, Gaspard, j'avais raison de te dire de finir par ce champ.

-En effet, n'empêche, tu as vu les nuages qui s'approchent ?

-Oui, le vieux Angus l'avait dit, qu'il allait pleuvoir aujourd'hui … sourit Balthazar.

-Balthazar ! Me dit pas que c'est pour ça que tu as reculé à aujourd'hui ? s'écria Gaspard.

-Mmmh… On aurait pas eu le temps de toute manière …

-Tu manques pas d'air, fit le jeune homme en secouant la tête.

-Regarde-les, ils y prennent du plaisir, tu ne trouves pas ?

-Pardon ?

-Ils ont les yeux brillants… ils s'amusent, répondit Balthazar, son sourire s'élargissant.

-Ils ont une drôle de manière de le faire…  soupira-t-il.

-Hey, et si on rentrait se réchauffer les gars ?, interpella Balthazar en regardant le reste du groupe.

-Et le fauchage ? répliqua un autre.

-On aura le temps de rien faire aujourd'hui, il va pleuvoir, … autant abandonner on y reviendra plus tard.

-Ouais ! c'est une bonne idée, s'écria un troisième.

 

Ils ramassèrent leur outils et s'en allèrent en laissant le couple continuer de crier à qui mieux-mieux sur la meilleure manière de procéder. À peine quelques minutes plus tard le tonnerre se mit à gronder et la pluie s'abattit sur les deux jeunes gens qui s'arrêtèrent sur le coup, remarquant alors que les autres villageois étaient partis… 

 

Hunith resta estomaquée quelques instants : ils les avaient plantés là ? Pourtant, elle n'eut pas le temps d'y réfléchir beaucoup, Balinor avait attrapé sa main et s'élançait en courant vers le village pour rejoindre sa petite hutte.

 

Quand ils parvinrent enfin dans la petite pièce, l'orage déversait des trombes d'eau sur le village. Ils étaient trempés de la tête au pied. Balinor se dirigea vers la cheminée pour allumer un feu en vitesse, pendant qu'Hunith retirait en toute hâte ses vêtements dans un coin reculé, et se dirigeait vers sa maigre garde-robe pour prendre des vêtements de rechange.

 

Lorsque Balinor se retourna en retirant sa veste, il rougit furieusement et se retourna aussitôt.

 

-Oh, … euh, balbutia Hunith, ramenant la tunique contre sa poitrine, surprise.

-Je vais rejoindre la grange, murmura-t-il.

-Mais … il fait froid, fit-elle en achevant d'enfiler sa tunique.

-Ce n'est rien.

-Tu vas tomber malade.

 

Elle s'était approchée, et avait posé sa main sur son épaule pour lui signaler qu'elle était habillée. Il tourna la tête, tandis qu'elle l'aidait à retirer sa veste, silencieusement. Il la regardait intensément. Il finit par détourner le regard et retirer sa tunique, alors qu'elle lui passait des draps pour qu'il se sèche.

 

Elle sourit timidement, tandis qu'il frissonnait à son contact. Il retint sa respiration quelques instants … Finalement ils s'entendaient plutôt bien et maintenant … La nuit allait être longue, surtout si elle continuait à le regarder comme ça…

 

À suivre 

 

Avis :  Oui je suis cruelle … navrée ;)


abeilledic  (02.02.2012 à 18:01)

Interlude 4

 

 

Le jour avait déjà bien baissé lorsqu'Hunith se rendit compte que Merlin n'était pas rentré. Elle sortit brusquement et s'arrêta en remarquant que Balinor s'amusait à sculpter ses animaux de bois tout en observant de loin Merlin qui conversait avec le vieux Balthazar.

 

-Pourquoi n'as-tu pas ramené Merlin ?

-Parce que tu l'as autorisé à marcher pendant un quart d'heure mais que tu n'a pas mis de limite concernant le temps passé dehors, répliqua l'homme.

-Je vois que tu t'amuses encore à contourner les règles ?

