HypnoFanfics

L'avenir n'est pas gravé .....

Série : Merlin (2008)
Création : 06.12.2013 à 17h43
Auteur : crystal14 
Statut : Terminée

« Suite de " La promesse" L'histoire se situe entre la fin de la 313 et et début 401.  » crystal14 

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                                                                                   *****

 

De sa fenêtre ouverte, sous la lueur pale de la lune, Arthur distingua deux silhouettes sortir dans l’une des galeries du palais. En apercevant son ami en compagnie de la jeune fille, ce sentiment épouvantable s’éveilla de nouveau en lui. Dans son for intérieur, il connaissait le nom de ce sentiment inavouable et l’admettre lui aurait été insupportable.

Soudain, le cœur du prince se broya quand il vit le couple s’enlacer pour enfin s’embrasser. D’un geste brutal, il ferma la fenêtre rageusement. Cette chose immonde rongea le cœur du prince, exhalant sa colère. Il dodelina la tête à la chevelure blonde, s’obligeant à maitriser ce sentiment néfaste.

Au cours de la partie de chasse, la distraction de son serviteur avait exacerbé son exaspération. Merlin était-il vraiment amoureux comme le supposait Guenièvre ? Comment une jeune fille comme elle pouvait s’amouracher d’un idiot comme lui ? L’amour rendait aveugle assurément ! supposa Arthur, en secouant la tête. Admettre que cette fille était la cause de la métamorphose de Merlin lui était intolérable.

Dire qu’elle avait failli quitter Camelot !

Le décès de son grand-père, survenu quelques jours après leur arrivée dans la cité, avait presque incité la jeune fille à quitter Camelot mais le soutien moral que lui avaient apporté Merlin, Gwen et Gaius, l’en avait dissuadé. Ainsi, elle avait eu une maison que Gaius lui avait trouvée au centre de la rue de la cité basse. Pas très loin de la maison de Gwen.

Comme il ne suffisait pas d’entendre constamment son nom par le biais de Gwen, Merlin étant plus réservé mais son comportement l’exprimait largement, et répondant à la requête du médecin de la Cour, Arthur avait accueilli Claire dans la grande salle d’audience.

Ainsi le prince avait pu rencontrer la jeune fille qui mettait en émoi son valet. Cette dernière s’était tenue droite devant lui. La démarche, l’attitude, les manières traduisaient une bonne éducation, toutefois elle n’était pas noble de naissance. Il le savait par Gaius.

Devant tant d’éloges de la part du médecin de la Cour, les joues de la jeune fille s’étaient empourprées. Elle avait l’air délicat mais quand il avait plongé son regard imposant droit dans le sien, d’un vert si profond, il avait ressenti ce même sentiment étrange, le jour où Merlin et lui s’étaient battus dans les rues de la ville basse. Aujourd’hui encore, il était incapable de mettre un nom dessus. A son caractère naturellement doux se joignait une franchise peu commune. N’avait-elle aucun défaut ?

Peu à peu, avec le temps, un sentiment d’inquiétude s’était installé en lui et avait pris une place bien plus importante qu’il avait imaginé. Il se rendait compte qu’il était injuste envers son ami en le persécutant d’une manière si odieuse mais c’était plus fort que lui. Même les retards habituels de Merlin pour prendre son service, il sentait naitre en lui une rage incontrôlable. Comme à chaque fois, ce dernier accusait le coup sans broncher avec en prime une étincelle dans ces yeux bleus. Toute sa physionomie transpirait de bonheur. A croire que rien ne l’atteignait !

Et tout cela à cause d’elle.

Et plus, il pensait à cette jeune fille, plus ce sentiment atroce s’amplifiait. A ses yeux, elle était devenue une menace potentielle puisqu’elle avait conquis le cœur de Merlin. A cause d’elle, Arthur allait le perdre. Et cette probabilité lui était inacceptable. Si seulement, il avait trouvé le courage de faire le premier pas vers Merlin.

Un coup léger suivi d’un grincement le tira de ses sombres pensées. Arthur esquissa un petit sourire contrit en voyant Gwen s’approcher de lui.

-                     Les femmes ont l’art et la manière de persuader les hommes à se plier aux moindres de leur exigences, dit-il, d’un ton amer.

Aussitôt, Guenièvre comprit l’allusion trouvant adorable l’attitude de son prince envers Merlin. Pour le rassurer, elle lui adressa un sourire chaleureux.

Arthur se dirigea vers son lit et s’assit mollement, aussitôt rejoint par Gwen qui posa sa main sur le bras de son prince. Alors cette jalousie, qui avait grandi en lui durant des semaines, se dissipa à ce doux contact.

-                     Je vais perdre mon meilleur ami.

Abattu, son visage se rembrunit devant une telle éventualité.

-                     Claire sait combien Merlin vous est attaché. Jamais, elle ne s’interposera entre vous.

Comment pouvait-elle être aussi sure ? Un homme était prêt à tout pour garder la femme qui l’aime à ses côtés .Arthur en savait quelque chose. N’avait-il pas clamé, haut et fort, qu’il abandonnerait le trône pour suivre Guenièvre hors de Camelot ? L’amour était pire qu’un ennemi agissant avec le cœur et non avec la raison. Si Claire l’implorait de partir, Merlin s’exécuterait, surement par amour.

-                     Vous n’allez pas le perdre, Arthur, poursuivit Gwen d’une voix affectueuse. Jamais Merlin ne quittera Camelot. Le lien qui vous unit, aucun hommene peut le briser. Seul, le destin pourrait vous séparer. Cette amitié s’est forgée par le respect et la tolérance réciproque que vous avez l’un envers l’autre. Merlin vous aime, Arthur. Il donnerait sa vie pour vous. Il vous l’a prouvé dans maintes occasions.

Tout problème a une solution, disait Merlin. Arthur s’évertua en trouver une. En vain. Cependant les paroles réconfortantes de sa future reine l’apaisèrent. La future reine pensa-t-il. La solution lui apparut, soudainement. Le prince de Camelot ressentit cette douce jalousie s’envoler définitivement et un large sourire fendit son visage. Sans réfléchir, il emprisonna le visage de Guenièvre dans ses mains et l’embrassa. En guise de réponse, Gwen lui prit ses mains et lui adressa son plus beau sourire.

La porte grinça, annonçant l’arrivée du jeune valet. Remarquant la présence de Guenièvre, Merlin stoppa au milieu de la pièce. D’un regard tendre, le prince de Camelot esquissa un doux sourire à sa future reine puis il se leva et ordonna à Merlin de lui préparer un bain.

Le valet fit la moue et reçut de la part de son amie un sourire d’encouragement. Une fois la jeune servante partie, le jeune serviteur activa le feu dans la cheminée. Ensuite, il accrocha le crochet relié à l’anse du seau vide puis le suspendit sur la barre à l’intérieur de l’âtre. Il prit le baquet empli d’eau et en versa dans le seau. Le temps que l’eau chauffe, Merlin sortit avec deux seaux vides jusqu’au puits. Il dut faire plusieurs allers retours afin de remplir la cuve d’eau chaude.

Entretemps, Arthur attendit patiemment que son bain soit prêt en parcourant divers rapports sur la fin des travaux du château, sur la récolte prometteuse de l’été, etc etc. Il pensa également à la santé de son père, à Morgane cachée quelque part dans ce vaste royaume. Les recherches pour la retrouver demeuraient stériles. Il donnerait n’importe quoi pour la ramener à Camelot et revoir son père prendre de nouveau gout à la vie.

Arthur se sentit soudain épuisé par la charge de responsabilités que lui imposait la régence du royaume. Il commençait à entrevoir les difficultés que son père avait dû affronter chaque jour depuis son couronnement. Chaquedécision prise nécessitait et réclamait un caractère d’acier à toute épreuve. Chaque succès, chaque échec avaient conduit Uther Pendragon à l’homme qu’il était devenu aujourd’hui. Son père s’était forgé une réputation d’un roi inflexible, inébranlable, impitoyable. Arthur n’arrivait à la cheville de son père. Le chemin serait long et périlleux avant qu’il ne soit roi à son tour.

Un toussotement interrompit le fil de ses pensées. Le bain était prêt. Le prince dispensa Merlin de rester. Maintenant, qu’Arthur avait solutionné son problème, il désirait être seul.

Sans poser de question de peur qu’il ne change d’avis, Merlin s’apprêta à se retirer quand il vit une minuscule petite sphère bleue survoler la pièce. Il jeta un rapide coup d’œil vers Arthur qui était en train de se déshabiller derrière le paravent puis il sautilla, les mains fouettant l’air pour se saisir de l’intrus. Merlin pressentit immédiatement à qui il avait à faire. Ce dernier se prépara à utiliser sa magie lorsque la sphère, véloce, disparut dans l’interstice de la fenêtre laissant le jeune sorcier perplexe.

-                      Qu’est-ce que tu fais ? , demanda Arthur, incrédule.

Stoppé dans son élan, la bouche ouverte, Merlin chercha une explication bredouillant quelques mots indistincts.

-                      Articule, je n’ai pas tout compris ! , dit-il en tendant l’oreille avec ses doigts.

-                     Un moustique ! déclara le brun, Ces insectes piquent, aspirent votre sang et vous laissent un bouton rouge qui vous démange atrocement durant quelques jours.

-                     Je sais ce qu’un moustique ! répliqua le prince en doutant de ses paroles. Et tu as besoin de danser pour le chasser ? Assure-toi plutôt que l’eau de mon bain ne soit pas bouillante ! ajouta-t-il, la mine dédaigneuse.

 

Le regard inquiet du jeune valet se tourna vers la fenêtre. Que venait faire un Sidhe dans la chambre d’Arthur ? Que cherchait-il ? Et pourquoi s’était enfui ? Fronçant les sourcils, Merlin s’approcha de la grande cuve remplie d’eau et plongea les extrémités de ses doigts pour contrôler la température de l’eau. Soudain, il sentit une brusque pression sur le dos le déséquilibrant. Le corps de Merlin s’immergea entièrement dans l’eau tiède, heureusement. Surpris, le serviteur battit des bras, éclaboussant au passage Arthur et le sol.

-                      Qu’est-ce qui vous prend ? , demanda-t-il, sidéré, par le geste de son ami.

Merlin se redressa et s’extirpa avec lourdeur de la grande cuve. De l’eau dégoulina de ses vêtements, se répandant sur le sol. Arthur se dirigea vers la devanture, appréciant la tête dépitée de son valet.

-                      Je voulais éviter d’être encore ébouillanter ! Si tu voyais ta tête, mon pauvre Merlin ! , s’esclaffa le prince en tapant sur l’épaule de son serviteur.

-                     Je ne vous savais pas si rancunier.

-                     Allez, Merlin ! Ne sois pas mauvais joueur !

Merlin se secoua la tête en entendant Arthur éclater de rire derrière le paravent. Tout à coup, les yeux bleus de Merlin virèrent d’une couleur dorée et il quitta la chambre un sourire aux lèvres, laissant derrière lui des flasques d’eau sur le sol.

Entouré d’une serviette autour de la taille, Arthur s’aperçut qu’il était seul. Haussant les épaules, il gloussa encore de sa plaisanterie, défit sa serviette et plongea son pied dans l’eau…….

-                      Merliiiiiiiiinnnnnnnnnnnn !, hurla-t-il en retirant son pied.

Derrière la porte, la voix moqueuse de Merlin se fit entendre :

-                      Vous m’avez dit : assure-toi que l’eau ne soit pas bouillante. Je n’ai fait qu’obéir à vos ordres, sire ! se moqua le jeune valet en claquant la porte.

-                      Mais elle est glacée ! Espèce d’idiot, d’imbécile, de crétin, de……., débita le jeune prince en se précipitant vers la porte.

Au moment où il ouvrit la porte, il prit conscience soudain qu’il était nu comme un ver.

 

                                Chapitre 9

 

Arthur présidait la salle d’audience, entouré de son oncle, Agravain, ses conseillers, Gaius et quelques gardes.

Sir Léon rapporta évidemment que les recherches n’avaient abouti à rien. Que Morgane et Morgause demeuraient introuvables. Par contre, sur le chemin de retour, ils avaient rencontré ce jeune homme  qui avait sollicité une entrevue avec son altesse. Son maitre prétendait le connaitre. Le prince Arthur regarda Sir Léon puis dévisagea avec attention le jeune homme.

-                     Comment s’appelle ton maitre ? 

-                     Il m’a juste autorisé à vous dire qu’un jour vous lui avait sauvé la vie.

La capuche de sa houppelande était suspendue derrière son dos. Le messager releva son visage d’une extrême blancheur, ne laissant transparaitre que les yeux bleus translucides qui le fixaient avec une légère froideur.

-                     Un indice bien mince, messager. Serais-tu autorisé à me révéler en quelle occasion je lui ai sauvé la vie ?

Un bruit résonna, suspendant un instant l’audience. D’un même mouvement, Gaius et quelques conseillers tournèrent la tête pour apercevoir le valet du prince entrer dans la salle et se faufiler sur la pointe des pieds pour rejoindre discrètement le médecin de la Cour. Les deux gardes en faction refermèrent les portes.

Arthur plissa les yeux. Ah ! Merlin et sa ponctualité !  Puis il reprit la conversation avec son interlocuteur.

Impassible, Gaius jeta un regard désapprobateur à Merlin puis il détourna son attention sur l’entretien verbal entre le messager et Arthur.

-                     Comment puis-je répondre à ton maitre si j’ignore la teneur du message ? , reprit le prince en reportantson attention sur le messager.

Pourquoi avait-il l’étrange impression que ce visage lui était si familier ? Où l’avait-il vu ? se demanda le jeune prince. Ses yeux cherchèrent ceux de Merlin qui fixait le dos de l’étranger en fronçant les sourcils puis son regard s’attarda sur Gaius. Pourquoi le médecin de la Cour semblait-il si préoccupé ?

-                     Mon maitre est prêt à répondre à tous vos questions et souhaite vous donner un rendez-vous, répondit le jeune homme.

-                      S’il désire me rencontrer en personne, il faudra qu’il franchisse les portes de Camelot. Et ce sera avec plaisir que je l’accueillerai dans mon palais.

-                     Ce n’est pas la réponse qu’il désirera entendre de ma bouche, sire. 

-                     Désolé, je n’ai pas en mémoire toutes les personnes que j’ai pu sauver ou épargner. Alors, si ton maitre veut me transmette un message de gratitude, il faudra qu’il m’honore de sa présence. Il sera bien évidemment mon invité. 

-                      Je suis honoré de votre hospitalité, Sire.

Le messager s’inclina devant le prince. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Soudain, un souvenir émergea dans l’esprit de l’héritier de Camelot. Ce sourire, ses yeux ….. Serait-ce….

-                     Mordred ?…. Commença à dire le prince de Camelot.

Arthur et le jeune druide se jaugèrent un instant du regard sous les murmures de l’assemblée. Pourquoi ne pas avoir décliné son identité plutôt ? Négligent les autres questions qui se bousculaient dans son esprit, le régent de Camelot offrit l’hospitalité à Mordred et ordonna à son serviteur de conduire son invité dans sa chambre. Des murmures s’élevèrent dans la salle en signe de protestations pour certains ou de stupéfaction pour les autres.

Lorsque Mordred passa devant Merlin, Arthur intercepta le regard méfiant de son serviteur sur le jeune druide.

                                                                               ***


crystal14  (07.02.2014 à 18:40)

 

Sans être vu, Agravain était venu dès que possible pour informer Morgane de la venue de Mordred à Camelot. Les retrouvailles entre Mordred et Arthur étaient amicales. Le prince avait expressément invité son convive à diner et à passer la nuit dans son palais. En neveu affectueux, l’héritier avait partagé avec lui, son oncle, l’entretien qu’il avait eu avec le jeune druide et son intention d’organiser une expédition afin de ramener sa jeune sœur au château.

Les nouvelles de Camelot engendrèrent, à Morgane, un sentiment d’irascibilité intense. Son frère se montrait d’une naïveté déconcertante. Comment Arthur osait-il prétendre la reconduire à Camelot et ce, devant le roi Uther ? Pour qui se prenait-il ? Plutôt mourir que de s’incliner devant ces deux hommes qu’elle haïssait le plus au monde. Aucun mot ne parvenait à décrire la rage qu’elle ressentait sur le moment.

La jeune sorcière s’interrogea sur le moment où Mordred appliquerait le plan. Ce dernier semblait ressentir une haine retenue envers Merlin. Aurait-il assez de courage pour l’exécuter ? Pourquoi en doutait-elle alors que le jour tant attendu approchait inexorablement. Dommage que Merlin ne soit pas témoin de son achèvement car Arthur avait rendez-vous avec la mort et non avec elle, Morgane.

Un frisson glacial lui parcourut tout le long de sa colonne vertébrale quand Agravain décela dans le regard d’un bleu sombre de la jeune sorcière une lueur démoniaque. Mal à l’aise, il tortilla ses gants nerveusement.

-                     J’ai hâte de voir la tête d’Arthur lorsque Mordred lui ôtera le soutien de Merlin, s’exclama-t-elle, en contenant sa jubilation. Tout se déroule parfaitement. D’ici peu, je serai reine de Camelot.

Agravain faillit prendre la parole mais il se ravisa.

Comment en était –il arrivé à courber l’échine devant elle ? , pensa-il en la contemplant malgré lui. Comment oublier sa première rencontre avec Morgane ?

Parti à la recherche de la fugitive, Agravain avait été séparé du groupe. Et dans les profondeurs de la forêt, il avait entendu des gémissements. Intrigué, il était descendu de sa monture, s’était approché prudemment vers le bruit, derrière le buisson. En y découvrant les deux jeunes femmes, l’une blessée et l’autre effrayée, Agravain comprit qu’il avait devant lui les deux femmes que recherchées le prince de Camelot. D’emblée, il était tombé sous son charme hypnotique  .Ne pensant qu’à lui venir en aide, la secourir, la protéger, Agravain avait pris une décision qui allait changer son existence. A cet instant, il avait commencé à trahir Arthur.

L’oncle d’Arthur observa le corps svelte de Morgane, emmitouflé dans ses vêtements noirs. Elle était si séduisante, belle, élégante, inquiétante, effrayante, ensorcelante.

Pourquoi s’était-il rangé à ses côtés ? L’avait –il ensorcelé ? Non, il était attiré, subjugué par sa beauté, par son regard sombre, par sa noblesse. Tout en elle lui procurait un désir de la satisfaire. Serait-il amoureux d’elle ? Est-ce ce motif immoral qu’il le poussait à trahir son neveu ? Cependant, l’attitude de Morgane à son égard ne semblait pas répondre aux siens.

