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Une nouvelle ère 2.0 : Une vie de famille.

Série : Merlin (2008)
Création : 20.06.2014 à 11h45
Auteur : macrale 
Statut : Terminée

« Pitch : Merlin va vivre une très longue vie, va-t-il enfin finir par retrouver son roi mais néanmoins ami ?  » macrale 

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Première partie : Une vie de famille.



Voici la suite du Fléau initiatique, écrit toujours à quatre mains. Attention contient des spoilers sévères sur la saison cinq de la série Merlin BBC.

Disclamair : Les personnages de la série ne nous appartiennent bien sûr pas ^^.Comme il s’agit aussi d’une suite de La belle Hermine, l’hommage à Marion Zimmer Bradley perdure.



Pitch : Merlin va vivre une très longue vie, va-t-il enfin finir par retrouver son roi mais néanmoins ami ?



Avertissement : Ni moi ni Moucheron n’avons la prétention de « guérir » quoi que ce soit à des manquements de la série ; elle nous a accompagnées avec ses joies et ses déceptions et nous l’avons laissée telle quelle. Par contre pour rejoindre la vision philosophique de Moucheron, il était nécessaire de donner plus de psychologie au personnage. Donc il en découle certaines scènes assez dures ; si vous êtes une âme sensible abstenez-vous. Je n’ai pas non plus la prétention de refaire l’Histoire avec un grand H ; donc Merlin qui va avoir une vie très longue va avoir beaucoup de déceptions. Vous êtes prévenu ami lecteur que ce récit ne sera pas toujours confortable.



Note d’intention : Je n’ai pas non plus la prétention d’être un grand auteur, ni même une grande scénariste. Voici ici une histoire écrite uniquement pour le plaisir d’une petite puce souvent révoltée. Moucheron comme beaucoup a énormément cogité sur la dernière image du 513, et il en a découlé une philosophie de vie étonnante dans la tête d’une petite puce. Certains éléments de cette histoire rejoignent parfois un auteur comme Anne Rice, ce n’est pas une intention de départ ni même un hommage voulu ; c’est la philosophie d’une petite puce sur l’immortalité qui rejoint des choses qu’elle est trop jeune pour avoir lu. Je l’ai beaucoup aidé aussi, parce qu’elle ne connait pas assez d’éléments de notre Histoire non plus… Surtout en ce qui concerne la partie deux. J’ai eu peu de temps pour développer certaines choses et me lancer dans une saga ; ni le talent. Par contre j’ai essayé de m’amuser, donc parfois je joue énormément avec des clichés et des éléments narratifs qu’on est censé éviter ; en fait j’ai assez bien ramé sur certains éléments, ce qui explique que je me sois un peu amusée. Comme j’ai manqué de temps, l’histoire est surtout accès sur notre sorcier, et d’autres personnages sont malheureusement peu développés. Il existe aussi des sauts dans le temps et des ruptures de rythme qui découle de mon manque de temps et de ma difficulté. Le personnage de Merlin ici finit aussi par s’éloigner beaucoup de la série, parce que je me devais de le faire évoluer… J’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur et je vous souhaite malgré tout ça une bonne lecture et le même plaisir que moi et Moucheron avons eu à le développer.

L’histoire se déroule en trois parties ; elle suit « Le jeune garçon au loup » ; « Le fléau initiatique » et «La belle Hermine ».









Prologue :



Ambre était seule dans l’appartement, sa maman infirmière travaillant au service pédiatrique de l’hôpital de Huy. Elle faisait parfois des pauses horaires où elle devait laisser sa fille. Celle-ci allant sur ses onze ans restait parfois seule sans baby-sitter, comme ce soir.

Ambre se débrouillait pour faire ses devoirs, et se réchauffer son repas, elle aimait être seule, bien que le soir quand la nuit tombait, c’était quand même un peu difficile. Sa maman n’allait pas tarder, et elle pouvait aller chez son papa si jamais. En fait Ambre n’était pas dupe, elle n’était jamais vraiment seule.

Ses devoirs étalés sur toute la table de la cuisine, avec une assiette de pizza à moitié entamée au milieu des feuilles, elle regardait distraitement la télévision en jouant à la DS. Sur un coup de tête, elle prit le téléphone pour appeler sa maman.

Ambre fit le numéro du service pédiatrique comme une grande ; c’est Marie-Rose qui lui répondit et l’a reconnue. Une collègue de sa maman, qui lui passa celle-ci.

Ambre : Allo ‘Man, quand est-ce que tu rentres, je m’ennuie.

Laure (maman d’Ambre) : Allo, tu vas bien il y a un problème ?

Ambre : Je m’ennuie.

Laure, la voix un peu agacée : Je t’ais déjà dit de ne pas m’appeler pour rien quand je suis en service, je suis fort occupée tu sais.

Ambre : Pfff Oui ‘Man, quand est-ce que tu rentres ?

Laure : Bientôt, je dois encore faire un tour des chambres, et puis je rentre. Tu as mangé ? Et tes devoirs ?

Ambre : ça va, j’ai fait mes devoirs et j’ai mangé une pizza, tu sais que je me débrouille ‘tracasse pas.

Laure : As-tu rangé ta mallette ? Mis ton assiette au lave-vaisselle ?

Ambre regarda le carnage de son désordre sur la table de la cuisine : Ouais, c’est fait t’inquiète !

Laure : Tu veux un peu aller chez papa ?

Ambre : Non c’est toi qui me manques.

Laure : Je dois te laisser, je n’ai pas fini mon service, ne fais pas de bêtises, je n’en ai plus pour longtemps.

Ambre : Je ne fais jamais de bêtises (elle croisait les doigts dans son dos !) Dis ‘Man quand est-ce qu’on fait de la soupe de légumes bio ? La pizza congelé c’est dégueu.

Laure : Surveille ton langage jeune demoiselle, je serais bientôt en congé. Je dois y aller, si tu veux appelles ta baby-sitter.

Ambre : Oups pardon, non mais ça va je me débrouille promis.

Ambre raccrocha et envisagea de ranger la table de cuisine en soupirant… Quelque chose l’accrocha à la télévision qui parlait dans le vide. Un reportage sur les Mayas. Le présentateur parla d’une confusion, à propos du calendrier, la fin du monde n’avait pas eu lieu ; mais les Mayas avait prédit une nouvelle ère.

Ambre pouffa en rangeant ses feuilles : « Ben non ce n’est pas la fin du monde j’ai encore des devoirs pfff."

Elle ne put s’empêcher d’avoir une pensée pour Papy Merlin. Des fois, elle pensait juste qu’elle avait rêvé son aventure. Elle ouvrit sa main, et la regarda, puis s’approcha d’une plante verte oubliée de l’arrosoir et la fit revivre d’un geste… Non elle ne pouvait rien dire aux grands, mais elle savait qu’elle n’avait pas rêvé.



**



Quelque part dans la forêt de Brocéliande, un vieil homme regardait la même chaine de télévision qu’Ambre sur un portable posé à même le plancher en bois d’une simple yourte recouvert de tissus divers. Il écoutait aussi le journaliste dire qu’en fait les Mayas avait prédit une nouvelle ère. Il eut le souffle coupé. Et si c’était vrai après tout ce temps ??? Il se leva et fit les cent pas dans la petite tente mongole, avec une vivacité qui ne collait pas à son apparence de vieillard.







Chapitre 1 :



Ambre et sa maman Laure étaient dans la voiture pour partir en vacances, Ambre jouait à la DS distraite sans vraiment écouter sa maman, répondait oui à celle-ci de temps en temps.

Laure lui expliquait qu’elles allaient visiter Brocéliande pour faire plaisir à sa fille qui s’était prise de passion pour la légende arthurienne depuis un an. Contente que durant les activités trouvées à sa fille, elle allait apprendre à faire du pain au levain, et cueillir des plantes sauvages comestibles… Chose qu’elle avait envie d’apprendre depuis bien longtemps sans jamais avoir eu le temps. Enfin des vacances utiles.

Ambre bronchât à peine ; ces vacances-ci elle aurait voulu retourner en Angleterre sur les ruines du château, mais Laure n’avait pas voulu. Et Ambre boudait !

Elle avait été dans l’incapacité d’expliquer aux adultes ce qu’elle avait aimé dans un tas de ruines. Dire la vérité aurait catastrophé ses parents sur l’état de sa santé mentale, et des fois il leur fallait bien tout pour s’entendre. Parents séparés, des fois ils avaient du mal à se comprendre, et leur avouer un truc aussi dingue, les aurait certainement mis dans la panade… Qui se charge de payer l’hôpital psychiatrique ? Doit-on en parler au juge, qu’avons-nous raté ??? Parler de son aventure aux adultes n’était simplement pas concevable.

Elle voyait bien que sa maman essayait de faire des efforts, cette lubie de vouloir faire du pain alors qu’elle ne cuisinait pratiquement jamais, c’était pour lui faire plaisir, elle qui soudainement aimait la soupe aux légumes. Mais non, résolument elle ne pouvait rien dire de plus.

On était début juillet et enfin il faisait beau, mais c’était vraiment chaud en voiture.

« Pourquoi n’a-t-on pas pris le train ?

« Je te l’ai expliqué Ambre, le train est malheureusement trop cher.

Ambre tout bas : Bonjour le CO2.

Laure : Tu disais quelque chose ?

Ambre : Non rien. »

Laure sentait bien que quelque chose lui échappait chez sa fille, peut-être était-ce l’âge, elle grandissait trop vite ! Elle espérait retrouver un peu de complicité lors de ses congés.



**

Merlin était installé depuis peu, il avait eu du mal à quitter l’Angleterre ; mais les belles forêts devenaient difficiles à trouver. Il avait un souci avec la pollution qui l’avait conduit à suivre un choix de vie drastique. Soit il vivait comme la moitié du monde en ville dans ce confort moderne exubérant, mais sans pouvoir. Soit, ce qu’il avait choisi, il vivait au milieu de communautés écolos en habitat léger, et suivait les forêts les moins polluées. Manque de bol, la célèbre Brocéliande allait bientôt servir de site d’enfouissement de poubelles. Il se demandait jusqu’où il allait devoir aller pour fuir la pollution. Il n’aimait pas trop cette époque, c’était comme si quelques chose était cassé. Les gens pensaient, mais mal. Il avait vu bien des époques perturbées pourtant, mais celle-ci lui rappelait trop des visions qui lui avait fait abandonner Camelot. Tout ce qui lui rappelait Camelot le blessait. Il enfouissait ces souvenirs-là, bien loin.

Comme il avait dû se déplacer souvent, il avait investi dans une jolie petite yourte colorée. Malgré qu’il s’agisse d’une tente, il avait tout le confort moderne à portée de Wifi. Il aimait être au courant de ce qu’il se passait dans le monde. Il aimait Internet.

En échange de son emplacement, il avait offert de donner des cours d’anciens savoirs perdus; cela fonctionnait comme ça dans beaucoup de communauté alternatives. Un échange de services. Il était toujours étonné de ce que les gens avaient oublié, des choses aussi simples que de faire du pain, où de se baisser pour ramasser des herbes utiles. Une société si moderne, et pourtant si amnésique et fragile. Malgré lui, il était fasciné par cette époque inédite. Il aimait les Hommes, ni plus ni moins. Et aimait particulièrement ces « babas-cool » qui tentaient de vivre en autonomie sans polluer ce monde. Souvent, il avait su sentir les nouveaux courants de pensée se mettre en place. Et il se sentait bien dans ce genre de communautés.

Il faut dire que Brocéliande était un site historique qui lui plaisait aussi beaucoup, il était même passé au lieu-dit de «La tombe de Merlin » et avait beaucoup ri avec les touristes. La légende chère à son cœur était pleine de vie ici; bon, fort loin de la réalité, mais ce qui comptait c’est qu’elle lui survive.

Il avait pris le temps d’arriver, de s’installer, de visiter. Il attendait son premier groupe de stagiaires, il allait faire du pain dans la cuisine d’un vieux château toute rénové. Oui finalement, il allait peut-être rester un moment ici.



**



Ambre et sa maman avaient pris place dans une roulotte espagnole installée en rai de forêt dans un joli gîte. Ambre ne s’attendait pas à ça, c’est dommage que la roulotte était fixe, ça aurait été sympa qu’elle soit tirée par un cheval. Finalement c’était des vacances originales, elle avait repéré un voisin de son âge déjà et avait cessé de bouder, il lui avait parlé de légendes, ils avaient joué et avaient visité des recoins cachés de cette forêt aux arbres magnifiques. Ambre était fascinée par ces vieux arbres qui devaient en avoir tellement vu.

Des fois, elle se disait à elle-même: "Salut vieux chêne, tu sais que tu es aussi vieux que mon ancêtre Merlin ? Tu l’as connu ?"

Bien sûr, la réponse n’arrivait jamais, mais le contact de l’arbre la détendait comme rien d’autre. Puis elle voyait arriver un groupe de gogos à qui on apprenait à faire des câlins aux vieux ancêtres enracinés ; et elle partait en riant. Parfois elle partait sans son copain pour se cacher, elle avait trouvé des graines et des glands, et elle les plantait. Elle pensait à ce vieux dessin animé si atypique, L’homme qui plantait des arbres et se disait "Si j’ai planté des arbres, je n’ai pas perdu ma vie."

Elle n’avait pas eu sa maman sur le dos, car celle-ci suivait son stage de pain au levain ; c’était bon le pain au levain, mais quand même vachement amer. Leurs vacances touchaient doucement à leur fin, il ne restait que quelques jours et sa maman avait prévu qu’elle fasse un tas d’activités ensembles à la fin de son stage.

Ce jour-là, elle alla rejoindre sa maman qui devait avoir fini son atelier de pain au levain, malgré tout sa maman lui manquait.

Elle rejoignît Laure qui discutait avec d’autres stagiaires à propos du vieil original qui leur avait donné cours ; visiblement Laure était un peu déstabilisée par le personnage…

Ambre attendit sagement près de Laure puis elle entendit dans sa tête une voix qui lui disait : « Bonjour Ambre je suis content de te revoir. »

Ambre fit de gros yeux et se retourna partout pour savoir qui avait émis ce bonjour télépathique. Et elle vit ce très vieil homme lui faire un clin d’œil dans la salle du stage par la porte entrouverte et qui rangeait des affaires… Elle n’eut aucun mal à le reconnaître, son regard dans ce vieux visage avait gardé ce même pétillement que lorsqu’elle avait vu jeune. Son cœur rata un battement…Elle hurlait dans sa tête "Papy Merlin c’est toi ? Mais comment t’es là ? Le tissu du temps va encore se décomposer ?"

Merlin s’arrêta de ranger pour venir à l’encadrement de la porte et la regarder d’un air faussement sévère, on voyait bien qu’il était amusé: "Je suis vieux mais pas sourd, ne hurle pas comme ça dans mon vieux crâne, et bonjour aussi? Une question à la fois jeune demoiselle, l’histoire est très longue."

Ambre décampa du groupe qui se moquait du vieil original pour lui sauter dans les bras en criant à voix haute : Papyyyy… Et ce devant l’incompréhension de Laure qui se colla la honte du siècle.

***

Merlin avait invité Ambre et sa maman à manger chez lui, il voulait rassurer un peu Laure sur les intentions d’un « vieux fou » vis-à-vis de sa fille.

Laure était devant cette yourte aux tissus dépareillés et déteints par le temps et hésitait un peu à rentrer dedans, elle se demandait comment sa fille s’était entichée d’un vieil original pareil… Elle agrippait sa fille par les épaules, celle-ci essayait de se libérer pour rentrer… Elle n’était pas à l’aise dans ce campement d’altermondialistes qui ressemblaient plus à des clodos qu’autre chose.

Ambre : «Wouaw une yourte trop cool, t’as vu ça ‘Man il y a des panneaux photovoltaïques, lui au moins il ne perd pas son temps à bosser pour payer un loyer de ouf ! »

Laure regardait sa fille qu’elle ne comprenait plus : «Travailler pour payer un loyer est une vie honorable ? »

Ambre s’échappa pour rentrer dans la tente en répondant : « Ouais travailler pour acheter des trucs qui pourrissent le monde c’est honorable c’est sûr !»

Laure secoua la tête devant les idées étranges de sa fille : avait-elle raté un truc dans son éducation? Elle avança finalement pour rentrer dans la yourte. Elle fut surprise de constater que cet endroit était confortable et contenait le confort moderne… Sur une cuisinière chauffait une grosse casserole de soupe, une table, des chaises, un bureau sur lequel était posé un ordinateur, des livres, des tas de livres en tas dans tous les coins, enfin ce qui ressemblait à des coins dans une yourte. Des lampes… Un plancher magnifique sur lequel étaient posés divers tapis hétéroclites mais confortables.

En fait le mélange de couleurs était beau… Des étagères remplies de pots et d’herbes séchées dans une vraie cuisine… Pas de canapé, mais un coin rempli de coussins qui avaient l’air douillets sur lesquels se reposait un gros chat paresseux qui daignât à peine jeter un regard à Laure…

Merlin était en train de gronder Ambre en lui expliquant qu’elle devait être plus patiente avec sa maman, celle-ci baissait le nez… Laure se demandait comment cet étranger arrivait à faire obéir sa fille, de la magie sans doute ?

Merlin souriant la rejoignit pour lui tendre la main : «Bienvenue chez moi Laure. »

Ambre fit les présentations : "Maman voici Merlin, Merlin ma mère…"

Laure, qui depuis ses vacances avait la tête pleine d’absurdités en tout genre sur la légende Arthurienne, ouvrit grand ses yeux : "Merlin ? Vos parents avaient de l’humour…"

Ambre secoua la tête, mais Merlin rit : « En vrai je m’appelle Emrys, mais on me surnomme Merlin depuis toujours.

Laure : Emrys ? Je n’ai jamais entendu c’est quel origine ?

Ambre : ‘Man tu me tapes la honte !

Merlin eut de nouveau un regard sévère vers Ambre qui n’en moufta plus une : C’est d’origine gaélique."

Ambre qui jeta un œil pitoyable à sa mère se rendit bien compte que celle-ci aurait bien du mal à digérer la vérité sur Merlin et lui dit : "Je l’ai rencontré quand on est allé visiter les ruines du château en Angleterre ‘Man, il m’a… Il m’a donné des cours de légende arthurienne, tu devrais entendre sa version c’est wouaw…

Merlin ne put s’empêcher de retenir un fou rire nerveux : Bienvenue chez moi Laure, content que la yourte vous plaise; finalement.

Laure, désarçonnée par l’idée désagréable qu'il pouvait lire ses pensées répondit comme elle put : C’est étonnant comme habitat, j’avais des a priori mais en fait ça a l’air confortable.

Ambre secoua la tête, sa maman avait du chemin à faire ; puis pour changer de sujet : «Qu’est-ce qu’on mange ?

Merlin, qui suivait le cheminant de pensées de la mère et de la fille : De la bonne soupe aux légumes avec du pain.

Ambre : Cooooool !

Ils se mirent tous à table et à la demande d’Ambre, Merlin raconta une histoire, son histoire… L’histoire d’un jeune homme qui partit pour travailler comme serviteur dans un château, devient malgré lui le dépositaire d’une prophétie il y a bien longtemps…

Il se faisait tard lorsque Merlin arriva à cet épisode d’un Merlin fatigué de ses visions qui avait rencontré sa descendante par accident lors d’une initiation magique.

Ambre baillait profondément en répondant nonchalamment à des messages sur son smartphone. Merlin prit une pause en disant qu’il était peut-être temps de se reposer… Laure qui était captivée par l’étrange version de la légende que racontait ce « Merlin » n’avait pas vu l’heure passer et en fut horrifiée. Elle allait devoir rejoindre sa voiture en traversant une partie du campement et de la forêt en pleine nuit.

Merlin leur proposa de dormir ici si elles voulaient, ou de faire quérir un voisin pour les ramener à leur voiture…

Ambre lâcha son GSM : « Oh cool le clou des vacances : dormir dans une yourte !

Laure : Heu on a déjà abusé, je ne voudrais surtout pas déranger…

Merlin soupira : Si je propose c’est que ça ne me dérange pas, il y a assez de place ici pour faire dormir des invités.

Laure : Mais demain matin ? Le stage ?

Merlin : Le stage est terminé, je suis en vacances aussi.

Ambre : Oh super on peut rester demain pour la suite de l’histoire ? Maman, dis oui j’ai vraiment envie de savoir ce qui arrive à Arthur et Merlin après l’initiation…

Laure regarda Ambre : Je crois qu’on a déjà assez abusé du temps de notre hôte, et demain j’avais prévu une balade en forêt avec toi ?

Merlin : J’ai vraiment tout mon temps, c’est une joie d’avoir retrouvé Ambre et de vous connaître.

Ambre : Oh Maman dis oui s’teuplaiiiiiiis ! »

Laure, qui se sentait étonnamment bien dans une yourte en pleine forêt et qui avait vraiment envie de connaître la suite de l’histoire, finit par craquer : "Bon après tout, je suis en vacances j’ai tout mon temps aussi."

Merlin les installa dans un grand lit caché par une paroi, et s’installa un genre de paillasse dans ce qui lui servait de salon.

Laure l’aida à installer tout: « Vous êtes sûr de vouloir dormir là, je veux dire, nous somme jeunes nous pouvons dormir par terre une fois…

Ambre déjà en pyjama et sortant d’une douche aménagée derrière une autre paroi secoua la tête : ‘Man dis-lui que c’est un vieux crouton tant qu’on y est…

Merlin ne put s’empêcher de rire, il savait qu’Ambre était fatiguée et elle commençait à saturer des remarques déplacées de Laure : Tu dois être patiente avec ta maman Ambre, elle a encore du chemin à faire. Non Laure que du contraire j’aime dormir par terre… J’ai toujours… Disons que je suis vieux et j’ai mal au dos."

Ambre pouffa.

Laure passa une nuit étonnamment reposante, la yourte était comme un cocon feutré. Elle avait dormi comme jamais, au cœur de cette forêt mythique. Elle se réveilla en pleine forme et sortit de la chambre pour trouver la yourte rangée et Ambre et Merlin qui préparaient un déjeuner…

Elle commençait à se détendre et son trait d’humour remonta : « Qui êtes-vous, qu’avez-vous fait de ma fille, vous l’avez échangée contre cette petite fille adorable, polie et serviable… C’est de la magie ?"

Merlin explosa de rire, alors qu’Ambre rouspétait.

Merlin : « Tu vas montrer à ta maman où se trouve la salle de bain, je m’occupe du reste ! »

Laure les rejoignit pour déjeuner après avoir pris sa douche : « Étonnamment confortable cette yourte. »

Merlin sourît.

Ambre : «C’est de l’eau de pluie filtrée et chauffée par le soleil, cette yourte est cool ! En plus il y a le wifi ! »

Laure ne put s’empêcher de rire, et Merlin secoua les épaules : « Je suis vieux j’aime mon confort.» Mais il souriait.

Laure : « C’est un mode de vie étonnant pour une personne de votre âge, vous êtes étonnamment jeune d’esprit, bien plus que moi ; et ce pain est vraiment bon.

Merlin souriant : Merci ! »

Ambre mangeait déjà et continua l’histoire : "Alors quand la petite fille rentra chez elle, elle retrouva sa maman et se fit enguirlander de s’être absentée si longtemps sans donner de nouvelles, mais sa maman n’était pas fâchée en fait, mais elle avait vraiment eu peur pour elle. Mais elle n’osa raconter son aventure à personne parce que c’était vraiment dingue et que ses parents se seraient disputés de savoir dans quel établissement psychiatrique il fallait l’enfermer… Ses parents se disputaient déjà bien assez comme ça. Elle cacha qu’elle avait des pouvoirs et continua à aller à l’école, en attendant les vacances et surtout de grandir. Mais elle avait vraiment envie de savoir si Merlin avait sauvé son monde et son roi…

Merlin rit : Merlin avait sauvé le monde, le tissu du temps se remit en place lorsque que la demoiselle réintégra son monde…

Laure estomaquée inclinât bizarrement la tête.

Merlin la regarda attendri : «Mon dieu, elle a ses grands yeux noisettes… Visiblement un grand pouvoir d’empathie, c’est ça qui en fait une bonne infirmière.

Ambre : Et après ?

Merlin regarda Ambre et son regard se voila de tristesse : Je n’ai pas de bonnes nouvelles pour Arthur, le jeune sorcier était pris dans la prophétie, et lorsqu’il rencontra Mordred adulte, il n’eut que des a priori à son propos…"

Il continua de raconter son histoire et Ambre et Laure étaient accrochées à ses lèvres…

Merlin arriva à la mort d’Arthur et sa propre mort, emmuré dans la grotte aux cristaux.

Laure, voyant l’heure avancer, avait fait la vaisselle sans rien demander et fait réchauffer la soupe pour les faire dîner et préparer une salade de plantes cueillies, comme il lui avait appris lors de son stage…

Ambre pleurait à chaudes larmes : « Oh non ce n’est pas possible, Merlin ne peut pas mourir ainsi, dis ce n’est pas sa faute, il a fait ce qu’il a pu ? »

Ambre secouait Merlin par le bras, et télépathiquement hurlait : « Mais t’es pas mort, t’es là ? »

Laure revint s’assoir à table et mangea aussi en écoutant la suite.

Le vieux Merlin était ému, Laure le sentait au bord des larmes mais il continua son récit : "Merlin voulait vraiment mourir, il se sentait responsable du plus grand échec de toute l’histoire, mais c’était sans compter sur son cadeau… La belle Hermine remua ciel et terre pour le retrouver, et elle trouva même un vieux sage mourant qui lui expliqua où se trouvait la grotte, car seul lui et Merlin connaissaient encore son emplacement.

Ambre, les larmes coulaient à flot sur son petit visage : Un vieux sage mourant ? Oh non Kilgarrah !

Merlin : Kilgarrah était vieux et avait fait son temps, mais il avait économisé ses dernières énergies pour sauver son ami et expliquer à Hermine où le trouver. Seule Hermine pouvait ouvrir la grotte avec son pouvoir, c’était quand même le grand sorcier qui l’avait murée… Kilgarrah savait que seul le pouvoir d’Hermine pouvait ouvrir cette grotte."

Merlin finit de raconter l’histoire de la grotte aux cristaux et du pouvoir d’Hermine au moment où il l’avait libérée de son pouvoir ingérable, et s’arrêta là pour faire la vaisselle et remercier Laure de ce repas.

Il était trop ému, il barricada ses pensées, pour ne pas que Laure se rende trop compte de son état.

Ambre rouscailla : « Mais alors ? Elle a fait quoi ? Il s’est réveillé Merlin ? Ils se sont mariés ? »

Laure eut un malaise de voir sa fille houspiller ainsi le vieil homme qui semblait fatigué. Non en fait il n’avait jamais l’air fatigué… Elle ressentait quelque chose sans comprendre : «Peut-être que l’histoire s’arrête là, ça fait déjà longtemps qu’on abuse, et Arthur est parti, qu’est-ce qu’il peut bien se passer d’autre ? Le Merlin de l’histoire a besoin de vacances.

Ambre : Non ça ne s’arrête pas là hein Merlin, ça ne s’arrête pas là sinon quoi ?"

Il ne put s’empêcher de rire, malgré ses barrières psychiques, Laure ressentait son état, et Ambre savait parfaitement que ça ne s’arrêtait pas là.

Merlin inspira à fond et se retourna vers les filles, souriant: «Non bien sûr que l’histoire ne s’arrête pas là… Vous avez encore du temps ? Peut-être que ta maman avait prévu des choses pour cette après-midi.

Ambre soupira : Oh non c’est bon on l’a déjà vue la forêt, en plus cette tombe de Merlin est un ridicule rocher recouvert d’offrandes qui ressemble plus à un tas d’ordures qu’autre chose pfff."

Il explosa de rire.

Laure secoua les épaules : « Bon après tout c’est aussi tes vacances Ambre, et je dois dire que je suis un peu fatiguée de ce piège à touristes aussi.

Il rit encore : Bon, ça te dit Ambre que je t’apprenne comment faire une vraie pizza ?

Ambre : Trop cool, merci ‘Man, merci Papy…»

En faisant la pâte tandis qu'Ambre et Laure coupaient des légumes, Merlin continua : "Non, Merlin ne se réveillait pas, et Hermine ne sut pas tout de suite quoi faire, elle était perdue…"

Le GSM d’Ambre sonna…

Merlin : « Tu ne réponds pas ?

Ambre : Non je suis en vacances, ça peut attendre.

Merlin sourît à Laure qui n’arrêtait pas de se dire : C’est de la magie ! »

 


macrale  (20.06.2014 à 11:50)

Chapitre2 :

La grotte aux cristaux, il y a très longtemps :

 

Merlin ne se réveillait pas. Hermine ne savait que faire, elle avait essayé des formules de guérison dessus, mais elle voyait bien que ça dépassait ses compétences. Qui aurait pu l’aider, elle ne connaissait personne.

Assise seule à l’entrée de la grotte elle réfléchissait, enfin presque seule ; le borgne assis en face d’elle la fixait attentivement. Il la sentait inquiète, et ne savait que faire pour aider son amie.

Hermine ne le remarquait pas, elle ruminait. Elle était venue pour le retrouver, et le sauver. A la place de ça, c’est lui qui l’avait sauvée et qui était sans doute mourant. Après avoir remué ciel et terre pour le retrouver, c’était trop bête.

Il avait absorbé son pouvoir, celui qu’elle ne maîtrisait pas ; ce pouvoir maudit qui faisait si peur, même à ceux qui connaissaient la magie. S’il n’avait pas fait ça, elle serait morte ; elle aurait donné sa vie sans problème pour lui. C’est d’ailleurs ce qu’elle avait voulu faire. Mais maintenant elle était en vie, et lui ne se réveillait plus et elle était perdue. Voilà déjà trois jours qu’elle attendait qu’il se réveille, il semblait dormir d’un sommeil paisible, mais pourtant toutes ses tentatives pour l’éveiller avaient été vaines. Elle était loin de tout et ne connaissait personne pour l’aider. Elle était au bord des larmes chaque fois qu’elle envisageait une solution qui ne venait pas.

Il n’était pas question de le laisser là, et il risquait d’être difficilement transportable dans son état…

Trois jours, elle ne devait pas attendre plus, il risquait de s’affaiblir trop… Elle fouillait ses souvenirs, sa maman lui manquait plus que d’habitude… Sa maman qui lui disait que les « mamans » avaient souvent la solution d’un problème, et qu’il suffisait simplement d’en parler. Mais sa maman n’était plus là depuis si longtemps… En fouillant ses souvenirs, elle vit apparaître un visage qu’elle ne connaissait pas… Pourtant elle sut qu’il s’agissait de la mère de Merlin, elle avait capté ses souvenirs qui parfois se mêlaient au siens. Cette femme était-elle toujours en vie ? Avait-elle la solution ? C’était une maman si douce aussi.

Hermine se leva, et alla couper du bois pour construire un travois.



Le village :



Hermine avait caché Merlin dans la forêt à l’abri des regards. Elle cherchait après une femme qui peut-être pourrait l’aider. Elle ne l’avait jamais vue, mais pourtant connaissait son visage et son nom; elle avait juste peur que celle-ci ne soit plus de ce monde. Elle entra dans ce petit village tranquille, et demanda après cette femme.

« Oui bien sûr qu'Hunith est en vie »

On lui indiqua une petite maison. Hermine, mal à l’aise devant des villageois qui la dévisageaient et des enfants qui la suivaient prit sur elle, et arriva devant une maisonnette dont l’entrée était remplie de fleurs.