-Disons que je suis à la lettre tes recommandations, la taquina-t-il, Merlin est chaudement vêtu et il a l'air de beaucoup apprécier ce que lui racontes Balt…

-Balt ?

-Ben plus court ?

-N'importe quoi… soupira-t-elle. Je me demande ce qu'il peut bien lui raconter.

-Sûrement comment on en est venu à le concevoir … dit-t-il en prenant son sourire narquois.

-Balinor ?!

-Ben quoi ? Je dis pas qu'il lui raconte les détails, il ne doit pas les connaître si tu veux mon avis, disons comment en 's'entendant' aussi bien, on en est venu à tomber amoureux.

-Je pense pas que ce soit une bonne idée, fit-elle en fronçant les sourcils.

-Pourquoi ? C'est normal qu'il s'y intéresse … et puis pourquoi on lui cacherait … 

-Tu veux vraiment qu'il apprenne comment ça s'est terminé ? souffla-t-elle.

-Là n'est pas la question … Il veut savoir comment ses parents se sont rencontrés et comment il en venu à naître, c'est tout. Et puis, quand bien même, j'ai mal agi à l'époque ou du moins pas de manière correcte, pourquoi le lui cacher ?

-Il t'admire déjà, soupira-t-elle.

-Pourtant il sait que je vous ai abandonné… Je n'ai rien fait pour qu'il m'admire comme tu dis…

-Il suffisait qu'il sache que tu es un dragonnier. Il a toujours été fasciné par les dragons … Quand il était petit, il s'amusait à en dessiner avec la poussière qui volait ou de la cendre … Un petit garçon rêveur.

-Et aux pouvoirs très puissants …fit-il en la regardant.

 

Elle baissa les yeux et finit par les relever doucement sur son fils qui discutait avec animation avec le vieil homme. Il semblait joyeux et plein de vie.

 

-J'ai eu si peur quand je me suis rendue compte … de ce qu'il était capable de faire.

-Comment cela s'est-il passé ? dit-il en haussant le sourcil.

-… Le jour où il est né, il y a eu un terrible tempête … qui a commencé au moment même où il a poussé son premier cri. Sur le coup, personne n'a vraiment réagi, il avait fait mauvais toute la semaine … Plus tard, quand je l'ai nourri … ooh il essayait d'attraper les rubans qui s'échappaient de mon turban …et ils se sont défaits pour aller directement dans son poing. Heureusement, il n'y avait que Marthe avec moi à ce moment-là … Je n'ai jamais su si elle l'avait vu ou pas … mais elle n'en a jamais pipé mot.

-Comment as-tu ..?

-Réussi à le cacher ? Je … ne l'ai jamais laissé seul avec l'une ou l'autre, je l'ai gardé près de moi le plus longtemps possible jusqu'à ce qu'il soit en âge de comprendre qu'il ne devait surtout pas faire ce genre de chose en public. Heureusement, il a toujours été un garçon intelligent, sourit-elle, son regard s'adoucissant, tandis qu'elle se relevait.

 

Tout à leur discussion, elle avait fini par s'adosser contre le mur, juste derrière le banc où Balinor travaillait.

 

-Peux-tu aller le chercher, je pense qu'il devrait se reposer maintenant. Je vais réchauffer le repas.

-Bien sûr.

 

Balinor abandonna ses outils sur le coté et s'appuya sur ses cuisses avant de se redresser et de se diriger vers les deux commères.

-0-0-0-

Le jour était levé depuis quelques heures, lorsque Gwen se présenta aux appartements de Sir Léon. Celui-ci était en train de discuter avec d'autres chevaliers autour des plans que le prince Arthur lui avait laissé pour décider des modifications à faire.

 

Lorsqu'elle frappa à la porte en entrant, ils relevèrent la tête et Sir Léon lui fit signe de parler.

 

-Hum, pourrais-je vous parler quelques instants … en tête à tête?, bredouilla-t-elle, en rougissant légèrement.

 

Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il y ait d'autres chevaliers. 

