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Série : Merlin (2008)
Création : 13.08.2012 à 16h34
Auteur : crystal14
Statut : Terminée
« Saison 2 épisode 1 : Quelles aurait été les conséquences si Merlin avait refusé d’aller voir le dragon ? Et, s’il avait accueilli l’esprit maléfique en lui. » crystal14
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Sous les éclats de rire et de moqueries, le jeune valet courait à peine tenant un bouclier en bois. La chaleur écrasante s’ajoutait à son supplice. A chaque pas, il soulevait cette poussière qui l’incommodait et lui piquait les yeux. Il se soumettait au moindre désir de son prince sans émettre un seul mot enfin presque.
Depuis plus d’un an, Merlin essuyait les brimades incessantes de ce crétin royal comme il aimait tant le nommer ! Etre un valet au service d’un jeune noble imbu de lui-même n’était pas une vie facile. Il sentait sa volonté s’amenuiser à chaque fois qu’Arthur lui envoyait ses sarcasmes. Partir était la seule solution avant que l’irréparable ne soit accompli.
La cause était Cédric. Cet homme vil n’avait cessé de le discréditer aux yeux d’Arthur !
D’abord, la chasse, le copieux petit-déjeuner et l’écurie. Toutes ces actions avaient pour but la convoitise d’être auprès d’Arthur. Les conséquences furent désastreuses. Cédric avait volé la clef de la porte qui enfermait le trésor de Cornélius Sigan. Parmi tous ces somptueux trésors se trouvait une grosse pierre en forme de cœur de couleur bleu.
Le doute s’était insinué en lui. Avait-il perdu la confiance de son prince ? Arthur était-il si aveugle devant cette situation qui visait à le congédier de son service ? Le jeune prince n’avait pas hésité à le renvoyer comme un malpropre, comme un vaurien. Merlin avait été blessé plus qu’il ne saurait l’exprimer. Gaius l’avait apaisé néanmoins le doute s’était installé dans son cœur. C’était cette nuit-là que son mentor lui avait révélé que la pierre qu’il avait prise comme un joyau n’était en réalité un récipient qui contenait l’esprit maléfique de Cornélius Sigan, le sorcier le plus puissant.
Evidemment, Cédric s’était emparé de cette clef sans se douter pour le moins du monde qu’il mettait fin à sa vie de brigand. L’esprit de Cornélius Sigan avait contrôlé son corps. Après une rude bataille nocturne, le valet s’était interposé entre lui et Arthur, inconscient, sur le pavé de la cour d’honneur. Le sorcier maléfique avait aussitôt détecté la fureur et le trouble chez le jeune valet. Il lui avait proposé de s’allier à ses côtés. Bien sûr, sa proposition l’avait alléché le temps d’une seconde mais Arthur et lui avait certaines choses à accomplir ensemble. Et puis, Merlin éprouvait sincèrement de l’amitié pour ce crétin royal. S’il refusait, Sigan l’avait menacé de posséder son corps et ses pouvoirs. C’était mal le connaitre.
Le jeune sorcier avait laissé cette magie noire pénétrer et couler en lui, accueillant le poison noirâtre dans son esprit. Insidieusement, ce liquide compact avait pénétré dans ses veines, se mélangeant à son sang.
Maintenant, cette entité et lui ne faisaient plus qu’un. Pour le moment, il le contrôlait mais pour combien de temps encore? Gaius avait remarqué son comportement bizarre, cependant un seul regard cruel avait achevé l’interrogatoire du vieux médecin.
Que penserait Gaius, son mentor, s’il connaissait la vérité ? Merlin lui avait désobéi. Par fierté, il n’était pas allé voir le dragon. Il n’était pas résolu à lui faire confiance de nouveau. Le jeune sorcier avait pensé, à tort, qu’il réussirait à contenir cette force démoniaque en lui. Le temps de trouver une solution pour s’en débarrasser.
Pourtant, le lendemain, Merlin sentit l’essence du sorcier s’insinuer en lui. Il avait dû puiser toute sa force dans la magie pour endiguer cette influence diabolique. Et il avait réussi à l’emprisonner dans un coin de son cerveau. Hélas, l’entité malfaisante était infatigable et pleine de ressources. Pour le moment, le jeune sorcier avait entravé sa progression. C’était une juste question de temps avant que Sigan ne devienne possesseur de son jeune corps. Il lui servait de réceptacle ! Un manque inattention ou une erreur suffirait à faire de lui un pantin entre les mains de cette entité.
