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Again.. and then one more time

Série : Merlin (2008)
Création : 01.06.2012 à 14h33
Auteur : Hecate 
Statut : Terminée

« L’expression : ‘Les jours se suivent et ne se ressemblent pas’ ne s’applique pas forcément… Au plus grand damne d’Arthur.  » Hecate 

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Chapitre 11.

 

 

 

Arthur arriva expressément dans les appartements de Gaius, sans s’annoncer, comme il l’avait fait ces… derniers mêmes jours. Il déposa les pieds de Merlin doucement sur le sol, le prit par les épaules et le força à s’assoir sur le tabouret juste à côté, lançant un « Assis. Tu ne bouges pas. Tu ne parles pas ! ».

 

 

Le Roi se redressa, se redirigea vers la porte d’entrée, bloqua le verrou, prit l’un des bancs juste derrière lui, ainsi qu’une chaise, puis un petit meuble en bois, une armoire, une étagère et une malle extrêmement lourde,  et s’en servit pour barricader l’ouverture. Il fit enfin demi-tour et se retrouva en face de deux têtes décomposées et statiques le fixant étrangement.

 

 

-          «  C’est juste pour m’assurer qu’on ne soit pas dérangé ! » Lança le Souverain en guise de piètres explications.

-          « …Bien sûr » Répondit le médecin toujours immuablement figé d’incompréhension.

-          « Gaius, il va falloir me croire sur parole … » Commença Arthur en se  dirigeant vers Merlin «  … Ce que je vais vous dire va paraitre très… improbable… mais c’est la vérité !» Lança-t-il en faisant mine de chercher quelque chose dans les appartements.

 

 

Le jeune magicien grimaçait, tout en fixant son ami tourner autour de lui.  La façon dont il se comportait ne lui laissait présager rien de bon. Ses craintes se confirmèrent lorsque son Souverain s’accroupit en face de lui, une mine faussement infirmée, les yeux fixes, un sourire à demi-mesure masqué par une grimace non dissimulée, et un mouchoir de tissus dans chaque main. Il eût juste le temps d’entendre un « Désolé Merlin mais je ne peux pas te laisser écouter ce que je vais raconter ! » Avant de sentir les deux fichus s’enfoncer dans ses oreilles nonchalamment. Il voulut protester mais son ami lui fit un signe négatif de la tête, accompagné de ses yeux autoritaires, pour l’en dissuader. Il n’entendait plus qu’un bourdonnement sourd en fond sonore, à son plus grand désarroi et dépit.

 

 

Le tocsin se mit alors à sonner mais Arthur n’en fit aucun cas. Il cria juste un «  Qu’on nous laisse en paix, c’est un ordre ! » Au garde qui n’avait même pas encore frappé à la porte. Il se retourna alors vers Gaius qui n’avait pas bougé d’un pouce, ce dernier toujours solennellement inquisiteur et perturbé.

 

 

-          «  Bien ! Reprenons !

-          … Parce que nous avions commencé quelque chose Sire ?

-          Oui hier, et avant-hier et le jour encore avant… mais vous ne vous en rappelez pas parce qu’en fait c’était aujourd’hui… »

 

 

Le médecin fixa son monarque totalement perdu, la bouche ouverte comme si les mots lui manquaient… quoi ?

 

 

-          « Donc voilà, pour faire court : je revis cette journée, encore et encore… et encore, sans que je ne puisse l’arrêter. C’est la faute de ce spectre, ou je ne sais quoi, que nous avons croisé avec Merlin dans cette grotte, cet Ankou… c’est un collecteur d’âmes et lorsqu’il l’a touché la première fois, il l’a condamné à la mort dans les vingt-quatre heures qui suivent, c’est à dire aujourd’hui. Seulement la première fois que Merlin est … mort, j’ai brisé le bâton de ce ‘sorcier’ en deux en essayant de le tuer, et comme c’était l’objet qui lui permettait de contrôler le temps, j’ai bloqué le cours de l’histoire…. Je me réveille donc tous les jours le même matin en espérant trouver une solution qui me ferait passer à demain sans que cet idiot ne meure, car cette journée damnée se termine inexorablement par sa perte… !»

 

 

Arthur inspira grandement, essayant de reprendre une respiration normale après la tirade qu’il venait de faire d’un trait.

 

Gaius le regarda un moment, perplexe. Mais il semblait évident que le jeune Souverain savait des choses que lui ignorait et que son histoire, aussi étrange soit elle, expliquait le comportement et les connaissances subites du Roi.

 

 

-          « Si ce que vous dites est vrai…

-          Ça l’est Gaius, je peux vous le jurer… sur la tête de Merlineuh mauvaise idée.

-          …Combien de boucles temporelles avez-vous subi Sire ?

-          Je ne sais pas, j’ai perdu le compte ! » Déclara Arthur en avançant vers le médecin « Mais hier, j’ai trouvé quelque chose dans l’un de vos ouvrages qui pourrait nous aider, mais je n’ai point eu le temps de l’exposer… Merlin a…enfin il est …avant que … vous comprenez ?

-          Je crains que oui Monseigneur… » Fit tristement Gaius en regardant son pupille, toujours assis sur son tabouret, fixant intensément les deux hommes. « Si nous revivons cette journée et que la mort de Merlin en est la finalité, pourquoi ne le mettez-vous pas au courant de l’affaire ?

-          Comment pourrais-je Gaius? Je l’ai vu mourir tant de fois, dans mes bras, de façon horrible, … rien que de le regarder me remémore à quel point ce fût douloureux … je ne peux pas,… je ne peux pas lui dire que cette journée sera la dernière qu’il aura, je ne peux pas lui avouer que je n’ai pas réussi à le sauver toutes ces fois, je ne peux pas le faire souffrir inutilement  en lui disant que la situation semble désespérée, je ne peux pas, tout simplement Gaius… je ne peux plus…» Finit Arthur en s’asseyant las et déprimé sur le petit banc.

-          « Je crains, Sire, que ce ne soit pas la réaction de Merlin face aux évènements qui vous perturbe le plus, je crains que ce ne soit la vôtre… »

 

 

Le Souverain releva la tête, pâle, apathique, il savait très bien ce que le médecin essayait de lui faire dire.

 

 

-          « Vous avez peur de faire ressentir à Merlin à quel point vous tenez à lui lorsque vous allez lui annoncer qu’il va peut-être mourir… vous ne supportez pas sa détresse et vous ne supportez pas l’idée de le perdre… »

 

 

Arthur resta silencieux. Evidemment qu’il ne voulait pas le perdre, mais il était le Roi et lui, était son servant. Pourquoi était-ce aussi compliqué d’admettre que cet idiot, ce gringalet de serviteur, ce piètre valet de chambre, ce maladroit rouspéteur, était en fait le plus proche ami qu’il n’ait jamais eu, le plus loyal, le plus sincère, … probablement même le plus sage, plus qu’un conseillé, plus qu’un ami, presque un frère en somme. … Non, définitivement, inévitablement, il ne pouvait pas le perdre… mais de par sa fierté royale, il ne pouvait pas non plus lui avouer.

 

 

-          «  Je pense qu’il est plus juste d’admettre  que vous ne voulez pas lui dire et non que vous ne pouvez pas… » Continua le vieil homme en étudiant le comportement de son Souverain. «  Vous ne lui accordez que peu de crédit, je suis persuadé que Merlin peut nous aider à régler cette… situation… »

 

 

Arthur se leva et se retourna pour faire face à son serviteur qui continuait inlassablement à les fixer, essayant probablement de décrypter les mots sur leurs bouches. Il afficha malgré lui un sourire dépité, comment pouvait-il donner du crédit à cet idiot alors qu’il ressemblait à un chiot abandonné avec ses deux mouchoirs qui pendaient de ses oreilles ?

 

 

-          « Vous pensez réellement que lui dire qu’il va mourir est une bonne idée Gaius ? » Lança le Roi accentuant chaque mot en regardant toujours Merlin, incertain de cette décision.

-          « QUOI ? COMMENT CA JE VAIS MOURIR ? »

 

 

‘Oh, non, il avait finalement réussi à lire sur ses lèvres’.

 

 

-          « JE VEUX SAVOIR CE QUI SE PASSE !

-          Arrête de hurler Merlin…

-          QUOI ?

-          Je disais… arrête de hurler.» Souffla Arthur en retirant les tissus des oreilles de son ami.

 

 

Les deux jeunes hommes se fixèrent un instant avant que les yeux du magicien se fassent plus persistants indiquant : ‘Alors ? j’attends !’, répondu par une grimace royale énonçant : ‘Euh, je ne sais pas par quoi commencer et de toute façon je n’en n’ai aucunement envie’.

 

C’est Gaius qui prit donc la parole, voyant que les deux garçons étaient en conflit silencieux.

 

 

-          « Merlin, je crois qu’Arthur et toi ne soyez dans un pétrin monumental, mon garçon…

-          Pour changer …

-          Oui, mais cette fois la situation est délicate.

-          Parce que je … meure ? C’est bien ce que vous avez dit … Monseigneur ! »

 

 

Le sus nommé ne put qu’acquiescer d’un hochement de tête, ne pouvant sortir le moindre mot, déviant son regard de celui de son servant comme si de rien était, feintant son inquiétude.

 

 

-          « Il semblerait, selon Arthur, que nous revivions perpétuellement la même journée et qu’à la fin de cette dernière tu … enfin tu… » Continua Gaius voyant que son Souverain restait toujours muet.

-          « Oui, j’ai compris l’image ! » Lança Merlin en déglutissant avec sonorité. Difficile à croire cette histoire de revivre le même jour, mais il avait tout de même cette impression de déjà-vu lui-même et il n’avait jamais vu Arthur dans cet état de délabrement, donc il pouvait bien lui laisser le bénéfice du doute « Euh comment ?... enfin je veux dire comment c’est possible ?

-           Ankou ! » Répondit promptement le Roi, mais toujours en évitant le regard de son ami.

-          «  L’homme que nous avons croisé dans la caverne hier ?

-          Oui, celui-là même…

-          Mais…

-          C’est un collecteur d’âmes et en te touchant il t’a condamné à mourir dans les vingt-quatre heures qui suivent. » Lança Arthur d’un ton qui se voulait aussi détaché et désintéressé que possible.

 

 

Merlin se crispa et prit le temps de digérer la nouvelle, il allait effectivement mourir, et dans pas longtemps visiblement.  Il essaya de capturer le regard de son ami pour savoir ce qu’il pouvait bien ressentir mais les yeux de son Roi restaient désespérément fuyants.

 

 

-          « De toute évidence cet homme portait un bâton… » Intervint Gaius qui, lui aussi, avait du mal à maitriser la détresse qui s’échappait des deux hommes.

-          « Oui je m’en souviens, il était gris avec une pierre d’onyx en haut. » Marmonna le jeune magicien, fixant le sol à présent, comme si tout le poids du monde venait de lui tomber sur les épaules.

-          « Visiblement Arthur l’a brisé et c’est ce qui a déclenché cette ‘boucle’ temporelle. » Continua le tuteur qui commençait ses recherches parmi ses ouvrages.

-          « Je ne me souviens pas que vous l’ayez rompu …» Lança Merlin en relevant la tête vers son Souverain.

-          « Je ne l’ai pas brisé quand nous étions dans cette grotte. C’est arrivé lorsque … lorsqu’il est apparu la deuxième fois…

-          Vous voulez dire la première fois que je suis mort, c’est ça ? » Demanda Merlin, un peu dépassé par les évènements, mais vraiment curieux de savoir toute la vérité.

 

 

Seulement son ami ne put répondre, sa gorge était inévitablement nouée par ses souvenirs insupportables. Il préféra tourner totalement le dos à son valet faisant semblant de ne pas avoir entendu sa dernière phrase.

 

 

-          « Ça ne sert à rien de regarder dans ce livre Gaius…il n’y a aucune information pouvant nous aider dedans ! Changement de sujet : réussi. » Fit le Roi en refermant le dit bouquin des mains du vieil homme «  En revanche j’ai trouvé un texte entier relatif au contrôle du temps, …ce dont j’ai essayé de vous parler tout à l’heure…, et il y avait la gravure de ce fameux bâton à l’intérieur…

-          Vous souvenez-vous dans quel ouvrage c’était ?

-          Hé bien, nous avons entièrement lu ceux de cette étagère, ainsi que… celle-ci … » Exposa Arthur en recherchant sur les différents étalages «… C’est celui-là ! Quatrième étagère, sixième livre !»

 

 

Le médecin resta coi devant la dextérité soudaine de son jeune monarque. Il se retourna néanmoins pour attraper l’ouvrage sur la pointe des pieds. Merlin rejoignit les deux hommes qui commençaient expressément à feuilleter le bouquin.

 

C’est à ce moment que quelqu’un frappa à l’entrée et se cogna vraisemblablement sur la porte barricadée.

 

 

-          « Plus tard Gwen ! » Lança le Souverain qui ne prit même pas la peine de lever les yeux du l’ouvrage, continuant de le feuilleter avec acharnement.

 

 

Gaius et son pupille se fixèrent un moment, perplexes.

 

 

-          « Là ! C’est celui-là, j’en suis sûr ! » S’écria Arthur en montrant le dessin du bâton au médecin.

-          « Il est noté : ‘sceptrum oberour ar maro’ : le sceptre de l’ouvrier de la mort. » Traduisit le vieil homme d’un ton grave avant de continuer « Conçu au temps de l’ancienne religion, orné d’un cristal de Neahtid …

-          Le cristal de Neahtid est blanc, et la pierre sur le bâton était noire, j’en suis pratiquement certain… »  Intervint Merlin en écoutant attentivement son tuteur.

-          « Mais il semblerait que la pierre ait été chauffé, la rendant noir d’onyx… » Continua Gaius dans sa lecture.

-          « On sait donc comment l’Ankou pouvait contrôler le temps, la pierre de Neahtid est réputée pour son pouvoir magique sur le passé, le présent et le futur… » Marmonna le jeune magicien soucieux.

-          « Mais je croyais que ce cristal se trouvait ici, à Camelot, dans les coffres du château. Mon père l’avait confisqué pendant la grande purge, et récupéré depuis cet incident avec Alvarr (*). Est-ce possible qu’un morceau de cette pierre ait été utilisé pour fabriqué le bâton ? » Demanda Arthur un peu perdu.

-          « Je ne pense pas.» Répondit le médecin suspicieux « Il existe une grotte à l’intérieur même de la vallée des rois déchus, elle y contient un nombre indéchiffrable des ces cristaux, très peu ont eu la chance de voir cette caverne… » Finit-il en ce tournant vers Merlin, qui lui, avait eu cette ‘chance’ (**), si on pouvait dire.

-           « Il en existe donc plusieurs ? » Marmonna Arthur pensif « Donc ça peut effectivement être cela… » Reprit-il « Mais puisque c’est cette pierre qui a les pouvoirs du contrôle du temps, je ne vois pas en quoi le fait de briser le sceptre a pu abimer le cristal?

-          Je crains que le pouvoir de la pierre ne soit lié par un enchantement avec le bâton lui-même, donc si le sceptre est cassé, le temps se dérègle inévitablement… » Annonça Gaius, en regardant son pupille s’assoir démoralisé sur l’une des chaises juste derrière lui.

