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Jeunesse et protection des mineurs
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Série : Castle
Création : 25.01.2017 à 11h51
Auteur : ArthurRrr
Statut : Terminée
« Je me lance, j'espère que cela vous plaira. L'histoire se déroule au cours de la saison 4 » ArthurRrr
Cette fanfic compte déjà 20 paragraphes
Chapitre XI
Beckett ne savait plus quoi penser. Elle savait qu’elle devrait lutter contre elle-même si elle acceptait de passer la nuit chez Castle. Et de toute évidence, le vin n’avait pas arrangé les choses. Mais, au fond, regrettait-elle vraiment cette soirée ? Elle avait pu gouté avidement à ses lèvres, à la force de son torse et à la douceur de ses doigts…
Jamais encore un baiser ne l’avait autant chamboulée. Si celui sous couverture avait été époustouflant, celui-là était inqualifiable. Son souvenir était impérissable ! Et sans s’en rendre compte, elle passa sa main sur sa clavicule marquée.
Heureusement Castle avait agi en parfait gentleman. Comme toujours il avait été prévenant, attentionné et sage. Etait-ce vraiment ce qu’elle voulait ? Ne préférerait-elle pas qu’il la bouscule ? Agissait-il comme ça avec toutes celles qui passaient dans son lit ?
L’écrivain regardait tantôt le coussin posait sur ses cuisses tantôt sa muse assise au bord de son lit. Castle se sentait gêné de ne pas pouvoir se contrôler. Mais dès qu’il laissait ses yeux errer sur son corps, il devait résister à ses pulsions. C’était déjà dur au poste lorsqu’elle était habillée, alors dans son lit, à moitié nue, après une nuit à se câliner… Il restait un homme après tout…
La chaleur de leur étreinte de la veille ne l’avait pas quitté. Kate ne pouvait pas feindre l’amour qu’il y avait ressenti, car oui, leurs baisers transpiraient l’amour !
Dans cette chambre de Manhattan, le temps semblait s’être arrêté. Pourquoi étaient-ils autant gênés ? Après tout, ce qu’ils s’apprêtaient à faire était légal. Assis au bord du lit, ils se regardaient comme deux adolescents qui ne savent pas vraiment comment s’y prendre.
Dans un synchronisme parfait, l’azur rencontra l’émeraude pour quelques secondes, une minute à peine. Mais Kate rompit le contact pour écarter le drap qui l’enveloppait afin de voir ce qui restait de ses vêtements, et fut quelque peu rassurée en constatant qu’elle portait toujours son dessous. Mais elle lâcha le drap et palpa sa poitrine.
Et voilà ! Elle fuyait… Mais hier soir, c’était bien elle. Plus ouverte et plus avenante, sans cette retenue qui lui servait de remparts.
Beckett se glissa sous l’eau chaude, les mains posées sur le carrelage froid de la douche à l’italienne. Finalement, elle attrapa la bouteille de gel douche et en déposa une noix dans la pomme de sa main. Plus la mousse se rependait sur son corps, plus l’odeur de Rick envahissait la pièce pour son plus grand plaisir. Elle se rinça et coupa l’eau mais quand elle voulut attraper une serviette, elle eut un léger moment de solitude.
Avançant difficilement à l’aide du tapis pour ne pas transformer la salle de bain en pataugeoire, elle s’approcha de la porte.
Elle s’habilla en vitesse et fila au 12th. Elle ne voulait pas qu’ils arrivent ensemble au poste et puis, elle devait encore passer chez elle pour se changer.
Au 12th, un peu plus tard.
Assise à son bureau, un stylo entre les mains, Kate essayait d’oublier les images du corps de Castle contre le sien. Elle pouvait encore sentir son souffle chaud dans son cou ou la douceur de sa main caressant sa fesse. Comment évincer de votre esprit une sensation que vous voudriez ressentir à nouveau et que l’objet de votre désir vous suit toute la journée ?
Castle n’était toujours pas arrivé et ce n’était pas plus mal. Comment arriverait-elle à le regarder sans rougir ? Qui plus est, il allait surement se venter d’avoir réussi à la mettre dans son lit… Trop heureux d’avoir pu caresser cette pauvre fille, froide et sans cœur, trop obnubilée par la mort de sa mère pour vivre sa vie…
Mais l’absence de Rick rimait avec l’absence de café, alors elle se dirigea vers la salle de pause. Elle lutta avec cet appareil qu’elle n’arriverait, sans doute, jamais à dompter. De la vapeur s’échappa de la machine à café accompagnée par un bruit sinistre.
Fulminante, elle lança sa tasse dans l’évier. Lorsque cette dernière atterrit, elle se brisa en milles morceaux.
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En cette fin de matinée là, la morgue était d’un calme religieux. Assise à son bureau, Lanie s’étira sur sa chaise et elle ferma le rapport devant elle. La semaine était difficile pour tout le monde, elle y comprit. Kate était sa meilleure amie et elle ne trouvait aucun indice sur les victimes. Elle se sentait impuissante, inutile et incapable de faire ce pour quoi elle était payée. Elle souffla et décida de retourner examiner les corps.
La métisse s’approcha, tira un tabouret et s’assit en face de son amie. Kate balançait frénétiquement ses pieds dans le vide sans les quitter des yeux.
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Après un petit déjeuner et une douche, Castle arriva au poste. Il ne n’attendrait pas la fin de l’enquête, il allait lui dire ce matin qu’il n’en pouvait plus de faire semblant. Alors, il allait suivre le conseil non sollicité de sa mère et lui avouer à quel point il l’aime avant que la fatalité du monde ne les sépare.
Etait-elle en colère à cause de la nuit qu’ils venaient de passer ? Pourtant, elle ne lui avait pas donné cette impression en quittant son appartement. Sur le trottoir en pleine réflexion, il héla un taxi.
Face à la porte vitrée de l’immeuble de la jeune femme, il hésita un court instant.
Il devait lui dire que les préliminaires de la veille ne l’avaient pas laissé de marbre.
Immobile devant sa porte, il n’osait frapper. Lui, ce séducteur hors pair n’était plus sûr de ses gestes. Il était tremblant à l’idée qu’elle puisse ne pas l’aimer. Finalement, il tapa trois coups et attendit.
Pour simple réponse, il retrouva la douceur des lèvres de Beckett. Elle s’était approchée et l’embrassait délicatement. La jeune femme trouvait les mots trop faibles après une telle déclaration. Elle laissa les incertitudes et les doutes derrière elle. Pour une fois, elle décida d’écouter son cœur.
Castle, d’abord surpris, prit finalement part à cet échange et la saisit par les hanches. De toute évidence, elle ne regrettait pas la soirée de la veille ! La jeune femme passa ses mains sous le pull de son amant et les laissa vagabonder sur sa peau. L’écrivain engagea la même torture en glissant ses doigts sous sa chemise.
Lorsqu’il atteint le doux tissu satiné de ses dessous, la réponse de Kate ne se fit pas attendre.
Le baiser était urgent et passionné. Des gémissements de plaisirs remplissaient la pièce. Alors que Beckett se mouvait contre le bassin de son amant, ce dernier échangea leurs places et la plaqua contre sa porte. Il embrassa chaque parcelle de son cou dénudé, puis défit deux boutons et continua de la torturer. Il sourit sur sa peau en retrouvant la marque qu’il lui avait infligée quelques heures auparavant. A chaque nouvel assaut de la bouche de l’écrivain sur son corps, elle frémissait. Elle resserrait sa prise sur ses épaules tout maintenant le contact entre sa féminité et le ronflement naissant dans le jeans du romancier.
Dans cet appartement newyorkais, ils laissaient s’échapper les quatre années de frustration qu’ils venaient de s’infliger mutuellement.
Kate posa une main sur le torse de Castle, et lui intima de reculer. Elle se défit doucement de son étreinte. Elle mourait d’envie de le laisser continuer. Il l’avait à peine touchée et pourtant, elle était déjà toute chose. Mais elle devait retourner au poste pour continuer cette enquête avant de se laisser aller à des galipettes.
Après avoir rangé la cuisine, échangé quelques baisers et des caresses, ils quittèrent l’appartement de la jeune femme.
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Dans l’ascenseur qui les amenait à la criminelle, Beckett était blottie dans les bras de son écrivain et à chaque étage, elle s’en extirpait à contre cœur. Avant qu’ils n’arrivent au 4ème, elle s’écarta et le mit en garde.
Ding…
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Lorsque les portes s’ouvrirent, elle remit son masque de flic et ne laissa plus rien transparaître. Elle se dirigea vers la salle de repos pour se faire un café, alors que l’écrivain s’arrêta au niveau des deux lieutenants.
Devant la machine qui l’avait excédée quelques heures auparavant, Kate ne lâchait pas son homme des yeux. Il semblait en pleine négociation avec l’irlandais et le latino. Esposito martelait de son index la poitrine de Castle sous les rires de Ryan.
Elle roula des yeux et s’assit sur le bord de son bureau face au Murder Board. Un stylo entre les mains, Kate se remémorait chaque détail de cette enquête. Cet homme était obnubilé par elle, consciencieux, méthodique et confiant.
Les paroles de Castle lui revinrent alors en mémoire « comment peut-il en savoir autant sur vous ? Cet homme vous suit forcément depuis de nombreuses années déjà ». Mais, la question qui la tracassait depuis quelques minutes était toute autre. Comment savait-il où trouver ses victimes ? Il devait connaître leurs adresses puisqu’elles avaient toutes été retrouvées dans leurs salons respectifs. Les meurtres n’avaient absolument rien d’innovant, tout était précautionneusement réfléchi. La précision dans l’entaille, la lettre, l’uniforme de postier…
Les deux lieutenants n’avaient pas pu en placer une, tellement la connexion entre Beckett et Castle était évidente. L’irlandais et le latino s’éloignèrent, l’écrivain en profita pour s’approcher de Kate. Il la frôla, et fut ravi de la voir frémir.
Elle se retenait pour éviter de l’embrasser tant sa bouche entrouverte était un appel à la luxure. Depuis hier soir, elle vivait un rêve éveillé. Elle avait, plus ou moins, ouvert son cœur à celui qu’elle aimait et ce matin avait été tellement agréable qu’elle n’osait plus imaginer un réveil sans ses bras.
Dring…
Assis sur sa chaise, elle attendait la vibration de son portable qui annoncerait l’arrivée du message de Lanie. Elle avait une boule dans l’estomac et lorsque le message arriva des larmes vinrent s’échouer la barrière de ses yeux. Une larme solitaire franchit la limite et ruissela sur sa joue.
Les gars regardèrent Castle, et Esposito lui fit signe de s’approcher en lui murmurant :
Mais l’écrivain se sentait désemparé. En quatre ans de partenariat, il ne l’avait jamais vue aussi effondrée. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, mais ils étaient au poste et ce n’était pas convenable. Il s’accroupit devant elle et releva avec deux doigts son menton pour capter son regard.
Mais comme à son habitude Beckett ne montra rien. Lorsque leurs yeux se trouvèrent, elle remit son masque. La petite étincelle qu’il avait remarqué hier soir, mais surtout ce midi avait laissé place à un regard vide. Elle sécha ses larmes du revers de sa manche et comme si de rien n’était, elle prit son arme dans son tiroir et enfila sa veste.
Elle rajoutait quelques briques à ce mur déjà inviolable qui la protégeait. Ce fut la goutte d’eau de trop pour Castle qui explosa.
Chapitre XII
Esposito attrapa sa veste sur le dossier de sa chaise et Ryan récupéra son arme dans le tiroir de son bureau. Rick qui n’avait toujours pas bougé regardait la jeune femme se diriger vers l’ascenseur. Il regrettait déjà ses mots mais il ne comprenait pas la distance qu’elle leur imposait. Depuis quatre longues années, il ne cessait de lui montrer à quel point il tenait à elle. Pourquoi érigeait-elle ce mur entre eux ? Alors que d’autres avaient pu l’aimait comme il voudrait pouvoir l’aimer…
Le latino lui tapa sur l’épaule en passant à ses cotés.
Castle lui jeta un regard impuissant en s’asseyant sur sa chaise. Il était arrivé dans ce poste comme par erreur. On prétend que le hasard fait bien les choses, aujourd’hui, il en avait l’intime conviction. Ce hasard lui avait permis de vivre des instants précieux et de faire des rencontres inattendues. Néanmoins en quelques minutes, il venait de sceller son avenir. Anéanti par la dure réalité du moment, il prit une grande respiration et quitta le poste.
Comment la situation avait-elle pu autant déraper alors qu’il se sentait revivre depuis hier soir ?
A la sortie de New York
Cette maison, Kate ne la connaissait que trop bien. Elle représentait toute une part de son enfance. C’était l’un de ces souvenirs que l’on dépose dans une boîte, un soir d’été, et que l’on rouvre des années plus tard en se disant qu’à ce moment là, la vie était nettement plus simple.