Pourquoi trahissait-il la mémoire de sa sœur en se rendant déloyal, sournois, fourbe envers le fils de sa défunte sœur, Arthur ? La raison était simple : Uther ! Jamais, il n’avait pardonné à ce dernier, la mort de sa sœur, Ygraine. Elle avait donné son dernier souffle en donnant le fils qu’il avait tant désiré. Cette douleur, Agravain, l’avait soigneusement entretenu durant ces longues années d’agonie, pour devenir aujourd’hui, une haine féroce.

Le lien affectif qu’il maintenait avec son neveu depuis le jour de la libération de Camelot, Agravain dissimulait ce sentiment d’animosité derrière un masque complaisant.

En son for intérieur, ce qui le rassurait, c’était qu’étant l’oncle du prince, il ne risquerait rien. Du moins pour l’instant. Un jour ou l’autre, l’assistant de Gaius découvrirait son rôle véritable dans Camelot et il ne donnerait pas cher de sa peau si ce serviteur avec l’aide du médecin de la cour, découvrait son implication à l’invasion future de la cité. Même si le serviteur de son neveu le dénonçait, l’héritier au trône ne le croirait pas.

Là était son avantage, pour l’instant.

                                                                              *****

 

L’esprit agité, Merlin entra dans le laboratoire de Gaius. Surpris de la véhémence de son geste, le médecin posa son regard interrogateur sur le jeune homme pendant que sa main se plaqua sur la page d’un livre qu’il était en train de consulter.

-                      Merlin ! Un jour, tu vas finir par briser cette porte.

Merlin demeura un instant muet, trop surpris par l’audace de Mordred. Il avait l’ultime conviction que cela ne présageait rien de bon. Officiellement, le jeune druide avait ouvert les hostilités. Il s’interrogea sur la présence de Mordred car il n’avait pas cru un seul mot de ce qu’il avait raconté. Que préparait-il ?

Au cours du diner, Merlin était demeuré sur ses gardes. Les paroles proférées par le jeune druide avaient transpiré le mensonge. Chacun de ses mots avaient été comme du venin qui paralysait la raison d’Arthur. Comment ce dernier pouvait-il fermer les yeux devant tant de boniment ? La duplicité de son hôte lui avait donné la nausée.

Durant toute la soirée, Mordred l’avait provoqué du regard, s’amusant avec ses nerfs. Cependant, Merlin avait réussi à garder son sang-froid malgré les tentatives insidieuses de son adversaire. A la fin du repas, Arthur avait exigé de son serviteur qu’il veille au bien-être de ce traitre. Ravalant sa fierté, il s’était plié à ses ordres sous le regard luisant du jeune druide. Contraint, il avait dû guider celui-ci jusqu’à ses appartements. Durant le trajet, les deux hommes s’étaient retranchés dans un mur de silence lourd de menaces.

Parvenu devant la porte la chambre, Merlin l’avait attaqué directement :

-                     Que cherches-tu, Mordred ? Pourquoi tout cette mise en scène ?

-                     Ne provoque pas le combat si tu n’es pas sûr d’aller jusqu’au bout ! Que penserait Arthur s’il savait qui tu es réellement, Emrys ? , avait-il répondu en cherchant à le provoquer.

-                     Tu ignores de quoi je suis capable, Mordred, avait-ilrépliqué en pinçant les lèvres.

-                     Oseras-tu seulement utiliser la magie devant lui ? avait-il demandé en poussant la porte de la chambre.

-                     Je n’y hésiterai pas. Quoi qu’il m’en coute ! 

Mordred avait affiché un large sourire entendu.

-                     Je doute que tu tiennes ta promesse, Emrys. Il entra dans la pièce. Je sais pertinemment que tu préférais plutôt mourir que de dévoiler ta véritable nature devant le prince. Ta peur en la magie est ton point faible, Merlin. Je te prouverai que j’ai raison.

D’un geste de la main, il avait fermé la porte en le réduisant au silence. La manière dont il fut congédié augmenta la colère jeune sorcier. La prochaine fois, il ne serait pas si tolérant.

Merlin cligna des yeux quand Gaius passa devant son visage sa main.

-                     Merlin, que se passe-il ?

Merlin rapporta la soirée sur un ton où perçait une colère sourde.

-                     Que me caches-tu ?

Bon sang ! Comment Gaius parvenait-il à percevoir qu’il lui dissimulait quelque chose. En soupirant, le jeune sorcier consentit à lui raconter sa rencontre avec Mordred le jour où il avait eu en main le cristal de Neahtid. Comment en tentant de l’empêcher de s’enfuir, Mordred avait tué en empalant avec des lances les deux chevaliers venus l’arrêter. Le jeune sorcier avoua au médecin que l’enfant lui avait reproché son acte de trahison.

-                     Pourquoi avoir attendu pour m’en parler?, demanda Gaius, mécontent.

-                     Après l’évasion d’Agharr et la libération de Kilhgarah les événements se sont enchaînés. Je n’ai pas trouvé utile de vous en parler, surtout que Mordred s’était enfui sans jamais faire parler de lui. 

-                      Jusqu’à maintenant ! , soupira le médecin.

Merlin s'assit sur le banc, l’air soucieux. Le médecin de la Cour connaissait cette expression sur son visage.

-                      Quoi ? Qu’est- ce qu’il y a, Merlin ?

-                     Il part demain dès le lever du jour pour ramener Morgane. Il lui a donné comme preuve de sa sincérité la dague qu’Arthur lui avait offerte le jour de son anniversaire.

-                     Si Mordred s’est allié avec Morgane, la mission risque d’être périlleuse.

-                     N’est-ce pas mon lot quotidien que de vivre dangereusement ? Par ailleurs, j’ai vaincu des adversaires bien plus redoutables que lui. Alors ne vous inquiétez pas pour moi.

Merlin enfila sa veste puis il se dirigea vers la porte d’entrée quand son mentor prononça son prénom.Le jeune homme se tourna et lui lança un regard interrogateur.

-                     Ne sous-estime jamais ton adversaire.

D’un air sérieux, le jeune sorcier hocha la tête et sortit.

 

                                                            CHAPITRE 10

 

Le soleil avait déjà disparu du ciel mais la lumière du jour prolongea sa présence sur le royaume avant de céder sa place à la nuit. La chaleur s’était atténuée mais il faisait encore chaud. Un léger vent tiède s’engouffra dans la chambre du prince. Arthur se tenait devant la fenêtre ouverte où il apercevait certains habitants qui profitaient de cette douceur pour se promener ou achever leurs besognes que la journée brûlante les avait empêchées d’effectuer.

Vers la fin de la journée, Arthur avait eu la visite imprévue de Mordred. C’était à peine s’il l’avait reconnu tant il avait grandi depuis leur dernière rencontre. Il était encore un enfant. Un enfant dont son père avait ordonné sa mort mais secouru par Morgane, Merlin et par lui-même, ce jeune druide avait pu rejoindre les siens. C’était lui, Arthur, défiant la persécution et la lutte contre la magie que menait son père depuis deux décennies, qui avait conduit cet enfant personnellement vers les siens.

Le prince s’installa sur son fauteuil, tapotant ses doigts sur le bras en bois. Il se sentait fébrile. D’ici quelques jours, Morgane serait de nouveau parmi sa famille et son père en la voyant sortirait alors de cette léthargie. Pourtant son instinct lui dictait la prudence. Toutefois, le prince avait donné l’hospitalité au jeune druide.

Brusquement, il se leva et alla vers la cheminée éteinte. Il ne pouvait soustraire la nature de son invité. Un druide dans son palais, non, il appartenait encore à son père. Arthur n’était que le régent. Que penserait le roi de cette décision, de cette initiative ? L’héritier imagina sans grande difficulté son ressentiment et sa désapprobation envers cet acte inconsidéré et indigne d’un futur roi ! Cependant, Arthur n’avait été guidé que par l’amour qu’il éprouvait encore pour sa sœur ainsi de rendre une fille à son père.

Il joua avec le poignard, observant dans tous les sens les pierres précieuses qui ornaient le manche de l’arme blanche. Mordred la lui avait donnée pour prouver la véracité de ses dires. Quelque chose le troublait mais Arthur combattit le signal d’alarme que son instinct lui dictait. Cependant, la santé de son père lui importait plus que sa prudence. Penser à la mine heureuse de ce dernier s’il lui ramenait sa sœur, Morgane, suffit au prince pour étouffer son instinct. Et puis, il était très désireux de croire que cette dernière se soit repentie pour ses méfaits.

Son instinct hurlait le piège. Pourquoi Morgane ne pouvait-elle pas venir elle-même jusqu’à Camelot ? Pourquoi avait-elle besoin de Mordred comme intermédiaire ? Ne faisait-elle pas confiance à son propre frère ? Un voile d’inquiétude passa fugacement dans ses yeux lorsque son regard se posa de nouveau sur la dague qu’il serrait à la main mais sans vraiment la voir.

S’il avait été moins obtus, peut-être que Morgane aurait eu le courage de venir lui parler de son pouvoir. En fait, elle avait essayé un jour, et il s’était moqué d’elle, croyant qu’elle était amoureuse de lui. S’il n’avait pas été si arrogant, elle n’aurait pas trahi les siens. Il ne pouvait croire en sa nature malfaisante. Il voulait lui donner une chance de s’expliquer, de se repentir. Et il était prêt à prendre le risque de lui accorder de nouveau sa confiance. Morgane était très importante pour son père…. S’il la lui ramenait, tout reviendrait comme avant !  Jadis, il avait secouru Mordred tout en sachant qui il était alors qu’il était un inconnu pour lui. Morgane et lui étaient liés par le sang et il était de son devoir de l’aider.

Après tout, elle était sa sœur !

Pour la première fois, l’absence de Merlin lui pesait. Arthur regretta d’avoir libéré son serviteur pour Mordred. Irrité, il porta de nouveau son attention sur la cour d’honneur.

Ce dernier l'aurait averti qu’il courait un quelconque danger, lui aurait rétorqué de se taire et Merlin aurait obéi en lui signifiant son mécontentement mais il aurait finalement obtempéré.

Le plancher craqua, l’arrachant de ses pensées. D’un regard inexpressif, il jeta un coup d'œil circulaire dans sa chambre.


crystal14  (14.02.2014 à 20:13)

 

Merlin était là, près du bureau.

De nouveau, Arthur fit face à la fenêtre.

-                     La façon dont tu as fixé Mordred, tout le long du repas, était à la limite de la provocation. Dois-je te rappeler que l’art du combat n’est pas ton point fort. Et puis, tu n’aurais eu aucune chance contre un druide. L’aurais-tu oublié ?

 

Oh, non, Merlin ne risquait pas de négliger ce petit détail puis allant droit au but.

-                     Il vous tend un piège, c’est évident !

Alors que son intuition se réveillait de nouveau, Arthur toisa Merlin qui remarqua la dague sertie de pierres précieusesqu’il tenait à la main.

-                     Sais-tu quelque chose que j’ignore ?

Sourd à la question, le jeune sorcier continua :

-                     Pourquoi Morgane ne peut-elle pas venir elle-même jusqu’à Camelot ? Ses paroles ne m’inspirent pas confiance. Mordred nous cache forcément quelque chose.

La dernière phrase de son valet renforça son trouble. Irrité, Arthur porta de nouveau son attention sur la cour d’honneur. Brusquement, il se sentait éreinté comme si un poids immense venait de se déposer sur ses épaules.

-                     Par mon attitude arrogante, j’ai, involontairement, dédaigné l’affection de Morgane. Elle n’a rien à se faire pardonner, elle nous renvoie nos ressentiments envers la magie. Et Mordred est le seul à connaitre l’endroit où elle se cache. Je me dois lui accorder ma confiance. Morgane est très importante pour mon père….Si je la lui ramenais, surement qu’il reprendrait gout à la vie. Après tout, c’est ma sœur ! se confia-t-il d’un ton maussade.

Merlin l’avait écouté sans l’interrompre. Il n’était pas disposé à lui révéler les complots que sa demie -sœur avait entamés contre son ami et comment il avait réussi parfois de justesse à éviter qu’ils s’accomplissent. Jamais, il ne lui dévoilerait sa nature malfaisante et que rien ni personne ne pouvait changer la profonde personnalité de Morgane. Le jeune sorcier ne souhaitait pas causer de la peine à son ami. De plus, Merlin partageait son opinion car Morgane était venue lui demander de l’aide. Elle était si désemparée que ce jour-là, il avait été à deux doigts de lui révéler son secret mais les recommandations de Kilgarrah et de Gaius l’en avaient retenu.

-                     Irons-nous seuls ?, s’enquit-il, soudain.

Merlin était furieux contre lui-même. Il était venu pour le dissuader de partir et au lieu de cela, il poussait son ami dans le piège tissé par Mordred. Si seulement il pouvait connaitre les intentions du jeune druide. Arthur se retourna pour lui faire face. Il esquissa un sourire sur l’empressement de son serviteur. D’habitude, Merlin cherchait toujours à savoir le comment du pourquoi d’une mission. Mais cette fois-ci, Arthur constata qu’il n’en était rien. Il lui fut reconnaissant.

-                     Mordred est un druide et Morgane pratique la magie. Crois-tu vraiment que nous soyons capables de les contrer.  Mais si cela peut te rassurer, j’aurai mes chevaliers à mes côtés.

Silencieux, Merlin lui lança un regard désapprobateur tandis que le prince de Camelot s’approcha de son valet et lui tapota sur son épaule. Si un jour, il perdait son instinct, nul doute que le prince pouvait compter sur Merlin pour le remplacer.

Arthur se retourna, signifiant que la conversation était close. Le jeune serviteur saisit l’épée et sortit sans un mot.

Malgré la contrariété mêlée à la colère, Merlin ne pourrait jamais trouver le sommeil en sachant que le jeune druide était dans la même aile du château! Car Arthur ne s’était pas donné la peine de poster des gardes près de la chambre du druide ni près de la sienne. Malgré tout, le jeune princeavait confiance en Mordred mais pour Merlin celle-ci était inexistante, surtout quand la vie de son ami était présumée être en danger.

Au même moment, dans sa chambre, Mordred était assis au bord du lit fixant le flacon contenant le liquide ambré qui mettrait un terme à l’existence d’Emrys. Au diner, il avait pu ressentir toute la défiance qui se dégageait dans le regard du jeune sorcier. C’était un duel silencieux.

Au début de leur rencontre, Mordred s’était senti proche de Merlin. Pourtant, le sorcier l’avait trahi au camp des druides. Il s’était juré de se venger de cet acte et depuis ce jour, il n’avait de cesse de vouloir se venger. Et son association avec Morgane en était l’occasion. Tous deux trouveraient leur intérêt. Elle, le trône, lui, sa vengeance.

Soudain la mise en garde d’Iziaslava résonna dans sa tête.

En attaquant Emrys, tu éteindras l’étincelle d’espoir qui anime toutes ces personnes qui dépendent de son succès. Tu le blâmes sans connaitre les circonstances qui l’ont emmené à réagir à commettre cette ….trahison. Prend garde, une magie sommeille à Camelot qu'il n’est pas prudent de réveiller. Les conséquences seront l’anéantissement de ton projet.Un choix s’offrira à toi, jeune Mordred. J’espère sincèrement que ce libre arbitre te conduira vers le droit chemin.

Fermant les yeux, la main du jeune druide serra la fiole oblongue, encore plus fort. Mordred pouvait sentir cette déchirure béante. Chaque nuit, chaque jour, il pensait à ces hommes, femmes et enfants qui avaient constitué sa famille, être abattu, massacré comme de vulgaires animaux sauvages dans la forêt. Par l’inaction d’Emrys, le jeune druide s’était retrouvé à nouveau orphelin.

Durant ces mois, il s’était nourri de cette haine et de cette rancune qui avaient alimenté sa vengeance.

Mordred soupçonnait cette vieille sorcière de lui avoir menti au sujet de cette force mystérieuse afin de l’intimider. Parlait-elle d’Emrys ? D’ailleurs, il n’en avait cure.

Oui, Mordred sera le souffle qui éteindra cette étincelle d’espoir qui anime toutes les personnes possédant la magie mais Morgane sera la réanimée. Et la magie sera de nouveau autorisée dans le royaume. Cependant la vie d’Arthur serait menacée.

Le jeune druide ouvrit les yeux.

Un doute s’insinua dans son esprit.

L’objectif de Morgane était de s’emparer de Camelot pour y régner en tant que reine de ce royaume. Mais qu’adviendra-t-il du prince ? Le tuera-t-elle ? Sera –il jeté dans les profondeurs des cachots ?

Mordred n’était pas venu pour se soucier du sort d’Arthur Pendragon.

Son choix était fait.

 

                                                                                 *****

Depuis le départ de Camelot, une chaleur étouffante n’épargnait pas le groupe d’hommes parti depuis l’aube. Merlin se trouvait juste derrière Mordred qui se tenait à sa droite, observant très attentivement le jeune druide. Prêt à intervenir si le druide tentait quoi que ce soit sur Arthur. L’attitude du jeune sorcier ne passa pas inaperçue pour Sir Lancelot et Sir Gauvain qui avaient constaté son corps tendu et crispé.

D’un accord mutuel, ils se gardèrent d’en faire la remarque mais Sir Gauvain pressentit que la présence du jeune druide n’était pas étrangère au comportement de son ami. Le jeune sorcier était sur le qui-vive, comme s’il était attendu à une attaque de la part de ce jeune gamin. Soucieux, le chevalier se promit de veiller sur l’invité du prince Arthur car si Merlin se méfier de lui, ce n’était pas sans raison.

Le jeune druide se retourna discrètement vers Merlin et lui lança un regard hostile et Arthur ne s’était aperçu de rien.

Cependant, Mordred devait se montrer d’une extrême prudence car il ne devait en aucun cas oublier qu’il avait comme adversaire le plus puissant des sorciers : Emrys. Arthur était peut-être une proie facile mais Merlin était aussi tenace qu’une mauvaise herbe. Le druide ne pensait pas qu’il aurait été aussi simple de le maitriser. A ce simple souvenir, une lueur machiavélique traversa son regard bleu translucide.

Le soleil était à son zénith lorsqu’ils s’arrêtèrent près de la rivière pour abreuver leurs chevaux. Chaque cavalier profita de boire à sa gourde. Le jeune sorcier descendit de son cheval afin de remplir la sienne, enfin celle d’Arthur, devrait-il dire.

