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Une nouvelle ère 2.0: Merlin en quête d’humanité.

Série : Merlin (2008)
Création : 11.11.2014 à 12h10
Auteur : macrale 
Statut : Terminée

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Chapitre 16

Il émergea, il ne sut pas trop combien de temps après, il était dans une cage, entouré de soldats armés de lances, beaucoup de soldats, peut-être une centaine… Ils accompagnaient aussi des enfants... Plusieurs dizaines et il reconnut Naïka et jura.

Arthur : « Merlin fais quelque chose.

Merlin : Oui c'est facile à dire, ils sont beaucoup là. »

Il réfléchit à une tactique mais c'était difficile parce qu'il était fatigué…

Il émit un sort pour ouvrir la cage et en sortit en hurlant en voix de commandement: "Laissez ces enfants à leurs parents, il pleut."

Les soldat restèrent pétrifiés un instant par la voix de commandement, mais assez vite le chef donna des ordres pour l'attraper…

Il émit plusieurs décharges magiques et en envoya plusieurs dizaines au tapis… Les autres étaient effrayés mais continuaient à obéir aux ordres et ça lui fit peur aussi, ces soldats auraient avoir peur sous l'effet de surprise de la révélation de ses pouvoirs…Leur fanatisme était effrayant.

Il redit en voix de commandement : « Laissez partir ces enfants, il pleut. »

Le temps que les soldats se ressaisissent, il en avait déjà libéré.

On essaya encore de l'attraper et il émit encore de puissantes décharges…

Le commandant hurla «Attendez » en voyant son escadron perdre autant d'hommes d'un coup, et il se rapprocha de lui : « Tu es vraiment Quetzaquoal ? Moctésuma veux te parler.

Merlin : Qui est-ce ?

L'homme choqué : Le roi.

Merlin : Libère les enfants.

L'homme : Seuls les prêtres savent dire s'il pleut assez ou pas, on obéit aux ordres.

Il perdait son calme : Les Dieux ne veulent pas qu'on tue des enfants.

L'homme encore plus choqué : Nous ne les tuons pas, nous les envoyons près des Dieux, c'est un honneur...

Il était de plus en plus en colère : Vous avez mal agi, les Dieux ne sont pas contents, libère-les.

Arthur hurlait : Ne te mêle pas de ça, libère-toi. »

Le tonnerre commençait à gronder sourdement et les vents se levèrent autour de lui, il les regardait sévèrement…

Le commandant, effrayé quand même : « Le roi et le grand prêtre veulent te parler, ils veulent savoir pourquoi tu veux nous détruire.

Merlin : Je ne veux détruire personne, laissez les enfants et je vous laisserai.

L'homme : Tu viens avec nous, on ne peut pas désobéir au roi et au grand prêtre. »

Il fit légèrement trembler le sol et émit encore une décharge magique qui envoya une dizaine d'hommes dans le décor… Il essayait encore de leur faire peur, ils étaient trop nombreux...

Mais ces homme étaient sous une doctrine fanatique plus forte que la peur, ils libèrent les enfants pour le distraire, puis par derrière on lui envoya un fléchette enduite d'un puissant calmant et il s’effondra…

On le ligota en le saucissonnant, et on l'endormit tout le long du chemin; il ne le savait pas mais les Aztèques mettaient un point d'honneur à ne pas tuer leurs ennemis sur un champs de bataille pour les ramener comme offrande aux dieux, et ils avaient plus d'un tour pour ramener des prisonniers non collaborants…

***

Il s’éveilla complètement ligoté, pas loin de l'entrée de la ville qu'il avait vue dans ses visions, couvert de coups et complètement sonné… En sachant très bien qu'ici, l'armée comptait un nombre d'hommes énorme… Il savait que s'il voulait s'échapper, ses pouvoirs lui permettaient de mettre des milliers d'hommes à terre, ses pouvoirs pouvaient détruire le monde sur une colère… Il ne voulait en aucun cas en arriver là, tuer des milliers d'hommes ; il allait devoir négocier…

Son ami lui hurlait de faire quelque chose et il lui répondit : «Oh non je ne veux pas les tuer, il y des milliers d'hommes dans cette ville, je ne veux pas détruire cette ville.

Arthur : Merlin ? Qu'est-ce qui se passe, qu'as-tu vu dans tes visions ?

Lui qui se sentait partir dans ses visions : Oh pose pas de question s'il te plaît… J'ai… J'ai vu ce que ma colère peut faire… Arthur aide-moi, je ne veux pas vivre mes visions.

La voix de son ami : Tu ne peux pas te laisser massacrer non plus.

Lui : Je ne veux pas les vivre. »

***

On le conduisit dans un temple où on l’enferma avec d'autres prisonniers, et après quelques heures un prêtre vint le regarder fixement.

Il fut décidé en huis-clos qu'il n'était pas Quetzaquoal et que son sang était précieux pour les dieux, et devait être donné pour faire respecter l'équilibre du monde.

Aucun prêtre ne voulait entendre que cet homme visiblement en mauvais état put être un dieu ou put faire pleuvoir ou même mettre à terre plusieurs dizaines de soldats à lui tout seul. Le commandant de l’escouade fut puni aussi pour ses mensonges et fut mis dans la même prison que lui…

Il le regardait fixement…

Merlin, qui était sonné et avait beaucoup de visions, avait du mal à rester « présent ».

L'ex-commandant : «Tu es vraiment venu nous détruire, les prêtres ne veulent pas croire de quoi tu es capable.

Il s’ébroua et le fixa : Je suis désolé pour toi, je peux te faire échapper.

L'homme le regarda comme un carré à cinq côtés : Non c'est un honneur de donner son sang aux Dieux, c'est notre plus grande richesse, le sang qui nourrit les Dieux pour que l'équilibre du monde perdure, c'est notre destinée. Ce sont les Dieux qui t'ont mis sur ma route, c'est qu'il devait en être ainsi.

Il tremblait et pleurait : Aucun Dieu ne demande une destinée pareille, il faut arrêter les massacres.

L'homme encore surpris: Nous ne massacrons personne, nous ne tuons personne ; le sang donné permet aux personnes de rejoindre les Dieux. »

Merlin détourna la tête sans plus rien dire…

Arthur hurlait : «Qu'est-ce que c'est que ce charabia ? Il est en train de dire qu'il est content d'être offert en sacrifice ? Attend les enfants que tu as fait échapper…

Merlin repartit un peu dans les visions : Oh pose pas de questions… Oui ces gens pensent que c'est normal d'arracher le cœur d'enfants pour les offrir aux Dieux, ne pose plus de questions, j'ai juste envie de vomir…

Son ami : Comment peut-on déformer la réalité d'une destinée à ce point ?

Il tournait de l’œil : J'suis fatigué de la destinée, surtout quand j’entends parler de truc comme ça, laisse moi. »

                                                                        ***


Il dormit peu, le sommeil agité par les visions; au petit matin, on vint chercher les prisonniers et on le transporta aussi parce qu'il avait du mal a tenir debout à cause des visions…

Son ami hurlait pour essayer de le faire émerger.

On les conduisit en haut d'une pyramide sur une terrasse où il y avait un autel de pierre et trois prêtres…

Le rituel commença, en bas de la pyramide, il y avait des milliers de personnes pour acclamer la venue du soleil et le don de sang…

Il n'arrivait pas à émerger… Son ami hurlait, finalement il émergea…

Il était couché sur l'autel de pierre, deux prêtres le tenaient et l'autre élevait son couteau… Il eut à peine le temps de dire ouf que la décharge magique partit…

Il était en plein cœur d'une de ses visions les plus noires… Des dizaines de cadavres jonchaient les escaliers de la pyramide; des milliers de gens en bas des marches hurlèrent : « Quetzaquoal… » Il se redressa, la tempête grondait, le tonnerre se faisait entendre et le ciel devint sombre...

Arthur lui hurlait : « Merlin ne te met pas en colère, tu fais peur aux Shides. »

Il se redressa de toute sa hauteur et dans son haut le cœur eut du mal à conserver son calme, il hurla en voix de commandement : « Je ne suis pas Queztaquoal, les Dieux ne veulent pas de sang, arrêtez les massacres… »

Il essayait de tenir debout, les visions ne le lâchaient pas : des sacrifices à la chaîne… La guerre… Des flots de sang… Les Espagnols… Sa colère…La cité détruite.

Il se prit la tête à deux mains pour tenter de garder son calme : «Je veux qu'on me laisse partir, je ne veux détruire personne…

Un prêtre de haut rang qui avait assisté à la scène de loin arriva près de lui et se mit à genoux pour le vénérer : Queztaquaol, la prophétie avait raison, tu es venu… Dis-nous ce que nous devons faire pour apaiser ta colère ? »

La foule en bas fit pareil…

Il se retrouva devant une foule immense qui le vénérait : il hurla sa panique à son ami…

Arthur dont la voix s’éloignait : « Ne te met pas en colère.

Lui : Qu'est-ce qui t'arrive ?

Son ami : Les Shides ne sont pas contents, tu ne dois pas te mêler de leur religion, c'est de l'ingérence, tu ne l'a jamais fait nulle part… »

Il avait du mal à rester présent entre ses visions et ce qu'il voyait pour de vrai… Il était tremblant: «Là ça va pas être gagné hein… Ils me prennent pour leur Dieu là.

Son ami : Reste calme, je suis là.

Lui : J'essaye… »

On le conduisit vers les marches, il évita de toucher tout le monde de peur d'être de nouveau emporté par les visions, il s'approcha d'un garde pour lui prendre sa lance pour pouvoir s'y accrocher et descendre les escaliers sans tomber, entre son genou et ses visions… Les prêtes l'encadraient et les gens se courbaient à son passage…

Lui : «Oh Arthur, aide-moi, c'est presque comme les visions là…J'ai...J'ai peur.

Son ami : Je suis là. »

On le conduisit vers un bâtiment énorme qui devait se situer pile au milieu de la dalle qui recouvrait une partie de lac… Il ne put s'empêcher d'être admiratif devant cette ville construite sur une dalle posée à même un lac immense…

Le bâtiment était un palais énorme aussi et dedans, la salle du trône avait des dimensions hors normes aussi, dedans des centaines de gens, même Arthur était scié.

Les gens se courbaient à son passage, et il arriva près du trône… Le grand prêtre accourrut vers le roi pour lui parler rapidement, et celui-ci le regarda attentivement…

Moctézuma : « Qui es-tu ? Quetzaquoal ?

Le roi s'approcha de lui et il tremblait : Non je ne suis pas Quetzaquoal.

Moctézuma : Tu fais la pluie et tu tues mes hommes ? Qu'es-tu ?

Il s’accrochait désespérément à la lance : Arthur qu'est-ce que je lui dis ?

Son ami : Ne te mêle plus de religion, ce qui se passe ici n'est pas pire que les bûchers.

Il inspira à fond : Je… Je ne veux détruire personne, laissez-moi partir.

Le roi tournait autour de lui : Tu as la magie ? »

Le prêtre parla encore à l'oreille du roi et Merlin tremblait et regardait ailleurs.

Le roi aztèque : « Tu as la peau blanche comme lui…

Il avait du mal à rester présent, les visions se précipitaient dans sa tête mais il s’accrocha à Arthur : Je ne suis pas Quetzaquoal, je ne veux détruire personne… Laissez moi partir.

Le roi inclina la tête en le regardant en face : Pourquoi? Qu'ai-je fait de mal ? J'ai toujours suivi la prophétie… Je suis un bon roi, je respecte les préceptes des Dieux…

Merlin qui avait du mal à rester calme : Je ne connais pas vos Dieux, je viens de loin.

Le roi étonné : J'ai suivi la prophétie; je suis un descendant du grand roi… J'entretiens cette ville construite par mes prédécesseurs, je respecte les préceptes des Dieux pour garder l'équilibre du monde. Je n'ai jamais compris pourquoi tu devais venir me détruire… Je peux te donner de l'or, tout ce que tu veux…

Merlin tremblait : Un grand roi ?

Moctézuma: Le plus grand roi du monde, passé présent et futur… Nous savons qu'il doit revenir, c'est pour lui que nous préservons le monde intact… Son frère l'a tué, mais il a dû aider les hommes, et nous avons construit la cité où il nous a dit de le faire… Il avait la magie, on a conservé ses reliques… Tu ne peux pas détruire ça.

Il s’accrocha à sa lance pour se reculer : Arthur, de quoi est-ce qu'il parle, je deviens fou là…

Son ami : Ne te mêle pas de ça.

Lui : Je suis comme eux ?

Arthur : Non ça n'a rien à voir, ne te met pas en colère, les Shides ont peur de toi, il me menacent…

Il hoqueta de surprise : Ils te menacent de quoi ?

Son ami : De me faire partir, ne t'en mêle pas c'est tout.

Le grand prêtre s’approcha de lui avec un objet recouvert : On l'a gardée intacte, regarde…

Il émanait de l'objet une magie étrangère, et il eut encore peur et recula : Ne… Restez où vous êtes avec ça. »

Le tonnerre se fit entendre, le prêtre découvrit l'objet; c'était une très vieille flûte très longue avec cinq trous et des traces de couleurs chamarrées…

Il eut encore une choc : «Le joueur de flûte… »

La flûte développait une attirance irrésistible sur lui, c'était comme si elle lui parlait : Prend-moi, je suis à toi.

Il s'en était rapproché sans s'en rendre compte et sa main se rapprochait ; mais son ami hurla: «Ne touche pas à ça, les Shides… »

La peur de perdre son ami fut plus forte que l'attirance de l'objet, et au prit d'un effort incommensurable il s'en éloigna: « Éloignez ça de moi, c'est un objet magique.

Le prêtre surpris: Bien sur qu'il est magique, c'est au frère du grand roi, nous l'avons gardé… Tu vois, nous suivons la prophétie, tu ne dois pas nous détruire…

Il se recula encore : Arthur ? Je suis comme lui, je t'ai tué.

Son ami : Mais non, Mordred m'a tué.

Lui : Je l'ai laissé faire, je paye là ?

Son ami ému : Non ça n'a rien à voir avec nous, bouge-toi de là, pars…

Moctézuma : Dis-nous ce que tu veux.

Merlin hurla : Laissez-moi partir. »

Le grand prêtre avait continué à l'observer et discuta discrètement avec le roi: le regard de Merlin était par moment furtif, complètement perdu dans le vague, il tremblait de partout… Il prenait soin de ne se laisser toucher par personne malgré ses difficultés de se déplacer. Il était persuadé qu'il leur cachait quelque chose, et eut une illumination… Il lui posa une question et observa son regard attentivement: "Dis-nous si les récoltes de cette année seront suffisantes?

Il secoua la tête, le regard complètement perdu, le temps d'une réponse pratiquement automatique: La sécheresse est trop grave cette année, mais ça ira mieux l'année prochaine…

Le prêtre : Comment le sais-tu si tu viens de loin ? »

Il le regardait lutter contre quelque chose et finalement détourner son regard.

Le prêtre continua : «La prophétie de Quetzaquoal est-elle juste ?

Lui: Les Espagnols sont un grand peuple venu de par delà la mer, ils ont la peau blanche comme moi et ils arrivent vous détruire…

Le roi émit un son de surprise : Quand?

Il se recula encore, mais répondit, c'était plus fort que lui et ça le plongeait de plus en plus dans les visions : Dans plusieurs saisons, ils arrivent…

Des murmures se firent entendre dans l’assistance et Arthur hurlait de panique : Ne leur dis rien, ne te mêle pas de ça…

Il dis très bas à Arthur : Les visions rejoignent la réalité, ne me laisse pas j'ai peur…

L'homme de foi : Que devra faire le roi avec ce peuple ?

Il répondit, le regard complètement perdu : Il va être impuissant devant leur invasion, il va mourir des mains de son propre peuple déçu. »

La foule commençait à s'agiter, il venait de prédire la mort de leur roi.

Le prêtre parla rapidement à celui-ci et Arthur hurla de plus belle… Lui se reculait lentement, pris de nouveau dans les visions en hurlant intérieurement : «Ne me laisse pas les vivre...» Le roi hurla des ordres et il fut entouré de gardes… Les Aztèques avaient trouvé leur Dieu et ne comptaient pas le laisser partir comme ça.

La tempête grondait mais il s’effondra dans les visions dés que les gardes le touchèrent… Arthur continuait d'hurler après lui, mais il n'était plus vraiment présent…

Le prêtre, qui avait compris qu'il voyait l'avenir, lui fit prendre une poudre… Pas comme celle d'Uzima, non, au contraire une poudre qui amplifiait les pouvoirs… Il fut profondément plongé dans les visions, juste maintenu assez conscient pour continuer à répondre aux nombreuses questions… Ça allait durer des années… Des années durant lesquels les prêtres aztèques allaient se servir de ses pouvoirs contre son gré, maintenu juste assez conscient pour qu'il sache qu'on lui faisait assister à des cérémonies sanglantes, on lui fit même prendre part en lui prenant une part de son propre sang, ou en essayant de lui faire manger de la nourriture pour les Dieux…

***

Il s'éveilla de ce long cauchemar un jour alors qu'on essayait justement de lui faire manger cette fameuse nourriture : il était assis devant un plat de viande où il reconnut des orteils humains et se redressa d'un coup en hurlant : « Qu'est-ce que vous faites??? »

Il y avait des bruits de lutte dehors et un prêtre rentra dans la petite pièce où il venait d'émerger: «Tu avais raison, ils ne respectent pas les lois de la guerre, ils nous tuent… »

Puis le prêtre s'arrêta d'un coup devant lui, il le regardait le fixer le regard presque clair… Il voulut lui faire boire une décoction mais il l'envoya dans le décor avec une puissante décharge magique, sa colère montait… Il commençait à comprendre ce qu'il lui était arrivé, il regardait ses bras couverts de cicatrices… Et surtout il se rendait compte du vide dans sa tête… Il appelait inlassablement son ami qui ne lui répondait plus, les Shides avaient mis leur menace à exécution, Arthur n'était plus.

Il savait exactement ce qu'il se passait dehors, il n'y avait plus aucun décalage entre ses visions et ce qu'il vivait… Dehors, c'était une nuit décisive ; les Aztèques se révoltaient contre la façon dont leur roi avait traité le problème de l'invasion espagnole… Il marcha vers la sortie comme un somnambule, les visions collant parfaitement avec la réalité à chaque seconde près... Dehors par une nuit noire, les Aztèques luttaient avec leurs armes dérisoires de pierre contre les Espagnols armés jusqu'aux dents, notamment de mousquets, en armures et à cheval, et leurs nombreux alliés… Partout où il regardait c'était un bain de sang… Certains hurlaient : « Ils ont tué Moctézuma.

D'autres : C'était un traître. »

Il se prit la tête à deux mains et se mit à hurler, sachant que rien ne pourrait refréner sa colère…

Petit à petit, une cellule orageuse aux dimensions surnaturelles recouvrit la ville, qui fut vite recouverte d'éclairs et de foudres la constellant de partout…

Il avançait lentement, complètement perdu par ses pouvoirs qui lentement prenaient le pas sur lui… A chaque pas, le feu, et lentement la terre commençait à trembler et les bâtiments autour de lui se lézardaient… Les gens hurlaient en le fuyant : « Quetzaquoal est en colère. »

Il continuait d'avancer en regardant avec un froid détachement les effets de ses pouvoirs… Il n'était plus lui-même ; sa colère se déchaîna…

Quelque part au fond de lui, il entendit une voix très jeune et étrangère: «Tu es Emrys, ton devoir est de m'aider.

Il eut un déclic, cette voix ne faisait pas partie des visions, c'était la réalité : Qui es-tu ?

La voix lointaine : Tu dois m'aider, c'est ton devoir… J'ai peur, ils m'enlèvent. »

Lentement, il reprit le pas sur ses pouvoir et se retrouva au milieu de l'allée principale en face d'une fissure énorme, le feu partout… Enfin, il y avait un décalage entre la réalité et ses visions et il se tourna pour regarder les dégâts et se mit à hurler… Il se rendit vers un bâtiment en mauvais état et se dirigea vers un coffre en arrachant toutes ses décorations d'or dont il était couvert… Il tenta de l'ouvrir, mais finalement l’ouvrit avec la magie, et il en sortit ses affaires, fouilla son sac et la trouva… Sa précieuse pochette en cuir.

Il la tint serrée contre lui et tomba à genoux dans un flot de sanglots irrépressibles… Il hurla encore : « Arthur ? »

Mais son ami n'était plus là… Seule la voix d'enfant éloigné lui répondait : « Aide-moi Emrys.

Il répondit tremblant : Qui es-tu ? Comment connais-tu mon nom ?

La voix : Je ne sais pas on me l'a dit.

Lui : Tu as la vision ?

La voix : Non je ne suis pas comme toi, aide-moi j'ai peur.

Il tenta de se ravoir et prit ses affaires dans le coffre : Oui je vais t'aider, dis-moi où tu es.

La voix : Je m'appelle Riuijn, ils m'ont enlevé, je suis sur un cheval, ils sont sortis du lac par la voie Est ; ils vont vers la mer… »

Il marcha vers la sortie et regarda la direction indiquée, il était appuyé contre le mur, son corps moulu de partout, il était épuisé, et il ne voulait plus rejoindre les visions… Il regarda son sac… Il l'ouvrit et se cacha pour s'habiller comme dans sa tribu d'adoption, repartit vers le coffre et trouva sa sarbacane et ses fléchettes de curare…Il prit toutes ses affaires et sortit.

Il se dégagea une voie de passage et vit un soldat à cheval ; il contacta le cheval qui le désarçonna pour venir vers lui...Il courut vers le cheval et se rendit compte que non seulement il tremblait de fatigue, mais qu'en plus il boitait, son genou mal cicatrisé bloquait… Il soupira et grimpa sur le cheval en posant ses affaires dessus… Heureusement, l'apparition du guerrier étrange maquillé fit peur aux autres soldats, il ne savait pas s'il avait la force d'émettre des décharges magiques et il n'en avait surtout pas envie… Il accrocha sommairement son sac à la selle et se mit à galoper vers la route Est qui traversait le lac, en envoyant des fléchettes à ceux qui se mettaient en travers… Peu osait le faire devant l'apparition surprenante… Il faillit se faire désarçonner devant la route, le cheval prit peur, et il avait du mal à tenir, mais il s’accrochait pour sortir enfin de cette ville… Un fois sorti du lac, il se retourna pour regarder une dernière fois cette ville étonnante construite sur un lac, elle était en partie détruite et il eut du mal à retenir un dégoût, puis il eut des visions de maladies; la petite vérole allait achever son œuvre et celle des Espagnols, les visions ne se superposaient plus avec la réalité… Il inspira à fond pour ne pas se laisser aller à ce qu'il éprouvait là tout de suite et partit sans plus se retourner…


macrale  (13.01.2015 à 01:36)

Chapitre 17

Il galopa ainsi jusqu’à venir pas très loin d'une troupe hétéroclite constituée d'Espagnols et de tribus alliées… Une longue enfilade de soldats, avec des chevaux et des chariots, il se mit hors de la route pour ne pas être visible et observa de loin… Il parla à Riuinj pour le localiser, il était dans un de ces chariots…

Il fut si sidéré de voir parmi les esclaves entravés certains qui avaient la même couleur de peau qu'Uzima, les Espagnols les avaient-ils emmenés sur des bateau avec leur chevaux ??? Il était au delà du dégoût, il faisait tout ce qu'il pouvait pour fuir son ressenti… Il tenta de réfléchir à une stratégie pour atteindre le chariot, mais il n'y arrivait pas, trop fatigué… Il secoua les épaules et fonça dessus en lançant des fléchettes à tout va… Les alliés, surpris, de voir cet homme maquillé sur un cheval presque nu leur foncer dessus avec des hommes qui tombaient autour d'eux paniquèrent: "Quetzalcóatl est de retour…"

Ils s'éparpillèrent tandis que les Espagnols tentaient de garder leur calme et que leur commandant leur hurlait : « Ça suffit, ce n'est qu'un sauvage, cessez avec vos stupides légendes… »

Des soldats espagnols finirent par réussir à le désarçonner et le coller au sol, il eut juste le temps d'émettre un ordre au cheval pour qu'il aille se cacher, ses affaires étaient dessus… Il y avait trois ou quatre soldats qui le maintenaient au sol et il essaya de ne pas émettre de décharges de défense, mais la fatigue faisant que, il en assomma quand même deux…

Le commandant hurla : « Amenez-moi ça ici. »

On l’amena près de lui, il sortit son sabre, prêt à faire un exemple et Arthur choisit ce moment là pour revenir : » Merlin qu'est-ce que tu fais ? Tu es blessé ?

Il ouvrit grand les yeux et parla à voix haute : Arthur t'es en vie ? »

Le commandant fut arrêté dans son élan, il venait d'entendre un sauvage parler anglais.

Merlin le regarda et ne put s'empêcher d'exploser de rire, il partit dans un grand fou rire nerveux…

Les hommes en eurent encore plus peur, le commandant lui prit la tête par les cheveux pour l'observer... Ses yeux, ils étaient bleus et il jura, il lui demanda en anglais : « Qui êtes-vous ? »

Il se redressa pour le regarder droit dans les yeux et lui dire en espagnol : Je suis Driss d'Ealdor, sujet britannique, médecin de la cour de Ferdinand V et il m'a promis que tous ces hommes deviendraient sujets de la cour d'Espagne.

Le commandant s'énerva et le prit à la gorge : Je suis Fernando Cortès de Monroy Pizarro Altamirano ; Ferdinand V est mort depuis longtemps, et je déteste les traîtres. »

Le sorcier le regarda calmement, ce qui l’énerva encore plus; Arthur hurlait dans son pauvre crane douloureux.

Fernando Cortès: «Mettez-moi ça aux fers, je veux qu'on le ramène pour le juger pour haute trahison.»

On le malmena pour lui mettre des fers qui lui entaillèrent les poignets et comme il avait visiblement du mal à marcher, on le jeta dans un des chariots, certains rirent : « Les bêtes avec les bêtes… »

Il était à moitié assommé dans le réduit noir et son ami hurlait encore après : «Arthur t'es vraiment là? Ne hurle pas j'ai mal à la tête… »

Il entendit quelque chose lui grogner dessus, et se recula contre la paroi le temps que ses yeux s'habituent à l'obscurité… Il le vit pour la première fois : « Oh que t'ont-ils fait ? »

Un dragon noir, visiblement très jeune, entravé et la gueule dans des fers gisait devant lui: «Emrys aide-moi…

Lui : Riuinj ?

Riuinj : J'ai peur.

Son ami : Ça y est t'as encore trouvé une sale bête ?

Il essaya de ne pas repartir dans un fou rire nerveux : Arthur, t'es vraiment là ? Ne me laisse plus. »

Il fit sauter ses fers, puis mit sa main sur le jeune dragoneau qui était blessé au flan… Il ferma les yeux pour contacter le cheval, Dieu merci il n'était pas loin… Il fit sauter les fers du jeune dragon et émit un sort pour ouvrir la porte du chariot… Il en sortit, l'animal dans les bras qui crachait son feu à tout va… Il regarda la longue colonne de prisonniers et fit sauter tous les fers… Il vacillait, mais resta debout et dévia le feu des mousquets qui lui tiraient dessus…

Le cheval arriva au galop et il sauta dessus et partit en déviant encore des feux de mousquets…

Des soldats tentèrent de le rattraper mais furent perdus dans une brume surnaturelle.

***

Il était arrivé dans une plaine où il y avait un petit cours d'eau; il avait soigné le dragoneau et la patte du cheval qui s'était fait mal en se sauvant… Il se lava et regarda les cicatrices de ses bras avec un haut le cœur, et puis s'il pouvait faire quelque chose pour son genou… Il grimaça, le fin cartilage était brisé et bougeait… Il ne savait pas quoi faire de suite avec ça… Il se rhabilla en homme blanc, content de retrouver la sensation de ses vêtements... Il inspecta les fontes de la sellerie du cheval… Il jeta l'or, trouva du maïs, puis eut un recul devant un morceau de viande boucané… Il eut de nouveau un flash de chez les Aztèques, il se redressa dans un haut le cœur et retourna près de la rivière pour vomir…

Il sentait l’inquiétude d'Arthur pour lui et qui n'osait rien lui dire…

Il était épuisé et retomba à genoux en jurant parce que le mauvais se re-bloqua… Il se redressa comme il put, et retourna près de la sellerie, où finalement il décida de ne garder qu'une couverture et deux sac de fontes… Il s'installa et fit un feu, il s'enroula dans la couverture, mais resta assis pour veiller le plus possible…

Arthur se risqua : «Merlin tu va bien ?

Il secoua les épaules : T'étais où ? Je croyais que tu ne pouvais pas me quitter…

Son ami : Je suis désolé, les Shides ne sont pas commodes.

Il essaya de réprimer un nouveau fou rire nerveux : Les Aztèques non plus.

Son ami inquiet : Merlin ? Tu… Tu devrais dormir, t'as l'air épuisé ?

Il reprit son calme mais tremblait de partout : Oh non j'ai pas envie de dormir… J'ai… J'ai fait des trucs…

Arthur hésitant : Ils t'ont drogué, ce n'est pas ta faute. »

Il s'assombrit d'un coup, l'orage grondait au loin, finalement il se coucha et s’emballa dans la couverture sans plus rien dire et pleura longtemps avant de s'endormir…

Il rêva, les visions de maladies; des massacres… Sa colère dans la cité… Il se réveilla en sursaut en hurlant après son ami : « Arthuuur t'es là ?

La voix familière : Je suis là mon ami.

Lui en se rendormant : Ne me laisse plus… Ne me laisse plus les vivre. »

***

Il se leva tôt, inspecta la patte du cheval, lui donna du fourrage après l'avoir pansé, et sonda le jeune dragoneau qui dormait encore… Il sentait les émotions de son ami qui n'osait rien lui dire et ça le rassura aussi. Il vérifia que sa pochette était bien dans ses affaires… Ensuite, il s'assit pour sonder son genou et soupira… Il ne pouvait pas s'opérer seul, il réfléchit longuement à ce qu'il pouvait faire… Finalement, il inspira à fond, il allait essayer de réduire les morceaux brisés du mince cartilage pour qu'ils ne bloquent plus son genou.