Franck Adams était un vieil ami de son père. Ils s’étaient rencontrés à la fin de leurs études de droit. Avec Jim, il lui avait appris à jouer au baseball, il l’avait soutenue après la disparition de sa mère, il avait toujours été là pour elle… Il était rassurant comme la peluche d’un enfant ! Petite lorsqu’elle était dans ses bras, la terre se dérober sous ses pieds, elle ne l’aurait pas senti.
Debout sur le trottoir, les yeux rivaient sur le ruban jaune, elle n’osait plus bouger. Tant qu’elle ne franchissait pas cette porte tout ceci n’était pas vraiment réel… Beckett n’était plus cette femme flic forte et inébranlable qui en impressionnait plus d’un, mais juste une petite fille désarmée et terrorisée.
Elle redoutait la scène qui l’attendait. Elle allait tomber sur un homme d’une soixantaine bien tassée, attaché à une chaise au milieu d’un mare de sang. Torse nu pour exposer l’œuvre de son créateur, un plaie béante dans l’abdomen. Ces yeux n’exprimeront plus que terreur et angoisse. Lanie écartera alors précautionneusement la poche de son jeans. Elle y trouvera une feuille de papier blanc, légèrement rougie par des gouttes de sang et noircie par des mots qui la viseront directement.
Chaque pas était une véritable épreuve. A chaque pose du talon, elle sentait son cœur se fissurer. Sur le seuil, elle tentait de refouler ses larmes. Jones lui ouvrit la porte d’entrée mais Lanie l’arrêta dans le couloir.
Beckett déplia la feuille en retenant sa respiration. Elle n’était pas totalement ouverte encore mais elle put apercevoir le « Bonjour Katherine » et son cœur s’écrasa à ses pieds. Elle leva les yeux espérant trouver le regard bleu océan de son partenaire mais Castle n’était pas là pour ce regard rassurant dont lui seul avait le secret. Elle l’ouvrit entièrement et laissa ses yeux glisser sur le papier.
« Bonsoir Katherine,
Sarah Moore… Victor Davis… Veronica Harris… Franck Adams… Quatre meurtres pour quatre époques de ta vie.
Franck Adams… C’était un cadeaux de choix. Tu sais ce cadeau de Noël que l’on déballe en dernier parce que l’on est sûrs qu’il nous plaira.
Si je devais ne garder qu’un meurtre, je garderais celui-là. Plus que de l’art, c’est l’apothéose de mon œuvre ! Plus puissant que léger, plus agressif que sensible... En vérité, on pourrait davantage le décrire par addition. Il est acerbe. Il est mystérieux. Il est douloureux. Il est... Tout simplement.
Le meilleur flic de New York, sérieusement ?! Pourtant, tu devrais te surpasser pour rendre justice à ces familles.
Kate, est ce que tu penses à la petite Harris ? Une petite fille assise face à une fenêtre qui ne verra plus le soleil se lever de la même manière… Une petite fille qui ne pourra s’empêcher de poser son regard sur les démonstrations publiques d’affection, qui pour elle ne seront plus qu’un vague souvenir… Mais malgré cela, cette petite fille scrutera secrètement le visage des inconnus à la recherche d’un moment fugace d’abandon. A la simple recherche de ce que la vie lui interdit à présent…
Tu as accepté le défi, et de toute évidence tu as perdu… Kate, la sentence approche…
A très bientôt, j’espère ! »
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La nuit était tombée sur New York et la neige refaisait son apparition sur les trottoirs. Castle déambulait comme une âme en peine dans les rues. Il n’avait pas le courage de rentrer chez lui et d’affronter les reproches de sa mère.
Il entra d’un pas hésitant dans un loft sombre, attrapa une bouteille de whisky et s’effondra sur le canapé. Mais même l’alcool ne faisait pas le poids face à son sourire !
Il était voué à la souffrance éternelle puisque la femme qu’il aimait désespérément venait de lui demander de sortir de sa vie. Son cœur lui appartenait et ce à jamais.
Martha quitta la pièce en éteignant la lumière le laissant seul dans la pénombre du salon. Il voulait broyer du noir toute la nuit, autant le faire jusqu’au bout.
Au 12th
Devant son bureau, Kate était assaillie par ses pensées, « Kate, la sentence approche… ».
Le futur plus ou moins proche annoncé par Castle arrivait à grands pas. Elle regarda la chaise vide qui trônait à coté de son bureau. Elle avait besoin de lui et de la chaleur de ses bras pour faire face. Mais comme à son habitude, elle avait préféré écouter sa peur.
Entre la mort de Franck et la dispute avec Castle, la journée avait été rude. Elle enfila sa veste et prit la direction du rez-de-chaussée. Dans le hall, elle croisa Jones et Hasting, leur fit un geste de la main, releva son col et quitta le 12th. En passant la porte, Kate enfouit sa tête dans son écharpe. Les nuits étaient de plus en plus fraiches. Malgré cette heure tardive et la fraicheur, les newyorkais étaient encore de sorties. Ils profitaient de la beauté de la ville éclairée par la lumière de la lune et les enseignes lumineuses des boutiques.
Beckett retrouva sa voiture garée un peu plus haut dans la rue et prit la route. Elle coupa le moteur devant un grand portail métallique. La nuit et le grincement des gonds légèrement rouillés lui donnèrent la chair de poule. Elle arpenta les allées glaciales et finalement elle s’arrêta devant une tombe. Elle s’agenouilla devant cette pierre tombale qui portait son nom, une unique larme tomba sur les fleurs que son père avait déposées en début de semaine.
Elle se releva et regarda une dernière fois la citation latine gravée sur la pierre tombale. Plus qu’une citation, c’était une promesse pour l’avenir.
Il ne restait plus que quelques pas entre sa Crown Victoria et elle, mais elle n’eut pas le temps de l’atteindre. Elle sentit ses paupières s’abaisser et puis plus rien.
Un homme attacha ses mains avec ses menottes et récupéra son glock qu’il glissa à l’arrière de son pantalon. Il fit basculer la détective sur la banquette arrière de sa voiture et referma la portière. D’un naturel terrifiant, il contourna le véhicule et vint s’asseoir côté conducteur. La voiture se fondit dans la nuit, il traversa New York et finit par en sortir. Il longea la côte vers le Nord. De temps à autres, il guettait d’un œil dans son rétroviseur intérieur, la jeune femme toujours inconsciente.
Elle semblait tellement calme et sereine, un rictus sadique apparu à la commissure de ses lèvres.
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Dire que la nuit de Castle n’avait pas été très reposante était un euphémisme. Elle fut très lente, les yeux rivés sur le plafond, d’en des pensées profondes.
En entrant au 12th, il salua Hasting d’un geste de la main et appuya sur le bouton de l’ascenseur. Il mit quelques minutes à arriver mais après tout, il avait le temps d'attendre.
L’étage de la criminelle était en pleine effervescence. Il se fraya un chemin jusqu’au bureau du Capitaine. Il frappa timidement et ouvrit la porte après y avoir été invité.
Il sortit du bureau la tête basse, alors que derrière lui, Gates n’avait toujours pas bougé d’un iota.
Le cœur de Castle se brisa. Elle était au plus mal, et lui n’avait fait qu’appuyer sur une plaie déjà ouverte. Jamais il ne se pardonnerait ses paroles !
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Beckett entrouvrit les yeux difficilement, ses paupières étaient étonnamment lourdes. Allongée sur un lit, elle regarda autour d’elle. Les murs de la chambre étaient faits en bois comme dans les dortoirs des vieilles colonies de vacances. La fenêtre avait été calfeutrée ne laissant qu’un faible rayon de soleil achever son chemin jusque dans cette pièce.
Elle passa sa main dans son cou encore endolori par l’aiguille. Elle tenta de se lever mais sa cheville était maintenue au pied du lit par ses menottes. Elle fut rassurée de constater qu’elle portait toujours ses vêtements de la vieille. Elle tapota la poche de sa veste espérant y trouver son téléphone mais il n’était plus là tout comme son arme ou son badge.
Elle s’assit sur le bord du lit et essaya de reconstruire son emploi du temps de la soirée. Elle se souvenait de la discussion avec Esposito et Lanie, le cimetière, d’avoir prononcer pour la première fois qu’elle aimait Castle, la brûlure dans son cou et puis le vide…
La porte s’entrouvrit et elle put l’apercevoir. La lumière de l’extérieur l’aveuglait, elle ne distinguait qu’une vague silhouette. Elle mourut d’envie de lui décrocher une droite pour l’enfer qu’il venait de lui faire vivre depuis une semaine mais la prise autour de sa cheville l’empêchait d’avancer. Il se tenait fièrement devant elle, une bouteille d’eau à la main. Il la déposa sur la table dans l’angle de la chambre et ajouta :
Elle sentit la main de cet homme s’abattre sur sa joue. Elle releva la tête et passa ses doigts sous son nez pour essuyer les gouttes de sang qui s’en échappaient.
Il claqua la porte en sortant et Beckett laissa échapper une larme. Nombreuses furent les fois où s’était imaginée tomber sous une rafale de balles mais poignardée, seule dans un chalet délabré, jamais cette idée ne l’avait effleurée.
Elle ne put s’empêcher de songer à Castle. Comment était-il habillé aujourd’hui ? Est ce qu’il pensait à elle autant qu’elle pensait à lui ? Est ce qu’il s’était aperçu de son absence malgré leur dispute ? Est ce qu’il s’inquiétait pour elle ? Est ce qu’il espérait toujours ce « nous » qui finalement n’arriverait jamais ?
A ces pensées, elle laissa ses dernières barrières s’effondrer et des larmes roulèrent sur ses joues…
Chapitre XIII
Dans la salle de réunion, on ne pouvait plus qu’imaginer la couleur de la table tant la paperasse envahissait la pièce. En moins d’une semaine, cet homme avait mis à mal tout ce qui faisait de ce service le meilleur de la ville.
Plus les minutes passaient plus l’écrivain doutait de sa décision. Beckett venait de lui ordonner de sortir de sa vie, et ce poste représentait toute la vie de la belle détective !
Le Capitaine et Ryan regardèrent s’éloigner cet homme effondré qui n’était plus que l’ombre de lui même.
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Castle ne comprenait pas. Qu’est ce qui avait pu la retenir ? Un homme ? Elle avait peut-être passé la nuit dans ses bras ?
Il laissa sa voiture sur Broome Street à quelques pâtés de maisons de l’appartement de sa partenaire.
L’écrivain profita de l’entrée d’une mère et de ses deux enfants pour se faufiler dans l’immeuble. Ils revenaient, sans doute, du square du bout de la rue. Le petit garçon et sa sœur ainée se chamaillaient pour tenir le ballon de foot. Plus d’une fois, Rick avait rêvé d’une telle complicité entre Alexis et un autre petit Castle. Un petit monstre aussi immature que lui, mais élever Alexis tout seul avait déjà été une épreuve, même si sa fille était un amour.
Finalement, la petite fille céda pour le plus grand bonheur de son frère qui sauta dans l’ascenseur, la sphère de cuir entre les mains.
Devant la porte de Beckett, l’écrivain hésita un court instant, puis il se décida à frapper. Le bruit de sa main droite s’écrasant contre le bois était tel que le voisin d’en face finit par ouvrir sa porte. Un homme de quatre vingt ans bien tassé le regarda un moment puis décida d’intervenir.
Il mourrait d’envie de lui parler mais pour cela, il fallait déjà la trouver. Le romancier retrouva sa voiture et prit la direction du poste. Elle était peut-être arriver au 12th entre temps. Néanmoins, il était pris dans un dilemme insupportable ! S’il remuait ciel et terre pour la trouver mais qu’elle ne voulait pas être retrouvé, elle lui collerait une balle entre les deux yeux, c’était indéniable. Mais si Beckett était réellement en difficulté et qu’il ne faisait rien, là se serait lui qui se collerait cette balle.
Il rentra au 12th avec plus d’incertitudes qu’en partant. Assis à une table haute dans la salle de repos, il regardait le poste bouillonner en tournant sa petite cuillère dans son café. S’il devait écrire la fin de cette histoire, le personnage principal y resterait certainement. C’était l’avantage des Nikki Hard. Au fond, peu importaient les épreuves qu’il lui faisait endurer, elle en sortait toujours plus forte. Mais on ne vit sa vie sur le papier et Beckett risquait sa vie chaque jour que Dieu fait.
Le romancier ignora la référence tant il souffrait de l’absence de la jeune femme et fit ce qu’il savait faire le mieux, il lui raconta une histoire.