Chaque jour, le combat spirituel devenait difficile. Le sorcier démoniaque lançait des attaques psychiques continuellement, ne laissant aucun répit à l’apprenti sorcier. Tôt ou tard, il posséderait le corps de Merlin. Déjà, il s’enorgueillissait en imaginant ses pouvoirs se combinant avec les siens. Alors, Sigan deviendrait le plus puissant des sorciers que Camelot n’ait jamais connu jusqu’à ce jour. Merlin frémissait à chaque tentative de la part de son puissant adversaire. Il redoutait de se laisser aller dans son attitude, dans ses sentiments, dans ses gestes, dans ses paroles. La moindre fissure dans sa concentration déclencherait sa perte. A chaque seconde, Sigan grignotait du terrain.
Il était impératif qu’il quitte Camelot afin de préserver la vie de ses amis. Malgré lui, Merlin était d’humeur irascible pour son entourage. Même durant la nuit, le jeune sorcier n’osait pas fermer l’œil de crainte de laisser libre cours à cette entité maléfique prendre possession de son corps. Deux nuits blanches et des journées longues usaient lentement sa résistance physique et morale.
Arthur dévisageait ce pauvre bougre qui se pliait à ses caprices. Il riait, imités par les chevaliers. Le voir courir comme un vieillard accentua son hilarité.
- Passons maintenant à ton arme préférée : la massue !, ironisa-t-il en s’approchant de lui.
C’était plus qu’il en pouvait en supporter. Malgré tout, il chercha en plus profond de son être le calme qu’il lui permettrait de se maitriser. La voix moqueuse d’Arthur perça sa concentration.
- Ne fais pas ta fillette, Merlin ! Comporte-toi comme un homme. Ça me changera un peu !
Cette fois, Arthur dépassait les bornes. Le calme qui s’était ingénié à conquérir fut anéanti par cette raillerie de trop ! Agacé, il se releva jetant le bouclier en bois sur le sol sableux.
- J’en ai assez ! Trouvez-vous un autre pigeon ! Moi, je rentre !, s’écria-t-il le foudroyant du regard.
Abasourdi, Arthur demeura sans réaction le suivant du regard quitté sans se retourner le terrain d’entrainement.
Merlin entra sans frapper chez Gaius. Il devait partir immédiatement, sans tarder. Le jeune sorcier avait baissé une fraction de seconde sa garde et avait été à deux doigts de blesser Arthur, pire encore, il avait failli le tuer. Cette entité commençait à être dangereuse. Elle était pernicieuse. Elle se dissimulait dans un coin de son esprit et portait assidument ses attaques en attendant une erreur fatale de sa part. Il ressentit une migraine atroce submergé son cerveau.
Quitter Camelot lui était vital. Merlin rassembla ses affaires. Le strict minimum car à l’endroit où il se rendait, il n’en aurait pas tellement besoin. Il fut soulagé de l’absence de Gaius. La séparation serait moins pénible surtout pour lui. Si le vieux médecin avait découvert la vérité, il aurait cherché à le retenir prétextant n’importe quoi.
Cependant, existait-il vraiment une solution ? Merlin secoua la tête devant un espoir utopique. Il se savait condamner. A cette pensée, une boule se noua dans son estomac. Le jeune homme avait mal apprécié la situation et maintenant, il devait payer les conséquences de ses actes. Le jeune apprenti sorcier prit le temps d’écrire une lettre à son mentor. Il se concentra de nouveau contre l’attaque de l’entité. Elle le sentait s’affaiblir.
Gaius devait savoir pourquoi il abandonnait ce lieu et ses amis qu’il aimait tant. La honte l’envahit lorsqu’il parcourut sa lettre d’adieu. Ne pas pleurer ! Ne rien ressentir ! S’il voulait s’en sortir, Merlin devait se montrer fort et courageux. Pour le courage, il n’en manquait pas, heureusement ! Il laissa la missive sur la table bien en vue. Le jeune homme laissa errer son regard inexpressif autour de lui comme s’il voulait imprimer cette pièce à jamais dans son esprit.
*****
Arthur arpenta la chambre de long en large, jetant des coups d’œil intempestifs à la porte. Il guettait l’arrivée de son stupide serviteur. Merlin ne perdait rien pour attendre. Son comportement durant l’entrainement et ces deux jours derniers étaient inadmissibles. Arthur s’était montré tolérant mais cette fois-ci pas question de lui faire de cadeau. Merlin allait enfin comprendre à quoi consister réellement être son valet ! Le prince lança avec rage son épée sur la table et fit quelques pas vers la fenêtre. Il fulminait ! Toujours pas de Merlin !
