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Interdit aux moins de 18 ans

Seconde chance

Série : Castle
Création : 22.02.2017 à 15h52
Auteur : billy 
Statut : Terminée

« Toutes les grandes histoires d'amour méritent une seconde chance, mais si cette dernière ne se présentait pas sous la forme que vous attendiez ?  » billy 

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Nouvelle histoire dans un registre totalement différent pour moi. Cette fanfic est à classer dans les OOC. Je vais plus me concentrer sur les personnages mais je n'exclue pas une petite enquête policière.

Ce prologue donne le ton de l'histoire. Espérons qu'ils vous plaisent. Comme toujours, j'attend vos commentaires...Bonne lecture !

Toutes les grandes histoires d'amour méritent une seconde chance, mais si cette dernière ne se présentait pas sous la forme que vous attendiez ?


PROLOGUE : Seconde Chance


Debout près de la porte du loft, elle tentait de calmer le stress qui l'envahissait. Son coeur tambourinait comme si elle allait se confesser pour un pêcher. Elle ne savait pas comment lui annoncer la nouvelle sans lui faire de peine.
Les mains dans les poches, elle se souvenait de leurs nombreuses conversations qui l'incitaient à avancer, à être heureuse , à ne pas faire cas du passé et à aller de l'avant. Mais malgré ses efforts à l'avoir pousser dans ce sens, Kate redoutait quelque peu de lui annoncer la nouvelle.

Soupirant une nouvelle fois, elle vérifia qu'il n'était pas trop tôt. Dès qu'elle s'était levée du lit, elle avait décidé de mettre ses craintes de côtés et d'aller tout lui dire. Cela faisait des jours , qu'elle ressassait sans cesse cette conversation dans sa tête et ce matin, elle s'était décidée à tout avouer. Frappant deux coups à la porte, elle se demandait encore si elle faisait le bon choix, si lui en parler était la bonne chose à faire, mais finalement, ne rien dire serait un mensonge par omission , et ce n'est pas le genre de relation qu'elle souhaitait. Perdue dans ses pensées, elle en sortit quand la porte du loft s'ouvrit sur un visage surpris.

-Kate, chérie, je ne t'attendais pas, sourit Martha en ouvrant la porte en grand
-Oui. Je suis désolée, j'aurais sûrement dû vous appeler ou…
-Balivernes ! Tu sais très bien que tu es ici chez toi, assura la matriarche tout en l'étreignant.

Elle avait beaucoup maigri et ses traits fatigués révélaient une grande tristesse. Malgré tout le maquillage qu'elle tentait d'utiliser pour cacher son désespoir, Beckett n'était pas dupe. Le temps lui avait infligé bien des misères, et la grande Martha Rodgers, toujours joviale et bout en train des années précédentes avait laissé la place à une femme marquée par la vie.

-Rentre donc, chérie, sourit la mère de Castle en la voyant la scruter avec inquiétude. Veux-tu un thé ?
-Oui, merci...un thé serait parfait .
-As-tu déjeuné? Je peux très bien nous faire quelques oeufs ou…
-C'est gentil, Martha mais je dois aller travailler.
-Un thé , alors, acquiesça-t-elle en se dirigeant vers la bouilloire tout en lui faisant signe de l'accompagner.

Chaque pas dans ce loft était comme une gifle en pleine de figure pour Kate, un poignard qu'on enfonçait encore un peu plus loin à chaque visite. Elle ne venait presque jamais ici. Elle arrivait toujours à s'arranger pour voir Martha en dehors ou chez elle. Elle ne supportait pas d'être ici , le loft s'était Rick...c'était eux. Son odeur, ses affaires, tout lui rappelait Castle.
La boule au ventre, elle suivit Martha jusqu'à la cuisine en tentant de ne pas regarder en direction de son bureau.
Rien n'avait changé depuis son absence. Martha n'avait rien bougé. Toutes ses affaires étaient restées à l'endroit même où il les avait laissées. Comme si le temps s'était figé depuis son départ.

Baissant le regard, sur la tasse que lui tendait Martha, Beckett tentait de chercher ses mots sans laisser ses yeux vagabonder dans le loft. Dieu, que c'était difficile d'être ici.

-Alors, est-ce une visite de courtoisie ou il y a-t-il un problème ?

Depuis que Castle était parti, Kate n'avait cessé de prendre des nouvelles de la matriarche. Elles avaient tissé un lien toutes les deux. Elles ne passaient pas une semaine sans se voir ou s'appeler. Beckett était devenue la bouée de sauvetage de Martha.

Scrutant la jeune femme en face d'elle, Martha commença à s'inquiéter. Jamais encore , elle n'avait semblé aussi stressée ou inquiète. Elle savait pertinemment que Beckett avait du mal à être ici , ce qui augmenta un peu plus son angoisse. Pourquoi se déplaçait-elle aujourd'hui et sans s'annoncer?

-Est-ce Lily ? demanda-t-elle morte de peur
-Non, tout va bien avec Lily. Elle a hâte de vous voir vendredi soir.
-Moi aussi. Elle grandit si vite, fit-elle pleine de nostalgie, les mains tremblantes, en pensant à Alexis au même âge.
-Elle doit jouer Cendrillon dans le spectacle de l'école. Elle va certainement vous montrer ses performances d'actrice, sourit Beckett en s'apercevant de la tristesse de Martha.
-Elle a ça dans le sang, acquiesça-t-elle en se raclant la gorge comme pour reprendre contenance. Alors qu'est-ce qui t'amène ? Non que je m'en plaigne, ajouta-t-elle devant la mine soucieuse de Kate.

Faisant tournoyer la cuillère dans son thé, elle repensa aux mots de Lanie la veille :

"Elle sera heureuse. Elle t'a toujours soutenue."

-Chérie ? demanda Martha en caressant doucement la main de Kate pour la sortir de ses inquiétudes
-Martha….je ne sais pas pour ou commencer, soupira-t-elle

- Eh bien , Richard disait toujours qu'une bonne histoire commence par le commencement

- Oui...c'est vrai...alors...heu...je vois quelqu'un depuis un moment déjà.

-Hum. Ce David est très gentil et très beau garçon, acquiesça Martha gentiment.

David Gallagher, 35 ans, dentiste. Kate l'avait connu au cours d'une enquête criminelle. Le jeune dentiste avait été le dernier à voir, vivante, la victime de Beckett. Quand l'affaire avait été close, David avait rappelé Kate et avait insisté pour prendre un café avec elle. Après plusieurs refus de sa part, elle avait finalement accepté. La soirée avait été agréable, mais Beckett lui avait annoncé qu'elle ne se sentait pas prête à avoir un homme dans sa vie actuellement. Comprenant sa situation personnelle, il avait accepté à la seule condition qu'ils deviennent amis. Les semaines avaient passé pour laisser place à des mois.
L'amitié avait été remplacée par de l'amour. Elle avait appris à l'aimer, lui, et à ne plus le comparer à avait appris à vivre à nouveau sans lui.

David était un homme grand, blond, avec un physique de rêve. Il était aussi extrêmement patient, et amoureux de Kate. Cela faisait désormais un an et demi qu'ils étaient devenus un « nous ».
Martha avait fait sa connaissance quand ils étaient encore amis. C'était elle qui l'avait poussée vers lui.

"Tu es jeune et magnifique, darling. Ne gâche pas ta jeunesse à attendre un fantôme. Tu mérites d'être heureuse."

Voilà les mots qu'elle avait employés à l'époque. Alors pourquoi était-elle aussi nerveuse à l'idée de lui avouer la vérité ? Parce qu'elle le savait, elle lui briserait le coeur.

-Chérie, si la nouvelle est que David et toi vous êtes ensemble et bien désolée de te le dire mais ce n'est pas un scoop. Et je suis très...
-On va se marier, la coupa, d'une voix hésitante, Kate toujours la tête basse.

Stupéfaite devant la nouvelle, Martha sourit en premier lieu, pour enfin poser le regard sur son annulaire gauche. Une magnifique bague sertie d'un diamant trônait sur le doigt de Kate. Prenant sa main en otage, avec une infinie douceur, elle découvrit l'anneau et murmura :

-Elle ressemble beaucoup à celle que Richard a…

Se rendant compte de la bêtise qu'elle allait dire, elle se tut et leva les yeux pour découvrir le visage peiné de Kate.

-Je suis certaine que Gina ou Méredith avaient de belles bagues. Rick avait bon goût, déglutit-elle douloureusement.

Martha se gifla mentalement pour sa maladresse. A aucun moment elle n'avait souhaité blâmer ou attrister la détective qu'elle avait appris à aimer comme sa fille. Et la bague à laquelle elle faisait référence se trouvait encore dans le tiroir du bureau de son fils. Cette bague lui avait été destiné, il y a des années désormais. Richard pensait faire sa demande mais la vie en avait décidé autrement et Kate n'avait jamais connu ses intentions à son égard.

-C'est une très bonne nouvelle chérie. Tu m'en vois ravie pour toi, se reprit Martha.
-Merci. C'est un homme bon…..il n'est pas…. Mais c'est un homme bon, murmura Kate en buvant son thé tristement

- A-t-il fait sa demande dans les règles ?

- Dans les règles ? sourit Beckett qui savait pertinemment ou voulait en venir la mère de Rick.

- Une femme de ta classe mérite une demande à sa hauteur. Alors restaurant ? fleurs ? genou à terre et belle déclaration ?

- Eh bien, en fait...

- Dis-moi pas qui ta fait sa demande sur l'oreiller après un moment d'extase ?

- Martha ! fit Kate gênée devant la mine réjouit de la matriarche

- Oh, chérie, tu n'as rien fait que je n'ai pas fait , reprit-elle malicieusement

- Oui..ben ...ceratine chose reste privée.

- Très bien , rit Martha

- Et pour information, ce n'était pas après un moment d'extase...

- oh...

- Il a mis un genou à terre et la fait dans les règles de l'art, confie Kate soulagée par la tournure de cette conversation.

- Tu m'en vois ravie. Ce jeune homme est tout ce que je pouvais espérer pour toi après..., enfin je suis heureuse, se racla-t-elle la gorge

- Merci, murmura Beckett
-Alors comment le prend ma princesse ?
-Elle est folle de joie. David et elle s'entendent à merveille. De toute manière, sans l'accord de Lily, je n'aurais jamais accepté.
-Je sais chérie, sourit tendrement la matriarche, qui savait pertinemment que le bonheur de Lily primait avant tout pour Beckett. Alors est-ce cela qui te met dans tous tes états ? Ton futur mariage ?
-Je….non….enfin….
-Katherine, quoi qu'il se passe, ne t'inquiète pas pour moi.
-David veut adopter Lily, chuchota-t-elle, gênée, en levant le regard sur Martha qui s'était figée à ses mots. On va former une famille et David est comme un père pour ma fille et…
-Je….je le sais, fit, peinée, Martha.
-Cela ne changera rien pour vous. Elle sera toujours votre petite-fille, ajouta Kate devant la tristesse de sa belle-mère.

Pendant plusieurs minutes, le temps se figea. Martha avait besoin de reprendre contenance face aux révélations de Kate. Tournoyant la cuillère dans sa tasse, elle repensait à ces six dernières années, Katherine avait fait face à l'absence de Richard comme elle l'avait put en élevant une petite fille remarquable. Elle ne pouvait pas la blâmer de refaire sa vie, mais le fait que Lily soit adopter lui retournait le coeur. La voix pleine de tristesse , elle demanda fébrilement :

-Elle va porter son nom ?
-Certainement.
- Oh, soupira-t-elle en retenant ses larmes
- Elle ne porte pas le nom de son père non plus et…, tenta de se justifier gentiment Beckett
-Je le sais chérie. Et ne vois aucune remontrance ou jugement dans ce que je vais te dire. Lily est mon rayon de soleil depuis….le drame. Vous êtes ce qui m'est le plus cher.
-Martha, je….
-Laisse-moi finir s'il te plaît. Il s'agit de ta fille et tu es la seule à même de prendre des décisions pour elle. Tu as fait un travail extraordinaire avec ma princesse. Tu es une mère exemplaire, Katherine.
-Mais ? demanda Kate devant la mine soucieuse de Martha
-Mais même si elle ne porte pas le nom de Castle ou Rodgers… Je pense qu'une partie de moi a toujours espéré qu'elle le ferait un jour.
-Martha, je suis désolée, souffla, peinée, Kate
-Tu n'as pas à l'être . Richard est le seul responsable de tout ce désastre, soupira-t-elle. C'est juste que tant que Lily était une Beckett, cela me donnait de l'espoir, je pense.L'espoir que mon fils n'était pas ...
-Je comprends, murmura Kate.
-Mais tu as aussi raison. David et toi êtes une famille désormais. La petite ne comprendrait pas si elle portait un nom différent de celui de sa mère, et tout comme toi, elle dot aller de l'avant. Je vais juste devoir m'y faire.
-Elle sera toujours une Castle…
-Vous serez toujours des Castle toutes les deux, affirma la matriarche en serrant les deux mains de Kate. Vous êtes ma famille...ne l'oublie pas.

Le coeur lourd, Kate baissa le regard pour cacher ses tourments. Une Castle…Elle avait rêvé de l'être. Elle avait mis des années à abattre ce fichu mur pour Rick, et maintenant elle allait en épouser un autre. Les larmes aux yeux, elle se dit que c'était la seule chose à faire. Elle devait tourner la page. Elle était amoureuse de David, et Lily avait besoin d'une figure paternelle à ses côtés. Elle avait besoin de donner un père à sa fille, pensa-t-elle douloureusement.

-Pourrais-je toujours lui parler de Richard…. Ou d'Alexis ? demanda Martha, qui ne souhaitait pas empiéter sur sa vie sentimentale.
-Quoi qu'il arrive, Rick sera toujours son père et Alexis sa soeur. Bien sûr que vous pouvez lui parler d'eux. Vous y êtes même obligée, sourit-elle, les larmes aux yeux. Je veux que ma fille sache d'où elle vient. Vous êtes sa famille , Martha et personne ne changera ça.
-Merci Katherine…merci pour tout.


billy  (22.02.2017 à 15:56)
Message édité : 03.05.2017 à 16:57

Chapitre 1...

Assise à son bureau, elle relisait toutes les notes barbantes que lui avait fait passer la direction: les changements d'horaires d'équipes, les nouvelles couleurs à choisir dans les salles d'interrogation, les nouveaux bons de commandes pour les fournitures...
On n'était qu'au milieu de la matinée et elle s'ennuyait déjà. Le travail de recherche et de terrain lui manquait énormément, mais pour le bien-être de sa fille , elle avait passé son examen de capitaine pendant son congé maternité et l'avait réussi haut la main.

Beckett avait beaucoup réfléchi à ce tournant dans sa vie professionnelle. Elle savait que, tôt ou tard , elle aurait eu à prendre ce virage, mais elle avait toujours espéré le retarder le plus longtemps possible.
Montgomery et Gates avaient toujours été des exemples pour elle. Mais même si leur travail au sein du douzième lui inspirait beaucoup de respect , elle ne les enviait pas. Des heures de paperasses, des ronds de jambes devant la hiérarchie ou les politiques, et des décisions parfois dures à prendre pour l'intérêt de l'équipe….

Non , être Capitaine n'était pas une vocation pour elle, mais une nécessité.Elle ne pouvait pas se permettre de risquer sa vie à chaque recoin de New-York en laissant derrière elle une orpheline.

Quand elle avait appris sa grossesse, tout était en ruine dans sa vie. Elle se débattait avec l'absence de Castle et le chagrin de Martha. Par bien de similitudes, la matriarche lui faisait penser à elle lors du décès de sa mère.
L'éclat de joie de Martha Rodgers avait disparu au moment même où Kate lui avait annoncé le pire. De toute sa carrière de détective, ce moment resterait à jamais le plus dur de toute sa vie. Elle se revoyait encore lui prendre la main, entourer d'une ribambelle de flics, et lui annoncer la terrible nouvelle. Ses pleurs lui avaient transpercé le coeur déjà bien affaibli. Martha avait ensuite plongée dans une profonde dépression. La matriarche refusait de se nourrir et de se lever.

Kate, qui n'arrivait même pas à faire face à la perte de Castle , avait dû prendre énormément sur elle pour épauler Martha par la suite. Elle l'avait accueillie chez elle malgré de nombreuses protestations de sa part.

Pendant plusieurs jours, elles avaient erré comme deux âmes perdues dans son appartement. Vêtues seulement de pyjama, elles ne quittaient quasiment pas leurs lits. Seuls les sanglots qui résonnaient dans chacune des chambres faisaient acte de présence. Les aller et venues de Jim, Lanie ou des gars n'atténuaient pas la douleur au fond de leur coeur. Kate se souvenait très peu de ces instants , fugace mais au combien rassurant, ou son père lui caressait les cheveux pendant qu'elle sanglotait au fond de son lit, ou des paroles réconfortantes de son amie " Je suis là...ça va aller...on est tous là , honey"

Après l'avoir pleurer, Beckett avait été furieuse , et quelque part, même aujourd'hui , elle en voulait encore à Rick.

Il les avait abandonnées toutes les deux. Il était parti sans prévenir qui que soit. Elle n'avait même pas eu droit à un au-revoir.

Comment avait-il pu les abandonner ainsi ?Comment avait-il pu la laisser sans se retourner ?

Les jours étaient passés, puis au bout de quatre semaines à se lamenter sur son sort, elle avait repris le chemin du ne pouvait plus continuer ainsi , à se morfondre au fond de son lit, en pleurs et très souvent un verre à la main, elle ne supportait plus d'entendre les pleurs de Martha dans la chambre voisine, alors un matin, elle s'était levée, douchée et était partie au travail . Elle se souvenait encore des paroles qu'elle avait échangé avec la matriarche avant de partir :

- Je vais aller travailler...on se voit ce soir.

- Hum, avait gémit Martha , allongée sur la tranche en lui tournant le dos

- Martha, je suis désolée...je suis...

- A ce soir, Katherine.

Et sans un autre mot, le coeur lourd, Kate avait quitté son appartement pour partir travailler. Quatre semaines, sans avoir mis le nez dehors, cinq semaines sans avoir mis un pied au commissariat...et finalement , la tête haute, le coeur meurtri, elle avait décidé de se relever.

Mais Kate Beckett n'aurait pas été Beckett si elle n'avait tenté par tous les moyens de le retrouver. Toutes ses heures de repos avaient été investies, par la suite, dans sa recherche sur Castle. Non, elle ne le cherchait pas, elle le traquait.

Chaque relevé de compte, chaque appel avaient été étudiés. Mais après plus de cinq ans à travailler à ses côtés, Rick savait comment disparaître. Un seul retrait de plusieurs milliers de dollars, une fermeture de compte téléphonique et un don de tous ses biens à sa mère ou à Beckett avaient été ses dernières traces.

Elle avait hérité de sa maison dans les Hamptons et de tout l'argent lier de près ou de bien au Nikki Heat.

Kate ne dormait plus, ne mangeait plus. Quand elle n'était pas sur une affaire, elle rentrait chez elle veiller sur Martha et chercher Rick.

Seulement un matin , sa fatigue la rattrapa . La nausée l'avait prise, une sensation de chaleur intense et puis plus rien. Ses souvenirs suivants étaient les cris de Martha qui l'appelait sans cesse aux côtés des pompiers.

C'est ce jour-là que sa vie avait pris un virage à 180 degrés : elle était enceinte…..de huit semaines.
Elle se souvint encore des paroles du médecin à l'hôpital :

« Vous êtes enceinte mais vous semblez dénutrie et à bout de forces. Il va falloir faire attention à votre hygiène de vie désormais. Il en va de la santé de votre enfant »

Son enfant. Celui de Rick. Comment avait -elle pu rater tous les signes de grossesse ? Les nausées, la fatigue, le retard de règles ?
Mais surtout comment allait-elle faire pour mettre au monde un enfant en étant seule ?

Les jours suivant l'annonce de sa grossesse avaient été très flous pour elle. Elle avait l'impression de marcher à côté de sa vie. Elle se levait , mangeait, allait travailler, dînait et dormait. Dormir, oui, elle pensait qu'elle pourrait passer des jours à dormir.

Bizarrement l'annonce de la grossesse de Kate avait boosté Martha. Son chagrin et sa détresse étaient passés au second plan. Un petit-enfant , elle allait avoir un petit-enfant… Une lumière allait apparaître dans le gouffre noir de sa vie.
Dès lors, elle s'était forcée à se lever chaque matin et à épauler Kate dans sa grossesse.

Lily avait été l'électrochoc dont Martha avait besoin pour se relever.

Les recherches sur la disparition de Castle avaient été vaines, et après plus de six mois à le chercher dans tous les coins du monde, elle avait arrêté. Il ne souhaitait pas être retrouvé. Il les avait laissées derrière lui : Martha , Kate et désormais Lily. Il s'était levé un matin et était parti sans un regard derrière lui.

La colère de Beckett n'avait pas diminué, son inquiétude à son sujet également, mais plus les jours passaient, plus le terme de sa grossesse arrivait, et plus la crainte de devoir élever un enfant seule augmentait.

Comment allait-elle faire pour l'éduquer? Pour être présente avec son boulot prenant ? Comment allait-elle faire les nuits quand un corps tomberait ? Comment allait-elle survire à tout ça sans lui?

Le poste de Capitaine était devenue si limpide à sept mois de grossesse, qu'elle tenta le concours, l'obtint et raccrocha son badge et son arme.

Elle devait arrêter d'espérer son retour. Elle devait aller de l'avant pour son enfant. Elle devait affronter ce nouveau coup du sort de la vie. Elle avait donc mis au placard la chaise de Rick au preccint et fermer le cas de sa disparition .

C'est pour ces raisons que, pratiquement six ans après , elle se trouvait entourée de cette montagne de paperasse, à devoir choisir quelle serait la patrouille de garde pour le 25 décembre.

Tapotant nerveusement sur son bureau, son stylo à la bouche, elle releva le visage à l'arrivée d'Esposito.

-Yo, Capitaine.
-Hey, du nouveau sur l'affaire en cours ?
-Oui, on a chopé notre gars sur une des caméras de Lexington avec l'arme du crime à la main, et le visage en sang. Karpowsky et Ryan sont partis l'interpeller.

Depuis son changement de grade, Beckett avait dû laisser sa place de chef de brigade. Le choix entre Esposito et Ryan avaient été très difficile. Ils étaient comme des frères pour elle. Et même si Kévin venait d'être papa, elle avait choisi Javier. L'ancienneté avait primé sur le reste dans sa décision. Roselyn avait alors rejoint les gars au sein de l'équipe.

-Super, soupira Kate en s'étirant sur sa chaise.
-Dis, je voulais te demander une bricole, commença Javi en entrant dans le bureau pour fermer ensuite la porte.
-Oui ?
-Je voulais savoir si je pouvais emmener Lily au parc samedi après-midi ?

L'arrivée de Lily avait resserré les siens avec les gars. Eux si protecteurs avec Beckett avaient très mal vécu le départ de Castle, même s'ils en comprenaient un peu la raison. Mais la manière dont il l'avait fait était ce qui les contrariait le plus .

Depuis que la jeune Beckett était née, ils avaient épaulé comme ils le pouvaient Kate. Etre mère célibataire à N-Y n'était pas de tout repos , surtout quand vous mettez au monde la progéniture de Richard Castle.

Ils étaient les tontons blagueurs qui l'emmenaient au parc, au zoo et qui allumaient le gyrophare de la voiture de patrouille juste pour l'impressionner.

-Tu veux emmener ma fille au parc sur ton week-end de repos, sans que je ne te le propose ? fit Kate , suspicieuse, en le voyant se tortiller devant elle.
-Ouais. Tu pourrais te reposer, lire un bouquin, j'ai vu que le dernier livre Alex Conrad était sortie, ou,tu peux aller au SPA.
-Crache le morceau, sourit-elle, intriguée
-Tu vas crier alors qu'il n'y a aucune raison. Allez, fais-moi confiance, elle adore être avec son tonton et le parc avec les balançoires et le toboggan sont ….
-Javi ? insista Kate en le fusillant du regard
-ok…..d'accord…..Alors…..je suis célibataire depuis plus d'un mois et j'en ai marre.
-Eh ? …..tu ne penses pas emmener ma fille de cinq ans à ton premier rencard ? Non, que tu ne sois pas le gendre idéal, mais tu es un peu vieux pour Lily, non ? le taquina Beckett
-Non...très drôle.

- Aller, je t'écoute...explique-moi le lien entre le parc avec ma fille et ton célibat ?

- Ok...être père célibataire dans un parc pour enfant t'ouvre pas mal de voie, avoua-t-il en grimaçant
-Tu te sers de Lily comme appât ! fit-elle outrée
-Eh oh ! La petite n'est pas une sainte non plus ! La dernière fois , elle m'a fait payer 10 dollars pour mon silence.
-Et tu la rémunères en plus !
-ok, là je m'enfonce, marmonna-t-il, la tête basse.

Complètement ébahie devant son aveu, elle le toisa du regard plusieurs secondes, et lui répondit de façon très autoritaire :

-Trouve une autre façon de prendre des célibataires dans tes filets et ne paye plus ma fille pour qu'elle me mente.
-techniquement elle ne dit rien, alors ce n'est pas….., répondit-il en s'arrêtant net dans son explication devant le regard de Beckett. D'accord, mais si je finis seul toute ma vie, ce sera de ta faute, soupira-t-il, déçu, avant de quitter son bureau la tête basse.

Attendant qu'il referme la porte, elle se mit à sourire devant son idée absurde. Emmener Lily au parc pour faire des rencontres …..elle n'y avait jamais pensé…. En même temps , elle n'avait jamais vraiment cherché.

David s'était imposé à elle , deux ans après la disparition de Castle.

Il était gentil, prévenant et toujours enclin à la faire sourire. Quelque part il allégeait sa peine.
Il lui fallut beaucoup de temps pour lui laisser une chance de rentrer dans sa vie. Avec Lily , elle se méfiait encore plus . Dire que David dut persévérer et faire ses preuves pour obtenir sa place était un euphémisme.

Mais désormais, elle était fiancée. Elle n'arrivait toujours pas à le croire.

Appartement de Beckett, fin d'après-midi

Assis en face de sa petite-fille , Jim prenait le thé avec toutes ses poupées. Il adorait ces moments uniques qu'il pouvait passer avec elle. A bien des égards, elle lui rappelait sa propre fille. Lily était aussi têtue et intelligente que Kate. Son regard et sa gestuelle lui rappelaient tellement sa mère que par moments, il en restait ébahi . Seuls ses cheveux bruns, ses yeux bleus et son imagination débordante lui rappelaient Richard.

Depuis son départ, il lui en voulait énormément. Comment avait-il pu abandonner sa fille unique et sa mère sans un mot, une parole ?... Comment avait-il pu partir sans jamais donner de nouvelles ?

Il ne pouvait pas le blâmer ou le juger, quand sa femme était décédée , Jim s'était plongé dans l'alcool pour faire taire sa souffrance, mais il s'était ensuite battu pour sa fille. Pourquoi Richard n'avait-il pas eu la même réaction ?

Il se demandait souvent si sa décision aurait été la même s'il avait appris pour Lily. Non certainement pas, il n'aurait jamais laissé son enfant sans père. Lily était désormais son enfant unique. Jim comprenait ses raisons, Rick avait perdu sa fille, il avait le droit de gérer sa peine comme il l'entendait , c'est juste…..qu'après six ans, il avait espéré que son amour pour Kate ou pour Martha l'aurait ramené.
La perte de d'Alexis l'avait détruit, mais en même temps, l'avait empêché de connaître sa nouvelle princesse.

-Papi, tu sais, maman va se marier, sourit de toutes ses dents la petite Beckett, affublée de son costume de Cendrillon
-Oui, je sais. Tu es contente ?
-David a dit à maman qu'il voulait que je sois sa fille. Je l'ai entendu, tu sais.
-Oh, fit Jim , surpris que Lily ait connaissance du désir d'adoption de son futur gendre.
-Je vais avoir un papa ! Un papa rien qu'à moi, c'est cool, hein ?
-C'est super, ma princesse, fit douloureusement Jim, en pensant à quel point l'absence de Rick avait touché Lily.
-Oui, super. Tonton Javi n'aura même pas besoin de venir à la course père-fille de cette année.
-Il va être déçu, sourit-il en repensant à tous les relais qu'Esposito avait faits au côté de sa petite-fille. Tu sais qu'il s'entraîne comme un fou pour épater tes amies ?
-Ou ma maîtresse
-Lily! rit Jim devant sa répartie
-Tu crois qu'il va m'en vouloir ? fit-elle, soucieuse, en posant sa tasse à côté de son doudou.
-Non, il va comprendre.
-Super ! sourit-elle soulagée. Alors, Sophie ne veut pas de café mais Elisabeth en veut, continua-t-elle en jouant avec sa théière en plastique.

Souriant à l'idée de rejoindre sa princesse pour dîner, Kate s'engouffra dans son appartement où une discussion grand-père-petite-fille avait lieu, selon elle.

S'approchant sans faire de bruit , elle aperçut son père avec des ailes de fée sur le dos, et un serre-tête de princesse avec des paillettes. Il prenait, semblait-il, le thé avec Cendrillon. Plusieurs poupées étaient conviées à la fête.

Attendrie par ce joli tableau, elle les contempla quelques instants. Depuis la naissance de Lily, Jim avait été plus que présent pour l'aider. Il l'avait gardée régulièrement quand elle avait repris le travail, et avait même eu l'occasion de seconder Kate les nuits où elle n'en pouvait plus.
Jim et Martha étaient des grand-parents exemplaires avec Lily.

Amusée par la facilité que Lily avait de faire faire à Jim ce qu'elle voulait, Kate perdit son sourire quand elle entendit sa fille déclarer :

- Je vais avoir un papa ! Un papa rien qu'à moi, c'est cool, hein ?

Cet aveu lui retourna le ventre. Elle savait pertinemment que l'absence de Rick lui pesait. De plus, les enfants à l'école n'étaient pas très tendres avec elle sur ce sujet-là. Beckett avait toujours tenté d'amoindrir la peine ou le manque que pouvait ressentir sa fille . Mais l'entendre s'extasier aujourd'hui d'avoir un père la peina fortement.

Baissant la tête pour contenir son chagrin, elle s'en voulait de ne pas en avoir fait assez, de ne pas avoir donné à Lily une figure paternelle plus tôt, lorsqu'elle fut bousculée par une tornade brune:

-Maman !
-Hey, trésor, murmura Kate en la portant dans ses bras pour la câliner
-Papi m'a fait réviser ma pièce.
-Ah oui, et quel rôle a-t-il joué? Celui du prince charmant? sourit Kate en embrassant le front de sa fille unique
-Mais non, regarde, il est déguisé. C'est ma marraine la fée.
-Oh , je vois, sourit Kate alors que Jim venait à sa rencontre pour l'enlacer
-Dieu merci, te voilà, j'ai vraiment cru que j'allais devoir aller à l'épicerie chercher une citrouille.
-On y va toujours, fit, sur un ton résolu, la petite Beckett
-Lily, grand-père a été bien assez gentil avec toi en s'habillant de cette manière. Il ne va courir chez le primeur pour une citrouille. Et d'ailleurs pourquoi veux-tu…..
-A minuit, mon carrosse se change en citrouille, expliqua-t-elle simplement
-A minuit, tu seras au lit, Cendrillon
-Mais maman, comment veux-tu que je fasses Cendrillon si je ne suis même pas les horaires de mon personnage?
-Oh, oh, toi tu traînes un peu trop avec ta grand-mère, sourit Jim, amusé par le perfectionnisme de sa petite-fille.
-Mamie dit qu'il faut se mettre dans les meilleures conditions pour…
-Lily , tu as cinq ans
-Bientôt six!
-Ok ,trésor. Tu sais quoi? Vendredi c'est ta soirée avec grand-mère, on emmènera une citrouille et vous rentrerez dans vos personnages à ce moment-là, soupira Kate en voyant la mine amusée de son père
-Promis ?
-Promis. Maintenant va chercher ton pyjama , ça va être l'heure du bain.
-Super ! s'écria la petite fille en sautillant jusqu'à sa chambre.

