HypnoFanfics

Le Nom de la Rose.

Série : Merlin (2008)
Création : 05.01.2014 à 19h33
Auteur : ValentinaM 
Statut : Terminée

«  Si ce n’est pas sûr, c’est toujours peut-être et c’est là tout l’enjeu d’un destin.  » ValentinaM 

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Attention aux spoilers, car l’histoire se déroule pendant et après la saison 5 de Merlin.

 

 

Prologue :

 

Tandis que Valentina s’échinait à travailler ses cours d’anatomie, son frère Léon ne pouvait s’empêcher de la déranger « Allez, vient ! Lui disait-il, allons-nous entrainer, j’ai une forte envie de manier l’épée » « Non, lui répondait-elle, nous nous entraînerons plus tard. Je travaille ». Son frère las d’insister, partit alors faire une balade à cheval laissant enfin sa petit-sœur dans un calme absolu. Elle pouvait se consacrer à ses cours dont elle espérait se débarrasser au plus vite pour finalement profiter de son week-end et surtout d’un long sommeil reposant. Le silence dans lequel la pièce était plongée depuis que Valentina avait fini de travailler fut de courte durée. Elle s’était allongée dans son lit et pensait pouvoir se reposer de cette longue journée, elle entendit sa mère l’appeler. Une première fois elle feint de ne pas l’entendre, mais elle ne sut résister quand cette voix si familière retentit en un second temps à ses oreilles. A contre cœur elle se leva et descendit les trois étages du vieux château pour rejoindre le petit salon, endroit où, elle supposa que la voix qui l’avait demandée était présente. Ses deux parents avec quelques amis à eux avaient fini de dîner. Les domestiques nettoyaient la salle à manger. Le thé encore fumant remplissait les théières en porcelaine aux bordures dorées et aux dessins de fleurs roses bien trop kitch à son goût. Après avoir salué ce beau monde, sa mère s’exclama :

« -Valentina, joue nous donc un peu de piano. » Valentina s’exécuta, elle en avait guère envie pourtant. Mais elle savait que les souhaits de sa mère devaient toujours être réalisés. En effet celle-ci était une femme entêtée, et même si Valentina l’appréciait, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle aurait pu faire des efforts et comprendre que sa fille n’avait plus envie de jouer à cette heure tardive et après avoir passé une journée bien trop remplie. Mais sa mère se devait, à chaque réception qu’elle donnait, en mettre plein la vue à ses convives. Après un dîner délicieux et plein de plats faits par un grand traiteur, elle faisait descendre Valentina pour qu’elle montre ses talents inouïs de pianiste, tout ceci avec le thé servit dans ces vieilles théières à la valeur aussi inestimable que vieux jeux et qu’elle n’osait sortir que pour ce genre d’occasion. Jouant délicieusement du piano, les convives s’extasiaient à chaque fois. Ce fut encore le cas pour cette soirée.

En plus de ses talents de pianiste, Valentina était une très bonne danseuse, épéiste, cavalière… En somme, elle était une jeune fille très douée. Et pour ne rien oublier à cela elle était plutôt jolie, des cheveux épais, légèrement ondulés et châtains, des yeux bleus foncés, presque noir, un petit nez, des lèvres un brin pulpeuse et une peau de porcelaine qui prenait un léger voile doré avec le soleil. Ses parents l’avaient toujours encouragée dans ses activités, et Valentina malgré un caractère parfois mauvais, était une personne courageuse et obstinée. Ces deux traits lui avaient certainement permis d’exceller dans toutes les entreprises qu’elle menait. Elle était aussi une personne honnête, elle détestait l’injustice et aussi la trahison, ce qui faisait d’elle l’amie fiable que l’on a tous envie d’avoir. Mais elle demeurait humaine : ses sentiments l’emportaient souvent sur sa raison quand il s’agissait de personnes qu’elle aimait. Elle avait aussi tendance à être orgueilleuse. Bien sûr son orgueil n’égalait pas celui d’Achille face à Agamemnon. Cependant sa condition sociale, ses talents, son intelligence et sa beauté lui faisait parfois perdre son humilité.

Mais passons, après tout vous aurez tout le temps de connaitre Valentina au cours de cette histoire, du moins, si l’envie vous prend de la lire. Car en réalité cette aventure ne commence pas à cette heure où Valentina joue si merveilleusement du piano, mais quelque temps après. Pour être plus précis le lendemain après-midi.

 

Chapitre 1 :

 

Viasopourika ma magnifique jument pur-sang galopait dans la forêt. L’été venait de s’éteindre, la lumière rougeâtre de l’automne transperçait les feuilles vertes qui n’avaient pas décidé de rejoindre tout de suite la terre boueuse des sentiers contrairement à d’autres consœurs. Au loin les chiens de chasse aboyaient après je ne sais quel pauvre animal sauvage. La chasse était à nouveau ouverte dans ma magnifique forêt anglaise. J’aurai bien aimé abolir cette pratique barbare, je détestais cela, quel plaisir peut-on prendre au XXIème siècle à tuer des animaux ? Nous ne sommes plus au Moyen-Age ! Il m’arrivait couramment de me disputer avec un chasseur lors de ma balade à cheval, car en plus de tuer des animaux, il m’empêchait très souvent de galoper à ma guise : ces messieurs croyaient que la forêt leur appartenait. Etrangement cet après-midi-là, aucun ne vint me déranger. Ce devait être certainement un miracle. Je m’étais sans doute trop enfoncée dans la forêt pour qu’un seul Homme puisse m’embêter. Ce chemin perdu entre les arbres, la fange et la mousse verte me menait à un magnifique lac que mon frère et moi avions découvert il y a de cela quelques années. Personne ne le connaissait hormis nous deux. Du moins c’est ce que nous pensions, car aucun de nos parents nous en avaient parlé et l’endroit semblait ne figurer sur aucune carte. Ne voulant pas gâcher la magie du lieu, nous n’avons jamais essayé d’en savoir plus sur lui et le mystère l’entourant ne le rendait que plus ensorcelant. Au centre du lac se formait un îlot, on pouvait y voir les ruines d’une tour. Nous avions voulu y accéder, mais nous ne pouvions y aller qu’avec une barque, chose qui n’était évidemment pas possible, puisque nous aurions dû la trainer sur plusieurs kilomètres praticables qu’à pied ou à cheval. Nous avions pensé aussi à y aller à la nage, mais étrangement, à chaque fois que nous nous y essayons, le ciel bleu azur se couvrait et l’orage ne pouvait s’empêcher d’éclater. Nous nous sommes seulement baigner dans ce magnifique lac, regardant au loin la splendeur de l’îlot semblant sorti de nulle part et se cachant de tout regard étranger.

 


ValentinaM  (05.01.2014 à 19:56)

Ce jour-là quand j’arrivais devant ce lac que je surnommais Avalon. Je vis qu’un vieillard à la barbe et aux cheveux blancs se baladait. Une longue robe  d’un rouge délavé l’habillait. Il marchait avec l’aide d’un épais bâton. Avant de le prendre pour un clochard fou qui se prenait pour je ne sais quel sorcier vaudou, alors qu’il avait simplement perdu la tête à force de solitude et de malheur, je l’observais du haut de ma monture. Il semblait parler tout seul. Cet homme eut le don de m’importuner en  quelques secondes : en plus d’être face à mon lac, il me dérangeait, je ne pouvais pas me balader tranquillement avec un individu pareil.  Je devais faire demi-tour, habillé comme il l’était,  il m’aurait certainement demandé l’aumône en me voyant. D’autant plus que mon cheval tout comme mon allure respirait la noblesse. Je portais un chemisier blanc sous une veste de velours marron, un jean brut, des bottes cavalières noires. J’avais aussi un magnifique collier que je ne quittais jamais, il se transmettait depuis des générations, il représentait le blason de notre famille. Ainsi je ne pouvais pas passer inaperçue face à ce vieillard. Je m’apprêtais à rebrousser chemin, la mort dans l’âme. N’avoir pu me ressourcer dans cet endroit que j’affectionnais tant alors que ma semaine d’étude s’était avérée extrêmement remplie et que les futures le seraient tout autant, me mettait du vague à l’âme. Pourtant, je ne pus faire demi-tour tout de suite. Un bruit sourd tomba et je tournai mon visage par automatisme vers l’endroit d’où il provenait. Le vieil homme était à terre et ce fut sans réfléchir que déjà j’étais descendue de ma monture pour courir vers lui.

« -Vous n’avez rien ? Lui demandais-je tout en l’aidant à se relever.

 -J’ai cru que jamais vous ne viendriez  chère demoiselle. 

-Je devais m’assurer que vous n’aviez rien.

-Comme vous le voyez je ne suis point blessé.

-Parfait. Il se fait tard, je dois y aller. » J’étais froide, presque hautaine. Je n’avais aucune envie de m’attarder et m’encombrer des problèmes d’autrui, les miens me suffisaient.

« -Oh, je vois bien que vous n’avez pas envie de me parler.

-Vous êtes clairvoyant.

-Vous n’êtes pas si hautaine que vous le paressait. Vous avez certainement un cœur pur. Vous allez être parfaite pour la  mission que je vais vous confier.

-Vos paroles me confirment que jamais je n’aurais dû vous faire part des miennes. Sur ce, au revoir monsieur. » Je commençais à nouveau à faire demi-tour, mais il continuait à me parler, j’essayais de ne pas faire attention à tout ce qu’il disait comme bêtises, mais il parlait si fort que cela était difficile.

« -Je savais aussi que vous me prendriez pour un fou. Mais sachez-le bien petite Valentina, votre destin est grand et il peut changer la face du monde… »

Je n’entendis pas le reste de son discours, j’étais déjà montée sur mon cheval et partais au galop. Cet endroit qui m’avait toujours fasciné venait d’être entaché par la présence de cet homme qui se prenait apparemment pour une Sybille. A ce moment-là je n’avais pas encore remarqué une chose, ses paroles n’étaient peut-être pas aussi fausses que je le pensais, il m’avait appelée par mon prénom. Si seulement j’avais été moins orgueilleuse et froide, les propos de ce vieil homme m’auraient certainement aidée dans un futur proche. C’est quand je réalisai cela que l’improbable se produit. Alors que j’étais au grand galop sur une fange glissante, j’aperçus au loin des hommes qui couraient vers moi. Je me rendis compte très vite  qu’ils ne me voulaient pas que du bien. Leurs épées levées et leurs cris de guerre me l’annonçaient clairement. Je n’eus même pas le temps de comprendre pourquoi ces hommes m’attaquaient et comment je me retrouvais avec une magnifique épée sertie de diamants et rubis dans la main que je dus faire  face à l’attaque. Malgré mes talents d’épéistes, je sentais bien que je ne faisais pas le poids, je continuais pourtant à me battre contre mes assaillants. Quand soudain je vis des cavaliers au loin, ce moment d’inattention me fut fatal et je tombai à terre, assommée.

 

 

Chapitre 2 :

 

Des voix  me hantaient. Tu es Valentina, la sœur de sir Léon.  Je ne comprenais pas grand-chose. Ils sont tous morts au château... J’essayais de m’imprégner au  mieux de ses paroles, peut-être me serviraient-elles ? Ce n’est qu’un ancêtre, mais il sera comme ton frère.  Mais en même temps le peu de conscience qu’il me restait m’indiquait que tout ceci était des hallucinations dues à la  fièvre.  Et surtout n’oublie jamais la légende arthurienne. Oui, c’est cela : je suis fiévreuse.

« Comment va-t-elle ? » entendis-je au loin.

« Sa fièvre diminue Sire. Elle devrait aller mieux d’ici quelques heures. Je crois que ses périples l’ont extrêmement fatiguées, surtout moralement… » C’est quand j’entendis le mot  « sire » que ma conscience se réveilla, comme frappée. Ne savant de quel monde je faisais partie je préférai la rendormir aussitôt dans un sommeil que je voulais sans rêves.

 

***

 

C’est en entendant le doux chant des oiseaux que je me réveillai. Mon lit m’apparut tellement douillet que je n’en avais aucune envie d’en sortir. Je me lovai dans ma couette, comme un chaton l’aurait fait dans les bras de sa maitresse. Si je l’avais pu je me serai mise à ronronner. Une sensation de bien-être absolu m’enveloppait. Un sourire s’affichait sur mes lèvres et je n’osais plus bouger, de la sorte l’instant, le si bel instant, s’arrêtera-t-il ?