 

-Bien sûr, fit-il surpris, nous avions terminé de toute manière.

 

Il haussa les sourcils tandis que les autres chevaliers hochaient la tête et se dirigeaient vers la sortie.

 

-Un problème ?

-Hum, eh bien, Gaius et moi, on trouve que le prince est très … fatigué en ce moment.

-Il a beaucoup de travail avec la reconstruction et les recherches pour retrouver Dame Morgane.

-En effet, nous nous disions qu'il serait peut-être plus efficace qu'une partie des chevaliers s'occupe de la reconstruction pendant qu'une autre …

-Retrouve Dame Morgane. Ça ne manque pas de sens … Je pourrais … demander …au prince Arthur de …m'occuper de la reconstruction …pendant qu'il gère en priorité… les recherches ? fit-il en agrandissant les yeux tandis qu'il comprenait où voulait en venir Gwen.

-Ooh ce serait … une bonne idée assurément.

-Mmh je vois … Je vais aller voir le roi tout de suite afin de proposer de décharger le prince afin qu'il puisse mettre en œuvre toutes ses capacités pour retrouver sa pupille. 

Guenièvre lui sourit, fit une légère révérence et s'en alla rejoindre les appartements de Gaius, afin de voir s’il avait réussi à insuffler au roi l'idée de diriger les recherches vers les terres de Cenred.

-0-0-0-

Bien plus loin à l'est sur les terres de Cenred, une jeune fille se réveillait dans une des plus belles chambres d'un château isolé. À coté d'elle, une jeune femme aux cheveux blonds et bouclés la couvait de son regard, tandis que ses yeux papillonnaient.

 

-Morgause ?

-Chuuuut, petite sœur, ne t'inquiète pas … j'ai absorbé le poison mais tu as tout de même déliré pendant plusieurs semaines.

-Petite… ? Alors … Merlin !? Il il … 

-Oui, ce misérable a osé t'empoisonner mais je te vengerais en temps et en heure.

-Je ne … comprends … je ne … 

-Tu devrais boire un peu … maintenant je vais pouvoir t'aider à te rétablir.

-Comment ?

-Tu ne devines pas ?

 

Morgane ouvrit les yeux de manière désespérément grande, en se rendant compte de ce que lui proposait la blonde …

 

-La … la magie ?

-Oui … je vais aider ta magie à te soigner … 

-Ma.. ?

 

Morgause hocha lentement la tête. Morgane, qui s'était redressée en repensant à son empoisonnement, se recoucha contre l'oreiller en soupirant… 

 

-Alors … c'est réel … 

-Tu l'ignorais ?, fit Morgause, surprise.

-Non … non les druides me l'avaient confirmé, mais … de là à pouvoir … l'utiliser. 

 

Morgause sourit en lui caressant les cheveux …

 

-Ne t'inquiète pas, je t'apprendrai petite sœur.

-Petite sœur ? C'est la deuxième fois que vous m'appelez ainsi …

-Parce que tu l'es … je suis la première fille de Viviane, … j'ai été éloignée à ma naissance pour lui éviter la honte d'avoir donné la vie à une bâtarde

-Jamais … ma mère … 

-Que sais-tu d'elle ?

-Mon père m'a toujours dit à quel point elle était vertueuse …

-C'est ce qu'il croyait et peut-être l'est-elle devenue après ma naissance … Elle est tombée enceinte avant d'épouser Gorlois … Il aurait été surpris si ma mère m'avait gardée … C'est d'elle que nous tenons notre magie … Elle était très puissante … Du moins c'est ce que m'en ont dit les prêtresses de l'ancien culte qui m'ont élevée. 

-Mais … ce ne … Non ! Je ne … je ne peux y croire.

-Te souviens-tu du bracelet que je t'ai laissé ?

