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Jeunesse et protection des mineurs
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Série : Castle
Création : 25.01.2017 à 11h51
Auteur : ArthurRrr
Statut : Terminée
« Je me lance, j'espère que cela vous plaira. L'histoire se déroule au cours de la saison 4 » ArthurRrr
Cette fanfic compte déjà 20 paragraphes
Chapitre I
Cela faisait quelques mois déjà qu’elle avait quitté Josh mais Kate n’arriverait sans doute jamais à se faire à ce grand lit froid. Ce n’était pas véritablement Josh qui lui manquait mais la sensation de se réveiller à côté d’un corps chaud qui l’enlacerait.
Malgré le fait que ce soit son jour de repos, elle quitta sa couette de bonne heure et décida d’aller courir. Courir pour échapper à toutes ses obligations, oublier l’affaire de sa mère et surtout oublier Castle. Comment pouvait-il autant accaparer ses pensées ? Elle se couchait en repensant à ses lèvres, ses yeux, ce côté enfantin qui n’était qu’une façade pour cacher la personne sensible et attentionnée qu’il pouvait être.
Avec cette heure matinale, New York semblait quelque peu différent. La ville était pratiquement déserte. Elle arpenta les allées de Central Park, seule face à elle-même. C’était ce qu’elle aimait dans la course. Elle était seule ! Aucun compte à rendre, aucun besoin de se justifier. Juste le bruit de ses pas sur l’asphalte et sa respiration erratique. Elle n’avait pas besoin de se regarder dans une glace avant aller courir. Ses efforts ne seraient pas plus simples si elle portait une tenue plus sexy ou un brin du rouge à lèvre.
Au bout d’une heure, le souffle commença à lui manquer. Elle s’étira à l’aide d’un banc à la sortie du parc et marcha jusqu’à son appartement. Il était 8 heure passé, 9h à peine et la Grosse Pomme ressemblait déjà à une véritable fourmilière.
Beckett fit couler un bain et plongea ses longues jambes dans l’eau bouillante. Elle courait, sans doute, pour cela aussi ! Sentir l’eau décontracter chaque centimètre de son corps musclé à la perfection. Elle ne demandait rien de plus, un bain et un bon livre.
La matinée passa rapidement mais le calme ne fut que temporaire. Elle était assise dans son canapé lorsque son téléphone sonna… un meurtre.
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Il était là devant l’immeuble tenant deux cafés, un noir serré pour lui et un latté avec deux doses de vanille pour elle. Il était là comme chaque jour depuis quatre ans, exceptés les jours de paperasses mais comment l’en blâmer, elle aussi préférerait fuir plutôt que de remplir les rapports.
Ses yeux ne pouvaient s’empêcher de le chercher et de le fixer du regard. Il était tiré à quatre épingles comme d’habitude, un jeans clair et un manteau bleu nuit avec le col relevé. Il portait une barbe de trois jours qui le rendait diablement sexy. Et voilà ! Elle le dévorait sans retenue, comme si le monde autour n’existait plus. Mais lorsque l’émeraude rencontra l’azur, elle sentit ses joues rougirent et écourta sa rêverie.
Elle montra son badge à l’officier Jones et passa le fameux ruban jaune. Le même que celui qui l’avait projetée dans ce monde injuste un peu trop rapidement, il y a pratiquement 14 ans maintenant. A chaque fois, elle se remémorait cette soirée. Le retour du restaurant accompagné par son père, et la déception que sa mère est encore préférée un inconnu à sa propre famille. Puis l’annonce de Raglan et la douleur dans sa poitrine à ce moment là. Cette soirée… où elle avait cessé de vivre…
Suivit de Castle, elle entra dans l’appartement. Il était immense, sans doute un peu trop à son goût. Le mur vitré en face de la porte d’entrée permettait une vue imprenable sur Central Park. Le loft semblait chaleureux et paisible mais comme pour créer un contraste, il y avait cette femme en soutien-gorge attachée sur une chaise au milieu d’une grande étendue de sang. Ses poignets et ses chevilles étaient maintenus par du scotch.
Castle ne put s’abstenir de repenser à l’expérience qu’il avait menée quelques années auparavant en se mettant dans la peau de Nikki Hard. Sauf que cette fois, ce n’était pas un jeu et ce réalisme le fit déglutir difficilement.
La pièce paraissait glaciale, cette scène lugubre aurait très bien pu appartenir à l’un des romans de l’écrivain. La jeune femme portait un bâillon, et ses yeux pouvaient encore vous transmettre sa peur. Elle avait la lèvre inférieure fendue, l’épaule gauche déboîtée et une entaille ensanglantée au niveau du foie. Kate était habituée, ce n’était pas sa première scène de crime mais elle ne pouvait s’empêcher de penser à la souffrance de cette femme. Aucun Homme sur cette Terre ne mériterait de finir comme ça…
Beckett déplia précautionneusement le bout de papier plié en 8. Il était taché par des gouttelettes de sang à certains endroits. L’écriture était manuscrite et semblait masculine. Elle prit une grande inspiration et commença la lecture.
« Bonjour Lieutenant,
Si vous lisez cette lettre, ça veut donc dire que vous avez trouvé mon cadeau. De l’art, n’est-ce pas ? A la fois léger mais puissant, sensible mais agressif…
Vous êtes le meilleure flic de New York paraît-il, alors accepterez-vous mon défi ?
Bien-sur que vous l’accepterez… Comment ne pas rendre justice à une famille dont l’existence va être transformée, dont la vie s’arrête aujourd’hui ? Dont les moments de joie ne seront plus qu’un lointain souvenir ! Une famille comme la votre Kate…
Quoi de plus dure que de vivre sans savoir, d’être chaque jour dans la même ignorance que la veille. D’être incapable de trouver la vérité sur ce qui vous touche le plus dans votre vie ! Car on n’oublie jamais un événement pareil, on essaye juste de vivre avec, n’est ce pas ?
A très bientôt, j’espère... »
Elle n’avait pas été écrite dans la précipitation, chaque terme était choisi après mure réflexion. Kate semblait hypnotisée par chaque mot. Chaque fin de phrase lui laissait imaginer les rires sadiques du meurtrier en écrivant cette lettre. Comment cette personne pouvait-elle en savoir autant sur elle ?
Lanie la sortit de sa stupeur.
Puis elle finit par lui tendre la lettre. Plus ses yeux descendaient sur le papier, plus la colère de l’écrivain montait en flèche. Ses doigts serraient de plus en plus fort la feuille. La terre semblait s’écrouler sous ses pieds, Kate était devenue sa raison de vivre et il n’accepterait jamais qu’un dégénéré s’en prenne à elle.
Elle ne l’avait pas quitté des yeux. Ce qu’elle y lisait faisait naître en elle un sentiment contradictoire. Elle trouvait très agréable de sentir qu’il tenait à elle au point de maudire un homme qu’il ne connaissait pas. Mais d’un autre côté, il était capable d’agir imprudemment quand ses proches étaient en danger… Elle ne voulait pas le perdre par excès d’orgueil. Elle n’y survivrait pas ! Elle finit par poser sa main sur son avant-bras ce qui le calma presque instantanément.
L’équipe de médecine légale mettait le corps dans un sac mortuaire alors que Kate et Castle regagnaient la rue et son agitation. Encore sous le choc, Beckett monta dans sa voiture, côté conducteur évidemment, sans décrocher un mot. L’écrivain s’assit côté passager, pas beaucoup plus bavard. La tête appuyait contre la vitre, il regardait les arbres, légèrement blanchis par la neige, qui défilaient.
Sa propre conclusion lui avait donné des frissons, mais il fallait être réaliste ce ne serait pas la dernière victime. La lettre était sans appel…
Chapitre II
Déjà, deux heures que Beckett était assise à son bureau. La victime s’appelait Sarah Moore, elle avait 38 ans, mariée depuis huit ans et sans enfant.
Castle à ses cotés ne pouvait détourner son regard d’elle. Beckett semblait inébranlable, pourtant à travers cette lettre, cet homme touchait à ce qui comptait le plus pour elle. Elle devait forcement être bouleversée mais elle ne cillait pas, ne laissant rien transparaître.
L’écrivain la trouvait tellement envoutante quand elle réfléchissait. Les lèvres légèrement ouvertes comme offertes pour un baiser langoureux, ses mains jouant avec son stylo ou ses cheveux qui ondulait librement sur ses épaules. Tout chez elle, l’appelaient à la luxure. Il mourrait d’envie de sauter ce bureau, de passer sa main dans ses cheveux et de l’embrasser jusqu’à l’hypoxie. Mais ils étaient au poste et elle lui aurait surement collé une balle entre les deux yeux pour une telle audace.
Ryan et Esposito sortirent de l’ascenseur plutôt satisfait de leur enquête de voisinage ce qui n’échappa pas à Castle.
Beckett secoua la tête en roulant des yeux mais ne put retenir un sourire en pensant que cette histoire était plutôt bonne. En se mordant la lèvre inférieure, elle pensa que c’était précisément pour cette raison qu’elle était fascinée par cet homme, il avait une imagination débordante.
Dring…
A la morgue
Le duo atypique déambulait dans les couloirs de la morgue. Comme à leur habitude, ils étaient d’un silencieux terrifiant. Personnes… Juste des ombres en blouses blanches… Castle déglutit difficilement en poussant les portes battantes de la salle d’autopsie.
L’écrivain se rappelait de chaque mot, chaque point, chaque interrogation qui renforçaient l’effet d’intimidation. Que cherchait-il à prouver au fond ? Qu’espérait-il vraiment en écrivant une lettre d’un tel sadisme ?
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Beckett et Castle était dans l’ascenseur pour retourner à l’étage de la criminelle. Elle fuyait le contact visuel, elle avait porté une main au niveau de sa chaîne et jouait avec la bague de sa mère. C’était devenu un reflexe quand elle était tracassée. Ainsi, elle se souvenait de la raison qui l’avait poussée à se battre pour cette plaque.
Kate ne pouvait s’empêcher de repenser à cette lettre. Aux mots employés, il la connaissait excessivement bien et avait appuyé là où ça fait mal.
Castle cherchait quelque chose à dire. Mais il ne voulait pas lui redemander si elle allait bien puisqu’il avait eu sa réponse à la morgue et puis Kate lui aurait surement cassé les deux jambes s’il osait aborder le sujet de sa vie privée. En même temps, ce n’était plus vraiment privé maintenant ! De toute manière, il tenait beaucoup trop à la vie pour tenter quoi que ce soit.
Même si elle ne regardait pas, elle sentait que les questions se bousculaient dans la tête du romancier. Quand il était tiraillé, il passait d’une jambe sur l’autre, il regardait sa montre sans vraiment y lire l’heure ou il passait nerveusement une main dans ses cheveux. Pour un œil étranger, cela serait passé inaperçu mais elle le connaissait beaucoup mieux qu’un simple étranger !
Cependant, il ne disait rien… Lui laissant du temps comme toujours. Il lui avait accordé les trois mois après la fusillade. Castle lui avait avoué ses sentiments, il lui avait dit qu’il l’aimait et elle l’avait rejeté en prétendant l’ignorer ! Mais il avait attendu et était revenu sans jamais y faire référence. Préférant la laisser venir à lui et pour ça elle lui en serait éternellement reconnaissante.