Après quelques minutes de bonheur intense, je me mis à penser à mon après-midi d’hier, à ce magicien-vaudou et ces bandits, comme cela semblait anormal. Sans plus réfléchir j’ouvris les yeux pour me rassurer et surtout m’assurer que jamais cela n’avait eu lieu. Les pupilles en alertes je découvris une vision cauchemardesque : j’étais dans une chambre que je ne connaissais pas. Je ne me serai pas trop inquiétée si cela ressemblait à une chambre d’hôpital, mais ce n’était pas du tout le cas. L’énorme lit à baldaquin, les meubles en bois, les restes de bougies éteintes, tout m’indiquait que cette chambre ne faisait pas partie du monde moderne. Je crus enfin le cauchemar terminé quand j’entendis une voix rassurante me disant :

« Ne vous inquiétez pas, tout va bien, vous êtes en sécurité maintenant » Instinctivement je me retournai vers mon interlocuteur, mais rien ne me rassure en lui. Certes, son visage est aimable, dénoué d’apparente folie, mais ses habits n’ont rien d’actuels, une veste marron, une vieille chemise bleue et un foulard rouge autour du cou. Non pas que ses vêtements n’auraient pu se retrouver au XXIème siècle, mais les irrégularités dans la coupe, les points grossiers me prouvaient que tout avait été fait à la main et que la machine à coudre n’existait certainement pas en ce temps-là. Essayant de garder un calme absolu, me disant qu’il doit bien y avoir une explication à tout ce foutoir, je lui demande d’une voix bien plus faible que je ne l’aurai cru :

« -Où suis-je ?

-Dans le château du roi Arthur, à Camelot. »  C’est à ce moment-là que je me décidai à tomber dans les pommes comme une pauvre idiote. J’avais toujours eu les nerfs solides, mais cette fois-ci ce fut la réponse en trop : « Le château du roi Arthur,  à Camelot. »  Quelle était donc cette comédie d’un mauvais gout ?

Je repris connaissance quelques minutes après, un autre homme était alors arrivé. Je ne compris pas tout de suite qui il était, mais apparemment il me voulait du bien. Je l’écoutais me parler, me faire ses recommandations, mais ne lui répondait pas, j’avais trop peur pour ma santé psychologique qui en avait déjà pris un coup. Me demandant encore si tout ceci était bien réel ou si ce n’était qu’un mauvais rêve. Une autre idée me vint en tête : je vivais une hallucination dans mon monde et l’on m’enverrait certainement dans un hôpital psychiatrique, remarque : j’y étais peut-être déjà.  Pourtant je compris vite que je n’étais pas dans un rêve, il ne me restait plus que deux solutions : soit j’avais été emmenée dans un autre monde, soit j’avais perdu la tête. Je me décidai très vite et opta pour la première option, c’était celle qui me semblait la moins probable, mais qui était la plus rassurante, c’est pour dire à quel point mon cas était grave.

J’appris que je serai présentée au roi Arthur le lendemain, que c’était lui et notamment le chevalier Mordred qui m’avaient sauvée. Je grimaçai à l’écoute de ce Nom « Mordred » c’était lui qui avait assassiné le roi Arthur dans la légende. C’était lui le traite, le débauché, le séducteur de cette histoire. Sans l’avoir jamais vu je commençai à me méfier de lui. Non, il ne pouvait pas avoir de différences entre celui-ci et celui de la légende. Non, il ne pouvait pas y en avoir pour une seule raison : je faisais maintenant partie de l’Histoire.

 


ValentinaM  (12.01.2014 à 20:34)

Chapitre 3 :

 

Merlin, le jeune homme devant lequel je m’étais évanouie, était fort agréable. Il me parla longtemps et je l’écoutais sans dire un mot, je lui faisais juste des signes de tête de temps en temps, car il me posait de nombreuses questions. Pendant son monologue j’appris une chose très importante : la magie était prohibée à Camelot, par conséquent je ne pouvais avouer que je venais d’un autre monde sans être accusée d’acte de sorcellerie et ainsi d’être condamnée à mort. Or je n’avais pas la moindre envie de me retrouver au bûcher, je n’avais jamais été attirée par le masochisme.

Merlin continua sa tirade sur la société de Camelot, mais je ne l’écoutais plus vraiment, j’étais perdue dans mes pensées. Merlin me disais-je, c’est bel est bien un sorcier dans la légende ? Cacherait-il ses pouvoirs pour ne pas lui-même finir condamné ? Je continuais à cogiter, quand j’entendis un raclement de gorge.

« -Hum, tu ne m’écoutes plus ?

-Désolée ! » M’exclamais-je sans faire attention à l’air choqué de Merlin qui m’entendait parler pour la première fois alors que lui le faisait depuis un certain temps avec moi.  « N’es-tu pas magicien Merlin ? Car la légende dit bel et bien que tu es un sorcier ! » Et c’est devant l’air ahurit de ce dernier que je compris l’énorme erreur que je venais de commettre. Je savais que j’avais raison, il était magique, mais ce fut comme si en un éclair il avait retiré sa confiance qu’il avait alors placé en moi si facilement. Pour ne pas blesser ce jeune homme si adorable et qui sera sans doute un allié dans ma future vie à Camelot, je m’expliquai un peu mieux.

« -Désolée. Je n’aurai pas dû m’exprimer avec tant de franchise, j’ai dit cela sans même réfléchir. Je m’en excuse.

-Qui t’a envoyé à Camelot ?  Pourquoi es-tu venue ici ? » Me demanda-t-il méfiant. J’avais le chic pour faire des maladresses.

« -Je ne sais pas. Je me souviens juste que je galopais avec ma jument Viasopourika et

-Viasopourika quel drôle de nom !

-C’est en hommage à Tolstoï !

-Tolstoï ?

-Je sais que ce n’est pas son roman le plus connu, mais qui ne connait pas… » J’étais la reine des cruches. Il ne pouvait connaitre Tolstoï.

« -Bien sûr tu ne peux pas le connaitre, j’ai été idiote de croire que tu pus entendre ce nom une seule fois dans ta vie.

-J’ai l’impression d’entendre le roi Arthur qui me traite d’idiot.

-Oh non ! Loin de moi cette idée ! Et puis si cela peut te rassurer sache que dans quelques siècles presque tous les rois auront la tête coupée ! » Dis-je avec un grand sourire, juste avant de me rendre compte de ma bêtise. Elle était si grande que j’eus envie de me frapper.

« -Dans quelques siècles ?

-Oui, dans quelques siècles. » Je me giflai intérieurement.

« -Ne sais-tu donc pas que la magie est prohibée ? Tu as de la chance que ce soit à moi que tu fais ses révélations, tu aurais pu aller au bucher sinon.

-Jamais je n’ai utilisé la magie.

-Alors pourquoi parles-tu d’avenir lointain que tu connais comme si tu y étais allée ? Si ce n’est pas faire acte de magie c’est mentir et faire ton intéressante en disant des stupidités.

-Je ne fais ni l’un ni l’autre. Si je dis cela, c’est parce que je viens de ce monde. Oh, ne me regarde pas interloqué de la sorte. Je ne suis pas une menteuse. Et puis si je l’étais comment saurais-je Merlin que tu es un grand sorcier ? Mieux même que tu es le plus grand sorcier que la Terre ait connue et que tu es destiné à protéger le roi Arthur.

-Comment sais-tu tout cela ?

-Je viens de te le dire, je suis d’un monde plus âgé que le tien.

-Comment es-tu arrivée ici ?

-Je ne sais pas. Par magie sans doute, mais je n’en ai jamais utilisée de ma vie. » Je sentais que je regagnais la confiance de Merlin. Je réussis à l’obtenir peu de temps après et je fis de même avec lui. Pourtant je suis d’ordinaire de nature méfiante, mais il ne m’inspirait qu’un sentiment de bonté. Je ne pouvais ne pas croire en lui, si je faisais cela je n’avais plus qu’à renier l’humanité dans sa globalité, car personne d’autre que Merlin n’était plus humain, même si lui n’était que magie.

 

 

Chapitre 4 :

 

Le lendemain matin une servante vint me réveiller. Etrangement cela ne me fit pas un aussi drôle effet que je ne l’aurais pensé. A vrai dire je suis une noble, et je fus entourée jusqu’à mon adolescence par une gouvernante qui venait elle aussi me réveiller tous les matins. Cela avait même un côté rassurant, comme si je retrouvais enfin mon cocon familial. J’étais habituée à vivre dans un grand château, avec une vaste chambre et de nombreux serviteurs. Mais malgré cette vie pleine de luxe, j’avais toujours été respectueuse. Certes il m’arrivait parfois d’être orgueilleuse, mais je regrettais toujours ces moments où mon caractère était dénoué d’humilité, cependant j’étais à chaque fois trop fière pour l’avouer à qui que ce soit.

Cette servante m’habilla et me coiffa. J’avais déjà porté de magnifiques robes de bal, mais ainsi vêtue j’avais l’impression d’être une véritable princesse et mes cheveux coiffés en une couronne de tresses renforçaient encore plus ce sentiment. Je ne m’étais jamais trouvée aussi belle. Pour me sentir encore mieux j’attachai à mon cou la chaine en or sur laquelle était placé un pendentif de la même matière où l’on pouvait voir l’emblème de ma famille. De la sorte je me donnais du courage pour aller à la rencontre du roi Arthur. Car j’avais beau me sentir extrêmement belle, j’avais tout autant peur, et j’aurais mille fois préféré ne pas avoir à porter cette magnifique robe bleue marine et par la même occasion ne jamais avoir à faire à ce roi, plutôt que de me retrouver dans la situation inverse qui était la mienne.

Ma servante qui se nommait Jane, m’accompagna jusqu’à une grande porte en bois qui cachait la salle du trône, on m’ouvrit et je n’eus jamais alors autant peur de ma vie. A aucun moment je fis attention aux décors luxueux qui m’entourait. Non, j’étais préoccupée par le trône où le roi Arthur siégeait. En le voyant je fus prise de tremblements. Je n’avais jamais été d’une nature froussarde, peu de personnes m’impressionnaient, je crois même que seul mon père en fut capable. Mais savoir que j’avais en face de moi un véritable roi, qu’il avait droit de vie ou de mort sur moi, qu’en plus j’étais une étrangère, que seule la magie avait pu me mener à Camelot, tout cela m’effrayait au plus haut point. Je tentais de me rassurer en me disant qu’au moins j’avais l’avantage de mon éducation. Je connaissais parfaitement les règles de bienséances et je me les répétais intérieurement tout en essayant de ne pas tomber tant mes membres tremblaient. A mon plus grand malheur j’arrivai devant le roi, je m’apprêtai à lui faire la révérence, je pris ma robe des deux côtés pour la soulever délicatement, quand soudain j’entendis « Valentina » je tournai la tête automatiquement. Le miracle que j’attendais était arrivé.


ValentinaM  (19.01.2014 à 20:03)

Je vis le jeune homme qui avait prononcé mon nom, ses boucles châtains clairs voir blondes, les yeux marron… rien ne me faisait douter, c’était bel et bien mon frère qui m’avait appelé. Sans plus attendre je sautai dans ses bras, oubliant toutes les règles de bienséances auxquelles je pensais il y a encore quelques secondes.  J’étais folle de joie, j’en pleurai tant mon bonheur m’envahissait.

« -Que s’est-il passé ? » me demanda-t-il, « comment se fait-il que tu sois venue à Camelot ? » Je fus presque déçue en entendant ses questions, moi qui croyais que c’était mon véritable frère. Je me souvins alors de l’étrange voix que j’avais entendu lors de mon rêve « ce n’est qu’un ancêtre » tout me revint en mémoire et me parut alors clair.

 

 

Chapitre 5 :

 

En une fin d’après-midi d’automne, après avoir passé ma journée à lire des bouquins, je me décidai à aller me défouler. Mes membres criaient leur envie de s’animer et ne supportaient plus cet état d’immobilité. Je me préparai pour aller m’entraîner à l’épée. J’avais beau être une jeune femme, j’avais été exercée dès mon plus jeune âge par mon père ce qui fit de moi une excellente épéiste. Il m’arrivait souvent, lorsque j’étais adolescente, de manier l’épée contre mon frère Léon, mais hélas cela faisait bien des mois que je ne l’avais pas vu. En tant que chevalier du roi Arthur il ne disposait pas d’un temps suffisant pour me voir régulièrement et il en avait encore moins à consacrer à ces jeux d’enfants. Moi, la sœur cadette, j’étais restée avec mes parents et je me sentais bien seule dans cet immense château sans mon cher frère que je chérissais tant.