-          « Comment fait-on pour le réparer alors ? » Insista le Souverain irascible.

-          «  Hé bien le bâton a été assemblé par magie donc je crains qu’il n’y ait que la magie qui puisse le reforger… »

 

 

Il y eût un silence lourd de sens, pesant sur les épaules des trois hommes, épuisés et découragés.

 

Arthur commença à marcher de long en large, faisant les cent pas, sa main sur sa bouche, comme à chaque fois qu’il réfléchissait ardemment, juste avant de prendre une décision importante.

 

 

-          « Dans ce cas, je crois qu’il ne me reste plus qu’une seule chose à faire : … apprendre la magie ! » Lança le Roi sûr de lui, une mine sérieuse et rassérénée, en hochant les épaules.

 

 

Et Merlin tomba de sa chaise. ‘Qu’est-ce qu’il vient de dire là ?’

 

 

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(*) Épisode 2x11.

(**) Épisode 3x05.


Hecate  (01.06.2012 à 15:22)

Chapitre 12.

 

 

 

Le magicien resta un moment au sol, posa ses mains au niveau de ses oreilles pour s’assurer que les mouchoirs étaient bien retirés et qu’il avait bien ‘capté’ les dernières paroles de son Roi. Il se releva, fixa son ami et ne put s’empêcher de lancer un  « Quoi ? » d’incrédulité qui brisa le silence d’étonnement.

 

 

-          « Tu m’as très bien entendu Merlin, si c’est ce que je dois faire pour arranger la situation alors je le ferai… que ce soit par la magie ne changera pas ma décision. Mon peuple ne peut vivre éternellement le même jour et tu ne… enfin je ne peux pas…. Si la sorcellerie peut arranger ça, il n’y a pas de doutes à avoir !

-          Mais les lois de Camelot…

-          … Je les ai enfreintes plus d’une fois il me semble… et il est peut-être temps que j’en abolisse ou en créais d’autres… mais seul le temps me dira ce que je dois faire. Pour l’instant, l’important est de se sortir de cette boucle temporelle sans que tu ne meures…

-          C’est  pourtant bien vous, hier, qui m’avez dit, je cite :la sorcellerie est toujours prohibée dans ce royaume à ce que je sache !

-          Et j’ai également dit que c’était moi le Roi et que  donc c’était moi qui décidais !

-          Oui, je n’ai pas non plus oublié cette partie

-          Mais votre père, Monseigneur… » Commença Gaius pour être bien certain de  ce qu’il venait d’entendre.

-          Mon père a énormément souffert à cause de la magie, et moi également… mais peut-être était-il abusé par son tourment, refusant de voir qu’il pouvait exister également du bon dans chaque chose. … Je ne suis pas encore sûr que la pratique de la magie soit vraiment bénéfique, elle a créé tant de mal et tant de souffrances,… mais si elle peut me permettre aujourd’hui de faire ce qui est bien alors je n’hésiterai pas à m’en servir… pour mon peuple, pour Merlin… » Arthur prit les épaules du médecin qui semblait totalement abasourdi « Je ne suis pas mon père Gaius. Je sais que vous entreteniez une relation particulière avec lui et que vous l’avez suivi dans chaque décision qu’il prenait… . Je vous demande aujourd’hui d’en faire de même avec moi, et d’avoir confiance en moi. 

-          J’ai toute confiance en vous Sire.  J’aimerais seulement que vous soyez absolument certain de la décision que vous prenez !

-          Je le suis. »

 

 

Merlin en avait les larmes aux yeux ; Il se retourna promptement afin de cacher l’émotion que ces dernières paroles venaient de susciter en lui. Il sortit cependant de sa torpeur lorsque des hommes se mirent à hurler dans le couloir, suivis d’aboiements étranges.

 

Arthur haussa les épaules.

 

 

-          « C’est rien ! Mes chiens se sont échappés !... Merlin tu ne t’approche pas de la porte, sous aucun prétexte ! ».

 

Le jeune magicien fixa son ami incrédule, en fait il ne voulait pas savoir….

 

 

-          « Bien, comment procédons-nous alors ? » S’enquit Arthur décidé, ne faisant pas cas du brouhaha extérieur.

-          «  Hé bien dans un premier temps il faut trouver un sort qui relie les éléments, pour que les deux morceaux du spectre ne fasse plus qu’un…

-          D’accord, où est-ce qu’on peut trouver un sort comme celui-là ? » Continua le Souverain en se tournant dans l’appartement sans vraiment savoir quoi chercher.

 

 

Gaius se mit à grimacer, il ne pouvait dire que cet enchantement se trouvait vraisemblablement dans le livre personnel de magie de son pupille. Il fixa Merlin lui demandant de l’aide de ses yeux éprouvés.

 

 

-          «  Probablement dans un ouvrage traitant des éléments fondamentaux… » Sortit le jeune magicien toujours confus « J’en ai justement un dans ma chambre ! » Fit-il en lançant un sourire béat, innocent.

-          «  … Sur les éléments fondamentaux ? Qu’est-ce que tu fais avec ce genre de livre dans ta chambre, Merlin ? » Lança Arthur, désavouant que son jeune ami pouvait, après tout, être cultivé.

-          «  Gaius me l’a prêté … car il pense qu’il pourrait m’être utile pour… euh…

-          …Pour m’aider dans certaines recherches médicales »  S’interposa le physicien qui voyait bien que le jeune homme s’embourbait dans ses explications.

 

 

Comme d’habitude, Arthur ne fit pas plus de cas de ces éclaircissements et continua sur sa lancée.

 

 

-          « Bien, dans ce cas vas le chercher !

-          Peut-être serait-il plus sage de le laisser rechercher le sort pendant que nous trouvons un moyen de le libérer de son trépas inévitable ? » Lança Gaius qui ne pouvait permettre que son pupille ne ramène en fait, pas un livre basique mais son livre de magie, sous les yeux du Roi. Trop tôt.

-          « Oui, effectivement, il faut se partager les tâches !... Dans ce cas, ne ferme pas la porte Merlin, et reste bien visible ! » Gronda le Roi en regardant partir son servant vers sa chambre «  Et surtout ne touche pas à ta chandelle ! »

 

 

Merlin grimaça une fois de plus et se hâta dans la petite pièce du fond. Il attendit qu’Arthur eût le dos tourné un court instant pour récupérer hâtivement son livre caché sous une lame de plancher, et commencer ses recherches.

 

 

Arthur lançait des coups d’œil permanents vers son servant qui lisait un énorme bouquin sur son lit. Mais qu’est-ce que c’était que ce livre, il ne l’avait jamais vu avant ?

 

 

-          «  Comment avez-vous appris toutes ces choses sur l’Ankou ? » Demanda Gaius, coupant volontairement la réflexion de son jeune Roi, qui avait la tête tournée vers la petite pièce du fond.

-           « L’ouvrage, près de la fenêtre, celui avec la rainure noire, tout y est noté… »

 

 

Le médecin se dirigea alors vers le lieu et empoigna le manuel pour commencer à le feuilleter.

 

 

-          « …Si vous arrivez à réparer le sceptre, le temps reprendra le court normal des choses, ce qui veut dire pas de retour en arrière possible ; si Merlin meurt, ça sera définitif cette fois… » Lança le vieil homme en s’arrêtant vers le milieu du livre, la page désirée étant  atteinte.

-          « Il faut donc trouver un moyen pour dissuader l’Ankou  de le tuer ?

-          Je crains que ça ne marche pas comme cela, Sire. D’après cet ouvrage, une fois que le collecteur d’âme touche quelqu’un, sa victime passe de vie à trépas dans les vingt-quatre heures qui suivent…

-           Je sais déjà cela,… mais peut-être y a-t-il un contre enchantement, quelque chose qui empêcherait Merlin de mourir inévitablement. »

 

 

Gaius tourna la page, continuant sa lecture avec entrain.

 

 

-          « Hé bien ce n’est pas très clair mais il est noté ici qu’un deuxième contact semblerait abolir le premier…

-          Donc si ce spectre retouche Merlin, l’heure de sa mort serait annulée, c’est ça ?

-          Je pense que oui, mais faudrait-il déjà convaincre cet individu de le retoucher…, d’après ce livre un Ankou ne revient pas sur ses actes, il a un certain nombre d’âmes à récolter chaque année et s’y tient obligatoirement.

-          Ce qui veut dire que s’il n’obtient pas l’âme de Merlin, il lui en faudra une autre à la place… » Lança Arthur étrangement pensif.

-          « N’y pensez même pas Sire!... Vous sacrifier ne fera qu’envenimer les choses… vous êtes Roi, vous ne pouvez pas ...

-          Je ne peux pas laisser Merlin mourir !

 

-          J’ai trouvé ! » S’exclama ce dernier en sortant hâtivement de la chambre un papier à la main, ne faisant aucun cas de l’attitude de ses deux comparses, n’ayant absolument pas entendu leur conversation « Ce sort va nous permettre de relier les deux morceaux du bâton ! »

 

 

Arthur dévia son regard autoritaire de celui de Gaius pour porter son attention sur le petit bout de parchemin.

 

 

-          « Fais voir ça ?! » Marmonna le Souverain en prenant le papier des mains de son servant.

 

 

Le médecin se rapprocha de son pupille, l’emmenant un peu à l’écart pour chuchoter à son oreille pendant que son souverain essayait désespérément de prononcer le sort.

 

 

-          « Arthur ne parviendra pas à reforger le sceptre par magie, il n’a aucune expérience…Et en plus on ne peut laisser le Roi de Camelot pratiquer de la sorcellerie !… c’est toi qui devra le faire… »

-          « Et comment je fais ça sans qu’il me voit alors que c’est lui qui aura les morceaux du bâton dans les mains ? » Bougonna Merlin aussi bas que son tuteur.

-          « Comment veux-tu que je le sache… je ne peux pas penser à tout, réfléchis Merlin, réfléchis ! » Grommela le vieil homme avant de reprendre place aux côtés du Roi, laissant le jeune homme totalement désœuvré.

 

-           Beb…bo de þe ar…ari san re fe… feo ormi …an » Bafouilla Arthur une énième fois essayant désespérément de lire l’enchantement.

-          « Ça se prononcerait plus ‘Bebeode þe arisan refeormian’,  je pense. » Lança le jeune magicien béat sans accentuer trop les mots pour que ses yeux ne scintillent pas couleur or à la diction du sort.

-          « Comment tu peux savoir comment ça se prononce Merlin, c’est à peine déchiffrable, ton écriture est à la hauteur de ta crétinerie… c’est presque illisible ! »

 

 

Merlin leva les yeux au ciel,  ‘tête de cuillère’, avant de reprendre la conversation.

 

 

-          « Oui, bref, comment s’y prend-on maintenant ? » Lança t-il occultant la remarque de son ami.

-          « Nous avons trouvé le moyen d’empêcher ta mort… » Gronda le Roi en regardant fixement Gaius le dissuadant de rajouter quoique ce soit. « Il nous reste donc plus qu’à localiser les deux morceaux du sceptre pour les … ‘recoller’ et à trouver le moyen de parler à l’Ankou avant que tu… enfin tu vois ? »

 

 

Merlin hocha la tête nonchalamment pour acquiescer. ‘Oui, oui, je vois très bien !’

 

 

-          « Comment ? Je veux dire comment allez-vous empêcher que je meure ?

-          Sans importance Merlin ! » Ronchonna le Souverain qui ne voulait pas aborder le sujet.

-          « Sans importance ? Comment ça sans importance ? J’ai le droit savoir sachant  que c’est quand même moi qui…

-          Fais-moi confiance ! »

 

 

Le jeune magicien grimaça, dépité. ‘Oh non, pas cette phrase !’

 

Arthur jeta un coup d’œil à Gaius pour l’inciter fermement à prendre la parole pour changer de sujet de conversation, ce que le médecin fit aussitôt non sans avoir quand même lancé au préalable un regard à son Roi, accentuant son désaccord face à la situation.

 

 

-          « Bien, … en ce qui concerne le bâton, je pense qu’il va apparaitre au moment et à l’endroit précis où vous l’avez brisé la première fois. L’objet lui-même étant coincé dans la boucle temporelle, il ‘revit’ également la même journée et donc réapparaitra au temps défini de sa rupture.

-          … donc la forêt d’Ascetir… » Marmonna Arthur presqu’à lui-même. « Mais comment fait-on pour faire apparaitre Ankou après ça ?

-          A quel moment le voyez-vous dans la journée ? Quand Merlin va mourir ou quand il est déjà mort ? » Demanda le médecin qui avait peur de la réponse.

 

 

Arthur réfléchit un instant, se remémorant toutes ces scènes horribles, non sans avoir dégluti difficilement « … Quand il est mort… » Murmura-t-il « Ce spectre ne vient qu’une fois que Merlin est totalement mort ! »

 

Le jeune magicien baissa les épaules, s’assit sur un tabouret, désespéré « Alors je vais mourir de toute façon… »

 

 

Le Souverain regarda impuissant son ami, la souffrance se lisant sur son visage blasé. Il doit bien y avoir quelque chose à faire ?

 

 

Gaius observait à tour de rôle son monarque et son pupille tristement, puis ses yeux se posèrent sur ses multiples fioles justes devant lui.

 

 

-          « J’ai peut-être une solution… » Lança-t-il hésitant.

 

 

Les regards des deux jeunes hommes se retournèrent vers le physicien.

 

 

-          « Si ce spectre ne vient uniquement que quand Merlin est mort alors il faut le faire mourir… momentanément je veux dire

-          Quoi ? » Lancèrent le Roi et son servant d’une même voix.

-          « Hé bien j’ai ici une potion qui arrête les battements du cœur, il suffit de donner une goutte de l’antidote pour les relancer…

-          La même potion que vous m’avez donnée, pour briser l’emprise de ce troll sur mon père ? (*) » Demanda Arthur sceptique.

-          « Non pas exactement. Celle-là ne vous emmenait qu’à la porte de la mort, votre cœur battait toujours mais au ralenti, ce qui vous donnait seulement l’apparence d’être réellement décédé ; Je pense que celle dont vous parlez ne dupera pas l’Ankou. En revanche, celle que je propose… hé bien, elle tue réellement la personne qui la boit, jusqu’à ce qu’on administre le contrepoison… à temps.

-          Combien de temps avons-nous pour donner l’antidote une fois qu’il l’aura bu ? » Fit le jeune Souverain un peu préoccupé de cette soi-disant solution.

-          « Très peu de temps, j’en ai peur,… quelques minutes, tout au plus ! Après je crains qu’il serait impossible de relancer le cœur… Il faut, en plus, un certain moment avant que le contrepoison ne fasse son effet…

-          Il faudrait pourtant connaitre un délai approximatif. Si j’arrive à reforger le bâton avec ce sort, il faut que je sois absolument certain que Merlin ne mourra pas en buvant cette potion… car cette fois ce sera définitif, c’est vous-même qui me l’avez dit Gaius !

-          Mais les effets du poison peuvent varier d’un individu à l’autre, le contrepoison devra être donné le plus tôt possible…

-          Ce n’est pas suffisant, c’est trop risqué ! » Hurla maintenant Arthur au bord de la crise de nerfs.

 

-          « J’ai bien une idée… » S’interposa alors Merlin, pas vraiment sûr de lui.