La regardant partir toute heureuse dans son costume de Cendrillon, Kate sourit alors que son père avait redirigé toute son attention sur elle. Sa fille semblait fatiguée et soucieuse. Il n'aimait pas la voir se tracasser. La contemplant quelques secondes, il lui demanda :

-Tout va bien Kathie ?
-Oui, et toi ? Elle n'a pas été trop enthousiaste avec sa pièce ?
-Non, elle est adorable. Et ce costume lui va bien.
-T'es pas mal non plus, Madame la marraine la fée, le taquina Kate, en jouant avec le serre-tête sur le crâne de son père
-Elle me fait tellement passer à toi quand tu étais gamine
-Oui, mais toi, tu n'as jamais pris le thé avec mes poupées, renchérit-elle en repensant à son enfance
-C'est parce que miss Kathie bug ne jouait pas à la Barbie, sourit Jim. Tu te souviens de la ville en Kappla qu'on avait créée dans le salon ?
-Oui, maman était furieuse, parce qu'avec ma tour représentant le World Trade Center, elle ne pouvait plus avoir accès à la télé, sourit, avec nostalgie, Beckett
-Oh oui, elle a dû louper au moins quatre ou cinq épisodes de Temptation Lane avant de te demander de tout ranger.
-Oui…

Heureuse de pouvoir désormais échanger avec son père sur des souvenirs de sa mère, Beckett le contempla quelques secondes. Affublé de son costume de la marraine la Fée , il était souriant et tellement joyeux. Lily avait ce don avec lui et Martha, le don d'apaiser tous les maux.

La sentant partie dans sa rêverie, Jim lui caressa le visage tendrement et lui murmura :

-Qu'est-ce qui te tracasse Kathie ?
-Oh, pas grand chose, nia-t-elle en partant rejoindre la cuisine pour chercher de quoi faire à manger.

Avec la venue de Lily, ses habitudes alimentaires avaient bien changé. Finis les plats à emporter et le frigidaire vide, désormais, elle allait régulièrement faire des courses et cuisinait tous les soirs de bons petits plats.
La tête dans le frigo à la recherche d'un choux-fleur pour le soir, elle entendit son père déclarer derrière elle:

-Tu es différente depuis sa demande en mariage. Tu sembles plus soucieuse. Est-ce à cause de David ?
-Non, murmura, le coeur lourd, Kate toujours dos à lui
-Richard, alors ?
-Papa, soupira-t-elle avec son légume à la main en refermant le frigo.
-Tu as le droit d'être triste, le droit de penser encore à lui. Ce n'est pas parce que tu épouses David que Richard n'a plus de place dans ton coeur.
-Je le sais bien
-Alors quel le problème ? fit-il, inquiet, en la voyant perdre ses moyens en face de lui.
-J'ai parlé à Martha aujourd'hui. Je lui ai dit pour le mariage.
-Tu as bien fait. Lily aurait sûrement fait une gaffe vendredi
-Elle m'a demandé si Lily allait s'appeler Gallagher.
-Oh, répondit-il embêté pour Martha.

Il avait toujours beaucoup eu de compassion pour cette femme. Elle n'avait jamais vraiment eu la vie facile en élevant seule un enfant, mais elle avait toujours fait face à l'adversité. Seulement en perdant, dans la même semaine, sa petite-fille puis son fils, Martha avait sombré.
Malgré ses efforts pour aider Kathie ou Lily , il semblait toujours apercevoir une lueur de profonde détresse dans ses yeux.
Alors avoir pris conscience aujourd'hui que Lily ne se nommerait jamais Castle avait dû être un choc pour elle.

-Elle était tellement triste, papa. Elle m'a avoué avoir toujours l'espoir que Rick revienne.
-C'est compréhensible. Tu l'as eu un long moment, cet espoir.
-Hum
-Tu l'as toujours ?
-Non. Six ans papa, s'il comptait revenir , il l'aurait déjà fait.
-Alors quel est le souci ?
-Tu crois que j'aurais dû donner une figure paternelle à Lily plus tôt? Je l'ai entendue se confier à toi, elle semblait si heureuse, comme soulagée d'avoir enfin un « papa ».
-Elle en a un , Kathie c'est juste que….
-Elle a retiré la photo de Rick sur sa table de nuit, il y a quelques mois. Elle refuse de regarder les albums photos avec Martha et elle ne me pose plus de questions sur lui.
-Tu lui as demandé pourquoi ?
-Oui, mais elle ne veut pas me répondre. On dirait qu'elle fait son deuil. Tu crois que j'ai loupé quelque chose ?
-Kathie, soupira Jim devant la mine déconfite de sa fille. Lily est très avancée pour son âge et très mature. Elle commence à se faire ses propres opinions, laisse lui le temps de tout assimiler. Entre le mariage et l'adoption, elle doit se chercher. Elle va venir à toi et se confier. Vous êtes très proches, elle le fera, assura Jim en la voyant froncer les sourcils.
-Tu crois que je devrais attendre pour épouser David ?
-Non. Elle est heureuse avec lui et toi aussi. Alors si tu souhaites l'épouser, fais-le.
-Ok, mais je…..
-Maman ! Je suis prête ! hurla Lily de la salle de bain
-J'arrive mon ange.
-Tu veux que je me charge du bain ?
-Non. Je vais profiter un peu de ma petite fille. Tu peux te reposer, elle a dû t'épuiser.
-A qui le dis-tu, souffla en riant Jim, tout en tentant de retirer ses ailes dans le dos.
-Laisse-moi faire
-Tu sais Kathie, c'est la première fois de ta vie que tu vas aussi loin dans une relation. En général , tu y mets un terme un peu avant. On sait tous les deux que tu as peur, que tu avais imaginé Richard à tes côtés à ce moment-là, alors si jamais tu as des doutes, n'épouse pas un homme pour donner un père à ta fille. Lily mérite d'être heureuse et toi aussi. Ne t'oublie pas au détriment de ta fille. Mais sache aussi que vivre dans le passé ne t'aidera pas à avancer dans le futur.
-Papa, soupira Kate, les larmes aux yeux
-Je veux juste que quelle que soit la décision que tu prendras, tu le feras parce que c'est ce que tu veux, et non pour le bonheur de Lily.
-Maman!
-J'arrive, mon coeur, renifla Kate, toujours aussi peu habituée à ces confessions père-fille qui s'étaient accentuées depuis le départ de Castle.
-Allez, va donc donner le bain à notre princesse. Je la récupère toujours demain à l'école ?
-Oui, si ça te va.
-Bien sûr. Bonne nuit mon ange.
- Bonne nuit, papa.

Et sans un autre mot, Jim récupéra son blouson et partit se reposer.


Et voici le premier Chapitre de Seconde Chance...le mystère se dévoile sur l'absence de Castle, les personnages se posent et l'histoire va pouvoir commencer. L'idée vous plaît-elle ? . Je sais que tuer Alexis va attiser les foules, mais , entre elle ou Rick fallait faire un choix ? De plus, je me base sur un évènement pour ça...et puis je vous laisse Lily en lot de consolation^^. 

 


billy  (24.02.2017 à 14:06)

CHAPITRE 2…..Seconde Chance


Le repas s'était passé dans la joie et la bonne humeur dans l'ensemble.

David les avait rejointes vers 19 heures après sa journée de travail.
Comme à son habitude, Lily avait monopolisé la conversation en évoquant sa journée d'école, sa pièce de théâtre et son spectacle, et comment son grand-père avait pris le thé avec ses poupées.

Souriant, David l'écoutait attentivement narrer tous ses exploits en contemplant, par moments, Kate. Ce soir, malgré son sourire, elle semblait ailleurs et même inquiète. Il savait qu'elle s'était entretenue avec Martha dans la matinée, et attendait patiemment que Lily aille se coucher pour en discuter.

Prenant un fruit comme dessert, il s'appâtait à croquer dedans quand il se figea devant la question de la petite Beckett.
Assise dans son pyjama rose, en train de manger son yaourt , elle demanda naturellement avec un sourire enfantin :

-On va déménager ?
-Déménager ? reprit, surprise, Kate qui s'était levée pour débarrasser la table
-Oui. Quand la maman de Hugo s'est remariée, elle et son nouveau mari ont déménagé dans une grande maison.
-Eh bien….
-Une grande maison, hein ? sourit David en la voyant s'extasier
-Oui
-Tu voudrais une grande maison ?
-Ben, il va en falloir une, non ? fit-elle en fronçant les sourcils en réfléchissant
-Ah oui et pourquoi ça, trésor ? sourit attendrie Beckett devant sa mine
-C'est trop petit ici, répondit Lily ,en haussant les épaules, comme si s'était une évidence.

Kate n'avait jamais déménagé. Elle était toujours dans le même appartement. Doté de deux chambres, il suffisait amplement pour accueillir deux adultes et un enfant. Mais l'espace de vie était devenu plutôt petit quand Lily avait éparpillé sa multitude de jouets.
Avec l'argent que lui avait laissé Castle, Kate aurait pu aisément se payer un appartement ou une maison. Martha lui avait même proposé le loft pendant sa grossesse et aussi à la naissance de Lily. Mais Beckett se refusait à vivre là-bas, et encore moins à utiliser l'argent de Rick.

La maison des Hamptons était déserte depuis plus de six ans. Javier, Ryan ou Lanie en profitaient occasionnellement pour y passer des vacances, mais Kate n'y avait plus remis les pieds. Elle n'arrivait pas à se résoudre à la vendre, et Martha ne voulait pas entendre parler de cette maison où trop de souvenirs lui rappelaient son fils ou Alexis.

A la naissance de Lily, Beckett avait ouvert un compte et avait transféré tout l'argent des Nikki Heat, qu'elle avait perçu, dessus, et avait mis Lily comme propriétaire de la villa des Hamptons. L'avenir de la petite était assuré.

Beckett avait beaucoup bataillé pour élever Lily. Etre mère célibataire avec un salaire de flic n'était pas toujours facile, entre les couches, les vêtements, les jouets, son budget était plus que serré mais sa fierté lui interdisait de toucher un seul centime de l'argent de Castle.

-Trop petit ? répéta Kate en posant les assiettes qu'elle avait en main pour dévisager sa fille
-Bah oui, on va le mettre où, mon petit frère ou ma petite soeur ?
-ton…..quoi ? s'estomaqua-t-elle en lâchant sa pile d'assiette dans l'évier alors que David riait devant la tête que faisait Kate.
-Le bébé. Quand la maman de Hugo s'est remariée , elle a eu deux nouveaux bébés
-Deux !
-Oui. Alors tu vois c'est trop petit ici.
-Eh ben, une maison et deux bébés…., on a du retard a rattraper, s'amusa David en se levant pour enlacer Beckett par la taille.

Les mains sur son ventre, sa tête contre ses épaules, il lui embrassa tendrement la joue et lui murmura :

-Alors deux bébés….

Bébé? Comment cette conversation avait pu débuter avec le spectacle de l'école pour arriver à « bébé , maison »?...
Complètement tendue, elle ne lâchait pas du regard la vaisselle qui gisait dans l'évier. Un bébé …..elle n'avait pas encore pensé à cela, d'ailleurs le sujet n'avait jamais été abordé avec David.

- Maman ?

Un bébé…. Dans les bras de son fiancé qui ne s'apercevait pas de son trouble, et sous les yeux attentifs de sa fille, Kate tentait de trouver la bonne réponse, quand David rajouta, tout sourire, en contemplant Lily:

-Et la maman de Hugo a fait quoi d'autre ?
-Ils ont pris un chien
-Un chien? Et, je suis certaine que la maison est entourée d'une jolie barrière blanche, ronchonna Kate en se dégageant de l'étreinte de David pour regarder sa fille.
-Bah oui ! Comment tu le sais ? demanda Lily
-Chérie , on ne va pas déménager
-Pourquoi ?
-Parce que…..
-On va les mettre où, les bébés, la coupa la petite en scrutant l'appartement. Je veux bien faire de la place dans ma chambre, mais avec toutes mes poupées et….
-Lily, il n'y aura pas de bébés, soupira Beckett qui avait à coeur de terminer cette conversation
-Pas de bébés ?
-Non. C'est juste toi, moi et David.
-Tu ne veux pas de bébés ? demanda Lily, qui ne voulait pas en démordre, à son futur beau-père

Toi, moi et David. Ils n'avaient jamais entamé la conversation « enfants », mais il avait espéré pouvoir avoir la chance de connaître ce bonheur. Il aimait Lily, il la considérait comme sa fille, mais ce n'était pas le cas. Chaque décision concernant la petite était prise par Kate, et seulement elle, il n'avait pas son mot à dire, elle la protégeait comme une maman lionne.

Alors à sa réflexion qui ne laissait place à aucun espoir, il fut déçu. Baissant la tête pour cacher son trouble à la petite , il lui déclara :

-Maman a raison, chérie. On va d'abord commencer tous les trois. On est bien tous les trois ?
-Oui, marmonna Lily
-Bien.

Après ce léger incident , la soirée avait continué comme si de rien n'était. Kate et David avaient rangé la cuisine puis avaient couché la petite.

Beckett était complètement déboussolée. Tout ceci allait trop vite. Elle avait juste espéré se marier et continuer ainsi, jamais elle n'avait imaginé une nouvelle maison ou un autre enfant.

S'installant en soupirant sur le canapé pour écouter les informations en arrière-fond, elle fut surprise quand David tira le pouf pour s'asseoir en face d'elle. Les coudes sur ses jambes, les mains croisées, il la regardait en tentant de chercher les bons mots. Sentant qu'elle n'aurait pas de répit et qu'il souhaitait avoir cette conversation maintenant, elle éteignit la télévision et lui déclara en tentant d'alléger la situation:

-Lily a le don pour nous mettre dans l'embarras
-C'est ce que j'aime chez elle, sourit David. Toutes ces questions si innocentes et finalement si pertinentes.
-Hum
-La bonne nouvelle s'est qu'elle ne serait pas contre l'idée d'avoir un petit frère ou une petite soeur
-Oui, murmura Beckett sur la réserve
-Et toi ?
-Moi ?
-Oui. Tu es contre l'idée, tu l'envisages ou….
-Je n'y ai pas vraiment réfléchi, avoua-t-elle devant son regard amoureux. La venue de Lily n'était pas programmée, tu le sais…..elle s'est juste imposée à moi…..pour mon plus grand bonheur, sourit Kate.
-Donc tu n'es pas contre ?
-David, je ne sais pas.
-Ok, fit-il déçu
-Tu en veux un ?
-Un, voire deux ou trois, la taquina-t-il en lui prenant les mains pour les lier avec les siennes. Je t'aime, Kate, alors fonder une famille avec toi, vieillir avec toi, est ce à quoi j'aspire.
-David, chuchota-t-elle honteuse de par ses réponses précédentes.
-Tu m'as dit « oui » pour le mariage, bientôt "oui" pour la vie, alors je suis déjà un homme comblé, et je considère Lily comme ma fille. Si jamais tu ne voulais pas d'autres enfants, je comprendrais.

-On a le temps , non ? demanda-t-il devant son mutisme, ne souhaitant pas la pousser, alors que Kate était stupéfiée par sa compréhension
-Oui
-Alors, deuxième sujet pertinent qu'a soulevé miss cacahuète.
-Ne me parle pas du chien car il en est hors…..
-La maison, chérie, ou du moins un nouvel appartement.
-Tu veux déménager ?
-Eh ben….j'aimerais assez l'idée d'avoir un endroit à nous. Un endroit neutre, où on pourrait écrire une nouvelle page de notre histoire.

Lâchant son regard pour contempler son appartement, Kate sentit comme une angoisse la prendre au ventre. Ce lieu avait été son refuge, son repère quand tout allait mal. C'est là que Lily était venue au monde, là où elle avait fait ses premiers pas, prononcé ses premiers mots….., les yeux dans le vague , elle contemplait la poutre centrale du salon où des marques en crayon était gravées. A chaque année supplémentaire de sa princesse, la poutre prenait un coup de canif en plus.

-Et puis, continua David en tentant de faire de l'humour. le plancher craque et on entend tout ce que Mr Koubiac fait dans sa salle de bain .
-Heu…. Jusqu'ici tu n'en avais jamais parlé? demanda Beckett en sortant de sa rêverie
-Eh bien, je ne voulais pas te brusquer ou te faire peur. Mais Kate, je ne te cache pas que j'aimerais un endroit que l'on choisirait ensemble. Si tu ne veux pas de maison avec de barrière blanche , ok…..mais on pourrait trouver autre chose, non ?
-Je…..je…., balbutia-t-elle en tournant à nouveau son regard sur la fenêtre qui avait caché pendant des années l'affaire de sa mère, puis celle de Rick, il y a six ans.

Rick….. Cet appartement, lui rappelait aussi Castle. C'était comme s'il y avait encore un lien entre eux en restant ici. C'est ici qu'elle avait vécu ses premiers émois avec lui, ici qu'elle était tombée amoureuse.
David avait sûrement raison, il avait le droit de vivre dans un endroit où tous les souvenirs de Rick n'étaient pas présents. Relevant les yeux pour le voir lui sourire, elle lui murmura:

-Je veux bien y réfléchir….sérieusement.
-Super, soupira-t-il, ravi en venant l'embrasser tendrement.

Délicatement il lui caressa le visage sans stopper son baiser. L'odeur de cerise de Kate l'avait toujours enivré. Se penchant un peu plus vers elle , il l'allongea sur le canapé pour la surplomber de tout son corps. Ses lèvres dansaient langoureusement avec les seinnes , ses mains commençaient à se faufiler sous son tee-shirt , ce qui la fit frissonner et gémir en même temps.

David était grand et très bien bâti, Kate le taquinait souvent en lui disant qu'il aurait pu faire de la pub pour des sous-vêtements.

Son corps, son souffle, Beckett aimait se perdre sous ses caresses. Il était tellement tendre et compréhensif à son égard. Ce qu'elle vivait avec lui n'avait rien de comparable à ce qu'elle avait vécu avec Rick.

Avec Castle, chaque étreinte, chaque baiser l'électrisaient . Quand ils faisaient l'amour, ils ne manquaient jamais de se surprendre, de se faire sourire et c'était toujours explosif.
Avec David, c'était différent. C'était réconfortant, c'était doux. Elle aimait être dans ses bras mais elle n'arrivait pas à ressentir ce frisson qu'elle et Rick partageaient.
Elle aimait David, il était génial, adorable et surtout attentif et aimant avec Lily.

Perdue dans son envie d'elle, David lâcha son baiser pour venir lui mordiller le cou alors que leurs bassins commençaient à onduler.

-David, gémit Kate en déboutonnant la chemise de son amant
-Hum ?
-On devrait aller dans la chambre….
-Oui…

Charleston, 23 heures

Il avait l'impression d'être dans un étau, chaque pas qu'il faisait semblait être fait au ralenti. Il courait, il en était certain, mais pas assez vite à son goût. La peur, la détresse, la confusion, tout se mélangeait dans son coeur. Il n'était pas croyant et pourtant à ce moment même , il se surprenait à prier.

Tout se bousculait dans sa tête, depuis qu'il avait appelé les dispatchers , son rythme cardiaque n'avait cessé d'augmenter. Pourquoi ne l'avait-elle pas appelé ? ça ne pouvait être que mauvais, non ? Ou peut-être qu'il n'y avait rien et qu'il s'inquiétait pour rien ? Oui, c'était sûrement ça, elle ne le laisserait pas dans l'incertitude si elle était au courant.

Finissant les derniers mètres qui l'éloignaient de la vérité depuis qu'il avait quitté le taxi, il se stoppa net devant l'agitation. Des dizaines de camions étaient garés, une vingtaine d'uniformes grouillaient dans la zone banalisée, c'était mauvais signe, pensa-t-il.

Déglutissant, les mains tremblantes, il avait l'impression d'être en train de mourir. Les uniformes s'arrêtèrent dans leur action quand ils le virent apparaître. Levant le regard sur eux, il n'y vit que de la compassion et du chagrin, et puis ses yeux se posèrent sur elle. L'angoisse monta d'un cran quand il vit ses pleurs, s'approchant en criant, il hurla son désespoir :

-Beckett !

-Elle est là ! Tu l'as trouvée ? Pourquoi ne m'as-tu pas appelé?
-Castle, gémit-elle en se positionnant devant lui,le visage ravagé et les deux mains sur son torse pour l'empêcher d'avancer. Tu n'as pas besoin de voir ça
-Voir quoi! Qu'est-ce qu'il y a ! cria-t-il en pleurs, tout en la poussant violemment pour se dégager d'elle
-Rick! Non !

Les images suivantes qui défilèrent pour lui furent des images de sang, beaucoup de sang. La camionnette blanche était rouge à présent. Lanie était penchée en avant , seul un bras dépassait du véhicule. Son souffle se coupa, sa vision se troubla. La légiste se retourna pour cacher une dépouille derrière elle, alors que les gars attrapaient fermement le corps de Rick pour l'empêcher de se mouvoir.

-Lâchez-moi ! hurla-t-il de désespoir
-Castle, tu ne veux pas voir ça,tu ne veux pas garder cette dernière image d'elle en tête, déglutit, aux bords des larmes, Javier
-Oh non pas ça…. C'est le sang de qui ? fit-il terrorisé. Est-ce que c'est ma fille ? Ma fille, est-ce qu'elle est morte ? hurla-t-il dans un cri déchirant à l'intention de Lanie
-Rick, viens avec moi, murmura Kate, dépassée par les évènements
-Réponds-moi !
-Castle !
-Où est ma fille !

Et là tout se brouilla, les paroles de sympathie de Kate, des gars, les visages des officiers, le bras de sa fille hors de la camionnette. Une force surhumaine l'habitait, il repoussa les gars pour venir rejoindre le corps inerte de son unique enfant dans le van.

-Alexis…., fit-il, brisé, en l'attrapant délicatement dans ses bras
-Castle, ne…
-Vous touchez à une scène de crime, s'indigna un agent du FBI qui fut repoussé par Kévin

Les yeux révulsés de sa princesse lui donnèrent la nausée, la main tremblante il referma ses paupières en lui murmurant sa comptine d'enfant , la voix brisée :

-Dors papillon…..tout ira bien….papa est là….Dors paisiblement...papa éloignera tous les monstres...

Il avait l'impression de ne plus pouvoir respirer, son coeur l'oppressait . Son visage enfoui dans le cou encore chaud d'Alexis, il la berçait en s'agrippant à elle.

-Alexis…..
-Richard, Richard, réveille-toi !

Les cris de l'homme qui se situait à ses côtés le réveillèrent de sa torpeur.

-Richard, réveille-toi !

Ouvrant les yeux, le coeur lourd, avec le même chagrin à chaque fois, il découvrit son père à son chevet. Le regardant froidement, il se frotta énergiquement le visage pour sortir de son cauchemar et pour effacer ses dernières larmes avant de déclarer:

-J'ai dû m'assoupir
-Tu veux en parler ?
-A quoi bon , j'ai déjà un psy pour ça. Et tu…
-Il te faudrait peut-être une autre oreille
-Ne fais pas ça, s'énerva Rick en se levant de son lit pour enfiler un manteau. Toute cette histoire est de ta faute. Si ta querelle avec Volkov n'avait pas empiété sur ma vie familiale, ma petite fille serait encore là ! Combien de fois faut-il que je te dise de dégager de ma vie ! cracha-t-il en claquant la porte derrière lui.

Les mains toujours tremblantes dans ses poches, il s'engouffra dans les rues animées de Charleston. Ses nuits avaient toujours été agitées depuis la perte de sa fille. C'était comme s'il revivait encore et encore la même scène sans pouvoir en changer l'issue.

Le dos courbé sous le poids de sa tristesse, les yeux larmoyants, le visage creusé par les années, Rick cherchait désespérément une lumière au bout du chemin. Il avait cru qu'en partant à la recherche du meurtrier de sa fille, cette douleur qui l'oppressait au fond de son coeur s'estomperait. Il ne pouvait pas continuer à vivre, respirer, aimer avec le meurtrier de sa fille impuni.

Il était parti , il y a presque six ans, au beau milieu de la nuit avec un simple mot sur son lit : « Je suis désolé ».
Il n'avait pas le courage de faire face à sa mère ou à Beckett. Quelque part, il lui en voulait autant qu'il s'en voulait . Pendant plus de cinq ans, ils avaient rendu justice et même sauvé le monde , pourquoi ne l'avait-elle pas sauvée ? pourquoi ne l'avait-il pas sauvée ?

La nuit qui suivit les funérailles d'Alexis, il lui avait hurlé dessus avant de claquer la porte de sa chambre à coucher. Il pouvait encore se souvenir de ses mots à son égard, de son regard empli de tristesse, et de son attente derrière cette foutue porte. Elle s'était assise par terre et lui avait murmuré ses excuses, murmuré son amour et lui avait promis de l'aider quoi qu'il arrive.

Lui avait simplement guetté son départ. Vers deux heures du matin, il avait pris ses affaires et l'argent qu'il avait récupéré dans le matinée, et avait quitté sans un regard en arrière, la grande Pomme, sa mère , Beckett…..toute sa vie.

Les jours, les mois qui suivirent furent utilisés à la traque du meurtrier de sa fille et de son amie Sarah. Il n'avait toujours pas compris comment suivre une conférence sur le changement climatique avait conduit les deux étudiantes à leur mort. Après plus d'une année d'enquête, il avait enfin réussi à avoir une piste sérieuse grâce à certains malfrats franco-russes.

Un seul nom le hantait dorénavant : Gregor Volkov, un ancien agent du KGB.

Castle avait mis toutes ses ressources à sa poursuite, mais les recherches pour trouver un tel homme relevait presque de l'impossible.

Alors qu'un soir il se noyait dans ses dossiers, le son du poste de la télévision le coupa dans ses investigations. Il resta figé devant l'image qu'il avait devant lui. Elle n'avait pas changé d'un iota, il y avait toujours la même aura autour d'elle, se levant pour monter le son, il sourit en voyant le titre dont l'affublait un journaliste :

-Capitaine Beckett ?

Capitaine…..elle était devenue Capitaine. Depuis combien de temps était-il parti ? Deux ans déjà…deux ans et toujours rien de plus qu'un satané nom.

S'approchant du poste de télévision, il se surprit à redessiner chaque contour de son visage alors qu'elle menait fièrement la conférence de presse au sujet d'un tueur en série. Elle semblait en pleine forme mais en y regardant de plus près, Rick avait l'impression que quelque chose avait changé…..son regard…..ses yeux si lumineux s'étaient éteints. Il avait l'impression de la revoir des années en arrière lors de leur première année de partenariat.

Kate…, il s'en voulait dorénavant de l'avoir traitée de la sorte. Elle n'avait pas fait mieux que lui. Elle ne méritait pas de telles paroles.
Sans qu'il s'en aperçoive, le flash info s'était terminé et elle avait disparu. Ses yeux tentaient de retenir ses émotions, ses mains tremblotaient et c'est le coeur lourd qu'il avait éteint le téléviseur.

Il se souvint bien de sa détresse par la suite, il n'avait pas eu le coeur à retourner à ses dossiers, il s'était simplement assis sur son lit, son téléphone prépayé à la main et avait hésité pendant des heures. Il n'avait qu'une envie : entendre sa voix. Mais il n'avait jamais osé l'appeler…..

C'est deux mois après, alors qu'il suivait une piste sérieuse dans les bois qu'il fut sauvé in-extrémis par son père : Jackson Hunt.
Il avait appris alors toute l'histoire. Hunt, agent de la CIA, avait tué Anna, la femme de Volkov. Fou de rage, ce dernier s'en était pris à Alexis pour le faire chanter, mais les choses avaient dégénéré et sa fille ainsi que son amie avaient péri dans cette camionnette.

La rage s'était emparée de lui. Les cris et les poings avaient jailli dans tous les sens. Il pensait qu'il pouvait tuer son père à mains nues, mais il ne faisait pas le poids contre l'entraînement intensif de son père.

Après avoir neutralisé et attaché Castle à une chaise pour qu'il retrouve son calme, Rick et son père avaient conclu un accord, ils trouveraient ensemble le meurtrier d'Alexis. Rick le savait, sans lui , il n'atteindrait jamais Volkov. Jackson qui souhaitait s'occuper seul de cette affaire afin que Rick retourne auprès de sa mère n'avait pas eu le dernier mot.

Trois ans et demi après, ils l'avaient enfin retrouvé. Le pistolet en joue sur l'homme qui avait tué son bébé, sa citrouille, il n'avait eu aucune hésitation, aucun doute. Son index s'installa sur la gâchette mais avant de comprendre ce qu'il se passait, Hunt avait abattu Volkov.

-Ne deviens pas comme moi, avaient été les paroles de Hunt devant son incompréhension.

Fin du Flashback

Et six ans après, il était toujours hanté par ces cauchemars, il avait toujours la sensation d'étouffer, le sentiment de ne pas avoir le droit de respirer sans elle; le droit de vivre ou d'aimer.

Il avait vogué de ville en ville comme une âme en peine. Le milieu de nuit était toujours propice au cauchemar, mais sur le matin, il rêvait. Il revoyait sa petite fille faire ses premiers pas, ses premiers mots, entrant au collège, se mariant….finalement ces matins emplis de douceurs l'achevaient, quand, pendant une demi-seconde, il se levait avec le sourire, le coeur léger et l'espoir de la voir ou l'entendre, mais qu'il revenait ensuite, brutalement à la réalité.

Il en avait parlé à un thérapeute qu'il s'était mis à voir quand il se trouvait dans le sud des Etats-unis, cet homme lui avait suggéré de rentrer chez lui et de faire son deuil auprès des personnes qui l'aimaient. Après plusieurs semaines à hésiter, il avait décidé de retourner à New-York, de prendre des nouvelles de sa mère , de l'étreindre et de s'excuser pour son absence. Il culpabilisait souvent de l'avoir laissée seule sans nouvelles, mais il n'était pas capable à l'époque de s'occuper d'elle et de son chagrin.

Quand l'air de la grande pomme avait fouetté son visage, un sentiment bizarre l'avait envahi: la nostalgie. Assis dans sa voiture de location, la vitre ouverte, il avait redécouvert cette ville : l'odeur des hot-dogs, les bruits des klaxons, le paysage envoûtant des buldings, les rires des gens….
New-York était décidément toujours aussi belle qu'avant. Plus de trois ans après, il restait encore le souffle coupé par sa beauté.

Au détour d'une rue, sa contemplation se changea en stress….qu'allait-il lui dire ? Que devait-il dire ? Trois ans…..il avait dû s'en passer des choses dans sa vie, il n'était même pas certain qu'elle vivait toujours au loft. Sentant son envie s'amoindrir, il déglutit et bifurqua pour s'arrêter quelques kilomètres plus loin.

Les grilles n'avaient pas changé. Le froid qui se dégageait de ce lieu était toujours aussi déroutant. Souhaitant d'abord lui parler à elle avant d'affronter sa mère, il sortit de son véhicule en pestant contre lui-même de ne pas avoir emmené de fleurs.

Le grincement du portillon quand il s'ouvrit le fit sursauter comme la dernière fois, ses jambes marchaient avec une infinie lenteur. Il n'était venue ici qu'une seule fois….la fois où il l'avait mise en terre. Ses yeux s'embuèrent, son corps se pétrifia, et alors qu'il allait rejoindre sa tombe, il fut stoppé dans son élan par une silhouette, au loin avec un bouquet de roses blanches.

Se cachant derrière un arbre, il regarda la jeune femme déposer avec précaution les fleurs sur la tombe de sa fille. Son visage était en pleurs, il pouvait la voir trembler. Doucement, elle s'agenouilla au sol et caressa l'herbe en dessous d'elle avec une infinie tendresse. La douleur qui s'échappait de cette scène marqua Rick à jamais. Sentant sa gorge se nouer, il l'entendit lui confesser :

-Je suis désolée pour le retard Lex….Lily a été malade et je n'ai pas pu venir te voir hier. Je ne sais pas quoi te dire, sanglota-t-elle. Ta grand-mère va bien…, elle est partie se promener la semaine dernière.

Sa mère….., elle était restée en contact avec sa mère. La contemplant un peu plus, il fut surpris par le silence qui résonnait à présent dans le cimetière. La tête basse, les épaules affaissées, Kate Beckett semblait brisée. Le remord, la culpabilité lui bondirent en pleine figure. Souhaitant faire un pas dans sa direction pour s'excuser pour ces dernières années, pour ses paroles, et pour être ici…à veiller sur sa fille et sa mère, il s'arrêta devant les murmures larmoyants de Beckett :

-On pourrait dire qu'après plus de trois ans, le mal s'estompe….mais tu me manques toujours autant….et je suis désolée Alexis…..tellement désolée.
-Kate, chuchota Rick le coeur lourd alors qu'elle se relevait
-Je vais y aller, ma petite princesse est avec son grand-père, et connaissant Lily , elle doit l'épuiser. On se voit dans un mois. A bientôt chérie, renifla-t-elle en effaçant ses pleurs sur son visage

Lily ? Elle avait un enfant…., il ne savait pas pourquoi mais cette constatation le troubla et le peina. Elle avait refait sa vie.., il ne pouvait pas la blâmer, elle avait eu raison. Mais, son coeur se brisa un peu plus. Toujours caché derrière son arbre, il se demandait ce qui avait bien pu changer encore ?