En arrivant à leur étage, ils furent, tout de suite, interpellés par Esposito.
Castle se dirigea vers la salle de repos pour y préparer deux cafés. Beckett le regardait discrètement, même dans une tâche aussi commune, il dégageait un charme fou. Elle laissa ses yeux descendre le long de son corps et se mit à contempler ses fesses.
Dans un immeuble sur Park Avenue
Ryan et Esposito se trouvaient devant Moore&Evans. Ils entrèrent dans le bâtiment puis prirent l’ascenseur pour le dernier étage. Lorsque les portes s’ouvrirent, ils furent surpris de constater que toutes les cloisons étaient vitrées. Les deux lieutenants se seraient crus dans cette attraction de la fête foraine, où il faut trouver la sortie du labyrinthe.
L’irlandais annonça leur présence mais il n’y eu aucune réponse. Leur attention fut accaparée par des bruits émanant du bureau du mari de la victime. A l’inverse de ceux de ses collaborateurs, le sien ne permettait pas de voir à travers les murs. Plus les deux hommes s’approchaient plus le fracas était important comme si la pièce était retournée de fond en comble. Ils s’arrêtèrent devant la porte, sortirent leurs armes. Puis d’un accord commun, Esposito resserra sa prise sur son glock et ouvrit la porte en criant :
Chapitre III
Cependant, la scène sur laquelle ils tombèrent n’était pas exactement celle qu’ils avaient pu s’imaginer. Certes, la pièce était complétement sans dessus-dessous mais pas vraiment pour les mêmes raisons. Paul Moore semblait étudier de très près l’anatomie de la jeune femme allongée sur son bureau.
Lorsque les deux amants furent rhabillés, ils descendirent jusque sur le trottoir légèrement recouvert par les flocons qui ne cessaient de tomber. La jeune femme s’éloigna dans un déhanché provocateur en direction de l’Empire State Building alors que Ryan, Esposito et Moore montaient dans la voiture du latino.
De retour au poste, il fut placé dans la salle de repos. Il était assis sur l’un des fauteuils quelque peu blanchis par l’usure du temps, les coudes sur les genoux et la tête dans les mains.
A travers la vitre, Beckett n’avait aucun mal à s’imaginer la route qu’il devrait encore parcourir pour surmonter cette perte. Chaque moment du quotidien n’aura plus la même saveur parce qu’elle ne sera plus là ! Chaque objet lui rappellera une anecdote de leur vie passée. Une vie où il ne vivra plus mais tentera juste de survivre ! Accompagnée de son ombre, elle passa la porte.
Kate avait cette faculté d’écouter les gens et de leur annoncer avec la plus grande délicatesse une réalité qui allait bouleverser leurs existences. Elle laissait parler son vécu, elle savait les mots qu’il ne voulait pas entendre et à l’inverse ceux qui toucheraient son cœur.
Malgré toutes ces années passées à la suivre, Castle ne pouvait cesser d’admirer cette femme. Elle le captivait toujours autant et c’était, sans doute, ce qui faisait des Nikki Hard de si bons romans. L’auteur lui-même était sous le charme.
Beckett le raccompagna jusqu'à la sortie du poste. Elle le regarda déambuler dans l’agitation newyorkaise. Il passait inaperçu dans cette foule austère, impatiente et angoissée. Moore se laissait porter la tête baissée, un pas un peu trop monotone sur le trottoir, un brin de cafard et les mains au fond de ses poches.
Elle observa les passants, un court instant, s’imaginant leur vie qui venait ou qui n’allait pas tarder à basculer. Peut-être au coin de cette rue ou dans deux heures.
Une jeune femme s’avança en talon aiguille. Elle courait, sans doute, rejoindre l’homme de ses nuits en repensant à ses mains qui la déshabille. Ils s’étaient pourtant vus à midi, mais cinq heure sans lui, elle en mourrait. Finalement, elle était beaucoup plus dépendante qu’elle le pensait.
Sinon, cette femme, sur le banc d’en face, qui portait en elle toute notre Histoire. Elle avait dû voir plus de 90 hivers, vivant pleinement chaque jour qui lui était offert. Les livres avaient tout à envier de sa mémoire. Comme tant d’autres, elle avait vu ce monde changer, se disant surement qu’il est pire que ce qu’il n’était.
Beckett frissonna en sentant ses doigts caresser sa nuque. Elle n’en revenait pas d’être autant à sa merci, c’était le premier homme avec lequel elle n’arrivait pas à garder son discernement.
Elle était recouverte de flocons, et ne s’en était pas rendue compte tellement elle était prise dans sa rêverie. Cette enquête la touchait peut-être plus qu’elle ne voulait l’admettre.
D’ordinaire, c’était Castle le plus imaginatif pour inventer une vie aux inconnus qu’il pouvait croiser. A croire qu’il déteignait de plus en plus sur elle !
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L’alibi de Moore tenait, le patron du restaurant avait confirmé qu’il était venu avec une jeune femme ravissante capable de faire pâlir toutes celles assises dans la salle.
Selon les recherches d’Esposito, Sarah Moore était secrétaire médicale depuis une quinzaine d’années. Alors Kate décida d’approfondir la piste de l’amant chirurgien. Elle ne voulait peut-être pas quitter son mari, et la discussion qui au départ était calme se serait envenimée jusqu’à l’irréparable.
Mais cette théorie, aussi probable soit elle, n’expliquait pas la présence de cette lettre… Et à vrai dire, elle aimerait connaître la raison qui pousse cet homme à lui rappeler qu’elle ne connaît toujours pas l’assassin de sa mère.
Elle fixa le tableau blanc, ils connaissaient de nombreuses choses sur la victime mais rien ne les ramener au meurtre. Castle s’approcha, il voulait lui apporter tout le soutien qu’il pouvait encore lui donner, alors que lui-même doutait.
Beckett n’avait pas osé bouger de peur que le charme du moment ne s’évapore. L’émeraude dans l’azur, ils se regardaient avec une sincérité déconcertante. Ils était enivrés, épanouis et heureux. Castle avait laissé parler son cœur tentant d’oublier pendant quelques secondes sa peur.
Au bout d’un moment, Esposito brisa cette bulle.
Beckett sombra dans un mutisme. Castle venait de se confier, ils n’avaient jamais été aussi proches d’un « nous » et voilà que Dr Mobylette réapparaissait. Pourquoi de tous les chirurgiens de cette ville fallait-il que ce soit lui ?
Ils furent proches… aussi proches que peuvent l’être deux personnes qui passent leurs nuits ensembles pendant plusieurs mois. Cependant aujourd’hui, Josh appartenait au passé. Un passé qui fut, certes, agréable mais un passé révolu. Même si c’était égoïste de sa part, Kate ne pouvait cesser de penser qu’il n’était qu’un dérivatif. Une diversion pour oublier sa peine et sa tristesse de savoir Rick dans les bras d’une autre. C’était peut-être puéril mais qu’importe. Elle avait toujours maintenu un pied en dehors de cette relation. L’avait-elle déjà aimé ? Oui, sans aucun doute, mais certainement pas autant qu’il le méritait.
Mais cette analyse rétrospective de sa vie n’avait aucune importance à ce moment précis. Ce qu’elle avait pu ressentir ou non importait peu. Elle restait un lieutenant de police et lui serait de l’autre coté de la table métallique. S’il s’avérait qu’il avait tué cette femme, elle lui passerait les menottes sans la moindre hésitation. Etre une femme dans ce monde dopé à la testostérone ne lui permettait pas de paraître faible. C’était une femme, oui, mais d’un seul regard elle vous montrait que vous ne fessiez pas le poids !
Cependant, la soirée était déjà bien commencée. Beckett décida de laisser Ryan et Esposito rentrer chez eux. Cette journée avait probablement délivré tous ses secrets.
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Ce soir là, Kate avait rendez-vous avec Lanie pour une de leurs grandes soirées entre filles. Une soirée où elles parlaient de tout et de rien, de ce qui était véritablement important et de ce qui l’était moins. Même si en vérité, les discussions tournaient très souvent autour d’Esposito et Castle. Et quand elles trouvaient le temps, elles picoraient dans les barquettes du traiteur d’un soir.
Beckett quitta la salle de bain, une serviette sur la tête et une autre autour de la taille qui lui arrivait juste au dessous du genou. Elle appuya sur la télécommande de sa chaîne hifi et lança le CD qui s’y trouvait. Devant son placard, elle était à la recherche d’un jeans et d’un haut clair. Elle enfila ses talons hauts parce qu’elle ne pouvait pas vivre sans. Kate prit sa veste puis la bouteille de vin qui attendait déjà patiemment sur le plan de travail, ses clés de voiture et quitta son apparentement.
La nuit, ce soir là, était envoutante. Un peu fraîche mais le ciel dégagé vous donnait une vue imprenable sur les étoiles. Sur le trottoir, elle soupira, allant jusqu’à se demander si rentrer n’était pas une meilleure solution. Elle serait mieux plongée dans un des livres de Castle. Mais un « Oh non ! Vraiment ? C’était ce soir… » ou un « Je me suis endormie… » ne suffirait pas pour calmer la légiste. Alors elle monta en voiture et se dirigea vers l’appartement de sa meilleure amie.
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Les barquettes du restaurant italien se réchauffaient dans le four, lorsque Lanie ouvrit la porte avec un sourire magnifique. Elles s’assirent toutes les deux dans le canapé, une à chaque bout, les pieds repliés sous les fesses et un plaid sur les genoux. Le tout accompagné par un verre de vin, que pouvaient-elles demander de plus ?
Beckett savait que Lanie avait raison mais apprivoiser ses sentiments était son plus gros défi dans la vie… Qu’adviendra-t-il s’ils échouaient et qu’ils perdaient l’amitié qu’ils avaient bâtie durant ces quatre merveilleuses années ? Elle ne pourra jamais revenir à la vie qu’elle menait avant lui. Il était devenu indispensable à ses journées et même si elle refuserait de lui avouer, elle aimait l’avoir dans les pattes. Elle l’aimait, tout simplement…
Chapitre IV
Beckett était généralement la première au poste mais ce matin là, elle se retrouva aux côtés de Castle devant l’ascenseur. Il l’appela et lorsque les portes s’ouvrirent, ils s’y engouffrèrent.
Cet espace restreint et la proximité de leurs corps la mettait en émoi. Elle colla son dos au fond de l’ascenseur. Ainsi, derrière lui, elle pouvait scruter sans modération, chaque parcelle de son corps. Soudain, elle stoppa l’appareil et s’approcha de Castle avec un regard assombri par le désir. D’une légère pression de sa main sur son torse, elle lui intima de reculer.
En moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, Castle se retrouva entre le métal froid de l’ascenseur et le corps brulant de sa partenaire. Elle se pencha délicatement vers son visage sans le quitter des yeux. Leurs souffles se mélangeaient et elle laissa sa bouche effleurer la sienne. L’écrivain n’avait jusqu’à lors pas bougé d’un iota. Il posa une main dans le creux de ses reins, la rapprochant un peu plus contre lui. Il fondit sur ces lèvres qui s’offraient à lui.