Elle resta un moment devant la porte, une petite fille rit dans son dos. Elle se retourna vers le visage enfantin qui lui rendit un regard curieux et souriant. Elle se résigna sans rien dire, et finalement frappa à la porte.

Une dame d’âge mûre vint se superposer au visage du souvenir de Merlin qui hantait les siens. Hermine ne put s’empêcher de sourire.

Hunith: «Oui que puis-je pour vous ? »

Hermine ne savait trop que faire et resta plantée là sans rien dire avec la petite fille qui pouffait dans son dos.

Hunith: « Je ne crois pas vous connaître ? »

Hermine ne répondit toujours pas, elle ne savait par où commencer, elle n’avait pas de bonnes nouvelles pour elle. Le borgne en avait marre d’attendre, il rentra sur le seuil de la maison en criant : «Miaou. »

Hunith rit en le caressant : « Hé bien tu es plus causant que ta jeune amie.

Hermine : Personne n’a peur des chats noirs ici ?

Hunith rit de plus belle : En tout cas moi, je n’ai pas peur des stigmates. Que puis-je faire pour toi ?

Hermine fondit en larmes, elle arriva juste à dire : Merlin…

Hunith: Où est-il ? Il est vivant ? Qui es-tu ? »

Le flot de questions soudaines et émises d’une voix passionnée et d’un ton suraigu que donne la peur, la fit reculer. Elle ne maîtrisait tellement pas la vie sociale qu’elle était pétrifiée par la réaction de cette mère soudainement affolée. Elle sut juste transmettre par la télépathie où se trouvait Merlin et qu’il était malade, sans savoir si cette dame avait la télépathie.

Hunith n’était pas vraiment télépathe, mais elle était empathe et sentit le désarroi de la jeune fille qui lui fit reprendre son calme.

Hunith: "Je sens que tu essayes de me dire quelque chose, mais je ne peux pas comprendre ce langage-là, peux-tu parler à voix haute ?

Hermine éclata en sanglots et ânonna : Les mamans ont souvent la solution, il ne se réveille pas, aidez-nous !"

Hunith la regarda curieusement, elle se rendit compte que cette fille n’avait pas l’habitude de parler à voix haute, une étrange jeune fille rousse qui avait l’aplomb d’un guerrier et la voix d’une petite fille terrorisée.

Elle prit son châle et sortit de sa maison, et attrapa le bras de l’étrange fille aussi doucement que s'il s’était agi d’un animal sauvage qu’on veut caresser : "Montre-moi où il est ?"

Hermine la conduisit à l’orée de la forêt où elle avait laissé Merlin en lieu sûr. Il était couché sur un travois de fortune, sous des branchages qui le recouvraient, comme si on avait mis un morceau de viande hors de la portée des animaux sauvages. Hunith eut très peur en le découvrant, puis elle le vit juste dormir, avec cette expression enfantine qu’elle lui connaissait si bien, son fils était en vie… Il ne semblait pas blessé. Elle appela la petite fille qui se moquait d’Hermine et les avait suivies de loin : "Rachel, va chercher ton père, dis-lui de venir avec son chariot, dépêche-toi."

 

***

Les villageois avaient pris en charge Merlin, l’avaient ramené dans la maison d’Hunith où on l’avait installé dans une couche au coin d’un foyer. Hunith parlait très vite d’une voix posée, en indiquant à tous quoi faire. En deux temps trois mouvements tout était fait, une vieille dame était à son chevet.

Hermine avait suivi sans rien dire, et sans que personne ne se rende à peine compte de sa présence. Hunith l’aperçut debout devant la porte de chez elle, elle n’osait ni rentrer, ni partir, ni rien, une vraie statue… Son chat à ses pieds tout aussi statufié. Elle s’approcha de la jeune fille : "Es-tu une amie de Merlin ?"

Hermine hocha la tête ; Hunith la fit rentrer dans sa maison.



Elles attendirent toutes deux à la table de la cuisine que la dame âgée ait fini d’ausculter Merlin. Celle-ci vint s’attabler en regardant la jeune fille.

Ada : « Est-il tombé sur la tête ? »

Hermine fit non de la tête.

Ada : « Que s’est-il passé ? Je dois savoir un peu pour mieux diagnostiquer, tu comprends ? »

Hermine ne répondit rien.

Hunith : «Tu dois savoir que si on veut l’aider on doit savoir ce qu’il s’est passé. »

La jeune fille resta dans son mutisme en regardant vers lui.

Hunnit : «Ada qu’en penses-tu ?

Ada : Il n’a aucune blessure apparente, mais il dort profondément, comme s'il était tombé sur la tête.

Elle soupira et fixa impérieusement Hermine : Que s’est-il passé ?

Hermine ne put pas garder son silence devant ce regard : Il m’a pris mon pouvoir.

Hunith resta interdite, et Ada soupira en disant : Je vais faire quérir un druide. »



Durant de longues heures, les deux femmes se fixèrent, le temps qu’un druide arrive au village et vienne voir Merlin.

Hermine savait qu'Hunith se posait des questions à son sujet, elle aurait voulu lui répondre, elle aurait tellement voulu lui dire à qu’elle point elle avait aussi peur qu’elle de le perdre, elle aurait voulu, mais n’arrivait pas ; les mots restaient coincés dans sa gorge serrée.

Un homme entra dans la maison et Hunith se leva pour l’accueillir, et le conduire vers son fils…

Le druide explora les pensées d’Hunith, puis alla vers le jeune homme alité, il resta accroupi près de lui un instant.

Il se releva et regarda Hunith: «Il dort paisiblement mais ne répond pas aux stimuli, c’est étrange.

Hunith regarda Hermine qui répondit : Il ne se réveille pas.

Hunith: Depuis combien de temps ? »

Hermine se mura de nouveau dans son silence.

Hunith soupira.

Le druide s’approcha d’Hermine : «Tu es la jeune fille au chat, on t’appelle Hermine, tu as choisi de vivre en ermite alors que tu avais un talent dangereux s'il n’était pas cultivé. »

Hunith frissonna.

Hermine hurla dans sa tête : « Personne ne savait m’aider avec ma donnas ; pas même vous grand prêtre. »

Le druide blêmit, Hunith savait qu’elle assistait à une conversation qu’elle ne pouvait entendre.

Le druide parla tout haut pour ne pas mettre son hôte mal à l’aise : "Tu es une testeuse, c’est un talent rare, nous aurions pu t’aider pour ton autre talent."

Hermine était furieuse et dit tout haut sur un ton qu’elle ne maîtrisait pas : « Comment un modeste druide comme toi aurait-il pu m’aider alors même que Emrys-Merlin n’a pas su m’aider autrement qu’en retournant cette donnas contre lui ??? »

Hunith frissonna de plus belle, à la seule évocation du nom druidique de son fils et son incapacité à aider cette fille qui l’avait manifestement mis dans cet état. Elle était sciée d’entendre cette fille parler d’un tel ton à ce vénérable druide qu’elle savait être un « gardien », un druide haut placé.

« S’il vous plaît, gardez votre calme sous mon toit, Calahan est un gardien respecté dans nos contrées, surtout depuis que l’ancienne religion est de nouveau tolérée. »

Hermine regarda Hunith: « Tout le monde peut devenir gardien, cela n’a rien à voir avec l’ancienne religion, il ne faut pas des donnas très puissantes pour ça, je m’excuse de crier sous votre toit. »

Hunith regarda la sauvageonne avec un regard neuf, non seulement elle savait parler, mais semblait connaître les anciennes traditions : "Qui est-tu ? D’où viens-tu ?

Celle-ci baissa les yeux : Je ne me souviens pas du nom de mon village.

Calahan la fixa : Tu es la fille de Mélory et Anthony qui se sont réfugiés dans un village loin de Camelot. Nous t’avons cherchée car tu pouvais devenir une très grande prêtresse, voire même la dernière.

Hermine : Ma mère a choisi mon père, nous ne sommes pas des animaux d’élevage à qui on impose un pédigrée.

Le druide fixa de nouveau Hermine, comme s'il regardait un carré à cinq côté : Hérésie !

Hunith le regarda : La peur de l’hérésie nous a conduits à la grande purge, il suffit ! »

Hermine ne se souvenait pas d’avoir parlé autant tout haut, d’une voix rauque elle s’excusa.

Calahan se radoucit aussi : « Tu parles avec les souvenirs de ta mère de choses dont tu ignores le fondement mon enfant.

La jeune fille dit tout bas : Les sélections des sorciers au fil des générations nous ont affaiblis, et ont créé des monstres ingérables comme moi, je sais de quoi je parle, à l’heure qu’il est je devrais être morte. Nous sommes des êtres humains, pas des animaux d’élevage dont on peut améliorer la race. Nous avons créé des monstres qui eux seul ont provoqué la colère de la grande purge. Alors que le sorcier sans doute le plus puissant de ce monde est né d’une « aveugle mentale » … L’ancienne religion s’est fourvoyée."

Hunith, qui n’avait jamais entendu parler de tout ça frissonna, et ramassa l’expression "d’aveugle mentale » comme une ancienne insulte, qu’elle n’avait plus entendue depuis qu’elle était petite.

Le druide la regarda, alors qu’elle lui dit : « Oui j’ai été testée petite !

Calahan : Sais-tu de quelle lignée tu descends ?

Hunith ne cilla pas : Non, cette gamine a raison, les lignées des seigneurs de dragons vous échappaient aussi. Et pourtant voici Emrys fils de Balinor.

Le druide baissa la tête : Nous avons été arrogants.

Les trois gardèrent le silence un instant, puis Hunith reprit la parole : Peux-tu faire quelques chose pour lui Calahan ?"

Il regarda Hermine en soupirant avant de parler : « Tu dis qu’il a retourné ta donnas contre lui ? Tu es de la lignée des Sigan, la donnas maudite… »

Hermine se fit petite et soupira.

Le druide: « Je ne peux rien faire Hunith, la foudre s’est retournée contre lui, il devrait être mort, je pense que son cerveau doit être atteint !

La maman de Merlin soupira de plus belle : Appelons Gaïus. »

Les deux femmes passèrent la soirée sans plus rien se dire, ce qui soulagea la jeune femme qui n’avait plus envie de parler. Elles se relayèrent auprès de Merlin.

Gaïus arriva en fin de journée le lendemain, Hunith l’accueillit à bras ouverts.

Gaïus : « Mon dieu Hunith vous l’avez retrouvé ?

La maman de Merlin : Pas moi, Hermine l’a retrouvé.

Gaïus se tourna vers la jeune fille : Qui es-tu ?

Hunith quand même étonnée : Tu ne la connais pas ? Il semble que ce soit une amie de Merlin.

Le vieux médecin alla saluer Hermine : Bonjour jeune fille, je ne te remercierai jamais assez de l’avoir retrouvé." Et il lui sourit.

La jeune fille ne dit rien comme à son habitude, devant ce visage qui lui était familier comme celui d’un père adoptif, elle eut les larmes aux yeux.

Hunith: « Ne prend pas garde Gaïus, elle ne semble pas habituée au langage parlé.

Le vieil homme regarda de nouveau la jeune fille, bienveillant : ça viendra, chaque chose en son temps."

Calahan était revenu le matin et avait installé des amulettes de prière autour de Merlin. Lui et Gaïus se saluèrent assez froidement. Hunith soupira discrètement.

Hermine blêmit en entendent le druide traiter intérieurement le médecin d’hérétique avant de barricader de nouveau son esprit.

Le vieil homme s’assit près du jeune homme endormi, très ému et lui parla tout bas : "Je ne pensais plus te revoir depuis que je t’ais envoyé conduire Arthur à Avalon. Tu m’as beaucoup manqué tu sais, ton plat favori t’attend toujours ; Guenièvre aimerait beaucoup te revoir aussi. Personne ne t’en veut tu sais…"

Il se tut dans un flot d’émotions qu’il eut du mal à retenir puis l’examina.

L’examen dura de longues minutes, toutes les personnes de la pièce y étaient suspendues, Gaïus se releva et alla vers Hunith qui était attablée près d’Hermine, Calahan les rejoignit.

« C’est ce que je craignais, il est dans le coma, je pense que son cerveau est atteint, j’aimerais qu’on m’explique de nouveau ce qui lui est arrivé ? »

Hunith et Calahan se tournèrent vers Hermine, allait-elle parler cette fois ?

Hermine frissonna mais ne sut rien dire.

Le druide : «Tu dois parler maintenant, on ne te fera rien rassure-toi…

Hermine regarda Gaïus, visage masculin vers qui elle avait plus d’empathie : Il va se réveiller ?

Gaïus : C’est difficile à dire jeune fille, j’ai besoin de savoir ce qui s’est passé. »

Hermine se mit à pleurer et dans un hoquet, elle commença son récit silencieux pour les oreilles d'Hunith qui attendit patiemment.

« Je m’appelle Hermine, je suis fille de Mélory qui a fui son rôle de bandrui pour se marier avec Anthony, mes parents sont morts sur le bûcher lorsque j’étais petite. J’ai fui les hommes. J’ai fui les druides aussi, car je suis frappée de la malédiction des Sigan, et que j’ai toujours su que personne ne pouvait m’aider. Je pouvais être un danger pour eux. Même si j’ai aussi la donnas de testeur qu’ils convoitent tant. J’ai vécu seule, et j’ai du mal à parler tout haut.

Le médecin soupira : La malédiction des Sigan, mon dieu pauvre enfant, je ne savais pas que ça existait encore.

La jeune fille hocha la tête et continua son récit : J’ai rencontré Merlin lorsque le voile s’est déchiré, je fuyais les Dorochas, je n’étais plus en sécurité dans la forêt. Je ne savais pas qu’il était l’élu de la prophétie, je savais juste que je n’avais jamais vu de sorcier si puissant.

Il a survécu au baiser du dorochas et malgré ça il voulait mourir pour un Pendragon…"

Elle s’arrêta pour reprendre son souffle, les larmes coulaient…

«Je… J’aurais fait n’importe quoi pour lui, je l’ai revu plusieurs fois, je l’ai toujours laissé repartir aider son roi. Je ne voulais pas, je savais que notre aventure était sans lendemain, je suis maudite, mais il était tellement seul et triste que je n’ai jamais su le laisser vraiment."

Elle repartit dans un sanglot…

Gaïus soupira : «Il me semble qu’il a toujours eut un faible pour les jeunes filles maudites »

Il sourit.

Hunith fit de grands yeux interrogateurs.

La jeune fille : « Je suis toujours restée en contact avec son esprit, il y a quelques semaines j’ai ressenti qu’il voulait quitter ce monde et je n’ai pas tenu, je l’ai cherché. Le dragon rouge qui était mourant m’a guidé jusqu'à la grotte des cristaux…

Le vieil homme répercuta la nouvelle : Kilgarrah est mort ? Oh Merlin… » En se tournant vers lui d’un air désolé.

Hermine hocha la tête et continua: «Il s’était enfermé dans ses pensées noires suite à son échec, et il s’était emmuré dans la grotte… J’étais en colère d’être arrivée trop tard…" Elle baissa la tête "La malédiction des Sigan m’a prise de court, je n’ai pas pu maitriser ma donnas… L’orage était terrible… J’aurais dû mourir… La foudre faisait tout brûler… Mais il est venu quand même à moi, et il a pris mon pouvoir sur lui… Il s’est effondré, il était gravement brûlé par les éclairs, et là les cristaux… Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé… L’énergie des cristaux est passée en lui, il a guéri, m’a parlé, et s’est endormi, mais il ne s’est jamais réveillé, je ne savais pas quoi faire, alors je suis venue ici…"

Elle sanglota de plus belle…

Gaïus siffla malgré lui, Calahan était interdit et regardait alternativement Merlin et Hermine.

Le médecin : «Hunith, as-tu toujours le cristal que je t’ai donné ? »

Le druide ne put s’empêcher de proférer un « mécréant »…

La maman de Merlin alla chercher un petit paquet qu’elle tendit à Gaïus ; lorsque celui-ci le déballa, il resta interdit devant le cristal noirci qui ne contenait plus aucune lumière…

Calahan aussi était interdit : « Par la grande déesse les nôtres sont dans le même état ! »

Le vieil homme raconta rapidement le récit d’Hermine à Hunith… Celle-ci regarda longuement Hermine… Le silence qui s’en suivit était encore plus assourdissant que le récit.

Le druide ne put s’empêcher de le rompre : « Tout ça c’est de la faute de ta mère, elle n’aurait jamais dû épouser Anthony, on savait que la malédiction des Sigan risquait de remonter. Maintenant l’élu est dans le coma, et les cristaux morts, c’est un désastre, c’est encore pire que la Grande purge, il ne reste rien, tu es vraiment maudite.

Hunith le souffle coupé : Je ne te permets pas de t’adresser à ma belle-fille sur ce ton-là ; je ne veux plus entendre parler de lignée sous mon toit, mes parents m’ont presque abandonnée parce que j’étais « aveugle mentale » et pourtant j’ai enfanté l’élu, je veux que tu sortes de ma maison."

Le médecin essaya de calmer tout le monde ; et une voix s’éleva derrière eux qui les stoppa net !

Une voix derrière : « Qu’est-ce que c’est que cette histoire de lignée ??? »

Merlin était éveillé et assis, il était blême mais surtout de colère…

Hermine et Hunith restèrent interdites, Gaïus lui expliqua rapidement que les grandes prêtresses étaient choisies principalement dans neuf familles où se concentraient les plus grands pouvoirs ; et que ceux-ci avaient été «entretenus» au fil des générations.

Le jeune sorcier se leva comme d’entre les morts, d’ailleurs à ce moment-là il régnait un silence de mort… Il se campa devant Calahan qui s’était levé aussi.

Merlin : "J’ai passé ma vie à construire un monde meilleur, j’ai accompagné un grand homme qui croyait que chaque humain avait une valeur égale… On m’a sans cesse répété que j’étais destiné à rétablir la magie dans ce royaume, et pourtant ce sont ces prédictions qui m’ont mené à l’échec et à la mort de cet homme qui était mon meilleur ami… Je ne veux plus entendre dire que je suis l’élu de quoi que ce soit, et jamais au grand jamais qu’on ne me parle de lignées qui ont conduit à des abominations comme ce qu’a dû vivre Hermine. As-tu quelques choses à répondre à ça, Calahan ?

Le druide : Mais la magie ?

Le jeune homme avait vraiment le regard très en colère sous son calme apparent, tous les autres savaient qu’il valait mieux ne pas répondre : Si la magie est à ce prix, ça n’en vaut pas la peine !"

Sa phrase tomba comme un couperet, mais le druide n’osa rien répondre, Merlin avait un regard qu'Hunith ne lui connaissait pas, un regard autoritaire et sévère.

Calahan reprit ses affaires et partit sans demander son reste.

Sa maman n’y tint plus et sauta dans les bras de son fils : « Merlin tu t’es réveillé, mon dieu tu es vivant…

Le vieux médecin lui sourit : Tu es devenu un homme sage Merlin, je suis fier de toi. »

Et il le prit à son tour dans ses bras.

Hermine recula doucement dans l’ombre de la cuisine, elle était contente qu’il soit réveillé, mais elle ne savait quoi faire… Hunith vint près d’elle, et la prit par le bras : "Ainsi donc j’ai la joie de connaître ma belle-fille ?

Celle-ci rougit en regardant Merlin qui éclata de rire : Maman, il faudrait peut-être demander à l’intéressée si elle veut toujours de moi avant de la marier contre son gré…

La jeune fille rougit de plus belle : Je… Je ne peux pas me marier, et la malédiction des Sigan ?

Merlin secoua les épaules : Ben ça ne m’a pas tué" et il éclatât de nouveau de rire… Puis très sérieusement il regarda sa Belle Hermine, craignant qu’elle ne veuille plus de lui, après tout il était l’auteur du plus grand échec de tous les temps…

Hermine qui bien sur entendait toutes ses pensées le gronda : "Je t’interdis de dire que tu as commis un échec tu entends ? La reine qui est sur le trône est une ancienne servante, et tu viens de congédier le représentant d’un dogme qui nous a fait souffrir nous les sorciers, tu ne le vois pas mais un monde nouveau est en train de débuter… Je t’interdis aussi de penser de nouveau à mourir tu m’entends."

Sa voix était presque devenue suraiguë sur la fin.

Il baissa la tête : « Je m’excuse Hermine, je m’excuse… Arthur, j’ai… Il est mort, pourquoi je ne suis pas mort moi ?"

Il se mura dans un silence…

Hermine : «J’ai attendu que tu fasses venir ton monde, et maintenant qu’il est là, tu veux me quitter ??? »

Le jeune homme releva lentement ses yeux pleins de larmes : "Non tu es mon cadeau ?"

Et il s’approcha doucement d’Hermine sans trop y croire… Il tendit la main vers ses larmes à elle, et elle se jeta dans ses bras…

La jeune fille : « Tu es réveillé, tu es vraiment réveillé? »

Il la serra fort, de peur qu’elle ne s’échappe.

Gaïus et Hunith regardaient avec un sourire entendu.

Le vieil homme : « Il semblerait bien que nous ayons un mariage à fêter », et il rit.

La maman s’approcha du couple : « Merlin lâche-là un peu, tu vas l’étouffer ».

Merlin, surpris, relâcha son étreinte, et Hunith en profita pour serrer la jeune fille dans ses bras : «Bienvenue dans la famille Hermine.

Le médecin se rapprocha aussi pour féliciter les jeunes gens : Tu m’étonneras toujours Merlin", et il rit de plus belle.

La jeune fille se rebella un peu : « Mais je ne veux pas d’enfants, si je leur transmets ma donnas ??? »

Le jeune sorcier haussa les épaules, et prit le cristal noirci dans sa main, celui-ci lentement s’éclaircit, et des lumières commencèrent de nouveaux à les parcourir : "On les soignera, tu sais c’est le médecin de la cour qui m’a appris à guérir", et il rit en voyant Gaïus passer de la consternation à la couleur d’une tomate.


                                                                                            ***

Merlin partit seul pour rendre hommage à Kilgarrah: il était devant la dépouille de cet ancêtre vénérable, se demandant comment il allait faire pour vivre sans lui. Il voulut lui dire un éloge mais tout ce qui sorti fut une brimade : "Je suis le dernier seigneur des dragons et personne ne m’a appris comment rendre hommage à un dragon !"

Il mit le feu à sa triste carcasse et pleura de tout son soul.




macrale  (27.06.2014 à 08:40)

Chapitre 3:



On célébra le mariage à la cour de Camelot, au début notre sorcier ne voulait pas y remettre les pieds, il n’osait pas regarder Guenièvre en face, c’était trop pénible pour lui. Mais Guenièvre était venue le trouver à Ealdor, trop contente qu’il soit encore en vie.

Cela faisait trois mois qu’Hermine était au village avec Merlin; doucement elle se socialisait, elle parlait plus, grâce à Hunith qui était d’une patience d’ange avec elle. Au début, les villageois l’avaient trouvé arrogante, cette fille qui ne répondait jamais, jusqu’à finir par comprendre à quel point elle avait été blessée par la vie, et que petit à petit, elle commençait à parler plus.

Il y avait un rituel avec Rachel, la petite fille qui suivait la jeune fille partout: elle venait lui dire bonjour tous les matins, celle-ci avait rapidement enregistrée le surnom que le jeune homme lui donnait. Tous les matins, elle attendait qu’Hermine sorte de la maison et lui bondissait dessus pour lui dire : "Bonjour cadeau."

Au début, Hermine ne savait pas trop quoi faire, jusqu’au jour où elle lui répondit en lui donnant le surnom d’un plante collante : « Bonjour gripette. »

Notre sorcier ne se lassait pas du rituel, à chaque fois il explosait de rire.

Les villageois s’habituaient aussi aux mélancolies passagères du jeune homme, après tout il avait fait la guerre. Mais elles étaient souvent ponctuées de rire, Il avait toujours eu cette bonne humeur, et même la guerre ne lui avait pas enlevé ses humeurs moqueuses, Merlin était Merlin.

Pourtant, le jour où la reine vint au village, il ne voulut pas sortir de la maison, il ne voulait pas la voir, il n’en avait pas la force. Guenièvre fut accueillie par Hunith et Hermine.

La reine aima Hermine du premier coup d’œil, c’était une belle fille vive et intelligente, tout à fait ce qui convenait à son meilleur ami. Elle était si contente qu’il soit en vie et se marie, elle avait tellement besoin de joie.

Elle alla se camper devant la maison d'Hunith et parla près de la porte: "Merlin s’il te plaît ouvre-moi la porte, je suis ton amie, ne m’enlève pas la joie de te voir en vie et heureux."

De longues minutes passèrent, Gwen allait partir quand contre toute attente une petite voix lui répondit: "Je ne peux plus te regarder en face, je ne te l’ai pas ramené. Comment… Comment peux-tu être heureuse que je me marie alors que je ne te l’ai pas ramené…

Elle inspira profondément : Tu n’aurais pas pu me le ramener Merlin, personne n’aurait pu, il est parti se battre pour ses hommes, son royaume, l’unification, personne n’aurait pu l’arrêter, pas même toi."

Pour toute réponse, elle entendit des sanglots.

La reine : "Comment peux-tu penser que je ne sois pas contente de ton mariage, tu es mon ami Merlin, je ne suis pas égoïste au point de ne pas en être folle de joie, j’ai besoin d’avoir des joies, ne m’enlève pas ça.

Elle attendit de nouveau, et la porte finit par s’ouvrir sur un Merlin tout penaud: Je suis désolé Gwen, je suis tellement désolé…

Elle le prit dans ses bras : Merlin je sais. »

Ils restèrent ainsi de longues minutes, puis elle se recula et sécha ses larmes et le regarda longuement, elle nota que son visage était marqué par le chagrin. Il avait mûri. Elle avait peur que la guerre lui ait enlevé son ami aussi : "Merlin, elle est charmante, s’il te plaît viens célébrer ton mariage au château, j’aimerais tellement que tu reviennes, on a besoin d’un conseiller tu sais…

Il la regarda consternée : Gwen, je suis un sorcier…

Elle vit passer cette expression enfantine qu’elle lui connaissait, son ami était toujours là, elle pouffa : Merlin je le sais, réfléchis-y à ton aise s’il te plaît.

Merlin se souvint soudainement de son rang et s’inclina: Ma dame…

Elle pouffa de nouveau, et le reprit dans ses bras : Merlin tu m’as manqué, tu m’as tellement manqué. »

Il accepta qu’on célébra son mariage à la cour, mais refusa l’emploi de conseiller, malgré tout, il dit à la reine qu’il serait toujours disponible en cas de besoin.

Ce fut une cérémonie étrange pour lui, pour une fois, c’est lui qui était assis à la table de Camelot, et qu’on servait, c’était vraiment étrange… Il était heureux de revoir Léon et Perceval, bien qu’il ait eu un mal de chien à les regarder en face au début.

Hermine surveillait Merlin de près, elle écoutait toutes ses pensées, elle savait qu’il avait du mal à surmonter son deuil et surtout son sentiment d’échec, il ne se rendait pas compte que tous ces gens lui rendaient hommage, grâce à lui la paix était revenue… Il était complètement fermé à ça, il avait l’impression d’être jugé sur son échec, alors que ses amis étaient juste heureux de le voir en vie.

Tous le long de la cérémonie, il avait tenu bon, mais au repas il s’effondra au bord des larmes devant un pâté en croute… Il se leva et s’échappa, elle le suivit en pensée mais lui laissa du temps, le temps qu’il fallait pour encaisser le choc.

Seuls ses amis avaient compris ce qui s’était passé. Les autres avaient juste vu le jeune marié épuisé s’échapper un peu prendre l’air, certains même jasaient en se disant "Tiens, l’homme se rend compte qu’il est marié, il s’enfuit…" Mais Léon et Perceval savaient, la reine aussi qui regarda la jeune mariée pour savoir s’il fallait intervenir ou non. Celle-ci fit un petit signe de tête pour leur faire comprendre qu’on le laisse tranquille.

La jeune mariée était fascinée par la force de caractère de la reine. Puis elle comprit qu’en fait, elle ne s’était jamais donnée le droit de s’effondrer car son peuple comptait sur elle.

En fin de soirée, Hermine alla rejoindre son époux, elle ne le trouva pas dans la chambre qu’on leur avait assignée, elle fureta dans les couloirs du château; elle suivait ses pensées comme une trace sur une carte et se retrouva devant le cabinet de Gaïus, elle ouvrit la porte sur la pièce sombre, et alla vers la porte de la chambre qu’elle connaissait seulement par souvenirs interposés. Les odeurs âcres de plantes et de livres poussiéreux la surprirent par rapport aux souvenirs qu’en avait Merlin… Il était là, assis dans le noir sur son ancien lit, silencieux… Elle le rejoignit et s’assit à côté de lui. Il resta silencieux mais lui prit la main. Ils restèrent ainsi un long moment, jusqu’à ce que Gaïus rentre aussi dans la pièce et les aperçoive en allumant.

Il les rejoignit : « Les enfants ? Vous ne pouvez pas rester ici, vous êtes mariés maintenant. »

Merlin rit, il regarda Gaïus et rit en s’essuyant les yeux…

Hermine sourit au médecin et emmena son époux vers leur chambre. Il resta en arrêt devant la chambre somptueuse que Gwen lui avait laissée, il voulut reculer, mais Hermine le fit rentrer et ferma la porte. Il la regarda et elle comprit qu’il ressentait vivement le fait de ne pas avoir le droit d’être dans cette pièce. Elle soupira et alla s’assoir sur le lit en l’attendant patiemment. Merlin avait l’impression qu’il allait entendre Arthur l’appeler à chaque couloir, et chaque pièce du château, c’était vraiment une mauvaise idée de s’être marié ici, il était dans un état pas possible pour sa nuit de noce. Il regardait la jeune femme, ne sachant que faire, n’osant pas avancer plus dans la chambre, s’attendant vraiment à entendre hurler son roi, l’épisode du pâté en croûte l’avait déstabilisé, il n’arrivait pas à reprendre pied. Elle l’entendit ruminer, puis soupira et s’étendit dans le lit. Elle finit par s’endormir.

Le jeune sorcier se laissa aller contre la porte et s’assit par terre, il finit aussi par s’endormir. Il rêva: Arthur l’appelait, il courait dans les couloirs du château, puis le trouva, qui le gronda :

"Merlin, qu’est-ce que tu fais ici c’est ta nuit de noce, tu n’es qu’un idiot."

Il se réveilla en sursaut, et se rendit compte de sa bêtise, il dormait devant la porte par terre lors de sa nuit de noces, alors que sa femme l’attendait dans le lit, son roi avait raison c’était un idiot, Arthur n’était plus là, et sa femme dormait seule. Il se releva en se traitant d’idiot et alla rejoindre cette magnifique créature pleine de patience qui allait partager sa vie… Comment cette femme magnifique voulait-elle de lui ? Il se coucha près d’elle, et passa son bras autour de ses épaules, elle se retourna vers lui et ouvrît les yeux :

"Et comment un homme tel que toi veut de moi, tu as sauvé ce royaume et tu ne t’en vantes même pas, tu es incroyable…"

Il sourit, laissant sa main fureter sur ce corps magnifique qui lui était offert, la magie de leurs esprits mêlés fit le reste. Ce n’était pas leur première fois, mais là ils s'étaient mariés devant une cour royale et ils en profitèrent.