 

 

Le médecin et le Roi se retournèrent derechef vers le jeune serviteur qui grimaçait timidement.

 

 

-          « Je pourrais peut-être faire un essai ? » Marmonna ce dernier effarouché.

-          « Je te demande pardon ? » S’indigna Arthur, choqué par cette déclaration.

-          «  Hé bien, le temps que le bâton n’est pas réparé… vous revivrez cette journée donc il me suffit de…

-          Mais tu es totalement fou Merlin ! » Le coupa exacerbé son jeune ami  « Tu veux boire le poison pour voir au bout de combien de temps tu seras définitivement mort, sans que l’antidote ne puisse rien faire ?

-          C’est l’idée…oui….

-          Je savais que tu étais idiot Merlin mais pas un idiot suicidaire !! » Se mit à vociférer Arthur qui se passa maintenant les deux mains dans les cheveux, se retournant sur lui-même horripilé, exposant toute sa frustration.

-          «  Mais enfin c’est la seule solution pour connaitre le délai que vous demandez… Nous avons toutes les clefs en mains, il ne manque plus que ce détail…» Lança le jeune magicien, le regard intensément douloureux.

-          « Ce détail ? Ce détail ?! » Insista Arthur faisant maintenant de grands gestes des bras vers le plafond.

-          « … Il ne vous suffira que de compter à partir du moment où je prends la potion jusqu’au moment où vous vous réveillerez de nouveau. Ça vous donnera approximativement le temps à ne pas dépasser la prochaine fois pour me donner l’antidote.»

 

 

Un silence insoutenable s’installa de nouveau. Gaius savait que l’idée de Merlin était probablement l’unique solution pour assurer sa survie du ‘lendemain’. Seulement, au moment présent, il n’était pas réellement prêt à vivre sa mort en direct. Quant à Arthur, il restait paralysé d’effroi.

 

 

-          « Il n’y a pas d’autres choix et vous le savez… » Insista Merlin en se plaçant en face de son Souverain qui lui avait finalement tourné le dos.

 

 

Ils restèrent quelques secondes les yeux dans les yeux dans un silence contrarié avant que le jeune magicien ne tende sa main vers son tuteur. « Donnez-moi la potion Gaius !» Lança t-il sans quitter du regard son ami qui ne pouvait sortir le moindre mot. « Vous savez compter au moins ? » Fit-il sarcastiquement à son Roi, un sourire déconcertant comme à son habitude,  en ouvrant la petite fiole avant qu’il ne la porte à sa bouche et ne la vide d’un trait.

 

 

-          « Merlin… !!

-          A demain… » Répondit l’intéressé dans un dernier souffle.

 

 

Les effets se firent ressentir automatiquement.

 

Arthur encercla Merlin de ses bras au moment où il s’écroula. Il ne sentait déjà plus son cœur battre. Le poison était horriblement efficace. Il ne lui restait plus qu’à attendre de se réveiller de nouveau. Et même si le plus tard serait le mieux, lui indiquant qu’il aurai un temps suffisant pour le sauver le lendemain, les minutes qui passèrent lui semblèrent un véritable cauchemar vivant. Gaius n’avait pas bougé, droit comme un piquet, attendant probablement la fin de cet enfer. Arthur, lui, restait assis par terre, serrant le corps sans vie de son ami, sans le quitter  des yeux à son tour, comptant inlassablement dans sa tête. ‘Je vais me réveiller, je vais me réveiller, je vais me réveiller…’

 

 

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-          « Debout là-dedans ! »

 

 

‘…moins de cinq minutes…’

 

 

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(*) Épisode 2x06.

 


Hecate  (01.06.2012 à 15:26)

Chapitre 13.

 

 

 

-          « Debout là-dedans ! »

 

 

‘…moins de cinq minutes…’

 

 

Arthur ouvrit les yeux, fixa le plafond, sans un mot, sans un geste, sans expression sur son visage, juste ce regard, intense et perdu à la fois.

 

 

-          « Inutile de geindre Arthur, c’est vous qui m’avez demandé de vous réveiller avant les premières lueurs du jour…Vous ne vous en prenez donc qu’à vous-même si vous pensez que votre temps de sommeil ait été limité…C’est tout de même vous qui souhaitez aller chasser cet homme à cette heure des plus matinales…. »

 

 

 

Pas de réponse. En fait pas le moindre grognement, gémissement, plainte, pas le moindre murmure, pas le moindre son, venant de ce lit à baldaquin. Rien.

 

 

-          « Arthur ? » S’enquit alors le valet, voyant que son ami avait les yeux ouverts mais ne ronchonnait pas de son habituelle royale mauvaise humeur matinale. « Est-ce que tout va bien ? 

-          Si tu savais que j’allais mourir Merlin, utiliserais-tu la magie pour me sauver sachant qu’il n’y aurait que cette solution pour le faire ? » Lança le Roi calmement sans détourner son regard du plafond.

 

 

Merlin laissa échapper son assiette de fruits sur le plancher, les yeux grands ouverts d’étonnement. ‘Qu’est-ce que c’était que cette question ?’

 

 

-          « Êtes-vous souffrant ? 

-          Tu n’as pas répondu …

-          Eh bien,… oui, je suppose,… vous êtes le Roi et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous protég… sauver. En fait je l’ai déjà fait un nombre incalculable de fois alors… question facile’… même si je me ferai couper la tête après coup pour avoir eu recours à la magie !

-          Mais si je n’étais pas Roi, si je n’étais qu’un… ‘serviteur’, le ferais-tu quand même ? » Demanda le jeune Souverain sans tiquer sur le coupage de tête précoce.

 

 

Question un peu plus difficile, Merlin avait toujours été guidé par sa destinée de faire d’Arthur le Roi qui unifierait Albion, mais au bout de ses nombreuses années il n’était pas devenu qu’un Roi, il était devenu son ami, un ami très cher, vraiment très cher… « Oui,… je pense que oui. » Finit-il par avouer sans vraiment savoir où cette pseudo conversation allait le mener.

 

 

-          « Et si c’était toi qui étais Roi et que je ne sois que ton valet, donnerais-tu ta vie pour me sauver ?

-          Mais enfin Arthur, qu’est-ce que…

-          Réponds simplement …

-          Je… euh… »

 

 

Le Roi se redressa alors et fixa son servant dans les yeux, ‘évidemment qu’il se sacrifierait pour lui…c’était Merlin’.

 

 

-          « Peut-être devriez-vous voir Gaius avant de … ? » Grommela le serviteur en voyant son ami aussi ‘étrange’.

-          « Oui ! Nous devons aller le voir, il faut que je récupère des potions avant qu’il ne parte ! » Lança soudainement Arthur en se levant hâtivement de son lit.

 

 

Il prit sa chemise sur la chaise, l’enfila expressément et s’approcha de Merlin d’un pas vif. Ce dernier, toujours confus par les paroles de son ami, sursauta et se retourna vers l’entrée en entendant la cloche d’alerte retentir brusquement. Il n’eût cependant le temps d’ouvrir la bouche qu’il se retrouva sur l’épaule de son Roi, comme un vulgaire sac à patates. Arthur ouvrit la porte et tomba nez à nez avec Sir Léon qui s’apprêtait à entrer.

 

 

-          « Je sais : Des morts, le sorcier, renseignements ! Prenez en charge le conseil Léon… je n’ai vraiment pas de temps à perdre !» Lança le Roi d’un pas alerte en s’éloignant du chevalier inquisiteur.

 

 

Ce dernier fixa son Souverain partir hâtivement sans avoir eu le temps de dire un mot, totalement abasourdi.

 

 

Merlin interrogea un certain nombre de fois son ami sur le ‘pourquoi est-ce qu’il courait ?’, le ‘qu’est-ce qu’il se passe ?‘ et le ‘pourquoi le portait-il ?’, sans pour cela avoir la moindre réponse d’Arthur, à son plus grand désarroi.

 

 

-          « Saviez-vous que j’ai appris à marcher à seulement 9 mois Sire ?

-          Comme c’est  intéressant… Oh mais j’y pense : la ferme Merlin ! »

 

 

 

Le jeune magicien se renfrogna, laissant ses bras ballants dans le dos de son Roi, totalement dépité.

 

 

Il ne resta pourtant pas longtemps dans cette position plus qu’inconfortable puisque Arthur se stoppa en bas du long colimaçon de pierre, hurlant le nom du médecin de la cour. Ce dernier, marchant vers la sortie du palais,  se retourna, soutenant son sac médical de sa main.

 

 

-          «  Monseigneur ? »  Lança le vieil homme en allant à la rencontre des deux jeunes garçons.

-          « Gaius…

-           Qu’a-t-il fait encore ?

-          Quoi ?

-          Hé bien en vue de l’heure matinale, la façon dont vous êtes…

-          Non, non, stop ! Il n’a rien fait, c’est juste une simple précaution pour qu’il ne … ! Bref, on ne va pas s’attarder sur le sujet. J’ai besoin d’une  potion… » Lança le Roi en déposant doucement les pieds de son serviteur au sol.

-          Cela ne peut-il attendre Sire, on vient de m’informer de plusieurs décès dans la ville basse, je dois m’assurer qu’il ne s’agit pas d’une…

-          Ce n’est pas une épidémie ! Mais si vous voulez y aller quand même faites comme bon vous semble, vous m’avez déjà  bien aidé; mais avant j’ai besoin de cette potion qui arrête les battements du cœur et du contrepoison qui va avec !

-           Je vous demande pardon ?

-          Faites-moi confiance Gaius…

-          Qu’allez-vous en faire, ce poison est à prendre avec d’extrêmes précautions !

-          Je sais, mais c’est la seule solution que nous ayons …

-          La seule solution à quoi ? » S’enquit le magicien totalement perdu.

-          « Plus tard Merlin, je te raconterai tout plus tard ! Pour l’instant j’ai besoin des potions ! Gaius ! » S’impatienta Arthur en montant le petit escalier menant aux appartements du vieil homme.

 

 

Une fois dans la pièce principale, le médecin fouilla sur sa table et récupéra une petite fiole sur laquelle une tête de mort y était dessinée, puis il s’avança vers son étagère où il en sélectionna une deuxième, cette fois-ci de couleur bleue cristalline. Il se retourna et tendit les deux petites bouteilles à son Roi dans un souffle.

 

 

-          « J’espère que vous savez ce que vous faites Arthur…

-          Pas vraiment… » Répondit ce dernier  en grimaçant « mais il faut que ça fonctionne, je n’ai que ça ! » Finit-il en se dirigeant vers la sortie.

 

 

Merlin suivit son ami, non sans avoir lancé un regard désappointé à son mentor inquisiteur. Sans un mot, il rejoignit Arthur dans le hall d’entrée qui semblait perdu dans ses pensées.

 

 

-          « Arthur ?

-           Prépare les chevaux Merlin, nous partons dans l’instant !

-          Bien.

-          Euh NON ! » Fit le Roi soudainement en reprenant ses esprits «  En fait je vais demander à quelqu’un d’autre de le faire…

-          Mais je peux tout à fait m’en occuper !

-          J’en suis sûr mais jouons la carte de la prudence… » Et Arthur remit son valet sur son épaule avant d’entamer le chemin inverse pour retourner dans sa chambre afin de se préparer à leur expédition  à venir « Evitons les risques inutiles ! J’aimerais en finir, une fois pour toute, aujourd’hui de cet aujourd’hui !

-          Hein ?

-          Ne cherche pas à comprendre Merlin, fais ce que tu fais le mieux : rien ! 

-          Mais… ?»

 

 

Arthur leva sa main, coupant l’intervention de son serviteur pour le dissuader de continuer sa phrase. Ce dernier souffla de dépit une fois de plus, contrarié. ‘Je sens que cette journée va être excellente’.

 

 

*****************************************

 

 

Les rayons du soleil commençaient à s’étendre doucement sur les terres gelées de Camelot, de ce long mois de décembre.

 

 

Arthur et Merlin trottaient doucement vers la forêt d’Ascetir. Il avait fallu au Roi un certain temps avant d’autoriser son valet à prendre son propre cheval et le laisser monter sur ce dernier. Le jeune magicien ne comprit pas réellement le comportement craintif et pour le moins tourmenté de son ami à son égard. Mais en aucun cas il ne voulait chevaucher sur la monture d’Arthur, avec Arthur. ‘Absolument hors de question !’.

 

Donc après un compromis futile, Merlin eût la permission de prendre et monter sa jument personnelle, avec tout de même un certain nombre de précautions pour le moins embarrassantes. Le fait qu’Arthur le soulève lui-même pour l’asseoir sur son animal avant de l’attacher pour le sécuriser faisait parti de l’une de ces actions préventives malaisées. Sans un mot du Roi, pour une éventuelle compréhension de son valet sur ses actes étranges, ils partirent tous les deux sous le soleil encore discret.

 

 

-          « Allez-vous rester tout le voyage… muet ? » Demanda Merlin après un bon moment de route dans un silence total.

-          « Tes babillages incessants compenseront largement ma faible élocution…

-          Vous ne voulez donc pas m’expliquer ce qui se passe dans votre tête de cuillère royale?

-          Non.

-          Ah. D’accord ! Parce que j’aurais pourtant quelques questions concernant vos agissements particuliers depuis votre réveil ce matin…

-         

-          Oui, euh, notamment sur … tout ! En fait tout ce que vous avez fait depuis que vous avez ouvert les yeux, sans parler de vos paroles, m’a semblé… enfin je dirais que c’était à la limite de …

-          Hé bien lance-toi Merlin…

-          … l’aliénation mentale !

-          Autre chose ? 

-          Vous m’avez dit que vous m’expliqueriez tout en temps voulu…

-          En effet.

-          Donc ?

-          Comme tu viens si bien de le dire Merlin, ‘en temps voulu’… et ce n’est pas le cas ! »

 

 

Devant le manque d’efficacité évidente de ses questions et de son ton sarcastique, le jeune magicien opta pour le regard persistant de ses yeux de chiens battu vers son ami non réceptif.

 

 

-          « Aurais-je dit ou fait quelque chose qui vous aurait contrarié Sire ? »

 

 

Au ton de sa voix, Arthur sut très bien que Merlin était passé en mode chiot abandonné, et qu’il le fixait de ses yeux bleus intenses et larmoyants. Il ne put s’empêcher tout de même de tourner la tête vers son serviteur, et ne put donc résister à cette expression désespérément attristée.

 

 

-          « Non, tu n’as rien fait …

-          Pourquoi ne répondez-vous pas à mes questions alors ?

-          Je ne peux pas… pas tout de suite…

-          Mais pouvez-vous au moins me dire où l’on va et à quoi va servir la potion que vous avez demandé à Gaius… ?

-          Si je te le dis, est-ce que tu cesseras de me poser toutes ces questions avec ce regard affligé ?

-          Quel regard affligé ?

-          Celui que tu as maintenant, celui qui te fait penser que je ne pourrai résister à te répondre…

-          C’est le cas ?

-          Oui ! Non ! Merlin !

-          D’accord d’accord, plus de questions et plus de regard affligé… Alors ?

-          Nous allons à la lisière de la forêt d’Ascetir… récupérer les morceaux d’un bâton que je dois absolument réparer…

-          Quoi ? Quel bâton ?

-          Celui du sorcier que nous avons croisé dans cette grotte.

-          Ankou ?