L’air frais lui fit du bien mais ne calma pas sa fureur. Arthur allait refermer la fenêtre quand il aperçut Merlin portant un sac à dos en train de quitter la cité de Camelot. Soudain, la colère fondit comme la neige au soleil. Où allait Merlin à la tombée de la nuit ? Intrigué, Arthur sortit de sa chambre et saisit au passage son épée.
Dans la cour d’honneur, Arthur demanda au palefrenier de seller son cheval au plus vite. Merlin avait une longueur d’avance, il le rattraperait rapidement avec son cheval. En quelques minutes, le palefrenier amena sa monture. Arthur l’enfourcha quand il entendit la voix qui lui était si familière.
- Arthur, où vas-tu à cette heure ? , demanda son père, le roi Uther.
L’espace d’un instant, Arthur hésita. Du haut de son cheval, il dominait son père.
- Je voudrais faire une surprise à Morgane. Dans trois jours, c’est son anniversaire. Je l’ai entendu parler avec sa servante qu’elle aimerait avoir un tissu d’une couleur verte qui se trouve dans un village près d’ici. Merlin m’a devancé et m’attend à l’orée du bois. Je me suis dit qu’en partant maintenant, nous serions de retour demain dans la journée.
Le roi Uther fixa son fils de son regard scrutateur. Arthur resta stupéfait de son aplomb ! Mentir à son père n’était pas dans ses habitudes. Il prenait des risques pour qui ? Pour un serviteur qui l’irritait et qu’il voudrait voir disparaitre !
- Vous n’avez pas oublié l’anniversaire de Morgane, n’est-ce pas, père ? , ajouta-t-il faussement indigné par son oubli.
Uther esquissa un sourire.
- Bien au contraire. (Les mains sur ses hanches) Je ne te retarderai pas dans ta mission chevaleresque.
- Alors à demain, père !
Sans attendre, Arthur pivota son cheval et lui ordonna de se mettre au galop. Il avait perdu du temps. Le ciel commençait à s’assombrir. Comment allait-il pouvoir retrouver la trace de son serviteur dans la pénombre?
*****
Comme un voleur, Merlin disparut dans la foule de la cité basse. La lueur du jour déclinait permettant aux étoiles les plus brillantes de faire leur apparition dans le ciel de Camelot. Il devait éviter de s’émouvoir sur la beauté du paysage, le chant des oiseaux, le parfum de la nature. Abolir ces douces émotions était primordial pour la réalisation de son projet.
Du haut de la colline, Merlin s’autorisa à contempler pour la dernière fois le château de Camelot. Un souvenir fugace traversa son esprit. Le jeune homme se tenait exactement au même endroit à son arrivée à Camelot. Le jeune sorcier détourna son regard vide vers ce passé révolu. Impassible, il marcha vers sa destination finale. La lune semblait l’accompagner dans son périple. Sa luminosité éclairait le chemin lui permettant ainsi de continuer sans peine son parcours. Derrière lui, il entendit un bruissement. Merlin ne se donna pas la peine de se retourner. Un animal, sans doute, pensa-t-il.
Non pas maintenant !, supplia- t-il, intérieurement. Conscient du temps qui lui restait, le jeune sorcier s’empressa d’arriver à l’endroit où il mettrait fin à ces attaques continuelles et perverses. Las, il baissa un instant les paupières. Il pouvait percevoir le ricanement de Cornélius Sigan résonné dans sa tête savourant de sa vulnérabilité croissante. Merlin agita la tête et reprit le contrôle mental.
*****
Du haut de la falaise, Merlin percevait à contrebas le scintillement de l’eau de la rivière projeté par les rayons de l’astre de la nuit. Il laissa tomber son sac à dos. Il n’aurait pas besoin de cette pierre qui avait maintenu emprisonnée l’âme de ce puissant sorcier durant plusieurs décennies. Celle-là même qui était incrustée sur le tombeau de Cornélius Sigan.
Devenue blanche, elle était d’un bleu turquoise avant que Cédric ne dessertisse la pierre. Car la substance avait trouvé refuge dans le corps de ce malheureux Cédric, rendant la pierre d’un blanc transparent comme le cristal.
Dans quelques minutes, tout serait terminé. Il avait failli à son devoir. Il n’avait pas accompli son destin : emmener Arthur à réunir les Terres d’Albion. Néanmoins, le prince Arthur serait sauf.