L’aube vint lancer ses premier rayons sur le couple enlacé, elle avait l’habitude des réveils en sursaut de Merlin : durant des années il s’était réveillé comme ça, c’était une sorte d’automatisme, ses premières pensées allaient à Arthur. Il se réveilla en sursaut en l’appelant, puis se rendit petit à petit compte de la réalité, il n’était plus le serviteur de personne et une magnifique créature s’étirait lascivement à côté de lui. Il la repris dans ses bras et lui dit "Bonjour cadeau", elle répondit d’une voix endormie "Bonjour gripette"; et il rit…

Puis il s’assit et se mit à réfléchir, il se demanda comment Gwen faisait pour être si forte… Hermine lui répondit dans sa tête ce qu’elle avait constaté la veille. Et lui tout haut comme à son habitude :

"Et c’est tout ? Elle tient pour son peuple ? Elle ne s’effondre jamais ? Pourquoi est-ce que je m’effondre moi ?

Elle s’assit aussi et le regarda étonnée : Tu fais ton deuil Merlin, c’est normal.

Le jeune sorcier : Gwen aussi, pourquoi moi je m’effondre ?

La jeune femme : Heu, tu l’as servi des années, tu as toujours l’impression de devoir le servir, Gwen sait qu’elle doit servir son peuple.

Lui : Tu es en train de me dire que je n’ai plus d’utilité ?"

Hermine barricada solidement ses pensées car elle était fatiguée et irritable depuis quelques semaines au réveil, elle savait pourquoi et elle n’avait pas la patience de lui expliquer ce qui se passait et de s’encaisser la mélancolie de son homme.

Merlin ne ressentit même pas qu’elle se barricada, il ne fit même pas attention au fait qu’elle lui réponde tout haut.

Hermine : « C’est ton ressenti, bien sûr que tu n’es pas inutile, d’autant que je te rappelle que la reine aimerait que tu sois son conseiller, purée Merlin conseiller de la reine ! »'

Il fut surpris par le ton de sa femme quand même, il essaya de contacter son esprit mais se fracassa tristement sur ses barrières… Il encaissa ça, et s’excusa tout penaud.

Hermine : «Je ne suis pas fâchée, je suis fatiguée, tu comprends ?

Il se rendait compte que la télépathie n’aidait pas toujours en cas de brouille dans un couple : Je crois que je suis hanté !

Elle resta interdite un moment : Comment ?

Merlin : Je n’arrive pas à lâcher prise, j’ai déjà eu des deuils, là ça ne se passe pas pareil, ce n’est pas parce que je l’ai servi des années, ce ne sont pas que des habitudes, je crois que je suis hanté par Arthur… Je ne sais pas quoi faire…»

Elle resta silencieuse un moment, elle réfléchissait, il était mélancolique, mais n’avait jamais de lubies, il était en fait très équilibré ; et son inquiétude devait être fondée, ses donnas étaient incomparables, personne ne pouvait le contredire sur la magie, elle était sans doute la seule au monde à se rendre compte de ça. Elle savait qu’il en voulait énormément aux prophéties et à l’ancienne religion, car il s’était senti piégé, et le désastre de la trahison de Mordred découlait de tout ça, sil n’avait écouté que son instinct, Mordred n’aurait jamais trahi. Il avait discuté de ça tellement de fois maintenant…

Hermine : « Il y a peut-être quelque chose à faire, tu devrais en parler à Gaïus, profitons justement que nous sommes au château."

Il soupira profondément : enfin, quelqu’un l’écoutait lorsqu’il avait un pressentiment et en tenait compte, Dieu que c’était étrange mais confortable. Il aimait cette femme plus que tout. Puis il eut un sursaut à son encontre : "Pourquoi es-tu fatiguée, tu es plutôt du matin ?

Hermine rit, déstabilisée par le changement de sujet : On s’est marié hier je te rappelle.

Il la regarda soupçonneux : Non tu es mon Hermine, il peut y avoir la fin du monde la veille, le matin tu es réglée comme une horloge, tu fais des bonds dès que le soleil pointe son nez.

Elle rit nerveusement : Quoi ? Je n’ai pas le droit d’être fatiguée le lendemain de mon mariage ?

Il l’attrapa dans ses bras en riant : Qui êtes-vous, qu’avez-vous fait de mon Hermine ?

Elle soupira : J’aimerais attendre avant de t’en parler.

Merlin rit de plus belle : On est télépathe je te rappelle, c’est difficile de se cacher des choses."

En passant sa main sur son ventre, il sentit le changement: enfin, il n’était plus obsédé par Arthur et fut attentif à la vie qui se développait au creux de sa main, les vibrations venaient jusqu'à lui, il était Emrys et se rendit compte d’un coup de son état. Il se renfrogna d’un coup, son regard s’assombrit d’un coup aussi, Hermine ne l’avait jamais vu déçu et son expression lui fit peur.

Elle ouvrit son esprit au sien mais fut surprise d’y trouver des barrières bien plus fortes qu’elle ne s’y attendait : « Merlin ? »

Il se leva sans rien dire et alla regarder par la fenêtre.

La jeune femme : « Merlin ? Mais tu boudes?

Son époux : Pourquoi ne m’as tu rien dit?

Elle soupira : Parce que je ne sais pas encore quoi faire. »

Il la regarda avec horreur, et l’horreur qu'elle lui inspira vint frapper l’esprit d’Hermine comme s'il l’avait giflée physiquement, elle pleura…

Merlin : « Noooooooon, je peux comprendre que tu ne sois pas prête pour être mère, je peux comprendre beaucoup de choses, mais je ne veux pas que tu le testes, il n’en est pas question, débarrasse-toi-en pour tout un tas de raisons, mais pas parce qu’il ne correspond pas à tes attentes, jamais !

Elle en eut le souffle coupé : Mais la malédiction ?

Lui : Je t’ai soignée!»

Il hurlait presque.

Elle : "Et s'il n’a pas de pouvoirs ou qu’il est handicapé ?

Il lui renvoya son dégout : NOOOOOOON je veux des enfants, pas des aspirations, des êtres humains que j’aimerai pour ce qu’ils sont ! »

Hermine n’avait jamais vraiment réfléchi à la maternité, elle savait juste qu’elle ne voulait pas transmettre sa malédiction, elle n’avait jamais réfléchi à la maternité sous cet angle-là, un être humain en devenir quel qu’il soit : "Peut-être… Peut-être que je ne suis pas prête alors, si je risque de ne pas le tolérer ?

Il était abasourdi et la regarda droit dans les yeux : Pourquoi ne le tolérerais-tu pas ? Tu me tolères moi, tous les matins je me réveille en criant après un fantôme…»

Elle était vraiment déstabilisée, elle ne s’attendait pas à ça, Merlin était étonnant, perdu qu’il était dans sa mélancolie, il avait pourtant les pieds sur Terre comme personne d’autre.

Elle respira à fond : « Et toi tu es prêt pour être père ? Je m’excuse, je ne pensais pas que la question de parentalité viendrait si vite après notre mariage, j’ai été prise de cours, j’aurais voulu avoir ton point de vue en fait… Je me rends compte que ton point de vue m’a manqué dans ma réflexion.

Il se radoucit : Je… Je peux attendre que tu sois prête, c’est ton corps, mais s’il te plaît, ne le teste pas, ne teste jamais mes enfants ! »

Les larmes coulaient le long de ses joues, elle avait vraiment épousé une vraie fontaine, elle se demandait comment il allait être père avec une sensibilité pareille, il allait devenir fou aux moindres bobos de ses enfants…

Il ouvrit des yeux énormes : « Je t’entends hein ! »

Elle explosa de rire et mit un moment avant de se reprendre : "Je m’excuse pour mes vieilles habitudes, Merlin; je n’ai jamais pensé devenir mère et je ne suis mariée que depuis hier ; au diable, il est là, prenons-le comme il vient, tu m’apprendras à être mère. Promet-moi juste que s'il a un handicap où une maladie, il ne souffre pas."

Il la regarda scié et ne répondit rien.

Hermine : « Promet-moi ! »

Il s’approcha de sa femme et mit sa main sur son ventre, il ferma les yeux et lui dit : "Jusque-là il ne souffre pas.

Elle sourit et lui dit : Voilà alors je te le dis, on va avoir un enfant je crois. »

Merlin eut le souffle coupé.

La jeune femme : "On attend de savoir s’il ne va pas souffrir avant de le dire au monde ?

Son époux : Tu… Tu sais que tu ne pourras pas l’empêcher de grandir et d’avoir ses peines ?

Elle mit ses deux mains sur son ventre : Laisse-le grandir d’abord ! »

Il ne put s’empêcher de rire, il rit les larmes aux yeux, petit à petit, l’idée faisait son chemin, ils allaient être parents, puis il reprit son sérieux : "Voilà, je ne peux vraiment plus être conseiller à la cour maintenant !

Hermine : Quoi ? Ce n’est pas plutôt parce que tu vois des fantômes que tu vas priver cet enfant d’une place honorable dans la société ?"

Il ne put s’empêcher de rougir avant d’éclater de rire, bien sûr qu’Hermine n’en avait cure de sa situation sociale, il venait de créer une mère, il se rendit compte qu’Hermine allait être un vrai monstre de couveuse.

Elle entendit ça et lui donna une grosse tape sur la tête : "Je t’interdis de penser que je suis une mère étouffante, va voir Gaïus avant que je ne t’étrangle."

Ils rirent encore, ils ne savaient pas si ce petit avait choisi de bons parents pour venir au monde, ils se sentaient carrément dingues, mais fous de joie.

                                                                          ***

Ils s’étaient habillés et étaient aller voir Gaïus ensembles, après l’euphorie de la révélation de leur future vie de famille, Merlin redevint mélancolique: il était inquiet de sa situation, le fait de venir à Camelot lui avait fait prendre conscience de son état, et il commençait doucement à chercher des solutions.

Le médecin leur ouvrit et fut surpris : « Mon dieu, vous êtes bien matinaux mes enfants, vous venez juste de vous marier, entrez, ne restez pas là. »

Merlin et Hermine se regardèrent bêtement lorsque le vieil homme évoqua leur mariage, et il constata que Merlin lançait un regard protecteur vers le ventre de sa femme.

Surpris il leur dit : "Mon Dieu n’allez pas trop vite ?

Hermine, qui avait capté le cheminement de pensées de Gaïus : Quoi ? Comment vous pouvez le savoir ?

Le jeune sorcier les regarda tour à tour interdit : Quoi, je n’ai rien dit j’ai barricadé mes pensées comme tu me l’as appris, Gaïus ?

Le médecin rit d’avoir vu juste : Je suis désolé, cela fait des années que je vois de jeunes couples franchir cette porte avec ce même regard protecteur, Merlin n’a rien dit Hermine je t’assure, mais si ce n’est pas votre projet, n’en parlons plus.

Elle était soufflée : Mais si c’est notre projet, mais là bon quoi, on n’a même pas la joie de l’annoncer, en plus ce n’est pas pour ça qu’on vient, je suis mariée à l’apprenti physicien, donc je pense qu’il va s’en sortir sur une question aussi simple qu’une naissance.

Gaïus ne put s’empêcher d’exploser de rire : Merlin tu as vraiment fait fort, vous ne vous êtes mariés que la veille, vous êtes sûrs de ne pas vouloir attendre un peu avant de commencer un projet pareil, vous vous sentez prêts? Il existe des herbes Hermine, est-ce que tu le sais ?

Le jeune homme : Gaïus, ça fait trois mois qu’on vit ensemble, c’est bon, et oui avec ma mère pas de problème elle est au courant des herbes, est-ce qu’on pourrait changer de sujet, parce que là le projet est vraiment frais, et comme tu le rappelles si bien, je suis marié et donc en proie aux disputes conjugales."

Hermine lui jeta un regard noir, et le médecin rit de plus belle.

Le vieil homme reprit son sérieux: « Dois-je attendre que le projet soit officiel pour vous transmettre mes félicitations ?

Hermine : Non mais c’est bon là, le projet est un peu éventé, ça va se répandre comme une traînée de poudre dans tout le château.

Le médecin prit un air faussement offusqué : Oh, dois-je te rappeler que je suis tenu au secret médical ?

Puis il rit de plus belle : N’empêche que la légende du sorcier le plus puissant de tous les temps ne va qu’en être redorée, réussir à mettre sa femme enceinte le lendemain de son mariage c’est très fort, bravo Merlin.

Merlin le regarda sévèrement : Gaïus ! »

Hermine ne put s’empêcher d’exploser de rire aussi.

Le jeune homme les regarda en secouant ses bras et dépité, puis rit de bon cœur aussi : "On va attendre un peu avant d’officialiser notre projet si tu veux bien, Gaïus.

Le vieil homme rit encore un peu avant de savoir dire : Bon, qu’est-ce qui vous amène de si bonne heure mes enfants, si ce n’est que le projet en route semble jusque-là aller bien ?

Merlin sourit bêtement en regardant sa femme : Oui jusque-là il va bien, je te remercie, à vue de nez six à sept semaines, c’est vrai qu’on a fait fort.

Elle rougit : C’est bon là ?

Le médecin rit encore puis regarda Merlin sérieusement : Et ?

Le jeune homme reprit son sérieux d’un coup : Je… Je ne vais pas bien Gaïus, quelque chose ne se passe pas comme il devrait.

Le vieil homme soupira, il se demandait quand Merlin allait se décider à se rendre compte de son état à lui : Venez-vous assoir."

Il expliqua à Gaïus que partout où il était, il continuait de se réveiller en pensent directement à Arthur, qu’ici il s’attendait d’un instant à l’autre qu’il l’appelle, il n’arrivait pas à faire son deuil, il pensait être hanté par l’esprit d’Arthur.

Le médecin soupira profondément : «Merlin, c’est vrai que j’ai constaté que tu avais des difficultés à faire ton deuil, durant dix ans, je t’ai effectivement vu t’occuper de lui comme un être cher, même la nuit il t’arrivait de te réveiller en disant que tu n’avais pas entendu le réveil, je sais que c’était ton ami, mais je dois quand même te rappeler qu’Arthur n’était pas facile à vivre et qu’il avait envahi un bonne partie de ta vie. De là à dire que tu es hanté, cela me semble excessif."

Merlin soupira.

Gaïus : «Il me semble qu’il soit possible que tu souffres d’un choc post-traumatique.

Le jeune homme regarda le médecin presque en riant : Peut-être, je ne dormais pas déjà beaucoup avant.

Le vieil homme le regarda inquiet : Je peux te donner des plantes pour dormir, mais tu les connais déjà. Merlin, je pense que tu dois parler à quelqu’un de ce que tu vis. Tu dois te rendre compte que tu n’as pas échoué.

Il détourna la tête puis regarda par la fenêtre : Qui peut entendre ce que j’ai à dire ? Personne en fait ! En fait j’ai vraiment échoué, je savais au fond de moi que Mordred n’était pas vraiment mauvais, c’est moi qui l’ais poussé dans ses retranchements. C’est comme Morgane, j’aurais dû l’aider, elle ne se serait pas donnée corps et âme à l’ancienne religion. Quelque chose cloche avec l’ancienne religion. C’est… C’est du gâchis. Et moi je suis là bien vivant… Ce n’est pas juste !

Hermine regardait l’échange, silencieuse, mais elle n’y tint plus : Tu as fait ce que tu pouvais Merlin, on ne t’a pas laissé le choix déjà. Et tu es resté intègre, tu as suivi les prophéties. Sinon la reine ne t’inviterait même pas ici !

Il ruminait : Non, Gwen m’invite parce que je suis son ami, elle ne sait pas le quart de la moitié. Je savais, je savais que j’étais dans l’erreur, je… J’ai été arrogant, je me suis reposé sur les prophéties sans réfléchir plus !

Le médecin soupira : Je ne t’ai jamais vu démarrer au quart de tour sans réfléchir Merlin, Hermine à raison tu as fait ce que tu as pu."

Il regarda le médecin avec des yeux ronds, et ne put s’empêcher de rire nerveusement : « Oui bien sûr je n’ai jamais rien fait sans réfléchir, c’est pour ça qu’on a eu de nombreux débats autour de cette table. »

Puis Il secoua la tête !

Le vieil homme : « Malgré tout, ton instinct était bon Merlin, mais tu ne peux pas te sentir responsable de choix des autres, les gens font leurs choix de vie, tu n’en es pas responsable.

Il soupira : Je… Je pense qu’Arthur me hante vraiment, je crois qu’un truc cloche Gaïus, vraiment… Parfois je peux même l’entendre…

Le médecin soupira : Que voudrais tu que je fasse ?

Merlin redressa la tête et le regarda intensément : Je veux aller aux pierres de Nemethon avec la corne.

Gaïus resta coi quelques minutes : Tu veux invoquer son esprit ?

Il se leva nerveusement : Je… Je le dois !

Le médecin : Merlin tu sais que c’est dangereux ! »

Le jeune homme les fixa tour à tour tous les deux. Le médecin soupira, ils savaient qu’il avait pris sa décision. Et Hermine le regarda pour dire : « Oui heureusement que tu ne démarres pas au quart de tour ! »




macrale  (04.07.2014 à 00:47)

Chapitre 4: Rescapé de guerre.



Arthur : Merlin cesse de traînasser, tu as encore plein de choses à étudier sans les livres de Gaïus !

Il se réveilla en sursaut, en réveillant au passage Hermine. Il s’excusa tout penaud, Hermine avançait dans sa grossesse, elle était radieuse, mais fatiguée. Elle le regarda à moitié endormie, habituée à son sommeil agité, elle sourit et le prit dans ses bras… Un peu comme on console un enfant, mais il se laissait faire, c’était bon d’entrer en contact avec, même si son esprit était à moitié endormi. Instinctivement, il mit sa main sur le ventre de sa femme pour voir si elle et l’enfant se portaient bien.

Merlin traînassait au lit…Chaque fois qu’il « l’entendait », il était profondément déstabilisé ; et lorsqu’il se déstabilisait, un pouvoir qui ne lui plaisait pas trop prenait le pas… Il avait des visions du futur, ou d’un futur hypothétique, il pouvait rebondir ainsi entre ses pensées, celles d’Arthur et ses visions qui ne voulaient vraiment pas dire grand-chose… Il se sentait lourd, presque handicapé, ça lui empoisonnait toute une partie de sa vie… Un soir qu’il était à table dans leur chambre de Camelot, pas très attentif aux conversations des femmes, et complètement perdu, il entendit Arthur :

"Merlin j’en ai marre que tu ne manges que de la soupe des racines et des graines, qu’est-ce c’est que ça pour un régime ! Je suis coincé là avec toi et sans corps c’est déjà pénible, mais j’aimerais juste un peu sentir l’odeur d’un bon pâté en croûte, où d’un poulet rôti !"

Il le fit taire en le barricadant fermement, histoire de pouvoir émerger un peu dans la réalité.

Sa femme qui ressentit son malaise lui prodigua une caresse sur le dos, mais il ne la sentit même pas. Hermine se résigna, il allait sans doute devenir complètement fou, après tout ce qu’il avait vécu et la puissance de ses pouvoirs, ce n’était pas une surprise. Elle l’aimait tel quel, comme avec ses enfants, elle ferrait avec.

Arthur : « Juste une toute petite cuisse de poulet, je pourrais sentir ça jusqu’ici, enfin tu crois que c’est drôle d’être perdu ici avec un idiot qui s’apitoie sur son sort ? »

Il se releva brusquement et contraignit son roi derrière des barrières psychiques plus costaudes ; ses pensées rebondirent encore un peu sur des images erratiques de futur qui n’en étaient pas… Il vit une Morgane jeune, ça n’avait pas de sens… Il ressentit quelques chose dans son esprit qui menaçait de se réveiller, quelque chose qui devait rester derrière des barrières…Il se prit la tête à deux mains : "ça ne peut pas durer comme ça, je dois faire quelque chose, je deviens vraiment dingue". Il secoua la tête et regarda tristement les femmes, sortit de la chambre en prenant sa veste et partit. Hunith et Hermine l’avaient interrogé, mais rien n’en sortit!

Il s’enfonça loin dans la forêt, c’était trop, Arthur, les visions et… Et il se souvint que lorsqu’il avait tué Morgane, quelque chose s’était passé…

Arthur très inquiet pour son ami : "Je te l’avais dit d’en parler à Gaïus, Merlin, ce n’est pas normal tu deviens fou, tu ne peux pas devenir fou, j’ai besoin de toi pour accomplir ma tâche."

Comment avait-il pu oublier ce qu’il s’était passé ? Ça dépassait son entendement, mais là ça revenait… ça revenait dangereusement.

Merlin s’écroula la tête contre un arbre, sa tête pulsait de tas de pensées parasites qui étaient devenues un brouhaha qui assourdissait tout le reste, il avait bien conscience de devenir fou, il pensait même à en finir. Il avait vainement tenté de se raccrocher au réel, mais « ça » plus Arthur et les visons c’était trop. Il ne savait même plus pleurer sur le fait qu’il abandonne femme et enfant… Il ne le savait pas, mais il avait survécu à quelque chose à laquelle on n’est pas censé survivre lors de la dernière bataille qui mit fin à la guerre. Il tenta de mettre sa dernière concentration sur l’âme de l’arbre, les arbres avaient une âme, ils vivaient au ralenti, et il s’était rendu compte que communiquer avec eux le détendait. Le vieil être honorable qui en avait vu d’autres fit ce qu’il put pour apaiser cet esprit tourmenté qui l’appelait.

Arthur, vraiment très inquiet, presque sanglotant : « Je te l’avais dit Merlin, fais quelque chose ! »

Celui-ci, qui avait retrouvé un semblant de concentration, s’entendit hurler, mais sa voix intérieure était assourdie par les visions qui s’arrêtaient sur un visage… Une Morgane enfant, ça n’avait aucun sens, et ça détruisait les barrières psychiques qu’il avait péniblement construites autour de « son problème »… Il souffrait bien d’un traumatisme de la guerre ; les barrières cédèrent et laissèrent rentrer un flot de pensées lugubres… Il s’effondra, il allait mourir, il aurait dû mourir ! Il se souvint alors, avec ce qu’il lui restait d’âme de ce qu’il avait fait…

Lorsqu’il avait tué Morgane, alors que celle-ci mourrait, son esprit était rentré en contact avec, Merlin avait voulu lui dire à quel point il était désolé ; c’était de sa faute si elle était devenue folle, il aurait dû l’aider il le savait… Ce qu’elle était devenue était en partie de sa faute ! Lorsqu’il avait enfoncé l’épée, il s'était souvenu de cette Morgane qu’il aimait comme une sœur et qui perdait pied avec ses propres visions.

Elle fut infiniment touchée par sa tendresse et le remercia en l’embrasant psychiquement, elle comprenait sa folie et qu’elle devait mourir, elle fut désolée de mourir par sa main. Car elle qui avait étudié l’ancienne religion savait qu’elle allait l’emporter ainsi sans le faire exprès, et elle aussi l’avait aimé comme un frère. La guerre et la lutte pour le pouvoir n’étaient finalement qu’une chose absurde qui entrainait fatalement vers l’échec de tous les partis en cause… Quelque chose clochait avec l’ancienne religion, étaient-ils tous destinés à devenir des fous furieux ? Ça avait toujours été la crainte de Morgane aussi…

Elle était morte en emportant une partie de l’âme de Merlin avec, ça aurait dû le tuer, un télépathe tuant un autre en étant en contact avec, était emporté dans la mort… Mais il ne le savait pas, il voulait juste s’excuser de son geste à la Morgane qui avait été comme sa sœur, de devoir en arriver là… Il avait senti un gouffre se former dans son esprit avec la mort de Morgane… Comme un vortex de pensées vers un trou noir et sans fond. Merlin savait qu’il lui arrivait une chose aussi terrible que le baiser du dorochas et qu’il n’en sortirait pas indemne sur le moment même… Il se sentait partir alors que le corps sans vie de Morgane s’effondrait, et là il entendit une toute petite voix fatiguée…

« Tu l’as fait Merlin, tu as mis fin à la guerre. »

Dans un effort surhumain, il avait barricadé l’énorme trou noir, parce qu’il fallait sauver Arthur… Sauver son roi l’avait sauvé, même si finalement celui-ci avait péri… Voilà c’était la suite logique de son échec, il mourrait à retardement, ou alors il avait rêvé qu’il avait une femme qui attendait son fils pour adoucir sa courte vie…

Merlin s’effondra par terre, en hurlant tout haut, il ne s’en rendit même pas compte, il se laissa mourir… Arthur hurla aussi en le secouant mentalement… Un processus de défense de dragon‘s lord se mit en branle sans qu’il ne s’en rende compte, perdu dans l’affreux vortex de pensées noires…

Sa voix faible sortit de son corps pour émettre l’appel du dragon… Si Merlin avait encore été conscient il aurait ri, quel dragon ? Il n’y avait plus que cette pauvre chose handicapée et torturée encore en vie… Mais il n’était presque plus, son âme calée dans les souffrances de la mort de sa presque sœur.



                                                                                ***



Merlin s’éveilla, il était près du lac d’Avalon, il vit un éclair blanc dans son champ de vision… Aithusa le regardait, la tête penchée…

Arthur : « Ah il était temps que tu émerges, tu m’as vraiment fait peur, Merlin, mais tu ne peux pas me laisser, c’est ta destinée. »

Merlin le chassa comme une pensée parasite, la vision de la Morgane enfant aussi il la chassa… Sa tête était presque claire mais il avait un mal de tête abominable et vacilla lorsqu’il se leva : « Aithusa ? »

Elle avait grandi, elle ressemblait un peu plus à une dragonne, ses cornes apparaissaient… Malheureusement, sa patte restait perdue et terriblement tordue… Elle ne semblait toujours pas parler. Ses ailes avaient une drôle d’inclinaison aussi.

La jeune dragonne secoua la tête, puis elle émit timidement des pensées : « Morgane l’aurait voulu, c’était mon amie aussi. »

Il lui caressa le museau, puis elle frotta sa tête contre lui comme un gros chat.

Le jeune sorcier : « Qu’as-tu fait ? »

La dragonne lui ouvrit son esprit, elle avait pris le tourbillon de pensées en elle; elle le barricada fermement en sentant Merlin frissonner.

Le jeune homme : « Oh qu’as-tu fait? »

Il explora son propre esprit et ne sentit plus qu’un genre de cicatrice à l’endroit du vortex ; mais une partie de lui-même était partie avec Morgane.

Aithusa secoua sa grosse tête et lui montra sa patte.

Il rit : « Voilà, on est deux rescapés de guerre »

Il lui prit la tête dans les bras dans un geste de tendresse spontanée qu’il n’aurait jamais osé faire avec Kilgharah.

La dragonne ne parlait pas encore beaucoup, il la ressentit comme un gros bébé, elle allait vivre très longtemps et avait encore beaucoup de choses à apprendre, mais voilà qu’au début de sa vie les humains ne lui avaient appris que la souffrance, et elle était seule au monde.

Il pleura sur elle et ce qu’on lui avait fait et se promit de ne jamais l’appeler à l’aide.

Elle frotta encore sa grosse tête contre Merlin comme un petit chat, elle émit : "Les humains… ont aussi de l’amour…" Et partagea des images de tendresse entre elle et Morgane, et Merlin qui la mit au monde et qui la sauva plus d’une fois, et là qui pleurait sur elle en l’enlaçant tendrement.

Merlin resserra son étreinte et entendit la pensée de la dragonne : "Amie Morgane, repose en paix, avec une partie de nous."

Merlin rit : «Tu as une grammaire affreuse.» Mais il ne relâchait pas son étreinte ni ses larmes… « Merci, merci pour elle ! Si tu as encore besoin d’amour tu sais où me trouver ?

Aithusa : Oui, autre… besoin amour toi.»

Il resta interdit.

Elle lui montra le visage d’Hermine et lui envoya des pensées de dragons incompréhensibles, puis: "Va elle t’attend.

Arthur : Oui elle t’attend.

Merlin : Oh mon Hermine, je t’ais abandonné enceinte !"

La dragonne lui envoya de douces pensées berçantes et s’envola.

Merlin se retrouva seul avec ses visions incompréhensibles et la voix d’Arthur dans sa tête au bord du lac d’Avalon et son horrible migraine qui lui donnait des nausées : "C’est bien, je fais comment pour la rejoindre maintenant ?"

Sa voix était rauque, il était malade, Aithusa n’était vraiment encore qu’un bébé, elle avait guéri ce qu’elle pouvait.

Arthur : «Marche gros nigaud ! »

Il le barricada sans trop de problèmes, ses visions aussi en fait, il y avait juste eut un truc en trop ; Merlin allait souvent être au bord de l’embolie psychique, il y avait longtemps que l’Ancienne religion avait oublié ce que c’était. Mais il ne devenait jamais fou, ses amis veillaient toujours.

Il se mit péniblement en marche vers son périlleux retour, il se jeta un sort de guérison qui n’eut qu’un effet incertain parce qu’il était épuisé… Mais il ne pensa pratiquement plus qu’à Hermine et ça lui donna un peu de force.

La nuit tombait, il trébuchait de plus en plus, à un moment donné il tomba en se disant dormir un peu, bien qu’il n’eut pas une bonne toux et que ce n'était surement pas une bonne idée de s’endormir comme ça dans une nuit froide.

Il sentit des babines lui toucher la joue, avec un souffle : « Brrr ».

Il ouvrit les yeux et vit un cheval.

Merlin de sa voix toute cassée : «Qu’est-ce que tu fais là toi ? Tu t’es perdu ? Ça m’arrange en fait, aide-moi on retrouvera ton propriétaire plus tard."

Il se redressa péniblement en s’accrochant aux crins de la bête qui n’avait pas meilleure allure que lui, à bien y regarder. Il monta sur son dos, et se laissa aller, le cheval savait exactement où aller.



                                                                             ***



Hermine était chez la reine, on avait fait chercher son époux partout mais en vain. Les ragots dans le palais la suivaient à chaque recoin où elle allait: elle avait été abandonnée enceinte par un lâche. Elle retenait ses larmes, elle savait que Merlin ne l’aurait jamais abandonnée s’il n’avait pas été mal lui-même. Elle avait juste peur pour lui: avait-il perdu la raison, était-il en vie… Chaque fois qu’elle essayait de rentrer en contact avec, c’était l’échec.

Un garde déboula dans la salle de réunion essoufflé : "Dans la cour, un sans-abri demande Dame Hermine que fait-on ?"

La jeune épouse fit de gros yeux puis sentit l’esprit de Merlin très faible, elle se leva d’un bon en criant après Hunith…

Gwen la suivit…

Les trois femmes arrivèrent dans la cour, devant ce triste spectacle d’un cheval en très mauvais état qui portait une masse informe de vêtements ou ce qui avait dû en être…

Une voix faible sortit de la masse informe : «Hermine, je ne t’abandonne pas, jamais je te le jure, je m’excuse… »

La respiration sifflante fit vraiment peur aux femmes…

Gwen : «Allez chercher Gaïus !

Merlin baragouinait : Je m’excuse Hermine je suis là je t’assure.

Arthur : C’est bon elle t’entend arrête de te lamenter maintenant, oh pitié donnez-lui du pâté en croute, un morceau de poulet, j’ai faim aussi !"

On fit le monter dans le cabinet de Gaïus, et il pestait : «Je vais bien ! »

Sa femme arriva dans le cabinet : « Cesse de dire que tu vas bien et explique-moi ce qui se passe à la fin!»

Elle hurlait presque.

Hunith s’affairait avec Gaïus pour le soigner et le changer…

Il regarda sa femme, étonné par le ton de sa voix : « Morgane… »

Il ne put pas continuer et partit dans une quinte de toux.

Gaïus et Hunith se retournèrent pour écouter…

Hermine le regard noir : "Quoi Morgane ? Elle est morte !

Merlin, qui reprît comme il put sa respiration: Oui je sais qu’elle est morte c’est moi qui l’ai tuée!

Son épouse s’arrêta net : Quoi ?»