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Chalet au Nord de New York
Allongée sur le matelas, les yeux rivaient sur le plafond, elle attendait. Ses menottes l’empêchaient de bouger, mais en même temps à quoi bon ? Elle ignorait où elle se trouvait. Elle était surement perdue en pleine forêt peut-être à plusieurs heures de New York. Kate osait espérer que les garçons n’allaient pas tarder à pointer le bout de leurs nez. Mais elle n’était pas naïve pour autant, il y avait plus de chance qu’elle trépasse seule dans ce chalet miteux…
Beckett se redressa, s’adossa contre le mur et entrouvrit les pans de sa veste. Elle tira de sa poche intérieure une photo légèrement jaunie par le temps qui passe. Cette année là, Jim avait joué les photographes. Elle et sa mère étaient assises dans la neige devant le chalet qu’ils avaient loué pour leurs dernières vacances à Aspen. Aucun d’eux ne pouvait imaginer le tournant qu’allait prendre leurs vies moins d’un an plus tard.
Ce jour-là, Johanna affichait un sourire sans égal à côté d’une jeune femme encore insouciante voulant devenir la première femme à diriger la cour suprême. Les larmes remontèrent à la bordure de ses yeux. Il paraît que la vie ne donne rien que l’on puisse surmonter mais certains événements vous marquent de manière indélébile. Sur cette photo, sa mère semblait tellement heureuse… Comment Kate pouvait quitter ce monde sans savoir ? Sans connaître le nom de celui qui avait osé lui ôter l’une des personnes les plus chers à ses yeux ?
La jeune femme fut traversée par un frisson, le froid envahissait la pièce. Elle referma sa veste et emmitoufla sa tête dedans. Si seulement Castle était là, elle pourrait se réchauffer dans ses bras…
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Castle laissa Esposito et Ryan retournait à leurs recherches et décida de rentrer au loft. A quoi bon rester au poste puisque Beckett n’y était pas et qu’il s’y sentait inutile.
En sortant de l’ascenseur qui l’élevait jusqu’au loft, il croisa la dame d’à coté. Madame Grzybowsky était veuve depuis presque quarante ans mais elle avait toujours le sourire et une joie de vivre débordante. Un petit matin frais de Novembre 1955, son mari avait quitté sa maison, sa femme, sa fille de sept ans, le pays de l’Oncle Sam pour la guerre du Viêt Nam. Malheureusement un jour, comme beaucoup d’autres épouses, elle reçut la visite de deux officiers qui tenaient dans leurs mains les effets personnels de son époux. Elle avait alors dû affronter la vie et élever cette petite fille qui lui rappelait cruellement l’homme qu’elle avait perdu au combat.
Castle n’avait pas vu Beckett depuis un peu plus de 24h et il n’était déjà plus que l’ombre de lui-même.
Il enfonça sa clef dans la serrure et poussa sur la poignée. Il entra dans son salon en posant son manteau sur le dossier du canapé. Le loft était désert, et heureusement car il n’avait pas le cœur à discuter. L’écrivain passa par la cuisine pour se servir un whisky et il attrapa un truc à grignoter dans le frigo. Il s’assit sur un tabouret et mangea les restes de la tartiflette de la veille.
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Devant la porte de Jim Beckett, Castle était tétanisé. Il leva le poing pour frapper mais le stress l’empêcha de toucher la porte. Qu’allait-il lui dire ? Et si Kate était là comment allait-elle réagir ? Mais si elle n’était pas là…
Dans le couloir, une mère et son fils d’une dizaine d’années se dirigeaient vers l’ascenseur. Le petit diable observa Castle avec un regard d’incompréhension et frappa pour lui à la porte.
Au premier abord, Castle fut surpris. Mais par la suite, il se mit à sourire se disant qu’au même âge, il aurait été capable d’un geste semblable.
Elle attrapa son fils par la manche et s’engouffra dans la cage d’escalier. Derrière la porte, Castle put distinguer des pas qui s’approchaient. Lorsqu’il entendit la clef tourner dans la serrure son cœur se serra et son corps se raidit.
L’écrivain sortit de l’appartement un peu déconcerté. Kate parlait de lui à son père et ce dernier venait de le pousser dans ses bras. Il ne voulait pas vivre avec des regrets, il voulait la sentir une autre nuit contre son corps ou lui dire tous les jours qu’il la trouvait sublime. Il fallait qu’il lui dise à quel point il ne supporterait pas de la savoir nue dans les bras d’un autre.
Il n’eut pas besoin de se poser la question plusieurs fois pour prendre la direction du cimetière.
Ebloui par le soleil, il apercevait une voiture au bout de l’allée et lorsqu’il reconnu la Crown Victoria, il sentit une part de son être revenir à la vie. Il se gara et s’engagea entre les tombes. Il espérait la voir agenouillée devant une pierre tombale mais après plus d’une demi-heure infructueuse, il regagna sa Bentley sur le parking. La vie lui semblait tellement morose quand elle n’était pas là. Il aurait donné n’importe quoi pour qu’elle lui pince le nez ou l’oreille. Pour qu’elle roule des yeux face à l’une de ses bêtises…
Son téléphone vibra annonçant l’arrivée d’un message. Il enfouit sa main dans la poche de sa veste et en extirpa son portable.
*Bro, retrouves nous dans Central Park, on a un nouveau corps…*
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Central Park
Qui aurait pu croire que le trajet était si long entre le cimetière et le parc newyorkais ?
Malgré le soleil qui s’abattait sur la ville, on pouvait distinguer, au loin, les gyrophares des voitures de police. Castle slaloma entre les curieux et les journalistes qui avaient envahi l’entrée. Il vit Ryan et Esposito au près de Lanie qui était agenouillée à côté d’un corps. Ils semblaient soucieux. Certes, ils côtoyaient la mort chaque jour mais ils paraissaient différents cette après-midi.
L’écrivain déglutit difficilement, passa sous le ruban et s’avança dans l’allée. Il n’osait imaginer que dans la pelouse de ce parc newyorkais gisait le corps sans vie de sa partenaire.
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(1) Extrait de La femme qui est dans mon lit de Serge Reggiani.
Chapitre XIV
Comme un condamné dans le couloir de la mort, Castle n’entendait que le bruit de ses pas sur l’asphalte. L’air devenait irrespirable tant il lui brûlait les poumons à chaque inspiration. Tout autour de lui avait disparu, il était totalement absorbé par ses pensées qui ressassaient ses quatre dernières années. On prétend que l’on commence à vieillir lorsque nos rêves deviennent des regrets, et bien, il venait de prendre dix ans d’un seul coup. A chaque pose du talon, les regrets grandissaient. S’il avait pris son courage à deux mains et qu’il l’avait embrassée à chaque fois qu’il en avait eu l’occasion, peut-être que la dispute de la veille n’aurait pas eu lieu, il l’aurait accompagnée au cimetière et rien de cela ne serait arrivé !
Pourtant ce ne sont pas les opportunités qui avaient manqué ! Il aurait très bien pu se lancer dans cette suite à Los Angeles, ou après l’explosion de son appartement ou bien dans la salle des coffres dans la New Amsterdam Bank…
Derrière ce buisson se trouvait le corps d’une femme. Mais en contournant l’arbuste, il lâcha sa respiration qu’il retenait depuis trop longtemps à son goût. Ce fut un sentiment de soulagement en demi teinte qui envahit son être. Certes ce n’était pas elle allongée dans l’herbe en cette fin d’après-midi, mais en jetant un regard circulaire autour de lui, il ne put que constater son absence. Alors oui, aujourd’hui ce n’était pas elle, mais demain ou dans deux jours en serait-il de même…
En écoutant la description de Jones, il y avait vraiment cru ! Il s’attendait vraiment à découvrir l’amour de sa vie sur cette pelouse. Pourquoi Jones avait laissé planer ce doute ? Pourquoi lui avait-il décrit cette femme comme s’il s’agissait de Kate ? Assurément, les deux jeunes femmes se ressemblaient mais comment avait-il pu confondre ?
A peine caché, le corps de la jeune femme avait été déposé entre deux buissons. Au premier abord, on aurait pu croire qu’elle s’était simplement assoupie à l’ombre du saule pleureur. Elle semblait si paisible et sereine dans sa robe printanière, les cheveux ondulant sur ses épaules.
Les mains au fond des poches, l’écrivain s’éloigna du corps. Il était complétement perdu, Beckett ne raterait jamais une scène de crime et pourtant, elle n’était pas là. Il se posa sur un banc, il n’avait pas les idées assez claires pour être d’une aide indispensable. Il sortit son téléphone et décida de tenter sa chance. Lorsque la boite vocale se lança, il hésita et finalement,
*Kate… Je ne sais pas où tu es ni avec qui tu es mais je t’en pris, réponds moi… Je regrettes tellement si tu savais… S’te plait, décroches… Je serais au poste avec Lanie et les Gars… J’t’en pris, reviens… Je peux pas vivre sans toi… Kate… Je t’aime…*
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Le mari ne paraissait ni effrayé ni heureux, il était juste assis là. Il faisait tourner son alliance autour de son annulaire en regardant la foule s’afférer aux abords de sa femme.
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Ryan et Esposito retrouvèrent l’écrivain les coudes posés sur les genoux, la tête dans les mains, le dos voûté.
Castle ne comprenait que trop bien la détresse de cet homme. Le manque de communication, il s’y était habitué avec Beckett. Il connaissait la frustration que les non-dits pouvaient engendrer. Et puis, cet homme s’était posé sur ce petit banc que Kate et lui choisissaient pour passer un moment hors du temps loin de l’agitation de Manhattan. Tout lui rappeler cette femme… Cet homme avait aimé son épouse, ça ne faisait aucun doute mais il n’en pouvait tout simplement plus. Même s’il trouvait le geste plus qu’excessif, Castle comprenait les sentiments de cet homme. Hier soir, elle était peut-être rentrée dans les parfums d’un autre et…
L’écrivain se leva brusquement et fit un vague mouvement de la main en direction des gars. Il regagna sa voiture et s’inséra dans la circulation dense de cette fin de journée newyorkaise. Au feu, il prit à droite et se dirigea vers l’appartement de Dr. Mobylette. L’imaginer dans ses bras était une véritable torture mais il devait en avoir le cœur net. Si elle était dans ce duplex, elle serait en vie, seul son cœur à lui aura souffert. Il n’hésita qu’un court instant et frappa au 6C. Josh lui ouvrit la porte légèrement humide et uniquement vêtu d’une serviette autour de la taille.
Le cardiologue fut interrompu par le poing du romancier s’écrasant sur son nez. Il y mit toute la colère qu’il accumulait depuis plusieurs heures. Castle était plutôt fier de lui, même si Beckett piquerait une crise en l’apprenant. Josh palpa son nez ensanglanté dans un cri sinistre comme pour être sûr qu’il était encore là.
Il sentit la main de Josh s’abattre sur sa pommette. Les deux hommes se rendirent coups pour coups jusqu’à ce qu’un voisin vienne les séparer. Castle quitta l’immeuble le sourire aux lèvres malgré sa lèvre inférieure fendue qui le faisait un mal de chien. Il avait la pommette gonflée et une douleur vive au niveau des côtes mais qu’importe, elle n’était pas retournée dans ses bras et c’était l’essentiel. Et puis, l’écrivain rêvait de lui décrocher cette droite depuis ses propos ignobles au poste.
Au nord de New York
La porte de sa prison s’ouvrit laissant apparaître son tortionnaire dans la lumière de l’ampoule qui n’allait pas tarder à rendre l’âme. Il avait encore ce rictus de satisfaction sur le visage.
Une larme perla à la bordure de ses yeux. Castle s’inquiétait pour elle ! Son cœur tambourinait dans sa poitrine, si elle arrivait à sortir vivante de cette enfer, au diable toutes ses craintes. La vie est trop courte pour se refuser d’aimer et d’être aimé. Mais pour l’instant, elle devait savoir…
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De retour au loft, chaque geste était une véritable épreuve pour le romancier. Dans le miroir de la salle de bain, il inspectait les dégâts sur son visage, sa pommette avait déjà viré au bleu et sa lèvre avait doublé. Il s’était laissé tenter par un bain, et l’espace d’un instant, il oublia les douleurs qui habitaient désormais son corps.
Il se coucha avec beaucoup de questions et peu de réponses.
Comme Gina l’agressé pour avoir une ébauche de son nouveau chapitre, il décida d’écrire un peu ce matin là. Jamais encore, il n’avait écrit un début de chapitre aussi fade et sans intérêt. Il avait écrit, effacé, réécrit, effacer de nouveau et il avait, finalement, noirci deux pages sur la vie de Rook sans Nikki. Une vie morose et terne où planer les regrets et les « si j’avais su… ». Après avoir passé la matinée à imaginer sa propre existence à travers ses personnages, il ferma son ordi et quitta le loft.
La nuit ne fut pas une partie de plaisir et c’est donc avec une envie folle de dormir qu’il arriva au 12th.
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Il s’assit sur une table d’autopsie libre et balança frénétiquement ses pieds dans le vide, les doigts croisés sur ses cuisses.