-Oui … Il apaise mes cauchemars, mais je ne vois pas …

-Il porte les armoiries de Gorlois, c'est Viviane qui me l'a laissé… comme preuve. Je ne prétend pas l'aimer, je ne l'ai pas connue … mais je sais que les prêtresses avaient beaucoup de respect pour elle. Et ce n'est pas parce qu'elle a épousé Gorlois pour se mettre à l'abri que nous devons lui jeter la pierre.

-Alors …

-Je suis ta demi-sœur, oui. 

-Comment les grandes prêtresses.. ?

-Elle en a été une … jusqu'à ce qu'elle tombe amoureuse et s'enfuit pour retrouver son amant… mais l'homme est mort … alors elle a épousé un bon parti, elle venait d'une très bonne famille après tout. 

-Uther ?

-Ne le sait pas, sourit Morgause … Il sait peu de choses en vérité.

 

Son sourire s'était fait plus dur … Montrant son mépris pour cet homme qu'on lui avait appris à haïr depuis la naissance, ou du moins d'aussi loin qu'elle s'en souvenait. Morgane frissonna, incertaine … 

 

-Je vais te laisser te reposer … et puis je te guérirai complètement.

 

Morgane hocha faiblement la porte, alors que la blonde sortait de la chambre … en prenant soin de la refermer avec sa magie … Il n'était nul doute qu'elle ne chercherait à s'enfuir … elle était trop instable encore … pour lui donner son entière confiance.

 

La brune regarda la porte se refermer, sans penser une minute à partir … En fait tous ces derniers événements la perturbaient trop pour qu'elle puisse penser à autre chose. Merlin … En qui elle avait eu une confiance absolue, qui savait pour sa magie … Il l'avait trahie … mais pourquoi ? Qu'avait-elle fait pour mériter ça ? Juste pour sauver la vie d'Uther ? Ce … ce monstre …  Mais si Morgause était sa sœur, alors cela voulait dire qu'elle n'était plus seule, plus seule face à cette peur qui la tenaillait depuis des mois.

 

Elle soupira et ferma les yeux … Enfin une pensée rassurante à laquelle s'accrocher … 

-0-0-0-

-Gaius ?

 

Guenièvre poussa la porte et entra furtivement dans le laboratoire, en constatant que le médecin n'était pas encore revenu de son entretien avec Uther. Elle s'assit un instant avant de se relever et d'empoigner les instruments qui devaient être nettoyés. 

 

C'est ainsi que Gaius la trouva, en train de récurer ses pots et de remettre de l'ordre un peu partout dans le laboratoire.

 

-Une envie subite de rangement ?

 

Elle sursauta en portant sa main gauche sur sa poitrine, tout en ramenant son balai près d'elle de l'autre main dans une sorte de réflexe.

 

-Gaius, vous m'avez fait peur.

-Comment cela s'est-il passé avec Sir Léon ?

-Il se rendait auprès d'Uther pour lui proposer l'idée … Vous ne l'avez pas vu ?

-J'ai dû le croiser … Je suis allé chez Arthur avant de revenir, le roi m'a dit qu'il y avait de grandes chances que Morgause se soit cachée chez Cenred … Je suis allé prévenir le prince … de la nécessité d'envoyer des éclaireurs et de s'y rendre avec sa femme de chambre.

-Alors c'est une réussite !

-Oui … totale. L'exercice était périlleux … mais je crois avoir été suffisamment subtil. Vous partirez demain.

Elle pressa ses mains entre les siennes et lui sourit de plus en plus … toute à sa joie de savoir qu'elle allait revoir Merlin … et que peut-être Balinor les aiderait à retrouver son amie … 

-0-0-0-

Lorsque Balinor était venu le rechercher, Merlin avait rouspété pour la forme, mais il se sentait fatigué … et avait vite accepté les bras qui l'avaient soutenu jusqu'à une chaise. Hunith posa un bol de soupe devant lui et passa sa main sur son front pour vérifier qu'il n'avait pas de fièvre ; elle sourit en constatant qu'il était juste fatigué de sa journée. Il mangea lentement sa soupe, légèrement écœuré, alors que son père engloutissait la sienne.

