HypnoFanfics

Interdit aux moins de 18 ans

A très bientôt, j'espère...

Série : Castle
Création : 25.01.2017 à 11h51
Auteur : ArthurRrr 
Statut : Terminée

« Je me lance, j'espère que cela vous plaira. L'histoire se déroule au cours de la saison 4 » ArthurRrr 

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Chapitre XI

 

  • Oh ma tête !! Dit-elle en passant sa main sur son front. Castle ?!! Déclara-t-elle en tentant de ne pas laisser ses yeux vagabonder sur ce corps pratiquement nu qui s’offrait à elle. Mais qu’est que vous faites là ?!!
  • Euh… Mon loft, ma chambre et mon lit donc… Siffla-t-il en mettant son oreiller sur son entrejambe, rougissant comme un ado.

 

Beckett ne savait plus quoi penser. Elle savait qu’elle devrait lutter contre elle-même si elle acceptait de passer la nuit chez Castle. Et de toute évidence, le vin n’avait pas arrangé les choses. Mais, au fond, regrettait-elle vraiment cette soirée ? Elle avait pu gouté avidement à ses lèvres, à la force de son torse et à la douceur de ses doigts…

Jamais encore un baiser ne l’avait autant chamboulée. Si celui sous couverture avait été époustouflant, celui-là était inqualifiable. Son souvenir était impérissable ! Et sans s’en rendre compte, elle passa sa main sur sa clavicule marquée. 

Heureusement Castle avait agi en parfait gentleman. Comme toujours il avait été prévenant, attentionné et sage. Etait-ce vraiment ce qu’elle voulait ? Ne préférerait-elle pas qu’il la bouscule ? Agissait-il comme ça avec toutes celles qui passaient dans son lit ?

L’écrivain regardait tantôt le coussin posait sur ses cuisses tantôt sa muse assise au bord de son lit. Castle se sentait gêné de ne pas pouvoir se contrôler. Mais dès qu’il laissait ses yeux errer sur son corps, il devait résister à ses pulsions. C’était déjà dur au poste lorsqu’elle était habillée, alors dans son lit, à moitié nue, après une nuit à se câliner… Il restait un homme après tout…

La chaleur de leur étreinte de la veille ne l’avait pas quitté. Kate ne pouvait pas feindre l’amour qu’il y avait ressenti, car oui, leurs baisers transpiraient l’amour !

Dans cette chambre de Manhattan, le temps semblait s’être arrêté. Pourquoi étaient-ils autant gênés ? Après tout, ce qu’ils s’apprêtaient à faire était légal. Assis au bord du lit, ils se regardaient comme deux adolescents qui ne savent pas vraiment comment s’y prendre. 

Dans un synchronisme parfait, l’azur rencontra l’émeraude pour quelques secondes, une minute à peine. Mais Kate rompit le contact pour écarter le drap qui l’enveloppait afin de voir ce qui restait de ses vêtements, et fut quelque peu rassurée en constatant qu’elle portait toujours son dessous. Mais elle lâcha le drap et palpa sa poitrine.

 

  • Mon soutien-gorge ?!
  • Euh… Sur le plan travail, je dirais… Vous l’avez perdu dans la bataille…
  • Pardon ?!
  • Vous n’avez aucun souvenir d’hier soir ou quoi ?!
  • Si, bien sur que si ! Oh mon Dieu, j’ai beaucoup trop bu !
  • Vous pensez ? Demanda-t-il en levant un sourcil provocateur. Vous m’avez littéralement sauté dessus !
  • Oh ! Comme si ça vous avez déplu ?
  • Pas le moins du monde ! On reprend où on s’est arrêtés ?
  • Oui ? Non ? Peut-être ? Dommage, on se serait bien amusés ! Déclara-t-il rêveur en repensant à sa démarche féline après cette phrase lors de leur première enquête.
  • Vous n’avez pas idée ! Castle pour hier soir… Je suis désolée… Le vin m’a fait agir de façon…irrationnelle…

 

Et voilà ! Elle fuyait… Mais hier soir, c’était bien elle. Plus ouverte et plus avenante, sans cette retenue qui lui servait de remparts.

 

  • Disons que j’ai pu goûter à un petit aperçu de ce à quoi Josh faisait référence Lundi matin en salle d’interrogatoire… Réplica-t-il en la détaillant du regard.
  • Euh… Je peux emprunter votre salle de bain ? Demanda-t-elle en prenant la direction de la pièce attenante pour cacher ses joues qui s’empourpraient.
  • Besoin d’aide pour vous frotter le dos ? Murmura-t-il.
  • Castle ! Cria-t-elle plus pour la forme que pour le fond.
  • Oups… désolé, déclara-t-il alors que son sourire trahissait ses pensées.
  • Vraiment ?
  • Euh… Non…

 

Beckett se glissa sous l’eau chaude, les mains posées sur le carrelage froid de la douche à l’italienne. Finalement, elle attrapa la bouteille de gel douche et en déposa une noix dans la pomme de sa main. Plus la mousse se rependait sur son corps, plus l’odeur de Rick envahissait la pièce pour son plus grand plaisir. Elle se rinça et coupa l’eau mais quand elle voulut attraper une serviette, elle eut un léger moment de solitude.

Avançant difficilement à l’aide du tapis pour ne pas transformer la salle de bain en pataugeoire, elle s’approcha de la porte.

 

  • Castle ?
  • Castle ?!
  • Vous avez un problème ? S’enquit l’écrivain en entrant dans sa chambre.
  • Euh… Eh bien…
  • Ah oui ! Vous avez un problème ! Rit-il en imaginant le reste de son corps totalement dévêtu et humide derrière la porte.
  • Arrêtez de rire ! Ca vous ennuierez de m’apporter une serviette avant que j’attrape la mort ?!
  • Voilà ! Au fait, j’ai retrouvé votre soutien-gorge.
  • Super ! S’exclama-t-elle en lui tendant sa main.
  • J’avais bien raison, il vous attend dans la cuisine ! Déclara-t-il avec un sourire mutin.
  • Arrrrh ! Râla la jeune femme en claquant la porte.

 

Elle s’habilla en vitesse et fila au 12th. Elle ne voulait pas qu’ils arrivent ensemble au poste et puis, elle devait encore passer chez elle pour se changer.

 

Au 12th, un peu plus tard. 

Assise à son bureau, un stylo entre les mains, Kate essayait d’oublier les images du corps de Castle contre le sien. Elle pouvait encore sentir son souffle chaud dans son cou ou la douceur de sa main caressant sa fesse. Comment évincer de votre esprit une sensation que vous voudriez ressentir à nouveau et que l’objet de votre désir vous suit toute la journée ?

Castle n’était toujours pas arrivé et ce n’était pas plus mal. Comment arriverait-elle à le regarder sans rougir ? Qui plus est, il allait surement se venter d’avoir réussi à la mettre dans son lit… Trop heureux d’avoir pu caresser cette pauvre fille, froide et sans cœur, trop obnubilée par la mort de sa mère pour vivre sa vie… 

Mais l’absence de Rick rimait avec l’absence de café, alors elle se dirigea vers la salle de pause. Elle lutta avec cet appareil qu’elle n’arriverait, sans doute, jamais à dompter. De la vapeur s’échappa de la machine à café accompagnée par un bruit sinistre.

 

  • Arrrrh !!! Je vais la démonter pièce par pièce !!!

 

Fulminante, elle lança sa tasse dans l’évier. Lorsque cette dernière atterrit, elle se brisa en milles morceaux.

 

  • Lieutenant ! Rentrez chez vous ! Revenez à 14h, si vous êtes calmée sinon ce n’est pas la peine ! S’exclama Gates dans l’encadrement de la porte.

 

~~~~~~~~

 

En cette fin de matinée là, la morgue était d’un calme religieux. Assise à son bureau, Lanie s’étira sur sa chaise et elle ferma le rapport devant elle. La semaine était difficile pour tout le monde, elle y comprit. Kate était sa meilleure amie et elle ne trouvait aucun indice sur les victimes. Elle se sentait impuissante, inutile et incapable de faire ce pour quoi elle était payée. Elle souffla et décida de retourner examiner les corps.

 

  • Kate ??? Mais qu’est ce que tu fais dans le noir sur une table d’autopsie ??? Cria-t-elle alors que son cœur tentait de retrouver un rythme normal.
  • Oh… désolée… Je ne voulais pas te faire peur… J’avais besoin de parler mais tu étais occupée alors je me suis allongée là…
  • Et ça fait longtemps ?
  • Euh… Suffisamment pour te dire que ce n’est pas très confortable…
  • A ton avis, pourquoi j’ai un canapé dans mon bureau ?

 

La métisse s’approcha, tira un tabouret et s’assit en face de son amie. Kate balançait frénétiquement ses pieds dans le vide sans les quitter des yeux.

 

  • Honey, dis moi ce qui te tracasses ?
  • Hier soir, j’ai suivi ton conseil et j’ai demandé à Castle de me prêter son canapé…
  • Et alors ? Demanda la légiste à la recherche de détails.
  • J’ai commencé par lui demander si on pouvait passer la nuit ensemble…
  • Tu vois, t’es irrécupérable !
  • Mais je me suis reprise, on est rentré au loft. Il a merveilleusement bien cuisiné, on a bu du vin, un bordeaux exceptionnel. Martha et Alexis ont été adorables, la soirée était fabuleuse…
  • Alors c’est quoi le problème ? Demanda la légiste complétement perdue.
  • Eh bien… J’ai dormi dans les bras de Castle… Après qu’on se soit embrassés… et peut-être un petit peu tripotés aussi… Avoua-t-elle la tête baissée.
  • Ah ! Ce n’est que ça ! Et t’as aimé ? Rajouta Lanie avec un grand sourire.
  • Lanie !!! Il avait sa main sur ma fesse et je lui caressais le torse ce matin !
  • Ah oui… Vu comment tes yeux en pétillent encore t’as dû sacrément apprécier !
  • Arrête un peu ! Il ne s’est rien passé cette nuit, on a juste dormi… Mais qu’est ce qui m’a prise de me laisser aller comme ça ?
  • Je dirais plutôt que tu as enfin laissé parler ton cœur ! Vous en avez discuté tout les deux ?
  • Oui…
  • Pourquoi tu tires cette tête ?
  • Parce que j’ai préféré fuir ! Je me suis servie du vin comme d’un alibi pour justifier mon comportement.
  • Et…?
  • Il a répondu qu’il avait eu un léger aperçu de ce à quoi Josh faisait référence pendant son interrogatoire…
  • Ce type est génial ! Tu lui as dis que ce n’était qu’un très léger aperçu ? Répondit la légiste en rigolant.
  • Lanie !!!
  • Oh arrêtes un peu ! Tu le repousses une fois de plus, soit dit en passant, et lui ne perd pas espoir. Tu as la preuve que tu cherchais, il tient à toi et tu tiens à lui ! Tu ne peux plus nier, ma belle !

 

~~~~~~~~

           

Après un petit déjeuner et une douche, Castle arriva au poste. Il ne n’attendrait pas la fin de l’enquête, il allait lui dire ce matin qu’il n’en pouvait plus de faire semblant. Alors, il allait suivre le conseil non sollicité de sa mère et lui avouer à quel point il l’aime avant que la fatalité du monde ne les sépare.

 

  • Javier, est-ce que tu as vu Beckett ? Demanda-t-il en sortant de l’ascenseur.
  • Gates l’a renvoyée chez elle après qu’elle est explosée sa tasse à café dans l’évier. La nuit a dû être difficile, elle est vraiment remontée !
  • Oh…
  • Pourquoi ? Y a un problème ?
  • Non, non, merci Bro.

 

Etait-elle en colère à cause de la nuit qu’ils venaient de passer ? Pourtant, elle ne lui avait pas donné cette impression en quittant son appartement. Sur le trottoir en pleine réflexion, il héla un taxi.

Face à la porte vitrée de l’immeuble de la jeune femme, il hésita un court instant.

 

  • Est-ce vraiment le bon moment ? Y a-t-il un bon moment pour avouer à une femme qu’on est fou d’elle ?

 

Il devait lui dire que les préliminaires de la veille ne l’avaient pas laissé de marbre.

Immobile devant sa porte, il n’osait frapper. Lui, ce séducteur hors pair n’était plus sûr de ses gestes. Il était tremblant à l’idée qu’elle puisse ne pas l’aimer. Finalement, il tapa trois coups et attendit.

 

  • Castle ?
  • Est-ce que ça va ? Demanda-t-elle, soucieuse, devant son mutisme.
  • Beckett… J’ignore si c’est le bon moment pour ça…
  • Euh… Castle ça va ?
  • Depuis quatre ans, je me lève chaque matin en espérant un sourire ou un regard… Même noir, peu m’importe au fond… Je veux juste pouvoir me perdre dans tes yeux… Si je ferme les miens, je peux encore sentir la douceur de tes lèvres sur les miennes… J’ai adoré ton souffle court dans mon cou… J’ai adoré sentir tes doigts caresser mon torse ce matin… J’ai adoré passer la nuit dans tes bras… Kate… Je t’aime… Je t’aime pour ce que tu es, une femme forte et indépendante qui n’a certainement pas besoin d’un homme pour diriger sa vie. Mais aussi pour ce que je suis quand nous sommes ensemble… Tu fais de moi un homme meilleur, l’homme que je rêvais d’être finalement, mais je n’avais pas encore trouvé la femme pour qui je voulais être différent ! Je n’ai pas toujours su trouver les mots… Mais… Kate… Je t’aime…

 

Pour simple réponse, il retrouva la douceur des lèvres de Beckett. Elle s’était approchée et l’embrassait délicatement. La jeune femme trouvait les mots trop faibles après une telle déclaration. Elle laissa les incertitudes et les doutes derrière elle. Pour une fois, elle décida d’écouter son cœur.

Castle, d’abord surpris, prit finalement part à cet échange et la saisit par les hanches. De toute évidence, elle ne regrettait pas la soirée de la veille ! La jeune femme passa ses mains sous le pull de son amant et les laissa vagabonder sur sa peau. L’écrivain engagea la même torture en glissant ses doigts sous sa chemise.

Lorsqu’il atteint le doux tissu satiné de ses dessous, la réponse de Kate ne se fit pas attendre.

 

  • Hum… Castle…

 

Le baiser était urgent et passionné. Des gémissements de plaisirs remplissaient la pièce. Alors que Beckett se mouvait contre le bassin de son amant, ce dernier échangea leurs places et la plaqua contre sa porte. Il embrassa chaque parcelle de son cou dénudé, puis défit deux boutons et continua de la torturer. Il sourit sur sa peau en retrouvant la marque qu’il lui avait infligée quelques heures auparavant. A chaque nouvel assaut de la bouche de l’écrivain sur son corps, elle frémissait. Elle resserrait sa prise sur ses épaules tout maintenant le contact entre sa féminité et le ronflement naissant dans le jeans du romancier.

Dans cet appartement newyorkais, ils laissaient s’échapper les quatre années de frustration qu’ils venaient de s’infliger mutuellement.

Kate posa une main sur le torse de Castle, et lui intima de reculer. Elle se défit doucement de son étreinte. Elle mourait d’envie de le laisser continuer. Il l’avait à peine touchée et pourtant, elle était déjà toute chose. Mais elle devait retourner au poste pour continuer cette enquête avant de se laisser aller à des galipettes.

 

  • Rick…
  • Hum…
  • Pas… maintenant… Dit-elle haletante alors que les lèvres de Castle se faisaient audacieuses.
  • Pourquoi ? Demanda-t-il surpris en relevant la tête.
  • Parce que je dois retourner au poste dans une heure et que si on s’engage sur cette voie là, je ne serais jamais à l’heure.
  • Oh… Hum… Grogna-t-il comme un enfant à qui l’on vient de retirer son jouet favori.
  • Ce n’est que partie remise…
  • J’espère bien Miss Beckett !
  • Tu n’auras pas changé d’avis d’ici ce soir ?
  • Kate, ça fait quatre ans que je n’ai pas changé d’avis. Alors, je crois que ce n’est pas cinq heures de plus qui vont y changer quelque chose !
  • Parfait alors… Déclara-t-elle en lui piquant un baiser. J’en reviens pas de pouvoir faire ça !
  • Si tu savais le nombre de fois que j’ai lutté pour ne pas le faire ! Je nous prépare un truc à manger et on retourne au poste ensuite ?
  • Pourquoi pas…

 

Après avoir rangé la cuisine, échangé quelques baisers et des caresses, ils quittèrent l’appartement de la jeune femme.

 

~~~~~~~~~

 

Dans l’ascenseur qui les amenait à la criminelle, Beckett était blottie dans les bras de son écrivain et à chaque étage, elle s’en extirpait à contre cœur. Avant qu’ils n’arrivent au 4ème, elle s’écarta et le mit en garde.

 

  • On est au boulot, et même si j’adore sentir ta main sur ma fesse, tu gardes tes mains dans TES poches et on reprend le vouvoiement.
  • Evidemment ! Donc je suppose que je ne peux pas VOUS embrasser langoureusement.
  • Castle !
  • Kate, je plaisante ! Je vais me conduire normalement. J’attendrais ce soir, mais est ce que toi tu sauras attendre ? Demanda-t-il avec un sourire à faire fondre.

 

Ding…

 

~~~~~~~~~

 

Lorsque les portes s’ouvrirent, elle remit son masque de flic et ne laissa plus rien transparaître. Elle se dirigea vers la salle de repos pour se faire un café, alors que l’écrivain s’arrêta au niveau des deux lieutenants. 

Devant la machine qui l’avait excédée quelques heures auparavant, Kate ne lâchait pas son homme des yeux. Il semblait en pleine négociation avec l’irlandais et le latino. Esposito martelait de son index la poitrine de Castle sous les rires de Ryan.

 

  • Wahou ! On se croirait dans une cour de récré quand l’intello se fait racketter sa dissertation à rendre pour le lendemain…
  • Sauf que je n’étais l’intello à l’époque mais celui qui draguait les filles, Beckett ! Déclara l’écrivain avec un sourire charmeur.
  • Et moi celle qui leurs cassait les deux jambes quand ils s’approchaient trop près ! Claqua-t-elle avec un petit sourire vainqueur aux lèvres.
  • Mmhh… Suffit juste de trouver la bonne distance alors… Rétorqua-t-il alors que Ryan et Esposito tentaient étouffer leurs rires.

 

Elle roula des yeux et s’assit sur le bord de son bureau face au Murder Board. Un stylo entre les mains, Kate se remémorait chaque détail de cette enquête. Cet homme était obnubilé par elle, consciencieux, méthodique et confiant.

Les paroles de Castle lui revinrent alors en mémoire « comment peut-il en savoir autant sur vous ? Cet homme vous suit forcément depuis de nombreuses années déjà ». Mais, la question qui la tracassait depuis quelques minutes était toute autre. Comment savait-il où trouver ses victimes ? Il devait connaître leurs adresses puisqu’elles avaient toutes été retrouvées dans leurs salons respectifs. Les meurtres n’avaient absolument rien d’innovant, tout était précautionneusement réfléchi. La précision dans l’entaille, la lettre, l’uniforme de postier…

 

  • Ryan ! La boutique vendait plusieurs types de costumes ?
  • Euh… Oui, je crois qu’il y avait de tout. Pourquoi ?
  • Parce qu’on est fin Février…
  • … Que la semaine prochaine, c’est Mardi Gras ! Termina l’écrivain.
  • Et que font les newyorkais mais surtout les universitaires pour Mardi Gras ?
  • Ils se glissent dans la peau d’un personnage qu’ils ne seront jamais. Et comme un étudiant vit avec son portable…
  • … Si l’on regarde les réseaux sociaux, peut-être que notre homme…
  • … Est sorti de la boutique en même temps que des étudiants !
  • Ryan voit avec Tory ce que tu peux trouver là-dessus.

 

Les deux lieutenants n’avaient pas pu en placer une, tellement la connexion entre Beckett et Castle était évidente. L’irlandais et le latino s’éloignèrent, l’écrivain en profita pour s’approcher de Kate. Il la frôla, et fut ravi de la voir frémir.

 

  • Et tu t’étais déguisée en quoi ?
  • Pardon ?!
  • Pour savoir que les universitaires se costument à Mardi Gras, il faut l’avoir vécu au moins une fois. Alors ?
  • En zombie.
  • Toi ?! En zombie ?! Sérieusement ?!
  • Non ! Rit-elle face à la mine de l’écrivain. J’étais en toge romaine… Totalement nue dessous…
  • … Et… tu l’as encore ?
  • Peut-être…

 

Elle se retenait pour éviter de l’embrasser tant sa bouche entrouverte était un appel à la luxure. Depuis hier soir, elle vivait un rêve éveillé. Elle avait, plus ou moins, ouvert son cœur à celui qu’elle aimait et ce matin avait été tellement agréable qu’elle n’osait plus imaginer un réveil sans ses bras.

 

Dring…

 

  • Beckett
  • Kate ? C’est Lanie.
  • Oui, t’as trouvé de nouvelles infos sur le corps de Veronica Harris ?
  • Lanie ?
  • Kate, il y a une quatrième victime…
  • Une maison pavillonnaire à la sortie de New York. Je t’envois l’adresse par message mais tu ferais mieux t’asseoir Honey…

 

Assis sur sa chaise, elle attendait la vibration de son portable qui annoncerait l’arrivée du message de Lanie. Elle avait une boule dans l’estomac et lorsque le message arriva des larmes vinrent s’échouer la barrière de ses yeux. Une larme solitaire franchit la limite et ruissela sur sa joue.

Les gars regardèrent Castle, et Esposito lui fit signe de s’approcher en lui murmurant :

 

  • Si quelqu’un peut la réconforter, c’est bien toi, Bro…

 

Mais l’écrivain se sentait désemparé. En quatre ans de partenariat, il ne l’avait jamais vue aussi effondrée. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, mais ils étaient au poste et ce n’était pas convenable. Il s’accroupit devant elle et releva avec deux doigts son menton pour capter son regard.

Mais comme à son habitude Beckett ne montra rien. Lorsque leurs yeux se trouvèrent, elle remit son masque. La petite étincelle qu’il avait remarqué hier soir, mais surtout ce midi avait laissé place à un regard vide. Elle sécha ses larmes du revers de sa manche et comme si de rien n’était, elle prit son arme dans son tiroir et enfila sa veste.

 

  • Kate, je ne sais pas qui c’est mais vous ne pouvez pas faire comme si cette affaire ne vous touchait pas ! S’exclama-t-il en la retenant par le bras.
  • Je ne fais pas « comme si » Castle, je fais ce que je dois faire ! Je suis flic et c’est mon boulot d’arrêter cette ordure, mes états d’âme n’ont pas la moindre importance ! Ce qui compte c’est le résultat, et pour l’instant le score se porte à quatre morts et une empreinte partielle !

 

Elle rajoutait quelques briques à ce mur déjà inviolable qui la protégeait. Ce fut la goutte d’eau de trop pour Castle qui explosa.

 

  • Il joue avec vous Beckett ! C’est vous qu’il vise à travers ses personnes, il ne s’en cache même pas ! Il ne faut pas avoir été à Stanford pour savoir que la dernière victime dans un futur plus ou moins proche ce sera vous, Kate ! Il connaît surement déjà votre adresse et il va finir par vous tuer !
  • Alors quoi Castle ? Je passe toutes mes nuits au poste en attendant qu’il veuille bien nous accorder un indice ? Ou mieux, je les passe éméchée dans votre lit ?
  • Au fond, cette affaire ressemble tellement à celle de votre mère…
  • Je vous interdis de parler de ma mère Castle ! Le coupa-t-elle en le montrant du doigt.
  • Parce que ça te rassure d’avoir une enquête qui te touche personnellement, une enquête qui te rappelle qui tu es vraiment !
  • Vous pensez me connaître mais vous ne savez rien de moi ! Vous vous êtes imaginé ma vie ! En vérité, vous ignorez qui je suis vraiment !
  • Vraiment ? On a échappé à la mort ensemble, face à un tigre ou dans un camion réfrigéré blottis l’un contre l’autre. On s’est embrassés à plusieurs reprises et tu pourras tenter d’enfouir au fond de toi-même ce que tu as ressenti à ces moments-là, mais tes yeux eux n’ont pas pu mentir. Alors ne me fais pas croire que je ne te connais pas !
  • Je vous l’ai déjà dit il y a un an, il n’y aura jamais rien entre nous, Castle ! Alors arrêtez de prendre ma vie pour votre terrain de jeu privé et laissez moi la vivre comme je l’entends ! Sortez de ma vie Castle !
  • Dis le moi sans trembler !
  • Retournez à vos Hampton, à votre première ex-femme et à vos séances de dédicaces sur des poitrines ! Moi, j’ai du boulot ! Ryan, Esposito vous attendez qu’il neige ou quoi ?!

ArthurRrr  (01.03.2017 à 10:38)

Chapitre XII

Esposito attrapa sa veste sur le dossier de sa chaise et Ryan récupéra son arme dans le tiroir de son bureau. Rick qui n’avait toujours pas bougé regardait la jeune femme se diriger vers l’ascenseur. Il regrettait déjà ses mots mais il ne comprenait pas la distance qu’elle leur imposait. Depuis quatre longues années, il ne cessait de lui montrer à quel point il tenait à elle. Pourquoi érigeait-elle ce mur entre eux ? Alors que d’autres avaient pu l’aimait comme il voudrait pouvoir l’aimer…

Le latino lui tapa sur l’épaule en passant à ses cotés.