La femme de sa vie était capitaine et mère de famille. Sa mère semblait aller bien selon les dires de Kate. Il n'y avait que lui finalement qui n'arrivait pas à passer le cap….à faire son deuil . Quand le portillon grinça à nouveau, il ne vit que les cheveux de Beckett voler au vent.

Toute la force , tous les espoirs qu'il avait mis dans ce voyage s'étaient envolés. Finalement, quelque part, il espérait pouvoir avoir une seconde chance avec Kate.

Soupirant, il s'avança à son tour vers la stèle de sa fille. Ses yeux se portèrent sur les dizaines de roses blanches de Beckett au sol pour finir sur l'inscription en face de lui :

« Ta voix résonnera à tout jamais dans nos coeurs »
Alexis Castle - 1993- 2013.

Debout, complètement immobile, il sentit la bile lui retourner le ventre. Ses larmes coulaient et il murmura :

-Hey citrouille…..

A ces paroles, sa voix se noua, sa respiration se bloqua et ses jambes fléchirent sous son poids. Il resta plus de quatre heures à pleurer sa petite fille sur l'herbe humide .
Ce fut la dernière fois qu'il vit New-York. Il n'avait pas la force de rester pour faire face à sa mère , pour voir la tombe de sa fille sous ses pieds et pour contempler Kate avec un autre homme.

Il avait donc repris la voiture en passant devant le loft qu'il avait vu éclairé, ses yeux se posèrent sur les fenêtres avec l'espoir d'apercevoir sa mère, et puis….il avait fui de la même manière que la dernière fois.

Les mois étaient passés et malgré ses protestations et ses hurlements, Jackson venait souvent en coup de vent pour veiller sur son fils. Il le voyait sombrer de jour en jour et avait même été tenté d'appeler Martha. Mais tout ce carnage était de sa faute et il ne voulait pas envenimer davantage la situation. Il l'observait donc de loin et venait parfois le secouer quand il sombrait un peu plus.

Charleston fut la ville où Rick décida de poser ses bagages…. Et c'est ici que, deux ans après, il continuait à vagabonder la nuit après un cauchemar. Il n'était plus que l'ombre de lui-même. Il n'était plus Richard Castle….il était un homme brisé par la vie.


Merci à tous pour vos commentaires, n'arrêtez pas, ça me booste à écrire ^^


billy  (28.02.2017 à 21:28)

Seconde chance...CHAPITRE 3


Dix semaines plus tard…

Assis à une table en bord de mer, un crayon à la main et une feuille de papier blanc devant lui, il tentait de noircir la page de son cahier avec divers idées ou ressentis qui l'accaparaient depuis quelque temps. Cela faisait maintenant quelques jours que Castle avait repris goût à l'écriture.

Il n'était pas aussi assidu qu'il y a des années, mais il arrivait, grâce à la thérapie et à l'écriture, à relever un peu la tête de ce cauchemar continu qu'était devenue sa vie.

Il se levait en général très tôt le matin, après une nuit agitée, et partait s'aérer la tête sur le port de Charleston. Ici, tout y était paisible, peu de bateaux voguaient sur la mer, les gens étaient toujours souriants, et l'air marin lui rappelait les Hamptons.

Avec une attitude presque apaisée, il se plaisait à écrire pendant quelques minutes, voire même quelques heures certains jours. Son esprit vagabondait dans un autre monde, une autre vie ou Alexis était vivante, une vie où il n'avait pas laissé sa mère derrière lui….Et Beckett. Une vie où il n'avait pas l'impression d'être oppressé par le chagrin et les regrets. Une vie où lui et Kate avaient réussi envers et contre tout.

Depuis plusieurs jours, il se demandait comment elle allait, ce qu'elle faisait. Il ne savait pas pourquoi ses pensées étaient accaparées par Kate , certainement à cause de son psy qui lui avait fait prendre conscience qu'il ne pouvait pas avancer, dans sa vie actuelle, en laissant derrière lui la femme qu'il aimait.

Une brise d'air caressa sa joue mal rasée et le fit sourire. Il se sentait plus serein, plus vivant. Relevant les yeux sur la plage, il contempla pendant quelques secondes les vagues se jeter sur le rivage. Cet endroit était un havre de paix pour lui.

-Bonjour, fit une voix qui le sortit de ses pensées.

Relevant la tête, il vit son père qui s'installait en face de lui en faisant signe à la serveuse de lui servir un café.

-Que fais-tu ici, grinça Rick, irrité par sa présence , en refermant son calepin
-Je viens juste faire ma visite habituelle
-Tu peux t'abstenir. Je n'ai pas besoin de toi et…
-Richard, il va falloir que tu ailles de l'avant. Tu ne peux pas rester ici tous les jours à écrire, et passer tes nuits à marcher en fuyant la réalité. Tu n'es plus un gamin , tu as des responsabilités. Retourne auprès de Martha et Katherine.
-De l'avant ? Tu veux que j'aille de l'avant ? C'est facile pour toi, tu ne sais pas ce que c'est que de perdre son enfant!
-ça va faire six ans et il faudrait…
-Ne me dis pas comment vivre ma vie. Tout ça, c'est à cause de toi. On était très bien sans toi dans nos vies, et à cause de toi, ma petite fille est morte ! cria Castle en attirant les regards des badauds sur eux
-Ok, très bien, abdiqua, fatigué, Hunt en posant une lettre devant lui. Je vais te laisser te morfondre tout seul.
-Qu'est-ce que c'est ?
-Ta vie…. Celle que tu mérites. Et ce que tu as manqué pendant que tu flânais dans cette ville.

Puis sans un autre mot , Jackson s'éloigna de Rick, le coeur lourd. Il s'en voulait d'être la cause de la mort de sa petite-fille, lui qui avait toujours veillé sur les siens avait échoué lamentablement dans sa mission. Par sa faute, une multitude de vies avaient été détruites.
Il avait espéré que son fils entende raison depuis des années, qu'il revienne auprès des siens, auprès de Martha et de Kate, mais plus le temps passait , plus il en doutait. Malgré les progrès qu'il avait perçus chez lui depuis quelques semaines, il perdait patience.

Lui qui avait été un auteur riche, célèbre, sûr de lui, était à présent un homme perdu. Il pouvait voir dans son regard la culpabilité et le regret d'avoir laissé sa mère derrière lui, et Jackson ne comprenait pas pourquoi il ne retournait pas auprès d'elle.
Au lieu de ça, il vagabondait dans cette ville avec son calepin à la main. Il le voyait se relever petit à petit, mais pas assez vite à son goût. Dans peu de temps, il allait perdre bien plus que sa fille adorée.

De loin , il avait suivi les évènements qui se déroulaient dans la grande pomme.

La dépression de Martha l'avait anéanti. Plusieurs fois, il avait voulu la prendre de ses bras et lui avouer que son fils allait bien, mais il ne souhaitait pas trahir Richard une seconde fois.
A la naissance de Lily, il avait tout tenté pour faire revenir Castle près de Kate, mais son satané fils était obstiné et voulait la tête de Volkov.
Aujourd'hui, il s'en voulait de ne pas avoir divulgué la vérité sur la venue de Lily. Il avait passé ces six dernières années sans connaître sa fille.

A sa dernière venue sur New-York , il avait appris les fiançailles de Katherine avec ce dentiste, et le désir de cet homme de vouloir adopter sa petite-fille. C'en était trop, tout ceci devait cesser. Si Richard voulait continuer à se morfondre sur ce bord de mer, il le ferait en connaissance de cause.

Hunt avait donc récupéré toutes les photos de ses divers shootings sur Manhattan de ces dernières années. On pouvait voir, sur les clichés, une Martha anéantie ainsi que Kate en pleurs à plusieurs reprises. Quelques photos de la grossesse de Beckett étaient aussi au milieu de tout ça, mais sur la plupart des photos, c'est la jeune Lily à divers stade de sa jeune vie qu'on apercevait.

Richard devait connaître la vérité. Se retournant, il le vit à plusieurs mètres derrière lui analyser l'enveloppe, et la pousser loin de son regard, hargneusement.

-Tête de mule, soupira Jackson en espérant le voir, pour sa prochaine visite, à New-York et non à nouveau à Charleston.


New-York , chez Kate

Un brin angoissé, elle emballait tous ses vêtements dans sa valise sous l'oeil attentif de sa fille. Assise sur le lit de sa mère, les cheveux attachés négligemment avec une couette, son doudou fermement serré sur son buste, Lily regardait avec attention Beckett.

Il y a moins d'un mois, Gates avait inscrit Kate à un séminaire sur « le rôle et les attributions d'un Capitaine de police » . Depuis sa mise en poste à ce titre, Beckett n'avait jamais suivi de formation la contraignant à partir ou à s'éloigner de sa fille.

Depuis sa naissance, elle n'avait jamais quitté plus d'une journée son enfant, les seules nuits où Lily découchait étaient celles pour son rendez-vous hebdomadaire , le vendredi soir, chez Martha , ou quelques fois chez Jim. Jamais encore elles ne s'étaient séparées pour cinq jours entiers.

La requête de Victoria Gates, qui était désormais une de ses supérieurs hiérarchiques au One Police Plazza, était sans équivoque. Chaque capitaine de la circonscription de New-York devait y assister afin de valider son projet professionnel. La formation se passait à Rantowles en Caroline du sud, à plus de douze heures en voiture de New-York, et trois heures en avion.

-Tu devrais prendre une robe, tu es toujours jolie en robe, sourit Lily, en voyant sa mère soucieuse devant ses vêtements
-C'est gentil, mon ange, mais je ne vais pas partir pour danser mais pour travailler.
-Marraine dit toujours qu'on peut allier plaisir et travail
-Tu passes trop de temps avec Lanie, rétorqua Beckett, amusée, en déposant des tee-shirts supplémentaires.

Contemplant pendant quelques minutes sa maman terminée sa valise, le coeur de la jeune Beckett se serra. Serrant un peu plus fort son doudou pour tenter de freiner son chagrin, elle baissa la tête et doucement, Lily se leva du lit pour aller récupérer une photo d'elle qui se trouvait sur la table de chevet de Kate. La scrutant quelques instants, dans se petites naines toutes frêles, elle partit la déposer sur la pile de vêtement de sa mère.

-Que fais-tu mon cœur ? sourit Beckett en ébouriffant ses cheveux attendrie par son geste
-Je te donne une photo de moi pour pas que tu m'oublies, murmura-t-elle.

Le coeur de Kate se brisa à la seconde où les paroles de Lily retentirent. S'agenouillant à la hauteur de sa fille qui serrait toujours son doudou, et qui avait baissé la tête , Beckett sentit la nausée la prendre. Toute cette semaine, elle avait discuté avec Lily de son départ et la petite semblait plutôt bien accepter son absence. Elle lui avait longuement expliqué que David veillerait sur elle et que Jim continuerait à la garder à la sortie de l'école. Lily avait toujours souri et ne semblait pas perturbée par ce changement. Alors l'entendre exprimer à haute voix sa crainte de l'abandon attrista Beckett.

Posant délicatement deux doigts sous le menton de sa fille pour lui faire relever le visage et rencontrer ses yeux, elle tenta de lui sourire pour apaiser son chagrin.

-Lily, je ne pourrai jamais t'oublier, mon coeur.
-Tu le sais pas, chuchota, peinée, la fillette
-Oh si, crois-moi, tu es la personne la plus importante de toute ma vie. Si je pouvais t'emmener avec moi, je le ferais mon ange.

Baissant une nouvelle fois les yeux devant le regard de sa mère, Lily serra un peu plus son doudou dans ses bras et tenta de retenir sa peine. Elle ne voulait pas inquiéter sa maman avec toutes ses peurs, mais plus le départ devenait imminent, plus ses craintes s'amplifiaient.

-Chérie, si tu préfères aller chez grand-père pour cette semaine, je suis sûr que David ne sera pas fâché. Si ça peut te rassurer , je….
-C'est pas à cause de David
-C'est quoi alors ?
-Tu….tu vas me manquer
-Toi aussi mon coeur, déglutit Kate en voyant les larmes monter aux yeux de sa fille
-Et j'ai peur que tu reviennes pas…..que tu disparaisses comme…..
- Comme qui chérie ?

Ne trouvant pas les mots pour mentionner ce père qu'elle n'avait jamais eu, qu'elle n'avait jamais connu mais dont tout le monde narrait les exploits, Lily releva son regard sur la bibliothèque de Kate pour lui montrer du regard la saga des Nikki Heat et celle des Derrick Storm qui y trônaient toujours.

-Castle ? Tu parles de ton père ? fit, étonnée, Beckett devant les propos et le regard fuyant de sa fille
-Il est jamais revenu, il m'a laissée et je ne veux pas que tu me laisses aussi
-Chérie, soupira-t-elle tristement en la prenant dans ses bras pour l'enlacer et la réconforter. Ton papa ne sait même pas qu'il t'a laissée. Je suis certaine que si ….
-Il t'a laissée toi, c'est pareil.

La réflexion de Lily pétrifia Kate. Lâchant quelque peu son étreinte, Beckett dévisagea la petite quelques secondes. Tout avait un sens désormais, l'absence de la photo de Rick sur sa table de chevet, son refus de discuter de son père ou de voir des albums photos… La petite lui en voulait de les avoir abandonnées.

-Promets-moi que tu reviendras et que tout ira bien , maman , chuchota Lily en la serrant de tout ses forces une nouvelle fois
-Je te promets que rien ne me fera renoncer à toi mon ange, rien ne m'empêchera de revenir . Je vais juste travailler et dans cinq dodos, je serai près de toi. Lily, je…
-D'accord, murmura la petite en desserrant son étreinte pour effacer une larme sur sa joue
-Lily, à propos de ton père, je veux que tu saches que….
-Je ne veux pas en parler
-Lily, soupira Kate face à l'entêtement de sa fille. Si ton papa avait connu ton existence, rien ne l'aurait empêché d'être près de toi . Ce qui s'est passé entre nous , ce sont des choses de grands, tu n'y es absolument pour rien. Tu n'as pas être fâchée contre lui à cause de moi. Je veux que….
-Alors, elle avance, cette valise ? les interrompit David en entrant dans la chambre avec deux verres de vin à la main, et un sourire rayonnant.
-Oui! Maman a mis une photo de moi dans sa valise, argumenta Lily, en espérant clore la discussion avec sa mère.

Parler de son père commençait à devenir de plus en plus difficile pour elle. Plus elle grandissait, plus son amour pour lui se changeait en colère. Elle ne comprenait pas pourquoi sa mère prenait toujours sa défense, pourquoi sa grand-mère continuait à pleurer sa disparition et pourquoi son grand-père lui racontait des anecdotes sur lui. Elle avait l'impression de ne pas avoir le droit de lui en vouloir pour son absence. Tout ce qu'elle savait du haut de ses presque six ans, c'est qu'il était partit et n'était jamais revenu, elle n'avait pas besoin d'en savoir plus.
Désormais c'était sa mère, David et elle , et elle s'en accommodait très bien. Elle était heureuse dans ce schéma familial et n'avait pas besoin d'un père fantôme pour s'épanouir.

Elle appréhendait seulement le départ de sa mère pour cinq jours. Elle avait juste besoin de savoir que quoi qu'il arrive , Kate reviendrait vers elle.

-Tu as pris une photo de Lily dans ta valise ? Et tu en as pris une de moi aussi, j'espère ? la taquina le jeune homme, croyant que les yeux rouges des filles étaient simplement dus au départ imminent de Kate
-Je vais aller me brosser les dents avant d'aller au lit, fit la petite, en profitant de cette occasion pour fuir la discussion « père fantôme » .
-Lily, attends, je….
-On fera un câlin ensuite…..Hein maman ?

Au regard de sa fille, Beckett comprit qu'elle s'était renfermée à nouveau sur elle-même. Elle savait pertinemment que l'absence de Rick dans sa vie avait été douloureux pour elle, mais jamais elle n'avait pensé que sa fille en souffrait autant.

-Maman ?
-Oui, chérie, acquiesça Kate en ne souhaitant pas la pousser trop fort. Je te rejoins dans ton lit pour une histoire et un câlin
-Super ! s'exclama Lily en partant rejoindre la salle de bain.

Comment n'avait-elle pas fait attention à la détresse de sa fille? Partir une semaine n'était vraiment pas une bonne idée. L'angoisse montait désormais, que devait-elle faire ?

-Alors si je résume, Lily a une photo d'elle dans ta valise et un câlin pour ce soir, puis-je espérer la même chose? demanda David en lui tendant son verre de vin rouge alors que Kate regardait dans le vague.
-Kate ? …..hey, je suis sûr que tout va bien se passer, tenta de la rassurer son fiancé, en la voyant paniquée devant le couloir vide sous ses yeux.
-Je crois que je vais annuler cette fichue formation
-Mais…
-Ou me faire porter pâle, déclara-t-elle en commençant à ôter ses vêtements de la valise.

Comment pouvait-elle partir plus de cinq jours en laissant sa fille derrière elle… Non, elle devait d'abord régler le problème avec Lily. La petite semblait terrorisée à l'idée d'être une nouvelle fois abandonnée. Elle s'en voulait terriblement de ne pas avoir su faire face convenablement au manque de Castle, elle aurait dû mieux lui en parler, elle aurait dû….

-Arrête, la coupa David dans ses pensées en posant une main sur les siennes pour tenter de la calmer. C'est absurde, ta fille et moi nous nous en sortirons très bien.
-Lily pense que je ne vais pas revenir, siffla Kate
-Elle a cinq ans et c'est la première fois que tu pars loin d'elle, bien sûr qu'elle est terrorisée, mais Kate….. Vous ne pouvez plus vivre ainsi, soupira David
-Ainsi ?
-Vous avez cette relation particulière toutes les deux , avec ce passé qui n'appartient qu'à vous…..vous vivez dans cette bulle où personne ne peut entrer…..Laisse-moi une place dans sa vie…
-Je….
-Cette semaine est l'occasion rêvé pour nous. On va pouvoir évoluer ensemble tous les deux. Elle a besoin de savoir que même si tu n'es pas là, je suis là pour veiller sur elle.
-David, c'est plus compliqué que ça, soupira Kate, ennuyée
-Dès qu'il s'agit de Lily , tu agis comme une maman lionne et tout devient compliqué, répondit-t-il sur la défensive

Le fusillant du regard face à sa remarque, elle allait répliquer quand il déclara :

-Où est ma place ici ?
-Pardon?
-Je vis dans cet appartement dans lequel tu as eu une histoire avec lui, je tente de créer des liens avec votre fille….
-Si ma fille est un problème pour toi, autant me le dire tout de suite, cracha-t-elle, excédée et fatiguée
-Lily n'est pas un problème. Le problème, c'est toi…. Tu m'empêches de jouer un rôle dans sa vie. On va se marier, je vais adopter celle que je considère comme ma propre fille….. Mais Kate, laisse-nous une chance de créer des liens tous les deux. Comment veux-tu qu'elle me considère comme une figure paternelle si elle ne peut même pas passer deux jours sans toi, avec moi ?

Considérant ce qu'il disait, Beckett baissa les yeux honteusement. Il n'avait pas tort. Depuis sa venue dans leur vie, elle ne lui avait jamais laissé une place bien distincte dans sa vie. Elle avait toujours surprotégé Lily , elle souhaitait simplement que sa fille soit heureuse et pas blessée par la vie. Et apparemment, elle avait piètrement échoué. Soupirant, elle se fit la réflexion que David allait être son mari et bientôt le père de Lily, il méritait une chance…il avait raison.

-J'avais prévu plein de choses pour cette semaine, soupira-t-il, déçu, en prenant son mutisme pour un refus
-Plein de choses ?
-Oui….je voulais l'emmener au zoo et à la piscine.
-La piscine ? Elle ne sait pas nager.
-Justement. Tu lui as appris à marcher, parler, dessiner, et même patiner. Je voulais qu'on ait ça en commun.
-La natation? sourit-elle, attendrie par son idée de passer du temps avec elle
-Hum…tu sais , elle aurait pu dire « mon papa m'a appris à nager », fit-il plein d'espoir
-Son papa, répéta Kate, étonnée par son désir révélé
-Oh, ou bien « David » sinon,….. Je veux dire que si tu n'es pas prête ou si elle n'est pas prête , je veux bien …
-Tu vas m'apprendre à nager ? le coupa Lily, qui avait terminé le brossage de dents, et qui se trouvait devant la porte de la chambre dorénavant.
-Eh bien si ça te dit et si maman est d'accord, j'aurais bien aimé.
-Maman , dis oui, s'il te plait, s'il te plait, s'il te plait, gémit Lily, toute heureuse de pouvoir passer du temps avec David, en sautillant et en faisant la moue devant Beckett.

C'était comme si tous ses soucis s'étaient envolés. L'idée de passer du temps avec David à nager, avec comme volatilisé sa peur de l'abandon. Souriant devant la mine réjouie de sa fille et le regard attendri de son homme, elle lui déclara :

-Si vous êtes d'accord tous les deux, alors pourquoi pas...
-Chouette ! s'extasia la petite, en accourant dans les jambes de David pour un léger câlin
-Chouette, cacahuète, sourit le jeune homme, tout content, en lui caressant tendrement les cheveux.

Les voir aussi heureux tous les deux réconforta Kate. David avait raison , elle devait le laisser gérer un peu plus le quotidien de Lily. Elle devait apprendre à s'effacer. Finalement, cette semaine leur ferait peut-être du bien à tous les trois.

S'agenouillant à hauteur de la petite brunette aux yeux bleus, David lui embrassa le front et lui murmura :

-Maintenant, il est temps d'aller se coucher, princesse. Et demain, on attaque la semaine tous les deux. Tu vas voir, on va s'amuser
-Promis ?
-Promis, et puis c'est connu que je suis plus drôle que maman, plaisanta David
-Oui!
-Hey! s'offusqua, amusée, Beckett
-Allez, va donc au lit , maman ne va pas tarder à venir te border
-Bonne nuit David, sourit Lily en lui embrassant la joue
-Bonne nuit cacahuète

Doucement la petite l'enlaça par le cou et lui chuchota à l'oreille, avant de partir en courant dans sa chambre:

-Bonne nuit papa.

Au son de sa réplique, les larmes lui montèrent aux yeux. Avec une joie immense, il regardait la petite Lily sautiller pour aller rejoindre sa chambre. Jamais encore, il n'aurait cru que le simple fait d'être surnommé « papa » l'extasierait à ce point. Se relevant, totalement abasourdit, il fut interrompu par la pression des lèvres de Kate sur les siennes.

-C'est pour quoi, ça ? demanda-t-il en l'enlaçant
-Pour te remercier d'être toi , tout simplement.
-ça veut dire que je peux la garder pour la semaine?
-Oui…..mais si il y a un problème ou…
-Je t'appellerai. Ne t'inquiète pas. Je veillerai sur ta fille comme sur la prunelle de mes yeux
-Notre fille, rectifia Beckett, qui avait bien entendu les paroles de Lily plus tôt.
-Notre…. fille, répéta, ému, David en l'embrassant tendrement.

Le lendemain.

Le vol était passé à une allure folle. Elle avait pu lire tout le programme du séminaire pendant la première heure, puis était repartie à ses premiers amours : un bon roman policier.

Ce matin, avant de se lever pour prendre l'avion, David l'avait réveillée tendrement avec des baisers et des caresses. Ils avaient fait l'amour lentement en se promettant de s'appeler tous les soirs. Elle avait ensuite pris sa douche, et embrassé la joue de sa petite fille qui dormait du sommeil du juste. Avant de partir, David l'avait surprise en lui offrant un cadeau.

-Qu'est-ce que c'est?
-C'est pour le vol. Trois heures, c'est long quand on n'a pas de quoi s'occuper, sourit-il en la voyant ouvrir son présent.

Ses yeux contemplèrent la dernière couverture de son écrivain préféré : « Visage sans nom » d'Alex Conrad.

-Je sais que lire un bon roman chasse tous tes tourments. Alors voici le livre, mais il faudra te passer du bain et du vin rouge, cette fois-ci
-Je crois que le vin rouge est servi aussi dans les avions, sourit-elle en lisant le synopsis de l'histoire
-Tu prends le vol de 5 heures du matin
-Il n'est jamais tôt pour boire dans les grandes occasions.
-Tu passes trop de temps avec Martha, rit David en l'enlaçant une dernière fois avant son départ.

Le vol était donc passé à une allure folle. A huit heures, Kate débarquait déjà à l'aéroport. Récupérant sa valise, elle s'engouffra en dehors de la bâtisse pour héler un taxi quand une vague de chaleur la fit sourire. Le mois de juin en Caroline du Sud était déjà humide et prometteur pour ses footings quotidiens, pensa-t-elle en s'engouffrant dans l'habitacle de la voiture jaune:

-Bonjour, où puis-je vous emmener? demanda le chauffeur
-Bonjour. Je souhaiterais aller au à l'hôtel « Creekside land » à Rantowles
-Sans souci madame. Voyage d'affaires ou de plaisir ?
-Affaires, sourit Kate, en allumant son téléphone pour y voir une photo de Lily prête à partir à l'école avec David.
-Bien. Rantowles est une petite ville qui accueille pas mal de séminaires au début de l'été, fit le chauffeur pour meubler la conversation
-Hum
-Mais vous devriez profiter de votre temps ici pour faire un peu de tourisme. La région est très jolie.
-J'en suis certaine, acquiesça Kate, qui avait bien en tête de sortir un peu de l'hôtel afin de ne pas ruminer sa solitude.

Le rythme de la formation était plutôt léger: 9h-12h, 13h30-16h30. Elle aurait donc tout le plaisir de visiter les alentours.

-Que me conseillez-vous ? demanda Beckett tout en admirant le paysage.
-Charleston n'étant qu'à dix minutes de votre hôtel, je vous conseille son centre-ville, le port, ainsi que le pont Ravenel et les jardins botaniques.
-ça a l'air sympa.
-La plage est aussi à couper souffle à cette saison. Peu de touristes y sont présents, et une étendue d'eau sur plusieurs kilomètres devrait vous enchanter.
-J'en suis certaine.

La plage….voilà une bonne idée pour son footing matinal.

-Et n'oubliez pas de passer voir le centre-ville en soirée, il y a pas mal de musiciens de rues, de marchés et de pubs sympas.
-Tout un programme, lui sourit Kate, en apercevant au loin la pancarte de « Rantowles ».



billy  (08.03.2017 à 21:11)

CHAPITRE 4


Concentré à nettoyer la table du repas, David surveillait de loin Lily qui regardait sa série préférée du moment « Chica Vampira ». La série n'avait rien d'exceptionnel et ciblait essentiellement les jeunes enfants ou les prépubères, mais la musique en fond sonore avait le don d'agacer dès le moment où elle démarrait.

On était lundi soir, c'était sa première journée avec Lily et il était déjà enchanté par la petite. Elle était tellement souriante, gentille et pleine d'entrain qu'il était facile de la garder.

Souriant face aux rires de la petite fille devant son émission , il déposait les deux assiettes sales ainsi que les couverts dans le lave-vaisselle quand la sonnerie de son téléphone retentit. Séchant ses mains sur la serviette qui se trouvait sur l'îlot central, il prit le combiné d'une main en appelant la petite :

-Lily ! C'est maman.
-J'arrive
-Hey, chérie , sourit David en apercevant Beckett sur son lit, dans sa chambre d'hôtel, en pyjama.
-Hey, toi. Comment ça se passe ? demanda Kate, toute heureuse par ce face time de la soirée

Cette nouvelle technologie était du pain béni pour cette petite famille. Pouvoir s'appeler en vidéo conférence tous les soirs avait le don de rassurer Kate.

-Super ! s'exclama Lily en les coupant, tout en montant sur le tabouret pour apercevoir sa mère sur le cellulaire. David m'a emmenée au parc et on a mangé une gaufre !
-Des sucreries avant le repas ? fit mine de s'offusquer Beckett, pour taquiner sa fille
-Oui, mais on a mangé des endives ce soir
-Oh…. Si tu as mangé des légumes, alors !
-Et je me suis lavé les dents !
-Génial, mon coeur. Tout se passe bien alors ?
-Ben oui…. En même temps, ça fait qu'un jour, rétorqua Lily en fronçant des sourcils, ce qui fit rire les deux adultes
-Tu as raison, mon coeur.
-Demain, on retourne au parc et mercredi on va à la piscine
-Eh bien, tout un programme!
-Oui, oui, sourit la petite en contemplant sa maman . Elle est jolie, ta chambre.
-Tu trouves? répondit Kate en bougeant son portable pour lui montrer la pièce dans divers angles.

La chambre était très confortable, mais aussi très simple. Un lit double était installé au centre de la pièce, avec un couvre-lit orange. Les tons des murs étaient dans les beiges, et deux tables de chevet, ainsi qu'un bureau, terminaient le côté « déco » de la chambre. Une douche ainsi que des toilettes étaient attenantes malgré tout, et, au grand soulagement de Beckett. Tournant son cellulaire vers son lit, elle s'arrêta quand la petite hurla toute heureuse :

-Tu as mis ma photo !
-Bien sûr, petit coeur
-Et il y a la mienne aussi, renchérit David pour taquiner Lily

Souriant tous les trois devant ce moment de détente, Beckett indiqua à sa fille que le moment de dormir arrivait très bientôt.
Doucement, Lily se laissa entrainer par David jusqu'au lit sous les yeux attentifs de sa mère. Bordant la petite, il lui murmura à l'oreille:

-Je laisse maman te raconter ton histoire et après je viens tout éteindre. Ok Cacahuète ?
-ça marche, sourit la petite fille en serrant son doudou contre sa poitrine, alors que le jeune homme posait son cellulaire sur sa table de nuit pour laisser un peu d'intimité aux deux femmes de sa vie.

- Tu es prête chérie? demanda toute heureuse Kate en s'installant elle aussi confortablement sur le lit en prenant les livres des histoires du soir

- Prête ! On en était au chapitre 16

- Très bien...alors voyons...c'est l'histoire de bouche d'or, oh...j'adore cette histoire...


Charleston, 6 heures du matin, mardi matin. 

Il venait tout juste de sortir de la douche, une serviette autour de la taille, quelques gouttes perlant encore sur son torse. Rick se regarda quelques minutes devant le miroir. De sa main, il caressait sa barbe de deux jours tout en prenant conscience de ses cernes autour des yeux et de sa perte de poids. Il avait pris par habitude de se raser moins fréquemment . Les premières années par manque d'envie et de motivation, mais finalement aujourd'hui, c'était simplement parce qu'il s'était habitué à se voir ainsi.

Il avait bien dû perdre plus d'une quinzaine de kilos, sa silhouette lui rappelait celle de ses vingts ans. Souriant devant sa musculature, il se mit à repenser à un souvenir.

Flashback

-Tu sais qu'un jour ce miroir va s'user à force que tu le regardes
-Kate, sourit Rick en se retournant pour voir sa petite-amie le taquiner tout en le contemplant de la porte
-Je suis certaine que tu connais chaque recoin de ton corps à force de te regarder le nombril, renchérit-elle en lorgnant sur son torse ouvertement
-Oh, on serait jalouse ? Tu veux que je me concentre sur ton corps, détective Beckett?, répondit-il d'une voix suave en essayant de l'encercler de ses bras alors qu'elle le repoussait en riant
-Castle, tu es trempé !

Il venait tout juste de sortir de la douche après un énième appel matinal de Javier. A six heures du matin, il les avait réveillés . La tête posée sur le dos de Kate qui écoutait, somnolente, les instructions d'Espo, il se mit à lui caresser tendrement les flancs, puis les cuisses, alors qu'elle raccrochait en soupirant de fatigue:

-On a un meurtre
-Combien de temps, souffla-t-il à son oreille en la bloquant à plat-ventre dans son lit

Son odeur de cerise émoustillait tout ces sens, la sentir sous son corps aussi chaude et féline, attisait le désir de Rick. De ses mains, ils s'amusaient à titiller chaque parcelle de son corps tout en lui embrassant le cou. 

-Combien de temps ? demanda perdue Kate 
-Pour aller rendre justice.