Il s'installa confortablement, prépara un bandage, une tisane d'écorce de saule et trouva un bout de bois pour se mettre en bouche… Il sonda et émit un sort pour réduire le cartilage en miettes… Il essaya de ne pas tomber dans les vapes, ça faisait vraiment mal…

Il se coucha un long moment, puis se redressa pour se refaire un bandage serré après avoir de nouveau sondé… Ça ne l'embêterait plus… Il but tout ce qu'il lui restait d'écorce de saule, et finalement s'endormit encore…

***

Laure aujourd'hui dans la yourte explosa de rire : « Heu pardon, la méthode Rambo… Oups. »

Le vieux Merlin soupira en souriant.

Ambre : « Rambo ? C'est quoi ?

Laure : Heu c'est un film… Enfin c'est rien laisse tomber.

Le vieux Merlin qui se frottait le front en essayant de ne pas rire : Je continue ? »

Laure hocha la tête.

Il s’éveilla alors que le soleil était au zénith et boitillant vraiment fort, la méthode Rambo ça faisait quand même vachement mal…

Le vieux Merlin fixa étrangement Laure qui rougit jusqu'au oreilles.

Il décida de bouger le moins possible, le cheval aussi boitait encore, et le dragon n'était pas tout à fait guéri, il lui refit un sort de guérison après l'avoir sondé… Finalement, il fut sur le fait accompli qu'il devait encore se reposer, sa tête l’élançait plus que son genou, il avait vraiment abusé de ses forces…

Il s'assura qu'Arthur était toujours là, se lança aussi un nouveau sort de guérison et dormit enfin d'un sommeil réparateur et sans rêves.

***

Ambre qui regardait sa mère bizarrement : «Enfin, il vient de détruire une ville pratiquement à lui tout seul alors que des malades sanguinaires l'ont fait comater durant des années dans ses visions ; et toi tu t'inquiètes de la façon dont il guérit son genou ?

Laure: Oui c'est bon, il ne l'a pas détruit tout seul hein, Cortès l'a aidé… Puis ce ne devait pas être une si grosse ville non plus, c'était des indiens précolombiens… Enfin, il vient de décrire qu'il se guérit d'une lésion du ménisque à je ne sais quel siècle là…

Ambre regardait sa mère d'un air désolé, et le vieux Merlin soupira : C'est au début XVI siècle que Fernado Cortès arriva à Tenochtilan, et ce n'était pas une petite ville précolombienne non… Le peuple aztèque comptait à ce moment-là 5 millions de personnes, dont plus de 200 000 rien que dans cette ville...

Laure hurla : Quoi ? combien ? Dans une ville sur un lac ?

Il soupira encore: Ils avaient batti leur ville sur une île du lac Texoco, c'était un ancien peuple amérindien du nord déplacé… Ils se pensaient élus des Dieux, ils n'étaient pas non plus des malades sanguinaires, ils pensaient juste sauver l'équilibre du monde en offrant des sacrifices à leurs Dieux. Sinon, ils avaient une technologie très avancée, et leur ville était bâtie en partie sur les eaux du lac sur des pilotis, entourée de jardins flottants et presque auto-suffisant. Ils avaient même des aqueducs qui apportaient de l'eau potable... Ils avaient une politique très avancée aussi, les Espagnols n'auraient pas su les envahir sans une alliance avec leurs ennemis… Ce n'était pas un petit peuple…

Laure : Combien d'habitants ?

Il soupira encore : Ce n'était pas un petit lac, aujourd'hui la ville de Mexico le recouvre.

La mère le regardât sciée: Heu... combien sont morts cette nuit-là ?

Il regardait ailleurs: Merlin et les Espagnols ont fait beaucoup de dégâts cette nuit-là,mais ce qui les a perdus, c'est la variole qui a décimé à peu près 90 % de la population. »

Elle pâlit d'un coup.

Il la regarda sérieusement: Une autre remarque sur un rafistolage de fortune d'une lésion du ménisque qui peut être très handicapante?Il ne s'est pas guéri, non, il n'aurait pas pu s’opérer seul, détruire les fragments qui bloquaient son genou, c'est tout ce qu'il pouvait faire...

Laure le regarda aussi attentivement : Il n'aurait pas pu s'en échapper au début… C'était trop énorme.

Il soupira encore : C'était énorme, et ces gens l'ont pris pour un Dieu et l'ont adoré; qu'aurait-il pu faire ? Les tuer tous ? »

Ambre soupira.

Il y eut un long silence qui s'ensuivit, les filles n'osaient plus en moufter une, et lui semblait perdu dans ses pensées l'air sombre…

Finalement Ambre osa : «Est-ce qu'il a réussi à guérir le petit dragon ? »

Il éclata de rire…

***

Il s'éveilla parce qu'il entendit des grognements; le dragoneau était vraiment petit, il ne devait pas y avoir longtemps qu'il avait éclos, il commençait à s'agiter, il allait s'éveiller… Il se leva, inspecta le cheval… C'était vraiment une belle bête, amaigrie… Sans doute avait-il souffert de la traversée en mer, mais il allait aller bien.

Il s’assit pour faire du feu et cuire son maïs quand Riuinj commença vraiment à s'éveiller… Il l'observa… Il l'avait emballé dans son avant-dernière chemise en soie pour qu'il ne prenne pas froid, et celui-ci fit des bonds pour s'en sortir et s'en éloigner… Puis il se rapprocha de la chemise en se couchant sur le sol et se déplacer vers celle-ci sinueusement comme un serpent et la sentir… Puis il fit encore des bonds pour s'en reculer, et finalement cracha son petit feu dessus…

Merlin explosa de rire puis le gronda: « Une de mes dernières chemises en soie ; merci.

Arthur soupira : Sale bête. »

Riuinj se retourna vers lui et lui grogna dessus, puis en s'écrasant encore sur le sol, il se rapprocha de lui encore en serpentant sur le sol, complètement aplati… Il sentit ses bottes et fit de nouveau de petits bonds pour s'en éloigner puis il se rapprocha sinueusement pour mordre dedans. Merlin essaya de ne pas rire et prit une voix de commandement de dragon's lord pour lui dire qu'il avait encore besoin de ses bottes… Le dragoneau se redressa et le fixa… Puis il s’écrasa au sol pour lui jeter un regard tout penaud de chien battu…

Il le regarda attendri: « Tu n'es qu'un gros bébé, qu'est-ce que tu manges ? »

Riuinj fit un bond sur ses jambes avant qu'il n'ait le temps de dire ouf, et s'enroula le long de son torse, pour arriver à son bras et ensuite sa main… Il lui prit l'épi de maïs qu'il avait en main et fila avec pour le dévorer…

Il soupira et en prit un autre pour se le faire cuire…

Riuinj avait repéré la réserve dans le sac et serpenta discrètement pour en piquer d'autres… Merlin s'en rendit compte : «Hé là doucement c'est tout ce qu'on a pour manger. »

Il le regarda dévorer le maïs et soupira en souriant… Il voulut lui regrimper dessus, mais il le gronda: « Hé là, non ça c'est le mien, ouste… »

Le petit s'écrasa encore au sol pour lui jeter son regard penaud : il secoua la tête et brisa un morceau de son épi pour lui donner.

Il mangea le reste tandis que Riuinj vint s'enrouler en rond contre ses jambes en ronronnant…

Il sourit en l'observant puis lui demanda : « Qui t'a mis au monde ?

Le dragoneau redressa la tête en baillant pour répondre dans sa tête : Queztaquoal.

Il s’assombrit : Queztaquoal est mort.

Le petit qui s'étira : Non pas celui-la ; toi.

Il soupira : Je… je ne m'en souviens pas, ils m'ont drogué... »

Riuinj s'étira le long de sa jambe et lui envoya des pensées douces de dragon.

Il se radoucit et lui caressa le flanc.

Ils restèrent ainsi un moment, puis il regarda le soleil : la journée était déjà bien avancée, il se leva, prépara son paquetage qu'il accrocha au cheval… Il testa son genou, et se mit en route vers le nord… Il marchait en s'accrochant au crin du cheval, celui-ci boitait encore un peu…

Riuinj l'avait regardé partir sans rien dire, puis quand il s'était éloigné ; il avait fait des petits bonds pour le rejoindre et hurlait dans sa tête : « Tu pars sans moi ?

Il lui répondit : Tu es libre de partir où tu veux.

Le bébé dragon : Je suis trop petit pour rester seul.

Merlin soupira, s'arrêta et le regarda : Tu es libre de rester avec moi le temps qu'il faut. »

Il reprit sa route, le dragoneau faisait des petits bonds autour pour essayer de le suivre… Puis il émettait de profonds soupirs…

A un moment donné, il faillit tomber parce que le dragon s'était accroché à une de ses jambes, encore bien qu'il s'accrochait au crin du cheval. Sans avoir encore le temps de dire ouf, le petit lui avait grimpé dessus sinueusement pour finalement arriver sur son épaule. Et de là il fit un bond sur sa tête.

Merlin s'arrêta : « Je ne suis pas un cheval. »

Le dragoneau baissa sa tête en face de la sienne pour lui jeter son regard penaud à l'envers, puis sauta sur le dos du cheval.

Il le regarda sévèrement : « Le cheval n'est pas complètement guéri… »

Riuinj sauta par terre en s'écrasant de tout son long pour lui jeter son regard penaud; il essaya de ne pas rire et se remit en route.

Ils firent encore plusieurs mètres, où le petit émit des soupirs déchirants… Il s'arrêta pour le regarder : « Quoi ?

Riuinj : Je suis trop petit pour marcher.

Merlin secoua les épaules en se remettant en route : Vole. »

Le bébé fit encore quelques bonds en battant des ailes pour le rejoindre, puis émit encore des soupirs déchirants…

Merlin s'arrêta encore et le regarda sévèrement. Le petit s'écrasa encore de tout son long pour le regarder de son air de chien battu : « Je suis trop petit pour voler.

Le sorcier baissa la tête en soupirant puis le regarda en lui lançant une invitation: Pas sur ma tête; c'est compris ? »

Le petit dragon se précipita sur lui, s'enroula le long de sa jambe puis lui grimpa encore sinueusement dessus, il passa sur une éraflure que lui avait laissé un mousquet et Merlin émit un cri de douleur… Le dragonau arriva sur son épaule : « Oh Emrys, tu es blessé ?

Lui : C'est juste… »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu'il cracha son petit souffle dessus.

Merlin : «… Une égratignure… Oups.

Arthur explosa dans sa tête : Ah bravo. »

Le sorcier prit le dragoneau qu'il déposa sur le cheval et celui-ci s'écrasa encore de tout son long…

Merlin : « Ne fais plus ça, je pense que j'ai assez de pouvoirs comme ça. »

Riuinj le regardait tout penaud… Merlin essaya de ne pas exploser de rire, et Arthur hurlait: «Sale bête. »

Il releva sa chemise et constata que l'égratignure était guérie, il secoua son genou aussi, il n'avait plus mal… Il émit encore un Oups.

Son ami : « Ne me dis pas que… »

Merlin secoua la tête puis prit son couteau dans les fontes et passa le fil sur sa main et il regarda l'entaille cicatriser: il explosa de rire…

Arthur hurla: «Oh mais non c'est pas possible, sale bête… Je leur dis quoi moi aux Shides ils ne sont…

Lui : Oui, pas commodes je sais. » Et il reparti dans son fou rire.

Le dragoneau complètement écrasé sur le dos du cheval et effrayé : «Je voulais juste aider ?

Merlin reprit son souffle : Ne m'aide plus.

Son ami continuait d'hurler : Sale bête, non mais… Ils vont vraiment m'achever là ? »

Il repartit dans son fou rire… Il n'arrivait plus à se ravoir, tandis que le petit s'écrasait en excuse et qu'Arthur continuait de pester: «Non mais c'est pas possible là, t'avais pas besoin de t’encombrer de ça.

Merlin reprit la route en continuant de rire : Ça devient n'importe quoi cette quête… »

Chaque fois qu'Arthur pestait en parlant des Shides, il repartait dans son fou rire irrépressible… Et le dragoneau se tint à carreaux, aplati sur le dos du cheval.


macrale  (20.01.2015 à 00:52)

Chapitre 18

Il passa devant un village abandonné, les habitations étaient construites à même la falaise… Sur les murs, il vit encore des pétroglyphes… Il revit le joueur de flûte et passa sa main dessus…

Il eut un moment de panique et appela Arthur…

Arthur : « Je suis là Merlin.

Merlin : Tu ne me laisses pas ?

Son ami : Non jamais, je ne peux aller nulle part sans toi, les Shides ne sont pas commodes, c'est tout.

Il tremblait en regardant le joueur de flûte sur le rocher: Ils m'ont fait faire des trucs… Ne me laisse plus.

La voix : Il t'ont fait faire quoi ?

Il secouait les épaules : Je sais pas, je sais plus, j'ai des flashs…

Arthur soupira : Je suis là, les Shides ne sont pas commodes je suis désolé. »

Merlin ne dit plus rien, prit un grande inspiration et continua sa route…

***

Il traversa un pays semi-désertique et ce fut difficile de trouver du fourrage pour le cheval…

Il lui fut difficile de trouver de la nourriture aussi, heureusement que Riuinj était là pour repérer des trucs comestibles comme des fruits de cactus…

Merlin l'observait, il commençait à voler plus et s'éloigner pour revenir: il étalait des fruits à moitié dévorés dans tous les coins…

Notre sorcier eut l'idée de prendre ce cactus comestible et de l'écraser pour en extraire les fibres et donner ça à sa monture et ça marcha, l'étalon aimait bien ça…

Il arrivait à trouver de l'eau grâce à son pouvoir, l'eau ne fut jamais un problème.

Il trouva beaucoup de villages abandonnés, il soupçonna une sécheresse, car à chaque fois les puits étaient vides… Soit des construction de maison en terre, soit des habitations creusées dans la roche, toutes d'époques différentes…

Dans certaines habitations, des fois ils trouvait du maïs, ça lui donna des doutes sur le fait que ces villages fussent abandonnés pour cause de sécheresse, dans certains, visiblement les gens avaient dû partir vite…

Les vieux épis étaient trop durs pour les manger comme ça, il les écrasait pour en faire de la farine…

C'était difficile de trouver de la nourriture, il avait souvent faim…

Le dragoneau, lui qui grandissait plutôt vite, ravageait tout ce qu'il trouvait, végétaux, fruits, arbustes…

L'énigme du Vénérable devint limpide dans sa tête, à sa façon Riuirn replantait des arbres…

Celui-ci pouvait partir parfois des jours, mais revenait toujours… Quand il revenait, il s'enroulait autour de Merlin en ronronnant… Des fois, il lui ramenait des fruits.

Un jour, Merlin, qui explorait un village, eut un étrange malaise, comme lorsqu'il avait approché la flûte antique des Aztèques… Il y avait un objet magique ici…

Il s'approcha d'une ruine de construction ronde, il vit des entrées vers un sous-sol et il pénétra en faisant une boule de lumière…

Arthur pestait : «Tu ne devrais pas rester là Merlin, ça ne plaît pas aux Shides… »

Merlin regardait les parois d'un tunnel recouvertes de dessins et de spirales, en passant ses mains dessus: «Ces gens avaient des donnas… Est-ce qu'ils ont été chassés, où est-ce eux qui en ont chassé d'autres? »

Son ami soupira.

Il arriva dans une salle, par terre, il y avait une grande dalle ronde sculptée qu'il regarda longuement, ça lui fit un peu penser au calendrier des Mayas, très ressemblant à celui des Aztèques en fait… Peut-être que leur peuple descendait de celui qui avait construit ça… Ou peut-être que c'était leur peuple qui avait été envahi et dont on avait copié la culture… Il en avait tellement vu que tout était possible… Il releva les yeux vers la source de magie et vit un crâne recouvert d'or et de pierres précieuses… Il approcha sa main de l'objet : «Qui es-tu ?

Arthur hurla: Ne touche pas à ça. »

Trop tard, Merlin s’effondrait dans une vision atypique: il était un aigle quelque part, il volait très haut… Il voyait un pays très lointain, sur le sol il y avait des dessins géants, il reconnut un oiseau et un singe…

Il émergea en sursaut : « Ce sont des cartes…C'est ingénieux...» Il regarda encore le crâne à l'aura magique et puissante : « Qui es-tu vraiment ? Tu avais la vision ?

Arthur hurlait : Bouge-toi de là Merlin, les Shides…

Il soupira : Ne sont pas contents, ouais je m'en doute… Pfff j'suis là, je pourrais comprendre ce qui est arrivé à ces gens avec des donnas, et eux ils râlent…

Son ami : Il y a des choses qu'ils ne veulent pas que tu saches…

Lui : Ouais, parcourir le monde à moitié ignorant, c'est bon je connais. »

Il s'inclina devant le vénérable crâne et sortit…

Certaines constructions le fascinaient, c'était un grand peuple disparu, des techniques d’irrigation, dans un pays semi-aride… Et des façades de maison creusées à même la roche parfois, incroyable…

Il sortit et tomba sur une nouvelles série de pétroglyphes… Il les regarda longuement; il vit encore le joueur de flûte… L'une de ses représentations semblait pleurer, mais ses larmes faisaient naître des plantes…

Il soupira : «Arthur, il ne peut pas être si mauvais que ça, partout il est représenté comme un signe de fertilité, les Aztèques ont dû se tromper, il n'a sûrement pas tué son frère…

Arthur soupirait : Tu sais que je n'ai pas le droit de te parler de lui. »

Merlin hocha la tête et continua son voyage vers le nord…

***

Il rencontra de nombreuses tribus, qui vivaient dans des villages aux habitations en torchis… Des pueblos…

Il distingua trois grandes langues communes et put un peu en parler une, il n'arrivait pas à rester assez longtemps chez eux pour cause de bébé dragon dans le chemin, et le cheval les mettait mal à l'aise aussi…

Il n'avait vraiment plus envie qu'on le prenne pour un Dieu… Il soignait en échange de farine, de maïs et de courges…

Son voyage fut plus aisé avec le cheval… Il s'enfonça dans une région aride où il trouva peu de monde.

Un jour, Riujn lui ramena des épis de maïs, Merlin le regarda ébahi : «Heu c'est quoi ça ?

Riuinj qui sentait son humeur s'écrasa au sol : Tu as faim.

Le sorcier soupira : Tu les as trouvés où ?

Riuinj : Ne te fâche pas, je voulais te faire plaisir, je les ais vus dans un champ.

Il ouvrit de grands yeux surpris : Oh Riuijn tu parles à voix haute ?

Le dragoneau secoua ses épaules aussi : Heu… Oui… Tu ne le veux pas le maïs ?

Merlin rit: Non c'est bon là, j’ai faim, mais ne saccage plus de champ si tu veux que les Hommes te respectent… Comment? Comment as-tu appris à parler ?

Riuijn secoua encore ses épaules de dragon : Je ne sais pas… Je suis en contact avec tout... »



***

Son voyage devint de plus en plus difficile, il arrivait à trouver à manger pour le cheval, mais pas pour lui, les sol étaient trop arides et il ne connaissait pas les plantes… Et le dragoneau n'osa plus dévaster de champs pour lui… Il finit par chasser en soupirant, il débusqua un lapin et le regarda longuement… Il n’arrivait pas à le dépiauter pour pouvoir le cuisiner.

Riuinj : « Tu vas vraiment manger la chose morte ?

Il soupira : Tu veux le manger toi ? Tu as faim ?

Le dragoneau pesta : Ça ne va pas non ? Je ne mange pas de choses mortes.

Merlin explosa de rire : Quoi? Je croyais que les dragons mangeaient des pucelles…

Riuinj vexé comme un pou lui tourna le dos: Laisse-moi tranquille avec tes stupides légendes, jamais je ne mangerai jamais de trucs morts.

Le sorcier le regarda fixement: Et les arbres que tu ravages? Il ne sont pas morts? Il n'ont pas une âme?

Le dragoneau pestait : Ce n'est pas pareil, les arbres revivent de leurs branches et de leurs racines. »

L'animal se tut vexé.

Merlin soupira en regardant encore le lapin : «J'avoue que je commence à avoir du mal aussi…

Arthur explosa : Quoi ? C'est quoi cette histoire ? Mange-le ce lapin, tu es affamé.

Lui : Non… Depuis les Aztèques… Non j'arriverai pas.

Son ami soupira: Merlin tu étais drogué, ce n'est pas de ta faute… Ce n'est qu'un lapin, mange-le c'est comme un bon pâté en croûte.

Il secoua la tête : Non… Je… J'ai vu ses yeux morts, je ne peux pas. »

Il se leva pour aller enterrer le lapin, et se coucha sans manger pour tenter de dormir…

Arthur vociférait : « Mais qu'est-ce qui te prend ? Tu enterres de la nourriture alors que tu es affamé ?

Merlin soupira : Laisse-moi dormir, je suis fatigué.

Arthur se calma : Merlin, ce qu'ils t'ont fait faire… Ce n'est pas de ta faute.

Il se retourna: Laisse-moi dormir ou je dis aux Shides que j'ai des pouvoirs en plus… Il faudrait savoir, soit je tue et je suis un monstre, soit je ne tue plus.

Arthur se fâcha : Mais ce n'est qu'un lapin.

Il se retourna encore en pestant et regarda les flammes du feu danser longuement: Laisse-moi dormir.»

Arthur soupira sans plus rien dire.

Merlin finit par dire: «Je peux rentrer en contact avec tout ce qui vit, je peux rentrer en contact avec un lapin… Ils ont des émotions… J'ai vu ses yeux morts… J'peux plus… J'en peux plus de tuer. »

Arthur soupira encore.



***

Un jour, il se retrouva devant une frontière naturelle presque complètement infranchissable… Un cours d'eau immense, sans doute un fleuve… Il jura et trouva un village où il comprenait un peu la langue, pour demander s'il y avait un passage à gué sur le fleuve.

Il était en contact constant avec Riuinj ; il lui demanda de se cacher quelques jours…

Le dragon répondit : «Pfff encore…

Merlin rit : Il faut bien ça pour trouver les kilos de maïs que tu ingurgites. »

On lui expliqua qu'il y avait effectivement un passage sur le fleuve, mais qu'il allait falloir attendre plusieurs jours, la décrue n'était pas terminée… Merlin se sentait bien dans le village, on ne le regardait pas trop de travers avec son cheval, il avait pu expliquer que ce n'était qu'un animal…

Il proposa ses services de guérisseur, et comme il n'y en avait plus au village il fut bienvenue … Justement, une des femmes accouchait et ça se passait mal…

Lorsqu'il la vit, il soupira : «Elle est comme ça depuis combien de temps ?

On lui répondit trois jours, il jura: Vous êtes conscients qu'il y a peu de chance que l'enfant soit en vie?

Un vieille femme qui en avait vu d'autres soupira: Oui, c'est ma petite-fille, fais ce que tu peux pour la sauver…»

Merlin soupira: il demanda qu'on lui chauffe de l'eau et mit toutes les femmes dehors, il avait peur de devoir faire une césarienne… Il prit son sac, se lava longuement les mains et l’ausculta…

Elle était terriblement affaiblie mais toujours consciente; il se présenta et lui dit qu'il allait essayer de l'aider…

Elle pleurait : « Il est sans doute mort, c'est mon premier…

Merlin hocha la tête tristement : Je suis désolé. »

Il sonda l'enfant; un garçon, il était dans le mauvais sens et sa jambe coinçait… Il vit le cœur qui battait encore faiblement, il en fut surpris et essaya une manipulation apprise chez les Ottomans… Contre toute attente, ça libéra l'enfant qui vint au monde…

L’enfant, finalement après plusieurs minutes, pleura… Merlin fut soulagé, bien qu'il ait un pied bot, ça au pire il pouvait s'en occuper… Il devait d'abord s'occuper de la mère qui faisait une hémorragie…

Elle voulut voir son enfant, surprise qu'il soit encore en vie…

Merlin lui montra et elle pleura de plus belle : « Il n'est pas normal, je vais devoir l'abandonner… »

Merlin lui fit chut du doigt, emballa l'enfant pour cacher son pied, et lui mit sur le ventre…

Il sonda la mère et recousut les déchirures… Ensuite, il lui donna des plantes et lui jeta un sort de guérison en espérant qu'elle ne fasse pas trop d'infection…

Il donna aussi des plantes à l'enfant, la poche des eaux avait été ouverte depuis trop longtemps, il avait peut-être contracté une maladie aussi…

Lorsque la mère fut endormie, il opéra le pied de l'enfant comme il put pour que son pied ait l'air le plus normal possible… Il boiterait, mais il marcherait.

Il lui jeta aussi un sort de guérison, et soupira devant les deux vies presque sauvées… Il sortit pour aller se laver, et expliqua qu'il allait devoir les surveiller plusieurs jours pour être sûr qu'ils soient saufs…

La vieille femme rentra dans l'habitation seule et regarda longuement ce qu'il avait fait sur sa petite-fille et son fils…

Merlin rentra et la regarda; elle inspectait le pied de l'enfant et il lui dit: «Il marchera, il va boiter, mais il marchera… »

La vieille femme hocha la tête et lui fit chut… Elle l’emballa aussi et se leva pour prendre Merlin dans ses bras.

Il eut un recul : «Oh je suis désolé, je n'aime pas trop qu'on me touche. »

En fait, il ne supportait plus ça depuis son épisode chez les Aztèques…

Elle le fixa étrangement: «Tu viens de sauver ma petite-fille et mon arrière petit-fils, tu es un grand guérisseur et je te suis redevable, demande-moi ce que tu veux…

Merlin secoua les épaules: Juste un peu de nourriture et un gîte jusqu’à ce que le fleuve soit complètement en décrue… Je… J'ai juste appris, et ils ne sont pas encore tirés d'affaire.

La vieille femme hocha la tête : C'est comme si c'était fait… Et l'animal il mange quoi ?

Lui en souriant: Le cheval, oh juste de l'herbe… Bien qu'il ait prit goût aux figues de barbarie…» Il en rit.

Le soir, on lui fit un festin où une grande partie du village fut réuni: il mangea beaucoup de maïs, des pommes de terre, des galettes de farine, de la courge, mais n’osa pas toucher à la viande... Il espérait que ça ne se voit pas…

On le fit boire, mais il finit par refuser aussi qu'on lui remplisse de nouveau son gobelet en expliquant qu'il devait faire un suivi de ses patients, et qu'il lui fallait être en forme pour ça… On ne lui en tint pas rigueur… On avait vu aussi qu'il ne touchait pas à la viande et on ne lui en tint pas rigueur non plus…

On lui proposa un dessert, et ça, ça lui plut beaucoup; il se resservit plusieurs fois; c'était des galettes aux fruits et au miel…

Un jeune garçon en rit : «Il est comme Kokopelli, il soigne, mais il nous vole aussi nos desserts… »

Merlin s’excusa d'avoir fait un impair, mais ça fit rire tout le monde…

Il demanda : «C'est qui Kokopelli ?

La vieille femme : C'est un décepteur.

Lui : C'est quoi un décepteur ? »

Tout le monde rit de ses questions…

La vieille femme: «C'est un esprit farceur; Kokopelli en était un au départ, c'est pour ça qu'il a un nom de mouche voleuse de miel… Il aimait voler nos desserts… Le miel est difficile à trouver."

Merlin s’excusa encore, et la vieille dame dit: «Seuls les êtres exceptionnels comme toi peuvent avoir autant de desserts qu'ils veulent…

Il rit: Je ne suis pas exceptionnel, j'ai appris c'est tout… Tu me racontes son histoire à Kokopelli? J'aime bien les légendes.

La vieille femme lui sourit: Au début des temps, une femme tomba du ciel, elle était enceinte de deux garçons… Un gentil et un moins gentil: ils se disputaient dans son ventre.

L'un d'eux était Kokopelli, un esprit farceur qui n'écoutait personne… Il pensait tout savoir mieux que les autres, alors qu'il n'était pas encore né. La mère finit par accoucher de ses fils, le premier vint sans problème, mais Kokopelli n'en fit qu'à sa tête et voulut sortir par l'épaule de sa mère...

Il rit : Et alors ?

La vieille femme: Oh, il finit par venir au monde par le bon côté après s'être fait gronder par son frère… Il était espiègle et n’écouta jamais aucun adulte, alors que son frère oui… Ils grandirent, son frère devint un grand roi, mais lui ne devint rien de spécial; il faisait trop de bêtises et jaloux, il finit par en vouloir à son frère et le tua…

Merlin pâlit : Le joueur de flûte c'est lui ?

La femme lui sourit en faisant chut : On écoute l'histoire sans interrompre. »

Il hocha la tête…

La conteuse: «Les dieux se fâchèrent sur le jeune garçon impétueux, la punition pour avoir tué son frère fut sans appel… Il devait aider les hommes… Les dieux lui donnèrent de nombreux pouvoirs et il ne put faire que d'aider les hommes… Il avait le pouvoir de guérir n'importe qui, quand il pleurait, des graines de maïs tombaient de ses yeux. A cette époque-là, les hommes ne connaissaient pas encore cette plante miraculeuse et cela les sauva de la famine…

Il continua à aider les hommes, tout en gardant un côté farceur… Il volait encore des fois des desserts… »

Merlin voulut encore dire quelque chose, mais se tut à temps…

Elle lui sourit : « C'est bien tu es comme lui, tu apprends le savoir-vivre… »

Il ne put s'empêcher de sourire, la vieille femme lui contait l'histoire comme s'il était un enfant mal élevé… C'était une conteuse hors pair…

Elle le regarda, lui sourit en retour et lui fit chut : «Je te raconte la suite demain puisque tu seras encore parmi nous.

Il explosa de rire : Est-ce que tu sais que tu me redonnes mon âme d'enfant ?

Elle lui sourit encore : C'est mon pouvoir à moi.

Il ne put que sourire encore: Oui tu as raison, il faut que je me repose tôt pour m'occuper de ta petite -fille demain : merci pour l'histoire. »

***

On lui assigna une couchette dans la maison de la petite-fille et la grand-mère veilla…

Il n'eut pas trop de visions, mais malgré tout son sommeil fut agité…

Il rêva d'une époque lointaine: des gens essayant de traverser le fleuve pour avoir une vie meilleure et se noyant… Il s’éveilla plusieurs fois…

Parfois, les gens étaient attendus de l'autre côté du fleuve pour être renvoyés, ou des fois tués… Ce fleuve n'avait pas fini d'en voir…

Il se réveilla au petit matin, fatigué, mais il avait vu pire…

Le vieille femme l’interrogea du regard, mais il secoua les épaules et ne dit rien. Elle ne lui posa pas de questions…

Elle lui expliqua qu'elle leur avait fait prendre la tisane de plantes à intervalles réguliers comme il avait demandé, et lui donna un déjeuner en essayant de ne pas le toucher…

Il lui sourit en lui disant merci.