 

  • Désolé Bro… Laisses lui du temps…

 

Castle lui jeta un regard impuissant en s’asseyant sur sa chaise. Il était arrivé dans ce poste comme par erreur. On prétend que le hasard fait bien les choses, aujourd’hui, il en avait l’intime conviction. Ce hasard lui avait permis de vivre des instants précieux et de faire des rencontres inattendues. Néanmoins en quelques minutes, il venait de sceller son avenir. Anéanti par la dure réalité du moment, il prit une grande respiration et quitta le poste.

Comment la situation avait-elle pu autant déraper alors qu’il se sentait revivre depuis hier soir ?

 

A la sortie de New York

Cette maison, Kate ne la connaissait que trop bien. Elle représentait toute une part de son enfance. C’était l’un de ces souvenirs que l’on dépose dans une boîte, un soir d’été, et que l’on rouvre des années plus tard en se disant qu’à ce moment là, la vie était nettement plus simple.

Franck Adams était un vieil ami de son père. Ils s’étaient rencontrés à la fin de leurs études de droit. Avec Jim, il lui avait appris à jouer au baseball, il l’avait soutenue après la disparition de sa mère, il avait toujours été là pour elle… Il était rassurant comme la peluche d’un enfant ! Petite lorsqu’elle était dans ses bras, la terre se dérober sous ses pieds, elle ne l’aurait pas senti.

Debout sur le trottoir, les yeux rivaient sur le ruban jaune, elle n’osait plus bouger. Tant qu’elle ne franchissait pas cette porte tout ceci n’était pas vraiment réel… Beckett n’était plus cette femme flic forte et inébranlable qui en impressionnait plus d’un, mais juste une petite fille désarmée et terrorisée.

Elle redoutait la scène qui l’attendait. Elle allait tomber sur un homme d’une soixantaine bien tassée, attaché à une chaise au milieu d’un mare de sang. Torse nu pour exposer l’œuvre de son créateur, un plaie béante dans l’abdomen. Ces yeux n’exprimeront plus que terreur et angoisse. Lanie écartera alors précautionneusement la poche de son jeans. Elle y trouvera une feuille de papier blanc, légèrement rougie par des gouttes de sang et noircie par des mots qui la viseront directement.

Chaque pas était une véritable épreuve. A chaque pose du talon, elle sentait son cœur se fissurer. Sur le seuil, elle tentait de refouler ses larmes. Jones lui ouvrit la porte d’entrée mais Lanie l’arrêta dans le couloir.

 

  • Kate… Je suis désolée, Honey…
  • C’est… vraiment lui ?
  • Oui…
  • Non… Lanie… C’est pas possible…
  • Kate, écoute moi, tu vas rentrer au poste et faire ce tu fais le mieux. Tu vas me trouver cette ordure ! D’accord ?
  • Tu peux me dire ce qui s’est passé ?
  • T’es sûre que c’est l’image que tu veux garder de lui ?
  • Si c’était moi qui étais là-bas, tu ferais demi-tour ? Demanda-t-elle avec un léger sourire.
  • Pas la moindre chance… Oh, un sourire ! 
  • C’est ce que m’a demandée Castle quand on a retrouvé Royce dans la ruelle…
  • D’ailleurs où est ton ombre ?
  • Il n’est pas là. Il ne viendra plus. On s’est disputé et je lui ai demandé de partir.
  • Il tient trop à toi pour abandonner si prêt du but !
  • Tu peux me dire ce qui s’est passé ?!
  • Franck s’est beaucoup plus débattu que les victimes précédentes. Il est allongé sur le sol dans le salon. A première vue, je dirais qu’il a plusieurs côtes cassées, ses poignets sont brûlés par la corde qui les maintiennent liés, mais il a aussi été poignardé comme les autres. Vu les marques laissées, je pencherais pour le même couteau à cran d’arrêt. Je t’en dirais plus après l’autopsie.
  • Merci Lanie…
  • Kate… La lettre à ton nom… Dit-elle en lui tendant le bout de papier froissé.

 

Beckett déplia la feuille en retenant sa respiration. Elle n’était pas totalement ouverte encore mais elle put apercevoir le « Bonjour Katherine » et son cœur s’écrasa à ses pieds. Elle leva les yeux espérant trouver le regard bleu océan de son partenaire mais Castle n’était pas là pour ce regard rassurant dont lui seul avait le secret. Elle l’ouvrit entièrement et laissa ses yeux glisser sur le papier.

 

« Bonsoir Katherine,

Sarah Moore… Victor Davis… Veronica Harris… Franck Adams… Quatre meurtres pour quatre époques de ta vie.

Franck Adams… C’était un cadeaux de choix. Tu sais ce cadeau de Noël que l’on déballe en dernier parce que l’on est sûrs qu’il nous plaira.

Si je devais ne garder qu’un meurtre, je garderais celui-là. Plus que de l’art, c’est l’apothéose de mon œuvre ! Plus puissant que léger, plus agressif que sensible... En vérité, on pourrait davantage le décrire par addition. Il est acerbe. Il est mystérieux. Il est douloureux. Il est... Tout simplement.

Le meilleur flic de New York, sérieusement ?! Pourtant, tu devrais te surpasser pour rendre justice à ces familles.

Kate, est ce que tu penses à la petite Harris ? Une petite fille assise face à une fenêtre qui ne verra plus le soleil se lever de la même manière… Une petite fille qui ne pourra s’empêcher de poser son regard sur les démonstrations publiques d’affection, qui pour elle ne seront plus qu’un vague souvenir… Mais malgré cela, cette petite fille scrutera secrètement le visage des inconnus à la recherche d’un moment fugace d’abandon. A la simple recherche de ce que la vie lui interdit à présent… 

Tu as accepté le défi, et de toute évidence tu as perdu… Kate, la sentence approche…

A très bientôt, j’espère ! »

 

~~~~~~~~~

 

La nuit était tombée sur New York et la neige refaisait son apparition sur les trottoirs. Castle déambulait comme une âme en peine dans les rues. Il n’avait pas le courage de rentrer chez lui et d’affronter les reproches de sa mère.

Il entra d’un pas hésitant dans un loft sombre, attrapa une bouteille de whisky et s’effondra sur le canapé. Mais même l’alcool ne faisait pas le poids face à son sourire ! 

Il était voué à la souffrance éternelle puisque la femme qu’il aimait désespérément venait de lui demander de sortir de sa vie. Son cœur lui appartenait et ce à jamais.

 

  • Tu comptes te morfondre encore longtemps, ou je peux allumer la lumière ?
  • Pffff…
  • Beckett ?
  • Vous avez pourtant passé la nuit ensemble ?
  • Oui…
  • Oh… Des regrets…
  • Non !
  • Si tu m’expliquais Richard, ça serait plus simple pour nous deux !
  • On a dormi ensemble cette nuit, on s’est embrassés à midi et on s’est disputés cette après-midi… Elle m’a ordonné de sortir de sa vie…
  • Oh… Que s’était-il passé ?
  • Lanie a appelé pour une nouvelle victime, je voulais être là pour elle mais elle s’est refermée sur elle-même et je me suis emporté.
  • Tu décolles tes fesses de ce canapé et tu vas la rejoindre !
  • Elle ne veut plus me voir !
  • Et depuis quand tu fais ce qu’elle te demande ?! Cette jeune femme a besoin de toi, Richard ! Elle a besoin de savoir que la vie vaut le coup d’être vécue ! Arrêtes de t’apitoyer sur ton sort, bon sang ! Un couple sans dispute est un couple banal ! Tout n’est pas toujours tout rose mais c’est ce qui rend l’amour si spécial ! Alors secoues-toi !
  • Non ! Je ne veux pas m’imposer à elle ! Demain, j’irais au poste pour annoncer à Gates que mon partenariat avec la police de New York s’arrête.

 

Martha quitta la pièce en éteignant la lumière le laissant seul dans la pénombre du salon. Il voulait broyer du noir toute la nuit, autant le faire jusqu’au bout.

 

Au 12th

Devant son bureau, Kate était assaillie par ses pensées, « Kate, la sentence approche… ».

Le futur plus ou moins proche annoncé par Castle arrivait à grands pas. Elle regarda la chaise vide qui trônait à coté de son bureau. Elle avait besoin de lui et de la chaleur de ses bras pour faire face. Mais comme à son habitude, elle avait préféré écouter sa peur.                                                                                                                                                          

 

  • Kate...
  • Alors ?
  • Rien de plus, juste des coups moins précis… Répondit la métisse.
  • Pourquoi cette précipitation ? Pourquoi ne pas attendre demain ?
  • Il change les règles… Il s’amuse…
  • Non ce n’est pas logique, il est méthodique…
  • Il s’est peut-être senti menacé…
  • Mais on a rien appris de plus entre hier et aujourd’hui. Tu n’as rien trouvé sur le corps de Veronica Harris. Tout comme Ryan et Tory sur les réseaux sociaux…
  • Kate, tu devrais rentrer. T’as l’air exténué ! Déclara Esposito en rapprochant ses clefs de voiture.
  • On le trouvera, Kate, on trouve toujours ! Reprit Lanie devant son désarroi.

 

Entre la mort de Franck et la dispute avec Castle, la journée avait été rude. Elle enfila sa veste et prit la direction du rez-de-chaussée. Dans le hall, elle croisa Jones et Hasting, leur fit un geste de la main, releva son col et quitta le 12th. En passant la porte, Kate enfouit sa tête dans son écharpe. Les nuits étaient de plus en plus fraiches. Malgré cette heure tardive et la fraicheur, les newyorkais étaient encore de sorties. Ils profitaient de la beauté de la ville éclairée par la lumière de la lune et les enseignes lumineuses des boutiques.

Beckett retrouva sa voiture garée un peu plus haut dans la rue et prit la route. Elle coupa le moteur devant un grand portail métallique. La nuit et le grincement des gonds légèrement rouillés lui donnèrent la chair de poule. Elle arpenta les allées glaciales et finalement elle s’arrêta devant une tombe. Elle s’agenouilla devant cette pierre tombale qui portait son nom, une unique larme tomba sur les fleurs que son père avait déposées en début de semaine.

 

  • Bonsoir maman… Il est tard, je sais… Tu me dirais surement que je devrais être avec un homme plutôt qu’avec toi ce soir… Mais tu me manque tellement maman… J’ai encore rejeté Castle alors qu’on s’était rapprochés… Il est merveilleux, doux, attentionné… Je l’aime, maman…

 

Elle se releva et regarda une dernière fois la citation latine gravée sur la pierre tombale. Plus qu’une citation, c’était une promesse pour l’avenir.

Il ne restait plus que quelques pas entre  sa Crown Victoria et elle, mais elle n’eut pas le temps de l’atteindre. Elle sentit ses paupières s’abaisser et puis plus rien.

Un homme attacha ses mains avec ses menottes et récupéra son glock qu’il glissa à l’arrière de son pantalon. Il fit basculer la détective sur la banquette arrière de sa voiture et referma la portière. D’un naturel terrifiant, il contourna le véhicule et vint s’asseoir côté conducteur. La voiture se fondit dans la nuit, il traversa New York et finit par en sortir. Il longea la côte vers le Nord. De temps à autres, il guettait d’un œil dans son rétroviseur intérieur, la jeune femme toujours inconsciente.

Elle semblait tellement calme et sereine, un rictus sadique apparu à la commissure de ses lèvres.

 

~~~~~~~~~

 

Dire que la nuit de Castle n’avait pas été très reposante était un euphémisme. Elle fut très lente, les yeux rivés sur le plafond, d’en des pensées profondes.

En entrant au 12th, il salua Hasting d’un geste de la main et appuya sur le bouton de l’ascenseur. Il mit quelques minutes à arriver mais après tout, il avait le temps d'attendre.

L’étage de la criminelle était en pleine effervescence. Il se fraya un chemin jusqu’au bureau du Capitaine. Il frappa timidement et ouvrit la porte après y avoir été invité.

 

  • Castle, je n’ai pas beaucoup de temps alors soyez bref !
  • J’arrête…
  • Pardon ?!
  • Je ne viendrais plus au 12th, je passe ce matin pour la dernière fois.
  • Euh… Cette enquête met les nerfs à rude épreuve, on reparlera de cela à têtes reposées. D’accord ?
  • Non, c’est tout décidé. Au revoir Capitaine.

 

Il sortit du bureau la tête basse, alors que derrière lui, Gates n’avait toujours pas bougé d’un iota.

 

  • Kevin, Javier prenaient soin de Beckett. Et on s’appelle pour passer une semaine ensemble dans les Hampton…
  • Castle ! Attends ! Cria Ryan. Elle ne pensait pas ce qu’elle a dit, Castle, Kate a besoin de toi et uniquement de toi ! Tu ne peux pas fuir lâchement alors que c’est à toi d’être là pour elle !
  • Je suis d’accord avec Kevin, Bro ! Rajouta Esposito. Ici, plus personne ne croit à ton excuse de recherches, sois présent pour elle ! Hier soir, j’ai eu l’impression de retrouver la femme qu’elle était avant que tu n’arrives. Tu as changé sa vie, et elle a changé la tienne. Alors ne fuis pas, aimes la comme jamais encore on ne l’a aimée !
  • Je ne veux pas m’imposer…
  • Tu te souviens de ton retour après tes vacances dans les Hampton, il y a 2 ans ? Demanda le latino.
  • Euh… Vous m’avez trouvé avec une arme dans les mains à coté d’un mort…
  • Tu te souviens du pari ? S’enquit Ryan.
  • Où voulez vous en venir ? 
  • Tu te souviens du pari ?!
  • Euh… Si je trouvais en premier, elle me reprenait dans l’équipe. Mais si elle trouvait en première, je disparaissais du paysage…
  • Elle avait trouvé Castle ! Et bien avant que ça ne t’efflore l’esprit !
  • Alors arrête de nous dire qu’elle ne veut pas de toi dans sa vie, rajouta Esposito.
  • Bon, alors tu vas abandonner ou persévérer ?
  • Qui était la quatrième victime ? Demanda l’écrivain, un pincement au cœur.
  • Franck Adams, le meilleur ami de son père. Il a été un second père pour elle, répondit Esposito.

Le cœur de Castle se brisa.  Elle était au plus mal, et lui n’avait fait qu’appuyer sur une plaie déjà ouverte. Jamais il ne se pardonnerait ses paroles !

 

~~~~~~~~

 

Beckett entrouvrit les yeux difficilement, ses paupières étaient étonnamment lourdes. Allongée sur un lit, elle regarda autour d’elle. Les murs de la chambre étaient faits en bois comme dans les dortoirs des vieilles colonies de vacances. La fenêtre avait été calfeutrée ne laissant qu’un faible rayon de soleil achever son chemin jusque dans cette pièce.

Elle passa sa main dans son cou encore endolori par l’aiguille. Elle tenta de se lever mais sa cheville était maintenue au pied du lit par ses menottes. Elle fut rassurée de constater qu’elle portait toujours ses vêtements de la vieille. Elle tapota la poche de sa veste espérant y trouver son téléphone mais il n’était plus là tout comme son arme ou son badge.

Elle s’assit sur le bord du lit et essaya de reconstruire son emploi du temps de la soirée. Elle se souvenait de la discussion avec Esposito et Lanie, le cimetière, d’avoir prononcer pour la première fois qu’elle aimait Castle, la brûlure dans son cou et puis le vide…

La porte s’entrouvrit et elle put l’apercevoir. La lumière de l’extérieur l’aveuglait, elle ne distinguait qu’une vague silhouette. Elle mourut d’envie de lui décrocher une droite pour l’enfer qu’il venait de lui faire vivre depuis une semaine mais la prise autour de sa cheville l’empêchait d’avancer. Il se tenait fièrement devant elle, une bouteille d’eau à la main. Il la déposa sur la table dans l’angle de la chambre et ajouta :

 

  • Alors Lieutenant, votre chambre vous plait ? Ce n’est pas cette suite luxueuse de Los Angeles mais nous n’avons pas tous les mêmes moyens !
  • Qu’est ce que vous attendez de moi ? Demanda-t-elle avec un regard aussi noir qu’elle le pouvait.
  • Oh, en vérité pas grand chose ! Je voulais vous montrer que vous n’êtes rien… Vous passez vos journées à afficher votre réussite mais si on s’y prend bien, vous n’êtes qu’un petit flic comme un autre.
  • Vous avez tué quatre personnes, juste pour me remettre à ma place ? Et vous préférez m’attacher pour me l’annoncer ! Vous ne valez pas vraiment mieux que moi !

 

Elle sentit la main de cet homme s’abattre sur sa joue. Elle releva la tête et passa ses doigts sous son nez pour essuyer les gouttes de sang qui s’en échappaient.

 

  • Acceptez que vous vous soyez fait balader pendant une semaine Lieutenant. Même l’écrivaillon « touche à tout » n’avait rien à ajouter ! Vous étiez tout simplement dépassé !

 

Il claqua la porte en sortant et Beckett laissa échapper une larme. Nombreuses furent les fois où s’était imaginée tomber sous une rafale de balles mais poignardée, seule dans un chalet délabré, jamais cette idée ne l’avait effleurée. 

Elle ne put s’empêcher de songer à Castle. Comment était-il habillé aujourd’hui ? Est ce qu’il pensait à elle autant qu’elle pensait à lui ? Est ce qu’il s’était aperçu de son absence malgré leur dispute ? Est ce qu’il s’inquiétait pour elle ? Est ce qu’il espérait toujours ce « nous » qui finalement n’arriverait jamais ?

A ces pensées, elle laissa ses dernières barrières s’effondrer et des larmes roulèrent sur ses joues…

 


ArthurRrr  (07.03.2017 à 17:31)

Chapitre XIII

 

Dans la salle de réunion, on ne pouvait plus qu’imaginer la couleur de la table tant la paperasse envahissait la pièce. En moins d’une semaine, cet homme avait mis à mal tout ce qui faisait de ce service le meilleur de la ville. 

Plus les minutes passaient plus l’écrivain doutait de sa décision. Beckett venait de lui ordonner de sortir de sa vie, et ce poste représentait toute la vie de la belle détective !

 

  • Hey Bro, ça va ? T’as l’air ailleurs ! S’exclama Esposito.
  • Euh… Oui oui…
  • T’as pris la bonne décision.
  • La bonne décision ? Je ne suis pas sûr qu’elle soit du même avis… D’ailleurs, elle n’est toujours pas là ?
  • Euh… Si elle est là, je ne l’ai toujours pas vue.
  • Ryan, t’as croisé Beckett ?
  • Non, je ne l’ai pas vue depuis hier soir.
  • Lanie ?
  • Aucune nouvelle. Elle avait peut-être des choses à régler avant de venir.
  • Mmhh… Peut-être…
  • Ryan, Tory, vous avez obtenu de résultats sur les réseaux sociaux ? Demanda Gates.
  • Pas encore mais j’y travaille, répondit l’informaticienne.
  • Parish, qu’a donné l’autopsie de Franck Adams ?
  • Notre agresseur semble avoir agi dans la précipitation, il n’a pas été bâillonné et le coup de couteau n’est pas aussi net que chez Sarah Moore ou Veronica Harris. Mais je n’ai rien trouvé de matériel, je suis complétement dépassée…
  • Lanie… Hey, t’as fait tout ce que tu as pu, Chica… Souviens toi de ce que tu as dit à Kate hier soir, on va le trouver, on trouve toujours !
  • Lieutenant emmenez Melle Parish prendre un café en salle de repos.
  • Beckett n’est toujours pas là ! S’exclama le romancier.
  • Appelez la ou allez jeter un coup d’œil chez elle si ça vous rassure M. Castle. Ryan, on va relire les dépositions des voisins, quelque chose a forcément dû nous échapper.

 

Le Capitaine et Ryan regardèrent s’éloigner cet homme effondré qui n’était plus que l’ombre de lui même.

 

~~~~~~~~~~~

 

Castle ne comprenait pas. Qu’est ce qui avait pu la retenir ? Un homme ? Elle avait peut-être passé la nuit dans ses bras ?

 

  • Impossible ! Beckett n’aurait jamais fait passer un homme avant une enquête… Rien ne pouvait l’empêcher de connaître la vérité… et encore moins une partie de jambes en l’air…

 

Il laissa sa voiture sur Broome Street à quelques pâtés de maisons de l’appartement de sa partenaire.

L’écrivain profita de l’entrée d’une mère et de ses deux enfants pour se faufiler dans l’immeuble. Ils revenaient, sans doute, du square du bout de la rue. Le petit garçon et sa sœur ainée se chamaillaient pour tenir le ballon de foot. Plus d’une fois, Rick avait rêvé d’une telle complicité entre Alexis et un autre petit Castle. Un petit monstre aussi immature que lui, mais élever Alexis tout seul avait déjà été une épreuve, même si sa fille était un amour.

Finalement, la petite fille céda pour le plus grand bonheur de son frère qui sauta dans l’ascenseur, la sphère de cuir entre les mains.

Devant la porte de Beckett, l’écrivain hésita un court instant, puis il se décida à frapper. Le bruit de sa main droite s’écrasant contre le bois était tel que le voisin d’en face finit par ouvrir sa porte. Un homme de quatre vingt ans bien tassé le regarda un moment puis décida d’intervenir.

 

  • Je peux peut-être vous aider ?
  • Je cherche Katherine Beckett, vous ne l’auriez pas vu par hasard ? Demanda-t-il plein d’espoir.
  • Vous vous fatiguez pour rien, elle n’est pas rentrée hier soir.
  • Elle n’est pas rentrée ?!
  • Elle est partie de bonne heure hier matin comme à son habitude et le soir elle n’est pas revenue. Il y a un problème avec Kate ?
  • Non… enfin… je ne crois pas… Merci, dit-il avant de repartir vers l’ascenseur.
  • Vous devriez lui parler, M. Castle !
  • Pardon ?! S’enquit l’écrivain en rougissant violemment.
  • Vous savez, la femme qui est dans mon lit n’a plus 20 ans depuis longtemps (1). Mais croyez-moi jeune homme, dans ce bas monde, il y a certaines choses qui ne changent pas. Alors, un conseil, battez-vous pour ce qui vous tient à cœur, comme l’amour d’une femme !
  • Je… euh… Merci, désolé pour le dérangement.

 

Il mourrait d’envie de lui parler mais pour cela, il fallait déjà la trouver. Le romancier retrouva sa voiture et prit la direction du poste. Elle était peut-être arriver au 12th entre temps. Néanmoins, il était pris dans un dilemme insupportable ! S’il remuait ciel et terre pour la trouver mais qu’elle ne voulait pas être retrouvé, elle lui collerait une balle entre les deux yeux, c’était indéniable. Mais si Beckett était réellement en difficulté et qu’il ne faisait rien, là se serait lui qui se collerait cette balle.

Il rentra au 12th avec plus d’incertitudes qu’en partant. Assis à une table haute dans la salle de repos, il regardait le poste bouillonner en tournant sa petite cuillère dans son café. S’il devait écrire la fin de cette histoire, le personnage principal y resterait certainement. C’était l’avantage des Nikki Hard. Au fond, peu importaient les épreuves qu’il lui faisait endurer, elle en sortait toujours plus forte. Mais on ne vit sa vie sur le papier et Beckett risquait sa vie chaque jour que Dieu fait.

 

  • Ryan ! S’écria Castle alors que l’irlandais passait devant la porte ouverte de la salle de repos.
  • Oui ?
  • Toujours aucune nouvelle de Beckett ?
  • Non… Elle dort peut-être comme un bébé…
  • Comme un bébé ? Vraiment Ryan ?! S’emporta l’écrivain.
  • Ecoute Bro, on sait tous que ce tu ressens pour Beckett mais la journée d’hier n’a pas été facile. Le meurtre de Franck, votre dispute, elle a peut-être ressenti le besoin de s’écarter de l’enquête quelques heures…
  • Ouais… De nouvelles pistes ?
  • Tory a trouvé plusieurs photos en rapport avec les fêtes universitaires mais pour l’instant, aucun homme n’a l’air d’un suspect. Gates et Espo ont repris les dépositions des voisins, sans succès pour l’instant.
  • Tu veux un café ? Demanda l’écrivain en s’approchant de la machine.
  • Comptes pas sur moi pour te sourire comme le fait Kate ! Mais pourquoi pas, répondit Ryan en lui tapant sur l’épaule.

 

Le romancier ignora la référence tant il souffrait de l’absence de la jeune femme et fit ce qu’il savait faire le mieux, il lui raconta une histoire.