Son désir pour elle n'était jamais rassasié. Il avait pensé, au tout début de leur relation, que ces quatre années de frustration à jouer aux chats et à la souris étaient la cause de toute cette envie, mais plus les mois passaient , plus leur vie sexuelle s'intensifiait. Il ne pouvait pas "expliquer" ce besoin qu'il avait de faire l'amour avec elle, de ne faire plus qu'un comme si c'était une nécessité. Quand son corps rentrait en friction avec le sien, plus rien n'existait, ils étaient dans leur bulle , dans leur monde. Pas un jour ne se passait sans qu'il éprouve l'envie de lui faire l'amour, et Beckett était tout sauf passive à ce sujet.

-Rick , sourit-elle en sentant son envie d'elle sur son fessier. Espo nous attend dans quarante minutes, on n'aura jamais le temps entre…..hum…la douche…et …le petit-déjeuner, gémit-elle alors qu'il commençait à lui sucer le lobe de l'oreille sensuellement, tout en laissant traîner ses mains sur son postérieur
-C'est toi mon petit-déjeuner, Beckett, rétorqua-t-il en lui mordillant la clavicule
-Tu…Hum...
-Ne bouge pas, murmura-t-il en lui bloquant les hanches alors qu'elle s'apprêtait à se tourner pour lui faire face. Laisse-moi faire ce matin…..laisse-moi te faire l'amour.

Elle n'avait jamais compris comment, avec de simples mots, Castle arrivait à intensifier encore plus son désir de lui. Chaque parole, chaque mot de son petit-ami, à caractère sexuel ou romantique, lui faisait oublier sa raison. Etendue à plat-ventre sur ce lit, le corps si puissant et si chaud de Rick sur son dos la fit gémir d'anticipation. Elle adorait quand il la dominait ainsi, quand il lui exprimait son envie , son désir de lui faire l'amour.

Complètement à sa merci, le ventre sur le matelas, elle sentait son désir s'emballer. Ils n'avaient que très peu de temps et sentir Castle si entreprenant et si prêt pour elle la fit déglutir de plaisir. Des papillons dans le bas-ventre, son érection près de sa cuisse et les doigts de Rick bien trop coquin ce matin ébranlaient tous ses sens. 

Tentant de retenir un gémissement alors qu'elle sentait ses mains lui écarter légèrement les cuisses afin de s'immiscer en elle, Kate entendit au loin la voix de Martha crier :

-Et mince !...satané poêle !

Sursautant au son de la voix de sa mère, Castle oublia bien vite le joli fessier de Kate, et tout les délices qui lui promettaient. Déposant sa tête entre les omoplates de Beckett, il entendait les remontrances de Martha dans la cuisine :

-C'est pas vrai….. Elle a un don pour me gâcher la vie
-Castle ! le rabroua Kate, en se tournant sur le dos pour le regarder.
-Quoi ? ...En quoi?…..Deux petits mots? …. Elle vient de gâcher un délicieux matin plein de promesses
-Seulement un matin, pas ta vie, le reprit-elle en caressant sa joue mal rasée
-C'est pareil….J'en avais tellement envie Kate, et d'un seul coup, plouf
-Plouf ? rit-elle
-C'est pas drôle. Elle vient de tuer mon soldat avant même la bataille

- C'est d"un romantique

- Crois-moi...j'allais être tout sauf romantique ce matin, susurra-t-il en l'embrassant . 
- Rick, gémit-elle en sentant son érection reprendre de la vigueur

- Hum ?

- on n'a pas le temps et…
-Tu ne te plaignais pas du manque de temps, il y a quelques minutes…., la contra-t-il en baissant ses yeux noir de désir sur sa poitrine nue sous lui.

Sentant son regard s'attarder sur elle, Kate lui sourit pour l'embrasser chastement sur les lèvres et lui murmurer :

-C'est vrai, je ne m'en plaignais pas…. Mais ça fait déjà deux fois qu'on arrive en retard sur la scène du crime, les gars ne vont plus avaler cette histoire d'embouteillage à chaque fois.
-Parce que tu penses sérieusement qu'ils le croient ? fit-il, attendri par sa remarque 
-Heu…..oui
-Je n'arriverai jamais à comprendre comment un esprit aussi vif et intelligent que toi, peut être aussi naïf….Aïe ! cria-t-il alors qu'elle lui pinçait l'oreille face à sa remarque
-Je ne suis pas naïve !
-Oh si….tu l'es . Le détective Beckett est...…Aïe!
-Richard, tout va bien ? s'inquiéta Martha en entendant les cris de son fils
-Oui! oui ! c'est juste Beckett qui….Aïe! …..Non mais tu vas arrêter!
-Ne dis pas à ta mère que….
-Richard, arrête donc d'exaspérer Katherine, rétorqua la matriarche derrière la porte, en repartant vers la cuisine
-Mais c'est elle qui…. Attends, où vas-tu ? demanda Rick à Kate alors qu'elle se levait du lit et cherchait ses vêtements
-Sur une scène de crime, et si tu ne veux pas que ce soit toi, la victime, je te recommande vivement de te lever!

Oh mais je suis tout "lever", rétorqua-t-il comme un bien heureux en baissant son regard sur son érection. 

- très drôle. Dit à ton soldat de déposer les armes, il n'y aura pas de bataille ce matin, sourit-elle devant sa moue
-Allez , il reste encore trente minutes, gémit-il 
-Et bien , profite de tout ce temps pour prendre une douche froide et te raser
-Me raser ? Je croyais que tu aimais ma barbe, tu dis que ça me donne un air sexy , fit-il, étonné, en se touchant le visage
-Oui, c'est vrai, sourit-elle, ses vêtements à la main, près de la salle de bain. Si sexy….Mais…..tout-à-l'heure dans ce lit…tu m'as excitée…..alors j'ai pas vraiment besoin de te voir aussi sexy…..toute la journée
-Je pourrais calmer cette excitation sous la douche ? rétorqua, émoustillé, Castle en se levant plein espoir.

Le reluquant ouvertement des pieds à la tête, elle se mordit la lèvre inférieure d'envie. Sa proposition était plus que tentante. Elle avait dorénavant une envie furieuse de lui faire l'amour, et le voir, si nu, si près et si sexy devant elle, lui fit refermer les cuisses d'envie.

-Kate ? sourit Castle en voyant son regard noir de désir sur lui.

Levant son regard sur lui et non sur son anatomie plus que réveillée, elle se rappela de la scène de crime et de l'heure plus que tardive. Ne souhaitant pas donner une nouvelle raison aux gars de les taquiner, elle déclina son offre, tout en refermant à clé la salle de bain pour l'empêcher de la rejoindre.

-Tu es une allumeuse! soupira Rick la tête sur la porte.

C'est donc ainsi qu'il se retrouvait devant cette glace , le visage dorénavant rasé et toujours aussi frustré, malgré une douche froide, en train de se faire taquiner par Kate.

-Tu es mouillé
-Evidemment , je sors de la douche, renchérit Castle en lui caressant le visage sans trop s'approcher pour ne pas tremper les vêtements de Kate
-Et glacé, sursauta-t-elle en sentant ses doigts sur son visage
-La faute à qui ? Tu m'as allumé
-Oh , tu n'étais pas en reste non plus avec ton corps sur le mien et tes doigts si coquins...
-Tu sais , il nous reste encore…..cinq minutes, murmura-t-il en l'embrassant tendrement
-Je sais…..mais Martha est dans la cuisine et elle t'a fait des pancakes
-Des pancakes ? Elle a cuisiné ? fit-il, surpris, en la regardant comme une extra-terrestre
-Oui…. Elle les a faits pour Alexis
-Elle est à Columbia
-Elle avait oublié….Sa petite-fille lui manque. Alors prends donc ces cinq minutes qui nous restent pour discuter avec ta mère
-Mais j'avais une autre idée en tête, gémit Rick, l'embrassant à nouveau
-Oublie cette idée et pense à ta mère
-Les femmes de cette maison ont un don pour tuer mon soldat aujourd'hui, ronchonna Castle en relâchant son étreinte pour partir rejoindre sa mère à la cuisine.

Fin du Flashback

C'était son dernier souvenir heureux avec Kate. Après ce matin-là, ils étaient allés sur la scène de crime pour découvrir le corps d'Assam Faroh, ce qui avait ensuite mené à l'enlèvement puis au meurtre de sa fille. C'est ce dernier matin, avec elle, qu'il revivait encore et encore. Il pouvait encore sentir son odeur de cerise titiller ses narines, ses doigts de diablesse le faire frissonner , ou simplement encore ressentir son désir pour elle.

Soupirant devant sa glace, il se gratta légèrement la barbe en se souvenant de la réplique de Beckett et il murmura en souriant :

-Je suis sexy.

Il n'avait pas dormi de la nuit à cause de cette fichue enveloppe que son père lui avait donnée hier matin. Quand il était rentré, il l'avait soigneusement rangée dans le tiroir de sa table de chevet. Il ne savait pas s'il était prêt à savoir ,ou simplement, à vouloir savoir ce qu'il s'était passé durant son absence . Il en savait assez, Kate avait refait sa vie et sa mère semblait aller bien…finalement c'est tout ce qu'il devait savoir, non ?

Sortant de la salle de bain, il partit s'habiller pour rejoindre la marina et écrire un peu, comme chaque matin, près d'une tasse de café .


Plage de Tybee island, 7 heures du matin.

Baskets au pied, cheveux remontés négligemment en queue de cheval, ipod dans les oreilles, Kate courait depuis déjà vingt bonnes minutes sur l'accès, réservé aux cyclistes, qui longeait la mer et les différents bar de Charleston .

L'air marin emplissait ses poumons et une vague de tristesse s'abattait sur elle à chaque inspiration, chaque pas. Elle n'était pas revenue en bord de mer sans lui. La plage , la mer, les coquillages, c'était eux…..C'était ses derniers souvenirs heureux avec Rick. Elle n'avait jamais réussi à retourner dans les Hamptons malgré la maison qui lui appartenait désormais.

Quelque part , elle s'en voulait de n'avoir jamais emmené Lily faire des châteaux de sable ou se baigner en plein océan. Elle avait toujours privilégié les vacances à la campagne plutôt qu'à la mer. Elle n'arrivait pas encore à passer cette étape.

C'est pour cette raison que, aujourd'hui, courir en bord de mer n'évoquait pas particulièrement de plaisir pour elle. Malgré une vue imprenable sur l'immensité de l'océan ou sur la quiétude qui se dégageait de ses lieux , Kate commençait à sentir la tristesse l'envahir. La voix, le visage de Rick, ses mots envahissaient ses pensées à chaque foulée.

"Allez Beckett, vient te baigner, l'eau est tellement bonne"

S'arrêtant après quelques minutes, la gorge nouée, elle tentait de reprendre son souffle et de garder ses émotions enfouies au fond d'elle. Les mains sur ses hanches, la tête baissée, la respiration anarchique, elle s'en voulait de ressentir encore autant de frustrations, de sentiments en elle après toutes ces années.

Pourquoi ne pouvait-elle pas regarder l'océan depuis son départ ? Pourquoi ne pouvait-elle pas boire une tasse de café sans fondre en larmes ? Pourquoi la vie était si difficile, sans ses mots, ses gestes, ses sourires... Comment pouvait-elle être aussi faible….

Chassant du revers de la main une larme sur son visage, elle releva le visage en tournant le dos à l'océan. Elle ne pouvait plus regarder la mer, ses yeux étaient rougis, ses mains tremblaient et son coeur se serrait. Déglutissant en tentant de garder ses larmes , elle posa le regard sur le centre-ville de Charleston qui s'éveillait devant elle.
Plusieurs bars jalonnaient le bord de mer, des boutiques de maillots de bain, bouées ou souvenirs étaient éparpillées un peu partout. Toutes les façades étaient colorées de différentes façons dans les tons pastels et donnaient un sentiment de chaleur et de convivialité.

Quittant la piste cyclable, elle éteignit son ipod et le fourra dans la poche arrière de son jogging pour héler un taxi. La course à pied en bord de mer n'était pas une bonne idée, elle devrait trouver un autre endroit dorénavant, pensa-t-elle, en sueur.

S'installant dans l'habitacle de la voiture jaune, elle donna au chauffeur l'adresse de son hôtel en contemplant par la vitre, la beauté de Charleston. Sa vue n'était fixée que sur la rive gauche, animée, de la ville. Au dernier feu rouge, au moment de redémarrer, son attention fut attirée par un homme assis de dos , un calepin à la main , une tasse de café dans l'autre, qui semblait en pleine réflexion. Il ressemblait tellement à Castle que son souffle se coupa , son coeur se serra. Elle posa brusquement sa main sur la vitre en scrutant fébrilement l'homme au loin, avec son stylo à la main.

Doucement, la voiture s'éloigna du centre et de cet inconnu. Beckett tourna une derrière fois le visage vers cet homme qui semblait tant lui rappeler son petit-ami. Il en avait la posture, la façon de bouger, mais il était beaucoup plus mince. Ses mains tremblaient et elle avait l'impression que son coeur s'arrêtait.

Séchant une nouvelle larme, elle ferma les yeux pour ne plus voir cet inconnu, c'était trop dur, il lui ressemblait tant.

-Vous allez bien, madame ? s'inquiéta le conducteur devant sa tristesse

Elle espérait depuis toute ces années, qu'il soit toujours en vie et qu'il ne gisait pas ,quelque part, seul et abandonné de tous. Ouvrant une dernière fois sur cet homme, elle le vit déposer de dos son stylo pour siroter son café. Elle savait que ce n'était pas possible, ce ne pouvait pas être Castle à quelques mètres. Elle était simplement remuée d'avoir remis les pieds sur une plage, et son esprit lui jouait des tours.

- Madame ? vous allez bien?
-Oui, merci, mentit Beckett en se promettant de ne plus remettre un pied près de cette plage qui remuait trop de souvenirs.


NewYork, 9h30

Installé devant son bureau, son cellulaire à la main , il écoutait les recommandations de son interlocuteur tout en se justifiant de ses actes auprès de ce dernier.
Ces derniers mois n'avaient pas été faciles, et il avait dû agir en conséquence pour atteindre sa cible. Soupirant devant la tournure des évènements, il fut surpris par le ton hargneux de son supérieur:

-Je veux qu'on soit clairs , je veux que toute menace soit écartée , et qu'elle ne sera pas un problème pour moi
-Je vous assure que…..
-Je me présente aux présidentielles , je veux m'assurer que rien ne m'empêchera d'atteindre mon but. Si c'est le cas, je ferai le ménage avant
-Monsieur, je peux vous assurer qu'avec la venue au monde de sa fille , il y a presque six ans, Katherine Beckett a arrêté sa vendetta contre vous
-Il vaudrait mieux, sinon elle risque de perdre plus que son écrivain. S'il faut le lui rappeler, je m'en ferais une joie.
-Il n'y aucun problème, je peux vous l'assurer. Et si Beckett s'interpose entre vous et votre but, je ferai le nécessaire pour la bloquer , affirma-t-il en regardant le dossier de photos qu'il avait sur elle
-Très bien. Mais je vous préviens, au moindre doute, je m'occupe personnellement de sa fille.
-Oui, Mr Bracken, affirma ce dernier alors que le sénateur raccrochait le combiné pour le laisser seul devant les clichés d'une petite brunette de cinq ans, les yeux bleus et le sourire enfantin.


Charleston, pause de midi

Assise sous un arbre dans un parc public, Kate grignotait sa salade tout en contemplant les gens s'activer devant elle. Sa matinée s'était relativement bien passée, mis à part l'incident sur la plage. Elle commençait à se faire des connaissances parmi les participants du séminaire.

Elle avait espéré parler à Lily mais David lui avait indiqué que Jim l'avait récupérée pour un déjeuner-surprise. Son fiancé en avait donc profité pour avancer sa paperasse de demande de soins, afin de finir plus tôt et d'emmener Lily au cinéma le soir. On était mardi, et il souhaitait profiter du fait que la petite n'avait pas classe le lendemain pour passer la soirée devant le dernier Disney en salle, « Vahiana ».

Quelque peu déçue de ne pas avoir sa fille au téléphone, elle en avait néanmoins profité pour discuter avec son fiancé de son programme du matin, et de la richesse de son séminaire.
Après vingt minutes de conversation, elle l'avait laissé à ses tâches de paperasse pour aller récupérer sa salade sur le pouce, et en avait profité pour s'octroyer un pique nique dans le parc.

Perdue dans ses pensées, elle repensait à cet homme qui l'avait troublée un peu plutôt sur la plage ce matin. Sa stature, sa façon de bouger et ce café dans la main lui rappelaient tellement Castle qu'elle avait regretté de ne pas avoir immobilisé le taxi pour en avoir le coeur net.
Elle savait que c'était seulement l'espoir de le voir qui attisait son imagination. Après six ans sans nouvelles, et une chasse à l'homme pendant plus d'une année, elle ne pouvait pas le trouver sur son chemin comme ceci et encore moins en train d'écrire comme si de rien n'était.

Six ans, pensa-t-elle en soupirant tout en remuant distraitement sa salade. Elle se demandait pourquoi encore aujourd'hui elle espérait le revoir. Pour Lily, certainement , sa fille méritait de connaître son père. Leur conversation avant-hier l'avaient énormément ébranlée. Lily en voulait tellement à Castle que le coeur de Beckett se serrait à cette idée. Le seul réconfort qu'elle avait était que la petite semblait plus qu'heureuse avec David dans sa vie.
Elles étaient toutes les deux plus heureuses avec lui dans sa vie.

Le regard dans le vague, elle sursauta au son de la sonnerie de son téléphone dérangeant sa quiétude. Souriant devant le nom de l'appelant, elle décrocha en avalant une bouchée de salade :

-Beckett
-Hey, Sweety, comment vas-tu ?
-Je vais bien, et toi ?
-Oh tu sais la routine, meurtre, cadavre et sexe
-C'est….dégoûtant dit comme ça , grimaça Beckett
-Pas avec les cadavres !
-Encore heureux! s'estomaqua-t-elle face à sa réplique

Le départ de Kate pour ce séminaire avait inquiété sa meilleure amie. Lanie n'avait pas exprimé ses craintes à Beckett de peur d'intensifier les siennes déjà présentes, mais la savoir si loin de Lily était tellement exceptionnel qu'elle s'inquiétait de ses réactions.

-Alors le séminaire se passe bien ?
-C'est super intéressant, j'apprends plein de choses comme…..gérer les plannings ou le stock de matériel
-Matériel ?
-Hum…. Crayon, calepin, papier toilette ou….
-Tu sais, Honey, je me répète mais rien ne t'empêche de changer de travail.

Kate se plaignait rarement de sa nouvelle fonction. Cela lui pesait de ne plus être au centre des enquêtes, de l'action, de devoir être cantonnée à la paperasse. Elle s'ennuyait à ce poste, elle avait toujours été une femme de terrain et non une femme de bureau, mais avec la venue de Lily, tout avait changé. Elle avait même refermé le cas de sa mère pour leur sécurité à toutes les deux.

Elle donnait souvent le change auprès des personnes qui l'entouraient pour ne pas les inquiéter, mais avec Lanie, c'était différent. Elle pouvait se confier plus librement. Son amie la connaissait tellement bien que Beckett ne voyait aucun intérêt à lui mentir, de plus, avec la disparition de Rick, elles s'étaient rapprochées et Lanie était désormais sa seule confidente.

-Changer de travail…..pour faire quoi ? Je ne peux plus être flic, tu le sais, c'est trop dangereux
-Reprends tes études.
-Lanie, j'ai une fille à élever
-David t'aidera avec Lily, et je serai là aussi
-Non, il y a le mariage et …. Je vais les financer comment, mes études, soupira Kate en rangeant sa salade dans son sac plastique
-Castle t'a laissé de l'argent et…
-Cet argent est pour Lily
-Kate, avec tout ce que les Nikki Heat rapportent, tu peux….
-Non, je ne veux pas de son argent, la rabroua, de façon virulente, Kate
-Ok, très bien, abdiqua la métisse. C'est juste que ça me désole de te savoir malheureuse
-Je ne suis pas malheureuse, Lanie, j'ai une fille charmante et un fiancé canon, tenta Kate pour dédramatiser la situation
-Oh oui, il est canon
-Hey !
-Je plaisante, rit Lanie heureuse de taquiner son amie

Pendant quelques secondes, seuls leurs souffles résonnèrent dans le cellulaire. Alors que Lanie allait lui annoncer qu'elle voulait prendre sa fille le lendemain après-midi, pour une virée shopping, elle fut coupée dans son élan par la voix de Kate. Elle semblait …perdue et hésitante :

-J'ai cru le voir ce matin .

Elle avait beaucoup hésité à lui confier ce qui l'avait ébranlée le matin. Mais elle avait besoin de poser des mots sur ce qu'elle avait vu, et elle se voyait mal en discuter avec David. La tête entre ses mains, elle écouta Lanie lui répondre :

-Tu as cru voir qui ?
-Castle…..je…..
-Kate, soupira gentiment la métisse face à la tristesse dans la voix de son amie
-il était de dos,je n'ai pas vu son visage... il écrivait….et….
-Et?
-Rien, il buvait un café, il lui ressemblait tellement…..
-Tu lui as parlé ? fit Lanie sur un ton bienveillant
-Non, j'étais dans un taxi. Mais j'aurais dû….. Maintenant j'ai cette image dans ma tête , c'est fou….. Tu imagines, si c'était lui...
-Kate... c'est pas possible
-Je le sais, mais si…..je….enfin…
-Dis-moi , Honey.

La gorge de Kate se noua à nouveau , elle avait du mal à poser des mots sur ses sentiments, elle ne savait pas par quoi commencer.

-C'est stupide, je le sais. Je suis heureuse avec David, je l'aime mais…..
-Il n'est pas Castle
-Personne ne sera jamais Rick, c'est pas ça. Notre histoire méritait tellement plus qu'une fuite. Je ne le blâme pas, j'aurais pu le faire à l'époque, le blâmer tu sais, …. mais maintenant, avec Lily…..je comprends. Si quelque chose lui arrivait….je comprends Lanie.
-Quel est le souci alors ?
-Je ne sais pas…. J'ai comme un goût amer et un sentiment d'inachevé. J'aurais mérité un au-revoir…. Je ne sais même pas s'il est vivant...je...

- Kate, si Castle était vivant , il serait revenu depuis tout ce temps, fit sur un ton bienveillant Lanie.

- Tu as raison...on en a déjà parlé mais...je ne sais pas, ... voir ce type, tranquillement adossé, en train d'écrire avec sa tasse de café m'a troublée.
-Tu l'as vu ce matin ?
-Oui, quand j'ai fait mon footing matinal
-Alors un mec qui écrit à cette heure-ci est forcement un habitué. Demain, retournes-y avec tes baskets, et si tu le croises, va lui parler. Tu arrêteras de te torturer.
-Tu veux que j'aille aborder un inconnu que je prends pour le père de ma fille, comme ça ?
-Oui…..non, grimaça Lanie à cette idée. Regarde-le de face et tu verras que tu doutes pour rien.
-Ok…ok….Ou alors j'arrête de penser à Castle et je me focalise sur l'homme qui partage ma vie.
-Kate, si tu me parles de ça, c'est que ça te perturbe. Va le voir et passe à autre chose.
-Je vais y réfléchir, mais attendant je dois te laisser, le cours sur « comment gérer le stress de vos employés » va démarrer . Ils devraient rajouter "comment gérer mon stress".
-Oh, c'est une bonne idée…..je t'appelle demain, si tu as besoin de parler avant, appelle-moi.
-Ok, à demain. Et merci, sourit Kate en raccrochant, le coeur plus léger mais toujours perturbée par cet inconnu.

Elle n'arrêtait pas de se demander: et si elle l'avait cherché tout ce temps et qu'il était ici ,simplement en train d'écrire ? Non, impossible, il les avait laissées, elle , Martha et Lily…..Il ne pouvait pas juste…. Profiter du temps avec une tasse de café, soupira-t-elle en se levant pour partir rejoindre le programme.

 

Alors toujours là  ? ça vous plaît ? je continue ? 


billy  (11.03.2017 à 14:14)

CHAPITRE 5 .


Refermant son calepin avec beaucoup de frustration, Rick n'avait pas réussi à écrire un seul mot aujourd'hui. L'enveloppe qui se trouvait dans sa table de nuit envahissait toutes ses pensées. Que voulait dire son père en lui affirmant qu'il devait prendre conscience de ce qu'il laissait derrière lui ?

Il avait passé la nuit à ruminer, et désormais une bonne partie de sa journée. L'après-midi était déjà bien avancée et il se fit la réflexion qu'il n'avait même pas pensé à déjeuner. Toute cette histoire commençait à reprendre le dessus sur ses résolutions d'aller de l'avant et ne plus penser au passé.

Se levant, et laissant un billet de 20 dollars pour les nombreux cafés qu'il avait sirotés depuis son arrivée le matin, il vit Andréa , la serveuse, se poster devant lui , son plateau à la main et avec toujours le même sourire chaleureux :

-Fini de noircir les pages, l'écrivain ?

Elle s'était prise d'affection pour cet inconnu qui venait régulièrement depuis plusieurs mois boire un ou plusieurs cafés noirs , son calepin à la main et un air maussade sur le visage. Son personnage l'intriguait et l'attirait en même temps.
Ses traits révélaient une grande tristesse, il avait l'air abattu , vaincu par la vie et en même temps une très grande force de caractère émanait de ses beaux yeux bleus. Son physique plus qu'attrayant n'était pas pour lui déplaire non plus. A chaque fois qu'il passait, son crayon à papier à la bouche afin de trouver l'inspiration , elle en avait le souffle coupé. Ses bras musclés et sa barbe naissante lui donnaient un côté sexy et sauvage qui ne la laissait pas indifférente.

Au fil des semaines, ils avaient établi un contact. Ils discutaient , parfois plaisantaient, mais à chaque fois elle le sentait sur la réserve. Il maintenait une certaine distance entre eux qu'elle ne parvenait pas s'expliquer. Parler de sa vie privée lui était impossible, à chaque fois il se refermait comme une huître et cette mélancolie dans ses yeux réapparaissait. Andréa avait donc appris à ne pas trop le pousser. Chaque parole, chaque échange avec Rick était simplement un pur bonheur pour cette jeune serveuse de trente ans.

-Pas d'inspiration, lui sourit tristement Castle, en récupérant ses affaires sur la table.
-Peut-être demain, suggéra-t-elle en récupérant les vingt dollars et se préparant à lui rendre sa monnaie
-Peut-être.
-Tu écris quel genre de récit ? Autobiographique ? Historique? Romantique ?
-Oh ,rien de tout cela.

Qu'écrivait-il ? Très bonne question. Pendant des années, écrire des romans policiers , des intrigues de meurtre ou sur les aventures d'un personnage fictif avait été son gagne-pain, sa vocation, son passe-temps favori.
Aujourd'hui, il n'était que l'ombre de lui-même. Un écrivain déchu, déçu par la vie, qui notait au gré de ses humeurs, ses pensées, ses envies, son histoire. Son calepin pouvait être comparé à un journal intime. Il y parlait de ses peurs les plus profondes, de ses craintes mais aussi de son désarroi ou de ses espoirs .

Aujourd'hui, il n'avait pas eu d 'inspiration, mais il se demandait surtout s'il arriverait à continuer à écrire sur un homme qui passait son temps à la marina, un café à la main et le coeur en berne.

-Quel genre alors ? demanda-t-elle, en lui souriant amicalement
- Ce n'est pas vraiment des écrits. Il n'y a rien de bien intriguant ou d'intéressant même. Garde la monnaie Andréa, éluda Rick, en lui rendant son sourire et en repartant, penaud, sur la promenade du port
-On se voit demain ? l'interpella la jeune serveuse, qui s'en voulait de l'avoir poussé dans ses retranchements une nouvelle fois.
-A demain.

Bureau du Docteur Avery, 17 heures

Les yeux sur ses notes, le médecin attendait patiemment que son patient s'ouvre un peu plus à lui. Depuis quelques mois, il avait débuté des sessions de psychanalyse avec cet ancien auteur de romans policiers. Tout d'abord pris au dépourvu par sa venue, il avait promis de garder le silence sur ses sessions .
Richard Castle était, avec Patterson, l'un de ses écrivains préférés. Le docteur Avery avait suivi tous les Derrick Storm et les Nikki Heat. Quand sa disparition était devenue publique, il y a six ans, il avait espéré pouvoir un jour avoir la chance de relire un jour un de ses écrits .

C'était donc plus que troublé qu'il avait rencontré Castle , il y a plus de huit mois, pour démarrer une session. Après plusieurs entretiens , Rick lui avait dévoilé l'histoire de sa vie, la perte de sa fille, sa fuite et la traque de l'assassin d'Alexis. Il avait ensuite révélé être anéanti et tellement brisé qu'il n'arrivait pas à retourner auprès des siens. Il n'était plus Richard Castle, il était devenu un autre homme.

Depuis ce jour, le docteur Avery avait décidé d'aider cet homme. Toutes les séances avaient pour but de le faire revenir sur New-York auprès des siens, et de retrouver un semblant de paix.

Mais aujourd'hui, il trouvait Castle plus perturbé, plus agité que les sessions précédentes. Quelque chose le tracassait profondément. Relisant ses notes, il attendait patiemment que Rick se confie à lui quand celui-ci déclara enfin :

-Mon père m'a rendu visite hier
-Sa visite mensuelle? demanda Avery en levant le regard sur l'auteur pour le voir la tête baissée, les mains entre ses jambes et le dos voûté.
-Hum
-Vous vous êtes disputés ?
-Comme toujours. Je ne comprends pas son obstination de continuer à venir me voir.

Devant le mutisme du thérapeute, Castle leva la tête pour tomber sur son regard compréhensif , et continua donc, hésitant:

-Il m'a laissé une enveloppe
-De quelle nature?
-Je ne sais pas. Je ne l'ai pas ouverte. Apparemment, elle contiendrait des réponses pour moi…des réponses sur ce que j'ai manqué ces six dernières années.
-Pourquoi ne pas l'ouvrir ?
-Pourquoi le faire ? rétorqua-t-il perdu.

Il avait déjà tenté de retourner sur New-York, tenté de reprendre sa vie en main. Mais au moment où il avait aperçu Kate, puis la tombe de sa fille, ses espoirs s'étaient envolés. Comment faire face à un avenir sans Alexis, sans Beckett à ses côtés ?

Il ne lui tenait pas rigueur d'avoir refait sa vie. Après ses années d'absence , elle avait le droit au bonheur. Après tout, ils n'étaient pas engagés tous les deux. Elle était "simplement" sa petite-amie….. Son rêve éveillé. Et la façon avec laquelle il l'avait quittée, les mots qui lui avait dits, il comprenait aisément qu'elle ait tourné la page.

Se grattant la tête comme pour y voir plus clair, il repensait à cet avenir qu'il avait souhaité à une époque. Un avenir auprès d'elle. Il s'était toujours imaginé finir sa vie près de Kate, c'est pour ça qu'il avait acheté une bague, et c'est pour ça que, six ans après, tous ses rêves , ses espoirs tournaient encore autour d'elle.

Il se demandait souvent si elle aurait accepté sa demande en mariage à l'époque, ou si….elle aurait bien voulu avoir une famille avec lui…. En y réfléchissant, il ne l'avait jamais entendu lui exprimer ouvertement un désir de maternité...et pourtant elle était mère à présent. Elle avait un enfant...une fille avec un autre. Certainement avec son "one and done".