Le baiser était léger, mais ce n’était pas suffisant à son goût. Castle passa sa langue sur sa lèvre inférieure pour l’approfondir, elle entrouvrit les lèvres et le baiser devint ardent. La jeune femme se liquéfia sous ses mains qui vagabondaient sous sa chemise. Son cœur martelait de plus en plus fort dans sa poitrine, elle ondulait outrageusement du bassin. Elle pouvait déjà sentir l’excitation de son amant à travers ses vêtements. Elle fit glisser ses mains sur le bouton de son jeans, oubliant où ils étaient. Elle en voulait plus, elle le voulait lui. Et quand ce dernier quitta ses lèvres pour le creux de son cou, elle ne put contenir un gémissement de plaisir…
Kate se réveilla en sueur. Assise sur son lit, sa respiration était encore difficile, elle passa sa main dans son cou, à l’endroit de ce baiser brûlant. Elle imaginait encore ses mains empoigner ses seins avec la plus grande délicatesse. Elle n’arriverait, sans doute, jamais à ce rendormir avec toute cette excitation qui inondait son être.
Le sourire qui avait élu domicile sur son visage pouvait en témoigner, elle avait pris du plaisir dans ces bras fictifs. Elle avait aimé ça !
Alors, Beckett passa sous une douche froide pour chasser ses pensées pas très chastes. Elle sortit de la douche une serviette sur la tête, s’habilla, ouvrit une boîte à bijou et enfila sa chaine avec la bague de sa mère. Elle mit la montre de son père à son poignet gauche, prit son arme et son badge et fila au 12th.
Après ce rêve qui avait écourté sa nuit, Kate était arrivée au poste avec pratiquement une heure d’avance. Elle déposa son arme dans son tiroir, son portable et ses clefs sur son bureau. Elle en profita pour relire les rapports préliminaires apportés par Lanie et elle essaya de préparer l’interrogatoire de Josh mais elle n’arrivait pas à oublier ces mains ou la délicatesse de cette langue qui l’avaient caressée toute la nuit. Comment arriverait-elle le regarder aujourd’hui sans rougir ? Alors qu’elle avait passé une partie de la nuit à s’imaginer dans ses bras et que ce souvenir était impérissable.
Lorsque Castle arriva et lui tendit son café, ses joues s’empourprèrent. Son visage s’illumina et ils entamèrent une de ses discussions silencieuses qui valait plus que de longs discours. L’écrivain avait en face de lui, ce qui le poussait à se lever chaque matin, parce qu’il ne venait plus pour ses recherches, il venait uniquement pour elle…
Ryan et Esposito arrivèrent avec à leurs cotés, le Dr. Josh Davidson. Beckett, rompit le contact et se tourna vers Josh, son corps se raidit se qui n’échappa pas au romancier. Il leva une main pour la poser sur le haut de son dos en signe de réconfort et de soutien mais la jeune femme s’avança pour prendre le dossier.
Les deux lieutenants le conduisirent jusqu’en salle d’interrogatoire, Beckett souffla un bon coup et avec Castle, elle entra dans la pièce.
Josh se sentit mal à l’aise et tenta de tourner la conversation à son avantage.
Elle le suivit jusqu'à la porte. Elle s’attendait à une protestation mais rien n’arriva. Elle sortit quelques secondes puis réapparut dans la salle. Rick s’était alors dirigé vers sa chaise ne voulant même pas connaître la suite de l’interrogatoire.
Beckett sentit le rouge lui monter aux joues. Comment avait-il osé étaler sa vie privée ainsi, au poste ?
Elle espérait tellement que Castle ne soit pas derrière le miroir sans teint. Toutes les choses énoncées par son ancien amant étaient vraies mais il ne pouvait pas l’apprendre comme ça. Elle voulait lui montrer qu’elle tenait à lui au point de l’appeler en dormant s’ils partageaient un lit, un jour... Elle voulait qu’il l’entende crier son prénom quand il l’emmènera jusqu’à l’orgasme. Et puis, il devait déjà savoir que leur baiser n’avait pas d’égal ! Il était tellement… époustouflant !
Ryan décida que c’était le bon moment pour intervenir, il entra et ordonna à Beckett de sortir.
Elle fusilla Josh du regard et sortit en trombe de la pièce. Elle lança dans une rage démesurée, le dossier sur son bureau, et les feuilles déjà présentes finirent sur le sol. Il n’y avait plus un bruit dans l’open space. Elle monta les escaliers et fila dans la salle de sport.
Castle était tiraillé. Devait-il la suivre ou bien attendre qu’elle se calme d’elle-même ? Elle risquait de lui voler dans les plumes s’il s’approchait et qu’elle était toujours remontée. Alors il décida d’attendre une dizaine de minutes et de monter ensuite.
L’irlandais n’avait rien obtenu de plus de Josh, il n'avait rien avoir avec cette affaire. Lorsqu’ils sortirent de la salle d’interrogatoire Castle lui lança le regard le plus noir qu’il avait mais le cardiologue n’en espérait pas tant pour lui asséner le coup de grâce.
L’écrivain arma le poing prêt à lui décrocher une droite en pleine figure. Mais ce fut Gates criant son nom à travers le poste qui le ramena à la raison. Il baissa sa main sans le quitter du regard. Sous un rire victorieux du cardiologue, et il quitta le poste sans un mot.
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Dans la salle de sport, Beckett maltraitait un sac de sable à en perdre le souffle. Elle mettait dans chaque frappe la rage qui l’habitait depuis quelques minutes. Elle s’époumona comme ça jusqu’à plier sous la douleur de ses phalanges.
Après une douche réparatrice et le calme revenu, elle retourna à l’étage de la criminelle. Comme la veille, le tableau blanc semblait vide… trop vide. Assise sur le bord de son bureau, elle chercha Castle des yeux. Elle jeta un regard furtif dans la salle de pause mais il n’était pas devant la machine à café.
Elle préféra ne pas demander le sujet de la dispute. Mais pour que Castle en vienne à vouloir lui refaire le portrait, les propos de Josh devaient être obscène et vantard. Elle sourit, elle était flattée que son écrivain prenne sa défense face à son ex. Le fait que Beckett décide de ne pas connaitre la raison de cet accrochage arrangea le latino. Il ne s’imaginait pas lui répéter les paroles du cardiologue.
Chapitre V
Castle avait besoin d’une pause dans Central Park, juste une heure… seul… pour réfléchir. Réfléchir aux paroles de Josh, Beckett l’avait quitté pour lui ? Non ce n’était pas possible, Dr. Mobylette avait dû mal comprendre.
Cette année, Février était vraiment froid, alors après avoir relevé son col et arpenté les allées pendant une bonne heure, il décida de retourner au poste pour proposer de manger un morceau chez Rémy’s.
Le retour au poste avait été un supplice pour Castle. Alors en entrant dans le restaurant, l’écrivain ralentit et arrêta Esposito.
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Ils étaient assis tous les cinq à table. Lanie à coté d’Esposito sur la banquette, Beckett et Castle en face et Ryan sur une chaise au bout. Ils s’étaient laissés tenter par un hamburger avec des frites. C’était le meilleur réconfort qui puisse exister pendant une enquête difficile.
Lorsque les rires furent retombés, elle ajouta :
L’équipe quitta le restaurant et pris la direction du 12th. Ils étaient venus à pied, le temps s’était adouci. De plus, avec les embouteillages de la Grosse Pomme, la marche était parfois plus rapide qu’une voiture.
Au poste, Esposito et Ryan se chargeaient de vérifier que Paul Moore n’était pas sur New York le lundi matin car même si au moment du meurtre, il prétendait être au restaurant. Le serveur avait pas mal hésité, et finalement, le patron était intervenu.
Pendant ce temps là, Beckett était dans le bureau de Gates pour lui faire l’informer sur le cours de l’enquête. Lorsqu’elle en sortie, elle fut interpeller par Ryan.
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Moore était assis de l’autre coté de la table en aluminium, les mains devant lui, il jouait frénétiquement avec ses doigts, le regard baissé. On aurait dit un enfant dans le bureau du directeur après avoir fait une bêtise. L’assurance et la prestance qu’il pouvait avoir au quotidien avaient complétement disparues laissant place à un être démuni et terrifié.
Moore fut raccompagné jusqu’à la sortie par un officier en uniforme alors que Beckett et Castle regagnait le bureau du lieutenant.
Kate le regardait avec fascination. Plus les années passées et plus il réfléchissait comme un flic. Il était vraiment complexe. Parfois un gamin arrogant, crédule et prétentieux mais la seconde qui suivait, il savait écouter, comprendre et raisonner avec brio.
Mais la dernière phrase écourta ses songes. Kate se leva d’un bond envoyant valser sa chaise à travers l’open space.
Ils s’étaient tellement rapprochés pendant leur joute verbale qu’elle pouvait sentir son souffle dans son cou, elle aurait voulu s’abandonner dans ses bras et gouter à ses lèvres. Il ne manquait d’un tout petit pas et elle pourrait sentir leur douceur. Mais ils étaient au poste et si elle se laissait aller, Gates en profiterait pour le virer du 12th. Alors elle fit ce qu’elle faisait le mieux, fuir ! Elle s’écarta, sans pour autant le quitter des yeux.
Lui était enivré par cette odeur de cerise dont il ne se lasserait jamais. Il avait du mal à soutenir son regard tellement elle le dévorer des yeux. Néanmoins, le chauffard ivre qui entra dans le poste en criant qu’il était sobre leurs fit quitter leur rêverie. Cela permit à l’écrivain de retrouver contenance sinon nul doute qu’il aurait finit par se sentir à l’étroit dans son caleçon.
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L’enquête était toujours au point mort. Certes, il y avait la piste de l’uniforme mais c’était trop peu… Les tests toxicologiques sur la victime n’avaient rien donné, il n’y avait pas d’arme, aucun indice. Le tueur était peut-être plus fort, plus rusé qu’elle… Elle prit sa veste et sortit du poste. Cette journée comme celle d’hier n’avait rien n’apporté, exceptée dévoiler sa vie intime au 12th.
Ce soir, elle voulait oublier l’affaire et quoi de mieux que de penser à Castle pour ça ?
Elle se fit couler un bain, prit un verre de vin, alluma des bougies pour l’ambiance et attrapa Vague de Chaleur. Elle l’avait déjà lu, évidemment, mais qu’importe. Un bon bouquin restait un bon bouquin. Elle glissa ses jambes interminables dans la baignoire et s’avouera le relâchement de son corps dans l’eau chaude. Elle se coucha dans des draps propres et tenta de trouver le sommeil.
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Castle redoutait cette nouvelle journée. Il n’y a aucun doute possible, c’était lui. Celui qui le hantait depuis trois jours. Beckett n’avait pas dit un mot depuis qu’Esposito l’avait appelée. Elle avait quitté son bureau, et était montée dans sa voiture tel un automate. Redoutait-elle la scène de crime ou la lettre ? Parce que la lettre était inévitable, c’était la clef de voûte de son désir. L’atteinte psychologique représentait l’extase pour cet homme.
Lanie se trouvait face un homme recouvert de coupures sur le torse. Il était attaché par du scotch à une chaise dans une mare de sang. Il avait un regard brisé, son âme semblait avoir été arrachée de son corps. Il ne restait de ce pauvre que son enveloppe charnel. Il avait été poignardé dans le foie de la même manière que Sarah Moore... L’officier Jones ouvrit la porte de l’appartement, Kate passa la porte et s’arrêta brusquement.