 

  • Tout l’intérêt d’une machine à café, c’est de permettre aux indécis chroniques de prendre plus de six décisions rien qu’en se préparant un café. Court ou long, noir ou léger, décaféiné ou serré, sans crème, écrémé, demi-écrémé, nature ou vanillé, une ou deux doses, bien chaud ou plus tiède… Ceux qui ignorent le but de leur présence sur Terre ou qui ils sont vraiment, trouvent dans cette tasse de café la réponse à la question : Qui suis-je au fond ?
  • Fais attention tu souris comme Beckett ! Continua l’écrivain.
  • J’ai raté quelque chose ? Demanda Esposito en entrant dans la pièce.
  • Euh… Eh bien… Je suis quelqu’un de psychorigide préférant les valeurs sures à l’aventure, je suis banal, pas excentrique si tu préfères… Souffla Ryan les yeux rivés sur son café.
  • Oula… C’est le quart d’heure confession ? Pourquoi ?
  • Je prends juste un café noir serré, sans sucre…
  • D’accord ! Il faut que tu arrêtes de trainer avec Castle…

 

~~~~~~~~~~

 

Chalet au Nord de New York

Allongée sur le matelas, les yeux rivaient sur le plafond, elle attendait. Ses menottes l’empêchaient de bouger, mais en même temps à quoi bon ? Elle ignorait où elle se trouvait. Elle était surement perdue en pleine forêt peut-être à plusieurs heures de New York. Kate osait espérer que les garçons n’allaient pas tarder à pointer le bout de leurs nez. Mais elle n’était pas naïve pour autant, il y avait plus de chance qu’elle trépasse seule dans ce chalet miteux…

Beckett se redressa, s’adossa contre le mur et entrouvrit les pans de sa veste. Elle tira de sa poche intérieure une photo légèrement jaunie par le temps qui passe. Cette année là, Jim avait joué les photographes. Elle et sa mère étaient assises dans la neige devant le chalet qu’ils avaient loué pour leurs dernières vacances à Aspen. Aucun d’eux ne pouvait imaginer le tournant qu’allait prendre leurs vies moins d’un an plus tard.

Ce jour-là, Johanna affichait un sourire sans égal à côté d’une jeune femme encore insouciante voulant devenir la première femme à diriger la cour suprême. Les larmes remontèrent à la bordure de ses yeux. Il paraît que la vie ne donne rien que l’on puisse surmonter mais certains événements vous marquent de manière indélébile. Sur cette photo, sa mère semblait tellement heureuse… Comment Kate pouvait quitter ce monde sans savoir ? Sans connaître le nom de celui qui avait osé lui ôter l’une des personnes les plus chers à ses yeux ?

La jeune femme fut traversée par un frisson, le froid envahissait la pièce. Elle referma sa veste et emmitoufla sa tête dedans. Si seulement Castle était là, elle pourrait se réchauffer dans ses bras…

 

~~~~~~~~~~~

           

Castle laissa Esposito et Ryan retournait à leurs recherches et décida de rentrer au loft. A quoi bon rester au poste puisque Beckett n’y était pas et qu’il s’y sentait inutile.

En sortant de l’ascenseur qui l’élevait jusqu’au loft, il croisa la dame d’à coté. Madame Grzybowsky était veuve depuis presque quarante ans mais elle avait toujours le sourire et une joie de vivre débordante. Un petit matin frais de Novembre 1955, son mari avait quitté sa maison, sa femme, sa fille de sept ans, le pays de l’Oncle Sam pour la guerre du Viêt Nam. Malheureusement un jour, comme beaucoup d’autres épouses, elle reçut la visite de deux officiers qui tenaient dans leurs mains les effets personnels de son époux. Elle avait alors dû affronter la vie et élever cette petite fille qui lui rappelait cruellement l’homme qu’elle avait perdu au combat.

Castle n’avait pas vu Beckett depuis un peu plus de 24h et il n’était déjà plus que l’ombre de lui-même.

Il enfonça sa clef dans la serrure et poussa sur la poignée. Il entra dans son salon en posant son manteau sur le dossier du canapé. Le loft était désert, et heureusement car il n’avait pas le cœur à discuter. L’écrivain passa par la cuisine pour se servir un whisky et il attrapa un truc à grignoter dans le frigo. Il s’assit sur un tabouret et mangea les restes de la tartiflette de la veille.

 

  • J’en conclu qu’elle n’était pas chez elle ? Demanda Alexis qui arrivait derrière lui.
  • Non… Comment est-ce que tu sais qu’elle a…
  • Lanie s’inquiète aussi de ne pas avoir de nouvelles de Beckett, alors elle m’a appelée pour savoir si par hasard ce n’est pas avec moi que Kate avait rendez-vous.
  • Et alors ? Demanda-t-il en se levant brusquement du tabouret.
  • Non… Je suis désolée mais… vas voir son père peut-être que c’était lui.
  • Tu veux que j’aille chez Jim en disant « Hey, votre fille n’est pas chez vous ? Parce que je n’ai aucune idée de où elle est »
  • Pourquoi pas… Qu’est ce que tu as à perdre ?
  • Si elle y est et que j’arrive comme une fleur, elle va me casser les deux jambes !!
  • Arrêtes un peu, tu veux ! Si elle y est, elle sera flattée que tu t’inquiètes pour elle. Les filles adorent qu’on s’inquiète pour elle…
  • Ca se voit que tu connais pas Beckett !
  • Je ne connais pas le Lieutenant Beckett mais je connais Kate, c’est à elle que j’ai parlé Jeudi soir. Fais moi confiance Papa, elle ne te le montrera peut-être pas mais elle sera ravie.
  • Hum… Tu vieillis trop vite, j’ai cru entendre ta grand-mère !
  • Et la grand-mère est tout à fait d’accord ! S’exclama Martha du haut des escaliers.

 

~~~~~~~~~~~~

 

Devant la porte de Jim Beckett, Castle était tétanisé. Il leva le poing pour frapper mais le stress l’empêcha de toucher la porte. Qu’allait-il lui dire ? Et si Kate était là comment allait-elle réagir ? Mais si elle n’était pas là…

Dans le couloir, une mère et son fils d’une dizaine d’années se dirigeaient vers l’ascenseur. Le petit diable observa Castle avec un regard d’incompréhension et frappa pour lui à la porte.

 

  • C’est comme ça qu’il faut faire ! Annonça-t-il fièrement.
  • Paul qu’est ce que tu as encore fait ? Viens par là, laisses le monsieur tranquille.
  • Mais, maman, il ne savait pas comment taper à la porte. Je lui ai juste montré !

 

Au premier abord, Castle fut surpris. Mais par la suite, il se mit à sourire se disant qu’au même âge, il aurait été capable d’un geste semblable.

 

  • Ne vous inquiétez pas ce n’est pas grave… Je crois que je n’aurais pas eu le courage de le faire sinon, répondit l’écrivain face à la colère de la mère.

 

Elle attrapa son fils par la manche et s’engouffra dans la cage d’escalier. Derrière la porte, Castle put distinguer des pas qui s’approchaient. Lorsqu’il entendit la clef tourner dans la serrure son cœur se serra et son corps se raidit.

 

  • Castle ? Demanda surpris le père de Kate. Entrez… Dit-il en refermant la porte derrière eux.
  • Bonjour M. Beckett, je suis désolé de vous déranger mais je voulais savoir si…
  • Si vous venez me demander sa main, je ne prendrais pas le risque de répondre avant elle. Je tiens beaucoup trop à la vie pour ça ! Le coupa-t-il.
  • Sa main ?! Non… On n’est même pas en couple…
  • Vous êtes bien les seuls à l’ignorer !
  • Castle, ça va ?
  • Euh… oui, vous ne l’auriez pas vu par hasard ?
  • Non, la dernière fois, c’était samedi. Je n’arrive pas à croire que vous ayez appelé une prostituée pour une enquête, dit-il avec un grand sourire.
  • Mais c’était au tout début ! Elle vous a parlé de ça ?
  • Si vous saviez tout ce qu’elle peut me dire à votre sujet… Je vous sers un café ?
  • Volontiers…
  • Je me doute bien que si vous êtes ici, ce n’est pas juste pour un café. Qu’est ce qui est arrivé à Katie ?
  • Euh… Elle n’est pas venue au poste ce matin et nous n’avons aucune nouvelle depuis hier soir. Je suis passé chez elle mais elle n’y était pas alors je me suis dit qu’elle pouvait peut-être être chez vous.
  • Désolé, je ne voulais pas vous inquiétez…
  • Vous savez ma fille est forte, elle se battra jusqu’à ce que vous la retrouviez. Mais à ce moment là, vous ne devriez pas attendre M. Castle, si vous êtes sûr de vous, soyez sincère avec elle et avec vous-même ! Sa mère m’a fait attendre plus de cinq ans et aujourd’hui je regrettes de ne pas avoir agir avant… Déclara-t-il submergé par ses émotions.
  • J’y comptais bien. Je ne peux plus vivre sans elle…

 

L’écrivain sortit de l’appartement un peu déconcerté. Kate parlait de lui à son père et ce dernier venait de le pousser dans ses bras. Il ne voulait pas vivre avec des regrets, il voulait la sentir une autre nuit contre son corps ou lui dire tous les jours qu’il la trouvait sublime. Il fallait qu’il lui dise à quel point il ne supporterait pas de la savoir nue dans les bras d’un autre.

 

  • Où irait-elle si elle voulait être seule dans cette folie newyorkaise ?

 

Il n’eut pas besoin de se poser la question plusieurs fois pour prendre la direction du cimetière.

Ebloui par le soleil, il apercevait une voiture au bout de l’allée et lorsqu’il reconnu la Crown Victoria, il sentit une part de son être revenir à la vie. Il se gara et s’engagea entre les tombes. Il espérait la voir agenouillée devant une pierre tombale mais après plus d’une demi-heure infructueuse, il regagna sa Bentley sur le parking. La vie lui semblait tellement morose quand elle n’était pas là. Il aurait donné n’importe quoi pour qu’elle lui pince le nez ou l’oreille. Pour qu’elle roule des yeux face à l’une de ses bêtises…

Son téléphone vibra annonçant l’arrivée d’un message. Il enfouit sa main dans la poche de sa veste et en extirpa son portable.

 

*Bro, retrouves nous dans Central Park, on a un nouveau corps…*

 

~~~~~~~~~~~

 

Central Park

Qui aurait pu croire que le trajet était si long entre le cimetière et le parc newyorkais ?

Malgré le soleil qui s’abattait sur la ville, on pouvait distinguer, au loin, les gyrophares des voitures de police. Castle slaloma entre les curieux et les journalistes qui avaient envahi l’entrée. Il vit Ryan et Esposito au près de Lanie qui était agenouillée à côté d’un corps. Ils semblaient soucieux. Certes, ils côtoyaient la mort chaque jour mais ils paraissaient différents cette après-midi.

 

  • On connaît la victime ? Demanda l’écrivain.
  • Euh… Une femme… D’une trentaine d’année… Plutôt pas mal… Châtain clair… Des yeux verts… De ce que j’ai pu voir… Répondit Jones devant le ruban jaune.

 

L’écrivain déglutit difficilement, passa sous le ruban et s’avança dans l’allée. Il n’osait imaginer que dans la pelouse de ce parc newyorkais gisait le corps sans vie de sa partenaire.

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(1) Extrait de La femme qui est dans mon lit de Serge Reggiani.


ArthurRrr  (12.03.2017 à 13:31)

Chapitre XIV

Comme un condamné dans le couloir de la mort, Castle n’entendait que le bruit de ses pas sur l’asphalte. L’air devenait irrespirable tant il lui brûlait les poumons à chaque inspiration. Tout autour de lui avait disparu, il était totalement absorbé par ses pensées qui ressassaient ses quatre dernières années. On prétend que l’on commence à vieillir lorsque nos rêves deviennent des regrets, et bien, il venait de prendre dix ans d’un seul coup. A chaque pose du talon, les regrets grandissaient. S’il avait pris son courage à deux mains et qu’il l’avait embrassée à chaque fois qu’il en avait eu l’occasion, peut-être que la dispute de la veille n’aurait pas eu lieu, il l’aurait accompagnée au cimetière et rien de cela ne serait arrivé !

Pourtant ce ne sont pas les opportunités qui avaient manqué ! Il aurait très bien pu se lancer dans cette suite à Los Angeles, ou après l’explosion de son appartement ou bien dans la salle des coffres dans la New Amsterdam Bank…

Derrière ce buisson se trouvait le corps d’une femme. Mais en contournant l’arbuste, il lâcha sa respiration qu’il retenait depuis trop longtemps à son goût. Ce fut un sentiment de soulagement en demi teinte qui envahit son être. Certes ce n’était pas elle allongée dans l’herbe en cette fin d’après-midi, mais en jetant un regard circulaire autour de lui, il ne put que constater son absence. Alors oui, aujourd’hui ce n’était pas elle, mais demain ou dans deux jours en serait-il de même…

En écoutant la description de Jones, il y avait vraiment cru ! Il s’attendait vraiment à découvrir l’amour de sa vie sur cette pelouse. Pourquoi Jones avait laissé planer ce doute ? Pourquoi lui avait-il décrit cette femme comme s’il s’agissait de Kate ? Assurément, les deux jeunes femmes se ressemblaient mais comment avait-il pu confondre ?

A peine caché, le corps de la jeune femme avait été déposé entre deux buissons. Au premier abord, on aurait pu croire qu’elle s’était simplement assoupie à l’ombre du saule pleureur. Elle semblait si paisible et sereine dans sa robe printanière, les cheveux ondulant sur ses épaules.

 

  • Alors ? Demanda l’écrivain en s’approchant de ses amis.
  • Julie Smith, 33 ans, mariée, elle vivait dans Manhattan, déclara Esposito.
  • De loin, on aurait pu croire Beckett !
  • Je sais, c’est troublant ! Mais je trouve que Kate à quelque chose en plus, rajouta Lanie.
  • Je suis d’accord. D’ailleurs, elle n’est toujours pas là ? S’enquit Castle.
  • Non, je l’ai appelée mais je n’ai pas eu de réponse, annonça la légiste.
  • Qu’est ce qui lui est arrivée ?
  • Elle a reçu un coup avec un objet contondant à l’arrière du crâne. Le corps est encore chaud, elle a surement était tuée dans l’heure qui vient de s’écouler.
  • Une idée de ce qui l’a tuée ? Demanda Ryan.
  • Plutôt cylindrique et en bois.
  • Comme une batte de baseball ?
  • Oui, ça pourrait très bien faire l’affaire.
  • On va interroger les passants pour voir si par hasard, l’un d’eux aurait vu quelque chose, rajouta Esposito.
  • Lanie… Est ce qu’il est possible que… Ce soit notre homme ? Demanda Castle, une boule dans l’estomac.
  • On ne peut jamais être sûrs de rien mais ce n’est pas son mode opératoire, ce n’est pas la même arme, il n’y a pas de lettre, pourquoi Central Park et pas son salon ? Il nous a montré pendant une semaine qu’il était méthodique pourquoi tout changer maintenant ?
  • Pour s’amuser… Pour montrer sa supériorité… Pour nous narguer… J’en ai pleins d’autres encore si ça ne te convient pas ! S’emporta l’écrivain.
  • Stop ! Hey, Castle, on l’aura, d’accord ! Il va forcément commettre une erreur. Tu l’as dis toi même, il est sûr de lui et l’excès de confiance est une faille…
  • Désolé… Je… Enfin…
  • Tu devrais aller t’asseoir.

 

Les mains au fond des poches, l’écrivain s’éloigna du corps. Il était complétement perdu, Beckett ne raterait jamais une scène de crime et pourtant, elle n’était pas là. Il se posa sur un banc, il n’avait pas les idées assez claires pour être d’une aide indispensable. Il sortit son téléphone et décida de tenter sa chance. Lorsque la boite vocale se lança, il hésita et finalement,

*Kate… Je ne sais pas où tu es ni avec qui tu es mais je t’en pris, réponds moi… Je regrettes tellement si tu savais… S’te plait, décroches… Je serais au poste avec Lanie et les Gars… J’t’en pris, reviens… Je peux pas vivre sans toi… Kate… Je t’aime…*

 

~~~~~~~~~~

 

  • Bonjour, Lieutenants Ryan et Esposito. On peut vous poser quelques questions ?
  • Vous étiez dans le parc toute la journée ?
  • Est-ce que vous avez vu un événement inhabituel ?
  • Vous voulez dire à part le mec qu’a déposé sa femme dans les buissons comme si de rien n’était ? Je croyais qu’elle dormait…
  • Vous l’avez vu ? Vous pourriez le redessiner ? Demanda Ryan plein d’espoir.
  • Dessiner, c’est mon boulot. Je passe mes journées à dessiner des inconnus, alors oui, je peux le faire mais…
  • Mais…?
  • Votre type… C’est l’homme assis sur le banc de l’autre coté de l’allée. Il n’a pas bougé depuis qu’il l’a allongée dans l’herbe. C’était y a 20 minutes, je dirais.
  • Vous en êtes sur ? Demanda Esposito un brin sceptique.
  • Sûr et certain ! Parole de scout !
  • Ouais…

 

Le mari ne paraissait ni effrayé ni heureux, il était juste assis là. Il faisait tourner son alliance autour de son annulaire en regardant la foule s’afférer aux abords de sa femme.

 

~~~~~~~~~~

 

Ryan et Esposito retrouvèrent l’écrivain les coudes posés sur les genoux, la tête dans les mains, le dos voûté.

 

  • Hey, Bro ça va ? T’es tout pâle ! S’enquit le latino.
  • Je suis le seul à trouver étrange que Beckett ne soit pas là ?
  • Non, je suis d’accord. Ce n’est pas dans ses habitudes de ne pas venir sur une scène de crime et encore moins sans nous prévenir… Rajouta Ryan.
  • Vous pensez qu’elle serait contre, si on décidait de tracer son portable ? Demanda l’écrivain avec un sourire gêné.
  • Bah, je sais pas, tu voudrais signer toi même ton propre arrêt de mort ou pas ? L’interrogea le latino.
  • Mais Javier, imagines que quelque chose de grave soit arrivé ! Tu te comportes toujours comme un grand frère avec elle, ça ne t’inquiètes pas de ne pas la voir ?
  • On va faire un marché, si demain matin, elle n’est pas au poste, on tracera son portable. Ca te vas ?
  • Marché conclu. Vous avez appris quelque chose d’utile ?
  • C’est un meurtre passionnel. Elle s’est disputée avec son mari sur le manque de communication au sein de leur couple. Il s’est emporté et l’a frappée avec le rouleau à pâtisserie.
  • Il était assis sur le banc sous le chêne de l’autre côté du parc, rajouta l’irlandais.
  • Et c’est tout ? Il n’a même pas chercher à nier ?
  • Non, il ne comprenait plus sa femme ces derniers temps, il n’en pouvait plus des non-dits et il a fini par craquer.
  • Parfois, il n’y a pas d’histoire, Castle. Juste la fatalité du monde qui nous rattrape… Déclara Esposito.

 

Castle ne comprenait que trop bien la détresse de cet homme. Le manque de communication, il s’y était habitué avec Beckett. Il connaissait la frustration que les non-dits pouvaient engendrer. Et puis, cet homme s’était posé sur ce petit banc que Kate et lui choisissaient pour passer un moment hors du temps loin de l’agitation de Manhattan. Tout lui rappeler cette femme… Cet homme avait aimé son épouse, ça ne faisait aucun doute mais il n’en pouvait tout simplement plus. Même s’il trouvait le geste plus qu’excessif, Castle comprenait les sentiments de cet homme. Hier soir, elle était peut-être rentrée dans les parfums d’un autre et…

 

  • Hier soir, elle était peut-être rentrée dans les parfums d’un autre et… Et si elle était avec Josh ?

 

L’écrivain se leva brusquement et fit un vague mouvement de la main en direction des gars. Il regagna sa voiture et s’inséra dans la circulation dense de cette fin de journée newyorkaise. Au feu, il prit à droite et se dirigea vers l’appartement de Dr. Mobylette. L’imaginer dans ses bras était une véritable torture mais il devait en avoir le cœur net. Si elle était dans ce duplex, elle serait en vie, seul son cœur à lui aura souffert. Il n’hésita qu’un court instant et frappa au 6C. Josh lui ouvrit la porte légèrement humide et uniquement vêtu d’une serviette autour de la taille.

 

  • Castle ?! Tes livres ne sont plus rentables, tu te mets à vendre des pizzas maintenant ! S’exclama-t-il étonné de voir l’écrivain sur son palier.
  • De quoi ? Non !
  • Ok… Donc qu’est ce que tu fous là ?
  • Est ce que Kate est chez toi ?
  • Kate ? Oui… Elle est sous la douche… Son corps tente de récupérer… C’est impressionnant tout ce dont elle capable avec ses lèvres… Tu devrais vraiment essayer !
  • Vraiment ? Déglutit difficilement l’écrivain.
  • Oh oui ! Pouffff… Rien qu’en y repensant je me sens reprendre de la vigueur ! Je lui laisse du temps avant de recommencer là où on s’est arrêtés sous l’eau chaude…

 

Le cardiologue fut interrompu par le poing du romancier s’écrasant sur son nez. Il y mit toute la colère qu’il accumulait depuis plusieurs heures. Castle était plutôt fier de lui, même si Beckett piquerait une crise en l’apprenant. Josh palpa son nez ensanglanté dans un cri sinistre comme pour être sûr qu’il était encore là.

 

  • Non mais qu’est ce qui cloche chez toi ?! Elle a été suffisamment claire à la fin de mon interrogatoire, elle ne reviendra pas. Mais qu’est ce qu’elle peut bien te trouver ?!
  • J’aurais tendance à dire, plus grand et plus doué ! Mais ce n’est que mon…

 

Il sentit la main de Josh s’abattre sur sa pommette. Les deux hommes se rendirent coups pour coups jusqu’à ce qu’un voisin vienne les séparer. Castle quitta l’immeuble le sourire aux lèvres malgré sa lèvre inférieure fendue qui le faisait un mal de chien. Il avait la pommette gonflée et une douleur vive au niveau des côtes mais qu’importe, elle n’était pas retournée dans ses bras et c’était l’essentiel. Et puis, l’écrivain rêvait de lui décrocher cette droite depuis ses propos ignobles au poste.

 

Au nord de New York

La porte de sa prison s’ouvrit laissant apparaître son tortionnaire dans la lumière de l’ampoule qui n’allait pas tarder à rendre l’âme. Il avait encore ce rictus de satisfaction sur le visage.

 

  • Il y a eu un meurtre dans Central Park cette après-midi, et tu ne devineras jamais qui est venu me demander des renseignements sur la victime.
  • Ton fidèle labrador. Tu aurais dû voir sa tête quand je lui ai décris la victime comme s’il s’agissait de toi ! Il était à la limite de la syncope. Je crois qu’il s’inquiète vraiment pour toi…

 

Une larme perla à la bordure de ses yeux. Castle s’inquiétait pour elle ! Son cœur tambourinait dans sa poitrine, si elle arrivait à sortir vivante de cette enfer, au diable toutes ses craintes. La vie est trop courte pour se refuser d’aimer et d’être aimé. Mais pour l’instant, elle devait savoir…

 

  • Je ne comprends pas, Jones ! Pourquoi moi ? Alors que de nombreux autres flics se pavanent nettement plus que moi !
  • Tu n’en as vraiment aucune idée ? La remise des diplômes à l’académie… Ton discours… Non, ça ne te revient pas ?
  • Euh…
  • « Dans une fusillade, si l’on est le second à tirer, c’est la mort qui nous guette. Le second, c’est celui qui ne s’en sortira pas et je tacherais de ne jamais l’oublier ! » Devine qui était second ce jour-là ?
  • Toi…
  • Wahou ! Quelle perspicacité ! Cette phrase m’a hanté jours et nuits depuis qu’on a quitté cette estrade. Ce jour là, je me suis juré de te le faire payer.
  • Mais… Ce n’était dit dans ce sens là !
  • Par chance, quelques années plus tard, j’ai été muté au 12th à l’étage des homicides. Il m’a fallu cinq ans pour arriver à construire un plan parfait. J’ai fouillé dans ton passé, et j’y ai finalement trouvé mes victimes. Je ne mettais pas fixé de date mais en voyant que plus les années passées et que plus tu t’attachais à cet écrivaillon, je me suis dit « pourquoi pas avorter une histoire qui aurait pu la rendre vraiment heureuse ? ». Te sentir plus faible à chaque meurtre était jouissif ! Et maintenant, tu es là, à genoux, devant moi, me suppliant de t’épargner !
  • Je ne supplie jamais !
  • On verra ça… Mais vois le bon coté des choses, il ne voulait qu’une nuit de débauche entre tes cuisses ! Tu n’aurais rien été de plus qu’un nom au milieu d’une liste accrochée sur la porte de son frigo !

 

~~~~~~~~~

           

De retour au loft, chaque geste était une véritable épreuve pour le romancier. Dans le miroir de la salle de bain, il inspectait les dégâts sur son visage, sa pommette avait déjà viré au bleu et sa lèvre avait doublé. Il s’était laissé tenter par un bain, et l’espace d’un instant, il oublia les douleurs qui habitaient désormais son corps.

 

  • Où peut-elle être ? Elle n’est pas chez elle, ni chez son père, ni chez Josh et sa voiture est sur le parking du cimetière.

 

Il se coucha avec beaucoup de questions et peu de réponses.

Comme Gina l’agressé pour avoir une ébauche de son nouveau chapitre, il décida d’écrire un peu ce matin là. Jamais encore, il n’avait écrit un début de chapitre aussi fade et sans intérêt. Il avait écrit, effacé, réécrit, effacer de nouveau et il avait, finalement, noirci deux pages sur la vie de Rook sans Nikki. Une vie morose et terne où planer les regrets et les « si j’avais su… ». Après avoir passé la matinée à imaginer sa propre existence à travers ses personnages, il ferma son ordi et quitta le loft.

La nuit ne fut pas une partie de plaisir et c’est donc avec une envie folle de dormir qu’il arriva au 12th.

 

  • Woh ! Castle, tu t’es mis au catch dans la nuit ou quoi ? Demanda Ryan alors que l’écrivain sortait de l’ascenseur.
  • Non, c’est rien, juste un petit incident. Des nouvelles de Beckett ?
  • Toujours rien, j’allais justement voir Tory pour localiser son portable.
  • Je vais me servir un café…
  • Tu ferais mieux d’aller voir Lanie pour qu’elle vérifie que rien n’est cassé, déclara le latino.
  • Non, non, c’est bon !
  • Oh non c’est loin d’être bon ! T’y vas et maintenant Bro !
  • Franchement, on dirait un schtroumpf ! Rajouta l’irlandais alors que Castle grognait un truc incompréhensible en montant dans l’ascenseur.

 