 

-Maman … c'est très bon, mais j'aimerais aller … me coucher.

-Tu n'as plus faim ?

 

Il secoua la tête, il avait à peine bu la moitié, mais Hunith acquiesça. Balinor l'installa promptement dans son lit, où il s'assoupit sans peine.

 

Hunith fit la vaisselle rapidement pendant que Balinor remettait de l'ordre. Il s'installa ensuite à table avec les sculptures qu'il avait faites et acheva la dernière, pendant qu'Hunith finissait de manger.

 

-Que vas-tu en faire ?

-Je les donnerais aux enfants comme la dernière fois … 

-Je m'en souviens … 

 

Ils se fixèrent incertains, tandis qu'Hunith se sentait déglutir … Il les avait offert avant son départ … Ne lui en laissant même pas une à offrir à son fils … mais il est vrai qu'il l'ignorait. La sienne était soigneusement cachée dans un châle de dentelle que sa mère avait conservé de son mariage … Même Merlin ne l'avait jamais vue.

 

-Tu as encore …, commença-t-il.

-La licorne que tu m'avais sculptée ? Oui …,  sourit-elle malgré elle.

-Peu de gens savent ce qui s'est passé après cet orage … 

-Je préférais le garder pour moi. Comme un trésor…

 

Il posa sa main sur la sienne pour la caresser doucement tandis qu'ils se remémoraient leur premier baiser.

 

 

À suivre


abeilledic  (09.02.2012 à 19:49)

Chapitre 5 : S'aimer

 

La pluie faisait rage dehors, mais les deux jeunes gens ne semblaient guère s'en soucier, tout à leur contemplation.

Hunith se dit qu'elle ne l'avait jamais observé comme ça. Ses cheveux mi-long balayaient son visage, caressant les fossettes saillantes, les mèches mouillées laissant leur dépôt couler sur les joues colorées par le soleil. Ses yeux étaient hypnotisants, ils la fixaient aussi certainement qu'elle était en train de le faire. Elle avisa une goutte qui glissait entre ses yeux pour suivre la ligne de son nez avant de s'arrêter à la commissure de ses lèvres. Elle rougit lorsqu'elle comprit qu'elle se demandait ce qui se passerait si elle posait les siennes dessus. Elle finit par détourner les yeux et s'assit sur une chaise, incertaine de ce qu'elle devait ou pouvait faire ou … plutôt ce qu'elle ne devait ou ne pouvait pas faire.

 

Balinor fut surpris lorsqu'il la vit tourner la tête et finalement s'asseoir. Il avait perdu la notion du temps lorsqu'il s'était plongé dans ces yeux qui le scrutaient. Il en avait profité pour l'observer davantage qu'à son habitude. Ses traits s'étaient relâchés, tout à son inspection, et pour une fois, il n'y voyait pas le voile de la tristesse ou de la sévérité qui durcissait son visage. Pour une fois, il pouvait y lire une certaine douceur en plus d'une étrange curiosité qui illuminait son visage… ou alors c'était les bougies vacillantes … qui lui donnaient ce sentiment. Il se dirigea vers elle et s'agenouilla à sa hauteur, relevant son menton, ses yeux l'observant toujours aussi attentivement. Il la vit rougir, et presque trembler sous ses doigts. Il lui sourit doucement alors qu'il commençait à caresser doucement les courbes de son visage.

 

-Tu es tellement plus belle lorsque tu te laisses aller à te détendre.

 

Elle sourit faiblement, relevant doucement les yeux pour le regarder et tomba sur ses lèvres. Sans qu'elle s'en rende compte, elle releva le cou pour se rapprocher et finalement déposa sa bouche contre la sienne alors que la main de Balinor passait derrière sa nuque pour la ramener contre lui. Elle glissa de la chaise pour se retrouver sur le sol, à genoux, tandis qu'elle s'agrippait à ses épaules.

 

Il finit néanmoins par la repousser en posant son front contre le sien.