Castle trop obnubilé par la vue que lui procurait ce jeans moulant la percuta. Il s’attendait à une remarqua cinglante ou au moins à un regard noir mais rien de cela n’arriva.
Beckett sortit en courant aussi vite que ses talons hauts le lui permettaient. Pourquoi s’acharnait-il sur elle ? Elle s’assit sur un banc à deux pas de l’appartement. Elle déposa sa tête dans ses mains, elle souffla un bon coup. Réagir de cette manière n’était pas la solution la plus efficace qui soit, elle devait faire ce pour quoi elle était payée. Elle devait retrouver cet homme, elle le devait aux familles des victimes. Elle n’avait aucun droit de les abandonner.
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Kate retrouva les garçons au poste. Ils ne posèrent aucune question, et elle les appréciait énormément pour ça. Ils savaient attendre qu’elle se confie d’elle même. Mais cela n’arrivait pas, elle ne s’épanchait jamais sur sa vie privée.
Elle regarda Castle, il était devant le tableau un feutre à la main et les yeux pétillants. Elle ne pouvait s’empêcher de trouver ça… sexy. Et lorsque l’émeraude se perdit dans le bleu océan, elle serait restée ainsi pendant des heures à l’admirer mais le raclement de gorge de Ryan de plus en plus gêné les fit atterrir.
« Bonjour Kate,
Les journaux oseraient-ils mentir ou le souvenir de ta mère t’empêche de réfléchir de manière efficace ? Tu sembles plantureusement moins efficace sous pression !
Mon premier cadeau t’a plu ? Je l’ai choisie avec énormément d’application. Pas trop proche de toi mais en même temps pas si loin que ça qu’en on y réfléchit bien. Je dois reconnaître que Josh a beaucoup de goût en matière de femmes. Il suffit de te contempler…
Contente d’avoir pu lui reparler ? Certes, il est un peu arrogant mais il doit surement avoir d’autres atouts... Je suis persuadé qu’il a pu en apprendre pas mal à Castle. C’est toujours difficile de voir un des exs de celle qui hante vos nuits.
C’est ce qu’il m’a mené à mon second cadeau. Tu l’as reconnu tout de suite, je présume ? Ce cher Victor… Un petite vie sans histoire… Une déception amoureuse qui a changé sa façon de voir les choses… Il avait vraiment l’air gentil comme garçon, c’est certainement ce qui t’a plu chez lui et je suppose qu’il devait beaucoup plaire à ta mère aussi…
Tu as perdu la première manche, Kate ! Essaye de faire mieux cette fois, sinon dans deux jours…
A très bientôt, j’espère… »
Chapitre VI
Elle se laissa tomber sur son fauteuil, les yeux perdus dans le vide. Elle eut l’impression de quitter la Terre un bref instant, elle luttait depuis plusieurs jours pour se convaincre que cette enquête ne l’atteignait pas tant que ça mais aujourd’hui avec le corps et la lettre, la réalité l’avait frappée de plein fouet. Ca ne s’arrêtera donc jamais ! Même si elle ne l’avouerait pas, elle craignait de ne pas le trouver à temps et de voir la liste des victimes s’allonger… Aujourd’hui c’était Victor et dans deux jours ce serait qui ? Un voisin ? Un ami ? Castle ? A cette idée, son cœur rata un battement.
Castle monta avec elle dans sa Crown Victoria, et ils partirent en direction d’un petit appartement de Brooklyn.
Il n’en attendait pas tant en lançant la conversation mais finalement, il ne le regrettait pas. Beckett s’était confiée à lui, légèrement certes, mais c’était un bon début.
Elle se gara dans une petite ruelle à deux pas de l’immeuble. Elle n’avait jamais pu oublier cette rue. Le petit banc un peu plus loin sur lequel ils passaient leurs chaleureuses soirées d’été existait encore, tout comme ce lampadaire qui ne fonctionnait que lorsqu’il en avait envie, ou la voisine d’en face qui les scrutait à travers ses rideaux décolorés par le soleil...
Kate fut submergeait pas tous ces souvenirs, elle sentit le stress l’envahir, ses mains devenaient moites sur le volant qu’elle semblait ne pas vouloir lâcher. Elle n’avait pas revu les parents de Victor depuis qu’elle avait précipitamment quitté l’université.
Annoncer la mort de quelqu’un était devenu son quotidien, mais elle ne banalisait jamais un tel acte. Son expérience parlait pour elle, sentir le soutien de quelqu’un qui peut réellement vous aider estompe quelque peu la brutalité de cette nouvelle.
Mais lorsqu’elle connaissait la famille, c’était vraiment insupportable. Castle posa sa main sur son avant bras, il n’attendait aucune réponse, juste un regard ou un sourire ce qui ne tarda pas à arriver. Elle lui sourit et sortit de la voiture.
Elle frappa, des pas se firent entendre, et la porte s’ouvrir sur un homme d’une cinquantaine d’années passée avec des lunettes au bord du nez et le journal entre les mains. Il était un peu plus vieux, c’est vrai, mais il n’avait pas réellement changé.
Beckett rougit violement à contrario le romancier savourait, elle était encore plus belle lorsqu’elle était gênée. Elle roula des yeux devant cette tête de gamin et se reconcentra sur la dure réalité.
Le père tenta de faire bonne figure même s’il luttait contre les larmes qui envahissaient ses yeux. La mère du jeune homme s’effondra dans les bras de son époux. Kate était désemparée, elle ne pouvait rien faire, si ce n’était trouver l’ordure qui avait fait ça.
Castle n’avait pas ouvert la bouche. Il respectait trop la victime pour faire le pitre dans un moment pareil. Et puis, Kate avait posé les questions essentielles. Pourquoi en rajouter ?
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Comme le soleil était au rendez-vous, ils s’arrêtèrent manger un hotdog dans Central Park. Toujours ce petit banc sous un chêne près du lac artificiel. Ils étaient éloignés de l’agitation newyorkaise, l’impression de quitter la ville pour quelques heures.
Castle n’avait besoin de personne pour parler… Alors il animait la suite de la conversation avec des sujets sans grande importance. Kate ne répondait que par des sons ou des hochements de tête. Mais ça ne la dérangeait pas, elle voulait juste entendre sa voix. Elle lui faisait un bien fou. Il aurait pu lire l’annuaire, elle ne lui en aurait pas tenu rigueur.
Tout était devenu futile l’espace d’un instant, il n’y avait plus qu’eux. Elle laissa, pendant une heure, la pression de l’affaire retomber. Il était là, à coté d’elle, et c’était tout ce qui lui importait. Alors prise dans la béatitude du moment, elle déposa sa tête sur l’épaule de l’écrivain. Et comme si cela était habituel, il continua sans bouger. Kate Beckett, la femme forte et indépendante qui n’ouvrait jamais son cœur, lui témoignait de l’affection.
Mais comme chaque chose possède une fin, ils regagnèrent la rue et sa folie. Castle repensait à la sensation de la tête de Beckett sur son épaule. Il avait eu l’impression de se trouver à sa place, sur ce banc avec sa muse dans ses bras.
De retour au poste, Ryan annonçait, une fois de plus, que les vidéos n’avaient rien donné. Déjà, trois jours, deux meurtres et toujours aucune piste. Il cherchait toujours cette boutique de costumes, mais qui aurait pu croire que New York en comptait autant ? Kate fulminait intérieurement. Soudain son téléphone sonna, elle décrocha sans regardait le nom de son interlocuteur et répondit un peu plus froidement qu’elle ne l’aurait voulu.
Elle raccrocha et suivit de son ombre, elle descendit jusqu’à la morgue. Kate poussa les portes battantes et tomba sur la légiste qui remontait le drap sur ce corps qu’elle ne connaissait que trop bien.
Castle semblait aussi désespéré que Kate. Il ne le supporterait pas si ce dégénéré la poussait à reconstruire pierre par pierre ce mur qu’il tentait d’abattre depuis des mois. Il se dirigea vers l’ascenseur mais il fut retenu par le bras.
Beckett attendait devant l’ascenseur. Elle ne voulait pas espionner la conversion entre sa meilleure amie et celui qui occupait ses pensées. Elle pourrait toujours torturer Lanie plus tard…
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L’étage de la criminelle était en pleine effervescence. Assise sur le rebord de son bureau face au tableau blanc, Kate regardait le peu d’éléments qu’ils avaient. Les portraits de Sarah Moore et de Victor Davis y étaient apposés, la photo de cet inconnu en postier ou l’empreinte partielle mais elle ne savait toujours pas quoi chercher, ou qui chercher…
Dans la salle de pause, Castle préparait deux cafés sans la quitter des yeux. Lanie l’avait pratiquement poussé dans ses bras comme Esposito à midi, ce put-il que Kate se soit confiée sur ses sentiments à son égard ? Mais pourquoi en parler à ses amis et ne pas venir l’avouer au principal concerné ?
De leur coté, Ryan et Esposito s’affairaient pour trouver ne serait-ce qu’une idée. Comment pouvait-il autant leur échapper ? Et en plus, il s’en prenait à l’un des leurs à travers ses victimes.
A l’image d’un étau qui se refermerait sur elle, les victimes étaient de plus en plus proches. Mais qui pouvait en savoir autant ? Même eux ignoraient son histoire avec le fils Davis Elle n’était pas du genre à s’épancher sur sa vie. C’était sans doute la clef de voûte, ce qu’il fallait trouver, pourquoi s’en prenait-il à Katherine Beckett ?
Le « ding » caractéristique des ascenseurs se fit entendre sans que quelqu’un y fasse attention. Après tout, c’était monnaie courante. En revanche, personne n’ignora la femme qui en sortit et le visage de Castle se décomposa. Cette semaine devenait un véritable enfer…
Chapitre VII
Kate ne put rater l’entrée fracassante de Meredith, à croire que le poste était devenu une scène de théâtre. La rouquine sortit de l’ascenseur dans une robe rouge au décolleté provocateur. Elle semblait avoir repérée sa proie dès l’ouverture des portes.
L’actrice traversa l’open space en se déhanchant plus que de raison et elle avait un air trop enjoué pour être sincère. Meredith s’approcha lentement de Castle qui, vraisemblablement, s’était changé en statue de cire en apercevant son ex-femme.
La rouquine finit par reprendre la direction de l’ascenseur mais après avoir fait deux pas tout au plus, elle fit volte-face et se jeta avidement sur la bouche de Castle pour un baiser plus qu’approfondi.
Elle ne pouvait s’empêcher d’être jalouse. C’était la première fois qu’elle réagissait comme ça vis à vis un homme mais Rick n’était pas n’importe lequel. Et même si ce n’était pas dans sa nature, les sous-entendus plus qu’explicites de Meredith et son appétit vorace pour les lèvres de SON écrivain la rendait folle.
Elle feignait travailler en triant des papiers sur son bureau mais Castle ne fut pas dupe. Il aperçut par dessus l’épaule de son ex-femme, le regard intense qu’elle lançait à Meredith, et ce dernier parlait pour elle. Bien évidemment qu’il était flatté, comment ne pas l’être ? Kate aurait presque pu sauter au cou de l’actrice pour défendre son territoire. Un sourire étira ses lèvres. Il aimait beaucoup cette idée, il voulait devenir son territoire !