~~~~~~~~~~

 

  • Lanie ? Demanda-t-il en passant la tête entre les portes battantes.
  • Castle ? Je suis dans mon bureau. Entre, j’arrive… Répondit-elle au loin.

 

Il s’assit sur une table d’autopsie libre et balança frénétiquement ses pieds dans le vide, les doigts croisés sur ses cuisses.

 

  • Vous êtes conscients que j’ai étudié la médecine légale et pas la psychologie, n’est ce pas ? S’enquit la légiste.
  • Euh… oui… Répondit Castle ne comprenant pas la remarque.
  • Castle ! Mais qu’est ce que tu as fait ? Demanda-t-elle en approchant la main de sa pommette gauche.
  • En fait, c’est pour ça que je viens te voir…
  • Laisse moi attraper ma trousse à pharmacie… Comment t’as fait ça ? T’as mal si j’appuie là ?
  • Aïïïïïïïe !!! Cria-t-il.
  • J’en conclu que oui. Comment tu t’es débrouillé ?
  • Je suis passé chez Jim et comme elle n’y était pas je suis allé chez…
  • Oui ?
  • Chez…
  • Castle !!
  • Chez Josh…
  • Non mais qu’est ce qui t’as pris ! Elle va te voler dans plumes quand elle va l’apprendre !
  • Mais, au départ, j’ai rien fait de mal ! Je lui ai demandé si elle était là et il a commencé à me dire qu’elle était sous la douche pour récupérer de leur nuit mouvementée. Je l’ai cru et je lui envoyais mon poing en plein figure. Il a réagi et on s’est battu jusqu'à qu’un voisin nous sépare…
  • Non mais t’es pas croyable ! Kate est dingue de toi ! Elle n’irait jamais passé la nuit chez Josh même après une de vos disputes. En général, c’est plutôt en pleurs au téléphone avec moi que ça se passe.
  • Je sais…
  • En plus, vous vous étiez enfin trouvé hier midi, d’après ce qu’elle a bien voulu me raconter ! Comment t’as pu imaginer qu’après s’être ouverte à toi, elle irait s’envoyait en l’air avec un autre !
  • Je sais pas… J’ai un peu mal aux côtes aussi…
  • Non mais c’est pas possible d’être aussi c… immature !
  • Je sais…

 

Il descendit de la table d’autopsie et quitta à la morgue. Dans l’ascenseur, il regrettait d’être aller chez le cardiologue, Lanie avait raison. Si Kate se donnait à homme, ce n’est pas une dispute qui changerait ses sentiments à son égard. Elle faisait parti de ses femmes qui ne savent pas aimer à moitié, soit elle vous aime soit elle se mente à elle-même. Et hier midi, quand ses lèvres avaient rencontré les siennes, il avait perçu dans ses yeux une lueur d’amour. Comment avait-il oser pu penser qu’elle était retourné dans ses bras ? 

Le ding caractéristique d’un ascenseur qui arrive à destination le sortit de ses pensées. Lorsque les portes s’ouvrèrent, Ryan l’interpella.

 

  • Castle ! Je sais où est Beckett !
  • Où ? Demanda-t-il en s’approchant à grands pas.
  • Devant un cimetière à la sortie de Manhattan, je te donne l’adresse, répondit l’irlandais en attrapant un Post-it.
  • Laisse tomber…
  • Mais euh…
  • Elle n’y est pas. Sa voiture était déjà garée devant hier. Elle a dû le perdre ou on l’a délibérément laissé là-bas.
  • Je vais regarder ses mouvements bancaires, on pourra peut-être en tirer quelque chose, déclara le latino.
  • Moi, je m’occupe de regarder les vidéos surveillances aux abords du cimetière. Castle rentre chez toi, t’es blessé et crevé, repose-toi et revient plus tard. Je t’appelle si on trouve un truc.

 

Il n’argumenta pas et rentra chez lui. Au loft, Alexis était devant son ordinateur posé sur l’îlot central.

 

  • Bonjour Lex, dit-il en embrassant sa fille.
  • Salut papa…
  • Un souci ?
  • Non… Enfin si… Mais…
  • Mais…?
  • J’ai une dissertation en philo à rendre pour Lundi et pour l’instant, je manque un peu d’inspiration…
  • Ah oui, d’accord… C’est quoi le sujet de la disserte ?
  • Etat et pouvoir, « Les métiers de la fonction publique permettent-ils aux individus de s’immiscer dans la vie de leurs concitoyens ? »
  • Non… Enfin si… Mais…
  • Oh très drôle ! Râla Alexis en prenant sa tête dans ses mains.
  • Désolé… T’as déjà quelques idées ?
  • En lisant la question, j’aurais dit oui. Parce que si tu prends un inspecteur des impôts par exemple, il connaît tes revenus et ce que tu possèdes. Ca fonctionne aussi avec les profs et même la police. Regardes, Kate peut avoir accès à tout le casier judiciaire d’une personne, mais aussi tout l’historique de sa vie. Est ce qu’elle a des frères et sœurs ? Ou ses études, son boulot, son adresse…
  • Un flic ? Un flic… Mais oui, c’est ça !
  • Papa ? Ca va ? Demanda la jeune fille perdue devant la réaction plutôt démesuré de son père.
  • Oui, merci Pumkin, on en reparle ce soir !

 

Il attrapa son manteau à toute vitesse et sortit en trombe de l’appartement. Il n’eut pas la patience d’attendre l’ascenseur et fila par les escaliers. Il sauta dans un taxi et en quelques minutes, il entra au 12th.  


ArthurRrr  (17.03.2017 à 16:55)

Chapitre XV

Son cœur tambourinait dans sa poitrine, Rick monta les marches trois par trois et à bout de souffle, il poussa la porte. Il plongea alors dans la folie du poste mais le constat qui le frappa fut difficile à accepter. Même si cela était ingrat envers Ryan et Esposito, Castle se devait d’être honnête. Sans Beckett cet étage redevenait un étage banal d’un poste de police quelconque. Tout chez cette femme lui manquait… Son rire… Son humour cinglant… Son sourire… Sa force… Son parfum de cerise… Tout…

 

  • Javier ! Je peux comprendre que tu ne sois pas d’accord, mais essayes de te mettre à sa place, Gates n’a peut-être pas le choix !
  • On a toujours le choix, Lanie ! Cracha le latino.
  • Non, peut-être pas là ! Arrête de te comporter comme un enfant à qui l’on vient de reprendre un jouet !
  • Alors on fait quoi ?! On attend patiemment ? C’est ça ta solution ?!
  • Je n’ai pas la solution, Javier, si c’est ça que tu veux m’entendre dire ! Avoua-t-elle. Mais patienter en attendant que le pire se produise, je suis pas sûre que se soit LA solution !
  • Euh… Je dérange ? Demanda l’écrivain.
  • Non pas du tout ! S’exclama Ryan soulagé de ne plus être le seul au milieu de ce combat de coqs.
  • Un problème avec Gates ?
  • Elle va faire une déclaration à la presse… Annonça l’irlandais.
  • Quoi ?! Mais pourquoi ?
  • Pourquoi ?! Parce que ça fait une semaine que ce con s’amuse dans New York et qu’on a toujours aucune piste ! Voilà pourquoi !
  • Javier ! Stop !
  • S’il retient Beckett, nul doute qu’après ça, il décide d’en finir…
  • Alors au lieu de discuter de ce que Gates va faire dans les deux prochaines heures, on va reprendre chaque élément du dossier et trouver ce qui nous a échappé. D’accord ?! S’enquit Lanie.
  • Oui, répondirent les trois hommes d’une seule voix.

 

Le Murder Board avait élu domicile dans la salle de conférence et une multitude de dossiers surplombait la table. Depuis une demi-heure déjà, ils relisaient chacune de ces lignes qu’ils connaissaient désormais par cœur. Dans un geste de frustration, l’écrivain envoya valser le troisième rapport d’autopsie. Le calme à peine revenu, quelqu’un frappa à la porte.

 

  • Salut, j’ai appris pour Beckett. Vous avez besoin d’un coup de main ? 
  • C’est toujours bon à prendre ! S’exclama Lanie.
  • Je vais me chercher un truc à manger, comme d’habitude ? S’enquit l’écrivain en regardant Lanie, Esposito et Ryan. Je vais chez le chinois du bout de la rue, Jones, vous mangez avec nous ?
  • Euh… Oui, d’accord, merci, répondit-il en attrapant un dossier.

 

Une fois les portes du commissariat passées, Castle prit une grande inspiration. L’air frais eut le mérite de lui changer les idées. 

Les newyorkais ne semblaient pas différents des autres jours. Chacun vivait avec ses problèmes mais une fois sur le trottoir, cet homme redevenait un homme parmi tant d’autres. Aucun besoin de se justifier de marcher trop vite ou pas assez, de ne pas sourire ou de fredonner un air insupportable. Ce n’était rien de plus qu’un homme à un moment donné dans une rue prise au hasard.

Castle s’attarda sur le visage souriant d’un jeune papa sur le trottoir d’en face. Le jeune homme souriait amoureusement devant sa progéniture qui s’aventurait à faire quelques pas sur le bitume. Sourira-il de la même manière au moment de l’apprentissage des tables de multiplication ? Mais pour quelques minutes peut-être quelques heures, il avait laissé derrière lui les problèmes du boulot, les reproches de sa femme ou les nuits blanches des derniers mois. Il n’existait plus que son fils et lui…

Pourquoi lui n’arrivait-il pas à avoir une vie aussi calme par moment ? Depuis quelques temps, il avait cette drôle d’impression de remonter une piscine à contre courant. Il se battait contre tout, tout le temps et pour tout. Il ne demandait rien de plus qu’un simple pause...

Une fois ses emplettes faites, il se regagna la salle de conférence.

 

  • Alors, du nouveau ? Demanda-t-il en arrivant les mains encombrées par les sacs.

 

Ils firent juste un signe de la tête lui indiquant qu’ils étaient toujours au point mort.

 

  • Bon, reprenons tout depuis le début, déclara Castle sa boîte de nouilles sautées entre les mains. On quatre victimes et toujours le même schéma.
  • Le schéma est le même mais pour Franck Adams, il a dû être déranger ou pris par le temps. Il n’a pas été bâillonné et le coup de couteau n’est pas aussi net. Ce que je pourrais déduire des affrontements qu’il a eus avec ses victimes, c’est le besoin de domination, cette nécessité de montrer qu’il est supérieur. Je dirais qu’il est frustré de recevoir des ordres.
  • Les tests toxicologiques ?
  • Aucune trace de drogue dans les quatre organismes.
  • Il a quand même attaché deux hommes sur des chaises ! S’exclama Castle.
  • Tout seul comme un grand parce qu’il n’y avait aucune trace de piqûres sur les corps.
  • Les photos sont de profil ou de dos, le vendeur n’a pas pu en faire un portrait robot… et soyons réalistes, les réseaux sociaux ne donneront rien !
  • Jones, tu étais devant toutes les scènes de crime. Tu n’as pas vu un homme trainer plusieurs fois devant le ruban ? Demanda l’irlandais.
  • J’étais plutôt concentré à canaliser la foule, mais non, je ne me souviens pas d’avoir vu deux fois la même personne.
  • D’accord. Lanie, est-ce que t’as réessayé l’empreinte ? L’interrogea Esposito.
  • Oui, ce matin. Aucune correspondance dans nos fichiers ni dans celui du FBI.
  • D’ailleurs, vous ne trouvez pas étrange que le FBI ne se soit pas encore emparé de l’affaire ? Demanda Ryan, quelque peu inquiet.
  • Gates doit les maintenir à distance mais une fois la conférence de presse passée, ils risquent de rappliquer… Souffla la légiste.
  • Est ce que vous avez cherché un autre lien entre Sarah Moore, Victor Davis… Euh… Veronica Harris et… Franck Adams ? S’enquit Jones.
  • Le seul lien entre elles, c’est Beckett ! S’emporta l’écrivain.
  • Je veux dire comme une salle de sport, un restaurant, un boulot ou une école…
  • Les victimes n’ont pas le même âge, elles n’ont pas toutes grandi à New York et elles ne vivaient pas dans le même quartier, se justifia Esposito.
  • Sur les caméras de surveillance, on ne le voit pas entrer dans les immeubles ni en sortir. Il a dû utiliser une porte de service et comme dans ces ruelles, il n’y a pas de surveillance… Annonça Ryan.
  • Il connaissait les trois immeubles avant de venir. Il doit préparer son plan depuis un bon bout de temps déjà, rajouta Esposito. C’est comme s’il avait toujours un coup d’avance sur nous…
  • Imaginez un instant que ce soit un flic, déclara le romancier en guettant la réaction de ses collègues.
  • Sérieusement Castle ?! Un flic ? S’indigna Esposito.
  • Non, non, non. Réfléchissez. Un métier dans lequel il reçoit des ordres, une force et une maîtrise suffisante pour attacher deux hommes sans les droguer, une connaissance des adresses et des immeubles… Ca pourrait aussi expliquer qu’il ait toujours un coup d’avance sur nous, Javier !
  • Un flic… Mais pourquoi ? Demanda Ryan.
  • Plaisir, chantage, supériorité… Répondit l’écrivain.
  • Excusez moi mais il faut que j’y aille, je repasserais plus tard pour avoir des nouvelles, déclara Jones faisant mine de recevoir un message sur son portable.
  • Est ce qu’une équipe scientifique a été envoyée sur le parking du cimetière ? Demanda Castle.
  • Non mais je peux en trouver une, qu’est ce que tu veux chercher ? S’interrogea à son tour la légiste.
  • Je ne sais pas mais on n’a rien alors autant chercher où l'on risque de trouver quelque chose plutôt que d’attendre dans cette pièce.
  • Je m’en occupe tout de suite, dit-elle en sortant son portable.

 

~~~~~~~~

 

Au nord de New York

Beckett n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Son visage était marqué par la fatigue et l’angoisse. Elle n’en pouvait plus d’être attachée comme un animal dans la chambre de ce dégénéré. Elle commençait à douter que Castle et les Gars arriveraient à temps. Plus les heures passées et plus les chances de rester en vie étaient minimes.

Elle avait aperçu Jones ce matin lorsqu’il était venu lui déposer un morceau de pain rassis et une bouteille d’eau. Il n’était pas réapparu depuis, il devait surement être au poste, en train d’écouter leurs théories et de les guider dans une autre direction.

Kate tourna sa cheville dans les menottes qui commençait à lui entailler la peau. Elle regarda autour d’elle un moyen de s’extirper de ce chalet miteux. Après tout, elle n’avait pas besoin d’un homme pour s’en sortir ! Néanmoins, exceptés un lit et une table, la chambre était vide. Elle se sentait dépassée par les événements, totalement démunie, elle ne pouvait qu’attendre.

 

~~~~~~~~~

 

Ils s’apprêtaient à quitter la pièce lorsque Gates entra en trombe.

 

  • Bon, j’ai réussi à obtenir un délai pour la confrontation avec la presse. Mais elle aura lieu demain alors trouvez-moi n’importe quoi, mais trouvez-moi quelque chose ! J’ai le divisionnaire qui m’appelle toutes les 30 minutes et la presse qui dort pratiquement devant le poste… Déclara Gates en sortant.

 

Castle avait pris place à l’arrière de la voiture d’Esposito. La tête appuyée contre la fenêtre, il laissait ses yeux vagabonder sur les immeubles newyorkais sans réellement les voir. L’espace d’un instant, il voulait ne penser à rien.

Au bout de l’allée bordée par des platanes, la voiture de Beckett était déjà en train d’être passée au peigne fin. Il ignorait pourquoi mais il n’avait pas la force de sortir de la voiture. En s’approchant, il aurait peut-être la confirmation que Kate avait bien été enlevée et à ce moment là, tout son monde s’effondrera. Elle était celle qui lui avait redonné le goût d’écrire, celle qui le poussait à se lever chaque matin, celle qui lui donnait envie d’aimer quelqu’un bien plus que sa propre vie. Elle était tout simplement son monde.

Les Bros n’avaient pas chercher à comprendre et c’est donc, quelques minutes plus tard qu’ils furent rejoints par Castle.

 

  • Alors ?
  • On a retrouvé son portable à coté de sa voiture. Soit elle l’a perdu soit son agresseur l’a volontairement laissé là.
  • On peut en tirer quelque chose ?
  • On pourra savoir si elle l’a eu au téléphone ou s’il lui a laissé un message pour l’attirer ici mais…
  • Messieurs, nous avons retrouvé deux empreintes de chaussures qui mènent jusqu’à la voiture du Lieutenant Beckett, le coupa un technicien. L’une est une paire de talons hauts et l’autre plutôt masculine.
  • Et…? S’impatienta l’écrivain.
  • Les talons hauts s’arrêtent à un mètre environ de la voiture alors que l’autre fait demi-tour.
  • Vous êtes conscient qu’on est sur un parking, n’est-ce pas ? Et que les empreintes de pas ce n’est pas ce qui manquent ! S’énerva l’écrivain.
  • Quand l’homme a fait demi-tour, les empreintes sont plus profondes. Comme s’il était plus chargé qu’à l’aller, comme s’il portait quelqu’un.
  • D’accord, faite un moulage de cette chaussure ainsi que des marques laissées par les pneus, déclara Ryan.
  • Oui, bien sûr.
  • Je suis désolé… S’excusa Castle.
  • Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas grave, lui répondit l’homme en souriant.

 

Le technicien s’éloigna et les trois hommes regagnèrent leur voiture. Castle n’était pas plus bavard qu’à l’aller. Il maltraitait ses doigts sans vraiment s’en rendre compte. Il regrettait tellement leur dernière conversation. Comment avait-il osé comparer cette affaire à celle de sa mère ? Une larme roula sur sa joue. Il l’écarta du bout de son pouce mais elle témoignait de la lutte intérieure qu’il menait pour ne pas craquer. Ils venaient enfin de se découvrir, il n’avait pas encore eu le temps de lui faire sentir à quel point il était fou d’elle. Leur histoire ne pouvait pas s’arrêtait ainsi, c’est trop injuste à ses yeux.

 

~~~~~~~~~

 

Depuis leur retour du cimetière, ils avaient repris l’analyse des rapports en attendant les résultats de la scientifique. Mais Castle fulminait de rester planter là, alors que Beckett était sans doute à la merci de cet homme.

Les Bros ne voulaient pas fouiller dans son téléphone. Elle s’était surement rendue au cimetière pour oublier l’enquête, oublier Castle et toutes les questions qui la taraudaient ces derniers temps. Le tueur devait l’avoir suivie discrètement et avait sauté sur l’occasion de la trouver seule, en pleine nuit sur un parking désert.

 

  • On a un indice mais vous n’allez pas l’ouvrir ?!
  • Non, répondit brièvement l’irlandais.
  • Mais pourquoi ?

 

Les Gars se sentaient mal à l’aise rien qu’à l’idée de violer son intimité.

 

  • Pourquoi faire Castle ? Je pense qu’on ne l'a pas forcée pour aller au cimetière. Et je ne veux pas savoir ce que Beckett raconte par message à ses amants.
  • Ah… Je vois… Ca aurait mon portable, vous l’auriez ouvert sans la moindre hésitation !
  • Evidemment ! Il est plutôt romantique ou rentre-dedans par messages Writer Boy ? Ria Esposito.
  • Vous n’imaginez pas à quel point je peux être…

 

Ils furent interrompus par la sonnerie de téléphone du latino.

 

  • Esposito ! … D’accord… Euh… Oui… On arrive.

 

  • C’était Lanie, elle a du nouveau et elle nous attend à la morgue.

 

~~~~~~~~~~

 

Au nord de New York

Beckett entendit une voiture se garer devant le chalet. Dans la pénombre de la pièce, elle sentit son corps se raidir en entendant les pas de son bourreau sur le perron. Elle pouvait l’entendre siffloter tranquillement. Les Gars devaient piétiner et lui devait en jouir.

Les pas s’approchèrent, Kate apercevait l’ombre de ses pieds sous la porte. Assise sur le lit, elle luttait pour ne pas se mettre en boule dans un coin et attendre. Mais elle ne pouvait lui montrer que la peur l’envahissait. Elle était Kate Beckett, et lui n’était plus qu’un flic déchu qui ne s’en sortirai pas.

La porte s’ouvra lentement et il apparu. Jones arborait un sourire sans égal. Les mains dans les poches, il s’appuya dans l’encadrement de la porte et il la fixa pendant quelques minutes.

 

  • La journée fut bonne ?
  • La mienne a été parfaite. Je me suis incrusté dans leur petite réunion, ton mec m’a même offert à manger ! Vraiment sympa... Si seulement il savait… Ria-t-il.
  • Il va finir par savoir, Jones !
  • Si j’étais toi, je me ferais une raison. Parce que pour l’instant, ils pataugent !

 

Un long silence pesant s’installa dans la pièce. Il n’avait pas bougé, son regard était toujours posé sur son corps. Ce regard lubrique et libidineux lui donnait envie de vomir. Il la regardait avec une convoitise non dissimulée. Elle se sentait impuissante et à sa merci, elle détestait ça.

 

  • Bon, je vais aller prendre une douche, ne t'éloigne pas trop.
  • Comme si je pouvais aller bien loin ! Maugréa-t-elle lorsqu’il referma la porte.

 

Oh oui, une douche, elle en rêvait ! Kate s’allongea sur le matelas et se laissa bercer par les bruits de l’eau dans la pièce d’à côté. Elle imaginait la vapeur de l’eau chaude envahir la pièce et répandre dans l’air un doux parfum de cerise.

L’espace d’un instant, elle quitta la pièce et s’imagina dans son appartement de Manhattan. S’approchant de la baignoire, elle laisserait glisser ses doigts sur les boutons de son chemisier pour se retrouver en soutien-gorge bleu nuit en dentelle. Lorsque son haut aura touché terre, elle s’attaquera au bouton de son jean noir pour finir dans un string assorti. Elle laissera sa main effleuré la surface encore fumante de l’eau, avant de retirer le peu de tissu qu’il lui reste. Nue, elle y plongera ses jambes interminables. Une fois ses seins submergés, elle attrapera son verre de rouge et le dernier roman de Castle. Pour l’instant, elle se contentait du livre mais la jeune femme rêvait de bien plus. En vérité, elle était au delà du rêve. Castle en tenu d’Adam dans sa baignoire se rapprochait plus du fantasme.


ArthurRrr  (22.03.2017 à 18:09)

Chapitre XVI

Dans l’ascenseur qui les descendait à la morgue, les trois hommes ne s’étaient pas adressés un mot. Ryan passait nerveusement sa main dans ses cheveux et Esposito ne semblait pas vouloir quitter des yeux les portes closes. Pris dans ses pensées, Castle fut assailli par le souvenir de leur premier matin ensemble, enfin plus ou moins...

…Flashback…

 

  • Castle ?
  • Castle ?!
  • Vous avez un problème ? S’enquit l’écrivain en entrant dans sa chambre.
  • Euh… Eh bien…
  • Ah oui ! Vous avez un problème ! Rit-il en imaginant le reste de son corps totalement dévêtu et humide derrière la porte.
  • Arrêtez de rire ! Ca vous ennuierez de m’apporter une serviette avant que j’attrape la mort ?!
  • Voilà ! Au fait, j’ai retrouvé votre soutien-gorge.
  • Super ! S’exclama-t-elle en lui tendant sa main.
  • J’avais bien raison, il vous attend dans la cuisine ! Déclara-t-il avec un sourire mutin.
  • Arrrrh ! Râla la jeune femme en claquant la porte.

 

Plutôt fier de lui, Castle était retourné dans la cuisine pour préparer des pancakes. Des pancakes… Etait-ce un « Merci pour cette nuit » ? Oui, sans aucun doute.

Torse nu, il s’affairait devant l’îlot central lorsqu’il l’aperçut. Elle était dans l’encadrement de la porte de sa chambre, et elle l’observait. A bien y réfléchir, elle le dévorait du regard.

Ses cheveux étaient encore humides et retombés sur ses épaules. La serviette autour de sa taille lui arrivait à mi-cuisses et permettait ainsi à l’écrivain d’admirer ses jambes. Sur le moment, il regretta que la serviette ne soit pas plus courte. Pieds nus aussi peu vêtue, elle était sublime à damner un saint.

Ses joues était légèrement empourprées, était-ce la chaleur de la douche ou sa gêne devant le regard avide de l’écrivain ? A ses yeux, elle était la première merveille du monde. Aux diables la pyramide de Khéops ou les jardins suspendus de Babylone, rien, absolument rien sur cette Terre, ne pouvait rivaliser avec elle.