Merlin lança une prière afin que l’on protégea son ami, Arthur. Il entendit le tourbillonnement de l’eau en furie. Il espérait que l’eau froide remplirait ses poumons sans qu’il en souffre. Le jeune sorcier ne pourrait pas lutter longtemps face à ces eaux tumultueuses. Il ne savait pas bien nager. Ce qu’il lui faciliterait la tâche. Le jeune homme eut une dernière pensée pour Gaius, Gwen, Morgane, sa mère. Soudain, il ouvrit les yeux. Sa mère ! Comment allait-elle surmonter sa disparition ? Une vive émotion menaçait de faire céder le barrage qu’il avait si ardemment consolidé par la dureté de son cœur.
Brusquement, l’apprenti sorcier invoqua une force encore insoupçonnée où il puisa le courage de passer à l’acte. Malgré tout, sa toute dernière pensée fut pour Arthur ! Arthur qu’il commençait à apprécier. Ils auraient pu être de très bons amis malgré la barrière sociale. Il aurait pu le rendre meilleur. Il savait ce qui se cachait derrière cette apparence : un être bon, généreux, loyal. Un jour, Arthur serait un grand roi mais jamais il ne verrait se concrétiser cet événement.
Les bras décollés de son corps, le visage inondé par la clarté de la lune, son corps se pencha dangereusement vers le vide où la mort l’attendait à bras ouvert. Il emporterait avec lui, l’âme de Cornélius Sigan. Désormais, Camelot et Arthur étaient hors de danger.
Soudain, il eut le souffle coupé. Un poids pesait sur sa poitrine. Pourquoi ne ressentait-il pas le froid de l’eau de la rivière ? Pourquoi respirait-il encore de l’air ? Il dut faire un effort intense pour endiguer cette force maléfique qui se propageait dans tout son corps. Il ouvrit les yeux. Il mit quelques minutes avant de comprendre ce qui s’était passé. Une silhouette était penchée sur lui et cette voix lui était familière. Non pas lui ! Comment était-ce possible ? L’aurait-il suivi à son insu ?
Horrifié, il chercha par tous les moyens à échapper à son emprise.
- Bon sang, Merlin ! Qu’est-ce qu’il te prend ? , s’insurgea –t-il complément terrifié par son geste.
- Je dois finir ce que j’ai commencé ! Vous ne comprenez pas les enjeux, Arthur !
- Ce n’est rien de le dire, sombre idiot !, pesta-t-il en le secouant comme un prunier.
Bon sang, comment lui expliquer que s’il continuait à le tarabuster ainsi il allait finir par le mettre en colère? Et si par malheur il y parvenait, il ne pourrait plus contrôler l’esprit maléfique de Sigan, le maitriser. Arthur le malmenait, pensant lui donner un coup de fouet.
- Arrêtez, Arthur ! Par pitié, arrêtez ! supplia-t-il à bout de force.
D’instinct, Arthur le relâcha avec douceur et l’aida à s’asseoir sur le rocher. L’obscurité dissimulait la moitié le visage blême du jeune sorcier.
Arthur était soulagé d’être arrivé à temps. Le jeune prince avait eu de la peine à deviner la direction prise par Merlin. Le chemin avait bifurqué à un croissement. Lequel choisir ? A gauche ou à droite ? Le prince s’était contenu de crier son nom. Pourquoi ? Il n’aurait pas su le dire. Il était descendu de son cheval pour trouver des éventuelles traces laissées par son serviteur mais malgré l’accoutumance à la pénombre, les yeux du prince n’avaient rien discerné qui aurait ressemblé à une empreinte de pas.
Continuant ses investigations nocturnes, Arthur avait emprunté le chemin de droite sans réfléchir. Après quelques minutes à s’évertuer à chercher, son regard avait été attiré par un mouvement sombre. Il aurait juré que c’était son valet !
Alors sans perdre un seul instant, Arthur avait marché d’un pas rapide vers lui. Dans sa précipitation, il avait émis un bruit mais Merlin ne s’était pas donné la peine de se retourner. Intrigué par l’attitude de son serviteur, Arthur avait continué à le suivre. Que faisait Merlin en pleine nuit dans les bois ? Pourquoi avait-il pris son sac à dos ? Avait-il l’intention de quitter Camelot ? Si oui, pourquoi ? Cachait-il quelque chose ?
Merlin bougea légèrement sur le rocher, soustrayant Arthur de ses pensées. Le prince resta près de lui pour le cas où l’idée de recommencer lui reprenait. Après un court silence, Arthur risqua une question.
- Pourquoi ….Pourquoi as-tu voulu te …, commença à dire Arthur, ébranlé.