Je m’habillai alors comme un homme pour aller m’entraîner, je m’attachai les cheveux de façon à ce qu’aucune mèche ne vienne me déranger. J’avais enlevé tous mes bijoux, sauf un : une petite chaine en or avec un pendentif représentant notre famille. C’est mon frère qui me l’avait offert avant son départ et je ne le quittais jamais, même quand je combattais.

Je me dirigeai vers la salle d’entrainement en toute discrétion, chose plutôt difficile puisque qu’il fallait traverser toute une partie du château pour accéder à cet endroit reculé. Ma mère détestait l’idée que je maniais l’épée et encore plus le fait que je sois habillée comme un homme, car je manquais aux règles de bienséance et ne me comportais pas comme une jeune femme de mon rang. Mais à vrai dire je me contre-fichais de ce que pensais ma mère.

J’avais commencé depuis une vingtaine de minutes mon entrainement quand j’entendis au loin des hurlements. Sans plus hésiter je sortis de la salle et me précipita vers l’endroit d’où provenait les cris. Le spectacle sanglant qui se jouait sous mes yeux me laissa dans un premier temps stupéfaite. Je ne savais pas ce qui se passait. Mes premières pensées furent pour mes parents : où sont-ils ? Je me mis à courir à leur recherche, je ne voyais rien, il n’y avait que du sang et des cris, la confusion était totale. Je ne comprenais rien, je m’étais absentée qu’une vingtaine de minutes. Pourtant l’odeur de mort avait déjà embaumé tout le château et le sang avait repeint les murs d’un rouge vif. Et dire que se fut ma couleur préférée. Avant cet événement je ne voyais en elle que la folie et la magnificence de l’Amour passionné et éternel.

C’est en m’approchant de la salle du trône que je m’inquiétais de plus en plus. J’arrivais comme une furie pour prendre des nouvelles de mes parents, ma vie n’était importante que pour les protéger. Mais le massacre avait déjà eu lieu, je vis au loin dans la magnifique salle de trône qui était si lumineuse autrefois le corps de ma mère morte. A quelques mètres mon père toujours vivant subissait les différentes injures que lui infligeaient ses sales animaux ! Je m’approchais tel un chat, non je ne les laisserais pas faire ça à ma contrée, à mon père. Oui je vengerai ma mère. L’épée dégainée, je m’approchais de mes proies. Je n’avais pas peur. Qu’ils soient des hommes et que je sois l’unique femme face à eux ne m’angoissait pas le moins du monde. Seules la vengeance et la colère se manifestaient dans mon corps. Seuls ses deux sentiments pouvaient encore me faire tenir à ce moment même. Quand soudain je croisai le regard de mon père. Oh père pourquoi me regardez-vous comme cela ? Ne me regardez pas ainsi, je vous en supplie. Non, ne me suppliez pas de partir, de sauver ma peau et de vous laisser là, face à ses meurtriers. Ne m’adressez pas vos yeux pleins d’amour, ils ne méritent pas les miens qui n’ont su défendre ma mère…

Le regard si tendre et suppliant que m’adressait mon père se remarqua, un des hommes se retourna et me vu. Sans plus attendre il lança l’attaque que je n’eus aucun mal à réfréner. Les autres commencèrent à charger aussitôt. Un visage me resta en mémoire, celui d’un homme à la peau mate, aux yeux pleins de malice qui semblaient me dire « je te tiens Valentina » et à la large cicatrice qui entaillait son œil droit.

« Fuis Valentina ! Fuis ! » Me hurlait mon père, je n’eus même pas le choix de riposter, après une dernière vision déchirante de mon père je partis en courant, poursuivit par d’innombrables hommes. Je ne réfléchissais plus à ce que je faisais, plus rien ne m’importait. Seule l’écurie au loin et ma magnifique jument m’intéressaient. Je m’en voulais terriblement de l’abandonner ainsi, et pourtant je savais qu’il m’en aurait voulu tout autant si j’étais restée. J’enfourchai ma jument rapidement, étrangement elle était déjà sellée, les miracles pouvaient-ils encore exister ? Dans tous les cas j’aurai besoin de beaucoup de chance pour semer ses brigands car ils ne me lâchaient pas d’une semelle. Et Viasopourika avaient beau être rapide, elle manqua de nombreuses fois de tomber à cause de la fange glissante de la forêt sur laquelle elle galopait du mieux qu’elle pouvait. Je ne réfléchissais pas à l’endroit où j’allais, mon seul but était de les perdre, mais je pense que le leur était de m’attraper à n’importe quel prix…

 

Les images atroces de la mort de cette jeune femme me firent reprendre connaissance. Je n’avais qu’une seule idée : les faire disparaitre, mais j’en étais incapable. Elle m’avait touchée au plus profond de mon cœur, j’avais envie de la venger, de retrouver ses meurtriers et de les tuer, leur faire subir les mêmes tortures. Pauvre jeune femme, pauvre Valentina. C’était mon ancêtre et au plus profond de moi-même je savais que nous aurions été la même personne si quinze siècles ne nous avaient pas séparés.

 

Chapitre 6 :

 

« -Valentina ! Valentina » j’ouvris enfin les yeux.

« -Tu vas mieux ?

-Oh ! Léon ! Si tu savais ce qui s’est passé ! C’est affreux, ils les ont tous tués… » Je pleurai à chaude larmes contre le torse de mon frère. Sa présence si rassurante autrefois ne suffisait plus à me calmer. Moi qui avais toujours été si dure devant autrui, qui ne dévoilait jamais mes sentiments, même quand j’étais sur le point d’exploser. Je me livrai aujourd’hui à des inconnus.

« -Ils sont morts, père, mère... ils ont tous été sauvagement assassinés » Je continuais de délirer ainsi pendant de nombreuses minutes. Mon frère essayait de me rassurer en me murmurant des « chut, tout va aller maintenant. Ne t’inquiète pas je suis là. »

« -Mais je n’ai pas sur les sauver, les défendre… je n’ai rien fait… » Je ne savais plus où j’en étais, je savais que tout ceci ne me concernait pas, qu’ils n’étaient ni mes parents, ni mon frère… mais leurs traits et leurs caractères ressemblaient trop aux miens pour que je ne puisse pas faire d’amalgames. Oh petite Valentina ! Oh chère moi ! Pourquoi tant de malheur au sein de notre famille ? Pourquoi ai-je étais envoyée sur cette terre hostile ? J’hallucinais complètement. Je ne savais plus rien, je n’avais plus aucun point de repères. L’oxygène commença soudainement à me manquer, je tentais de trouver de l’air, mais de violents spasmes m’en empêchaient, je faisais une crise d’angoisse.

 

Le lendemain quand je me réveillai enfin je vis mon frère Léon à mon chevet. Ses yeux cernés, ses cheveux en bataille et ses traits tirés m’indiquaient qu’il avait passé sa nuit à se faire un sang d’encre. Il serrait fermement ma main, comme si j’allais m’en aller s’il me la lâcher.

« Comment vas-tu ? Me demanda-t-il d’une voix presque inaudible.

-Un peu mieux. Je suis désolée pour hier. Je ne voulais pas me montrer ainsi en spectacle…

-Ma Valentina… tu es toujours égale à toi-même ! » Me dit-il en me serrant dans ses bras. Il était profondément ému. Pourtant je ne pouvais m’empêcher de penser à ce qu’il venait de dire « égal à toi-même », ressemblais-je à ce point-là à sa véritable sœur ? Lui en tout cas imitait mon frère à la perfection, je retrouvais même en lui les mimiques qui me faisaient tant rire chez Léon.

« -Tout ira bien maintenant. Nous sommes à nouveaux réunis. » Dis-je comme pour nous rassurer. Tout d’un coup je sautai du lit et m’exclamai-je emplie de joie par cet être que j’aimais et connaissait déjà tant.

« -Il faut que j’aille voir le roi, c’est lui qui m’a sauvée ! Je dois le remercier !

-Calme-toi Valentina, cela ne presse pas. Arthur peut bien attendre quelques heures. Restons ensemble, j’ai envie de profiter de ma sœur. »

 

 *** 

 

Quelques heures après j’étais à nouveau habillée de cette robe bleue, mes cheveux toujours aussi bien coiffés et mon pendentif que mon frère avait lui-même accroché à mon cou. Léon avait prévenu Arthur que j’allais le remercier. C’est ensemble que nous rentrâmes dans la salle du trône. Cette fois-ci je n’avais pas peur, avec mon frère tout était possible. Je fis la révérence au roi Arthur, je vis enfin ses traits. Moi qui avais lu tant de roman sur la légende arthurienne je voyais enfin son vrai visage. C’était un magnifique jeune homme aux cheveux d’or et aux yeux bleus.

« -Votre majesté je vous suis très reconnaissante de m’avoir sauvée la vie et m’accueillir dans votre château.

-Mademoiselle Valentina, vous êtes la sœur de mon chevalier et surtout ami Sir Léon, vous êtes ici chez vous. Me répondit-il tout en m’offrant un large sourire auquel je répondis. Et puis pour votre vie c’est surtout Sir Mordred qu’il faut remercier. » Il me désigna avec sa main ce chevalier dont la seule évocation me glaçait les sangs. Je me retournai sur ce dernier et tout en m’inclinant devant lui je croisai ses yeux d’un bleu bien trop clair.


ValentinaM  (26.01.2014 à 14:17)

Chapitre 7 :

 

Je m’inclinai juste devant lui, incapable de le remercier à vive voix. C’était à sa plus grande perte qu’il m’avait sauvée la vie.

 

La vie à Camelot se passait calmement. Je passais la plupart de mes journées à me balader dans la forêt avec Viasopourika. Je la connaissais presque de fond en comble. Mais ce que je préférai faire c’était m’entrainer avec mon frère à l’épée. Bien évidemment nous faisions cela en cachette, car il est mal vu de manier l’épée quand on est une femme. Etre une femme, voilà ce qui me pesait le plus dans cette société. J’avais parfois l’impression de ne pouvoir penser à ma guise. Heureusement le roi Arthur n’était pas un tyran et me traitait comme son égale. C’était une personne extraordinaire et je l’admirais beaucoup, il se moquait souvent des règles de bienséance. La preuve était qu’il avait épousé Guenièvre qui n’était qu’une simple servante. Elle était devenue une amie pour moi, c’était la douceur et la gentillesse incarnée. Pourtant, je pense que je l’aurai détestée si elle avait été un personnage de roman, son si grand calme m’aurait fait bondir et enrager. Mais là elle m’aidait à prendre sur moi, à ne pas m’emporter pour un oui et un non et surtout à ne pas sauter sur Mordred à chaque fois que je le voyais. Elle ne se doutait pas un seul instant que je le détestais, au contraire elle pensait que les regards que nous nous adressions n’étaient rien d’autre que l’expression de notre inclination. Enfin, il est vrai que c’était plus moi que lui qui offrait des regards noirs. Je ne pouvais m’empêcher de haïr le futur meurtrier d’Arthur, même s’il m’avait sauvée la vie. Merlin, en revanche, connaissait la haine que je lui vouais, il ne m’avait jamais demandée pourquoi, mais je savais que lui aussi ne l’appréciait guère. Il était devenu au fil des semaines un grand am. Il m’avait appris de nombreuses choses, notamment quand nous nous promenions pour aller chercher des plantes que Gaius lui avait demandé de cueillir. Nous nous baladions durant des heures dans la forêt et les marécages à la recherche de fleurs et autres objets feuillus, dont j’avais du mal à retenir le nom et les facultés. Ainsi j’appris à connaitre Merlin, sa vie et son destin qui me paraissait tout aussi compliqués que le nom des plantes. Pourtant il ne se prenait jamais au sérieux, avait un humour fou et me faisait rire aux éclats quand il se moquait d’Arthur, ce grand roi que j’appréciais tant, mais qui me semblait fort ridicule quand il était peint par les dits de Merlin. J’assistais de nombreuses fois à leurs scènes, j’y voyais la grande amitié que les deux se vouaient, mais toujours cachée par cette pudeur qui les encourageait à se chamailler. Merlin était extraordinaire, il répondait au roi avec tant de légèreté. C’est sans doute grâce à ce mauvais exemple que j’appris à ne plus être impressionnée par celui-ci et oser lui envoyer des piques. Arthur était tout autant merveilleux, jamais je n’eus cru qu’un roi aurait pu être aussi simple avec son serviteur. Certes, il gardait toujours sa noblesse, mais jamais je ne le vis « snob » comme on le dit chez moi. Et dire que ce cher roi allait être tué par ce qu’il considérait comme un de ces plus loyaux chevaliers. Si seulement ce dernier pouvait être gravement blessé à l’entrainement ou tomber bêtement dans l’escalier et se rompre le cou, cela m’enlèverait un poids énorme.