 

  • Castle, où est mon soutien-gorge ? Demanda-t-elle soudain.
  • Castle, fermez la bouche ! Mon soutien-gorge ?
  • Juste là, dit-il en lui tendant son dessous.

 

Il n’avait pas bougé d’un pouce et la regardait avancer d’une démarche si féline vers lui. Lorsqu’elle tendit la main pour s’en saisir, il le retira.

 

  • Vous êtes vraiment sûre de vouloir le remettre ? Demanda-t-il en arquant un sourcil.
  • Et vous, vous êtes sûr de ne pas vouloir mettre un polo ? Répondit-elle du tac au tac même si le voir si peu vêtu lui allait très bien.
  • Touché !
  • Castle ! Rendez moi ça ! S’exclama-t-elle en sautant pour récupérer son dessous.

 

En sortant de la chambre, elle récupéra son manteau sur le dossier du canapé, enfila ses chaussures et ouvrit la porte d’entrée. Devant le regard d’incompréhension de Castle qui commençait à manger ses pancakes, elle ajouta.

 

  • Merci pour cette nuit, Rick.

 

…Flashback…

Assise à son bureau, Lanie se leva en entendant les portes battantes s’ouvrirent. Elle attrapa un dossier cartonné et les retrouva dans la salle d’autopsie.

 

  • Oui, j’ai du nouveau, dit-elle en voyant Castle ouvrir la bouche. La scientifique n’a pas pu déterminer le modèle mais selon les techniciens, la voiture a une particularité.

 

Elle plaça la photographie du moulage sous sa lampe d’autopsie et pointa du doigt un détail.

 

  • La voiture qui était garée à coté de celle de Kate avait des pneus appelés en biais et non radiaux.
  • Oui, donc c’est une voiture ancienne… Anticipa Ryan.

 

Un grand silence s’empara de la pièce. Esposito regardait son coéquipier comme s’il le rencontrait pour la première fois. Sentant les regards de plus en plus oppressants, Ryan se sentit obligé de se justifier.

 

  • Bah quoi ? Le père de Jenny a une voiture de collection, une Pontiac de 64, il en parle tout le temps…
  • Au moins qu’en on aura un suspect, on aura quelque chose à vérifier, annonça Esposito dépassé.
  • Pour l’instant, on n’a rien de mieux, Javier. Ce n’est pas grand chose mais c’est toujours un plus. Vous avez avancé sur la piste de Castle ?
  • Tu penses vraiment que ça peut être un flic ? Demanda Ryan étonné que Lanie puisse croire à une des théories de l’écrivain.

 

La jeune femme regarda l’horloge murale et en voyant qu’elle annonçait 21h45, elle ajouta.

 

  • Au vu de l’heure qu’il est, je pense que je pourrais croire n’importe quoi !
  • Eh !
  • Désolé Castle, je vais rentrer et vous devriez en faire autant. Ryan, Jenny doit surement t’attendre…
  • Déjà ! S’emporta l’écrivain.
  • Castle, on doit tous faire une pause…
  • Partez si vous voulez, mais je ne partirais pas !
  • Bro, parfois prendre du recul, c’est gagner du temps, tenta Ryan.
  • D’accord… Allez-y, je dois monter récupérer mon portable.
  • Rentres chez toi, Castle…
  • Ne t’en fais pas Lanie.

 

~~~~~~~~~

 

Le soleil ne s’était pas encore levé sur Manhattan mais depuis plusieurs heures déjà, la jeune femme tournait en rond dans son lit. Elle tentait de faire le vide mais à chaque fois qu’elle osait fermer les paupières, toutes ses angoisses et ses incertitudes refaisaient surface. Elle culpabilisait d’être allongée dans les bras de son amant en ignorant où sa meilleure amie se trouvait et ce qu’elle subissait au même moment.

 

  • Déjà réveillée ? Demanda d’une voix encore endormie l’homme allongé sous sa couette.
  • Euh… Oui, j’ai pas vraiment dormi...
  • Viens par là, lui intima-t-il en ouvrant son bras pour qu’elle vienne se blottir dans le creux de son cou.
  • J’ai tellement peur, confessa-t-elle en chuchotant.
  • Moi aussi…
  • Déjà deux jours… Déclara-t-elle plein de trémolos dans la voix.
  • Eh, regarde moi, dit-il en essuyant du pouce une larme qui coulait sur sa joue.
  • C’est ma meilleure amie, Javi…
  • Chut… Calme toi… Chut… Répéta-t-il alors qu’il sentait son cou s’humidifier sous les larmes de la jeune femme.
  • J’ai peur Javi… Peur pour Kate… Peur pour Castle…
  • Pour Castle ? Demanda-t-il surpris.
  • Si c’était toi qui avais été enlevé… Je…
  • Parle moi, Chica… Dit-il en passant une main dans ses cheveux.
  • Je risquerais tout pour te retrouver… Castle souffre… Il serait capable de donner sa vie pour elle… Mais j’ai peur qu’il ne commette l’irréparable…
  • Lanie, eh, chut… Je ne vais pas le lâcher d’une semelle.
  • Promis ?
  • Promis, répondit-il en l’embrassant pour sceller leur accord.

 

S’écartant pour reprendre son souffle, Esposito put voir dans ses yeux une peur qui faisait écho à la sienne. Elle se colla encore un peu plus contre lui, comme pour être sûr qu’il était bien là.

 

  • Je suis là… Murmura-t-il.
  • Je sais… Promets moi que rien ne t’arrivera…

 

Une telle promesse était intenable et il le savait. Chaque matin, il partait sans savoir si le soir, il serait à même de franchir le seuil de sa porte.

 

  • Javier… L’implora-t-elle.
  • Je ne peux pas… Je suis désolé… Mais je peux pas…
  • Regarde moi, dit-il en relevant son visage.
  • Te promettre de rester en vie, je ne peux pas mais je te promets d’être le plus prudent possible. J’ai trop à perdre…
  • Je t’aime
  • Moi aussi, déclara-t-il sur ses lèvres. Il est quelle heure ?
  • Euh… 5h et demie, dit-elle en se rallongeant dans ses bras.
  • Vas prendre ta douche, je m’occupe du petit déj’.

 

Pour la première fois depuis deux jours, la jeune femme avait pu mettre des mots sur ses angoisses. Dans ce lit, ce matin, elle venait de se défaire d’un poids. Elle était soulagée d’avoir pu parler à Javier de ses craintes. Kate était sa meilleure amie depuis tant d’années, imaginer le pire était insupportable.

 

~~~~~~~~

 

En pleine journée, il aurait été difficile de croire que le poste du 12th pouvait être aussi calme. L’étage était encore plongé dans la pénombre. Seul le bureau de Tory était partiellement éclairé. Surpris de la trouver aussi tôt au poste, Esposito s’avança doucement pour ne pas la surprendre.

Cependant, c’est lui qui fut surpris en découvrant Castle plié en deux au milieu des feuilles, des disques et des post-it. Il avait finalement passé la nuit au poste. Comment l’en blâmer ? Comment pouvait-il envisager de lui faire la moindre réflexion ? Alors qu’à sa place, il aurait surement fait la même chose. Il hésita un instant à le réveiller, la pièce était tellement silencieuse quand il dormait. Finalement, il opta pour un réveil en douceur mais l’écrivain sursauta.

 

  • La nuit a été bonne ? Demanda le lieutenant en le toisant du regard.
  • Euh…
  • Pas la peine de nier, t’as le clavier imprimé sur la joue !
  • Je ne pouvais pas partir Javier…
  • Je sais Bro…
  • Il est quelle heure ?
  • Pratiquement 7h.
  • Déjà ?!
  • Oui, tu devrais boire un café, t’as une sale tête !
  • Non merci… Un café sans elle…
  • Eh ! Attaque-toi au problème, bats-toi, gagne !
  • T’as le sens de la formule !
  • C’est dans les Indestructibles, le fils de mon voisin le passe en boucle !
  • Oh…
  • C’est peu dire… T’as trouvé quelque chose ?
  • En remontant hier soir, je me suis dit qu’il travaillait forcément au 12th. Il doit la voir tous les jours pour être autant fasciné par elle.
  • Donc…?
  • Donc, j’ai visionné tous les enregistrements du parking du dernier mois…
  • Tous ?! Le coupa Javier.
  • Juste au moment des arrivées. J’ai cherché ceux qui était venu avec une voiture ancienne.
  • Castle… Peut-être qu’il ne vient pas au poste avec cette voiture là…
  • Javier, ça fait déjà deux jours, alors s’il y a ne serait ce qu’une branche qui dépasse… Je suis pas prêt de la lâcher !
  • Je sais. T’as des résultats ?
  • Parmi les trois voitures que j’ai trouvé, seul un homme pourrait être celui des photos prises dans les immeubles. Il s’appelle Andrew Taylor, 35 ans, il travaille au même étage que Demming.
  • Comment t’as fait pour savoir tout ça ?!
  • Euh… eh bien… c’est que…
  • Le mot de passe de Kate ?
  • Oui… Répondit-il comme un enfant pris en faute.
  • Il ne doit pas encore être arrivé, j’appelle Ryan et on va le chercher.
  • Pourquoi est-ce que tu dois m’appeler ? Demanda l’irlandais en entrant dans le bureau.
  • Viens, je t’explique en route.

 

~~~~~~~~

 

A coté de Gates, derrière cette vitre sans teint, Castle fulminait. Dans la pièce attenante se trouvait Andrew Taylor, lieutenant aux cambriolages avec des états de service irréprochables. Castle doutait de plus en plus de son intuition.

Taylor avait plutôt l’air du gendre idéal que d’un écrivain épistolaire obsédé par une femme. Gates restait sceptique, mais son meilleur lieutenant était en danger, il ne fallait négliger aucune piste.

 

  • Soyez subtils, ne le poussez pas tout de suite dans ses derniers retranchements. On doit savoir où est Beckett avant qu’il ne demande un avocat ! Déclara le Capitaine alors que les deux lieutenants sortaient de salle.

 

  • Jolie voiture, Taylor ! S’exclama Esposito en laissant tomber le dossier sur la table métallique.
  • C’est vrai, elle a dû vous coûter une petite fortune, ajouta Ryan.
  • Elle était à mon père, je peux savoir ce que je fais là ?
  • J’ai entendu dire que sur ces vieux modèles ont une particularité, déclara Esposito.
  • Je sais pas, je suis pas trop vieilles voitures moi, répondit Ryan.
  • Je sais pas si c’est vrai mais il paraît que c’est au niveau des pneus…
  • Les vieilles voitures ont souvent des pneus en biais et pas radiaux comme sur les nouvelles, expliqua Andrew Taylor.
  • C’est le cas de la votre ?
  • Oui, mais pourquoi je suis dans une salle d’interrogatoire à 7h et demie du mat’ pour parler bagnoles ?
  • Où étiez-vous M. Taylor, samedi soir entre 21h et minuit ? Demanda Ryan.
  • Non mais vous déconnez ou quoi ?! C’est quoi ce délire ?
  • Vous connaissez le lieutenant Beckett ?
  • C’est votre boss, celle qu’est montée sur talons aiguilles, elle a un de ces culs, sans déconner ! Celle qu’a couché avec Tom et qui tente se faire sauter par l’écrivain, non ?

 

La respiration du romancier était de plus en plus erratique. Son regard s’assombrit à en faire pâlir Cerbère, il ne quittait pas le blondinet des yeux. Certes les fesses de Kate avait attiré son regard plus d’une fois mais en aucun cas elle ne cherchait à « sauter » qui que ce soit ! Il serra les poings aussi fort qu’il le put et il ouvrit la porte dans une rage démentielle.

 

  • Restez ici, Castle !
  • Castle, c’est un ordre !
  • Vous le laissez parler comme ça ?!
  • C’est de la provocation, Castle ! Restez ici !
  • Arrrrh !

 

  • Donc vous voyez de qui ont parle ?
  • Oh ! Ca y est, j’y suis ! S’indigna-t-il.
  • Je n’ai rien contre Kate Beckett ou contre ses proches, et comme de toute façon, vous n’avez rien contre moi. Nous allons nous arrêter là, bonne journée lieutenants ! Déclara-t-il prêt à quitter la pièce.
  • C’est vrai Ryan, on a rien à lui reprocher… Déclara Esposito en regardant son coéquipier.
  • T’as raison… Mais pour sa voiture, on lui rend en kit ?
  • Ma voiture ? Quoi ma voiture ?!
  • Ca risque de coincer un peu… Mais après tout, c’était le seul du poste à avoir une vieille voiture. On pouvait prendre ce risque, non ?
  • Comment ça le seul ? Quel risque ? Vous avez fait quoi à ma voiture ? Demanda-t-il paniqué.
  • On cherchait un flic avec une ancienne voiture, et il n’y avait que vous, alors on s’est dit que peut-être…
  • Non mais c’est pas possible ! Sanders, Clark même Jones ont une voiture de collection !! S’emporta-t-il.
  • Tu vois qu’il n’était pas le seul ! S’exclama Esposito en regardant Ryan.
  • Peut-être mais lui, on ne sait pas où il était samedi soir, lui répondit l’irlandais.
  • J’étais dans un bar, le Calypso, sur Park Avenue. Le barman se souviendra de moi, je lui ai parlé de ma belle-mère toute la soirée.
  • On va vérifier.
  • Allez y, amusez vous !

 

~~~~~~~~~

 

Au nord de New York

Beckett n’avait pas osé fermer l’œil de la nuit, une nuit qui lui parut interminable. Le silence devenait angoissant, le chalet semblait perdu au milieu de nulle part.

Kate ne cessait de repenser à l’enquête, elle revoyait chaque victime. Jamais elle ne pourrait oublier la frayeur sur leurs visages ou son dégoût face à la mise en scène lugubre de leurs derniers moments. Mourir l’effrayait certainement mais le sentiment qui l’assaillait à cet instant précis, c’était la culpabilité. La culpabilité d’avoir échouer…

Le jour où l’affaire de sa mère avait été classée, elle s’était jurée de ne jamais laisser une famille avec les mêmes incompréhensions que celles qui la dévoraient de l’intérieur. Et pourtant, elle avait lamentablement échouer. Elle ne se cherchait aucune excuse… Aucune ne pourrait calmer la souffrance de ces quatre familles.

A quoi bon se voiler la face ? Elle allait surement finir de la même manière.

Comme un condamné qui attend sa sentence une boule dans l’estomac, Kate fit une petite pause rétrospective sur sa vie. Seulement avait-elle vécu depuis la mort de sa mère ? Ou n’avait-elle fait que survivre ? Peut-on survivre indéfiniment ?

Elle eut une pensée pour son père. Comment pourrait-il se remettre de la disparition de sa fille unique alors que celle de sa femme le torturait encore ?

Qu’est qu’un père pour sa fille ? Un phare en pleine mer, la grande ours dans le désert, un point de repère inébranlable. C’était le premier homme de sa vie, celui qui petite cédait au moindre de ses caprices. Mais qu’est ce qu’un père pourrait refuser à sa fille ?

 

…Flashback…

 

Kate devait avoir 6 ans passés, 7 ans à peine. En ce matin pluvieux de Novembre, la petite tête de mule avait décidé de faire du vélo au grand damne de sa mère.  

Partie en boudant dans sa chambre, elle n’avait pas dit son dernier mot. Discrètement, elle était sortie par sa fenêtre, elle avait foncé dans le garage et c’est avec un grand sourire qu’elle roulait autour de la maison sous une pluie battante.

 

  • Jo, c’est toi qui a dit oui à Katie pour faire du vélo sous la pluie ?
  • Non, pourquoi ?
  • Bah, regarde par toi-même ! Répondit Jim en riant.
  • Non mais c’est pas possible ! Katherine Houghton Beckett !
  • Chérie, où est-ce que tu as rangé mon k-way ?
  • Euh… Il doit être dans le même placard que tes chaussettes, pourquoi ?
  • Je me laisserais bien tenter par un petit tour de vélo moi aussi !
  • Quoi ?! Non !
  • Katie, attends moi devant à l’abris, on va aller faire le tour du lac, cria son père par la porte-fenêtre.
  • Et quand elle décidera de découcher pour aller rejoindre son copain, tu céderas aussi ? Demanda Johanna en levant un sourcil.
  • Etapes par étapes… Pour l’instant, il est juste question de vélo sous la pluie.
  • On en reparlera dans dix ans, mon chéri !
  • Elle prendra une bonne douche chaude en rentrant, d’accord ?
  • Si elle est malade demain, c’est toi qui gère ! C’est bien compris ?!

 

Et comme si les mamans avaient un sixième sens pour ça, le lendemain Kate était clouée au lit avec un bon rhume. Mais qu’importe, elle avait voulu faire du vélo et papa avait dit oui !

 

…Flashback…

 

~~~~~~~~

 

Au poste, Ryan avait vérifié l’alibi de Taylor, il se trouvait dans ce bar cette nuit là. Mais durant l’interrogatoire, il avait cité trois autres noms. Deux figurés sur la liste faite par Castle pendant la nuit mais pas Jones. L’écrivain était trop concentré sur les propos du blondinet pour y avoir fait attention ce que ne manqua pas de lui rappeler Esposito.

 

  • Jones ?
  • Si on y réfléchit bien ça colle, répondit Ryan.
  • Ouais, il a très bien pu connaître Kate à l’académie… Ajouta Esposito.
  • Il était sur chaque scène de crime… Surenchérit l’irlandais.
  • Avec les registres de la police, il pouvait avoir accès aux adresses de ses victime et aux plans des bâtiments…
  • Hier midi, quand t’as émis l’hypothèse que ça pouvait être un flic, il a soudainement disparu….
  • Et il n’est pas venu bosser ce matin…
  • Otez moi d’un doute, on ne ressemble pas vraiment à ça avec Beckett, lorsque l’on finit les phrases l’un de l’autre ?
  • Oh… Non !
  • Ouf…
  • Vous, s’est encore pire ! Rétorqua Ryan.
  • Bon, je suis d’accord avec vous mais en tant que flic, il est forcément dans les fichiers. Avec son empreinte, on aurait dû le retrouver, non ? Demanda l’écrivain.
  • Ryan ouvre son dossier.
  • Euh… Bro, y a un problème !
  • Comment ça « y a un problème » ? S’étrangla le latino.
  • Ethan Jones n’existe pas dans nos fichiers.
  • C’est pour ça que ça n’a rien donné… Il a couvert ses traces…
  • Je vais voir Gates, elle garde les dossiers personnels de chacun de ses hommes en version papier dans son bureau.

 

Grâce aux refus de Gates de tout informatiser, Lanie avait pu confirmer que l’empreinte partielle correspondait bien à Jones.

 

~~~~~~~~

 

Dans la voiture, Castle était tétanisé. Si l’officier avait osé poser les mains sur elle, il n’imaginait pas sa réaction. L’écrivain implosait à petit feu, il redoutait d’entrer dans l’appartement. Arriverait-il à garder son sang froid s’il la retrouvait dans une mare de sang au milieu du salon ? Supporterait-il de la voir à moitié nue scotchée sur une chaise ?

 

  • Elle est en vie ! Dis toi qu’elle est en vie ! Pfff… Essaye d’être un minimum convainquant…

 

Dans son rétroviseur, Esposito regardait l’écrivain qui bouillonnait sur la banquette arrière. En partant, le latino avait promis à Gates de ne pas lui coller une balle mais rien ne l’empêchait de lui mettre une bonne droite !

 

  • Bro, tu devrais nous attendre dans la voiture, lui conseilla Ryan.
  • Si c’était Jenny qui était là, tu ferais demi-tour Kevin ?
  • Aucune chance ! Reste derrière nous.

 

Les mains sur leurs armes, les deux lieutenants s’avancèrent dans l’immeuble délabré avec l’écrivain sur leurs talons. Après s’être annoncé et sous le regard des curieux, le latino défonça la porte.

Ils passèrent chacune des pièces en revue, mais aucune trace de Jones et encore moins de Beckett. Castle scrutait chaque recoin de l’appartement pour trouver un indice pouvant les mener à l’officier. L’écrivain avait l’étrange impression d’être dans un appartement témoin. Il était totalement impersonnel, comme s’il n’était que provisoire.

En retournant vers Ryan et Esposito qui attendaient dans le hall d’entrée, la photo accrochée sur le mur de la chambre l’intrigua. Elle n’était pas dénuée d’âme comme tous les autres bibelots qui se trouvaient là.

Il attrapa le chalet rustique et retira soigneusement le cadre pour en extirper la photographie. Au dos, il reconnut l’écriture masculine qui avait noirci les lettres retrouvées sur les corps. Le petit mot indiqué « Vacances d’été 89, chalet de Stan ». Il la plia et la glissa dans la poche intérieure de sa veste.

 

  • Sa mère ne lui a jamais appris à aérer sa chambre quand il était petit, ça empeste ici ! S’exclama Castle en se bouchant le nez.
  • Il n’est pas venu ici depuis des jours, répondit l’irlandais.
  • Sur son dossier, j’ai vu qu’il avait un box à la cave, déclara Esposito.

 

En ouvrant la porte de la cave, les trois hommes restèrent interdits sur le seuil. 

Les murs étaient couverts d’articles de journaux, de photos de filatures, d’emplois du temps ou de post-it avec des adresses. Castle s’arrêta brusquement sur une photo. Elle avait été prise dans Central Park, le midi du second meurtre. Kate avait la tête posée sur son épaule, et affichait un sourire sans égal. Ce moment n’aurait dû appartenir qu’à eux… L’écrivain en avait la chair de poule.

Certains journaux datés de plus de dix ans, il la traquait depuis sa sortie de l’académie. Il avait planifié sa vengeance avec soin, car il ne pouvait pas en être autrement, il chargeait à se venger.


ArthurRrr  (27.03.2017 à 12:55)

Chapitre XVII

 

Une larme solitaire lui échappa. Jim était persuadé que cette plaque allait la conduire à sa perte et de toute évidence, il avait raison.

Kate eut une pensée pour Castle. Elle l’avait trouvé imbuvable aussitôt qu’elle l’avait rencontré. Rick s’était immiscé dans sa vie contre son gré, mais il lui avait tout bonnement réappris à vivre. Avec du recul, il fallait bien avouer qu’elle ne faisait que survivre avant de le rencontrer. Avant lui, elle n’était qu’une simple spectatrice de sa propre vie. Finalement, derrière l’image du playboy, elle avait pu découvrir l’homme adorable et aimant.

Castle hantait chacun de ses jours et chacune de ses nuits. Quand elle y réfléchissait, elle n’arrivait pas à croire qu'elle était devenue aussi dépendante à un homme. Kate s’était toujours arrangée pour s’impliquer dans une relation sans vraiment le faire. Mais avec Rick s’était différent, elle s’y était plongée sans s’en rendre compte.

Elle revoyait encore le regard amoureux que sa mère portait à l’égard de son père. Elle rêvait de regarder un homme de la même manière, un jour. Et si finalement cet homme, c’était lui ?

Elle aurait aimé avoir quelques minutes de plus pour lui dire à quel point elle était folle de lui. C’était au delà de la folie, elle était amoureuse, elle l’aimait, elle l’aimait lui ! Elle rêvait d’une autre nuit dans ses bras, de se réveiller doucement sous ses baisers, d’avoir la chance de sentir à nouveau son souffle dans son cou ou bien la tendresse de sa main sur sa fesse…

A vouloir trop nier l’évidence, on finit par s’en convaincre. Plus d’une fois, Lanie lui avait martelé les oreilles sur ce bel écrivain qui ne semblait pas la laisser pas indifférente. Mais leur relation n’avait pas été des plus simples. Elle était étayée par des non-dits et des occasions ratées. Que serait-il arrivé si elle avait lâché ses cheveux, enlevé le haut, si elle s’était dévergondée ? Que se serait-il passé si elle avait accepté le week-end dans les Hampton ? Ou si elle était revenue quelques secondes plus tôt dans le salon à Los Angeles ?

Elle se surprit elle-même en s’imaginant maman. Elle ne connaîtra jamais la joie de tenir dans ses bras un mélange subtil d’elle et sa moitié. Peut-être que cette moitié aurait pu être Castle... Elle entendait déjà son père lui dire « Quand on connaît le caractère de la mère et celui du père, moi, je vous souhaite bien du courage ! ». Mais voulait-il encore des enfants ? Il avait été un père tellement fantastique pour Alexis. Il avait tout du père parfait. Il était présent, conciliant, drôle, aimant. Elle était persuadée que Rick, comme Jim des années auparavant, accepterait de faire du vélo sous la pluie pour amuser son fils. Cette pensée lui tira un large sourire malgré les larmes.