Merlin grimaça sous l’attaque de Sigan. Il inspira profondément.
- Pourquoi m’avez-vous suivi ? , répondit Merlin par une question.
- Une bonne décision, apparemment !, lança le jeune prince.
Arthur croisa le regard atone de son valet. Comment en était-il arrivé là ? Etait-ce de sa faute ? Peut-être avait-il été un peu rude à son égard ? Mais est-ce que cela justifiait de tenter un acte irréparable ? Le jeune prince était convaincu que Merlin n’était pas un homme à commettre un acte irréfléchi. Il avait la conviction que Merlin lui dissimulait quelque chose.
L’attitude excessive de son serviteur lors de l’entrainement avait éveillé un doute en Arthur. Son instinct lui avait dicté de le suivre. Arthur déglutit, ne sachant comment lui parler. Seulement son valet brisa le silence nocturne le premier.
- Puis-je vous demander quelque chose, Arthur ?
- Je t’écoute, lui dit-il sur la défensive.
Le jeune sorcier devait faire vite. Il ne tiendrait pas longtemps. Il s’affaiblissait à chaque seconde. Et le ricanement de Sigan dans sa tête confirmait sa prochaine victoire. Merlin devrait se montrer rusé, néanmoins la naïveté d’Arthur allait lui faciliter le travail. Il respira profondément et lentement.
- Vous savez ce que je pense de vous. Je…
- Que je suis un crétin royal ! , lui confirma-t-il en esquissant un sourire.
Ces quelques mots lui arrachèrent un sourire mais l’instant d’après son visage se durcit. Dans la pénombre, Arthur ne s’aperçut pas que les yeux de Merlin s’assombrirent par la tristesse qui passa en un éclair dans son regard. Arthur lui suggéra de continuer leur petite conversation hors du précipice. Merlin accepta.
- J’ai pour vous une très grande estime malgré votre attitude prétentieuse, votre arrogance mais au fond, vous êtes une personne plus ouverte que votre père. (Il ramassa son sac à dos sous l’œil attentif d’Arthur) Vous vous préoccupez de vos sujets ce qui prouve que vous êtes bienveillant et généreux.
- Ce que tu me dis me touche. Peut-être est-ce grâce à toi ?
- Non, je n’y suis pour rien. (Sa respiration devint saccadée.)D’ailleurs, j’ai échoué.
- Merlin, qu’est-ce que tu racontes ? En quoi as-tu échoué ?, répliqua Arthur sentant une peur indicible naitre en lui.
- Me pardonnerez-vous un jour, Arthur ?, murmura le jeune sorcier.
Avant même qu’il ait réalisé le geste de son valet, celui-ci se précipita dans les profondeurs du vide. Arthur tenta vainement de l’attraper mais le corps de son serviteur chuta et se perdit dans le gouffre de la nuit.
- Merlin,Noooooooooooooooooooooooon,Merliiiinnnnnnnnnn !
Un bref instant, l’esprit du jeune prince fut dans le déni. Il ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit .Arthur écarquilla les yeux embués de larmes dans ce vide obscur où l’eau glaciale avait avalé son valet. Réagir ! Ne pas céder à la panique ! Merlin avait besoin de lui .Arthur retrouva son sang-froid. Il sentit qu’il tenait quelque chose dans sa main. Le sac à dos de Merlin. C’était la seule chose qu’il avait réussi à attraper. Avec rage, il le balança à travers le buisson qui se trouvait derrière lui.
Le prince bénit la clarté de la lune. Grâce à elle, il pouvait entreprendre de descendre le chemin qui l’amènerait vers les abords de la rivière. Plongé dans ces eaux gelés ne lui aurait servi à rien. Il aurait pu se blesser ou même se … Arthur chassa ce mot de son esprit. Le jeune prince continuait à crier le nom de son serviteur.
Furieux contre lui-même de ne pas avoir vu venir le coup, Arthur courut aussi vite que la lumière lunaire lui permettait, la pente glissante entravée par des racines qui sortaient de terre, des pierres roulant sous ses pieds, manquant de le faire trébucher, ne parvenaient pas à ralentir son allure. Seul le nom de Merlin que la voix désespérée du prince hurlait, résonnait dans ce paisible endroit.