Merlin détourna le regard, il n’osa regarder personne: «Elle… Elle allait tuer Arthur… Je savais que seule l’épée du roi pouvait la tuer… C’est moi qui l’avais en main… Je…" Il baissa les yeux : "J’ai essayé de faire ça vite, même si j’avoue j’étais en colère…"

Il repartit dans une quinte de toux…

Le médecin arriva avec un onguent, mais Hermine l’écarta: "C’est bon qu’on en finisse…"

Elle lui jeta un sort de guérison, juste assez petit pour qu’il ne s’endorme pas.

Gaïus et Hunith furent surpris par sa colère.

Le jeune homme respirait déjà mieux : « Quand je l’ai… Tuée…

Il inspira l’air qu’il ne trouvait pas en suffisance !

Hermine hurla : «Tu n’as pas fait ça ?

Merlin la regarda surpris: Quoi ? Si je n’arrête pas de le dire ?

Elle avait le regard noir de colère en le secouant : Tu étais en contact télépathique avec elle ?

Il sanglotait: Je voulais m’excuser de ne pas l’avoir aidée avant d’en arriver là, il s’est passé un truc je ne sais pas quoi…»

Hermine hurlait et Gaïus aussi émit un cri de surprise…

Le médecin s’approcha en repoussant doucement la jeune femme et tâtant le front de son patient : "Merlin, ce que tu dis n’a pas de sens tu devrais être mort ?

Son épouse ruminait dans son coin : Les dorochas ne t'ont pas tué, mais ils t’ont rendu fou… Comment cette histoire ne ressort-elle que maintenant ?

Merlin regarda respectivement sa femme et Gaïus : Je ne savais pas, je ne savais pas! Personne ne m’a rien appris sur l’Ancienne religion à part des livres de sorts ! »

Le vieil homme soupira !

Le jeune sorcier : « Je ne sais pas pourquoi maintenant, c’est à cause de la vision ! »

Hermine voulut explorer les pensées de son époux mais celui-ci se barricada, elle était estomaquée par la puissance de ses barrières, ainsi donc il avait réussi à barricader la mort de Morgane et lui avait caché ça !

Elle fulminait : « Tu aurais dû nous le dire nous t’aurions aidé, quelles visions ?

Il respirait mal, malgré la barrière il s’encaissa la colère d’Hermine: Je vois Morgane jeune et je n’y comprends rien, j’entends Arthur, et je suis à moitié fou parce que j’ai tué une puissante sorcière en étant en contact avec, comment veux-tu m’aider alors que tu es enceinte jusqu’aux yeux… Qu’est-ce que tu veux faire pour moi je suis un poids mort !"

Il avait hurlé autant que sa voix rauque le lui permettait; et Hunith qui assistait à la scène en retrait émit un cri étouffé en comprenant ce que son fils endurait.

La jeune femme était encore en colère : "C’est irresponsable, tu aurais dû me dire que tu avais des visions du passé, et que tu avais un trou noir à la place de la tête !

Le jeune homme se redressa, l’adrénaline de la dispute lui donnait un peu de force : Je ne savais pas, je ne savais même plus ce qu’il s’était passé quand j’ai l’ai tuée, je ne savais pas que j’avais des visions du passé… Et je ne vois pas comment on peut parler de ça: j’ai tué une puissante sorcière que j’avais considéré comme ma sœur pour sauver mon roi qui est quand même mort, tiens à propos je suis à moitié fou, on fait un enfant ?"

Merlin voulut se lever, mais Gaïus l’en empêcha, et il se recroquevilla dans ses couvertures pour ne plus voir Hermine ni personne.

Le médecin : « Heu, si je peux me permettre ce n’est peut-être pas sur ce ton-là que nous allons pouvoir aider qui que ce soit.

Hermine se retourna vers la fenêtre, honteuse d’elle et dit tout bas : J’aime un homme qui est sans doute rendu cinglé par la guerre et qui m’a dit de ne pas tester mes enfants pour ne pas choisir et aimer ce qui vient. J’aime cet homme même s'il n’est plus que la moitié de lui-même et qu’il est hanté, parce que simplement je l’aime tel qu’il est !"

Il ne bougea pas mais il pleurait.

Sa femme : "Je suis déçue que cet homme ne me dise pas de quoi il souffre par manque de confiance dans l’amour que j’ai pour lui !"

Il y eut un silence lourd et pesant pour le médecin et sa mère…

Merlin ouvrit ses barrières mentales à sa femme : "Je t’assure que j’avais oublié qu’il s’était passé un truc avec Morgane, ça m’a pris par surprise quand j’ai eu la vision d’elle jeune, c’est comme si une barrière que je ne me souviens pas d’avoir mise en place s’était effondrée d’un coup. Je ne savais pas quoi faire…"

Le médecin dit tout haut à Hunith: « Ils règlent ça dans un autre langage. »

Elle hocha la tête.

Hermine explora l’esprit de Merlin et fut étonnée de le trouver sain d’esprit à part quelques pensées parasites, Arthur, un visage d’enfant… Et une cicatrice.

Elle dit tout bas : «Tu t’es soigné du trou noir laissé par un mort ?

Son époux : Non je n’ai rien fait, je croyais que j’étais mort, c’est Aithusa.

Elle se rapprocha de son homme et parla tout haut : Aithusa est en vie, elle t’a soigné?

Merlin à voix haute aussi : Elle a fait ce qu’elle a pu, c’est comme un bébé qui a perdu toute sa famille, elle m’a dit que tu avais besoin de moi !

Sa femme surprise : Tu l’as sans doute appelée sans te rendre compte, tu ne cesseras jamais de m’étonner Merlin… On n’est pas censé survivre à ça, la mort d’un sorcier en étant en contact télépathique avec, comment as-tu pu construire de telles barrières télépathiques pour masquer le trou noir dans ta tête, alors que tu n’avais que peu pratiquer la télépathie?

Il haussa les épaules : Je ne sais pas je ne m’en souviens pas !

Hunith: Merlin a des visions du futur depuis toujours, il aurait dû devenir fou depuis longtemps, j’imagine qu’il a dû entraîner ses barrières avant sa télépathie.

Il regarda sa mère : Je n’ai pas des visions depuis toujours… Si? Je ne me souviens pas de tout ! Est-ce que je suis fou depuis toujours ? ‘Faut l’être peut-être pour suivre une prophétie…

Gaïus leva les yeux au ciel: Mais non Merlin tu n’es pas fou !

Le jeune homme regarda sa femme tout penaud : Je m’excuse, je ne savais pas, je ne voulais pas partir, j’ai juste cru… Que j’étais mort ! »

Hermine s’effondra en larmes, toute l’attente angoissante lui revient dessus comme un boomerang : "Moi aussi j’ai cru que tu étais mort Merlin, je ne voulais pas te crier dessus, je ne comprenais pas que tu refuses mon contact."

Il réussit quand même à se lever à moitié en sous-vêtements pour aller rejoindre sa femme, malgré Gaïus qui essayait de le tenir au lit : « Je m’excuse Hermine, je suis là, je suis là ! »



Gaius et Hunith soupirèrent et laissèrent un peu d’intimité au couple !

Il finit par dormir bien deux jours et se soigna seul, il ne comprit qu’à ce moment-là aussi qu’il avait contracté une pneumonie, et n’osa rien dire à Hermine qui-là n’était pas dupe.

Son retour fit taire les ragots, on le regardait comme un sorcier qui avait besoin de se ressourcer… Ou qui devait faire des trucs secrets en forêt !

Le cheval fut soigné, bien qu’on ait voulu l’abattre, mais Merlin ne voulut pas, il fallait retrouver ses propriétaires. Les propriétaires ne réclamèrent jamais l’animal de peur d’être jugés de l’état où ils avaient laissé celui-ci… A part quelques cicatrices, il s’avéra qu’il s’agissait d’une splendide monture, et on la lui offrit.



L’épisode finit par être oublié, et quand il avait du mal avec ses pensées parasites il en informait sa femme et s’isolait quelques jours en forêt; cela finit par devenir normal aux yeux de tous !

Hermine, elle, poursuivait son activité à la cour, elle aimait suivre les réunions diplomatiques, elle apprenait.



Le jeune sorcier, lui, poursuivait ses recherches à propos de la magie des pierres de Nemethon… Rien n’avançait à propos d’Arthur! Parfois, les pensées parasites le handicapaient, mais il travailla ses barrières psychiques.

Il travailla aussi sur un autre projet qui envahissait le laboratoire de Gaïus qui soupirait de le voir partir, d’après lui, dans tous les sens.

Le médecin n’y tint plus et lui demanda un jour ce qu’il faisait avec tous ces œufs !

Le jeune homme rit et lui montra: il rentra en contact avec l’esprit de Gaïus et lui montra au sens propre la vue du fœtus de poule qui se nichait dans un œuf fécondé.

Le vieil homme vit le fœtus vivant et pouvait voir les couches de tissus, son cœur battre, son tissu cérébral se mettre en place : "Merlin comment fais-tu ça c’est incroyable ?

Celui-ci secoua les épaules: C’est ce que j’arrive à voir quand j’examine un patient, je voulais voir si cette magie ne mettait pas en danger le développement d’un bébé, j’ai pris des œufs de poules fécondés. Et puis, j’ai même pu soigner quelques futurs poulets malades… Hermine m’a demandé de surveiller notre bébé pour qu’il ne souffre pas de maladie, alors j’ai mis la technique au point.

Gaïus : Incroyable, on voit tout, ça marche aussi sur des adultes blessés ?

Le jeune homme hocha la tête.

Le vieux médecin s’imagina les applications de la technique et demanda : Comment appelles-tu ça ?

Merlin : Heu, je n’avais pas songé à un nom, c’est comme lorsqu’on sonde la neige où la profondeur d’une rivière avec un bâton, on s’enfonce dans les couches de tissus, pour « voir » ce qui se passe…

Le vieil homme : sonder !

Le jeune homme rit : Oui si tu veux. C’est sans danger pour les bébés qui ne sont pas encore nés, je me demande si je ne vais pas montrer à Hermine, elle a des dons de guérisseuse aussi et après tout c’est son bébé et son corps; et puis je ne suis pas toujours présent… S’il arrive quelque chose, elle saura quoi faire."

Le médecin regarda le jeune sorcier : « Alors tu sondes ton propre enfant ? C’est comment ? »

Il eut une expression de père attendri.



                                                                          ***

Le soir au fond de son lit, il attendit que les pensées de sa femme soient moins embrumées de conseils diplomatiques en tout genre… Il la prit dans ses bras et lui dit en pensée: "Hermine, je voudrais te montrer quelque chose.

Elle : Mmh je suis fatiguée Merlin, ça ne peut pas attendre ?

Son homme : Demain, tu partiras encore en salle de conseil alors que je dors encore, on ne se voit pas souvent en ce moment.

Hermine : C’est un reproche ?

Il rit : Non tu fais ce dont tu as envie, qui suis-je pour te dire quoi faire ?

Elle avec un sourire coquin : C’est vrai que tu me manques un peu aussi."

Elle se lova contre lui, il fallait qu’il garde tout son calme pour lui montrer ; et sur le moment même il eut bien du mal.

Elle l’entendit et se lova encore un peu plus…

Son époux ne put que rire encore : «Non sérieusement je veux te montrer quelque chose…

Hermine toute émoustillée aussi : Maintenant tu es sûr?

Merlin : Si jamais je ne suis pas là et qu’il y a un souci avec l’enfant…"

Ça les refroidit tous les deux d’un coup.

La jeune femme : «C’est toi l’apprenti physicien, moi je suis apprentie diplomate, que veux-tu que je fasse ?

Il soupira: Bon tu as des donnas de guérisseuse aussi, j’en ai déjà profité donc ne me dis pas le contraire."

Hermine soupira.

Il lui dit : «Tu es prête ? »

Il posa ses mains sur celles de sa femme qu’il posa sur le ventre bien rempli et montra comment « sonder » à sa femme…

Celle-ci, ne comprenant pas trop ce qu’elle voyait au début, finit par voir des veines où battait du sang…

Hermine : « Oh je vois dans mon ventre ?

Merlin : Oui. »

Elle se tut et regarda, ils s’enfonçaient couche après couche avec des pensées qui agissaient comme une sonde, et elle le vit pour la première fois…

Elle vit ce minuscule bébé lové dans son propre ventre, l’émotion était indescriptible, son visage était parfaitement formé et on voyait des sourires passer dessus, il sentait le contact de ses parents… Puis il toussa, ou recracha elle ne savait trop, il baignait dans l’eau ; puis une expression un peu fâchée de ce dérangement il prit son pouce… Elle put bien le voir et comprit que c’était un garçon !

Il laissa passer l’élan de tendresse de sa femme puis lui montra les différents tissus et leurs différentes fonctions chez le bébé, sa poche d’eau, le cordon… Le bébé finit par se rendormir au doux contact de ses parents, ça ne l’intrigua pas plus que ça !

La jeune mère : «C’est incroyable, c’est minuscule et pourtant c’est un bébé tout formé.

Son homme: Oui heu au tout début c’est bizarre, mais ça ressemble très vite à un bébé.

Elle : Comment tu appelles ça ?

Lui : La technique ? Gaïus appelle ça le sondage.

Elle : C’est lui qui t’a appris ?

Il haussa les épaules : Non j’ai toujours « vu » les tissus, j’ai mis au point, parce que tu m’as demandé de surveiller le bébé pour qu’il ne souffre jamais.

La jeune femme : Incroyable, ça ne lui fait rien au bébé ?

Lui : Non, j’ai vérifié sur des œufs de poule fécondés avant ! J’en ai même opéré.

Elle : Incroyable, tu ferais un grand médecin.

Il rougit : Je ne sais pas, on peut l’enseigner à celui qui a un peu de magie."

Elle regarda encore un peu son fils dormir, elle était émue aux larmes, puis se rendit compte qu’elle n’était plus seule et qu’inexorablement cette petite chose grandissait en son sein.

Merlin laissa ses mains courir sur le corps de sa femme, c’était finalement plus fort que lui, et elle arrêta doucement son sondage pour se retourner vers lui… Ses pensées sur l’enfant la surprirent un peu, mais elle se laissa distraire par les douces caresses et la nuit ne fit que commencer… A un moment donné, elle interrompît son homme qui était parti dans un élan sensuel pour lui dire : "Mon dieu c’est trognon, il a tes oreilles" et elle explosa de rire…

Merlin voulut s’indigner mais elle ne lui en laissa pas le temps en le caressant encore… Ils cessèrent de penser.


macrale  (11.07.2014 à 09:06)

Chapitre 5 :

Sans But.



La petite famille finit par prendre congé de la cour, Merlin avait fait le tour de la bibliothèque à propos de ses recherches, et Hunith s’ennuyait de sa maison. Gwen savait qu’elle ne pouvait pas le retenir indéfiniment, il ne voulait pas devenir conseiller. Merlin ne savait pas trop ce qu’il allait faire de sa vie finalement. Il voulait juste rentrer chez lui, il avait bien souffert d’un traumatisme de guerre et voulait juste se reposer et profiter de cette magnifique femme qui s’offrait à lui.

La magnifique femme, elle n’osa pas dire que finalement, après avoir passé une bonne partie de sa vie en forêt elle avait aimé gouter aux joies de la cour… En fait, elle était douée pour la diplomatie et s’entendait vraiment bien avec Gwen. Bien sûr qu’elle fut bonne diplomate, c’était une puissante télépathe… Elle savait entendre les pensées les plus fortes des non télépathes, elle savait quand ils mentaient.

La reine soupira en laissant partir ce couple si précieux pour elle dans son cœur mais aussi si doué…

Mais le jeune sorcier lui dit que si jamais elle avait besoin d’eux, il n’était pas si loin et restait disponible. Juste qu’il était perdu, il ne se voyait pas prendre de telles fonctions, dans un monde sans Arthur, un monde sans avènement d’Albion. Il avait fait assez de bêtises comme ça en conseillant son roi, et ne se sentait pas apte à réitérer le coup.

Sa femme lui cacha sa frustration, elle aussi ne savait pas de quoi son avenir était fait; et finalement elle se sentit piégée de se retrouver mère de famille si vite… Elle aurait finalement voulu avoir plus de temps pour elle et chercher ce à quoi elle aspirait dans la vie. Heureusement que Merlin était cycliquement perdu par ses pensées parasites et qu’il n’entendit pas ça, elle eut peur de le décevoir, du fait qu’après avoir pris la décision de devenir mère, elle eut finalement des regrets… Tout le monde l’avait félicitée pour son état, comme si c’était une fin en soi, mais personne ne lui dit que le bonheur n’était pas quelque chose d’automatique et qu’on pouvait avoir des regrets. Bien sûr, elle était heureuse d’être sa femme, elle l’avait attendu assez longtemps, mais n’y avait-il rien d’autre dans la vie ? Inexorablement, le bébé grandissait en son sein et quelque part, elle se sentait piégée vers une vie de famille bien réglée… C’était compliqué finalement d’être femme. Sa maman lui manquait plus que d’habitude.



                                                                              ***



Merlin était parti aux pierres de Nemethon seul, sans rien dire à personne, comme il partait parfois. Cela n’inquiéta personne. De toute façon, Hermine n’était pas en état ni pour le voyage ni pour ce qui risquait d’arriver si cela se passait mal.

Tôt le matin, alors que les brumes commençaient à se lever donc, il invoqua l’esprit d’Arthur en soufflant dans la corne. Il traversa le voile et fit bien attention de ne jamais se retourner… Il erra parmi ce monde étrange et blafard et ne trouva jamais Arthur.

Il allait quitter cette étrange ambiance quand quelqu’un lui dit bonjour dans son dos.

« Bonjour Merlin que fais-tu ici ? »

Il eut les larmes aux yeux et faillit se retourner l’espace d’un instant: "Gauvain?

Gauvain : Oui Merlin, tu ne devrais pas être ici.

Le jeune sorcier : Je cherche Arthur.

Le chevalier : Tu sais qu’il n’est pas ici.

Il fut surpris et faillit vraiment se retourner : Où est-il ?

Gauvain : Je suis déçu que tu ne m’ais pas dit que tu es sorcier, toi seul sais où est Arthur.

Merlin pleurait : Si je te l’avais dit tu m’aurais tué.

Le chevalier rit : C’est bien possible, mais tu étais mon ami. S’il te plait, dis à Perceval qu’il ne se sente pas responsable de ma mort, il doit vivre sa vie et se marier avec une gentille petite. Au revoir Merlin.

Merlin soupira : Je lui transmettrai, au revoir Gauvain, tu es mon ami aussi."

Il se retrouva seul dans le monde des vivants au pied des pierres de Néméthon, même là il n’osa pas se retourner.

Ainsi donc c’était vrai, l’âme d’Arthur n’était pas de l’autre côté du voile. Il frissonna.

Cette nuit-là il rêva, Arthur vint lui parler : «Cesse de me chercher chez les morts tête de mule je ne suis pas mort.»



                                                                                    ***



Le matin il émergea, il ne se levait plus jamais tôt, c’était comme si quelque chose était cassé en lui, il ne se sentait pas d’une grande utilité, mais n’osait aborder la question avec personne. Hermine, elle, était déjà partie faire sa journée depuis un bon moment…

Hunith avait voulu qu’ils restent encore un peu vivre chez elle, ça lui avait paru naturel; mais il avait préféré poser la question à Hermine au cas où… En fait la mère et la belle-fille s’entendait fort bien, et sa femme avait pleuré de joie : "Je vais avoir une vraie maison ?"

Il avait ri à sa remarque : "Oui une vraie maison «triste» et «pauvre». "

Sa maman lui avait donné une tape, plus pour faire dire, en riant, sachant que son espiègle fils plaisantait. Et c’est ainsi que naturellement, ils avaient pris quartier chez Hunith qui était bien trop contente de ne pas finalement finir sa vie seule.

Il alla vers la fenêtre pour caresser le borgne qui paressait sur l’appui de fenêtre dans un rai de soleil : "Salut toi, tu es aussi inutile que moi…" Il rit.

Le borgne se retourna paresseusement et le regarda droit dans les yeux comme seuls les chats savent le faire pour signifier que lui au moins chassait les souris. En tous cas, ce fut l’impression qu’il lui laissa.

Les femmes étaient à leurs tâches bien sûr, et il fut un peu perdu et ne sut d’abord que faire. Il s’assit sur le seuil de la maison et prit un panier en confection. Machinalement, s’occuper les mains l’empêchait de trop penser. Et il attendit le retour des femmes.

Le soir, le Vieux Jonnas qui passait par là après avoir été fait paitre ses bêtes vint s’assoir à côté de lui.

« Bonjour gamin. »

Merlin sourit : «Bonjour Jonnas »; bien qu’il n’eut pas trop envie de parler.

Son voisin : "Est-ce que je peux m’entretenir un peu avec toi?"

Le jeune homme le regarda sans rien dire.

Le vieux berger : "Bien, qui ne dit mot consent, fais-moi donc une tisane", il lui donna une tape amicale sur l’épaule.

Il inspira, fit rentrer son voisin et fit deux tasses de tisanes, il lui proposa des pommes et des biscuits aussi.

Le berger: "Je n’ai pas encore eu beaucoup le temps de te parler depuis ton retour de la guerre. Sache que certains jasent dans le village parce que tu ne fais pas grand-chose; mais nous sommes plusieurs à les avoir remis en place. Que veux-tu, ce sont de jeunes gens impétueux. Sache que tu as fait assez comme ça pour instaurer la paix, et que si tu veux prendre ta retraite tu en as le droit. Nous pourvoirons à ce que tu ne manques de rien, toi et les tiens.

Le jeune homme se mit à tousser : Heu Jonnas c’est vraiment aimable de ta part, mais je ne vais pas passer le reste de ma vie sans rien faire, je suis encore jeune…" Il rit nerveusement.

Jonnas soupira: « Je suis un vieil homme Merlin, j’ai déjà vu bien des fois des regards comme le tien, ce sont des regards hantés par les horreurs de la guerre. Tu dois prendre le temps qu’il te faut pour te remettre. »

De nouveau, il encaissa le choc en toussant, et regarda son voisin en souriant et sans savoir que répondre.

Sa mère entra à ce moment-là, et dit un «Bonjour Jonnas » jovial.

Le berger : « Hunith comment vas-tu aujourd’hui ? Je suis venu m’entretenir avec Merlin de ce que tu sais."

Le fils regarda sa mère bizarrement, elle était au courant ?

Hunith: "C’est bien aimable de ta part, Jonnas." Elle lui rendit son sourire. "Oh je vais bien je te remercie, on ne rajeunit pas mais je vais bien.

Le jeune homme : Maman je ne vais pas passer le reste de ma vie sans rien faire ?

Elle regarda son fils, souriante : Tu pourrais, tu as assez fait pour cette communauté, plus que tout le monde ici.

Il rit encore nerveusement : Mais j’ai encore beaucoup de chose à donner.

Sa maman lui sourit en lui caressant la joue : Je te crois mon fils, mais prend ton temps, chaque chose en son temps.»

Il bougea son visage, la mine boudeuse. Et Hunith soupira : « Tu finiras par trouver une occupation Merlin.

Jonnas rit : Ah mais il va avoir de l’occupation, le bedon d’Hermine s’arrondit."

Hunith rit aussi et Merlin rougit.

Sa femme rentra à ce moment-là; il ne put s’empêcher de la regarder intensément; elle était si belle en villageoise avec son petit ventre rond. C’était vraiment sa femme, des fois il avait du mal à le croire, elle semblait prendre plaisir à étudier les plantes, en fait Hermine semblait réussir tout ce à quoi elle touchait.

Le vieux berger : « Ah Hermine comment vas-tu ? Justement on parlait de toi. »

Elle était toujours un peu gênée et regarda Jonnas en rentrant s’assoir près de Merlin en le gratifiant d’une douce caresse au passage, elle entendait tout de ses paroles et ses pensées, et rassurait souvent son homme de sa réalité comme ça: "Je vais bien Jonnas je te remercie.

Le voisin : Il ne faudra plus travailler longtemps dans ton état, ce serait plus sage.

La jeune mère : Je pense que je sais quand je devrai m’arrêter Jonnas.

Merlin regarda Hermine : Il semble que Jonnas veuille mettre tout le monde au chômage aujourd’hui, c’est vraiment très gentil de sa part."

Elle regarda son époux sévèrement ; mais Jonnas et Hunit riaient.

Le berger se leva et gratifia Merlin d’une tape sur l’épaule : "Tant que tu as de l’humour c’est que tu vas bien. Je vous laisse je vais rejoindre ma Julia, passez une bonne soirée.

Il regarda sa mère et sa femme : Quoi je ne vais pas mal, je ne suis pas encore bon pour la retraite quand même."

Elles rirent toutes les deux.

Puis il regarda le bedon de sa femme : "Par contre il a raison, à un moment donné tu devras t’arrêter de travailler."

Elle fut justement arrêtée dans son élan; elle commençait à éplucher des légumes pour la soupe, et elle tendit tout à Merlin : "Oui tu as raison tiens."

Les deux femmes rirent de plus belles.

«Quoi ? » Dit-il.

Hunith soupira: "Enfin Merlin c’est gentil de la part de Jonnas de penser à contribuer à ta « convalescence ». "

Elle choisit son mot parcimonieusement, mais la jeune mère ne put s’empêcher d’exploser de rire.

Il se mit à bouder de plus belle.

Hunith: «Tu sais Merlin, je sais que tu es courageux, tu n’as jamais rien eu à me prouver, je suis ta mère. D’un autre côté c’est rassurent de savoir que le village contribuerait si jamais tu… Enfin si tu avais un accident.

Il secoua la tête : Oui mais je me sens déjà inutile, ce n’est pas la peine de m’en rajouter une couche.

Sa femme : Heureusement que tu n’es pas inutile, parce que là je te rappelle que tu vas être père.

Il secoua la tête : Non ce n’est pas ça, c’est juste que je ne sais pas quoi faire, je… Je crois que ça ne m’était jamais arrivé.

Sa maman le regarda tristement : Tu finiras par retrouver un but Merlin.

Merlin regarda Hermine : Mais ce n’est pas normal, je vais être père et j’ai une femme merveilleuse et… »

Sa maman soupira.

Il la regarda interloqué : « Quoi ? »

Elles ne dirent rien.

Il s’agaça: Je m’apitoie sur moi-même c’est pathétique !

Hunith et Hermine ne dirent toujours rien.

Il changea de sujet, il en avait assez de passer pour un rescapé incapable de quoi que ce soit: "Je suis allé aux pierres de Némethon.

Hermine surprise : Tout seul ?

Son époux : J’ai étudié assez que pour savoir quoi y faire.

Son épouse : Tu as vu Arthur ?

Merlin : Non, Arthur n’est pas derrière le voile !

Sa mère regarda successivement son fils et Hermine surprise : Quoi Arthur ? Qu’est-ce que c’est les pierres de Némethons?

Il la regarda en soupirant : Avec une corne magique, on peut discuter avec les âmes des morts aux pierres de Néméthons.

Hunith: Je ne comprends pas très bien, derrière le voile ? Là où vont les morts ?

Il hocha la tête : Oui.

Sa maman : Comment peut-on ne pas traverser le voile si on est mort ? Ou alors quoi ? Arthur n’est pas mort ?

Merlin : C’est ce que j’essaye de comprendre maman… Je crois… Je ne suis pas sûr. Il faut que j’en parle à Gaïus !

Sa femme coupa court : Bon ça tombe bien j’ai un truc à demander à Gaïus à propos de la grossesse. »

Ni Hunith ni Merlin n’étaient dupes, ils savaient très bien qu’Hermine aimait se débrouiller seul pour sa grossesse, et elle s’en sortait d’ailleurs fort bien, et tout le monde savait que si quelque chose clochait avec l’enfant il le saurait. Mais personne ne releva.

Il baissa la tête sur ses légumes, ça voulait juste dire que sa femme irait à Camelot avec lui, quoi qu’il dise.

Sa maman soupira: "Si vous restez trop là-bas, il faudra que tu accouches là Hermine, il ne faut quand même pas voyager trop avancée dans ta grossesse. Donnez-moi des nouvelles mes enfants."

Comme ça tout le monde était devant le fait accompli. Si la tâche de Merlin durait trop, l’enfant naitrait à Camelot.

Il regarda Hunith: "Maman viens avec nous, franchement je n’ai pas trop envie de rester à Camelot si longtemps, mais c’est vrai tu as raison, si cela dure, tu pourrais rater la naissance."

Elle protesta d’abord en ne sachant que faire de sa maison et du chat, mais se laissa finalement convaincre facilement.



                                                                                           ***



Ils avaient été installés dans des chambres dignes de nobles, qui mettaient Hunith mal à l’aise, mais Gwen était trop contente d’accueillir ses hôtes, et surtout de donner un rang à Merlin pour ce qu’il avait fait.

Comme à chaque fois qu’il était à Camelot il était déstabilisé, mais en fait son état allait mieux, bien qu’il ne s’en rendit pas compte. Il était de toute façon trop occupé à faire des recherche avec Gaïus sur où pouvait être l’âme d’Arthur.

Tellement occupé qu’il n’avait pas vu que son mentor n’allait pas si bien que ça, il avançait terriblement en âge. Mais sa mère s’était mise à pourvoir automatiquement aux besoins de son ami. Quand à Hermine, elle, il semble qu’elle prenait gout à participer au conseil, en fait elle était très douée, et la reine était contente d’avoir son aide.

La saison s’avança donc, notre sorcier ne trouva l’âme de son roi nulle part, il ne hantait pas Camelot, il n’était pas derrière le voile, c’était une énigme son âme ne semblait être nulle part.

Un jour entre deux quintes de toux, Gaïus émit l’hypothèse que peut-être Arthur n’était pas mort. Merlin eut un flash-back sur un rêve: "Il me l’a dit en rêve, je ne suis pas mort… Je suis censé le savoir parce que je suis un sorcier…

Le vieux médecin le regarda se débattre: Je dois te poser la question… Qu’as-tu fait de son corps? Personne ne le sait en fait.

Merlin regarda Gaïus surpris, n’en avait-il parlé à personne: Je l’ais mis sur une barque cérémonielle… Sur le lac d’Avalon…" Les mots sortaient difficilement.

Son mentor : «As-tu achevé la cérémonie ?

Il le regarda déstabilisé: Heu, je… Je n’aurais pas pu. J’ai fait partir la barque vers l’île et je voulais la faire brûler… Je n’ai pas pu…" Il s’effondra en larmes silencieusement.

Le vieil homme : «Hé bien Merlin, tu as fini par me convaincre, son corps est parti vers l’île d’Avalon ; l’île qui est le berceau de la magie des Shides… Il semble que si on ne trouve l’âme d’Arthur nulle part c’est qu’il ne soit pas mort.

Merlin regarda Gaïus avec un espoir fou dans le regard : Mais alors il pourrait revenir ? Quand ?

Le médecin : Personne ne le sait. »

Il fut comme apaisé de quelque chose, il ne savait trop quoi mais à partir de là il se mit juste à attendre le retour du roi.

Le vieux mentor fut de nouveau pris par une quinte de toux, et pour la première fois depuis des semaines, Merlin se rendit compte de l’état de Gaïus.

Il se leva et tendit la main vers son visage… Ses yeux s’emplirent de nouveau de larmes.

Gaïus : «Merlin c’est l’âge, c’est normal.

Merlin : C’est le cœur il faut de la digital.

Le vieil homme : Merlin, ta maman s’en occupe déjà.

Il secouait la tête en ne voulant rien entendre : Non il y a surement quelque chose à faire.

Le médecin: Merlin c’est le cycle de la vie normal, je suis très vieux, je suis heureux tu sais, j’ai eu l’insigne honneur de te connaître, et en plus je vais voir naître ton enfant. Je suis honoré par ton amitié.