-          Oui.

-          Mais je ne comprends pas, pourquoi dites-vous ‘les morceaux’ ? Pourquoi seraient-ils dans la forêt d’Ascetir ? Et pourquoi voulez-vous de toute façon récupérer ‘des bouts’ de bâton ? » Lorsque Merlin vit Arthur serrer les dents et fermer les yeux, il grimaça, désolé « Trop de questions ?

 

 

Le Roi acquiesça d’un signe de tête nonchalamment.

 

 

-          « Et pour la potion alors ? » Continua le valet sans se dégonfler après un temps, plus que futile, de silence.

-          « Elle va me permettre d’attirer et faire apparaitre l’Ankou ?

-          Quoi ? Comment ça ? Comment une potion va faire apparaitre un sorcier ?

-           Parce que le sorcier en question n’en est pas réellement un, c’est un spectre qui récolte des âmes…

-          Mais comment pouvez-vous le savoir ?  Avez-vous fait des recherches ? Et pourquoi…

-          Merlin !

-          Ah oui, désolé, plus de questions… » Le jeune magicien se tût pendant quelques secondes mais après un temps excessivement court il reprit, sa curiosité l’emportant sur sa patience «  Mais quand vous dites que c’est un spectre qui récupère des âmes et que cette potion va vous permettre de l’attirer… vous voulez dire que vous allez utiliser ce poison pour tuer quelqu’un afin de faire apparaitre cet homme ?

-          Oui.

-          Quoi ? Qui ?

-          Toi. »


Hecate  (01.06.2012 à 15:29)

Chapitre 14.

 

 

 

Devant l’aveu de son ami, Merlin resta coi, la bouche ouverte, un mélange d’incompréhension, d’inquiétude, de colère mais surtout de tristesse. ‘Il n’avait pas réellement dit qu’il allait le tuer, si ?’

 

 

-          «  Vous dîtes ça pour me faire peur, n’est-ce pas ?

-          Non.

-          Vous voulez réellement me tuer dans le simple but de chasser un homme parce qu’il pratique la magie ? » Commença le jeune magicien, totalement abasourdi, ne pouvant contrôler son débit de paroles comme à chaque fois que sa nervosité l’emportait sur sa raison.

-          Merlin…

-          Oui, d’accord, il n’a pas l’air très amical, et peut-être qu’il tue des gens mais ça reste encore à prouver parce que jusque-là il n’y a aucune preuve de ce que vous avancez…

-          Merlin…

-          Après tout, on ne sait même pas où vous êtes allé chercher que cet ‘Ankou’ était un ‘spectre’ qui récoltait des âmes, franchement…

-          Merlin…

-          C’est insensé, vous vous réveillez et vous vous dites : ‘et si je sacrifiais ce pauvre Merlin dans le but d’assouvir ma vengeance contre la magie.’

-          Merlin…

-          J’arrive pas à croire que vous voulez me tuer, d’accord je ne suis peut-être pas le serviteur idéal, j’ai fait des erreurs mais j’ai toujours été là dans les moments les plus difficiles, et j’avais pensé qu’après ces années j’étais devenu… votre ami et…

-          STOP ! » Arthur souffla et prit une grande inspiration pour essayer de ce détendre « Tu as encore ce regard affligé Merlin…

-          Quoi ? C’est tout ? C’est tout ce que vous avez à dire ?

-          Non. Si tu arrêtais de te plaindre, tu remarquerais que j’ai demandé deux fioles à Gaius, une pour le poison et une pour l’antidote.

-          Alors quoi, vous voulez me ressusciter après m’avoir tué ?

-          Oui.

-          C’est… mieux. … Mais vous voulez quand même risquer ma vie pour …

-          Si tu veux tout savoir je le fais pour te sauver la vie au contraire ! D’accord ?… Je  te demande juste de me faire confiance Merlin… Et ce n’est pas la peine de me poser d’autres questions car je ne répondrai plus à aucune d’entre-elles, regard affligé ou non.

-          Mais…

-          Ça suffit, tais-toi,… nous sommes arrivés. » Fit Arthur en descendant de son cheval et délassant les sangles qui attachaient son servant à sa propre monture, mais  évitant soigneusement de croiser les yeux de ce dernier.

 

 

Merlin, toujours hors de lui, s’apprêta donc à descendre lui aussi de sa jument mais dans sa lancée il se prit le pied dans l’étrier et tomba la tête la première vers la roche. Il crut sa dernière heure venue mais des bras puissants le rattrapèrent à temps avant que sa tête ne heurte violemment la pierre.

 

-          « Tu ne peux pas faire attention Merlin ! Je n’ai pas fait tout ça pour que tu meures en tombant de ton cheval…. Tiens-tu réellement à la vie pour être si maladroit ? » Hurla Arthur en portant et serrant son ami contre lui, sentant que ses nerfs allaient lâcher de peur de perdre une fois de plus cet empoté de serviteur. « Quoi ? Qu’est-ce que tu regardes ? » Fit-il dans un souffle lorsqu’il vit les yeux de son ami le fixer étrangement.

-          « Vous pleurez ?

-          Non.

-          Pourquoi vos yeux brillent tellement alors ?

-          C’est le soleil, il m’a ébloui… ce qui n’est pas le cas de ta vivacité d’esprit, Merlin. »

 

 

Le Roi s’aperçut qu’il n’avait toujours pas relâché son étreinte de son servant, il s’éloigna alors avec hâte, l’air totalement imperturbable. « Pour l’amour de Camelot, fais attention où tu mets les pieds… et reste à côté de moi ! » Fit-il, faussement autoritaire, en avançant doucement à travers les arbres.

 

 

Le jeune magicien restait complètement perdu face au comportement de son Souverain, il ne comprenait plus rien et ne put que suivre ce dernier dans sa tourmente silencieuse.

 

 

-          « Ils ne devraient plus tarder maintenant. » Chuchota le Roi, après quelques minutes de marche, en prenant place derrière un fourré avec son valet, scrutant les alentours discrètement.

-          « Qui donc ?

-          Les mercenaires…

-          Hein ? Quels mercenaires ?

-          Ceux qui vont arriver…

-          Quoi ? …Mais ?... Qu’est-ce que… ?

-          La ferme Merlin, tu vas nous faire repérer !

-          Mais enfin il n’y a personne ici à par nous et… »

 

 

Arthur agrippa le bras de son valet et le tira avec lui au sol en entendant les multiples pas courir en leur direction. Il le fixa un moment, voyant que ce dernier grimaçait étrangement à l’approche des bandits.

 

 

-          « Quoi ?

-          J’ai cette impression…

-          Quelle impression ?

-          Je ne sais pas,… ces mercenaires, cette clairière, … déjà vu…

-          C’est ton imagination Merlin.

-          Peut-être mais...

-          Silence !» Le Roi mit alors promptement sa main sur la bouche de son valet « Surtout ne bouge plus. » Murmura-t-il à son oreille, lui encerclant la tête de son bras en voyant les bandits se rapprocher dangereusement.

 

 

 Des dizaines d’hommes armés passèrent juste à côté d’eux sans remarquer pour autant leur présence, à leur plus grand soulagement. Le jeune Souverain attendit patiemment plusieurs minutes après le passage des renégats, s’assurant que ces derniers soient à bonne distance et qu’ils ne reviendraient pas sur leurs pas pour les massacrer.

 

 

-          «  ou…ffez a...otr…ain…

-          Quoi ? » Demanda le Roi sans regarder son valet, scrutant les environs de son regard bleu, à l’affût du danger.

-          «  otr…ain !

-          Mais enfin qu’est-ce que tu d… ? » S’enquit Arthur tournant sa tête vers un Merlin incompréhensible. Se rendant alors compte qu’il n’avait pas encore relâché son emprise, il retira sa main hâtivement de la bouche de son ami. Oups.

-          « Vous m’étouffez avec votre main ! » Répéta Merlin, malgré le fait qu’il soit enfin libre, en prenant tout de même une grande inspiration.

-          «  Désolé…

-          Est-ce que vous allez m’expliquer ce qu’il se passe ? Comment saviez-vous que ces bandits passeraient par ici ?

-          La chance j’imagine… » Lança Arthur, désopilant, en se relevant doucement de derrière le fourré.

 

 

Merlin serra les dents devant la réponse non satisfaisante de son Roi, toujours allongé sur le sol rocailleux et terreux,  le regardant partir, furibond, vers la clairière, d’un pas assuré. Il le rejoignit, et l’attrapa par l’épaule pour le retourner face à lui.

 

 

-          « J’en peux plus…dites-moi ce qu’il se passe !

-          Au cas où tu ne le saurais toujours pas, c’est moi le Roi et c’est moi qui donne des ordres…

-          Oh, je le sais très bien, rassurez-vous !... Dites-moi ce qu’il se passe…Monseigneur ! »

 

 

Arthur sourit ironiquement, dépité. Merlin ne changerait jamais, toujours cette insolence et ce franc-parler qu’aucun autre valet n’oserait jamais utiliser… mais c’est ce qui le rendait si exceptionnel à ses yeux.

 

 

-          « Ca serait trop long à t’expliquer…

-          Ben j’ai tout mon temps moi !

-          Non, en fait tu n’as pas beaucoup de temps, et c’est bien le problème…

-          Encore une énigme… parfait ! » Hurla le jeune magicien en levant les bras au ciel.

-          « D’accord, d’accord, calme-toi, veux-tu ?

-          Que je me calme ? Que je me calme ?! Vous vous réveillez en marmonnant des questions étranges, vous ne me permettez pas de marcher tout seul dans le palais, vous demandez des potions à Gaius, dont je ne connaissais même pas l’existence, pour me tuer… et me ressusciter, vous me portez sur mon cheval et m’y attachez, vous réagissez comme si vous saviez d’avance ce qui va se passer, vous parlez de cet Ankou comme si vous le connaissiez parfaitement et vous dites des choses qui n’ont absolument aucun sens…

-          Ça y est, tu as fini ?

-          Non ! Pourquoi est-ce que …

-          Tu meurs Merlin !! » Cria Arthur, coupant la parole à son ami, en  lui prenant ses épaules d’un geste désespéré «  Je revis ce jour, encore et encore et il se termine inexorablement par ta mort ! » Finit-il, tremblant, en fixant son ami dans les yeux, la souffrance se reflétant dans son regard humide.

 

 

Merlin resta bouche bée. ‘Ça explique un certain nombre de choses en effet…’ Il garda son regard fixé dans celui de son Roi, il ne l’avait jamais vu aussi affecté avant.

 

 

-          « Mais… je… enfin…comment… ?

-          Je ne peux pas tout t’expliquer pour le moment, je te demande juste de me faire confiance et d’arrêter de me poser toutes ces questions… s’il te plait. » Fit Arthur doucement, en relâchant les épaules de son ami, et se retournant vers la clairière « Le bâton ne va probablement pas tarder à apparaitre, la bataille n’avait pas duré longtemps…

-          La bataille ? »

 

 

Arthur souffla dépité.

 

 

-          « Euh... je devrais peut-être me taire maintenant ? » Lança Merlin d’une grimace désolée devant son ami silencieux.

 

 

Le Roi ne tiqua même pas à la dernière remarque de son valet, il scruta le sol à la recherche des fameux morceaux du sceptre. Quelque minute plus tard, deux larges baguettes grises apparurent dans un rayon de lumière sur le sol de la clairière à seulement deux pas du Souverain qui s’agenouilla pour prendre les bâtons en main.

 

 

Il déglutit difficilement, tourna sa tête vers Merlin, le regarda étrangement puis inspira et expira bruyamment en remettant son attention sur le sceptre fracturé. Il allait commettre l’irréparable, enfreindre l’une des lois les plus importantes de son royaume, utiliser la magie. Pour Merlin et pour Camelot. 

 

 

-          « Beb…bo de þe ar…ari san re fe… feo ormi …an ».

Rien ne se produisit.

-          « Bebo de þe ar…ari san refe… o ormian! ». Réitéra Arthur en essayant une meilleure prononciation.

-          « Mais enfin, qu’est-ce que vous faites ? » S’indigna Merlin en entendant la pseudo formule des lèvres de son Roi « Vous énoncez un sort ? Vous faites de la… de la …magie ? 

-          Je n’ai pas le choix Merlin, c’est la seule solution…

-          Mais…

-          Fais-moi confiance ! Il faut que j’y arrive. » Et il retenta la formule, mais toujours aucun changement, toujours un sceptre… en deux morceaux.

 

 

Merlin n’en croyait pas ses oreilles, Arthur, Roi de Camelot, s’essayait à la magie. Contre toute attente il resta pétrifié… de bonheur. C’était peut-être le début de la fin des mensonges pour lui, peut-être qu’il était finalement en train de devenir ce Roi espéré, celui qui autoriserait la pratique de la magie, celui qui l’accepterait comme il était, sans peur de la potence. Il sourit timidement, perdu dans ses pensées, une larme futile lui coulant sur sa joue rosie. Seulement ses douces rêveries furent interrompues par le cri de colère d’Arthur qui n’arrivait pas le moins du monde à reformer le bâton malgré sa persistance à la diction du sort. Le sourire du servant se transforma alors vite en grimace lorsque la voix de Gaius s’insinua dans sa tête ‘Arthur ne parviendra pas à reforger le sceptre par magie, il n’a aucune expérience…c’est toi qui devra le faire…'

 

Pourquoi entendait-il cette phrase en pensée, son tuteur ne lui avait pourtant jamais dit ça ? En voyant son Roi ainsi hystérique, Merlin ne se posa pas plus de questions et se positionna rapidement juste derrière son ami.

 

 

-          « Je pense que vous devriez fermer les yeux pour vous concentrer et énoncer le sort plus fort !

-          Quoi ? Mais qu’est-ce que tu y connais toi en magie ? Je ne vois pas en quoi le fait de fermer les yeux et de hurler cette satanée formule magique va m’aider à reformer ce machin !

-          J’ai déjà vu des sorciers le faire… » Fit le jeune magicien sur la défensive.

-          « Comment ça ? Quels sorciers ? Tu connais des sorciers ? tu m’as caché des …

-          Non, non!  Je parle des sorciers que votre père a fait exécuter, certains d’entre eux avaient lancé des sorts et … » Essaya d’argumenter désespérément le serviteur s’enfonçant dans une parade sans queue ni tête.

-          « C’est bon, c’est bon, on n’a pas le temps de tergiverser là-dessus de toute manière, je vais le tenter à ta façon… ça ne coûte rien d’essayer… »

 

 

Arthur ferma donc les paupières, rassembla les deux morceaux du sceptre de ses mains et inspira grandement. Pendant ce temps, Merlin toujours dans le dos de son souverain, plaça sa main en avant et se concentra le plus possible attendant que son ami ne dicte la formule pour que lui-même puisse la chuchoter sans que son Roi ne l’entende.

 

 

-          « BEBE ODE BEA RI ISAN REFEO ORMIAN! » Hurla Arthur sans se préoccuper de son ami derrière lui.

-          « Bebeode þe arisan refeormian » Murmura alors Merlin exactement au même moment. Ses Yeux se tintèrent d’illumination d’or, et une lumière aveuglante jaillit, pour ensuite être  absorbée par la pierre noire au sommet du bâton, en quelques secondes.

 

 

Le sceptre était reformé. Plus aucune trace de fracture.