Je m’entraînais avec mon frère, je savais que j’aurai besoin de cela pour tuer Mordred. En effet, un seul faux pas de sa part et je lui tranchais la gorge de sang-froid. Evidemment personne ne connaissait mes plans diaboliques. Je lui devais la vie et j’aurai pu le tuer sans ciller, pourtant il n’avait rien fait, hormis de porter le nom d’un traite.

En ce moment même je ne pense plus à Mordred. Non je suis bien trop occupée à rigoler à gorge déployée devant mon frère que j’ai battu à pleine couture. Il m’arrivait parfois de le battre, mais là ce fut tellement simple et il me semble si ridicule que je ne peux m’empêcher de rire et la personne qui rentra fit de même.

« Et bien mon ami Léon, tu t’es fait battre par une fillette ? » Dit Gauvain.

« -Je ne suis pas une fillette ! Je pourrais te battre sans aucune difficulté.

-L’orgueil serait-il un de vos défauts mademoiselle ? » Continua Gauvain tout en me faisant un baisemain plus pour me provoquer que pour être galant.

« -Peut-être, mais il n’empêche que vous ne m’effrayez pas le moins du monde. Et s’il m’est aisé de vaincre mon frère je ne vois pas pourquoi je ne pourrai faire de même avec vous. » J’avais un sourire immense. Gauvain et moi nous nous aimions beaucoup et nous prenions toujours un malin plaisir à taquiner l’autre.

« -Vous êtes bien trop frêle Valentina. J’aurai peur de vous blesser au moindre mouvement.

-Je suis peut-être frêle, mais cela me permet d’être souple, adroite et vive. Contrairement à un homme dont la force est beaucoup plus importante, mais qui n’est pas utilisée à bon escient puisqu’il est trop lourd pour être rapide. » Lui répondis-je avec toujours le même grand sourire aux lèvres, jubilant déjà d’un combat qui me paraissait très excitant.

« -Ne me regardez pas ainsi Gauvain, j’ai bel et bien sous-entendu que vous avez de l’embonpoint… un peu comme Arthur » Rajoute-ai-je pour moi-même.

« -Méfie-toi Gauvain. Il lui arrive de mordre ! » S’esclaffa mon frère qui était à nouveau debout. Moi j’étais prête à attaquer, Gauvain était dans la même position que moi.

« -Alors tu as quoi Gauvain ? Tu te dégonfles face à une femme ? » Finis-je par lui lancer toujours éprise de provocation.

« -Les femmes en premier. » Me répondit-il tout en souriant. Sans plus attendre je l’attaquai. Je prenais un malin plaisir à le défier et lui aussi je crois. Nous étions tous deux, de grands provocateurs et c’est pour cela que nous nous aimions. Nous nous lancions en permanence des piques et nous bavardions tout le temps, ce qui avait le don d’agacer tout le monde, sauf nous évidemment. Je crois que si je l’avais rencontré au XXIème siècle il aurait été un excellent ami de beuverie, mais à Camelot je ne pouvais aller à la Taverne.

Je n’avais pas l’habitude de me battre contre des hommes, hormis avec Léon. Il était doué, très doué même. Il avait cette force que je n’avais pas en tant que femme. Mais en revanche j’avais l’adresse et la souplesse que j’obtenais grâce à mon corps chétif. De nombreuses fois je faillis le battre avec cela, mais à chaque fois il contrait mes coups. Et à mon plus grand malheur je m’étais baladée hier en forêt et j’avais fini trempé à cause d’une soudaine averse, attrapant par la même occasion un rhume. Sans pouvoir m’en empêcher je me mis à éternuer brusquement et Gauvain en profita pour me battre.

« -Perdu.

-C’est injuste ! J’ai éternué et tu en as profité !

-Peut-être, mais j’ai tout de même gagné !

-Serais-tu mauvaise perdante chère petite-sœur ?

-Non ! Mais c’est de la triche ! J’aurai pu gagner s’il n’avait pas profité de mon éternuement !

-Oh la mauvaise perdante ! » S’exclama Gauvain, moi je souriais face à cette remarque.

« C’est faux ! Je pense juste que tu as manqué de… galanterie.

-Toutes mes excuses mademoiselle si telle a été votre impression. » Me dit-il en s’inclinant juste avant de rire ce qui me donna un air boudeur.

« -Ne la vexe pas Gauvain, elle va nous faire la tête.

- Lady Valentina, apprenez qu’une jeune femme aussi beaux soient ses traits n’est jamais belle quand elle fait la tête. » Sur cette dernière remarque, je lui tirai la langue telle une enfant et rajouta « J’aurai ma revanche » tout en m’en allant. Quand je fermai la porte de la salle d’entrainement j’entendais encore leurs éclats de rire. Je dois avouer que même si j’avais été déçue de perdre, moi aussi je souriais sincèrement.


ValentinaM  (02.02.2014 à 14:31)

Chapitre 8 :

 

Le lendemain matin je me réveillai avec le souvenir de la veille. J’avais le sourire aux lèvres et celui-ci s’agrandit encore plus quand je vis qu’il y avait un grand soleil. Sans hésiter je m’empressai de m’habiller et de manger une pomme. J’enfilai une grande cape et me précipita vers l’écurie quand soudainement j’aperçus Merlin.

« -Merlin ! M’exclamai-je tout en lui courant après. Comment vas-tu ?

-Oh comme quelqu’un qui va devoir assister Arthur pendant son entrainement… » Me dit-il tout sourire.

- Arthur, ce grand garçon a toujours besoin de ton aide à ce que je vois !

-Merlin ! Cria le roi.

-Il attendra bien deux minutes…

-Je ne suis pas sûre qu’il..

-Merlin ! Dépêche-toi nous n’avons pas toute la journée ! Quel empoté ! 

-En faite, je crois qu’il ne pourra pas patienter.... Et dire qu’il est censé être un grand roi, il ne peut même pas se passer de moi plus de trente secondes !» Je l’accompagnai jusqu’à l‘endroit où les chevaliers s’entraînaient et où Arthur était bien évidemment.

« -Merlin tu es vraiment lent, mettre un pied devant l’autre un peu plus vite saurais-tu faire ? » Je pouffais de rire devant une de leurs éternelles chamailleries. C’est grâce à ce bruit discret que le roi me remarqua.

« -Mademoiselle Valentina, me dit-il tout en s’inclinant.

-Bonjour sire.

-Vous n’êtes plus enrhumée chère demoiselle ? » Je me retournai et vit Gauvain qui rigolait, mon frère lui se retenait.

« -Non, je ne le suis plus. Voulez-vous que je prenne ma revanche ou avez-vous trop peur de perdre devant tous vos camarades, surtout face à une femme ?

-Non, je tiens trop à votre ravissant sourire et en vous battant je devrais y renoncer.

-Toutes les excuses sont bonnes quand on a peur, chevalier Gauvain.

-Valentina, je rêverai de voir ce chevalier se faire battre par une femme. » Répondit alors Arthur qui n’avait toujours pas parlé. Moi je souriais à cette réponse, comme tous les chevaliers présents je crois.

« -Mais s’en vouloir mettre en doute vos talents d’épéiste, je préférerai que vous preniez des entraînements avec moi, histoire que vous le battiez à plate couture.

-J’accepte. » Je serai la main d’Arthur tout en lui souriant. Gauvain lui avait une tête déconfite.

 

Je commençais l’entrainement tout de suite, je m’échauffais. Arthur était un très bon entraineur. Je devais avouer qu’il était meilleur que mon frère.

« -Vous êtes plutôt douée pour une femme ! Tu devrais en prendre de la graine Merlin !

-Pauvre Merlin, je suis sûre que vous le sous-estimez. Mais merci tout de même. Je dois avouer que vous aussi vous n’êtes pas si mauvais, pour un homme.

-Voulez-vous vous battre en duel ? Histoire de me montrer ce que vous avez réellement dans le ventre.

-Volontiers.

-Mordred ?

-Oui sire.

-Je te propose un duel contre mademoiselle Valentina. » Cette phrase me fit l’effet d’une bombe. Mordred n’eut pas d’autre choix que d’accepter et moi non plus. Pourtant je souhaitai au plus profond de moi qu’il arriva quelque chose pour que ce combat n’ait pas lieu. Si seulement un évènement extraordinaire, comme il m’en arrivait si souvent en ce moment, pouvait avoir lieu !

Rien ne se produisit ce jour-là. Je fus contrainte de saisir mon épée. Mordred avait fait de même. Nous nous défions du regard. Cela n’avait rien à voir avec mon duel de la veille. Celui-ci était haineux. Ce n’était pas une simple provocation infantile. Non. Nous jouons à : « qui est le plus fort ? » sans un brin de malice dans le regard. Ses yeux, oui parlons de ses yeux. Ils étaient d’un bleu bien trop clair pour être franc et surtout ils m’insupportaient. Je lui sautais dessus. J’avais porté le coup décisif. Nous n’avions aucune pitié. JE n’en avais aucune. Chaque coup que je lui portais me délivrait d’un surplus de haine. Je me sentais comme libre à chaque fois que je prenais l’avantage sur lui. Comme c’était bon de savoir que je pouvais battre ce traitre. Pourtant je sentais que de temps en temps il me maîtrisait, qu’il était sur le point de me battre, dans ses moments-là mon aversion pour lui ne faisait qu’augmenter, je pensais alors à Arthur, ce roi que j’appréciais tellement. Non je ne le laisserai pas se faire tuer par ce petit chevalier des bacs à sable. Jamais. J’avais l’impression que j’étais déjà sur le champ de bataille, que je devais protéger la vie de mon roi à tout prix, que je devais tuer l’ennemi. Oui c’est cela : tuer l’ennemi. Je me réveillai soudainement de mon songe : je venais de blesser Mordred à l’épaule. Je me précipitai vers lui, encore abasourdie par ce que je venais de faire. 

« -Mordred ! Je suis désolée ! Je ne voulais vraiment pas… » J’étais sincèrement désolée. Je savais que je m’étais emportée, que j’avais complétement perdu la raison. J’étais prête à le tuer. Il avait eu de la chance que je ne l’ai touché qu’à l’épaule, j’aurai pu le transpercer. On l’emmena chez Gaius. Moi je m’en voulais terriblement. Heureusement Arthur et Léon me rassurèrent en me disant que ça aurait pu arriver à tout le monde. Gauvain ajouta même « Au moins j’aurai une raison de ne pas vouloir de ta revanche. »

 

 

Chapitre 9 :

 

Dans l’appartement réservé à Gaius et à Merlin un jeune homme aux yeux bleus était allongé, il était blessé à l’épaule. Certes, la blessure n’était que superficielle et le risque d’infection était minime, mais la jeune fille ayant provoqué cela s’en mordait les doigts. Elle avait frappé à la porte du médecin pour demander des nouvelles de ce garçon et lui faire ses excuses, mais celui-ci dormait encore sous l’effet de calmants.

« Je suis vraiment désolée Mordred. » Chuchota-t-elle à son oreille avec toute la douceur du monde.

« -Merlin, je te jure je ne voulais vraiment pas. Continua-t-elle à voix basse mais d’un ton de plus en plus paniquée.

-Je le sais Valentina.

-Mais j’étais incapable de me contrôler, c’est comme si j’étais possédée !

-Valentina, allez-donc vous reposer. Nous savons tous que c’était un accident. Vous avez besoin de dormir pour vous remettre de toutes vos émotions. » Lui dit le médecin de la cour tout en lui serrant les mains. Valentina s’en alla à contre cœur, le remord tout aussi entier qu’à son arrivée. Quand au jeune homme qu’elle avait prénommé Morderd il ouvra les paupières dès qu’elle ferme la porte derrière elle.

« -C’est une sorcière n’est-ce pas ? Murmura-t-il. J’ai senti toute cette magie qui l’envahissait quand elle combattait. Toi aussi tu l’as sentie Merlin ?

-Oui. » Il semblait contraint de devoir dire cela, pourtant il devait l’avouer : Valentina possédait une magie qu’elle ne contrôlait pas.

-Elle n’en sait rien, n’est-ce pas ?

-Il vaut mieux qu’elle l’ignore. » Il ne regardait pas Mordred en parlant. Son regard était vague, un peu comme ses pensées qui flottaient au loin. De toute façon il n’aimait pas Mordred, il ne voulait pas avoir la moindre discussion avec lui. Surtout si cela concernait la magie : il avait peur d’en dire trop.