Les larmes roulaient sur ses joues en le regardant : Oui. »

Hunith rentra à ce moment-là dans la pièce et son fils la regarda comme s'il ne l’avait plus vue depuis des semaines aussi, elle avait les traits tirés par la fatigue et apportait à manger à son ami.

Elle ne fit pas attention tout de suite aux larmes de son fils non plus, à vrai dire depuis qu’il cherchait l’âme d’Arthur, elle l’avait vu quelques fois tourmenté, puis un regard de Gaïus la fit se tourner vers celui-ci.

Le médecin lui dit : «Il sait. »

Il se leva et alla dehors pour prendre l’air.

Qu’est-ce qu’il lui arrivait, il ne voyait pas ce qui arrivait à ses amis, il était omnibulé par Arthur. Il prit un cheval dans l’écurie et partit, il voulait juste se défouler un peu, il n’avait plus envie de se lamenter sur son sort.

Le soir, il était là pour le souper royal, à la grande surprise de tout le monde qui commençait à s’habituer de le voir parfois parti des jours.

Il vint s’assoir près sa femme sans rien dire, mais il hurlait dans sa tête : "Gaïus est mourant !

Elle lui répondit en pensée : J’en suis bien désolée Merlin mais c’est le cycle de la vie. Tu te dois d’accompagner ton ami jusqu’au bout.

Il baissa le nez sans que personne ne prit vraiment garde à son comportement: Je ne me rends compte de rien, je ne fais pas attention aux miens, quel genre d’ami suis-je devenu? Comment me supportes-tu ?

Hermine : Peut-être parce que tu te poses ce genre de questions ? »

Elle le regarda intensément, comme ils ne s’étaient plus regardés depuis un moment, et ils s’éclipsèrent discrètement de la table.

Hunith soupira en regardant la reine.

Gwen : "Laisse-les profiter de leur bonheur Hunith, parfois la vie est si courte."



                                                                                       ***



Merlin prit une audience privée avec la reine. Il se devait de lui expliquer la fin de son époux, et ce qu’ils avaient fini par découvrir avec Gaïus. L’audience ne fut pas facile, mais la reine restait digne, elle tirait son admiration car lui était écroulé en larmes.

Elle le regarda droit dans les yeux et lui demanda: "Quand ? Quand Arthur reviendra-il ??? Reviendra-il jamais ???"

Il ne put répondre à cette question, personne ne pouvait répondre à cette question.

Gwen remercia Merlin.

Il en vint à un autre sujet, il lui expliqua que Gaïus s’était affaibli et qu’il lui faudrait trouver un nouveau médecin de la cour.

Gwen : «Oh Merlin je suis désolée. Je pense que Gaïus veut que ce soit toi qui lui succèdes.

Il secoua la tête : Non Gwen, je suis désolé, je ne pourrais pas, je… Je ne suis pas assez remis de la guerre.

La reine : Je comprends Merlin, mais tu vas me manquer.

Lui contrit: Déjà que je suis là vivant et… »

Il abaissa sa tête.

Son amie : «Merlin je suis très heureuse pour toi, comment peux-tu penser une seule seconde que je sois triste de ton bonheur? Ce n’est pas parce que je n’ai pas d’enfants que je ne vais pas être contente pour toi !

Il se redressa timidement : Gwen, tu es la reine… Tu… Tu devrais peut-être te remarier.

Gwen : Non Merlin je ne pourrais pas, pas plus que tu ne seras médecin de la cour. »

Ils restèrent silencieux un moment.

La reine : « J’ai une requête Merlin tant que je t’ai sous la main. »

Elle lui tendit une lettre.

Il resta interdit un moment après la lecture : «Qui est au courant ?

Gwen : Personne, tu m’as dit de te demander exclusivement à toi si j’avais besoin.

Le jeune sorcier: Comment savoir si c’est vrai ?

Gwen : A vrai dire, c’est un peu pour ça que je comptais sur toi, comment savoir; tu comprends… Si c’était vrai…

Il hocha la tête : Je pense que je peux savoir, mais il va falloir que je parte vite… Pour Hermine, je veux rentrer à temps.

Elle lui sourit : Merlin je t’en serai redevable. »



Merlin prépara son voyage, puis alla chez Gaïus pour prendre un livre de magie et vint près de lui.

"J’ai une mission pour Gwen…Je ne serai pas long, est-ce que…

Le médecin rit: J’aimerais bien le savoir moi-même. Qu’as-tu pris comme livre ?"

Il lui montra.

Son mentor le regarda bizarrement: "Je ne pense pas que tu doives douter d’Hermine, surtout de la façon dont elle est tombée enceinte, pourquoi as-tu besoin de cet ouvrage ?

Il rit : Gaïus je vais vous dire un secret, gardez-le pour vous et attendez mon retour, s’il vous plaît."



Il partit donc en mission secrète pour la reine, il laissa sa mère et sa femme et pria pour voir encore Gaïus, il savait qu’il avait un mois avant la naissance de son fils, il avait le temps. Mais il eut quand même du mal à laisser sa femme. Mais celle-ci, par la force des choses connaissant son secret, le laissa partir.

Perceval vint le rejoindre à l’orée de la forêt pour n’éveiller aucun soupçon. Il lui sortit presqu’une phrase complète pour dire à Merlin comme il était content de voyager encore avec lui.

Le trajet fut tranquille, en quelques jours ils furent arrivés à destination, un petit village reculé. Merlin arriva à l’adresse et frappa à une porte; il fut scié de découvrir la personne qui l’attendait: "Gulli ???"

Il était heureux de revoir Gulli, celui-ci semblait avoir mûri et lui raconta son histoire.

Après son aventure avec Merlin, il était devenu aspirant médecin, et il avait notamment soigné une femme qui n’avait malheureusement pas survécu à une étrange maladie. Après enquête, il s’avéra que cette maladie était d’origine magique. En fait à cause de l’identité du père de son enfant, certaines personnes avaient essayé d’abuser d’elle, et on avait enlevé l’enfant pour faire du tort à la famille du père de celui-ci. Malheureusement, Merlin arrivait trop tard l’enfant avait disparu. C’est précisément cet enfant qu’il était venu chercher, un enfant dont l’identité du père devait rester secrète jusqu'à ce qu’il le trouve et confirme cette identité par un sort.

Puis Gulli regarda Merlin pour lui dire : "Tu avais raison ce jour est arrivé, on me respecte pour ce que je suis, je crois que j’aime ça la médecine. Il faut faire quelque chose pour cet enfant, il n’est pas responsable de ses origines…"

Il était fier de ce que Gulli était devenu, il ne s’attendait vraiment pas à ça, il l’interrogea sur l’identité des personnes qui avaient enlevé l’enfant.

Malheureusement, il s’agissait d’adeptes de l’Ancienne religion chez qui il était allé prendre des cours de médecine, mais ceux-ci étaient d’anciens alliés de Morgane, et lorsqu’ils avaient appris l’identité du père de cet enfant… Gulli s’en voulait beaucoup.

Merlin le rassura car il n’était responsable de rien. L’autre apprenti médecin l’informa qu’il ne serait pas bien accueilli chez ces gens.

Ils prirent la route ensembles vers le campement, et là le chef des rebelles réceptionna Merlin…

Il contra l’attaque sans même avoir à y penser, lorsqu’il avait récupéré ses pouvoirs à la grotte aux cristaux, ceux-ci s’étaient accrus. Il eut une pensée furtive sur l’étonnement que lui procurait encore le fait d’être si puissant et que malgré tout il n’avait pas pu changer le cours de la bataille de Camlann. Puis il fit face à plusieurs sorciers… Ceux-ci étaient abasourdis par la vitesse de réponse de Merlin et n’osaient pas l’attaquer, il entendait et sentait leur pensées. Leurs barrières télépathiques étaient faibles, et Hermine avait bien entrainé un talent qu’il avait ignoré si longtemps.

Ils étaient au courant de qui il était, le « grand Emrys »; ils pensaient qu’à plusieurs ils en seraient venus à bout et ils étaient face à leur ennemi, bien vivant se tenant droit devant eux. Cet homme avaient tué la dernière grande prêtresse et devait mourir pour ça. Et l’enfant devait servir à punir la personne qui usurpait le trône qui aurait dû revenir à Morgane.

Il pouvait sentir tous les plans que ces hommes avaient échafaudés depuis la mort de leur prêtresse, il sentit aussi que d’autres hommes tapis derrière lui allaient tirer à l’arbalète sur lui, un mécanisme automatique fit naître une tempête qui les balaya tous comme des fétus de paille, les autres prirent peur et s’enfuirent, il ne restait que les sorciers et Perceval qui se tenait en retrait de Merlin et ne pipait mot, bien qu’il soit plus qu’impressionné.

Merlin regarda les sorciers et cria "A genoux" avec une inflexion dans la voix magique qui fait que personne n’aurait pu désobéir.

Il leur dit: «L'Ancienne religion a été dévoyée, elle ne se rétablira jamais telle qu’elle était devenue de mon vivant; les hommes et les femmes ont souffert, et la magie a été bannie à cause des excès. La magie est rétablie dans le royaume mais je veillerai à ce qu’elle ne soit pas utilisée pour le mal. La reine Guenièvre n’est pas une usurpatrice, conspirer contre elle est un acte de trahison!»

Merlin prit un temps d’arrêt avant de provoquer le groupe : «Vous voulez m’en empêcher ? »

Il sentait le malaise de Perceval grandir dans son dos, ils étaient seuls face à une dizaine de sorciers qui avaient conspiré contre la reine, et avaient sans doute été complices de Morgane… Et Merlin les provoquait. Un Merlin qu’il avait du mal à reconnaitre, loin du Merlin habituellement effacé sur les anciennes batailles, et un sorcier d’une puissance inimaginable, le vent continuait de souffler étrangement autour de lui. Merlin brandissait un bâton et défiait les pires ennemis du royaume. Il avait peur.

Un des sorciers s’avança: "Tu étais l’espoir de plusieurs générations Emrys, et tu es devenu un traitre à ta propre religion, tu es un hérétique.

Merlin: Aucune religion digne de ce nom ne peut demander à ses gens de suivre une sélection héréditaire sous quelque prétexte qu’il soit. Arthur Pendragon était un grand roi, et pour lui un homme qu’il soit noble ou non était un homme. On ne rétablira pas l’Ancienne religion dans ce royaume pour instaurer une autre forme de noblesse, ne fusse qu’en mémoire de cet homme qui a permis qu’on rétablisse la magie."

Les sorciers restèrent ébahis, Merlin entendait leur cheminement de pensée, ainsi donc c’était vrai la magie était rétablie depuis le couronnement de la reine.

Merlin les fixa et dit tout bas juste pour qu’ils entendent: "Mais tout acte de trahison qu’il soit magique où non sera puni.

Un autre sorcier cria: Tu ne peux pas renier l’Ancienne religion c’est toi le traitre, et cet enfant ne doit pas finir sur le trône!»

Ce fut comme s'il avait donné le signal d’une attaque, ils se mirent tous en mouvement pour essayer de mettre Merlin au tapis, mais celui-ci leva juste son bâton et son autre main, et la dizaine de sorciers fut mise au tapis dans une bourrasque surnaturelle accompagnée d’éclairs. Perceval avait dû se retenir de ne pas fuir et surmonter son instinct de conservation.

La bataille terminée, un calme presque surnaturel revint, et Perceval se rendit compte que Merlin pleurait, il pleurait sur les hommes qu’il venait de tuer, il l’entendit dire «Quel gâchis ». Il était redevenu le Merlin d’après Arthur, le Merlin mélancolique qui s’effondrait si vite, il lui prit l’épaule et celui-ci se reprit.

Il prit une grande respiration et partit vers le campement des rebelles où il trouva une vieille dame avec un enfant; Perceval fut scié, c’était le portrait craché d’Elyan.

Merlin se retourna vers Perceval en souriant: "Je me demande vraiment s’il faut faire un sort pour voir qui est le père de cet enfant."

Perceval savait qu’ils étaient partis à la recherche d’un enfant, mais ignorait l’identité présumée du père et il fut ému devant lui.

Perceval s’avança et s’accroupit devant le petit qui avait les larmes aux yeux mais ne bougeait pas. "Bonjour comment t’appelles-tu ?

La femme répondit : Il s’appelle Yvain, je ne l’ai pas entendu parler depuis la mort de sa mère.

Perceval : Yvain je connais quelqu’un qui a très envie de te rencontrer, est-ce que tu veux bien venir avec nous ? Je pense qu’elle connaissait ton papa."

Merlin s’approcha aussi et posa la main sur l’épaule de l’enfant en récitant une formule magique. Puis il s’accroupit et sourit: "Oui moi je suis sûr qu’elle connaissait ton papa, et nous aussi nous l’avons connu."

Yvain était bien le fils d’Elyan.

L’enfant, qui ne devait pas avoir plus de 7 ans, prit la main de Perceval sans dire un mot.


macrale  (18.07.2014 à 10:36)

Chapitre 6 :



Merlin avait convaincu Gulli de les accompagner jusque Camelot, ils arrivèrent un petit matin neigeux, Yvain n’avait pas prononcé un mot de tout le voyage, mais il semblait vif et intelligent, sans doute le trauma… Il se dit que ça passerait avec le temps. Perceval s’était occupé de lui tout le long comme une vraie nounou, c’était impressionnant de voir cet homme massif fondre comme un gros nounours devant cet enfant silencieux. Et contrairement à son habitude il avait parlé énormément, il lui avait parlé de son père et de ses exploits, il lui avait parlé de sa tante, il ancrait cet enfant vers une famille qui l’attendait là-bas à Camelot.

Yvain fut amené à la reine après avoir été apprêté et fut présenté à la cour. Quand Gwen le vit avancer timidement vers le trône, elle en eut les larmes aux yeux. Merlin fit un sort pour prouver qu’il s’agissait du fils d’Elyan, le frère de la reine, et elle décréta qu’il deviendrait pupille de la couronne.

Il était revenu à temps pour voir naître son fils, et surtout pour accompagner son mentor qui Dieu merci était toujours là.

Gaïus était maintenant trop affaibli pour quitter le lit, et même s'il s’y attendait ça lui fit un choc, il ne se sentait pas prêt de perdre son mentor. Il lui amena Gulli. Le vieil homme rit en le reconnaissant, il se souvenait bien de lui et fut étonné de le voir revenir en médecin affirmé. Ils eurent de longues discussions ensembles, et finalement l’ancien médecin de la cour le proposa à Gwen comme remplaçant. Tant qu’ils étaient encore eux trois, ils étudièrent le cas de l’enfant muet en en vinrent tous à la même conclusion que Merlin, Yvain avait subi un traumatisme psychologique, et finirait par reparler un jour.

Il essayait de partager son temps entre Hermine et son mentor, c’était des jours étranges où il éprouvait une grande tristesse, et pourtant la joie de voir arriver son fils. Il était content que Gaïus soit encore là pour assister à ça, mais c’était difficile de lui dire au revoir, sans lui il n’osait même pas imaginer ce qu’il serait devenu. Gulli n’arrêtait pas de lui dire qu’il était devenu ce qu’il était grâce à lui mais Merlin se savait redevable de Gaïus. Non, il n’était pas prêt à lui dire au revoir, il ne le serait jamais.



                                                                                         ***



Hermine allait bien malgré sa grossesse avancée, on avait quand même réussi à lui faire lever le pied sur ses occupations, il faut dire que Gwen aussi était devenue très forte dans la diplomatie, et elle et Hunith réunies avaient fini par l’avoir à l’usure.

Elle se sentait d’une drôle d’humeur, d’abord elle était triste pour Gaïus, même si elle ne l’avait pas connu longtemps. Ensuite elle se sentait seule, Merlin était présent autant qu’il pouvait, mais malgré tout son ressenti envahissait son jugement. Et elle se sentait piégée, sans avoir encore l’impression d’être mère, un être poussait inexorablement dans son corps et il allait changer sa vie à jamais. Elle n’arrivait pas à se dire qu’elle était mère et que ça lui arrivait à elle, elle n’était pas prête. En plus, toutes les mères du château lui tombaient dessus pour lui donner des conseils incohérents ou lui expliquer leurs grossesses et les bobos qui les avaient accompagnées. Il n’y en avait pas une qui l’avait épargnée d’une histoire triste d’une sœur, d’une cousine ou d’une voisine qui avait perdu un enfant ou qui était morte en couche… Rien ne l’avait préparé à la pression sociale qu’elle subissait alors que quelques mois plutôt elle vivait en ermite dans une forêt profonde. Elle n’osait pas parler de ça à Merlin pour qui la grossesse était une joie qui le sortait de ses moments de mélancolie. Elle n’aurait pas osé en parler à Hunith, qui avait assumé seul Merlin; et encore moins à Gwen qui visiblement avait fait le choix de ne jamais se remarier. Elle la comprenait, cette histoire de retour du grand roi, jamais la reine ne se sentirait libre d’aimer qui que ce soit d’autre. La voir materner son neveu était un soulagement pour tout le monde. Alors, lui expliquer qu’elle ne se sentait pas mère et avait peur de ce qu’il lui arrivait c’était vraiment inconvenant.

Elle qui n’avait jamais pensé de sa vie devenir mère se sentait piégée par quelque chose d’inexorable, sa condition féminine avait fini par le rattraper. Elle devait faire le deuil d’une vie libre et sans attache sans y être préparée et ça envahissait tout au point qu’elle avait du mal à aimer ce petit être en devenir. Elle essayait de faire avec, comme elle avait promis, mais c’était plus difficile qu’elle ne croyait, comment faisaient les autres ? Sans doute qu’elles se voyaient mères depuis leur plus tendre enfance.

Mais le fait est qu’elle allait bientôt accoucher et que sa vie allait être changée à jamais, elle ne se tracassait pas de souffrir où de mourir, elle avait une confiance aveugle en Merlin; bien qu’elle se serait passée d’entendre des histoires de bonnes femmes sur ce qui était arrivé à l’une ou l’autre, comment les gens ne gardaient-ils pas ce genre de choses pour eux? Elle avait beau barricader son esprit à tout ce que les gens pensaient en la voyant traîner son gros ventre d’un couloir à l’autre ; elle finissait par tomber sur quelqu’un qui venait lui raconter une histoire.

Elle aurait voulu être au village chez Hunith, mais entre le neveu de Gwen et Gaïus elle savait que c’était une bonne chose d’être là.

De plus, elle avait pris plaisir à participer aux réunions de diplomatie avec Gwen, et elle savait qu’elle ne tiendrait plus ce rôle car Merlin ne pouvait pas vivre ici. Elle avait vraiment des sentiments partagés, et l’impression d’abandonner une part d’elle-même pour les autres; Merlin et ce petit qui n’arrêterait plus jamais de grandir. C’était son choix car elle aimait son mari, mais est-ce qu’aimer pour une femme voulait dire obligatoirement d’oublier une part d’elle-même en route? Non rien ne l’avait préparée à ça.

Finalement, le moment arriva alors qu’elle se promenait dans la ville basse, elle s’était échappée une fois encore, en essayant de trouver les marques de ce corps qu’elle ne reconnaissait plus. Et là devant une échoppe elle perdit les eaux.



Merlin était près de son mentor qui était tranquille, il ne souffrait pas et recevait autant de visites que son état lui permettait; le petit Yvain était venu le voir avec Gwen. Le petit garçon n’était pas du modèle «fatigant», il était d’un calme anormal; mais petit à petit on le voyait reprendre vie. Il était accroché à sa tante, qui devait chaque fois lui expliquer qu’elle ne l’abandonnait pas quand sa tâche l’appelait ailleurs. Heureusement que Merlin et Hermine avaient su un peu explorer son esprit pour découvrir sa peur de l’abandon. Ce matin, Gaïus expliquait à Gwen qu’on voyait ce petit en progrès et revivre, grâce à l’amour qu’elle lui portait, quand notre sorcier se prit le ventre brusquement.

Le don de télépathie de sa femme était très puissant, et le lien qui les unissait le décuplait encore. Elle hurlait et pour Merlin qui n’avait jamais ressenti son angoisse à ce point, c’était un vrai choc…Et il ressentit avec elle la contraction !

Gwen et Gaïus demandèrent ce qu’il lui arrivait, il ne put juste qu’hoqueter « Hermine » tellement la puissance de l’appel le surprit.

La reine : «Où est-elle ? Le petit arrive ? »

Il essayait de reprendre son souffle, non seulement il ressentait son angoisse, mais il ressentait aussi sa douleur.

Le vieil homme, qui comprit assez vite ce qui arriva, expliqua rapidement à Merlin de sa voix essoufflée : "Tu dois reprendre le contrôle de ton esprit, ce que tu ressens vient d’elle et pas de toi; tu dois pouvoir retrouver ton calme pour lui communiquer, sinon vous allez vous renvoyer la douleur et l’angoisse l’un vers l’autre et ce serait vraiment catastrophique.

Lui qui essayait : Oui… Oui. Bon Dieu ça fait mal.

Son mentor : Elle a mal parce qu’elle est angoissée, elle doit se détendre et respirer et ça fera moins mal, tu dois te détendre pour elle."

Il prit de grandes respirations et essaya de se faire entendre d’Hermine : «Je suis là je t’entends, essaye de te détendre et ça va aller, j’’ais besoin de savoir où tu es ? »

Sa femme: «Ça fait mal, j’essaye de me détendre mais c’est facile à dire hein!

Notre sorcier: Bon écoute, je t’assure que je suis au courant que ça fait mal"

Il émit un rire intérieur qui la détourna de la douleur de la contraction, le temps qu’elle se rende compte qu’il partageait bien plus de choses qu’elle ne l’imaginait, elle voulut barricader ça; mais il le lui interdit, en lui expliquant qu’à deux ça les empêcherait de paniquer. La contraction était passée et il était en elle et avec elle, elle commençait à être rassurée.

Le vieux médecin: "Elle doit prendre de grandes inspirations à la prochaine contraction pour avoir moins mal, a-t-elle perdu les eaux?

Gaïus expliqua rapidement à Gwen que Merlin ressentait les douleurs de sa femme.

La reine commençait à comprendre ce qu’impliquait de vivre vraiment avec la télépathie, et elle eut de l’admiration pour son ami qui allait assumer la douleur de l’enfantement avec sa femme.

Le jeune sorcier : «Oui et elle est dans la ville basse pas loin de l’ancienne maison de Gwen en face de chez Emilio. »

Son mentor émit un son qui s’apparentait le plus chez lui à un juron: "Elle ne doit plus bouger, si elle a perdu les eaux le cordon pourrait se prendre dans le cou de l’enfant, elle doit rester où elle est.

Le jeune sorcier : Quoi? Mais on ne va pas la laisser accoucher dans la rue ?

Le vieil homme : Tu vas aller la rejoindre, tu es de toute façon en contact avec, établis un lien avec moi, parce que je ne pense pas que tu sois en état d’être objectif.

Merlin lui jura vraiment : Non tu n’es pas en état de maintenir le lien avec moi ça va te fatiguer. »

Il s’effondra devant la nouvelle contraction, et Gaïus força le contact avec.

Son mentor dans sa tête : "Tu vois que tu n’es pas objectif, force le flux de votre contact, il doit aller de toi à elle; et non l’inverse, Merlin tu n’as pas mal, c’est elle qui a mal, si tu inverses le flux ça va la soulager."

Il se laissa guider par Gaïus, et cela soulagea sa femme, qui se détendit au point qu’elle n’avait presque plus mal lors de la deuxième contraction.

Le vieil homme sentit la désapprobation du jeune homme vis-à-vis du contact qu'il lui avait forcé à prendre : "Merlin je n’en ai de toute façon plus pour longtemps à vivre, et visiblement ce petit semble pressé de venir, les contractions sont vraiment rapprochées, laisse-moi t’aider ; l’enfant a toute la vie devant lui, il ne faudrait pas qu’il lui arrive quelque chose."

Et de fait, grâce à l’aide de Merlin aidé par son mentor, elle put retrouver son calme, et empêcher les passants de vouloir la déplacer à tout prix… Elle put dire qu’elle ne devait vraiment pas bouger, et qu’on allait venir la chercher.

Il regarda Gaïus et Gwen : «Je te le confie. » Et il prit ses jambes à son cou pour rejoindre sa femme.

Il fut de nouveau saisi par la douleur de la contraction suivante et suivit de nouveau les instructions de son mentor; petit à petit il sentait que sa femme était moins angoissée et se détendait, elle s’était assise en face de l’échoppe d’Emilo et commençait un mantra qu’Hunith lui avait appris. Il était dans les grands escaliers du château, et le vieux médecin l’avait empêché de tomber et de se fracasser les vertèbres sous le coup de la surprise, hé oui les contractions ne prévenaient pas quand elles arrivaient. Pendant sa course folle, Gaïus l’empêcha encore de tomber trois quatre fois, et lui intima de voir si l’enfant était en souffrance ou pas.

Il rouspéta : «Si je fais ça je vais vraiment tomber »

Mais son mentor le força et prit presque le contrôle du son corps pour que son esprit puisse s’enfoncer dans le corps de sa femme plus profondément afin de voir si l’enfant allait bien. Heureusement qu’il le fit, le cordon s’était bien enroulé autour de son petit cou, il rentra en contact avec l’esprit de son enfant pour le forcer à se tourner, le pauvre petit corps pris dans l’étau du ventre de sa femme, l’enfant fit ce qu’il put, mais ce fut suffisant pour que le cordon ne l’étouffe plus. Hermine sentit la petite chose lutter pour sa vie et l’aida comme elle put en se couchant et en l’aidant à se bouger en pressant ses mains sur son ventre, elle se coucha et ne bougea plus du tout; elle avait lutté contre ses pensées et là d’un coup elle rentrait en contact avec l’esprit immature de l’enfant et sentit à quel point il avait besoin d’elle.

Gaïus les gratifia tous les trois: "Vous faites une équipe formidable, bravo."

Merlin se retira un peu pour se retrouver dans son corps qui courait et arrivait presque qu’à la place. Il n’avait aucune idée de comment il était arrivé là, le médecin l’avait guidé, pour qu’il puisse s’enfoncer dans l’esprit de l’enfant. Il était plus serein, les gens avaient compris qu’il ne fallait pas déplacer sa femme, et on lui apporta des couvertures et de l’eau… Il sentit qu’une fois la surprise passée, Hermine était plus sereine aussi et en découlait que les contractions devenaient moins douloureuses, de plus elle était concentrée sur l’esprit de l’enfant, c’est comme si elle découvrait qu’elle était mère. Il n’explora pas ce drôle de ressenti dans l’immédiat, chaque chose en son temps. Il arriva enfin près d’elle, il y avait tout ce qu’il fallait, une dame avait eu la bonne idée de faire chauffer de l’eau.

Il inspecta le col, mon dieu il voyait sa tête… Gaïus lui expliqua rapidement une manipulation à faire, pour qu’il puisse sortir sans que le cordon ne l’étrangle de nouveau, ainsi guidé il n’eut vraiment qu’à réceptionner l’enfant, et la douleur fut amoindrie par le fait qu’il envoyait des sensations de son propre corps à Hermine. Il vit la petite tête remplie de boucles rousses foncées, puis elle fut suivie rapidement du reste. Il le regarda longuement, puis pris de panique lui intima de respirer, la petite chose dégoulinante dans ses mains s’anima et glapit. Son visage s’animait et de grands yeux bleus s’ouvrirent devant le visage de son père… Il fut d’abord fâché, c’est que ça faisait mal d’ouvrir ses poumons à l’air; puis rassuré par l’odeur et la vue de son père il lui fit un grand sourire. Hermine et Gaïus avaient vu ce petit visage s’animer à la vie à travers les yeux de Merlin qui eut du mal à faire le tri dans tous les sentiments qu’il éprouvait, était-ce les siens, ceux de sa femme ou ceux de son mentor, cet émerveillement infini devant cette petite bouille à peine fripée qui souriait à son père et au monde ?

Il mit l’enfant dans les bras de sa mère car il avait faim, Hermine se retira de l’esprit de Merlin pour rentrer dans une bulle entre elle et ce petit. Il s’assit pour se retrouver un peu en lui-même aussi. Puis il se rendit compte d’une autre douleur sourde; elle ne venait pas de sa femme, les barrières de Gaïus s’affaiblissaient…

Le vieil homme : «Je suis désolé Merlin je n’ai plus la force de me retirer, tu dois fermer ton esprit. »

Le cœur de Gaïus déjà bien usé n’avait pas résisté à l’exercice, il faisait une attaque, Merlin dans le déni ne voulut pas fermer son esprit : "Non ne pars pas maintenant, je ne suis pas prêt pour te dire au revoir… Tu… Tu dois voir mon fils…

Le vieil homme : «Je le vois grâce à toi, cet enfant est vraiment beau et vigoureux; tu lui as sauvé la vie Merlin. Je n’ai pas trop le choix, je pars. Je suis content d’avoir pu t’aider à le sauver. Tu dois vivre ta vie pour toi, pour elle et pour lui maintenant, tu as assez donné à ce monde, je te le demande, vis enfin pour toi. Merlin, c’était un honneur de te connaître. »

Merlin ressentit sa douleur et s’effondra; le vieux médecin réunit ses dernières forces pour couper le lien. Merlin criait intérieurement «nooon»… Mais il lui dit qu’il le fallait pour ne pas risquer de l’emporter avec lui, puis il n’y eut plus rien en Merlin, qu’un grand vide. Il ouvrit les yeux, Emilo le regardait: "Hé bien mon gars, tu t’es effondré comme une fillette à la vue du sang, on ne devient pas médecin si on s’évanouit à la vue de sang."

Il se releva d’un coup pour regarder Hermine, mais non elle allait bien, elle s’était enfermée dans une bulle avec le bébé pour protéger celui-ci de la douleur dont son époux n’avait pas voulu se fermer. Elle se doutait de ce qui venait de se passer et l’avait regardé impuissante sans savoir s'il allait se laisser mourir avec le vieux médecin ou non, elle avait sacrifié son réflexe de vouloir le sauver pour protéger le bébé, elle était définitivement devenue mère; mais elle fut immensément soulagée de voir qu’il avait coupé le lien à temps. Gaïus n’était pas un grand télépathe et ce qu’il avait fait là l’avait drainé de ses dernières forces, il avait donné le peu de ce qui lui restait à vivre à leur famille et elle lui en était infiniment reconnaissante. De grosses larmes roulaient sur ses joues mais étonnamment il était calme, il avait dû finalement réussir à dire au revoir à son mentor-père adoptif. Un glapissement venu des bras de son épouse lui rappela que c’était maintenant lui le père, il vint près d’eux et les enlaça.

Merlin dit à Hermine silencieusement: "Tu aurais dû me dire que tu avais du mal à accepter la grossesse, regarde tu as fini par faire un déni et tu ne t’es pas rendue compte que le « travail » avait commencé depuis longtemps. C’est normal tu sais d’éprouver ce genre de choses, il faut du temps pour devenir parents, et en plus tu n’as presque pas connu les tiens, ce n’est pas quelque chose d’inné enfin."

Elle pleura en se rendant compte de son erreur, elle s’était coupée de Merlin en craignant sa réaction et en fait, elle retrouva son mari tel qu’elle l’aimait infiniment, tendre, tolérant et compréhensif. Elle se sentit coupable d’avoir mis ce petit bout d’homme en danger et quelque part de la fin précipitée de Gaïus; mais de nouveau il la rassura: "Tu ne pouvais pas savoir que ça risquait de se passer comme ça, tu n’es pas seule responsable, j’aurais dû être plus attentif à toi, et il a choisi de nous aider, il serait de toute façon parti son cœur était malade. Finalement il est parti comme il a vécu; en aidant les autres et en mettant un dernier enfant au monde, c’est une belle fin pour lui je pense."