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Les chutes d’eaux assourdissaient tous les bruits autour de lui. Bientôt, Merlin serait soulagé, libre. Mort mais libre. Son corps s’immergea rudement dans cette eau glaciale. Sous le choc, il perdit connaissance. Le corps du jeune homme flotta à la surface de la rivière. Le courant le déposa près de son bord parmi les troncs d’arbres qui émergeaient de l’eau. Le visage resta en dehors de l’eau, se cognant doucement au gré des vaguelettes qui venaient mourir au bord des terres. Le corps frêle était maintenu, à la surface, par sa veste entremêlée à une branche d’arbre.
Brusquement, le corps du jeune homme convulsa. Tout à coup, une lumière blanche émergea de la surface de la rivière. En survolant cette masse liquide, elle effleura sa surface et entreprit d’envelopper tout le corps du jeune sorcier. Le corps de ce dernier s’agita violemment, éclaboussant d’eau froide la lumière insensible. Soudain, les yeux de Merlin s’ouvrirent, déjà imprégnés de la substance noirâtre et fixèrent intensément la lueur lumineuse. La substance noirâtre s’infiltra aussitôt dans cette lumière pure, y sentant un pouvoir bien plus puissant que celui que possédait ce jeune esprit mourant. La lueur s’intensifia, emprisonnant l’entité maléfique pour ensuite s’élever dans les airs à la recherche du réceptacle originel.
Arthur n’en crut pas ses yeux. Etait-il pris d’hallucinations ? D’où provenait cette lueur ? Où allait-elle ? Le prince perçut un gémissement devant lui. Sans prendre la peine de réfléchir, Arthur dévala ce qui restait de distance qui le séparait de son serviteur. Le jeune prince entendit toussoter puis un ruissellement. Il discerna une ombre bouger puis plus rien. C’était lui ! Alors, le cœur battant, Arthur s’approcha vers le corps inerte de son valet.
- Merlin ? Merlin ? Parle-moi !
Arthur sentit qu’il grelottait. Sans perdre un instant, le prince enleva sa veste puis dévêtit son serviteur et la lui passa. Le jeune prince traina le corps de son valet et s’adossa contre un arbre, le prenant dans ses bras. Le prince commença à le frictionner. C’était le seul moyen pour le maintenir au chaud.
- Merlin, je t’interdis de m’abandonner. Ne t’avise pas de me quitter sans mon approbation. (Arthur posa son regard désemparé sur le visage inexpressif de Merlin.)Tu es …Tu es le serviteur le plus maladroit mais… tu es…
Pourquoi ne parvenait-il pas à prononcer ce mot si simple ? Arthur serra son servi…non son ami .Oui, cette révélation le laissa pantois. Un serviteur comme ami. C’était un peu saugrenu mais c’était un fait ! Avec du recul, Arthur se rendit compte combien, il avait était injuste avec Merlin par rapport à Cédric.
Au début, il n’y avait vu que du feu mais le lendemain quand Merlin lui avait apporté son petit-déjeuner, son regard sidéré l’avait amusé. Et dans l’écurie, il avait été furieux de l’incompétence de son valet. Le souvenir de ce visage de chien battu avait serré le cœur d’Arthur. Une altercation s’en était suivi et l’intervention de Cédric l’avait contraint à congédier son …ami. Arthur regrettait amèrement son acte.
- Tu es mon ami. Un ami dont l’amitié n’a pas faibli malgré mon odieux comportement. Je suis désolé, lui avoua-t-il d’une voix étranglée.
De nouveau, la lumière apparut et se dirigea vers Arthur. Terrifié, il voulut bouger mais il était paralysé. Il était incapable d’atteindre son épée. La sphére lumineuse stoppa à quelques centimètres de son visage. Le regard effrayé, Arthur distingua l’arbre à travers la boule translucide. Les rayons de l’astre de la nuit se reflétaient sur cette forme sphérique. Le prince retint sa respiration quand une deuxième boule étincelante rejoignit la première. Elle inonda de sa lueur le corps de Merlin puis s’immergea dans l’eau froide de la rivière.
- Ne crains rien jeune Pendragon. Nous ne te voulons aucun mal, le rassura une voix mélodieuse.
- Qui êtes-vous ? Et qu’avez-vous fait à mon ami?, questionna Arthur, contenant sa colère mais pas rassuré du tout.
- Ton ami, Merlin, luttait contre une force maléfique qui le consumait. Mes sœurs l’ont juste libéré de cette possession imminente et l’ont soigné.
Arthur fronça les sourcils, perplexe. Avait-il bien entendu ? Merlin avait été possédé mais par qui ?
Par quoi ? Ses lèvres s’entrouvrirent seulement la voix mystérieuse poursuivit.
- Il va beaucoup mieux. Une nuit de sommeil lui sera très profitable.