 

-Ce n'est pas une bonne idée … Je suis en fuite. Je n'ai rien à t'offrir, rien qui ne me permette de…

-Chuuuut … je m'en fiche.

 

Elle s'était rapprochée en prononçant ses paroles et son souffle caressa ses lèvres alors qu'elle redéposait sa bouche contre la sienne. Il ferma les yeux et reprit le baiser …

-0-0-0-

La vallée des rois avait toujours eu tendance à impressionner les hommes crédules … et les soldats d'Uther n'échappaient pas à la règle. C'est avec un mélange de respect et de crainte mêlées qu'ils arrêtèrent leur chevaux à l'orée des gorges sinueuses.

 

On entendit soudain un brouhaha provoqué par le passage d'un cheval et de son cavalier qui n'appréciait manifestement pas que ses hommes se soient stoppés.

 

-Eh bien ! Que faites-vous! Il faut que je vous pousse ou quoi ?

-Monseigneur, c'est juste … on raconte que c'est hanté…

-Idioties ! S’il y a magie ou quoi que ce soit ici créé par cette perfidie … nous nous chargerons de le détruire ! En avant ! 

 

D'un coup de talon, il fit avancer son cheval et il pénétra dans la vallée étrangement silencieuse, alors que le reste des soldats le suivait plus timidement.

-0-0-0-

Bien que le temps fut absolument abominable à cette heure de la nuit, Gaius avisa l'homme chargé de porter le courrier dans la partie Est du royaume … et entreprit de le suivre discrètement afin de glisser la missive qu'il avait préparée pour alerter Balinor du danger qu'Areydian représentait … Nul ne pouvait savoir quand ses pas le conduiraient vers les frontières de Cenred.

 

Il entendit un bruit derrière lui et eut juste le temps de se glisser furtivement derrière un tonneau tandis que la patrouille le dépassait … interpellant le messager :

 

-Hé toi … montre-nous ton courrier … nous devons vérifier que nul n'aide les magiciens … ordre du roi. 

-Mais le courrier est sacré !

-Ne discute pas, le roi a donné un ordre.

-Tenez, fit-il en tendant son sac, manifestement énervé.

 

Ceux qui savaient lire se partagèrent les mots … et lurent en diagonales … attestant du non-intérêt des lettres, tandis que les autres intimaient à l'homme de se laisser fouiller. Heureusement pour lui, aucun indice indiquant la présence de sorcier n’apparut dans le courrier et les soldats le laissèrent partir et quitter la ville tandis qu'ils reprenaient leur ronde.

 

Gaius en profita pour sortir en vitesse de la ville basse et rejoindre le messager qui avait atteint son cheval et s'apprêtait à partir. 

 

-Excusez-moi, attendez un peu … Pourriez-vous porter ces plis à Ealdor ? J'ai besoin de contacter en urgences mon fournisseur … 

-Mmh bien sûr, aucune lettre … dangereuse ? fit-il en dardant son regard sur le médecin.

 

Gaius resta impassible en lui tendant deux plis.

 

-Bien sûr … Vous pouvez les lire si vous en doutez.

-Je préfèrerais … les gardes ne sont pas tendres … Je préfère ne pas prendre de risque.

 

Tandis que le messager lisait les plis, une lettre prenant des nouvelles d'Hunith et une autre adressée à son fournisseur en plantes, parfaitement innocentes, Gaius retint le cheval par les rênes et le caressa doucement.

-C'est en ordre.

-J'espère que votre voyage se passera bien.

-Merci.

 

Et Gaius le vit enfourcher son cheval et partir au galop, puis il se dirigea vers la muraille extérieure afin de retrouver le passage secret qui le ramènerait en toute tranquillité au château. 

-0-0-0-

Le feu s'éteignait doucement dans la demeure d'Hunith, les bougies vacillaient, la cire arrivant presqu’à sa fin ; la silhouette du couple enlacé lançait une ombre tremblante sur le sol. Toujours agenouillé au même endroit à coté de la chaise abandonnée par Hunith, le couple avait cessé de s'embrasser et se tenait silencieux au milieu de la pièce. Hunith avait fini par nicher sa tête dans le cou de Balinor, tandis qu'il caressait doucement ses cheveux qui avaient fini par sécher, débarrassés de son turban qui était tombé lors de leurs embrassades. 