Il ausculta ses deux patients, fut satisfait et changea les pansements…

Il veilla toute la matinée, et on lui envoya d'autres patients pour des bobos… Des dents à arracher, des coupures à recoudre, des abcès… Chaque fois, on lui donnait juste de la nourriture.

Le soir, il était fatigué et demanda s'il pouvait encore se reposer, la vieille femme reprit son tour de garde…

Les jours se passèrent ainsi et elle lui narra tous les soirs la suite de l'histoire, bien que ça ne plut pas à Arthur, enfin aux Shides… Il lui répondait : «Enfin ce n'est qu'une légende. »

Et chaque fois, il finissait par s'endormir en écoutant l'histoire qui était il faut dire très longue…



Merlin : «Tu me racontes la suite ?

La femme souriante : Oui.



… Lorsqu'il tua son frère, il fut chassé de partout, il ne savait pas encore qu'il avait des pouvoirs… Il rencontra un loup prisonnier d'un piège qui lui parla longuement.

Lui : Oh il y a des loups ici ? Ils ont un code… »

Elle lui sourit en lui faisant chut… «Il sauva le loup du piège et le soigna, il découvrit ses talents de guérisseur; et en même temps le loup apprit des vérités aux hommes...Ils devinrent amis.

Merlin : Quelqu'un qui est ami avec un loup ne peut pas être si mauvais…

La femme sourit encore : Il décida de voyager, il rencontra beaucoup d'hommes qu'il soigna et à qui il donna le maïs et d'autres graines… Il leur donna des cartes, les quatre points cardinaux étaient des couleurs… Sa flûte lui permettait de retrouver les couleurs… »

Il inclina la tête devant ce concept qui lui était étrange…Elle continua: «Il commença son long périple: beaucoup ne le reçurent pas toujours bien ; il volait les desserts et les femmes ; bien que des fois il se transforma lui-même en femme…Elle était alors volage, et volait des hommes à leurs femmes, mais apportait la fertilité partout où elle allait…Bien que certains disent qu'elle volait des bébés aussi.

Lorsqu'il était lui-même, il continuait à n'en faire qu'à sa tête sans écouter les préceptes de bienséance, et volait souvent le dessert…Mais un jour il rencontra une tribu… La famine avait été terrible: les hommes étaient partis loin pour chasser; et quand ils étaient rentrés, toutes les femmes étaient mortes de faim, elles avaient donné leurs rations aux enfants, pour les sauver… Il pleura beaucoup le courage de ces femmes… Ses larmes guérirent les femmes, et donnèrent le maïs à la tribu qui n'eut plus jamais faim. Les Dieux le remercièrent en lui donnant une bosse remplie de graines et de plantes; des mocassins, des fois des bébés… Il avait ressuscité toutes les femmes de la tribu…

Il commença à être vénéré partout où il passait… Il vit très très vieux et donna beaucoup aux hommes...Malheureusement, c'est comme ça qu'il expia le crime contre son frère… Tous ses êtres chers mouraient et pas lui, il pleura longtemps son fils… Survivre à son fils fut la pire des punitions qu'il soit… »

Plus les jours passaient et plus l'histoire le mettait mal à l'aise, l'histoire de Kokoplelli semblait calquée sur la sienne par bien des aspects…

L'histoire de la mort de son fils le toucha au plus haut point.

Il était souvent tremblent en écoutant l'histoire, il avait juste envie de fuir, de hurler, de tout casser…

Il aurait tellement voulu savoir qui était Kokopelli: mais chaque fois, son ami lui disait que les Shides n'étaient pas contents, et il se tint à carreaux, il avait trop peur de perdre Arthur et de se mettre en colère… Il se sentait juste devenir complètement fou.

A la fin de l'histoire, la vieille femme le regarda désolée; elle avait apprit à l’apprécier, mais son regard hanté la fit soupirer: "Tu as perdu quelqu'un ?"

Il la regarda surpris, détourna la tête et ne répondit rien.

Elle: «Je suis bien vieille et j'en ai vu d'autres; tu dois surmonter ton deuil, tu ne peux pas vivre sans qu'on te touche. »

Il ne répondit toujours pas.

Elle soupira et alla chercher des plumes pour lui donner.

Il regarda les plumes de corbeau sans comprendre.

Elle lui expliqua: «Les plumes tombent du ciel, mon peuple pense qu'elles guérissent.

Il sourit faiblement sans oser la regarder en face: C'est mon nom, c'est ce que veut dire mon nom, l'oiseau qui porte ces plumes.

Elle inclina étrangement la tête : Ah oui ? Ici ses plumes guérissent du deuil. »

Il pleura, il avait juste envie de lui dire qu'il était aussi vieux que Kokopelli, qu'il avait perdu sa famille, qu'il avait tué des gens… Qu'il n'était pas le grand guérisseur qu'elle pensait, mais peut-être bien un vrai décepteur... Mais il ne lui dit rien.

La femme lui mit la main sur l'épaule et il ne bougea pas…



***

Il partit de la tribu en remerciant pour les cadeaux, la femme et l'enfant sauvés, et le fleuve de nouveau franchissable…

Il discuta des jours avec Arthur: «Je suis comme lui, les Dieux ou je ne sais pas quoi m'ont puni, ils m'ont donné des pouvoirs… Je t’ai laisser mourir, je n'écoute jamais personne... Je suis devenu fou.

A chaque fois son ami le reprenait : Tu n'es pas fou Merlin, tu es juste fatigué.

Lui soupirait: Quelqu'un qui vit longtemps, qui se transforme en femme, qui est ami d'un loup… J'voudrais tellement savoir qui il est ? »

Et Arthur soupirait…


macrale  (27.01.2015 à 12:06)

Chapitre 19

Il continua son voyage vers le nord, et rencontra encore de nombreuses tribus; des fois sédentaires, mais de plus en plus des nomades… Visiblement un même peuple et grand… Mais grand surtout par sa richesse multiculturelle… Une variété incroyable de modes de vie, de vêtements, de langues… Ça c'était vraiment difficile pour communiquer, une multiplicité de langues incroyable… Mais il finit par comprendre que tous communiquaient par un langage commun gestuel, car tous commerçaient ensembles. Des fois certains étaient en guerre, mais il ne s'en mêla pas, comprenant qu'il s'agissait surtout d'histoire de femmes.

Plus il s'avançait vers le nord, plus le paysage se transformait en un prairie immense à perte de vue… Au début il en eut peur; il les rendait mal à l'aise avec son cheval, et des fois ils le suivaient et il eut très peur pour Riuirnj… Mais petit à petit, il se rendit compte que même si c'était des tribus aux guerriers fiers, c'était surtout un peuple d'une tolérance sans commune mesure... Il fut fasciné par ça… Enfin un peuple qui semblait par exemple étranger à l'esclavage… Car il semblait bien qu'il s'agisse d'un grand peuple; malgré la multiculturalité incroyable, il finit par voir des éléments communs... Il est vrai qu'il y avait certaines tribus qui pratiquaient les enlèvements, mais surtout des histoires de femmes et chaque fois punies sévèrement… Malgré qu'il sentait par les vents qu'il était fort éloigné de la mer, ils avaient tous des décorations de coquillage, et il finit par comprendre qu'il s'agissait sans doute d'une des principales monnaies d'échange. Grâce au langage commun gestuel, il comprit que ce peuple avait aussi une spiritualité d'une richesse incroyable comme il n'en avait plus vu depuis les Indes… Il entendit des légendes, toutes plus incroyables les une que les autres, il se demandait quelle était leur part de vérité; ce peuple était foncièrement respectueux du vivant… Il entendit encore parler de Kokopelli bien sûr; des pelles de versions, un peu à l'image de sa propre légende ; des fois c'était juste un décepteur, des fois un symbole de fertilité, ou des fois les deux… Il entendit une légende étrange où le monde entier vivait en fait sur le dos d'une tortue… Ou alors, certains Dieux qui vivaient dans le ciel, ou sous la terre… Et avec un vrai plaisir, il ré-entendit une légende sur un dragon: un jour, un serpent qui voulut sauver les hommes décida de leur donner ses ailes, puis comme cela ne suffisait pas il leur donna ses pattes; puis comme il n'avait plus rien, on le recueillit, et les hommes vécurent enfin en paix… Il se dit qu'il allait finir par retrouver des gens avec des donnas.

La politique de ce peuple lui fit énormément penser aux Ottomans, il n'y avait pas vraiment de pouvoir centralisé; il y avait des grands rois ou il y en avait eu, mais le pouvoir était partagé… Les chefs de tribus souvent gouvernaient avec leur chamans qu'ils appelaient plutôt homme-médecine ; mais tous mis là démocratiquement… Pas de lien de sang ou de droit divin.

Son périple continua de rencontre de tribu en rencontre de tribu, où on voulut encore lui donner beaucoup de femmes dont il s'écarta toujours comme il pouvait… Il paniqua un jour car on lui présenta un homme qui avait choisi de vivre un rôle de femme; et comme à force de refuser des avances, Arthur avait finit par l'appeler « chochotte », il eut peur qu'on le lui présenta dans un but précis; mais en fait non, on le lui présenta juste comme un individu normal et accepté par tous… Il échangea encore beaucoup de savoir médicinal, un savoir ancestral et de nouveau sans commune mesure...

C'étaient des commerçants hors pair, et il avait fini par devoir échanger sa dernière chemise en soie, en se demandant comment il en était arrivé là… Mais il ne regretta finalement pas son échange, il se retrouva avec une tunique en peau brodée de multiples perles de coquillage, et très colorée, constellée de franges… Il était fasciné par ce travail qui avait dû prendre un nombre d'heures incalculable, il trouvait leur artisanat magnifique… Ces gens étaient vraiment beaux et fiers… Lorsqu'il reçut la tunique, il n'avait su s'empêcher de rire en se souvenant comment il avait perdu son couteau au début… Il s'était fait avoir par des enfants très débrouillards et s'était retrouvé à échanger son couteau en métal contre un couteau en silex… Mais ça aussi il ne le regrettait pas, le couteau en question était emballé dans un étui de peau très souple dont pendaient des franges très longues, c'était un manche en bois durci, avec un fil d'éclats de silex… Et surtout une gravure sur le manche qui représentait des loups… En plus il était très coupant, donc très pratique… Il avait même eu du mal à se raser avec au début… Ce peuple connaissait la sidérurgie; mais le métal n'avait pas toujours une bonne qualité; peut-être que ce pays ne contenait pas beaucoup de roches métalliques… Il n'en savait rien.

En tout cas, il avait tout fait pour garder ses bottes, ça il ne voulait les échanger en aucun cas.

Au début, il leur avait fait peur avec son cheval, mais finalement la rumeur d'un démon à la peau blanche qui ne faisait qu'un avec un animal à quatre pattes et qui soignait, finit par aller plus vite que lui… Et de plus en plus souvent, c'était les tribus qui allaient à sa rencontre… Ce qui ne l’arrangeait pas toujours, il avait quand même un dragon qui grandissait de plus en plus à planquer, encore bien que l'animal fut noir, le soir c'était plus facile à faire décamper sans que ça ne se remarque... Heureusement aussi que ces gens furent de bons commerçants pour son régime, car la principale ressource de ce peuple était le bison… Mais grâce à ça, il ne fut jamais obligé de manger de viande…

Il avait accroché ses plumes de corbeau à sa tunique, comme ça on savait qu'il était en deuil et quand il avait des épisodes de mélancolie ou des soucis avec les visions, on ne lui posait pas de questions… On lui avait donné de nombreuse plumes qui avaient toutes une signification commune… Tout était codifié et signifiait quelque chose… Certains avaient des coiffures qui représentaient des oiseaux, d'autres qui représentaient des rivières: ça donnait une étrange coiffure aux tempes rasées avec une une bande courte de cheveux sur tout le sommet du crâne… Beaucoup avaient les cheveux très longs et tressés, c'était plutôt un signe de masculinité et de force… Lui qui avait toujours eu tendance à continuer la coupe de Camelot partout où il avait été, fut quand même accepté sans aucune remarque… Bien que là, ça faisait un moment qu'il n'avait plus coupé ses cheveux et ses boucles touchaient ses épaules… Il les avait laissés aller sans que ça ne signifie rien…

Il se souvint d'une fois où ému, il avait observé ses premiers loups de ce continent redécouvert, caché dans les hautes herbes en pleurant et pris par une nostalgie irrépressible… Et que sans qu'il le remarque, une petite fille était venue inspecter cet étranger si étrange à ses yeux et ce sans un mot… Elle s'était campé en face de lui, accroupi à observer les loups… Et comme il n'avait rien fait, elle n'avait pas eu peur de le toucher et de gratter ses joues pour voir si sa couleur de peau était due à un maquillage, elle lui avait tripoté les yeux aussi, à la couleur si étrangère pour elle… Et comme il ne bougeait toujours pas, elle s'était enhardie à lui tirer les cheveux parce qu'elle était fascinée par les boucles, dans sa tribu ils avaient tous les cheveux lisses… Et elle lui avait tiré les cheveux en se moquant de lui… Il avait pris peur, la demoiselle très petite aux alentours de cinq ans sans doute avait fini par intéresser le loup alpha comme une proie potentielle… Il lui avait fait chut d'un geste, et la demoiselle toujours pas farouche l'avait écouté lui donner des bases du code de la meute… Et finalement, le loup alpha avait compris qu'il fallait respecter la demoiselle, la laissa tranquille et replongea dans sa sieste paresseuse au soleil… Elle finit par repartir en courant, en tirant une dernière fois sur ses boucles avec un éclat de rire… Le comportement de la demoiselle lui avait arraché un sourire de tendresse qui avait réussi à le sortir de sa crise de mélancolie.

Ainsi au fil du temps, on finit par savoir que le démon au nom d'oiseau et qui guérit n'était pas belliqueux ni méchant et il fut accueilli partout…Ils finirent tous par être fascinés par le cheval aussi, et lorsque celui-ci finit par mourir de vieillesse on dit qu'on le pleura dans de nombreuses tribus…

Un démon qui guérit, qui ne mange pas de viande et qui est ami des loups ne pouvait pas être un décepteur… Bien que…

Une fois il eut quand même bien peur, il observait des bisons, fasciné par ce troupeau qui paissait paisiblement dans la prairie et recouvrait celle-ci d'un océan immense constitué d'animaux... Ils se déplaçaient toujours en nombre d'individus incalculables… Ces bêtes déjà imposantes à elles toutes seules étaient vraiment impressionnantes, et il ne faisait sûrement pas bon de se retrouver près d'un troupeau lorsqu'ils se mettaient en mouvement plus rapide…

Il sentit une présence et se retourna, un homme le menaçait de son arc… Ils avaient parfois cette faculté de se déplacer tellement silencieusement que c'en était presque magique…

Il tenta de communiquer par gestes pour expliquer qu'il ne savait pas ce qu'il avait fait de mal, et qu'il ne l'avait sûrement pas fait exprès, en tout cas rien d'intentionnel… Mais l'homme ne voulut rien entendre, il lui fit comprendre que pour lui il n'était qu'un démon décepteur, et qu'il devait le suivre… Il se demanda s'il allait devoir se battre, puis finalement soupirant il s'était laissé emmener en espérant ne pas devoir se battre… Il était fatigué de tuer.

Il se retrouva dans un village de tentes et l'homme le fit avancer vers une de celle-ci… Les autres ne faisant pas attention à eux, finalement ça le rassura un peu et il rentra dans le tepee où il n'y avait personne… L'homme le fit asseoir et partit et Merlin attendit, effrayé quand même…

Finalement, il revint, accompagné d'un très vieil homme et d'une femme qui disposa des plats et se retira… Il s'assit en continuant de le menacer dans une langue qu'il ne comprenait pas… Le vieil homme soupira et finit par le gronder… Et le guerrier sortit de la tente en pestant.

Merlin finit par demander par gestes au vieil homme ce qu'il lui avait dit… Et il eut un choc, l'homme lui répondit dans sa tête : «Je lui ai dit que quelqu'un qui ne mange pas de viande ne peut pas être un décepteur, et que je ne suis pas en danger.

Lui : Oh tu as le langage ? »

L'homme hocha la tête souriant, mais Merlin était vraiment mal à l'aise, il ne s'attendait pas à ça, et il ne savait pas ce qu'il avait barricadé… Est-ce que par exemple il avait entendu Arthur? Il se mit a trembler, prêt à se sauver au cas où…

Le vieil homme le regarda en soupirant: «Oui elles sont très puissantes tes barrières, je n'en ai jamais vu de telles… »

Merlin prit encore plus peur et détourna la tête en tremblant encore plus.

L'homme qui l’observait attentivement soupira encore: «Bonjour homme-oiseau, tu n'as pas à avoir peur, je ne te ferai pas de mal ; nous sommes là pour soigner quelqu'un. »

Il joignit le geste à la parole pour montrer sa bonne foi en lui tendant un calumet, pour eux c'était un signe de bonne volonté, Merlin n'avait jamais aimé le tabac depuis sa tribu d'adoption qui en usait aussi, parce que ça faisait tousser… Mais il le prit pour montrer aussi qu'il ne voulait de mal à personne… Il tira sur la pipe et donc toussa… Avec bien sûr l'esprit complètement barricadé et fermé comme une huître, ce qui bien sûr pour des gens qui ont le langage n'est pas vraiment un signe de bonne volonté… Il en était inquiet…

L'homme en rit: «Oh je m'excuse, tu ne peux rien me cacher, je sais que tu es très vieux et que tu as une autre voix dans la tête.

Merlin se remit à trembler de tout son long et se releva d'un coup en se reculant : Comment ?

L'homme restait calme : Je m'excuse, tu appelle ça une donnas… C'est mon pouvoir à moi, je peux briser toutes les barrières… »

Il ne savait quoi faire, il n'avait jamais entendu parler d'un tel talent, et aurait voulu fuir…

L'homme soupira encore : «Tu n'as rien a craindre de moi, je suis un homme-silence.

Lui tremblant : C'est quoi un homme silence ?

L'autre : C'est un homme-médecine qui soigne les tourments de l'âme. »

Merlin émit un cri de surprise; son regard se constella de reflets dorés, l’orage grondait sourdement et la magie crépitait tout autour de lui… Il se recula encore comme il put dans cette tente.

L'autre regarda ses défenses se mettre en place sans bouger d'un poil et soupira encore: «Elles sont puissantes tes défenses, je sais que tu as peur, mais je ne te ferai pas de mal tu comprends? Il faut guérir quelqu'un, s'il te plaît assied-toi et détend-toi.

Il se rassit en tentant de se calmer : Il faut soigner qui ? »

L'homme-silence tendit le doigt vers son torse en montrant ses plumes de corbeau…

Il se redressa de nouveau d'un coup, complètement paniqué il se dirigea vers la sortie…

L'autre lui dit juste : «Je n'ai pas peur de ce que tu es.

Il s’arrêta tremblant dans son élan : Je… Je suis peut-être un décepteur… Je suis un monstre.

L'homme-silence: Un monstre? Quelqu'un qui soigne, ne veut pas tuer, même pas un animal… Je ne pense pas non.

Il commençait à pleurer, c'était plus fort que lui et sans fin : J'ai tué… Beaucoup… Je… Je comprends qu'on ait peur de moi.

L'autre soupira encore: Tu as tué pour défendre ta famille, ton ami, ta destinée… Je comprends que ce soit lourd à porter… Tu es étonnamment humain, peut-être même encore plus que moi.

Lui dans un sanglot irrépressible : Non je ne suis pas meilleur… Je… Je n'ai jamais voulu ça.

L'homme: Quelqu'un qui ne veut pas de pouvoirs ne peut être qu'un sage, en bonne voie sur le chemin de l'humanité.

Lui : Non… Ça … C'est mon ami qui est comme ça…Je… Je l'ai tué, je l'ai laissé mourir… Comme Kokopelli…

L'autre : Tu n'es pas responsable du choix des autres.

Il repartit dans un sanglot : Oh… Ça fait si longtemps qu'on ne me l'a plus dit ça… »

Lentement, ses défenses commencèrent à se désamorcer, et l'homme put se lever pour lui mettre la main sur le dos: "Ta vie doit être encore plus longue que celle de Kokopelli, ce doit être très dur de vivre toutes ces pertes; viens t’asseoir…

Il hocha la tête et s'assit le nez baissé: Pourquoi… Pourquoi veux-tu me soigner?

L'homme lui sourit: Tu as sauvé le fils de mon frère, blessé lors d'une chasse au bison… Tu es un très grand homme médecine… Mais mon frère est inquiet de ce qu'il a lu dans ton regard… Il désire juste te rendre la pareille…

Il secoua la tête en souriant au milieu de ses larmes: Je… Je ne suis pas si bon homme-médecine, j'ai eu du temps pour apprendre plus, c'est tout. »

L'homme hocha la tête.

Il y eut un silence durant lequel il put un peu se détendre.

Il releva le nez et regarda le vieil homme : «Toi tu es un très grand homme médecine, comment fais-tu ça ?

L'autre lui sourit en secouant les épaules: Je ne sais pas si je suis grand, j'ai juste des donnas atypiques.

Merlin en rit en s'essuyant les joues : Oui vraiment atypiques, tu aurais pu t'en servir autrement…

L'homme sourit : Je choisis le chemin de l'humanité, c'est ce que mon peuple fait.

Il sourit encore : Un grand peuple.

L'autre secoua les épaules : Oh nous ne l'avons pas toujours fait…Occupons-nous plutôt de toi…

Il eut un sursaut de panique : Je ne risque rien ? Tu promets?

L'homme rit : Je suis un homme-silence, je ne peux rien dire ; et bientôt je vais mourir…

Il avait rabaissé son nez et tripotait nerveusement ses plumes de corbeaux : Comment ça marche ? »

L'autre soupira et prit un sourire satisfait, il se leva pour prendre des plumes dans un sac et lui donner…

Merlin les regarda: «Des plumes de geai ? Elle guérissent de quoi elles ?

L'homme en l'invitant à les mettre sur sa tunique : Des tourments de l'âme. »

Il accrocha ses plumes et inspira à fond en le regardant droit dans les yeux…

L'homme-silence : « Tu es prêt ? »

Il hocha la tête.

L'autre prit un regard docte et calme et lui demanda simplement : "Qu'est-ce qui est le plus dur ?"

Il rit d'abord nerveusement, puis au fur et à mesure qu'il réfléchissait à la question et affrontait enfin ses démons propres, il se mit à sangloter sans plus finir, le corps tremblant de partout… L'homme avait mis une herbe sur le feu pour apaiser ses tourments, mais cela lui parut durer une éternité… Il avait l'impression de revivre tous ses traumatismes, mais il continuait à chercher… Il sentait l'homme le guider par la pensée et ça l'aida… Qu'est-ce qui était le plus dur? Ne pas mourir et voir tous ceux qu'il chérissait mourir et lui manquer à jamais? Ne plus jamais oser s'attacher à personne? Les visions et leur lot de douleurs qui se déversait sans cesse en lui? Ne plus avoir rien d'humain et être complètement détaché de tout ce qui vivait en ayant pris la vie d'autrui ?

Les questions fusaient dans sa tête et inlassablement tournaient en boucle, qu'est-ce qui était le plus dur? Il finit par répondre: "Ne plus avoir que de petites traces d'humanité en moi qui ne sont que la souffrance de ce que j'ai perdu… C'est comme une douleur fantôme, le fantôme de mon humanité."

Il ouvrit grand les yeux de surprise de sa réponse, il ne savait pas trop comment il en était arrivé là…

L'homme lui sourit avec une tendresse paternelle et ça le jeta loin dans la passé, ça lui rappela Gaïus, il y avait tellement longtemps qu'il n'y avait plus pensé… Ses larmes roulaient encore sur ses joues…

L'homme: "Non tu te trompes; qu'est-ce que c'est l'humanité? Est-ce que quelqu'un qui s'émerveille de dauphins qui jouent dans l'eau, ou de loups, de lions… Ou encore qui est capable de s’attendrir d'une petite fille curieuse qui lui tire les cheveux n'est plus humain ?

Il le regarda encore avec des grands yeux, surpris: Je… Je sais pas ?

L'homme inspira à fond et lui dit: Tes traumatismes sont nombreux et incommensurables comme la longueur de ta vie et finissent par te cacher ta propre nature, il est temps que tu l'écoutes… Lui seul peut t'aider à retrouver ta nature.

Lui : Écouter qui ?

L'autre : Le silence. »

Il secoua la tête pour faire mine qu'il ne comprenait pas.

L'homme: «Tu n'as jamais été plongé dans le silence, aussi loin que remontent tes souvenirs tu es entouré de brouhaha; la voix de ton ami, les visions, les pensées de dragons; et même quand tu te coupes de tes pouvoirs, tu trouves ton père… Tu n'as jamais été confronté au silence.

Il recommença à trembler de peur : Mon ami m'aide, les pensées douces m'apaisent… Mon père… Ils ont toujours été tous là pour moi… M'empêcher de devenir fou…

L'homme secoua la tête d'un air désolé : Le silence seul peut t'aider… Le bruit que font tes souffrances t’éloigne de ta nature.

Il secoua encore la tête et se tut un long moment, puis il hocha la tête : D'accord… Je fais comment ?

L'homme mit son doigt sur le front de Merlin, et il n'entendit plus rien dans sa tête, et ça l'effraya de nouveau : Arthur ?

L'autre: N'ai plus peur, ton ami est toujours là, écoute le silence, apprivoise-le, c'est comme un animal sauvage...

Merlin : C'est comme un loup ? Il a un code ? »

L'homme rit à sa note de naïveté et mit son doigt sur sa bouche.

Il soupira, ferma les yeux et se plongea dans le silence… Il resta ainsi sans bouger toute la fin de la journée et toute la nuit et l'homme l’accompagna… Au petit matin, il ouvrit enfin les yeux et inspira à fond, il était calme et serein comme il ne l'avait plus été depuis très longtemps. Il regarda l'homme avec un franc sourire : "Merci."

L'homme lui sourit aussi, il regardait son regard enfin apaisé, et à l'air sur le coup, terriblement jeune: "Il est temps que tu reprennes ta route Merlin, je dois retrouver le silence pour aider d'autres personnes…"

Il hocha la tête et sortit de la tente, il voulut se retourner, il ne lui avait même pas demandé son nom, mais le guerrier veillait et le raccompagna hors du village… Il retrouva son cheval, le dragon, et finit par appeler son ami : "Arthur ? T'es là ?

Son ami : J’ai rêvé ou un très vieil homme est venu me voir au portail ? « 

Il explosa de rire, alors qu'Arthur avait paniqué un moment d'avoir lâché ça…

Lui : «Oui je sais, la dernière personne qui a fait ça c'est Hermine.

Arthur surpris: Tu ne te mets pas en colère ?

Il soupira : Non, elle me manque, mais j'imagine que quelqu'un te manque aussi...

Il se remit en route, et son ami encore inquiet : Merlin tu vas bien ?

Lui qui explosa de rire : Pas trop mal. »

**

Dans la yourte, le vieux Merlin s'arrêta de conter pour fixer Laure : «Quelque chose à dire ?

Celle-ci était distraite et elle le regarda surprise, en se demandant comment il le savait: Mais je n'ai rien dit?

Lui souriant et inclinant la tête : Mais ?

Elle explosa de rire: Non rien, c'est juste que… Je trouve qu'il faudrait raconter cette histoire aux gens qui prônent le transhumanisme, peut-être que ça leur mettrait du plombs dans la cervelle...

Il explosa de rire : Est-ce que je continue ?

Laure : Je m'excuse encore hein, mais c'est long là je m'ennuie un peu, ça devient répétitif la rencontre avec Yakari… Pardon.

Le vieux sorcier souriait:C'est l'histoire de quelqu'un qui ne meurt pas, fatalement, on s'ennuie avec et sa vie devient répétitive.

Là dessus, Ambre explosa de rire, puis elle finit par se ravoir et regarda sa mère : Man, je m'excuse mais des fois tu me fais vraiment honte.

Laure très gênée: Non c'est pas ça, mais bon, c'est quand même la légende Arthurienne quoi, la civilisation… Enfin je veux dire un « Merlin » qui ne meurt pas, sa place ne devrait pas être en Europe ou en Angleterre? C'est vrai quoi, qu'est-ce qu'on a découvert de grand ici à ce moment là ?

Le vieux Merlin la regarda, amusé avec des soubresauts de la tête qui signifiaient clairement à Ambre la vacherie venir: C'est quoi la civilisation? Richelieu qui signe son territoire à Paris pour bien faire comprendre sa grandeur, en offrant de jolies bibliothèques mais en enfermant les fous dans un coin? Ou un très vieil amérindien sage qui soigne les tourments de l'âme de son prochain comme il peut ?"

Ambre explosa encore de rire, et Laure soupira…

Il la regarda avec son regard toujours coquin: « Je continue l'histoire ou elle t'ennuie trop ?

Laure piquée au vif: Mais non j'ai envie de savoir s'il réussit à faire revenir son ami… C'est juste qu'il y a des longueurs quoi pfff.

La petite se marrait : Ben fatalement hein, il ne meurt pas. »

***

Merlin continua son périple vers le nord et Arthur commençait à pester: «Merlin je m'ennuie, quand est-ce qu'on retrouve les bateaux ? »

Le vieux Merlin fixait encore Laure, amusé, et celle-ci pesta : « Oh ça va hein. »

Il s'était avancé sur un promontoire herbeux et observait une nouvelle tribu : « Bientôt.

Son ami : Comment le sais-tu ? »

Il explosa de rire : il regardait des hommes avec un troupeau de chevaux.

Arthur : « Des Espagnols tu crois ?

Il s'assombrit : Je sais pas, j'espère pas…

La voix de son ami : T'as encore des visions ?

Il soupira : De plus en plus, je ne sais pas si je vais pouvoir les barricader longtemps…

Son ami : Tu vois quoi ?

Merlin assombri: On parle d'autre chose.

Arthur : Je ne te laisserai plus les vivre.

Il soupira : Les visions ne sont pas la réalité.