Arthur se détendit, soulagé par la tournure que prenait son aventure. D’après cette sphère de lumière, Merlin allait être sur pied dès le lendemain. Apaisé, son regard se posa sur son ami et constata qu’elle disait vrai. Merlin semblait être plongé dans un sommeil paisible. Sa respiration était régulière.
- Qui êtes-vous ?, répéta-t- il, relevant ses yeux vers son interlocutrice fluide.
- Nous sommes les Vilias. Esprits des ruisseaux et des flots. Lorsque le corps de Merlin est entré en contact avec nous, nous avons toute de suite su qu’il courait un grand danger. Il nous était impossible de le laisser mourir car il est très précieux pour ton futur.
- Mon futur ? De quoi parlez-vous ? En quoi, Merlin pourra-t-il m’aider pour mon futur ?, voulut savoir Arthur, intrigué.
Pour toute réponse, la lueur blanche s’approcha du jeune prince, frôlant son front.
- Le temps viendra où toutes vos questions passées et à venir auront une réponse. Mais en attendant, jeune Pendragon, il vous faut oublier notre conversation et notre existence.
- Qui est vraiment Merlin ? (La tête d’Arthur fut nimbée par la lueur). Non, attendez ! At… tteenn…dez !
Arthur résista au sommeil qui lui alourdissait les paupières. Il désirait connaitre enfin la réponse qui taraudait son subconscient sur la question : « Qui était Merlin ? ». Apparemment, cette voix mélodieuse savait précisément qui était son ami ? Le prince aurait souhaité encore dialoguer avec elle mais ses pensées devinrent confuses. De quoi voulait-il parler, déjà ? Que voulait-il savoir ? Qu’est-ce que c’était cette lumière blanche ? La Lune ? Oui, c’était ça, la boule blanche n’était autre que la lune.
Epuisé, inclinant la tête, Arthur s’assoupit, desserrant son étreinte. La tête de Merlin roula sur son torse.
L’aube naissait sur une nouvelle journée. Les oiseaux chantonnaient les uns après les autres. Quelques papillons voletaient déjà dans l’air frais du matin. Et c’est sur ces notes musicales animalières que Merlin s’éveilla sur… A qui appartenaient ces jambes ? Qu’était-ce ce bras qui pendait sur son épaule ? Il l’écarta doucement et se releva pour constater qu’il portait la veste d’Arthur et que celui-ci dormait paisiblement devant lui.
Quelque chose n’allait pas. Le jeune sorcier se sentait différent, comme libéré d’un poids. Soudain, il se raidit. Il ne ressentait plus l’entité maléfique. Où était-elle ? Merlin posa son regard méfiant sur Arthur. Aurait-elle trouvé refuge dans le corps du prince ? Non, car si cela avait été le cas, Arthur serait retourné à Camelot pour se venger et commettre des méfaits. Or, Arthur était étendu, dormant à poings fermés.
Merlin soupira. Il trouva sa chemise humide. Il s’étira, étonné d’être encore en vie. Il ne se souvenait de rien du tout. Le noir complet. Comment avait-il réussi à se débarrasser de l’entité de Cornélius Sigan ? S’il ne possédait pas son corps ou celui du prince. Où était-il ? Ne pas savoir l’inquiéter.
- Merlin ? , dit le prince en se relevant d’un coup.
- Que s’est-il passé ? (Arthur le dévisagea) Je me souviens de m’être jeté dans le vide mais après plouf, plus rien.
- Plouf ? Ça, c’est surement ton corps percutant la surface de la rivière qui dieu soit loué était assez profonde pour t’éviter une mort certaine !, s’écria-t-il, complètement fou furieux.
Comment expliquer à Arthur qu’il avait failli le tuer? Qu’il était possédé par l’esprit maléfique de Cornélius Sigan? Et que la solution qu’il avait trouvée était de se jeter du haut de ce précipice. Merlin avait pensé mettre un terme à sa vie pour éviter que cette entité ne possède quelqu’un autre que lui. Le comprenait-il, seulement ? Apparemment, Cornélius Sigan avait triomphé. Mais par quel moyen ?
- Tu vas me faire le plaisir de sortir de ton mutisme et m’expliquer ce qui t’est passé par la tête ?
- J’ai voulu apprendre à nager ! dit-il furetant du regard à la recherche de quelque chose.
- Merlin ! (Il lui saisit le bras) Je suis sérieux. Ne me prend pas pour un crétin ! Pourquoi t’es-tu jeté du précipice ?
- J’ai honte de vous l’avouer.