En effet, une heure auparavant, ce dernier s’était approprié la gourde de son valet car la sienne était presque vide. Et durant le trajet, Merlin n’avait pas bu une seule goutte d’eau de sa propre gourde. Il était assoiffé. Merlin profita de cette courte halte pour s’approcher du jeune druide qui lui sourit légèrement.

Le jeune sorcier soutint le regard ironique du jeune magicien avant qu’il ne remonte sur sa monture puis rejoignit les deux chevaliers. La mâchoire de Merlin se crispa, se contenant pour ne pas déclencher le combat. Sa fureur augmenta en intensité. La gourde remplie, il regagna sa monture. Le jeune sorcier appuya son front sur l’encolure de son cheval. Il fut pris d’un étourdissement. Merlin n’avait pas réussi à dormir. La découverte des origines de son amie et les préoccupations au sujet du jeune druide avaient perturbé son sommeil, résultant une migraine atroce.

-                      Merlin, tout va bien ? , s’enquit Arthur, soucieux.

Son serviteur s’efforça de sourire pour le rassurer puis monta sur sa monture et rejoignit le groupe.

 

La nuit assombrit le paysage. Arthur décida qu’il était temps de stopper et d’établir leur campement. Les chevaliers installèrent leurs affaires de couchage tandis que Merlin s’occupait des chevaux. Sir Lancelot prépara un feu de camp pendant qu’Arthur et Mordred entamaient la conversation. Il prêta une oreille attentive à ce qu’ils se disaient partageant secrètement l’inquiétude de son jeune ami le sorcier.

-                      Sommes-nous loin du lieu où se trouve Morgane ?, demanda Arthur en ôtant ses gants.

-                      Deux ou trois heures. Il faudra que vous la rencontriez seul. Elle est apeurée et désorientée. 

Hochant la tête, Arthur posa son regard sur Merlin. Il posa la main sur l’épaule du jeune druide puis se dirigea vers son serviteur.

-                     Merci de veiller sur moi, Merlin, mais je ne risque rien alors détend-toi.

Le jeune sorcier lui jeta un regard étonné.

-                     S’il devait vous arriver quelque chose, Gwen me fera décapiter sur le champ. Je tiens trop à ma tête pour cela. Une femme en colère est pire qu’une horde de guerriers sanguinaires, déclara le jeune valet en massant sa gorge.

Arthur soupira, pas convaincu.

-                     Arthur ?

Ce dernier vacilla légèrement et porta sa main sur son front. Devant le visage inquiet de son ami, le jeune prince se força à sourire.

-                     Va chercher de quoi alimenter le feu que Lancelot vient d’allumer.

Le visage du prince était blême et son front était recouvert de sueur. Merlin secoua légèrement la tête. Il passa devant Sir Gauvain qui ne put s’empêcher de se moquer de lui.

-                     Tu sembles si tendu que je pourrais me servir de ton corps comme une flèche pour mon arbalète. lui dit-il, en lui faisant unclin d’œil.

La légèreté de sa phrase ne dérida pas le visage de Merlin. Le jeune sorcier ne quittait pas des yeux Mordred qui discutait avec Arthur. Il ignora la faim qui lui torturait son estomac.

Le visage de nouveau sérieux, Sir Gauvain posa sa main gantée sur l’épaule de son jeune ami qui ne se retourna pas, suivant du regard les moindres faits et gestes de Mordred. Il tenta de le rassurer mais en vain. Avant de s’enfoncer dans les bois, il lança un regard lourd de menaces en direction de Mordred qui lui répondit par un sourire railleur.

Le cœur rempli d’inquiétude, le jeune sorcier ramassa du bois aussi vite que lui permettait cette affreuse migraine. Tous ses sens étaient aux aguets. A chaque bruit, il tendait l’oreille, prêt à toutes éventualités. Lorsque son adversaire jugerait bon d’attaquer, le jeune sorcier serait seul face à lui. Il ne pouvait pas compter sur l’aide des deux chevaliers de Camelot. Non content de protéger le prince, voilà qu’il devait veiller aussi sur les deux chevaliers. Merlin éprouva soudain de la solitude. Non, il n’était pas seul. Lancelot était là, présent et connaissait son secret. Cette pensée le réconforta et lui donna la force de continuer.

Mordred avait raison, il allait peut-être falloir qu’il utilise sa magie en présence de son ami et prince. Etait-ce ce que Mordred souhaitait ? Etait-ce le plan qu’il avait élaboré pour le discréditer aux yeux du prince Arthur ? Il chassa cette idée de son esprit. Mordred allait intenter à la vie d'Arthur, de cela il en était certain. Et il était déterminé à s’interposer.

De retour au campement, Merlin remarqua avec un certain soulagement et étonnement que rien ne s’était produit. Ils étaient tous autour du feu, attendant que Merlin leur prépare le diner.

Quelles étaient vraiment les véritables intentions du jeune druide ?

                            

 

 

                                                             CHAPITRE 11

 

La nuit était tombée. La lune était absente, cédant sa place aux étoiles qui projetaient leurs faibles éclats dans ce bois. Elles scintillaient comme si elles désiraient lancer un appel, un avertissement.

Sir Gauvain dormait déjà. Arthur était allongé mais le sommeil le fuyait. Ses pensées étaient dirigées vers sa sœur : Morgane. Demain, il la retrouverait et la ramènerait à Camelot devant son père.

Sir Lancelot ajouta du bois dans le feu qui crépitait dans le foyer avant de s’étendre à son tour sur le sol.

La lueur des flammes illuminaient les visages de Mordred et de Merlin. Seul, le crépitement du feu brisait le silence nocturne. Le jeune druide resta immobile, sondant du regard le jeune sorcier. Merlin trouva que Mordred était trop près d’Arthur.

-                     Bonne nuit, Emrys ! , dit Mordred par la pensée avant de s’allonger à son tour, enveloppé de sa houppelande.

Merlin veilla une partie de la nuit, alimentant le feu avec le bois qu’il avait ramassé tantôt. Il enviait Sir Lancelot et Sir Gauvain qui dormaient paisiblement. Même Arthur était parvenu à s’endormir. D’un bras, il entoura ses genoux où il appuya sa tête dessus et de l’autre main prenant un long bâton, il attisa le foyer, gardant un œil vigilant sur Mordred, endormi.

Les premières lueurs du jour naquirent sous un nouveau jour lourd de menaces. Les oiseaux chantonnèrent, avertissant les habitants de la forêt que l’aube se levait. La rosée matinale se déposa sur la végétation. Merlin frissonna et entendit qu’une voix lointaine l’appelait.

Soudain, il s’éveilla, réalisant d’un coup l’absence de Mordred et d’Arthur.

Quand s’était-il endormi ?

D’un bond, il se leva, paniqué. D’un regard, il balaya les alentours. Sir Gauvain et Sir Lancelot dormaient à poings fermés.Le feu s’était pratiquement éteint. Et les deux places où devaient se trouver Arthur et Mordred étaient vides.

Où étaient-ils ? Depuis quand étaient-ils partis ? Dans quelle direction ? L’air commença à lui manquer. Il prit une bonne inspiration pour se donner un peu de lucidité. Brusquement, un bruit attira son attention. Sans prendre le temps de réveiller ses compagnons, Merlin se dirigea vers le bruit, surmontant l’angoisse qui naissait en lui.

 

                                                                            *******


crystal14  (21.02.2014 à 07:21)

 

L’aube commençait à poindre donnant la possibilité aux deux hommes de s’aventurer sur un sentier bordé d’arbres et de buissons. Les gazouillis des oiseaux meublaient le silence entre le prince et le jeune druide qui ouvrait la marche, le regard perdu et l’esprit troublé.

L’aurore s’était à peine éveillée qu’Arthur l’avait secoué avec douceur et lui avait intimidé de se lever sans bruit pour ne pas réveiller les autres. Les deux hommes s’étaient dirigés vers le sentier sur la pointe des pieds veillant, au passage, que leurs amis dormaient à poing fermé.

Le peu de temps qu’il était resté au palais, Mordred avait pu observer brièvement combien ses chevaliers lui vouaient le plus grand respect. Morgane parviendrait-elle à inspirer un tel respect ? se demanda-t-il, soudain.

Uther Pendragon  n’était plus capable de régner sur le royaume amenant Arthur à régenter le royaume.

Autant dire qu’Arthur était presque roi. Un roi qui n’avait pas hésité une minute à quitter son nid douillet pour aller chevaucher dans la forêt profonde et inconfortable. Juste pour retrouver sa sœur, Morgane, qui elle-même était une sorcière.

Un druide, une sorcière….La magie. La prophétie. Emrys, le grand sorcier.

Arthur était entouré par des personnes magiques mais se doutait-il des pouvoirs de Merlin ? Apparemment non, supposa Mordred en grimaçant. Ensemble, ils entretenaient une profonde amitié alors pourquoi craignait-il à ce point de révéler la vérité à son ami royal ? , pensait amèrement Mordred. Le futur roi de Camelot, était-il vraiment destiné à restaurer la magie dans le royaume avec le soutien inestimable de Merlin ?

Et maintenant, avec une facilité effarante, Arthur le suivait aveuglément lui faisant entièrement confiance. Et cet étrange abandon, de sincérité que ce dernier lui témoignait le rendit mal à l’aise.

Oui, Arthur, prince de Camelot se reposait sur lui.

Soudain, Mordred réalisa qu’il était sur le point de livrer le prince de Camelot à Morgane alors que ce dernier désirait ardemment  ramener sa sœur au château tout en sachant qu’elle possédait de la magie.

Arthur était plus tolérant que son père ....., reconnut le jeune druide.

Cependant, Mordred s’interdisait à espérer car il venait inoculer la mort à l’unique espoir qui rester dans tout le royaume.

La respiration saccadée du prince ramena Mordred dans la réalité. Fronçant les sourcils, il remarqua que le chemin n’était pas si accidenté. Sans ralentir son allure, le jeune druide sonda le chemin espérant apercevoir la clairière.

Loin d’imaginer de ce que son attitude avait déclenché dans le cœur de Mordred, Arthur songea à Merlin. Il aurait voulu le réveiller mais apparemment la nuit dernière, son serviteur semblait avoir passé une nuit blanche. Alors, il avait décidé de le laisser au camp et de partir avec Mordred.

A plusieurs reprises, le prince de Camelot refoula ces vertiges qui le rendaient nauséeux. Chaque pas lui demandait un effort pour ne pas tomber. Ses jambes chancelantes semblaient ne plus supporter le poids de son corps. Il se félicita de ne pas avoir mis sa cote de maille. Afin de réguler les battements de son cœur qui tambourinait contre sa poitrine, Arthur respira profondément. Il aurait désiré boire pour enlever ce gout amer qu’il avait au fond de sa bouche mais sa gourde était restée au camp.

Mordred ralentit son allure à l’orée de la clairière et se retourna vers le jeune prince. Ce dernier était tellement focalisé à maitriser son malaise qu’il faillit percuter le jeune druide.

Le regard glacial qu’il lui lança lui donna froid dans le dos, ne laissant aucun doute sur ses intentions.

 « C’est un piège. C’est évident ! », lançait la voix de Merlin dans sa tête.

Pour Morgane et son père, Arthur avait tu ses pressentiments.

-                      Où est Morgane ? , lui demanda-t-il, espérant sincèrement qu’il se trompait.

Arthur réalisa que sa question ne recevrait jamais de réponse.

-                     Je pensais que nous étions animés par la même chose. Je ne comprends pas, le questionna-t-il en posant sa main sur la garde de son épée.

Mordred demeura silencieux.

Le prince dégaina son épée. Un geste ridicule et dérisoire face à un druide.

-                     Arthur……souffla Mordred, jetant un regard sombre derrière lui.

Soudain, il écarquilla les yeux. Arthur posa sa main sur sa poitrine, mettant un genou au sol. Il planta la pointe de son épée sur le sol terreux. Il aurait dû réveiller Merlin mais qu’aurait-il pu faire face un druide ? Lui, son serviteur si maladroit ?

La douleur lancinante se propagea dans sa poitrine. Il peina à respirer. Il ouvrit la bouche pour aspirer l’air mais ses poumons refusaient de se gonfler. Allait –il mourir si bêtement?

Plus jamais, il ne ferait confiance à qui que ce soit. Cela ne lui avait apporté que malheur et trahison.

L’image de Gwen et de Merlin s’imposa dans son esprit obscurci par le manque d’air.

Non, il se trompait.

Ces deux êtres lui étaient loyaux et fidèles. Quelle importance, maintenant !    

Brusquement, l’étau se relâcha. Arthur aspira l’air pour le grand plaisir de ses poumons. Affaibli, le prince aperçut à peine ce qui venait de se passer qu’une forme s’écroula devant lui suivi aussitôt d’une deuxième forme voltigé sur le côté. Le blond fut pris d’effroi lorsqu’il reconnut le corps frêle de son serviteur étendu sur le sol humide.

Ecarquillant les yeux, le prince détourna son regard du corps de ce dernier pour scruter les alentours. Il aperçut une silhouette s’avancer vers lui.

C’était Morgane !

Elle était venue à son secours.

Le prince fit quelques pas en titubant, dans sa direction quand il ramena sa main sur sa gorge.

Que faisait-elle ? Pourquoi dirigeait-elle son pouvoir contre lui après l’avoir utilisé contre Mordred ?

-                     Croyais-tu sincèrement que je désire vraiment retourner à Camelot avec toi ? cracha-t-elle d’une voix haineuse. Es-tu si aveugle, mon pauvre frère ?

Arthur ne saisit pas ses paroles refusant de les entendre et de les comprendre. Il réussit à peine à respirer. Il étouffait. Il eut la force de relever la tête pour apercevoir avec horreur qu’une autre silhouette se tenait devant lui. Elle lui tournait le dos. Il l’aurait reconnue entre mille : c’était … Merlin.

Que faisait-il ?

Arthur sentit l’angoisse monter en lui. Merlin allait se sacrifier pour lui sauver la vie. Mais sa bravoure sera vaine car Morgane était devenue trop puissante. Arthur aurait voulu hurler de fuir mais aucun son ne sortit de sa bouche.

La main levée vers elle, Merlin resta immobile. Qu’essayait-il de faire ?

Soudain, la vérité illumina son esprit. Ce n’était pas Morgane qui avait maitrisé Mordred mais …. Merlin.

Merlin, son serviteur, un ….. Un sorcier ! Non, il ne croyait pas ses yeux ! Pas lui ! Pas son ami ! Pas celui avec qui il avait accordé entièrement sa confiance ? L’aurait-il trahi ? Et pour quelle raison ? Faillait-il une raison valable pour trahir un ami ? pensa-t-il amèrement. Non, il se refusait à le croire ! Son esprit, secoué, repoussait cette évidence cruelle.

Arthur n’arrivait pas à articuler un seul mot. Réfléchir devenait impossible. Était-ce son destin de mourir dans ces lieux ?

« Un jour, vous serez un grand roi. »

Gwen et Merlin avaient tous deux prononcé cette phrase. Merlin, ce traitre ! Ce simple mot lui arracha le cœur. Cette évidence qu’il se refusait à admettre.

Mais Mordred semblait ne pas être impliqué par cette trahison. Pourtant, il pressentit qu’il n’était pas étranger à la présence de sa sœur. A une certaine époque, Arthur lui avait évité la condamnation à mort et pour quel résultat ? Afin de se retrouver dans ce lieu désert, à sa merci. Etait-ce la conception qu’avait Mordred de la reconnaissance ?

Morgane, sa sœur, cherchait à l’effacer de la surface de terre. A qui faire confiance s’il ne l’accordait pas à sa propre famille ?

Arthur était venu jusqu’à elle pour lui prouver combien il était prêt à tout lui pardonner, oublier ses actes passés, l’aimer et la protéger comme un frère. Elle voulait son trône et tous les responsabilités qui en incombaient. Très bien qu’il en soit ainsi ! Il le lui offrait sur un plateau d’argent, non, c’était plutôt Morgane qui se servait sans égard et sans remord d’accomplir ce crime fratricide.

Les genoux et une main posée sur le sol herbeux et l’autre sur sa poitrine, le prince croisa le regard luisant de Morgane.

Elle jubilait.

D’un geste, elle propulsa Merlin dans les airs aussi facilement que s’il s’était agi d’une feuille de papier. Horrifié par tant de haine de la part de sa sœur, Arthur réalisa son erreur, interprétant hâtivement l’attitude de son serviteur. Il s’était juste interposé entre elle et lui.

L’esprit pouvait jouer de mauvais tour, se rassura le prince de Camelot.

Tel un serpent venimeux, Morgane s’avança vers lui, s’accroupit et d’une main releva son menton. Elle l’obligea à la regarder, lui offrant un sourire de victoire.

-                     Pourquoi ? demanda-t-il, à bout de souffle.

Morgane se redressa de toute sa hauteur et lui adressa un sourire jubilatoire.

-                     Il n’y a qu’une place pour régner sur Camelot. Et tu es de trop, mon cher frère !

Morgane détourna la tête où une longue chevelure noire tombait en cascade au creux de ses reins, s’assurant que les deux corps étaient toujours là puis elle reporta son attention sur son frère qui s’était relevé. Dire qu’elle s’était crue éprise de lui. Son frère ! Un sentiment de dégout lui donna la nausée. Elle haïssait autant le père que le fils ! Savoir que le sang des Pendragon coulait dans ses veines la révulsait.

Fébrilement, Arthur jaugea la situation en quelques secondes. Merlin, étendu à dix pas de lui. Pour chaque problème, il existe une solution. Il suffit de la trouver ! , lui avait dit un jour Merlin.

Le doute, la peur, la colère, l’impuissance fragilisaient l’assurance d’Arthur. Son corps chancela légèrement, ce qui réveilla la nausée. Surmontant l’étourdissement, ce dernier tenta vainement de trouver les mots qui toucheraient le cœur de Morgane. Il restait persuadé qu’il y avait quelque chose à tenter. Il fallait juste qu’il le découvre avant que….

Arthur lança un regard plein d’espoir vers sa sœur, impassible. Il fallait qu’il gagne du temps. Le prince déglutit, prêt à toutes les éventualités ne décrochant pas son regard de son ami lorsque Morgane lui enserra son cou d’une main féroce. Comment une femme pouvait-elle posséder une force considérable? Paralysé par cette main qui le maitrisait, qui l’étouffait, les pensées du prince Arthur s’entrechoquèrent dans sa tête au bord de l’asphyxie. Inexplicablement, Arthur se sentait faiblir.