Son ami énervé : Il y a des fois où je ne te comprend pas. »


macrale  (03.02.2015 à 00:13)

Chapitre 20

Au fil du voyage, Riuinj, qui avait bien grandi, se fit de plus en plus absent et Merlin soupira sur un autre de ses bébés qui prenait son « envol »…

Un jour, Riuinj vint lui dire au revoir en lui mangeant tout ce qui lui restait de maïs… Merlin secoua la tête en le regardant se goinfrer et lui demanda s’il allait rester dans cette contrée-ci ou voyager.

Riuinj lui dit qu’il ne savait pas trop, mais qu’il était grand maintenant. Merlin lui demanda de passer dire bonjour de sa part à Aithusa …

Le dragon mit sa tête déjà imposante sur celle de Merlin pour explorer sa pensée et savoir où Aithusa vivait… Puis lui dit : "Elle est jolie, elle est plus blanche que la neige, j’irai peut-être…

Et Merlin sourit: Sois gentil avec, c’est mon amie, elle a beaucoup souffert des Hommes, et méfie-toi des Hommes, donne-moi des nouvelles d’accord ?

Riuinj s’envola en lui disant : Peut-être !

Il soupira : Les dragons ! »

Arthur lui demanda comment ils allaient rentrer chez eux, Merlin explosa de rire : «Non il est trop petit laisse-le tranquille… On va trouver un bateau j'en suis sûr. »

***

Il avait récupéré un petit cheval en échange d’avoir soigné un malade, il était un peu plus sauvage et moins docile, mais il fut quand même content de l’avoir. En fait, on le lui avait donné parce que personne ne savait monter dessus, et heureusement qu’il savait le contacter car l’animal faillit le désarçonner plus d’une fois, celui-ci ne rêvait que de courir par-delà la prairie après de belles juments, et Merlin espérait pouvoir lui rendre sa liberté !

Le pays devenait plus montagneux, des forêts aussi, ça lui avait manqué dans la vaste prairie.

Il demanda à la tribu suivante à contre-cœur s'il y avait d'autres hommes blancs comme lui, et où ils se trouvaient… On lui parla de la tribu de John Smith en lui indiquant la direction à suivre. Il fut soulagé, ce n'était pas un nom espagnol déjà.

***

Plus il avançait, plus il était sujet aux visions, et plus il devint de mauvaise humeur, il fut de moins en moins à prendre avec des pincettes pour son ami… Durant des jours, il fut d'humeur morose et ne dit rien à son ami qui était inquiet…

Il se rendit à un cours d'eau pour se laver un matin et fut pris de visions violentes et tomba dedans… Arthur, paniqué, fit tout ce qu'il put pour le faire émerger à temps… Il émergea vacillant, puis se rendit compte de la situation en toussant et en recrachant de l'eau... Il se mit à hurler de rage alors que l'orage se faisait entendre… Son ami hurla encore : "Ne te met pas en colère…"

Il hurla: «Pourquoi je ferais ça, pourquoi je laisserais faire ça? Dis-le-moi… Pourquoi je dois supporter de voir ce qui est censé être mon peuple leur prendre tout et pratiquement les décimer tous…? Pourquoi ?" Il tenta de refréner sa colère en se prenant la tête à deux mains: "Je ne supporte plus de voir ce qu'ils vont leur faire, les Espagnols c'est de la peccadille à coté… Laisse-moi me noyer je suis fatigué de voir ça… Ça leur suffit pas qu'ils soient malades… Il faut encore qu'ils les massacrent??? Laisse-moi retourner dans l'eau...

Arthur pleurait : Merlin ?

Il tapait les poings sur la surface de l'eau en hurlant : C'est nous les monstres… C'est nous.

Son ami : Merlin ressaisis-toi.

Il explosa en sanglots en continuant de rager : Pourquoi on doit rejoindre ça, plus on avance et pire c'est…

Arthur très calmement : Retourne vers le sud, tu n'es pas obligé de prendre le bateau là…

Il ragea encore: Tu compreeends pas, quelque soit le pays où je vais sur ce continent, c'est pareil… C'est… C'est un massacre… C'est notre peuple qui… C'est nous les monstres… C'est un génocide…

Arthur : Quoi ??? Partout ?

Il commençait à fondre en larmes et la tempête se calmait: Partout, des fils et des filles de quelqu'un… Pourquoi je dois voir ça ? Pourquoi je dois revivre ça… Je paye pas assez pour ce que je t'ai fait là ?

Son ami ému: Mais non tu n'en es pas responsable… Ce sont des visions pas la réalité… Un génocide à une telle échelle ??? Reprend-toi…

Il se retira sur la rive pour se prostrer : Mais si j'en suis responsable, je ne peux pas les guérir tous, mais je peux tous les tuer sur une colère… Puis… Puis si je ne t'avais pas laissé mourir…

La voix de son ami énervée : T'arrête avec ça? C'est Mordred qui m'a tué ça suffit maintenant…Tu savais, t'as toujours su qui me trahissaient, je… J'aurais dû t'écouter mieux…

Il pleurait sans fin: Non, j'aurais dû aider Morgane, et Mordred… Je l'ai repoussé dans ses retranchements, j'ai trahi ceux de mon espèce… Et là, le monde sans toi devient complètement fou… Je me suis renié… Tout ce que j'étais…

Arthur : Mais Merlin… Je… Je t'aurais tué…

Il écoutait : Tu l'aurais fait ?

Son ami : Je… Je ne sais pas. Tu ne m'en as pas donné la possibilité… Merlin ? »

Il était de nouveau perdu dans une vision… Il resta comme ça un temps indéterminé pour son ami, puis il se redressa en hurlant…

Arthur : « Je… J'ose pas te poser de questions… Inverses tes pouvoirs, tu dois te reposer. »

Il se recoucha et inspira à fond: Non j'... Reste juste avec moi…S'il te plaît…" Il se sentait repartir, tremblant, il serra ses bras contre son torse… Il eut encore quelques soubresauts, gémissant avant de plonger... Le regard perdu dans le vague et régulièrement traversé par l'horreur de ce qui lui était donner à voir.

Il resta comme ça un temps qui parut long à son ami… Mais celui-ci ne sut déterminer combien…

Il émergea en sursaut en hurlant après lui, complètement perdu : « Arthur ? Ne me laisse pas…

Arthur : Merlin je suis là… Ça v… Je suis inquiet.

Il revenait petit à petit à lui : Ça va, c'est bon, c'est pas la première fois que j'en ai... Lâche-moi un peu là, j'ai mal à la tête… »

Son ami soupira, quand il râlait c'est qu'il arrivait à les barricader : « 'Faut que tu manges, et que tu dormes…

Lui : Ah non j'ai pas faim, j'ai envie de vomir… J'ai pas envie de cauchemarder… T'es pas ma mère. »

Il se redressa et constata qu'il était quand même pas mal affaibli, il dut se raccrocher à un arbre pour ne pas tomber tellement sa tête tournait… Il se lança un sort de guérison suffisamment petit pour ne pas dormir et chercha son cheval… Celui-ci en avait profiter pour reprendre sa liberté…

Il soupira en le contactant : «T'es pas commode toi… Je vais t'appeler comme ça, c'était un empereur romain.

Arthur : C'est toi qui est pas commode, d'abord au dessus d'une falaise, maintenant dans une rivière… »

Merlin soupira en faisant son paquetage et en se disant qu'il se laverait plus tard… Il remplit quand même ses gourdes : «Hé ça va c'est bon, j'en peux rien. »

Le cheval arriva en pestant alors que Merlin s'était déjà mis en route vers lui: «Viens ici; Commode…» Il le caressa longuement : «Alors elles étaient jolies au moins ? Je te promets de te rendre ta liberté même si je t'ai donné un nom. »

Il reprit sa route alors que Commode essaya encore de le désarçonner quelque fois…

Arthur en rit : « C'est vrai que ça lui va bien, vous allez bien ensembles en fait… »

Le sorcier sourit et son ami savait que ça voulait dire un merci. Il ne demanda pas si c'était pour la pique ou l'avoir aidé dans la rivière…

***

Ambre dans la yourte soupira profondément: T'en voulais de la «civilisation»? Ben la voilà elle arrive.

Laure soupira aussi.

***

Il se rendit dans la direction du Potomac, où il eut beaucoup de cas de malades à soigner dans les tribus… Et le bruit courut que le démon blanc au nom de corbeau savait soigner, et on vint souvent le chercher… Plus il s’avançait vers la fameuse tribu au nom britannique, plus il vit d'épidémies… Il savait que ça avait déjà commencé et parfois pleurait beaucoup…

Il était fatigué et s’arrêta un peu chez ses nouveaux hôtes qui étaient des cultivateurs… Certains convertis à la religion des Blancs, d’autres non, certains habillés en hommes blancs aussi… On le fit venir pour une épidémie et il fit ce qu’il put pour la contenir, leur homme-médecine était mort depuis longtemps, il sentait pas mal de tension ici, et se dit qu’il n’allait pas rester trop… Mais déjà le temps de soigner tout le monde, les jours passèrent !

Il parlait maintenant parfaitement bien la langue de la région, ce qui était plus aisé que la langue des signes, et le chef de tribu lui fit une proposition qu’il le mit fort mal à l’aise… On voulait lui échanger son cheval contre une fille du village, et il ne sut quoi répondre estomaqué.

Le chef insista; et Merlin répondit que peut-être la fille avait son mot à dire !

Les autres rirent beaucoup, mais une des filles lui lança un regard noir.

Merlin, occupé à soigner les gens, avait dû rater un truc, et comme il était déjà arrivé fatigué, il ne comprit pas!

La fin de soirée arriva, et il alla vers la hutte qu’on lui avait assignée pour rejoindre sa couche… Quand la fille lui fit face en le menaçant avec un couteau…

Il resta abasourdi et ne dit rien sur le moment même.

La fille : « Alors je vaux moins qu’un cheval ?

Il cligna des yeux : Heu je n’achète pas de gens, encore moins de filles !

Elle : Alors tu ne m’aimes pas ?

Il essaya de ne pas rire: Je soigne des gens depuis que je suis arrivé, j’avoue que je n’ai pas fait attention.

La fille très énervée se jeta sur lui : Je suis la plus belle fille de la tribu ! »

Il rit encore, en lui retenant les bras, mais rit un peu moins en sentant le couteau rentrer dans son flanc, il recula son bras et attendit que ça se referme pour lui dire: "ça suffit, ce n’est certainement pas en me poignardant que tu vas rejoindre ma couche !

Elle tomba à genoux pour pleurer : Tu ne m’aimes pas !

Il inspira à fond et la regarda plus attentivement : Tu es très jolie, mais je suis fatigué tu comprends ?

Elle le regarda sans comprendre : Tu n’es pas mort, c’est vrai ce qu’on dit tu es vraiment un démon ?

Il était un peu paniqué quand même : Tu ne m’as pas touché !

Elle : Si, j’ai senti la lame s’enfoncer !

Il secoua sa tête et releva sa tunique pour lui montrer : Non !

Elle mit ses mains sur son flanc et elles étaient chaudes : Je ne comprends pas ?

Il secoua encore la tête et pour lui-même : Oh non ça recommence !

Arthur amusé : Oui faut qu’elles te poignardent maintenant ! »

Il le barricada fermement !

Elle pleurait : « Je te demande pardon homme-oiseau!

Merlin : Non Merlin, je m’appelle Merlin. »

Ses mains ne partaient pas et il était de plus en plus mal à l’aise, il se recula.

Elle tomba à genoux et pleura de plus belle !

Il inspira à fond : «Ne pleure pas, tu ne m’as pas touché ! »

Elle continuait de pleurer.

Merlin lui mit la main sur l’épaule, et elle se jeta dans ses bras… Enfin dans ses bras, il avait les bras en croix de peur de la toucher.

Lui : «Je ne veux pas m’attacher à toi, je dois partir dans la tribu de John Smith, c’est ma tribu tu comprends ?

Elle : Emmène-moi avec toi !

Merlin : Non tu ne veux pas savoir ce qu’ils font aux gens de ta tribu là-bas, laisse-moi je suis fatigué !

Mais elle s’accrochait : Emmène-moi par delà la mer…

Il eut des visions et pleura : Laisse-moi !

Elle se recula et le regarda, l’horreur traversa son regard : Ils font ça ?

Il ouvrit grand les yeux et télépathiquement : Tu m’entends ? »

Elle hocha la tête…

Il se recula encore : «Laisse-moi, tu n’aimeras pas ce que je suis ! »

Elle se rapprocha encore, le toucha et il s’effondra avec une autre vision qu’il n’arrivait pas à barricader, il émit un hoquet : «Laisse-moi je suis fatigué !

La tempête gronda au loin, elle : C’est toi qui fait ça ?

Il était à genoux, il se prit la tête dans les mains en pleurant : Laisse-moi ! »

Elle se recula un peu, et s’agenouilla, attendit !

Merlin tenta de se ravoir, il voulait fuir, mais les visons le prirent encore…

Elle lui toucha l’épaule pour le rassurer, puis essaya de contacter son esprit, c’était doux, infiniment doux : « J’aurais dû savoir que tu étais comme ça, trop bon chaman!

Il n’osa pas bouger ni ouvrir ses barrières : Non je ne suis pas comme ça, je ne suis plus comme ça depuis très longtemps, je suis vraiment un démon, laisse-moi, s’il te plaît !

Elle, en le prenant dans ses bras : C’est nous les démons, tu ne dois jamais dire à ceux de ma tribu ce que je suis… »

Il tremblait, l’esprit de Fleur des bois était grand ouvert en invitation, mais il fit un grand effort pour garder ses barrières fermées : «Non je ne suis pas comme toi, laisse-moi, regarde ton couteau il y a du sang dessus. »

Elle prit son couteau en main et le regarda, mais ne le lâchait pas !

Il tremblait : « Laisse-moi, et ne dis pas la phrase, ne la dis pas…

Fleur des bois : Quelle phrase, que tu dois te sentir seul ?

Il hurla : Noooon laisse-moi ! »

La tempête grondait !

Elle lâcha son couteau et resserra son étreinte. Mais il resta absent dans une vision et s’effondra de nouveau dans ses bras !

Elle le tint ainsi serré durant des heures et il émergea en sursaut, encore plus épuisé !

Il n’osait pas la regarder et son esprit restait clos !

Elle mit son front sur le sien et lui dit télépathiquement : «Dis-moi que je ne te plais pas, mais ne me dis pas que tu es un monstre !

Merlin regardait sa bouche dangereusement proche : Tu… Tu ne me plais pas !

Elle : Elle te manque ?

Il trembla et ferma ses yeux pleins de larmes : Qui ?

Elle : La belle fille aux cheveux rouges ?

Il tenta de se dégager : Oui, laisse-moi !

Elle rapprocha sa bouche de la sienne : Dis-moi dans ma tête que je ne suis pas à ton goût ! »

Merlin ne sut pas garder ses barrières fermées, l’invitation était trop forte, et elle se prit de front toute la vérité sur lui, elle relâcha son étreinte et il s’échappa pour aller s’effondrer en pleurs derrière la hutte de ses hôtes.

Elle mit quelques minutes pour digérer et se releva en le cherchant: «Ne me fuis pas, tu ne me dégoûtes pas !

Il se cachait mais lui répondit tout bas : Moi je me dégoûte !

Elle finit par le trouver : Ce n’est pas ta faute Merlin, ce n’est pas ta faute.

Il la regarda, interdit : Laisse-moi, c’est vrai qu’elle me manque…Elle me manque tellement ! »

Elle le prit dans ses bras pour le consoler, et il jura, mais ne put s’empêcher de mêler son esprit avec elle et le reste suivit!

Après, elle le tint encore dans ses bras longtemps, et il lui parla, de ce qu’il était vraiment, de ce qu’il avait fait et de ses peurs, il lui demanda si d’autres avaient le langage ici, elle lui dit: «Très peu, on nous a chassés il y a longtemps, je ne sais pas ce qui s’est passé, il y a très longtemps la prairie n’était pas une prairie, c’était une forêt et il y avait un grand peuple avec le langage, puis quelque chose dont j'ignore la nature s'est passé et on nous a « chassés »…

Il tremblait et émit sans s’en rendre compte : Nous sommes maudits! »

Puis il finit par s’endormir…

Elle alla lui chercher une couverture et le garda encore dans ses bras, elle pleura, elle allait devoir le laisser partir dans sa tribu, pour qu’il libère son roi !

Il émergea un peu : « Qu’as-tu dit? »

Elle essaya de ne pas répéter la phrase d’Hermine, elle le fit se lever, et le conduisit dans une hutte, plus discrète, et lui fit oublier tout, pour le restant de la nuit !

***

Le lendemain, sans réfléchir, il envoya une pensée vers elle, puis se réveilla en sursaut en constatant que ce n’était pas Hermine et émit un hoquet…

Elle se réveilla pour le prendre dans ses bras, et il eut un mal de chien à la quitter, ce n’était pas Hermine mais c’était bon d’être entendu ! Il lui dit de partir loin de la côte… De se méfier des Blancs !

Il emballât son paquetage et partit…

Arthur : « Tu as un faible pour les fleurs !

Merlin qui faisait gronder sourdement l’orage : Tu as de la chance de ne pas avoir de corps, là maintenant tout de suite… Oh j'ai besoin de silence. »

***

Le vieux Merlin regarda encore Ambre en coin, qui le regardait sévèrement, et il essaya encore de ne pas repartir dans un fou rire.

***

Il remonta le Potomac jusqu'à la tribu de John Smith, il vit un camp et un village où les Blancs et les indigènes étaient mêlés, les indigènes presque tous convertis, quelques notables… Il se demanda depuis combien de temps les Anglais avaient débarqué, et combien de temps avait duré son voyage sur ce continent visiblement de nouveau découvert… Il n’avait pas d’argent quand il arriva mais son apparence ne gêna personne… On avait l’habitude de voir « des hommes de bois », on lui demanda d’ailleurs s'il voulait vendre des peaux. Il alla sur le quai du petit embarcadère qui servait de port et demanda si des bateaux partaient régulièrement… On lui rit un peu au nez, environ tous les six mois, mais on ne savait jamais quand ils arrivaient… Il estima qu’il avait plus ou moins trois mois devant lui… Il demanda aussi où se trouvait le médecin de la ville et il s’y rendit pour proposer ses services… Celui-ci le regarda d’abord en riant, puis quand il commença à lui énumérer des noms de plantes de remèdes et de l’anatomie, le médecin pâlit… Dieu merci, celui-ci ne semblait pas être un boucher-saigneur, mais il lui expliqua qu’il n’avait pas été le meilleur de sa promotion et que c’était aussi pour ça qu’il était devenu colon. Merlin lui expliqua qu’il ne voulait pas prendre sa place, mais juste pouvoir se payer un billet de retour. Le soir, le médecin l’invita à sa table…

Il découvrit la petite famille, sa femme, Mathilde, n’avait pas su avoir d’enfants et ils avaient adopté un métis, Rodolphe, le médecin, lui était très fier du petit garçon qui s’appelait John… Merlin lui dit bonjour dans la langue commune des indiens, et le garçon le regarda interdit en lui souriant, il avait à vue de nez une dizaine d’années, sa mère était morte en couches… Il était fier comme un indigène, et lui dit qu’il voulait devenir un homme de droit. Merlin lui sourit en lui disant que son peuple allait en avoir besoin! Puis ils discutèrent médecine autour de la table, et il expliqua à Rodolphe les propriétés de plantes locales, celui-ci commença à prendre des notes… Le médecin lui avait expliqué que le ravitaillement en médicaments était difficile ici et il voulut bien le croire.

Lorsqu’on lui dit la date, on dut lui répéter l’année trois quatre fois… Mathilde lui demanda si son voyage avait duré longtemps et il dut contenir un fou rire : « Oh oui très longtemps. »

Il s'éclipsa un peu pour tenir une promesse; il rendit sa liberté à Commode, à l’orée du bois, il regarda le petit cheval fougueux aux tâches blanches et brunes partir… Celui-ci se ravisa un instant puis lui fit face pour se cabrer et filer…

Arthur : « Commode, c'est le fils de Marc-Aurèle, celui qui devient sanguinaire ? »

Merlin dut se retenir à un arbre…

Son ami inquiet : «T'as encore des visions ?

Lui : Non t'as retenu des trucs d'Histoire, je viens d’avoir un choc.

Arthur pestant : Non, c'est juste que ça fait des siècles que je suis coincé avec toi, un vrai rat de bibliothèque…

Il explosa de rire : Commode était peut-être le fils illégitime d'un gladiateur… Peut-être qu'il est devenu sanguinaire parce qu'il aspirait à la liberté…

Son ami : J'ai un doute. »

***

Ils furent tous contents de l’accueillir, il était solide comme un colon et ne rechignait pas à la tâche… Le premier soir, Mathilde qui insista pour qu’il s’habille en Blanc lui prépara un bain… Elle lui fit essayer de vieux vêtements de Rodolphe pour pouvoir les retoucher, il n’était pas bien gros, et elle pâlit devant la cicatrice qui courrait le long de son flanc gauche. Il eut un plaisir infini de se laver dans de l’eau chaude, et Mathilde l’embêta encore pour lui couper les cheveux, lui dit qu'il ressemblait à un sauvage… Il regarda tristement vers le petit John lorsqu’elle lui dit ça, et celui-ci secoua les bras… Puis il ne dit rien en regardant tomber ses boucles sur le sol, elle avait coupé fort court ! Elle se moqua gentiment de ses oreilles en les dégageant et en lui demandant si sa maman avaient dû tirer beaucoup dessus… Il secoua les épaules. Rodolphe eut un choc en regardant sa transformation, il avait l’air bien plus jeune qu’il ne l’aurait cru !

Il resta cinq mois avec eux, le bateau avait un peu de retard… Rodolphe avait pris note d’une partie de son savoir sur les plantes médicinales locales, et lui demanda s'il pouvait publier, Merlin secoua les épaules. Il se sentait un peu engoncé dans son costume noir, avec ce nœud resserré autour de son cou… Et il garda ses bottes, enfin il s’en fit faire de nouvelles, les siennes ne tenant plus de nulle part… Il n’aimait pas les petites chaussures à boucles et à talons, ce n’était vraiment pas pratique dans la boue. La femme du médecin était toujours affolée par son sentimentalisme, et le gronda gentiment comme s'il avait été son deuxième fils adoptif… Comme elle le gronda beaucoup sur son régime particulier. A chaque fois, il expliqua que des tas de gens sur ce monde ne mangeaient jamais de viande et ne s’en portaient pas plus mal… Elle était malgré tout moins tolérante que les Indiens…

Durant les soirées, Merlin eut de nombreuses conversations avec le petit John, enfant très vif, il parlait de droits de l’homme, ce qui rendait fier son père adoptif… Merlin lui expliqua qu’il avait existé des précédents dans l’histoire, il lui raconta la légende arthurienne, lui parla aussi d’une telle charte en pays ottoman… John cherchait la première phrase de sa charte… Tout homme…

Merlin: "Tout homme quoi ?

John : Tout homme devrait naître libre…"

Au fil des soirées ils en arrivèrent à : "Tous les hommes devraient naître libres et égaux…"

Il y eut pas mal de discussions sur le fait qu’il n’alla jamais à l’Église le dimanche, ses hôtes étaient protestants… Mais comme il avait sauvé le pasteur in-extrémis sur une appendicite, on ne lui en tint pas fort rigueur… Rodolphe savait qu’il était plus compétent que lui et l’avait appelé sur tous ses cas d’urgence!

Lorsque le bateau arriva, il ressemblait à un vrai colon, propre et net, sauf peut-être son paquetage un peu usé, et il avait assez d’argent en poche pour redémarrer… Il n’avait pas osé accepter trop, malgré tout le médecin colon n’était pas si riche ! Le début de phrase du petit John n’avait pas trouvé de fin encore…Mais elle résonna longtemps dans la tête de Merlin !

On l’embarqua et Rodolphe avait expliqué au commandant, que Riss était un excellent médecin. Le commandant, qui avait mal compris, l’appela Driss tout le long du voyage…



***

Le vieux de Merlin fut encore interrompu par un fou rire de Laure, il soupira en la regardant: «Une remarque?

Laure : Oui mais non , c'est assez futile là… »

Il attendit.

Elle : « Bon, les bottes ? Elles ont quel âge ?

Il explosa de rire : A vue de nez 150 ans, peut-être plus.

Laure hilare : Mais non quoi...

Il se tourna vers elle avec son regard coquin : Quoi ? C'était pas de la camelote à l'époque.

Laure fit non de la tête : Pas possible…

Lui : Si entretenues avec amour, si… Bon rafistolées de tous les côtés quoi… Il a pris l'habitude des réparations quand il était au service de son roi. »

Elle explosa de nouveau de rire.

Il secoua la tête : « C'est bon il a des nouvelles bottes là, je peux continuer ?

Laure : Je pense qu'il est temps qu'on mange un truc attend… »

Elle leur fit à manger, et il continua souriant.




macrale  (10.02.2015 à 00:13)

Chapitre 21

Il prit le bateau, qui cette fois encore ne fut pas en panne de vent, Merlin apprivoisant certains de ses pouvoirs qui avaient la fâcheuse tendance à lui échapper. Il n’eut pas grand-monde à soigner, et fut content de faire des tâches simples de marin, au début il ne comprit rien aux instructions, mais finit par enregistrer assez vite le vocabulaire… Il remit les pieds sur son sol natal et Arthur hurla de joie: "La civilisation du pâté en croûte ! Enfin."

Mais au grand dam de celui-ci, il continua son régime sans viande.

Il repartit faire le tour des registres à la recherche de sa famille, certains de ses descendants avaient quitté leur sol natal et il comprit que ça allait lui prendre des années pour les retrouver tous… Il ne trouva de nouveau aucune trace des enfants de Guilhem nulle part, et finit par se faire une raison, son fils n’en avait sans doute pas eu, et ça le rendit très triste ! Il s’imaginait tellement de choses à propos de la fin de son cadet que des fois on entendait la tempête gronder !

Tous les descendants qu’il trouva en Angleterre semblaient bien se débrouiller: beaucoup avaient suivi le chemin d’Elona, et étaient soit sage-femme ou médecin, tous avaient une certaine tolérance pour les donnas, qui souvent était comme un secret de famille, et ça le rassura de ne trouver nulle part d’enfants perdus comme Jeanne qu’il avait croisée en France… Tous ne faisaient pas de choix de vie qu’il approuva, mais il finit par penser que ses descendants étaient comme un individu entier qui devait faire ses propres choix de vie…

Il chercha longtemps auprès de ceux-ci si l’un d’eux avait quelque chose de particulier à lui dire… Mais il ne trouva jamais personne qui lui dise quoi que ce soit de particulier, et il commença à se décourager… De plus, il mettait certains de ceux-ci mal à l’aise, soit il venait vers eux avec l’esprit complètement barricadé, soit certains entendaient deux voix dans sa tête, ou des choses impossibles à son propos… Merlin avait une vie hors du commun et il lui était difficile de partager ça avec qui que ce soit.

Les donnas dans sa famille restaient puissantes, bien que des fois elles sautaient d’un individu à l’autre, comme Guilhem, ou sa maman… Il resta ainsi des années à essayer « d’écouter » ce que ses descendants d’Angleterre avaient à lui dire, il passait de petits jobs en petits jobs, pour rester discret, puis un jour il découvrit un petit garçon à qui on n’avait pas encore donné de nom et dont la famille avait péri dans un incendie… Un petit de sa famille qu’il adopta et prénomma Driss, bien qu’il le surnommait souvent petit diable, l’enfant avait une donnas qui devait sans doute découler de la donnas des Sigan, et avait une légère tendance incendiaire…

Merlin s’installa à Londres avec le petit Driss, et ouvrit un cabinet médical pour subvenir à ses besoins… Les Londoniens les prirent pour un père et son fils, en fait, le petit Driss avait les mêmes yeux bleus que Merlin et de grandes oreilles toutes décollées, sauf que lui avait les cheveux d’un roux clair, et les joues constellées de taches de rousseurs qui lui donnaient un air mutin !

Il n’eut bien sûr rien de plus à dire à Merlin, sauf qu’ici, ce qu’il était lui parut tout à fait normal parce qu’il avait l’impression de n’avoir connu que lui dans sa vie… Et il garda bien le secret des donnas, et apprit bien sûr à s’en servir…

L’enfant n’avait pas du tout une âme de médecin, il avait une âme d’artiste et Merlin ne lui en tint jamais rigueur, au grand dam de toutes les gouvernantes qui se succédaient auprès près de lui… Les gouvernantes n’appréciant pas toujours les facéties magiques de l’enfant… Le sorcier finit par se faire une raison et n’en engagea plus, il avait juste une servante qui avait résisté au petit démon, et qui était restée parce que la paye était vraiment bien, en plus de jours de congé.

Merlin aima le Londres de cette époque, il sentit un courant nouveau, malgré la colonisation qui continuait à lui faire horreur… Sauf pour une chose, un jour, il passa devant le comptoir des Indes et sentit une odeur qui le fit rentrer et en ressortit en ayant acheté du thé vraiment très cher…

Tous les soirs, il but sa tasse en lisant des livres et en découvrant aussi la presse écrite qui faisait ses premiers pas, on l’invita aussi dans des lieux de discussion, où se retrouvaient les notables de la ville… Et parfois il en sortait en y ayant fait quelques vagues…

Un jour, il emmena le petit Driss à un concert de musique et entendit le son d’un violon pour la première fois de sa vie, cet instrument l’émut beaucoup, il en sortait des sons proche de pleurs… Il apprit que c’était un instrument italien… Il en acheta un pour Driss, qui au début en fit sortir des sons qui firent plutôt pleurer les voisins, et qui finit par maîtriser l’instrument, mais au grand dam de la servante, il en fit sortir des sons joyeux sur des rythmes endiablés de chansons paillardes… Ce qui finissait toujours par faire sortir un fou rire de son père adoptif. Driss grandissait et ils allèrent aussi beaucoup au théâtre… Puis Merlin finit par l’envoyer à l’université où il réussit son diplôme vraiment à un poil près… Le sorcier soupira en se disant qu’il n’était vraiment pas fait pour les études, encore plus quand il entendit dire que certains professeurs avaient eu tendance à perdre leurs culottes.