La jeune femme retenait tout son être pour ne pas intervenir. Mais au fond, elle l’enviait ! Elle rêvait d’être à sa place ! De pouvoir passer sa main dans ses cheveux tout en l’embrassant à pleine bouche. Mais Castle n’était que son partenaire, un ami tout au plus. Même si au fond, elle savait qu’il était tellement plus que cela. Et pour cette simple raison, elle n’avait aucun droit sur lui. Si ce soir, il voulait profiter de sa « brioche au beurre », il le pouvait. Elle s’apitoierait sur son sort, seule chez elle, devant un pot de glace et un épisode de Nébula 9.
Ryan et Esposito qui n’avaient rien raté de la scène ne pouvaient s’empêcher de penser que le jeu du chat et de la souris avait suffisamment duré car ils allaient finir par y laisser des plumes.
Meredith quitta le poste plutôt fier de son petit effet, Castle était toujours à sa merci. Ce soir, elle n’aura sans doute pas longtemps à attendre avant qu’il ne la déshabille.
Il voyait dans son regard qu’il l’avait déstabilisée et il ne s’en excuserait pas, bien au contraire. Elle était encore plus belle quand elle perdait le contrôle des choses.
Mais elle aperçut la trace de rouge à lèvres et son amertume resurgit sans crier gare.
Beckett tenta de rester indifférente à cette dispute en se tournant vers le tableau blanc tout en mordillant le feutre qu’elle tenait, ce qui trahissait sa nervosité. Elle aurait dû le supplier de passer la soirée avec elle plutôt avec sa « brioche au beurre » mais Katherine Beckett ne suppliait jamais !
Castle attrapa sa veste, lui jeta un dernier regard et quitta le poste en regrettant déjà ses paroles. Il aimait la jalousie plus qu’apparente de Kate mais encore une fois, elle éluda le véritable problème plutôt que de lui demander de rester avec elle ce soir…
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Les Gars devaient déjà être dans leurs canapés devant le match des Yankees à l’heure qu’il était. Néanmoins, Beckett ne pouvait se résoudre à quitter le poste puisque si elle partait, elle penserait à Castle, à leur dispute stupide et l’imaginer dans les bras de son ex-femme fit s’échouer une larme sur le dossier qu’elle tentait de lire. Qui plus est, elle ne voulait pas abandonner les victimes. Elle resta jusque tard dans la nuit à relire, rayer, réécrire… avant de rentrer chez elle pour ne dormir que trois heure à peine.
Dire que la nuit de Castle avait été mouvementée était un euphémisme. Il se leva, et décida de préparer le petit déjeuné.
Après un petit-déj’ père/fille qu’ils adoraient autant l’un que l’autre, Alexis prit son sac et fila. Elle fut suivit par son père qui héla un taxi en direction du 12th.
Beckett était arrivée de bonne heure, encore une fois, c’était les insomnies qui avaient gagné. Le poste était calme et à peine éclairé. Elle monta les escaliers pour rejoindre la salle de sport, où elle quitta les talons hauts, et ses vêtements pour un short et un débardeur noir.
A cette heure là, il n’y avait personne et le silence régnait. Un silence entre coupé par sa respiration haletante et les cris rageurs à chaque assaut. Elle aimait laisser aller sa frustration et sa colère sur les sacs de sable. Elle n’avait pas besoin de parler ou de se justifier pour ne pas le faire. Ils étaient là pour encaisser les coups qu’elle portait et c’était tout ce qui lui importait.
Castle ne put échapper à la réflexion d’Esposito sur son manque de ponctualité, vu qu’il était déjà 10h30. Ce matin, il était venu accompagné d’un seul café, un unique café noir et serré. Elle ne put le blâmer pour cela mais quand elle tenta de lire dans ses yeux, l’écrivain fuit ce regard auquel il ne savait que trop pardonner. Malgré le sage discours de sa fille, il ne parvenait à outrepasser la colère de la veille.
De son côté, elle n’osa pas lui adresser la parole, pour lui demander quoi ? Comment s’était passée la soirée avec son ex-femme ? Il avait certainement dû en profiter… Elle s’était littéralement offerte à lui. Même si le penser lui torturait l’esprit, l’entendre l’aurait achevée ! Cependant, Esposito n’éluda pas le sujet.
…Flashback…
A 20h, comme prévu Meredith frappa la porte. Castle prit une grande respiration, puis ouvrit ce qui le séparait encore de la mère d’Alexis.
L’écrivain avait prévu de se mettre en mode « papa ». Alors après avoir mit Meredith dehors, il proposa une partie de laser game à sa fille. Martha n’étant pas là ce soir, le loft allait pouvoir devenir un véritable terrain de jeu.
La jeune femme ne refusait jamais une partie avec son père, elle venait de quitter Ashley et toutes les distractions étaient bonnes à prendre. Et puis, ce jeu résumait à lui seul, cette relation fusionnelle qu’ils avaient. C’était toute leur histoire. Elle avait su manier le pistolet avant même de savoir marcher.
Après une bataille d’une heure, Alexis acheva l’écrivain d’un tir longue portée en pleine poitrine. Il resta cloué sur place, l’élève venait de surpasser le maître !
La matriarche poussa la porte et découvrit un loft dévasté. Debout sur le canapé du salon se trouvait sa petite fille qui extériorisait une joie immense à contrario derrière le plan de travail de la cuisine, son fils tirait une mine boudeuse. Elle se demandait encore aujourd’hui, lequel des deux préférait ce jeu. Surement Castle… Cette pensée étira un large sourire sur ces lèvres, son fils ne grandirait jamais.
Pendant le repas, Alexis ne manqua pas de raconter dans les plus larges détails la défaite de son père, sa fuite sous le piano, son cri de frayeur lorsqu’elle sortit de sous l’escalier ou sa chute à côté du canapé. Castle ne pouvait pas nier même si il n’abandonnerait pas aussi facilement. Rome ne s’est pas faite en un jour, elle avait peut-être gagné la première bataille mais certainement pas la guerre !
Cette phrase lui rappela terriblement l’affaire. Sans un mot, il se leva, salua sa mère puis sa fille et s’enferma dans sa chambre. Il était adossé à la tête du lit, son téléphone entre les mains. Il faisait défiler les différentes photos de Kate qu’il avait prises à son insu. Chacune de ces photos contait une histoire, leur histoire, le chemin parcouru depuis la première enquête, l’évolution de ses sentiments…
Ces souvenirs firent un effet d’électrochoc… A la fin de l’enquête, il avouera à Beckett qu’il ne peut plus vivre sans elle à ses cotés, sans s’endormir dans ses bras et ou s’éveiller sous ses baisers.
…Flashback…
Il mit alors sa rancœur de côté et s’approcha délicatement. Il lui prit la tasse des mains et leurs doigts s’effleurèrent légèrement. Ce fut bref mais tellement intense, jamais une femme ne l’avait autant électrisé par un simple touché.
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C’était peut-être un crime parfait. Aucune piste, aucun suspect, aucune justice. Kate retournait le problème dans tout les sens mais impossible de comprendre. On ne pouvait pas être aussi méticuleux, il suffisait de trouver le chaînon manquant.
Tory et Ryan examinèrent les vidéos de surveillances des deux quartiers mais rien. Cet homme était un fantôme ! La première victime était secrétaire médicale, la seconde avocate, une seule chose les reliait, ils avaient croisé la route de Beckett. Il fallait donc approfondir cette voie mais qui lui en voulait au point de tuer ses proches ? Cette liste était interminable. Après plus de dix ans dans les forces de l’ordre et des états de service comme les siens, de nombreuses personnes finissent par vous en vouloir.
Il était pratiquement midi lorsque Ryan exulta en trouvant l’adresse d’une boutique spécialisée dans les vieux uniformes.
Chapitre VIII
La boutique se trouvait au fin fond d’une petite ruelle lugubre. La porte à double battants séparait la façade de briques rouges dans une symétrie parfaite. De chaque côté sur trouvait des vitres qui laissait entrevoir l’immensité du magasin. Lorsque vous décidiez d’y entrer, derrière le comptoir en bois se trouvait un vieil homme d’une petite taille, avec des cheveux blanc et des lunettes qui jonchait le bout de son nez. Il se fondait dans le décor du lieu, il correspondait à l’esprit de la boutique. A croire que ce magasin n’aurait pas la même âme sans cette personne accoudée au comptoir.
En rentrant au poste, il croisa Castle qui revenait de chez Hung. Ils montèrent dans l’ascenseur et rejoignirent les autres dans la salle de réunion. L’écrivain répartit les petites boites, porc au caramel pour Ryan, nouille sauté pour Gates, canard laqué pour Esposito.
Malgré la rancœur toujours présente, les habitudes avaient la peau dure. Ainsi, Castle disposa entre Kate et lui, les trois dernières boites. Avec Beckett, ils avaient pris cette petite manie de partager le bœuf mariné, le porc aigre doux et le riz cantonais. Ce petit arrangement qui leurs paraissait tout naturel faisait toujours autant rire les autres. Même Gates ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Certes, elle ne devait pas rien laisser paraître mais elle était persuadée que ces deux là s’étaient bien trouvés.
La sonnerie du téléphone de Beckett eut le mérite de leur faire reprendre leurs respirations.
Environ quatre ans que son père suivait cette femme. Même si Alexis l’avait toujours beaucoup appréciée. Au départ, elle ne comprenait pas les motivations qui le poussaient à la suivre partout. Mais au fil des années, la jeune femme avait fini par découvrir cette femme forte et indépendante. Elle l’admirait pour sa force de caractère face à cette vie impitoyable.
Elle l’appréciait d’autant plus que Kate tirait le meilleur de son père. Castle n’était plus ce célibataire imbu de sa personne qui ramenait une fille différente à chaque tombée de la nuit. Il fallait être aveugle pour croire encore qu’il la suivait pour ses recherches. Il était évident qu’il l’épiait pour la femme qu’elle était.
Beckett revint dans la salle de réunion toujours déconcertée par l’invitation de la jeune Castle. Mais ce ne fut que temporaire, elle replongea dans l’affaire comme si de rien n’était.
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Bientôt deux heures déjà que le vendeur d’uniformes était avec le dessinateur mais ce dernier passait la majorité de son temps à gommer. Le vieil homme n’arrivait même pas à se mettre d’accord avec lui-même. Ryan s’arrachait les cheveux, il pensait tenir une piste solide et finalement ce n’était qu’un feu de paille.
Esposito quitta la salle pour aller rejoindre Lanie, il n’en pouvait plus de cette guerre froide entre Beckett et Castle. Ils ne s’étaient toujours pas adressés la parole depuis la veille. Il les aurait bien laisser régler leurs problèmes tout seuls mais l’enquête en pâtissait. Le latino voulait trouver le malade qui s’en prenait à Beckett, et il ne comprenait pas le comportement de Castle. Il devait être là pour elle, il devait la soutenir…
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Lorsque la fin de la journée sonna, l’enquête contenait encore plus d’incertitude que la veille. Ils avaient la description d’un homme qui pouvait coller à la majorité de la gente masculine de New York… Kate ne tenait plus. Si elle suivait la lettre, demain il y aurait une autre victime et elle ne pouvait rien faire pour l’en empêcher… Son cœur se serra, assise sur sa chaise, elle était désemparée. Payée pour un job qu’elle n’arrivait même pas à faire…
Néanmoins, elle devait retrouver sa sérénité car, ce soir, Alexis avait besoin d’elle. Et de toute évidence, le sujet semblait important. Il était donc hors de question d’arriver dévaster par cette enquête et qu’au final, ce soit la jeune femme qui se sente obligée de la réconforter.