Ils pleuraient tous les deux; puis une petite voix se fit entendre pour qu’on s’occupe un peu de lui aussi.

Merlin: "Il va falloir te trouver un nom toi."

Les deux parents se rendirent compte que ce petit être allait les empêcher de s’apitoyer sur eux-même, Gaïus était parti sereinement en les aidant et sans leur laisser le poids d’un chagrin insurmontable. De plus il se sentit enfin libre de s’occuper de lui et de sa petite famille… Enfin presque, un autre fantôme ne le quittant jamais vraiment se fit entendre…

Arthur: "C’est ça être sorcier ? Accoucher à la place de sa femme, très peu pour moi, Merlin tu es ridicule tu souffres de contractions arrête ça ! "

Au plus profond de lui, une pensée ne le quittait plus et parfois hurlait dans les méandres insondables où il l’avait barricadée pour que personne ne l’entende jamais: l’esprit d’Arthur lui parlait vraiment; ou alors il était vraiment fou ! Il laissa cette pensée croupir au plus profond de lui-même pour enfin être pleinement avec sa famille. Au loin il vit Hunith accourir avec Gulli qui traînait une charrette… Enfin il allait être mari et père à part entière, un vrai médecin arriva l’épauler.

***

Après les funérailles de Gaïus qui furent éprouvantes pour tout le monde, Merlin se sentit piégé au château, il aurait voulu rentrer au village, mais il fallait aider Gulli. Les gens ne le connaissant pas, ils s’en méfiaient et il lui proposa de l’accompagner un temps sur ses visites jusqu'à ce que les gens le connaissent bien. Il faut dire que Hunith et Hermine l’avaient un peu poussé, partir avec un nouveau-né en plein hiver… Il savait que sa femme avait trouvé une vocation à la cour en tant que diplomate. Elle et Gwen s’entendaient fort bien sur des histoires de la cour.

Les semaines passaient; le petit Yvain était fou du bébé, il se socialisait vraiment bien, et sa femme semblait s’épanouir dans son rôle de diplomate; il finit même par hésiter à quitter la cour.

Il regardait la neige tomber par la fenêtre, son enfant dans les bras paisiblement endormi… Celui-ci commençait doucement à émerger du sommeil, il allait avoir faim, ses pensées étaient encore simples, il avait besoin de ses parents et ceux-ci pourvoyaient à ses besoins primaires en plus de l’amour débordant qu’ils éprouvaient pour lui. Comme l’avait craint sa femme, c’était un papa poule qui accourait au moindre de ses bobos, elle avait surnommé son fils l’enfant à bras, il n’était vraiment dans son berceau que la nuit et encore. Dès que le petit réclamait de l’attention, Merlin le prenait.

Cela lui donnait du temps pour savourer encore un peu sa liberté d’agir comme consultante pour la cour, même s'il fallait interrompre les réunions pour les tétées. Elle disait lentement au revoir à cette vie de cour, après tout elle avait choisi Merlin et une famille, et celui-ci se languissait de son village. Elle finirait par trouver une autre activité, après tout, quelques mois avant elle n’était encore qu’une ermite. Finalement, elle finissait par aimer ce monde avec des hommes qui enfin lui semblaient humains et faisaient l’effort que cette société soit juste, elle voulait participer à ça tout en prenant son rôle d’épouse et de mère. Pourquoi choisir, son homme l’aidait beaucoup avec le bébé. Peut-être même une peu trop, heureusement qu’elle l’allaitait pour l’avoir un peu dans ses bras à elle.



Elle chercha les deux hommes de sa vie le long des couloirs, sachant que le petit allait se réveiller pour crier famine, et que son époux ne l’aurait pas laissé dans son berceau.

Elle les trouva devant une fenêtre en train d’admirer la tempête de neige ; Merlin partageait sa vision de la tempête et des courants d’air froids, il racontait l’histoire des flocons de neige: comment ils étaient nés, et qu’ils étaient tous différents, mais ensemble ils leur donnaient ce spectacle magnifique des blancs manteaux… Elle s’arrêta un peu derrière pour écouter, l’enfant malgré son jeune âge était capté par la beauté de ce qu’il percevait de la tempête, et caché derrière les rideaux Yvain écoutait l’histoire aussi… Elle ne voulut pas briser ce moment et fut captivée aussi par cette étrange vision des courants d’airs qui se déplaçaient dans le ciel. A travers ses pensées, elle vit les masses d’air chaud monter au-dessus des masses d’air froid, l’eau évaporée entrant en contact avec cet air glacial se transformait en magnifiques choses à six branches, la neige était-elle vraiment ainsi faite ? Son époux ne cesserait il jamais de l’étonner ?

Merlin savait qu’elle était derrière, les regardant regarder cette fenêtre paisible, attendant le signal du bébé qui ne tarda pas par un «j’ai faim» télépathique et des pleurs.

Hermine : « Encore bien que tu ne peux pas donner le sein à cet enfant sinon je ne le verrai jamais.

Lui souriant et complice : Si tu ne lui donnais pas le sein, cet enfant ne te verrait jamais, tu lui préfères la diplomatie royale. »

Elle n’y tint plus et lui donna une tape sur la tête, par derrière.

Le fantôme d’Arthur se réveilla des tréfonds d’où il était enfermé pour crier : "Tu vois que c’est toi qui es insupportable, même ta femme ne te supporte pas, elle endure ce que tu m’as fait endurer.

Il ne fit pas attention à la pensée parasite et rit : Cet enfant pleure parce que sa mère ne trouve pas le temps de lui donner un nom convenable, « enfant à bras » n’étant pas un nom convenable."

Il se tourna vers sa femme qui lui jetait un regard noir avant de prendre son fils dans ses bras, les yeux remplis d’amour.

Son épouse : 'Ne l’écoute pas, tu n’es pas un «enfant à bras», tu es mon petit amour, Maman ne t’attendait pas si tôt, elle doit dire au revoir à une vie à laquelle elle a eu à peine le temps de s’attacher, mais tu es là et je vais prendre soin de toi."

Le bébé pleura de plus belle pour signifier qu’il n’en avait cure de leurs dires et qu’il avait juste faim.

Elle rit de plus belle : "Je ne vais pas te donner le sein au milieu du couloir il faut apprendre la patience jeune rebelle."

Son époux aussi rit.

Yvain qui se cachait derrière un rideau et qui suivait le trio lança un « neige »…

Merlin et Hermine restèrent interdits; ils ne firent pas remarquer à Yvain qu’il parlait pour la première fois depuis qu’ils le connaissaient… Il resta naturel pour lui demander  « neige ? »

Le jeune garçon : « Ton bébé a la peau blanche comme la neige, c’est un joli nom neige ! » Dit-il très sérieusement.

Hunith, qui avait suivi la scène de loin, les rejoignît. Elle regarda Yvain très sérieusement pour lui dire: "Tiens c’est étrange, c’est vrai que Merlin bébé avait la peau très blanche aussi et j’ai hésité à l’appeler Neige, parce qu’on lui avait donné un nom que je n’avais pas choisi."

On sentait quand même qu’elle était émue de parler ainsi à l’étrange enfant silencieux qui sortait enfin de son mutisme.

Le jeune garçon : «C’est vrai ce n’est pas toi qui as choisi le nom de Merlin ? J’aime beaucoup les merles, les corbeaux et les pies, je trouve que ce nom lui va très bien.

Elle : Hé bien, nous ne mettons pas les enfants au monde pour notre plaisir, nous savons qu’ils nous échappent pour vire leur vie, disons que Merlin avait pris de l’avance."

Elle fit un clin d’œil à son fils.

Même le bébé avait cessé de pleurer en sentent que l’instant était spécial.

Hermine regarda le bébé et lui demanda : « Neige c’est très joli est-ce que cela te plairait ? »

Le bébé sourit.

Merlin : « C’est plus sympa que Flocon déjà, j’ai une surprise pour toi Yvain, nous devrions allez voir la reine, et laisser Hermine et Hunith s’occuper du bébé qui a faim, nous verrons bien s'il apprécie ou non ta proposition dont je tiens compte."

Il laissa sa famille pour conduire le pupille vers la cour où effectivement une surprise l’attendait.

Le jeune garçon : «C’est quoi une surprise ?

Le jeune sorcier : C’est un cadeau, un cadeau rien que pour toi.

Yvain : Un cadeau ? J’ai un cadeau ? »

Merlin ne put s’empêcher de se retourner vers Hunith pour lui lancer un regard nostalgique.*Voir le jeune garçon au loup.



Il savait que s'il partait vers son village, le pupille allait être très triste et il avait fait une rencontre dans la forêt, après avoir demandé la permission à Gwen c’était au tour d’Yvain de faire une rencontre. Une rencontre qui il l’espérait apaiserait un peu le son chagrin.

Yvain traversa la salle du trône qui l’intimidait toujours autant, mais la rencontre que le sorcier avait faite devait être présentée à toute la cour pour être acceptée, car il s’agissait là d'un cadeau qui pouvait ne pas être accepté par tous, il en savait quelque chose.

Ils se tenaient debouts devant la reine et Merlin prit la parole: "Majesté, j’ai fait la rencontre d’un noble animal, qui malheureusement n’a pas survécu à la saison froide, j’ignore pourquoi cette bête a mis bas lors de cette saison c’est vraiment saugrenu, mais il s’avère qu’elle avait bien mis bas. Je pense que c’est parce qu’il s’agit d’un loup apprivoisé qu’un «noble» aura abandonné là."

Il scruta sévèrement l’assistance.

"J’espère bien que l’individu en question ne faisait pas partie de cette cour, car lorsqu’on prend la responsabilité d’enlever la liberté d’un animal sauvage comme ça, ce n’est pas pour l’abandonner ainsi à la froide saison et à une mort certaine. Ce geste n’est pas noble du tout.

Voilà, maintenant il y a un petit sans défense et malheureusement je ne peux m’en occuper car je vais devoir vous quitter avec ma famille, ainsi j’espérais que peut-être le jeune Yvain qui grandit et devient un enfant responsable pourrait s’occuper de cet animal ?

Gwen : C’est peut-être encore un peu tôt, qu’en penses-tu Yvain ?

Le garçon souriait aux anges : Je vais avoir un bébé ?

La reine, émue aux larmes d’entendre sa voix : C’est une très grande responsabilité mon enfant, sauras-tu l’endosser?"

Yvain hocha la tête.

Elle acquiesça et Merlin fit quérir un serviteur qui apporta une boule de poils blanche près du jeune pupille.

Une rumeur s’éleva parmi l’assistance : «Un loup à la cour? »

Le garçon avait les larmes aux yeux en prenant l’animal dans ses bras : "Mon Dieu tu es magnifique, tu es encore plus blanc que le bébé de Merlin je vais t’appeler Flocon." Et il fit un clin d’œil à celui-ci.

Le sorcier : «En lui donnant un nom, tu deviens responsable de son sort jusqu'à sa mort, j’espère qu’il n’aura jamais à souffrir comme sa mère a souffert.

Yvain très solennel : Je jure de prendre soin de Flocon jusqu'à sa mort, mais je ne sais pas trop comment on s’occupe d’un loup.

Merlin sourit: Je ne vais pas partir d’ici la fin de l’hiver, et ma femme doit encore présider certaines réunions d’importance; cela me donne le temps de t’apprendre ce qu’un Vieil ami m’a appris des loups il y a très longtemps. Je vais t’apprendre le code de la meute des loups dont est directement inspiré le code de la chevalerie."

Il entendit de nouveau la rumeur au sein du public qui s’offusquait d’une telle comparaison, mais personne n’osa contredire le grand sorcier.

Gwen souriait, et Yvain prit Merlin dans ses bras : « Merci pour cette surprise, je n’avais jamais eu de cadeau.

Le sorcier dit tout bas au garçon : Je crois que Flocon non plus n’avait jamais eu de cadeau, il est comme toi il a perdu sa maman et a besoin d’un ami. »



Plus tôt dans la semaine, il avait été révolté de découvrir le cadavre d’une louve qu’on avait tenté d’apprivoiser, et qu’on avait abandonnée là à une mort certaine. Une pauvre louve avec un collier richement pourvu de pierreries, donc c’était un noble qui avait commis l’irréparable, et cet animal avait était maltraité vu le nombre de blessures et de cicatrices sur sa pauvre dépouille.

Il avait trouvé ensuite le petit, peut-être moitié chien et bien incapable de survivre seul en plein hiver. Que faire de ce petit, tous ses frères étaient déjà morts. Il n’avait pas eu la force de mettre fin à ses souffrances, il l’avait soigné et il avait survécu contre toute attente.

Qu’en faire ensuite, il l’avait ramené au château où on l’avait nourri. Sa femme n’était pas contraire à adopter le louveteau, mais l’idée avait fait son chemin dans la tête de Merlin. Un enfant qui allait se sentir seul et allait avoir besoin d’un ami; un enfant qui allait apprendre le code de la chevalerie, et donc comprendrait le code des loups. Un futur chevalier qui apprendrait le respect du code de la meute aux autres et empêcherait une telle horreur de se reproduire. Il en parla à la reine qui approuva, et qui lui dit qu’il devait faire ça solennellement afin que tous les gens de cette cour comprennent que les animaux sauvages n’étaient pas des jouets.

Cet enfant qui écoutait Merlin parler de la neige durant des heures ne pourrait qu’aimer cette petite boule de poils blanche, Yvain.

Ainsi donc, Flocon fit son entrée dans la cour de Camelot et inspira beaucoup le respect du code à un futur grand chevalier. Et il rendit le départ de Merlin et de sa famille plus aisé et plus doux au petit Yvain.

Il prit beaucoup de plaisir à enseigner le code à Yvain, en fait l’idée faisait son chemin qu’il aimait enseigner…

Hermine comprit que même si elle était douée pour la diplomatie, elle devait avoir bien d’autres potentiels, et la maternité ne lui pesa plus.

Hunith fut contente, elle allait retrouver son village qui lui manquait tant.

Le petit Neige fut surnommé comme ça malgré qu’on lui ait donné un vrai nom, le nom d’un grand homme qui avait donné sa vie pour qu’il arrive dans le monde indemne.




macrale  (25.07.2014 à 10:00)

Chapitre 7 :

Un but.



La petite famille rentra donc dans le village d'Hunith, pour le meilleur et le pire. Il devint une sorte de mentor pour tous les enfants et grands enfants en grandes difficultés de vie, ils avaient une maison dédiée aux « enfants perdus » dans le village ; seuls des enfants de tout âge y vivaient quelques années de leurs vies, d’où ils sortaient pour ensuite prodiguer la sagesse du maitre Merlin. Ils arrivaient là-bas cassés par la vie, abandonnés ou rejetés ou juste sans famille pour tout un tas de raisons. Ils apprenaient d’abord à vivre, devaient travailler pour le village et apprendre à lire et écrire, et s’occuper des plus petits. Ils apprenaient aussi à respecter le vivant. Des animaux éclopés venaient aussi leur rendre une vie plus responsable et plus douce. Ainsi donc était la nouvelle occupation de notre sorcier, rendre la dignité à des « enfants perdus ».

Ça avait commencé petitement, d’abord un enfant recueilli, puis un autre… Il avait d’abord enseigné à des médecins et des sages-femmes, puis il se souvint de sa première rencontre avec un petit garçon perdu qui aurait voulu mourir… Il avait des pouvoirs, mais sa mère qui avaient beaucoup d’enfants déjà et venait encore d’accoucher ne pouvait vraiment pas s’occuper de celui-là trop bizarre à son goût… Un petit télépathe né dans une famille sans pouvoir et complètement perdu… Merlin enseignait à la sage-femme, qui avait aussi la magie et avait été dégoutée par le sort de l’enfant. Il était parti avec, pour lui redonner le gout de vivre.

Cela se sut et petit à petit d’autres enfants à problèmes arrivèrent au village, si bien qu’on leur dédia une maison…

Les cas les plus difficiles étaient surtout des enfants de sorciers qui souvent se retrouvaient avec des pouvoirs qu’ils ne maîtrisaient pas, et sa femme en fait devint également un pilier de cette « maison ». Plusieurs villageois aussi prenaient le relais. Et de partout dans le pays arrivaient des enfants parfois vraiment en mauvais état, ou parfois juste des enfants dont les parents souhaitaient qu’ils aient l’enseignement du sorcier qui aurait pu être conseiller à la cour.

Durant de nombreuses années en fait, Merlin fut presque tranquille avec le « spectre d’Arthur » qui approuvait ce qu’il faisait. C’était une idée géniale en fait, donner de l’éducation aux adultes de demain en les rendant le plus autonomes possible face aux dogmes ou encore aux idées populaires qui parfois pouvaient être désastreuses ; comment n’y avait-il pas pensé lui-même? Une idée tellement géniale que la reine elle-même fit instaurer une éducation pour tous. Ainsi donc, tous les enfants pouvaient accéder à une éducation qui avant était dispensée aux seuls nobles.


                                                                                ***



Enfin, Merlin connaissait le bonheur, Neige grandissait, c’était un petit enfant espiègle aux cheveux foncés bouclés avec des reflets roux. Sa peau pâle finit par se colorer un peu au soleil. Il était mince mais sa musculature fine lui conférait une agilité pour monter les chevaux ou au maniement des armes, au grand dam de ses parents qui avaient appris à ne pas aimer les armes. Il lui arrivait souvent de suivre les cours du maitre d’armes à « la maison des enfants perdus » qu’on avait cessé d’appeler ainsi pour dire « maison des enfants ».

Il avait appris à s’occuper car ses parents l’étaient souvent eux-mêmes, mais cela ne l’avait jamais dérangé car il était épanoui. Pour lui, son père n’était pas le sorcier de la légende, c’était juste son père qui conférait des cours parmi d’autres enseignants.

Ses pouvoirs s’étaient révélés l’année de la soupe aux oignons, appelée ainsi parce que Neige n’aimait plus que ça et finit par imposer son régime à toute la famille. Il allait sur ses cinq ans. Bien sûr, il communiquait par le langage télépathique avec ses parents depuis toujours, Hermine ne l’avait jamais testé comme elle avait promis à son époux. Ainsi donc, les parents attendirent d’avoir la surprise de savoir s'il avait des donnas ou non. Pourtant, elle testait plein d’enfants qui parfois avaient des donnas encombrantes et problématiques. Il avait demandé un jour s'il avait des pouvoirs ou non, mais son père lui avait dit qu’il ne savait pas et que cela ne changeait pas grand-chose à son amour pour lui. Quelques soient ses aptitudes, il trouverait sa place dans ce monde.

Il voulait devenir chevalier, il trouvait ça noble de défendre son prochain. Il n’avait aucune idée du rôle que ses parents avaient tenu dans la dernière guerre. Son père lui disait toujours: "J’espère bien qu’il n’y aura plus jamais de guerre." Chaque fois, ça désolait Neige qui alors piallait en disant qu’il n’y aurait alors plus de chevaliers et son père s’inclinait alors devant lui comme un simple serviteur. Il détestait ça.

Il y eut aussi une attaque du village par les Vouivres, et Neige entendit pour la première fois le commandement du dragon‘s lord, son père émit un ordre dans un langage archaïque et les cousins de dragons laissèrent le village en paix.

Neige découvrit donc qu’il descendait d’une lignée de dragon’s lord. Il était aussi passionné par les histoires de dragons… En restaient-ils encore ? Est-ce qu’il serait lui-même un dragon’s lord ?

Merlin lui apprit qu’il ne restait qu’un seul dragon au monde, qu’il n’avait jamais plus eu de nouvelles d’elle et que Neige ne saurait s'il avait hérité de ce don qu’à sa mort. Petit comme il était, il ne pouvait imaginer que son père meurt un jour. Ainsi donc, il ne posa plus jamais de questions que sur les anciennes histoires de dragons. Mais secrètement, il désirait devenir le premier chevalier-dragon’s lord.

Ce matin-là, le couple se rendait au marché, et ils avaient pris Neige pour qu'Hunith puisse un peu se reposer. Il fallait acheter quelques denrées car une amie allait venir souper chez eux. Pour Neige, c’était juste une amie de la famille, il n’avait aucune idée de son rang, et en plus elle parlait beaucoup de son enfant qui était un futur chevalier et de ses progrès. Il adorait les visites de Gwen. Mais il n’aimait pas qu’on ne servit pas de soupe aux oignons quand elle était là.

Merlin et Hermine firent un tas d’achats qui mina le moral de Neige, personne n’avait racheté d’oignons et de pommes de terre, et il n’y en avait plus du jardin. Personne n’ayant anticipé les exigences de l’enfant pour la soupe aux oignons cette année-là, on en avait pas planté assez. Pendant que ses parents se chamaillaient ; enfin ils ne se chamaillaient pas vraiment, ils se taquinaient, mais pour Neige c’étaient normal… Bien que pour une partie des villageois, c’était un spectacle à ne pas manquer car tout le monde riaient beaucoup de leurs blagues. Neige lui envisageait secrètement de subtiliser leurs commissions pour les échanger contre des oignons et des patates. Mais il fut pris la main dans le sac par un marchand qui pensa qu’il le volait. Il avait beau expliquer qu’il ne s’agissait que d’un échange, le vendeur de légumes n’apprécia pas de se retrouver avec un poulet à la place de ses oignons. Il se fit donc vertement gronder par ses parents. Mais le garçon était têtu et il trouva une manière plus discrète de subtiliser les oignons et les pommes de terre, il découvrit qu’il pouvait les faire voler dans les airs, et les adultes n’y virent que du feu.



Ainsi donc, le couple rentra avec un panier de commissions surprenant. Gwen était arrivée à la maison, elle accueillit ses amis avec joie, elle allait rester quelques jours à Ealdor. Et quand elle aida Hermine à préparer les courses pour le souper - elle aimait retrouver des tâches simples quand elle rendait visite à ses amis - elle fut surprise de ne trouver que des oignons et des pommes de terre dans le panier. Hermine se confondit en excuses et lui expliqua qu’ils étaient tous au régime forcé depuis quelques jours de soupe aux oignons parce que son fils ne voulait plus manger que ça. La reine en rit beaucoup.

Merlin prit son fils en l’asseyant sur la table ce qui ne présageait rien de bon, d’habitude quand son père faisait ça, c’est qu’il allait avoir droit à un sermon. Donc il ne dit plus rien et baissa le nez en attendant la remontrance. Il fut désarçonné par le fait que son père lui demanda simplement comment il avait fait ça… Le nez dans son écharpe, il émit faiblement :

"Je ne sais pas, j’ai juste demandé aux oignons de voler et ils l’ont fait, personne ne m’a vu les prendre comme ça."

Son père explosa de rire, ce qui surprit encore plus l’enfant.

Il lui dit : "Peux-tu me montrer comment tu demandes aux oignons de voler ?"

Neige s’exécuta, ses iris bleus clairs se mirent à briller de reflets dorés, et les oignons du panier s’élevèrent dans l’air, devant l’air ahuri de tout le monde. Merlin explosa encore de rire et dit à sa femme : "Voilà tu peux le tester maintenant si tu veux, de toute façon ça ne changera plus grand-chose."

Ses yeux brillaient de coquinerie quand il lui dit ça. Et le garçon ne comprit pas tout. Sa maman elle était très tracassée : "Mais il n’a que cinq ans mon Dieu c’est tôt ? Comment peut-il comprendre d’utiliser ses pouvoirs à bon escient si jeune ?

Hunith soupira de loin : C’est reparti pour un tour.

Et Merlin ré-explosa de rire en émettant un léger : Oups.

La grand-mère: Ce n’est pas drôle Merlin, la magie était interdite, tu n’as pas idée de ce que j’ais dû faire pour cacher tes pouvoirs, je me souviens bien de ces pommes que tu avais subtilisées au voisin, ou alors du vieux Manfred qui s’était retrouvé tremper jusqu’aux os… »

Hunith commença à sortir ainsi plein de bêtises que son fils avait fait enfant et de comment elle s’était débrouillée pour faire passer ça comme des accidents. Neige faisait de gros yeux : "Papa t’as piqué des pommes ? Et tu me grondes alors qu'au marché j’échangeais un poulet avec des oignons ?"

Gwen n’en pouvait plus de rire.

Hermine était désarçonnée devant ses hommes.

Merlin regarda Neige droit dans les yeux : "Jeune homme, j’ai dû aussi apprendre que le vol ce n’est pas bien du tout, et ce soir quoi que vous fassiez nous mangerons du poulet."

Il fit apparaître sous ses yeux un plat de poulet tout préparé avec des victuailles en tout genre pour accompagner.

Le garçon n’en croyait pas ses yeux, son père était vachement fort, il allait devoir se tenir à carreaux quand même. Hermine soupira en entendant le cheminement de pensée de son fils et Merlin invita toute la maisonnée à sa table.

Neige finit par s’excuser d’avoir imposé à tout le monde le menu du jour, et il vit apparaître devant lui un bol de soupe à l’oignon bien chaude juste comme il aimait ça. Son père pouvait avoir des airs de héros aussi parfois, même si ce n’était pas un chevalier.

Son père lui expliqua que c’était un grand jour pour lui, car il avait découvert ses aptitudes à la magie. Des possibilités infinies s’ouvraient à lui, il lui parla d’un grand homme dont il portait le nom; car en fait Neige n’était qu’un surnom, il avait un vrai nom que personne n’utilisait. L’homme dont il portait le nom avait été médecin à la cour du plus grand roi de tous les temps. Mais il lui parla aussi d’un ami qui enfant lui avait appris le code des loups, il lui expliqua que le code des chevaliers en découlait. Neige était estomaqué, son père avait été ami avec un loup et avait appris le code des chevaliers. Ce soir son père était un héros, et il envisagea peut-être de devenir autre chose qu’un chevalier… un mixte de chevalier-sorcier-médecin peut-être?

La soirée se poursuivait autour d’anecdotes.

Hunith plongée dans ses souvenirs : « Oh mon Dieu et quand le vieil Armand qui t’embêtait toujours avait perdu sa culotte… » En regardant fixement son fils.

Le père-héros de Neige piqua un phare royal devant lui : "Oh non maman pas ça.

Gwen explosa de rire : Oui il me semble aussi qu’un grand roi avait tendance à parfois perdre sa culotte.

L’honorable grand-mère : Aucun respect pour l’autorité ce gamin.

Neige regarda son père se décomposer, lui jetant un regard en coin : Ainsi donc les culottes peuvent se perdre ?

Merlin : Ne t’avise même pas, jamais ! »

Hunith maîtrisait le sport des grands-parents qui consiste à saper l’autorité parentale, c’était même une très grande artiste en son genre, et Merlin se jura qu’un jour lui aussi il serait grand-père.

Hermine se tenait les côtes, elle avait mal à force de rire.

Quand le garçon fut au lit, les adultes discutèrent longtemps encore. Merlin était fier d’avoir un fils chevalier-sorcier-médecin-voleur d’oignons. Hermine décida qu’elle le testerait en douceur. Gwen donna des nouvelle d’Yvain et de Flocon, ainsi que d’un adolescent indiscipliné qui devrait peut-être faire un séjour à « la maison des enfants » afin d’économiser les légumes au pilori. Hunith raconta encore quelques anecdotes à propos de l’enfance de son fils qui lui colla bien la honte devant sa femme et sa reine.

Plus tard dans le lit, après qu’elle ait bien exploré les pensées de son fils pour être sûre qu’il soit endormi, Hermine demanda à son époux à qui il avait « piqué » un poulet pour sauver le repas de la soirée, celui-ci en émettant de nouveau un "oups": "Au voisin, j’irai le dédommager demain ; après tout c’était pour une noble cause, le repas de la reine !"

Elle lui demanda ce que le voisin avait mangé lui ce soir, et il répondit : "De la soupe aux oignons…" Hermine repartit dans son fou rire irrépressible.

Ainsi donc, l’année de la soupe aux oignons, on eut la révélation que le petit Gaïus alias Neige était un puissant sorcier.



                                                                                       ***



L’adolescente vraiment perdue :

Un jour arriva à la maison des enfants une adolescente révoltée. Une demoiselle d’une douzaine d’années environ, dont on ignorait tous de ses parents. On l’avait trouvée à l’orée d’une forêt, errante. C’était une sorcière, elle était munie de pouvoirs défensifs, les druides l’avaient amenée car ils ne pouvaient rien pour elle. Systématiquement, elle refusait de l’aide et ses pouvoirs étaient très grands. Beaucoup de druides avaient été assommés par ses crises de colère. Merlin eut un choc en la voyant arriver, ses cheveux était noirs corbeau comme les siens et ses yeux d’un vert qu’il avait déjà vu sur deux personnes, Morgane et Uther. Elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à Morgane. Fut-il possible qu’elle ait eu une fille ? Il n’eut finalement pas envie d’explorer la filiation… Il eut un flash d’une ancienne vision, ainsi donc il n’y avait que le futur. Il eut trop peur d’avoir des a priori sur elle, si jamais. Hermine vint pour la tester et elle aussi eut un choc en la voyant, mais décida de se ranger à la décision de son mari. C’était finalement sage de ne pas savoir. On devait aider cette jeune fille à s’en sortir, point final. La résistance de la jeune fille était terrible, Hermine sentait la magie crépiter tout autour d’elle, on l’avait isolée dans une chambre pour qu’elle ne fasse voler personne dans le décor. Elle dormait mal, et Hermine ne pouvait pas la tester dans son état, il valait mieux qu’elle soit collaborante sinon l’opération risquait d’être douloureuse. Elle l’interrogea donc par télépathie pour déjà voir si elle avait le langage : «Bonjour je m’appelle Hermine, est-ce que tu fais des cauchemars? »

La gamine prostrée dans un coin de la pièce se retourna, oui elle avait le langage. Elle explora un peu et eut un choc devant le trou noir de ses pensées… Grand Dieu, elle avait tué un sorcier télépathe, elle aurait dû mourir avec, son âme s’était liée avec et la mort de celui-ci avait creusé un trou abyssal de souffrances dans l’âme de cette jeune fille. Celle-ci se mit à pleurer et se prostra encore plus. Hermine convoqua une réunion d’urgence.

Oui, c’était bien une sorcière aux grands pouvoirs, on en trouvait si peu, mais la testeuse avait bien peur qu’elle soit perdue à jamais. On ne pouvait pas guérir de la blessure qu’elle avait infligée à autrui. Comment était-ce arriver? Sans doute de la légitime défense vu son âge, bien qu’il fallait explorer ça ; mais quoi qu’il arrive elle aurait toujours un trou abyssal dans la tête. Elle n’aurait pas dû survivre. Merlin frissonna, il ne savait que trop bien ce que la demoiselle endurait. Elle n’était pas morte, mais psychiquement sans doute…



On allait devoir créer une barrière télépathique autour de sa chambre pour que ses pensées noires ne perturbent pas les autres pensionnaires, d’autres avaient la télépathie. Merlin prit des cristaux et émit une formule magique, ainsi fait les cristaux amortissaient le champ télépathique de tous ceux qui en approchaient. Il dit tout haut à Hermine et Joël qui ne pouvait plus l’entendre, que c’était mieux dans un premier temps et que la demoiselle ainsi aurait aussi les idées plus tranquille dans sa propre tête.

Hermine : « Je ne savais même pas qu’on pouvait faire ça avec les cristaux ! C’est désagréable j’ai l’impression d’avoir l’esprit dans du coton.

Merlin : Les cristaux sont les vecteurs de la magie, ici j’ai juste inversé le processus, je ne sais pas si d’autres y ont pensé avant moi, mais je ne vois que ça pour cette fille. Il faut déjà isoler son esprit du gouffre de l’autre sorcier pour pouvoir lui parler, ainsi nous pourrons déjà communiquer avec à voix haute. Je suis désolé d’une telle barbarie, mais je ne vois pas comment la sortir de sa situation dans l’immédiat.