Et donc un soir, Driss débarqua au salon, dans le moment le plus sacré de la journée où il buvait son thé en lisant son journal pour lui dire qu’il voulait devenir acteur… La servante présente suffoqua et le traita de petit ingrat, on avait payé ses études très cher… Merlin, lui, faillit s’étrangler dans sa tasse de thé pour contenir un fou rire et reprit son calme pour la faire taire, puis garda quelques minutes de silence devant un Driss devenu adulte ; en fait il était nostalgique, un autre de ses bébés prenait son envol… Il finit par lui dire: "Driss tu fais tes propres choix, je suis fier que tu ais trouvé ta vocation!" Le garçon lui sauta dans les bras, et la servante pour qui ce fut la goutte de trop, démissionna et fit ses valises.

Merlin resta encore un peu à Londres pour surveiller de loin son protégé, et quand celui-ci se maria avec une petite musicienne fournie de donnas, il décida qu’il était temps pour lui de partir à la recherche de ses descendants migrants, bien qu’on dit que le globe Theater brûla, pas longtemps après que Driss s’y fit engager. Ce qui désola un peu Merlin, un si beau théâtre, il n’avait peut-être pas été assez sévère avec lui! Il reprit son apparence jeune et partit pour la France après avoir acheté un bon stock de thé!

Il fit un détour par le lac d’Avalon et resta planté devant un bon moment, l’orage grondait !

Arthur : « Alors tu ne trouves rien ?

Il secoua les épaules : Je ne comprends vraiment rien à cette énigme !

Son ami : T’as jamais été très fort en énigmes.

Il hoqueta: C’est ça oui ! » Mais il sourit et la tempête se calma !

La voix de son ami émit un soupir : « On quitte encore le pays, ça va me manquer…

Lui: Je dois retrouver mes descendants, de toute façon ici la lutte de pouvoir n'est pas terminée ; pauvres « pourfendeurs de dragons ».

Arthur : Tu vois quoi, dans tes visions?

Il soupira : On parle d'autre chose ? »

***

Il embarqua pour la France qui en cette seconde moitié de siècle était plutôt tranquille… Il traversa le pays en tenue d’équitation, il n’aimait toujours pas les pantalons cours et les bas, il fit le tour des registres pour parfaire son arbre généalogique… Il s’arrêta à l’université de Paris, il voulait juste voir la bibliothèque, mais tomba en plein débat sur l’esclavage: il écouta distraitement, il comprit que depuis la colonisation, l’esclavage était devenu un vrai commerce, il se demanda qui faisait pousser le thé qu’il buvait presque quotidiennement et fut dégoûté… Il ne put s’empêcher de dire tout haut: "Tous les hommes devraient naître libres et égaux…"

Un étudiant se leva pour l’applaudir; d’autres suivirent et il ne sut plus où se mettre… Le vieux professeur leva son nez de son journal pour le regarder: «Pourriez-vous venir nous expliquer ça jeune homme ? »

Merlin se baissa pour jurer, puis releva son nez pour dire qu’il était juste venu chercher des livres.

Le vieil homme tendit la main pour l’inviter: «Expliquez-nous pourquoi tous les hommes devraient naître libres et égaux ?»

Merlin s’approcha comme un élève qu’on gronde et jura encore intérieurement, puis il fixa le vieux maître droit dans les yeux pour dire : « La noblesse est dans le cœur, pas dans la naissance ! »

L’homme le regarda et le jaugea avec son accent anglais : « Nous ne sommes pas à la cour du roi Arthur ici, qu’est-ce qui peut vous permettre de penser que des sauvages nous soient égaux ?

Tous ses poils se hérissèrent : Nous colonisons ces gens en leur enlevant leur terre et leur liberté, mais ce sont de grands peuples, ils ont des civilisations différentes de la nôtre, et pourtant ils ont de grands rois aussi et leurs propres croyances… Qui sommes-nous pour penser que nous sommes meilleurs qu’eux ?

Le vieil homme s’ombragea: Ainsi donc, vous considérez des tribus de sauvages qui se mangent entre eux comme une civilisation ?

Lui: Allez dire au Sultan ottoman que les chefs de tribus qui l’ont mis au pouvoir sont des sauvages anthropophages!

Le vieil homme surpris: Vous considérez un Sultan qui vit avec un harem comme civilisé ?

Lui : Leur médecine est grande oui. Et pensez-vous que des bâtisseurs de pyramides aient pu être des sauvages ?

Le vieil homme : Pensez-vous que ces gens soient meilleurs que nous ?

Il secoua les épaules: Tous les hommes sont des hommes; capables du pire et du meilleur; pensez-vous que le droit divin qui nous donne le droit d’oppresser des peuples entiers nous rende meilleur?»

Il sentait Arthur paniquer en lui !

Le vieil homme: «Pensez-vous que vous être meilleur vous, avec votre chemise en soie au sein d’une bibliothèque d’une riche université ?

Merlin rit aux éclats : On peut s’élever de sa condition, en pays ottoman il existe un chef de tribu, issu de l’esclavage qui peut faire trembler le Sultan lui-même !

Le vieil homme suffoqua : Et comment peut-on s’élever de sa condition ?

Il leva le livre qu’il avait en main : Le savoir ! »

Il fut applaudi par tous les étudiants qui étaient présents.

Le vieil homme les fit taire: «Vous êtes en train de me dire qu’un simple sauvage peut acquérir le savoir?

Merlin: Vous n’imaginez pas le savoir d’un chaman guérisseur simplement en plantes médicinales, alors qu’ici on en est toujours à subir des saignées par des bouchers qui se disent médecins! »

Nouvel éclat dans l’assemblé que le vieil homme essaya de refréner : « Et vous êtes ?

Il ne savait quel nom choisir : Médecin, je suis médecin !

Le vieil homme : Vous médecin ? Vous avez l’âge de mes étudiants.

Il avait vu les déformations typiques et la canne: Je suis plus vieux que j’en ai l’air; vous souffrez de la goutte parce que vous mangez trop riche ! »

Un éclat de rire se fit de nouveau entendre dans l’assemblée.

Le vieil homme eut du mal à contenir ses étudiants.

Quelqu’un applaudissait derrière lui, et il se retourna tremblant: "Théorie intéressante monsieur; tous les hommes devraient naître libres et égaux… Monsieur ?

Merlin regarda l’homme visiblement issu de la noblesse, il leva un livre : Je suis juste venu chercher un livre, je partais…

L’homme : Non ne partez pas, je cherche un nouveau médecin. Votre nom ?

Il trembla : Riss…

Le noble : Vous êtes Anglais ? »

Il hocha la tête !

Le noble : «Protestant ?

Il secoua la tête : Vous voulez mon pedigree pour m’embaucher, ou mes compétences ?

Arthur hurlait dans sa tête : Qu’est-ce que tu fais ?

Le noble s’inclina: Je suis de noblesse de robe, juriste de mon état, et mes parents ont acheté notre particule très chèrement. Je vous aime bien Riss ! »

Il respira plus aisément !

L'autre jeune homme : « Cherchez-vous un poste ?

Merlin : Je ne sais pas si je vais rester à Paris !

Le noble : Je suis Adhémar de Cazeviellé, vous me ferez savoir si vous restez à Paris !

Adhémar partit et Merlin s’échappa vers un coin tranquille de la bibliothèque; les étudiants partirent aussi et il se cacha derrière une pile de livres non rangés…

Il allait pour partir et tomba nez à nez avec le vieil homme: «Riss, nous sommes à la recherche d’un professeur de plantes médicinales, auriez-vous quelques compétences à ce sujet ? »

Il ne put qu’émettre un gloussement étouffé !

***

Il fut doublement débauché un peu contre son gré, il resta quelques années pour donner des cours et tenir un cabinet. Il finit par se présenter comme Riss d’Ealdor en croisant les doigts pour ne pas tomber sur des Londoniens. Adhémar lui demanda combien il avait payé sa particule, et il répondit évasivement très cher! On lui fit passé un examen sur son savoir en plantes médicinales, et comme il était incommensurable, il fut embauché sans aucune lettre de recommandations! Sans le faire exprès, il bouscula un peu ses collègues en médecine qui curieusement firent des grandes découvertes, notamment en anatomie… Mais il resta discret, et commença un jardinet d’acclimatation pour des plantes qu’on lui rapportait de partout… Il laissa les découvertes aux autres, et la médecine fit beaucoup de progrès… Bien qu’il n’apprécia pas du tout qu’un certain Descartes dise qu’on était comme des machines, l’analogie étant surtout dites pour les animaux, difficile d’expliquer que même les arbres ont une âme alors qu’ils ne sont croyants en rien… Il fut souvent invité à des discussions et des salons de thé, où il fit des vagues à chaque fois qu’il était question d’esclavage.

Il arrivait parfois que lors de ces discussions endiablées la tempête se fit entendre… Chaque fois que Merlin perdait pied avec son humanité, il s’enfermait alors dans sa chambre et prenait son arbre généalogique pour le regarder, et chaque fois il se disait "Je suis humain, j’ai une famille…"

Un jour, Adhémar lui parla d’une partie de chasse dans son cabinet où il était venu consulter, et il expliqua qu’il avait raté le tir sur un magnifique loup dont il aurait aimé avoir la fourrure, Merlin ne put s’empêcher d’exploser de rire en lui disant que ce devait être dû à son prénom… Son ami bien sûr n’y comprit rien, et il lui dit que s’il voulait rester son ami, il ne devait plus toucher à un poil de loup. Le jeune noble lui dit que c’était quand même l’Anglais le plus excentrique qu’il connaissait, mais lui promit de ne plus chasser de loup !

Puis ils repartirent dans une discussion sur la religion, Adhémar était protestant et pensait naïvement que Merlin l’était aussi… Il eut de plus en plus de visions à ce sujet…

Adhémar regarda le regard de son ami se voiler, et le secoua une peu: «Riss, tu as encore des absences, je te l’ai dit que tu travaillais trop ! »

Il ne répondit pas de suite : il voyait du sang, un bain de sang partout dans la ville…

Adhémar : « Riss ?

Il secoua la tête : Dieu, qu’il fasse qu’ils ne touchent pas à l’édit de Nantes.

Le noble qui l’avait déjà entendu dire ça rit : Ils n’oseront jamais y toucher rassure-toi ! »

Il finit par écarter toute discussion autour de la religion et eut moins « d’absences ».

Un soir, il se mit vraiment en colère. On l’avait invité à un salon de thé spécial : on y présenta des « sauvages », il émit un cri quand il vit arriver une famille de pauvres Indiens complètement frigorifiés car présentés dans leur « tenue légère de leur tribu »…

Il se leva d’un coup : « Que faites-vous, ce sont des êtres humains pas des bêtes de foire… »

La tempête grondait et Arthur lui rappela de se calmer.

Merlin vint près d’eux et les sonda, ils étaient tous gravement malades, l’enfant avait une pneumonie et il pleura : «Il faut les soigner ils sont malades… »

L’auditoire, gêné de sa réaction, s’éclipsa lentement, Adhémar vint près de son ami et s’excusa !

Le « propriétaire » rouspéta en expliquant qu’ils étaient bien soignés, il leva un regard noir vers lui qui le fit taire. Dehors, les éclairs se multiplièrent et le tonnerre gronda de plus belle.

Son noble ami fit des yeux énormes en le voyant leur parler une langue inconnue, et encore plus quand les Indiens lui répondirent…

Merlin regarda le propriétaire : « A combien les estimez-vous ?

L’homme bafouilla : Je vous assure qu’ils sont sous contrat…

Il hurla : Combien ? »

Et la foudre tomba, pas loin !

L’homme dit un prix et il lui fit une reconnaissance de dette, puis le congédia avec une voix étrangement autoritaire qu’Adhémar ne lui connaissait pas… Merlin alla chercher des couvertures chez son hôte et couvrit le couple et l’enfant…

Le noble le suivait : « Tu es sûr de ce que tu fais ? C’est une somme énorme. »

Il ne l’écouta pas, il fit venir une calèche et y mit le couple et l’enfant qu’il tenait dans ses bras.

Adhémar partit avec et ils se rendirent à son cabinet… L’enfant mourut dans la nuit, les parents agonisèrent trois semaines de plus… Merlin était dévasté, et son ami s’excusa encore, il lui demanda de le laisser tranquille.

Il réunit ses affaires au cabinet, puis à l’université et partit sans donner de nouvelles.

Adhémar pleura beaucoup son ami, et se battit pour faire reconnaître un statut aux esclaves… Il n’oublia jamais la phrase: «Tous les hommes devraient naître libres et égaux… » En bon juriste il ajouta ; en droits, pour achever la phrase.




macrale  (17.02.2015 à 09:42)

Chapitre 22

Merlin partit dévasté en ayant peur de ses pouvoirs qui grondaient, et se morfondant sur son humanité perdue sans se rendre compte que Quetzaquoal avait raison et qu’il était souvent plus humain que les humains… La colère ne le quittait plus, malgré la voix de son ami et souvent la tempête grondait… Il avait très peur de ses réactions, et souvent appelait Arthur pour se rassurer qu’il était toujours là.

Il s’assit à une terrasse à Marseille pour manger des olives mais n’y toucha pas, il embarqua sur le premier bateau qu’il trouva… Il valait mieux que sa colère se déchaîne en pleine mer… Il se mit à la proue et les vit… Les dauphins surfaient sur la vague, il les contacta et se perdit dans leurs pensées jouettes et se laissa complètement emporter. La tempête finit par arrêter de gronder…

Il fut invité à souper dans la cabine avec trois autres passagers visiblement notables… Le commandant était jeune et c’était un nouvel équipage, il avait raté son examen dans la marine hollandaise et s’était visiblement rabattu sur la marine marchande, bien qu’il présenta la chose sous son plus bel angle… Merlin s’ennuyait et regardait l’homme à la peau noir qui les servait en se demandant s’il était libre…

Il y avait les autres passagers: une femme et sa fille qui discutaient chiffon et le mari qui parlait technique, le bateau sur lequel il avait embarqué était un nouveau sloop tout frais sorti de chez l’armateur que le jeune Hollandais issus d’une riche famille s’était offert… Une nouvelle forme de fond de cale lui garantissait une rapidité soit disant hors norme… Jusque-là, personne ne semblait l’avoir poussé à sa vitesse maximale, et Merlin se demanda si le jeune commandant savait vraiment ce qu’il faisait, Dieu merci, il avait un équipage plus qu’expérimenté, qui lui compensait très bien…

Il s’amusait mieux à discuter avec ceux-ci depuis le début du voyage, en plus il y avait un violoniste, et cette personne était intarissable en matière de légendes, il entendit beaucoup parler de sirènes… Les trois quarts du temps, il était sur le pont pour se détendre, et bien souvent demandait aux marins, pourquoi le jeune commandant choisissait tel cap, alors que les vents tournaient par-là, il y eut souvent des fous rires à ce propos ; mais invariablement, on lui répondait qu’il ne suffisait pas de lire une carte pour naviguer et qu’ici personne n’avait l’âme de mutins… Il parla aussi au serviteur qui le rassura à propos de sa liberté, mais fut touché par ses questions…

On lui avait demandé ce qu’il faisait dans la vie et avait répondu évasivement médecin, puis les passagers ne l’avaient plus embêté, trouvant ce jeune homme antipathique… Un soir, Merlin s’ennuyant trop en cabine demanda au serviteur s'il pouvait manger avec l’équipage, celui-ci éclata de rire, c’était bien la première fois qu’on lui faisait le coup… Merlin se retrouva dans une discussion endiablée à propos de liberté et de justice et s’amusa beaucoup, il avait bien senti un courant de pensées nouveau dans les grandes universités, mais sans commune mesure à ce qu’il entendu ce soir-là, et pratiquement tous les soirs il finit ses soirées en cale… Pratiquement, car il était encore pris de visions, et souvent il entendait la poudre à canon, il eut même la vision de «négriers» et eut un haut le cœur… Un soir, il demanda si les bateaux sur lesquels on amenait des esclaves ressemblaient vraiment à ce qu’il décrit d’une de ses visions… Owhar, le serviteur, explosa de rire devant sa naïveté en lui expliquant qu’il était venu à bord d’un tel vaisseau, il en eut encore des hauts le cœur…

Il regarda le serviteur en lui disant: "Mais tu t’es déjà élevé de ta condition Owhar, tu n’es plus esclave ?" Et celui-ci riant encore: "Je vais te dire un secret Riss, je ne suis pas serviteur non plus!"

En fait, l’équipage avait pris en amitié ce jeune homme un peu naïf sous une première approche, mais aux arguments si tranchants sur la liberté, visiblement excellent médecin, car il avait soigné quelques bobos sans rien demander en échange… Mais surtout qui sentait les vents comme personne, et pourtant ils étaient tous vraiment expérimentés… Il y eut beaucoup de discussions dans le dos de Merlin et il ne le sut pas tout de suite ! L’équipage trancha, et décida de lui demander son avis…

Owhar vint le trouver un matin, il était sur le pont, il n’avait pas encore bien dormi…

Le serviteur: «Riss, si je te disais qu’il existe un endroit où tout le monde est libre ; aurais-tu envie de visiter cet endroit ? »

Merlin qui était à moitié ensommeillé ne comprit pas de suite…

L'homme : «Un endroit sans roi et sans esclave!

Il inclina la tête : Un endroit sans roi ? Ça existe ?

Le serviteur soupira : Oui malheureusement sans médecin aussi !

Il rit : Owhar tu m’embauches?

Owhar rit aussi: Je te l’ai dit Riss, je ne suis pas serviteur… Que dirais-tu de voir ce que ce sloop a dans le ventre ?

Merlin qui commençait à comprendre : Vous allez tuer ces gens ?

L'homme : Non rassure-toi, on ne tue que si on n’a pas le choix !

Lui : Alors vous êtes des mutins ?

Owhar : Non Riss, ce n’est pas une mutinerie, c’est une réquisition… Alors quelle est la direction des vents aujourd’hui ? »

Il regarda le jeune commandant qui était encore en train d'invectiver son équipage, puis sourit et donna la direction…

L’équipage se souleva avec une grande rapidité et efficacité en criant «Ceci est une réquisition des frères de la côte », le bateau changea de cap, et alla vraiment très vite… Les femmes hurlaient à la piraterie et le commandant demanda assez rapidement grâce aussi…

Arthur en colère: «Merlin tu fais quoi là tu te lances dans la piraterie ? Tu veux faire de la contrebande? Franchement, ne laisse pas faire…

Il explosa de rire : Non visiblement ici c’est de la restitution, on prive des peuples entiers de terre et de liberté… Tout ça pourquoi ? Payer des bateaux à des gosses pourris gâtés?

La voix de son ami : C’est de la piraterie…

Il riait encore, accroché au pont en sentant le vent : Je me souviens d’un royaume qui fut restitué à son roi par des contrebandiers en encens, des fois au grand maux les grands moyens… »

Arthur se tut mais Merlin sentait bien qu’il boudait, et lui il avait juste envie de voir ce pays sans roi!

Puis il regarda dans une direction et n’en bougea plus…

Un des marins cria : «Que fait-on maintenant commandant ?

Owhar répondi : Il faut accoster pour débarqué nos cocos » En montrant le commandant et les passagers…

Et Merlin explosa de rire en voyant qui était le véritable commandant.

Owhar s’approcha de Merlin en lui montrant la carte : « Tu penses qu’on peut accoster là Riss ?

Lui : Non il y a un grain par là, pas tout de suite… » Merlin lui montra un endroit précis sur la carte : « Il y a un négrier là, il faut aider ces gens…

Le nouveau commandant le regarda scotché : Comment sais-tu ça ?

Il secoua les épaules : Je le sais c’est tout ! Il faut aider ces gens!» Il avait une inflexion étrangement autoritaire qui étonna encore plus l'homme…

Owhar : « Il est vraiment loin, si on n’a pas de bons vents on n’aura pas assez de vivres…

Il fit un calcul rapide : Si on va à 20 nœuds en moyenne, on y est en moins d’une semaine, ce sloop est très rapide !

Le nouveau commandant explosa de rire : Riss et les vents ?

Il secoua les épaules : Ce n’est pas un problème ! »

Les yeux de Merlin se colorèrent de reflets dorés et les vents commencèrent à se lever en changeant de direction, il fixait étrangement Owhar : « Il faut libérer ces gens !

L'autre : Tu es un démon ?

Il secoua les épaules : Tu peux me débarquer avec les autres si tu veux, tu es libre, mais je ne resterai plus sans rien faire, alors que des gens meurent et sont torturés, je suis fatigué !

Owhar eut un peu peur mais réfléchit très vite : Il semblerait bien que tu sois plus que médecin, j’ai déjà vu des gens de ton espèce, prend la barre, mais n’oublie pas qui est le commandant, je n’aime pas les mutins!»

Il explosa de rire : il courut vers la barre, donna des ordres techniques précis, il savait naviguer, et les vents se levèrent encore plus…

Ils arrivèrent en moins de quatre jours, ce bateau était vraiment rapide et Owhar voulait voir ce qu’il avait dans le ventre… Sur l’horizon, on voyait une caravelle aux dimensions hors norme qui battait pavillon français… Il y eut une réunion d’urgence, Merlin commençait à faire vraiment peur à l’équipage et il les laissa débattre, il essaya de réprimer sa colère, mais l’orage grondait sourdement…

Il était aller voir si les anciens passagers étaient bien traités, et en fait oui, ils étaient fort bien traités…

Le nouveau commandant vint le trouver alors qu’il était remonté sur le pont, pour regarder le bâtiment…

Owhar : « Les hommes veulent te parler, je dois dire que je n’y croyais pas à ton négrier… »

Il rentra dans la cabine où une dizaine d’hommes l’attendait, ça hurlait de panique dans tous les sens, mais ils se turent quand il rentra…

Un des hommes l’invectiva: « Maintenant qu’on est là, comment espères-tu qu’on aborde un bâtiment pareil avec juste une dizaine de canons ?

Owhar : C’est un démon, je suis sûr qu’il a prévu quelque chose… »

Il secoua les épaules, en fait non il n’avait rien prévu, et Arthur lui dit « bravo » tandis qu’il le barricadait fortement ! Il ne dit rien et attendit…

Le nouveau commandant: «On a l’occasion de mettre nos belles idées à exécution plutôt que de se contenter de petits larcins !

Un des marins : Même si on arrive à aborder ce bâtiment en restant en vie, je te rappelle qu’on a des familles à nourrir, on a besoin d’argent, il nous a déjà fallu des mois pour trouver le sloop… »

Merlin avait mal à la tête, il n’avait presque pas dormi, trop euphorique de tenir la barre en commandant aux vents, en fait il y avait longtemps qu’il ne s’était plus amusé comme ça et il n’avait rien anticipé…

Owhar le regarda : « Que comptes-tu faire Riss ?

Il secoua les épaules : On ne laisse pas les gens… » Il alla regarder une carte et réfléchit vite: «Après on peut accoster là pour se ravitailler… Je pense que les négriers ne sont pas sans argent, c’est un commerce qui rapporte beaucoup… » Puis le ton de sa voix s’éleva : «Ce n’est pas juste, cet argent est sale !

Un des marins : Je pense que les négriers ont plus d’argent quand ils débarquent leur cargaison. »

Il y eut encore une longue discussion, mais il n’entendait plus, il avait des visions…

Owhar le secoua : « Riss tu en penses quoi ?

Il secoua la tête : Je dois dormir un peu !

Un autre marin assez énervé: Qui commande ici ? Jetez-le par-dessus bord; aborder un bateau de cette taille là c’est du suicide!»

Il y eut encore une conversation très animée que Merlin n’entendait de nouveau plus, trop fatigué pour barricader les visions !

Le marin en question était frustré, car d’habitude c’est à lui qu’on demandait conseil pour les vents, et il se jeta dessus avec un couteau…

Il émergea à temps pour ne pas émettre une décharge de défense trop grande… Il sentit une lame dans son ventre et bougea le couteau… Il l’enleva et releva sa chemise pour regarder la plaie se cicatriser et regarda les hommes.

Il dit d’une voix autoritaire: «Je suis Ifrit; depuis toujours on essaye de me tuer, et je ne supporte plus le commerce de l’esclavage… Une vie égale une vie ! J’ai de grands pouvoirs et vous êtes libres de prendre les chaloupe et de partir ! »

Tout le groupe prit peur, certains se signèrent et il entendit des mots comme démon, d’jins et même sorcier.

Un autre marin essaya de se jeter dessus, mais il leva une main et émit une légère décharge qui l’assomma…

Merlin secoua la tête, fatigué : «Vous ne pouvez pas me détruire !

Le nouveau commandant hurla en sortant deux mousquets: ça suffit c’est encore moi qui commande, en ce moment des êtres humains sont fouettés et meurent là en face, je sais exactement de quoi je parle… On l’aborde et je n’aime pas les mutins. »

Il attendit, l’équipage se calma.

Owhar : « Est-ce que tu vas nous aider pour l’abordage Djinn !

Il hocha la tête : Oui, d’abord je dois dormir ! »

Il avait vraiment mal à la tête et n’arrivait plus à contenir les visions, ni Arthur qui hurlait de colère !

Il s’enferma dans la cale et tenta de dormir et de barricader la voix de son ami, puis se leva après quelques heures, sortit sur le pont et jeta un regard à la position du bâtiment, et le commandant le rejoignit alors qu’il se dirigeait vers la cabine…

Il sortit la carte et demanda à Owhar si les canons avaient des angles morts…

On lui montra avec une boite que vers l’arrière d’un bateau il était impossible d’atteindre une cible… Merlin expliqua une tactique qui scia tout le monde… On lui expliqua que c’était impossible que les vents fassent ça… Merlin fit naître un petit tourbillon dans la cabine et il dit: «C’est impossible que les vents fassent ça aussi, il faut les avoir par surprise et garder l’avantage de la vitesse…

Un marin : Et si la première rangée de canons n’est pas à la bonne hauteur ?

Merlin : On perd le sloop !

Il y eut alors un grand silence, puis tout le monde s’emballa : Oui c’est faisable, bon Dieu c’est faisable… »

Le commandant assigna Merlin à la barre et donna des ordres à tout le monde ; ils se mirent en place, et certains vinrent le trouver en lui disant : « Garde-nous en vie djinn ! »

Il inspira à fond à la barre, puis observa le ciel et donna ses instructions… Il savait qu’il avait peu de temps et que les marins d’en face allaient se rendre compte que les vents n’allaient pas se comporter normalement… Cela alla très vite, le sloop mit toutes voiles dehors, et passa à côté du bâtiment comme si de rien n’était pour passer à la proue de la caravelle… Des cadavres flottaient autour et Merlin eut du mal à faire semblent de rien… Puis quand le sloop fut à une certaine distance derrière le bâtiment, il inversa la direction les vents, fit demi-tour et fonça dessus, on fit changer de pavillon et il regarda le drapeau noir à tête de mort qui flottait aux vents…

Merlin : « Je n’arrive pas à croire que je fais ça. » Et il explosa de rire !

Arthur : « Ne fais pas ça ! »

Le sloop passa le long de la coque de la caravelle presque contre, les canons grondaient, mais il fit dévier les tirs, comme il faisait avec le feu du dragon… L’équipage lança les grappins, et le sloop fut arrêté le long de la coque de la caravelle, le sloop minuscule à côté de la caravelle arrivait juste sous la première rangée de canon…

Il rit encore: « J’adore ce sloop ! »

Les choses sérieuses commençaient… L’équipage abordait et élimina le plus d’hommes possible en bénéficiant de la surprise, mais ce n’était pas assez…

Il attrapa aussi un grappin et grimpa sur la caravelle… Il émit des décharges magiques à tout va pour essayer de défendre son équipage, puis arriva sur le pont…

Le commandant français était dans une colère noire et le vit, il lui fonça droit dessus et Merlin resta là sans bouger… Il avait estimé le nombre de soldats et émit encore une décharge, une dizaine d’hommes tomba autour de lui…

Le commandant le regarda affolé, et il s’avança… La tempête commença à faire rage, et les éclairs tombèrent de toute part… Il n’était pas en colère, il lui sortait le grand jeu… Beaucoup des hommes de l’équipage français prirent peur et embarquèrent dans des chaloupes pour fuir…

Il était assez euphorique, et hurla à l’équipage d’Owhar: «Laissez-les partir, pas besoin de tuer sans nécessité… » Puis il s’approcha encore du commandant français : et la tempête se calma…

Arthur : « T’es pas en colère ? Espèce de… »

Il barricada l’insulte !

Le commandant de la caravelle le menaça de son sabre et Merlin demanda : « 'Monsieur ?

Le commandant : Je suis l’amiral Despière, je vous ordonne de quitter mon navire !

Il inclina la tête : Je crains que votre navire ne soit réquisitionné au nom de la liberté Monsieur !

L’amiral Despière : Qui êtes-vous, vous bâtez pavillon hollandais ? »

Il attendit Ohwar !

Celui-ci arriva : « Je suis Hollandais oui », et il partit dans un grand rire.

Merlin s’inclina devant lui et dit : « Commandant il est à vous ! »

L’amiral Despière regarda alternativement le jeune homme aux éclairs et celui qu'il avait appelé un commandant, et qui avait une tête d’esclave, c’était trop pour lui et il hurla: «Vous êtes des monstres, vous n’êtes que des démons…

Il explosa de rire: Laisse-le partir Owhar, je pense qu’il a plein de choses intéressantes à raconter à ses supérieurs.

Son commandant riait aussi, et donna un grande claque dans le dos de Merlin : Bravo Djinn ! »

Il se reprit puis regarda autour de lui, puis se rendit vers la cale…

Il descendit, l’odeur étaient encore pire qu’a l’hôtel-Dieu de Paris… Merlin essaya de retenir son estomac, puis ses yeux s’habituèrent à la pénombre et il jura…

Arthur aussi hurlait, mais plus sur son ami : « Comment peut-on faire ça à des hommes, comment…

Merlin sortit de là pour aller vomir : Maintenant tu sais ce que je vois dans mes visions ! »

Des centaines de gens entassés dans les cales, couchés sans bouger depuis le début du voyage, avec des blessés, des malades et des morts, tous enchaînés les uns aux autres, et dénutris…

Arthur hoqueta : « Tu avais raison !

Owhar vint le rejoindre : Je sais ça fait un choc !

Merlin : Il y en a combien comme ça ?

Son commandant : Tu les as sauvés djinn, tu les as sauvés, tu as réussi…

Il essayait de retenir un autre haut le cœur : Je ne sais pas… Je ne sais pas si j’ai assez de quinine sur le sloop ! »

On mit les blessés et les « marchandises » sur le pont, et Owhar reprit son commandement pour faire chercher des médicaments, des vivres et faire des réparations sur les deux bâtiments…

Il se mit à soigner les gens, et ça dura des jours, comme visiblement il s’épuisait, le commandant mit tout le monde à contribution, et même ses prisonniers du sloop… Les deux femmes et le mari, trop écœurés par ce qu’il voyaient, aidèrent de bon cœur… L’ex-commandant du sloop fut mis dans une chaloupe seul pour non-collaboration !