 

Un courant d'air froid fit frissonner Hunith, qui se pelotonna davantage contre le jeune homme. Il cessa ses caresses et retira la couverture qu'elle lui avait donnée plus tôt. Il la passa autour de ses épaules et se leva en la relevant dans le même mouvement.

 

-Tu ferais mieux de te coucher, tu dois avoir besoin de dormir … 

-Je n'ai pas sommeil … juste un peu froid, murmura-t-elle, les yeux brillants et le sourire tranquille indiquant qu'effectivement le sommeil ne la guettait pas.

-Je vais ré-alimenter le feu, assieds-toi.

 

Elle rejoignit son petit lit, où elle s'assit en s'enveloppant correctement des couvertures, tandis que Balinor attrapait sa blouse encore humide et rejoignait la porte.

 

-Je vais en profiter pour reprendre des vêtements secs dans la grange, je reviens dans quelques minutes.

 

Elle hocha la tête pour indiquer qu'elle comprenait et il sortit en refermant soigneusement la porte. Elle soupira et s'allongea, coinçant sa tête sur le maigre oreiller. Elle ne ressentait aucune fatigue, un peu d'engourdissement causé par le froid et l'humidité mais ses idées restaient claires. Cela faisait longtemps que son esprit n'avait été aussi serein et apaisé. Cela avait été reposant de se laisser aller à ne plus penser, à ne plus réfléchir, de juste céder à ses envies … Chaque disputes lui vidaient l'esprit, la sortaient de son marasme d'idées noires … Il le faisait exprès bien sûr … et elle cédait facilement parce qu’au final … elle se sentait mieux après … mais il était bien plus agréable de l'embrasser pour le faire taire que de lui crier dessus.

 

Elle en était là de son introspection lorsque la porte se rouvrit, laissant passer le jeune homme qui déposa un tas de couvertures sur la table avant de ressortir chercher les buches qu'il avait laissées sur le perron avant d'aller récupérer ses affaires. Il se dirigea vers le feu, y mis les bûches les plus sèches et vérifia que la combustion s'effectuait correctement.

 

Hunith s'était relevée, avait ouvert le paquet de couvertures pour mettre à jour les vêtements secs qu'elle mit soigneusement de coté avant d'aviser les petites statuettes en bois. Elle les étala sur la table les unes à coté des autres en prenant le temps de les observer. Toutes sortes d'animaux étaient représentés : dragon, loup, ours, cheval, elle sourit en reconnaissant le chien hirsute de ses voisins et bien d'autres…

 

Un petit paquet restait pourtant, elle le sortit délicatement pour découvrir le début d'une licorne … dont l'arrière était encore pris dans le bois.

 

-Oh que c'est beau…

-Mmh ? l'interrogea-t-il du regard, n'ayant pas encore remarqué qu'elle avait ouvert son paquet.

 

Il avisa alors la licorne qui reposait entre ses mains et sourit.

 

-Ce n'est qu'une pâle imitation, ma mère aimait leur histoire, les histoires de licornes, je veux dire. Mon père lui en a sculptée une pour la demander en mariage. Je l'ai brûlée pour qu'ils l'emmènent avec eux dans l'au-delà.

-Tu en re-sculpte une ?

-Oui … Je me suis dit que tu aimerais peut-être plus qu'un dragon …

-Elle est pour moi ?, sourit-elle un peu plus.

-Oui, enfin quand je l'aurais terminée … c'est la troisième que j'entame … j'ai cassé les autres au niveau de la corne … C'est moins évident que ce que je ne pensais. Je voulais te l'offrir pour te remercier de ton accueil.

-Ce n'est pas une bonne raison, je préfèrerais que tu me l'offres parce que tu tiens à moi ? murmura-t-elle.