L’épouse, qui se souvenait d’un jeune homme qui avait survécu au baiser du dorochas et à la mort d’une grande prêtresse : J’ai bien peur que ce soit impossible autrement, non ce n’est pas de la barbarie ce que tu fais, vas-y met les cristaux prêt d’elle."

Il eut les larmes aux yeux. Ils découvraient très peu d’enfants munis de pouvoirs, et celle-ci risquait de perdre l’esprit avec les siens. Peut-être l’avait-elle déjà perdu… Des fois, Merlin pensait que la magie était une malédiction, heureusement que les cristaux l’isolaient des autres.

Il entra dans la chambre, les cristaux dans les mains qu’il posa sur le meuble. Il se retourna vers la jeune fille et dit tout haut: "Bonjour je m’appelle Merlin, je suis désolé de ça; je n’ai pas trouvé d’autre solution."

Il avança lentement vers elle et s’accroupit. La jeune fille ne pensa pas à l’attaquer car elle respirait l’air à grandes goulées comme si elle était soulagée, elle le regarda, ensuite regarda les cristaux… "C’est comme si j’avais la tête dans du coton ?

Merlin sourit : Je suis content d’entendre ta voix, elle est très jolie. »

Elle le regarda bizarrement.

Il lui sourit encore : « Comment t’appelles-tu ?

Elle : Je m’appelle Ismée.

Lui : Bonjour Ismée, voilà ici tu as trouvé un toit pour un temps si tu veux, il semble que tu ais de graves soucis, et on va essayer de t’aider.

Ismée incrédule : Vous voulez m’aider? D’habitude les gens veulent plutôt ma mort.

Il soupira : Ici, ce n’est pas comme ce que tu croises d’habitude, on sait que tu souffres, je te demande en échange de ne faire mal à personne, dans la maison il y a des enfants très jeunes. »

Elle hocha la tête.

Merlin: "Nous allons essayer de t’aider comme nous pouvons, si tu le désires bien sûr; il faudra qu’on te pose des questions qui pourront être gênantes, pour mieux comprendre ce qui t’arrive, tu comprends c’est pour t’aider. Je suis vraiment désolé de t’aveugler ainsi de tes pouvoirs, pour l’instant ils te jouent malheureusement des tours; mais j’espère qu’on pourra vite enlever les cristaux.

Ismée : J’aimerais mieux qu’on ne les enlève jamais.

Il avait les larmes aux yeux : Tu sais un jour je me suis retrouvé sans pouvoirs, et c’est vraiment très effrayant; je comprends que tu dois souffrir beaucoup pour me demander ça. J’espère vraiment qu’on va trouver une solution. Est-ce que tu veux bien? Tu veux rester avec nous ? »

Elle hocha de nouveau la tête.

Merlin sourit : « Bienvenue dans la maison des enfants Ismée, avant on disait la maison des enfants perdus pour rire, car ici personne n’est perdu. Même pas toi."

Elle sourit, et il fut ému, elle ressemblait tellement à la jeune Morgane qu’il avait connue à la cour. Il fut content que les cristaux soient là, parce qu’il n’était pas sûr que sur le coup de l’émotion ces pensées-là soient barricadées, surtout que ça l’emmenait sur le terrain miné de la mort de Morgane. Si cette fille avait vraiment tué un sorcier, il avait une vague idée de ce qu’elle endurait, et il frissonna.

Certaines personnes pensaient qu’il était trop sensible, mais peu de personnes savaient vraiment ce qu’il avait enduré. Ce n’était pas de la sensiblerie, son pouvoir immense avait des contreparties que le commun des mortels ignorait.



Ismée se socialisait doucement, elle se promenait avec un cristal inversé dans une poche, les enfants télépathes avaient tendance à s’écarter de ça. Se sentir aveugle mental était presque douloureux pour un sorcier, c’était comme perdre un membre ou un sens. Hermine et Joël avaient en fait beaucoup de mal aussi.

Merlin essaya d’affiner son sort pour que le cristal émette le moins loin possible. Finalement, on put approcher Ismée quand on avait des pouvoirs mais sans la toucher. Elle n’avait jamais eu de vie qui se rapprochait plus de la normale que ça, elle en était contente. Elle n’arrivait pas à se contrôler sans ça, en fait ses pensées étaient tellement perdues dans le tourbillon noir qu’elle avait dans la tête qu’elle ne contrôlait pas ses défenses, et ne faisait pas exprès d’envoyer les gens dans le décor. La magie pour elle était une malédiction. Lorsqu’elle dit ça à voix haute une fois, elle fit écho aux pensées de Merlin. Et Hermine eut des frissons.

Hermine, qui avait eu son lot avec son pouvoir maudit de sa lignée et qui avait si peur de le transmettre à ses enfants, s’était déjà posée aussi la question. Les sorciers étaient-il finalement des monstres? Une erreur de la nature destinée à souffrir ? Elle pensait aussi à tout ce que Merlin avait dû endurer et à sa sensibilité à fleur de peau… Comment avait-il tenu si longtemps sans être entouré de gens comme lui et sans être compris? Elle savait que son époux n’avait aimé que deux femmes, Freya et elle, elle se doutait que Freya, malgré le sort affreux qu’on lui avait jeté, devait avoir un grand pouvoir d’empathie… Merlin était trop sensible pour vivre avec une aveugle mentale sans en souffrir. Elle était contente de l’avoir trouvé, qui aurait-il pu aimer d’autre ? Quoi qu’il avait aimé son roi sans condition… Elle sourit, elle avait des préjugés finalement.

L’adolescente raconta finalement un jour qu’un druide l’avait élevée seul. Un druide converti à l’Ancienne religion, c'est-à-dire pas pacifique du tout. Tout ce dont elle se souvenait, c’est qu’elle faisait partie d’un plan, elle était destinée. Elle ne savait pas qui étaient ses parents, elle soupçonnait qu’on l’avait « fabriquée» comme un pion dans un grand échiquier, mais que malheureusement cela ne s’était pas passé comme prévu. Ce «père adoptif » avait reçu l’ordre de l’éliminer, et elle s’était défendue, et quand l’homme était mort il avait laissé un grand trou dans sa tête qui la rendait folle. Merlin pleura en écoutant son récit, il craignait qu’elle soit bien la fille de Morgane, il était content qu’elle ait le cristal sur elle. Seule, elle aurait eu l’esprit perverti au point de faire venir un enfant au monde dans un but précis? Ismée était trop jeune pour se souvenir de ce à quoi elle était destinée. Il avait envie de vomir et n’avait plus envie d’entendre parler de la destinée de qui que ce soit. Il sortit discrètement et partit en forêt plusieurs jours pour se ressourcer, comme cela lui arrivait de temps en temps. En fait, il perdait pied de n’avoir aussi été qu’un pion dans les pensées de sorciers qui avaient voulu la mort d’Arthur… Il perdait pied et le fantôme d’Arthur refaisait surface ainsi que les visions, il fallait qu’il s’échappe, il devait protéger les siens d’abord.

Le fantôme d’Arthur était persuadé qu’Ismée était la fille de sa sœur, tout correspondait, il grondait Merlin de ne pas vouloir regarder la réalité en face…

Il était écroulé devant un arbre pour vraiment vomir : « Assez que m’avez-vous fait tous ? Que nous avez-vous fait ??? Assez ! »

Merlin avait absorbé les pouvoirs des cristaux dans la grotte et par deux fois, sa magie était l’essence même des cristaux. Il s’inversa lui-même. En fait, c’est sur lui qu’il avait expérimenté ce sort, des fois le poids était trop lourd, il s’enfuyait loin de tout, et s’isolait d’Arthur, des pensées des autres, des visions passées et futures, de tout. Même avec Hermine il ne pouvait pas partager tout ce poids, il s’endormit au pied de l’arbre, l’esprit apaisé. Sans se rendre compte qu’au loin un loup le veillait. Merlin ainsi récupérait et rechargeait ses batteries. Il était le sorcier le plus puissant, mais il n’était qu’humain.



Il se réveilla avec le fantôme de Balinor à ses pieds, il semble que seul son père savait le toucher quand il s’isolait de ses pouvoirs. Il était reposé et écouta cet homme : "Bonjour Merlin.

Merlin : Bonjour papa.

Balinor: Tu sais mon fils, la magie n’est pas une malédiction, elle nous a été donnée par les dragons et les éléments naturels, elle n’est ni Bien ni Mal, seuls les hommes en font le Bien ou le Mal.

Merlin : Je sais ça.

Balinor: Alors pourquoi t’isoles-tu ?

Merlin: La prophétie… Je suis comme Ismée, quelqu’un m’a fait venir au monde comme une pièce rapportée de jeu d’échec…

Balinor sourit: Non Merlin, tu le résultat de l’amour que portait Kilgarrah aux êtres humains. Tu n’es pas le résultat d’une longue lignée, tu es l’essence même du don que les dragons ont fait aux hommes, les hommes n’auraient pas pu créer de pouvoirs si puissants.

Merlin : Kilgarrah aimait les hommes ?

Balinor: Kilgarrah était très vieux, c’est son père qui nous a donné la magie, parce qu’un homme avait sauvé son fils.

Merlin ouvrit grand les yeux : Il me manque tellement, Kilgarrah. Avant quand j’avais des questions je le trouvais…

Balinor: Il est encore un peu là en moi, en toi. Il nous aimait oui.

Merlin : Nous l’avons détruit lui et tous les siens ; pourquoi ?

Balinor: Il savait que ce temps allait arriver, il y aura un temps où les hommes trouveront enfin la sagesse.

Merlin : Comment ? Les hommes sont si cruels ?

Balinor: Il y a du dragon en toi Merlin, la sagesse du dragon, tu dois guider les hommes aussi longtemps qu’il faudra.

Merlin : J’ai du dragon en moi ?

Balinor rit sous cape: Tu es la magie originelle, à toi de voir si les hommes ont besoin de ce don ou pas pour devenir sages."

Il disparut.

Merlin : « Tu ne vas pas t’y mettre avec des énigmes non plus toi ?

Arthur : Tu n’es qu’un idiot Merlin, on se demande comment un dragon a pu faire de toi un creuset de leur sagesse, il devait vraiment être bien vieux. »

Retour à la réalité, Merlin re-barricada le fantôme d’Arthur qui lui ne disparaissait jamais.

Il se leva et rentra chez lui pour faire sa toilette, se ressourcer en famille et réfléchir au cas d’Ismée.



Le lendemain, il vint près d’elle et lui demanda à lui parler en privé… Il agrandit le champ d’action des cristaux pour que personne ne puisse les entendre.

Il lui demanda : « Ismée, as-tu vu Aithusa ?

L’adolescente : Le dragon blanc ? Oui une fois.

Il soupira : Merci Ismée. »



Il organisa une réunion avec Hermine, Joël et les autres enseignants de la maison des enfants.

Merlin: "Il semblerait que nous ayons vraiment un cas d’enfant perdu ici, je ne trouve pas d’autre solution que de la priver définitivement de ses dons, non seulement ça la rend folle, mais en plus je pense qu’il s’agit bien de la fille de Morgane, c’est peut-être une bombe à retardement qui s’ignore…" Il pleurait en disant ça.

Hermine: «Es-tu sûr de ce que tu avances? Comment sais-tu qu’il s’agit de sa fille si tu n’as pas fait un sort pour savoir de quelle lignée elle vient?

Lui: Elle a vu Aithusa! Je n’ai pas besoin de connaitre sa lignée, ce n’est pas un chien avec un pédigrée, c’est une enfant.

Joël: Peut-être devrions-nous la tester pour savoir si c’est réellement une bombe à retardement où non?

Merlin regarda sa femme : Je refuse de prendre ce risque avec Hermine, Ismée aurait dû être éliminée à la mort de sa mère, donc elle a un pouvoir qui est sans doute incontrôlable sans la dernière prêtresse. De plus, la mort du druide qui devait l’éliminer a laissé des dégâts dans son esprit qui rendent ce pouvoir certainement encore plus incontrôlable. On ne peut pas se permettre de prendre un tel risque.

Son épouse : Tu ne penses pas qu’elle puisse contrôler cette donnas?

Il secoua la tête: Je ne sais pas, je ne veux pas prendre le risque, j’ai déjà failli mourir en contrôlant la malédiction des Sigan, alors que tu n’étais programmée en rien…"

Elle frissonna, il n’avait jamais dit ça…

Merlin: «Tu comprends, la malédiction des Sigan, si jamais elle est programmée pourrait devenir une arme de destruction massive. Je suis désolé, je ne suis sans doute pas objectif, mais j’avoue je suis perdu.

Le maître d’armes: Si toi tu es perdu, alors qui peut savoir ?

Joël : Il ne faut sans doute pas prendre ce risque, si nous lui demandions son avis ?

Notre sorcier: Je pense qu’elle l'a déjà donné, mais par acquis de conscience je vais essayer de voir si je ne peux pas voir son futur. C’est risqué aussi, les visions du futur peuvent influencer la décision et ce ne sera quand même pas une vérité… J’avoue, je suis perdu.

Le maitre d’armes: Faites venir l’intéressée, après tout c’est un cas de conscience qui la concerne, elle me paraît assez grande et lucide pour participer à la décision finale."

Tout le monde hocha la tête.

On fit rentrer Ismée et on lui expliqua…

Elle resta un long moment silencieuse puis: "Alors je suis la fille de Morgane? Je pense que j’ai toujours été folle, pas besoin que Merlin cherche une vision, j’ai toujours vu l’avenir…

Tout le monde resta coi sauf Merlin: Tu as la vision? Oui sa fille en effet.

Ismée: Enfin l’avenir… Pas un avenir, tous les avenirs, je t’ai vu bien des fois Merlin… Tu me tues ou tu m’enlèves mes pouvoirs."

Il pleurait, ce n’était qu’une enfant, comment avait-elle supporté ça…

Ismée : «Souvent dans mes visions, la terre brûle autour de moi, je tue les descendants d’Arthur, tous… Et pourtant il n’y en a pas ! Ou pas encore… »

Merlin mit ses mains jointes sur sa bouche.

Les autres comprenaient à peine, ils comprenaient juste que cette enfant n’était autre qu’une arme cachée destinée à mourir quoi qu’elle fasse… Morgane était vraiment devenue folle de faire ça à sa propre fille.

Notre sorcier : «Que devons-nous faire de toi Ismée ?

Elle réfléchit longuement: Je préfère vivre avec un cristal inversé, ne plus jamais avoir de pouvoirs que de mourir.

Il inspira à fond: Je peux t’enlever tes pouvoirs définitivement, c’est risqué; mais les gens pourront te toucher. Tu seras handicapée…

L’adolescente : Je le suis déjà. Comment vas-tu faire ? Les cristaux ne suffisent pas ?

Lui : Non, je ne veux pas prendre de risque, les cristaux peuvent se détruire ou se perdre. Je dois t’emmener dans un lieu isolé, parce que tu risques de te défendre, je couperai dans une partie de ton cerveau, là où résident les pouvoirs, tu peux me tuer, je peux aussi te tuer… Mais nous ne pouvons pas prendre le risque de te laisser en vie comme ça."

Il n’en finissait pas de pleurer.

Elle : «Je préfèrerais mourir que de risquer de te tuer Merlin, les enfants d’ici ont besoin de toi.

Il n’osa plus la regarder en face : Non nous essayerons!"

Il n’osait pas regarder Hermine, il n’osait même pas frôler son esprit. Il était sûr qu’au fond d’elle, elle hurlait qu’il prenne tant de risques.

Merlin: «Nous partirons demain matin dans un lieu que seuls moi et Hermine connaissons, si jamais on restait trop longtemps elle saura où nous chercher.

Sa femme hurla intérieurement et malgré les cristaux inversés Merlin l’entendit : La grotte aux cristaux pourquoi?

Merlin répondit à voix haute à sa femme en laissant les autres interloqués : Parce que c’est le berceau de la magie, le seul endroit où je peux réussir à contenir une catastrophe si jamais."




macrale  (01.08.2014 à 11:33)

Chapitre 8 :

La libération d’Ismée :



Merlin et Ismée étaient à l’entrée de la grotte, il lui dit: "Tu sais, jolie demoiselle, ce que tu endures n’a rien à voir avec la magie, c’est une malédiction qu’on t’a jetée, un sort… Je sais que tu vas devenir aveugle, et je ne vais pas te dire que c’est pour ton bien…

Ismée: Merlin, ce que j’ai en moi ne sont pas des dons, ce n’est pas comme toi ou les autres sorciers… De toute façon je suis fatiguée, pas d’avoir le trou d’un mort dans la tête, ça à la limite on peut en cicatriser, tu l’as fait… Non je suis fatiguée du futur, enfin les futurs.

Lui: Tu as vu Arthur revenir et avoir une descendance ?

L’adolescente : Dans les versions du futur où je meurs…

Merlin : Quand ?

Elle : Tu ne le sais pas ? Tu n’as pas la vision de son retour ? Je ne sais pas si je dois te le dire…

Le sorcier : Je voudrais juste revoir mon ami…

Ismée: Je ne peux pas te dire quand, cela t’empêcherait de vivre pleinement ta vie de famille, ta famille est bien plus importante que tu ne le penses là, en ce moment…

Il rit nerveusement : Mais rien n’est plus important que ma famille…

L’adolescente : Tu comprendras en temps voulu. Mais sache que tu reverras Arthur, il ne t’a jamais vraiment quitté finalement.

Il vacilla : Personne à part des proches ne savait ça…

Arthur répondit dans sa tête : Oui ça on sait que je suis là? Mais quand? Je suis coincé avec un idiot qui ne veut pas me parler, faudrait pas que ça dure une éternité. Tous ces sorciers qui ne parlent que par énigmes c’est usant… »

Il ferma les barrières pour le faire taire.

Ismée n’avait pas de télépathie là tout de suite, mais elle savait avec qui Merlin était perdu dans ses pensées, et elle attendit.

Il respira un grand coup : «Tu aurais pu être une grande sorcière aux grands pouvoirs, c’est un gâchis inimaginable… Viens rentrons…»

Merlin rentra dans la grotte, suivi d’Ismée, il s’attendait à être attaqué…

Les yeux d’Ismée s’animèrent de reflets dorés, elle émit une incantation pour ne pas l’attaquer… Cela marchait, Merlin entendit sa voix intérieure, et comme une caresse lui dit : "Tu as une jolie voix."

Des larmes coulaient le long des joues d’Ismée: "Quel que soit les avenirs et ce qu’on t’a fait tu es toujours un homme bon, il t’arrive de me tuer, mais tu le fais avec la même répugnance que de m’enlever mes pouvoirs. Je ne suis pas une adolescente ordinaire Merlin, j’ai vu tellement d’avenirs, que j’ai l’impression d’être bien vieille…

Lui : Je te crois…»

Il approcha ses mains doucement de sa tête, ferma les yeux et se concentra… Il sonda et répertoria une carte de son cerveau comme un scanner, car il ne fallait pas couper n’importe où, il toucha certains endroits et la fit parler pour se situer, il était devenu callé en anatomie. Mais les tissus cérébraux semblaient propres à chacun… Il trouva, il coupa…

Dans une ultime défense, les pouvoirs d’Ismée envoyèrent Merlin contre les parois rocheuses, puis elle s’effondra.

Hermine avait attendu quelques heures, ne voyant revenir personne elle lança son cheval au galop pour rejoindre la grotte aux cristaux, elle seule, les autres ne devaient pas connaitre l’emplacement…

Elle les découvrit tous les deux inanimés, la petite était en vie… Elle sonda comme elle pouvait, comme Merlin lui avait appris… Il n’y avait pas d’épanchement de sang dans son cerveau. Il avait réussi!

Elle courut vers Merlin qui lui avait une sévère blessure à la tête, elle sonda avec beaucoup de mal, il avait une belle commotion, mais pas de fracture ni d’épanchement sanguin non plus… Elle le prit dans ses bras et s’effondra en larmes, il allait bien, il allait aller bien… Cette grotte lui rappela son propre cas, et ses enfants… Avait-elle transmis la malédiction des Sigan? Neige était indemne mais les suivants, et leurs enfants?… Ses enfants allaient-il avoir les mêmes angoisses qu’elle lorsqu’ils seraient à leur tour parents ??? C’était si difficile… Et il semblait bien que chaque fois Merlin risquait sa vie…

Il s’anima dans ses bras: «Chaque personne vaut le risque, toi, Ismée, mes enfants… Chaque personne en vaut une autre. Je suis apprenti physicien, je soigne…

Hermine rit dans ses boucles noires ensanglantées : Je pense que tu n’es plus apprenti. Ça va ?

Son homme : J’ai mal à tête, tu n’aurais pas amené de l’écorce de saule?

Elle : Si.

Merlin gémît dans sa poitrine en pouffant et l'entourant de ses bras: Tu es la meilleure femme du monde, ne change jamais."

Ils restèrent enlacés un moment… Elle voulut se lever, mais il ne la lâchait pas, puis elle lui dit : Si je ne me lève pas, je ne vais pas pouvoir t’apporter de l’écorce de saule pour ta migraine.

Merlin la tint serrée : oui. »



Ismée fut ainsi libérée et put vivre une vie heureuse de femme normale sans pouvoir, il lui arrivait de se demander ce que serait devenue sa mère si elle n’avait pas eu de pouvoirs non plus. Elle sut qui avait tué sa mère et ne lui en voulut pas plus que pour la perte de ses pouvoirs, Merlin faisait au mieux. Un jour, ses propres enfants prendraient le trône, elle l’avait vu dans beaucoup de futurs, Gwen sachant qui elle était ne déshéritait jamais ses enfants issus de la lignée des Pendragons … Elle était comme Hermine, angoissée de ce qu’elle pourrait leur transmettre; mais elle avait entendu Merlin: chaque personne en vaut une autre. Morgane avait voulu le pouvoir pour elle, alors qu’il suffisait de ne pas le vouloir pour l’obtenir, quelle ironie du sort. Elle resta quand même quelques années dans la maison des enfants d’Ealdor avant tout.

En fait, Merlin n’eut plus jamais de « cas magique » aussi tragique à traiter, il ne mit plus jamais sa vie en danger de cette façon. Enfin presque !


macrale  (08.08.2014 à 12:20)

Chapitre 9

Phénomène étranges :



Lorsqu’Hermine avait été enceinte une deuxième fois, Merlin avait constaté des phénomènes étranges autour de sa femme… Elle pourtant ne remarquait jamais rien, contrairement à sa première grossesse, elle était à l’écoute de son corps et dans une bulle avec son bébé dès le début. De ce fait, elle était un peu moins attentive à ce qui l’entourait. Confiante en son époux, confiante en l’avenir, un peu moins angoissée, et surtout consciente que sa vie de famille n’envahissait pas trop sa vie personnelle… Elle était consciente d’avoir beaucoup de chance, Merlin était un vrai papa poule, et Hunith une grand-mère très active. Bref, la maisonnée tournait bien, chacun faisait sa part de tâches à tour de rôle, même le petit Neige prenait parfois le relais spontanément. Des fois, elle était appelée pour une réunion diplomatique à la cour et pouvait s’absenter plusieurs jours, voire même semaines pour voler au secours de Gwen. En fait, elle n’était jamais vraiment séparée des siens, elle se souvint que le petit Neige avait fait ses premiers pas alors qu’elle était à la cour, mais Merlin lui avait fait tout partager par télépathie. Elle aimait aussi ce qu’elle construisait au village avec lui en s’occupant d’enfants délaissés, elle aimait sa vision d’avenir et ne regretta jamais de ne pas être restée à la cour en permanence. D’autant que dans la maison d’Hunith, même si celle-ci avait été un peu améliorée et agrandie, la vie était simple, et cela simplifiait énormément les tâches ménagères. Le jardin était une sorte de mixte de plantes, de légumes et de fleurs qui poussaient un peu librement et ne nécessitait pas tellement d’entretien. Leur vie était simple et épanouissante, leur projets souvent communs, bien que la vie de chacun y fut respectée en fonction de sa personnalité. Elle n’était plus cette sauvageonne chasseuse et presque guerrière, mais elle était restée très sportive. Lorsque son homme s’échappait en forêt, elle s’occupait un peu d’elle-même. Elle l’aimait plus que tout au monde, mais des fois leurs taquineries mutuelles frôlaient la dispute conjugale et c’était bien qu’ils prennent l’air chacun de leur côté.

Un jour d’été donc que Merlin n’était pas là, elle avait décidé de partir au lac pour s’occuper d’elle, de ses longs cheveux rebelles, et de sa peau qui d’après elle commençait à marquer l’âge. Hunith était une Bible en fabrication d’onguents et de produits de beauté, et c’était un vrai plaisir de prendre soin de soi. En plus elle adorait nager. Hunith vaquait à ses occupations de guérisseuse, et lui avait spécifié qu’elle prenne son après-midi, qu’elle irait rechercher le petit qui squattait encore chez le maître d’armes, et qu’il s’occuperait du souper avec elle. Hunith l’avait vue fatiguée et soupçonnait son état.

Son époux revenait d’une de ses retraites en forêt, il avait besoin de se ressourcer, d’écouter les arbres, les animaux, de laisser un peu s’exprimer le fantôme d’Arthur, de laisser son esprit s’ouvrir au futur aussi. Merlin avait parfois des flashes qu’il ne comprenait pas, il voyait tellement d’enfants, ce ne devait pas être tous les siens, Dieu merci sa femme n’avait pas été « la pondeuse » qu’il avait craint au début de son mariage. Si elle avait maintenu le rythme, il aurait été père d’une famille plus que nombreuse. Avec son travail « à la maison des enfants », cela ne l’inquiétait pas plus que ça d’avoir des visions de futur d’enfants nombreux, finalement il prodiguait un enseignement et en voyait tellement passer qu’il n’y prêtait pas plus attention que ça. Hermine lui manquait, son couple avait atteint une vitesse de croisière, la passion du début avait fait place à un profond attachement et une tendresse infinie, il aimait tellement cette femme… Il était toujours tellement surpris de constater que cette vie lui fut finalement donnée. Une vie de famille simple et heureuse, une vie de petits bonheurs s’enchaînant les uns aux autres, une vie qu’il n’aurait jamais pensé pouvoir obtenir. Bon évidemment, sa famille n’était pas si simple, sa femme une puissante sorcière télépathe et testeuse, son fils un sorcier de cinq ans et espiègle, et lui-même le grand Emrys en personne hanté par le fantôme de son roi… Fatalement, les anecdotes familiales n’étaient pas celles du tout-venant, mais il y avait bien des familles d’artistes… Merlin restait toujours lui-même sobre et humble; bien que parfois il prenne l’autorité du grand Emrys pour montrer au monde sa vision d’Albion. Un monde où tous avaient simplement leur place.

Il rentra plus tôt parce que simplement sa femme lui manquait, et qu’il n’allait pas si mal que ça, son vécu lui permettant d’aider tellement d’enfants en difficulté, finalement il avait retrouvé son calme et sa sérénité. Albion n’était pas un avènement subi et extraordinaire, Albion était une période de paix où les gens apprenaient petit à petit la tolérance et la différence. Le règne de Gwen était une douce période de paix où les gens s’ouvraient aux autres. Il savait qu’Arthur aimait ce que Gwen avait fait de la réunification de son royaume. Le fantôme d’Arthur malgré les taquineries était calme et serein aussi. Et Merlin eut de moins en moins ce sentiment d’échec. Et donc ses retraites s’écourtaient. Il avait juste envie de voir sa femme, juste elle, sans le reste de la famille pour raviver un peu la passion passée. Cette magnifique femme qui le tolérait, son cadeau. Il avait exploré son esprit et savait qu’en cette chaude journée d’été elle se trouverait au lac, en train de faire des brasses et de natter sa longue chevelure rebelle… Doucement mais sûrement, le contact de leurs esprits fut plus soudé que jamais, c’était comme s'il était près d’elle à humer ses boucles animées de mille feux au soleil, il n’y tenait plus, et elle l’invita à le rejoindre pour faire un autre sport que de la brasse… Heureusement qu’il n’était plus très loin sur le chemin du retour, il fit galoper son cheval…



Il arriva près du lac, personne aux alentour ne risquait de venir les déranger, il descendit de son cheval et regarda cette silhouette, si proche de la perfection de la beauté féminine à son goût que ses sens s’enflammèrent. Un moment, elle se superposa dans son esprit à une autre dame du lac, puis le soleil faisant jouer les reflets enflammés de sa chevelure, Merlin revint à la réalité du moment… Qu’il aimait cette chevelure si particulière, il ne se lassait jamais de voir courir les multiples reflets allant du rouge au doré. Couleurs qu’il retrouvait ailleurs sur cette peau blanche et parfaite qui se dévoilait là dans la silhouette qui se baignait, rien que pour lui… Quoiqu’Hermine fût absorbée quelque chose… Il faut dire que la vue du corps de sa femme nue et mouillée, ne l’aidait pas à être fort attentif; ses sens en feu, comme la chevelure de sa femme. Il s’avança habillé dans l’eau pour aller la rejoindre quand il sentit frôler quelque chose de gros contre ses mollets… Il s’arrêta net, refroidi d’un coup, elle était absorbée, il eut une angoisse terrifiante, puis se rendit compte qu’il ne s’agissait que de poissons. Il observa mieux et se rendit compte que d’énormes poissons venus du fond du lac entouraient sa femme et formaient un genre de cercle autour d’elle… Il fut saisi sans comprendre vraiment ce qu’il voyait, il avança pour rejoindre sa femme et les poissons s’écartèrent pour le laisser la rejoindre. Il l’enlaça doucement pour ne pas l’effrayer, car ce qu’il absorbait lui avait masqué le fait qu’il se tenait derrière elle. Il dit tout haut son nom, et l’esprit d’Hermine fusionna brutalement avec lui.

"Merlin tu m’as manqué…"

Les sens de Merlin se ravivèrent, et les poissons semblèrent d’un coup s’arrêter de communier et partirent tous paisiblement comme s'ils ne s’étaient jamais rencontrés… Merlin caressa doucement sa femme et sa main frôla son ventre; une petite vie nouvelle était bercée doucement en son sein et un embryon de pensées primitives lui répondit. Ils étaient donc trois finalement dans ce lac, Merlin sourit de son sourire le plus béat qu’il lui était possible d’avoir, il sentit l’approbation de sa femme à laisser venir cette vie au monde… Voici donc ce qui l’avait absorbé. Puis l’émotion de ses sens fut plus forte que l’émotion de la joie d’être de nouveau père et la passion du début refit surface dans cette magie d’esprits mêlés qui leur était offert. Merlin oublia les poissons, il oublia la petite vie, il s’oublia lui-même au plus profond de sa femme dans tous les sens du terme.

***

 

Le couple paressait au soleil pendant que les vêtements de Merlin séchaient. Ils n’avaient pas besoin de paroles, il scrutait les changements minimes sur le visage de celle-ci: ses joues qui se creusaient petit à petit, ses petites rides qui accompagnaient l’expression de son visage autour de ses yeux. Il était heureux, il vieillissait lentement avec l’être aimé qui chaque jour devenait plus belle et plus cher à ses yeux, sa chute de reins moins creusée qu’avant sa première grossesse, son petit ventre arrondi et un peu marqué de petites lignes blanchies, il avait un amour infini pour tous ces petits changements en elle qui lui rappelaient qu’il était père d’un espiègle et adorable garçonnet. Il regardait cette poitrine qui s’arrondissait déjà en prévision de cette future grossesse, une nouvelle vie allait s’interposer entre eux, mais il en était fou de joie, et Hermine qui ne put s’empêcher d’émettre «Le retour du papa poule et de l’enfant à bras» presque tout haut dans leur flux de pensées tendres qui les enlaçaient tous les deux… Il ne put s’empêcher de rire… Puis d’un coup, il se vit en miroir dans les pensées de sa femme et n’y vit que ce qu’il y avait toujours vu, un jeune homme au visage marqué par le chagrin, mais sans nouvelles rides… Hermine rit aussi: "Oui, il semble que tu gardes de beaux restes, pour un père de famille."