Owhar vint trouver le un jour : «Il ne faut pas qu’on reste ici, ils doivent nous chercher ; l’effectif est trop petit pour faire naviguer les deux bateaux ! On va accoster là, est-ce que tu peux nous aider avec les vents ? »

Merlin était épuisé, il n’avait pas assez dormi et n’osait pas se laisser aller de peur de s’effondrer d’avoir perdu trop de patients… Ils avaient dû amputer beaucoup aussi à cause des fers sur les esclaves, et il se sentait plus dans la peau d’un boucher qu’autre chose…Il regarda le commandant comme un somnambule, puis regarda la carte qu’il lui tendait… Il regarda les vents quelques minutes…

Il montra un endroit à côté du point qu’il lui avait montré sur la carte : «Je peux juste faire accoster là, je… Je suis fatigué! »

Il regarda la petite fille dont il changeait les pansements : « Après…

La mère et la fille accoururent près de lui : On s’occupe de ça ! »

Merlin se releva chancelant, puis alla à la barre accompagné d’Owhar…

Il regarda encore les vents puis dit à Owhar : «Laisse le sloop accroché et met tout ton équipage ici…»

Le commandant hurla des ordres…

Puis Merlin s’accrocha à la barre et émit d’une voix rauque ses instructions qu’Owhar répéta…

Il mit tout ce qu’il lui restait d’énergie pour renforcer les vents existants et les deux bâtiments se mirent en route…Il resta un peu accroché à la barre, mais finit par s’écrouler et Owhar le rattrapa: «Je te tiens Djinn : Matelot, à la barre maintiens le cap !

Le matelot : Owhar ?

Lui : Oui ?

Le matelot: S’il te plaît, installe-le confortablement dans la cabine du commandant… Quand je pense… Quand je pense que j’ai voulu l’éliminer… Je n’avais aucune idée de ce à quoi ressemblait un négrier tu sais ? Pourtant j’en ai vu…

Le commandant : Je sais, te tracasse pas on va le faire dormir notre petit djinn !

Le matelot : J’aime ce type ! »




macrale  (24.02.2015 à 00:06)

Chapitre 22

Merlin était moulu, il dormit des jours et la fille Janette venait essayer de le faire boire et manger régulièrement… Ils accostèrent, et ils entendirent parler d’une drôle d’histoire qui mettait la marine française sur le qui-vive…

Un bâtiment sorti de nulle part et d’une rapidité énorme avait attaqué un vaisseau français, battant pavillon hollandais, les gens à bord étaient des monstres, et le commandant avait un visage indescriptible… Un bâtiment fantôme!

L’amiral Despière n’ayant pas osé dire qu’il s’était fait aborder par un esclave en fuite…

Ils remontèrent à bord avec leurs vivres et virent raconter l’histoire à Merlin, qui commençait à reprendre du poil de la bête !

Il partit dans un éclat de rire : «On m’a déjà traité d’abomination, de monstre, de démon, de djinn; mais de fantôme… ça encore jamais ! »

Puis il se recoucha en bougonnant et demandant une tisane d’écorce de saule pour sa tête !

***

Les bateaux firent escale discrètement sur la côte française, il y avait assez d’argent à bord pour acheter le nécessaire, des vivres et trouver de nouveaux hommes d’équipage, certains des hommes d’Owhar partirent quand même, le Djinn les effrayait… Les esclaves restèrent dans la cale tout le long de l’escale, on avait nettoyé mais ça puait encore… On ramena aussi une grande liste de médicaments que Merlin avait écrite !

Le commandant rentra un jour dans la cabine pour dire à Merlin qu’ils allaient partir pour le pays sans roi ; ils allèrent ensemble trouver les esclaves pour tenter de leur expliquer qu’ils étaient libres, que certains pouvaient partir d'ici s’ils le voulaient mais ce n’était pas conseillé de rester en France…

Certains parlaient des dialectes inconnus, mais d’autres parlaient la même langue qu’Owhar, Merlin parla la langue d’Uzima, l’arabe et une autre encore qu’il avait appris en Afrique et il surprit encore le commandant… Il lui expliqua qu’il avait beaucoup voyagé… Beaucoup ne voulaient pas rentrer chez eux, car ils n’avaient plus personne à retrouver, la plupart des ex-esclaves voulurent voir le pays sans roi aussi… Certains ne comprirent rien mais voulaient rester avec lui… Et beaucoup avaient encore besoin de soins… La petite fille dont il avait dû amputer une main ne parlait simplement pas, et semblait ne pas avoir de famille à bord… Au début, elle avait été apathique mais bien avant qu’elle ne soit remise, elle s’accrochait à Merlin et attendait à la porte de la cabine des heures qu’il en sorte… Il finit par la prendre à bras machinalement comme si elle avait toujours été sa fille, et elle pouvait rentrer dans la cabine… Bien qu’il préféra qu’elle dorme avec Janette, il n’avait pas envie que ça jase, il y avait de nouveaux membres d’équipage et encore quelques tentions… Elle était très petite, sûrement dénutrie depuis longtemps, et il finit par la surnommer Moustique. Il se demandait si elle serait jamais normale, visiblement un grand retard et en plus elle n’avait plus qu’une main…Elle le suivit donc partout…

Owhar montra sur la carte le lieu de destination, et Merlin explosa de rire: « Tu veux m’emmener à Hispaniola ?

Le commandant regarda Merlin bizarrement: Il y a longtemps qu’on appelle plus l’île comme ça? Cette partie-ci est une colonie française, et celle-là est une partie libre et sans roi ! On appelle le pays Saint-Domingue. »

Il tenait Moustique dans les bras et était parti dans un fou rire incontrôlable, puis essaya de se ravoir: « Oui Owhar montre-moi ton pays sans roi, pour la route, ça va je la connais.

Arthur : Quoi on ne va pas encore aller se perdre sur l’autre continent hein, c’est bon, on l’a déjà traversé de long en large ! »

Il dut se retenir de ne pas ré-exploser de rire, puis répondit à son ami : «La première colonie de l’autre continent qui est déjà à moitié libre, c’est plutôt une nouvelle sympa, non ?

Arthur : Je ne suis pas sûr de vouloir voir à quoi ressemble un pays sans roi, ça doit être l’anarchie ! »

Il ne put s’empêcher de sourire en étudiant la carte et les escales avec Owhar…

Il répondit silencieusement à Arthur : « Un pays sans serviteurs, avec des congés tous les jours ! »

Son ami bougonna !

Merlin prit le commandement du sloop pour le voyage et s’occupa de Moustique, il essayait de la faire parler au moins une langue, mais jamais aucun mot ne sortit… Janette, qui avait laissé ses parents en France et avait demandé s'ils allaient encore libérer des navires négriers, avait décidé de rester avec eux… Et elle tentait d’habiller la petite, de la coiffer, elle était toujours derrière eux ! Une ancienne esclave qui commençait à parler français expliqua à Janette comment tresser les cheveux de la petite… L’équipage du sloop fut trié sur le volet, ceux qui supportaient que Merlin soit différent…

Le matelot qui avait essayé de le tuer au début devint un de ses meilleur ami et second sur le sloop. Malgré un âge honorable, tout le monde avait continué à l’appeler Mousse… Il passait ses soirées à lui expliquer le code des Frères de la côte, lui expliqua qui étaient les boucaniers, les flibustiers et les corsaires… Il n’aima pas fort les corsaires, et acquit un certain savoir en piraterie. Merlin apprécia que les «Frères de la côte » aient un code, comme les chevaliers, et surtout qu’ils soient plus des résistants face au pouvoir en place, que des brigands. Mousse aussi se réjouissait d’attaquer d’autres négriers, il n’avait jamais vu autant d’argent en une seule prise non plus! Il expliqua aussi à Merlin qu’il y avait un code vestimentaire, il secoua les épaules, tant qu’on lui laissait ses bottes !

Le voyage se passa sans encombre, bien que le sorcier profita du trajet pour faire quelques escapades… Il sentit un jour un banc de dauphins comme il n'en avait jamais vu qu’en Méditerranée et comme son bateau était rapide, il décida d’aller voir tout près… Son équipage ne dit rien mais n’en pensa pas moins sur son état mental, surtout quand il passa la barre à Mousse pour aller à proue et les regarder jouer en éclatant de rire, ici ils étaient plus petits et remplis de tâches et il les observa longtemps… Il raconta la légende à leur propos le soir et on lui en raconta d’autres… Tous les soirs en fait, ces gens faisaient la fête… Un autre jour encore, il sentit quelque chose qu’il ne connaissait pas et il repassa de nouveau la barre à Mousse pour aller voir de plus près… Il vit de grosses bêtes sortir de l’eau pour venir respirer comme les dauphins, mais ce n’était pas des dauphins…

Il cria : "Qu’est-ce que c’est ?"

Et cela fit rire quelques personnes, on lui répondit : "Enfin Djinn ce sont des baleines… Elles viennent là en été, on dit qu’elles sont tellement grosses qu’elles peuvent manger un bateau entier…"

Il regarda, fasciné, on voyait juste leur dos sortir de l’eau et leur souffle ; mais il se doutait bien en les regardant que leur taille devait être imposante… Il ferma les yeux pour les contacter et entendit leur chant, il en avait presque les larmes aux yeux et il dit tout haut : "Elles chantent !

Mousse explosa de rire : Elles ont peut-être mangé une sirène ? »

Merlin sourit mais garda les yeux fermés et entra en contact avec un des imposants animaux, qui ainsi dérangé fut curieux de voir qui était l’intrus qui l’interpellait ainsi… Elle se rapprocha du bateau, certains eurent peur, mais il leva la main pour les calmer… La baleine le regarda en sortant son œil visiblement rempli d’intelligence… Il passa de longues minutes de communication silencieuse, l’animal était vraiment très proche du sloop, Merlin tendit la main, il avait presque la sensation de pouvoir la toucher… Puis elle se mit à danser, elle s’éloigna en sautant, et sortant ses énormes nageoires de l’eau comme pour dire au revoir et il explosa encore de rire… Et beaucoup dirent «Djinn» tout bas…

Mais personne de son équipage ne lui tenait rigueur de ses étranges lubies… Il expliqua juste un soir que les baleines ne communiquaient qu’en chantant et qu’il aimait ces animaux !

Quand ils accostèrent à Saint-Domingue, cela se sut que le Djinn avait des pouvoirs, qu’il aimait les légendes, les dauphins et les baleines, et un jour un homme vint lui raconter une légende étrange, il venait d’une île qu’on avait perdue sur la carte, cela faisait longtemps qu’il vivait ici, et chez lui on racontait… «Il y a très longtemps, une reine de son île avait recueilli trois baleines, et les éleva comme ses propres enfants ; un jour, un sorcier se perdit sur l’île et demanda à la reine qu'elle lui prête une de ses filles adoptives pour repartir chez lui; mais le sorcier coupa la baleine en morceaux. La reine folle de douleur rattrapa le sorcier et le découpa aussi en morceaux! »

Merlin fit des yeux énormes en entendent la légende et demanda à l’homme s'il y avait des sorciers où des Djinn sur son île, celui-ci explosa de rire… Et il lui dit: «Comment peut-on découper en morceaux un animal qui chante ? » Et l’homme l'aima beaucoup pour ça !

Au début, beaucoup se méfièrent du Djinn, mais finalement il fut intégré à cette île au fonctionnement si atypique, effectivement pas de rois, et juste un code comme loi; pourtant, sur la partie « libre » de l’île, la vie tournait comme partout ailleurs, ça moucha d’ailleurs Arthur qui bouda un peu !

Il y avait parfois des rixes, et les fauteurs de troubles était jugés sur le code de la piraterie, mais finalement, pour Merlin ce n’était pas beaucoup plus violent que des potences ou des bûchers… La population était un mixte d’anciens esclaves, de repris de justice en fuite, et bien d’autres encore… Et pourtant ce pays était tranquille… Le seul inconvénient était qu’ils avaient peu de terres cultivables, et que la nourriture était chère.

Il resta là longtemps pour s’occuper de Moustique, il instaura même une école au grand dam des enfants de Mousse, qui avait une femme qui lui en avait donné cinq, et qui était un peu débordée par eux car son mari était souvent parti en mer ; elle avait beaucoup de mal à se faire obéir… Merlin était souvent invité à souper chez Mousse, et c’était le seul à savoir faire obéir les cinq garnements, tous garçons et futurs frères de la côte turbulents…

Les gens ici était tolérants, personne ne lui demanda jamais rien sur son régime alimentaire, et même sur le fait qu’il ne vieillissait pas, il était resté tel quel ! Ce fut le seul endroit au monde où il fut accepté à ce point…

Janette devint marin aussi et aida à libérer plusieurs navires négriers, mais chaque fois qu’elle revenait, elle reprenait son rôle de femme, et s’occupait de Moustique… Elle resta quelque temps avec Merlin puis épousa un bel homme qu’elle rencontra sur Saint-Domingue et emménagea avec Moustique ! Dès qu’elle fut mariée, elle ne prit plus jamais la mer…

Owhar racheta le sloop avec sa part du butin et petit à petit au fil des abordages finit par se faire sa propre flotte, Merlin resta sous ses ordres au commandement du sloop et ils libérèrent encore beaucoup de navires négriers… Ils affinèrent leur technique d’abordage car il s’avéra qu’au fil des années, les commerçants de l’esclavage se méfièrent et on trouva de moins en moins de bateaux navigant seuls…

Owhar savait que son petit Djinn devait se reposer à un moment donné avant de soigner les gens libérés… Mais c’était parfois difficile de le retenir si près des bateaux alors que celui-ci savait ce que les gens enduraient, il y eut bien des fois encore où il s’épuisa à essayer d’en sauver un maximum…

Ils ne perdirent jamais personne de leur équipage, sauf Mousse qui perdit quand même une jambe… Merlin avait attrapé une vraie dégaine de pirate, les cheveux longs et la barbe… Le sloop continua à battre pavillon hollandais et la légende du «Hollandais volant » rempli de fantômes allait perdurer longtemps!

L’âge d’or de la piraterie touchait à sa fin, l’île sans roi aussi, il le savait et il était frustré de ne sauver que si peu de gens… Beaucoup de leurs amis avaient été emprisonnés ou pendus… Merlin savait qu’il préparait leur dernier abordage et allait tout faire pour que les équipages de la flotte d’Ohwar s’en sortent indemnes! Il n’osa rien dire aux autres de ce qu’il avait vu dans ses visions, il savait juste que des corsaires avaient été mandatés pour les piéger…

Arthur : « Alors c’est ton dernier abordage ?

Lui : Comment le sais-tu ?

Son ami : Je t’entends ruminer !

Il soupira : Nos têtes sont mises à prix depuis un moment !

Arthur : Que vas-tu faire ?

Lui : Sauver un maximum de gens ! »

***

Il embarqua sombre, et laissa le commandement du sloop à Mousse.

Merlin : « Mousse je te confie notre Hollandais volant, prend en soin, j’aime vraiment ce sloop ! »

Son second ne comprit rien à son humeur et ne dit rien !

Il monta à bord du bâtiment d’Owhar, resta sombre tout le voyage et ne dit pratiquement pas un mot.

La flotte comptait deux caravelles et le sloop, et quand ils arrivèrent sur le lieu ils virent que cinq bâtiments imposants les attendaient, dont un qui battait pavillon corsaire français…

Le commandant : « Djinn, tu le savais ? »

Il hocha la tête.

Owhar : « Qu’est-ce qu’on fait on s’en va ?

Lui : Non, les cales sont remplies de gens qui nous attendent !

Le commandant : Quelle est ta stratégie ? »

Il secoua les épaules, alla se mettre à la proue et réfléchit longtemps…

Il alla se mettre à un moment à la barre et regarda les vents en appelant Owhar…

Le commandant : « Qu’est-ce que tu fais Djinn ?

Il était sombre et la tempête grondait : Les frères de la côte ne tuent que par nécessité ! »

Owhar hocha la tête !

Merlin: «Tu envoies des signaux aux deux autres pour qu’ils ne bougent pas et tu ne poses pas de questions!

Le commandant ouvrit de grands yeux : Tu deviens un mutin Djinn ?

Merlin sourit tristement à Owhar : Peut-être ? »

Juste à ce moment-là, les vents se levèrent et la tempête se déchaîna et il tourna la barre en criant des instructions…

Owhar le regarda surpris et cria : « Qu’est-ce que tu fais Djinn ?

Il ne le regarda pas mais dit juste: J’ai adoré être un frère de la côte Owhar, fais-moi confiance jusqu’au bout!»

Le commandant ne dit plus rien et son équipage l’appela pour regarder ce qui se passait…

Le ciel s’était assombri et les éclairs partaient en tous sens, les cinq bâtiments ennemis furent contraints par les vents et les vagues… Les capitaines respectifs criaient des instructions pour qu’on rabatte les voiles mais Merlin ne leur en laissa pas le temps…

Petit à petit, les cinq bâtiments se mirent côte à côte, personne ne maîtrisait plus rien à bord, et la caravelle d’Owhar fonça droit sur le premier, les canons se mirent à tirer mais il détourna leurs feux, les autres navires ne savaient pas tirer car ils avaient les autres en face…

Owhar explosa de rire, et se retourna vers lui, mais celui-ci était concentré… On ne voyait presque plus la couleur de ses yeux sous les reflets dorés…

Le commandant eut quand même un peu peur, d’autant qu’il n’avait jamais vu son Djinn appeler une telle tempête, les vagues étaient énormes… Les bâtiments ennemis se rapprochèrent encore les uns des autres au point d’être presque coque contre coque, et furent maintenus ainsi tandis que la caravelle d’Owhar se rapprochait dangereusement…

Le commandant hurlait : « On va l’éperonner, qu’est-ce que tu fais Djinn ? »

Merlin hurla des instructions et fit tourner la barre, au dernier moment la caravelle d’Owhar se tourna pour coller son flanc contre le premier bateau tandis que les canons d’en face explosèrent tous l’un après l’autre…

Le choc de la caravelle qui cogna l’autre bâtiment fut tellement fort que l’équipage fut pratiquement à terre… Le commandant eut à peine le temps de réagir, il entendit Merlin hurler «grappins», et quand il se retourna vers la barre il ne le vit plus…

Il était monté dans la voilure et attrapait une corde, la tempête faisait rage, et les drôles de vents tournaient autour d’eux, plus aucun bâtiment ne semblait bouger d’un poil et à bord c’était la panique…

Owhar : « Djinn qu’est-ce que tu fais ? »

Il s'élança sur sa corde et faillit rater la balustrade du premier bâtiment, il atterrit sur le pont où il ne laissa aucune chance à personne en laissant se déchaîner la donnas de Sigan… Entre les éclairs et les puissantes décharges magiques, et les vents… Il ne resta presque plus personne sur le pont, qui fut encore debout…

Arthur hurlait aussi : « Merliiiin qu’est-ce que tu fais ? »

Il arriva sur l’autre bord du pont et fit aussi exploser tous les canons du deuxième bâtiment ennemi, avant que les gens n’aient le temps de dire ouf… Puis il se mit à courir vers les cales où il fit sauter les fers de tous les esclaves…

Puis il remonta sur le pont puis dans la voilure et attrapa une corde pour passer sur le deuxième bâtiment où c’était déjà la panique… Il entendit hurler derrière lui : « Djiiiiiiiiinn »; mais ne se retourna pas et répéta le même schéma… La tempête faisait rage tout autour des navires, ce qui les contraignit encore plus dans leur position, arrivé au quatrième bateau, Merlin s’effondra à genoux en se tenant la tête… Contenir la donnas des Sigan était vraiment difficile; les éclairs le traversaient presqu’autant que la foudre qui s’abattait tout autour de lui, mais il devait encore tenir un peu…

Il se releva péniblement et monta encore dans les voilures à la recherche d’une corde… Et il sauta sur le pont suivant… Les canons du bâtiment corsaire n’explosèrent pas.

Il tomba à genoux pour essayer de contraindre la donnas des Sigan tandis que les vents changeaient, le cinquième bateau fut détaché des autres et envoyé loin… Merlin tenta aussi de détourner un maximum de tirs de mousquets, mais ne put pas éviter les coups d’épées… Il continua à détourner les vents jusqu'à ce qu’il sombre…

Il émergea un peu en entendent Arthur hurler : «Merlin fais quelque chose… Est-ce que tu es blessé?»

Il avait mal partout, et plusieurs hommes étaient dessus pour le coller au sol…

Merlin à Arthur : «Blessé ? Je ne sais pas, ça change quelque chose ?

Arthur : Est-ce que tu viens d’aborder cinq navires à toi tout seul ou je rêve ?

Il explosa de rire : Est-ce que je t’ai déjà dit à quel point j’aime naviguer ? »

On l’amena comme ça au commandant qui continuait à hurler des ordres, mais les vents emmenèrent le navire du corsaire très loin des autres, et ils ne les retrouvèrent jamais…

L’amiral eut quand même un peu peur de cet homme habillé en pirate au regard de fou et qui continuait à rire, alors qu’il était couvert de sang…

L’amiral Léon Cole hurla : « Qui-êtes-vous ?

Il reprit un peu son sérieux puis le regarda droit dans les yeux : Je suis Djinn, et vous êtes ?

L’amiral hurla « Qu’on colle ça aux fers… Il faut retrouver les autres. »

Merlin contraignit encore les vents et se laissa traîner dans la cale où on le mit effectivement aux fers…

Arthur hurlait dans sa tête : « Fais quelque chose, défend-toi ? »

Il était couché, couvert de coups et de coupures qui commençaient à guérir, mais sa tête l’élançait et il envisageait de dormir un peu: «Est-ce que tu peux cesser de hurler dans ma tête, je n’ai pas d’écorce de saule ici !

Son ami : Est-ce que tu es blessé ?

Il sonda : Quelques plombs… » Puis il repartit dans un fou rire !

Arthur : «Qu’est-ce que tu fais ?

Il inspira à fond: J’ai fui les visions, j’ai vécu les visions, et là je les anticipe… J’ai sauvé mon équipage et ceux d’Owhar !

Son ami : Et toi ?

Il repartit dans un fou rire : Je n’en ai aucune idée…

Arthur : Est-ce que tu vas bien ?

Il grommela un peu : Je voudrais vraiment dormir, j’ai mal à la tête, la donnas des Sigan est très dure à contraindre tu sais, j’aimerais que tu cesses de hurler !

Arthur estomaqué: La donnas des Sigan t’a vraiment grillé le cerveau, tu es aux fers à fond de cale, et tu veux dormir ?

Merlin : Oui ici il fait noir, j’ai vraiment trop mal à la tête, laisse-moi ! »

Il dormit, il ne sut jamais combien de temps… Quand on vint le chercher, un des hommes cria en français: 'Il est encore en vie amiral… »

On lui bougea les fers, et on l’emmena sur le pont puis en cabine où l’amiral fulminait… Il s’approcha de lui pour demander : « Où sommes-nous ? »

Merlin ne put s’empêcher de rire encore ; mais quand l’amiral lui mit son épée sous sa gorge il rit moins.

Il s’approcha de la carte, il avait toujours des fers au bras, et deux soldat qui le tenaient de part et d’autre, il regarda la carte et montra une zone : "Quelque part là !

L’amiral : Comment le savez-vous ?

Il secoua les épaules : Je le sais c’est tout !

Arthur hurlait : Ne le provoque pas ! »

L'homme en colère appuya un peu plus sur son épée qui était de nouveau sous sa gorge…

Lui : «Ma tête est mise à prix, combien ?

L’amiral le regarda plus attentivement : Vous faites partie du navire hollandais ?

Lui : C’est mon équipage.

L’homme : Où sont-ils ?

Il secoua les épaules comme il pouvait vu les circonstances : Ils sont loin !

L’amiral : Où ?

Lui : Je ne sais pas ! »

L’amiral poussa encore un peu plus son épée !

Merlin : « Est-ce que je vaux le même prix mort ?

Arthur fulminait : Libère-toi ! »

L’amiral retira son épée et il respira à grands coups !

L'homme: « Comment avez-vous fait ça, les vents ?

Il secoua la tête : Je suis un Djinn !

L’amiral: Cessez avec vos légendes, je ne crois absolument pas aux vaisseaux fantômes! Remettez-moi ça aux fers! »

***

Merlin resta encore plusieurs jours dans la cale, on venait juste lui donner de l’eau, on le maintenait en vie… Et il en profita pour dormir.

Arthur osa le réveiller un jour : « Pourquoi est-ce qu’on ne bouge pas ?

Lui : Il n’y a pas de vents !

Son ami: C’est toi qui fais ça ?

Merlin : Je ne veux pas qu’ils trouvent mes hommes !

Arthur : Et nous ?

Lui : On a l’éternité devant nous !

Son ami : Parfois tu m’énerves!

***

Le bâtiment démarra, ils cherchèrent longtemps après les autres… Puis il prit une autre direction, Merlin ne quitta plus la cale, on lui donnait de temps en temps à manger…

Il se remua un peu : « Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour une olive ou une tasse de thé !

Arthur : Pourquoi ne te sors-tu pas de là ? Tu es sorcier !

Merlin soupira : J’ai encore tué ! J’en ai assez de tuer…

Son ami aussi soupira : Tu en as sauvé combien ? »

Il ne répondit pas !

***

Le navire finit par accoster, ce n’était qu’une étape, le voyage allait encore être très long, et Merlin prit son mal en patience même s'il lui démangea plus d’une fois d’ouvrir ses fers, ne fusse que pour bouger une peu! On vint le chercher un jour pour le débarquer, on dut le tenir, parce qu’il ne savait presque plus marcher !

L’amiral vint près de lui : «Tu vas être jugé et pendu Djinn !

Il avait mal partout et demanda : Où sommes-nous ? »

On ne lui dit pas, mais il était à Nantes, un des principaux ports négriers français! On le conduisit en prison où il évalua qu’il n’allait pas pouvoir s’échapper si facilement et il pesta !

Arthur : « Faut trouver une solution là !

Lui : Quoi ? Je fais débarquer un dragon ?

Son ami : Tu vas être pendu haut et court, si tu ne fais rien !

Merlin : Tu m’aides beaucoup là ! »

***

Il fit sauter ses fers et se dégourdit les jambes, il ouvrit les barreaux et attendit…Un des garde arriva pour lui donner à manger et le trouva comme ça, il l’assomma et lui prit ses vêtements…

Arthur : « Mais qu’est-ce qui pue comme ça ?

Merlin : Je suis persuadé que tu ne sais rien sentir depuis le début ! »

Il s’esquiva en douce, et en profita au passage pour libérer des esclaves.

Son ami : « ça devient un toc, tu vas te faire remarquer.

Lui : Tu vas me chercher comme ça encore longtemps ?

Arthur : Tu t’es lancé dans la piraterie Merlin je ne te reconnais pas !

Merlin : Je dois dire que c’était sympa un pays sans roi !

La voix de son ami énervé : Je ne te permets pas, tu devrais être en train de comprendre l’énigme du vénérable pour me sortir de là, et tu te la coules douce dans un pays qui renie les rois !

Il était en colère et la tempête grondait : Tu vas ma lâcher avec ça, tu m’as embêté toute la traversée, au moins dans le pays sans roi j’avais le droit d’être sorcier, et tous les gens étaient libres !

Arthur : Je ne te reconnais pas, tu as toujours été discret, tu n’as jamais rien demandé pour toi !

Le sorcier : Quand est-ce quelqu’un ne s’est jamais demandé de savoir si je voulais quelque chose, on m’a collé une destinée alors que je n’ai pas demandée, on m’a collé dans le rôle d’un serviteur, on m’a arraché à ma famille…

Son ami : On ne m’a pas demandé d’être roi, ou de choisir mon serviteur !

Il sortait discrètement de la prison : Oh mais c’est vrai c’était dur d’être roi, avec un serviteur dans l’ombre pour te sauver les fesses, et faire des nouveaux trous dans la ceinture parce que tu t’empiffrais!

Arthur: Ce qui est dur, c’est d’être collé à un idiot qui ne mange plus de viande et qui s’embarque dans la piraterie !

Merlin : J’étais Frère de la côte; ce n’est pas de la piraterie, ils ont un code comme la chevalerie, de toute façon quoi que je fasse tu râles toujours, quand je suis enseignant, tu râles, quand je suis médecin, tu râles, quand je cherche les dragons tu râles…

Son ami : Non c’est faux, j’approuve que tu sois un grand érudit et que tu fasses bouger les choses… Qu’est-ce que ça a changé de sauver quelques types sur des bateaux et de prendre de si gros risques !

Il contourna une façade et rentra dans une ruelle pour se prendre la tête et hurler : Qu’est-ce que ça a changé que tu te jettes à corps perdu dans la bataille de Camlan pour sauver quelques hommes… Je devais te ramener en vie!

La voix hoquetante : J’étais dans la légalité ! »

La tempête grondait : «Dans la légalité de quoi ? Est-ce que tu aurais toléré l’esclavage comme tu as toléré la Grande purge ? Est-ce que quand la loi est injuste, il faut la tolérer ? J’ai attendu toute ma vie de voir venir l’égalité… Et elle est vraiment longue !

Arthur hurla : Je ne veux plus que tu te mettes en danger, t’entend ?

Merlin : C’est sûr, si tu perds le portail ça te fait une belle jambe !

Son ami : Non, pas parce que tu es le portail ; parce que tu es mon ami ! Morgane aussi pensait se battre pour l’égalité, regarde où ça l’a menée! »

Il ne dit plus rien, il pleurait…

Arthur : « Merlin ?

Lui : Morgane est devenue folle ! Moi sans doute aussi !

Arthur : Pas une seconde, du temps des Aztèques où de n’importe quoi d’autre… Pas un seconde tu n’es devenu fou !

Il secoua la tête et dit très bas: Je ne sais pas comment je ne deviens pas dingue, sans mourir avec quelqu’un dans la tête, et des pouvoirs qui peuvent détruire tout sur un coup de tête !

Son ami : Mais tu ne l’es pas !

Il se laissa tomber le long du mur: Je deviens fou à chaque fois que je pense à mon fils, je deviens fou de ne pas savoir ce qu’il est devenu alors qu’on m’a fait partir quand il avait le plus besoin de moi, tout ça pour entendre tes jérémiades à longueur d’éternité… C’était mon fils il avait besoin de moi !