-Vous n'êtes pas curieux? l'interrompit dans ses pensées le docteur Avery

-Curieux ? Non, pas vraiment, soupira-t-il….Je n'ai pas vraiment envie de découvrir Beckett avec un autre
-Et si ce n'était pas le cas ?
-Pas le cas ? fit-il surpris. Elle a eu un enfant.
-Beaucoup de personnes ne finissent pas leur vie avec le père ou la mère de leur enfant.
-Je le sais bien, répondit Castle en pensant à Meredith, puis à Alexis.
-Alors, vous….
-Mais pas Beckett, le coupa-t-il, sur un ton résigné et résolu. Kate est différente.
-Elle est humaine comme tout le monde, elle peut faire une erreur, même dans son mariage
-Je le sais, mais….elle est têtue et elle se bat pour ce qui est juste, sourit Rick en repensant à elle. Si elle se marie ou si elle a un enfant avec un homme, c'est que c'est le bon. Elle est comme ça, dure mais entière. Si elle a porté un enfant, c'est que le père est un homme chanceux. Quoi qu'il arrive, elle se battra toujours pour sa famille, son mariage et donc pour lui.
-Très bien. Et qu'en est-il de votre mère ? reprit le médecin qui tentait de lui faire entendre raison.
-Ma mère…elle me manque….mais….je suis brisé. Je ne pense pas qu'elle souhaiterait me voir ainsi, avec autant de bagages émotionnels.
-Elle aimerait sûrement savoir que vous êtes en vie. Dans la même semaine, elle a perdu sa petite-fille et son fils unique….
-Je n'avais pas le choix, souffla Castle, énervé, en se levant brusquement
-On a toujours le choix, Mr Castle…..Sinon comment expliquer votre présence ici et non à ses côtés ?
-Je….je….
-Oui ?
-Je dois y aller, l'heure est passée, éluda Rick qui se sentait oppressé par toutes ces questions pertinentes
-Ne vous renfermez pas Mr Castle…, où en est l'écriture ? tenta Avery pour changer de sujet

Se tournant pour prendre son manteau , il ricana de lui même avant de lui déclarer :

-L'écriture ? Je suis une épave sans imagination et sans muse. L'écriture fait partie de mon passé. Je suis fini.

Et sans un autre mot, il sortit du bureau pour retourner à son hôtel et ruminer une nouvelle fois sa peine.

Charleston , 6 heures du matin.

Elle n'avait pas dormi de la nuit. Après avoir discuté avec sa fille et David avant leur soirée ciné, elle avait tenté de lire un peu. Le dernier roman d'Alex Conrad semblait prometteur. Seulement elle avait du mal à rentrer dans l'histoire, dans l'intrigue et dans les personnages. A chaque page terminée, elle avait l'impression de planter un couteau dans le dos de Rick.

Cette sensation, elle ne l'avait jamais ressentie depuis sa disparition. Cet inconnu sur la plage l'avait complètement chamboulée, malgré l'entêtement qu'elle y mettait pour le nier.
Posant le roman rageusement sur la table de chevet, elle se souvint du regard de chien battu de Rick quand Conrad l'avait suivie pour le besoin de son livre, elle se souvint aussi de sa promesse à ce moment-là:

-Je ne suis la muse que d'un seul auteur. Always.

Cette histoire était dingue et allait la rendre folle. Comment un homme , un café à la main , avait autant de poids dans ses pensées et ses sentiments ?

S'énervant contre elle-même, elle s'était connectée au réseau wifi de l'hôtel pour regarder les locations sur la Grande Pomme. Avec David, ils avaient convenu de discuter déménagement. Elle n'avait pas accepté l'offre mais ne l'avait pas refusée non plus.
Observant toutes les annonces, elle se fit la réflexion que c'était la prochaine étape dans leur vie de couple, avant le mariage. Ils méritaient tous les deux de nouveaux souvenirs dans un endroit neutre. Cette idée de nouvel appartement n'était donc pas une idée farfelue.

Pour une meilleure organisation, elle sélectionna les logements qui se trouvaient dans son quartier. Elle ne souhaitait pas changer les habitudes de sa fille. Lily adorait son école et ses amies, et Kate pouvait très bien allier l'utile à l'agréable.

Sa recherche d'appartements avait duré deux bonnes heures quand, vers 23 heures, David lui avait envoyé un message pour l'avertir qu'ils étaient rentrés et que Lily dormait profondément. Sautant sur son cellulaire, elle l'avait appelé:

-Hey, chérie, susurra d'une voix douce son fiancé, qui entrait dans leur lit complètement éreinté
-Hey….Alors, ta soirée a été bonne ?
-Super. On a eu du pop corn et Lily a adoré ce dessin animé. Elle s'est endormie dans le taxi, mais elle était ravie.
-Tu m'étonnes, entre le parc et le ciné, tu l'occupes bien.
-Je veux juste que ton absence ne lui pèse pas trop.
-Je le sais et je t'en remercie, sourit, attendrie, Beckett
-Et toi , ta soirée ?
-Oh….elle a été productive. J'ai sélectionné une dizaine d'appartements.
-Appartements ?
-Oui. Tu as raison, on devrait envisager de déménager . Alors j'ai trouvé pas mal d'appartements dans notre budget , dans le même quartier, avec plus de superficie.
-Je…..whaou….Je ne m'y attendais pas.
-Il y a en a même plusieurs avec trois chambres, ajouta-t-elle, heureuse
-Trois….chambres ? Mais qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de ma fiancée ! la taquina David, fou de joie.
-Je crois que l'éloignement me fait réaliser mes priorités. Et mes priorités sont Lily et toi. Alors si tu ne te sens pas bien où l'on vit, on peut très bien déménager.
-Avec trois chambres?
-Oui….mais pas besoin de la remplir tout de suite. Je pense que je vais avoir besoin de temps pour me faire à cette idée.
-Trois chambres, répéta David, rêveur
-J'ai dis, du temps…
-J'ai compris, mon coeur. Je suis juste ravi que tu y penses.

Ils avaient discuté pendant une heure encore avant que Kate ne raccroche sous les ronflements de son fiancé.

Elle avait ensuite tenté de trouver le sommeil, mais en vain. Les yeux posés sur la photographie de Lily, elle n'avait qu'une envie, serrer dans ses bras sa petite fille et sentir son odeur de cerise. Elle lui manquait terriblement.

Quand, à 5h30 du matin , elle vit qu'elle ne dormait toujours pas, elle s'était levée pour se doucher et enfiler ses baskets
Courir l'avait toujours aidée à extérioriser ses sentiments, alors, sortant de l'hôtel , elle héla un taxi et partit en direction du parc de Charleston.


Quelques minutes plus tard...

Elle courait depuis quarante minutes avec en fond sonore dans ses oreillettes du « Bruno Mars », et son souffle commençait à s'épuiser, des gouttes de sueur perlaient sur son visage et son buste, ses jambes se faisaient de plus en plus lourdes, mais elle ne relâchait pas la cadence, elle avait besoin de courir, besoin de s'éloigner de tous ses tourments.

Toutes ses pensées étaient chamboulées, elle revivait inlassablement des pans de son passé. Plusieurs images lui vinrent à la tête et ses yeux rougissaient à chaque pas de plus sur le bitume.

La respiration saccadée, le coeur tambourinant, elle dut se résoudre à s'arrêter après une heure de course autour de ce parc de Charleston. Les mains sur ses jambes, le dos voûté et les yeux sur la route , elle tentait de maîtriser son souffle.

Elle se sentait épuisée et tellement perdue. Tout cette histoire devait s'arrêter. D'habitude, après un effort physique , elle se sentait libérée d'un poids, mais aujourd'hui, tout ce qui l'obnubilait c' était cet inconnu près de la plage. Comme si, quelque part , il l'attirait comme un aimant.

Et si, après l'avoir cherché pendant des mois, après avoir refait sa vie, après s'être battue si fort pour être ici maintenant, elle devait faire face à lui …..comme ça…
Ses questions commençaient à lui donner la migraine, mais en même temps, elle était terrifiée à l'idée que ce soit lui. Et si, après six ans, elle le trouvait assis à la terrasse de ce bar ? Et si c'était lui?... Et si c'était Castle ?

Tout ceci était absurde. Elle ne pouvait plus se laisser guider par sa peur , elle était Kate Beckett. Elle avait survécu à la mort de sa mère, à une balle dans le coeur, à l'absence de Rick , à une maternité , elle ne pouvait pas simplement s'effondrer à la vue d'un inconnu.

Faisant tournoyer la bague de fiançailles qui trônait fièrement sur son annulaire, elle repensait à ces trois dernières années avec David. A sa rencontre avec lui, à leurs nombreux repas, à leur premier baiser, leur première fois…..oui, elle l'aimait.

Elle devait tirer un trait sur son passé, sur Castle. Elle allait changer d'appartement et tourner la page.

Sortant du parc, elle marcha plusieurs minutes , regardant la ville s'éveiller peu à peu à chacun de ses pas.
Les couleurs sur les façades étaient époustouflantes , Charleston était vraiment une ville magnifique. Le soleil montait tout doucement et Kate sourit en voyant le ciel rosé à l'horizon.

Eteignant son ipod, elle se trouva à un croisement. Sur sa droite, à quelques pas, se trouvait le bar et certainement cet inconnu qui obnubilait ses pensées, mais à gauche, deux taxis attendaient sagement de nouveaux clients.

Hésitante sur la marche à suivre, elle réfléchit en touchant une nouvelle fois sa bague. Que devait-elle faire ? S'éloigner ou faire face à cette peur qui la paralysait depuis la veille ? Parce que, finalement , elle était tétanisée. Si c'était Rick , elle ne savait pas comment réagir, mais si ce n'était pas lui, si elle devait faire face à un nouvel échec, elle devrait …à nouveau perdre espoir.

Elle était amoureuse, elle aimait David, elle aimait leur histoire. Elle n'était pas du genre à épouser un homme sans réfléchir ou à le laisser seul avec sa fille sans en être amoureuse.

Mais ne pas savoir comment allait Rick la tuait un peu plus chaque jour. Quelque part, elle culpabilisait de ne pas avoir été plus rapide, de ne pas avoir sauvé Alexis, et de ne pas avoir suffi pour l'aider à surmonter sa mort.
Il était son partenaire , son meilleur ami, l'homme qu'elle avait aimé …..qu'elle aimait…et elle l'avait laissé tomber dans les mêmes ténèbres qui l'avaient happée à la mort de sa mère.

Déglutissant à l'idée qu'elle ne trouverait pas le repos tant qu'elle n'aurait pas vu de ses propres yeux que cet inconnu n'était pas Rick, elle tourna à droite à l'intersection et marcha quelques minutes de plus avant de trouver la devanture du bar : « Seconde Chance ».

Quel nom bizarre pour un bar, pensa-t-elle, en s'éloignant quelque peu pour ne pas être vue du peu de clients qui buvaient un café ou prenaient un petit déjeuner. S'installant sur un muret , dos à la mer, les mains tremblantes, le soleil dans le dos, elle attendait patiemment que son mystère se résolve.

Il n'était pas loin de 7h30 passés, son estomac commençait à quémander les glucides qu'il avait évacués avec cette course dans le parc, mais ses yeux restaient fixés sur cette terrasse en face d'elle. Seuls trois clients s'y trouvaient, et aucun signe de cet écrivain.
Mettant ses mains tremblantes entre ses cuisses, elle baissa le regard quelques instants en se remémorant son départ.

Flashback .

Ils s'étaient violemment disputés après la mise en terre d'Alexis. Rick avait eu des propos assez violents à son encontre avant de claquer la porte de sa chambre, fou de rage. Il avait fermé à clef, ne lui laissant pas d'autre choix que de rester à l'extérieur, dos à la porte.
Elle se souvenait de la tristesse qui l'avait envahie quand elle avait entendu ses pleurs, ses soubresauts de tristesse, on aurait cru entendre les cris d'un animal qu'on abattait .

Toute sa force s'était alors évaporée, les larmes, qu'elle avait tenté de contenir depuis le début de l'après-midi pour l'accompagner au cimetière, se déversèrent comme un torrent sur son visage. Sous le poids du chagrin, ses jambes lâchèrent et elle se souvint d'être restée des heures à l'entendre pleurer derrière cette porte. Entre deux larmes, elle lui murmurait son amour, son soutien…..mais il n'avait pas ouvert la porte.

Elle avait espéré le serrer dans ses bras , sentir son corps contre le sien et pleurer avec lui. Mais il avait eu besoin de s'isoler dans cette fichue chambre, en lui hurlant dessus.

Vers une heure et demi du matin, elle s'était levée en entendant les pleurs de Martha à l'étage. Se sentant inutile pour Rick , elle était allée rejoindre la matriarche, qu'elle avait bercée jusqu'aux premières heures du matin, et avait finalement laissé le champ libre à Rick pour fuir.

Elle se souvint de cette nausée qui l'avait prise quand elle avait vu sa penderie vide, la note sur son lit « je suis désolé », et l'absence totale de Castle.
Oui, elle pouvait se souvenir de cette matinée-là comme si elle y était encore. Elle avait été paralysé devant ce fichu mot , elle avait cru mourir….Elle avait cru que son coeur se brisait, que ses poumons se broyaient. Elle se souvint de tous les jours suivants...toutes ces journées, ou elle avait espéré son retour...un coup de téléphone...ou juste un autre mot stupide. 

Et depuis six ans, elle culpabilisait de s'être levée pour rejoindre Martha, de ne pas avoir défoncé cette porte pour aider Castle à passer à travers son chagrin, de lui avoir donner l'espace qu'il lui avait réclamé. 

Fin du Flashback.

Relevant les yeux emplis de larmes, la gorge nouée, sur la terrasse en face d'elle ,elle commença à sécher une larme quand elle se stoppa devant la vision qui se trouvait en face d'elle. Sa respiration se coupa, son regard se brouilla , ses mains tremblèrent et elle sentit la cicatrice entre ses deux monts la brûler sur place.

Tout ceci était un cauchemar , elle allait se réveiller….il ne pouvait pas être là…il ne pouvait pas être là….

N'arrivant pas à croire à ce qu'elle voyait, elle se pencha en avant pour vomir le peu de nourriture qu'il lui restait dans l'estomac.

Après six ans…..six longues années, elle le trouvait dans un bar à siroter un café !

Tous ses sentiments se bousculaient, se mélangeaient, elle ne savait plus quoi penser, plus quoi faire, elle se sentait submerger par toutes ses émotions.

Séchant, du revers de la main , un coin de sa bouche, elle tenta de se lever et de s'éloigner, mais ses yeux ne se détachaient pas de Rick.

Un stylo à la main, un air contrarié sur le visage, une tasse de café dans l'autre, il regardait son calepin sans bouger. Il était totalement concentré sur sa page blanche. Elle avait l'impression de voir un fantôme. Sa barbe de quelque jours, ses quelques kilos en moins et cette mine perplexe sur son papier, lui rappelait les heures qu'elle avait passé à le contempler à écrire au poste sur son ordinateur portable ou tout simplement dans l'intimité de son bureau.

Comment après six années, elle pouvait le trouver à une terrasse de café ? Elle avait imaginé tous les scénarios...un retour surprise de sa part, ou au détour d'une enquête, ou encore un appel de l'hôpital mais jamais...ainsi. Se levant fébrilement, elle se cacha dans un recoin d'un immeuble à quelques mètres de lui pour trouver refuge.

Elle se tenait le ventre tout en s'agenouillant, pour s'adosser au mur, afin de reprendre son souffle. Elle avait l'impression de manquer d'air, d'hyperventiler, de faire une attaque de panique. Comment pouvait-il être ici ? Que faisait-il ici? Que devait-elle faire ?

Ses jambes la lâchèrent, et elle s'écroula sur le sol, le visage en larmes, les mains tremblantes. Elle n'osait pas sortir de son recoin, elle n'osait pas poser le regard sur lui. Elle ne savait plus comment agir, quoi dire.

Prenant son cellulaire, elle composa un numéro:

-Hey, Sweety, tu es bien matinale, bailla Lanie en s'étirant

-Kate ? s'inquiéta la légiste en entendant les pleurs de son amie et son souffle plus qu'anarchique

-Honey, respire…concentre-toi sur ma voix et respire, tenta-t-elle en se levant comme une folle pour enfiler des vêtements à la va-vite.

Pendant plusieurs minutes, Lanie tenta de calmer la crise de panique de sa meilleure amie. Avec des mots réconfortants, en lui demandant régulièrement de respirer , elle tentait d'y voir plus clair sur ce qui pouvait autant l'affecter. Son angoisse montait en pensant que ce devait être à cause de ée en jogging, elle était sortie de son appartement pour héler un taxi et accourir chez Beckett, pour vérifier que sa filleule allait bien, quand elle entendit enfin le son de la voix de son amie:

-Il…mon dieu…c'est lui.

La timbre dans la voix de Kate indiquait une profonde blessure. Elle semblait perdue et si…..faible que Lanie se sentit complètement perdue sur ce trottoir New-Yorkais.

-Lui ?
-Castle…..l'inconnu…..c'est Castle.

A la réplique de son amie, Lanie se figea. Castle ? Non ce n'était pas possible. Elle ne pouvait pas tomber sur lui ainsi, pas après tout ce temps. Pas après la chasse à l'homme que Kate avait lancé à son départ.

-Je…..tu…..Oh mon dieu….
-Il est ici Lanie…. Après tout ce temps…..il est ici.
-Calme-toi, chérie.
-Je vais vomir, déclara Kate en rejetant une nouvelle fois les restes de son diner de la veille.


billy  (15.03.2017 à 20:02)
Message édité : 15.03.2017 à 21:17

CHAPITRE 6.


Tous ses souvenirs tourbillonnaient dans sa tête, elle revoyait la note qu'il avait laissée sur son lit avant son départ…. Son « au-revoir », elle se revoyait en pleurs, complètement abattue , puis ensuite l'annonce de sa grossesse….. ses mois de recherche , de traque insensée, d'espoir et de désillusion…. Son accouchement.
Elle pouvait entendre les premiers cris de Lily et ressentir à nouveau le dilemme qui avait fait rage dans son coeur à cet instant, entre la joie et la profonde tristesse qu'il ne soit pas là.
Elle revivait ces six dernières années , toutes les choses qu'il l'avait manquées avec sa fille...avec elle.

Elle l'avait cru mort. Au fond d'elle, elle le pensait mort. Et aujourd'hui…..il sirotait un café en terrasse ?

Comment un homme pouvait-il abandonner sa famille sans donner signe de vie pour refaire sa vie en Caroline de Sud ?
Comment avait-elle pu aimer un homme pareil ?
Elle le pensait à la poursuite du meurtrier d'Alexis, elle le croyait mort pour cette quête...

Ses mains tremblaient , son coeur tambourinait et son visage était ravagé par les larmes. La tristesse, la déception, et la colère prédominaient sur la joie de le retrouver en vie. Toute ses certitudes étaient parties en fumée au moment où ses yeux s'étaient posés sur lui.

Au loin , comme un bruit sourd, elle pouvait entendre les mots de Lanie dans son téléphone qu'elle tenait à peine du bout des doigts :

-Tu es sûre ? Je veux dire, tu t'es sûrement trompée…. ça ne peut pas être lui.

La légiste était, elle aussi, sous le choc de cette révélation. Quand elle avait suggéré à Beckett de retourner au café ce matin pour dissiper ses doutes, elle n'aurait jamais pensé qu'elle y trouverait Castle.
Elle avait même oublié cet inconnu qui l'avait tourmentée, elle avait mis cette angoisse sur le compte du stress de l'éloignement de sa fille, ou de la fatigue, ou encore de son futur mariage.

Debout en plein New-York, en jogging , les cheveux en vrac suite à son saut du lit, Lanie était pétrifiée par la nouvelle.

-Non , Lanie, je ne suis pas sûre de reconnaitre le père de ma propre fille ! Bien sûr que c'est lui ! cracha, énervée, Becket qui sortait de sa torpeur.

La colère…. Voilà ce qu'elle ressentait. Une profonde et frustrante colère. Elle avait l'impression d'avoir été prise pour une imbécile pendant des années, elle pensait le connaitre mieux que ça . Elle pensait qu'il valait mieux que ça.

-Ok, ok….Heu, il est assis dans ce bar et il fait quoi ?… Il écrit ? fit la légiste, toujours abasourdie par cette nouvelle
-Tu oublies le café! Monsieur boit son café ! Alors que moi, je n'arrive même plus à en avaler une goutte!
-Sweety, tu devrais te calmer
-Me calmer ? Me calmer ? J'ai passé ces six dernières années à élever sa fille pendant qu'il se la coulait douce! Je le croyais mort Lanie! Je croyais qu'il m'aimait. Je croyais que…., balbutia Kate dont la voix se brisait un peu plus à chaque constatation.
-Honey..
-Je croyais qu'il était parti pour rendre justice à Alexis…..Mon Dieu…..Ce que j'ai pu être bête ! Il a fui!
-Kate, tu dois vraiment te calmer. Il y a sûrement une explication, ce n'est pas le genre de Castle de laisser sa famille derrière lui pour prendre du bon temps. Je pense que tu devrais aller le voir et discuter …
-Je vais lui mettre une balle entre les deux yeux ! oui ! fit, folle de rage, Beckett qui faisait dorénavant les cents pas sur le trottoir . Je te jure que je vais l'abattre !
- Ok….donc calme-toi avant …..et discute après, grimaça Lanie
-Discuter ? Pour quoi faire! Il sait où j'habite, il sait où se trouve Martha ! Et il n'est jamais revenu ! Je l'ai attendu ! Je l'ai attendu pendant six ans ! Je l'ai cherché ! Je l'ai pleuré et …
- Kate, tu dois te…
- Et il est là dans ce foutu bar , tous les matins, pour écrire ? continua-t-elle hargneusement
-Tous les matins ?
-C'est toi qui me l'a dis! Un écrivain qui se pointe aussi tôt dans un bar pour écrire est un habitué!
-Depuis quand tu écoutes à la lettre ce que je dis? marmonna Lanie alors que Kate continuait son monologue sans relever sa remarque
-Il écrit…tous les matins? Sur quoi ? …. Il a dû trouver une muse, fit-elle atterrée par sa déduction
-Kate, tu…
-Six ans ! Bien sûr qu'il a trouvé une nouvelle muse !
-Ok , tu es hors de toi, mais…
-Mais quoi ! hurla Kate au bord de la crise de nerfs. Il n'y a pas de mais ! Comment peux-tu même lui chercher une excuse ! Et crois-moi je suis beaucoup plus que "hors de moi" !
-Je…
-Rien ne justifie son absence dorénavant. Rien ne justifie qu'il soit partit !
-Il a perdu sa fille. Il est peut-être paumé. Je veux dire, quand tu as perdu ta mère , tu…
-Je n'ai pas disparu de la surface de la terre pendant six ans!
-Non. Mais chacun vit son deuil différemment. Tu t'es plongée dans le boulot, Castle lui…eh bien…. Je ne sais pas…. Mais tu ne peux pas faire demi-tour sans avoir une explication.

-...

-Pense à Lily, tenta Lanie, qui ne savait pas comment lui faire entendre raison.

Elle comprenait sa colère, sa fureur. Six années…pendant six ans, elle avait vu Kate se battre chaque matin pour juste mettre un pied devant l'autre. C'était comme si sa vie s'était arrêtée quand Castle avait quitté le loft. Elle l'avait vue trébucher, hurler, pleurer, et se relever…pour Lily et ensuite grâce à David. Elle comprenait le sentiment de déception, de trahison qui devait l'envahir, mais elle devait penser à sa fille désormais.

-Lily ?
-Oui. Tu viens de retrouver son père et….
-Mon dieu, Lily, mon dieu, soupira-t-elle, paniquée, en la coupant.

Elle avait retrouvé Castle…elle avait retrouvé le père de sa fille. Et maintenant ? …Ils avaient enfin trouvé un rythme dans cette nouvelle famille et elle avait l'impression que tout allait exploser. Comment allait-elle expliquer à sa fille et à son fiancé qu'elle était tombée sur Castle au coin d'une terrasse ? Elle allait certainement blesser David,…..et Lily….comment allait-elle réagir ? Ces derniers temps, son aversion pour Rick était au paroxysme, Kate était partie sans régler le problème et elle s'en voulait dorénavant. Elle ne pouvait pas lui imposer un père dont elle ne voulait pas.

-Et Martha….pense à Martha, Sweety, renchérit Lanie qui tentait de lui faire prendre conscience que tout allait être chamboulé.
-Je vais le tuer, grinça Beckett. Je te jure que je vais le tuer !
-J'arrive, Sweety…..je prends le premier vol et j'arrive.

Lanie ne savait pas comment réagir ni quoi dire pour apaiser sa meilleure amie, mais elle ne pouvait pas la laisser affronter ça toute seule. Après plus de six ans à l'épauler, à l'aider, à la pousser à aller de l'avant, elle sentait Kate totalement perdue et sur les nerfs.

-Non
-Non ? fit la légiste, surprise par son refus
-Non. C'est entre lui et moi. Tu restes à New-York…Pas un mot à personne…
-Mais….
-A personne, Lanie. J'ai besoin de temps…je dois réfléchir à tout ça et voir comment tout va se dérouler
-Honey, chérie, je….
-Tu restes à New-York, pas un mot aux autres. Je te rappelle plus tard. Ne t'inquiète pas.

Et sans un autre mot, elle raccrocha sans laisser le temps à Lanie de répliquer quoi que ce soit.
Totalement excédée désormais, elle reposa rageusement son cellulaire dans la poche de son jogging, en se répétant :

-Respire…..respire….respire…..

Se frottant l'arête du nez, elle réfléchissait à la marche à suivre. Elle ne pouvait pas faire demi-tour, et en même temps , elle ne savait pas comment entamer la conversation. Que devait-elle faire? S'asseoir gentiment et lui parler des six dernières années ?

-Hey , Castle ? Comment ça va ? Tu sais quoi , on a une fille et ta mère est dépressive . On t'a cherché dans tous les coins du monde, mais je n'avais jamais pensé à cette terrasse.

Sa colère ne diminuait pas, bien au contraire. Elle augmentait de seconde en seconde. Séchant ses larmes, elle s'avança lentement au coin de la rue pour l'observer encore une fois de loin.

Ses expressions n'avaient pas changé d'un iota, il semblait en pleine réflexion , son calepin ouvert devant lui, son stylo à la main, comme si de rien n'était. Il était bien loin des préoccupations de Beckett. Doucement, il releva le visage pour scruter l'horizon, elle crut défaillir devant la vue qu'il lui offrait. Le poids des années avaient laissé des marques sur son joli visage, mais ça ne le rendait pas moins séduisant que dans ses souvenirs. Il semblait plus mature, moins enfantin, comme si la malice qui l'habitait avait fui pour laisser place à un homme plus sombre, plus dur.

Prenant une grande respiration , elle tentait de canaliser le flot d'émotions qui la submergeait, jamais elle n'aurait pensé le revoir dans ces conditions...


Bar « Seconde Chance », 8h50

Il arrivait à s'exaspérer lui même . Assis depuis plus d'une heure à cette terrasse de café, il n'avait pas avancé d'un pouce. Il se sentait complètement perdu. Le syndrome de la page blanche …comment pouvait-il souffrir de ça en écrivant un journal intime ? Sa vie était vraiment pathétique et sans aucun intérêt.

Prenant la tasse de café qui se trouvait devant lui, il commença à la déguster quand une effluve de parfum arriva à ses narines. Les yeux toujours rivés sur son calepin, il aperçut une ombre devant lui.

Cette odeur, il aurait pu la reconnaître entre mille. Pendant des années, elle lui avait suggéré des fantasmes, puis, par la suite, de grandes promesses de délices. Ce parfum avait été son leitmotiv pendant plus de cinq ans : la cerise.

Sa respiration se bloqua, son coeur tambourina…Ce ne pouvait pas être elle…il faisait fausse route. Elle ne pouvait pas se trouver devant lui après toutes ces années. Il n'osait plus bouger, ni respirer comme si elle allait s'évaporer au moment où il poserait les yeux sur elle.

Sans demander la permission, Beckett poussa le siège qui se trouvait en face de Castle pour s'y installer, et déclara sur un ton froid :

-Salut, Castle.

Rien que le fait de le saluer lui donnait la nausée, elle tentait de cacher son trouble derrière une apparence froide et hostile, mais à l'intérieur, elle était paniquée et stressée. Doucement, il releva les yeux de son calepin et tomba des nues en la découvrant devant lui.

Kate Beckett était devant lui….Sa Kate Beckett...

-Ka…Kate, bégaya-t-il .

Sa voix…..elle avait oublié le son doux et mélodieux de sa voix. Elle était toujours touchée quand il l'appelait par son prénom. C'était comme s'il transgressait la ligne qu'ils s'étaient imposée pendant des années. C'était intime ….et tellement agréable.

Elle pouvait voir son malaise. Ses mains avaient lâché le stylo pour se mettre à trembler, sa pomme d'Adam montait et descendait à chaque déglutition, son regard semblait heureux mais tétanisé.
Pendant plusieurs minutes , ils se regardèrent sans échanger un mot. Tout ceci était surréaliste .

Des années d'absence, des années de pleurs, et ils se trouvaient l'un en face de l'autre , à des kilomètres de New-York , sur une terrasse en bord de mer.

Rick était subjugué par l'image qu'il avait en face de lui. Elle était magnifique. Vêtue de son jogging, les cheveux remontés en chignon et les yeux rougis, elle était à couper le souffle. Il aurait voulu la serrer dans ses bras, il aurait voulu s'excuser, mais il restait tétanisé devant elle. Son regard était tellement triste et colérique qu'il ne savait pas comment agir ou quoi dire.

Après des années à se cacher puis à hésiter sur son retour, Castle était pétrifié, elle était en face de lui.

-Un nouveau café, l'écrivain ? les fit sursauter Andréa, son plateau à la main, et toujours autant souriante.
-Heu…je….je ne sais pas.
-Vous prendrez quelque chose, madame ? demanda-t-elle, devant l'effarement de Castle
-Non, merci, siffla Kate qui tentait de garder son calme
-Rick ? Tu veux un autre café ?

A la question d'Andréa dont le ton était si personnel, Beckett releva le sourcil et croisa ses bras autour de son buste , en répétant sur le même ton mielleux:

-Oui, Rick, un autre café ?

Au regard qu'elle lui lança, il déglutit une nouvelle fois. Cette fois la tristesse dans ses yeux avaient laissé place à une colère sans nom. Il n'avait jamais vu autant de hargne dans ses yeux, même du temps de leurs premières années de partenariat, quand il s'amusait à l'exaspérer, il n'avait vu autant de fureur.

-Non, merci, déglutit-il sans lâcher du regard Beckett qui le fusillait
-Très bien, à plus tard alors, sourit Andréa, avant de repartir sans arrêter son observation sur cette jeune femme qui accaparait les pensées de son écrivain.

Se grattant la nuque, tout en cherchant ses mots, Castle fut surpris par la question de Kate qui se voulait froide et hostile :

-Alors, tu sirotes des cafés depuis six ans sur cette terrasse avec cette serveuse ?
-Je…non..je…
-Sympa, ta vie...la mienne est beaucoup moins drôle.
-Elle n'a rien de sympa , crois-moi.
-Oh ? Qu'est-ce qui te dérange ? Le climat de la côte ? L'architecture de la ville ? L'arôme du café ? Pas assez de bimbos ? ... En tout cas, ce n'est pas la culpabilité d'avoir abandonné ta petite-amie ou ta mère.
-Je….
-Six ans!
-Je sais, soupira ce dernier en tentant de lui attraper la main
-Ne me touche pas, siffla-t-elle en le fusillant du regard
-Ok, ok….je….je suis désolé, Kate.
-Désolé. Tu es désolé ! Et pourquoi? Pour m'avoir laissée dans l'ignorance ? Pour être parti comme un voleur ? Pour m'avoir brisé le coeur ? cracha-t-elle au bord des larmes en se relevant rageusement .

Sans un autre mot, elle partit. Elle ne pouvait pas rester immobile en face de lui, elle avait l'impression d'étouffer. Toutes ces années à l'attendre pour un « je suis désolé »... Elle se rendait bien compte que quoi qu'il lui dise, elle le prendrait mal. Elle était folle de rage contre lui. Mais le « je suis désolé » était au dessus de ses forces. Elle avait l'impression qu'elle aurait été capable de le tuer à mains nues pour ce foutu « je suis désolé » !

Elle aussi était "désolée" ! Désolée, d'avoir du élever sa fille seule, désolée d'avoir du faire face à son absence avec sa mère, désolée de l'avoir pleurer, désolée de l'avoir aimer ! Elle avait l'impression d'être dans un cauchemar, que toute cette mascarade était qu'un rêve. Comment l'homme de ses souvenirs, l'homme avec qui elle avait fait un enfant, pouvait abandonner sa famille pour ...écrire en bords de mer ?

Marchant sur la promenade des cyclistes comme la veille, Kate sentait ses pas de plus en plus lourd sur le bitume. Comme si son chagrin augmentait à chaque mètre qu'elle faisait. Les mains dans ses poches, la tête baissée, elle avançait, le coeur en miettes, alors qu'elle pouvait le sentir dans son dos. Les effluves de son parfum n'avaient pas changé avec le temps. L'odeur du bois mentholé envahit ses narines et elle sentit ses remparts tomber, un par un . Comment pouvait-il être ici ? Comment pouvait-il lui briser le coeur une nouvelle fois?