 

~~~~~~~~~~

 

Certes, ils venaient de trouver le fantôme de la semaine passée mais l’angoisse n’était pas atténuée pour autant. Naïvement, Castle pensait que mettre un nom sur cet homme adoucirait la douleur. Mais rien n’y faisait ! Il était presque autant en colère contre Jones que contre lui-même. Se dire que depuis deux jours, il l’avait sous le nez, ça le mettait hors de lui. L’homme qui séquestrait la femme de sa vie se pavanait tranquillement juste devant lui. Castle ne décolérait pas.

Les effets de la nuit blanche commençaient à se faire ressentir, mais il préférait lutter que se résoudre à partir. Pas si près du but. Devant la machine à café, il regardait le doux nectar couler dans sa tasse sans vraiment le voir. Il était ailleurs, loin du poste, au milieu de ses doutes et de ses incertitudes. Il passait nerveusement sa main sur la poche intérieure de sa veste.

Devait-il en parler ou chercher seul pour être sûr de son intuition ? Est-ce que jouer les héros était nécessaire s’il n’était pas sûr de voir demain ?

Un café sans elle redevenait un café quelconque. Il se surprit à glisser ses mains autour de la tasse pour s’imprégnait de la chaleur du liquide. En temps normal, c’était un des gestes inconscients de Beckett, au même titre que son sourire quand il lui apportait son latté.

 

  • Castle, tu ne pouvais pas savoir… Déclara Lanie en s’approchant de lui.
  • Je t’avais promis de veiller sur elle… Dit-il d’une toute petite voix.
  • Arrête de te torturer comme ça… Je voulais surtout que lui montre qu’elle pouvait aimer et être aimée.
  • Si on ne s’était pas disputés cette après-midi là, elle serait avec nous Lanie…
  • Avec des si, tout est possible. Tu n’en sais rien…
  • Eh, si Kate te garde au près d’elle, c’est pour tes beaux yeux mais aussi pour ton intuition, alors montre nous de quoi tu es capable, Writer boy !
  • Writer man, Dr Parish ! Dit-il en souriant.
  • Ca je vais laisser Kate en juger, répondit-elle du tac au tac.

 

Alors que Lanie sortait de la salle, Castle regardait Ryan et Esposito, passant frénétiquement de l’un à l’autre, ne sachant quoi faire.

De retour sur sa chaise, il attrapa le dossier personnel de Jones et chercha un lien avec la photo. Mais l’officier était une personne sans histoire. L’une de celles que l’on peut croiser dans la rue sans s’en rendre compte.

 

  • Jones n’a pas eu une enfance facile, déclara Ryan.
  • Il a perdu ses parents dans un accident de voiture alors qu’il n’était encore qu’un gamin. L’année de ses 19 ans, il décide de s’engager dans la police, rajouta Esposito.
  • Un accident de voiture… Orphelin… Ryan, à la mort de ses parents à qui le petit Ethan a été confié ?
  • Euh… Attends… Les services sociaux ont accordé la garde au frère de son père, pourquoi ?
  • On sait quelque chose sur cet homme ?
  • Euh… Stanislas Jones était cordonnier ni épouse ni enfant. A sa mort l’année dernière, son neveu a hérité de tous ce qu’il possédait.
  • Stanislas… Stan…
  • Castle ? Tout va bien ? Demanda Ryan.
  • Je sais où ils sont ! S’exclama-t-il en sortant de sa poche la photo pliée en quatre.

 

~~~~~~~~~~

 

Le trajet lui parut interminable. Plus ils s’éloignaient de New York plus l’écrivain craignait d’arriver trop tard.

 

  • Castle, une fois là-bas, tu ne fais rien de stupide ! S’exclama Ryan.
  • Sinon je te descends avant que Jones n’est pu le faire, rajouta Esposito.
  • T’en fais pas, Beckett s’en sera déjà chargé ! Ria l’irlandais.

 

Le romancier afficha un sourire de façade.

 

  • Si elle est capable de me mettre une balle, au moins elle serait en vie…

 

~~~~~~~~~

 

Comme depuis plus de 48h déjà, Kate attendait. Elle savait que les Gars avait surement fait leur maximum pour la retrouver. Elle ne leur en voulait pas, Jones avait été plus fort.

La porte s’entrouvrit laissant entrer l’officier dans la pièce, avec à la main, un rouleau de scotch d’une couleur qu’elle ne connaissait que trop bien.

La mort n’était plus qu’à quelques pas désormais. 

Bizarrement, elle n’était pas effrayée. A croire qu’elle s’était faite une raison. Lorsqu’il posa sur elle le même regard que la veille, elle sentit son corps se raidir et inconsciemment, elle ramena ses bras sur sa poitrine.

 

  • J’aurais bien prolongé ton séjour encore quelques jours mais le temps nous est compté. Tu avais raison, ton écrivain a fini par comprendre. Malheureusement, il va devoir vivre avec la frustration d’avoir compris trop tard…

 

Il s’approcha lentement et fit glisser sa main sur sa joue. Elle écarta ses doigts d’un revers de la main mais attachée par la cheville, elle ne pourrait pas tenir longtemps sous ses assauts.

 

  • Nous ne sommes que tous les deux, tu ne veux pas jouer une dernière fois ?
  • Jouer ? Sérieusement ?! Tu veux coller des gommettes ? Demanda-t-elle avec arrogance.

 

La main de son tortionnaire vint s’abattre sur sa joue l’envoyant sur le lit.

 

  • Si tu préfères en finir maintenant, ça peut se faire aussi !

 

Kate resta médusée sur le lit. Cette fois, elle en était sûre. Le futur plus ou moins proche qu’avait annoncé Castle était plus près que jamais…

D’une main ferme, il attrapa ses poignets et de l’autre il s’attaqua aux boutons de son chemisier.

Il la bloqua sur la chaise au bord du lit, et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle se retrouva scotchée en soutien gorge.

Jones la regarda un instant, et elle put se rendre compte du plaisir qu’il prenait. C’est avec un sourire sadique qu’il quitta la pièce.

 

~~~~~~~~~

 

Au bout du chemin, les trois hommes pouvaient apercevoir le chalet. La voiture d’époque était garée devant le perron.

Nerveusement, Castle tapotait ses doigts sur son gilet pare-balles. Les deux lieutenants sortirent de la voiture, armes aux poings et rasèrent les sapins qui bordaient l’allée.

L’écrivain les talonnait. Il souffla comme pour se donner du courage et laisser s’échapper sa crainte. Ses pas étaient incertains, il ne pouvait pas le nier, il avait la frousse ! Mais avait-il peur qu’elle soit déjà morte ? Avait-il peur de mourir ? Ou peur qu’il y reste tous les deux ?

 

~~~~~~~~~~

 

Incapable de bouger sur cette chaise, Kate attendait le retour de son bourreau. Elle luttait contre ses larmes, elle était trop fière pour lui montrer qu’elle était terrorisée par la tournure dramatique que prenait la situation. Puis des bruits de pas se firent entendre dans la pièce d’à côté. Elle ferma les yeux un instant et lorsqu’elle les rouvrit, elle fut plus que surprise de trouver Castle dans l’encadrement de la porte.

Un sourire apparut sur ses lèvres, elle était soulagée, son homme était venu la chercher.

 

  • Il aurait quand même pu m’apporter un café !

 

Il était comme dans ses souvenirs. Tiré à quatre épingles comme toujours, il portait un jean noir et une chemise bleue claire qui faisait ressortir ses yeux. Sa barbe naissante le rendait diablement sexy. Elle le dévorait du regard mais à l’inverse, il fixait un point sur le sol. Il ne disait rien, il osait à peine à la regarder.

 

  • Non, t’as pas fait ça ?! T’es pas venu tout seul ! Dis moi que les autres sont dehors ?! Hurla-t-elle intérieurement.

 

Ses yeux parlaient pour elle. Elle était passée par la surprise, la joie et maintenant c’était un léger mélange entre la peur et la colère. A bien y réfléchir, c’était plutôt la colère qui dominait. Castle n’avait pas bougé d’un pouce, il était tétanisé. Et comme s’il lisait en elle, il ajouta d’une voix timorée.

 

  • Je ne suis pas seul, Ryan et Esposito font le tour de la maison.
  • Bonjour…
  • Bonjour, répondit-il en fuyant son regard de nouveau.
  • Tu sais que tu m’as déjà vue moins habillée, n’est-ce pas ? Demanda-t-elle en souriant.
  • Euh… Oui… Mais… Enfin… Bafouilla-t-il, gêné.

 

Comme toujours, Castle se voulait prévenant et gentleman. Mais étrangement, elle se surprit à regretter qu’il ne la dévore pas des yeux.

 

  • Ce n’est pas que je m’ennuis mais tu pourrais me détacher ?
  • Oui, oui, bien sûr.

 

Trop concentré à ne pas profiter de la situation, il en avait presque oublié le but de sa venue. Il s’apprêtait à faire un pas lorsqu’une main se posa sur son épaule.

 

  • Minute Don Juan ! S’exclama Jones derrière lui. Et pas la peine d’appeler Tic et Tac, ils sont enfermés à l’étage.

 

Kate ne quitta pas le regard de l’écrivain. Il se crispa en oubliant même de respirer. La pointe du couteau commençait à le marquer sur le flanc sous son gilet. Il ferma les yeux, pensa à Alexis puis à sa mère. Mais il ne regrettait pas d’être venu, elle en valait la peine.

 

  • Ethan, c’est moi que vous voulez punir. Laissez le tranquille !
  • Oui... Mais je ne vais pas gâcher l’occasion de vous atteindre psychologiquement avant de anéantir physiquement.

 

La pression de la lame était de plus en plus forte, alors ne voulant pas mourir avec des regrets, il se lança.

 

  • Kate… Dit-il d’un ton mal assuré.
  • Oh non, Castle, j’t’en pris, pas ça !
  • Ces quatre dernières années ont été magiques…
  • Arrêtes, Rick, j’t’en pris ! Ryan ! Espo !
  • Je n’ai qu’un seul regret, on aurait dû se donner une chance, il y a quatre ans… Si seulement, je t’avais rattrapé dans cette ruelle…
  • Je crois qu’on a terminé. Il a des regrets, toi aussi. Il va mourir, toi aussi. La boucle est bouclée, conclut Jones en insérant le couteau dans l’abdomen de l’écrivain.

 

  • Riiiiiiiick ! Non !!

 

Le cri de détresse de la jeune femme en larmes déchira le ciel. Elle ne reconnut même pas sa voix tant la souffrance était insoutenable. Impuissante sur sa chaise, elle ne pouvait détacher son regard de son écrivain qui s’effondrait sur le sol. Et en quelques secondes à peine, il gisait déjà dans son propre sang.

Jones s’approcha dangereusement d’elle. Avec la lame encore ensanglantée, il effleura sa joue. Il descendit jusqu’à atteindre la bordure dentelé de son dessous. Il marqua une pause et de son côté, elle retint sa respiration.

Il jouissait de la sentir aussi peu sûre d’elle-même. Il prenait un malin plaisir à repousser le moment fatal pour la voir se tendre sous chaque assaut de la lame du couteau.

 

  • Jones ! S’écria Esposito son glock pointé sur l’officier. C'est terminé ! Recule et lâche ton arme ! Maintenant !

 

L’officier s’écarta et laissa tomber le couteau à cran d’arrêt. Il fixa Kate et lorsqu’Esposito lui passa les menottes, il murmura.

 

  • A très bientôt, j’espère…

 

Elle déglutit difficilement sans baisser le regard. Le latino sortit accompagné de l’officier alors que les sirènes retentissaient déjà au loin.

 

  • Ryan ! Détache moi ! S’énerva Beckett.
  • Les ambulances ne sont plus très loin Kate, répondit l’irlandais en retirant le scotch.

 

Elle attrapa son chemisier et traversa la pièce sans vraiment l’écouter. Elle s’effondra sur le sol et tenta de stopper l’hémorragie.

 

  • Rick, non ! Reste avec moi, j’t’en pris… Réponds moi… Me laisse pas… Je t’ai entendu ce jour-là… Rick… Je t’aime aussi… J’t’en pris…. Supplia-t-elle en caressant son visage.

 

Mais lentement, l’écrivain ferma les yeux.

Assise sur le parquet usé de cette chambre dans ce chalet miteux, Kate ne cessait de faire pression sur la plaie. Ses mains étaient déjà couvertes de sang et le corps de Castle était inerte sur le sol. Elle sentait qu’une part d’elle même s’envoler avec lui… Elle ne parvenait plus à retenir ses larmes.

Kate sentit les mains de Ryan se posait sur ses épaules pour la faire reculer alors que l’équipe médicale s’affairait autour de Castle.

 

  • Kevin… Non… Pas maintenant…

ArthurRrr  (02.04.2017 à 12:15)

Chapitre XVIII

Huit jours… Déjà huit jours...

Kate errait à travers les rues de la Grosse Pomme. Elle avait besoin de prendre de la distance face aux derniers rebondissements de sa vie. Elle venait enfin de trouver un équilibre entre sa raison et son cœur mais sans crier gare un jour tout s’arrêtait. La jeune femme vivait avec cette sinistre impression que sa vie était mise sur pause.

Depuis plus d’une semaine, elle pleurait un homme qu’elle n’avait pas eu le temps d’aimer.

Ignorant les contestations de Jim et Lanie dans la salle d’attente des urgences, Beckett était revenu au poste dès le lendemain. Elle ne voulait pas se terrer chez elle, réfugiée sous sa couette pour passer ses journées à pleurer. La nuit, c’était largement suffisant.

 

~~~~~~~

 

Malgré l’agitation autour d’elle, Kate avançait machinalement à travers les couloirs de l’hôpital. Elle fuyait tant bien que mal les regards. Essayant de se concentrer sur sa respiration pour tenter d’oublier les pleurs et les cris qui la ramenaient huit jours en arrière. Mais inconsciemment, elle maltraitait ses mains en repensant à ses doigts rougis par le sang de l’écrivain.

Huit jours et le même rituel. Elle saluait d’un signe de la tête les infirmières de l’étage, s’arrêtait devant la chambre 402 et soufflait comme pour se donner la force de pousser la porte.

Il semblait si paisible qu’un inconnu aurait pu croire qu’il s’était seulement assoupi. Cependant, la réalité était toute autre. Elle s’approcha de Castle, et dans un geste d’une infinie tendresse, elle passa sa main dans ses cheveux. Kate s’assit sur le fauteuil au bord de son lit et caressa le dessus de sa main du bout de son pouce.

 

  • Salut… Ca fait huit jours, Rick. Huit jours que je suis sortie de l’Enfer… Mais à quoi bon, si tu n’es plus là ?
  • Comme j’ai refusé de prendre quelques jours de repos, Gates me noie sous la paperasse. Je vais devenir folle, si ça continue !
  • Ryan a enfin accepté de me rendre mon portable. Rick… Peu importe où je suis et avec qui je suis, je n’arrive pas à vivre sans toi…
  • Rick… Je t’aime…
  • Notre histoire ne peut pas se résumer à une nuit platonique et un déjeuner…
  • Always… C’est plus qu’un mot, c’est une promesse. Notre promesse, Rick… Je t’ai assuré une nuit pleine de promesses… Je veux pouvoir les vivre, mon cœur…

 

Flashback…

 

Le moment était doux, sensuel et inespéré. Mais Kate venait de ralentir leurs caresses et dire qu’il était frustré serait un euphémisme. Malgré que soit son idée de stopper leurs ardeurs, elle ne semblait pas vouloir quitter la chaleur de ses bras.

Jamais encore Rick ne l’avait vue afficher un tel sourire, elle rayonnait. Elle lui piqua un baiser et s’éloigna dans un déhancher provocateur sous les yeux brillants d’envie de l’écrivain.

 

~~~~~~~~

 

  • Quand tu dis « Je nous prépare un truc à manger », c’est un façon détournée de dire « Je commande une pizza chez l’italien du bas de la rue » ? Demanda-t-elle en l’enlaçant.
  • Malheureusement tes œufs sont périmés, quant au bacon il y a quelque chose avec des poils dessus !
  • Euh… Dis moi que cette fois ci, il n’y a pas de cadavre dans le couloir !
  • A vrai dire, je n’ai pas pris le risque d’ouvrir la porte ! Je n’ai aucune envie que Ryan et Espo débarquent. J’ai d’autres idées…
  • Tout doux Casanova ! On mange et on repart. 
  • Même pas un…
  • Castle !
  • C’est bon, d’accord… Râla-t-il. 

 

Installée contre son torse au pied du canapé, Beckett savourait ce moment hors du temps. La tête basculée en arrière sur son épaule, elle se sentait à sa place dans ses bras. Elle effleurait légèrement la cheville de son amant du bout de ses orteils. Elle le sentait frissonner à chaque assaut et elle aimait ça. Elle adorait l'effet qu'elle avait sur son corps. Ils restèrent un moment silencieux, leurs caresses parlaient pour eux. Mais la jeune femme brisa l’instant.  

 

  • Rick…
  • Mmhh ?
  • Il faut y aller…
  • Je sais… Dit-il en l’embrassant fougueusement.
  • Mais… Garde cet état d’esprit pour ce soir… Déclara-t-elle en rougissant.
  • Cette phrase va me hanter toute l’après-midi !
  • J’espère bien…

 

Elle se leva, et à ce moment-là, Castle sut que la petite pause venait de prendre fin. Kate allait remettre son masque de lieutenant de la criminelle ce qui revenait à remettre une certaine distance entre eux.

 

…Flashback…

 

Depuis plusieurs heures déjà, le soleil avait disparu derrière les gratte-ciels de Manhattan. Malgré cela, Kate n’avait pas bougé d’un pouce. Elle attendait qu’une infirmière vienne la chasser pour se résoudre à le quitter.

En entrant dans la chambre de son fils, Martha ne fut pas surprise d’y trouver la jeune femme. Elles se croisaient pratiquement tous les jours depuis plus d’une semaine. Elle répondit au sourire que lui lançait Beckett tout en s’approchant pour embrasser son fils.

 

  • Des nouvelles du médecin ?
  • Pour lui, le choc émotionnel violent pourrait expliquer la difficulté du réveil… Je suis tellement désolée Martha…
  • Vous n’y êtes pour rien, Trésor !
  • Pour rien ? S’étrangla la jeune femme. Martha, il est venu pour moi…
  • Darling, soyons honnêtes, vous auriez fait la même chose pour lui.
  • Mais, il n’est pas flic, il n’avait pas à prendre ce risque !
  • Vous valez la peine que quelqu’un prenne des risques pour vous.
  • C’était mon rôle de le protéger…
  • Vous étiez plutôt occupée, si j’écoute le lieutenant Ryan.
  • Je ne suis pas sûre qu’Alexis soit du même avis…
  • Laissez le temps atténuer son inquiétude. Au fond, elle sait que vous n’y êtes pour rien.
  • Elle risque de perdre son père… Par ma faute…
  • Katherine, ne laissez pas la réaction d’Alexis changer vos sentiments à l’égard de son père, déclara la matriarche en regardant leurs doigts enlacés.
  • Oh… Euh… Je ne veux pas que Rick s’éloigne sa fille à cause de moi…
  • Alexis sera toujours sa fille, Trésor. Mais est-ce que vous avez imaginé un instant qu’il ne voulait pas perdre ce qu’il a avec vous ?
  • Qu’avons nous vraiment… ? Demanda-t-elle en baissant la tête.
  • La chance de connaître ce que peu de gens connaîtront un jour !
  • On peut se persuader d’aimer quelqu’un. On tombe sur un dentiste attentionné au sourire ravageur et on se dit qu’avec le temps ça ira. Mais croyez-moi, ça ne va jamais !
  • A trop aimer, ne finit on pas toujours par souffrir…?
  • La véritable question, c’est « est-il possible de trop aimer » ?
  • Je peux vous demander un service, Katherine ?
  • Euh… Oui, bien sûr.
  • Venez diner avec moi ce soir.
  • Oh ! Euh…
  • Je veux juste échapper à la routine de ces huit derniers jours.
  • Dans ce cas, je veux bien vous aider à vous échapper ! Lui répondit la jeune femme avec un grand sourire.

 

Devant la porte du loft, Kate se sentait angoissée. Après quelques pas timides dans l’entrée, elle chercha des yeux la fille de son partenaire.

 

  • Elle doit être à l’étage, déclara Martha.
  • Oh… Oui…
  • Un verre de vin ?
  • Pourquoi pas.
  • Poulet, salade ?
  • Oui, oui, parfait.

 

Kate et Martha discutaient, leurs verres de vin à la main dans la cuisine lorsqu’elles virent la jeune Castle descendre son manteau sur les épaules.

 

  • Tu sors ?
  • Elle reste ici, c’est moi qui pars !
  • Alexis Castle !
  • Quoi ?!
  • Agir de cette façon ne changera pas les choses !
  • Désolée, mais moi, je n’arrive pas à faire comme si rien ne s’était passé !
  • Parce que tu trouves que ton attitude est plus réfléchie ?!
  • Si papa est sur ce lit d’hôpital aujourd’hui, c’est à cause d’elle ! S’écria la jeune femme.

 

Kate se sentait gênée d’assister à cette scène. Elle n’avait encore jamais vu Martha dans une telle colère face à sa petite fille. Elle fuyait le regard de la jeune femme depuis qu’elle était apparue en bas des escaliers. Mais la dernière réplique acerbe d’Alexis eut raison d’elle.

 

  • Eh elle, elle est là ! Donc, si t’as quelque chose à me dire, vas-y !
  • Très bien. Vous êtes pire que la peste, Kate ! Vous vous immiscez dans la vie des gens et vous les détruisez de l’intérieur !
  • Alexis ! Stop ! S’écria Martha.
  • Grand-mère, reste en dehors de ça. Un nombre incalculable de fois, il a frôlé la mort en vous suivant. Mais aujourd’hui, il est entre la vie et la mort par votre faute !
  • J’en suis parfaitement consciente et je ne me cherche aucune excuse…
  • Encore heureux !
  • Alexis, je m’en veux tellement si tu savais. Je revis cette scène toutes les nuits depuis huit jours. Je me sens coupable de ne avoir pu intervenir. Coupable de ne pas avoir été assez forte pour éviter qu’il me suive. Coupable de ne pas avoir dit « non ! » quand il a décidé de continuer après tout ce que nous avions déjà vécu. Je suis rongée par la culpabilité... Alexis, je sais ce que tu traverses…
  • Vous ne pouvez pas savoir. C’est mon père Kate, mon père !
  • Depuis 14 ans, je vis avec un sentiment de colère encore plus fort que celui que tu peux ressentir aujourd’hui !
  • Alexis, ton père va s’en sortir ! Il va se battre pour toi et pour ta grand-mère. Je suis persuadée d’une chose, il tient trop à vous pour abandonner sans lutter.
  • Alors oui, tu m’en veux mais j’aime ton père plus que ma propre vie. Si je le pouvais, je prendrais sa place sans la moindre hésitation pour qu’il soit avec toi et ta grand-mère ce soir.

 

A présent, c’est Alexis qui fuyait son regard. La jeune femme était devenu de plus en plus livide au cours du monologue de Beckett. Sa grand-mère avait raison, son attitude était puéril et impardonnable. Elle s’en voulait de l’avoir ignorée dans les couloirs de l’hôpital pendant huit jours.

Depuis leur soirée en tête à tête, Alexis était certaine des sentiments de Kate à l’égard de son père. Et puis, elle admirait cette femme pour sa force de caractère et sa détermination. A présent, c’est elle qui se sentait coupable d’avoir, ne serait-ce qu’un instant, imaginer qu’elle ne pouvait pas comprendre ce qu’elle ressentait.

Kate espérait avoir réussi à calmer les angoisses de la jeune femme. Par expérience, elle savait que l’animosité n’était qu’un dérivatif pour oublier ses peurs.

Alexis releva la tête et ne put échapper au regard de Beckett mais loin d’être chargé de reproches, il était doux et compatissant.

 

  • Je suis désolée, Kate… Déclara la jeune femme d’une toute petite voix.

 

La jeune femme contourna le plan de travail et s’arrêta à quelques pas de la fille de son partenaire.

 

  • Pire que la peste, hein ? Demanda-t-elle en souriant.
  • Oh mon dieu ! Je suis tellement désolée ! S’exclama Alexis en venant enlacer la jeune femme.

 

Beckett fut surprise par cette initiative mais elle prit part à l’étreinte.

 

  • Poulet, salade, ça va pour tout le monde ? Ajouta la matriarche en regardant la scène attendrissante qui se jouait devant elle.
  • Tu restes diner avec nous ? Demanda Kate en s’écartant pour capter le regard de la jeune Castle.
  • Oui, mais si ça vous dérange, je peux…
  • T’es chez toi, ce serait à moi de partir, et puis on pourrait se tutoyer, non ?
  • Merci, Kate.
  • J’t’en pris ma Puce.

 

~~~~~~~~~

 

Le poste était encore plongé dans la pénombre. Cette nuit-là encore, c’était les cauchemars qui avaient gagnés. Dès qu’elle fermait les paupières, elle se retrouvait projetée dans cette chambre miteuse avec le corps froid de Castle entre ses mains. Elle déposa son arme et son badge dans un des tiroirs de son bureau et fila dans la salle de sport.

Après avoir enfilé son short et son débardeur noir, elle banda ses doigts et s’attaqua à un sac de sable. Les coups s’enchaînaient, les gouttes de sueurs perlaient sur son front, son souffle était de plus en plus erratique. Son champ de vision devenait flou, mais elle ne ralentissait pas pour autant, chaque frappe était plus forte que la précédente.

Kate se glissa sous le jet de la douche. Elle s’entraînait sans doute pour cela aussi ! Elle savourait la sensation légère de l’eau chaude sur son corps, elle adorait sentir chaque parcelle de son être se détendre sous les gouttelettes.

La journée avait été des plus banales, partagée entre pauses café et paperasse. Elle rêvait d’un meurtre pour occuper ses pensées. Juste un meurtre, ce n’est quand même pas grand chose… Alors quand son téléphone sonna en fin d’après-midi, ce fut une délivrance.