Arthur se tut quelques minutes puis dit : Je… Je suis désolé pour ton fils Merlin !

Il était effondré: Je suis fatigué de ce monde où tous se déchirent, c’est tellement plus facile de détruire que de construire… Rien n’a de sens… Elle me manque !

Son ami très bas : Tu n’es pas responsable d’être ce que tu es, pas plus que moi d’être le grand roi !

Merlin : Je n’ai aucune idée de comment te sortir de là tu sais…

Arthur soupira: Je sais que tu vas trouver Merlin, j’ai confiance en toi; j’ai toujours eu confiance en toi!

Il ne put s’empêcher de glousser: Et ça va te servir à quoi? Est-ce que tu sais seulement que tous les rois vont finir par tomber ?

Son ami soupira : Tu l’a vu dans tes visions ? Mais pas le pouvoir !

Il inspira à fond : C’est vachement long l’éternité !

Arthur : Je… Je m’excuse.

Merlin surpris: Quoi ?

Son ami : Tu ne vas pas me le faire répéter non plus… Tu avais raison de vouloir libérer ces hommes !

Lui : Je… Je ne sais pas comment je dois recevoir ça, je ne me souviens pas que tu te sois jamais vraiment excusé… Quand tu es mort peut-être ?

La voix : Tu n’as jamais été fou ou un monstre, et je ne sais pas comment tu fais !

Lui : Je ne suis pas fou parce que tu es là, chez les Aztèques j’ai bien failli…

Arthur : Deux faces d’une même pièce ! »

Il explosa de rire !

Son ami : « Tu as cumulé un savoir incroyable Merlin, il faut que tu agisses maintenant…

Merlin : Quoi ?

Son ami: Tu te confonds dans les notables comme rien, tu as su rentrer à la cour de Ferdinand V les yeux fermés… Tu dois faire de la politique…

Il ré-explosa de rire : Quoi ? Mais je croyais que j’étais un idiot ?

Arthur : Tu es un idiot magique qui arrive à argumenter : tous les hommes doivent naître libres et égaux…

Lui : J’ai eu un ami qui a traité chacun comme son égal autour d’une table ronde, il m’a appris !

Son ami : Tu dois monter à Paris !

Il soupira : Encore la famine…

Arthur : Tu as encore des visions ?

Merlin : ça ne s’arrête jamais !

Son ami : Tu les précèdes!

Il rit : Peut-être. »


macrale  (03.03.2015 à 13:57)

Chapitre 23

Il fit des petits boulots pour se rendre plus présentable et se rendre vers Paris …

Il en profita pour faire quelques registres et remettre un peu son arbre généalogique à jour… Il fut surpris par l’étendue que ça prenait, même ici hors de son sol natal. En se rendent à la Sorbonne pour aller dans «sa» bibliothèque, il eut un choc, Richelieu était passé par là et il ne reconnut rien de son université et ne vit plus son jardin d’acclimatation de plantes médicinales, il jura… Il s’attendait bien à voir la ville changée, mais là, il ne vit presque plus de jardins dans la ville, déjà qu’il n’y en avait pas beaucoup… Il se demanda d’où on acheminait la nourriture des gens… La ville était encore plus grande et la population encore plus nombreuse.

Il rentra dans la bibliothèque en soupirant et en pensant qu’il ne se sentait plus chez lui nulle part…

Il commença à regarder des livres de médecine, et fut consterné par les progrès médicaux, il feuilleta un livre d’anatomie d’André Vesal terriblement proche de la réalité puis sourit… Il sourit encore plus en tombant sur un livre écrit par un certain William Harvey, une anatomie encore plus poussée, il reconnut le nom, c’était un de ses descendants et il comprit que celui-ci avait dû avoir des facilités à faire progresser l’anatomie…

En pharmacologie, par contre ce n’était pas encore ça, à part la quinine et l’opium il n’y avait pas beaucoup de médicaments… Il jura en tombant sur des livres de plantes médicinales, signé Riss d’Ealdor; il allait devoir changer de nom… Il finit par prendre un livre sur la légende arthurienne et s’assit dans un coin pour le lire.

Il entendit pester une dame à qui on refusait un livre de poésie, leva le nez de son livre et demanda pourquoi la dame ne pouvait pas avoir le livre en question ?

On lui répondit offusqué que les dames ne pouvaient pas lire ce genre de poésie.

Merlin ne put s’empêcher: «Enfin, on ne s’est pas amusé à séparer l’éducation de l’Eglise pour rien, on ne devrait ne pas interdire de livres!

Le bibliothécaire s’offusqua : Mais monsieur, cette poésie est très explicite, et madame est une dame!

Lui: Il me semble que vu l’âge de la dame, veuillez m’excusez d’avance madame; elle sache déjà comment on fait des enfants!»

La dame explosa de rire et le bibliothécaire s’indigna encore plus fermement !

Il se leva : «Je peux lui emprunter le livre si vous voulez ?

L'homme : Monsieur, cette dame est très certainement mariée !

Merlin : Mais je ne la demande pas en mariage, je lui emprunte un livre ! »

L’esclandre commençant se faire remarquer, le bibliothécaire passa le livre à Merlin et celui-ci s’inclina pour inviter la dame en question dans la salle de lecture. Là, il lui passa le livre et retourna s’asseoir à sa table pour replonger dans la légende chère à son cœur.

La dame : «Je vous remercie Monsieur.

Il n’avait aucune idée de l’étiquette et haussa les épaules : Aucun livre ne devrait être interdit!

La dame : Je m’excuse, nous n’avons pas été présentés, monsieur ?

Il releva la tête et bafouilla un : Merl…

Elle : Merle ? Vous avez bien un nom de famille ?

Il regarda l’illustration qu'il avait sous les yeux et sorti un : Malus…

La dame laissa échapper un rire de cristal : Merle Malus ? Malus comme le mal ?

Merlin, se rendant compte de son lapsus et rouge comme une pivoine: Peut-être… Non Malus comme un pommier. »

Arthur explosa dans sa tête et il le barricada !

La dame : « Je suis Thérèse Maingant.

Il était un peu perdu : Enchanté.

Thérèse: Vous plairait-il de venir dans mon salon de discussion ce soir pour expliquer à quelques amis pourquoi les livres ne devraient pas être interdits?

Merlin : Heu, voilà juste que j’arrive à Paris !

Elle : Oh s’il vous plaît Monsieur Malus, un autre jour peut-être ?

Lui : Heu… Oui, ce soir si vous me donnez l’adresse.

La dame: Bien, nous serons présentés officiellement, je vous dois la victoire d’une bataille Monsieur, je ne l’oublierai pas. »

Il sentait bien que l’étiquette lui échappait, il avait vécu comme un frère de la côte longtemps… Et il replongea le nez dans son livre quand on lui fit glisser l’adresse sous son livre !

Lorsqu'il sortit, il demanda au bibliothécaire où il pouvait faire valider ses connaissances, et celui-ci le regarda bizarrement: «Vous voulez devenir étudiant, demandez à la dame au livre, son mari fait passer des concours ! »

Lorsqu’il fut sorti de la bibliothèque, Arthur hurla : «Merle Malus ?

Merlin alla se cacher pour exploser de rire : Je n’ai pas réfléchi!

Arthur : Malus, c’est super ça pour un ex-pirate !

Il avait une expression de déception : Frère de la côte ; ex-frère de la côte !

Son ami : Je cherche toujours la différence, pourquoi un pommier ?

Il inspira à fond pour ne pas se faire remarquer alors qu’il errait dans les rue à la recherche d’une chambre d’hôtel : Je n’ai pas réfléchi, il y avait une gravure du lac d’Avalon sur le livre… Je ne pouvais pas dire : je m’appelle Avalon où Portail quand même.

Son ami : Quoi il y a un pommier au lac ?

Son regard se plongea dans la nostalgie : Les rives du lac d’Avalon sont recouvertes de pommiers, je me souviens de les avoir vus en fleurs une fois avec Freya… Je me souviens de l’odeur.

Arthur : Qui est Freya ?

Il soupira profondément : Une druidesse que tu as tuée… Je l’aimais. »

Son ami hoqueta de surprise, mais ne dit rien !

***

Merlin tenta de s’apprêter mais le résultat ne fut pas fort concluant et il n’avait que ses bottes à mettre au pied. Il prit une calèche et donna l’adresse, il alla à la porte et dut réfléchir un peu pour donner son nom; on le conduisit dans un grand salon où il y avait une trentaine de personnes, toutes les plus endimanchées plus que possible avec des perruques enfarinées et il se glissa discrètement dans un coin et écouta… Il somnolait un peu, ça l’ennuyait.

A un moment donné, on le présenta à l’assistance et il resta assis.

Arthur : « Merle Malus, c’est toi Abruti magiquement idiot ! »

Il se redressa d’un coup et alla vers Thérèse timidement, et lui fut présenté officiellement ainsi qu’à son mari.

Thérèse: «Vous avez su venir, vous m’en voyez fort aise mon ami, cher époux, figurez-vous que ce jeune homme m’a fait gagner une victoire à la bibliothèque, j’ai pu emprunter de la poésie ! »

L’homme se présenta comme Frémont Mangain et remercia Merlin ; il lui demanda de lui expliquer sa drôle de théorie sur les livres…

Il était très mal à l’aise, il s’empêcha de secouer ses épaules, et dit simplement: «Les livres renferment le savoir, et le savoir doit être accessible à tous !

Frémont : Les femmes aussi ?

Il le regarda sans comprendre : Pourquoi pas les femmes ?

L'homme : Vous pensez qu’elles sont nos égales ?

Il secoua les épaules : Tous le monde est égal !

Frémont : Intéressant !

Merlin : J’aimerais passer un concours en médecine, on m’a dit de m’adresser à vous ?

L'homme : Vous êtes étudiant ?

Lui : J’ai pratiqué !

L'homme, l'expression ahurie : Vous me paraissez bien jeune mon ami ! »

Il secoua la tête, puis prit congé et alla de nouveau s’asseoir, puis il entendit une théorie sur une gouvernance contractuelle, et ne put s’empêcher d’intervenir…

Merlin: «Pourquoi faudrait-il que le peuple cède une partie de sa liberté à la gouvernance en échange de services, je ne comprends pas ?

L’homme qui parlait se retourna vers lui et le regarda curieusement: Mais Monsieur, parce que le peuple est trop inculte pour se gouverner lui-même !

Lui : Qu’on élève le peuple au savoir alors !

Le petit gros : Mais pourquoi ferait-on une chose pareille ?

Le sorcier : Pour la liberté !

L’homme rit de sa naïveté : Mais cher ami, tout le monde ne peut pas apprendre.

Il secoua les épaules : Bien sûr que si !

L’homme : Mais qui ferait la gouvernance ?

Lui : Un code ou des lois, et le peuple !

Le petit gros le regarda étrangement : Mais qui ferait les lois ?

Il le regarda droit dans les yeux : Le peuple, si il est instruit !

Frémont hurla de rire et applaudit: J’aime beaucoup votre approche de la gouvernance Monsieur Malus, la gouvernance au peuple; il faut l’oser !

L'autre : Mais ce n’est pas raisonnable ce serait l’anarchie. »

Merlin secoua les épaules et ne répondit plus, il s’ennuyait.

Un autre dit: «Tout les hommes devraient naître libre et égaux en droit. N’est-ce pas ce qu’on dit aux Amériques ? »

Il ouvrit grand les yeux et le regarda sans rien dire.

Frémont : «Oui, il me semble qu’ils appellent ça la Charte des droits de l’homme, où la Déclaration?

L’autre homme : Ils nous ont chipé ça, c’est nous qui l’avons écrite en France !

Merlin : Et en Angleterre ? Ils l’ont fait en Angleterre, autour d’une table ronde !

Frémont: En Angleterre, je pense que c’est la «Magna Carta» faite par le baronnage; la Table ronde est une légende.

Le sorcier: Bref, tout le monde chipe à tout le monde, même à un Indien qui s’élève pour devenir homme de loi!

Frémont hurla encore de rire : Diantre j’aime votre aplomb monsieur Malus, reviendrez-vous encore nous divertir ?

Lui : Est-ce que la liberté de tous est un divertissement ?

Frémont : Non bien sûr, mais votre franchise l’est, venez me voir demain pour votre inscription au concours ! »

***

Laure: «Je ne comprends pas ce que c’est, une gouvernance contractuelle ?

Le vieux Merlin de la yourte: C’est ce qu’on a maintenant, on vote pour des gens compétents qui nous enlèvent une part de liberté d’agir, en échange de services.

Elle : C’est la démocratie ça, c’est la liberté; pourquoi est-ce que Merlin est contre ?

Il prit son temps pour réfléchir avant de répondre: C’est une forme de démocratie qui ne fonctionne que si les élus sont au service du peuple, si les élus sont au service d’autre chose… ça ne fonctionne plus!

Elle: Mais être au service du peuple ce n’est pas tacitement dans le contrat?

Il choisit encore soigneusement ses mots: Quand l’élu travaille pour une entreprise pharmaceutique, et vend des vaccins pour une gripette au peuple; il y a conflit d’intérêt… Quand l’élu travaille pour un lobby nucléaire qui peut mettre le monde en péril, et choisit d’implanter des centrales plutôt qu’autre chose il y a conflit aussi… Le conflit d’intérêt est une rupture du contrat… Surtout si c’est cet élu qui est en charge des nouvelles lois !

Laure inclina étrangement la tête : Mais on n'a rien inventé de mieux, rien d’autre ne marche !

Merlin : Si, la démocratie participative !

Elle : Quoi ? Comme en Islande ?

Il sourit: Je continue l’histoire ? »

Laure hocha la tête et il continua.

***

"Merle Malus est devenu médecin à l’ère des lumières, et il a vu la bourgeoisie prendre le pas sur le pouvoir de la royauté et les nobles… La bourgeoisie était au service des grandes familles de notables. Les nobles se complaisaient dans le luxe de Versailles tandis que leurs guerres appauvrissaient le pays. Ce qui devait arriver arriva; le peuple se souleva… Merle Malus était devenu un vieux médecin «malade» parce qu’il avait des visions de ce qui allait arriver; et un jour il disparut pour redevenir Merlin! Il n’avait pas fort bien réussi en politique; la diplomate de la famille c’était Hermine…"

***

Laure : «Il a fui la Révolution ?

Le vieux Merlin: Oh non, il voulait voir ça de ses yeux, il avait vu le peuple se soulever et prendre le pouvoir dans ses visions, et il voulait le vivre…

Ambre : Maman, cesse de l’interrompre, je suis plus ! »

***

«Merlin, un jour, est sorti d’une chambre d’hôtel qu’il avait prise pour se couper des visions et il s’est retrouvé dans une foule immense qui criait qu’on avait pris la Bastille… Le peuple voulait du pain !

Il s’est mêlé au peuple, parce qu’il voulait voir la démocratie participative à l’œuvre dans un grand pays comme la France… Un pays capable d’écrire liberté-égalité-fraternité sur les murs de ses mairies! »

***

Laure : «Quoi ? La même qu’en Islande en 1789?

Le vieux Merlin de la yourte secoua les épaules en souriant à Ambre: Oui, il l’a vue fonctionner exactement trois mois !

Laure : Comment ?

Merlin : J’ai un peu sauté des passages mais bref»; et il continua de raconter.

***

"Merlin vit ce qu’il avait vu dans ses visions, la famille royale et les nobles en fuite, le pays était dans les mains du peuple et tous scandaient les trois mots: Liberté-égalité-fraternité.

Durant trois mois, les gens occupèrent les places, et discutèrent de leur avenir, de ce qu’il fallait faire de la famille royale et des nobles… Les droits de l’homme furent pris en exemple comme code de base, et furent discutés sur les places publiques pour se transformer en lois… Le peuple faisait la loi, en tout cas à Paris; et il entendit des choses merveilleuses comme l’abolition de la peine de mort; un truc qui fit hurler Arthur d’ailleurs…"

***

Laure hurla aussi: «Quoi l’abolition de la peine de mort à Paris en 1789 ?

Le vieux Merlin explosa de rire : Oui, des fois le peuple a des idées curieuses.

«Maman, cesse de l’interrompre à tout bout de champ, je ne suis plus moi, déjà que j’ai pas encore appris ça à l’école ! »

***

«Merlin était sur la place aussi, il y avait eu des affrontements bien sûr, alors il soigna les blessés comme il put avec ce qu’il avait et d’autres médecins, une solidarité s’était mise en place. Les gens trouvaient de la nourriture, personne n’avait faim, on avait même mis en place un réseau pour s’occuper des enfants car les femmes de tout bord aussi discutaient les lois… Je pense qu'il comprit que l’idée saugrenue de divorce venait surtout d’elles… Celles qui étaient mal mariées voulaient aussi être libres de leur destin… On attrapa la famille royale et des familles nobles et leur cas fut discuté sur la place publique. Il avait une longueur d’avance avec les visions, et il influença un maximum pour la suppression de la peine de mort; les gens étaient partagés, bien sûr la colère était sourdement présente dans les débats, mais pas encore la haine… Merlin fit de la politique à ce moment-là et il fut presque aussi doué qu’Hermine…

Je crois… Je crois que ce furent les trois plus beaux mois de la longue vie de Merlin: vivre l’euphorie d’un peuple qui prend sa liberté et qui essaye de l’institutionnaliser. Même Arthur fut gagné par l’euphorie d’une gouvernance faite par le peuple pour le peuple… »

***

Le vieux Merlin de la yourte se tut, les yeux perdus dans le vague avec des larmes qui coulaient le long de ses joues…

Laure attendit, un peu surprise de le voir vivre son récit à ce point puis demanda: «Que s’est-il passé?»

***

«Une des idées les plus saugrenues qu’il entendit était la restitution des biens de l’Etat au peuple, petit à petit, l’idée aussi d’un partage plus équitable de la richesse fit son chemin en place publique… Les grandes familles de notables et la bourgeoisie participaient aussi et ça leur plut beaucoup moins, ils payaient déjà beaucoup d’impôts sous la gouvernance royale, ils n’en voulaient plus… Alors ils ont commencé à nous… A vendre de la haine au peuple !"

***

Ambre ouvrit grand les yeux et dit très bas télépathiquement: «Fais gaffe !

Laure : Faire gaffe à quoi ? »

Le vieux Merlin de la yourte soupira.

***

"Un certain monsieur Guillotin avait déjà essayé de vendre sa belle idée au roi, mais ne l’avait toujours pas vendue; et il la vendit aux bourgeois dans un joli packaging qui ferait presque rougir les publicitaires du 21 siècle… Une belle idée qui détache les têtes, personne n’a le temps de dire ouf, donc on ne souffre pas, de plus, qui payerait pour maintenir la famille royale et les nobles en prison, n'avaient-ils pas déjà assez coûté cher au peuple ? Oui, c’était ça, un joli packaging qui emballe la haine, pour qu’on ne voie pas trop que c'en était… Très moderne et très malin.

La machine était tout prête en plus, la première machine soit-disant au service du peuple… C’est si facile de semer la haine dans les têtes d’un peuple qui a souffert. »

***

Le vieux Merlin de la yourte secoua sa tête pour chasser ses larmes…

Laure : «Alors ?

Lui : Alors quoi? Robespierre, Marat… Tu connais la suite non ? Est-ce que je dois vraiment décrire le bain de sang qui en découla ?

Ambre : Moi je ne connais pas tout !

Lui: Mais tu vas l’étudier, tu dois travailler à l’école, c’est important si tu veux garder une part de liberté ! »

***

"Alors après les massacres, Merlin fut dévasté, quelque chose s’était cassé en lui, il se détachait de son humanité, il devenait comme le roi-pêcheur; l’humanité n’apprenait jamais de ses erreurs, et ce n’était pas encore l’âge d’Albion… Aucun de ses descendants n’avait rien de spécial à lui dire, il avait encore échoué, l’âge d’Albion n’arriverait jamais…

Il avait des visions qui ne servaient à rien, il n’avait aucune prise sur rien: qu’il les fuit, qu’il les vive ou qu’il les précède, tout ça ne servait à rien…

Il s’enferma dans sa chambre d’hôtel longtemps pour pleurer son humanité perdue, il ne pleurait plus ni sur l’humanité ou sa famille perdue, il pleurait sur lui, le responsable des deux plus grands échecs de tous les temps, la mort du grand roi, et le fait de ne pas savoir le faire revenir. Tout ça était vain! Il se coupa de ses pouvoirs, de ses visions, d’Arthur, et même de Balinor… Il s’emmura dans une chambre miteuse d’hôtel à Paris fin du 18 siècle… Coupé de tout, il était seul et sans amis… Il chercha une solution pour en finir de cette mascarade. Seuls deux objets au monde pouvaient abréger ses souffrances… Soit une épée forgée par un dragon: l’épée d’Arthur était perdue dans le lac, et aucun des derniers dragons ne voudrait sans doute lui rendre ce service… Soit le bracelet à l’œuf du phénix. Il se leva pour aller en Angleterre chercher après… Il chercha longtemps les ruines de la tour du roi-pêcheur, il douta même de la trouver encore… Et contre toute attente il la trouva, et la fouilla de fond en comble mais ne trouva jamais le précieux bracelet.

Il ne se mit même pas en colère, assis sur son tas de ruines, même ça il échoua! Il resta assis longtemps. Il ne reconnaissait rien de son pays, il ne se reconnaissait plus dans cette humanité qui évoluait sans lui, il se leva, marcha sur l’herbe et s’assit contre un arbre… Lentement mais sûrement, il reprit contact avec ses pouvoirs, mais malgré un Arthur qui hurlait après son ami, il fondit ses pensées en tout ce qui vivait autour de lui… Il était les oiseaux, les insectes, les plantes… Il essaya d’oublier sa douleur.

La voix lointaine d’Arthur pleurait sur son ami perdu qui ne voulait plus lui parler, et il l’entendit…

Merlin lui parla enfin : «Pourquoi pleures-tu ?

Arthur : Je ne veux pas te perdre, je n’imagine pas un monde sans toi !

Lui : Quelqu’un m’a déjà dit ça une fois…

Son ami : Quelqu’un qui avait confiance en toi, comme moi !

Lui : Moi, je n’ai plus confiance en moi.

Arthur : Qu’est-ce que tu vois là maintenant ?

Merlin: Je suis l’oiseau, le loup; l’écureuil… ça m’apaise, ce sont les pensées douces de Chaton, ça m’a toujours apaisé, je pourrais rester comme ça l’éternité…

Son ami : Tu me les fais partager tes pensées douces, je pleure un ami qui veut me quitter !

Merlin : Oui ! »

***

Ambre aujourd’hui : «Il est devenu fou ?

Merlin : Non.

Elle : Les dragons sont venus le trouver ?

Lui : Non.

Elle : Arthur l’a réveillé ?

Il était au bord du fou rire : Non.

Ambre : Son cœur s’est arrêté ?

Il secoua la tête, de plus en plus amusé : Non.

Elle s'agaçait : Un loup ?

Il commençait vraiment à rire : Non.

Elle : Sa famille ?

Il partit dans son fou rire et mit plusieurs minutes à se ravoir : Non.

Elle vraiment agacée : Mais alors quoi, qu’est-ce qui le sort de là ?

Merlin : Lui. »

***

Les pensées de Merlin dérivaient, il vit tout ce que l’humanité avait de bon, tous ses amis; ces idées saugrenues de révolution, l’amour… L’amour qu’on avait eu pour lui : sa femme, ses enfants, ses descendants… Les dragons, Arthur, le vivant, ce loup plus loin qui le veillait… Il vit l’amour qu’il avait aussi pour l’humanité malgré ses faiblesses… Il se demanda juste pourquoi il avait perdu son amour propre? Il n’avait pas choisi ni sa destinée ni sa vie, ni les choix que les autres avaient faits pour eux-mêmes… Au milieu des pensées douces, il eut un peu d’amour pour lui-même. Il n’avait jamais été fou… Dépassé par la situation, ça oui plus d’une fois, il était comme tous les hommes, capable du meilleur et du pire; avec jusque quelques donnas en plus…

***

Ambre : «Et c’est tout ?

Merlin : Et c’est déjà pas mal, il a mis des siècles à comprendre ce que les autres hommes comprennent en une seule vie…

Elle : Et c’est quoi ?

Lui : On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a !

Ambre : Quoi ? C’est tout? Mais ma mère me répète ça à longueur de journée quand je lui demande un truc !

Il explosa encore de rire: Mais à lui, on ne lui avait jamais dit, petit on lui avait dit de cacher sa nature; jeune adulte, on lui a demandé de suivre une destinée, ensuite on lui a dit qu’il était le sorcier le plus puissant au monde, puis sa famille l’a fait partir pour faire venir l’âge d’Albion… Personne ne lui a jamais demandé de lâcher prise.

Elle soupira : Non mais tu charries là, tout le monde comprend ça.

Il sourit: Oui, mais lui plus lentement que le commun des mortels.

Ambre : Ah mais non, mais c’est n’importe quoi là.

Il explosa encore de rire : Mais oui, il le dit depuis un moment aussi. »


macrale  (10.03.2015 à 00:07)

Chapitre 24

"Merlin émergea de ses pensées douces lentement mais sûrement, en comprenant qu’il n’était pas parfait… Il était humain, il avait une famille et il n’était pas parfait. Il se leva, assez affaibli quand même, alors il se jeta un sort de guérison puis trouva de quoi manger, les champignons ici avaient un goût comme nulle part ailleurs, un goût comme chez lui… Il se rendit au lac d’Avalon et le regarda longtemps, puis s’excusa auprès de son ami de l’avoir laissé mourir et de ne pas avoir su le faire revenir, car il avait fait ce qu’il avait pu…

Arthur lui demanda ce qu’il allait faire, et il lui répondit : «J’improvise.

Son ami lui répondit : Comme d’habitude quoi. »

***

Il continua à faire le tour des registres par acquis de conscience… De petit boulot en petit boulot, il dut aller pratiquement dans toute l’Europe pour en retrouver un maximum, il laissa ceux du Nouveau monde pour plus tard… Il revint à Londres pour voir naître la modernité dans toute sa splendeur… Des écarts de richesse terribles, il allait avoir beaucoup de travail: choléra, typhus, variole et même les premières victimes de smog… Il fut mandaté comme expert sur l’assainissement de la ville… Il se fit appeler Riss Ealdor, c’était plus facile pour lui aussi, il s’était fait appeler Riss si longtemps qu’il s’y identifiait plus facilement qu’à Merle… Il tricha un peu pour avoir des papiers et un diplôme en ordre, après tout ça faisait des siècles qu’il pratiquait la médecine illégalement… Mais ça faisait des siècles qu’il savait ce qu’on venait à peine de découvrir, la bactériologie… Il se remit quand même constamment à jour, la chimie avait fait de grands progrès… La pharmacologie suivait… Il regarda cette humanité faire des bonds énormes dans la science, et en même temps commencer à oublier d’autres choses plus simples… Il regarda fasciné… Comme il était fasciné aussi par l’expansion de cette humanité… On utilisa d’abord énormément de charbon pour faire fonctionner des machineries toujours plus complexes, on découvrit ensuite les propriétés du pétrole… Et plus l’avancée en machinerie était exceptionnelle et facilitait la vie, plus cette humanité devint dépendante du charbon et du pétrole… Le dogmatisme se déplaça, on croyait de moins en moins dans les dieux, et de plus en plus dans le progrès. Mais seul Merlin savait que certaines choses n’étaient pas toujours du progrès, car il avait la mémoire que le reste de l’humanité n’avait toujours pas! Remplacer son alimentation par des légumes et des fruits venus d’ailleurs par exemple, était-ce du progrès si on oubliait simplement les plantes qui nous nourrissaient autrefois?

Le progrès était devenu le mot d’ordre, ainsi, il vit aussi l’abolition de l’esclavage; mais pourtant dans les grandes filatures, il fallait des hommes, des femmes et des enfants derrière les machines pour les faire fonctionner… Des hommes, des femmes et des enfants pour descendre dans les mines de charbon plus de dix heures par jour et en remonter sans jamais voir la lumière du jour… Est-ce que l’esclavage avait vraiment disparu? La propagande que les Grecs et les Romains avaient inventée était, elle, toujours bien présente. On vendait de belles idées de progrès qui allégeait les vies et donnaient la liberté et un confort de vie comme jamais… Et malgré tout, ce confort n’était toujours pas accessible à tous. L’égalité n’existait toujours pas. Il vit la folie de la domination du sud à son paroxysme… Il alla visiter la première exposition universelle, et au milieu d’un foisonnement de luxe qu’on vendait au peuple, il vit les zoos humains et pleura longtemps… Il ne supportait pas déjà les zoos il faut dire, tous ces nobles animaux privés de leur liberté pour le divertissement de tous… Mais les zoos humains lui firent vraiment horreur."

***

Ambre : « De quoi ? Des zoos humains, c’est quoi ? »

Le vieux Merlin de la yourte inspira à fond et jeta un coup d’œil à Laure qui hocha la tête tristement en haussant les épaules, pour l’autoriser à répondre.

Il chercha ses mots un moment avant de répondre: «Une grande partie de la population n’avait pas accès à l’image comme aujourd’hui, c’est pour ça que dans les musées, on empaillait les animaux et qu’on en mettait des vivants dans les zoos, pour que les gens qui voyageaient aussi très peu à l’époque sachent par exemple qu’une girafe ou un éléphant ça existe… Comme le commun des mortels s’insurgeait de l’esclavage, on a vendu la colonisation sous la forme de développement… On fit comprendre au «vieux monde» que les pays du Nouveau monde et d’Afrique n’avaient pas de civilisations dignes de ce non, et que leur mission était de les «civiliser» et non de les asservir. Il fallait leur montrer de « vrais sauvages»… Alors, ils sont allés chercher des gens qui ne vivaient pas comme eux et qui ne s’habillaient pas comme eux et ils les ont mis dans des zoos comme des animaux…

Ambre ouvrit des grands yeux de surprise, dégoûtée : Ils ont fait ça ? Mais pourquoi on ne nous apprend pas ça à l’école, ils n’arrêtent pas de nous dire qu’on a un devoir de mémoire, et on ne nous apprend pas ça !

Il inspira à fond : Le dogme de la religion a progressivement disparu de l’éducation oui, mais il a été remplacé par le dogme du progrès…

Elle : ça veut dire quoi, qu’on nous raconte n’importe quoi à l’école ? Mais ça je le savais déjà hein !