 

 

-          « J’ai réussi, oh regarde Merlin, j’ai réussi, j’ai ‘recollé’ ce satané machin… par la magie, j’ai réussi, c’est incroyable, j’ai réussi ! » S’exclama Arthur en se relevant d’un bond, le bâton à la main, la fierté s’imprégnant sur son visage jovial.

 

 

Seulement il n’eût aucune réponse de son ami qui se tenait pourtant juste derrière lui. Il se retourna alors pour comprendre le silence de son serviteur et se retrouva face à un visage livide.

 

 

-          « Merlin ? » Demanda-t-il inquiet.

-          « Qu’est-ce que c’est ?

-          Qu’est-ce que c’est quoi ?

-          Ces images… dans ma tête ? C’est horrible ! »

 

 

Le jeune magicien tomba à genoux et déversa le contenu de son estomac sur la terre brulée. Arthur se précipita à ses côtés, sans savoir vraiment quoi faire pour soulager son ami.

 

 

-          « Qu’est-ce que tu vois Merlin ?

-          Moi ! … Et je meurs, … de plusieurs façons différentes ! »


Hecate  (08.06.2012 à 13:51)

Chapitre 15.

 

 

 

Si Arthur ne voulait pas donner de détails sur tous ces derniers jours, la réaction de Merlin face aux évènements ne pouvait pas être plus accablante. Car en dépit du fait que le Roi se refusait à croire que son ami voyait dans sa tête ce qui s’était passé durant ces damnées mêmes journées, il était inéluctable que c’était pourtant le cas. Il les revivait en marche arrière et en accéléré, tout ce qui s’était déroulé dans les moindres détails, la souffrance morale, la douleur physique et la mort, inexorablement.

 

 

 

-          « Je ne comprends pas comment c’est possible. … C’est pourtant moi qui ai reformé le bâton, tu n’aurais pas dû être affecté de la sorte. » Commença le Souverain en posant sa main sur l’épaule de son ami au sol dans le simple but de le rassurer.

 

 

Le jeune magicien ferma les yeux douloureusement. Voilà donc la réponse. C’était lui, et pas Arthur, qui avait réparé ce satané sceptre et c’était donc lui qui avait subi les conséquences de la reprise ‘normale’ du temps.

 

 

 

-          « J’aurais jamais pensé prier pour ça un jour mais…Merlin s’il te plait, dis quelque chose ! » Continua Arthur fixant son serviteur horriblement muet.

 

 

 

Le valet secoua légèrement la tête comme pour s’enlever ces images de sa mémoire et essaya d’afficher une mine plus ‘vivace’. Pas probant. Il se releva, toujours un peu tremblant face à son ami, et reprit le contrôle de ses émotions, essayant par quelconque mimique faciale de détendre son Roi presque aussi pâle que lui.

 

 

 

-          « J’arrive pas à croire que vous m’ayez frappé…

-          Hein ? De tout ce qui s’est passé durant ces horribles mêmes jours, tu n’as retenu que le fait que… je t’ai frappé ? »

 

 

 

Merlin sourit franchement devant le comportement outré de son ami. L’inquiétude avait laissé place à l’offense car Arthur plongeait toujours la tête la première dans ses sarcasmes amicaux. Le fait était que le jeune magicien ne voulait en aucun cas faire transparaitre la détresse qu’il venait de ressentir en comprenant ce qu’il s’était passé pendant ces terribles dernières journées, et préférait amplement faire grogner le Roi plutôt que de l’apitoyer sur son propre sort. Et sa technique était infaillible, enfin avec Arthur du moins.

 

 

 

-          « Peut-être devrions-nous rentrer à Camelot maintenant que nous savons que le cours du temps est revenu à la normale…» Fit-il en commençant à repartir en sens inverse, innocent.

-          « Non ! On n’en a pas encore fini…

-          Arthur, … je pense que d’attirer un spectre, collecteur d’âmes, n’est pas réellement la meilleure des idées. » Finit le jeune magicien sur la défensive, se rappelant de leurs conversations des jours précédents et connaissant maintenant réellement leur ennemi commun.

-          « Si on ne le fait pas, tu mourras Merlin…

-          Mais ma vie ne vaut pas que vous preniez autant de risques, … cet Ankou tue des gens !... on ne peut pas lui faire confiance ;  Je ne pourrai  même pas vous défendre puisque je serai momentanément…mort.… Et s’il vous prenait pour cible ?

-          Ça n’arrivera pas. » Mentit Arthur en se retournant, faisant semblant de scruter les environs, dans le seul but de ne pas croiser le regard de son ami « En plus je me suis ... habitué à t’avoir dans mes pattes, et c’est extrêmement difficile de trouver un valet à moitié compétent, je pense t’avoir déjà dit cela…

-           Mais…

-          Pas de mais, rappelle-toi que c’est moi le Roi et donc c’est moi qui…

-          Décide ! Oui, j’aurais du mal à l’oublier ! » Céda Merlin en abandonnant sa fausse expression mortifiée.

 

 

 

Ils restèrent ainsi quelques secondes à se regarder. Merlin pouvait voir parfaitement l’inquiétude de son ami se dégager de ses yeux bleus clairs imposants… ainsi que sa détermination caractérielle. Il savait qu’il pourrait dire quoi que ce soit, Arthur ne changerait pas d’avis, c’était une vraie tête de mule royale et quand il décidait quelque chose, il s’y tenait inévitablement, … encore plus quand il s’agissait de vie ou de mort de l’un de ses sujets… et surtout de lui, semblait-il.

 

 

 

-           « Bien ! » Fit le jeune magicien qui déclara forfait «  Je crois, dans ce cas, qu’il serait temps de passer à la suite du plan avant qu’un faisan ne m’attaque lâchement et ne m’éventre ! » Lança-t-il ironique en essayant de trouver une manière de mourir aussi farfelue que de se faire dévorer par un chien, piétiner par un cheval ou empoisonner avec du safran… sans parler de l’auto-combustion par un sort raté.

 

 

 

Arthur reprit son teint livide en fouillant dans sa sacoche et ressortit les deux petites fioles qu’il toisa du regard. Il déglutit difficilement avant de remonter la tête à la recherche des yeux de Merlin, qui lui, restait droit comme un piquet, une expression moyennement décontractée sur son visage juvénile. La partie la plus difficile était à venir et Arthur, en tenant dans ses mains les deux bouteilles, se dit qu’il n’était, en fait, pas si certain d’y arriver. ‘Peut-être que Merlin peut échapper à la mort si je le protège ardemment ? Peut-être que ces potions ne sont pas nécessaires ? Et s’il s’était trompé et qu’il fallait lui donner le contrepoison plus tôt ? Et si ce spectre refusait sa proposition ? Et si…’ Les questions se bousculaient dans sa tête comme si l’espoir était devenu son plus grand ennemi.

 

 

 

-          « Si vous ne voulez pas ‘vous chercher un autre valet’, il est temps pour moi de trinquer.» Lança Merlin, une fois de plus le sourire aux lèvres, pour décontracter l’ambiance, en scrutant son Roi. Il reprit toutefois avec plus de sérieux. « Maintenant que le sceptre est réparé, vous passerez inévitablement à la journée de demain Arthur,… quoiqu’il arrive ! » Et par cela, il voulait dire ‘avec ou sans lui’.

-          Je sais… » Chuchota le Souverain qui comprit immédiatement l’allusion.

 

 

 

Merlin restait dubitatif. Il savait que prendre cette potion était un grand risque, mais ses chances de survie, malgré qu’elles soient minces, étaient plus grandes que de rester sans rien faire, car de toute façon c’est la mort qui remporterait le jeu, quoiqu’il se passe, avant la fin de la journée. Mais quelque chose n’allait pas dans la façon d’agir d’Arthur, pourquoi ne lui donnait-il pas tout simplement la potion pour en finir une fois pour toute. Après tout, plus ils attendaient et plus les risques d’accidents malencontreux étaient grands. Il avait beau chercher dans ses souvenirs confus, Merlin n’arrivait pas à comprendre ce qui ‘clochait’. Il fronça les sourcils lorsqu’il se rendit compte qu’en fait il ne savait pas vraiment en quoi le plan consistait. Il savait seulement qu’il devait prendre le poison pour arrêter les battements de son cœur, le rendant mort aux yeux de l’Ankou pour l’attirer, et qu’Arthur devait lui donner le contrepoison en un temps record pour éviter qu’il ne meure définitivement. Mais entre les deux prises de potions, il ne savait pas du tout ce qu’il devait se passer, il ne savait pas comment Arthur empêcherait ce spectre de récolter son âme malgré tout. Et ça, ça n’était vraiment pas bon signe.

 

 

 

-          « Comment allez-vous faire ? Je veux dire quand je serais ‘potentiellement’ mort, quel est le plan pour convaincre Ankou de me laisser tranquille ? Vous avez dit hier,… enfin hier d’aujourd’hui, enfin … bref ; vous avez dit que Gaius et vous, aviez trouvé le moyen d’empêcher ma mort… Allez-vous menacer ce spectre ? De quelle manière ? Allez-vous le tuer ? Est-ce possible… ?

-          C’est sans importance Merlin. » Le coupa le Roi qui commençait à s’agiter aux nouvelles questions de son ami. Il n’avait plus le choix, il fallait essayer et suivre le plan, lui donner la potion… et maintenant, avant que cet idiot ne comprenne réellement ses intentions.

-          « Oui, c’est ce que vous avez dit la dernière fois, … et par pitié ne dites pas ‘fais-moi confiance’. »

 

 

 

Le Souverain sourit légèrement énonçant sans conteste le ‘fais-moi confiance’ sans qu’il n’ouvre le moins du monde la bouche. Merlin souffla dépité. C’était lui qui sauvait la situation d’habitude, c’était lui qui protégeait Arthur, et pas l’inverse. Quelque chose n’allait définitivement pas, il avait ce mauvais pressentiment, comme si quelque chose lui échappait. Mais quoi ?

 

-          «  J’ai besoin de savoir ! » Lança Merlin sur les nerfs.

-          « Et j’ai besoin que tu prennes cette potion… » Répondit Arthur en tendant, cette fois, la fiole à son servant avec entrain, ne lui laissant guère l’opportunité de réfléchir d’avantage.

 

 

 

Lorsque le magicien vit que son Roi avait changé brusquement d’expression, qu’il se montrait pressant, il se dit que ce n’était peut-être pas une si bonne idée d’essayer de le sauver, son ami lui cachait quelque chose et ça n’annonçait, décidément, rien de bon. 

 

 

 

-          « Arthur, je comprends qu’après m’avoir vu mourir un nombre incalculable de fois, vous vous dîtes que vous n’avez pas vécu tout ça pour ‘prendre un autre serviteur’ en définitive mais …

-          Merlin s’il te plait…

-          Vous n’avez pas à me regarder mourir cette fois… demain sera un jour différent maintenant… et c’est ça le plus important … 

-          Arrête par pitié…

-          Repartez pour Camelot et laissez-moi ici… je me débrouillerai.

-          Tu te débrouilleras ? … Non Merlin, tu mourras !

-          Et ? Si ce n’était pas aujourd’hui ça aurait pu être demain…

-          Je ne peux l’accepter.

-          Il va pourtant le falloir ! Vous ne pouvez prendre des risques inutiles pour un serviteur, vous êtes Roi ! » Gronda le servant essayant  de pousser son ami à la colère dans le simple but qu’il le laisse à son propre sort, le protégeant ainsi une dernière fois.

-          « Tu es le plus lamentable valet qu’il n’est jamais existé à Camelot, le plus insupportable moulin à paroles que je connaisse, probablement même le plus pitoyable maladroit de tous les hommes sur ce royaume, sans parler de ton manque évident d’auto-préservation ! … Mais non Merlin, je ne te laisserai pas ici… et en aucun cas je ne te laisserai mourir ! » Vociféra Arthur fixant, éprouvé, son ami, les yeux luisants mais décidés. « Prends cette potion…maintenant ! 

-          Par pitié ne faites rien d’irréfléchi ! » Le pria le jeune sorcier qui avait toujours cet horrible mauvais pressentiment qui le rongeait de l’intérieur.

-          « Tu me connais Merlin…

-          Ben oui justement !

-          En fait c’était mieux quand tu ne te souvenais de rien de la journée précédente… » Marmonna le Roi en serrant les dents et en affichant un sourire forcé. « La potion… ! S’il te plait ?» Insista-t-il en avançant la fiole un peu plus vers son valet.

 

 

 

Merlin abdiqua définitivement et souffla bruyamment. Il obéit malgré tout et attrapa nonchalamment la petite bouteille dans la main d’Arthur. Il retira alors le minuscule bouchon de liège et afficha un sourire contrarié à l’adresse de son ami.

 

 

 

-          «  Si… si  ça devait mal se passer… si vous ne me donnez pas le contrepoison à temps ou si je mourrais de toute manière par n’importe quel moyen qu’il soit… j’aimerais vous dire que… que…

-          Arrête Merlin, tu veux ?! Je te rappelle que je …t’ai vu …mourir…plusieurs fois et je sais exactement ce que tu penses et ce que tu t’apprêtes à  me dire alors… » Arthur déglutit, sentant que ses joues commençaient à le bruler avec embarras « Juste… merci Merlin… 

-          Non, j’allais dire : ne prenez simplement pas un lèche-botte de valet pour me remplacer… ça ne ferait qu’accentuer votre crétinerie royale. » Sourit le jeune magicien en portant la fiole à ses lèvres.

 

 

Il n’avait, de toute manière, besoin de rien d’autre que de son regard pour exprimer ses sentiments et Arthur le ‘décryptait’ très bien.

 

Le Roi lui rendit alors son sourire, et son regard, puis afficha toutefois une fausse mine boudeuse devant l’habituelle injure, avant de reprendre avec pondération.

 

 

-          « De toute façon tu ne vas pas mourir, je vais m’en assurer Merlin. »

 

 

 

Et c’est bien ce qui me fait peur’. Le liquide âpre coulait doucement dans la gorge du serviteur, brulant férocement chaque paroi que le poison touchait inévitablement. Et c’est au moment où il sentit que ses membres l’abandonnaient, qu’il se rappela désespérément ce qu’il avait oublié, la chose qui le faisait douter, la réponse à son mauvais pressentiment, cette phrase, cette question, innocente mais cruciale dans la bouche de son ami, une simple demande d’Arthur à son réveil : ‘Et si c’était toi qui étais Roi et que je ne sois que ton valet, donnerais-tu ta vie pour me sauver ?’ À ce moment précis Merlin voulut crier mais aucun son ne pouvait plus sortir de sa bouche ; ses craintes étaient confirmées, il aurait dû insister d’avantage pour qu’il le laisse mourir définitivement, il savait maintenant que son ami allait marchander son âme contre la sienne. ‘NON !’

 

 

Une larme éphémère coula lentement le long de sa joue froide, une requête silencieuse à son Roi qui le fixait douloureusement; il était déjà trop tard, les battements de son cœur ralentissaient férocement, jusqu’à ce qu’enfin ils ne résonnent plus du tout dans sa poitrine.

 

 

Arthur ferma les yeux et encercla une fois de plus son compagnon éteint de ses bras puissants lors de son ultime souffle. Rien qu’à son dernier regard, encore embué, il savait que son ami avait compris ce qu’il s’apprêtait à faire ; Mais il lui devait bien ça… ‘Pour Merlin’.