Tous ses rêves s’écroulaient au fur et à mesure que le souffle de la vie s’échappait de sa bouche.

Bâtir et réunir les Terres d’Albion avec son fidèle ami : Merlin. Faire de ce royaume, un royaume de paix et puissant où régneraient la justice, l’honneur, la liberté, l’égalité. Il aurait voulu débattre certains sujets du royaume autour d’une Table Ronde.

Bien qu’encore tabou, il aurait instauré la magie dans son royaume mais il ne savait pas comment entamer le processus. Il serait forcé de faire un geste. Non, il était hypocrite ! Comment avait-il réagi quand il avait cru, l’espace d’un instant, que Merlin possédait de la magie ? Il s’était senti trahi, terrifié et horrifié. Pour lui, la magie était une source inépuisable de maux !

Epouser Guenièvre. L’amour de sa vie. Elle allait terriblement lui manquer. Il aurait dû l’épouser afin qu’elle puisse, en temps voulu, réclamer légitimement le droit à l’accession au trône dans l’éventualité que son père, le roi Uther, soit dans l’incapacité de diriger le royaume des Pendragon. Maintenant qu’il était libre d’aimer, il sacrifiait cet amour pour une loyauté inconditionnelle qu’il portait à son père.

S’il mourrait, qui gouvernerait le royaume ?

Son oncle Agravain, bien sûr !

L’esprit serein, Arthur s’affaissa, les genoux sur le sol, ressentant l’étau se resserrer sur sa gorge. La bouche ouverte, il tenta, vainement, d’aspirer un peu d’oxygène.

D’instinct, la main d’Arthur palpa sa hanche en quête de sa dague. Elle était froide et dur comme le regard de Morgane.

D’un geste mécanique, les doigts gantés sur la manche de l’arme blanche, Arthur la retira lentement de son fourreau comme pour se donner un temps de réflexion mais le temps lui était compté. Le prince rassembla le peu de force qu’il lui restait et dirigea la dague dont la pointe de la lame était à une courte distance du cœur de l’étrangleuse. Il suffisait d’une petite poussée pour que la lame s’enfonce dans cet organe qui débordait de vie.

La vie de Morgane.

Sa sœur.

Du sang des Pendragon coulait en elle. Arthur avait le pouvoir d’y mettre un terme.

La voix perfide de Morgane résonnait sans discontinuer dans sa tête. Un rire pernicieux glissa entre ses mots. Elle se délectait de son indécision. Arthur le savait.

Dans les tréfonds de son âme en agonie, les voix de Gwen et de Merlin s’élevèrent, l’incitant à se rebeller, lui redonnant une lueur d’espoir dans cette brume qui s’obscurcissait irrémédiablement.

Pour l’amour de Camelot, vous devez vivre.

Je vous protégerai, Arthur. J’ai foi en votre destin. Ayez confiance en vous. Vous avez un devoir envers votre peuple. Vous ne sauriez les abandonner maintenant !

Entendre la voix de Merlin le soutenir, éveilla son instinct de survie.

L’étau se resserrait. L’air manquait. Il s’asphyxiait.

Seigneur ! Oter la vie à sa sœur.

Arthur ne pouvait s’y résoudre. Tout son corps le suppliait de résister, de se battre, de survivre mais Arthur ne parvenait pas à prendre une décision. C’était trop lui demander.

Pour la première fois de sa vie, Arthur se soumit volontairement à la volonté de son adversaire. Juste par amour filial et non par devoir. Il avait fait son choix. Le plus difficile de toute sa vie mais il lui appartenait. Il ne désirait plus entendre les voix de Morgane, de Gwen et de Merlin, surtout de Merlin. Si Arthur persistait dans cette voie-là, il ferait marche arrière et lutterait pour sa survie.

Le prince de Camelot avait conscience qu’il allait décevoir son père, pour peu qu’il reprenne ses esprits, ses chevaliers récemment adoubés par son épée Excalibur, Gwen dont son amour n’avait pas faibli durant toutes ces années, son peuple qui voyait en lui un grand roi.

A tous, il leur demandait pardon.

Arthur avait fait son choix. D’ailleurs, il n’avait plus la force de lutter.

Un râle s’échappa de sa bouche, sa main tomba lourdement sur le sol, lâchant prise l’arme blanche. Avec frénésie, son cœur palpita sous la menace imminente d’une mort certaine. Il ferma les paupières, s’abandonnant aux mains meurtrières. Arthur ne contrôlait plus rien. Il exhala son dernier souffle. Ses pensées s’éparpillaient quelque part dans les abysses de son âme.

Alors que la mort l’enveloppait de ses ailes noires, une voix emplit d’horreur, retentit soudain au loin.

 

                                                                 *****


crystal14  (28.02.2014 à 15:10)

A demi-inconscient sur le sol, Merlin gémit sous la douleur. Péniblement, il ouvrit les yeux sur un ciel naissant. Un rire diabolique perça ses oreilles. Son ancienne amie l’avait eu par surprise lâchant impitoyablement son pouvoir contre lui. L’attaque était venue par derrière et n’avait duré que quelques secondes.

Reprenant ses esprits, le jeune sorcier aperçut Mordred évanoui près d’un buisson. Morgane n’avait pas hésité à diriger sa magie contre son complice. Pourquoi ? Etait-ce une manœuvre pour semer le doute dans son esprit ? Non, Morgane ne connaissait pas l’histoire entre Mordred et lui. Merlin ne s’attarda pas à leur manigance machiavélique ne se souciant guère du sort du jeune druide.

Le jeune sorcier tourna la tête vers la sœur d’Arthur enserrant le cou de son frère. Celui-ci fléchissait se résignant à la défaite. Tandis que morgane se délectait de sa victoire si proche.

Merlin sentit son cœur s’accélérer, son corps tremblait, endolori par la chute comprenant toute de suite ce qu’il se passait.

Le temps s’arrêta.

Merlin distingua la dague glissé de la main d’Arthur pour choir sur le sol.

Un geste ? Un pas ? L’instant était décisif.

Il n’y aurait pas de retour en arrière.

Cette fois, Morgane avait été trop loin.

Merlin devait agir sans tarder avant qu’Arthur ne meure. Bon sang ! Pourquoi ne se défendait-il pas ?

A l’instant même où Arthur s’effondrait au sol, Merlin hurla.

Le ciel s’assombrit, le tonnerre gronda. Les yeux rivés vers le ciel soudain menaçant, Morgane scruta le tourbillon que formaient les gros nuages noirs oubliant un instant son frère qui tentait reprendre son souffle, à grand-peine.

Soudain, un éclair fulgurant déchira le ciel et s’abattit sur Morgane qui l’évita de justesse mais le choc fut si violent qu’il propulsa la jeune sorcière à l’orée de la forêt. Elle s’effondra lourdement au sol, inconsciente.

Du coin de l’œil, le jeune sorcier perçut un léger mouvement. Le regard assombri, le jeune sorcier pivota et menaça lourdement le jeune druide qui reprit conscience à cet instant même.

-                     Un geste, un mouvement et je te jure que tu subiras le même sort que Morgane.

Le visage livide du jeune druide ne laissa rien transparaitre et ses yeux sombres transpercèrent le regard menaçant de Merlin. D’un simple regard, Mordred expédia Merlin contre un arbre.

Mordred bondit sur ses pieds, s’empara de la dague d’Arthur et leva son arme, s’apprêtant à lui infliger le coup de grâce quand Arthur se redressa péniblement.

-                     Mordred…non….haleta le prince de Camelot.

En guise de réponse, Mordred s’approcha d’Arthur. D’un regard suppliant, ce dernier lui fit signe de sa main de s’arrêter mais le jeune druide continua sa marche. Prêt au combat, Arthur fixa la lame de sa dague que le jeune druide serrait dans sa main .Le seul fait de lever les yeux lui provoqua un vertige quand la lame disparut de sa vision. Mordred venait de s’écrouler sous le poids…

Revenue à elle, Morgane foudroya, d’un regard noir et plein d’incompréhension, le jeune druide. Comment avait-elle pu se tromper à ce point ? Comment avait-il osé trahir les siens ? La trahir ? Brusquement, une haine féroce l’envahit lorsqu’elle saisit l’ampleur de la trahison de Mordred.

Et les traitres, Morgane les supprimait !

-                     Morgane, aide-moi ! réclama son complice, par la pensée.

Fronçant les sourcils, l’esprit en déroute, Morgane hésita. Soudain, les pupilles de la sorcière se colorèrent d’une teinte dorée et d’un mouvement sec de la tête, elle écarta Merlin, laissant Mordred profiter de l’occasion qui lui avait été offerte pour la rejoindre.

-                     Aurais-tu essayé de me tuer, Mordred ? lança-t-elle sur un ton glacial quand il fut auprès d’elle.

-                     N’as-tu pas tenté de faire de même ? Tu es vivante, non ?

Cette simple phrase annihila la rage qui bouillonnait en elle. Se serait-elle trompée à son sujet ?Tout s’était passé si vite. Perplexe, Morgane en profita pour reprendre ses esprits. Elle contempla la scène pathétique et révoltante. Son frère était encore vivant, affaibli mais en vie. Morgane le maudissait. Que faudrait-il faire pour le voir disparaitre à jamais ? N’avait-il rien qu’il pouvait l’atteindre ? Serait-il protégé contre la magie ?

Non, c’était encore et toujours, Merlin, toujours lui !

-                     Malgré la puissance de ta magie, Merlin est encore en vie – Il est plein de vigueur pour quelqu’un qui va mourir, déclara la jeune sorcière, les lèvres pincées.

Devant le silence de Mordred, elle frémit de colère. Comme un chasseur guettant sa proie, elle se concentra et laissa son pouvoir la submerger. Cette fois, plus rien ne pouvait sauver les deux importuns de leur destin funeste.

Mordred pouvait ressentir toute la haine qui emplissait le cœur de Morgane. Cette dernière était ravagée par tant d’incompréhension, par tant d’injustice, par tant de préjugés et le regard des autres à l’égard de la magie. Elle s’accrochait à cette animosité, à cette rancune si tenace envers Arthur qui, il était certain, était le seul être qui avait le pouvoir de la sauver.

Mais souhaitait-elle vraiment être sauvé ?

Mordred pouvait deviner ses intentions. Il devait impérativement l’empêcher de tuer le prince de Camelot. Mais comment agir ?

Un choix s’offrira à toi, jeune Mordred. J’espère sincèrement que ce libre arbitre te conduira vers le droit chemin.

Pourquoi cette phrase survenait –elle dans son esprit perturbé ?

Est-ce moment décisif qui allait sceller son destin ? Devait –il intervenir pour protéger Arthur ? Est-ce son destin de s’associer avec ce traitre de Merlin afin qu’Arthur puisse accomplir le sien ? A contrecœur, cette idée lui déplut car son action chevaleresque signifierait qu’il serait proche de Merlin. Et cela, c’était au-dessus de ses forces.

Déstabilisé par cette scène qu’il avait sous les yeux, Mordred attendait un signe.

Hier encore, dans la chambre, tout était clair dans son esprit. Il haïssait tellement Merlin que…. Oh, non ! Mordred reflétait les mêmes ressentiments qu’il éprouvait pour Merlin que son alliée pour Arthur. Horrifié par cette découverte, le jeune druide chercha le regard d’Emrys mais ce qui y lut le dissuada d’agir.

Morgane s’apprêtait à lui infliger le coup de grâce quand une voix impérieuse l’arrêta dans son élan. Elle se retourna et aperçut sa sœur Morgause. S’appuyant sur un long bâton, elle se tenait debout à l’orée de la forêt. Impassible, Mordred contempla les deux sœurs, l’une à la chevelure blonde et l’autre de couleur ébène s’affrontant du regard.

Est-ce le signe qu’il attendait ?, se demanda le jeune Mordred.

-                     Qu’est-ce qui te prend ? , lui répliqua-t-elle, folle de rage.

Morgause ne lui laissa pas le temps de lui répondre.

-                     Ta haine obscurcit ton jugement, Arthur est protégé par des forces qui nous dépassent, pour l’instant ! Ni toi, ni moi, ne pouvons aller à l’encontre contre cette force mystérieuse. L’heure n’est pas venue de t’en débarrasser. Un jour viendra où tu trôneras sur Camelot mais pour le moment il est temps de nous retirer. Le temps est notre allié. Pour l’heure, nous devons nous cacher et nous faire oublier pour un long moment, expliqua-elle, d’une voix plus douce.

Décontenancée, la jeune sorcière jeta un regard égaré sur son frère, encore debout, prêt à l’affronter. Son regard bleu sombre la défiant. Etait-ce du courage ou de l’inconscience ? Lorsque son frère avaitété étendu sur le sol herbeux, cela l’avait galvanisée, accentuant son pouvoir de vengeance. Elle reconnut son erreur.

-                     Je voulais simplement que tu sois fière de moi, chère sœur, avoua Morgane, les larmes aux yeux.

-                     Tu ne gagneras pas la fidélité des habitants de Camelot en assassinant le prince. J’ai un autre projet pour Arthur Pendragon auquel ni toi, ni Mordred n’avaient pensé. Je te jure sur ce que j’ai de plus cher, qu’un jour, tu seras reine de Camelot mais en attendant ce moment, tu dois revenir chez nous.

Contrairement à Morgane, Mordred n’avait cure des conseils de Morgause. Toutefois, il était lucide. Emrys s’était interposé entre lui et Arthur et en même temps l’avait trahi encore sans hésiter. Ce grand sorcier protégeait le prince. Pourquoi ? Etait-ce par pur loyauté ? Attendait-il quelque chose en retour de la part d’Arthur ? Emrys avait utilisé sa magie et encore une fois ni Arthur ni Morgane n’étaient conscients à ce moment-là.

La chance s’était rangée de son côté, enfin pour l’instant.

Cette force mystérieuse énoncée par Morgause était-elle celle annoncée par Iziaslava ? , s’interrogea le jeune druide, dubitatif. Quelle était cette mystérieuse puissance qui attendait le moment propice pour agir ? Pas aujourd’hui, apparemment ! , ironisa Mordred.

 

Les deux êtres magiques s’affrontèrent longuement du regard. Mordred prit soin de masquer ses tourments puis observa attentivement ce grand sorcier.

Morgane avait raison : attaquer Camelot se retourne contre vous, pour l’instant, se promit-il. Camelot serait imprenable tant qu’Emrys serait là. Ce nom était associé à Camelot et à Arthur. Une information capitale que Morgane ignorait.

Voilà d'où provenaientses échecs : Emrys !

Cependant, Mordred n’en tirerait aucune fierté d’avoir été le complice de Morgane.

Malgré lui, le jeune druide admira l’obstination et le courage de son adversaire. Bientôt, sa mort imminente permettrait à Morgane d’assouvir son rêve d’être reine de Camelot. Pourtant, il ne remarqua aucun signe de ce qui devait être si évident. La potion s’avérait inefficace ou alors cette vieille sorcière l’avait trompé. Cependant, il remarqua qu’Arthur répondait à ces signes inquiétant. Mais comment ? A moins que ….

Instinctivement, il fit un pas vers eux mais il s’immobilisa devant le regard furibond de Merlin. S’il continuait dans sa démarche nul doute que son adversaire n’hésiterait pas à utiliser sa magie contre lui et ce, devant Arthur. Et Mordred détiendrait enfin sa vengeance. Il avait tant espéré ce moment mais tous ses rêves s’évanouirent quand il croisa le regard voilé du prince de Camelot révélant que le jeune druide avait échoué dans son entreprise.

Il était trop tard. Il n’avait plus rien à faire

Contrairement ce que semblait croire Morgause, Morgane avait réussi ! A cause de lui, l’espoir ne serait qu’un vague souvenir.

-                     Je n’ai pas voulu ça, Merlin ! dit-il par la pensée, le cœur serré.

Alors, le jeune druide ferma les yeux pour dissimuler les larmes qui sentaient monter en lui. La mâchoire crispée, les poings serrés, ce dernier se retourna et d’un geste lent, il plaça son capuchon sur sa tête. Il partit sur les traces des deux sorcières.

Déconcerté par la réaction de Mordred, Merlin fronça les sourcils, ne le quittant pas une seule seconde des yeux pour le cas où il chercherait à feindre sa récapitulation.

Que signifiaient ces regrets ? A quoi jouait-il ? Il ne se laisserait pas prendre à son petit jeu de manipulateur. Il n’était peut-être pas l’instigateur de ce plan mais sa complicité avec Morgane était indéniable à ses yeux !

Kilgharrah avait encore raison. Lui et Mordred étaient si différents comme le jour l’est pour la nuit. Tandis que Merlin était le protecteur d’Arthur, Mordred, quant à lui, en était l’assassin.

A l’époque, le jeune sorcier avait rejeté les conseils scandaleux du dragon visant d’éliminer Mordred alors qu’il était encore qu’un enfant. Il n’avait pu se résoudre à l’abandonner en entendant ses supplications pour aller le libérer. Aujourd’hui, il regrettait amèrement d’avoir fait la sourde d’oreille aux avis de Kilgarrah. Le visage blême de son ami lui semblait lui avoir donné raison.

Mais Merlin s’ingénia à penser que l’avenir n’était pas gravé dans la pierre.

Merlin regarda s’éloigner la silhouette dans les profondeurs de la forêt.

Des bruits de pas, annonçant l’arrivée des deux chevaliers, firent sursauter le jeune sorcier. Arthur empêcha Sir Gauvain de les pourchasser. Que lui importait de ramener sa sœur à Camelot. Elle avait choisi un autre chemin que le sien. Il n’avait plus rien à lui dire.

Le cœur à l’envers, Arthur se tourna vers ses amis lorsqu’il capta le regard de Merlin, sur son bras. Du sang s’était répandu sur la veste de son serviteur. Le regard affolé, Arthur s’élança sur lui et examina sa blessure qu’il jugea peu profonde.

-                     Tu n’as plus rien à craindre de Gwen. Te voilà devenu un grand guerrier !

-                     Vous aviez raison, Arthur. L’art du combat n’est pas mon point fort.

Brusquement, le souffle court, Arthur s’agenouilla, affaibli. La courte distance parcourut pour rejoindre Merlin l’avait vidé de ses forces. Malgré la blessure au bras, Merlin l’accompagna dans sa chute et allongea son corps sur le sol, sa tête blonde reposait sur ses cuisses.