-Tu as tort Merlin. Elle est déjà tellement déboussolée qu’elle ne tardera pas à sombrer dans la folie si on ne la libère pas. » Merlin était persuadée qu’il ne fallait pas dévoiler les pouvoirs à cette jeune personne, il avait terriblement peur qu’elle finisse comme Morgana. Valentina était si souvent dans la haine, la méfiance et la rage qu’un rien pouvait la faire basculer. Certes, elle avait un très bon fond et ses intentions étaient toujours bonnes, mais elle ne maîtrisait ni ses sentiments ni ses pouvoirs, ses actes étaient dictés par son cœur et jamais par sa raison, cela pouvait tous les mener à leurs pertes, et de cela Merlin en avait pleinement conscience.

 

Le soir même Merlin quitta le château de Camelot pour se rendre dans une clairière. Delà il appela le grand dragon. Il voulait en savoir plus sur Valentina. Il commençait à s’inquiéter à son sujet. Et si elle n’était pas aussi agréable qu’elle le paraissait ? L’avait-elle abusé ? Connaissait-elle l’existence de ses pouvoirs ?

« -Jeune magicien, tu te poses bien trop de questions.  Répondit Kilgharrah.

-Répond-moi s’il te plait.

-A quoi bon ? Tu ne m’écouteras pas comme toujours.

-J’ai retenu la leçon.

-Je le sais. Mais Valentina est un mystère pour moi. Sa magie est importante, cependant elle ignore complètement ses dons.

-Est-elle un danger pour Arthur ?

-Je ne connais rien d’elle. La seule chose dont j’ai conscience c’est que tout a été troublé depuis sa venue. Si elle est arrivée du future ce n’est certainement pas pour rien Merlin. Je ne sais pas qu’elle est son but exact et je doute qu’elle le sache elle-même. Mais tout a été bouleversé. La mort d’Arthur par Mordred n’est plus aussi sûre. Rien n’est clair. Un seul petit changement pourra la faire passer du bien au mal, de ton amie à ton ennemie. Elle n’est certainement pas mauvaise et n’a aucune attention de nuire, mais un rien pourra la perturber. Soit extrêmement prudent avec elle.

-Mais que dois-je faire ?!

-Merlin, je te l’ai dit, je n’ai plus aucune réponse. Tâche de faire de ton mieux, je ne peux t’être d’aucune aide. »

 

Quand je me réveillai, je me souvenais très bien de la première partie de mon rêve, celle où j’étais allée voir Mordred dans l’appartement de Gaïus et de Merlin. Cela c’était réellement passé ainsi la veille. J’étais allée voir Mordred, pleine de regrets que j’ai encore. Je me suis excusée pour la millième fois. J’étais douce même. Vous-en-rendez-vous compte ? J’ai été douce avec Mordred quand je lui ai demandé pardon. Mais il n’a pas bougé d’un cil. Il dormait. Enfin peut-être faisait-il semblant pour ne pas avoir à me répondre ce fameux : « Ce n’est pas grave. » alors que nous savons tous que si, ça l’est. Peut-être a-t-il ouvert les yeux après que j’ai fermé la porte, qu’il a juré me haïr, que je n’étais qu’une folle. Que sais-je ? Moi je suis partie me reposer. Mais je ne me souviens plus de la suite de mon rêve. Pourtant, j’ai comme la vague impression qu’il cachait quelque chose d’important. Qu’il allait me révéler je-ne-sais-quoi. Non, tu hallucines Valentina. Ce n’était qu’un rêve.


ValentinaM  (09.02.2014 à 14:56)

Chapitre 10 :

 

Mordred allait mieux. Il s’était facilement remis de la blessure que je lui avais infligée. Je m’étais excusée de nombreuses fois, mais il était resté froid envers moi. Sans me l’avoir dit je savais qu’il m’en voulait terriblement. Et je comprenais pourquoi. Je l’avais haïs si fort que j’avais été sur le point de le tuer sur un moment d’emportement qui n’avait aucune raison d’avoir lieu. J’aurai réagi de la même façon à sa place, car tous deux nous savions parfaitement que ce n’était pas un accident. Je m’étais laissée aller à une rage démesurée.

Par la force des choses j’avais cessé de manier l’épée, même avec mon frère. J’avais bien trop peur d’être à nouveau possédée de la sorte. Malgré un caractère qui avait toujours été fougueux, je ne m’étais jamais sentie aussi puissante et libre qu’à ce moment où je crus avoir sa peau. Je ne voulais pas que cela se reproduise avec quelqu’un d’autre. Je ne voulais plus perdre à nouveau la tête, chose qui m’arrivait bien trop souvent depuis mon arrivée à Camelot. Jamais je n’avais été gouvernée si peu par ma raison.

Mon frère lui, s’était rendu compte de mon malaise. Il faisait tout son possible pour me changer les idées. Il avait même réussi à organiser un bal pour mon anniversaire avec l’aide du roi Arthur. En ce jour je fêtais mes vingt ans. On m’habilla somptueusement. Ma robe bleue qui m’allait si bien faisait pâle figure face à celle-ci. Je portais une magnifique robe blanche avec de fines dentelles au niveau du décolleté et des manches trois-quarts, quelques minces perles étaient tressées par ci par là. Elle me faisait penser aux robes du couturier Elie Saab que j’aimais tant. De scintillants diamants ornaient mes oreilles, mes mains et mes bracelets tout comme d’autres pierres précieuses. Jamais je n’avais été aussi richement parée. J’avais l’impression de ressembler à Odette dans le lac des cygnes et j’espérai qu’aucun Von Rothbart n’allait troubler ce bal.

 

La salle du trône avait été réarrangée pour organiser le bal. Cela me parut somptueux, mais tout comme la première fois j’eus du mal à faire attention au décor. Il y avait bien trop de regards tournés vers moi. J’étais dévisagée et cela me troublait au plus haut point. Je n’avais pas l’impression d’être à ma place. Arthur, Léon et Merlin me regardaient eux-aussi. Mon frère vint me prendre la main et sur les premières notes de musiques nous ouvrîmes le bal.

« -Bon anniversaire petite-sœur.

-Merci.

-J’espère que ce bal t’enlèvera toutes tes idées noires.

-Je trouve l’initiative adorable, mais crois-tu que tout ceci était nécessaire ? Nous aurions pu fêter cela qu’entre nous.

-Toutes les folies sont permises quand on a vingt et d’autant plus quand il s’agit de toi.

-J’ai l’impression que toutes ces personnes me dévisageant ne sont pas du même avis que toi. Elles me mettent mal à l’aise.

-Ne soit pas mal à l’aise. Tu es tellement magnifique ce soir, que tous les hommes doivent être fous amoureux de toi et les femmes mortes de jalousie.

-Tu racontes n’importe quoi ! » M’exclamai-je en riant pour essayer de cacher ma gène.

-Ne sois pas gênée Valentina. T’es-tu au moins regardée ? » Je passais devant un miroir et je m’observai quelques secondes : j’étais sublime.

Ainsi je dansais dans les bras de mon frère et je rigolais bien trop souvent et fort, mais cela me faisait un bien fou. Les gens s’en doutent me dévisageaient, mais je n’en avais que faire. J’étais heureuse dans les bras de mon frère et qu’importe la bienséance qui m’empêche de rire aux éclats. Qu’importe aussi mes soupirants qui aimeraient danser avec moins et le regard jaloux des courtisanes. Je me sentais juste bien. Et tout le poids que je portais sur mes épaules depuis mon arrivée à Camelot s’était envolé. Mordred, le destin d’Arthur, mon double -l’autre Valentina- et la vengeance que je lui devais face à ses meurtriers : tout cela s’était échappé de mon esprit. Ce soir c’était ma fête et personne ne viendrait m’empêcher de m’amuser à mon bal.

 

 

***

 

« -Ne crois-tu pas chère sœur que je devrais laisser ta main à un de tes prétendants ?

-Non. Ne me laisse pas auprès de ses monstres féroces. Protège-moi.

-Je croyais que tu étais une grande fille ?

-Je n’ai que vingt ans ! » M’exclamai-je tout en souriant. Pourtant au fond de moi je n’avais aucune envie de danser avec une autre personne que mon frère, malgré que la musique se soit achevée. J’avais terriblement peur de ne plus ressentir cette même joie avec un autre partenaire. Mais je devais l’admettre, cela était impoli de ma part de rester avec lui toute la soirée. Il me quitta en me saluant légèrement et je sentais déjà une boule dans ma gorge se former.

«-M’accorderez-vous cette danse mademoiselle ? » L’homme s’inclina, mais quand il releva sa tête tout en me tendant la main, je me rendis compte que son visage m’était familier. La large cicatrice entaillant son œil droit me terrifia.

« -Désolée, mais je me suis déjà engagée. » Je vis Mordred à mes côtés.

-Avec le chevalier Mordred. » Rajoutai-je tout en voyant son air perplexe. Moi-même je l’étais face à cette réponse. Qui donc pouvait croire que nous nous étions engagés à danser ensemble ?

« -Alors permettez-moi de vous inviter pour la prochaine danse.

-Volontiers. » M’exclamais-je pour en finir au plus vite avec cette conversation tout en m’inclinant légèrement face à cet individu. Je me précipitai sur le bras de Mordred toute chancelante et la musique commença. Je ne pus parler, j’étais accaparée par mes pensées. C’est Mordred qui brisa le silence.

-Pourquoi avoir dit cela ? Nous savons tous deux que tu me hais et…

-Non !... C’est faux, je ne te hais point. » La vivacité avec laquelle je lui répondis cela m’étonna moi-même.

-Pourquoi as-tu voulu me tuer ?

-Ce n’est pas le moment de parler de tout cela Mordred.

-Si ça l’est. Quitte à devoir danser avec toi autant que cela ait un intérêt. » Je ne fis presque pas attention à cette pique.

-C’est le meurtrier de mes parents. » Lui chuchotais-je au coin de l’oreille tout en me resserrant instinctivement contre lui. Je savais qu’il nous observait, j’essayais d’être le plus discrète possible.

-Pardon ?

-L’homme qui m’a proposé de danser avec lui, celui qui a une cicatrice sur son œil droit, c’est lui qui a tué mes parents.

-En es-tu sûre ? » Cette question m’indigna, bien sûr que je n’en doutais pas !

«-Aussi sûre que lorsque j’ai voulu te tuer. » Dis-je d’un ton froid. Il se tut, je le sentis s’éloigner de moi.

«-Mordred, désolée. Je ne voulais vraiment pas dire cela.

-Celui qui a assassiné mes parents est là, peux-tu comprendre que je suis sur le point de défaillir ? »Sans le vouloir je compris que j’avais touché la corde sensible de Mordred, il me serra plus fort dans ses bras et je crois même qu’il m’embrassa les cheveux. A ce moment je lui fus terriblement reconnaissante d’être aussi gentil avec moi après tout ce que je venais de lui faire. Je savais aussi que je venais de toucher sa corde sensible : ses parents aussi avaient été tués.

«-Je vais te protéger. » me jura-t-il.

« -Merci. » Je n’avais rien de plus à rajouter. Toute ma gratitude tenait dans ce seul mot.

« -Tu vas danser avec lui, comme tu le lui as dit. Je te surveillerai et je demanderai qu’Arthur me rejoigne au plus vite pour l’avertir de la situation.

-Je ne veux pas danser avec lui.

-Tu vas devoir le faire, Valentina.

-Pourquoi ai-je si peur Mordred ? Pourquoi me sens-je incapable de le tuer ?

-Chut, tout va bien se passer. Je suis là. » La musique s’arrêta et pour la première fois de ma vie je n’avais pas envie de quitter la présence rassurante de Mordred.

 

 

Chapitre 11 :

 

« -Mademoiselle. » Dit l’homme tout en s’inclinant et me tendant la main pour danser avec lui. Je la pris.

« -On m’a longtemps conté que vous étiez une très charmante jeune femme, on ne m’avait pas menti.

-Une demoiselle est toujours agréable à regarder quand sa dote est importante. » Je commençais à reprendre du poil de la bête.

-Le problème, voyez-vous, c’est que je croyais que vous n’en aviez plus.

-Et pourquoi pensez-vous cela ?

-C’est que mes hommes, après vous avoir torturées m’ont rapporté votre tête. » Je déglutis, j’avais parfaitement les images de ce supplice en tête.