 


Hecate  (15.06.2012 à 09:23)

Chapitre 16.

 

 

 

Il comptait déjà dans sa tête. Il n’avait pas beaucoup de temps. C’était le moment : le moment d’être digne, le moment d’être ce Roi fort et humble, le moment de donner sa vie royale pour préserver celle d’un simple sujet - enfin pas si ‘simple’ que ça - le moment qui prouvait à quel point Merlin était important pour lui…. c’était le moment, c’était… ce moment.

 

 

Lorsqu’il sentit le vent glacial caresser vicieusement ses cheveux blonds, Arthur comprit qu’il arrivait. La vieille charrette grinçait déjà dans ses oreilles tout comme les battements au galop de son propre cœur. Il déposa doucement la tête de son ami sur le sol, lui jeta un dernier regard affectif et se retourna pour faire face à son sombre destin. Il était là, toujours drapé de son linceul noir, l’air acariâtre et pernicieux. Cet homme, ce spectre qui avait chamboulé sa vie et celle de son servant.

 

 

Le Roi ne perdit pas une seconde de plus de ses regards acrimonieux, le temps filait déjà bien trop rapidement, et il ne pouvait gâcher ces quelques secondes à détester cette chose silencieusement.

 

 

 

-          « Retouchez-le et annulez sa mort ! » Lança-t-il autoritaire en pointant son doigt vers son servant.

-          « Pourquoi ferais-je cela… Monseigneur ?

-          Si vous le faites, je vous redonnerai votre bâton et vous pourrez repartir sans plus d’encombre de notre part.

-          C’est vous qui avez cassé mon sceptre, et c’est donc vous qui  êtes responsable de ce qui s’est passé… pas moi.

-          Vous avez pris Merlin pour cible au départ,… et je ne peux le permettre !

-          Mais c’est vous qui êtes venus dans ma caverne en premier lieu… » Répondit Ankou posément avec un léger sourire de ses lèvres noires.

-          « Nous ne savions pas que vous y étiez, et il n’a rien fait pour mériter ça !

-          Tout comme les autres âmes que j’ai récoltées, mais elles se trouvaient seulement aux mauvais endroits, aux mauvais moments… tout comme votre… valet.

-          Ce n’est donc qu’une question de … malchance ?!! » Hurla maintenant Arthur qui perdait patience.

-          «  La Mort réclame un tribut annuel, si le quota n’est pas atteint, c’est mon ‘travail’ d’assurer la remise en ordre des choses…

-          La remise en ordre ?!

-          Je n’ai que ce mois de l’année pour récolter le bon nombre d’âmes manquantes… heureusement pour vous, maintes  batailles et guerres ont largement contribué à la baisse significative de ce ‘manque’ cette année… » Lança le spectre en riant sournoisement cette fois.

 

 

Arthur serra les dents, la conversation ne menait à rien et le temps lui échappait inexorablement. Il sortit la deuxième fiole de sa petite sacoche, prêt à donner l’antidote à Merlin quoiqu’il se passe.

 

 

-          « Retouchez Merlin ou vous ne reverrez jamais ce damné sceptre !

-          Vos menaces sont totalement insignifiantes pour moi… Sire » Ankou releva légèrement la tête et en un claquement de doigts, le bâton… et la fiole… se retrouvèrent dans sa main alors que l’ouvrier de la mort faisait comprendre au Roi qu’il était totalement impuissant face à lui, de ses mimiques malsaines.

 

 

Arthur écarquilla les yeux en voyant ses mains vides et celles de son ennemi, comblées. « NON ! ».

 

 

-          « Vous n’avez aucun pouvoir sur moi, aucune influence, aucune autorité, pas la moindre aptitude de décision… vous n’êtes rien d’autre qu’un piètre mortel, donc rien qui ne m’affecte en somme… » Reprit le spectre d’un air malin, en s’approchant sournoisement du corps allongé. « Mais … merci d’avoir réparé mon sceptre…sans votre aide mon ‘commerce’ aurait sombré… » Fit-il ironiquement.

 

 

 

Arthur déglutit difficilement, l’espoir de sortir, Merlin et lui, indemnes de cette histoire, était réduit à néant. Il savait qu’il en arriverait là, même s’il avait essayé de marchander autre chose que son âme, il n’y avait plus que cette dernière ‘chance’ pour sauver son ami. Il ne restait plus qu’à espérer que ce ‘mort-vivant’ accepte l’accord qu’il allait passer.

 

 

 

-          « J’offre mon âme en échange de celle de Merlin ! » Lança-t-il promptement en se plaçant entre l’Ankou et son servant.

-          «  Hé bien, hé bien, hé bien… quel sens du sacrifice pour un simple… valet !

-          Il est aussi mon ami et m’a déjà sauvé la vie. C’est le moins que je puisse faire pour lui…

-          Comme c’est ‘majestueux’ de votre part … Mais il  m’appartient désormais !

-          Je suis Roi, mon âme doit probablement valoir bien plus que celle d’un… serviteur ! » Arthur avait eu du mal à sortir cette phrase, car en aucun cas il ne pensait qu’un homme valait plus qu’un autre uniquement parce qu’il était né noble ou non. Même s’il adorait rabaisser Merlin de n’importe quelle façon qu’il soit, lui prouvant en définitive qu’il lui portait de l’attention, il croyait en l’égalité. Mais au moment présent, ses convictions n’apporteraient rien d’autre que l’effet inverse de ce qu’il désirait.

-          « Seulement l’âme de ce servant n’est peut-être pas aussi anodine que vous semblez bien le reconnaitre…

-          Quoi ?

-          Peut-être que ce jeune homme a plus d’importance que vous ne pouvez le penser… » Lança le spectre qui savait depuis le début que Merlin était un sorcier… et peut-être même un puissant.

-          « Evidemment qu’il en a, sinon je n’échangerais pas ma vie contre la sienne ! Mais vous devez  admettre que mon âme serait une belle prise, bien meilleure que celle-là… » Continua le Roi sur un ton qui se voulait arrogant. Il prit tout de même une grande inspiration, affichant sans conteste son impatience et son inquiétude face à la stressante situation. Le fait était que le temps continuait de courir et il ne restait plus qu’un très court instant avant que Merlin ne soit mort définitivement et que ce spectre ne lui dérobe son âme.

-          « Je dois admettre que votre offre m’est alléchante. Vous êtes Arthur Pendragon, Souverain de Camelot, le Roi qui est destiné à unifier Albion… »

 

 

Le Roi qui est destiné à quoi ? ’. Arthur grimaça, il ne comprenait rien aux divagations de l’Ankou. Il avait pourtant déjà cru entendre Merlin lui susurrer qu’il serait un jour un grand Roi, au futur prometteur. Mais avec sa ‘sagesse’ maladroite, son ami n’avait fait que le réconforter durant un moment difficile. Il secoua la tête, effaçant les multiples questions qui commençaient à émerger dans son esprit et reprit plus décidé que jamais.

 

 

 

-          « Si je suis destiné à devenir ce grand Roi dont vous me parlez, le poids de mon âme n’en est que plus  enrichi ! » Reprit-il sans vraiment savoir de quoi il parlait.

-          En effet… » Acquiesça l’Ankou d’un mouvement de tête sommaire, perdant légèrement son sourire narquois devant cette offre, il pouvait bien l’avouer, très intéressante.

-          « Bien, dans ce cas… marquez mon âme, laissez celle de Merlin, et ensuite quittez les terres de Camelot ! …Ceci est ma dernière offre ! » Lança Arthur droit comme un piquet, aussi autoritaire qu’un Roi ne pouvait l’être. « … Que répondez-vous ?!... J’attends ! »

 

 

 

Ankou se redressa haineux et malveillant, laissant entrapercevoir pour la première fois ce visage osseux d’homme putréfié. Arthur déglutit une fois de plus en apercevant la face infâme du spectre qui le toisait avec dédain. Ce dernier avança d’un pas et cracha un « J’accepte ! » d’un sourire machiavélique.

 

 

Arthur s’écarta alors rapidement d’un pas tremblant sur le côté pour laisser le chemin libre, vers Merlin, au collecteur d’âmes. Le temps arrivait à son terme pour donner l’antidote à son ami avant qu’il ne passe définitivement dans les ténèbres.

 

 

-          « Retouchez-le… tout de suite! » Pressa-t-il en montrant Merlin du doigt, une fois de plus.

 

 

Le spectre s’accroupit alors, s’aidant de son bâton, tourna son regard perfide vers le corps inanimé sur le sol et posa sa main sur le front du jeune magicien. Ce dernier resta tragiquement immobile même si Arthur avait eu l’impression que ses joues avaient rosies légèrement.

 

 

-          « Redonnez-moi la potion maintenant… » Lança-t-il, regardant son ami allongé.

-          « Bien… Monseigneur… » Répondit ce dernier pernicieux en se relevant, un rictus des plus funestes sur son faux visage d’homme. « Tendez votre main … » Fit-il en souriant.

 

 

Plus moyen de revenir en arrière. C’était le moment.

 

Le Roi savait qu’en prenant la fiole, l’Ankou toucherait sa main et que sa mort serait alors programmée prématurément. Un pacte avec le diable pour lui, un soulagement divin pour Merlin.

 

Il obtempéra et tendit le bras devant lui.

 

Les yeux fixés sur le capuchon noir du linceul qui ondulait aux aléas du vent glacial, Arthur regarda s’approcher le spectre qui semblait flotter tel un fantôme au ralenti. Il ferma alors les yeux au moment où la petite bouteille toucha sa paume, et sentit à ce moment précis que son sang se figeait dans ses veines lorsque les doigts du collecteur d’âmes frôlèrent sa peau blanche. Il referma puissamment sa main sur la fiole comme pour s’assurer qu’elle ne lui échappa pas une deuxième fois et tomba à genoux, tremblant sous la douleur glacée, le souffle court, au bord du malaise.

 

 

 

-          « Profitez des quelques heures qui vous restent… Monseigneur ! » Lança alors le spectre, dont le sourire noir aurait pu faire trembler la mort elle-même.

 

 

Arthur releva la tête, les yeux emplis de haine.

 

 

-           « On se reverra bientôt… très bientôt ! » Finit Ankou en s’évaporant avec sa charrette, son bâton solidement ancré dans son poing osseux.

 

 

 

Le roi posa alors ses mains au sol, rabaissa la tête, sur le point de vomir trippes et boyaux devant la nausée qui l’habitait. Mais son regard se fixa aussitôt sur le corps inanimé à quelques pas de lui. Il se hâta pour se rendre aux côtés de Merlin, faisant abstraction de son mal-être. Ses doigts semblaient être pris de frénésie et il eût du mal à faire ressortir le petit bouchon de liège qui était solidement enfoncé dans le goulot de la fiole au creux de sa paume gelée. Il versa alors, toujours chancelant, les quelques gouttes du liquide bleu cristallin dans la bouche semi-ouverte de son serviteur et attendit impatient que les effets tellement désirés se fassent ressentir.

 

 

Seulement son ami restait horriblement immobile, pas de signe de réveil, pas de signe de respiration, pas de signe du tout.

 

 

-          « Non, non, il restait du temps… je t’ai donné l’antidote dans les tempsAllez !… Allez Merlin fais un effort, reviens… » Lança-t-il la voix tremblante, en posant ses mains sur les épaules de son serviteur.

 

 

Mais là encore rien ne se produisit. Le jeune magicien restait impassiblement mort.

 

 

-          « Ne me fais pas ce coup-là Merlin,  je t’interdis d’abandonner, je n’ai pas fait tout ça pour que l’on meure tous les deux, tu m’entends ! » Hurla-t-il maintenant, en secouant le corps maigrichon telle une marionnette « Je te préviens que même dans l’au-delà, tu n’auras de repos qu’au pilori que j’aurais monté spécialement pour toi! Reviens ! C’est un ordre espèce d’idiot écervelé maladroit ! Si tu crois que je vais te laisser mourir pour que tu te tournes les pouces en enfer… ! » Arthur frappa une énième fois sur le buste de son valet de ses poings et  posa ensuite son oreille sur sa poitrine, priant de pouvoir entendre les battements de son cœur. « Allez quoi, vas-y, traite-moi d’abruti, d’andouille, de tête de cuillère, de tout ce que tu veux… mais pour l’amour de Camelot, Merlin, je t’en prie, dis quelque chose, reviens… » Finit-il, suppliant, en posant son front, cette fois, effondré, sur le bras de son serviteur, essoufflé de sa tentative de refaire battre ce cœur terriblement inerte. ‘Je vais me réveiller… c’est ça, je vais me réveiller et refaire ce jour de nouveau…’. Il avait eu beau fermer les yeux, il restait inévitablement éveillé, à genoux près de son ami, mort, sur cette terre brulée.

 

 

C’est lorsqu’Arthur se laissa alors aller à ses propres larmes d’abandon, qu’il sentit la chaleur du bras de son ami irradier son visage. Il releva la tête, l’espoir se marquant sur ses yeux cernés, et fixa intransigeant le visage de Merlin. L’antidote n’avait pas un effet immédiat, il lui fallait quelques secondes pour agir mais Arthur avait malencontreusement oublié ce détail…

 

 

Le jeune mage bougea alors ses lèvres confusément pour laisser passer le faible souffle chaud d’une respiration timide. Ses paupières restaient fermées mais les battements de son cœur pouvaient se faire ressentir sous la main du Roi que ce dernier avait posé expressément sur son buste, pour s’assurer que la faible pulsation était réelle. Merlin était vivant, Dieu merci il était vivant.

 

Arthur souffla bruyamment dans un franc sourire, comme s’il venait de retenir sa respiration pendant un temps infiniment long, et ses larmes de terreur se transformèrent en perles de soulagement. Il avait finalement réussi, il avait réussi à le sauver…

 

En voyant bouger son ami plus ardemment, le Roi s’empressa de sécher ses joues, en aucun cas il ne devait faire voir à son serviteur à quel point il avait été affecté par sa ‘presque’ mort. Il posa sa main dans son dos pour l’aider à se redresser.

 

 

La vue de Merlin était encore floue et son anhélation brulait ardemment ses poumons mais contre toute attente … il respirait.  Il avait l’impression qu’une masse d’armes se baladait dans sa tête et qu’un cheval piétinait sa cage thoracique, mais ce n’était rien en comparaison à ce froid glacial qui irradiait son dos. Ce froid qu’il avait justement déjà ressenti comme si son sang s’était gelé dans ses veines, ce froid qui cette fois ne venait pas de son propre corps… mais de la main d’Arthur, posée entre ses omoplates. Il se redressa alors derechef faisant complètement abstraction de sa faible condition physique et fixa son Roi dans les yeux. Il était vivant  … et c’était bien le problème. Le fait qu’il soit toujours en vie et que son ami soit si froid ne signifiait qu’une chose.

 

 

 

-          « Qu’avez-vous fait ? Oh non, … qu’avez-vous fait ?! »

 


Hecate  (22.06.2012 à 08:48)

Chapitre 17.

 

 

 

-          « Qu’avez-vous fait ? Oh non, … qu’avez-vous fait ?! »

 

 

Merlin fixa son ami droit dans les yeux, sa respiration le faisait souffrir mais pas autant que cette sensation terrifiante qui lui susurrait qu’Arthur avait commis l’irréparable.