Il descendit de la table d’autopsie et quitta à la morgue. Dans l’ascenseur, il regrettait d’être aller chez le cardiologue, Lanie avait raison. Si Kate se donnait à homme, ce n’est pas une dispute qui changerait ses sentiments à son égard. Elle faisait parti de ses femmes qui ne savent pas aimer à moitié, soit elle vous aime soit elle se mente à elle-même. Et hier midi, quand ses lèvres avaient rencontré les siennes, il avait perçu dans ses yeux une lueur d’amour. Comment avait-il oser pu penser qu’elle était retourné dans ses bras ?
Le ding caractéristique d’un ascenseur qui arrive à destination le sortit de ses pensées. Lorsque les portes s’ouvrèrent, Ryan l’interpella.
Il n’argumenta pas et rentra chez lui. Au loft, Alexis était devant son ordinateur posé sur l’îlot central.
Il attrapa son manteau à toute vitesse et sortit en trombe de l’appartement. Il n’eut pas la patience d’attendre l’ascenseur et fila par les escaliers. Il sauta dans un taxi et en quelques minutes, il entra au 12th.
Chapitre XV
Son cœur tambourinait dans sa poitrine, Rick monta les marches trois par trois et à bout de souffle, il poussa la porte. Il plongea alors dans la folie du poste mais le constat qui le frappa fut difficile à accepter. Même si cela était ingrat envers Ryan et Esposito, Castle se devait d’être honnête. Sans Beckett cet étage redevenait un étage banal d’un poste de police quelconque. Tout chez cette femme lui manquait… Son rire… Son humour cinglant… Son sourire… Sa force… Son parfum de cerise… Tout…
Le Murder Board avait élu domicile dans la salle de conférence et une multitude de dossiers surplombait la table. Depuis une demi-heure déjà, ils relisaient chacune de ces lignes qu’ils connaissaient désormais par cœur. Dans un geste de frustration, l’écrivain envoya valser le troisième rapport d’autopsie. Le calme à peine revenu, quelqu’un frappa à la porte.
Une fois les portes du commissariat passées, Castle prit une grande inspiration. L’air frais eut le mérite de lui changer les idées.
Les newyorkais ne semblaient pas différents des autres jours. Chacun vivait avec ses problèmes mais une fois sur le trottoir, cet homme redevenait un homme parmi tant d’autres. Aucun besoin de se justifier de marcher trop vite ou pas assez, de ne pas sourire ou de fredonner un air insupportable. Ce n’était rien de plus qu’un homme à un moment donné dans une rue prise au hasard.
Castle s’attarda sur le visage souriant d’un jeune papa sur le trottoir d’en face. Le jeune homme souriait amoureusement devant sa progéniture qui s’aventurait à faire quelques pas sur le bitume. Sourira-il de la même manière au moment de l’apprentissage des tables de multiplication ? Mais pour quelques minutes peut-être quelques heures, il avait laissé derrière lui les problèmes du boulot, les reproches de sa femme ou les nuits blanches des derniers mois. Il n’existait plus que son fils et lui…
Pourquoi lui n’arrivait-il pas à avoir une vie aussi calme par moment ? Depuis quelques temps, il avait cette drôle d’impression de remonter une piscine à contre courant. Il se battait contre tout, tout le temps et pour tout. Il ne demandait rien de plus qu’un simple pause...
Une fois ses emplettes faites, il se regagna la salle de conférence.
Ils firent juste un signe de la tête lui indiquant qu’ils étaient toujours au point mort.
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Au nord de New York
Beckett n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Son visage était marqué par la fatigue et l’angoisse. Elle n’en pouvait plus d’être attachée comme un animal dans la chambre de ce dégénéré. Elle commençait à douter que Castle et les Gars arriveraient à temps. Plus les heures passées et plus les chances de rester en vie étaient minimes.
Elle avait aperçu Jones ce matin lorsqu’il était venu lui déposer un morceau de pain rassis et une bouteille d’eau. Il n’était pas réapparu depuis, il devait surement être au poste, en train d’écouter leurs théories et de les guider dans une autre direction.
Kate tourna sa cheville dans les menottes qui commençait à lui entailler la peau. Elle regarda autour d’elle un moyen de s’extirper de ce chalet miteux. Après tout, elle n’avait pas besoin d’un homme pour s’en sortir ! Néanmoins, exceptés un lit et une table, la chambre était vide. Elle se sentait dépassée par les événements, totalement démunie, elle ne pouvait qu’attendre.
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Ils s’apprêtaient à quitter la pièce lorsque Gates entra en trombe.
Castle avait pris place à l’arrière de la voiture d’Esposito. La tête appuyée contre la fenêtre, il laissait ses yeux vagabonder sur les immeubles newyorkais sans réellement les voir. L’espace d’un instant, il voulait ne penser à rien.
Au bout de l’allée bordée par des platanes, la voiture de Beckett était déjà en train d’être passée au peigne fin. Il ignorait pourquoi mais il n’avait pas la force de sortir de la voiture. En s’approchant, il aurait peut-être la confirmation que Kate avait bien été enlevée et à ce moment là, tout son monde s’effondrera. Elle était celle qui lui avait redonné le goût d’écrire, celle qui le poussait à se lever chaque matin, celle qui lui donnait envie d’aimer quelqu’un bien plus que sa propre vie. Elle était tout simplement son monde.
Les Bros n’avaient pas chercher à comprendre et c’est donc, quelques minutes plus tard qu’ils furent rejoints par Castle.
Le technicien s’éloigna et les trois hommes regagnèrent leur voiture. Castle n’était pas plus bavard qu’à l’aller. Il maltraitait ses doigts sans vraiment s’en rendre compte. Il regrettait tellement leur dernière conversation. Comment avait-il osé comparer cette affaire à celle de sa mère ? Une larme roula sur sa joue. Il l’écarta du bout de son pouce mais elle témoignait de la lutte intérieure qu’il menait pour ne pas craquer. Ils venaient enfin de se découvrir, il n’avait pas encore eu le temps de lui faire sentir à quel point il était fou d’elle. Leur histoire ne pouvait pas s’arrêtait ainsi, c’est trop injuste à ses yeux.
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Depuis leur retour du cimetière, ils avaient repris l’analyse des rapports en attendant les résultats de la scientifique. Mais Castle fulminait de rester planter là, alors que Beckett était sans doute à la merci de cet homme.
Les Bros ne voulaient pas fouiller dans son téléphone. Elle s’était surement rendue au cimetière pour oublier l’enquête, oublier Castle et toutes les questions qui la taraudaient ces derniers temps. Le tueur devait l’avoir suivie discrètement et avait sauté sur l’occasion de la trouver seule, en pleine nuit sur un parking désert.
Les Gars se sentaient mal à l’aise rien qu’à l’idée de violer son intimité.
Ils furent interrompus par la sonnerie de téléphone du latino.
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Au nord de New York
Beckett entendit une voiture se garer devant le chalet. Dans la pénombre de la pièce, elle sentit son corps se raidir en entendant les pas de son bourreau sur le perron. Elle pouvait l’entendre siffloter tranquillement. Les Gars devaient piétiner et lui devait en jouir.
Les pas s’approchèrent, Kate apercevait l’ombre de ses pieds sous la porte. Assise sur le lit, elle luttait pour ne pas se mettre en boule dans un coin et attendre. Mais elle ne pouvait lui montrer que la peur l’envahissait. Elle était Kate Beckett, et lui n’était plus qu’un flic déchu qui ne s’en sortirai pas.
La porte s’ouvra lentement et il apparu. Jones arborait un sourire sans égal. Les mains dans les poches, il s’appuya dans l’encadrement de la porte et il la fixa pendant quelques minutes.
Un long silence pesant s’installa dans la pièce. Il n’avait pas bougé, son regard était toujours posé sur son corps. Ce regard lubrique et libidineux lui donnait envie de vomir. Il la regardait avec une convoitise non dissimulée. Elle se sentait impuissante et à sa merci, elle détestait ça.
Oh oui, une douche, elle en rêvait ! Kate s’allongea sur le matelas et se laissa bercer par les bruits de l’eau dans la pièce d’à côté. Elle imaginait la vapeur de l’eau chaude envahir la pièce et répandre dans l’air un doux parfum de cerise.
L’espace d’un instant, elle quitta la pièce et s’imagina dans son appartement de Manhattan. S’approchant de la baignoire, elle laisserait glisser ses doigts sur les boutons de son chemisier pour se retrouver en soutien-gorge bleu nuit en dentelle. Lorsque son haut aura touché terre, elle s’attaquera au bouton de son jean noir pour finir dans un string assorti. Elle laissera sa main effleuré la surface encore fumante de l’eau, avant de retirer le peu de tissu qu’il lui reste. Nue, elle y plongera ses jambes interminables. Une fois ses seins submergés, elle attrapera son verre de rouge et le dernier roman de Castle. Pour l’instant, elle se contentait du livre mais la jeune femme rêvait de bien plus. En vérité, elle était au delà du rêve. Castle en tenu d’Adam dans sa baignoire se rapprochait plus du fantasme.
Chapitre XVI
Dans l’ascenseur qui les descendait à la morgue, les trois hommes ne s’étaient pas adressés un mot. Ryan passait nerveusement sa main dans ses cheveux et Esposito ne semblait pas vouloir quitter des yeux les portes closes. Pris dans ses pensées, Castle fut assailli par le souvenir de leur premier matin ensemble, enfin plus ou moins...
…Flashback…
Plutôt fier de lui, Castle était retourné dans la cuisine pour préparer des pancakes. Des pancakes… Etait-ce un « Merci pour cette nuit » ? Oui, sans aucun doute.
Torse nu, il s’affairait devant l’îlot central lorsqu’il l’aperçut. Elle était dans l’encadrement de la porte de sa chambre, et elle l’observait. A bien y réfléchir, elle le dévorait du regard.
Ses cheveux étaient encore humides et retombés sur ses épaules. La serviette autour de sa taille lui arrivait à mi-cuisses et permettait ainsi à l’écrivain d’admirer ses jambes. Sur le moment, il regretta que la serviette ne soit pas plus courte. Pieds nus aussi peu vêtue, elle était sublime à damner un saint.
Ses joues était légèrement empourprées, était-ce la chaleur de la douche ou sa gêne devant le regard avide de l’écrivain ? A ses yeux, elle était la première merveille du monde. Aux diables la pyramide de Khéops ou les jardins suspendus de Babylone, rien, absolument rien sur cette Terre, ne pouvait rivaliser avec elle.
Il n’avait pas bougé d’un pouce et la regardait avancer d’une démarche si féline vers lui. Lorsqu’elle tendit la main pour s’en saisir, il le retira.
En sortant de la chambre, elle récupéra son manteau sur le dossier du canapé, enfila ses chaussures et ouvrit la porte d’entrée. Devant le regard d’incompréhension de Castle qui commençait à manger ses pancakes, elle ajouta.
…Flashback…
Assise à son bureau, Lanie se leva en entendant les portes battantes s’ouvrirent. Elle attrapa un dossier cartonné et les retrouva dans la salle d’autopsie.
Elle plaça la photographie du moulage sous sa lampe d’autopsie et pointa du doigt un détail.
Un grand silence s’empara de la pièce. Esposito regardait son coéquipier comme s’il le rencontrait pour la première fois. Sentant les regards de plus en plus oppressants, Ryan se sentit obligé de se justifier.
La jeune femme regarda l’horloge murale et en voyant qu’elle annonçait 21h45, elle ajouta.
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Le soleil ne s’était pas encore levé sur Manhattan mais depuis plusieurs heures déjà, la jeune femme tournait en rond dans son lit. Elle tentait de faire le vide mais à chaque fois qu’elle osait fermer les paupières, toutes ses angoisses et ses incertitudes refaisaient surface. Elle culpabilisait d’être allongée dans les bras de son amant en ignorant où sa meilleure amie se trouvait et ce qu’elle subissait au même moment.
S’écartant pour reprendre son souffle, Esposito put voir dans ses yeux une peur qui faisait écho à la sienne. Elle se colla encore un peu plus contre lui, comme pour être sûr qu’il était bien là.
Une telle promesse était intenable et il le savait. Chaque matin, il partait sans savoir si le soir, il serait à même de franchir le seuil de sa porte.
Pour la première fois depuis deux jours, la jeune femme avait pu mettre des mots sur ses angoisses. Dans ce lit, ce matin, elle venait de se défaire d’un poids. Elle était soulagée d’avoir pu parler à Javier de ses craintes. Kate était sa meilleure amie depuis tant d’années, imaginer le pire était insupportable.
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En pleine journée, il aurait été difficile de croire que le poste du 12th pouvait être aussi calme. L’étage était encore plongé dans la pénombre. Seul le bureau de Tory était partiellement éclairé. Surpris de la trouver aussi tôt au poste, Esposito s’avança doucement pour ne pas la surprendre.