 

Il reposa la statuette sur la table et la prit dans ses bras … plaçant sa tête contre sa poitrine … et ne dit rien … pour lui ça n'était pas nécessaire.

-0-0-0-

Le chasseur de sorciers acheva de regarder autour de lui … A part le fait que cet endroit était exceptionnellement calme … il n'y avait rien de particulier dans cette vallée … à part une impression étrange de calme … mais aucune trace de magie … Si seulement il avait remarqué les créatures magiques qui l'observaient apeurées… les esprits de l'eau, ceux des arbres et des fleurs … même l'esprit du vieux Talièsin semblait effrayé et se replia pour cacher l'ouverture de la caverne aux cristaux.

 

Pourtant Areydian était incapable de déceler les indices qui indiquaient les beautés créées par la magie et nées de ses enfants. Il ne voyait que de la végétation informe … et ne visait que les endroits susceptibles de cacher un homme … mais rien ne montrait le passage d'un réfugié en fuite … 

 

-Ça suffit … il n'est clairement pas ici … contournons les Montagnes blanches et interrogeons les frontaliers au royaume de Carléon !

 

Les soldats acquiescèrent silencieusement et se hâtèrent de quitter les lieux … qui les mettaient clairement mal à l'aise.

-0-0-0-

Il avait fini par s'asseoir et lui avait montré comment il terminait la petite licorne … Sous son regard, il s'était montré plus patient et avait su graver le tortillon de la corne sans la casser cette fois … , il avait dégagé les jambes arrière et la queue en la taillant si subtilement qu'on aurait dit que le vent la faisait bouger.

 

Hunith croisa les bras sur la table et posa son menton dessus pour mieux admirer l'ouvrage réalisé … Elle était impressionnée … Jamais elle n'aurait su faire ça … Balinor la regarda admirer son œuvre et se sentit empli de fierté. Il s'était rarement senti aussi heureux en faisant quelque chose pour quelqu'un. Sa mère avait le même regard quand elle regardait son père … de la fierté … et autre chose qu'il n'avait jamais su définir mais qui était définitivement différent de la tendresse qu'elle mettait dans ses regards lorsqu'elle s'occupait de lui. Maintenant, il comprenait … Il n'était jamais aussi heureux que lorsqu'il la voyait sourire … ou le regarder ainsi. Il secoua la tête et se rapprocha d'elle.

 

-Je suis content qu'elle te plaise, souffla-t-il.

-Je l'adore, merci, sourit-elle, les yeux brillants de joie. Que vas-tu faire des autres ?

-Je ne sais pas … je les fais quand je m'ennuie pour me vider l'esprit… sans raison particulière … enfin … sauf …

-Celui-ci, pour moi … murmura-t-elle.

 

Elle la toucha du bout des doigts comme si elle avait peur de le briser, puis la ramena plus près de ses yeux … pour en admirer tous les détails. Elle en caressa les courbes et finit par aller chercher un châle blanc entièrement recouvert de dentelle qui se trouvait au fond de sa malle. Elle l'en enveloppa délicatement et Balinor la regarda la cacher consciencieusement afin de la mettre à l'abri.

 

-Tu préfères la cacher ?

-J'aurais trop peur de la casser en faisant le ménage … Je la sortirais au moment des fêtes, pour décorer … Elle est tellement belle, merci encore.

 

Et elle courut le rejoindre pour déposer un rapide baiser sur le bord de sa bouche … baiser qui se fit plus entreprenant, une fois qu'il la saisit par la taille pour la ramener contre son torse. Sans même qu'ils ne se rendent compte ils finirent sur le lit, alors que les couvertures qui lui couvraient les épaules tombaient par terre.

 

 

À suivre

 

Avis :  Ah oui … moi je reste très prude … pour le reste vous pouvez imaginez non ? Ça me dérange pas d'en lire … mais je me sens pas apte à en écrire. Lol


abeilledic  (16.02.2012 à 19:49)

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