En quelques enjambées, Lancelotfut aux côtésdu jeune sorcier, suivi de près par Sir Gauvain, l’épée sortie de son fourreau. Gauvain devina la situation et demeura pétrifié devant le visage terne du prince. Pour la première de sa vie, il se tut, ne pouvant détacher son regard sur le tableau qu’il avait devant lui. Il eut la même pensée que Lancelot.

Comment cela avait-il pu arriver ?

Les battements de son cœur en furie tambourinaient dans la tête du prince. Chaque pulsation lui arracha une douleur atroce. Une main serrant celle de Merlin, les traits du visage de ce dernier se décomposaient à chaque fois qu’il sentit sous la paume le rythme irrégulier de son cœur princier.

-                     Arthur……

Le jeune blessé ne comprenait pas ce qu’il se passait. Il n’avait dénoté aucune blessure apparente. Alors, les paroles de Mordred prenaient tous son sens.

Je n’ai pas voulu, ça !

Qu’avait-il fait ? Merlin n’avait pas quitté un seul instant des yeux ce traitre de Mordred.

Le jeune homme qui maintenait toujours la tête du prince sous sa main perçut dans le regard d’Arthur une candeur mêlée à l’incompréhension derrière l’ombre de mort qui commençait à obscurcir ses yeux. Pas besoin de mots pour exprimer leurs pensées. Un regard avait suffi à Merlin pour lui faire comprendre combien Arthur souffrait ou était-ce autre chose ? Tentait-il de lui dire quelque chose ?

Alors qu’Arthur s’enfonçait dans les abysses de la mort, sa respiration s’affaiblissait de plus en plus. Merlin retint de toutes ses forces ses larmes de couler sur ses joues.

Epouvanté, il assista avec impuissance Arthur s’enfoncer dans l’inconscience.

Les mots se bloquèrent au fond de sa gorge. Merlin vit les paupières de son ami se fermer lentement. Il sentit la main glisser entre la sienne, son corps se détendre, la tête blonde d’Arthur se pencha de côté.

-                     Restez éveillé, Arthur ! , cria-t-il soudainen l’étreignant fortement.

Sans se consulter, Lancelot et Gauvain portèrent le corps de l’héritier de Camelot et regagnèrent sans perdre de temps leur campement, Merlin fixa l'endroit où s'était tenu Mordred.

-Merlin .Merlin ., persista la voix de Lancelot.

Le jeune sorcier se resssaissit refermant la marche.

                                                                       


crystal14  (07.03.2014 à 07:21)

                                                           CHAPITRE 12

 

Un grondement sourd résonna derrière les collines dissimulées par un épais brouillard. Un vent souffla, annonçant un jour funeste. C’était comme si le temps maussade partageait le chagrin du jeune sorcier. Quelques gouttes de pluie tombèrent insensiblement à travers la ville. Au loin, un coup de tonnerre déchira le silence.

Dans la chambre princière, Arthur était alité .Le visage exsangue et en sueur, les lèvres bleuies, la respiration inaudible de son ami serra le cœur du jeune sorcier.

Arthur était là.

Impuissant, Merlin attendait avec angoisse le dernier souffle de son ami.

Ils n’avaient pas parcouru la distance qui les séparait de Camelot assez rapidement. Tandis qu’il s’était empressé de retrouver Gaius, les deux chevaliers accompagnés de Gwen, avaient étendu le prince héritier dans son lit.

Merlin relata les faits à son mentor et ses soupçons au sujet de Mordred. Après avoir examiné méticuleusement le prince, la sentence du médecin de la Cour tomba comme un couperet. Arthur avait été empoisonné et aucun remède tel qu’il soit ne pouvait le sauver. Merlin avait compris le sous-entendu c’est-à-dire aucune magie. Pourquoi ? Qui était assez puissant pour concocter un tel poison ? Pourquoi lorsqu’on désirait mettre un terme à une vie, pensait-on toujours à ce procédé abject ?

Gaius avait découvert que le poison était dans la gourde d’Arthur sauf ce n’était pas la sienne mais celle de Merlin ! Le jeune sorcier ne se donna pas la peine de se creuser la tête pour deviner qui en était l’auteur : Mordred.

C’était lui, Merlin, qui aurait dû être à sa place ! La culpabilité lui enserra le cœur puisque que c’était de sa propre main que Merlin avait donné sa gourde empoisonné. ! Cela s’était produit devant lui, devant ses yeux. Il n’avait rien vu venir.

Sous l’effet de ce venin, le corps du prince se tordait de douleur. Il haletait, luttant pour respirer. Le visage du mourant se crispa sous la douleur qui contracta tous les muscles de son corps. Au bord du lit, Gwen tenait la main glacée du prince. A ce contact, elle crut déceler un sourire sur son visage ravagé par la souffrance.

Désarmé, Gaius retourna vers son laboratoire pour concocter une potion qui pourrait soulager Arthur de ces souffrances. C’était tout l’aide qu’il pouvait apporter au mourant.

Merlin demeura, un instant, hors du temps. Il désirait détacher son esprit d’une cruelle réalité qu'il refusait catégoriquement. Merlin n’était pas résolu à accepter cette séparation. Ce vide qui se creusait en lui.

Arthur était là, tout près de lui, à côté de lui. Il se sentait impuissant, désarmé, attachant son regard sur le visage cireux de son ami.

Le jeune sorcier ne se retrouverait pas devant cette situation s’il avait écouté le dragon. Il avait passé outre ses conseils avisés au sujet du jeune druide se moquant de la prophétie et pensant que l’avenir n’était pas immuable. Et aujourd’hui, Merlin devait se rendre à l’évidence qu’il avait eu tort. Et la mort d’Arthur était la conséquence de son erreur.

Pour l’instant, le jeune sorcier subissait le caprice du destin. Encore une fois. Hélas, rien ne pouvait infléchir le cours de l’histoire. C’était sa vie qui avait été visée, pas celle d’Arthur. Merlin aurait voulu remonter le temps pour éviter ce douloureux moment.

Au loin, il perçut les sanglots persistants de Gwen, l’astreignant à revenir dans le monde réel. Il suffit d’un regard empli de chagrin de son amie pour constater que le moment fatidique était arrivé.

Arthur avait lâché son dernier soupir. Le masque de la souffrance s’abattit sur le visage du jeune sorcier, oppressant son cœur. Gwen fondit en larmes et s’écroula à genoux à côtés de son bien-aimé.

Planté devant le lit du mort, Merlin demeura immobile. Un souffle glacial pénétra à l’intérieur de son corps tremblant. Merlin tenta de parler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il était trop tard car Arthur ne l’entendrait plus.

Le prince était mort sans savoir que lui, Merlin, était un sorcier utilisant sa magie pour le bien de Camelot et que son pouvoir, si grand soit-il, ne lui avait été aucun secours.

La vie lui imposerait de s’habituer à son absence mais son cœur lui s’y refuserait à jamais. La faucheuse l’avait pris sous son aile. Et…Et….

Le jeune sorcier ne parvint plus à rassembler ses pensées.

Mort. Il était mort.

Tout était de sa faute.

Soudain, Merlin sentit quelque chose de chaud et d’humide couler le long de sa joue jusqu’à sa bouche. Il pleura sans retenue. Après tout ce qu’ils avaient enduré et traversé durant trois dernières années.

Malheureusement, il en fut autrement.

L’obscurité s’engouffra dans la chambre. Obscur comme son cœur, vide, glacial.

Au loin, l’orage gronda et l’atmosphère devint lourde de menace. Un éclair déchira le ciel chargé de nuages, laissant apparaitre en une fraction de seconde, le corps sans vie d’Arthur. La pluie torrentielle s’abattit furieusement sur la cité, martelant le carreau de la fenêtre. Le regard perdu du jeune sorcier se cramponna sur le visage de son ami endormi pour l’éternité.

Anéanti, Merlin enfouit sa tête dans ses mains. De nouveau des larmes perlèrent silencieusement sur ses joues déjà humides. Plus rien ne comptait à présent pour lui. A part cette cruelle réalité. Désormais, il n’avait plus de destin. Sans Arthur, sans son ami, l’existence de Merlin serait fade, sans joie, sans bonheur, sans lumière. Merlin avait échoué dans sa quête de réunir les Terres d’Albion avec Arthur.

Jamais il ne se pardonnerait son échec.

Merlin se précipita brusquement vers la fenêtre et l’ouvrit. L’air humide pénétra dans ses poumons et dans la chambre. Dehors, l’obscurité avait établi son règne. La pluie avait cessé  .Seul, au loin, retentissait le tonnerre. Les nuages se dispersèrent, laissant un rayon de lune caresser son visage et éclairer d’une lumière blafarde la chambre.

Arthur était mort.

Merlin avait failli à son devoir. Cette fois-ci, il n’avait apporté aucune solution de dernière minute. Peut-être avait–il été trop faible pour supporter le poids de sa destinée ?

Eh bien, je serai à vos côtés, comme toujours, je… vous protégerai Arthur.

Cette phrase déclencha un flot de sentiments, se déversant sur lui comme une mer en furie contre les rochers.

Dès lors, il sombra dans un délice d’une rage, d’une fureur, d’une colère, d’une haine, d’une vengeance, d’un mépris qui le rendaient aussi puissant, aussi déterminé qu’avant. Tous ces sentiments jaillissaient en lui, prêts à exploser. Merlin se sentait au bord de la renonciation cédant à cette force doucereuse qui le berçait de ses bras vaporeux.

Merlin….

Merlin lutta en un combat acharné pour résister mais il s’enfonça dans cette douce folie. Cette torture mentale l’affaiblit lorsque les ténèbres s’emparèrent de son esprit, l’attirant vers les profondeurs de l’oubli. Une partie de lui-même désirait se plonger dans l’oubli mais l’autre partie luttait aux assauts successifs du mal. Une magie sournoise coula dans ses veines s’en imprégnant avec délice.

Merlin….

Celui-ci fit volte-face, le cœur battant. Son regard flou se posa automatiquement sur le visage exsangue de son ami. Un visage larmoyant s’interposa entre lui et Arthur.

Merlin….

C’était Gwen.

Merlin cligna des yeux.

Soudain cette fureur s’évapora dans le néant de son inconscience. Alors comme un automate, Merlin tendit les bras et accueillit son amie en larmes.

 

 

 

                                                               CHAPITRE 13

 

Le brouillard obstrua sa vision. Avec ses mains, la jeune fille tenta d’écarter ce voile épais mais c’était peine perdue. Alors, elle fit la seule chose qui lui semblait juste. Le seul nom qui lui vint à l’esprit.

-                      Freya ! Freya ! , appela-t-elle.

La jeune fille tendit l’oreille, aux aguets. Aucun son. Alors, elle s’aventura dans cet épais brouillard.

La brume épaisse enveloppait la jeune fille qui marchait droit devant elle. Sa démarche semblait chancelante. Son regard hésitant fouilla sans succès ce voile blanchâtre.

Depuis combien de temps suivait-elle ce chemin à l’aveuglette? Où l’emmenait-il? Suivait-elle la bonne direction ?

La jeune fille leva la tête mais aperçut encore ce brouillard quand un léger étourdissement faillit lui faire perdre l’équilibre. Elle réfléchit, ferma les yeux. Son cœur commençait à s’accélérer dans sa poitrine. Le noir complet persista à régner dans sa tête. Elle ne parvenait pas à se souvenir des circonstances exactes de sa présence dans ce lieu étrange. Une peur irrépressible commençait à naitre en elle. La jeune fille fut prise d’un tremblement malgré la température ambiante de l’air. Elle frictionna ses bras et se dirigea, d’un pas mal assuré, vers la clarté.

La jeune fille se sentait fébrile et nauséeuse. Epuisée, elle se traina jusqu’à ce qu’elle atteignit la frontière entre le voile blanchâtre et cette mystérieuse clarté. Elle fut étonnée de ne pas se sentir obligée de se protéger les yeux avec sa main de cette lumière éblouissante.

Doucement, des fragments de souvenirs s’entrechoquèrent contre la barrière de son esprit troublé. Soudain, un doute s’insinua en elle. Un doute qui commençait à l’effrayer. Elle aurait bien voulu étouffer la question qu’elle sentait jaillir dans son cerveau endolori. Brusquement, elle écarquilla ses yeux. Son regard cherchant à fixer un point invisible dans ce nuage vaporeux. Elle refusait de voir l’évidence. Elle était terrifiée à l’idée de formuler la question.

Où était-elle ? Comment était-elle arrivée ici ? Que faisait-elle ? Où devait-elle aller ?

La jeune fille continua son chemin à travers le voile brumeux. Elle tourna sur elle-même. Quelle direction devait-elle prendre ? Un épais brouillard l’enveloppait comme si ce voile brumeux souhaitait la protéger ou la contraindre à se diriger vers cette direction, vers cette mystérieuse clarté.

Sans vraiment réfléchir, la jeune fille décida de s’orienter vers cette lueur. Elle semblait l’attirer irrésistiblement, émettant un air mélodieux qui transperçait l’âme. Une onde de chaleur lui traversa son corps. A chacun de ses pas, la brume se déchira devant elle, la poussant prudemment vers ce chemin lumineux.

La jeune fille aurait dû ressentir de la terreur face à cette situation mais il n’en fut rien. Ses craintes, ses peurs, ses doutes s’étaient volatilisés comme par enchantement. Soudain, elle plissa ses paupières lorsqu’elle distingua une ombre difforme à l’autre bout de cette clarté. Elle continua sa marche, le cœur battant. Plus elle s’approchait, plus cette ombre prenait forme humaine. Un large sourire s’afficha sur son visage quand elle reconnut la silhouette pour aussitôt s’effacer. La jeune fille réalisa que sa vue la trompait. C’était impossible à moins que… D’une démarche incertaine, elle s’avança, indécise. Elle n’avait plus besoin de lutter, de pensée si ce n’est que de rejoindre son grand-père qui lui tendait les bras.

Des images apparaissaient par intermittence dans son esprit mais elles disparaissaient avant même que la jeune fille puisse les interpréter. Brusquement, le doute explosa, laissant la vérité submerger tout son être. Elle se rappelait de son prénom, cependant elle ignorait totalement pourquoi elle était là. Elle pressentait que c’était d'une importance vitale. Mais quoi ?

Soudain, elle reconnut une autre silhouette à la carrure large et des cheveux blonds. Alors comme une explosion, des images fulgurantes assaillirent le cerveau de Claire, laissant la vérité submerger tout son être. L’empoisonnement, la mort imminente d’Arthur et son sacrifice. Elle ne chercha pas comment elle avait réussi à se souvenir mais le temps était compté. Elle devait impérativement le soustraire de cette lumière éclatante avant qu’il ne soit trop tard.

Horrifiée de le voir si proche de cette lumière éblouissante, Claire cria son nom espérant de tout son cœur qu’il l’entende mais le jeune prince semblait demeurer sourd à ses appels désespérés.  Quand la silhouette d’Arthur s’engouffra à l’intérieur de cette clarté lumineuse, Claire hurla de terreur.

Arthur était définitivement perdu.

Secouant sa tete pour balayer cette idée atroce, Claire suivit le meme chemin emprunté par le disparu tandis qu'elle sentait naitre en elle une énergie qui irradiait tout le long de son corps.

                                                                    

                                                                             *********


crystal14  (14.03.2014 à 10:21)

                                                                            *********

Comment était-il arrivé dans ce lieu si silencieux et désert ? , se demanda sans cesse. Qu’était-ce cet endroit étrange ? Rêvait- il ? Etait-il sous l’emprise d’une quelconque magie ? Une légère brume s’étendait à perte de vue et ce voile brumeux ne semblait ni irritait la gorge ou les yeux, ni l’étouffait. Il pouvait respirer sans contraindre. Comment expliquer ce phénomène ? Immobile au milieu de nulle part, Arthur était en proie à un sinistre pressentiment qui le tiraillait au creux de son estomac.

Dans ce lieu mystérieux, l’air était tiède et le sol cotonneux. D’un pas lent, Arthur s’engagea à l’aveuglette droit devant lui. Curieusement, la soif et la faim ne le tenaillaient pas. Pourtant une sourde angoisse monta en lui luttant contre quelque chose qu’il ne parvenait pas à définir. Peur de connaitre la vérité. Peur de découvrir un nom sur ce sentiment.

Un visage apparut fugacement dans son esprit somnolent. Les yeux clos, Arthur se concentra sur ….les yeux d’un bleu océan .Des yeux expressifs qui tentaient de lui envoyer un message muet. A qui appartenaient ces yeux ? Il éprouva une sensation de sécurité mais l’image se dissipa dans les méandres de son esprit égaré, le laissant totalement sans défense. Le cœur d’Arthur se serra étrangement dans sa poitrine. Quel était ce sentiment qu’il ressentait ? De la tristesse, du chagrin, de la peine ? Pourquoi ? Pour qui ? Le jeune prince ferma les yeux, ne parvenant plus à dissocier l’irréel de la réalité.

Subitement, Arthur se laissa gagner par l’effroi lorsqu’il comprit qu’il était au royaume des morts. L’évidence le frappa de plein fouet alors que des ombres flottaient autour de lui, le dépassant pour se diriger vers cette clarté si lumineuse. Elle l’hypnotisait annihilant son esprit combatif, sa volonté, ses souvenirs. Jamais il n’avait vu une lueur si éblouissante de toute sa vie. La peur qu’il avait éprouvé un instant plutôt se dissipa pour laisser place à la résignation, à l’abandon, à la renonciation.

Sans se rendre compte, le jeune homme sombra inexorablement dans les abysses de ce royaume. Quelque chose ou quelqu’un le guidait d’une main amicale sur le chemin lumineux. Arthur ressentit une sérénité comme il n’avait jamais éprouvé auparavant. D’un pas lent mais décidé, le prince s’avança paisiblement vers sa destination finale.

Une onde de chaleur inonda le corps du prince au fur et à mesure qu’il s’approchait de cette lumière bienfaitrice. Pourtant, il sentit qu’on le maintenait comme si une main invisible le tirait en arrière. Quelque chose ou quelqu’un l’empêchait de le laisser en paix. Comme cette voix qui persistait dans son entêtement, l’invitant à se détourner de cette lueur.

A qui appartenait cette voix  qui lui parvenait à peine ?

Arthur plissa les yeux sur la petite sphère bleue qui voletait autour de lui. Brusquement, il écarquilla les yeux en proie à une hallucination car plusieurs de ces lueurs bleutées virevoltaient autour de lui. D’instinct, il se saisit son épée…. mais il ne trouva rien. Ni l’épée, ni le fourreau. Le jeune prince commença à paniquer.