Cependant, c’est lui qui fut surpris en découvrant Castle plié en deux au milieu des feuilles, des disques et des post-it. Il avait finalement passé la nuit au poste. Comment l’en blâmer ? Comment pouvait-il envisager de lui faire la moindre réflexion ? Alors qu’à sa place, il aurait surement fait la même chose. Il hésita un instant à le réveiller, la pièce était tellement silencieuse quand il dormait. Finalement, il opta pour un réveil en douceur mais l’écrivain sursauta.
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A coté de Gates, derrière cette vitre sans teint, Castle fulminait. Dans la pièce attenante se trouvait Andrew Taylor, lieutenant aux cambriolages avec des états de service irréprochables. Castle doutait de plus en plus de son intuition.
Taylor avait plutôt l’air du gendre idéal que d’un écrivain épistolaire obsédé par une femme. Gates restait sceptique, mais son meilleur lieutenant était en danger, il ne fallait négliger aucune piste.
La respiration du romancier était de plus en plus erratique. Son regard s’assombrit à en faire pâlir Cerbère, il ne quittait pas le blondinet des yeux. Certes les fesses de Kate avait attiré son regard plus d’une fois mais en aucun cas elle ne cherchait à « sauter » qui que ce soit ! Il serra les poings aussi fort qu’il le put et il ouvrit la porte dans une rage démentielle.
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Au nord de New York
Beckett n’avait pas osé fermer l’œil de la nuit, une nuit qui lui parut interminable. Le silence devenait angoissant, le chalet semblait perdu au milieu de nulle part.
Kate ne cessait de repenser à l’enquête, elle revoyait chaque victime. Jamais elle ne pourrait oublier la frayeur sur leurs visages ou son dégoût face à la mise en scène lugubre de leurs derniers moments. Mourir l’effrayait certainement mais le sentiment qui l’assaillait à cet instant précis, c’était la culpabilité. La culpabilité d’avoir échouer…
Le jour où l’affaire de sa mère avait été classée, elle s’était jurée de ne jamais laisser une famille avec les mêmes incompréhensions que celles qui la dévoraient de l’intérieur. Et pourtant, elle avait lamentablement échouer. Elle ne se cherchait aucune excuse… Aucune ne pourrait calmer la souffrance de ces quatre familles.
A quoi bon se voiler la face ? Elle allait surement finir de la même manière.
Comme un condamné qui attend sa sentence une boule dans l’estomac, Kate fit une petite pause rétrospective sur sa vie. Seulement avait-elle vécu depuis la mort de sa mère ? Ou n’avait-elle fait que survivre ? Peut-on survivre indéfiniment ?
Elle eut une pensée pour son père. Comment pourrait-il se remettre de la disparition de sa fille unique alors que celle de sa femme le torturait encore ?
Qu’est qu’un père pour sa fille ? Un phare en pleine mer, la grande ours dans le désert, un point de repère inébranlable. C’était le premier homme de sa vie, celui qui petite cédait au moindre de ses caprices. Mais qu’est ce qu’un père pourrait refuser à sa fille ?
…Flashback…
Kate devait avoir 6 ans passés, 7 ans à peine. En ce matin pluvieux de Novembre, la petite tête de mule avait décidé de faire du vélo au grand damne de sa mère.
Partie en boudant dans sa chambre, elle n’avait pas dit son dernier mot. Discrètement, elle était sortie par sa fenêtre, elle avait foncé dans le garage et c’est avec un grand sourire qu’elle roulait autour de la maison sous une pluie battante.
Et comme si les mamans avaient un sixième sens pour ça, le lendemain Kate était clouée au lit avec un bon rhume. Mais qu’importe, elle avait voulu faire du vélo et papa avait dit oui !
…Flashback…
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Au poste, Ryan avait vérifié l’alibi de Taylor, il se trouvait dans ce bar cette nuit là. Mais durant l’interrogatoire, il avait cité trois autres noms. Deux figurés sur la liste faite par Castle pendant la nuit mais pas Jones. L’écrivain était trop concentré sur les propos du blondinet pour y avoir fait attention ce que ne manqua pas de lui rappeler Esposito.
Grâce aux refus de Gates de tout informatiser, Lanie avait pu confirmer que l’empreinte partielle correspondait bien à Jones.
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Dans la voiture, Castle était tétanisé. Si l’officier avait osé poser les mains sur elle, il n’imaginait pas sa réaction. L’écrivain implosait à petit feu, il redoutait d’entrer dans l’appartement. Arriverait-il à garder son sang froid s’il la retrouvait dans une mare de sang au milieu du salon ? Supporterait-il de la voir à moitié nue scotchée sur une chaise ?
Dans son rétroviseur, Esposito regardait l’écrivain qui bouillonnait sur la banquette arrière. En partant, le latino avait promis à Gates de ne pas lui coller une balle mais rien ne l’empêchait de lui mettre une bonne droite !
Les mains sur leurs armes, les deux lieutenants s’avancèrent dans l’immeuble délabré avec l’écrivain sur leurs talons. Après s’être annoncé et sous le regard des curieux, le latino défonça la porte.
Ils passèrent chacune des pièces en revue, mais aucune trace de Jones et encore moins de Beckett. Castle scrutait chaque recoin de l’appartement pour trouver un indice pouvant les mener à l’officier. L’écrivain avait l’étrange impression d’être dans un appartement témoin. Il était totalement impersonnel, comme s’il n’était que provisoire.
En retournant vers Ryan et Esposito qui attendaient dans le hall d’entrée, la photo accrochée sur le mur de la chambre l’intrigua. Elle n’était pas dénuée d’âme comme tous les autres bibelots qui se trouvaient là.
Il attrapa le chalet rustique et retira soigneusement le cadre pour en extirper la photographie. Au dos, il reconnut l’écriture masculine qui avait noirci les lettres retrouvées sur les corps. Le petit mot indiqué « Vacances d’été 89, chalet de Stan ». Il la plia et la glissa dans la poche intérieure de sa veste.
En ouvrant la porte de la cave, les trois hommes restèrent interdits sur le seuil.
Les murs étaient couverts d’articles de journaux, de photos de filatures, d’emplois du temps ou de post-it avec des adresses. Castle s’arrêta brusquement sur une photo. Elle avait été prise dans Central Park, le midi du second meurtre. Kate avait la tête posée sur son épaule, et affichait un sourire sans égal. Ce moment n’aurait dû appartenir qu’à eux… L’écrivain en avait la chair de poule.
Certains journaux datés de plus de dix ans, il la traquait depuis sa sortie de l’académie. Il avait planifié sa vengeance avec soin, car il ne pouvait pas en être autrement, il chargeait à se venger.
Chapitre XVII
Une larme solitaire lui échappa. Jim était persuadé que cette plaque allait la conduire à sa perte et de toute évidence, il avait raison.
Kate eut une pensée pour Castle. Elle l’avait trouvé imbuvable aussitôt qu’elle l’avait rencontré. Rick s’était immiscé dans sa vie contre son gré, mais il lui avait tout bonnement réappris à vivre. Avec du recul, il fallait bien avouer qu’elle ne faisait que survivre avant de le rencontrer. Avant lui, elle n’était qu’une simple spectatrice de sa propre vie. Finalement, derrière l’image du playboy, elle avait pu découvrir l’homme adorable et aimant.
Castle hantait chacun de ses jours et chacune de ses nuits. Quand elle y réfléchissait, elle n’arrivait pas à croire qu'elle était devenue aussi dépendante à un homme. Kate s’était toujours arrangée pour s’impliquer dans une relation sans vraiment le faire. Mais avec Rick s’était différent, elle s’y était plongée sans s’en rendre compte.
Elle revoyait encore le regard amoureux que sa mère portait à l’égard de son père. Elle rêvait de regarder un homme de la même manière, un jour. Et si finalement cet homme, c’était lui ?
Elle aurait aimé avoir quelques minutes de plus pour lui dire à quel point elle était folle de lui. C’était au delà de la folie, elle était amoureuse, elle l’aimait, elle l’aimait lui ! Elle rêvait d’une autre nuit dans ses bras, de se réveiller doucement sous ses baisers, d’avoir la chance de sentir à nouveau son souffle dans son cou ou bien la tendresse de sa main sur sa fesse…
A vouloir trop nier l’évidence, on finit par s’en convaincre. Plus d’une fois, Lanie lui avait martelé les oreilles sur ce bel écrivain qui ne semblait pas la laisser pas indifférente. Mais leur relation n’avait pas été des plus simples. Elle était étayée par des non-dits et des occasions ratées. Que serait-il arrivé si elle avait lâché ses cheveux, enlevé le haut, si elle s’était dévergondée ? Que se serait-il passé si elle avait accepté le week-end dans les Hampton ? Ou si elle était revenue quelques secondes plus tôt dans le salon à Los Angeles ?
Elle se surprit elle-même en s’imaginant maman. Elle ne connaîtra jamais la joie de tenir dans ses bras un mélange subtil d’elle et sa moitié. Peut-être que cette moitié aurait pu être Castle... Elle entendait déjà son père lui dire « Quand on connaît le caractère de la mère et celui du père, moi, je vous souhaite bien du courage ! ». Mais voulait-il encore des enfants ? Il avait été un père tellement fantastique pour Alexis. Il avait tout du père parfait. Il était présent, conciliant, drôle, aimant. Elle était persuadée que Rick, comme Jim des années auparavant, accepterait de faire du vélo sous la pluie pour amuser son fils. Cette pensée lui tira un large sourire malgré les larmes.
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Certes, ils venaient de trouver le fantôme de la semaine passée mais l’angoisse n’était pas atténuée pour autant. Naïvement, Castle pensait que mettre un nom sur cet homme adoucirait la douleur. Mais rien n’y faisait ! Il était presque autant en colère contre Jones que contre lui-même. Se dire que depuis deux jours, il l’avait sous le nez, ça le mettait hors de lui. L’homme qui séquestrait la femme de sa vie se pavanait tranquillement juste devant lui. Castle ne décolérait pas.
Les effets de la nuit blanche commençaient à se faire ressentir, mais il préférait lutter que se résoudre à partir. Pas si près du but. Devant la machine à café, il regardait le doux nectar couler dans sa tasse sans vraiment le voir. Il était ailleurs, loin du poste, au milieu de ses doutes et de ses incertitudes. Il passait nerveusement sa main sur la poche intérieure de sa veste.
Devait-il en parler ou chercher seul pour être sûr de son intuition ? Est-ce que jouer les héros était nécessaire s’il n’était pas sûr de voir demain ?
Un café sans elle redevenait un café quelconque. Il se surprit à glisser ses mains autour de la tasse pour s’imprégnait de la chaleur du liquide. En temps normal, c’était un des gestes inconscients de Beckett, au même titre que son sourire quand il lui apportait son latté.
Alors que Lanie sortait de la salle, Castle regardait Ryan et Esposito, passant frénétiquement de l’un à l’autre, ne sachant quoi faire.
De retour sur sa chaise, il attrapa le dossier personnel de Jones et chercha un lien avec la photo. Mais l’officier était une personne sans histoire. L’une de celles que l’on peut croiser dans la rue sans s’en rendre compte.
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Le trajet lui parut interminable. Plus ils s’éloignaient de New York plus l’écrivain craignait d’arriver trop tard.
Le romancier afficha un sourire de façade.
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Comme depuis plus de 48h déjà, Kate attendait. Elle savait que les Gars avait surement fait leur maximum pour la retrouver. Elle ne leur en voulait pas, Jones avait été plus fort.
La porte s’entrouvrit laissant entrer l’officier dans la pièce, avec à la main, un rouleau de scotch d’une couleur qu’elle ne connaissait que trop bien.
La mort n’était plus qu’à quelques pas désormais.
Bizarrement, elle n’était pas effrayée. A croire qu’elle s’était faite une raison. Lorsqu’il posa sur elle le même regard que la veille, elle sentit son corps se raidir et inconsciemment, elle ramena ses bras sur sa poitrine.
Il s’approcha lentement et fit glisser sa main sur sa joue. Elle écarta ses doigts d’un revers de la main mais attachée par la cheville, elle ne pourrait pas tenir longtemps sous ses assauts.
La main de son tortionnaire vint s’abattre sur sa joue l’envoyant sur le lit.
Kate resta médusée sur le lit. Cette fois, elle en était sûre. Le futur plus ou moins proche qu’avait annoncé Castle était plus près que jamais…
D’une main ferme, il attrapa ses poignets et de l’autre il s’attaqua aux boutons de son chemisier.
Il la bloqua sur la chaise au bord du lit, et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle se retrouva scotchée en soutien gorge.
Jones la regarda un instant, et elle put se rendre compte du plaisir qu’il prenait. C’est avec un sourire sadique qu’il quitta la pièce.
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Au bout du chemin, les trois hommes pouvaient apercevoir le chalet. La voiture d’époque était garée devant le perron.
Nerveusement, Castle tapotait ses doigts sur son gilet pare-balles. Les deux lieutenants sortirent de la voiture, armes aux poings et rasèrent les sapins qui bordaient l’allée.