 

 

 

-          « Respire doucement Merlin, calme-toi ! Tu vas nous faire un malaise si tu continues à t’agiter comme ça…

-          Je n’ai pas l’intention de me calmer ! Dites-moi ce que vous avez fait !

-          Je t’ai sauvé la vie… et je crois que ça vaut un merci, tu ne penses pas ?

-          Non ! Vous avez échangé votre âme contre la mienne, n’est-ce pas ?

-          Ne sois pas ridicule Merlin. J’ai échangé… son bâton… contre ta vie ; …car elle ne vaut pas bien plus que cela… » Minauda le Roi en souriant, faussement indifférent.

-          « Mensonge ! Il n’aurait jamais accepté…. Et pourquoi êtes-vous tellement glacé alors ?

-          Je te rappelle que nous sommes au mois de décembre… le mois le plus froid de l’année ? ça te dit quelque chose ? Cette potion n’a pas pu endommager ton cerveau plus qu’il ne l’est déjà tout de même…

-          Arrêtez vos sornettes, voulez-vous ! Vous êtes gelé ! Tout comme je l’étais quand cet Ankou m’a touché la première fois et qu’il a marqué mon âme… ! »

 

 

Arthur ne répondit pas cette fois et dévia son regard des yeux horrifiés de son servant, il se releva pour partir en sens inverse, vers leurs montures.

 

 

-          «  Comment avez-vous pu faire une chose aussi stupide ! » Hurla alors Merlin colérique et désespéré.

-          « Je te demande pardon ?! » S’indigna maladroitement le blond en continuant sa marche, évitant soigneusement de regarder en direction de son ami qui le suivait, hors de lui.

-          « Vous êtes Roi ! Vous avez un devoir envers votre peuple ! Comment avez-vous pu l’abandonner comme cela ! Je croyais que Camelot passait avant tout… ?

-          S’en est assez Merlin ! » Vociféra Arthur en s’arrêtant net cette fois, réellement irrité par les propos de son valet. « J’ai fait ce qui était juste ! Mon peuple va pouvoir passer à la journée de demain ! Et il va survivre ! Cet Ankou ne reviendra plus ‘collecter’ des âmes sur mon royaume… Tu n’es plus en danger … et c’est le principal !... Maintenant rentrons ! »

Et le jeune Souverain reprit sa route d’un pas assuré sans un coup d’œil à Merlin qui s’était stoppé,  tristement immobile derrière lui.

 

 

*****************************************

 

 

Le voyage du retour se fit dans un silence exaspérant. Arthur avait chevauché rapidement, s’assurant de prendre une longueur d’avance sur le cheval de son ami dans le simple but qu’ils ne se retrouvent pas côte à côte. Merlin ne risquait plus rien après tout, il n’avait plus besoin de le surveiller constamment de peur qu’il ne meure à tout moment.

 

 

Le soleil commençait à s’affaiblir derrière l’horizon brumeux de cette fin d’après-midi lorsque les deux cavaliers aperçurent enfin les murs du château de Camelot.

 

 

Une fois arrivé dans la grande cour royale du palais, le Roi descendit rapidement de sa monture et se dirigea vers les escaliers d’entrée sans se retourner. En aucun cas il ne pouvait défier le regard de son ami. Il savait ce que son serviteur pouvait ressentir, il savait que son ami avait compris ce qu’il avait fait, son sacrifice. Mais il ne pouvait se confronter à lui, à sa douleur, à son désespoir. Il ne l’avait pas sauvé pour le voir souffrir, même si c’était moralement cette fois. Il préférait amplement fuir plutôt que de voir une fois de plus un regard abattu et accablé sur ce visage meurtri. Et le fait de l’ignorer était peut-être injuste mais c’était pour le moment la seule solution à son propre mal-être.

 

 

Merlin était partagé entre l’envie de hurler de désespoir ou pleurer de colère. En voyant Arthur monter quatre à quatre les marches du palais sans même lui lancer un regard, il comprit à quel point il était douloureux d’attendre que la mort ne vienne chercher un être cher sans qu’on ne puisse rien y faire. Il avait ce nœud dans sa gorge et cette boule dans son estomac qui accentuaient grandement sa culpabilité et son impuissance. Il descendit à son tour de sa jument et se tint debout aux pieds des escaliers.

 

 

 

-          « Arthur ! » Cria-t-il dans le simple but que son ami lui porte la moindre petite attention.

-          « Je te laisse ta soirée Merlin, vaque à tes occupations. » Lança le Roi d’un ton indifférent, ne daignant même pas se retourner.

 

 

Et il disparut derrière la grande porte du château.

 

 

Le jeune magicien resta debout, dans la cour, pendant plusieurs minutes, désespéré à regarder ces marches abandonnées et cette porte vide. Il ne pouvait se résoudre à accepter qu’Arthur ne meure. Il n’avait que quelques heures et il devait les utiliser à bon escient.

 

 

*****************************************

 

 

Le jeune Souverain avait traversé couloirs et corridors d’un pas pressé, comme si le fait de courir pouvait empêcher la culpabilité de le rattraper. Lorsqu’il comprit qu’il était en fait seul, que personne ne le suivait, que Merlin n’était pas derrière lui, comme il l’était d’habitude, il se stoppa, la respiration courte. Il posa sa main sur le pilier à sa gauche de l’allée qui l’emmenait à ses appartements, le prévenant du malaise que son corps semblait ressentir. Il se laissa alors aller contre le mur froid impassible juste derrière lui, accola sa tête et leva les yeux vers ce haut plafond à la recherche de réconfort, soupirant bruyamment. Après ces mêmes journées cauchemardesques, il avait réussi à sauver son ami, remis en route le cours du temps et empêché ce spectre de s’en prendre d’avantage à son peuple, alors pourquoi se sentait-il aussi mal ? 

Il fût interrompu dans sa réflexion lorsque des pas délicats résonnèrent non loin de lui. Il tourna alors la tête pour  apercevoir Guenièvre, avancer en sens inverse de sa propre marche de départ.

 

 

 

-          « Arthur ? Vous semblez soucieux ? Que se passe-t-il ? Où est Merlin ? » Demanda-t-elle à son Roi en voyant ce dernier seul, et d’une pâleur extrême.

-          « Il est… il va bien ! » Finit-il par souffler dans un sourire à mi-mesure.

-          « Je vous ai vu partir tous les deux ce matin, sans un mot de votre part…

-          Oui excuse-moi Gwen…

-           Vous n’avez pas à vous excuser. Seulement j’étais horriblement inquiète. Avez-vous appris pour les décès dans la ville basse ce matin ? …  Certains pensent que c’est le sorcier que vous avez croisé dans cette grotte qui est responsable de la mort des paysans… juste en les touchant… c’est insensé ! J’étais terrifiée à l’idée qu’il vous arrive quelque chose… à vous ou à Merlin ! Cet homme l’a touché hier et j’avais peur qu’il lui arrive la même chose qu’aux villageois…

-          Ce ‘sorcier’ ne causera plus de problèmes, à personne… je m’en suis occupé … et Merlin est …hors de danger…

-          Pourquoi avez-vous l’air si triste alors ?

-          Tu n’as pas l’air toi-même en grande forme Gwen… » Fit Arthur expressément, cherchant à éluder la question.

-          « Non en effet. J’étais en compagnie de cette femme qui perdu son mari ce matin. Elle avait besoin de réconfort, et je me suis sentie responsable de la soutenir dans cette épreuve…

-          Tu as un grand cœur Guenièvre… ne change surtout pas. » Lui susurra le Roi en caressant sa joue froide.

-          « J’ai compris alors à quel point il était important de profiter des gens que l’on aime le plus, de profiter de l’instant présent avant qu’un malheur nous surprenne et nous les enlève à jamais… »

 

 

 

Sur cette remarque, Arthur eut un déclic. Il regarda intensément la jeune femme dans les yeux et la prit par la main pour l’emmener devant sa porte de chambre à seulement quelques pas maintenant.

 

 

 

-          « Arthur ? Que faites-vous ? » Demanda alors son amie en le suivant, étonnée.

 

 

Le Roi se stoppa, la main sur la poignée, l’autre dans le dos de son amante, la rapprochant inexorablement prés de lui. Il l’embrassa fougueusement en ouvrant la porte de ses appartements avant de la tirer à l’intérieur avec lui.

 

 

 

-          « Je profite de l’instant présent ! » Lança-t-il en l’enlaçant impétueusement une seconde fois, avant de refermer la porte derrière eux.

 

 

*****************************************

 

 

Merlin avait pris le chemin de retour vers le laboratoire de son mentor d’un pas las. En ouvrant la petite porte en bois, il découvrit Gaius assis sur un banc, feuilletant sommairement un livre, comme il avait l’habitude de le faire lorsque qu’il devait l’attendre d’un retour incertain. Un moyen comme un autre pour un vieil homme de calmer son inquiétude grandissante.

 

 

 

-          « Merlin, mon garçon, mais où diable étais-tu donc ? » S’empressa le médecin en se levant et en prenant le jeune homme dans les bras.

-          «  Avec Arthur… nous sommes allés à la recherche de ce ‘sorcier’…

-          J’étais terriblement inquiet, est-ce que tu vas bien ?

-          Je n’en suis pas sûr » Répondit le jeune homme, les yeux larmoyants « Il a … il va…

-          Assieds-toi, veux-tu ! Tu vas t’écrouler… » Lança le tuteur en emmenant son pupille par le bras pour l’asseoir sur le petit banc tout près d’eux. « Que s’est-il passé ?

-          C’est une longue histoire Gaius mais pour faire court, Arthur s’est sacrifié … pour moi…

-          Quoi ?

-          Il a échangé son âme contre la mienne…

-          Je ne comprends pas Merlin, de quoi est-ce que tu es entrain de parler. Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’âmes ?

-          Je ne peux pas vous expliquer maintenant, mais je dois trouver le moyen de sauver Arthur, et je n’ai que quelques heures pour le faire… » Lança le jeune magicien en se relevant d’un coup de son assise comme si une lumière venait de s’allumer dans son cerveau. « Je dois y aller… » Finit-il en passant expressément la porte de la chambre dans l’autre sens.

-          Merlin ? » S’enquit alors le vieil homme en regardant perplexe partir de nouveau son pupille, sans plus d’explications pour le rassurer.

 

 

*****************************************

 

 

Le jeune magicien avait quitté la citadelle et courrait à présent dans les bois sous une lune pleine, éclairage authentique et spontané dans ce bois vicieux. Il déambulait à perdre haleine sans se soucier des brindilles qui lui effleuraient le visage, ou des pièges naturels que pouvaient offrir une forêt si dense. C’est lorsqu’il jugea être assez loin dans sa course qu’il récita, hurlant cet appel, la convocation à son aide la plus précieuse. « O drakon, e male so ftengometta tesd  ‘hup’ anankes… »

 

 

Il se stoppa alors dans cette clairière qu’il ne connaissait que trop bien, patientant de l’arrivée tant désirée de cet ami particulier. Il n’attendit pas longtemps avant que le vent artificiel produit par des ailes de grande envergure n’ébouriffe ses cheveux et ne lui pique les yeux. Le dragon se posa alors devant Merlin, faisant trembler la terre sous son poids. Kilgharrah regarda le jeune homme droit dans les yeux, sachant pertinemment que le dernier dragonnier avait besoin de son aide.

 

 

 

-          « Que me vaut ce ‘plaisir’ jeune sorcier ?! » Marmonna la voix caverneuse de la créature.

-          « Arthur… il est en danger…

-          Oserais-je dire que cela devient une habitude chez lui ?!

-          Mais cette fois c’était pour me protéger… c’est à cause de moi !

-          Ce n’est pas non plus surprenant…

-          Il y a cet Ankou… ce collecteur d’âmes qui m’a pris pour cible. Ensuite Arthur a brisé son bâton qui lui servait à contrôler le temps et nous sommes tombés dans une sorte de boucle temporelle où je mourrais à la fin  de chacune de ces journées. Et il n’y avait que la magie pour reforger ce sceptre et … Arthur, il a essayé de réparer le bâton tout seul et … » Merlin n’arrivait plus à s’arrêter, cette histoire le consumant de l’intérieur.

-          « Viens-en aux faits, jeune sorcier… » Gronda le dragon qui avait du mal à suivre son jeune ami.

-          « Il a échangé ma vie contre la sienne ! Pour me sauver… Arthur s’est sacrifié… et il n’a plus que quelques heures avant que ce spectre ne vienne chercher son âme !... J’ai besoin de votre aide !

-          Arthur s’est sacrifié pour toi, hein ? Et a accepté de se servir de la magie ? Le jeune Roi fait donc son ascension vers sa destinée…

-          Je ne peux le voir mourir... » Hurla alors Merlin au bord de la crise de sanglots.

-          « En effet !

-          Alors aidez-moi !

-          Si je ne m’abuse, jeune sorcier, tu as dit que  l’Ankou possédait un bâton qui lui servait à contrôler le temps ?

-          Oui…

-          C’est donc la réponse à ton problème !

-          Je ne comprends pas… quelle réponse ? Je ne peux pas dérégler le temps une fois de plus…

-          Non… mais tu es un grand mage… et tu peux utiliser le sceptre à ton avantage…

-          Comment ?

-          Contrôle-le et fais en sorte que ni toi ni Arthur ne soyez en danger…

-          Vous voulez que je dérobe son sceptre à l’Ankou et que je l’utilise avec mes pouvoirs ?

-          C’est en effet la solution la plus efficace, jeune sorcier !

-          Mais enfin comment je fais cela ?

-          Tu as le pouvoir en toi, ça ne sera pas compliqué de t’en servir ! »

 

 

 

Et Kilgharrah prit appui sur ses gigantesques pattes, avant de prendre son envol sous le regard médusé de Merlin. Ce dernier fit un pas en arrière lorsque la bourrasque le fit chanceler. Il resta quelques secondes dans l’incertitude, au milieu de la paisible clairière, puis fit alors demi-tour en direction du château. La nuit était avancée, et son escapade dans les bois avait largement grignoté les heures qui le séparaient de la journée suivante, cette dernière s’annonçant atrocement.

 

 

Il arriva dans la grande cour royale une seconde fois, totalement essoufflé. Il tourna la tête en direction du ciel, les étoiles disparaissaient doucement, et le bleu sombre définissant la nuit s’estompait petit à petit en un ton plus clair. Merlin se hâta et monta les marches de la citadelle avec entrain. Il courut à travers les corridors pour enfin se retrouver en face de la grande porte en bois désirée.

 

 

Sans plus de précautions pour s’annoncer, le jeune sorcier poussa le lourd battant d’entrée comme il avait l’habitude de le faire et se retrouva dans la chambre royale sous les yeux inquisiteurs et surpris d’Arthur… et de Guenièvre. ‘Oh mon Dieu’.Merlin se retourna, les joues rougies devant cette embarrassante situation.

 

 

Le jeune Souverain s’était assis instantanément dans son lit en entendant sa porte s’ouvrir  dans un fracas alors que Gwen avait ramené les couvertures sur elle pour se cacher honteusement.