Cela tracassa un instant Merlin, puis au loin son regard fut de nouveau attiré par un reflet argenté, il se leva en séparant lentement son esprit de celui de sa femme pour réintégrer son propre corps, ils n’étaient jamais vraiment séparés, mais pour la psychomotricité il était bien d'avoir l’impression d’avoir juste un esprit dans un seul corps… Merlin partagea quand même sa vision étrange de ces gros poissons qui semblaient veiller sur Hermine.

Elle le reprit: "En fait, c’est toi qu’ils veillent, tu sais Merlin j’ai déjà vu de nombreuses fois des animaux venir te veiller lorsque tu avais des visions…"

Il refixa son regard sur son magnifique cadeau : "Oui parfois des loups, jamais je n’ai vu un tel phénomène avec des poissons d’eau profonde. En fait, tu te trompes ce n’est pas moi qu’ils regardent mais bien toi."

Hermine, n’ayant rien remarqué, n’y prêta pas plus attention que ça, elle avait vu tellement de phénomènes de ce genre vis-à-vis de son époux, qu’elle ne s’en tracassa pas. Les deux amants soupirèrent, comme s'ils se séparaient à jamais en se préparant à reprendre leur vie de famille et leur parentalité…

Elle demanda tout haut: «Alors tu en penses quoi, on le garde?

Il reprît son sourire béat à la limite du stupide: La famille s’agrandit, je n’en pense rien, c’est ton corps je te l’ai déjà dit… J’attends toujours que tu sois prête…

Elle sourit : Je suis prête.

Il lui prit la main tendrement alors qu’ils allaient doucement vers son cheval: Finalement, ce n’est pas plus mal ainsi, tu imagines si tu avais tenu le rythme du début ?

Elle sentit venir la taquinerie : Quel rythme ?

Merlin : Enceinte dès le lendemain de ton mariage, à ce rythme-là nous aurions déjà une famille nombreuse. »

Il continua : «Tu imagines en dix ans… Ou alors en vingt ans, mon Dieu on aurait reconstitué l’armée de Camelot à nous seuls…"

Elle lui donna une tape qu’il esquiva en courant vers son cheval: "Et en trente ans mon Dieu, entre les enfants, les petits-enfants, un village n’y aurait pas suffi pour nous accueillir tous…"

Hermine réussit à le rattraper et lui donna une plus grosse tape que d’habitude, il s’offusqua en criant "AOUWCH je suis un mari battu c’est affreux…"

Ils se taquinèrent ainsi jusqu’au village mais Hermine n’était jamais en reste avec son époux, elle avait du répondant et de la poigne… Le pauvre cheval qui les portait tous les deux criait silencieusement pitié et bien sûr il n’était pas entendu… Leurs éclats de rire s’entendirent de si loin que Neige courut à la rencontre de ses parents, suivi de sa grand-mère. La petite famille fut réunie pour accueillir la nouvelle de son agrandissement, qui enchantait tout le monde sauf peut-être un peu moins Neige qui ne se sentait pas tout à fait prêt à partager ses parents, mais qui les fit bien rire…

Son père fit : «Non Neige, que tu nous imposes la même soupe tout l’hiver c’est déjà bien, ce n’est quand même pas à toi de dire que tu es prêt ou non à accueillir un bébé, mais a Maman et elle seule… "

Puis il sourit en l’attrapant dans ses bras protecteurs : "Mais toutefois j’entends ta crainte et je peux te dire que nous avons assez d’amour pour toi, et un autre bébé…

Le petit pas convaincu: Mais s'il n’aime pas la soupe aux oignons où les chevaliers ce bébé ?

Merlin : Dieu merci, tu vas devoir être à l’écoute d’un autre membre de la famille… Rassure-toi, tu auras toujours de la soupe aux oignons, juste un peu moins souvent et ce n’est pas dommage, moi-même j’en ai tellement bu que j’ai l’impression que je n’en boirai plus d’ici dix ans."

L’enfant donna une tape à son père…

Merlin : «Hé, tout le monde me bat dans cette famille, je suis censé être le chef de ménage; pas l’homme battu…

Neige : Papa, c’est moi qui ai fait à manger avec Hunith ce soir », dit-il tout fier… « Devine ce qu’on mange ?

Son père : De la soupe aux oignons ?

Le garçon cria dans ses oreilles : Oui… »

Hermine et Hunith rirent de plus belle, même Arthur riait au plus profond de lui, et Merlin prit son plus bel air de chien battu…

Neige rit aux larmes, mais sur la table l’attendait la première soupe de panais de la saison et Merlin embrassa son fils comme rarement…

"Tu seras un grand frère formidable, je suis fier de toi."

 

***

 

La grossesse d’Hermine fut parsemée d’animaux curieux qui venaient vers elle de la même façon que les poissons, même Hermine finit par s’en rendre compte. Que ce soit des loups, des écureuils, des chats, ou même des petites souris, ne dérangea pas trop la famille mais les fois où c’était des araignées, ou des sauterelles, ou toute sorte de bestioles grouillantes, étaient un peu plus gênantes, surtout quand ils étaient tous par exemple réunis pour un conseil de village… Bon ce jour-là, ce fut Merlin qui prit sur lui quand les villageois l’accusèrent d’une mauvaise blague… Cela l’intrigua au plus haut point, il était devenu évident que plus la grossesse avançait, plus les événements se multipliaient… Ces animaux étaient attirés non pas par sa femme, mais par le bébé… Etait-ce un signe, ou une communication erratique télépathique et encore incertaine du bébé qui provoquait ça ? Car il était évident que cette enfant ; oui il savait depuis un moment qu’il s’agissait d’une fille ; serait douée de télépathie… Hermine n’avait pas vraiment entendu parler de télépathie inter-espèce, donc elle était intriguée aussi…

Mais son époux l’a rattrapa: "Mais si, tu connais au moins une communication télépathique inter-espèce", lui dit-il, "les dragon‘s lord."

Ainsi donc, sans être testée, savait-on déjà que cette petite avait hérité de quelque chose de son père. Mais Hermine, qui malgré sa jeunesse solitaire, était un vrai catalogue sur pied des donnas - souvenirs qu’elle avait reçus de sa maman… - n’avait aucune connaissance d’un tel don en dehors des dragon‘s lord dont elle connaissait fort peu leurs capacités en fait. Hunith ne savait pas l’aider plus, en dehors de Balinor et de son fils elle n’en avait pas connu d’autre, elle savait juste que c’était une «lignée naturelle» qui allait au gré des envie de leurs parents depuis toujours, et que leurs donnas étaient presque secrètes. C’était des donnas archaïques et souvent instinctives. Un peu comme Merlin et Neige qui savaient pratiquer la magie très jeunes sans qu’on leur ait appris aucune formule.

Hunith: «Mes chers enfants, vous voilà aussi perdus que moi, prenez ce qui vient et aimez-le sans concession, moi ça m’a beaucoup réussi."

Merlin sourit à la sagesse légendaire de sa mère.

Un jour, il eut quand même un sacré choc, sa femme était assise dans le jardin, c’était la fin de l’automne, les fleurs commençaient à dépérir avant l’hiver…

Elle ne faisait pas attention car elle cousait un petit nécessaire pour l’enfant, et dans ses gestes presque mécaniques, elle était en communion avec l’enfant futur… Complétement perdue dans sa bulle, elle n’avait pas vu les fleurs autour d’elle se ranimer pour rattraper des couleurs colorées de haute saison… Finalement, Hermine sentit quelque chose d’anormal, elle leva les yeux de son ouvrage et découvrit un Merlin blême qui la regardait fixement… Elle paniqua et contacta l’esprit de son mari, elle se vit comme dans un miroir, assise au milieu de fleurs colorées, alors que les autres autour étaient presque fanées… Elle se leva pour regarder par elle-même, comme si elle doutait de la vue de Merlin…

Hermine dans sa tête : "Merlin, qu’est-ce que c’est qui fait ça ? Quand même pas…

Merlin abasourdi: Si Hermine, j’ai vu ces fleurs renaître comme je te vois, c’est elle…

Elle fit des yeux énormes: Merlin ce n’est pas possible, ce n’est plus juste de la télépathie là c’est de la magie. »

Il hocha la tête.

Sa femme: "Enfin, tu es en train de me dire qu’un enfant qui n’est même pas encore né nous révèle déjà ses pouvoirs ? C’est insensé…

Il hocha la tête puis sourit à Hermine : Si, c’est un pouvoir archaïque que j’ai un peu, c’est un don des dragons plus directement, le pouvoir de communier avec le vivant; la nature si tu préfères…

Puis il regarda fixement sa femme : Tu peux la tester si tu veux.»

Hermine détesta cette phrase encore plus que lorsqu’elle l'avait entendue la première fois !



Le soir, alors qu’Hermine racontait l’histoire à Hunith quand le petit Neige dormait, elle perçut l’inquiétude d'Hunith.

Hunnit : «Effectivement, il est bien possible que Merlin était déjà comme ça avant d’être né, maintenant que tu me le dis, certaine choses atypiques que j’avais interprétées autrement me sont arrivées durant la grossesse. Oh tu sais, je n’étais pas attentive comme toi, le vieux Méléagan m’en a fait voir de toutes les couleurs.

Hermine prit les mains d'Hunith dans les siennes: «Oh mamy, est-ce que je dois te rappeler comment était ma première grossesse à moi? C’est juste hallucinant de s’imaginer que des enfants qui ne sont pas encore nés usent de magie. Même si celle-ci est légère et blanche."

Mais Hunith resta silencieuse un moment…

Hermine, pour qui le plus grand regret de cette vie était de ne pas savoir toucher l’esprit de cette femme qu’elle aimait tant, lui demanda tout haut: "Qu’est-ce qui te tracasse Hunith?"

Hunith, qui n’entendait plus son prénom que rarement depuis que Neige était né, leva directement les yeux vers Hermine pour sortir de son mutisme: "Hermine, Merlin m’a pratiquement tuée lorsqu’il est né, je pense qu’il était en colère et ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait, et ça a failli me tuer.

Hermine assimila lentement ce qu’elle venait d’entendre : Tu veux dire que les soucis que tu as eus lors de ton accouchement venaient de ses pouvoirs? Il s’est retourné sur sa propre mère ? Pourquoi ne m’a-t-on jamais parlé de ça ?"

Sa voix était presque suraiguë de panique et de colère mêlées, Hunith était peut-être aveugle mentale; mais elle était plutôt mal voyante, c’était une parfaite empathe, c’est pour ça qu’elle était une si bonne guérisseuse, et elle reçut bien l’angoisse de sa belle-fille.

Hunith: "Je croyais que tu étais si proche de Merlin que tu le savais, ou qu’il te l’avait confié… Ça a contribué à la «légende» qui courait sur lui dans le village, et surtout beaucoup contribué au manque de confiance en lui-même qu’il avait petit…"

Hermine la fixa avec des yeux ronds, elle savait que les ragots racontaient que Merlin était le fils du diable ou d’un elfe… Elle savait qu’il avait souffert de sa différence, surtout qu’elle était cachée, mais au grand jamais elle ne s’était doutée qu’il portait une telle culpabilité en lui, ainsi donc il avait failli tué sa mère et petit il en avait été conscient? Comment cet homme pouvait-il être simplement sain d’esprit avec tous les traumatismes qu’il avait encaissés? La résilience de cet homme était presque magique aux yeux d’Hermine qui pourtant avait beaucoup souffert aussi de la Grande purge.

Hunith, qui n’arrivait pas à suivre le cheminement de pensées d’Hermine et qui ne recevait que ses émotions à l’état brut, lui dit : "Surtout, tu ne dois pas lui en vouloir, je suis persuadée que c’était la colère ou la peur d’un enfant à naître totalement innocent, ne sachant pas vraiment ce qu’il se passait, avec personne pour lui expliquer… Je pense que cette forme de pouvoir était présente dans la famille de Balinor, mais que les enfants de cette famille naissaient avec la télépathie et que les parents les accompagnaient; moi j’étais seule et sans pouvoir, avec juste une sage-femme aussi sans pouvoir… Ce n’était qu’un enfant à naître totalement étranger au Bien et au Mal.

Hermine suivait presque le cheminement de pensées d'Hunith par ses émotions qui transpiraient: Merlin a vraiment eu conscience d’avoir presque tué sa mère si jeune ?

Hunith: Je ne sais pas vraiment quand il en a eu conscience, les ragots lui sont vite arrivés aux oreilles, le fils du diable qui a presque tué sa mère en venant au monde. Je peux juste te dire qu’il détestait la sage-femme, paix à son âme qui n’a fait que ce qu’elle a pu, avec les moyens du bord… Quand il était très petit, il hurlait dès qu’il la voyait, j’ai toujours pensé qu’elle lui faisait peur.

Je pense que vous devez maitriser les émotions de cette fille lorsqu’elle naîtra, sous peine d’endurer la même chose que moi, mais toi et Merlin en avez les moyens."

Merlin était dans le village lorsque les femmes avait eu cette discussion, il revenait de la maison des enfants, il avait capté des brides par l’intermédiaire de sa femme; une très vieille douleur s’était réveillée, il avait failli tuer sa mère lorsqu’il était venu au monde, elle était restée alitée très longtemps après, la sage-femme aussi. Une très vieille culpabilité, qui faisait de nouveau pencher dans la balance le fait que les donnas étaient plutôt une malédiction qu’une bénédiction, il était né comme ça en fait. Puis il reprit le dessus, il allait devoir apprendre à l’enfant à naître à communiquer avant même sa naissance pour qu’elle comprenne les concepts de Mal, de Bien, de souffrance, et de choses aussi simples que oui, venir au monde ce n’est peut-être pas sympa sur le moment même de quitter son petit nid douillet, mais c’est normal… Son cerveau reprit le dessus sur ses émotions, comment faire comprendre de tels concepts à un enfant même pas né ? Les autres de sa lignée avaient-il eu de tels pouvoirs ? Il savait qu’on disait de lui qu’il était le sorcier le plus puissant de tous les temps… Visiblement, son pouvoir mêlé à ceux de sa femme ne les avait pas trop dilués dans sa descendance… Il eut un flash d’une petite fille avec un drôle de bonnet aux oreilles de chat et des fils d’écouteur d'une machine parlante qui sortaient de ses oreilles, une petite fille qui venait de très très loin… Ses enfants étaient-ils encore plus puissants que lui ? Allait-il mettre leur mère en danger? Il eut soudain très peur pour Hermine, il commença à comprendre sa peur d’enfanter le premier venu, mais non, une vie choisie pour venir au monde est une vie, si on commence à faire des distinctions alors on n'arrête plus et on fait de la sélection de lignées… Rien ne lui faisait plus horreur que ce concept tristement humain. Il allait trouver la solution pour que cette petite sorte du ventre de sa femme le plus calmement possible. C’était sa fille il était fier d’elle, elle avait hérité du pouvoir du dragon, cela ne pouvait pas être mauvais…

Il rentra dans la maison sans rien dire, fit une bise à sa mère et sa femme… Et alla dormir.

Hunith: «Dieu du ciel Merlin, n’oublie pas que je n’entends pas tout, des fois vous êtes vraiment trop silencieux tous ! »



Hermine alla se coucher plus tard, en espérant que Merlin dorme, ses pensées étaient en ébullition, mais elle le trouva dans le même état. Elle se coucha silencieuse, mais Merlin se retourna en regardant le plafond, soupirant : "Est-ce que tu l’as testée?

Hermine exulta et faillit parler à voix haute : Je croyais que tu ne voulais pas que je les teste? Je n’ai même pas testé Neige…

Merlin penaud: Je ne voulais pas que tu les tries en fonction de ce qu’ils étaient… Qui sommes-nous pour décider qui vit, qui meurt ?"

Hermine s’enferma dans son mutisme…

Merlin : « Et moi tu m’as testé ?

Hermine : Des fois je suis perdue Merlin, je ne voulais juste pas transmettre la malédiction de Sigan, ça a failli te tuer.

Merlin soupira : Petit, je pensais que j’étais maudit, des fois je le pense encore… Je ne sais pas quand j’ai su que j’avais fait du mal à cette femme et à ma mère, je ne me souviens pas de ma naissance! Là sur le moment même, je penche plutôt du côté malédiction que donnas… J’ai… J’ai peur pour toi.

Hermine : Comment n’es-tu pas devenu fou ?

Merlin se retourna pour la voir : Et toi ?

Hermine : Je déteste quand tu réponds par une autre question Merlin, on dirait un vieux druide sénile.

Merlin explosa de rire intérieurement : Je te remercie, je déteste quand tu réponds par une vanne, on dirait une vielle femme aigrie qui aurait perdu son chat.

Hermine : Mes parents m’aimaient et me voulaient, seuls les gens de l’extérieur de la famille me faisaient peur, et encore longtemps j’ai désiré jouer avec eux…

Merlin ; Hunith m’a voulu …Note? Je ne l’ai pas su trop vite… C’est un ami qui m’a rappelé le secret de certaines plantes…

Hermine se retourna pour le regarder droit dans les yeux : Comment n’es-tu pas devenu fou Merlin ?

Lui: C’est toujours mon ami qui m’a expliqué que la magie pouvait être blanche et aussi une bénédiction, jusque-là j’avais trop peur de l’être alors je ne le suis pas devenu."

Hermine le prit dans ses bras.

Merlin : « Tu m’as testé ?

Hermine : Je t’ai jaugé le premier jour où je t’as vu alors que tu avais le cerveau embrumé par le baiser du dorochas."

Il frissonna.

Hermine : «Je n’ai jamais vu personne avec tant de pouvoirs différents, en plus tu continues encore à en découvrir…

Merlin sourit : Non je ne crois pas, pas depuis que j’ai vu mon père à la grotte aux cristaux quand j’avais perdu mes pouvoirs.

Elle : Pourquoi n’as-tu pas utilisé une de ces… Limaces pour Ismée ?

Merlin : Il n’y en a plus, c’est comme les dragons, les bêtes magiques disparaissent…

Hermine : Pourquoi veux-tu savoir si je t’ai testé ?

Il soupira : J’aimerais savoir si mes enfants sont plus puissants que moi, j’ai peur que les donnas ne penchent du côté malédiction… Pourquoi priver Ismée de ses donnas, et pas les miens, ce n’est pas… Cohérant, c’est peut-être toi qui as raison, mais alors aucun de nous ne devrait vivre pour être équitable…"

Il frissonna et Hermine aussi !

Elle : «Merlin, ce n’est pas comparable malheureusement, cette fille était une arme de destruction massive à retardement… Elle a été sélectionnée, nous n’avons pas choisi nos enfants, nous les avons laissés venir au hasard.

Lui : Elle souffrait plus de ses visions de futurs multiples, elle me l’a dit, elle se sentait vieille… Ça la faisait plus souffrir que d’être une arme vivante ou d’avoir un trou dans la tête."

Hermine savait que Merlin pleurait, elle savait que c’était aussi un puissant empathe comme Hunith, et qu’il se prenait de front les émotions des autres en plus des siennes…

Elle: Comment toi tu es sain d’esprit, alors que cette fille avait besoin qu’on lui enlève ses pouvoirs pour le rester, Merlin tu es empathe aussi, tu as donc vécu ce que cette fille ressentait comme si tu le vivais toi-même…

Il secoua la tête : Je ne suis peut-être pas sain d’esprit, je suis hanté par le fantôme de mon ami.

Hermine: C’est encore une nuance ça Merlin, l’âme de ton ami est perdue quelque part, on sait tous les deux qu’il n’est pas vraiment mort, donc tu n’es pas hanté.

Il se recoucha sur le dos et soupira: Tu as réponses à tout aujourd’hui… Sauf si mes enfants sont plus puissants que moi… Sache que lors de mon initiation j’ai failli détruire le monde, nous sommes peut-être aussi des bombes a retardements…"

Elle frissonna et ne sut quoi répondre… Elle se coucha sur le dos, et prit la main de son époux, elle le sentait avoir peur, il était simplement angoissé, il y avait longtemps qu’il n’avait plus eu d’angoisses, elle descendit sa main vers son ventre qui s’arrondissait de jour en jour, et elle mêla leurs esprits comme rarement… Elle rentra en contact avec la petite fille à venir… Et Merlin ressentit tout ce qu’Hermine ressentit, c’était un bébé, juste un bébé qui n’avait besoin jusque-là que de sa mère pour vivre… Merlin s’émerveilla, elle rêvait de visions de loups, de poissons, de la forêt… Oui, cette donnas étrange qui te fait rentrer en contact avec le vivant ; même avec l’âme d’un arbre…

Cette donnas était en Merlin, aussi puissante que celle de sa fille en fait si pas plus, Merlin l’exploitait juste très peu… C’était très proche de la donnas originelle, celle que les dragons nous avait donnée bien avant les cristaux et tout le tintouin. Juste une pensée de dragon qui s’émerveille de la beauté du monde… Exit les religions, les dieux et déesses, juste l’amour de la richesse de ce monde.

Hermine qui ne savait pas ça fut sidérée de la simplicité et la beauté de la chose, partager la différence pour simplement mieux comprendre sa richesse et l’aimer. Qu’est-ce que les hommes en avaient fait ? Merlin avait peut-être raison, ils étaient tous maudis par la stupidité de l’avidité du pouvoir, alors que le vrai pouvoir c’est l’amour de tout ce qui vit… Elle toucha presque la pensée d’Albion, ou celle du dragon elle ne savait trop.

Elle se retourna pour tester Merlin mais celui-ci s’était endormi, bercé par les pensées de sa fille et apaisé… Elle le regarda dans le rayon de lune, il paraissait tellement jeune lorsqu’il était apaisé, presque un gamin.






macrale  (08.08.2014 à 12:27)

Chapitre 10:



Ce jour-là, à la maison des enfants, arriva un petit garçon turbulent dont les parents n’arrivaient plus à s’occuper. On appela Merlin en urgence parce qu’il s’agissait «d’un idiot du village», mais un «idiot du village» particulier, on expliqua le cas de cet enfant handicapé à Merlin que personne ne savait maîtriser parce qu’il était sorcier.

La mère était désespérée, car dans son village les gens voulaient l’éliminer, elle lui expliqua: "Vous comprenez monsieur, «un idiot du village » il faut déjà tout pour le faire accepter, mais si en plus cet idiot vous envoie valser dans le décor quand vous lui donnez un coup de pied, là plus personne ne veut le supporter. Je l’aime énormément, c’est mon seul enfant, il m’a pris tout mon temps, je n’aurais jamais osé en faire d’autres… Je préfère m’en séparer plutôt que de risquer de le voir mourir, mais à la maison de fous, ils n’en ont pas voulu, à cause de sa particularité, ils ont essayé de le mettre dans une cellule, mais là aussi les gardiens volaient dans le décor…"

Merlin écoutait discrètement la femme et observait l’enfant.

Il était prostré dans un coin et se dandinait en faisant tourner une petite roue sur un bout de bois. Il était rempli de bleus, le maître d’armes demanda s'il était tombé, pour ne pas accuser directement la mère de mauvais traitements… Mais Merlin entendait ses pensées accusatrices, des fois les «aveugles mentaux » pensaient tellement fort, qu’on pouvait les percevoir.

Une petite de la maison vint près de lui pour lui prendre sa roue, et là l’enfant prostré et silencieux s’anima, il se mit à hurler et frapper, la gamine le repoussa violement en réponse… Le maître d’armes se leva pour séparer les enfants turbulents, mais la petite fille lui reprit sa roue, et là Merlin sentit la décharge magique: ce réflexe de défense qu’ont pratiquement tous les sorciers… Merlin contra discrètement la décharge pour que la petite fille ne soit pas blessée, mais elle fut quand même bousculée et pesta plus que pleurer… La mère criait sur son garçon et le maître d’armes était un peu perdu au regard de la situation, il alla vers la mère pour la calmer et commença son discours bien rodé : "Nous avons beaucoup d’enfants ici, déjà pas mal en difficulté, je ne sais pas si nous pourrons accueillir votre fils, il semble quand même représenter un danger pour les autres… »

La mère pleurait et hurlait : «Qu’est-ce que je vais en faire si même vous, vous n’en voulez pas… »

Merlin se leva calmement dans le brouhaha, il s’approcha de la petite fille et dit d’une voix calme mais quand même autoritaire : "Clémentine, je t’ai déjà expliqué que si tu convoitais le jouet d’un autre, tu devais lui demander gentiment. Je ne suis pas d’accord qu’en plus tu frappes un autre alors que tu lui prends son jouet sans permission, je veux que tu montes dans ta chambre pour y réfléchir."

Clémentine fronça les sourcils et cessa de pleurer, mais elle baissa le nez en s’excusant, puis elle monta l’escalier quatre à quatre.

La maman continuait de pleurer et l’enfant déstabilisé par le bruit criait et se frappait lui-même…

Le maître d’armes était vraiment perdu devant ce cas particulier et interrogea Merlin du regard. Celui-ci se retourna vers la mère : "Quel est son prénom, j’imagine qu’il a un autre nom que «idiot du village»?

La mère : Manfred. »

Merlin s’accroupit doucement devant Manfred qui commençait doucement à se calmer puisque l’ambiance retombait aussi… Il lui tint les bras doucement pour qu’il arrête de se frapper et l’appela: "Manfred, Manfred…"

L’enfant ne le regardait pas, il évitait les regards de tout le monde en fait… L’enfant criait encore, Merlin prit la roue par terre et la fit tourner devant lui, l’enfant se calma directement et prit la roue, pour se re-prostrer dans son coin et la faire tourner sans cesse…

Il se leva et vint près de la mère et les invita dans son bureau, il alla quérir la cuisinière: «Julia, j’aimerais que tu jettes un œil au petit garçon qui est dans la grande salle, il s’appelle Manfred, il est différent, personne ne doit le contrarier sinon il fait de violentes crises de colères… Qu’on le laisse juste tranquille, il est très effrayé parce qu’il ne sait pas communiquer."

Merlin, la mère et le maître d’armes s’assirent dans la petite pièce encombrée de papiers et de livres…

La mère : « S’il vous plaît monsieur…

Il regarda le maitre d’armes qui attendait son avis : Manfred va avoir besoin d’une attention particulière, il ne sait pas communiquer même par la pensée, les mots sont abstraits pour lui, j’imagine qu’il n’a jamais parlé ?

La mère hocha tristement la tête: C’est un bon petit vous savez, c’est un enfant qu’on oublie presque dans un coin, mais les autres enfants du village se sont toujours amusés à l’embêter, parce qu’il réagit au quart de tour, et les adultes…" Elle se tut un instant : "Ben vous savez c’est un idiot quoi." Elle se remit à pleurer.

Merlin regarda le maitre d’armes en soupirant: "C’est un enfant qu’on peut autonomiser, il est enfermé dans ses pensées et a peur du monde extérieur à sa bulle… Si on peut le faire sortir de sa bulle, il pourra devenir presque normal je pense; mais il n’aimera jamais normalement.

La mère pleura de plus belle : Je n’ai même jamais pu le prendre dans mes bras.

Merlin: Il vous aime, mais ne sait pas vous le montrer. On ne peut le garder que si on trouve un aidant rien que pour lui, et si possible avec des donnas, il faut se tenir d’abord à lui apprendre à communiquer.

Le maître d’armes fit des yeux ronds : Qui va payer ?

La mère qui voyait une lueur d’espoir : Je donnerai tout ce que je peux, nous ne sommes pas bien riches, mais je peux encore travailler, je suis dure à la tâche.

Merlin la regarda attentivement : Vous travailleriez comme servante au château ?

Elle se redressa fièrement : Oui, pour mon fils.

Lui : Vous pouvez m’attendre dans la cour, je vais vous faire une lettre à remettre à la reine."

La femme sortit en remerciant Merlin, le Ciel et tous ceux qu’elle croisait.

Le maître d’armes: « Des gages de servante ne couvriront pas tous les frais.

Merlin : C'est pour ça que je la munis d’une lettre pour Gwen, je n’aime pas demander, mais là…"

Il haussa les épaules.

Le maître d’armes : "Cet enfant représente un danger pour les autres et lui-même, tu es sûr de ce que tu fais ?

Merlin rehaussa de nouveau les épaules : Non, mais je sens au fond de lui un enfant presque normal, juste enfermé dans sa tête, ça vaut la peine d’essayer non ?"

Le maître d’armes soupira.

Il donna des instructions à tout le personnel de la maison des enfants : "Manfred est différent, mais s'il n’a pas sa place là, qu’en ferions-nous? Je ne veux entendre personne parler d’idiot du village, il s’appelle Manfred, personne ne doit le contrarier, et il faut lui donner un horaire fixe pour le rassurer un maximum… Le premier exercice pour lui est d’apprendre à regarder les gens qui lui parlent. Qu’on explique aux autres enfants qu’il est différent et qu’il ne faut en aucun cas le contrarier, ni l’embêter… Qu’on leur dise carrément que ses crises de colères sont accompagnées de décharges magiques, comme ça c’est clair."

Manfred, une fois qu’il eut pris ses marques et repères dans la maison des enfants, devint très calme, on trouva une personne qui se chargea d’essayer de communiquer avec, une jeune fille munie de télépathie, trop contente de trouver un travail. Une fois que l’enfant fut rassuré, il finit par pouvoir communiquer, ce fut laborieux au début, mais dès qu’il démarra les progrès furent vertigineux… Malgré qu’il continue à avoir du mal à se socialiser, il eut une vie presque normale, on lui découvrit même un talent extraordinaire de copiste. Comme il n’aimait pas trop qu’on le touche, il fut content de rejoindre une congrégation de moines et leur nouvelle religion, et passa sa vie dans une riche bibliothèque.

Le maitre d’armes n’oublia jamais Manfred et ne traita plus jamais personne d’idiot du village. Il comprit la pensée d’Albion comme personne: tout le monde avait sa place.

Merlin ne le savait pas mais il avait un talent de pédagogue innée, et il continua longtemps à donner sa pédagogie, aussi bien aux enfants qu’aux adultes.

Gwen, elle, paya une de ses servante très cher sans rien dire, trop contente de pouvoir rendre un peu de ce qu’elle pensait devoir à Merlin, et assuma une partie des frais de fonctionnement de la « maison des enfants »

Elle aussi prenait des nouvelles régulières de Manfred, qui était devenu célèbre sans jamais le savoir: l’enfant qui était rentré dans « la maison des enfants » idiot du village et qui en ressortit savant moine copiste. Lentement mais sûrement, les enfants acquirent un statut dans son royaume, et les enfants handicapés aussi. Merlin ne le savait pas, mais il avait réussi une prouesse d’avancée sociale: au fil des années, tous les enfants prirent le temps d’aller à l’école, celle-ci s’articula autour des moissons et de la vie quotidienne, même les filles avaient le droit d’apprendre à lire et écrire, et cela sauva certaines de mariages contraints, car ça leur permit de prendre un travail plutôt que d’épouser le mari imposé.

Arthur regardait ça de loin par l’intermédiaire des yeux de Merlin, car lui ne se rendait jamais compte de rien, une société en paix qui élevait n’importe qui à des places plus justes… Albion semblait prendre vie.

 


macrale  (15.08.2014 à 11:06)

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