-Cela est idiot. Je suis bel et bien vivante. Comme quoi, nous ne pouvons jamais faire confiance aux hommes et c’est pour cela que ma dote ne servira jamais.

-Ne jouez pas à cela Valentina, votre dote je m’intéresse pas. Seul votre sang sur mes mains me fera plaisir.

-Cela est passionnant. Nous avons le même point commun : moi aussi je veux votre mort.

-Oui, mais moi je n’ai pas un poignard dans le dos. » Je le sentais juste dans le creux de mes reins.

-Indiquez-moi votre chambre.

-Me croyez-vous assez sotte pour vous y mener ?

-Je n’hésiterai pas à vous tuer devant tout le monde.

-Je me remettrai plus facilement d’un meurtre que toute autre parole de votre part. » Pourtant je n’avais pas d’autre choix que de l’y conduire, sa dague me faisait déjà souffrir, mais surtout je ne pouvais m’empêcher de vouloir ma vengeance ou celle de mon ancêtre, je ne savais plus vraiment qui était qui. Dans tous les cas j’avais des comptes à régler. Je me retournai et adressai un regard entendu à Mordred qui me surveillait du coin de l’œil. Heureusement pour moi je n’étais pas tombée complètement dans la folie. Nous marchions en silence dans les longs couloirs sinueux du château. La dague toujours contre mon dos. Comme si j’allais réussir à m’enfuir avec tous ses hommes qui grouillaient. J’en avais reconnu quelques-uns, évidemment aucun allié se trouva sur notre chemin : cela aurait été trop simple. Arrivés dans ma chambre dont la porte n’était pas fermée à clef comme d’habitude, il me jeta violemment par terre. Je crois que je poussai même un petit gémissement de douleur. Mais au final je n’en avais que faire. Seul cet homme m’intéressait. Je voulais savoir. Pourquoi poursuivre Valentina ? En quoi avait-elle une si grande importance ? Ou était-ce moi qui avais de la valeur ? Mais au final qu’importent nos prix, le sang et la mort ne peuvent faire guises de monnaie. Et c’est pour cela que je le regardai haineusement.


ValentinaM  (16.02.2014 à 20:03)

« -Si vous voulez me tuer je ne vous supplierai pas de me laisser en vie, mais pourquoi ? Après tout je ne vous ai rien fait pour que vous vous acharniez autant sur moi ! Vous-rendez-vous compte que vous êtes venu lors de ma fête d’anniversaire pour me tuer ? Seriez-vous fou ? Cela est certain, puisque vous avez assassiné mes parents et mes sujets. Mais après avoir pillé mon château vous auriez pu vous arrêter là ? Ne croyez-vous pas ? Ma tête ne vaut rien. A la rigueur pourquoi pas une rançon mais je ne vois aucune raison, hormis la folie pure, de désirer ma mort. Pourtant je sais que vous ne l’êtes pas autant que l’on pourrait le croire.

-A vrai dire, je me moque de votre tête, votre corps en revanche me procurerait beaucoup plus de jouissance, mais Morgana m’a ordonné de la lui rapporter. » Je ne fis pas attention à sa réflexion sur mon anatomie, mais le prénom Morgana m’intrigua.

-Morgana ? Et moi qui la croyais grande prêtresse ! Elle n’arrive même pas à voir que je n’ai aucun intérêt pour elle !

-Vous importunez ses projets, elle veut donc votre mort.

-Quelle machiavélienne ! » M’exclamais-je ironiquement tout en pensant qu’il ne pouvait connaitre ce terme-là.

-Quand je vous entends parler de cette façon, je me dis que la mission de Morgana me plait énormément. Quel bonheur ce sera de tuer une petite orgueilleuse comme vous ! Quel plaisir ai-je pris lorsque j’ai tué vos parents. Quand votre père me suppliait de ne pas vous faire du mal, quand il ne pensait qu’à vous sa chère et tendre petite fille. Quel dégout il m’inspirait alors ! Lui un comte si fort ! Il s’inclinait devant moi, prêt à me baiser les pieds pour vous sauver la vie. Et puis quand j’ai vu votre tête arrivée, posée sur un plateau, les yeux encore exorbités de toutes les tortures que mes hommes venaient de vous infliger. Même morte vous ne reposiez pas en paix ! Oui j’ai pris un plaisir monstre à vous présenter ainsi à Morgana. Mais qu’apprends-je ? La petite Valentina est en vie ? A Camelot ! Alors cette fois-ci c’est moi qui vais m’occuper personnellement d’elle, c’est moi qui vais la couper en petit morceau et abuser d’elle autant de fois que je le voudrai… » Je n’écoutais plus son discours, j’avais commencé à me concentrer sur autre chose, sinon je lui aurai vomi dessus. Il me dégoûtait. Tout en saisissant mon épée je lui fonçai dessus. J’utilisai toutes mes forces pour le frapper, tout le dégout qu’il me procurait me donnait l’énergie de continuer. Lui aussi se défendait. Je voulais sa mort. Mais cette fois-ci je savais que j’avais raison. Je n’étais pas prise de cette même folie, là c’était mon cœur qui criait justice ! Je réclamais justice pour moi, pour Valentina, pour ses parents qui étaient comme les miens, tout comme elle qui était moi. Car oui, nous n’étions qu’une seule personne. Je ne savais pas si j’étais sa réincarnation ou sa jumelle, mais j’étais trop elle et elle était trop moi pour que je puisse faire la différence. Alors je tachais de me venger ou de la venger, peu importe, cela revenait au même. Je me retrouvai soudainement en position de faiblesse, il m’écrasait, j’avais du mal à bouger. C’était un véritable poids lourd contre une crevette de même pas 50kg. J’essayais en vain d’attraper mon épée qu’il avait envoyé valser. Je me débattais comme je pouvais, la respiration haletante j’essayais de lutter au maximum. A son sourire sadique je crus mon heure arrivée. Une personne arriva en trombe dans la pièce et je vis cet homme s’éloigner de moi. Mordred était venu à mon secours. Je soufflais un grand coup, mais je vis très vite qu’il était en position de faiblesse. Je saisis mon épée et me positionna devant lui sanas réfléchir. La lame tranchante de l’homme transperça mon ventre. Mordred me retint, je m’effondrai dans ses bras tout en l’entendant prononcer un « Non. ». Devant moi l’homme avait tressailli, je ne compris pas pourquoi. Pourtant ce fut comme si ma volonté de lui tordre le coup venait de se réaliser. Je ne réfléchis pas longtemps à cela. Déjà je sentais mes forces disparaître, mais je me rassurai en me disant qu’il était venu rien que pour moi, rien que pour me sauver, qu’il m’avait pardonnée.

« -Tiens bon Valentina, Gaius va te guérir.

-Sauve-moi Mordred.

-Les autres arrivent, les gardes sont prévenus. Tiens encore quelques secondes. » Me disait-il tout en appuyant sur ma blessure pour que je perde le moins de sang possible, mais je voyais clairement que ses mains étaient ensanglantées, et ma robe si blanche était tâchée de rouge vif. C’était certain : je ne pourrai plus jamais la remettre ironisai-je.

« -Mordred, nous savons très bien que Gaius ne pourra pas me sauver.

-Chut, tu racontes n’importe quoi. » Il embrassa mon front pour la deuxième fois de la soirée.

-Sauve-moi Mordred.

-Je ne peux pas.

-Je sais que tu es un sorcier, sauve-moi s’il te plait.

-Tu hallucines. » Me répondit-il, mais je savais que j’avais raison. Je connaissais la légende.

-Non. Je le sais depuis le début. Je ne dirai rien Mordred. Je t’en fais la promesse. Je pourrai le jurer cracher, mais vois-tu je n’ai pas vraiment la force de cracher là, et puis ce n’est pas très élégant.

-Chut, tu t’épuises à dire des bêtises. » Pourtant je l’entendis murmurer une formule, et une douce chaleur envahit mon ventre. C’est à ce moment-là que je perdis connaissance dans ses bras tout en prononçant un « merci » qu’il n’entendit sans doute pas.

 

 

Chapitre 12 :

 

Je m’étais réveillée un matin, les rayons du soleil d’hivers perçaient les épais rideaux et le chant de quelques oiseaux qui n’avaient pas migré arrivait à mes oreilles. Je ne savais pas combien de temps j’avais dormi, je me sentais épuisée et ma blessure à l’abdomen me faisait encore souffrir. Je pensais alors à Mordred, c’est grâce à lui que j’étais en vie. Je n’aurai jamais pu survivre à cette blessure sans magie, elle était bien trop profonde. Combien de fois devrais-je encore lui dire merci ? Je lui devais tant. Depuis le début il avait été adorable avec moi, et moi j’avais été injuste. J’avais été aveuglée par une haine sans pareille, j’avais été un Capulet ou un Montaigu qui ne se souciait que du Nom. Qu’il y a-t-il dans un Nom ? Ce que l’on appelle une Rose. Si seulement il ne s’était pas appelé Mordred, je l’aurai aimé. Jamais je n’aurai ressenti de haine envers lui. Après tout le destin change, ne suis-je pas là pour modifier les choses ? Si ce magicien m’a envoyée dans ce château c’est qu’il avait bien une raison ! Ne puis-je pas empêcher tout ce sang de couler sans détester Mordred ? Je suis sûre que les choses peuvent encore changer, que rien n’est écrit.

J’étais au comble de l’optimisme, un grand sourire s’était dessiné sur mes lèvres et c’est ainsi que j’accueillis Merlin qui venait juste de rentrer dans ma chambre.

« -Notre blessée va mieux ? » Me dit-il tout sourire.

« -Votre blessée va très bien ! Quoi qu’un peu fatiguée.

-Tu dors depuis trois jours !

-C’est vrai ?!

-Oui, j’ai bien cru que tu ne te réveillerais jamais !

-Je ne suis pas une feignante comme toi ! » Lui dis-je tout en lui jetant un de mes oreillers sur lui. Il l’évita tout en souriant.

« -Très bonne imitation d’Arthur !

-Merci, je suis une grande artiste. » Répondis-je en faisant semblant de faire une référence.

« -Comment va mon frère ?

-Sir Léon s’est fait un sang d’encre. Il s’en est voulu terriblement de ne pas être là pour te défendre.

-Mordred était là, j’avais réussi à le prévenir.

-Je sais. Il nous a tout racontés. » Le ton devenait plus sombre.

-C’est grâce à lui que je suis en vie. Il est arrivé à temps et il a utilisé sa magie pour me guérir.

-Je sais cela aussi. Seule la magie pouvait te soigner, la blessure était bien trop profonde sinon.

-Nous devons arrêter Merlin.

-Arrêtez quoi ?

-De le haïr voyons !

-Tu ne sais pas tout ce que je sais Valentina !

-Je pense en savoir autant que toi ! Mais nous devons lui laisser une chance ! Il m’a encore sauvée la vie et nous devons juger une personne sur ses actes, pas sur un simple nom que mentionne une maudite prophétie !

-Tu ne comprends rien, il vous trompe tous. » Me répondit Merlin en colère. Il partit. Je descendis de mon lit pour lui courir après, mais ma douleur à l’abdomen m’empêchait de faire plus de trois pas et mes jambes qui n’avaient pas fait d’exercice depuis quelques jours manquaient de force. J’allais m’effondrer face au surplus d’effort que je demandais à mon corps, quand je sentis deux bras me retenir.

« -J’en ai terriblement marre de jouer la demoiselle en détresse ! Criais-je après Mordred alors que ce n’était pas après lui que j’étais en colère, mais je crois qu’il avait pris l’habitude avec moi. Je lui tournais le dos pour aller me recoucher, je m’agrippais à tous les objets que je trouvais pour ne pas tomber, mais il revint à la charge pour me soutenir, cette fois-ci j’acceptai son aide, mais je ne lui dis rien, faisant l’indifférente. Il m’aida à me coucher silencieusement. Mordred avait toujours été une personne silencieuse et énigmatique, mais par moment j’avais l’impression que je n’avais pas besoin de mots pour le comprendre. Tout en me baisant le front il me murmura doucement :

« -Je vais prévenir sire Léon de ton réveil.

-Merci. » Soufflais-je.