L’écrivain les talonnait. Il souffla comme pour se donner du courage et laisser s’échapper sa crainte. Ses pas étaient incertains, il ne pouvait pas le nier, il avait la frousse ! Mais avait-il peur qu’elle soit déjà morte ? Avait-il peur de mourir ? Ou peur qu’il y reste tous les deux ?
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Incapable de bouger sur cette chaise, Kate attendait le retour de son bourreau. Elle luttait contre ses larmes, elle était trop fière pour lui montrer qu’elle était terrorisée par la tournure dramatique que prenait la situation. Puis des bruits de pas se firent entendre dans la pièce d’à côté. Elle ferma les yeux un instant et lorsqu’elle les rouvrit, elle fut plus que surprise de trouver Castle dans l’encadrement de la porte.
Un sourire apparut sur ses lèvres, elle était soulagée, son homme était venu la chercher.
Il était comme dans ses souvenirs. Tiré à quatre épingles comme toujours, il portait un jean noir et une chemise bleue claire qui faisait ressortir ses yeux. Sa barbe naissante le rendait diablement sexy. Elle le dévorait du regard mais à l’inverse, il fixait un point sur le sol. Il ne disait rien, il osait à peine à la regarder.
Ses yeux parlaient pour elle. Elle était passée par la surprise, la joie et maintenant c’était un léger mélange entre la peur et la colère. A bien y réfléchir, c’était plutôt la colère qui dominait. Castle n’avait pas bougé d’un pouce, il était tétanisé. Et comme s’il lisait en elle, il ajouta d’une voix timorée.
Comme toujours, Castle se voulait prévenant et gentleman. Mais étrangement, elle se surprit à regretter qu’il ne la dévore pas des yeux.
Trop concentré à ne pas profiter de la situation, il en avait presque oublié le but de sa venue. Il s’apprêtait à faire un pas lorsqu’une main se posa sur son épaule.
Kate ne quitta pas le regard de l’écrivain. Il se crispa en oubliant même de respirer. La pointe du couteau commençait à le marquer sur le flanc sous son gilet. Il ferma les yeux, pensa à Alexis puis à sa mère. Mais il ne regrettait pas d’être venu, elle en valait la peine.
La pression de la lame était de plus en plus forte, alors ne voulant pas mourir avec des regrets, il se lança.
Le cri de détresse de la jeune femme en larmes déchira le ciel. Elle ne reconnut même pas sa voix tant la souffrance était insoutenable. Impuissante sur sa chaise, elle ne pouvait détacher son regard de son écrivain qui s’effondrait sur le sol. Et en quelques secondes à peine, il gisait déjà dans son propre sang.
Jones s’approcha dangereusement d’elle. Avec la lame encore ensanglantée, il effleura sa joue. Il descendit jusqu’à atteindre la bordure dentelé de son dessous. Il marqua une pause et de son côté, elle retint sa respiration.
Il jouissait de la sentir aussi peu sûre d’elle-même. Il prenait un malin plaisir à repousser le moment fatal pour la voir se tendre sous chaque assaut de la lame du couteau.
L’officier s’écarta et laissa tomber le couteau à cran d’arrêt. Il fixa Kate et lorsqu’Esposito lui passa les menottes, il murmura.
Elle déglutit difficilement sans baisser le regard. Le latino sortit accompagné de l’officier alors que les sirènes retentissaient déjà au loin.
Elle attrapa son chemisier et traversa la pièce sans vraiment l’écouter. Elle s’effondra sur le sol et tenta de stopper l’hémorragie.
Mais lentement, l’écrivain ferma les yeux.
Assise sur le parquet usé de cette chambre dans ce chalet miteux, Kate ne cessait de faire pression sur la plaie. Ses mains étaient déjà couvertes de sang et le corps de Castle était inerte sur le sol. Elle sentait qu’une part d’elle même s’envoler avec lui… Elle ne parvenait plus à retenir ses larmes.
Kate sentit les mains de Ryan se posait sur ses épaules pour la faire reculer alors que l’équipe médicale s’affairait autour de Castle.
Chapitre XVIII
Huit jours… Déjà huit jours...
Kate errait à travers les rues de la Grosse Pomme. Elle avait besoin de prendre de la distance face aux derniers rebondissements de sa vie. Elle venait enfin de trouver un équilibre entre sa raison et son cœur mais sans crier gare un jour tout s’arrêtait. La jeune femme vivait avec cette sinistre impression que sa vie était mise sur pause.
Depuis plus d’une semaine, elle pleurait un homme qu’elle n’avait pas eu le temps d’aimer.
Ignorant les contestations de Jim et Lanie dans la salle d’attente des urgences, Beckett était revenu au poste dès le lendemain. Elle ne voulait pas se terrer chez elle, réfugiée sous sa couette pour passer ses journées à pleurer. La nuit, c’était largement suffisant.
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Malgré l’agitation autour d’elle, Kate avançait machinalement à travers les couloirs de l’hôpital. Elle fuyait tant bien que mal les regards. Essayant de se concentrer sur sa respiration pour tenter d’oublier les pleurs et les cris qui la ramenaient huit jours en arrière. Mais inconsciemment, elle maltraitait ses mains en repensant à ses doigts rougis par le sang de l’écrivain.
Huit jours et le même rituel. Elle saluait d’un signe de la tête les infirmières de l’étage, s’arrêtait devant la chambre 402 et soufflait comme pour se donner la force de pousser la porte.
Il semblait si paisible qu’un inconnu aurait pu croire qu’il s’était seulement assoupi. Cependant, la réalité était toute autre. Elle s’approcha de Castle, et dans un geste d’une infinie tendresse, elle passa sa main dans ses cheveux. Kate s’assit sur le fauteuil au bord de son lit et caressa le dessus de sa main du bout de son pouce.
…Flashback…
Le moment était doux, sensuel et inespéré. Mais Kate venait de ralentir leurs caresses et dire qu’il était frustré serait un euphémisme. Malgré que soit son idée de stopper leurs ardeurs, elle ne semblait pas vouloir quitter la chaleur de ses bras.
Jamais encore Rick ne l’avait vue afficher un tel sourire, elle rayonnait. Elle lui piqua un baiser et s’éloigna dans un déhancher provocateur sous les yeux brillants d’envie de l’écrivain.
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Installée contre son torse au pied du canapé, Beckett savourait ce moment hors du temps. La tête basculée en arrière sur son épaule, elle se sentait à sa place dans ses bras. Elle effleurait légèrement la cheville de son amant du bout de ses orteils. Elle le sentait frissonner à chaque assaut et elle aimait ça. Elle adorait l'effet qu'elle avait sur son corps. Ils restèrent un moment silencieux, leurs caresses parlaient pour eux. Mais la jeune femme brisa l’instant.
Elle se leva, et à ce moment-là, Castle sut que la petite pause venait de prendre fin. Kate allait remettre son masque de lieutenant de la criminelle ce qui revenait à remettre une certaine distance entre eux.
…Flashback…
Depuis plusieurs heures déjà, le soleil avait disparu derrière les gratte-ciels de Manhattan. Malgré cela, Kate n’avait pas bougé d’un pouce. Elle attendait qu’une infirmière vienne la chasser pour se résoudre à le quitter.
En entrant dans la chambre de son fils, Martha ne fut pas surprise d’y trouver la jeune femme. Elles se croisaient pratiquement tous les jours depuis plus d’une semaine. Elle répondit au sourire que lui lançait Beckett tout en s’approchant pour embrasser son fils.
Devant la porte du loft, Kate se sentait angoissée. Après quelques pas timides dans l’entrée, elle chercha des yeux la fille de son partenaire.
Kate et Martha discutaient, leurs verres de vin à la main dans la cuisine lorsqu’elles virent la jeune Castle descendre son manteau sur les épaules.
Kate se sentait gênée d’assister à cette scène. Elle n’avait encore jamais vu Martha dans une telle colère face à sa petite fille. Elle fuyait le regard de la jeune femme depuis qu’elle était apparue en bas des escaliers. Mais la dernière réplique acerbe d’Alexis eut raison d’elle.
A présent, c’est Alexis qui fuyait son regard. La jeune femme était devenu de plus en plus livide au cours du monologue de Beckett. Sa grand-mère avait raison, son attitude était puéril et impardonnable. Elle s’en voulait de l’avoir ignorée dans les couloirs de l’hôpital pendant huit jours.
Depuis leur soirée en tête à tête, Alexis était certaine des sentiments de Kate à l’égard de son père. Et puis, elle admirait cette femme pour sa force de caractère et sa détermination. A présent, c’est elle qui se sentait coupable d’avoir, ne serait-ce qu’un instant, imaginer qu’elle ne pouvait pas comprendre ce qu’elle ressentait.
Kate espérait avoir réussi à calmer les angoisses de la jeune femme. Par expérience, elle savait que l’animosité n’était qu’un dérivatif pour oublier ses peurs.
Alexis releva la tête et ne put échapper au regard de Beckett mais loin d’être chargé de reproches, il était doux et compatissant.
La jeune femme contourna le plan de travail et s’arrêta à quelques pas de la fille de son partenaire.
Beckett fut surprise par cette initiative mais elle prit part à l’étreinte.
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Le poste était encore plongé dans la pénombre. Cette nuit-là encore, c’était les cauchemars qui avaient gagnés. Dès qu’elle fermait les paupières, elle se retrouvait projetée dans cette chambre miteuse avec le corps froid de Castle entre ses mains. Elle déposa son arme et son badge dans un des tiroirs de son bureau et fila dans la salle de sport.
Après avoir enfilé son short et son débardeur noir, elle banda ses doigts et s’attaqua à un sac de sable. Les coups s’enchaînaient, les gouttes de sueurs perlaient sur son front, son souffle était de plus en plus erratique. Son champ de vision devenait flou, mais elle ne ralentissait pas pour autant, chaque frappe était plus forte que la précédente.
Kate se glissa sous le jet de la douche. Elle s’entraînait sans doute pour cela aussi ! Elle savourait la sensation légère de l’eau chaude sur son corps, elle adorait sentir chaque parcelle de son être se détendre sous les gouttelettes.
La journée avait été des plus banales, partagée entre pauses café et paperasse. Elle rêvait d’un meurtre pour occuper ses pensées. Juste un meurtre, ce n’est quand même pas grand chose… Alors quand son téléphone sonna en fin d’après-midi, ce fut une délivrance.
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Kate ne savait pas vraiment quoi dire ou quoi faire. Elle avait tellement l’impression de se retrouver sept mois en arrière sauf que cette fois, c’était lui sur ce lit d’hôpital. Elle était angoissée rien qu’à l’idée de franchir cette porte. Elle se regarda dans la vitre du distributeur et remit une mèche de cheveux en place. Elle poussa timidement la porte et son regard plongea dans celui bleu océan de son partenaire.
Lorsqu’il la vit entrer dans la chambre, son cœur rata un battement. Le temps semblait s’être arrêté, il n’y avait plus qu’elle et lui dans cette pièce.
Alexis regardait tantôt son père tantôt Kate qui baissait la tête pour tenter de cacher ses larmes.
Beckett traversa les couloirs sans même se retourner. Elle devait sortir ! Les larmes dévalaient ses joues presque aussi qu’elle descendait les escaliers. Quatre ans… Il venait d’oublier quatre ans de sa vie et tout particulièrement, les quatre années qu’ils avaient partagé ensemble…
Chapitre XIX
Kate cherchait un endroit où pleurer sans être jugée, sans avoir besoin de parler ou de se justifier de ne pas le faire.
Elle marchait depuis une bonne vingtaine de minutes, perdue dans ses pensées, elle avait laissé ses pieds la guider. Lorsqu’elle leva la tête, les dernières larmes qui lui restaient passèrent la barrière de ses yeux. Elle s’approcha des balançoires… Leurs balançoires… Elle effleura les anneaux métalliques du bout des doigts.
Beckett s’assit sur celle de gauche. Quelques mois plutôt, dans ce même parc, elle s’était mise à nue face à l’homme qu’elle aimait. Aujourd’hui, son mur était à terre et elle en souffrait.
Kate se sentait prête à se battre pour reconquérir son homme mais en avait-elle les armes ? En quatre ans, Castle avait tellement changé. Elle repensa aux paroles de Lanie le soir du premier meurtre.
Une larme roula sur sa joue. Elle n’avait rien des femmes avec lesquelles Castle s’abandonnait le temps d’une nuit. Et puis, Kate espérait tellement plus qu’une nuit entre ses bras…
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La nuit n’avait été des plus reposantes. Kate avait délaissé les balançoires que tard dans la soirée. Elle savait pertinemment qu’une fois seule dans son appartement, la tristesse l’envahirait pour ne plus la quitter jusqu’à l’aurore. Elle s’était allongée sous sa couette se laissant bercer par les mots doux de Castle dans son répondeur.