Castle, lui, ne disait plus un mot. Il la sentait perdue et totalement hors de contrôle. Quand elle s'était levée , il l'avait suivie. Il ne pouvait pas la laisser partir sans une explication. Depuis six ans, il culpabilisait de l'avoir laissée ainsi derrière lui. Il n'aurait jamais dû lui hurler dessus à l'époque, lui reprocher la mort d'Alexis, elle n'était pas responsable. Elle méritait autre chose qu'une note sur son lit. Elle méritait tellement plus que des cris et des reproches.

Il avait souvent imaginé la revoir. Mais à chaque fois qu'il prenait la voiture ou qu'il attrapait son cellulaire, il se dégonflait. Elle avait une vie, une famille...il n'avait pas le droit de tout chambouler parce qu'elle lui manquait.

Alors la voir ici, à Charleston , après tout ce temps, lui allégea un peu le coeur. Il pouvait s'expliquer, donner ses raisons, il pouvait lui parler et en apprendre plus sur elle.

Relevant le regard, il sourit en observant sa démarche, elle n'avait pas changé d'un iota. Malgré ses baskets, ses jambes étaient toujours impressionnantes, ses hanches aussi félines….et ses fesses…..mon dieu….ses fesses. Perdu dans la contemplation de ses souvenirs, il l'entendit murmurer fébrilement :

-J'ai cru que tu étais mort.
-Je suis désolé.

Il avait l'impression de passer son temps à s'excuser depuis une demi-heure, mais en même temps, il ne savait pas quoi dire. Il avait disparu comme un lâche pendant six années. Rien ne pouvait justifier qu'il n'ait pas pris une seule minute pour lui écrire un mot ou l'appeler. Il était tellement focalisé sur l'assassin d'Alexis qu'il ne vivait, ne respirait que pour ça à l'époque.

Kate était toujours sous le choc de sa rencontre avec lui. Elle se débattait encore entre cris et explications. Mais elle avait besoin de savoir, besoin de comprendre son absence.

-Tu vis ici depuis combien de temps ? déglutit-elle comme un animal blessé

Il ne pouvait pas être ici depuis tout ce temps. C'était dingue mais illogique. Elle avait besoin de réponses, elle avait besoin de savoir pourquoi il n'était pas revenu auprès d'elle. Elle avait besoin de savoir si elle avait pleuré un lâche ou un homme brisé.

-Deux ans, chuchota-t-il honteux face à cet aveu.

Deux ans ? Il était tranquillement ici depuis deux ans ?

-Deux ans….mon dieu….
-Kate, je…
-Tu travailles ici ?
-Heu…non
-Tu es marié ? Tu…
-Non ! Pour qui me prends-tu ! la coupa-t-il alors qu'elle se retournait pour lui faire face, le visage en larmes

- Pour qui ? se moqua-t-elle ironiquement. Pour un homme qui a fuit en pleine nuit sans laisser de traces !

- Kate...écoutes...je ne suis pas marié ou...
-Non ? Alors quoi Castle ? Tu ne vas pas me dire que tu déambules dans cette ville depuis deux ans en écrivant et buvant des cafés! Qu'est-ce que tu fais ici depuis deux ans ? Parce que prendre le téléphone et appeler n'est pas une option apparemment!
-Je….ok.… écoute…..je…je ne sais pas par ou débuter, soupira-t-il nerveux, les mains dans les poches et le regard fuyant

- Par le début, se serait pas mal, cracha Beckett

- Ok...alors...Après être parti du loft,
-Fui…. Après avoir fui comme un lâche en laissant ta mère derrière toi…

- Je n'ai pas fui, j'ai...

- Tu es parti en pleine nuit, sans avertir personne, moi j'appelle ça une fuite !

- Je venais d'enterrer ma fille !

- Je le sais, mais..
-Que voulais-tu que je fasse ? Que je me lève tous les matins comme si de rien n'était ? pesta-t-il, énervé à son tour
-Tu aurais pu demander de l'aide…on t'aurait aidé et..
-Aidé ? On a tué ma fille !
-Je le sais ! Je sais ce que c'est de…
-Non ! Non, tu ne sais pas, la coupa-t-il . Tu as perdu ta mère, Kate….ta mère…..et c'est….dramatique, mais…..bon dieu…..son enfant…..c'est…..tu ne peux pas comprendre.

Complètement atterrée par ses allégations , elle se retint de toutes ses forces pour ne pas le gifler. Il se trouvait en face d'elle depuis toutes ces années avec pour seule explication que sa souffrance était plus virulente que la sienne ?

-Désolée de ne pas avoir perdu plus, Castle…..Désolée de ne pas comprendre ce que c'est que de perdre son enfant…..Désolée d'avoir cru être suffisante ou….
-Kate, j'avais besoin de lui rendre justice…J'avais besoin de me coucher en sachant que le responsable de la mort de mon bébé ne vivait pas heureux quelque part. Je suis désolé de t'avoir blessée. Tu …..bon dieu….Kate, tu sais très bien ce que tu représentais pour moi.

Baissant la tête, Beckett sentit ses larmes redoubler. Oui, elle savait ce qu'elle représentait pour lui…..Elle le savait et c'est ça qui était si douloureux.

-J'ai traqué sans relâche le meurtrier d'Alexis. Quand je suis parti…J'ai passé des nuits et des jours , des mois puis des années pour enfin réussir à lui rendre justice. Et quand je suis arrivé à mon but….La douleur que je ressentais, cette noirceur qui m'envahissait depuis sa mort, ne s'estompait pas. Je suis mort dans cette camionnette, Beckett. Le Richard Castle que tu as connu est mort. Je ne suis plus qu'un écrivain déchu qui déambule dans cette ville, je ne suis plus l'homme que tu as aimé, admit-il, le coeur lourd, sans la lâcher du regard.
-Pourquoi ne pas être revenu ? Même après toutes ces années….Pourquoi ne pas…
-Je suis revenu, la coupa-t-il alors qu'elle haletait de surprise devant lui
-Tu…quand ?
-Il y a un peu plus de deux ans, soupira-t-il en baissant les yeux.

Tout s'écroulait sous ses aveux. Il était revenu. Pourquoi Martha ne lui en avait jamais parlé? Pourquoi n'avait-il pas essayé de la joindre ?

-Tu as réussi là où j'ai pêché. Tu as toujours été une force de la nature, une battante. Je ne suis pas comme toi. Je ne peux pas me relever de la mort d'Alexis, comme tu l'as fait après la mort de ta mère. Je t'admire pour ça, tu sais…je…
- Oh s'il-te-plaît, garde tes…
-Je suis revenu et je t'ai vue Kate. C'est pour ça que je suis reparti, c'est pour ça que je vis ici dorénavant.
-Tu …. Tu m'as vue ?
-Hum…et c'est à ce moment-là que j'ai su que je n'avais plus rien à faire sur New-York. Ma place n'est pas là-bas. Tu as refait ta vie, tu es allée de l'avant et c'est très bien….… ma mère aussi va bien, fit-il, le coeur lourd, en voyant sa bague de fiançailles à son doigt
-Comment oses-tu dire que nous allons bien !
-Tu es Capitaine et..
-Whaou ! Je suis capitaine ! Bonne nouvelle. Je le suis depuis presque cinq ans Castle! Tu crois que c'est mon boulot qui….
-Et tu as une fille, la coupa-t-il en relevant le regard sur elle.

Quand ses yeux entrèrent en contact avec les siens; il y vu de l'effarement, un choc sans nom. Comme si savoir qu'il connaissait l'existence de cet enfant l'avait secouée.

-Tu es allée de l'avant et c'est bien. Je suis heureux pour toi.
-Tu sais pour Lily, fit-elle, choquée et profondément attristée

Il avait l'impression de lui arracher le coeur, de lui le piétiner. Il ne comprenait pas sa réaction. Oui, il savait pour Lily, et ça changeait quoi ? Elle avait eu un enfant avec un autre, elle avait refait sa vie…la bague qui trônait fièrement à son doigt en était la preuve.

-Oui, je sais pour….Lily. Si je suis revenu et reparti dans la foulée, c'est à cause d'elle. Je ne voulais pas….

Il fut stoppé par une gifle magistrale sur la pommette droite. Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase « je ne voulais pas m'immiscer dans ta famille ».

Kate était folle de rage, choquée, peinée, atterrée, détruite. Depuis tout ce temps, il était au courant qu'il avait une fille et il avait préféré partir ? Quel homme était-il pour abandonner sa propre fille ! Pour lui avouer en pleine figure être parti à cause d'elle !

La claque qu'elle lui asséna retentit dans les rues voisines de Charleston. Jamais encore , elle n'avait frappé quelqu'un avec autant de force et de véhémence. Il la répugnait.

-Ne t'inquiète pas Castle. Tu peux rester ici à siroter des cafés et mater le cul de cette serveuse autant que tu le souhaites. Continue à te chercher des excuses pour être un homme lâche qui abandonne sa propre fille. Je m'occuperai très bien de Lily sans toi. Je n'ai pas eu besoin de toi pour élever notre fille, et je n'aurai jamais besoin de toi pour ça ! hurla-t-elle en partant rejoindre le premier taxi qu'elle trouva.

Rick, quant à lui, était pantelant et désorienté par la gifle qu'il venait de recevoir. Les dernières images qu'il aperçut, après le bleu de la mer , fut la silhouette de Kate qui s'engouffrait dans une voiture avant de partir.

Comment avait-elle été aussi idiote ? Comment avait-elle pu croire qu'il serait revenu auprès d'elle, auprès de Lily, s'il avait su ?
Elle se sentait complètement perdue et humiliée. Sa gorge était nouée, ses poumons la brûlaient, son coeur se serrait à chaque kilomètre qui l'éloignait de lui.

Et maintenant, que devait-elle faire ? Continuer sa vie comme si de rien n'était ? Oui, elle pouvait le faire, elle pouvait survivre à ça. Elle n'était pas seule , il y avait Lily et David, mais Martha ? Son coeur se serra un peu plus en pensant à la matriarche qui attendait depuis des années le retour du fils prodigue.

Pourrait-elle encore la regarder en face sans le lui dire ?
Elle n'avait jamais été une adepte du mensonge . Elle vivait beaucoup dans le déni, mais pas dans le mensonge. Avec Martha, une relation maternelle avait vu le jour au départ de Rick . Elles s'étaient soutenues toutes les deux. Elles avaient pleuré ensemble, ri ensemble . Elle considérait Martha comme une mère. Elle méritait la vérité, mais comment avouer à une mère que son fils avait renié sa propre fille pour siroter des cafés?

Les larmes coulaient sur son visage, ses mains tremblaient, et elle prit conscience de l'heure tardive de la matinée. Elle était en retard pour sa formation, elle n'avait pas eu le temps de parler à Lily et elle était à deux doigts de la crise de nerfs. Comment devait-elle réagir ?

Castle, quant à lui, restait concentré sur les derniers mots de Kate : «Je n'ai pas eu besoin de toi pour élever notre fille et je n'aurai jamais besoin de toi pour ça ! ». Elle devait s'être trompée ? Elle ne pouvait pas suggérer que cette gamine soit de lui ?
Déglutissant , il se repensa à ces dernières années et à ce qu'il avait pris pour certitude. Se pourrait-il que Lily soit sa fille ? Se pourrait-il que Kate ait été enceinte à son départ? Se pourrait-il qu'il ait abandonné sa propre fille ?
La nausée le prit au souvenir des mots de son père et à cette enveloppe qu'il lui avait laissée « Ta vie…. Celle que tu mérites. Et ce que tu as manqué pendant que tu flânais dans cette ville. » Ce pouvait-il que Jackson lui parlait de Lily ?


Alors comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Est-il à la hauteur de vos attentes ? Etes-vous déçu ? Ou exciter pour la suite de l'histoire ? Que va faire Rick ? Que va faire Kate?

J'attend vos reviews. Merci à tous par avance pour vos commentaires.


billy  (21.03.2017 à 21:22)

CHAPITRE 7


Elle était partie comme une furie. Elle avait l'impression que le monde s'écroulait sous ses pieds. Elle se sentait dépassée par les événements. Que devait-elle faire ? Que devait-elle dire ?

Après être rentrée à son hôtel , elle avait envoyé un message d'excuses à David en lui expliquant ne pas être joignable de la journée à cause de sa formation. Elle lui avait menti et elle se détestait pour ça. Mais pour le moment, elle ne pouvait faire face à une nouvelle discussion. Qu'allait-elle lui dire ?

-Hey, devine quoi ! Je suis tombée sur Castle, tu sais, mon ex et le père de Lily. C'est dingue, non ?

Non…..Elle avait besoin de temps pour digérer tout ça. Elle lui avait donc menti en se servant de sa formation pour échapper à ses obligations pour quelques heures.

Comme à son habitude, David avait été plus que compréhensif et l'avait rassurée avec ses mots et une photo de lui et Lily en plein petit-déjeuner. A la vue de sa fille, croquant en toute innocence son beignet au chocolat , Kate sentit les larmes lui monter de nouveau aux yeux.

Comment pouvait-il renier sa propre fille ? Il était au courant…..et il n'avait rien fait. Ses mains tremblaient de nouveau, sa gorge se serra et elle partit à tout à allure régurgiter une nouvelle fois, sa bile dans les toilettes de sa chambre.

Toutes ses pensées, ses souvenirs se bousculaient dans sa tête. Elle avait l'impression que tout était faussé. Que toute sa relation avec lui était un mensonge. Ses pleurs redoublèrent, et elle se recroquevilla dans un recoin de la salle de bain pendant des heures.

Hôtel, Charleston

Il avait été sonné, non, abasourdi par les propos de Kate. Sa fille….notre fille…..se pourrait-il qu'il ait un enfant dont il ne connaissait pas l'existence ?
La douleur qu'il ressentait était de plus en plus intense à chaque pas qu'il faisait en direction de sa chambre d'hôtel. Il avait l'impression de manquer d'air, de suffoquer. Son coeur chavirait entre regrets, espoir et profonde tristesse.

Il culpabilisait déjà de ne pas avoir été à ses côtés pendant ses six dernières années. D'avoir raté toute son enfance, toutes ses premières fois. Mais en même temps, il restait encore sur la réserve. Et s'il avait mal interprété ses propos et si ce n'était pas sa fille…ça l'anéantirait .

Il ne voulait pas se donner de faux espoirs avant d'être définitivement certain.

Quand il pénétra enfin dans sa chambre, il déglutit face à sa table de chevet. Tout ce qu'il souhaitait savoir se trouvait dans cette enveloppe. Toutes ses certitudes , tous ses doutes sur ces six dernières années étaient ici…à quelques mètres. Les mains tremblantes, les yeux rougis, il se déplaça lentement avant de se laisser choir sur le coin de son lit.

Pendant plusieurs minutes, il scruta le tiroir de sa table de chevet. Comment allait-il faire face si c'était vrai ? Comment pouvait-il effacer ces six dernières années ? Comment pouvait-il être un père à nouveau ?

Ses réflexions lui serraient le coeur, il avait envie de vomir, de crier, de pleurer. Comment avait-il pu laisser Kate seule avec leur enfant ?
La culpabilité de l'avoir laissée l'avait écrasé pendant des années, mais il ne survivrait pas si un enfant ….son enfant entrait dans l'équation.

Tendant la main fébrilement, il ouvrit le tiroir pour en retirer la fameuse enveloppe.

« Je n'ai pas eu besoin de toi pour élever notre fille et je n'aurai jamais besoin de toi pour ça ! ».

Le destin ne pouvait pas être aussi cruel. Il ne pouvait pas avoir perdu une fille et ne pas connaître l'existence de la deuxième.

Séchant une larme, il ouvrit l'enveloppe pour tomber sur plusieurs clichés et deux notes manuscrites. La respiration saccadée, il déposa les clichés sur son lit et ouvrit la première lettre. Aux premiers mots, il se figea….et son monde s'écroula une nouvelle fois.

Flashback

Enceinte, elle était enceinte. Elle avait encore du mal à s'y faire . Ses yeux restaient bloqués sur son ventre depuis une semaine comme si elle allait trouver une réponse à ses questions. Elle se sentait dépassée, paniquée et totalement perdue. Pouvait-elle continuer cette grossesse ? Pouvait-elle mettre un enfant au monde sans lui ? Pouvait-elle être mère ?

Elle avait tellement perdu en si peu de temps. La mort d'Alexis avait été …..au delà de l'insupportable. Ce n'était pas sa fille mais elle l'aimait tellement. Au fil des années, elle avait tissé des liens d'amitié et de profond respect avec l'adolescente. La petite Castle était une partie intégrante de sa nouvelle vie, elle la considérait comme de sa famille.

Alors quand Lanie l'avait regardée avec ce regard particulier, avec autant de tristesse dans la voix , elle s'était revue dans cette ruelle en janvier 1999. Sauf que désormais c'était une camionnette ….son nouvel enfer était une camionnette où gisait le corps sans vie d'Alexis. Ses jambes avaient lâché sous le poids du désespoir et de la culpabilité de ne pas avoir su ou pu la protéger.

Jamais dans toute sa carrière de détective , les agents de police qui l'entouraient ne l'avait vue aussi désarmée. Pourtant elle avait dû faire face à pas mal de deuils durant sa carrière : la mort de Dick Coonan, celle de Royce, Montgomery….Mais ce soir, elle n'était plus un lieutenant, elle n'était pas non plus un uniforme, c'était seulement Kate….seulement une femme qui avait l'impression qu'on lui broyait le coeur à chaque insufflation d'air.

Elle n'avait pas eu le temps de faire son deuil , de faire le tri dans ses émotions. Elle avait dû se relever et aider comme elle le pouvait Rick et Martha. Elle avait organisé les funérailles. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même…mais quand son petit-ami…l'amour de sa vie avait prit la fuite une semaine plus tard, elle sut qu'elle ne se relèverait jamais.

Elle s'était retrouvée seule et désemparée. Alors poursuivre une grossesse dans cette configuration était inenvisageable pour elle. Seulement une petite voix au fond d'elle, lui murmurait que cet enfant…son enfant…..était un peu de Rick , une part qu'il lui avait laissée avant son départ.

Son enfant était devenue le symbole vivant que, même dans les pires journées , on pouvait éprouver une grande joie.

C'est là qu'elle prit sa décision , elle sécha ses larmes, partit à son bureau et se mit à écrire. Elle avait besoin de poser des mots, besoin de faire quelque chose même d'insensé . Elle avait donc pris la plume pour lui écrire une note. Elle l'avait ensuite cachetée et déposée le lendemain sur la tombe d'Alexis sous un caillou. Elle avait espéré qu'il la trouve….qu'il n'avait pas fui la ville et qu'il visiterait le cimetière.

La lettre avait vu le début de l'hiver, puis du printemps ….et un jour elle avait disparu. Kate avait pensé qu'après tout ce temps, il était revenu et avait vu son mot…..
Mais les semaines étaient passées et son absence résonnait de façon encore plus cruelle. Son espoir de le revoir s'amoindrissait de jour en jour.

Elle avait donné naissance à Lily le 6 juillet. Jamais elle ne s'était sentie aussi seule au monde. Elle l'avait pleuré toute la nuit, à l'abri des regards. Puis, à sa sortie de l'hôpital, elle avait demandé à son père de la déposer quelques secondes au cimetière. Elle avait présenté Lily à Alexis et avait déposé une dernière lettre.

A partir de ce jour-là, elle avait tenté de se relever pour Lily, elle avait arrêté de le chercher, arrêté d'espérer. A partir de ce jour-là, elle se remit à respirer sans être oppressée en permanence, juste grâce un sourire ou un mot de sa fille. Lily avait été sa bouée de sauvetage, comme Rick l'avait été après Johanna.

Fin du Flashback.

Il y avait deux lettres dans cette enveloppe. Deux lettres manuscrites…..il reconnaissait cette écriture….il l'avait étudiée , contemplée , imitée pendant cinq années.
Aux premiers mots de la première note, son coeur se figea, sa gorge se noua et son estomac vrilla.

Cher Rick,

Je ne sais pas si cette lettre te parviendra. Je ne sais même pas si tu es en vie. Tout ce que je sais à l'heure actuelle, est que je suis coincée ici avec le seul espoir que tu sois quelque part en vie. Babe, si tu lis ces mots, je t'en prie reviens-moi, reviens-nous.
Martha a besoin de toi , Castle. Elle a besoin de son fils. Et j'ai besoin de toi . Ma vie n'a plus aucun sens sans toi à mes côtés.
Je t'aime. J'ai cru avoir tout le temps pour te l'avouer, pour te le dire face à face, mais le destin se joue beaucoup de nous. Alors, si tu lis cette lettre sache que je t'aime de tout mon coeur Richard Castle.
Je sais aussi que ce genre de choses ne s'annonce pas au détour d'une lettre mais je ne sais pas comment te joindre…..et je suis désemparée sans toi.
Je ne sais pas si je vais y arriver Castle, je ne sais pas si je vais pouvoir le faire sans toi. Je suis enceinte Rick. S'il-te-plaît reviens-moi, reviens-nous.
Ton enfant a besoin d'un père et j'ai plus que besoin de toi.
Je t'aime.
Always. K.B.

A la fin de la lecture de cette lettre, il partit à tout hâte vomir son petit déjeuner. Un enfant…une fille….Il avait donc une fille. ….Lily.

Hôtel de Beckett

Il était pratiquement midi et elle avait passé plus de trois heures agenouillée dans sa salle de bain. Prenant conscience du temps qui s'était écoulé, elle s'était levée pour se débarbouiller le visage et boire un verre d'eau. Ses yeux étaient rougis, son visage bouffi , ses cheveux en vrac. Elle se contempla quelques secondes en soupirant devant son miroir, avant de sortir de la salle de bain pour prendre des nouvelles de Lily et de David.

A la deuxième sonnerie, sa fille décrocha toute heureuse :

-Hey , maman ! s'exclama folle de joie la petite Lily qui courait avec le combiné en main dans le séjour
-Lily ne cours pas , la réprimanda David
-Que fais-tu chérie? sourit Kate heureuse d'entendre la voix de sa fille
-Je cherche mon maillot de bain
-Ton maillot de bain ?
-Oui, on va à la piscine ! David va m'apprendre à nager
-Oh, c'est vrai…tu fais bien attention et surtout tu écoutes David, fit, sur un ton inquiet, Beckett
-Mais oui
-Je ne plaisante pas Lily
-Dis, je peux te demander quelque chose ? demanda la petite en chuchotant dans sa chambre
-Ne change pas de sujet
- Mais c'est important, gémit la petite
-Qu'est-ce qui se passe?
-Tu crois que je peux faire un cadeau à David pour Dimanche ?
-Pourquoi veux-tu lui faire un cadeau ? sourit Kate, devant les inquiétudes de sa fille.

Elle avait l'impression qu'elle allait lui révéler un grand secret et ça l'amusait un peu. A sa manière, comme à son habitude, sa fille allégeait sa peine.

-Ben , c'est le troisième Dimanche de juin cette semaine, répondit Lily comme une évidence en s'installant sur son lit
-Oh…et alors ?
-Maman, c'est la fête des pères, murmura, embêtée, la petite.

Lily ne savait pas comment aborder ce sujet avec sa mère. Depuis sa naissance, elle n'avait eu de cesse de lui narrer des histoires sur son père. Une lumière s'éclairait au fond des ses yeux à chaque fois que sa mère lui contait une nouvelle anecdote.
Seulement Lily ne ressentait pas la même affection dans son coeur. Elle se sentait abandonnée et rejetée. L'homme dont parlait sa mère était aussi la cause de ses pleurs la nuit, elle les entendait quand sa maman pensait qu'elle dormait. Il était aussi la cause de la tristesse de sa grand-mère alors elle ne comprenait pas pourquoi elle devait l'aimer. Avec l'arrivée de David dans leur vie, les pleurs de sa mère s'étaient taris et son sourire apparaissait beaucoup plus souvent. Elle aimait entendre sa mère rire.

Elle savait très bien que David n'était pas la seule personne qui donnait du baume au coeur de sa mère. Elle savait pertinemment que tant qu'elles seraient ensemble , Kate serait heureuse, mais avoir une figure paternelle qui rendait le sourire à sa mère était important pour Lily.

Elle avait appris à l'apprécier, à l'aimer et avec cette semaine livrés à eux-même, Lily était contente d'avoir une sorte de papa près d'elle. C'était drôle et marrant, bien sûr il ne remplaçait pas les câlins de sa mère mais David, à sa manière, prenait une place dans son coeur.

La fête des pères était donc une bonne occasion pour lui montrer ce qu'elle ressentait, mais la petite ne souhaitait pas fâcher ou vexer sa mère.

Kate, elle, reçu un nouveau coup au coeur. La fête des pères. Elle voulait lui offrir un cadeau. Pourquoi le prenait-elle mal ? David allait l'adopter, ils allaient être une famille, c'était logique , non ?
L'ombre de Castle pesait sur sa réflexion, elle le savait, et elle se détestait pour ça.

-Maman ? tu es fâchée ? Demanda, incertain,e Lily en triturant d'une main sa jupe en jeans
-Non,non….chérie, soupira-t-elle fatiguée par cette matinée qui ne s'arrêtait pas.
-Alors, …je peux ?
-Oui, bien sûr que tu peux.

Comment pouvait-elle lui dire non , alors que son propre père ne voulait pas d'elle.

-Chouette ! je ferai un joli dessin
-Je suis certaine qu'il sera content, fit tristement Kate
-Maman, ça va ?
-Oui, oui. Je suis juste fatiguée, chérie.
-Ok…., je te passe David, il faut que je me prépare pour la piscine et…
-Tu fais attention et…
-Oui, oui, je sais, la coupa, en soupirant, la petite Beckett
-Lily , je te …
-Hey, la coupa David dans son élan, …..elle est partie prendre son maillot…Comment va ma fiancée ? sourit-il en mettant ses baskets
-Elle m'a raccroché au nez ? s'indigna Kate
-Ben , en fait ,pas vraiment.
-Pas vraiment ?
- Hum…Hum…elle t'a laissée avec un homme sexy au bout du fil
-Oh, excuse-moi, murmura Kate en s'installant sur le lit, complètement honteuse pour son accueil
-Tu vas bien ?
-Oui….juste fatiguée,
-Eh bien, je te souhaite bon courage. Il te reste encore deux jours et demi mon coeur
-En parlant de ça, il se peut que je rentre plus tôt
-Un souci ?
-Je….

Au moment où elle allait se lancer, on frappa trois coup à la porte, ce qui la fit sursauter. Elle ne savait pas pourquoi ,mais en sentiment de panique l'envahit. Trois coups….il ne pouvait pas être là….ça ne pouvait pas être lui ?

-Kate, tu vas bien ? Tu m'inquiètes...
-Je…oui….je suis désolée, je dois te laisser, on vient me chercher pour le déjeuner
-Mais au sujet de ton retour ?
-On en reparle ce soir. Fais attention à Lily.
-Ok, là tu m'inquiètes vraiment
-Tout va bien, je t'assure. Je suis juste paumée sans vous deux
-Sûre ?
-Certaine. Ne t'inquiète pas. Je t'appelle dans la soirée ?
-Très bien…. Je t'aime
-Moi aussi.

Et sans un autre mot, elle raccrocha face à l'insistance des coups sur la porte. Tremblante, elle se releva en donnant un coup sur ses cheveux et son visage, et partit ouvrir la porte, morte d'angoisse.

-Je…Que fais-tu ici ? Demanda-t-elle, estomaquée
-Tu m'as appelée, complètement paniquée, à 8 heures du matin. Que voulais-tu que je fasse ? J'ai pris le premier vol, celui de 8h50 et me voici.
-Lanie, je t'ai dit que….
-Je sais ce que tu m'as dit, et à en voir ta mine, j'ai bien fait de passer. Tu fais peur à voir, gémit la légiste
-Super gentil, merci , grommela Kate en repassant ses mains sur son visage pour le frictionner
-De rien...J'ai pris du vin à la supérette d'en bas, l'informa-t-elle en entrant pour déposer les bouteilles sur la table ainsi que deux sandwichs
-Il est un peu tôt pour boire
-Honey, Castle est vivant et à moins de dix minutes en voiture. Alors crois-moi, il n'est pas trop tôt pour boire.

Soupirant, Kate se frotta les tempes et partit s'allonger sur le lit, complètement abattue .

-Alors comment ça c'est passé? Demanda, inquiète la légiste en débouchant le vin rouge
-Pas la peine de prendre un verre, la bouteille m'ira très bien, murmura Beckett après réflexion.

Hôtel de Castle

Il n'en revenait toujours pas. Malgré la lecture des deux lettres et les clichés qu'il avait devant les yeux, il peinait à croire qu'il avait une fille.

Le visage ravagé par les larmes, il contemplait pour la centième fois les photos de Beckett enceinte et de Lily par la suite. Il se lassait pas de contempler son ventre rond ou les sourires de sa fille. Par certaines mimiques, il revoyait Alexis à son âge. Elle semblait adorable et pleine de malice.

Sur un des clichés, son favori, il la voyait entre les jambes de sa mère , sous un arbre à Central Parc. Lily semblait écouter attentivement l'histoire que lui lisait Kate et dévorait par la même occasion une gauffre au nutella. Ses lèvres étaient recouvertes de chocolat et ses yeux semblaient émerveillés par l'histoire de Beckett.

Cette photo, prise à leur insu, était sa préférée car les filles se trouvaient sous leur arbre…son arbre à Kate et à lui .
Nostalgique, il sourit en caressant le visage de sa fille et en imaginant cette scène avec lui dedans. Il aurait dû être là , il le savait. Il aurait dû épauler Kate au lieu de fuir. Mais il savait qu'à l'époque , il n'aurait pas été capable d'assumer un enfant quand son coeur n'était que miettes et lambeaux.

Se sentant de nouveau oppressé, il posa les clichés sur sa table de chevet et repensa à cet arbre et à ce qu'il signifiait pour eux.

Flashback

-Castle , que fais-tu ? sourit Kate en prenant une grappe de raisin.

Ils étaient partis pique-niquer dans Central Parc. Le beau temps arrivait et Rick avait à coeur de sortir et de faire des activités normales de couple, comme il se plaisait à lui dire.
Du fait de leur relation cachée au travail , ils évitaient les lieux publics et autres sorties mondaines. Mais aujourd'hui, il en avait marre de se cacher et souhaitait juste profiter de la douceur printanière avec sa petite-amie.
Il lui avait promis de se comporter comme un gentleman, et que rien ne pouvait les empêcher d'aller pique-niquer entre amis un dimanche midi à Central Parc.

Ils étaient donc partis tout sourire, et Rick les avait installés sous un arbre centenaire, un saule pleureur. Une couverture sur le sol, à l'abri du soleil, ils avaient déjeuné en profitant du simple fait d'être ensemble.
Puis Rick s'était levé , son canif à la main et était partit inscrire leurs initiales sur cet arbre.

-Castle , que fais-tu ?
-Je ne peux pas crier au monde entier que je sors avec Kate Beckett
-Non , tu ne peux pas, le réprimanda, affolée, Kate
-Je le sais, sourit-il devant son anxiété. Mais je peux l'écrire , non ?
-Castle, tu as déjà écrit une saga sur nous
-Ah, ah ! Tu admets donc nos points communs avec Nikki Heat et Jameson Rook !
-Oui…il est plutôt mignon, ce journaliste, je comprends pourquoi elle ne l'a pas fait patienter quatre ans, elle, le taquina Beckett en avalant un raisin noir, fière de sa réplique
-Tu es…diabolique et méchante
- Pauvre chou…

Se souriant tous les deux pendant quelques secondes, Castle restait toujours émerveillé par sa beauté, son sourire et son sex-appeal. Il avait envie de se baisser et de l'embrasser, de se blottir dans ses bras et de crier au monde qu'elle était sa petite-amie, mais il lui avait fait une promesse avant de partir. Alors, à contre-coeur, il se retourna pour reprendre son activité sur cet arbre.

-Pauvre arbre, se moqua Kate en se levant pour apercevoir ce qu'il notait.
-J'ai toujours rêvé de faire ça, enfant. Ecrire le nom de mon amoureuse sur un arbre.
-Quel romantique. Alors... je suis ton amoureuse?
-Tu en doutes ? sourit-il

Depuis la fusillade, il ne lui avait plus déclaré son amour, hormis la fois où il s'était battu à son appartement pour qu'elle arrête l'enquête de sa mère . Il n'osait simplement pas l'effrayer avec ses mots. Il attendait patiemment qu'elle soit prête.
Touchée par ses paroles, Kate lui sourit et murmura :

-Qu'est-ce qui t'en a empêché ?
-Quoi donc ?
-Ecrire le nom de ton amoureuse quand tu étais enfant
-Oh…eh bien…J'ai jamais trouvé la bonne personne pour ça avant, répondit-il en haussant les épaules, tout en s'éloignant pour admirer son oeuvre.