Les gars s’approchèrent en riant de son bureau et le latino prit la parole.
Elle quitta le poste dans sa Crown Victoria, direction son appartement. Elle passa sous la douche où elle s’imagina tous les sujets de conversation possibles et inimaginables. Lorsque que la fille de son partenaire lui avait demander de la rejoindre ce soir, elle n’avait pas hésité une seconde. Mais à présent, plus les minutes passaient plus Beckett paniquait.
Kate sortit de la salle de bain en pleine réflexion, une serviette autour du buste. Elle passa un jeans et un pull à capuche, elle mit des talons hauts, puis sa veste en cuir et une écharpe. La jeune femme enfourcha sa Softail et fila vers le loft.
Au loft
Depuis le début de cette enquête, Alexis voyait le morale de son père en chute libre. Ce matin, elle lui avait conseillé d’être présent pour Kate mais la jeune femme savait pertinemment que la peur de la voir tomber sous une balle empêchait son père de se livrer totalement à cette femme. Ainsi, elle voulait permettre à Beckett d’ouvrir les yeux sur ses sentiments. Alexis avait alors imaginé un stratagème machiavélique.
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Alexis était assise sur le canapé lorsqu’on frappa trois coups à la porte. Elle alla ouvrir et tomba sur Beckett avec une pizza fumante entre les mains. Elle lui fit signer d’entrer en la débarrassant.
Elles s’assirent sur des coussins posés sur le sol du salon et déposèrent la pizza sur la table basse. Alexis plongea le nez au milieu de sa part, ne sachant pas comment aborder le sujet. Pourtant, au téléphone, cela semblait la meilleure idée.
Dans le salon de Patterson
Les quatre hommes étaient répartis autour de la table de poker, accompagnés par un verre de whisky et un cigare. La partie battait son plein mais Richard paraissait ailleurs ce qui n’échappa pas aux trois autres joueurs.
Au loft
L’odeur de la spécialité italienne avait déjà envahi l’appartement. Mais la jeune femme ne paraissait pas vouloir ouvrir la bouche. Beckett fut rassurée de voir que ce tête à tête impromptu soit aussi perturbant pour l’une que pour l’autre. Cependant, elle voyait bien que quelque chose contrariait la fille de Castle. Alors elle décida de commencer.
Mais ce que Kate ne réalisa pas ce fut qu’Alexis avait la fibre théâtrale en elle et que tout ceci n’était qu’une ruse pour lui faire ouvrir les yeux.
Martha entra dans le loft et fut surprise de tomber sur Beckett assise sur le sol du salon en face de sa petite fille. Mais elle ne demanda rien. Elle attrapa le manteau qu’elle était venue chercher pour une petite balade dans New York avec la dernière trouvaille de son détecteur de cheveux gris. Elle s’excusa et quitta le loft dans le même coup de vent que celui qui l’avait amenée.
Le situation d’Alexis faisait tellement écho à la sienne. Elle n’avait qu’à remplacer le prénom et elle pouvait redire mot pour mot la déclaration de la jeune femme. Une rupture proche, une amitié de longue date, l’unique regard ou le pardon trop facile…
Comment pouvait-elle la guider alors qu’elle n’arrivait même pas à trouver la réponse pour elle-même ? Sentant que la confidence n’était pas finie, elle attendit.
Kate ne savait plus quoi penser. Elle venait de donner un conseil à Alexis qu’elle-même n’arrivait pas à suivre. A la seule différence qu’elle, elle savait ce que ressentait Castle…
De son coté, la jeune femme était aux anges, sa petite idée tordue avait porté ses fruits. A présent, il fallait espérer que Beckett sache appliquer ses propres conseils. Mais Alexis semblait confiante.
Dans le salon de Patterson
Il écrasa son cigare dans le cendrier et finit son verre d’un seul trait. Il attrapa son manteau et salua ses amis d’un geste de la main. Il aurait voulu rentrer à pied, pour la beauté de New York la nuit. Mais à peine dehors, le froid le rappela à l’ordre, Castle héla un taxi et lui donna son adresse.
Dans l’habitacle résonnait Je n’ai pas d’ami comme toi. Il écouta les paroles de l’interprète suisse avec une attention qui lui était rare. Mais elle racontait tellement bien ce qu’il ressentait aux côtés de Beckett. Quand elle passait devant lui, il ne pouvait s’empêcher de regarder ses jambes ou la lumière sur ses cheveux. Quand elle s’approchait de lui, son parfum de cerise lui faisait baisser les yeux. Ou bien, quand elle lui touchait les mains, il s’arrangeait pour ne pas y penser. Il comprenait mieux le monde en l’observant, il était persuadé d’y voir plus clair. Elle lui avait surtout ouvert les portes d’un monde qu’il n’osait imaginer. Celui dans lequel, il pouvait aimer une femme qui se moquait pas mal de son argent ou de son nom.
Chapitre IX
Castle fixait une goutte d’eau sur la vitre, la ville n’était plus qu’une ombre, les lampadaires n’éclairaient plus que par à coup la banquette du taxi. L’écrivain était plongé dans ses pensées. Lorsque que le chauffeur le sortit de son moment d’absence, il paya et ouvrit la portière. Il referma son manteau et emmitoufla la tête dans son écharpe. Il tentait d’échapper aux gouttelettes d’eau qui se frayaient un chemin jusqu’à sa nuque.
Au loft, malgré la confession d’Alexis qui laissa Kate dans une dualité flagrante, la soirée se passa à merveille. La discussion ne connut aucun silence gênant. Le tableau qu’elles offraient assises l’une en face de l’autre dégageait une authenticité profonde, ce que ne rata pas l’écrivain en entrant dans l’appartement. Il marqua un temps de pause sur le pas de la porte. La femme qui hantait ses rêves les plus coquins se trouvait dans son salon et discutait comme si cela était commun avec sa fille.
Castle se figea instantanément. La jeune femme était plutôt fière de son petit effet, et sourit devant le teint blafard de son père. Kate tenta de retenir ses rires en mettant son poing devant sa bouche, cependant, elle n’aurait manqué ce moment pour rien au monde. Les chiens ne font pas des chats et la jeune femme était aussi adroite que son père pour déstabiliser son interlocuteur.
Castle était surpris mais heureux. Les deux femmes les plus importantes à ses yeux, en y ajoutant sa mère bien évidemment, avait l’air de s’apprécier. Rien n’aurait pu le ravir davantage et cette pensée lui dessina un sourire sur les lèvres lui donnant l’air benêt. Kate embrassa Alexis, prit sa veste, salua Castle et quitta le loft en disant :
Kate referma la porte laissant père et fille, l’un en face de l’autre, l’un dans l’incompréhension totale et l’autre heureuse de sa soirée.
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Au poste, le lendemain matin
En repensant à cette soirée avec Alexis, Beckett mâchouillait nerveusement le bout de son stylo. Kate ne voulait s’immiscer dans la relation fusionnelle qui existait entre le père et sa fille. Néanmoins, une question la tracassait, arriverait-elle à appliquer son propre conseil ? Elle devait avoir confiance en elle-même et en Rick aussi, elle devait juste sauter dans l’inconnu. Castle l’aimait alors pourquoi n’osait-elle pas à lâcher prise ? Avait-elle peur qu’il l’attende encore ou pire qu’il se soit déjà lassé ?
Mais insciemment, elle attendait le coup de téléphone qui allait annoncer la mort d’une troisième personne.
Lorsque tout d’un coup, elle se retrouva face à un café fumant. Elle lui sourit pour toute réponse et il ajouta un « Always » à peine audible pour qu’elle soit la seule à l’entendre. Elle sentit son cœur éclater dans sa poitrine, la tension des deux jours précédents semblait s’être évaporer. Kate ne supportait plus ce silence qui s’était installé entre eux. Elle l’aimait et elle souhaitait l’avoir près d’elle dans les bons comme dans les mauvais moments et cette enquête était pire qu’un mauvais moment. C’était un cauchemar éveillé et elle espérait sentir la force de ses bras la réconforter, elle espérait sentir son souffle court dans son cou, elle l’espérait lui, simplement.
Il s’assit sur sa chaise la fixa intensément, elle dégageait un charme fou. Certes, elle lui volerait dans les plumes lorsqu’elle s’en rendrait compte mais tant pis, le jeu en valait la chandelle, il était attiré tel un aimant. Il s’en voulait de s’être comporter de cette manière durant les jours passés, mais c’était plus fort que lui. Il attendait désespérément qu’elle lui dise qu’elle voulait être celle avec qui il devrait passer cette nuit torride qu’avait prévu Meredith. Alors aujourd’hui, il s’en donnait à cœur joie pour contempler cette femme dont il était fou.
Beckett n’était pas dupe, elle le voyait très bien mais cela lui plaisait. Elle appréciait ce regard doux et attentionné posé sur elle, un regard profond et sincère dans lequel elle pouvait se perdre. Un regard bleu océan dans lequel on tombe sans toucher terre, celui qui l’envoûtait depuis pratiquement quatre ans. Elle ne voulait, sans doute, pas gâcher la beauté de ce moment.
Néanmoins, dans son bureau, Gates ne vivait pas réellement le même moment paisible. Une troisième victime venait d’être découverte sur Lexington Avenue. Elle voulait à tout prix résoudre cette enquête au plus vite car dehors la presse commençait à trouver l’affaire très intéressante pour les gros titres et puis Beckett semblait ne pas avoir dormie depuis des semaines.
Lorsqu’elle sortit pour annoncer la nouvelle cela eut le mérite de ramener définitivement le duo atypique à la dure réalité.
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Ils passèrent une porte d’entrée rouge poussée par Jones et tombèrent dans un duplex typiquement newyorkais. Le salon était une grande pièce ouverte sur une cuisine américaine, un escalier en bois massif trônait en plein milieu. Les murs de briques apportaient un côté chaleureux et réconfortant. Les yeux de Castle se perdirent dans la bibliothèque gigantesque. Il ne put s’empêcher que chercher ses livres et eut ce petit sourire de satisfaction lorsqu’il les trouva. Beckett le regarda toucher le dos des livres du bout des doigts, il semblait avoir quitter la surface de la Terre pour quelques secondes. Son côté enfantin avait disparu laissant place à un homme dévoué à sa passion.
Lanie toussota légèrement, elle préférait tellement les voir ainsi que dans le froid glacial qui les hantait ces derniers temps, mais l’important restait la scène de crime. Et pour les deux jeunes femmes, cette scène avait un air de déjà vu. La chaise était disposée en face de la porte d’entrée de manière à ne pas la rater. En même temps, comment voulez-vous rater une femme torturée et à moitié dénudée dans une pièce ?