Lorsque le réveil sonna se matin-là, elle aurait tant aimé que la journée d’hier ne soit qu’un mauvais rêve. Innocemment, elle refusait d’ouvrir les yeux puisqu’une fois ouverts, la cruelle vérité la giflerait. L’obligeant à admettre qu’elle était désespérément seule dans ce grand lit froid.
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Lorsque Beckett vit sa meilleure amie sortir de l’ascenseur avec la détermination d’un lion face à sa proie, elle fila dans la salle de repos. La dernière chose dont elle avait besoin était une scène en plein milieu du poste.
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Dans la chambre d’hôpital, l’ambiance était quelque peu glaciale entre Martha et Castle. La matriarche ignorait comment agir avec son fils. Elle se sentait tellement mal pour Beckett, la voir partir les larmes aux bords des yeux lui avait retourné l’estomac. Elle n’avait pas osé l’appeler, se demandant comment la jeune femme réagirait en voyant son numéro s’afficher.
L’infirmière venait de terminer les prises de constantes et quittait la chambre de l’écrivain. Ce dernier tourna la tête vers sa mère qui s’acharnait sur des mots fléchés.
En fermant la porte de la chambre, Martha avait encore du mal à réaliser que tout ceci n’était qu’un mensonge. Elle héla un taxi et rentra au loft, espérant ne pas y trouver Alexis. Elle n’aurait pas la force de la regarder en face et ce n’était surement pas à elle de lui avouer la vérité.
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Plus les heures passées, plus Kate était angoissée rien qu’en pensant à la soirée qui l’attendait. Elle cherchait une façon de lancer la conversation sans fondre en larmes ou se jeter sur lui pour goûter à la douceur de ses lèvres.
Assise face à son ordinateur, l’horloge en plein écran, elle fixait la trotteuse espérant la faire avancer plus vite. Si dans les trois prochaines minutes, aucun meurtre n’était commis, elle aurait sa soirée de libre pour rejoindre son homme.
Il ne restait plus qu’une minute. Son manteau sur les épaules, son portable dans une main, ses clefs dans l’autre, elle était prête à fuir le 12th.
Trente secondes… Puis…
Ces quelques mots eut l’effet d’une douche froide. Elle regarda tristement la trotteuse qui continuait de tourner. Elle était frustrée et passablement énervée ce qui ne passait pas vraiment inaperçu. Les deux lieutenants s’abstinrent de toutes remarques de peur que la foudre ne s’abatte sur eux.
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Allongé sur son lit d’hôpital, les yeux rivés sur le plafond, Castle se repassait en boucles les dernières paroles de sa mère.
Il avait réagi comme un enfant de quatre ans. Comment avait-il osé lui demander où signer un autographe ? Son comportement était tout simplement cruel et impardonnable. De toutes les choses stupides qu’il avait pu faire, celle là explosait tous les scores.
D’un geste déterminé, il attrapa son téléphone. Le doigt au dessus du numéro de la jeune femme, il hésita puis finalement, il le reposa. Qu’allait-il bien pouvoir lui dire ? Déjà que son attitude était lâche mais alors lui expliquer la situation au téléphone serait encore pire.
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Kate s’arrêta face au ruban jaune. A quelques mètres seulement, elle pouvait distinguer des chaussures à talons au milieu des ordures. En entrant dans la police, elle ne s’était faite qu’une seule promesse. Ne jamais traiter les victimes avec la même suffisance de Raglan. Alors oubliant ce qu’aurait put être sa fin de journée, elle souleva le cordon de sécurité et s’approcha de Lanie.
Elle s’éloigna du corps avec une boule dans l’estomac et la nausée. Jamais elle n’arriverait à s’habituer aux attaques à l’arme blanche dans des ruelles.
Kate avait cette terrible sensation d’abandonner la victime lorsqu’une autre équipe reprenait son affaire. Mais après tout c’était peut-être un mal pour un bien. Elle regarda sa montre, 17h46, avec un peu de chance, elle arriverait à l’hôpital avant la fin des visites.
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Castle avait envoyé un message à sa fille pour lui demander de passer après ses cours. La jeune femme lui avait répondu qu’elle finissait vers 17h15 par un cours d’économie et qu’elle passerait directement après. Alors plus ou moins patiemment, quelque peu nerveux, il attendait.
Lorsqu’il entendit frapper à sa porte, il se raidit. La discussion avec Alexis avait été longue et houleuse. La jeune femme lui reprochait son attitude immature et stupide. Ce qui surprit le plus l’écrivain dans cet échange, ce fut le comportement de sa fille envers Kate. Par le passé, et ce plus d’une fois, la jeune femme s’était emportée contre sa partenaire mais ce soir, elle était de son côté. Ignorant ses justifications, elle s’était rangée du coté de sa muse. Le sourire niais qu’avait provoqué cette pensée lui avait valu une réflexion de la part de sa fille mais il n’en avait cure.
Alors qu’Alexis venait de sortir furieuse de sa chambre, il regarda son téléphone espérant un appel de Beckett. Il appréhendait de plus en plus la confrontation avec la jeune femme mais il savait que plus il attendrait plus le dialogue serait difficile.
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Kate bouillonnait dans la voiture regardant sa montre sans vraiment y lire l’heure. Elle hésita un court instant à enclencher le gyrophare pour sortir au plus vite des embouteillages, ce qui aurait arranger l’irlandais et le latino, mais elle se résigna.
Elle souffla de soulagement en apercevant une place de stationnement juste devant l’hôpital St Vincent. Finalement, elle serait encore dans les temps. Mais le sort sembla s’acharner sur elle, lorsque le conducteur qui la précédait s’y gara. Beckett eu soudainement envie de sortir de sa voiture, de lui coller son badge sous le nez, en lui demandant de virer sa caisse de là mais elle s’était engagée dans la police pour servir cette ville pas pour en profiter allègrement. Alors, elle chercha une autre place de parking.
Finalement, Beckett arriva devant l’hôpital avec la certitude qu’elle ne pourrait pas le voir ce soir mais qui ne tente rien n’a rien, elle tenta sa chance. Elle vit Alexis sortir en trombe et monter dans un taxi. Elle tenta de la rattraper mais le taxi se fondit dans la nuit.
Les couloirs étaient d’un calme religieux, nul doute que les visites étaient terminées. Elle essaya d’atteindre la chambre de son écrivain en se faisant la plus discrète possible. Cependant, un raclement de gorge se fit entendre juste derrière elle. Elle s’arrêta et se retourna avec son plus grand sourire.
L’infirmière sembla hésiter puis ajouta.
Beckett tourna les talons, enfouit la tête dans ses épaules et les mains au fond de ses poches. D’une main, elle appuya sur le bouton de l’ascenseur et de l’autre, elle essuya ses larmes.
Chapitre XX
Malheureusement, cette nuit n’avait pas échappé à la règle qui régissait les précédentes.
En temps normal, Katherine Beckett ne se serait jamais posée autant de questions. Elle aurait simplement saisi le taureau par les cornes et aurait agi. Elle aurait réfléchi qu’a posteriori des conséquences que ses actes ont eu ou aurait pu avoir. Mais depuis peu, cette Beckett téméraire et spontanée avait laissé place à une femme cogitant sans cesse.
Cependant, malgré toutes les interrogations qui la rongeaient, c’était une certitude qui l’ébranlait. Elle avait trop à perdre… Elle était tiraillée entre la peur de le brusquer et celle de le laisser quitter sa vie sans se battre pour lui… Pour eux… Pour ce qu’ils pourraient vivre… Pour ce qu’ils étaient si proches de vivre…
Kate passa lentement une de ses mains sur son visage.
Elle inspira et envoya valser sa couette comme une petite fille le matin de Noël. Elle sauta de son lit et fila dans la salle de bain. Elle se glissa sous l’eau chaude alors que la buée emplissait déjà la pièce. Elle s’étira en levant ses mains au dessus de sa tête. Jamais elle ne parviendrait à se lasser de la douceur de l’eau sur son corps tendu.
Même sous sa douche, elle n’arrivait pas à oublier son écrivain. Un sourire s’étira sur ses lèvres, elle était totalement éprise de cet homme.
Au début, Richard Castle, ce n’était qu’un portrait en page six du Ledger. Ce n’était qu’un nom sur le livre de chevet de sa mère ou un sourire charmeur sur la quatrième de couverture.
Mais après le 09 Janvier 1999, sans même le savoir, l’écrivain est devenu bien plus pour cette jeune femme. Elle avait puisé dans ses livres la force qui lui permettait de survivre à la vie. Richard Castle était une étincelle dans la nuit noire qui emplissait sa vie.
Et alors qu’elle tentait de subsister, il avait fait irruption dans sa vie d’une manière peu académique. Pour la fanatique du contrôle qu’elle est, cet homme-enfant était imbuvable. Il était trop arrogant à son goût, trop vivant, trop dissipé, trop volage, trop attirant, trop désinvolte… Le maître incontesté du macabre était trop, tout simplement.
Mais avec le temps, il lui avait laissé entrapercevoir une autre facette de l’homme mystérieux qu’il était. Elle trouvait en lui un fils aimant, un père attentionné, un homme adorable, un partenaire indiscutable, un ami indispensable, un meilleur ami irremplaçable. Elle ne s’imaginait tout bonnement plus vivre sans lui.
Depuis peu, elle osait enfin s’avouer qu’elle aimait. Elle l’aimait lui, pas son compte en banque ou l’image publique, non, elle était folle de Richard Rodgers. Il était tellement aux antipodes de ce que les journaux griffonnaient à son sujet, qu’il ne pouvait en être que plus attirant.
Kate n’était pas le genre de femme à tergiverser pendant 20 ans pour savoir ce qu’elle allait porter. Néanmoins, elle était prise dans un dilemme. Elle tentait de trouver ce qui ne paraîtrait ni trop aguicheur ni trop prude. La jeune femme opta finalement pour un jean bleu foncé moulant, une chemise blanche cintrée et une paire de talons hauts. Elle releva ses cheveux laissant quelques mèches en liberté. Elle termina par un brin de maquillage pour masquer la fatigue et illuminer son regard. Elle attrapa son manteau, ses clefs, son sac à main et sortit de chez elle un sourire accroché à ses lèvres.
Au feu à l’angle de la 57th et de la 8th Avenue, elle aperçut une enseigne de café qu’elle ne connaissait que trop bien. Castle lui apportait son café préféré, tous les matins, depuis quatre ans. Quoi de plus symbolique que d’arriver avec un de ces cafés aujourd’hui. Elle devait mettre toutes les chances de son coté, et leur « je t’aime » dissimulé était sans doute la meilleure de toutes. Elle espérait voir apparaître sur son visage un sourire semblable à celui que lui procurait cette petite attention.
Devant la porte de sa chambre, dire qu’elle était sereine serait un mensonge. Elle souffla et passa sa main sur sa nuque. Elle jeta un coup d’œil aux deux gobelets, sourit, frappa et poussa la dernière barrière entre elle et son écrivain.
En entendant les coups à sa porte, Castle soupira. Il ne se sentait pas capable d’écouter une nouvelle fois les remontrances de sa mère. Il ne se sentait pas capable de réaffronter le regard empli de pitié et de colère de sa fille. Il ne sentait pas capable de sourire aux sous-entendus de l’infirmière. Il ne se sentait pas capable de supplier le médecin pour sortir plus tôt. Il voulait qu’on l’oublie ne serait-ce que pour quelques heures. Il demandait pas grand chose au fond, juste quelques heures…
Et comme une éclaircie un jour de pluie, Katherine Beckett entra dans sa chambre. Son doux parfum de cerise se répandit dans la pièce pour son plus grand plaisir. Il se redressa et passa une main dans ses cheveux indisciplinés. Lorsque ses yeux se posèrent sur les deux cafés, son cœur se fendit et son mensonge lui revint en pleine figure.
D’un geste timide, elle lui tendit son gobelet. Il avança sa main et lorsqu’il referma ses doigts autour, il les posa délicatement sur ceux de sa partenaire. Aucun des deux ne semblait vouloir interrompre ce contact dans lequel ils s’attardaient plus que nécessaire. Comme dans la normalité des choses, ce fut Beckett qui ôta ses doigts la première. Castle sentit le froid envahir son être et une sinistre impression d’abandon s’empara de lui.
Comment oublier un tel visage ? Un tel charisme même quand elle ne se sentait pas à sa place ? Comment oublier la femme qui accapare vos pensées depuis des lustres ?
Le silence envahit la pièce. Il se tortilla dans son lit, fixant le liquide noir qui ondulait légèrement dans le gobelet cartonné. Ce jeu cruel avait assez duré, il se devait d’être sincère et franc.
Toujours debout à coté du lit, l’angoisse reprenait ses droits dans le cœur de la jeune femme. Elle allait ouvrir la bouche pour enchaîner sur des banalités mais Castle la devança en levant les yeux sur elle.