Sur l'arbre était dessiné un coeur avec les inscriptions : KB+RC=Always.

-C'est….mignon, fit, attendrie, Kate en caressant du bout des doigts le tronc
-J'aurai droit à un bisou ?
-Pas ici
-Oh allez….on a un arbre maintenant
-Un arbre ? rit-elle
-Oui, notre arbre ! Quand on sera vieux, on pourra emmener nos petits-enfants sous cet arbre et faire des pique-niques et leur lire des histoires, peut-être même les Nikki Heat et..
-Tout doux cow-boy…Avant de parler enfants , on va déjà choisir le menu de ce soir.
-Ok…., soupira-t-il, en sentant bien qu'il l'effrayait avec son imagination débordante
-Mais ….,en attendant nos futurs pique-niques familiaux….merci pour notre arbre, chuchota-t-elle timidement, avant de déposer un chaste baiser sur ses lèvres.

Ce n' était qu'une fugace caresse, elle l'avait à peine effleuré, mais l'entendre dire qu'elle n'était pas contre des mini Castle dans l'avenir avait empli de joie le coeur de Rick.

Fin du Flashback.

Elle emmenait Lily sous leur arbre, elle lui faisait la lecture…ses mains tremblèrent , sa gorge se noua à nouveau.
Comment avait-il pu passer à côté de ça ? A côté d'eux ?

Il ne connaissait rien sur sa fille. Quelle était sa couleur favorite ? Son plat préféré ? Son dessin animé ? Son sport ? Avait-elle un doudou ?

Il se sentait dépassé. Reprenant en main la deuxième lettre de Kate, il relut une énième fois ses mots.

Castle,

Je ne sais pas si tu as eu ma première lettre ou si elle s'est perdue, mais elle est née.
Notre fille est née.
Elle a tes yeux .
Tu nous manques.
Je t'aime . Always.
KB et Lily.

Le mot était plus succinct , plus court. Comme si elle s'était fait une raison sur son départ. Les larmes coulaient sans retenue sur son visage et il murmura, en reprenant la photo de sa fille et Kate sous cet arbre:

-J'ai une fille.

Hôtel de Beckett

Elles en étaient à la fin de leur deuxième bouteille de vin. Kate riait à pleins poumons sur l'ironie du sort alors que Lanie l'écoutait attentivement , tout en tentant de refréner sa consommation d'alcool:

-Une terrasse ? C'est dingue ! J'ai toujours pensé le trouver sur ta table d'autopsie mais pas sur une terrasse!
-Je suis désolée , Honey
-Rhô et le plus drôle, c'est qu'il se contre-fout de sa fille ! Finalement il les a lues, mes fichues lettres ! riait-elle . Et moi qui m'inquiétais que des rôdeurs ou le vent les aient emportées !
-On devrait arrêter la boisson
-Oh, non ! C'est tellement plus marrant de se moquer de ma naïveté , plutôt que de pleurer !
-Tu n'es pas naïve
-Ah non ? Parce que jusqu'à hier , je mettais Rick Castle sur un piedestal ! Un vrai Dieu , je te jure !
-Honey..
-J'aurai tout lâché, tout abandonné pour lui ..tu imagines ?
-Chérie , pose la bouteille
-Et le plus drôle, c'est qu'il va falloir que je le dise à Martha.

Elle était prise d'une crise de fou-rire. Elle n'arrivait pas à croire comment la vie pouvait être aussi injuste avec elle. Elle en avait marre de pleurer, alors rire sur son malheur était une bien meilleure solution. L'alcool n'était pas non plus étranger à sa crise de nerfs.

Lanie, elle , restait encore perplexe sur toute cette histoire. Beckett lui avait tout raconté, elle n'avait oublié aucun passage, et quand elle avait terminé à elle seule la première bouteille de vin , elle s'était mise à rire sur son propre compte.

-Je te jure, je me vois bien rentrer demain et lui lancer : « Hey , Martha ! Castle est vivant ! Il boit de bons cafés, écrit sur le cul d'une serveuse et ne souhaite pas revenir ! »
-Chérie, je crois que tu….
-Non, remarque, le mieux sera Lily ! la coupa-t-elle en stoppant ses rires pour boire une nouvelle goulée.

La gorge nouée en pensant à sa fille. Kate posa la bouteille sur la table de chevet, en soufflant d'exaspération .

-Chérie, s'il ne compte pas revenir, pourquoi le dire à la petite. Elle a bien assez souffert.
-Tu as raison, soupira Kate, se levant en titubant
-Tu devrais te rasseoir, reprit Lanie en la voyant essayer de se rattraper aux meubles pour rester stable
-Eh puis, elle a déjà un père, alors pourquoi lui briser le coeur avec son géniteur?

Elle regrettait déjà ses propos mais la colère mêlée à la boisson la rendait complètement folle. Elle lui en voulait tellement : pour ses six dernières années, pour son absence , pour la mettre dans cette situation ...qu'elle avait besoin de poser des mots même insensés sur sa tristesse. Elle avait juste besoin de se lamenter quelques heures avant de rebondir et faire face comme toujours.

-David n'est pas son père, répliqua Lanie doucement
-Castle encore moins, cracha, colérique, Kate.

Elle s'en voulait d'avoir été si crédule à son sujet.

-Chérie, il...
-David la couche tous les soirs, il connaît ses amies, sa vie, ses habitudes. Il est génial avec elle.
-Je le sais Sweety, et je suis contente que tu sois heureuse avec lui ainsi que Lily
-Mais ? Il y a un mais, non ?
-Mais ...il va falloir que tu discutes un peu plus avec Castle et….
-Il en est hors de question ! Je ne lui adresse plus la parole. J'ai eu ma dose !
-Kate
-Dès demain, on prend le premier vol et on quitte la Caroline du Sud !

- Tu veux partir ? Tu ne vas pas partir en plein séminaire et sans avoir réglé tes problèmes avec Castle

-Tu veux parier ?



Alors tout d'abord merci pour tout vos commentaires. C'est un vrai plaisir de lire vos impressions sur les chapitres,au fur et à mesure de l'aventure. 


billy  (23.03.2017 à 21:13)

CHAPITRE 8


Son retour sur New-York n'avait pas été de tout repos. Après avoir débattu pendant des heures avec Lanie, elles avaient rejoint l'aéroport dès le lendemain, avec un aller-simple pour la Grande Pomme et le coeur lourd.

Kate avait besoin de prendre du recul pour y voir plus clair désormais. Malgré les protestations de son amie, qui souhaitait qu'elle affronte Castle une nouvelle fois, Kate avait fait ses valises et avait quitté la Caroline du Sud dès les premières lueurs du matin.

Elle avait dû joindre Victoria Gates, sa chef, pour lui annoncer son retour sur New-York .La main sur son front, pour tenter de calmer son mal de tête qui faisait rage, elle murmurait, sur le siège arrière du taxi qui la conduisait à l'aéroport avec Lanie:

-Je ne peux pas rester, je ne me sens pas bien.
-Vous êtes souffrante? Demanda, inquiète, Gates.

De toute sa carrière, elle n'avait jamais vu Kate prendre un jour maladie. Entendre sa voix si fébrile à cet instant l'inquiéta énormément.

-Oui….non…, balbutia Kate qui n'avait plus le coeur à mentir.
-Quel est le souci ?

-...

- Beckett ?
-Castle, soupira dans un souffle à peine audible la jeune femme alors que Lanie, à ses côtés, lui caressait la cuisse pour lui donner un peu de courage et de soutien.
-Castle ? Répéta, incrédule, Gates qui ne comprenait pas un mot à la tourmente de son capitaine.
-J'ai rencontré ….Castle.
-Vous avez rencontré Castle ? Comment...je...enfin...

Elle ne savait plus quoi dire. Castle ? comment avait-elle pu le croiser ? Elle le croyait mort. Victoria avait elle aussi prié pour le retour de l'écrivain.
La mort d'Alexis avait été son plus grand regret dans toute sa carrière. Malgré tous les efforts déployés, toutes les équipes, toutes les heures sur le terrain, elle n'avait pas su protéger la fille de l'un des leurs. Elle avait beaucoup culpabilisé de n'avoir pas su protéger convenablement la petite Castle.
La mort de la jeune fille avait été une tragédie pour elle comme pour beaucoup d'officiers du douzième . Rick Castle était l'un des leurs…..et on avait touché à un membre de leur famille.

Le départ de l'écrivain avait été le deuxième coup de massue pour Gates. Elle avait tout mis en oeuvre pour aider Kate dans sa recherche, mais après des mois de traque, elle avait perdu espoir de le retrouver en vie.

Alors après six ans d'absence, elle n'avait pas de mots face à ce que lui avouait Beckett. Castle…elle avait rencontré Castle ?

Déposant ses lunettes de vue sur son bureau au One Police Plazza, elle sentit la migraine la prendre elle aussi.

-J'ai besoin de m'éloigner d'ici….j'ai besoin de rentrer chez moi, tenta de s'expliquer Kate, en posant sa tête contre la vitre froide du taxi.
-Je….oui…..bien entendu.
-Je ne reviendrai pas avant lundi, j'ai…
-Kate, prenez le temps dont vous avez besoin.
-Je…merci.
-Je suis désolée, je suis encore sous le choc . Je…. Que fait-il en Caroline du Sud ?
-Il écrit, soupira de tristesse Beckett, qui ne savait pas quoi répondre à ce genre de questions
-Il écrit ? demanda incrédule Gates stupéfaite
-Je ne sais pas Victoria…..je ne sais pas pourquoi il ne retourne pas sur New-York, je ne sais pas pourquoi il ne veut pas connaître Lily, je ne sais pas ce qui ne va pas chez lui , mais, ce que je sais, c'est que je m'en moque désormais.
-Kate, …
-Je vais rentrer et mettre cette histoire derrière moi. J'ai juste besoin de temps…..pour réfléchir à tout ça.
-Oui, je ...comprends.
-J'aimerais aussi pouvoir compter sur votre discrétion. Je ne sais pas encore si c'est une bonne chose que j'en parle à ma fille, avoua-t-elle tristement.
-Vous pouvez compter sur moi.
-Je vous remercie
-Beckett ?
-Oui ?
-Si vous avez besoin d'aide ou de soutien , je….
-Je le sais , merci Chef.

Leur relation avait beaucoup évolué depuis la mort d'Alexis. Le décès de la jeune fille avait chamboulé tout le monde , et, après la disparition de Rick , Kate avait pu compter sur le soutien sans faille de son Capitaine.
Elle lui avait donné toutes les ressources nécessaires pour la recherche de Castle puis l'avait ensuite épaulée dans son changement de carrière.
Elles s'étaient rapprochées, elles avaient même tissé de profonds liens d'amitié.

Charleston, bar « Seconde Chance »

Il faisait les cents pas, depuis quatre heures du matin, sur la promenade longeant le bar de Charleston. Les doigts sur son arête de nez qu'il n'arrêtait pas de maltraiter , Castle répétait inlassablement ses mots d'excuses à Beckett.

"Je suis désolé. Je suis un idiot , non pire que ça . Je suis...mon dieu, plus que désolé..."

Il avait passé la nuit à contempler avec des yeux d'adoration la petite Lily. Il ne la connaissait pas, pourtant son coeur s'était rempli d'amour ou moment où il avait appris qu'elle était sa fille….. Sa fille à Kate et lui.

La culpabilité qui le rongeait depuis des années n'avait fait que croître depuis cette annonce. Six années…..il avait passé six années de sa vie loin de Lily et il s'en voulait profondément.

Pendant plusieurs années, il avait traqué sans relâche l'assassin d'Alexis, et pourtant, même après lui avoir rendu justice, il avait préféré se terrer dans l'ombre plutôt que d'affronter les siens.

Il avait changé….la mort de sa fille puis ces six dernières années l'avaient changé , mais à pas au point de renier son propre enfant. La nausée le prenait à chaque fois qu'il y pensait.

Il ne connaissait même pas sa date de naissance, le son de sa voix, ou le caractère qu'elle avait. Etait-elle une pure Beckett avec un esprit cartésien et un entêtement sans faille, ou était-elle rêveuse et pleine d'imagination , comme il avait pu l'être?

Il avait passé la nuit à chercher des excuses pour son comportement, pour son absence, mais il en avait trouvé aucune. Rien n pouvait excuser un tel comportement. Après avoir assisté à la chute de Volkov, il s'était caché des siens en Caroline du Sud parce qu'il se sentait trop brisé.

Savoir Kate heureuse avec un autre homme et un enfant avait été ensuite la raison de sa fuite. Il ne pouvait pas faire face à ça. Malgré sa fuite, ses années d'absence , Kate Beckett était encore et toujours l'amour de sa vie.

-un café , l'écrivain ? l'interpela en s'écriant Andréa ,par la devanture du bar, en voyant Rick faire des allers-retours devant la terrasse sans s'arrêter.
-Hein ? …..non, répondit-il en sortant de ses pensées pour continuer son manège.

Il n'était pas ici pour le café, ou l'écriture, ou pour simplement se cacher de la vie. Il était ici avec l'espoir de la trouver, de discuter avec elle. Il espérait que Kate se soit calmée et qu'elle ait décidé de le retrouver devant le bar. C'était son seul espoir , sa seule piste pour la retrouver dans Charleston.

il ne savait pas comment, ou par quel heureux hasard , elle s'était retrouvée devant le port hier, mais il était soulagé et content qu'elle s'y soit trouvée.

Il avait besoin de lui parler, de s'excuser pour toutes ces années, ses non-dits et sa fuite. Il avait besoin de lui dire qu'il souhaitait connaître Lily, qu'il voulait faire partie de sa avait besoin de retrouver sa vie...sa fille.

Il savait que Kate avait refait sa vie, la bague qui trônait sur son annulaire hier l'avait ébranlé, mais il ne pouvait pas tourner le dos à Lily simplement parce que Kate ne pouvait pas être avec lui.

Il voulait se battre pour elle. Il avait vécu sans père toute son enfance et il savait quelle douleur pouvait ressentir la petite: sentiment de rejet, d'abandon, de perte d'estime de soi. Castle ne souhaitait pas être ce genre d'homme, il n'était pas son père.

Les mains dans les poches, la tête basse, il souriait en pensant aux prochaines parties de Laser game, de courses en trottinette, d'expériences culinaires qu'ils allaient faire ensemble.
Depuis qu'il avait ouvert l'enveloppe , toutes ses pensées allaient vers cette petite fille châtain au yeux bleus.

Pour la première fois depuis des années, il n'avait pas fait de cauchemar quand il s'était assoupi .Non ses rêves étaient peuplés de rires, de batailles d'oreillers . Il revoyait ses souvenirs avec Alexis puis les transposait avec Lily.

Il voyait enfin un avenir, enfin une lumière au bout du chemin.

C'est pourquoi il était là ce matin. Pour lui parler. Il espérait qu'elle vienne, qu'ils s'expliquent et qu'elle l'autorise à rencontrer Lily.

Levant son poignet gauche pour lire l'heure, il fronça les sourcils en s'apercevant qu'il était neuf heures trente passés.

Elle allait venir, non ? Parce qu'il ne savait pas où la chercher , il ne savait pas quand elle retournerait sur New-York…..encore faudrait il qu'elle vive encore sur la Grande Pomme.

Sa gorge se noua en pensant qu'il ne savait même pas où vivait sa fille.

Comment avait-il pu être comme son propre père ? Comment avait-il pu devenir ce genre d'homme ? Le genre d'homme à ne pas savoir qui était son propre enfant ?

New-York, 11h30.

Elle avait déposé Lanie devant son immeuble après avoir continué sa route en taxi. Elle lui avait promis de l'appeler et de la tenir au courant des prochaines heures. La tête dans un étau , elle se remettait difficilement de ses dernières vingt quatre heures et de sa gueule de bois.

Sa valise sur le palier de la porte, elle soupira un grand coup avant de frapper. Elle n'avait prévenu personne de son retour. Après avoir bu plus que de raison, elle avait envoyé un message à David pour lui dire qu'elle ne serait pas joignable pour quelques heures, elle avait ensuite mis son téléphone sur vibreur et avait fini la nuit dans les bras réconfortants de sa meilleure amie.

La pénombre l'avait enveloppée et seuls les murmures des deux amies avaient résonné dans la pièce. Elles avaient discuté jusqu'au aurores, puis avaient quitté définitivement la Caroline du Sud.

Lanie n'était pas d'accord pour ce retour sur la grande pomme, mais la détresse de son amie l'avait fait abdiquer. Elle avait besoin de temps et d'espace pour trier ses pensées. Lanie espérait qu'elle utiliserait ce temps pour se calmer et réfléchir à la situation. Maintenant qu'elle savait où trouver Castle , elle espérait que Kate reprenne l'avion d'ici peu pour éclaircir toutes les zones d'ombre.

Les pas dans le hall d'entrée sortirent Kate de ses songes , et c'est le visage surpris, mais souriant, de son père qui l'accueillit :

-Kathie…je te pensais à ce séminaire
-Hey, papa, murmura fébrilement Kate en se réfugiant rapidement,les yeux rougis, dans ses bras.

Etonné, puis inquiet par son attitude, Jim enlaça tendrement sa fille unique , en lui caressant le dos :

-Lily va bien ? Demanda-t-il, angoissé
-Oui
-David ?
-Ils vont bien, papa, chuchota Kate en s'agrippant aux pans de sa chemise.

Elle avait besoin de réconfort, besoin de l'étreinte rassurante et de l'odeur de canelle de son père pour apaiser son coeur.
Elle ne pouvait pas revenir chez elle sans avoir fait le tri dans ses pensées. Elle avait encore besoin de quelques heures de répit,avant de se confronter à David et de mentir à sa fille.

Doucement, Jim desserra son étreinte pour la faire entrer à l'intérieur. Déposant ses valises sur le pas de la porte, il lui embrassa le front , lui sécha ses larmes et lui demanda:

-Un thé ?
-Oui, s'il te plaît.


Sans un autre mot, elle le suivit dans la cuisine, et le contempla quelques secondes. Son père était indulgent et rassurant. Il était l'épaule sur laquelle elle pouvait compter depuis le départ de Rick . Il avait toujours les bons mots, les bons gestes pour la réconforter, mais il savait aussi quand donner des conseils et quand ne pas pousser. 
Avec un sourire , il avait le don d'alléger ses tourments et lui montrer la bonne voie.

Prenant la théière en main, il remplit deux tasses puis lui tendit deux aspirines sous ses yeux étonnés:

-C'est pour ton mal de tête, fit-il compréhensif, sans la juger.
-Je….merci.

Pendant plusieurs minutes, ils ne s'adressèrent pas la parole. Kate buvait tranquillement sa camomille en faisant tournoyer par moment , pensivement, sa cuillère.

Jim, lui, cherchait les raisons à la tristesse de sa fille. Elle était partie en formation et venait de revenir deux jours plus tôt. Ses inquiétudes s'étaient amoindries quand elle lui avait confié que Lily allait bien. Cependant il connaissait sa fille, il savait qu'elle ne buvait pas autant depuis la naissance de Lily, et il commençait à prendre peur sur les raisons de sa venue.

Sa fille faisait peur à voir. Elle avait les yeux rougis, des cernes, les cheveux en batailles. Elle lui rappelait les premiers mois de la disparition de Rick ou lorsqu'elle se jetait tête baissée dans l'affaire de sa mère, et ce sentiment lui retourna l'estomac.

Tendrement, il posa sa main sur la sienne pour l'empêcher de maltraiter sa cuillère et lui murmura gentiment :

-Qu'est-ce qui ne va pas mon ange ?

-...........

-Kathie?
-Je ne sais pas quoi faire papa, soupira Beckett en relevant son regard pour tomber sur les yeux bienveillants de Jim
-A quel sujet ?

Baissant à nouveau le regard sur sa tisane, elle cherchait les mots pour lui expliquer la raison de sa venue. Elle se sentait dépassée. Le coeur lourd , elle lui demanda:

-Tu m'as déjà menti?
-Je….non…enfin je ne crois pas, fit-il surpris par sa question
-Oh….
-Quel est le problème?
-Penses-tu que tout dire à un enfant est bon pour lui ? Je veux dire…j'ai appris….j'ai… je ne sais pas si en parler à Lily est une bonne chose, balbutia-t-elle perdue
-Si tu me disais ce que tu as appris, je te dirais si tu as raison ou non d'éviter le sujet avec ma petite-fille, tenta Jim en lui caressant la main

Soupirant en prenant une grande respiration, elle ne savait pas si elle cherchait du courage ou simplement de l'air.

-Kathie, tu m'inquiètes
-J'ai vu Castle, lâcha-t-elle en déglutissant
-Tu…..je…..quoi ?
-Castle…je suis tombée sur Rick à Charleston.

A son aveu, Jim stoppa sa caresse affectueuse sur sa main pour la dévisager. Etait-elle vraiment sérieuse ? Au regard de sa fille, il tomba des nues.

-Papa, il était à une terrasse et écrivait, gémit Kate en repensant à a scène
-Tu es certaine que c'est bien lui ?
-Je lui ai parlé
-Oh…

Se levant , elle mit ses mains dans ses poches et continua son explication:

-Il est au courant pour Lily…..il l'a toujours su
-Tu….non, ce n'est pas le Richard que je connais, fit-il abasourdi
-Apparemment il vit là-bas depuis deux ans
-deux ans…..Que fait-il là-bas ?
-Il écrit….il…..je ne sais pas.
-Es-tu certaine qu'il est au courant pour Lily parce que…
-C'est la raison de son absence, le coupa Kate. Il m'a dit que c'était à cause d'elle qu'il ne revenait pas.

-...............

-Comment peut-il renier son enfant ? Comment peut-il ne pas vouloir d'elle ? Comment ai-je pu me tromper à ce point sur lui ? pleura-t-elle alors que Jim la rejoignit pour l'étreindre
-Je ne sais pas…je….qu'a-t-il d'autre ? Demanda, atterré, son père
-il m'a dit que je ne pouvais pas comprendre. Que je n'avais perdu que ma mère et que ce n'était pas comparable.
-Chérie….
-Il m'a dit …je ne sais pas…. Papa qu'est-que je dois faire ? Dois-je mentir à ma fille?
-Tu dois te reposer. Tu as besoin de dormir. Tu es à bout de forces et…..
-Je ne sais pas quoi dire à Martha non plus, sanglota Kate dans la chemise de son père
-Kathie, soupira Jim en la serrant plus fort.

Il était sous le choc de sa révélation. Comment Richard pouvait-il agir ainsi ? Pourquoi la vie était-elle si cruelle avec sa fille ?
Il se sentait dépassé par les événements, et en même temps il était abasourdi par tout ça. L'étreignant un peu plus fort comme pour la protéger du monde extérieur, il lui embrassait les cheveux en marmonnant :

-Ne pleure pas, tout va bien se passer
-Je ne sais pas quoi faire papa.

Les pleurs de sa fille lui déchirait le coeur. Fermant les yeux en soupirant fortement, il lui chuchota tendrement :

-Tu vas te reposer. Ensuite, tu iras rejoindre ton petit rayon de soleil, et on trouvera une solution pour tout ça plus tard. Tu n'as pas besoin de te tourmenter avec ça maintenant
-Papa, gémit Beckett qui avait l'impression que son coeur se brisait une nouvelle fois
-Tout va bien se passer, déglutit Jim . Tout ira bien.

Dimanche de la fête des pères.

Elle était rentrée depuis jeudi et n'avait rien dit à personne. A chaque fois, qu'elle voulait s'ouvrir et dire la vérité à David, les mots se perdaient. Elle n'avait pas peur de lui avouer la vérité, elle avait simplement peur de ne pas pouvoir répondre à toutes les questions que son aveu engendrerait.

Après sa visite chez son père, elle s'était reposée et avait donné le change avec tout le monde. Elle avait prétexté que son retour était dû à la douleur d'être séparée de Lily. Elle avait assuré que Gates était au courant et n'y voyait aucun inconvénient. David avait été plus que sceptique, mais avait appris avec le temps qu'il fallait user de patience avec Kate.
Elle lui parlerait quand elle serait prête, il le savait.

Les jours s'étaient donc enchaînés et le dimanche de la fête des pères était arrivé à grand pas.

C'était un dimanche comme tous les autres depuis deux ans. Kate était blottie contre David et se réveillait tranquillement sous les caresses de son fiancé. Les yeux encore fermés, elle profitait de ce moment tout en tendresse, bien loin de ses tracas actuels.

Elle avait décidé de discuter avec Martha en fin d'après-midi. Après quatre jours à chercher de quelle manière aborder le sujet avec sa belle-mère, elle se fit la réflexion que rien ne pourrait la préparer au choc de la nouvelle.

Frissonnant sous une caresse de David dans son dos, elle gémit quand il lui mordilla le cou en lui susurrant:

-Bonjour, belle endormie
-hey, murmura-t-elle peu encline à se lever
-Bien dormi ?
-Pas assez
-oh, je t'ai épuisée, sourit-il, enchanté, en se remémorant leur soirée de la veille.

Flashback .

Depuis son retour de Charleston, il avait tenté de lui tirer les vers du nez. Il la sentait sur la réserve et préoccupée.
Il avait donc attendu qu'elle couche Lily pour tenter d'ouvrir le dialogue avec elle. Assis sur le canapé du salon, un verre de vin rouge à la main , il écoutait un peu distrait les informations du soir.

Ce début de semaine avait été géniale avec la petite mais pas de tout repos pour David, qui avait multiplié les activités pour occuper Lily et éviter qu'elle ne pense trop à Kate. Il avait aimé passer du temps avec la petite, mais il était réellement heureux que son tour de garde se termine plus vite que prévu.
La vivacité de la petite Beckett avait eu raison de son dynamisme.

Perdu dans ses pensées, il en fut sorti par le parfum de cerise qui le rejoignit sur le canapé en soupirant :

-Elle n'arrête jamais de parler
-C'est vrai, rit-il. Une vrai pipelette.
-J'ai été avec elle toute la journée, et elle trouve encore à me dire des choses nouvelles.
-Hum, elle doit tenir de son père, répondit David sans réfléchir à ses propos
-Pardon ?
-Je…heu…..la facilité qu'elle a à s'exprimer.
-Je n'ai aucun problème d'élocution , s'indigna Kate ne le dévisageant
-Non. Mais contrairement à Lily , tu n'es pas un livre ouvert.
-C'est censé vouloir dire quoi ?
-Je…..écoute , je ne veux pas me disputer, soupira David qui la sentait sur la défensive et prête à mordre
-Moi au moins, quand j'ai un problème j'en parle, rétorqua Beckett en se levant vexée
-Tu penses?
-Ok, crache le morceau.
-Quel était le souci à Charleston? Et ne parle pas de l'éloignement avec Lily. J'ai bien senti que quelque chose te contrariait mercredi au téléphone.

Le scrutant du regard pendant plusieurs minutes, Kate ne savait pas quoi répondre à son fiancé. Elle n'arrivait pas à trouver ses mots et avait espéré qu'il abandonne la discussion .
Fatiguée, elle baissa la tête et lui rétorqua :

-J'ai eu un imprévu et…
-Quel imprévu ?
-David….j'ai pas envie d'en parler
-Il va falloir pourtant. Cet imprévu te mine le moral depuis ton retour.

-..................

-Kate, on va se marier. Si tu as un problème…alors on a un problème, c'est comme ça que ça marche, fit-il tendrement, en se levant pour lui caresser la joue.
-Non, David, pas cette fois. J'ai juste besoin de temps pour trier mes pensées et je te jure que….
-Tu m'as trompé ? demanda-t-il en déglutissant alors qu'elle le dévisageait.

Il avait pensé à ça depuis son retour. Son refus de lui parler, de le regarder réellement dans les yeux ou d'éviter tous rapports intimes en prétextant être fatiguée.
Il n'avait eu de cesse de se poser la question. Alors ce soir, c'était le moment ou jamais.

-Non !
-Non ? fit-il surpris et soulagé par la force de sa réponse
-Bien sûr que non ! Comment peux-tu même envisager que je t'aie trompé ?!
-Je….tu ne me parles pas, tu fuis mon toucher alors je ne sais pas….., soupira-t-il en repartant s'installer sur le canapé, la tête basse.

Le coeur tambourinant, Kate se maudit de l'avoir repoussé. Elle avait juste besoin de temps pour faire la part des choses et pour chercher comment aborder le sujet avec le reste de son entourage. Elle avait décidé de discuter avec Martha avant d'avouer à David la cause de son éloignement. Mais ce soir, à la vue de son fiancé, elle déglutit en cherchant ses mots, quand il la surprit en lui déclarant :

-Ecoute, oublie. Tu m'en parleras quand tu seras prête
-Non ,attends, je ….
-Kate, je peux attendre la coupa-t-il en relevant la tête. Seulement..je…
-Quoi ?
-Ne t'éloigne pas de moi.

Sans un mot, elle s'avança vers lui . S'asseyant à califourchon sur David, les mains sur son cou, son front contre le sien, elle lui murmura :

-Jamais.

Doucement sa bouche effleura la sienne. Délicatement, elle s'abandonna dans les bras de son fiancé, en se faisant la promesse de lui parler juste après Martha. Elle ne souhaitait pas le faire souffrir, elle ne voulait pas qu'il y ait de secret entre eux…Elle espérait que cette relation ne soit pas basée sur le mensonge et la fuite en avant.

Fin du Flashback.

-Kate ? gémit David en sentant la langue de sa petite-amie quémander l'entrée de sa bouche
-Hum
-On a le temps pour un deuxième round ?
-Je…..
-Maman ! David ! les coupa Lily en courant dans le couloir pour arriver comme une furie dans leur chambre.

Complètement paniquée à la vue de sa fille , Kate remonta le drap sur son buste alors que David sauta à plat ventre , la tête dans l'oreiller pour tenter de calmer son désir.

-Lily! s'écria Beckett surprise. Depuis quand tu ne frappes plus aux portes ?
-J'ai oublié, sourit la petite en haussant les épaules.

La tête encore emplie de sommeil, les cheveux en vrac, elle dévisageait sa mère avec ses grand yeux bleus :

-Tu as oublié ton pyjama ?
-Je…..j'avais chaud, répondit Kate gênée
-Moi aussi, marmonna David alors que Beckett lui tapait l'épaule pour sa remarque
-Ben, la prochaine fois, pas besoin de laisser traîner ton pyjama par terre
-Quoi ?
-Ton pyjama, il était sur le canapé, argumenta la petite en montant sur le lit
-Je….oui…..Lily, va dans le salon , on te rejoint
-Mais , j'ai un cadeau à donner, moi, rechigna la petite en montrant à sa mère sa carte
-Tu donneras ton cadeau au salon, affirma-t-elle en tenant fermement son drap blanc contre sa poitrine
-Je
-Lily, grinça Kate devant son entêtement
-D'accord...…mais vous arrivez vite ?
-Promis
-David ? Demanda, soucieuse, Lily en ne le voyant pas bouger de son oreiller
-Promis, gémit-il de frustration
-très bien. A tout de suite ! s'exclama-t-elle toute heureuse en quittant la chambre en sautillant
-C'est pas vrai. Il faut qu'on pense à fermer à clef, soupira Kate la tête entre les mains
-Faut surtout lui apprendre à dormir plus tard
-David
-Quoi ? sourit-il en se tournant pour l'embrasser tendrement
-tu ne….
-Maman ! tu veux que je t'apporte ton pyjama ! cria du salon Lily, en la coupant une nouvelle fois.

- Elle va faire bonne soeur ou quoi ? 

- Maman, alors tu le veux ton pyjama ? 

Rouge de honte, Kate gémit en fermant les yeux, alors que David se moquait en déclarant:

-Oui, maman , tu le veux ton pyjama?
-Oh arrête !
-Personnellement, je te préfère sans ton pyjama
-David!
-Maman !
-Lily c'est bon, je m'habille et j'arrive !
-Elle est impatiente ce matin, rit David
-Oui, elle veut t'offrir ton cadeau, sourit Kate en se levant pour prendre sa robe de chambre sous les yeux attentifs de son fiancé
-Mon….cadeau ? déglutit-il face à la vue qu'elle lui offrait
-Eh bien….
-Dis-moi que c'est toi, mon cadeau
-J'aimerais bien, mais non. Allez, debout, et va recevoir ton premier cadeau de la fête des pères, déclara Kate en se tournant pour ne pas lui montrer la douleur dans ses yeux.