Parmi toutes ces sphères, l’une d’elles s’immobilisa devant le visage sidéré du prince. Ce dernier observa cette petite créature d’apparence humaine dotée d’une paire d’ailes dans le dos qui la maintenait dans les airs. Son visage fin, dont les oreilles pointues dépassaient de sa longue chevelure, exprimait la bienveillance. Affichant un doux sourire, elle s’écarta cédant le passage vers ce tunnel d’où sortait la lumière brillante.

D’un pas hésitant, Arthur accepta l’invitation muette mais la voix lointaine perça son esprit embrumé. Il n’eut pas la force de se retourner vers cette voix féminine qui devenait insistant et suppliant. D’ailleurs, il ne le souhaitait pas.

Un doux tintement de cloches lui parvinrent aux oreilles poussant Arthur à continuer avec pour seul compagnie ces sphères bleutées qui tournoyaient devant lui. Chaque pas lui procurait un sentiment d’amour infini, de paix et de sérénité. Tout d’un coup, une ombre se détacha de l’entrée du tunnel lui intimidant de ne pas continuer. Sa vision se brouillait-elle ? Hébété, Arthur reconnut la silhouette.

-                     Je suis si heureuse de te revoir, Arthur !

La voix était douce et tendre, il sut qu’elle appartenait à sa mère. Ses souvenirs lui échappaient mais c’était bien elle ! Il en était certain pour l’avoir déjà entendu. Non, c’était un leurre, une tromperie.

-                     Non, Arthur. Je suis bien celle que tu crois.

Lisait-elle dans ses pensées ? Etait –elle vraiment sa mère ?

-                     Mère ? Comment… articula-t-il désemparé.

-                     Le temps me manque pour répondre à tes questions, Arthur.

Celui-ci fronça les sourcils et à peine ouvrit-il la bouche que sa mère leva la main signifiant de se taire.

-                     Quand la magie se présentera à toi. Ne la rejette pas, mon fils. Car elle te protège. Elle l’a tant fait pour toi. Elle t’a rendu bien meilleur que ton père.

Que disait – elle ? La magie le protège ! Non, elle était nuisible. Arthur sentit au fond de lui-même qu’il avait lutté assidument à l’éradication de la magie. Pourquoi ? Il lui était pénible de réfléchir dans ces lieux de plénitude. Que lui importait maintenant ! Ce n’était plus son combat. N’était-il pas au royaume des morts ? Il était prêt à accueillir la mort. Désormais, il ne ressentait aucune peur.

Aspirant un peu de repos, de paix, de tranquillité, Arthur allongea le pas mais la forme humaine secoua la tête comme pour le signifier qu’elle refusait d’accéder sa demande muette puis elle s’évapora lentement pour se fondre dans le brouillard. Les derniers mots prononcés par sa mère résonnèrent dans son esprit confus.

-                     Souviens-toi, la magie est ton alliée.

Interdit, Arthur tendit le bras vers la lumière. Soudain une créature à la peau bleuie apparut devant lui spontanément l’empêchant d’aller rejoindre sa mère. Un bâton à la main dont l’extrémité émanait une étrange lueur bleuté, l’homme ailé intima au jeune prince de stopper sa marche.

Le regard déterminé, Arthur ne se laissa pas intimider par cette mystérieuse créature de ce royaume mais les pieds du jeune entêté se paralysèrent sur le sol vaporeux. Il ne pouvait plus bouger. Pourtant, Arthur se sentait encore attiré en arrière. Plus Arthur résistait et plus la douleur s’intensifiait à l’intérieur de son corps. Dans un effort surhumain, Arthur se concentra pour faire un mouvement à l’opposé de cette voix pesante mais son action fut inopérante.

-                     Inutile de résister, jeune Arthur, annonça la créature d’une voix profonde, L’heure n’est pas venue pour toi de mourir. Tu sembles jouir de la protection d’une magie puissante. Rare sont ceux qui ont eu de la chance de revenir du royaume des morts. Maintenant, va, Arthur Pendragon ! Et nous n’oublie pas que la magie se soumet à la personne qui l’utilise.

Avant même de savoir le nom de son interlocuteur, le jeune homme détourna la tête vers cette voix devenue mélodieuse qui l’appelait sans cesse. Dans ce voile de brume, il discerna une autre forme. Le prince fronça les sourcils, plongeant son regard dans ces yeux si verts et si pénétrants ! Un éclair de lucidité déchira l’esprit enténébré du prince. Il identifia sans peine la silhouette qui se détachait de la brume.

-                     Claire ! , balbutia-t-il en lui tendant la main.

-                     Cessez de résister, je vous en conjure, Sire ! implora-t-elle ententant de le rassurer. Merlin a besoin de vous ! continua-t-elle en lui tendant sa main.

Qui était ce Merlin ? A peine s’était-il posé la question qu’un visage malicieux s’imposa dans son esprit encore agité. Comment avait-il pu l’oublier ?

Au même moment, une brume légère gris bleu enveloppa l’héritier de Camelot. Celui-ci sentit ses forces l’abandonner lentement lorsqu’il entendit des sons imperceptibles, puis des sanglots parvinrent aux oreilles du jeune prince.

Quand ce voile brumeux se dispersa, Arthur avait disparu.

Claire avait réussi à sauver le prince de Camelot.

Ne m’abandonne pas !

Levant la tête, Claire tendit l’oreille pour déterminer d’où provenait cette voix suppliante. Subitement, des ombres s’approchèrent vers elle, se matérialisant en forme humaine. Spontanément, la jeune fille sauta dans les bras de son grand-père.

Qu’entendait-elle ? Qui criait de rage et pourquoi ?

Elle n’eut pas le temps de se pencher sur la question que deux êtres, l’une humaine, l’autre à la peau bleue, la fixèrent d’un regard plein d’espoir et appréhension. Claire devina immédiatement qui ils étaient. Portant son regard sur eux, elle les observa, les scruta un moment. Elle avait tant espéré cet instant. Tendant ses bras dans sa direction, une belle jeune femme, avec sa chevelure brune, ses yeux d’un vert si magnifique, lui adressa un sourire affectueux. A ses côtés, une créature de forme presqu’humaine, de taille moyenne, à la peau bleue, des oreilles pointues, des cheveux hirsutes. Sous un regard inquiet, Claire avait devant elle, son père. Ce dernier esquissa un sourire, découvrant de petites dents serrées et acérées, contribuant sans le vouloir à effrayer la jeune fille qui recula d’un pas.

Claire leva ses yeux de cet affreux sourire et croisa les pupilles de couleurs noirs du Sidhes. Ce dernier lui communiqua toute la tendresse, tout l’amour, toute la joie qu’il éprouvait d’avoir enfin eu l’opportunité de rencontrer sa fille unique.  

L’amour paternel inonda le cœur de Claire qui balaya cette crainte ridicule. Alors, la fille du roi des Sidhes se détacha de son grand-père et se dirigea vers ses parents.

Une légère brume bleutée enveloppa les quatre personnages. Une mélopée s’éleva dans le royaume des morts. Leur princesse était enfin entrée chez elle.

Une voix lointaine, presque irréelle, entrecoupée de silence lui parvenait de nulle part.

Mon cœur t’appartient, Claire. A jamais.

 

                                                               Chapitre 14

 

Le dos vouté et la tête baissée, Gaius était assis sur la chaise, s’accrochant à l’espoir d’un petit miracle. L’atmosphère était lourde, non par la chaleur mais par la mort qui régnait dans la pièce principale.

-                      Tu m’as chargé d’un lourd fardeau, mon enfant, murmura -t- il, la gorge nouée.

Le vieil homme maintenait encore la main de la jeune fille. Elle était froide, annonçant qu’elle était définitivement morte. Comment avait-il pu être le complice de sa mort ? Pourquoi n’avait-il pas su se montrer si ferme devant ses intentions suicidaires ? Lorsque Claire comprit qu’il n’y avait aucun espoir de sauver Arthur, elle n’avait pas hésité d’entreprendre ce voyage en sens unique.

Tout d’abord, Gaius avait été effaré par sa demande. Il avait refusé de lui accorder ce souhait complétement démentiel et irresponsable. Sur quels critères pouvait-elle se fonder pour agir de cette manière ? Merlin ne survivra à la mort d’Arthur, lui avait-elle répondu. Et puis, elle lui avait révélé les paroles de la jeune druidesse : Un jour, il aura besoin de toi. Il faudra faire preuve de courage et de détermination. Peut-être, que c’est le jour prédit par Freya ?, lui avait-elle dit avec une pointe de douceur dans la voix.

La réticence du médecin avait fondu devant le regard déterminé de la jeune fille. Dépité et à cours d'argument, le vieil homme avait pris la fiole qui contenait l’aconit. D’une main mal assurée, il en avait versé dans une petite cuillère.

-                      As-tu pensé ce que je vais bien pouvoir dire à Merlin ? , avait demandé le médecin avant de lui donner la cuillère.

-                     Il comprendra, avait-elle murmuré, la main posée sur le pendentif.

La jeune fille avait avalé sans hésiter le liquide. Aussitôt, tout son corps avait été pris de convulsions. En quelques secondes, la vie l'avait déserté. D’un geste lent, Gaius avait baissé les paupières de sa main légèrement tremblotante, déposant un baiser affectueux sur son front. Pour la première fois, il avait pleuré. Si l’amour avait incité à Claire une telle action suicidaire, il doutait fort que Merlin percevrait ce geste de cette manière.

Avait-elle réussi ? Avait-elle pu ramener et guider Arthur dans le monde des vivants ?

Soudain, Gaius sursauta quand la porte s’abattit contre le mur, cédant le passage à Merlin, un sourire radieux illuminant son visage fatigué.

-                     Arthur est vivant ! Arthur est vivant !

Gaius ne bougea pas.

Comment trouver les mots justes pour le consoler ? Son assistant réussirait-t-il à surmonter une nouvelle fois la perte d’un être aimé ?

                                                     à suivre...............................


crystal14  (21.03.2014 à 07:05)

Ravagé par les affres de la souffrance de ces dernières heures, le visage du jeune sorcier se durcit instantanément en captant le message muet de Gaius. Merlin chassa énergiquement cette pensée qui se formait dans son esprit durement éprouvé posant un regard atterré sur le médecin de la cour puis ensuite s’arrêter sur le corps de Claire gisant sur le lit de Gaius.


En état de torpeur, la respiration du jeune sorcier devenait irrégulière comme saccadée devant cette vérité atroce. Merlin baissa les paupières afin de maitriser les affolements de son cœur mais la nausée lui tourna la tête. Une nouvelle fois, le fils d’Hunith sentit son monde s’écroulait autour de lui.


Lorsqu’il rouvrit les yeux, son regard s’accrocha désespérément sur le corps de la morte. Accablé, Merlin s’avança vers elle. Il allait se réveiller de ce cauchemar bien trop…….réelle.
Les jambes flageolantes, le jeune sorcier tomba lourdement sur le tabouret ne prêtant aucune attention à son mentor. Le visage livide de Claire lui arracha le cœur. D’un geste hésitant, Merlin saisit délicatement sa main et constata ses doigts si fins, sa peau si….. froide. Figé par l’évidence, le jeune sorcier fut incapable de rassembler les pensées qui se bousculaient dans sa tête.
Le jeune valet emprisonna la main de la jeune fille dans la sienne et la porta à ses lèvres pour confiner son désarroi qu’il sentait naitre en lui. Le jeune sorcier en voulait à Claire d’avoir pris cette décision fatale sans lui en avoir parlé, de l’avoir abandonner sans lui dire au revoir ! Il maudissait le jour où Gaius avait découvert l’origine de son don.


Le sort s’acharnait sur lui depuis qu’il avait franchi les portes de ce royaume. Depuis son arrivée à Camelot, Merlin n’avait eu de cesse à prendre des décisions bonnes ou mauvaises, à cacher ses émotions dans les moments tragiques. Son ami, William. Son père, Balinor .Freya, la druidesse et enfin Arthur dont il avait cru, il y a instant, l’avoir perdu à jamais.


A chaque fois, Merlin avait apprivoisé chaque deuil du mieux qu’il avait pu , devant se montrer courageux , fort pour ne pas dévoiler ses véritables sentiments aux yeux du prince ou tout d’autres personnes de son entourage. Tous ses choix qu’il avait opté, ses convictions sur son destin, sa relation amicale avec le prince de Camelot l’avaient amené aujourd’hui auprès de ce lit où Claire était étendue sans vie. Et l’incertitude de son avenir le tourmentait, le déstabilisait.
Cette fois-ci, malgré toute la volonté du monde, Merlin n’aurait plus la force de lutter contre cette nouvelle épreuve car il refusait de gérer un autre deuil. C’était inacceptable ! Il avait puisé ses dernières forces en surmontant la mort d’Arthur.
C’était une fois de trop !


- Ne m’abandonne pas ! souffla –t-il, la gorge serrée.


Brusquement, quelque chose exerça une légère pression sur l’épaule de Merlin qui prit soudain conscience de la présence de Gaius.


- Que s’est-il passé ? demanda-t-il, d’une voix presque inaudible, en réfrénant la fureur destructive qui sentait monter en lui.


Observant le jeune homme, le médecin de la Cour devina que sous cette apparence d’un calme olympien se dissimulait une rage qui ne demandait qu’à s’exprimer. A cet instant, Gaius comprit qu’il ne parviendrait pas à surmonter cette perte.
Le vieil homme peina à lui raconter le déroulement de l’histoire. Impassible, Merlin l’écouta. Le désir d’hurler son désespoir et sa rage fut sa première réaction. Une colère démentielle s'insinua en lui, grandissant chaque seconde.


Pourquoi, Freya, avait-elle permis que Claire croise son chemin si c’était pour aussitôt l’enlever ? Connaissait – elle la nature de Claire qui lui avait donné la possibilité de soustraire Arthur du royaume des morts ? Avait-elle pressenti de ce qui allait se produire ? Etait-ce la raison de son choix ? Comment Freya avait-elle pu persuader Claire de se sacrifier ? Comment la druidesse lui avait- pu extirper une telle promesse? Pourquoi la jeune fille avait –elle accepter ? Etait-ce pour le bien de Camelot afin que ce royaume ait le roi tant espéré ? Bon sang, que lui était-il passé par la tête ?
Le regard brouillé, le jeune sorcier rumina ces questions continuellement dans son esprit.
Pourquoi le sort s’acharnait-il ainsi sur lui ? , se répétait-il, sans cesse, plaquant sa main sur son front.
Merlin aurait dû suivre Gaius quand ce dernier avait quitté les appartements d’Arthur. Il aurait dû prévoir ce qu’elle allait faire. Jamais, le jeune sorcier n’aurait imaginé qu’elle se sacrifierait pour le bien de Camelot. Claire y était depuis peu, cependant elle n’avait pas hésité à donner sa vie pour le prince du royaume des Pendragon. Tout était de sa faute. Si seulement….. Le fils d’Hunith s’insurgea désespérément contre cette fatalité.


Non, Claire allait surgir d’un moment à l’autre avec son joli sourire. Accepter sa mort signifierait la fin de son existence. Il l’aimait si profondément qu’il ne ferait aucune preuve de courage et de bonne volonté pour s’en sortir !


- Je suis sincèrement désolé, Merlin. Grace à elle, ton destin ….


- MON DESTIN ! , vociféra le jeune magicien qui se redressa d’un bond. Que m’importe cette fois mon DESTIN, Gaius. Je ne … je ne suis pas un pion que le destin peut déplacer dans son jeu comme bon lui semble. Je suis un être humain animé de sentiments. Si vous aviez fait l’effort de rechercher quel poison que Mordred avait utilisé, peut-être qu’Arthur serait vivant et Claire n’aurait pas eu à se sacrifier pour une prophétie insensée et stupide. A quoi, vous ont servi vos connaissances (il lui désigna les ouvrages qui les entouraient), si vous vous ne donnez pas la peine de les appliquer. Vous faites un piètre médecin, Gaius !


Le visage ridé du médecin de la Cour resta de marbre, accusant le coup devant les accusations de son jeune assistant. Il lui lança un regard attristé.
Pétrifié par ce qu’il venait de proférer, Merlin passa sa main sur son front en sueur. Fragilisé après avoir cru à la mort de son meilleur ami, Merlin sentit son esprit vaciller vers cette profonde détresse. Son esprit se débattait pour ne pas basculer dans la folie. Son âme était déchirée et tiraillée bloquant sa respiration tandis que les battements désordonnés de son cœur peinait à jouer son rôle premier.


- Pourquoi a-t-elle fait ça ? , reprit –il connaissant déjà la réponse.


- Parce- qu’elle connaissait ce que représentait Arthur à tes yeux.


Le jeune sorcier se tourna vers la défunte endiguant les larmes qui menaçaient de sortir.


- Jamais, je n’aurais demandé de commettre un tel acte ! affirma le jeune sorcier, d’une voix mourante.


Jamais, il ne se pardonnerait la mort de Claire pour un destin qui balayait tous ceux qui s’approchait trop de lui. Quelque chose était sur le point d’exploser en lui.


- Merlin, si je pouvais….


Le corps frêle du jeune sorcier trembla sous la colère, sous la révolte, sous cette cruauté qu’il ne supportait plus. Cette douleur qui le rongeait à l’intérieur de son cœur n’avait rien de comparable avec celle qu’il avait ressenti lors de la disparition de Freya.


- Vous auriez pu l’en empêcher ! Vous … vous l’avez …..tuée !, répliqua-t-il froidement.


Gaius reçut sa réponse comme un coup de poignard dans le cœur. Le vieil homme redoutait de provoquer la colère du jeune sorcier car une rage grandissante et un profond désespoir défiguraient le visage de son jeune assistant.
Résigné et impuissant face à cette tragique situation, le médecin de la Cour regagna péniblement la chambre d’Arthur, laissant Merlin face à son deuil.


Est-ce son destin de rester seul pour qu’un seul homme puisse un jour devenir le roi que tout Camelot attendait si patiemment ? Il n’envisageait pas le royaume privé du prince Arthur destiné à être le futur roi de Camelot, de même qu’il ne pouvait envisager la vie sans Claire. Devait-il, pour parvenir à ce pourquoi il était destiné, sacrifier encore et toujours les êtres qui l’aimaient ? Supporterait-il de nouveau la perte d’un être aimé ? Surement ! Peut-être ! Non, hurla son cœur, à l’agonie.
Toutes ces émotions, qu’il avait endiguées durant toute la nuit, déferlèrent impitoyablement sur son cœur déjà meurtri. Cette fois, Merlin se laissa envahir par la colère, le regret, la peur.