- Tu m’as dit que tu as échoué et tu m’as demandé de te pardonner. Alors, qu’as-tu fait ?
Merlin feignit d’hésiter, lui laissant le temps d’inventer une histoire. Une très bonne et plausible histoire.
- Tu peux parler sans crainte, Merlin, le rassura-t-il, en s’impatientant légèrement.
Merlin soupira et prit une bonne inspiration.
- C’est stupide vraiment ! (Il se gratta la tête) Pour vous dire toute la vérité, je ne m’en souviens pas.
Arthur fronça les sourcils puis étudia le visage sincère de Merlin. Peut-être que le choc à la tête contre l’eau l’avait rendu amnésique. C’était possible, se laissa persuader le jeune prince. Frustré de ne pas connaitre la véritable raison qui avait poussé son ami à commettre ce geste désespéré, Arthur jeta un regard abasourdi sur son valet qui écartaient les branches d’un buisson.
- Que cherches-tu ?
- Mon sac à dos.
- Il est resté là-haut, dit le prince Arthur en levant le menton vers le site.
Merlin leva la tête et évalua la hauteur de son saut. Il resta impressionné d’avoir eu la fermeté d’accomplir un tel acte. Arthur penserait toujours qu’il avait essayé de se suicider tandis que le jeune sorcier avait voulu tout simplement sacrifié sa vie pour sauver son ami.
********************
Sur le chemin de retour, ils trouvèrent la jument d’Arthur en train de paitre paisiblement dans un champ de fleurs. La marche des deux gens s’effectua dans un mutisme total. Mais à mi-parcours, Arthur ne se contint plus.
- Dois-je t’enfermer dans un cachot ou alors m’assures-tu de ne plus m’inquiéter pour toi ?
- Vous vous êtes inquiété pour moi ? , demanda-il malicieusement.
- Merlin ! , s’exaspéra le prince de Camelot.
Merlin vouta ses épaules et inclina sa tête. Il était de nouveau lui-même. Le jeune sorcier était prêt à reprendre son rôle d’idiot en attendant le jour où il pourrait vraiment se montrer tel qu’il était. Pour l’instant, il était le serviteur d’Arthur Pendragon, prince de Camelot et héritier du trône. A eux deux, ils devaient accomplir un destin. Un destin qui unirait les Terres d’Albion.
Tout en jetant un regard en biais sur son ami, Arthur pensa qu’il devait trouver une excuse plausible pour le cadeau de Morgane avant de se présenter devant son père. Une excuse, un autre mensonge plutôt, pensa le prince héritier, un peu contrarié de devoir à nouveau mentir au roi.
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Merlin entra timidement dans le laboratoire de son mentor. Gaius leva la tête de la lettre et jeta un regard attristé vers son jeune assistant. Honteux, le jeune sorcier déglutit.
- Très belle lettre ! Très émouvante. Si le travail te manque, tu pourras aisément de reconvertir dans l’écriture ! , railla-t-il d’une voix émotionnée.
Le jeune sorcier décela une colère contenue et une pointe de reproche dans sa voix. Sans un dire un mot, Merlin s’avança et fouilla dans son sac à dos. Il en extirpa la pierre bleutée. Le jeune sorcier ignorait comment l’esprit de Cornélius Sigan avait regagné sa geôle. Lorsqu’il avait récupéré son sac près du précipice, il avait eu l’agréable surprise de découvrir la pierre étincelant de sa couleur initiale. Gaius se redressa, contourna la table et se planta devant Merlin.
- Avant que les ouvriers ne rebouchent l’entrée du trésor, nous allons le remettre à sa place. Là, où elle n’aurait jamais dû quitter.
Gaius saisit la pierre. Il était heureux que cette aventure se termine bien. A la lecture de la missive de son jeune assistant, le médecin avait craint le pire. Et quand le vieil homme l’avait vu passer la porte. La colère avait remplacé la tristesse. Mais cela dura un bref instant. Merlin était vivant .C’était ce qui importait pour lui. Son regard avait changé. Le jeune homme était, de nouveau, égal à lui –même.
- Je suis sincèrement désolé, Gaius, s’excusa-t-il, penaud.
- Je veux bien te croire. Mais la prochaine fois….
- Il n’y aura pas de prochaine fois.
Alors, Gaius l’étreignit affectueusement. Merlin ressentit combien ce vieux médecin de la cour avait de l’affection pour lui. Dorénavant, Merlin se promit qu’à l’avenir, il écouterait ses conseils. Enfin, il l’espérait.
FIN