ValentinaM  (23.02.2014 à 16:51)

Chapitre 13 :

 

J’allais beaucoup mieux depuis quelques jours, je pouvais à nouveau marcher normalement et faire quelques balades en forêt même si cela ne durait guère longtemps. Mon frère s’arrangeait souvent pour me faire accompagner, il avait terriblement peur pour moi et si je l’avais laissé faire il aurait mis deux gardes devant ma chambre. Cela me touchait autant que ça m’agaçait. Il voulait absolument que je reprenne les entraînements au plus vite pour être apte à me défendre si j’étais à nouveau attaqué. Chose dont il ne doutait pas et moi non plus je dois l’avouer. Morgana n’avait pas donné de nouvelles, mais nous la savions tenace. Je ne comprenais toujours pas pourquoi j’avais tant d’importance et je ne pouvais pas en parler à Merlin puisqu’il ne m’adressait plus la parole : il m’en voulait encore d’avoir défendu Mordred. Mordred, en parlant de lui c’est un nom qui revient beaucoup trop souvent dans mes pensées et mes discussions en ce moment, je n’arrêtais pas d’en parler ou était-ce les gens qui le mentionnaient tout le temps ?

Mes pensées se bousculaient tout comme la neige qui tombait du ciel. J’étais dessous, un peu mouillée par les flocons, je ne pouvais m’empêcher d’apprécier l’instant. J’avais toujours aimé marcher et laisser mes pensées divaguer. Mes pieds me portaient dans des endroits inconnus et je me laissais porter. Il aurait fallu que je fasse demi-tour, je savais que mon frère allait me faire une leçon s’il apprenait ma petite escapade, mais ce temps de liberté était trop bon pour que je n’aie envie de le savourer pleinement. Parfois je ne regrettais pas le monde du XXIème siècle, malgré le confort et ma famille qui me manquaient, la magie imprégnant le monde arthurien était bien trop enchanteresse pour que je puisse ne pas l’aimer. Même avec tous les malheurs qui s’étaient produits je ne regrettais rien, je me sentais enfin bien depuis cette dernière tentative de meurtre, comme si quelque chose c’était soudainement libéré en moi.

Un bruit de pas se fit entendre derrière moi. La personne se faisait discrète, comme si elle voulait ne pas être entendue. Je posai ma main sur mon épée prête à la dégainer, le bruit continuait, on me suivait. Je me retournai tout en dégainant mon épée et je me retrouvai nez à nez avec Mordred qui avait juste eu le temps de contrer le coup.

« -Toujours sur le qui-vive ?

-J’ai une certaine tendance à me méfier de tout et de rien depuis quelques temps. Et toi ? Toujours envie que je t’embroche ? » Demandai-je avec un sourire auquel il répondit. Nous restâmes nous regarder pendant quelques secondes, nous avions tous deux rangé nos épées. Quand soudainement Mordred me lança une boule de neige en pleine figure.

« -Ça c’est pour avoir essayé de me tuer une seconde fois !

-Ça c’est pour m’avoir suivi sur ordre de mon frère ! » Je lui lançai une autre boule. Sans n’est suivi une bataille mémorable où les éclats de rire se mêlèrent à la neige : ils y en avaient beaucoup. Qui de nous deux avait gagné ? Je n’en savais rien. Lui non plus je pense. Seule notre joie comptait. Nous finassâmes tous deux par terre, j’étais juste sur lui. Je n’avais jamais été aussi proche, même lors du bal. Je ne pouvais m’empêcher d’être bien, je ne voulais pas partir, je le regardais droit dans les yeux un sourire collé au visage tout comme lui. Je crois qu’à ce moment-là nous étions heureux. Pourtant le ciel était gris, les oiseaux ne chantaient pas et je n’étais certainement pas à mon avantage avec mes cheveux plus ou moins mouillés et ma peau rougie par le froid. Le ciel était tellement gris, il faisait tellement froid, j’étais tellement mouillée par la neige que j’en frissonnai.

« -Tu as froid. S’exclama Mordred, tout en se relevant. Je n’eus même pas le temps de répondre qu’il m’avait déjà relevé et pris dans ses bras pour me réchauffer.

« -Je vais me faire tuer par ton frère si tu as attrapé froid !

-Décidément, c’est que ma famille t’en veut !

-Arrête de te moquer !

-Je dirai que c’est moi, on se fera tuer tous les deux comme cela ! Mais au moins nous aurions bien ri ! » Il continuait à me serrer fermement dans ses bras, il avait toujours peur que j’attrape froid, mais j’étais sûre qu’il n’en serait de rien. Moi ça me faisait même rire. Il n’avait pas lieu d’être aussi inquiet. Remarque mon frère pouvait être sévère quand il s’agissait du bien être de sa sœur. Arrivés au château nous croisâmes Guenièvre qui eut un grand sourire en nous voyant tous les deux. Je réagis soudainement à la situation et tout en laissant tomber Mordred sans même lui dire au revoir je me mis à courir après elle et rentrai en trombe dans sa chambre sans même frapper.

«-Je t’interdis de penser cela Guenièvre ! C’est complètement faux !

-Penser quoi mademoiselle Valentina ?

-Excusez-moi mon roi, je crois que seule Guenièvre peut me comprendre. » Guenièvre montrait ses dents blanches et moi mes joues rougis par la honte.

-Guenièvre étant mon épouse je pense que je peux savoir en quoi elle se trompe. A propos de quel sujet a-t-elle tort ?

-C’est que… je…

-Laisse là donc Arthur, ne vois-tu pas qu’elle est assez gênée comme cela ?

-Vous avez de la chance. Dit-il tout en partant. Au fait, dès que vous serez entièrement rétabli je veux vous voir à mes entraînements. Et évitez de vouloir assassiner Mordred la prochaine fois ! » Continua-t-il avec ce regard qu’ont les gens épris de malice. Guenièvre pouffait devant cette réflexion et moi je ne pouvais empêcher mes joues d’avoir la même couleur que les tomates.

« -Alors de quoi voulais-tu me parler ?

-Tu le sais tout aussi bien que moi, je suis déjà assez honteuse comme cela. Je ne pensais pas trouver Arthur avec toi et… et je suis désolée.

-Ce n’est pas bien grave. Tu as eu un rôle comique plutôt que désappointant. Alors à propos de quoi ne devrais-je pas penser ? » Continuait-elle à me dire avec un grand sourire.

-Mordred bien sûr ! Tu crois que j’en suis amoureuse, mais nous savons toutes deux que c’est faux !

-Les circonstances tendent à prouver le contraire.

-Mais Guenièvre j’ai essayé de le tuer ! Tout le monde est au courant de cela au château, ce n’était pas un accident !

-Tu t’es laissée emportée par la colère, après tout ce que tu viens de vivre c’est normal. » Je trouvais en Guenièvre la figure maternelle qui me manquait tant. Elle était si douce et attentionnée. Elle voyait du bon en chaque personne. Moi j’étais une brute faite pour le combat, l’affrontement, je n’avais aucune délicatesse. J’étais autant violente dans mes faits que dans mes paroles. J’aurai aimé être parfois gouvernée ainsi, mais la passion revenait toujours au grand galop, je ne pouvais rien contrôler, j’étais comme folle, emportée par mes sentiments. Je n’avais que faire de tout. Quelque chose de bien trop puissant, d’incontrôlable me gouvernait.

« -J’avais envie de le tuer.

-Es-tu déjà tombée amoureuse ?

-Non. » La réponse était aussi simple, jamais je n’avais aimé un homme. J’avais connu quelques aventures, j’étais jolie et séductrice, mon caractère de pure sang me rendait attirante : tous les hommes essayaient de m’avoir pour me dompter, aucun ne réussit.

« -Alors sache que la haine est parfois juste une forme d’amour. » Elle partait, je restais coite pendant quelques secondes. Ses paroles raisonnaient dans ma boite crânienne. La haine une forme d’amour. Guenièvre tu es la gentillesse et la bienveillance incarnées, mais tu te trompes.


ValentinaM  (02.03.2014 à 20:45)

Oui il fallait que je lui dise qu’elle se trompait. Je me remis soudainement de ma stupeur momentanée et me mit à poursuivre Guenièvre, je criais dans les couloirs tout en la rattrapant « Tu as tort ! Je le hais ! Je ne l’aime pas, jamais je ne pourrais aimer Mordred ! Cela est contre nature !» Au loin se fut une autre forme que celle de Guenièvre qui attira mon regard : Mordred. Sans plus attendre je changeais de cible et le suivis sans précaution dans ses appartements.

-Non, je ne voulais pas dire ça… je te jure je ne voulais vraiment…

-Tu l’as dit et pire tu le penses.

-Non, c’est faux. Je ne te hais pas. J’ai dit ça sous l’emportement. » Tout en m’excusant je sentais toujours cette colère monter, elle faisait de même chez lui. Je ne voulais pas chercher dispute, mais cet emportement soudain me faisait du bien. Comme si j’arrivais à évacuer un surplus de choses que j’avais retenu depuis des années. Nos visages se rapprochaient, nous nous crions notre haine à voix basse maintenant. Comme si c’était un doux secret.

-Moi aussi je te hais Valentina.

-C’est faux. Tu mens.

-Je te hais plus que tu ne l’imagines.

-Alors pourquoi as-tu sauvé ma vie ?

-La question se retourne : pourquoi as-tu sauvé la mienne ?

-Pour me repentir.

-Menteuse.

-Je me sentais honteuse d’avoir montré à la cour entière que je te détestais. Maintenant je peux me tenir droite, mais le dégout que tu m’inspires reste le même.

-Le dégout que je t’inspire ? Moi c’est toute la haine et la colère qui brûlent en toi qui me répugnent. Tu es entièrement manipulée par elles. Seul ton frère t’inspire un brin d’amour, mais autrement tu ne connais rien. Tu es un véritable glaçon qui ne dégèle que sous le feu de la fureur.

-C’est faux ! Hurlais-je. Je ne suis pas ainsi ! Tu as tort !

-Alors vas-y prouve-moi que j’ai tort. » Sa voix calme et froide retentissait dans tout mon être et quand je lui répondis, j’étais à nouveau de glace.

-Je ne m’abaisserai pas à ton sale jeu.

-Prouve-le-moi. » murmurait-il si près de moi que je sentais son souffle sur mon visage. Pourtant je ne fixais que ses yeux bien trop clairs devenus bien trop foncés sous la colère.

-Non. » Je n’avais rien à prouver. Je n’étais pas un glaçon.

-Prouve-le-moi. 

-Jamais. » Nos corps se rapprochaient tandis que nos stichomythie seraient inaudibles pour un public. Là-dessus Gwen avait raison : la haine c’est comme l’amour, on la chuchote.

-Tu es la personnification même de la haine. » Il m’avait dit cela à l’oreille et je sentis sa respiration dans mon cou. Quand il me faisait à nouveau face je le regardai droit dans les yeux. Toujours avec cette même noirceur dans le regard.

-Tu n’arrives même pas à me prouve l’inverse. » Je continuai à me taire. Pourtant au lieu de m’éloigner, de partir en courant, de clore cette conversation je restai. Pire même, nous nous rapprochons de plus en plus. Nos deux corps commençaient à se frôler. Comme si le désamour pouvait rapprocher. La tension était à son comble. Je bouillais. Lui aussi.

-Alors quand est-ce que tu me le prouves ? » La lueur de provocation dans ses yeux et son intonation me fit exploser. J’aurai pu partir en courant, lui hurler dessus, mais non je fis la chose la plus stupide qu’il soit : je l’embrassai fougueusement. Jamais je n’avais donné un baisé aussi passionné. Je le haïssais au plus profond de mon être, j’en étais sûre. C’était pourtant un besoin presque vital, une libération. La même fougue l’animait, je le sentais même si c’était moi qui menais la danse. Cela me faisait tant de bien. Cependant, je me détachai de lui, le giflai et parti.

 

 

Chapitre 14:

 

Je partis en courant de la chambre de Mordred. Je déambulais dans les couloirs du château, je poussai plusieurs serviteurs sans même m’excuser. En sortant de la cour je me dirigeai droit vers les écuries, je sellai Viasopourika, je la montai et m’en alla au grand galop.