Soudain, les carreaux des fenêtres volèrent en éclats, les objets et livres se trouvèrent éjecter de leur étagères comme des projectiles pour finir sur le sol, sous le cri strident du jeune sorcier. Le hurlement se perdit dans le vacarme assourdissant du tonnerre.


Rien ne saurait me mettre dans cette colère, avait-il eu la prétention de dire, un jour, à Gaius quand Morgane s’était volatilisée en emportant Morgause, gravement blessée.
Mais c‘était avant de perdre Claire.


                                                                                *****


Comme s’ils partageaient son chagrin, des nuages, poussés par le vent, masquèrent l’astre de la nuit. L’humidité pénétra par les fenêtres cassées. Merlin sentit à peine la fraicheur nocturne s’abattre sur lui. Aucune émotion ne vint troubler le visage taciturne du jeune sorcier. Le temps n’avait aucune prise sur lui. Ce dernier n’aurait su dire depuis comment de temps il était assis sur ce tabouret à fixer le corps sans vie de sa douce Claire.
Aucun son, aucun bruit, aucune pensée, ne venait parasiter l’esprit vide, obscur du jeune sorcier. Sa respiration était redevenue régulière, son cœur battait lentement mais ces fonctions vitales, il s’en moquait éperdument. Son âme et son cœur exécuteraient leur fonction première afin que Merlin puisse accomplir le destin que l’on lui avait assigné. Il vivrait mais il n’existerait pas. Une partie de lui-même était morte avec elle.
Lentement, le jeune sorcier s’approcha de la jeune fille. On aurait dit qu’elle dormait. Il aurait désiré encore la sentir se blottir dans ses bras, sentir l’odeur de la rose sur ses cheveux. Il aurait souhaité l’entendre, une dernière fois, son rire cristallin. Il aurait voulu lui dire adieux ! A ces pensées, une porte de son cœur se fendilla pour laisser entrer une émotion. Le jeune sorcier se ressaisit, néanmoins cette douce sensation persistait et enveloppait son cœur.
Alors, Merlin se pencha sur elle et effleura ses lèvres d’un baiser. Il esquissa un sourire caressant ses longs cheveux de couleurs châtains du bout de ses doigts.
Progressivement, le jeune homme céda à cette émotion pure, lui permettant de circuler dans tout son corps. Elle anesthésia tous les tourments pour laisser la place à un bien-être. Ce n’était plus du chagrin que Merlin éprouvait mais de l’amour. Cet amour l’attirait vers la vie et l’espoir. Inconsciemment, Merlin ferma les yeux et tendit l’oreille, espérant capter un bruit qui trahirait la présence de la jeune fille. Puis, il les ouvrit, une teinte dorée colora ses pupilles, s’efforçant de percer une forme impalpable.


Rien ne se produisit.


Instinctivement, les doigts du jeune sorcier frôlèrent le collier de son amie et ses yeux se remplirent de nouveau de couleur d’or.


- Mon cœur t’appartient, Claire. A jamais, murmura –t- il tendrement.


Merlin deviendrait un grand sorcier, peut-être le plus puissant que le monde connaitrait mais pour l’heure, il continuerait à servir Arthur jusqu'au bout de sa destinée. Après ce qu’il adviendra de lui après avoir accompli la sienne, le jeune sorcier ne s’en souciait guère.
Dans cette bataille, il avait perdu l’amour mais il avait conservé l’amitié. Le destin ne lui avait pas vraiment laissé le choix, le forçant à se plier à ses exigences cruelles. Le jeune homme s’affaissa sur la chaise, camouflant son visage de ses mains puis il se perdit dans les flots de ses pensées ténébreuses.


L’arrivée d’Arthur dans le laboratoire n’avait pas perturbé Merlin ou alors il ne l’avait tout simplement pas entendu.
A peine avait-il retrouvé ses esprits, Arthur avait exigé de la part de Gwen qu’elle lui rapporte en détail les évènements qui avaient suivi son arrivée. A travers des larmes de joie, la jeune servante avait obtempéré avec un certain étonnement, son visage irradiant de bonheur d’avoir retrouvé son bien-aimé.
Perturbé par son expérience dans le royaume des morts, Arthur écouta d’une oreille distraite la voix douce et tourmentée de Gwen lorsqu’ elle aborda le sujet de sa mort suivi de sa résurrection. Le prince avait éprouvé une agréable sensation de plénitude qui s’était volatilisé lorsqu’il avait repris conscience. Cependant malgré toute la confusion qu’il avait ressentie, les étranges conseils de sa mère avait résonné dans son esprit chaotique. Avait-elle évoqué la magie ou était-ce le fruit de son imagination ? Soudainement, une question l’avait taraudé. Comment avait-il réussi, lui Arthur, à revenir entre le royaume des morts ? Avait-il secouru, protégé ? Sa mère lui avait révélé que la magie le protégé. Etait-elle si puissant pour contrecarrer la mort ?


L’entrée du médecin de la Cour coupa net le fil de ses pensées. La mine attristée du médecin venu aux nouvelles avait alerté le prince. Profitant de l’absence de Guenièvre parti chercher de l’eau pour Gaius, il s’était enquis de savoir quel était la source de sa tristesse. Contraint, le médecin lui avait révélé le décès de la jeune fille. D’un bond et luttant contre le vertige qui l’avait saisi, Arthur bondit hors du lit. Gaius lui avait déconseillé fortement de se lever mais il avait passé outre son avis médical. Peu importait son état de santé, Merlin avait besoin de lui. Il voulait impérativement que ce dernier sache qu’il était présent pour lui.


Et maintenant, le prince se trouvait au seuil du laboratoire, fixant le dos de son serviteur, prostré sur le tabouret. Le jeune héritier n’osa pas briser le silence dévisageant son ami un air étrange.
Alors que le jeune sorcier se relevait, ankylosé, il devina une présence dans la pièce. Merlin tourna la tête, le regard empli d’espoir dans la direction où se trouvait ….. Arthur. Durant une fraction de seconde, le jeune sorcier s’attendait à voir Claire ou du moins, son fantôme. Pendant un instant, ils échangèrent un regard sans masquer leurs émotions où les mots perdaient leur sens. De la douleur et de la déception pour le brun et attristé pour le blond. Curieusement, le jeune sorcier décela autre chose dans le regard du futur roi.


Un grondement se fit entendre dans le lointain. L’orage s’éloignait. Un vent souffla à travers les fenêtres cassées. Arthur constata que tous les carreaux des fenêtres s’étaient brisés et s’étaient éparpillés dans le sol. D’ailleurs, les livres avaient subi le même sort. Comme si le laboratoire avait été balayé par une tempête. Perplexe, Arthur s’avança vers son ami ne s’attardant pas à trouver la cause de ce désordre.
Arthur rejoignit son ami en prenant soin de ne pas trébucher dans ce capharnaüm puis il contempla la jeune fille au visage spectral. Comment était-elle morte ? Lui qui avait tant désiré l’avoir disparaitre de la vie de Merlin éprouva sincèrement des regrets pour avoir eu de telles pensées. Côte à côte, le prince et le serviteur demeurèrent silencieux.


- Comment …. ? commença à dire Arthur.


- Devenir ce grand roi que tout Camelot espère vous voir devenir, répondit son ami  d'une voix monotone.


Pour Merlin, son destin était tout tracé, épauler son ami royal et vivre dans la solitude tout comme Gaius. Mais Arthur était destiné à accomplir de grandes choses et l’y aiderait à les réaliser. Encore une fois, une force mystérieuse le poussait à reprendre le dessus.


Le jeune sorcier avait encore perdu une personne qu’il chérissait mais Arthur était vivant. Il regretta qu’elle soit partie sans vraiment savoir qui il était réellement : Emrys. Tous ceux qui étaient liés à l’Ancienne religion tremblaient devant ce nom. Mordred y compris.
En évoquant son nom, Merlin se jura de mettre la main sur le druide. Et ce jour-là, il n’aurait aucune pitié.


Soudain, un vent violent faillit éteindre toutes les bougies disséminées dans la pièce. Leurs flammes vacillèrent fébrilement. La pénombre s’invita insidieusement dans le laboratoire. Subitement, des petits points bleus se détachèrent de la noirceur du ciel, provoquant une légère panique et incrédulité chez les deux hommes, au même instant, une pale lumière se dégageait sur la poitrine de la défunte.

                                                                            A suivre...................


crystal14  (28.03.2014 à 07:32)

Interdit, Arthur posa sa main nue sur la garde de son …. Flute ! Je ne suis pas armé, réalisa soudain le jeune prince. Avait-il des hallucinations ? Non car Merlin semblait voir exactement la même chose. De multitudes de petites perles bleutées papillonnant à travers la pièce plongée dans l’obscurité. Le silence était entrecoupé par de léger bruissement que produisaient leurs ailes au contact de l’air. Et une étrange et douce mélopée éveilla une sensation, un vague souvenir chez Arthur.


Sur la défensive, Merlin suivit la danse de ces créatures maléfiques tournoyant autour d’eux. Un coup d’œil rapide, il aperçut Arthur à ses côtés joignant son regard interloqué sur ces boules bleutées. Le jeune brun savait qui ils étaient et qu'ils représentaient une menace pour Camelot ainsi pour Arthur. En une fraction de seconde, Merlin évalua la distance qui le séparait du bâton de Sophia. Le temps qu’il parvienne dans sa chambre et de saisir l’objet sous son lit, les Sidhes les pulvériseraient sans peine.


Sur ses gardes, le jeune sorcier chercha un moyen de neutraliser l’ennemi. La présence de son ami ne facilitait guère la tâche. Devait-il engager le combat au risque d’exposer sa magie devant Arthur? Attentif au ballet des Sidhes, Merlin mit un instant avant de réaliser d’où provenait cette douce lumière bleue.


C’était le pendentif !


Petit à petit, la lumière rayonna et gagna en intensité.


Médusé, Merlin comprit son erreur lorsque les créatures de la mort se fondirent sur la défunte. Ce n’était pas Arthur mais le corps de Claire que les Sidhes venaient récupérer. Pris au dépourvu, Merlin ne sut quoi faire. Devait-il les laisser emmener le corps de Claire ?


Pendant ce temps, les petites sphères bleutées survolèrent le corps de la défunte. En une fraction de seconde, ils s’unirent formant un halo, se suspendant au-dessus du pendentif, puis s’étendirent jusqu’à envelopper tout le corps de la jeune fille. Ondulant de la tête aux pieds, la lueur augmenta, progressivement sous le regard ahuri des deux hommes.


Alors, Merlin acquit la certitude que tout était terminé.


Un mouvement attira le regard du jeune sorcier, tournant la tête, il reconnut la silhouette d’Arthur qui s’avançait lentement vers lui, d’un air calme qui frappa Merlin.


Tout à coup, le prince entendit un sifflement frôler son oreille. Il virevolta, suivant des yeux cette boule vivante qui suspendit son envol à quelques centimètres du visage du serviteur dont les pupilles s’étaient illuminées d’une teinte dorée, le bras tendu et la main dressée devant la petite créature ailée.


Cependant, grâce à son pouvoir, le temps s’écoula au ralenti, permettant à Merlin de les percevoir évoluer dans les airs.


- Je suis honoré de faire la connaissance du grand sorcier de la prophétie ! déclara la créature ailée en inclinant légèrement la tête.


- Qui êtes-vous ? demanda Merlin, méfiant.


- Mon nom est Adnor, roi des Sidhes.


- C’est impossible ! riposta le jeune sorcier, spontanément, en remarquant le bâton similaire à celui qui se trouvait, caché, sous son lit.


- Mon père était animé par la soif du pouvoir et je n’ignore rien de ses agissements et de sa haine dirigeait contre Uther Pendragon. Sans se préoccuper de son peuple, son aveuglement l’a conduit sur ton chemin. Je ne chercher pas la vengeance. Alors, ne me condamne pas par les actions de mon père car je ne suis pas lui, attesta le nouveau roi des Sidhes en abaissant le bâton en signe de respect et en inclinant une nouvelle fois la tête.


Perplexe par cette déclaration pacifique, le jeune sorcier baissa, à son tour, son bras. Le prénommé Adnor adressa un regard bienveillant à Arthur puis se retourna vers le jeune sorcier.


- L’alliance que nous forgeront dans l’avenir permettra j’espère d’établir une confiance mutuelle de nos deux mondes, annonça la créature ailée avant de rejoindre ses congénères sans laisser le temps au jeune sorcier de répondre.


Soudain, l’obscurité tomba sans prévenir, laissant le petit groupe momentanément aveugle et abasourdi. Véloces, les sphères bleutées disparurent instantanément par les fenêtres sans carreau. Le ciel s’éclaircit alors qu'un rayon de lune fendit le voile léger d’un nuage projetant faiblement sa pale lueur dans le laboratoire.
Instinctivement, Merlin prononça une formule magique et des flammèches apparaissaient de part et d’autre sur les bougies. La clarté artificielle balaya aussitôt l’obscurité du laboratoire.


Choqué, Arthur resta muet de stupeur par ce qu’il venait de voir et d’entendre.
Merlin, qui était le plus proche du lit, perçut un léger gémissement.
Instantanément, le sorcier se retourna vers Gaius qui venait juste d’arriver et lui fit signe d’approcher. Ce dernier enjamba tant bien que mal les affaires qui encombraient le passage ne s’attardant pas trop sur l’étendue des dégâts causés, s’en aucun doute, par le jeune sorcier. Il ne remarqua pas , non plus, la présence du prince de Camelot   car des gémissements attirèrent son attention.
Le médecin examina très attentivement le corps de la jeune fille. Ebranlé, Gaius écarquilla les yeux en constatant le mouvement de sa poitrine qui se soulevait doucement parvenant à peine à y croire.


Claire était vivante !


Le regard d’incompréhension du médecin survola les deux hommes puis s’arrêta sur celui de Merlin. Etouffant l’émotion qui l’envahissait, le jeune sorcier sentit son cœur cogner violemment sur sa poitrine lorsqu’il se précipita vers elle et Gaius oubliant totalement son ami Arthur.


Dans une atmosphère oppressante, Arthur aurait voulu dire quelque chose ou faire un geste, mais le choc émotionnel et psychologique paralysa son esprit bouleversé. Le prince héritier se retira sans un regard derrière lui.


Trop occupé à prodiguer les premiers soins à la jeune ressuscitée, Gaius ne s’était aperçu de rien tandis que Merlin jetait un regard furtif vers la porte qu'Arthur venait à l’instant de franchir, comprenant que cette fois-ci, il n’existerait pas de solution à ce problème.

 

                                                                CHAPITRE 15

 

Une heure plus tard dans la chambre de Merlin, Gaius apporta un verre d’eau à Claire qui avala le liquide froid avec délice. Un gout amer persista au fond de sa gorge. Assise, le dos au mur, la jeune fille fut prise de vertige et de nausées. Gaius la prévint que c’était les conséquences du poison. Que ces désagréments allaient disparaitre d’ici quelques heures. Il lui proposa de rester la nuit afin qu’il puisse la surveiller pour le cas où des complications surviendraient. Claire ne chercha pas à protester. Fébrilement, Claire saisit le pendentif entre ses doigts. L’objet avait conservé son éclat bleuté. La jeune fille le serra dans sa main et ferma un instant les yeux. Avait-elle réussi à sauver Arthur ?


- Il est vivant, répondit le médecin comme s’il lisait dans ses pensées.


Assis au bord du lit, Gaius serra affectueusement la jeune fille qui lui rendit son étreinte. Les larmes aux yeux, elle soupira, un léger sourire aux lèvres.


- La pièce manque de lumière ! Vous veillez les morts ? lui dit-elle avec humour.


- Voilà que tu déteins sur Merlin, mon enfant ! , rétorqua-t-il, gentiment.


- On parle de moi, dit Merlin en surgissant dans la chambre.


Le médecin de la Cour se releva tandis que Merlin la rejoignit saisissant délicatement entre ses mains, le visage de la jeune fille.


- J’ai cru d’avoir perdu. Ne me refait plus jamais ça ! abjura le jeune sorcier en plongeant son regard incandescent dans cet océan vert, embué.


- J’ai été sur le point de suivre mes parents dans le royaume des morts mais quelque chose m’a retenu. J’ai senti … ton …, murmura-t-elle, d’une voix incertaine tandis que Gaius sursauta à cette phrase.


- Aucune créature sur cette Terre n’avait encore accompli un tel prodige ! déclara le médecin, impressionné.


- Sauf si on est à moitié Sidhes ?


- Comment c’était ? , lança le vieil homme, avide de connaitre la vérité.


Merlin désapprouva la question de son mentor cependant Claire répondit à la curiosité de son hôte.

Pour commencer, elle s’était sentie aspirée dans ce brouillard opaque. Ce lieu dégageait une telle sérénité que le désir de lutter vous abandonnait. Plus rien n’avait existé que cette luminosité et cette musique mélodieuse qui vous enveloppaient tout votre être. Ensuite, elle avait aperçu Arthur de l’autre extrémité du chemin.

Gaius et Merlin tressautèrent à cette révélation.La mort d’Arthur n’avait duré que quelques secondes à peine. Le jeune assistant de Gaius était stupéfait que l’héritage de son père lui ait permis de ramener Arthur dans le monde des vivants.
Malgré lui, Merlin écouta attentivement la suite de son histoire .


Arthur s’était trouvé à la limite de la frontière du royaume des morts. Elle avait pu ressentir aisément le renoncement du jeune noble et avait craint qu’il se soit perdu à jamais. Elle avait dû employer toute son énergie pour persuader Arthur à recouvrer son instinct de vivre. Il avait suffi qu’elle prononce le nom du jeune sorcier pour qu’il récupère toute sa lucidité. Ensuite, c’était le néant jusqu’à ce qu’elle se réveille dans la chambre.


- D’aussi si loin que remontent mes souvenirs, je n’ai connu personne qui soit revenu du royaume des morts et surtout raconté en détails ce voyage unique, dit le médecin, sidéré par le récit de Claire.


Merlin se raidit par le récit détaillé de la jeune fille car si elle gardait le vestige de son passage dans le royaume des morts. Qu’en était-il pour Arthur ? Et que penser du comportement d’Adnor envers le prince ?
Pour la première fois en quatre ans, Arthur avait entrevu son monde sans mensonge, sans artifice. Maintenant que sa vraie nature avait été démasquée, Merlin redoutait de perdre l’amitié d’Arthur et l’amour à peine retrouver.


- C’est une expérience que je ne recommencerai pas, répliqua-t-elle en regardant Merlin, sur un ton de promesse.