 

 

 

-          « Merlin ! » Hurla alors le Roi qui enfila son pantalon pour se diriger vers le jeune homme, toujours dos au lit. « Mais enfin qu’est-ce que tu fais là ?

-          Heu je suis votre valet… je viens donc régulièrement ici … » Répondit Merlin ne pouvant aborder le sujet de ‘mort imminente’ devant Guenièvre.

-          « Ne peux-tu donc pas frapper comme tout le monde !? » Vociféra Arthur à l’oreille de son serviteur en le prenant par le bras pour l’emmener hors de la chambre.

 

 

 

Ils se retrouvèrent tous les deux face à face dans le couloir, devant les appartements royaux, derrière la porte close. Merlin affichait sans conteste un sourire narquois, mélangé d’yeux malicieux sous des sourcils relevés faussement déconcertés alors qu’Arthur le regardait d’un œil meurtrier.

 

 

 

-          « Quoi ? » Lança alors le Roi devant le visage de fausse sagesse de son servant.

-          « Je vois que vous avez trouvé un réconfort certain… Sire…

-          Change d’expression Merlin ou je te fais avaler ce sourire mielleux !

-          Non, c’est bien, je suis très content pour vous…

-          Arrête ! Je n’ai pas besoin de tes encouragements ! »

 

 

 

Merlin fit une moue d’étonnement, faisant semblant de ne pas comprendre pourquoi son ami paraissait aussi gêné. 

 

-          « C’est la dernière nuit que j’ai et je me dois de la passer avec les personnes qui me sont le plus chères… »

 

 

 

Et la sombre réalité frappa Merlin en plein visage. Il perdit son sourire et son teint devint d’une pâleur extrême.

 

 

 

-          « Je comptais venir te voir, et Gaius aussi,… évidement. » Reprit le Roi voyant le visage apathique de son ami. « Mais j’avais besoin de réfléchir … et ensuite j’ai croisé Gwen dans le couloir et … »

-          « Epargnez-moi les détails… » Répondit le jeune magicien qui coupa son Souverain d’un sourire forcé.

-          « Ecoute, c’était injuste de t’ignorer tout à l’heure mais tu ne peux plus rien pour moi.  Je sais que c’est dur à accepter mais j’ai fait mon choix et je suis en paix avec ce choix… » Fit Arthur doucement en fixant Merlin qui avait baissé la tête.

-          «  Pas moi ! » Lança le jeune magicien, remontant ses yeux vers ceux de son ami « Camelot a besoin de vous, Gwen a besoin de vous, et j’ai … Je ne peux vous laisser mourir…

-          Tu le devras pourtant ! Il n’y a plus rien à faire…

-          Si ! je peux encore vous sauver…

-          Je t’interdis de tenter quoi que ce soit Merlin ! C’est trop risqué ! Je n’ai pas fait tout ça pour que tu te mettes en danger de nouveau… »

 

 

 

Le serviteur savait parfaitement que lorsque son ami avait ce ton ou qu’il exprimait clairement son affection à son égard, c’était que la situation était désespérée à ses yeux et que le moment était grave.

 

 

 

-          « Vous savez très bien que je ne vais pas vous écouter, que je vais trouver une solution … » Marmonna le jeune sorcier, un rictus décidé sur son visage d’ange.

-          « Je ne peux te laisser faire ça Merlin » Lança alors Arthur tristement en regardant les premiers rayons du soleil apparaitre dans le  long couloir. «Il est l’heure. » Fit-il en posant sa main sur son ceinturon à la recherche de l’objet désiré, s’accrochant à sa décision et ne laissant donc pas le temps à cet idiot loyal de trouver le moyen de le sauver, le mettant alors hors de danger. « Mais  Ankou ne choisira pas ma façon de mourir… je peux encore décider de cela …» Et il retira expressément la petite dague accrochée à la lanière de son pantalon  et se la planta directement dans son abdomen « Pardonne-moi Merlin ».

 

 

Le jeune magicien fût pris au dépourvu. En aucun cas il n’aurait pensé que son ami ferait un geste pareil. Il savait que le moment viendrait mais pas aussi tôt. Il eut juste le temps d’ouvrir les bras pour  retenir la chute de son Roi.

 

 

-          « NON ! 

-          Prends-bien soin de Guenièvre,  s’il te plait ! » Chuchota le jeune Souverain, du sang commençant à couler doucement de sa bouche.

-          « Arthur !

-          C’était un honneur de t’avoir à mes côtés, Merlin … » Finit-il en fermant les yeux.

 

 

 

Le serviteur étreignit son ami encore plus fort lorsqu’il sentit que son corps s’était relâché inexorablement.

 

 

Les larmes coulaient atrocement sur ses joues et tout son corps était pris de tremblements. Il n’était pas près, il ne savait quoi faire. Il n’était pas préparé, pas tout de suite. Lorsqu’il entendit des pas se rapprocher de la porte, dans la chambre d’Arthur, il tourna la tête et lança un ‘Ferbectoh falès.’, condamnant Guenièvre à être enfermée dans les appartements royaux, l’empêchant de contempler ce cauchemar.

 

 

-          « Arthur ? Merlin ? Qu’est-ce qu’il se passe ? » Demanda-t-elle derrière l’ouverture en bois qui ne voulait céder sous ses doigts. « j’ai entendu crier ! 

-          Reste à l’intérieur Gwen, ne t’en fais pas, ça va aller… » Fit le jeune magicien la voix hoquetant, emplie de sanglots.

 

 

 

Il n’entendit pas la réplique de la jeune femme car des grincements exaspérants retentirent dans ses oreilles. Il tourna alors la tête et vit le spectre au bout du couloir, tirant sa charrette d’un pas fantomatique.

 

 

 

-          « Je vois que le Roi ne pouvait attendre de conclure notre accord ! » Lança Ankou à seulement quelques mètres des deux jeunes hommes.

 

 

Merlin resta silencieux, et attendit que l’individu soit suffisamment près, serrant les dents à chaque centimètre que parcourait la vieille chariote.

 

 

-          « Comme c’est touchant de voir un serviteur aussi dévoué pour son maitre… » Continua le mort-vivant en voyant les nombreuses larmes dégoulinantes des joues blanches du valet.

 

 

Merlin  essayait de rester calme, mais sa respiration trahissait son anxiété.

 

 

-          « Le jeune Pandragon avait cette même lueur dans ses yeux quand vous-même êtes mort… à chaque fois… c’est amusant ! » Ricana le collecteur d’âmes à moins d’un mètre maintenant. « C’est intéressant de voir à quel point un servant et un Roi peuvent être si différents et si proches à la fois… on aurait presque pu croire que vos âmes étaient liées d’une certaine façon ! Quel dommage que ce lien soit brisé… il était si jeune ! » Minauda t-il en plaçant sa main au-dessus de la bouche d’Arthur.

 

 

 

Merlin vit avec horreur une petite lumière bleue sortir doucement des lèvres de son ami. Il ferma les poings, se retourna hâtivement, lâchant le corps sans vie d’Arthur, et d’un geste habile, agrippa le bâton sans toucher l’Ankou avant de s’écarter rapidement de la scène.

 

 

Le spectre se redressa vicieusement, la lueur bleutée retourna alors dans le corps du Roi.

 

 

 

-          « Que crois-tu pouvoir faire mon garçon, tu es peut-être un sorcier mais tu n’as pas le pouvoir de te servir de mon sceptre… tu n’es qu’un pauvre serviteur doté de maigres pouvoirs magiques.

-          Je suis Emrys, et je pense que vous pourriez être surpris ! » Lança Merlin en levant le bâton au-dessus de sa tête.

 

 

 

En entendant le nom familier, Ankou perdit toute son arrogance. On pouvait même lire de la peur sur ses lèvres noircies.

 

Merlin n’eût même pas besoin d’une incantation, sa puissance se tirant de sa volonté et de sa peur de perdre  Arthur faisait trembler le sceptre dans ses mains. Ses yeux prirent alors une couleur jaune or flamboyante et sans qu’il ne puisse contrôler d’avantage ses pouvoirs, une lumière blanche aveuglante sortit de la pierre en haut du bâton et engloba le couloir et les hommes qui s’y trouvaient.

 

Plus rien.

 

 

*******************************************

 

 

-          « … Si tu n’avais que la faculté de trouver ne serait-ce qu’un semblant de ton imperceptible cerveau Merlin, tu saurais qu’un  homme seul face à une harde de sangliers n’est pas un combat équitable et que les chances de s’en sortir vivant sont des plus limitées ! »

 

 

Merlin ouvrit les yeux au son de cette voix familière, il était debout, à côté d’Arthur, debout lui aussi… il parlait, il était vivant.

 

 

 

-          « Et oui, j’ai bien dit un homme, un seul, moi,  parce que je ne te compte pas réellement comme un homme Merlin, plutôt comme un boulet… » Fit le Roi en dépassant son compagnon non sans l’avoir poussé de son épaule.

 

 

Le jeune magicien n’avança pas. Il resta immobile. Il regarda autour de lui. Ils étaient dans une grotte. Une caverne. Etrangement familière, tout comme les paroles de son ami.

 

 

En fait ils étaient dans cette grotte, celle de l’Ankou, celle où tout avait commencé. Ils avaient remonté le temps, au moment où tout avait basculé. Avant que ce spectre le touche. Il avait réussi. Ni lui, ni Arthur n’étaient condamnés, il était parvenu à contrôler le bâton et  maitriser le temps pour revenir au point de départ. Visiblement Arthur ne se souvenait de rien de tout ce qui c’était passé… peut- être était-ce mieux ainsi.

 

 

Lorsque le Roi n’entendit pas son serviteur répliquer à sa tirade faussement injurieuse, il se retourna avec dédain dans le but de comprendre ce silence inattendu. Mais il se retrouva en face d’un visage anéanti. Ses yeux rouges contrastaient terriblement avec son teint pâle. Ses joues étaient entièrement recouvertes de larmes asséchées. Il était debout mais ne bougeait pas, il était horriblement statique et muet.

 

 

Le Souverain s’empressa alors de retourner aux côtés de son ami, perdant son sourire sarcastique, le remplaçant par une expression d’intense inquiétude.

 

 

-          « Merlin ? Qu’est-ce que tu as ?

-          Nous devons quitter cet endroit ! » Répondit le serviteur d’une voix cassée en scrutant avec attention le fond de la grotte maintenant.

-          « Quoi ? Mais nous devons attendre encore un peu que la meute de sangliers se soit totalement éloignée.

-          Non, il faut partir… tout de suite ! » Et Merlin agrippa le bras de son Roi pour le tirer vers la sortie.

-          « Et aurais-tu l’amabilité de me dire pourquoi nous devrions sortir d’un endroit à l’abri comme celui-là pour retourner sous cette pluie glaciale en compagnie de sangliers qui ne pensent qu’à nous déchiqueter vivants ? »

 

 

 

Merlin ne répondit pas, il planta juste son regard affligé dans celui d’Arthur. Ce dernier fronça les sourcils mais abdiqua devant ces yeux auxquels il ne pouvait résister, suivant son ami perplexe.

 

 

-          «  Tu n’as pas l’air bien Merlin. Et ça me fait mal de le dire, mais tu m’inquiètes ! 

-          Vous n’avez pas à l’être sire, je vais bien…» Fit-il en sortant de la grotte.  «  Peut-être juste un coup de froid dû à ces intempéries…. » Mentit-il intentionnellement pour justifier son état physique.

-          « Mouais, tu as raison, il vaut mieux rentrer, sinon tu seras dans l’incapacité d’assurer tes corvées demain ! » Marmonna Arthur, faisant semblant de n’être, pas le moins du monde, inquiet, mais jetant tout-de-même un regard soucieux malgré-tout, à son ami.  «  Quoi qu’il en soit, pourquoi cet endroit te répugne-t-il à ce point ? » Continua-t-il pour changer de conversation. Regardant autour d’eux pour s’assurer que les sangliers avaient bien continué leur chemin.

-          « Euh… Gaius m’a dit que cette grotte pourrait être maudite… » Lança le jeune magicien ne trouvant que cette élucubration pour que son ami le lâche un peu.

-          «  Tu écoutes encore ces histoires à dormir debout Merlin ? C’est une grotte comme une autre…

-          Et si un …sorcier y avait trouvé refuge ? » Demanda alors le jeune homme dans le but de divertir son ami, en s’éloignant un peu plus dans la forêt.

-          « Il serait traqué, comme n’importe quel sorcier ! La sorcellerie est toujours prohibée dans ce royaume à ce que je sache ! »

 

 

Sur ces mots, Merlin se renfrogna, mais il savait qu’Arthur pouvait changer d’avis sur la magie car lui-même avait essayé de s’y confronter, même s’il ne s’en souviendrait jamais, puisqu’il ne l’avait jamais vécu, en quelque sorte.

 

Il essaya d’afficher une expression plus sereine sur son visage, mais son teint restait toujours pâle malgré lui. Arthur prit ce changement de comportement comme une invitation à leur perpétuelle chamaillerie, mais il resta tout de même attentif à la condition physique de son ami.

 

 

 

-          « N’essaye même pas de faire semblant d’être malade Merlin… car comme toute fin de journée de chasse, même si cette dernière n’a pas été fructueuse,  tu auras de quoi te divertir en rentrant. Mes bottes ont besoin d’être nettoyées, mon armure a besoin d’être polie, mon épée, aiguisée, mon arbalète a besoin d’être réparée, mes vêtements, lavés, ma chambre doit être rangée, sans oublier de panser mes chevaux,  sortir mes chiens, … »

 

 

 

Le jeune magicien  fit son éternelle moue boudeuse. Mais tout en écoutant les éternelles corvées qu’Arthur prenait un malin plaisir à lui donner, il tourna sa tête malgré lui vers l’entrée de la grotte, à une cinquantaine de mètres derrière eux maintenant. Il ne fût pas surpris de voir le linceul noir flotter aux aléas du vent devant l’ouverture de la caverne. L’individu les fixait vicieusement, les regardant lui échapper. Merlin déglutit difficilement. Il eût juste le temps de voir le spectre se retourner et disparaitre dans les ténèbres de la grotte avant qu’Arthur et lui ne prennent un autre sentier, laissant derrière eux toute cette histoire.

 

 

FIN.


Hecate  (28.06.2012 à 21:42)

Et voilà merci d’avoir lu jusqu’au bout!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 

Histoire de savoir ce que vous avez pensé de cette fic j’ai fait un QCM (ben quoi, faut bien que je me passe le temps ^^, et Choup m'a menacée donc j'ai pas eu le choix, je l'ai mis ici aussi):

 

Donc concernant cet EV, vous l’avez trouvé :

 

A-      Mouais pô mal….

B-      c’est pourri mais j’osais pas le dire.

C-      Je l’ai lu uniquement parce que j’avais rien d’autre à faire.

D-     J’ai adoré, ça ressemble vraiment à un épisode de la série.

E-      J’aimerais vraiment un épisode comme ça !

F-      T’es complètement taré…mais j’aime ça ^^

G-      Si tu as une autre option que l’écriture, choisit l’autre option !

H-      Euh, c’est qui Merlin ? (le premier qui me met ça c'est Pilori ^^)

I-      Autre > avis par commentaire argumenté^^

 

 

****************************************

Merci à tous et à toutes,  et à une prochaine….

 


Hecate  (28.06.2012 à 21:50)

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