Je ne savais pas ce que je faisais. Je voulais juste fuir ma folie. Qui étais-je ? Je ne savais plus. Ce monde magique me rassurait autant qu’il m’effrayait. Je n’étais plus moi depuis que j’étais arrivée. Certes, j’avais toujours eu des moments de folie pure, mais jamais à ce point-là. J’oscillais tout le temps entre deux personnalités : la jeune fille saine et heureuse de vivre et l’autre folle, qui ne recherche que les sensations extrêmes pour se délivrer de quelque chose qu’elle ignore, mais qui l’asphyxie. Je voulais être à nouveau normal, ne plus à avoir à m’inquiéter sur ma psychologie. Pour cela je devais rentrer chez moi, dans mon monde au plus vite. Cela ne pouvait plus durer. Je perdais la tête, j’en étais sûre. Remarque ne l’avais-je pas déjà perdue ? Certainement. Voilà un long moment que Viasopourika galope, je ne sais pas où je vais, je ne sais pas où je suis. La neige qui tombe a depuis longtemps recouvert mes traces. Rien que cet acte me prouve ma déraison. Quelle idiote je fais ! En plus j’ai toujours détesté la neige et le froid. Et être partie comme cela parce que j’ai embrassé Mordred. J’aurai juste pu me retirer dans ma chambre et l’ignorer. L’affaire aurait été réglée. Mais non, j’ai dû partir, fuir Mordred, me fuir. Quelle imbécile ! Je ne suis pas plus avancée, mon ombre est toujours derrière moi. Mais qu’aperçois-je au loin ? Des murs ? L’endroit est peut-être habité, je pourrais peut-être demander de l’aide ? Oui, les pierres se dessinent de plus en plus. Je les reconnais, elles me sont familières. Depuis quand ne les avais-je pas revus ? Comme cela me met du baume au cœur ! Mon château était sous mes yeux. Si j’avais pu je l’aurai serré dans mes bras tant cette scène me réjouissait. Je glissai de ma selle et partis en courant. J’ouvris la grande porte d’entrée, me précipita dans le château tout en hurlant « Papa ! Maman ! Je suis rentrée ! Je suis là », folle de joie je déambulais dans ma demeure, sans me rendre compte qu’elle était vide, que ce n’était qu’une illusion, que les pièces de ce qui était mon antre à l’époque contemporaine n’existaient pas encore, que j’étais dans le château de mon ancêtre. Je rentrai précipitamment dans le grand salon, celui où ma mère donnait des bals à chaque nouvel an. J’avais l’impression qu’en ouvrant les portes je verrai ses invités danser et que je n’avais plus qu’à les rejoindre. Oh, bien sûr ma mère me rouspéterait à cause de mon retard : pourquoi étais-je rentrée de cette balade à cheval si tardivement ? Je savais très bien que nous avions des invités. Mais je n’en faisais qu’à ma tête, comme d’habitude. Je ne répliquerai évidemment pas, gardant un sourire qui était encouragé par le regard bienveillant de mon père qui avait l’air de me dire « : Tu connais ta mère Valentina ! Elle ne changera pas. Mais nous deux, nous savons très bien que cela n’a pas d’importance. ». Je ne vis pas cette scénette si charmante. La salle était presque vide. Je vis au loin un trône où une femme était assise. Je n’eus pas besoin qu’elle se présente à moi, je connaissais déjà son nom. Je m’avançai, loyalement, je n’avais pas envie de fuir.

 -Que faites-vous dans mon château ? » Elle eut un rire froid. Je ne m’attendais pas à mieux venant de sa part.

 -Je t’attendais Valentina.

-Sortez. 

-Crois-tu seulement que tu peux me donner des ordres ?

-Vous êtes chez moi.

-Ce n’est plus ta demeure.

-Si cela l’est encore. » A ce moment-là j’eus envie de rire. Je crois que c’était nerveux. Mais aussi ironique : savait-elle que je venais du futur et que ce château appartenait encore à ma famille bien des siècles après ?

-Tu souris ? Serais-tu idiote ? Ne connais-tu pas le sort que je te réserve ?

-Si, mais je souris à la vie. » Je lui dis cela par pure provocation, avec une voix si claire qu’on ne pouvait y entendre le moindre soupçon de peur.

-Alors profite. Il ne te reste plus beaucoup de temps. » Elle était tout aussi sûre que moi et affichait un sourire aussi narquois que le mien.

-Vous avez tort : il me reste bien des années devant moi. » J’allais devoir attendre longtemps avant le XXIème siècle. Et si elle me tuait je retournerai peut-être dans mon monde. Enfin du moins c’est ce que j’espérai. Mais je crois qu’elle eut marre de mes provocations, une dague magique se dirigea sous mon cou.

-Tu vas bientôt moins rire, Valentina.

-Vous ne me faites pas peur Morgana. La mort encore moins.

-Je vais commencer à croire que tu es vraiment une sotte. » Elle commençait à se lever du trône de mon père et se rapprocha d’un pas lent et assuré vers moi.

-Si je n’étais qu’une idiote, à quoi bon vouloir ma tête ?

-Ne plus entendre tes sottises ! » Je souris à cette réflexion. Je devais être folle pour afficher mes belles dents blanches devant ma future meurtrière.

-Mais vous ne les aviez jamais entendues.

-Même avec une dague sous la gorge tu ne peux t’empêcher de parler.

-Le roi Arthur me reproche souvent d’être trop bavarde. » Une nouvelle lueur de haine passa devant ses yeux à l’entente de ce nom.

-C’est certainement le seul point où il n’a pas tort.

-Serez-vous d’accord avec lui, Morgana ? » Je crois que si je n’avais pas eu un poignard devant moi, je serai parti m’asseoir sur le trône de mon père pour la voir enrager encore plus.

-Arrête ton petit jeu !

-Il ne tient qu’à vous de l’arrêter. » Je venais de signer mon arrêt de vie. Je n’avais plus d’issue. Je la fixai, prête à la voir me planter la lame. J’avais décidé de ne rien tenter. Non pas que je n’aimais pas mon existence, mais pour la simple raison que je voulais lui faire face jusqu’à la dernière lueur. C’est bon la dague allait me traverser. Je me préparai psychologiquement à sentir le métal froid transpercer mon corps. Je devais faire face. La provoquer, ne pas fuir, ne pas m’abaisser. Si l’orgueil est un défaut, la dignité est une qualité. Je mélangeai souvent les deux, mais j’avais appris quelque chose dans ce monde : l’orgueil n’aboutit à rien et la noblesse n’est pas une chose innée, mais une chose que l’on acquiert. J’espérais en avoir acquis un peu, être devenue une meilleure personne. Je me consolais en me disant que mon empreinte sur cette terre magique changera un petit rien, qui lui-même changera un autre petit rien jusqu’à en changer un autre qui fera toute la différence. J’allais partir. Je m’appelais Valentina, j’avais vingt ans, j’étais née noble, intelligente, belle et complètement imparfaite. J’étais humaine. D’une seconde à l’autre ma peau si blanche sera transpercée. Un bruit familier vint à mes oreilles, je n’osai espérer et sourire : la porte venait de s’ouvrir, laissant entrer un ami ou ennemi, que sais-je. Le poignard tomba à terre, je devrai attendre pour le sentir contre moi. Morgana était perplexe, de moins en moins sûre d’elle et me délaissant du regard.

 -Laisse-la, elle ne t’a rien fait. » Le rire sadique de Morgana raisonna dans toute la pièce. Elle reprenait confiance. Mais moi aussi : j’avais reconnu sans difficulté la voix de Mordred.

-Mordred, plus rien ne m’étonne de toi depuis que tu m’as poignardée pour sauver Arthur.

-J’ai choisi le camp qui me semblait juste.

-Condamner des sorciers à cause de leurs dons, trouves-tu cela juste ? » Lui cria-t-elle pleine de haine.

-Arthur changera cela.

-Il ne changera rien.

-Tu as tort Morgana. La haine te rend aveugle. Tellement aveugle que tu veux tuer une innocente.

-Elle nuit à mes projets. Tout comme toi Mordred. » D’un geste sec elle l’envoya de l’autre côté de la salle. Sans plus réfléchir je me mis à courir vers lui, complètement paniquée pour la première fois depuis cette rencontre. Je tenais Mordred dans mes bras, le suppliant de revenir à lui, mais même mon « Espèce de lâche ! Tu ne vas pas m’abandonner maintenant ! Et dire que ça a été nommé chevalier. Enfin si tu crèves ce sera de ta faute, il faut vraiment que tu arrêtes de jouer au chevalier servant ! » ne lui fit aucun effet. Morgana riait de la scène que nous lui offrons. « Des amants en détresse, comme c’est touchant ! » Si mes paroles ne faisaient aucun effet à Modred, celles de Morgana me firent réagir. Je me levai, quittant Mordred pour me rapprocher d’un pas sûr vers elle.

-Des amants en détresse ! N’avez-vous pas trouvé mieux ! J’ai essayé de le tuer, j’ai rêvé de sa mort un nombre incalculable de fois et vous osez dire que nous sommes des amants en détresse ! » Oui je m’emportais toujours quand il s’agissait d’un certain sentiment nommé amour et encore plus si cela était lié à Mordred. Pourtant j’étais maintenant sûre d’une chose : je ne le détestais pas. Je continuai à avancer vers Morgana. Les murs tremblaient. Ils tremblaient si fort que j’avais l’impression qu’ils allaient s’écrouler. Une tornade passait par là, annonçant la catastrophe elle fit vibrer les murs de plus en plus violemment. Elle nous prévenait qu’elle allait tout détruire. Que toute la pièce allait s’écrouler brusquement. Etouffant, écrasant, broyant, déchiquetant les personnes qui s’y trouvaient. Moi je ne faisais pas attention à cela. J’étais folle. Avançant toujours froidement vers Morgana. Je ne gouvernai plus rien. Tout ce que je disais était insensé. Mais je continuais de prononcer ses phrases, tel un sorcier vaudou possédé par sa magie. Les vieilles pierres allaient s’effondrer d’une minute à l’autre et je voyais le regard terrifié de Morgana. Je continuai ma marche macabre. Sans même me dire que moi aussi j’allais succomber sous leur poids. Je sentis des bras qui m’enveloppèrent, me soulevant du sol. Je me débattais pour continuer mon rite funèbre. A peine sentis-je l’air froid et pur que j’entendis un bruit sourd. Je venais de reprendre connaissance. Une partie du château s’écroula. J’en eus un pincement au cœur. Mordred me serrait fort dans ses bras, comme s’il avait peur que j’y retourne, mais je n’en fis rien. Je me tournai vers lui, voulant ne plus regarder ce désastre et je cachais ma tête en me collant à Mordred. Je ne voulais plus rien voir : le château, mais surtout ce que je venais de faire.

-Chut. C’est fini Valentina. Tout va bien.

-C’est moi qui ai fait ça Mordred ? C’est moi n’est-ce pas ? »Je voulais qu’il me réponde non, que ceci était dû au hasard que je n’y étais pour rien dans cette destruction. Pourtant je connaissais la vérité.

-Dis-le-moi ! C’est moi ! C’est moi qui détruis tout sur mon passage ! Même les choses que j’aime le plus au monde ! Je le sais que c’est moi, mais dit-le moi je vais devenir folle sinon ! » Il me tenait fermement les poignées, j’étais une véritable furie.

-C’est toi Valentina qui a fait cela.

-Je suis une sorcière.

-Tu n’as rien à craindre de tes pouvoirs. 

-J’ai tout à craindre d’eux ! Je les hais ! Je n’en veux pas ! Ils me poussent à la haine et la folie ! Ils m’occultent toute raison et me rendent mauvaise ! C’est eux qui m’ont poussée à toute cette haine Mordred !» Malgré mon emportement il eut la meilleure réaction qu’il pouvait avoir : il me sourit.

-Ma chère Valentina, vous êtes si démoniaque que l’un des êtres les plus envahi de haine veut votre mort. » Au lieu de me mettre en colère cette réflexion eut le don de me calmer.

-Ce n’est pas drôle Mordred.

-Je le sais. Mais sachez mademoiselle –me dit-il tout en se moquant gentiment de moi- que vous êtes parfois un peu trop émotive et passionnée ainsi vos pouvoirs se libèrent beaucoup plus facilement quand vous ne contrôlez plus rien, y compris quand vous êtes en colère. » Je me précipitai dans ses bras ayant soudainement besoin de réconfort.

-Je suis tellement désolée Mordred pour tout ce que j’ai pu te dire. Je te jure je ne voulais pas, je ne pensais jamais une seule de ses paroles… » Je murmurai cela fébrilement, mais sincèrement. J’étais un peu plus bouleversée. «Chut, ce n’est pas grave. Je sais que tu ne pensais pas tout cela. » Me chuchotait-il toujours empreint d’une même douceur. J’étais fatiguée, chamboulée. Mais je me sentais plutôt bien, je me croyais enfin libérée de tous mes problèmes. Je savais enfin pourquoi je déraisonnais depuis mon arrivée à Camelot : ce monde magique avait réveillé tous les pouvoirs qui avaient sommeillé en moi depuis près d’une vingtaine d’années.


ValentinaM  (09.03.2014 à 13:58)

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