Une femme d’environ 40 ans était assise sur une chaise, dont le buste était vêtu uniquement d’un soutien gorge en dentelle noire. Ainsi, il était impossible d’ignorer la plaie béante laissée par la lame d’un couteau d’où un filet de sang s’échapper encore. Le sang s’était rependu sur le sol et s’infiltrait dans les rainures du parquet lui donnant une légère teinte carmin. Elle avait la tête tombante sur la poitrine, ses cheveux recouvraient partiellement son visage dissimulant son nez meurtri et sa pommettes bleuie. Ses avant-bras étaient parsemés des ecchymoses. Beckett eut l’impression de se présenter aux portes de l’Enfer tant les cris de souffrance de cette femme semblaient encore résonner dans la pièce. Elle avait tenté de lutter mais son agresseur fut plus fort… Le doute n’existait plus, c’était bien lui ! Insatiable et introuvable…
Lanie coupa le silence qui s’était peu à peu installé.
« Bonjour Katie,
A ton avis, quelle chose te perturbe le plus dans la vie, le souvenir de ta mère ou bien les disputes avec Castle ? J’hésite encore… Au moins, l’une des deux personnes a su que tu l’aimais, la seconde ne le saura peut-être jamais… Comment peut-il s’accrocher avec tant d’envie depuis tant d’années ? Je suis persuadé qu’il décrocherait la lune pour un seul de tes sourires ! Mais visiblement, toutes les personnes ont leurs limites et pour toi c’est aimer, n’est ce pas ?
Central Park n’est jamais aussi agréable qu’en cette saison, non ? Mais si, souviens toi Katie, assise sur un banc au bord du lac sous un chêne en bonne compagnie, la tête sur une épaule compatissante, un sourire sans égal… Ah, le calme avant la tempête… Au fait, cette écharpe rouge te va à ravir, dommage que tu ne la portes pas plus souvent.
Pour ce qui est de mon cadeau, j’ai hésité longuement, ce n’est pas que la liste est longue mais disons que j’ai du choix. Et puis, finalement, elle s’est imposée à moi comme une évidence. Si tu ne la reconnais pas tout de suite, ce n’est pas très grave, je ne t’en tiendrais pas rigueur. Tu te rendras compte bien assez tôt que cette femme aussi a croisé ta route, il y a quelques années déjà…
Comme quoi toutes les récompenses de l’académie ou les éloges de tes supérieurs ne représentent absolument rien. Lorsque l’affaire devient trop complexe, il n’y a plus personne. Je suis très flatté que même l’écrivain n’ait rien à rajouter !
Tu as enfin trouvé un adversaire à ta taille ou plutôt… un adversaire plus fort que toi, Katie.
A très bientôt, j’espère… »
Beckett était partagée entre la colère ou le désespoir, mais finalement ce sont les larmes qui arrivèrent à la bordure de ses yeux. Comment osait-il la surnommer Katie ? Comment avait-il pu remarquer son écharpe ? Ou pour la parenthèse avec Castle dans Central Park ? Comment savait-il pour les distinctions à l’académie ?
Elle suffoquait, elle se sentait prise au piège. Il était proche… Très proche… Trop proche ! Elle le croisait peut-être tous les jours, dans son immeuble, chez Rémy’s, dans la rue… Ca pouvait être n’importe qui…
Castle se sentait impuissant, incapable d’aider sa muse, sa partenaire, son amie, sa meilleure amie, celle qu’il aimait… Il la regardait s’effondrer sans pouvoir intervenir. Il fit un pas de plus, étendit son bras et de son pouce il chassa une larme qui avait passé la barrière des yeux de la femme en face de lui. Rick la regardait avec l’amour inconditionnel qu’il éprouvait pour elle. Il aurait voulu trouver les mots qui l’auraient sortie de cette torpeur mais, il n’en avait aucun. Ils semblaient tous trop faibles. A ce moment là, il n’y avait plus qu’elle et lui… Et la rage envers cet homme.
Kate se sentait enfin prête à lâcher prise et à se fondre dans ses bras. Elle voulait entendre les battements de son cœur qui sauraient, sans aucun doute, l’apaiser ou bien sentir sa musculature sous sa chemise imprégnée de son parfum. Mais elle n’en eut pas la force en réalisant qu’ils étaient encore dans l’appartement de Veronica Harris…
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A l’étage de la criminelle
Toute l’équipe était réunie dans la salle de réunion. Gates se trouvait au bout de la table, Esposito était à la limite de percer le plancher à force de tourner en rond, Ryan et Tory cherchaient des informations sur la victime en pianotant sur l’ordinateur. Kate et Castle étaient assis l’un en face de l’autre, elle pouvait encore sentir la douceur de son pouce sur sa joue et de son côté, il voulait juste être là pour elle.
Castle était toujours persuadé qu’il connaissait ce nom… Veronica Harris… Harris…
Beckett n’avait toujours pas sorti un mot. Elle relisait chaque ligne de cette lettre. Cette fois, ce n’était plus uniquement personnel, il s’attaquait à ses enquêtes. Il jouait avec elle comme un chat s’amuse avec un souris sur le point de rendre l’âme. Plus les meurtres passaient, plus les lettres étaient fortes. Elle se sentait comme dans une piscine où l’on n’a pas pied et que vos jambes commencent à se raidir, que le souffle commence à vous manquer et que vous hésitez entre lutter encore ou vous laissez sombrer.
Elle voulait trouver l’ordure qui se jouait d’elle. Les familles des victimes et en particulier cette petite fille ne devaient pas rester dans l’ignorance. Elle était suffisamment bien placée pour dire que ne pas savoir vous détruit à petit feu…
Gates la regardait depuis quelques minutes. Elle jeta un coup d’œil vers Castle qui l’observait avec la même impuissance que celle qu’elle ressentait à ce moment là. Ce n’est pas parce qu’elle venait des affaires internes qu’elle n’aimait pas les flics. Elle tenait à chacun de ses lieutenants. Elle savait très bien que Kate ne rentrerait pas chez elle, ce soir, sans avoir trouver le moindre indice. Elle lui ressemblait dans le fond, une femme forte, indépendante et sûre de ses convictions. Mais avec les années, le Capitaine avait fini par se rendre compte que certaines affaires peuvent vous dévorer de l’intérieur. Il y a quelques années elle en avait fait les frais et dans ses cauchemars les plus sombres, c’était cette enquête qui revenait. Alors elle s’excusa et sortit pour passer un coup de fil.
Salle d’interrogatoire n°2
Même si Harris avait tout du suspect idéal, un mobile sans alibi, l’écrivain restait sceptique.
Ryan fit interruption dans la pièce et d’un geste de la main, il demanda à Beckett et Castle de sortir.
La jeune femme poussa à peine la porte de la salle d’interrogatoire que l’ex-mari s’insurgea.
Beckett et Castle se retrouvaient de nouveau devant le tableau blanc. Les portraits souriants des futures victimes témoignaient d’un instant paisible de leurs existences, ce qui contrastait avec les scènes violentes et macabres que furent leurs derniers moments. Sous chaque photo se trouvait un nom, un lieu, une date et une heure approximative, une profession... Voilà aujourd’hui, ce qui restait de ces trois personnes, juste des mots lancés sur un tableau dans un commissariat de New York. La colonne des suspects ne comprenait que la photo d’une silhouette en noir et blanc marquée d’un point d’interrogation. Dessous se trouvait deux clichés, l’un devant chez les Moore l’autre devant chez Veronica Harris, une empreinte partielle, et une odeur de bois…
Chapitre X
L’écrivain abandonna le 12th pour un déjeuner en famille. Martha évoqua certains souvenirs dans des mises en scènes toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Un récit ponctué par des anecdotes qui faisaient légèrement sourire Castle. Mais il semblait distrait, ailleurs, en vérité loin du loft.
Déjà cinq jours qu’il vivait cette enquête sans savoir où était réellement sa place. Il n’osait imaginer que l’on puisse s’en prendre à Beckett, et si par malheur il lui arrivait quelque chose, il ne s’en remettrait pas.
Malgré les sourires, Martha sentait son fils préoccupé. Elle débarrassa donc la table, rangea la cuisine à l’aide de sa petite fille et prit la direction du bureau pour y retrouver l’écrivain.
Il était debout face à la fenêtre, les cheveux en bataille, les bras croisés sur le torse et le regard perdu dans l’immensité de la Grosse Pomme.
Même si sa mère avait toujours été de bons conseils auparavant, Castle ne voulait pas entendre la vérité qu’elle s’apprêtait à lui annoncer.
Elle était arrivée où elle le souhaitait. Elle n’ignorait pas la souffrance de son fils dans cette situation mais elle était convaincue que c’était à lui de faire le premier pas, sinon jamais ils n’avanceront. C’était indéniable, Beckett le rendait heureux. Alors qu’en serait-il s’ils parvenaient à s’avouer leurs sentiments ?
La matriarche s’était jurée de ne plus s’attacher aux conquêtes de son fils, néanmoins, Katherine n’était pas une conquête et elle l’appréciait déjà.
Au poste
Beckett fut surprise que Castle rentre au loft ce midi. Meredith était à New York, il voulait peut-être en profiter encore un peu avant qu’elle ne reparte.
Ils avaient pris l’habitude de déjeuner ensemble, au poste avec les Gars ou en tête à tête dans Central Park. Bizarrement, aujourd’hui, Kate se sentait abandonnée. Elle trouvait cela tellement ridicule. L’écrivain n’était parti que depuis une vingtaine de minutes, tout au plus, alors que Josh partait des semaines entières à l’autre bout du monde sans qu’elle ne ressente ce vide.
Elle se dirigea vers l’ascenseur et monta à l’intérieur sans réellement faire attention à ceux qui l’accompagner. Elle pensa qu’Alexis avait peut-être envie de déjeuner avec son père mais elle n’arrivait pas à se sortir de l’esprit qu’il caressait peut-être sensuellement son ex-femme. Après tout, ils avaient passé une nuit torride ensemble, il y a deux jours…
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A la morgue, le corps de Veronica Harris trônait sur une table métallique. Après l’examen externe qui n’avait mené à rien, Lanie incisa le buste en Y. Comme à la fin des deux autres autopsies, la jeune femme était dépitée. D’habitude, elle parvenait à faire parler les morts. C’était, sans doute, pour cela qu’elle avait choisi la médecine légale. Elle trouvait fascinant de pouvoir aider une personne même après son dernier souffle. Elle recousait le corps lorsqu’elle vit Kate passer les portes battantes.
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Castle, appuyé dans l’encadrement de la porte, ne la quittait pas du regard. Ses cheveux étaient relevés par un chignon négligé maintenu par un crayon à papier, dévoilant sa nuque qu’il serait tenté de couvrir de baisers. Affaissée sur une chaise, elle semblait porter le monde sur ses épaules. Il y a quelques jours, il s’était dit qu’il attendrait la fin de l’enquête pour dire à Beckett qu’il ne voulait plus être uniquement son partenaire au poste. Il désirait la voir s’éveiller dans ses bras chaque matin… Arriverait-il à attendre ?
L’écrivain s’approcha. Il ouvrit la bouche mais rien n’en sortit, tirant un sourire à la jeune femme. L’assassin avait raison sur une chose dans sa dernière lettre, il décrocherait la lune pour recevoir un tel sourire en retour.