Il secoua la tête : Non ça veut dire qu’avant, c’est l’Eglise qui décidait des programme scolaires, et maintenant c’est l’Etat et le dogme du progrès. On ne va pas te dire que de faire de l’eau chaude avec une centrale nucléaire c’est une aberration, on va te dire que c’est le progrès, l’homme a réussi à apprivoiser l’énergie solaire… Tu dois apprendre pour t’élever et lire entre les lignes… L’énergie nucléaire est une démonstration de force face à d’autres pays; mais en vrai l’homme n’a jamais apprivoisé l’énergie du soleil dans ses centrales… C’est de la propagande encore, comme du temps des Romains. Par contre, je suis sûre que tu as des professeurs merveilleux qui aiment leur métier et qui t’apprennent aussi à lire entre les lignes.

Ambre le regarda suffoqué : Pas tous !

Et Merlin lui sourit en lui disant : On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, on n’est pas responsable du choix des autres. »

***

Il vit l’avènement du progrès et cette fuite vers l’avant d’une humanité devenue immense, à la fois amnésique et pourtant capable d’une ingéniosité sans borne… Il avait à la fois de l’amour pour cette humanité et à la fois il en avait peur… Comme on pouvait l’aimer lui et en avoir peur. Merlin était humain!

Il pressentait que cette fuite en avant allait créer des horreurs encore plus incommensurables au 20ème siècle… Car entre tous les dogmes qu'il avait rencontrés tout le long de son existence, l’homme avait oublié la chose la plus importante qu’il soit… Il avait oublié que l’homme n’était qu’un animal qui faisait partie du vivant sur une petite planète perdue dans l’univers.

***

Ambre : «C’est ce que je n’arrête pas de dire à Maman, on est un animal !

Laure explosa: Oh un animal d’accord, d’accord on descend du singe, mais tu as vu ce qu’on a fait ? On a fait de grandes choses…

Il rit doucement: Bien sûr, l’homme s’est élevé, depuis toujours l’homme aspire à s’élever, c’est un animal spécial et magnifique d’ingéniosité; mais il fait quand même partie du vivant… Sans le reste, l’homme ne peut pas vivre… Et sans respect pour l’animal, l’homme oublie d’avoir du respect pour lui, et commence à faire des catégories.

D’abord, on fait de la sélection de lignées, et si untel est « aveugle mental », il a moins de droits…Ensuite, si untel a une certaine couleur de peau ou est né dans un certain endroit, ça justifie qu’on lui enlève sa liberté ; ou si jamais il ne pense pas pareil et ne croit pas au même Dieu, cela justifie qu’on le mette sur un bûcher ; ou pire encore… »

La voix de Merlin devint rauque: "Rien ne peut jamais justifier qu’untel vaut plus que l’autre, on est tous venu au monde avec plus ou moins d’amour et on a des émotions… L’égalité, c’est simplement le droit à la vie. Rien ne justifie qu’il faille éradiquer un loup parce qu’il vit sur le même territoire que nous et chasse la même chose que nous, le loup a des émotions, et un code de vie aussi, et il était là longtemps avant l’humanité, rien ne justifie qu’on tue les dragons, même si ce sont de gros animaux magiques aux émotions incompréhensibles pour nous, ils étaient là avant nous et nous ont toléré sur le même territoire qu’eux… Rien ne justifie qu’on mette des cochons dans un élevage industriel en les empoisonnant pour les faire grossir, on n’est pas obligé de manger du cochon pour vivre et ils ont aussi des émotions… Rien ne justifie ce qu’on fait à ce monde, parce que c’est à nous-même que nous le faisons!"

Merlin s’arrêta pour reprendre son souffle et regarda Laure droit dans les yeux: "Rien ne justifie ça; et Ambre le sait!"

Laure regarda sa fille avec un certain malaise, quelque chose qu’elle ne voulait pas comprendre.

Ambre regarda Merlin : « Et le 20 siècle alors, il a vécu ça comment ?

Il baissa la tête et resta ainsi un moment avant de dire très bas: C’est le siècle de la folie des Hommes et aussi pour Merlin. » Puis il se tut vraiment longtemps.

Laure hoqueta, elle eut l’impression que ses lèvres ne bougeaient pas et pourtant elle l’entendait.

Il se leva pour se dégourdir et fit le tour de la yourte, puis revint près d’elles pour les regarder… «C’était le siècle des plus grands espoirs les plus fous… J’y ai vraiment cru aussi!»

Ambre hoqueta.

«Plus d’esclavage et des pays entiers qui gagnent leur indépendance… J’y ai vraiment cru! Je croyais vraiment avoir vu ce que les Hommes avaient de pire…»

Ses larmes coulaient vraiment beaucoup…Il inspira puis continua à la première personne.

«L’ère de l’industrialisation est le sommet de l’oubli de l’Homme. J’ai vu ce monde s’abîmer lentement sous mes yeux sans que personne ne trouve ça anormal, le smog de Londres c’est de la bibine à côté du réchauffement climatique… Oh oui, je l'ai vu, l’avènement de l’anthropocène et je dois dire que je n’ai pas aimé ça… J’ai continué à m’accrocher à ma famille dans le fol espoir que l’un de mes descendants ait quelque chose à me dire, tout en respectant que certains de ceux-ci fassent des choix de vie qui ne plaisent pas; je les ai vus perdre lentement leur donnas, pas parce qu’ils ne croyaient plus en la magie, non… Mais simplement parce qu’ils perdaient pied avec le vivant et que c’est le vivant qui nous donne la magie… Sans contact avec le vivant, on perd les pouvoirs ; c’est aussi simple que ça.

J’ai vu l’industrialisation de la guerre, deux fois, d’abord en visions, puis je l’ai vécue…»

De l’horreur passa dans ses yeux…

Ambre regardait alternativement sa maman et Merlin, et Laure ne semblait pas se rendre compte du changement de narration de Merlin…

Il continua: «Oh, des inventions extraordinaires qui auraient dû rapprocher les Hommes entre eux: la radio; le cinéma; la télévision… La culture pour tous et pourtant la culture se perdait; plus personne n’avait de légendes à se raconter le soir entre voisins ou en famille… Plus les inventions étaient censées rapprocher les Hommes, plus ils s’éloignaient les uns des autres et se détachaient dans leur bulle d’individualité… Le téléphone, le fax, Internet… L’individualisme n’est pas un progrès, c’est l’acceptation de l’égalité qui l’est… Vouloir toujours plus pour soit, sans savoir qui l’a fabriqué et dans quelles conditions… J’ai les mêmes incohérences que vous, je bois toujours mon thé, et je mange mes olives affrétées par avion… Et pourtant je sais que le label «fairtrade» dessus est un beau packaging… Je ne suis pas meilleur que vous non; je suis plus humain juste parce que j’ai la mémoire! Et c’est difficile de voir les mêmes erreurs recommencer sans cesse… Vous vivez à cent à l’heure et vous laissez vos vieux sur le côté parce que vous n’avez plus le temps de rien, ils sont le garant de la mémoire !

J’ai vu le Moyen-Orient se déchirer sans fin dans des guerres de religion… L’Orient, une civilisation si avancée, j’ai tellement aimé cette civilisation… Mais exsangue par les guerres et les famines, cette civilisation s’est enfermée aussi dans ses dogmes… L’Afrique, le beau continent d’Uzima dont nous venons tous, victime de la colonisation qui a essayé de remplacer sa propre civilisation par la nôtre, juste victime d’avoir des richesses si convoitées… Le Nouveau monde, si riche en vie, et en espoirs les plus fous de liberté ; s’octroyer la liberté d’asservir parce que devenu dépendant du pétrole… Le bloc russe… Ho le bloc russe, une si belle idée si simple… Le partage pour tous; dévoyé par la prise de pouvoir!

J’ai vu la Première guerre mondiale et les tranchées où les gens n’étaient plus que de la chair à canon, j’ai continué à soigner… La science a fait de grands progrès oui, mais d’abord pour asservir son prochain avant d’en faire une application qui pouvait rendre service... Le gaz moutarde, le gaz orange…"

Son regard partait dans le vague, il semblait avoir la nausée…

"Après, on les a mis au service de la révolution verte…" Il explosa de rire: "Des armes de destruction massive pour nourrir les plantes qui se nourrissent seules depuis la nuit des temps; tout ça parce qu’à la fin de la guerre, c’était là et qu’on savait les fabriquer… Alors on a cherché quoi en faire… C’est quoi la différence entre des pesticides qui bousillent ce monde et notre nourriture et la guillotine? Aucune des gens ont eu une belle idée à vendre et ils l’ont vendue… Ça tue mais ce n’est pas grave ; c’est du progrès !

J’ai vu l’ancien monde commencer à se déchirer car le partage des richesses incommensurables s’accumule dans une tranche toujours plus petite de la population… On nous a fait croire que le progrès élevait les masses populaires mais c’est faux, les famines et les guerres sont toujours là !

J’ai vu mon point Godwin de l’Histoire… Je l’ai vu en personne.

Ambre : C’est quoi un point Godwin ?

Laure émit un cri de surprise : C’est le point de la conversation quand ça dérive sur Adolf Hitler.

Ambre : Tu l’a vu ? »

Il émit un cri de rage et Ambre entendit gronder le tonnerre et elle attrapa le même tic qu’Hermine et Arthur en l’entendant…

Ambre : «Merlin ? Ça va ?

Il leva un regard sans âge sur elle, perdu dans ses souvenirs: L’Allemagne était en crise économique, la crise de 36 l’a mise à terre, et comme elle produisait du charbon on l’a mise sous tutelle... Un peu comme la Grèce aujourd'hui! »

Il hurla encore de rage et l’orage grondait sourdement : «Il était perdu, sa donna d’empathe l'handicapait, il aurait voulu devenir artiste, mais n’en avait pas le talent… Il commença à fréquenter des gens qui lui vendirent de la haine… Et comme il souffrait il a fait comme Guilhem, il est tombé à pieds joints dedans!

Ambre : Quoi ? Il avait des donnas comme toi ? »

Laure regarda sa fille et commença à comprendre lentement ce qui la chiffonnait dans le récit… Le changement de personne de narration…

Il ne la vit pas, il regardait Ambre en essayant de retenir un haut le cœur: «C’est quelqu’un de ma famille oui !

Ambre émit un cri de surprise qui la fit presque hurler : Quoi ?

Merlin : Au début, il se lança dans la politique, mais pas grand monde ne le suivait, il était aller chercher le tristelle des druides pour en faire le symbole de son parti haineux… »

Merlin acheva sa phrase presque dans un sanglot…

«Puis, quand le pays a été sous tutelle, la population s’est trop appauvrie et la haine s’est répandue comme une traînée de poudre… J’étais en Russie à ce moment-là, j’ai vu les pogroms… J’essayais… J’essayais encore de précéder les visions. Alors les gens ont voté pour lui; oui démocratiquement… Mais il n’a pas respecté le contrat… »

Il avait encore des hoquets de dégoût.

«Quand je suis rentré en Europe, j’ai découvert avec tout le monde l’industrialisation de la mort, on ne mettait plus les gens sur des bûchers, non… On les a mis dans des chambres à gaz et dans des fours…

Je me suis senti responsable de lui, parce que c’était mon descendant, il perdait la guerre et je suis aller le trouver… Je lui ai expliqué qui il était et qui j’étais et il s’est suicidé dans son bunker, à mon contact, sa donna d’empathie s’est révélée et il a compris l’horreur de ce qu’il avait fait ! »

Laure avança lentement le bras vers sa fille…

«J’étais malade de dégoût, et après la guerre, je ne voulais plus rien faire. Médecin: je ne me reconnaissais plus dans leur médecine… Enseigner: je n’en avais plus le goût non plus, je doutais que le savoir élève qui que ce soit avec l’oubli… Comme j’avais un savoir des langues archaïques, on m’a enfermé dans un musée, et j’ai traduit… J’espérais rendre la mémoire… Petit à petit, mes pouvoirs s’émoussèrent, je vivais en ville… Je perdis presque tous mes pouvoirs, j’entendais juste encore Arthur.

Dans les années soixante, ils ont trouvé une lettre qui peut-être démontrait que le roi Arthur de la légende avait existé, ils ont été nombreux les archéologues à chercher après… Ils me l’ont donné à traduire… »

Laure secoua le bras d’Ambre et demanda tout bas : « C’est comment son nom gaélique déjà ? »

Ni Ambre ni Merlin ne firent attention et il continua…

«C’était bien une lettre qui datait du royaume de Camelot… Écrite dans le royaume de Camelot; à Ealdor plus précisément…

Ambre hurla presque : Un lettre de qui, une lettre de quoi ?

Il vacillait et se raccrocha au dossier de la chaise: C’était un lettre de Guilhem…"

Ses larmes ne tarissaient plus...

"Il m’avait écrit personnellement, c’est comme ça qu’on avait rattaché la lettre à la légende… Il m’avait adressé sa lettre de suicide en espérant que je la trouve un jour… Il… Il me disait qu’il avait eu les donnas sur le tard, parce qu’il avait fait un déni à cause de la peur qu’on lui inspirait, qu’il avait compris qu’il avait mal agi, qu’il m’aimait et qu’il avait fait ce qu’il fallait pour Hermine…

La main de Laure restait accrochée au bras d’Ambre qui demanda: Il a fait quoi pour Hermine ?

Lui, perdu dans la douleur, mit un moment à répondre: Je ne sais pas… Le parchemin était abîmé, on ne savait pas lire la suite…»

Il inspira profondément pour essayer de se ravoir mais ce n’était pas concluant: «Je… Je ne sais pas ce qui est le plus dur; ne pas savoir… Ou savoir… Je suis sorti du musée comme un somnambule; je ne sais pas trop comment en fait, mais j’étais à genoux dans la rue et c’est comme ça que les gens m’ont trouvé… En état de choc, j’avais retrouvé mon vrai visage, et on m’emmena à l’hôpital… De là ils m’ont interné…"

Laure commença à tirer sur le bras de sa fille pour la ramener vers elle.

Il ne redressa pas la tête et continua: «Je me suis réveillé dans un lit, complètement abruti par les drogues, mes pouvoirs émoussés depuis un moment, je ne savais rien faire… Ils ont voulu savoir qui j’étais pour retrouver ma famille… J’avais Arthur qui hurlait dans ma tête de ne rien leur dire… Je ne pouvais pas me défendre avec des décharges, et j’étais vraiment abruti par le choc et la drogue… J’ai fini par leur dire qui j’étais… Qui j’étais vraiment !"

Laure amena sa fille dans ses bras et essaya de se lever de sa chaise…

«On m’a expliqué que j’étais schizophrène et que j’avais des hallucinations, on m’a expliqué qu’Arthur n’était qu’une construction de mon subconscient malade… Je les ai crus, c’était tellement confortable de ne plus avoir une vie si longue en ayant vu tellement…Je suis vraiment devenu fou !

Laure se leva en prenant sa fille dans ses bras, celle-ci se débattait, elle recula avec: Et maintenant tu crois quoi? »

Merlin la regarda puis inspira profondément, il se redressa de toute sa hauteur et son regard devint froid, sévère et autoritaire, ses yeux plongés dans l’ombre avaient l’air noir, et d’une voix à l’intonation presque de commandement il dit: «Je crois que je ne vieillis pas ! »

Laure vit un éclair doré éclairer l’ombre qui cachait ses yeux, et elle le vit rajeunir sous ses yeux… Son cœur rata un battement… Elle ne put que hurler… Ambre se libéra et sauta dans les bras de Merlin en criant : « Papy !

Elle l'agrippa de toutes ses forces : Je suis désolée, je suis vraiment désolée…

Il la serra fort aussi : Je sais Ambre… Je sais, merci ! »

Laure tremblait de tous ses membres, elle essayait de rester debout…

Il la vit et posa la petite par terre : «Il faut de la tisane calmante, vite ta maman est sous le choc…

Laure secoua sa tête et essaya de parler, au début rien ne sortit, puis finalement: C’est pas possible… C’est pas possible…»

Il s’affaira à lui faire une tisane avec du tilleul, de la fleur d’oranger et de camomille… Il demanda à Ambre d’aller chercher vite une couverture…

Il eut le temps d’asseoir Laure avant qu’elle ne s’écroule par terre, le temps que la bouilloire électrique chauffe, puis alla lui faire son infusion…Ambre arriva très vite aussi et lui mit une couverture sur les épaules.

Laure n’arrêtait pas de répéter «C’est pas possible »…

Il lui mit la tasse chaude dans les mains et Ambre la regarda, inquiète…

La petite: «T’y as quand même pas été avec le dos de la cuillère, c’est malin, c’est elle qui pète un plomb maintenant…

Il inclina la tête, l’air de dire «hé»: Je suis désolé, Ambre, j’ai fait ce que j’ai pu, je lui parle dans le langage depuis au moins trois quarts d’heure, mais le déni est vraiment très fort chez elle.

Elle secoua sa maman : ‘Man ? 'Man ça va ?

Laure répétait encore : C’est pas possible !

Ambre : C’est malin, qu’est-ce qu’on fait maintenant on l’interne ?

Il explosa de rire : Non sûrement pas. » Puis il lui fit un clin d’œil : « J’ai un truc de magicien ne t’inquiète pas. »

Il posa sa main sur le front de Laure et ferma les yeux.

Laure s’anima : «Oh c’est quoi ça ?

Il lui sourit : Des pensées douces.

Elle sourit aussi : Oh punaise, ça apaise oui ! »

Il explosa encore de rire, puis il se calma et regarda Ambre avec un regard d'excuse, puis sa maman: "Je m’excuse Laure, d’avoir brusqué les choses; c’est dur pour moi de raconter tout ça !

Elle: Ça je l’ai ressenti hein, j’étais captivée de te voir vivre ton récit! Pourquoi est-ce que je ne me barre pas en courant, tu m’as jeté un sort ? »

Il sourit encore et se rendit compte qu’elle le tutoyait, il ne savait pas depuis combien de temps: "Tu as un grand pouvoir d’empathie Laure, peut-être même plus puissant que celui d'Hunith…

Laure : J’ai des pouvoirs ? »

Merlin s’assit sur la chaise à côté d’elle, et Ambre mit ses bras autour des épaules de sa mère.

Il lui dit télépathiquement : « Bonjour Laure, tu as le langage aussi.

Elle : Je t’entends dans ma tête...

Il hocha la tête : Oui, depuis au moins trois quarts d’heure, très puissante aussi la télépathie chez toi.

Laure : Je suis…Une sorcière ?

Lui toujours souriant : Très puissante oui. »

Elle se tut un instant, Merlin et Ambre attendirent; puis: «Comment es-tu sorti de l’hôpital psychiatrique ?

Merlin secoua les épaules : Oh il m’ont gardé des années, j’étais vraiment un cas d’école… Je crois d’ailleurs qu’un de mes psychiatres a sorti un livre sur les plantes médicinales et a changé de métier… »

Elle explosa de rire nerveusement.

Lui: «Bref, quelques années après ils m’ont rendu à la société avec l’étiquette «schizophrène stabilisé».

Ambre : Et après ?

Il souriait, le regard un peu perdu dans le vague de la nostalgie : Je me suis retrouvé sur les barricades en plein Paris en train d’écouter les Doors… J’aime bien Jim Morrison, il a un côté chamanique.

Laure explosa encore de rire : Mai 68 ?

Lui, souriant et au bord du fou rire: Aaah, le soulèvement du peuple avec ses drôles d’idées saugrenues : Sous les pavés la plage, il est interdit d’interdire…

Elle était écroulée de rire : Faites l’amour pas la guerre…

Il inclina la tête : Oui, ça m’a fait énormément pensé au temple de Shiva ça…

Laure n’en pouvait plus, elle était pliée : Merlin l’enchanteur sur les barricades en mai 68 !

Il secoua les épaules, un vrai tic: J’aime l’euphorie du peuple qui se soulèvent.

Laure : Tu n’avais plus de pouvoirs ?

Merlin : Ni d’identité, ils n’ont jamais retrouvé la famille du jeune homme qu’ils avaient appelé Riss.

Ambre : Et alors ?

Lui : J’étais sur les barricades, de là je suis parti dans une communauté dans un van wolksvaguen recouvert de jolies peintures de fleurs…

La petite : Comme celui de «Cars » qui se dope à l’éthanol ?

Il rit encore : Oui.

Laure : C’est pas possible... Le gros cliché de la mort qui tue… Hippie... Merlin hippie ! »

Ambre explosa de rire devant l’expression de sa mère.

Il souriait, et secoua la tête pour faire mine qu’il était vexé: «Pourtant c’est comme ça, j’ai rejoint une communauté, et avec le contact de la terre et du vivant, j’ai retrouvé mes pouvoirs, un Arthur qui boudait parce que j’étais vraiment devenu fou… et ensuite j’ai retrouvé ma vraie identité…

Elle repartit dans un fou-rire… Puis : Mais alors quoi ? Ils se droguaient vraiment beaucoup ?

Il rit aussi : Holà certains vraiment beaucoup, moi je n’aimais pas, j’avais eu ma dose à l’hôpital, bien que des fois respirer certaines fumées, comment dire… »

Laure explosa encore de rire…

Ambre : «Mais c’est mal ?

Merlin: Oh oui Ambre, c’est très mal, c’est là que j’ai soigné mes premières overdoses… Beaucoup sont morts.

La maman : Et après la communauté ?

Lui : Il n’y a pas d’après la communauté ; je suis resté dans les communautés jusque maintenant !

Laure : Quoi ? Mais je croyais que ça ne marchait pas ?

Il rit encore : Si c’est comme la démocratie participative, la vie en communauté ça marche… Bon ça a beaucoup évolué depuis, c’est plutôt des habitats groupés maintenant, il y en a de toutes sortes, et beaucoup sont comme moi et ne les ont pas quittés depuis mai 68, les idées saugrenues ont continué de courir… Le respect du vivant, par exemple.

La maman : L’écologie ?

Lui : J’aime l’écologie, la vraie, pas celle qu’on nous vend aux élections.

Laure secoua la tête en souriant : C’est vrai que des fois tu dis des choses naïvement.

Il prit un genre offusqué puis lui sourit : Tu as les yeux de Balinor, le même regard que Chaton ! »

Elle fut surprise par le changement de conversation, puis l’examina sous son apparence jeune et se rendit compte d’un coup que sa fille avait exactement les mêmes yeux que lui.

Elle : « Tu es notre ancêtre ? »

Il hocha la tête.

Laure : «C’est perturbant comme rencontre !

Ambre : Je ne te le fais pas dire !

La maman inclina la tête malicieusement : Maintenant que j’y pense oui… Cousin Gérard avait des oreilles comme ça avant de se faire opérer…

Il s’offusqua un peu : Bande de sagouins… J’aime mes oreilles ! »

La petite donna une tape amicale à sa mère.

Laure : « Arthur n’est jamais revenu alors ? »

Il fit non de la tête.

Elle : « L’arbre généalogique à l’envers ; tu as continué ? »

Il hocha la tête, se leva pour aller chercher son ordinateur qu’il brancha à un disque dur et ouvrit un programme. Il tourna l’écran vers Laure qui cligna des yeux devant l’énormité du travail; elle fit scroller la souris sur des milliers de pages couvertes de milliers de noms.

Elle sortit encore : « C’est pas possible… Il y en a combien c’est énorme ? »

Merlin secoua la tête sans répondre.

Laure : « Tu as repeuplé la planète ou quoi ?

Il explosa encore de rire : Non pas 7 milliards il ne faut pas exagérer…

Elle : Il est complet ?

Lui : Jamais, il y a toujours quelqu’un qui naît quelque part.

Elle : Pourquoi l’as-tu fait ?

Il inspira : Au début, je cherchais surtout mes enfants, même s'ils n’était plus là, c’était une trace d’eux… Puis petit à petit, c’est quelque chose qui m’a empêché de devenir comme le Roi-pêcheur; ça m’a forcé à voyager, à ne pas m’enfermer dans une tour. Et puis c’est mon côté humain ; c’est ma famille…

Ambre qui regardait par-dessus l’épaule de sa mère : Bonjour la facture quand t’invite tout le monde à Noël!»

Il repartit dans un fou rire, il adorait la spontanéité de la petite.

Laure en montrant l’écran : « Alors personne de tout ça n’a rien à te dire ?

Il sourit en regardant fixement Laure dans les yeux : Si… Laure ça fait près de mille ans que j’attends ta fille ! »

Elle poussa un cri de surprise en attrapant les bras de sa fille qui étaient toujours autour de ses épaules.

Il regarda la petite: «Tu es spéciale Ambre, tu m’as rejoint il y a mille ans déjà, et je te retrouve un jour ici, mon cœur a failli s’arrêter la semaine dernière quand je t’ai vue…

Laure : Attend comment ça il y a mille ans ?

Elle était pliée en deux : Oh pour moi ça ne fait qu'un an hein. »

Sa maman écarquilla les yeux.

Lui : «Oui, la demoiselle de l'initiation c'est ta fille.

Laure : Attend ? L'année dernière quand je t'ai perdue aux ruines du...Oh c'est pas possible. »

Merlin et Ambre essayaient de ne pas rire.

Elle regarda sa fille : « Attend tu as des pouvoirs ?

Ambre télépathiquement : Tu m'entends là ?

Elle pâlit : C'est pas possible.

Merlin dut encore refréner un rire: Oui une sorcière très puissante aussi ta fille….» Puis il regarda la petite : «Pourquoi est-ce que tu plantes des arbres, Ambre ?

Laure : Tu plantes des arbres ?

Ambre : Hein? Ben c’est comme dans le dessin animé « l’homme qui plantait des arbres», je restitue ce que je prends à la planète; quand on a planté un arbre on n’a pas perdu sa vie ! »

Il souriait, il avait presque les larmes aux yeux tellement il était ému : « La donnas originelle des dragons dans son expression la plus pure.

Ambre : Depuis que je sais que je communique avec le chat, j’essaye d’avoir les pensées douces de Chaton tu sais… Mais elles ne sont pas douces. Ils souffrent beaucoup.

Laure : Qui souffre ?

La petite : Les animaux, les arbres… Je suis rentrée en contact avec un dauphin pris dans un filet dérivant, je suis rentrée en contact avec un albatros qui étouffait à cause du plastique qui lui remplit le ventre, l’arbre lui a soif… Pleins comme ça…

Il s'assombrit : Je suis désolé Ambre.

Laure : Qu’est-ce qu’on a fait ?

Ambre : Albion c’est quoi ? Ça peut guérir ça ?

Merlin : Je ne sais pas, j’aimerais bien le savoir…

Arthur : Albion, c’est le partage du pouvoir, le pouvoir c’est la richesse… Après c’est à vous de guérir ça!

Laure : Mon Dieu c’est Arthur ?

Ambre : Comment on fait pour guérir ?

Arthur : Comme tu fais Ambre, tu plantes des arbres pour rendre ce qu’on t’a donné… Vous restituez ce que l’on vous donne!

Merlin : Le vivant est résiliant, les plantes guérissent.

Arthur : Ne l’oubliez pas parce que moi je ne m’en souviendrai plus, Albion: c’est aussi et surtout la fin de l’oubli! »

Le sorcier était ému aux larmes et se passa les mains sur le visage: "Tu as quelque chose à me dire à propos de l’énigme du Vénérable, Ambre ?

Elle le regarda, stressée d’un coup : Ben je ne sais pas, tu peux me redire l’énigme ?

Merlin : Je dois écouter ma famille. »

Ambre regarda l’arbre généalogique sur l’ordinateur puis secoua la tête pour dire qu’elle ne savait pas.

Il baissa la sienne, abattu.

Ambre télépathiquement : « Ben tu nous entends avec le langage ?

Il redressa sa tête d’un coup, avec des grands yeux surpris, il parut étonnamment jeune aux yeux de Laure à ce moment précis : « Ça ne peut… Ça ne peut pas être aussi simple ? »

Il se leva, fit les cent pas dans la yourte et explosa d’un rire étonnamment sonore… Un rire qu’elles n’avaient pas encore entendu, pourtant en dehors de ses épisodes de mélancolie, il riait énormément… Elles entendirent un fou rire mémorable de Merlin.

Il prit plusieurs minutes pour se ravoir: «C’est vraiment si simple? Oui je vous entends, je vous écoute tous; tous ceux qui ont le langage… Arthur, j’ai trouvé comment fonctionne le portail… »

Et il repartit dans son fou rire mémorable… Puis il fonça droit sur Ambre pour la prendre dans ses bras : « Tu es étonnante jeune Ambre, tu es juste étonnante ! »



Fin de la deuxième partie.


macrale  (17.03.2015 à 02:09)

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Un si grand Soleil, S06E162
Mardi 30 avril à 20:45
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Demain nous appartient, S07E176
Mardi 30 avril à 19:15
2.52m / 16.8% (Part)

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Les bracelets rouges (2017), S05E06
Lundi 29 avril à 22:10
2.39m / 15.2% (Part)

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NCIS : Hawai'i, S03E09
Lundi 29 avril à 22:00
5.07m / 0.3% (18-49)

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Les bracelets rouges (2017), S05E05
Lundi 29 avril à 21:10
2.58m / 12.7% (Part)

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Death In Paradise, S13E06
Lundi 29 avril à 21:10
3.75m / 18.5% (Part)

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Au programme de ce mercredi

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Audiences US - Bilan du 20 au 26 avril

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Au programme de ce mardi

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Le mois se termine, de même que certaines saisons de vos séries préférées. Heureusement, en ce mardi...

HypnoRooms

sabby, Hier à 11:08

Hello à tous !! Les calendriers sont arrivées à Yellowstone et au SWAT On vous attend

Sonmi451, Hier à 11:33

2 thèmes Gilmore Girls vous sont proposés, entre eux mon cœur et ma tête balancent, vos votes sont donc décisifs. RDV dans préférence, merci.

Aloha81, Hier à 12:16

Aloha ! Nouvelle PDM et le nouveau calendrier est arrivé sur le quartier Magnum P.I. !

Aloha81, Hier à 12:17

Sachez aussi que vous pouvez toujours voter au sondage !! Bon 1er mai à tous !

ShanInXYZ, Hier à 17:45

Nouveau mois sur le quartier Doctor Who, calendrier, PDM, Sondage, Survivor et toutes les infos sur la saison qui arrive, passez voir le Docteur

Viens chatter !

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