 

  • Beckett ! … Alexis, doucement, quoi ?! … Je suis dans l’ascenseur, j’arrive !

 

~~~~~~~~~

 

Kate ne savait pas vraiment quoi dire ou quoi faire. Elle avait tellement l’impression de se retrouver sept mois en arrière sauf que cette fois, c’était lui sur ce lit d’hôpital. Elle était angoissée rien qu’à l’idée de franchir cette porte. Elle se regarda dans la vitre du distributeur et remit une mèche de cheveux en place. Elle poussa timidement la porte et son regard plongea dans celui bleu océan de son partenaire.

Lorsqu’il la vit entrer dans la chambre, son cœur rata un battement. Le temps semblait s’être arrêté, il n’y avait plus qu’elle et lui dans cette pièce.

 

  • Salut… Dit-elle en arrivant au pied du lit.
  • Euh… Bonjour…
  • J’ai cru ne jamais vous revoir…
  • Euh… Je ne veux pas passer pour un mufle mais… Vous êtes ?
  • ’’…’’
  • Mère, peux tu me passer ton stylo. Où voulez vous que je signe ?
  • Je… Euh…  
  • Avec un sourire pareil, je comprends que la sécurité vous est laissée passer. Donc, je signe où ?

 

Alexis regardait tantôt son père tantôt Kate qui baissait la tête pour tenter de cacher ses larmes.

 

  • Castle, vous pouvez me donner votre souvenir le plus récent.
  • Hier soir, Gina m’a appelé pour me dire que la soirée de promo de mon dernier Derrick Storm était déjà commencée. Elle râlait parce que j’étais encore en retard. Alors je suis descendu, j’ai attrapé un taxi. La foule était là, les flashs m’aveuglaient, après… Euh…
  • Papa, ce n’était pas hier soir…
  • Bah… Si… Enfin… Je… Bafouilla le romancier.
  • Ne vous agitez pas, M. Castle.
  • Richard… C’était il y a quatre ans… Ajouta sa mère alors que Kate quittait la chambre en courant.

 

Beckett traversa les couloirs sans même se retourner. Elle devait sortir ! Les larmes dévalaient ses joues presque aussi qu’elle descendait les escaliers. Quatre ans… Il venait d’oublier quatre ans de sa vie et tout particulièrement, les quatre années qu’ils avaient partagé ensemble…


ArthurRrr  (10.04.2017 à 20:54)

Chapitre XIX

Kate cherchait un endroit où pleurer sans être jugée, sans avoir besoin de parler ou de se justifier de ne pas le faire.

Elle marchait depuis une bonne vingtaine de minutes, perdue dans ses pensées, elle avait laissé ses pieds la guider. Lorsqu’elle leva la tête, les dernières larmes qui lui restaient passèrent la barrière de ses yeux. Elle s’approcha des balançoires… Leurs balançoires… Elle effleura les anneaux métalliques du bout des doigts.

Beckett s’assit sur celle de gauche. Quelques mois plutôt, dans ce même parc, elle s’était mise à nue face à l’homme qu’elle aimait. Aujourd’hui, son mur était à terre et elle en souffrait.  

Kate se sentait prête à se battre pour reconquérir son homme mais en avait-elle les armes ? En quatre ans, Castle avait tellement changé. Elle repensa aux paroles de Lanie le soir du premier meurtre.

 

  • Tu te souviens du Castle d’il y a 4 ans ? Celui qui faisait la Une de la presse à scandale. Celui qui partageait son lit avec une fille différente chaque soir, un séducteur arrogant et ostensible.

 

Une larme roula sur sa joue. Elle n’avait rien des femmes avec lesquelles Castle s’abandonnait le temps d’une nuit. Et puis, Kate espérait tellement plus qu’une nuit entre ses bras…

 

~~~~~~~~

           

La nuit n’avait été des plus reposantes. Kate avait délaissé les balançoires que tard dans la soirée. Elle savait pertinemment qu’une fois seule dans son appartement, la tristesse l’envahirait pour ne plus la quitter jusqu’à l’aurore. Elle s’était allongée sous sa couette se laissant bercer par les mots doux de Castle dans son répondeur.

Lorsque le réveil sonna se matin-là, elle aurait tant aimé que la journée d’hier ne soit qu’un mauvais rêve. Innocemment, elle refusait d’ouvrir les yeux puisqu’une fois ouverts, la cruelle vérité la giflerait. L’obligeant à admettre qu’elle était désespérément seule dans ce grand lit froid.

 

~~~~~~~~~

 

Lorsque Beckett vit sa meilleure amie sortir de l’ascenseur avec la détermination d’un lion face à sa proie, elle fila dans la salle de repos. La dernière chose dont elle avait besoin était une scène en plein milieu du poste.

 

  • Règles n°1 : Si j’ai l’air trop occupée pour parler, c’est que je le suis ! Anticipa-t-elle en se servant un café.
  • Bonjour à toi aussi !
  • Salut…
  • Comment tu te sens ?
  • Bien ! Mentit-elle.
  • Vraiment ? Parce que même le fond de teint n’arrive pas à camoufler tes cernes !
  • J’ai eu Alexis au téléphone, Honey…
  • Oh… Elle t’a tout raconté, je suppose ?
  • Oui… Mais la mémoire c’est tellement aléatoire. Rien n’est définitif, il faut juste…
  • Lanie, il n’a aucune idée de qui je suis ! Il m’a demandé où il devait me signer un autographe… Déclara Kate en pleurant.
  • Laissez-vous du temps… Au fond de lui, Castle sait ce qu’il ressent pour toi !
  • Tu l’as dit toi-même Lanie, il y a quatre ans, Castle n’était qu’un séducteur arrogant avec une fille différente chaque soir. Pour lui, on est de nouveau à cette époque...
  • Eh oh ! Tu ne peux pas te servir de mes phrases contre moi ! Rétorqua la légiste en souriant.
  • Le savoir nu dans les bras d’une autre, je ne le supporterais pas…
  • Je rêve où tu deviens de plus en plus possessive ?
  • Arrête ! Ca n’a rien de drôle !
  • Honey, soit présente pour lui comme il a été présent pour toi. Après la fusillade, tu as choisi de t’éloigner. Ce n’est pas un reproche Kate, j’te comprends, mais Castle est resté jusqu’à ce que Gates le mette à la porte. Ce Castle là est en lui, ce n’est pas parce qu’il ne s’en souvient pas qu’il a changé !
  • Je sais… Il est incroyable !
  • Oh oui ! Incroyable au point de mettre un raclée à Josh ! Rigola la légiste.
  • De quoi ?!
  • Oups…
  • Lanie !
  • A un moment, il a pensé que tu avais pu passer la nuit chez le Dr. Mobylette. D’après ce qu’il m’a raconté, Josh lui aurait dit que tu étais sous la douche pour récupérer de votre nuit mouvementée et ils se sont battus jusqu’à ce qu’un voisin vienne les séparer.
  • Comment il a pu croire ça ?! S’énerva-t-elle.
  • Je dirais qu’il simplement amoureux comme un gamin.
  • Je trouve ça terrifiant… Lanie, comment je vais faire ?
  • Montre lui à quel point il compte pour toi !
  • Lui montrer ? Je ne vais pas arriver dans sa chambre et me jeter sur ses lèvres… Si ?
  • Peut-être pas comme ça… Vous pouvez parler un peu avant quand même…
  • Dommage…
  • Katherine Beckett ! Je suis outrée ! S’exclama Lanie.
  • Oh c’est bon, arrête un peu, tu veux !
  • Alors comment tu vas t’y prendre ?
  • T’as, sans doute, raison. Je vais commencer par lui laisser du temps…
  • Oh non ! La coupa-t-elle. J’ai dit « VOUS laisser du temps » !
  • Qu’est ce que ça change au fond ?
  • Je te connais Kate, tu vas te lancer à fond dans ta carrière, te réveiller dans dix ans et à ce moment là, tu te rendras compte que ton boulot ne te fait pas de câlins ! Alors que tu as un doudou à portée de main !
  • Un doudou ? Demanda-t-elle en arquant un sourcil.
  • Parfaitement ! Je dois y retourner, on finit cette discussion autour d’un verre de vin ce soir ?
  • Non !
  • Non ?
  • Je crois que j’ai doudou à aller voir…
  • Bonne initiative ! Sourit Lanie en sortant de la salle de pause.

 

~~~~~~~~~~

 

Dans la chambre d’hôpital, l’ambiance était quelque peu glaciale entre Martha et Castle. La matriarche ignorait comment agir avec son fils. Elle se sentait tellement mal pour Beckett, la voir partir les larmes aux bords des yeux lui avait retourné l’estomac. Elle n’avait pas osé l’appeler, se demandant comment la jeune femme réagirait en voyant son numéro s’afficher.

L’infirmière venait de terminer les prises de constantes et quittait la chambre de l’écrivain. Ce dernier tourna la tête vers sa mère qui s’acharnait sur des mots fléchés.

 

  • Il s’est passé beaucoup de chose en quatre ans dans nos vie ?
  • Euh… Eh bien… Quatre ans, ça laisse de la place pour pas mal de chose…
  • Ouais… Quatre ans…
  • Ne te tracasse pas l’esprit, ajouta sa mère avec un léger sourire.
  • Tu crois qu’elle va revenir ?
  • Elle a dit qu’elle passerait dans l’après-midi pour être sûre que tout va bien.
  • Pas l’infirmière, Mère…
  • Oh… Répondit Martha en comprenant qu’elle femme occupait les pensées de son fils.
  • J’ai l’impression d’avoir fait la plus grosse bêtise de ma vie…
  • Tu ne l’as pas fait exprès. Richard, certaines choses ont changé depuis la soirée de promo du dernier Derrick Storm. Tu vas le découvrir petit à petit…
  • Je n’ai pas besoin de le redécouvrir…
  • Vraiment ? La mémoire est revenue ?!
  • Disons qu’elle… Euh… Enfin… Qu’elle n’est pas vraiment… Partie… Dit-il d’une toute petite voix.
  • J’te demande pardon ?! S’écria Martha.
  • Tu n’as pas osé faire ça !
  • Euh…
  • Richard Alexander Rodgers ! Pourquoi ?!
  • Elle se souvient de ma déclaration ! Je l’ai vue mourir dans cette ambulance, mon cœur s’est arrêté en même temps que sien. Mais elle s’en fout en fait !
  • Toute cette mascarade n’est qu’une vengeance ?! Non mais t’as quel âge, bon sang ?!
  • Elle m’a menti pendant huit mois… Huit mois qu’elle me sourit en sachant ce que je ressens pour elle !
  • Et plutôt que de lui demander pourquoi, tu as voulu qu’elle souffre autant que tu avais souffert. Je trouve ça puéril, Richard !
  • Elle m’a dit qu’elle m’aimait juste avant que je ne m’évanouisse. Elle prétend m’aimer alors que pendant huit mois, elle a fait comme si rien ne s’était passé ce jour-là. Et c’est moi qui suis puéril ?!
  • Oui !
  • Je ne suis bon qu’à flatter son égo en la suivant partout ! Mais tout ce cirque est terminé !
  • Arrête, tu ne crois pas vraiment ce que tu dis !
  • Oh si ! Je ne vais arrêter de faire d’une personne une priorité, alors que je ne suis pour elle qu’une option ! Cracha-t-il. 
  • Une option ? S’étrangla Martha. Tu penses sincèrement que Katherine te considère comme une option ?
  • Oui !
  • Cette femme t’a dit qu’elle t’aimait ! Elle ne t’a pas demandé de jouer aux billes, bon sang !
  • J’aurais sans doute préféré ! Rétorqua-t-il.
  • Tu ne t’es pas dit qu’elle pouvait simplement avoir peur ?
  • M’aimer fait peur ? De mieux en mieux !
  • Oui t’aimer peut la terroriser. Elle a déjà perdu l’une des personnes qui comptait le plus à ses yeux. Tu ne t’es pas dit que te perdre aussi l’effrayer ?
  • Arrête de lui trouver une excuse !
  • Pendant plus d’une semaine, Katherine a passé ses soirées sur cette chaise, des larmes pleins les yeux, sa main dans la tienne en espérant que tu t’en sortes !
  • Tu réalises que tu lui as laissé croire toute une nuit que tu n’avais plus le moindre souvenir de tout ce que vous aviez vécu ensemble ?
  • Je…
  • Laisse moi finir ! Le coupa-t-elle. Tu lui as laissé croire toute une nuit que tu ne te souvenais plus d’elle ! Tu l’as rayée de ta vie, Richard ! Allant même jusqu’à te conduire en séducteur de bas étages !
  • … Mais…
  • Tu comptais nous mentir jusqu’à quand ? Demanda amèrement sa mère. Parce que je ne sais pas si tu réalises que ton comportement n’a pas seulement affecté la femme de ta vie mais aussi ta fille. 
  • Je ne voulais pas vous faire souffrir !
  • Comment vas-tu annoncer ça à Alexis ?
  • Je ne sais pas…
  • Tu as plutôt intérêt d’y réfléchir ! Comme je n’ai plus rien n’à faire là, je vais te laisser seul avec ta conscience.
  • Attends ! S’exclama-t-il alors que sa mère sortait de sa chambre. Je suis désolé, maman…
  • J’espère bien. Repose toi et cherche la meilleure manière, s’il y en a une, d’annoncer la nouvelle aux deux femmes de ta vie…

 

En fermant la porte de la chambre, Martha avait encore du mal à réaliser que tout ceci n’était qu’un mensonge. Elle héla un taxi et rentra au loft, espérant ne pas y trouver Alexis. Elle n’aurait pas la force de la regarder en face et ce n’était surement pas à elle de lui avouer la vérité.

 

~~~~~~~~~~

 

Plus les heures passées, plus Kate était angoissée rien qu’en pensant à la soirée qui l’attendait. Elle cherchait une façon de lancer la conversation sans fondre en larmes ou se jeter sur lui pour goûter à la douceur de ses lèvres.

Assise face à son ordinateur, l’horloge en plein écran, elle fixait la trotteuse espérant la faire avancer plus vite. Si dans les trois prochaines minutes, aucun meurtre n’était commis, elle aurait sa soirée de libre pour rejoindre son homme. 

Il ne restait plus qu’une minute. Son manteau sur les épaules, son portable dans une main, ses clefs dans l’autre, elle était prête à fuir le 12th.

Trente secondes… Puis…

 

  • Un corps a été découvert dans une ruelle sur Lexington Avenue, déclara Ryan.

 

Ces quelques mots eut l’effet d’une douche froide. Elle regarda tristement la trotteuse qui continuait de tourner. Elle était frustrée et passablement énervée ce qui ne passait pas vraiment inaperçu. Les deux lieutenants s’abstinrent de toutes remarques de peur que la foudre ne s’abatte sur eux.

 

~~~~~~~~~

 

Allongé sur son lit d’hôpital, les yeux rivés sur le plafond, Castle se repassait en boucles les dernières paroles de sa mère.

Il avait réagi comme un enfant de quatre ans. Comment avait-il osé lui demander où signer un autographe ? Son comportement était tout simplement cruel et impardonnable. De toutes les choses stupides qu’il avait pu faire, celle là explosait tous les scores.

D’un geste déterminé, il attrapa son téléphone. Le doigt au dessus du numéro de la jeune femme, il hésita puis finalement, il le reposa. Qu’allait-il bien pouvoir lui dire ? Déjà que son attitude était lâche mais alors lui expliquer la situation au téléphone serait encore pire.

 

~~~~~~~~~~

 

Kate s’arrêta face au ruban jaune. A quelques mètres seulement, elle pouvait distinguer des chaussures à talons au milieu des ordures. En entrant dans la police, elle ne s’était faite qu’une seule promesse. Ne jamais traiter les victimes avec la même suffisance de Raglan. Alors oubliant ce qu’aurait put être sa fin de journée, elle souleva le cordon de sécurité et s’approcha de Lanie.

 

  • Pas la soirée que t’avais prévu, hein ? Demanda la légiste.
  • Pas tout à fait en effet… La cause de la mort ?
  • Elle a été poignardée à plusieurs reprises, sept fois, si tu veux être plus précise.
  • Sept fois… Créneau horaire ?
  • Entre 13 et 16h cet après-midi, mais j’en saurais plus après l’autopsie.
  • Vous avez un nom ?
  • On a trouvé son portefeuille entre deux poubelles, plus bas dans la rue. Emma Brown, 29 ans, elle habitait à deux rues d’ici, déclara Esposito.
  • Il a été vidé, ni liquide, ni carte de crédit, ajouta Ryan.
  • Elle n’a plus de bijoux, et le bronzage à son poignet indique qu’elle portait une montre, ajouta Beckett.
  • Une agression qu’a mal tourné ?
  • Qui a trouvé le corps ?
  • Une joggeuse, elle est encore sous le choc. Elle est assise avec Hasting un peu plus haut.
  • Bon, Espo, tu t’occupes de sa déposition. Ryan, fouille les alentours pour trouver ce qui aurait pu la tuer. On se retrouve au poste.

 

Elle s’éloigna du corps avec une boule dans l’estomac et la nausée. Jamais elle n’arriverait à s’habituer aux attaques à l’arme blanche dans des ruelles.

 

  • Lieutenant Kate Beckett ? L’interpela une voix masculine face à elle.
  • Oui, c’est moi. En quoi puis-je vous aider ?
  • Lieutenant Stevenson du 24th…
  • Le 24th ? Le coupa-t-elle surprise.
  • Oui, je reprends l’affaire.
  • Pardon ?!
  • Vous êtes sur ma scène de crime Lieutenant. Vous êtes en dehors de votre juridiction.
  • Lexington Avenue dépend du 12th !
  • On est dans Spanish Harlem, rentrez chez vous Kate, rétorqua-t-il avec un sourire dédaignant.
  • Ryan ! Esposito ! S’exclama-t-elle. Profitez bien de votre soirée Lieutenant, ajouta-t-elle en direction du cravateux.

 

Kate avait cette terrible sensation d’abandonner la victime lorsqu’une autre équipe reprenait son affaire. Mais après tout c’était peut-être un mal pour un bien. Elle regarda sa montre, 17h46, avec un peu de chance, elle arriverait à l’hôpital avant la fin des visites.

 

~~~~~~~~

 

Castle avait envoyé un message à sa fille pour lui demander de passer après ses cours. La jeune femme lui avait répondu qu’elle finissait vers 17h15 par un cours d’économie et qu’elle passerait directement après. Alors plus ou moins patiemment, quelque peu nerveux, il attendait.

Lorsqu’il entendit frapper à sa porte, il se raidit. La discussion avec Alexis avait été longue et houleuse. La jeune femme lui reprochait son attitude immature et stupide. Ce qui surprit le plus l’écrivain dans cet échange, ce fut le comportement de sa fille envers Kate. Par le passé, et ce plus d’une fois, la jeune femme s’était emportée contre sa partenaire mais ce soir, elle était de son côté. Ignorant ses justifications, elle s’était rangée du coté de sa muse. Le sourire niais qu’avait provoqué cette pensée lui avait valu une réflexion de la part de sa fille mais il n’en avait cure.

Alors qu’Alexis venait de sortir furieuse de sa chambre, il regarda son téléphone espérant un appel de Beckett. Il appréhendait de plus en plus la confrontation avec la jeune femme mais il savait que plus il attendrait plus le dialogue serait difficile.