Elle n’y arrivait pas… Elle en mourrait d’envie, surtout quand il prononçait son prénom avec tant de délicatesse. Mais lorsqu’il posait son regard amoureux et sincère sur elle, Beckett repensait à la fusillade et à la déclaration de Castle. Son mensonge la paralysait, ou n’est-ce qu’une excuse pour ne pas ouvrir son cœur ? Pendant leurs soirées entre filles, Lanie lui répétait sans cesse que plus elle attendrait, plus ce serait dur ! Et si c’était déjà trop tard ?
Gates retira ses lunettes et mordilla l’une des branches, elle finit par les poser sur la pile de rapport devant elle. Elle se frotta les yeux puis les tempes. Elle avait quitté les affaires internes pour pallier à la routine mais devant des enquêtes pareilles, elle regrettait la corruption ou les arrestations trop violentes…
Elle se leva, referma le résumé de la seconde scène de crime et proposa une pause dans la salle de repos. En vérité, c’était plus un ordre qu’une proposition, puisqu’elle ne leur laissa pas vraiment le choix. Mais ils tournaient en rond depuis des heures, prendre de la distance semblait la meilleure chose à faire.
Le Capitaine et les garçons essayaient de parler d’autres choses mais ce n’était qu’une façade. Ils ne pouvaient pas oublier qu’un homme tuait impunément dans les rues de New York pour son bon plaisir.
De son côté, Beckett se sentait épier au poste. Les murmures remplissaient le silence et lorsqu’elle s’approchait les discussions s’arrêtaient prestement. Elle comprenait l’inquiétude des autres, mais elle n’était pas en sucre ! Lorsqu’elle avait accepté cette plaque, elle en connaissait les risques. Elle n’avait pas besoin d’être protégée comme une enfant. Alors quoi de mieux que l’humour pour donner l’illusion que tout va bien ? Ainsi dans cette discussion où s’enchaînaient des banalités, elle déclara d’un ton aguicheur :
Le silence s’empara de la pièce, l’écrivain recracha son café dans sa tasse, et il passa sa main dans ses cheveux pour tenter de cacher son trouble. Il n’en revenait pas. D’ordinaire, c’était lui qui jouait ainsi avec elle. Il était à la fois charmé et perdu. Devait-il la coller contre la porte et lui en donner un aperçu ou bien attendre et faire comme si de rien n’était ?
Sur le coup, elle ne s’était pas réellement rendue compte de ses propos. Cette déclaration était venue comme ça, c’était la première chose qui lui était passée par la tête. Elle sentit ses joues virer au rouge, mais à présent, elle ne pouvait plus faire marche arrière, alors elle lui tapota le torse de son index en disant :
Les deux lieutenants n’avaient pas bougé d’un iota. Ils étaient stupéfaits. Il était évident que Kate craquait pour le romancier le plus en vogue de la côte Est mais pour la première fois elle le draguait ouvertement au poste et devant Gates qui plus est. Elle venait de lui faire du rentre-dedans sans la moindre hésitation. L’écrivain déglutit difficilement avant de verser le reste de sa tasse dans l’évier. Puis il quitta la pièce sans décrocher un mot.
L’espace d’un instant, les deux lieutenants avaient oublié la présence de leur supérieure. Ils se retournèrent d’un seul coup et la regardèrent d’un air ahuri. Elle sourit, puis prit à son tour la direction de la salle de réunion.
Castle n’avait encore rien dit au sujet de sa conversation avec les autres auteurs de best-sellers. Après tout ce n’était que des suppositions et il n’avait aucune preuve de ce qu’il s’apprêtait à énoncer. C’était peut-être uniquement leurs esprits tordus et le whisky qui les faisaient affabuler. Mais qu’importe, il se lança :
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La journée touchait à sa fin. Ryan et Esposito était déjà partis depuis plusieurs heures mais Castle ne pouvait se résoudre à la laisser seule ici.
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Ils entrèrent dans le loft comme un couple le ferait après une journée de travail. Kate retira ses talons et posa son manteau sur le dossier du canapé. Castle n’avait pas encore bougé du pas de la porte, il était subjugué par la vision qu’elle lui offrait. Il avait de plus en plus de mal à contenir le flot d’émotions qui le submergeait.
A son tour, il retira sa veste et retroussa ses manches. La jeune femme s’assit sur un tabouret et le regarda s’afférer derrière les fourneaux. Ses pensées étaient accaparées par son fessier que ce pantalon moulait à la perfection.
L’écrivain se retourna pour attraper le sel et se figea en voyant le regard désireux de Beckett. Visiblement, il n’était pas le seul à fantasmer sur le corps de l’autre en cachette. Kate sursauta et sentit ses joues s’empourprer. Il sourit devant sa gêne, mais il eut envie de s’amuser encore un peu.
Il trempa son index dans la sauce de ses pâtes à la carbonara, et l’amena de façon plus que sensuelle jusqu’à sa bouche. La jeune femme retint sa respiration jusqu’à ce que le bout de sa langue rattrape la dernière gouttelette de sauce qui tentait de s’échapper. Il mordilla son ongle et le cœur de Kate rata un battement. Elle déglutit bruyamment, imaginant l’un de ses tétons à la place de son index. Castle lécha sa lèvre supérieure pour rajouter un peu plus à son supplice.
Martha arriva alors dans cuisine cassant en mille morceaux la bulle qu’ils s’étaient créés.
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Le repas s’était passé à merveille. Les pâtes reçurent de vastes compliments ce qui ne fit que gonfler un peu plus l’égo de l’écrivain. Avec ce délicieux plat italien, Castle servit un Pessac-Léognan qui, de toute évidence, faisait beaucoup d’effet sur Beckett. Dire qu’elle était plus joyeuse que d’ordinaire était un euphémisme. Martha et Alexis s’éclipsèrent, préférant les laisser seuls.
L’écrivain et sa muse s’installèrent sur le canapé avec des popcorns et de la glace. Plus le film avançait, plus Kate se laissait glisser dans les bras du romancier. Appuyée contre son torse avec l’une de ses mains sur son flanc, elle n’osait imaginer le froid qui l’envahirait s’il l’enlevait. Quand le générique de fin apparu sur l’écran, Castle se leva, non sans un regret, pour déposer le saladier dans la cuisine.
Lorsqu’il se retourna en direction du canapé, il tomba nez à nez avec Beckett. Ils n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. La jeune femme attrapa son col de chemise et lui murmura :
Castle écarquilla les yeux, il ne la pensait pas autant entreprenante mais ce n’était pas pour lui déplaire. Elle lui sourit, passa son autre main sur sa nuque, en se rapprochant outrageusement de lui. Kate réduisit progressivement l’écart qui séparait leurs lèvres puis finit par le combler totalement.
L’écrivain était médusé. Il savourait la douceur de ses lèvres, la délicatesse de ses doigts qui se frayaient un chemin à travers ses cheveux, son odeur de cerise... Elle le rendait fou !
Il ne répondit pas tout de suite au baiser. Cependant, lorsque la jeune femme quémanda sa langue en torturant délicatement sa lèvre inférieure, il ne put refuser. Il prit alors part à cet échange impromptu mais tellement agréable. Il attrapa virilement ses hanches, et laissa ses mains vagabondaient dans le creux de ses reins sous son chemisier. Bien évidemment, il s’était imaginé des centaines de fois cet instant. Mais aujourd’hui, sentir Kate frémir sous ses doigts, ne cessait d’accroître son envie d’elle.
D’un geste autoritaire, il l’attira un peu plus contre son corps. Elle pouvait sentir son envie grandissante ce qui ne faisait d’accentuer la chaleur qui s’attardait dans son bas-ventre. Elle ondulait du bassin contre celui de son amant, lui tirant des râles de plaisir. Leurs langues se redécouvraient, se caressaient, s’apprivoisaient, se délectaient l’une de l’autre. Beckett n’était plus que gémissements et frissons.
Elle lâchait totalement prise ce qui la rendait encore plus désirable.
Castle quitta sa bouche pour la mordiller et la marquer juste au dessus de la clavicule. Sans arrêter sa succion, il déboutonna sa chemise qu’il laissa glisser sur le parquet de la cuisine. Il caressa du bout des doigts la bordure dentelé de son soutien-gorge, puis ses lèvres remplacèrent ses doigts. Il dégrafa d’un touché expert le bout de tissu qui devenait de trop à présent. Les gémissements remplirent la pièce lorsqu’il s’attarda sur l’un de ses tétons. La jeune femme passait frénétiquement ses doigts dans les cheveux de Castle et ondulait du bassin pour tenter de dissiper les papillons qui s’installaient dans son bas ventre. Jamais un homme ne l’avait autant émoustillée grâce à sa langue.
Il remonta et leurs lèvres s’effleurèrent. Ils se regardaient comme s’ils se découvraient pour la première fois. Castle fondit sur sa bouche et les mains posées sur ses hanches, il la poussa jusqu’à sa chambre.
En passant la porte, l’écrivain eut un moment d’hésitation. Alors que Kate se débattait avec la ceinture de son pantalon, il repensa à la soirée. La femme obsédait par le contrôle qu’il connaissait n’aurait jamais agit comme cela. Elle avait bu, il ne pouvait pas profiter de la situation. Et si se réveiller nue dans ses bras n’était pas ce qu’elle désirait vraiment ? Il la perdrait certainement.
Alors, il détacha ses lèvres des siennes.
La jeune femme le regarda sans comprendre. Alors elle fit glisser son jeans dévoilant un string en dentelle noire qui ne cachait que le strict minimum de son anatomie.
Lorsque Kate vint se blottir dans ses bras, il n’osa plus bouger. D’une main, il écarta la mèche de cheveux qui recouvrait son visage et caressa sa joue. Il ne la pensait pas aussi douce et câline, mais il n’allait pas s’en plaindre.
Son cœur se serra. Il était surpris. Il n’attendait pas réellement de réponse. Heureux d’avoir pris la bonne décision, il l’entoura de ses bras et se laissa guider à son tour dans ceux de Morphée.
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Il était six heure à peine, New York était déjà en pleine effervescent. Les journaux imprimés, les traversins écrasés, les cafés dans les tasses… Mais ce matin là, Beckett se souciait peu des minutes qui s’égrenaient.
Elle posa sa tête sur le torse de l’inconnu qui avait passé la nuit à ses côtés. Elle n’avait jamais aussi bien dormi que dans ces bras. Elle ne pouvait imaginer les quitter maintenant qu’elle y avait gouté. Elle ne voulait pas ouvrir les yeux de peur que ce moment disparaisse.
Beckett se laissait bercer par les doux battements de son cœur. Elle savourait la douceur de sa main posée sur sa fesse et de ses pieds entremêlés aux siens. Du bout des doigts, elle dessinait des formes abstraites sur le torse de cet inconnu, lui tirant des râles de satisfaction.
De son côté, Castle hésitait encore entre rêve et réalité. Mais lorsqu’il sentit la cuisse de Kate effleurer son anatomie déjà bien réveillée, il réalisa que ce n’était pas un fantasme. Elle se trouvait bien à moitié nue sous sa couette.
La main qui avait élu domicile sur le haut de sa fesse glissa sous son polo pour venir lui caresser le dos. Elle ronronna, reposée et épanouie.
A cette pensée, elle se leva d’un bond emportant le drap avec elle, tirant définitivement l’écrivain de sa rêverie.