-La fête des pères ? J'ai un cadeau pour la fête des pères ?
-Oui.
-Oh mince, alors, s'exclama David en se levant le sourire aux lèvres.

Charleston, « Bar Seconde Chance », dimanche, 9h30

Il avait passé les derniers jours à ruminer les paroles de Kate. Il se refaisait inlassablement leur conversation depuis son retour, malgré ses appels téléphoniques où sa fille le rassurait sur son état, sa colère envers Rick ne se calmait pas. Comment cet homme avait-il pu briser le coeur de sa fille et de sa petite fille par la même occasion ? Comment pouvait-il encore se regarder dans le miroir ? Pour qui se prenait-il pour traiter les femmes de sa vie avec autant de mépris ?

Fatigué de ruminer dans son coin, il avait pris l'avion pour la Caroline du Sud avec pour seul objectif : avoir des réponses à ses questions .

Debout face à cette terrasse qui avait tourmenté sa fille, il scruta chaque table à la recherche de Castle. Le regard noir, les traits tirés , les mains dans la poche , il était concentré sur sa tâche quand Andréa le rejoignit , sourire aux lèvres, pour l'accueillir:

-Bienvenue au bar « Seconde Chance », souhaitez-vous une table ?

Faisant une pause dans son observation, il tourna la tête pour regarder la serveuse de la tête au pied. Blonde, la trentaine, le même sourire que Kathie lui avait conté, ce devait être la nouvelle muse de Richard. Réprimant sa colère, il sortit de son portefeuille une ancienne photo de son ex-gendre et la lui tendit :

-Je recherche cet homme, pouvez-vous m'aider ?
-Rick a des ennuis ? s'inquiéta Andréa, qui ne l'avait pas vu depuis deux jours
-Non. Je suis un ami, je viens l'aider pour son prochain livre, mentit Jim
-Oh…je ne l'ai pas revu depuis vendredi matin. Il avait l'air assez chamboulé depuis sa discussion avec cette femme, mercredi.
-Sauriez-vous où je peux le trouver ?
-Il vit dans une chambre d'hôtel à quelques mètres, le « Sunlight ».
-Je vous remercie, déclara, sur un ton froid, le père de Beckett avant de faire demi-tour
-Une seconde !
-Oui ?
-Pouvez-vous lui dire qu'Andréa lui passe le bonjour ? demanda timidement la serveuse, alors que Jim s'était arrêté pour la dévisager une nouvelle fois
-Certainement, comptez sur moi, répondit-il, agacé, en tournant à droite dès sa sortie du bar.


billy  (29.03.2017 à 19:27)

CHAPITRE 9


Charleston , un peu plus tard dans la matinée.

Après avoir quitté le bar un peu plus tôt, Jim avait cherché cet hôtel mentionné par la serveuse. Après quelques minutes de recherche , il trouva enfin l'objet de ces préoccupations.

La bâtisse était blanche avec, peints en rose fluo , le logo et le nom du motel. La façade semblait délabrée et les abords mal entretenus. Jim se fit la réflexion que cet hôtel était bien loin du train de vie habituel de l'auteur. On était à mille lieues des hôtels de luxe avec portiers et Ferrari. Cela ressemblait plus à un motel de seconde zone.

Toujours décidé à demander des comptes à l'homme qui avait fait du mal à sa petite fille, il s'était présenté à l'accueil pour demander son numéro de chambre. Moins de cinq minutes plus tard, il se trouvait sur le pas de la porte.

Le visage impassible, les nerfs à vif, il tentait de maîtriser sa colère avant de frapper à sa porte. Les secondes étaient devenues des minutes et quand il s'aperçut que rien ne pourrait le calmer, il toqua deux coups.

C'est le visage fatigué et triste de l'auteur qu'il découvrit dans l'entrebâillement de la porte. Son teint était livide, ses traits tirés et sa barbe lui donnait un air négligé. Ne souhaitant pas lui montrer une quelconque empathie, il le salua froidement :

-Richard
-J..im, balbutia Rick surpris
-C'est Mr Beckett, désormais.
-Heu….Kate est là ? Répondit Castle plein d'espoir, en ouvrant la porte pour tenter de l'apercevoir dans le couloir
-Non
-Mais, j'ai besoin de lui parler
-Il fallait y penser ces six dernières années. Vous avez besoin de lui parler ? Alors que faisiez-vous ici à boire des cafés et à écrire au lieu d'épauler ma Kathie ou d'éduquer ma petite-fille ?
-Je ne savais pas pour Lily, soupira Rick, profondément déçu de ne pas pouvoir s'expliquer avec Kate
-Vous ne saviez pas? Kathie m'affirme que vous connaissiez son existence, surenchérit le père de Beckett en le montrant du doigt
-Je…..oui mais… voulez-vous entrer ? répondit, hésitant, Castle en voyant les clients de l'hôtel à leurs fenêtres.

Le regard froid, les yeux noirs, Jim entra dans la chambre de l'auteur pour y découvrir des dizaines de calepins éparpillés dans la pièce. Sa colère augmenta encore d'un cran et il cracha, énervé :

-L'écriture se passe bien à ce que je vois !
-Je….
-Vous feriez mieux de m'expliquer la cause de votre absence avant que je ne perde tout contrôle !

Fatigué de par ses nuits blanches et de par ses recherches infructueuses depuis quatre jours, Rick demanda, sans prêter attention aux paroles de Jim :

-J'ai cherché Kate mais je ne la trouve pas. Où séjourne-t-elle ?
-Chez elle ! Elle se trouve chez elle auprès de sa fille !
-Je…..
-Vous savez, la petite aux yeux bleus qui va avoir six ans dans quelques jours ! ajouta-t-il en lui montrant une photo de Lily qu'il prit dans son portefeuille, hargneusement
-Elle va avoir six ans, répéta, en murmurant, pensivement Rick
-Oui ! Six ans le 6 juillet !

Songeur devant la date de naissance de Lily, Castle se rendit compte que Kate était enceinte lors de son départ. Il comptait mentalement le nombre de mois quand le père de Beckett continua en le dévisageant, fou de colère:

-Alors où étiez-vous pendant que ma fille unique vous recherchait ? Ou quand elle a mis au monde votre fille ? Où étiez vous pendant que votre mère se morfondait ? Ou quand Lily a fait ses premiers pas ? Dit ses premiers mots ?
-J'étais…à la recherche du meurtrier de ma fille
-Votre famille avait besoin de vous !
-Et moi j'avais besoin de faire mon deuil ! s'emporta Castle, qui ne supportait plus qu'on le juge aussi facilement

Ces dernières années avaient été un cauchemar éveillé. Il n'arrivait plus à voir le bout du tunnel. La perte de sa fille l'avait détruit et il ne supportait plus que les gens le jugent sur ses actions après ce drame.

-Six ans ! Il vous faut six ans pour faire votre deuil ! continua Jim en repensant à tout ce qu'il avait raté.
-Je ne sais pas, Jim, combien de temps vous a-t-il fallu pour vous relever du meurtre de Johanna?
-Comment osez-vous même…
-Je n'ai aucune excuse pour les années d'absence auprès de Lily. J'ai perdu ma fille…..mon bébé ! J'avais besoin de m'éloigner de tous ces sourires condescendants , des étreintes affectueuses de votre fille ou des pleurs de ma mère! J'avais besoin d'espace, je n'avais plus le droit de ressentir de la joie ou de l'amour. Je ne pouvais pas être auprès de Kate. Tout ce qui m'aidait à respirer était de l'idée de venger ma fille ! Alors, non , je n'ai aucune excuse….la seule que j'ai , c'est que je n'avais pas connaissance de la grossesse de Kate, elle ne m'en avait rien dit! Je ne savais pas qu'elle portait mon enfant !
-Elle ne le savait pas !
-Elle devait être enceinte de plus d'un mois et demi quand je suis parti alors…
-Ne vous avisez pas d'insinuer qu'elle a vous a caché sa grossesse. On l'a appris en même tant qu'elle quand Martha l'a trouvée inconsciente sur le sol de salle de bain , trois semaines après votre départ…..je devrais plutôt dire votre fuite !
-Je….non…., murmura, peiné Rick , la tête basse.

- J'ai toujours tenté de prendre votre défense. Vous étiez brisé et aviez besoin d'espace après le décès de votre fille mais jamais...au grand jamais...je n'aurai pris votre défense si j'avais su que vous viviez votre vie tranquillement

- Je ne vis pas ma vie. Je survis ! Et je ne savais pas pour Kate ou pour...Lily, fit-il fatigué.

Le scrutant quelques secondes, Jim prit conscience de la souffrance de son ex-gendre. Il le voyait complètement abattu devant lui. Cherchant à avoir des réponses à ses questions, il tenta de se calmer légèrement en s'installant sur le lit pour regarder fébrilement Lily sur la photo qu'il tenait à la main.

Le silence s'installa dans la pièce. Jim inspirait et expirait avec colère tout en cherchant à comprendre les raisons des six années d'absence, alors que Rick se maudissait de ne pas avoir pu être là pour Kate et Lily.
Il savait pertinemment qu'à l'époque il n'aurait pu assumer un nouvel enfant. Il était tellement remonté contre l'univers, contre Kate pour ne pas avoir pu sauver son enfant, contre lui pour ne pas l'avoir protégée, que l'annonce de Beckett aurait été apocalyptique pour lui.

Mais jamais il n'aurait tourné le dos à cet enfant. Il culpabilisait d'avoir mis autant de temps pour se relever et de ne pas être retourné sur New-York.
Perdu dans ses pensées , il en fut sorti par Jim qui murmura tristement :

-Vous avez réussi à arriver au bout de votre quête ?
-Pardon ?
-L'assassin d'Alexis ?
-Je…..oui. J'ai pu rendre justice à ma fille, avoua, peiné, Rick en se grattant la nuque
-Pourquoi ne pas être rentré dans ce cas ?
-Je l'ai fait..mais….
-oui ?
-J'aimerais pouvoir parler avec Kate, j'aimerais pouvoir m'expliquer.
-Je pense que vous êtes coincé avec moi pour le moment, alors pourquoi pas me répondre? s'impatienta Jim qui tentait d'avoir un dialogue civilisé, mais dont la patience s'amenuisait .
-Je suis rentré. Il y a un peu plus de deux ans. Je suis rentré et j'ai visité pour la première fois la tombe de ma fille, dit-il, la gorge nouée
-Richard…
-Kate était présente, déglutit-il, les larmes aux yeux. Elle était assise près de ma petite fille avec ses fleurs préférées à la main. Elle lui contait sa journée. Elle faisait ce que je ne pouvais pas faire.

- Elle le fait toutes les semaines

- Oh...
-Elle ne m'en a jamais parlé, elle ne m'a jamais rien dit sur votre rencontre , chuchota pensivement le patriarche
-Elle ne m'a pas vu. Quand j'ai vu votre fille…..je….je me suis caché derrière un arbre et je l'ai contemplée de loin. Elle était comme dans mes souvenirs…elle l'est toujours, sourit pensivement Rick, les mains dans les poches.
-Pourquoi avoir fait demi-tour dans ce cas ?
-Parce qu'elle a parlé de sa fille. Elle a dit que Lily l'attendait à l'école. Alors….je ne sais pas…j'ai cru par mégarde qu'elle avait refait sa vie…..qu'elle était heureuse…..et que cette enfant était née de sa nouvelle union.
-Vous avez fui parce que vous la pensiez mariée et heureuse en ménage ? fit, abasourdi, Jim devant cette révélation, les bras ballants
-…..Oui

New-York, chez Kate.

La matinée se déroulait dans la joie et la bonne humeur. Lily était toute fière de présenter la première carte de fête des pères qu'elle avait confectionnée à l'école.
Les années précédentes, elle n'osait pas dire aux enseignantes qu'elle ne savait pas à qui offrir ses cadeaux. Elle les fabriquait avec le coeur lourd, en regardant les autres enfants s'extasier devant leurs oeuvres.
Ses amies discutaient de nombreuses heures sur la fête des pères et à ce que représentait leur père à leurs yeux. La petite Beckett tentait de garder la tête haute et affichait toujours un sourire alors que son coeur se brisait chaque année à cette date-là.

Mais cette fois, elle n'avait pas besoin de cacher ou jeter son cadeau. Elle l'avait donc emballé puis l'avait offert avec un magnifique sourire à David. C'était un porte-clef en forme de dent. Elle était toute heureuse de lui montrer sa molaire, en lui récitant un poème qu'elle avait appris en classe.

Kate, quant à elle, restait en retrait et contemplait sa fille de loin. Son oeuvre l'avait fait sourire. Lily avait expliqué que la maîtresse leur avait donné carte blanche pour faire un objet en papier mâché, et qu'elle s'était attelée à créer cette dent pour lui rappeler son métier.

David avait été attendri et vraiment heureux par cette attention. Après un baiser sur la joue et un gros câlin, ils avaient démarré leur première journée de fête des pères.

De loin Kate se demandait si c'était la bonne chose à faire. Laisser Lily offrir son cadeau à David alors que son père était à seulement trois heures d'avion ?…. Mais à chaque fois , les mots de Rick résonnaient dans sa tête :

« Je suis parti à cause d'elle »

Elle ne comprenait pas pourquoi une partie d'elle culpabilisait encore de vouloir aller de l'avant. Castle était parti et ne reviendrait pas. Elle était fiancée et amoureuse de David, alors pourquoi était-ce si dur de voir Lily avec un autre homme que Rick ?
Elle ne voulait pas blesser la petite avec ses hésitations. Kate avait bien remarqué l'air qu'elle affichait à chacune des fêtes des pères précédentes. Lily semblait avoir le coeur brisé. Alors la voir si souriante aujourd'hui la stoppa net dans ses idées. Castle avait décidé de ne pas faire partie de la vie de sa fille, c'était à Kate désormais de la protéger comme elle le pouvait.

Charleston, chambre de Rick

Se scrutant sans un mot depuis quelques minutes, Jim tentait de comprendre les motivations de Castle. Il lui avait avoué un peu plus tôt être au courant que Kate avait eu un enfant mais qu'il ignorait que c'était le sien. Il lui avait expliqué s'être retiré à Charleston pour tenter de guérir de la mort de sa fille, sans avoir sous les yeux le bonheur conjugal de l'amour de sa vie devant lui.

Jim était consterné d'apprendre tout ça. Ils avaient encore perdu un temps fou par manque de discussion, et au milieu de ces querelles puériles se trouvait sa petite-fille cette fois-ci. Complètement abattu par cette idée, et ne sachant pas quoi faire désormais, il sortit de sa transe quand Rick lui demanda honteusement :

-Comment est-elle ?
-Qui ça ?
-Lily…. Comment est ma fille ?

Son ton était brisé et mélancolique. Il portait le poids du monde sur ses épaules. Au fur et à mesure du temps, Jim prenait conscience que Rick s'intéressait grandement à Lily. Qu'il n'était pas ce genre d'hommes qu'il avait fini par aimait sa fille. Prenant sa photo entre ses mains, il sourit devant la mine réjouie de sa petite-fille au parc et déclara :

-Elle est aussi têtue que Kathie…. Elle est intelligente et toujours pleine de vie. Un vrai bout-en-train. C'est un joli mélange de vous deux.

Castle absorbait chaque information que Jim voulait bien partager avec lui. Il était très attentif à chaque mot, chaque parole pouvant décrire son enfant.

-Elle est aussi pleine d'imagination. Il y a quelques semaines, j'ai du prendre le thé avec ses poupées , muni d'ailes de fée dans le dos pour lui faire répéter sa pièce de théâtre à l'école.
-Elle est dans une pièce, murmura béatement Rick
-Oui. Elle a joué Cendrillon. Elle a dû faire acheter à Kathie une citrouille pour sa dernière répétition avec Martha, ricana Jim, en repensant à la tête de la matriarche quand elle avait appris qu'il fallait attendre minuit tout comme Cendrillon
-Ma mère ? Lily voit ma mère ? fit surpris Castle
-Bien entendu. Elle garde la petite tous les vendredis soirs. Martha et ma fille se sont beaucoup rapprochées depuis …..votre départ. Elles ont même cohabité ensemble pendant la grossesse de Kathie et jusqu'aux un an de Lily.
-Oh….
-Kate….ma fille n'a jamais caché ses origines à la petite. Elle sait qui vous êtes, Richard, ajouta le patriarche devant la tête surprise de l'auteur.
-Elle sait qui je suis, répéta-t-il pensivement.

Retombant quelques secondes dans le silence, Jim se leva et lui déclara :

-Rien ne peut justifier une aussi longue absence, mais je présume que chacun fait son deuil comme il le peut. Vous vous êtes reclus dans cet hôtel alors que moi, j'ai préféré la bouteille. Finalement, on est assez semblables tous les deux, à une seule chose près.
-Laquelle ?
-Après quatre années de déchéance totale, j'ai choisi Kathie. Je me suis relevé et je me suis battu pour sortir de cet enfer pour ma fille. Ferez-vous pareil ? Allez-vous vous battre pour votre fille ? Ou resterez-vous ici comme un lâche ?
-Je….j'aime Lily
-Alors battez-vous pour elle. La petite mérite un père digne d'elle. Relevez la tête, Richard. Vous avez vécu une tragédie, mais la vie vous donne l'opportunité de saisir une nouvelle chance. Alors secouez-vous un peu, et allez retrouver votre enfant, déclara Jim en ouvrant la porte de la chambre d'hôtel, bien décider à le faire réagir.
-Mais…. Et Kate ? demanda, sur la réserve, Rick qui ne souhaitait pas la pousser à bout
-Il y a quelque chose que je n'ai jamais pu comprendre entre vous. Vous passez votre temps à vous chamailler, à vous aimer, à vous pardonner, mais vous ne pensez jamais à discuter.
-Je….
-Lavez-vous, faites vos valises, allez présenter des excuses à votre mère, et ensuite rampez comme un malheureux auprès de ma fille. Tout comme Lily , elle mérite des explications et des excuses.
-Je….oui
-Et Richard ?
-Oui ?
-Si vous blessez ma fille ou ma petite-fille une nouvelle fois, je ne serai pas si indulgent
-Je comprends…mais !cria Castle en le voyant s'engouffrer dans le couloir
-Oui ?
-Où se trouvent-elles ?

Toujours le dos tourné à la porte, Jim se mit à sourire. Castle semblait brisé, fatigué et démoli par la vie, mais quand il avait abordé le sujet de sa petite-fille ou de Kate dans la conversation, il avait aperçu, dans les yeux de Castle, la même lueur d'amour inconditionnel qu'il avait autrefois. Il savait que Rick devrait se battre pour avoir de nouveau la confiance de sa fille, mais aujourd'hui, il se félicitait d'avoir fait ce que sa fille n'arrivait pas encore à faire : s'expliquer.

New-York, fin d'après-midi.

La journée touchait à sa fin, et Beckett avait quitté Lily et David en pleine bataille de « just dance » sur la console , pour partir discuter avec Martha.
Elle s'était promis la veille de dire la vérité à son fiancé, mais elle tenait à le dire à la mère de Rick avant.
Garder ce secret depuis jeudi l'épuisait psychologiquement. Elle ne savait pas encore comment agir avec sa fille, mais Kate savait quelle ne pouvait plus cacher la vérité à Martha.

C'est donc déterminée, mais un brin anxieuse, qu'elle était arrivée depuis quelques minutes au loft. Dès ses premiers pas à l'intérieur, elle scruta toute la pièce. Elle, qui par le passé, tentait par toutes les manières d'éviter de rentrer en contact avec la chambre, le bureau ou les affaires de Rick, tant sa douleur était insupportable, semblait désormais étudier chaque objet comme si, par enchantement, elle allait obtenir les réponses à ses questions.

Son changement d'attitude ne passa pas inaperçu pour Martha qui, une tasse à la main, la regardait observer la pièce comme si c'était la première fois.
Lui laissant quelques minutes, la matriarche sourit en la voyant pencher sa tête en direction du bureau.

-Tu as un souci, chérie ? demanda-t-elle en venant la rejoindre au milieu du salon
-Non….je….regardais, balbutia Kate maladroitement en passant une main dans ses cheveux
-Je vois ça.

La sentant repartir dans ses investigations visuelles, Martha déclara :

-Je n'ai rien touché depuis son départ
-Je le sais
-Alors… pourquoi autant de contemplation ?
-Pardon? s'étonna Kate, en lâchant du regard la bibliothèque qui séparait la pièce à vivre de son bureau
-Tu étudies les lieux comme si tu les découvrais, sourit Martha en s'installant sur le canapé. Non que ça me déplaise, mais tu es étrange.

-...

-Chérie, il y a un souci ?
-Non…..oui…..non
-Tu es moins indécise d'habitude, la taquina-t-elle
-C'est juste que je ne sais pas comment faire, ou comment le dire, soupira Beckett anxieusement, en s'installant fébrilement auprès d'elle
-Dire quoi ?
-Je…..je…

La voyant au summum de l'angoisse, Martha déposa sa tasse sur la table basse, et lui demanda doucement:

-Tu es enceinte ?
-Non ! Oh mon dieu….non ! la coupa, scandalisée, Kate
-Non ? Alors arrête de me regarder comme si j'allais m'écrouler.
-Martha…
-La dernière fois que tu avais ce regard, tu m'as annoncé tes fiançailles
-Je le sais
-Tu es sûre que tu n'es pas enceinte parce que, Chérie, je…
-Non! reprit plus fortement Beckett, comme si cet idée était saugrenue .

La contemplant quelques secondes, la matriarche décida d'alléger un peu l'ambiance pour pousser sa belle-fille à lui confier ses tracas :

-Enlève-moi donc cet air outré, rit Martha. Il n'y a rien de choquant à avoir un enfant, et c'est tellement agréable d'essayer. Je me doute bien qu'avec David vous ne passez pas votre temps à….
-Stop!
-La pudeur te va très bien, darling, s'exclama Martha, qui adorait taquiner Beckett à ce sujet
-Ouais, votre subtilité aussi, marmonna-t-elle
-Alors pas de bébé ?
-Non. Et ce n'est pas au programme
-Tu sais... Avec un mariage en vue , je comprendrais que David et toi pensiez à agrandir la famille . Et je sais aussi que je n'aurai aucun lien avec cet enfant mais sache que je l'aimerai
-Martha…
-Je voulais juste te rassurer
-Je le sais….merci, soupira Kate qui ne savait par où commencer.

Elle s'était fait cette conversation dans sa tête une centaine de fois depuis jeudi, mais la mettre en application était plus difficile que prévu. Martha riait et s'amusait avec elle, Kate n'avait pas à coeur de l'attrister ou …en fait , elle le savait pas. Comment allait-elle réagir ? Allait-elle crier ? Pleurer? Ou simplement être soulagée, heureuse ?
Complètement perplexe et angoissée à l'idée de sa future conversation , elle commençait à se dire qu'aller droit au but devrait être la solution.

Martha, quant à elle , la contemplait, légèrement inquiète. Beckett semblait peu rassurée et très mal à l'aise. La matriarche n'arrivait pas à lui décrocher un sourire sincère, et ses observations incessantes vers le bureau de Rick commençaient à l'inquiéter. Qu'est-ce qui la perturbait autant ? Qu'allait-elle encore lui annoncer ? Sa dernière visite au loft , seule sans la présence de la petite , datait du matin ou elle lui avait avoué son intention d'épouser David et de faire adopter Lily par ce dernier.
Martha avait digéré la pilule amère pour le bien et le bonheur de la petite ainsi que celui de Kate. Elles méritaient toutes les deux de faire leur deuil et de vivre leur vie. Elles ne pouvaient pas continuer à vivre dans le passé. Mais l'idée d'oublier son fils dans cette toute nouvelle idylle la peinait malgré tout.

Sentant Kate absorbée dans ses pensées, Martha se pencha légèrement et lui caressa doucement la cuisse, ce qui la sortit de sa transe :

-Quoi qu'il se passe, tu peux m'en parler.
-Je sais….c'est juste que je ne sais pas par où commencer.
-Katherine, je crois que la vie m'a montré son plus funeste revers. Rien de ce que tu m'annonceras pourrait …
-J'ai vu Castle, la coupa-t-elle en retenant sa respiration
-Tu….quoi ? sursauta Martha en la dévisageant
-J'ai vu Rick
-Je ne comprends pas, chérie
-A une terrasse de café…quand j'étais à Charleston….j'ai vu Castle, déclara difficilement Beckett, en voyant l'effarement sur le visage de Martha
-Es-tu sûre que….
-C'était lui Martha…..je lui ai parlé
-Tu as parlé à mon fils, répéta la matriarche la gorge nouée
-Oui
-Il est vivant
-Il est vivant, Martha. Il va bien, reprit Kate la voix brisée en s'apercevant que Martha pleurait.
-Il est vivant…
-Il va bien. Il est vivant.

La respiration bloquée comme si elle manquait d'air, le coeur serré et les mains tremblantes, Martha suffoquait entre joie, espoir et douleur. Son fils était vivant.
Les premières années de sa disparition, elle avait gardé l'espoir de le voir franchir la porte du loft et lui sourire avec un « bonjour mère », mais les années étaient passées ,et le seuil de la porte était resté vide. Son espoir s'était fané au fil des jours. Sa tête lui disait de faire son deuil alors que son coeur espérait secrètement son retour.

Kate comprenait son bouleversement . Si, après six années de disparition, on lui annonçait que sa fille était vivante, elle ne savait pas comment elle réagirait. Lui laissant le temps de digérer ses mots, elle l'entendit la questionner, la voix brisée et en larmes:

-Où est-il ? Il va rentrer ? Que t'a-t-il dit ? Pourquoi ne pas l'avoir ramené avec toi ?
-Je….il vit à Charleston depuis deux ans, commença Kate qui sentait l'émotion la gagner elle-aussi
-Deux ans ? je ne comprends pas.

-...

-Que fait-il depuis deux ans là-bas ?
-….il….je ne sais pas. Je l'ai trouvé en terrasse, un café dans la main , en train d'écrire. Je faisais mon jogging quand je suis tombé sur lui.
-Pourquoi vit-il là-bas ? Pourquoi ne pas être rentré depuis tout ce temps ? continua Martha qui n'entendait pas Kate
-Je ne sais pas.
-Comment ça, tu ne sais pas ?
-Martha, soupira Kate en se levant pour faire les cents pas devant elle. On s'est disputés.
-Pourquoi ? On l'a cherché pendant plus de deux ans, j'ai engagé un privé qui enquête depuis six ans, alors pourquoi au moment où tu le trouves, tu….
-Parce qu'il sirotait un café ! Ou parce qu'après six ans à le pleurer, il m'a dit qu'il vivait tranquillement ici depuis deux ans ! Ou parce qu'il savait pour Lily et qu'il a préféré lui tourner le dos ! Parce qu'il m'a fait du mal !
-Quoi ? non ! fit, abasourdie, la mère de Rick
-Martha, il est revenu il y a deux ans et est reparti en apprenant pour Lily, pleurait Kate désormais. Il le savait et il est partit, fit-elle brisée et blessée.
-Ce doit être une erreur. Richard ne tournerait pas le dos à son propre enfant, tu dois avoir mal interprété ses dires ou…
-Moi ? fit Kate , sur la défensive. C'est lui qui est parti! Lui qui bronze au soleil avec son fichu bouquin ! Lui qui ne veut pas connaître son enfant !
-Mais….
-Ce n'est plus le même homme. Il a changé . Je vous assure….je….j'aurais tout donné pour le Castle d'il y a six ans, j'aurais pu tout lui pardonner avec le temps, mais cet homme…ce Rick….que j'ai rencontré là-bas est tellement différent… Il n'est plus l'homme que nous connaissions. Il connaissait l'existence de Lily et il a préféré rester à Charleston.

Martha se leva à ses mots et partit, énervée, dans le bureau de Rick sous les yeux de Kate. Au bout de quelques minutes, elle revint un passeport à la main et le regard plus déterminé que jamais.

-Martha, soupira Beckett, qui comprenait son intention
-Il a beau avoir changé, Richard ne tournerait pas le dos à son propre enfant, Katherine. Il a été élevé sans père, il sait la douleur que c'est.
-Je….
-et si tu as réellement raison, laisse-moi te dire qu'il va entendre parler du pays! reprit-elle, convaincue, en prenant son sac à main.
-Martha, vous devez vous calmer et…..
-Me calmer ! Mon fils est vivant ! Après plus de six ans, on l'a enfin retrouvé, alors non je ne vais pas me calmer, je vais trouver le fin mot de cette histoire et je ne quitterai pas la Caroline du Sud avant d'être satisfaite et d'avoir obtenu toutes les réponses aux questions auxquelles tu ne peux pas me répondre !

Prenant ces paroles pour elle, comme un coup bas, Kate baissa la tête et partit chercher à son tour son sac à main. Elle en avait assez de devoir donner des excuses ou des explications depuis son retour de Charleston. Après plus de six ans à pleurer l'homme qu'elle aimait, ne pouvait-elle pas être en colère, déçue et même blessée par son comportement ? Elle s'était battue pour le trouver, battue pour relever Martha avec elle, battue pour élever Lily, ces six dernières années n'avaient pas été toutes roses pour elle. Beckett se sentait trahie et avait besoin de faire le tri dans ses émotions, le temps d'y voir plus clair. Elle avait besoin de recul et elle avait l'impression que personne ne comprenait son besoin de se préserver, elle, ou même Lily.

Sentant qu'elle avait pu blesser sa belle-fille sans s'en rendre compte, Martha déposa sa main sur son avant-bras pour la stopper avant son départ et lui murmura, la gorge nouée:

-Je comprends pourquoi tu es partie, mais essaie de comprendre pourquoi je dois y aller, s'il te plaît
-Je comprends, Martha, répondit Kate, qui sentait que sa vie était en train de prendre un virage à 18O degrés et qu'elle n'avait aucun contrôle sur tout ça.
-Darling, Richard est beaucoup de choses comme tu le sais. Certaines sont bonnes , d'autres sont moins bonnes. Mais c'est une personne en qui on peut avoir confiance. Il ne renierait pas sa fille, j'en suis certaine.
-Ah oui? Alors où était-il depuis six ans ?
-Je…..
-La mort d'Alexis l'a changé Martha. Je comprends que vous ayez besoin de le voir par vous-même. C'est votre fils. Votre seule famille.
-Toi et Lily êtes ma famille aussi, rétorqua Martha qui sentait que Kate prenait ses distances
-Je…..voici l'adresse à laquelle vous pourrez le trouver demain matin. C'est un bar local en bord de mer, expliqua-t-elle, en lui tendant un papier
-Chérie, je….
-On se voit à votre retour , assura Kate en sortant tristement du loft,sans la laisser terminer sa phrase.

La porte se ferma et Martha se sentit perdue et dépassée par tous ces événements. Une part d'elle souhaitait tirer au clair toute cette affaire et partir rejoindre son fils quand une autre partie s'en voulait d'avoir blessé sans le vouloir sa belle-fille.
Pendant six ans, Kate avait été l'épaule sur laquelle elle pouvait s'épancher, l'oreille qui écoutait ses tourments. Elle était devenue sa fille de coeur et même si elle comprenait les raisons de Beckett , elle ne pouvait pas admettre que son fils ait renié sa petite-fille.

Sentant la migraine arrivée, elle se frotta les tempes et inspira plusieurs fois pour tenter d'alléger l'oppression qu'elle ressentait dans sa poitrine. Elle se sentait tiraillée entre son coeur et sa raison.
Tournant la tête vers l'étagère qui séparait le bureau de Rick du salon , elle contempla la photo de ce dernier, tout sourire, enlaçant tendrement Alexis.
Les larmes aux yeux, la matriarche monta les escaliers pour rejoindre sa chambre et faire sa valise. Le papier où l'adresse de son fils trônait était serré dans son poing droit.

Elle devait lui parler. Elle avait besoin de le voir en vie. Elle avait besoin de réponses. Alors qu'elle allait entrer dans sa chambre, quelques coups à la porte d'entrée retentirent.
Faisant marche arrière , le coeur moins lourd à l'idée d'y retrouver sa belle-fille , elle ouvrit la porte en déclarant, soulagée:

-Katherine, je suis désolée, je…

Sa voix se coupa. Sa respiration se bloqua. Sa gorge se noua. Son coeur tambourina.

-Bonjour, mère.


billy  (01.04.2017 à 14:15)

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