Elle se positionna dans le fauteuil à gauche de son lit sans le quitter des yeux. Elle connaissait ce regard. Il avait le même le soir où il était revenu au poste afin de s’excuser d’avoir rouvert le dossier de sa mère. Elle s’attendait au pire, retenant son souffle sans même s’en rendre compte.
Castle détourna le regard face à celui perçant de la jeune femme. Beckett n’avait pas bougé d’un pouce, elle n’avait même pas cligné des yeux. Elle était simplement là, en face de lui, le dévisageant. Elle ne criait pas, ou du moins pas encore.
Son regard s’intensifia. En se préparant ce matin, elle était bien loin de s’imaginer que ce rendez-vous se passerait ainsi. Elle n’avait même pas la force de parler alors encore moins de crier.
Il n’eut même pas besoin de préciser la nature de son mensonge. Lorsqu’il vit le regard de sa partenaire se voiler, il sut qu’elle comprenait.
Beckett tomba dénue. Elle lui avait dit qu’elle l’aimait. La dernière fois qu’elle avait prononcé ces mots, ils étaient destinés à sa mère. Et monsieur osait prendre ça à la légère, il prenait cela pour de la pitié ? Elle pensait le connaître mais en vérité, il n’était que rancune et amertume. Kate se trouvait stupide de ne serait-ce que d’avoir pensé que le grand Richard Castle serait capable d’attendre qu’elle soit prête à l’aimer.
Castle venait de replonger les yeux dans son café. Il n’avait même pas le courage de soutenir son regard.
Elle sentit les larmes arrivaient à la bordure de ses yeux. Elle avait chaud et envie de vomir mais elle ne devait pas craquer, pas devant lui en tout cas.
Elle resta interdite, elle venait de recevoir une gifle phénoménale. Elle aurait, sans doute, préféré un coup dans l’estomac que de devoir encaisser ses paroles. Elle n’avait pas la force de renvoyer la balle, elle retenait ses larmes qui menacer de couler. Son cœur s’était réveillé avec lui, et malheureusement, il s’éteignait à cause de lui…
Beckett hésita un quart de seconde et finalement, elle le regarda avant de quitter la pièce. Elle put voir dans ses yeux bleus océan qu’il regrettait déjà ses mots mais le mal était déjà fait… C’était trop tard…
Dans le couloir, elle entendit Castle supplier le médecin de la rattraper mais elle accéléra le pas et quitta Saint Vincent le cœur lourd.
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Allongée dans son bain, elle n’arrivait pas à se le sortir de la tête. Depuis deux semaines, elle errait comme une âme en peine entre le quatrième étage du 12th et son appartement n’arrivant pas à oublier cet homme.
Kate se laissa glisser sous l’eau pour en sortir les cheveux mouillés. Elle remonta ses mains au dessus de sa tête pour les mettre en arrière. La jeune femme attrapa sa serviette légèrement chaude et s’enveloppa dedans dans un souffle de contentement. Elle enfila un pull et un jean choisi au hasard et s’apprêtait à s’écrouler sur son canapé lorsque l’on frappa à sa porte.
Elle fut surprise de le trouvait là, aucune nouvelle en quinze jours et Castle atterrissait à 22h, trempé jusqu’aux os, sur le pas sa porte. Elle laissa ses yeux dévorer son torse musclé que sa chemise humide moulait à la perfection.
Rick hésita un instant. S’ils n’étaient pas sur la même longueur d’ondes, elle lui collera une balle entre les deux yeux pour une telle audace. Mais il était prêt à courir ce risque. Il s’empara de ses lèvres. Kate ne répondit pas au baiser, et finalement, elle posa ses mains sur les épaules de Castle pour se défaire de son emprise.
Elle voulu lui claquer la porte au nez mais l’écrivain glissa son pied dans l’entrebâillement de la porte.
Il s’approcha doucement et caressa sa joue du bout de son pouce. La jeune femme aurait pu le repousser mais le voulait-elle vraiment ? Elle s’humecta les lèvres d’envie et Castle fondit sur ces dernières. Mon dieu, elle avait oublié qu’il embrassait si bien. Elle laissa ses mains vagabondaient dans les cheveux de son amant, alors que les siennes s’étaient posées dans le creux de ses reins.
Il lui intima de reculer et la colla contre la porte. Elle écarquilla les yeux partagée entre l’étonnement et la colère. Dans un mouvement viril, il rapprocha leurs bassins lui tirant un gémissement de surprise, sans délaisser ses lèvres pour autant.
Plaquée contre cette porte, si proche de son partenaire, elle se sentait défaillir. Elle sentit langue de Rick caresser sa lèvre inférieure et sans lutter elle le laissa approfondir le baiser. Leurs langues se redécouvraient, se caressaient, s’apprivoisaient, se délectaient l’une de l’autre. L’échange devint rapidement fougueux et exigent mais Castle décida de reprendre le contrôle de la situation. Après tout, ils avaient tout le temps… Ou plutôt toute la nuit pour s’aimer.
Il quitta ses lèvres et balaya délicatement ses cheveux sur le côté pour déposer une multitude de petits baisers au creux de son cou. Il était enivré par ce doux parfum de cerise qui s’envolait à chaque mouvement. Sa bouche avait élu domicile sous son oreille où il aspirait sa peau entre ses lèvres afin de la marquer. Il sut qu’il venait de trouver un de ses points sensibles lorsqu’un cri de plaisir lui échappa.
Kate sentit alors une de ses mains glisser de sa hanche à sa fesse. Puis elles passèrent atrocement lentement sous son pull. Ce simple contact la fit frissonner. Elle sentit ses seins pointer et un chaleur familière commença à naître entre ses cuisses. Elle gémit contre ses lèvres.
Ses doigts étaient à peine sur sa peau et elle ne tenait déjà plus. Elle se surpris à ne même plus reconnaître sa voix devenue rauque par le désir. Elle n’avait jamais ressenti cela avec un autre que lui, il était doux mais incroyablement possessif. Elle n’avait pas pour habitude de laisser ses amants guider leurs ébats mais Castle menait le bal et étrangement, ce n’était pas pour lui déplaire.
Il caressa sensuellement son ventre, remonta le long de ses côtes et le pull finit quelque part sur le sol du salon. Il effleura de ses pouces la peau au dessus de son soutien gorge.
Kate passa délicatement ses doigts sur la joue de l’écrivain, le bruit de sa barbe naissante l’électrisa. Désirant sentir sa peau contre la sienne, elle s’attaqua aux boutons de sa chemise. Elle les défit un par un et chaque parcelle de son corps nouvellement découverte fut parsemée d’un baiser brulant. Castle ne pensait pas survivre à leur étreinte. Le dernier bouton céda et elle déposa donc ses lèvres juste à la bordure de sa ceinture.
Elle sourit contre sa peau, elle aimait l’effet qu’elle avait sur lui. En manque de ses lèvres, elle se redressa et ses yeux s’arrêtèrent sur la cicatrice de son homme. Inconsciemment, elle passa ses doigts sur la sienne. Castle qui n’avait rien manqué de la scène, l’attira à lui. Leurs lèvres s’effleurèrent, il se voulait rassurant. Cette nuit était la leur, les doutes et les blessures n’y avaient plus leur place.
En se détachant de ses lèvres, elle rencontra son regard assombri par le désir. Elle l’emmena dans un nouveau baiser bien plus urgent tout en ondulant du bassin rapprochant leurs intimités. Les gémissements remplirent la pièce.
Il la souleva et les guida vers la chambre de la jeune femme. Il la déposa sur le lit en recouvrant son corps. Ses main glissèrent de sa poitrine à ses flancs jusqu’à atteindre le bouton de son jean. Mais il s’arrêta et remonta ses doigts dans son dos, non sans un grognement de mécontentement.
Frustrée qu’il la torture ainsi, elle inversa leurs positions. A califourchon sur ses cuisses, elle affichait un sourire vainqueur.
Allongée sur son partenaire, elle laissa vagabonder sa main entre leurs corps impatients. Kate descendit son jean et remonta dans une démarche féline le long de ses jambes. Elle passa atrocement lentement sa main sur sa virilité plus qu’évidente.
Elle sourit et fut surprise lorsque Castle la plaqua sur le matelas. La trouvant trop habillé, il s’attaqua sans la moindre hésitation au jean de sa partenaire. Le corps qui occupait ses fantasmes les plus fous était en sous-vêtements bleus nuit en face de lui. Il la trouvait tout bonnement sublime, il était sans voix. Il taquina du bout des doigts le haut de son string qui laissait peu de place à l’imagination, la faisant haleter davantage si cela fut possible. Elle lâchait totalement prise la rendant encore plus désirable.
Castle détacha de manière experte son soutien-gorge et fondit sur son sein gauche. Elle sentit son souffle s’approcher et agrippa les draps. Il titilla du bout de sa langue son téton alors qu’il faisait rouler entre son index et son pouce son jumeau. Ses lèvres glissèrent entre ses monts et il recommença la même torture avec son sein droit. Il éveillait des zones sensibles dont elle ignorait l’existence.
L’écrivain posa ses mains sur sa hanche en la regardant dans les yeux comme pour obtenir l’autorisation d’aller plus loin. Elle lui sourit et l’embrassa amoureusement. Heureux qu’elle ne fuit pas, il quitta ses lèvres pour l’intérieur de sa cuisse. En peu de temps, le morceau de dentelle quitta l’équation.
Elle se redressa et la vision de Castle entre ses cuisses qui s’occupait activement de son intimité la fit rougir. Il était doux et attentionné dans ses caresses, elle se sentait décoller rien qu’en sentant la langue de son amant jouer avec son clitoris. Elle laissa ses doigts vagabonder doucement dans ses cheveux et raffermit sa prise lorsque Castle immisça son majeur en elle. Après de légers va-et-vient, elle resserra les cuisses autour de son visage et Beckett s’envola dans son premier orgasme.
Mais ce n’était pas suffisant à son goût, elle le voulait lui, lui dans sa totalité. Elle empoigna ses fesses et le tira à elle, s’emparant de sa bouche avec avidité et encercla sa taille de ses jambes interminables.
Il s’étira afin d’atteindre la table de nuit. Chaque centimètre du corps de la jeune femme était consumé par le désir et sentir son érection contre son bas-ventre n’arrangea rien à son état.
Alors qu’il se débattait avec l’emballage, elle s’en saisit et le déroula sur sa longueur.
Ils se regardèrent, s’embrassèrent et dans un mouvement de rein, Castle s’immisça en elle. Il attendit qu’elle s’habitue à lui et lorsqu’il la sentit se tortiller contre son bas-ventre, il commença à se mouvoir en elle. Elle haletait sous la puissance dont il faisait preuve.
Elle se sentait partir, c’était tout bonnement fabuleux. De son côté, Castle sentait également son moment approcher à grands pas, mais il se refusait de partir sans elle. Dans un dernier assaut, elle laissa une vague de plaisir la submerger.
Son corps engourdi s’enflamma. Elle arqua son dos pour se dresser contre son torse, ses ongles maltraitèrent son dos et elle implosa autour de lui.
La sentir perdre pied sous le poids de son corps eut raison de lui et il rendit les armes.
Il retomba en sueur sur le corps de sa partenaire et bien plus que ça à présent. Elle affichait un sourire béat sur ses lèvres et il en fut ravi. Il se retira progressivement, laissant Kate en manque de lui. Elle ne se serait jamais crue aussi dépendant d’un homme et pourtant, elle voulait encore le sentir en elle. Elle se redressa et vint se positionner sur ses cuisses.
Le second round s’acheva et elle vint se lover dans ses bras où elle s’endormit paisiblement.
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Un rayon de soleil perça à travers ses persiennes pour venir effleurer son visage encore endormi. Elle laissa échapper un grognement et enfonça la tête dans son oreiller. Elle étendit son bras et tapota à côté d’elle. Prise dans un vent de panique, elle se redressa et fut soulagée en constatant qu’un jean et une chemise gisait sur le sol de sa chambre.
Rick apparut dans l’encadrement de la porte avec deux tasses à café encore fumante. Il sourit et s’approcha pour déposer un doux baiser sur ses lèvres.
Elle s’en voulu de poser une telle question, on aurait dit une adolescente après ses premiers rapports sexuels. Mais elle avait besoin de savoir ce qu’il en avait pensé.
Ils se regardèrent un moment et Castle brisa l’instant.
Il déposa sa tasse et prit celle de Beckett. Il s’allongea sur elle et commença à laisser ses mains redécouvrir ce territoire qu’il avait exploré toute la nuit.
Elle lui piqua un baiser langoureux et fila vers la salle de bain dans le plus simple appareil.
Il tomba sur l’oreiller de la jeune femme et ferma les yeux se laissant bercer par les effluves de cerise qui lui parvenait. Il afficha un sourire épanoui. Il se sentait renaître et ça ne faisait que commencer.
FIN