- Je suis très heureux que tu sois de nouveau parmi nous, Claire, lui dit Gaius en posant sa main ridée sur la sienne. Tu as subi une rude épreuve qu’aucun être humain n’avait encore affrontée. Une bonne nuit s’impose, mon enfant !


D’une main ferme, le médecin de la Cour exhorta la jeune fille à se rallonger. Elle acquiesça tandis que Merlin remonta la couverture jusqu’à ses épaules. Sous l’effet du calmant que Gaius avait mis dans le verre d’eau, la jeune fille ferma les paupières et s’endormit immédiatement. Le jeune homme resta un moment assis au bord du lit en contemplant ce visage angélique dont il effleura la joue avant de suivre le pas de Gaius.


La main sur le chambranle de la porte, Merlin constata avec effarement les livres et objets répandus sur le sol, conséquences de son pouvoir. Il se souvint des remarques désobligeantes qu’il lui avait jetées en pleine face. Il avait été injuste envers son mentor. Honteux, le jeune sorcier chercha à s’excuser quand il descendit les trois marches qui séparaient les deux pièces.


- Un peu tard pour le nettoyage de printemps ! , entama Merlin en dévisageant Gaius s’activait à ranger ses ouvrages dans les rayonnages.
Captant le regard morose de Merlin, Gaius faillit répliquer mais il n’eut pas le cœur à le torturer moralement. Ce garçon avait enduré assez de tourments pour aujourd’hui, pensa-t-il en se retournant vers lui.


- Gaius, je suis désolé de ….Je ne le pensais pas…..Je…. bafouilla-t-il devant le silence du vieil homme.


- L’avantage de la vieillesse, c’est que la mémoire est légèrement défaillance. On oublie vite, prétendit-il en jetant un œil autour de lui. C’est un miracle que Claire soit encore de ce monde !, poursuivit-il en mettant un peu ordre sur la table. As-tu invoqué la magie pour la faire revenir ?


Eberlué, Merlin se méprit sur la question de son mentor.


- Non, jamais, je n’aurai échangé sa vie contre une autre, s’exclama le jeune assistant. Tout ce que j’ai fait, était de ….de toucher son collier et puis les … les …, répondit-il en réalisant que Gaius n’avait pas assisté à la scène dont Arthur et lui avaient été les témoins.


- Loin de moi de penser une telle chose, Merlin. J’ai totalement confiance en ton jugement en la magie, affirma Gaius en se dirigeant finalement vers son lit. J’ignore comment mais je pense que ta magie a interagi sur le pendentif de Claire et la ramenée à la vie. Il soupira. La vigilance est de mise, Merlin, car Mordred et Morgane n’en resteront pas sur cet échec. Prions le ciel que le jeune druide ne communique pas ta véritable identité à cette dernière.


Que lui importait ce que dévoilerait ou pas Mordred à la sœur d’Arthur car les Sidhes avaient contribué, sans le vouloir, à sceller son avenir. Une alliance, la plus courte de l’histoire de Camelot. Le jeune sorcier ne saura jamais pourquoi ce fameux Adnor lui avait proposé cette alliance. Tout ce qu’il retiendra de cette rude épreuve était qu’Arthur et Claire étaient revenus, sains et saufs, du royaume des morts.


Merlin afficha un léger sourire triste puis il s’allongea sur le lit d’appoint avant de souffler sur la bougie, plongeant ainsi la pièce dans l’obscurité.
                                                                           

A suivre......................


crystal14  (04.04.2014 à 10:47)

Sur le qui-vive, Merlin s’attendait à voir les gardes surgirent dans le laboratoire. Chaque bruit, chaque grincement et même les martèlements de son cœur contre sa poitrine lui provoquaient des sursauts involontaires. Que devait-il faire ? Plaider sa cause ? Non, car l’aversion d’Arthur pour la magie obscurcirait son jugement et ne ferait qu’aggraver cette situation déjà funeste. Merlin connaissait mieux que quiconque le cœur d’Arthur et à en ce moment même, il devait se sentir profondément trahi, blessé, détruit par la vérité brutale de sa véritable nature.


Pourquoi Arthur tardait –t-il à envoyer ses gardes ? Lui accordait-il un sursis ? Etait-ce pour lui donner le temps de fuir Camelot ? Non, il n’était pas un couard. Jamais, Merlin ne ferait une chose pareille. Après tous les épreuves qu’il avait endurées !


Le jour où le roi Uther l’avait chargé de servir son fils, le danger et la mort étaient devenus son lot quotidien. Ce n’était pas de mourir que redoutait Merlin, même si c’était de la main de son ami le prince mais le regard où il y lirait du dégout, de la répugnance, de l’aversion, d’horreur pour ce qu’il était : un sorcier. Et la profonde amitié qui les unissait disparaitrait dans les méandres de la phobie de la magie. A eux deux, ils étaient destinés à accomplir de grandes choses pour Camelot. Sa mort ou celle d’Arthur signifierait l’échec pour le royaume des Pendragon. Nous sommes les deux faces d’une même pièce, se persuada –t-il en étouffant l’amertume et la déception qui sentaient montait en lui.


Le jeune homme s’évertua à se répéter que l’avenir n’était pas gravé dans la pierre néanmoins il accueillerait la décision du prince héritier avec sérénité. Merlin déposa sa vie entre les mains de son destin.
Dès lors, le jeune sorcier prit conscience que quel que soit la condamnation : l’exil, le cachot à vie, la décapitation ou le bucher, le jeune sorcier perdrait bien plus que sa vie. Qu’adviendrait-il de Sir Lancelot, de Gaius et de sa mère si Arthur s’apercevait qu’ils avaient partagé, durant toutes ces années, son secret ? Une peur incontrôlée l’envahit lorsque des ronflements de son mentor coupèrent le court de ses pensées.


Au loin, le chant tonitruant du coq annonçait l’arrivée de l’aube. Dans quelques instants, en haut du donjon, les trompettes sonnerait le réveil. La cité et le château fourmilleraient de gens qui s’affaireraient à leur activité journalière. Les chevaliers s’entraineraient sans relâche. La vie à Camelot allait lui manquer. Gaius allait lui manquer. Et……


Silencieusement, le jeune sorcier se glissa dans sa chambre où Claire dormait paisiblement. Jamais, le jeune sorcier n’aurait imaginé aimer quelqu’un d’autre que Freya. Jamais, il n’oublierait la première fois où qu’il avait croisé son regard d’un vert émeraude et son sourire angélique. L’importance qu’elle avait pris dans sa vie.
Debout près de la lucarne, il contempla amoureusement la jeune dormeuse.


Savait-elle à quel point il tenait à elle ? Qu’il l’aimait ? Qu’elle trônait dans son cœur ? Merlin lui avait démontré par des gestes, par des regards mais étaient-ce suffisant ? Il espérait que oui car il n’était pas facile de verbaliser, d’exprimer ses sentiments à la personne qui vous troublait. Chaque jour, il avait pris conscience que son amour pour elle était sincère et profond.
La présence de Claire à Camelot avait changé totalement sa vie, l’avait rendu plus fort, plus confiant dans l’avenir. Merlin se sentait lui-même, libre. Plus de mensonges, plus de dissimulations. A croire que l’amour et l’amitié étaient l’essence même de son pouvoir. Merlin idéalisait peut-être mais c’était ce qu’il ressentait au fond de lui. Un désir irrépressible de la tenir dans ses bras le saisit mais il résista à la tentation de s’approcher d’elle de peur de ne pas trouver la force de la quitter si elle venait à se réveiller.


Merlin recula puis sortit de la chambre s’éloignant doucement de sa vie alors qu’il avait tant désiré créer un avenir avec elle. Peut-être que …….Non, il ne permettrait à quiconque décider pour lui. Merlin était maitre de son destin. Si sa décision le conduisait vers la mort c’était parce qu’il en avait choisi en toute conscience.
Le jeune sorcier jeta un coup d’œil son sur mentor qui dormait à poing fermés. En sortant du laboratoire, il emprunta le couloir et descendit les escaliers en colimaçons pour atterrir dans les corridors.


Avant de rejoindre Arthur pour d’affronter le lourd châtiment, Merlin convergea vers l’endroit où tout avait commencé sans prêter aucune attention à l’éveil de la cité.
Le sort en était jeté !
Les trompettes retentirent dans l’air matinal de la cité.

                                                        **********************


Vêtus de ses vêtements de la veille, Arthur quitta ses appartements à grands pas éprouvant le besoin de s’oxygéner. Il gouta avec délice l’air frais matinal. Le sommeil l’avait fui une grande partie de la nuit, le poussant malgré lui à ressasser l’épisode de cette nuit. Chaque seconde qui s’était écoulée lui avait paru une éternité à laquelle le jeune prince avait médité sur l’attitude à adopter devant cette révélation accablante.

Pour la première de sa vie, Arthur aurait voulu occulter volontairement cette magie de sa mémoire dont il avait été le témoin. Aucune réponse n’aurait été attendue car les questions seraient demeurées à jamais quelque part dans le néant.


Comme par exemple : Claire, était-elle morte comme l’avait présumé Gaius ? Si elle l’était, avait-elle été ressuscitée par ces étranges lueurs bleues ? D’où étaient venues ces sphères ? Est-ce vraiment de la magie comme il le supposait ? Qui était cette créature qu’il l’avait dévisagée avant de disparaitre dans la nuit ? Pourquoi s’était –elle montrée si déférente envers Merlin ?


A part quelques gardes postés aux quatre coins du château, il ne croisa aucune personne sur son chemin. Arthur n’aurait su dire pourquoi il s’était réfugié dans cet endroit où il avait rencontré pour la première fois Merlin.


Tout avait commencé dans cette parcelle terrain près de l’une des l’entrées du château. Le jeune prince évoqua ce souvenir avec un pincement au cœur se remémorant leur première altercation. Arthur avait été impressionné par le courage de Merlin d’avoir osé le défier n’ayant jamais connu jusqu’ici qu’un entourage sournois, mielleux, hypocrite, se rabaissant à le satisfaire tout simplement parce qu’il était le fils du roi de Camelot, Uther Pendragon. Toutes ces personnes insignifiantes à ses yeux contribuaient à se plier en quatre pour le satisfaire. Personne dans ce vaste royaume n’aurait jamais osé à le traiter de crétin. Jamais personne ne s’était hasardé à se mesurer à lui. Et cet outrage avait valu à Merlin le cachot.


C’était il y a des siècles !


Les bras tendus et paume de la main appuyées sur le muret imprégné par la pluie nocturne, Arthur fixait l’horizon voilé par la brume matinale. Les premiers rayons du soleil allaient bientôt apparaitre dernières ces collines si familières. Le prince n’était pas pressé d’assister au lever de cet astre brulant car cela lui rappelait trop les yeux de Merlin.


Accablé, il baissa la tête, le menton touchant sa chemise tentant vainement de maitriser les battements de son cœur. Les yeux teintés d’or de Merlin l’avaient hanté toute la nuit. Il s’était résolu à tergiverser, de se raisonner que c’était une simple illusion mais à la fin, il avait dû se rendre à l’évidence : son serviteur si maladroit était un sorcier !


Sous le coup d’une colère extrême d’avoir été trahi, trompé, ridiculisé, manipulé, il avait failli appeler les gardes pour que l’on jette ce traitre au cachot. Mais à la dernière minute, il s’était abstenu .A ce moment-là, le prince héritier de Camelot avait tenu la vie de Merlin entre ses mains.

Combien de fois, Arthur avait objecté contre le roi de Camelot à l’encontre de sa haine de la magie. Il pouvait l’entendre proférer que ceux qui pratiquaient la magie ne connaissaient que le mal, qu’ils méprisaient et cherchaient à détruire dès qu’ils croisaient la bonté. Et qu’ils ne reculaient devant rien pour les anéantir. Son père était épouvanté à l’idée que des forces démoniaques menacent le royaume. Depuis sa plus tendre enfance, Arthur avait toujours entendu le même discours de son père. Ce dernier s’emmurait au mot magie demeurant hermétique à toutes explications.


En tant que régent du royaume, il se devait de prendre une décision concernant l’utilisation de la magie à Camelot. Et Merlin ne pouvait déroger à cette loi établie depuis plus de vingt ans par le roi Uther. Arthur avait soupiré profondément en songeant que la loi de Camelot stipulait que quiconque était mêlé, de près ou de loin, ou était soupçonné d’avoir usé de magie, serait condamné à mort.


L’héritier du trône était déchiré entre l’amitié pour Merlin et son aversion pour la magie car son père Uther lui avait transmis sa répulsion, sa peur, sa cruauté envers ces personnes hors du communs.


Cependant, la rencontre de Merlin avait bouleversé sa vie.
Aussitôt, il avait passé en revue certains évènements : la femme qui avait pris l’apparence de Dame Helen, le chevalier Valliant, le Griffon, Sigan, le jour où son père, ensorcelé, avait épousé un Troll et que lui-même s’était retrouvé dans la même situation à cause du Roi Alined…..! Dans les tréfonds de son esprit, un mur s’était effondré laissant échapper une lumière illuminant les parts d’ombres de tous ces mésaventures.


Brusquement, Arthur avait réalisé avec effroi que chaque fois où la magie s’était frottée à Camelot, que chaque personne, utilisant leur pouvoir avait conspiré contre le roi ou lui-même, Merlin avait été le facteur de leur succès.
Toutes ces réussites, Arthur les avait mises sur le compte de la chance, du miracle ou encore que quelque chose ou quelqu’un veillait sur lui. Et ce quelqu’un n’était autre que Merlin. Le prince l’avait côtoyé tous les jours durant toutes ces années, il ne s’était rendu compte de rien ou n’avait pas voulu ouvrir les yeux.
Comment se fier à un homme qui vous avez menti ?


Que dois-je faire ?
Cet acte abominable me rendra-il respectable aux yeux de mon père et de mon peuple ? Dois-je condamner mon meilleur ami à une mort certaine ? Dois-je le jeter en prison pour trahison ?, s’était-il répété, inlassablement quand le chant du coq, tonitruant et lugubre, se propageant dans la cité, avait annoncé le lever du jour naissant sans que le jeune prince n'ait solutionné cette affaire délicate.


Alors, la voix de Gwen avait percé au milieu de ses pensées tumultueuses.
Le lien qui vous unit, aucun homme ne peut le briser. Seul le destin pourrait vous séparer. Cette amitié s’est forgée par le respect et la tolérance réciproque que vous avez l’un envers l’autre. Il donnerait sa vie pour vous.
D’autres voix venues d’outre-tombe avaient émergé dans son esprit.
Quand la magie se présentera à toi. Ne la rejette pas car elle te protège. Elle l’a tant fait pour toi. Elle t’a rendu bien meilleur que ton père.
La magie se soumet à la personne qui l’utilise. Où avait-il entendu cette phrase ?


 Comme une vague se fracassant sur les falaises, la vérité s’était échouée devant ses yeux, détruisant les derniers remparts de doutes et d’indécisions. Ce dernier n’était pas un fin limier pour reconnaitre la magie mais il avait la profonde certitude que Merlin lui était fidèle et loyal. Ses actions passées l’avaient prouvé.


Pas plus tard que l’avant-veille, dans la clairière, Merlin s’était interposé entre lui et Morgane. S’il était un être maléfique, n’aurait-il pas profité de le tuer ou laisser Morgane prendre l’avantage ?
Combien de fois Merlin lui avait-il sauvé la vie ? Avec ou sans magie !
Donc, Merlin était un être magique bienveillant qui le protégeait depuis longtemps. Pourquoi, lui ?
Hier soir, il avait assisté à une scène où une magie bienfaisante avait prodigué des soins nécessaires à la guérison de la jeune fille.


Peu à peu, Arthur avait intégré le fait que Merlin soit un sorcier. Que penserait son père de son retournement envers la magie ? Jamais, il ne devait le savoir. A aucun prix ! Déshonorait-il son père si son fils, héritier du trône, empruntait un autre chemin qu’il lui avait tracé ? Malgré l’estime qu’Arthur éprouvait pour son père, Arthur n’était pas lui.


L’amitié qu’il éprouvait à l’égard de son serviteur était cruciale à ses yeux. Ce sentiment, jadis inconnu pour lui, avant la rencontre avec Merlin, était bien plus important qu’un trésor caché dans les profondeurs de Camelot.
Qu’adviendrait-il si Merlin n’était pas présent pour le remettre sur le droit chemin, lui donner son opinion sur lesquelles parfois il se reposait, sa maladresse, son sourire moqueur, sa franchise ? Aucun serviteur ne remplacerait Merlin.


Il était unique.
Il était son ami.
Il était son ….égal.


Un sorcier son égal ! pensa le jeune prince en relevant la tête.


Un vent léger souffla sur le visage du jeune blond frémissant sous sa chemise. Arthur plissa les yeux sous la clarté naissante du soleil qui émergeait de derrière les collines.


Arthur comprit pourquoi il n’avait donné l’ordre à ses soldats d’arrêter Merlin. Il ne survivrait pas à cette perte inestimable. Sans Merlin à ses côtés, il ne serait plus que l’ombre de lui-même. Inexplicablement, le prince de Camelot était étrangement lié à lui. Il avait besoin de lui pour exister. Que deviendrait-il sans lui ? Jamais, la magie ne ternirait cette amitié qu’il éprouvait à l’égard de Merlin. Personne pas même son père ne lui dicterait la conduite à tenir. Jamais !


Car il était devenu meilleur et c’était à lui, Merlin, son ami, qu’il le devait. Il n’aurait jamais cru qu’un ami prendrait autant d’importance dans sa vie.
Pour la première fois depuis des heures, il admit que son ami était un sorcier ! Un bon sorcier ! Arthur pria sincèrement qu’il ne se trompait pas à son sujet.


Le prince héritier préférait savoir Merlin vivant que mort. Même si cela signifiait que son serviteur quitte Camelot ! Et avec lui Claire ! Quelle ironie ! Arthur avait toujours craint que ce soit la jeune fille qui l’incite à partir et non la magie !


Le cœur lourd, Arthur présuma que Merlin ait profité de sa faiblesse pour s’enfuir de Camelot.


L’astre du jour se leva, éclaboussant, ses premiers rayons sur Camelot.
Arthur sursauta aux sons rythmiques des trompettes.


Le cœur du prince manqua un battement en entendant prononçait son prénom. Il n’avait pas besoin de se retourner reconnaissant sans peine à qui appartenait de cette voix.

A suivre................................

 

 


crystal14  (11.04.2014 à 07:05)

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