 

~~~~~~~~

 

Kate bouillonnait dans la voiture regardant sa montre sans vraiment y lire l’heure. Elle hésita un court instant à enclencher le gyrophare pour sortir au plus vite des embouteillages, ce qui aurait arranger l’irlandais et le latino, mais elle se résigna.

Elle souffla de soulagement en apercevant une place de stationnement juste devant l’hôpital St Vincent. Finalement, elle serait encore dans les temps. Mais le sort sembla s’acharner sur elle, lorsque le conducteur qui la précédait s’y gara. Beckett eu soudainement envie de sortir de sa voiture, de lui coller son badge sous le nez, en lui demandant de virer sa caisse de là mais elle s’était engagée dans la police pour servir cette ville pas pour en profiter allègrement. Alors, elle chercha une autre place de parking.

Finalement, Beckett arriva devant l’hôpital avec la certitude qu’elle ne pourrait pas le voir ce soir mais qui ne tente rien n’a rien, elle tenta sa chance. Elle vit Alexis sortir en trombe et monter dans un taxi. Elle tenta de la rattraper mais le taxi se fondit dans la nuit.

Les couloirs étaient d’un calme religieux, nul doute que les visites étaient terminées. Elle essaya d’atteindre la chambre de son écrivain en se faisant la plus discrète possible. Cependant, un raclement de gorge se fit entendre juste derrière elle. Elle s’arrêta et se retourna avec son plus grand sourire.

 

  • Mademoiselle, je peux vous aider ? Demanda sèchement l’infirmière.
  • Euh… Je suis Katherine Beckett, je viens voir Richard Castle.
  • Oh… Malheureusement, les visites sont terminées…
  • Je suis… sa…
  • Je suis désolée mais qui vous êtes ou qui vous n’êtes pas ne change rien… Les visites sont terminées pour aujourd’hui.
  • Vous m’avez forcément déjà croisée. Je viens chaque jours depuis une semaine, je passe des heures dans sa chambre, s’il vous plait… Supplia-t-elle.

 

L’infirmière sembla hésiter puis ajouta.

 

  • Je suis désolée mais…
  • Pas longtemps, mais j’ai vraiment besoin de le voir, je vous en pris… La coupa-t-elle.
  • Je suis navrée mais je ne peux pas… Revenez demain à partir de 10h. Ce soir, je dois respecter les consignes et le bien-être des patients…
  • Oui… Bien sûr… Je comprends… Merci quand même…

 

Beckett tourna les talons, enfouit la tête dans ses épaules et les mains au fond de ses poches. D’une main, elle appuya sur le bouton de l’ascenseur et de l’autre, elle essuya ses larmes.

 

  • A demain Mademoiselle, lui lança l’infirmière.
  • Oui… A demain… Déclara-t-elle en lui rendant son sourire.

ArthurRrr  (17.04.2017 à 19:48)

Chapitre XX

Malheureusement, cette nuit n’avait pas échappé à la règle qui régissait les précédentes.

En temps normal, Katherine Beckett ne se serait jamais posée autant de questions. Elle aurait simplement saisi le taureau par les cornes et aurait agi. Elle aurait réfléchi qu’a posteriori des conséquences que ses actes ont eu ou aurait pu avoir. Mais depuis peu, cette Beckett téméraire et spontanée avait laissé place à une femme cogitant sans cesse.

Cependant, malgré toutes les interrogations qui la rongeaient, c’était une certitude qui l’ébranlait. Elle avait trop à perdre… Elle était tiraillée entre la peur de le brusquer et celle de le laisser quitter sa vie sans se battre pour lui… Pour eux… Pour ce qu’ils pourraient vivre… Pour ce qu’ils étaient si proches de vivre…

Kate passa lentement une de ses mains sur son visage.

 

  • Sois honnête avec toi-même, Kate. Si je ne vais pas le rejoindre ce matin, je repousserais l’échéance indéfiniment n’ayant pas le courage d’y aller… Pensa-t-elle.

 

Elle inspira et envoya valser sa couette comme une petite fille le matin de Noël. Elle sauta de son lit et fila dans la salle de bain. Elle se glissa sous l’eau chaude alors que la buée emplissait déjà la pièce. Elle s’étira en levant ses mains au dessus de sa tête. Jamais elle ne parviendrait à se lasser de la douceur de l’eau sur son corps tendu.

Même sous sa douche, elle n’arrivait pas à oublier son écrivain. Un sourire s’étira sur ses lèvres, elle était totalement éprise de cet homme.

Au début, Richard Castle, ce n’était qu’un portrait en page six du Ledger. Ce n’était qu’un nom sur le livre de chevet de sa mère ou un sourire charmeur sur la quatrième de couverture.

Mais après le 09 Janvier 1999, sans même le savoir, l’écrivain est devenu bien plus pour cette jeune femme. Elle avait puisé dans ses livres la force qui lui permettait de survivre à la vie. Richard Castle était une étincelle dans la nuit noire qui emplissait sa vie.

Et alors qu’elle tentait de subsister, il avait fait irruption dans sa vie d’une manière peu académique. Pour la fanatique du contrôle qu’elle est, cet homme-enfant était imbuvable. Il était trop arrogant à son goût, trop vivant, trop dissipé, trop volage, trop attirant, trop désinvolte… Le maître incontesté du macabre était trop, tout simplement.

Mais avec le temps, il lui avait laissé entrapercevoir une autre facette de l’homme mystérieux qu’il était. Elle trouvait en lui un fils aimant, un père attentionné, un homme adorable, un partenaire indiscutable, un ami indispensable, un meilleur ami irremplaçable. Elle ne s’imaginait tout bonnement plus vivre sans lui.

Depuis peu, elle osait enfin s’avouer qu’elle aimait. Elle l’aimait lui, pas son compte en banque ou l’image publique, non, elle était folle de Richard Rodgers. Il était tellement aux antipodes de ce que les journaux griffonnaient à son sujet, qu’il ne pouvait en être que plus attirant.

Kate n’était pas le genre de femme à tergiverser pendant 20 ans pour savoir ce qu’elle allait porter. Néanmoins, elle était prise dans un dilemme. Elle tentait de trouver ce qui ne paraîtrait ni trop aguicheur ni trop prude. La jeune femme opta finalement pour un jean bleu foncé moulant, une chemise blanche cintrée et une paire de talons hauts. Elle releva ses cheveux laissant quelques mèches en liberté. Elle termina par un brin de maquillage pour masquer la fatigue et illuminer son regard. Elle attrapa son manteau, ses clefs, son sac à main et sortit de chez elle un sourire accroché à ses lèvres.

Au feu à l’angle de la 57th et de la 8th Avenue, elle aperçut une enseigne de café qu’elle ne connaissait que trop bien. Castle lui apportait son café préféré, tous les matins, depuis quatre ans. Quoi de plus symbolique que d’arriver avec un de ces cafés aujourd’hui. Elle devait mettre toutes les chances de son coté, et leur « je t’aime » dissimulé était sans doute la meilleure de toutes. Elle espérait voir apparaître sur son visage un sourire semblable à celui que lui procurait cette petite attention.

Devant la porte de sa chambre, dire qu’elle était sereine serait un mensonge. Elle souffla et passa sa main sur sa nuque. Elle jeta un coup d’œil aux deux gobelets, sourit, frappa et poussa la dernière barrière entre elle et son écrivain.

En entendant les coups à sa porte, Castle soupira. Il ne se sentait pas capable d’écouter une nouvelle fois les remontrances de sa mère. Il ne se sentait pas capable de réaffronter le regard empli de pitié et de colère de sa fille. Il ne sentait pas capable de sourire aux sous-entendus de l’infirmière. Il ne se sentait pas capable de supplier le médecin pour sortir plus tôt. Il voulait qu’on l’oublie ne serait-ce que pour quelques heures. Il demandait pas grand chose au fond, juste quelques heures…

Et comme une éclaircie un jour de pluie, Katherine Beckett entra dans sa chambre. Son doux parfum de cerise se répandit dans la pièce pour son plus grand plaisir. Il se redressa et passa une main dans ses cheveux indisciplinés. Lorsque ses yeux se posèrent sur les deux cafés, son cœur se fendit et son mensonge lui revint en pleine figure.

D’un geste timide, elle lui tendit son gobelet. Il avança sa main et lorsqu’il referma ses doigts autour, il les posa délicatement sur ceux de sa partenaire. Aucun des deux ne semblait vouloir interrompre ce contact dans lequel ils s’attardaient plus que nécessaire. Comme dans la normalité des choses, ce fut Beckett qui ôta ses doigts la première. Castle sentit le froid envahir son être et une sinistre impression d’abandon s’empara de lui.

 

  • Bonjour, déclara-t-elle timidement.
  • ...
  • Vous vous rappelez de moi ?

 

Comment oublier un tel visage ? Un tel charisme même quand elle ne se sentait pas à sa place ? Comment oublier la femme qui accapare vos pensées depuis des lustres ?

 

  • Même si je le voulais, je ne pourrais jamais t’oublier Kate ! Pensa-t-il.  

 

  • On s’est vu, il y a deux jours, ajouta-t-elle face à son mutisme.
  • Oui, je me souviens, déclara-t-il dans un souffle.

 

Le silence envahit la pièce. Il se tortilla dans son lit, fixant le liquide noir qui ondulait légèrement dans le gobelet cartonné. Ce jeu cruel avait assez duré, il se devait d’être sincère et franc.

Toujours debout à coté du lit, l’angoisse reprenait ses droits dans le cœur de la jeune femme. Elle allait ouvrir la bouche pour enchaîner sur des banalités mais Castle la devança en levant les yeux sur elle.

 

  • Kate, asseyez-vous, s’il vous plait…

 

Elle se positionna dans le fauteuil à gauche de son lit sans le quitter des yeux. Elle connaissait ce regard. Il avait le même le soir où il était revenu au poste afin de s’excuser d’avoir rouvert le dossier de sa mère. Elle s’attendait au pire, retenant son souffle sans même s’en rendre compte.

 

  • Je… Je vous ai menti, Kate…
  • Pardon ? S’enquit-elle surprise.
  • Je n’ai jamais oublié ton sourire ou ton shampoing à la cerise. Je n’ai pas oublié que tu prends ton café avec deux dose de vanille. Je n’ai jamais oublié que ton animal préféré c’est l’éléphant pour leur force et leur loyauté. Je n’ai pas oublié que tu adore les plats à emporté. Je n’ai jamais oublié que tu parles le russe à merveille depuis ton semestre à Kiev. Je n’ai pas oublié que tu as toujours été là pour Alexis. Je n’ai jamais oublié que tes soirées avec Lanie autour d’un verre de vin sont sacrées. Je n’ai pas oublié que tu roules des yeux quand je t’exaspère. Je n’ai jamais oublié que tu mordilles le bout du marqueur quand tu t’acharnes face au tableau blanc. Je n’ai pas oublié que tu te mords la lèvre inférieure dans de nombreuses situations. Je n’ai jamais oublié que ton rêve le plus fou était de présider la cour suprême. Je n’ai pas oublié que tu détournes le regard quand tu veux m’observer en douce mais que mes yeux sont déjà sur toi. Je n’ai jamais oublié que tu dors armée. Je n’ai pas oublié notre baiser sous couverture qui me donne encore la chair de poule. Je n’ai jamais oublié que le jour où tu marieras se sera le bon, le seul et l’unique. Je n’ai pas oublié que tu gardes la bague de ta mère pour te souvenir de la vie que tu as perdu et la montre de ton père pour celle que tu as contribué à sauver. Je n’ai jamais oublié les quatre meilleures années de ma vie…

 

Castle détourna le regard face à celui perçant de la jeune femme. Beckett n’avait pas bougé d’un pouce, elle n’avait même pas cligné des yeux. Elle était simplement là, en face de lui, le dévisageant. Elle ne criait pas, ou du moins pas encore.

 

  • Kate, j’t’en pris, dis quelque chose…

 

Son regard s’intensifia. En se préparant ce matin, elle était bien loin de s’imaginer que ce rendez-vous se passerait ainsi. Elle n’avait même pas la force de parler alors encore moins de crier.

 

  • Pourquoi ? Articula-t-elle, quelques minutes plus tard, la gorge serrée.
  • Parce… Parce que… Tu m’as menti…

 

Il n’eut même pas besoin de préciser la nature de son mensonge. Lorsqu’il vit le regard de sa partenaire se voiler, il sut qu’elle comprenait.

 

  • Je ne pourrais pas oublier ton regard dans cette chambre d’hôpital où tu m’as regardé droit dans les yeux en me disant que tu ne te souvenais pas.
  • Tu… Tu t’es vengé ? Tu m’as laissé croire pendant deux jours que nous n’avions plus rien en commun ? Déclara-t-elle d’une voix brisée.
  • Je… Euh… Oui…
  • A quel moment tu t’es dis que ça pouvait arranger les choses entre nous ?
  • Euh… Eh bien… Je n’y pas vraiment réfléchi… J’étais simplement blessé…
  • Tu étais blessé ?! Pauvre chou ! Je sais que tu as l’amnésie facile mais n’oublie quand même pas que j’ai pris une balle ce jour-là !
  • Tu m’as avoué la réciprocité de tes sentiments parce que tu pensais que j’allais y passer. Désolé mais je n’ai pas besoin de ta pitié, Kate… J’aurais très bien comprendre que tu ne voulais voir en moi qu’un simple ami.

 

Beckett tomba dénue. Elle lui avait dit qu’elle l’aimait. La dernière fois qu’elle avait prononcé ces mots, ils étaient destinés à sa mère. Et monsieur osait prendre ça à la légère, il prenait cela pour de la pitié ? Elle pensait le connaître mais en vérité, il n’était que rancune et amertume. Kate se trouvait stupide de ne serait-ce que d’avoir pensé que le grand Richard Castle serait capable d’attendre qu’elle soit prête à l’aimer.

Castle venait de replonger les yeux dans son café. Il n’avait même pas le courage de soutenir son regard.

 

  • J’étais prête, Castle. Le midi où l’on a mangé ensemble au pied de mon canapé, j’étais prête…
  • Kate, je…
  • J’avais confiance en toi ! Naïvement, je pensais que ce que nous avions vécu comptait un tant soit peu…
  • Evidemment que ça compte !
  • Vraiment ? Tu aurais pu retourner dans les Hampton et remettre le couvert avec Gina mais me mentir pour me punir…
  • Gina ? Ca n’a rien à voir avec Gina, c’est juste toi et moi !
  • Juste toi et moi ?! Laisse moi rire ! Si c’était « juste toi et moi », tu serais venue me demander des explications au lieu de jouer avec ce qui me fragilise depuis des mois…
  • Huit mois, Kate ! Alors que je n’ai réussi qu’à tenir que deux nuits ! Cracha-t-il.
  • Désolée, j’ignorais que l’on tenait les comptes !
  • Comment tu as pu me sourire pendant huit mois en sachant ce que je ressentais pour toi ?
  • J’ai eu peur Castle ! J’étais terrorisée à l’idée de tout perdre. J’étais une femme détruite dans cette chambre d’hôpital et tu me regardais en attendant tellement de choses de moi… Je ne pouvais pas…
  • Tellement de choses ? Juste un « moi aussi » ou « il n’y aura jamais rien entre nous, Castle » !
  • Ce n’était pas si simple, et tu le sais !
  • Evidement, avec toi rien n’est simple. Il a fallu que je te mente à mon tour pour qu’on ai cette conversation !
  • Arrête de trouver une excuse à ton comportement… Le coupa-t-elle, excédée. Il n’y en a pas…
  • Parce que tu trouve que l’éloignement est une excuse valable ? T’as préféré tout contrôler seule… Mais Kate, il y a un jour où tu te rendras compte que l’on ne peut pas vivre sereinement sans laisser les autres s’occuper de soi. Mais quand ce jour arrivera, je ne serais plus là. J’en ai ma claque d’attendre un geste de ta part…

 

Elle sentit les larmes arrivaient à la bordure de ses yeux. Elle avait chaud et envie de vomir mais elle ne devait pas craquer, pas devant lui en tout cas.

 

  • Pour être celle que tu idéalises, celle sur laquelle tu fantasmes dans tes romans, je devais travailler sur moi même. Je suis une thérapie pour tenter d’accepter tout ce qui a pu se passer ce jour-là, absolument tout...
  • Une thérapie ? Comment aurais-je pu deviner ? Tu aimes tellement être brisée, Kate… Rétorqua-t-il.

 

Elle resta interdite, elle venait de recevoir une gifle phénoménale. Elle aurait, sans doute, préféré un coup dans l’estomac que de devoir encaisser ses paroles. Elle n’avait pas la force de renvoyer la balle, elle retenait ses larmes qui menacer de couler. Son cœur s’était réveillé avec lui, et malheureusement, il s’éteignait à cause de lui…

 

  • Excusez moi mais vous êtes dans un hôpital. Il faudrait baisser d’un ton, déclara un médecin en passant la tête dans l’entrebâillement de la porte.
  • De toute façon… Je partais, déclara la jeune femme en attrapant son manteau.

 

Beckett hésita un quart de seconde et finalement, elle le regarda avant de quitter la pièce. Elle put voir dans ses yeux bleus océan qu’il regrettait déjà ses mots mais le mal était déjà fait… C’était trop tard…

Dans le couloir, elle entendit Castle supplier le médecin de la rattraper mais elle accéléra le pas et quitta Saint Vincent le cœur lourd.

 

~~~~~~~~~~

 

Allongée dans son bain, elle n’arrivait pas à se le sortir de la tête. Depuis deux semaines, elle errait comme une âme en peine entre le quatrième étage du 12th et son appartement n’arrivant pas à oublier cet homme.

Kate se laissa glisser sous l’eau pour en sortir les cheveux mouillés. Elle remonta ses mains au dessus de sa tête pour les mettre en arrière. La jeune femme attrapa sa serviette légèrement chaude et s’enveloppa dedans dans un souffle de contentement. Elle enfila un pull et un jean choisi au hasard et s’apprêtait à s’écrouler sur son canapé lorsque l’on frappa à sa porte.

Elle fut surprise de le trouvait là, aucune nouvelle en quinze jours et Castle atterrissait à 22h, trempé jusqu’aux os, sur le pas sa porte. Elle laissa ses yeux dévorer son torse musclé que sa chemise humide moulait à la perfection.

 

  • Qu’est ce que vous voulez Castle ?
  • Toi !

 

Rick hésita un instant. S’ils n’étaient pas sur la même longueur d’ondes, elle lui collera une balle entre les deux yeux pour une telle audace. Mais il était prêt à courir ce risque. Il s’empara de ses lèvres. Kate ne répondit pas au baiser, et finalement, elle posa ses mains sur les épaules de Castle pour se défaire de son emprise.

 

  • La passion ne peut pas résoudre tous nos problèmes, Castle !

 

Elle voulu lui claquer la porte au nez mais l’écrivain glissa son pied dans l’entrebâillement de la porte.

 

  • Kate, attends, s’il te plait ! Je ne me fais pas d’illusion, on sera comme tous les autres couples. On aura nos coups de gueule, nos malentendus et nos non-dits, surtout des non-dits nous connaissant, ajouta-t-il. Quelques journées noires et à l’avenir des nuits blanches. Mais Kate, croire en l’amour c’est tout ce qui compte au fond !

 

Il s’approcha doucement et caressa sa joue du bout de son pouce. La jeune femme aurait pu le repousser mais le voulait-elle vraiment ? Elle s’humecta les lèvres d’envie et Castle fondit sur ces dernières. Mon dieu, elle avait oublié qu’il embrassait si bien. Elle laissa ses mains vagabondaient dans les cheveux de son amant, alors que les siennes s’étaient posées dans le creux de ses reins.

Il lui intima de reculer et la colla contre la porte. Elle écarquilla les yeux partagée entre l’étonnement et la colère. Dans un mouvement viril, il rapprocha leurs bassins lui tirant un gémissement de surprise, sans délaisser ses lèvres pour autant.

Plaquée contre cette porte, si proche de son partenaire, elle se sentait défaillir. Elle sentit langue de Rick caresser sa lèvre inférieure et sans lutter elle le laissa approfondir le baiser. Leurs langues se redécouvraient, se caressaient, s’apprivoisaient, se délectaient l’une de l’autre. L’échange devint rapidement fougueux et exigent mais Castle décida de reprendre le contrôle de la situation. Après tout, ils avaient tout le temps… Ou plutôt toute la nuit pour s’aimer.

Il quitta ses lèvres et balaya délicatement ses cheveux sur le côté pour déposer une multitude de petits baisers au creux de son cou. Il était enivré par ce doux parfum de cerise qui s’envolait à chaque mouvement. Sa bouche avait élu domicile sous son oreille où il aspirait sa peau entre ses lèvres afin de la marquer. Il sut qu’il venait de trouver un de ses points sensibles lorsqu’un cri de plaisir lui échappa.

 

  • Et… Si je… J’avais… été avec quelqu’un ? Haleta-t-elle.
  • C’est le cas ? Demanda-t-il en relevant les yeux vers elle.
  • Non mais…
  • Donc je peux continuer ? La coupa-t-il.
  • T’as même plutôt intérêt !

 

Kate sentit alors une de ses mains glisser de sa hanche à sa fesse. Puis elles passèrent atrocement lentement sous son pull. Ce simple contact la fit frissonner. Elle sentit ses seins pointer et un chaleur familière commença à naître entre ses cuisses. Elle gémit contre ses lèvres.

 

  • Castle…

 

Ses doigts étaient à peine sur sa peau et elle ne tenait déjà plus. Elle se surpris à ne même plus reconnaître sa voix devenue rauque par le désir. Elle n’avait jamais ressenti cela avec un autre que lui, il était doux mais incroyablement possessif. Elle n’avait pas pour habitude de laisser ses amants guider leurs ébats mais Castle menait le bal et étrangement, ce n’était pas pour lui déplaire.

Il caressa sensuellement son ventre, remonta le long de ses côtes et le pull finit quelque part sur le sol du salon. Il effleura de ses pouces la peau au dessus de son soutien gorge.

Kate passa délicatement ses doigts sur la joue de l’écrivain, le bruit de sa barbe naissante l’électrisa. Désirant sentir sa peau contre la sienne, elle s’attaqua aux boutons de sa chemise. Elle les défit un par un et chaque parcelle de son corps nouvellement découverte fut parsemée d’un baiser brulant. Castle ne pensait pas survivre à leur étreinte. Le dernier bouton céda et elle déposa donc ses lèvres juste à la bordure de sa ceinture.

 

  • Kate…

 

Elle sourit contre sa peau, elle aimait l’effet qu’elle avait sur lui. En manque de ses lèvres, elle se redressa et ses yeux s’arrêtèrent sur la cicatrice de son homme. Inconsciemment, elle passa ses doigts sur la sienne. Castle qui n’avait rien manqué de la scène, l’attira à lui. Leurs lèvres s’effleurèrent, il se voulait rassurant. Cette nuit était la leur, les doutes et les blessures n’y avaient plus leur place.

En se détachant de ses lèvres, elle rencontra son regard assombri par le désir. Elle l’emmena dans un nouveau baiser bien plus urgent tout en ondulant du bassin rapprochant leurs intimités. Les gémissements remplirent la pièce.

 

  • Castle… Ma chambre…

 

Il la souleva et les guida vers la chambre de la jeune femme. Il la déposa sur le lit en recouvrant son corps. Ses main glissèrent de sa poitrine à ses flancs jusqu’à atteindre le bouton de son jean. Mais il s’arrêta et remonta ses doigts dans son dos, non sans un grognement de mécontentement.

Frustrée qu’il la torture ainsi, elle inversa leurs positions. A califourchon sur ses cuisses, elle affichait un sourire vainqueur.

 

  • Kate… Je ne n’avais pas fini ! Râla-t-il.
  • Désolée chaton… Mais tu te traines un peu…. Déclara-t-elle en happant sa lèvre inférieure.

 

Allongée sur son partenaire, elle laissa vagabonder sa main entre leurs corps impatients. Kate descendit son jean et remonta dans une démarche féline le long de ses jambes. Elle passa atrocement lentement sa main sur sa virilité plus qu’évidente.

 

  • Kate… Arrête ça…

 

Elle sourit et fut surprise lorsque Castle la plaqua sur le matelas. La trouvant trop habillé, il s’attaqua sans la moindre hésitation au jean de sa partenaire. Le corps qui occupait ses fantasmes les plus fous était en sous-vêtements bleus nuit en face de lui. Il la trouvait tout bonnement sublime, il était sans voix. Il taquina du bout des doigts le haut de son string qui laissait peu de place à l’imagination, la faisant haleter davantage si cela fut possible. Elle lâchait totalement prise la rendant encore plus désirable.

Castle détacha de manière experte son soutien-gorge et fondit sur son sein gauche. Elle sentit son souffle s’approcher et agrippa les draps. Il titilla du bout de sa langue son téton alors qu’il faisait rouler entre son index et son pouce son jumeau. Ses lèvres glissèrent entre ses monts et il recommença la même torture avec son sein droit. Il éveillait des zones sensibles dont elle ignorait l’existence.

L’écrivain posa ses mains sur sa hanche en la regardant dans les yeux comme pour obtenir l’autorisation d’aller plus loin. Elle lui sourit et l’embrassa amoureusement. Heureux qu’elle ne fuit pas, il quitta ses lèvres pour l’intérieur de sa cuisse. En peu de temps, le morceau de dentelle quitta l’équation.

Elle se redressa et la vision de Castle entre ses cuisses qui s’occupait activement de son intimité la fit rougir. Il était doux et attentionné dans ses caresses, elle se sentait décoller rien qu’en sentant la langue de son amant jouer avec son clitoris. Elle laissa ses doigts vagabonder doucement dans ses cheveux et raffermit sa prise lorsque Castle immisça son majeur en elle. Après de légers va-et-vient, elle resserra les cuisses autour de son visage et Beckett s’envola dans son premier orgasme.

 Mais ce n’était pas suffisant à son goût, elle le voulait lui, lui dans sa totalité. Elle empoigna ses fesses et le tira à elle, s’emparant de sa bouche avec avidité et encercla sa taille de ses jambes interminables.

 

  • Kate…
  • Hmmm ?
  • T’as des préservatifs ?
  • Euh… Oui… Le tiroir à droite.

 

Il s’étira afin d’atteindre la table de nuit. Chaque centimètre du corps de la jeune femme était consumé par le désir et sentir son érection contre son bas-ventre n’arrangea rien à son état.

 

  • Lieutenant, une boîte neuve ! Vous avez des projets ?
  • Hum… Tu n’as pas idée…

 

Alors qu’il se débattait avec l’emballage, elle s’en saisit et le déroula sur sa longueur.

Ils se regardèrent, s’embrassèrent et dans un mouvement de rein, Castle s’immisça en elle. Il attendit qu’elle s’habitue à lui et lorsqu’il la sentit se tortiller contre son bas-ventre, il commença à se mouvoir en elle. Elle haletait sous la puissance dont il faisait preuve.

Elle se sentait partir, c’était tout bonnement fabuleux. De son côté, Castle sentait également son moment approcher à grands pas, mais il se refusait de partir sans elle. Dans un dernier assaut, elle laissa une vague de plaisir la submerger.

 

  • Castle… Je vais… Oh mon dieu…

 

Son corps engourdi s’enflamma. Elle arqua son dos pour se dresser contre son torse, ses ongles maltraitèrent son dos et elle implosa autour de lui.

 

  • Riiiiiiiick !

 

La sentir perdre pied sous le poids de son corps eut raison de lui et il rendit les armes.

 

  • Kaaate !

 

Il retomba en sueur sur le corps de sa partenaire et bien plus que ça à présent. Elle affichait un sourire béat sur ses lèvres et il en fut ravi. Il se retira progressivement, laissant Kate en manque de lui. Elle ne se serait jamais crue aussi dépendant d’un homme et pourtant, elle voulait encore le sentir en elle. Elle se redressa et vint se positionner sur ses cuisses.

 

  • Kate… On vient à peine de s’allonger… Je reste un homme pas un lapin ! Ria-t-il.
  • C’est à mon tour de te faire perdre la tête, Writer Man… Susurra-t-elle à son oreille.

 

Le second round s’acheva et elle vint se lover dans ses bras où elle s’endormit paisiblement.

 

~~~~~~~~~~~

 

Un rayon de soleil perça à travers ses persiennes pour venir effleurer son visage encore endormi. Elle laissa échapper un grognement et enfonça la tête dans son oreiller. Elle étendit son bras et tapota à côté d’elle. Prise dans un vent de panique, elle se redressa et fut soulagée en constatant qu’un jean et une chemise gisait sur le sol de sa chambre.

Rick apparut dans l’encadrement de la porte avec deux tasses à café encore fumante. Il sourit et s’approcha pour déposer un doux baiser sur ses lèvres.

 

  • Alors ce n’était pas un rêve ?
  • Non, ça c’est sur, c’était pas un rêve ! Répondit-il un sourire aux lèvres.
  • Alors t’as aimé ?

 

Elle s’en voulu de poser une telle question, on aurait dit une adolescente après ses premiers rapports sexuels. Mais elle avait besoin de savoir ce qu’il en avait pensé.

 

  • Oh oui !
  • Même le moment où ?
  • Surtout le moment où, j’ai adoré !
  • Bien, moi aussi, sourit-elle.

 

Ils se regardèrent un moment et Castle brisa l’instant.

 

  • Alors… C’est du sérieux ? Demanda-t-il hésitant.
  • Euh… Oui !
  • Très bien, pour moi aussi ! Répondit-il en l’embrassant.
  • Mais… Rick… C’est la première et dernière fois que l’on se réconcilie sur l’oreiller !
  • Pourquoi ? On est plutôt doués !
  • Peut-être mais je te l’ai dit hier soir, c’est stupide de croire que la passion peut résoudre tous nos problèmes.
  • Bien lieutenant.

 

Il déposa sa tasse et prit celle de Beckett. Il s’allongea sur elle et commença à laisser ses mains redécouvrir ce territoire qu’il avait exploré toute la nuit.

 

  • Rick… Haleta-t-elle. Je vais être en retard… Il faut que j’aille à la douche…
  • Je ne trouve pas très prudent de te laisser y aller seule…
  • Castle, c’est mon boulot et en général, tu n’es jamais très loin ! Répondit-elle essayant de lui échapper sans se débattre pour autant.
  • Je parlais de la douche Kate… Répondit-il alors que ses lèvres se firent de plus en plus audacieuses.
  • Rick… Stop… On reprendra ce soir mais je dois vraiment y aller…
  • Très bien… Répondit-il frustré.
  • Merci Babe.

 

Elle lui piqua un baiser langoureux et fila vers la salle de bain dans le plus simple appareil.

 

  • A très bientôt, j’espère…
  • ‘‘…’’
  • Trop tôt ? Demanda-t-il dans un sourire gêné.
  • Oui, Castle ! Beaucoup trop tôt même.

 

Il tomba sur l’oreiller de la jeune femme et ferma les yeux se laissant bercer par les effluves de cerise qui lui parvenait. Il afficha un sourire épanoui. Il se sentait renaître et ça ne faisait que commencer.

 

FIN 


ArthurRrr  (03.05.2017 à 16:09)

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