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Il est où le bonheur?

Série : Castle
Création : 12.04.2017 à 21h51
Auteur : Harilinn 
Statut : Terminée

« L'histoire commence après la fusillade au loft des Castle's (8x22) et court jusqu'au réveillon du nouvel an.  » Harilinn 

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-Côté face-

 

31 décembre 2016, loft des Castle.

 

Il était 18h30, le dernier jour de l'année touchait à sa fin. La Grande Pomme avait revêtu comme à chaque fois son plus beau manteau pour offrir à ses habitants des fêtes de Noël inoubliables. La ville grouillait d'activité et l'excitation du passage à la nouvelle année était palpable. Quoi de mieux, en effet, que de voir s'élever dans le ciel cette grosse boule de lumière égrenant les dernières secondes de l'année au rythme des cris en délire d'une foule agglutinée devant ce phare symbole d'espoir et de promesses à venir.

Pour Kate, la magie de ce jour avait perdu depuis longtemps déjà de sa superbe. Elle ne savait plus très bien depuis combien de temps elle se trouvait face à la fenêtre du loft à contempler la ville revêtir son habit pour la nuit. New-York semblait lutter de toutes ses forces contre l'avancée inexorable de la pénombre. Kate, comme tout noctambule, aimait regarder ce moment entre clair/obscur où tout est incertain, instable où même la lumière artificielle des lampadaires vacille avant de se stabiliser et apporter son halo protecteur à la population.

Comme pour oublier le passé récent, la décoration du loft avait été fraîchement refaite.  Tout du sol au plafond avait été remanié selon les codes esthétiques en vogue actuellement à Manathan mais rien en cet instant ne semblait pouvoir alléger cette atmosphère pesante . Seuls quelques biblos minimalistes rappelaient aux visiteurs que nous étions en période de fête.

Debout et immobile au milieu de cet espace, Katherine Castle tentait de se réinventer. Mais voilà ! comment faire quand ce qui vous habite n'est que vide ? Habillée comme pour aller faire son footing matinal, en veste et pantalon de jogging gris clair, elle tenait sa tasse de thé si fermement que ses doigts étaient devenus blanc par le manque d'afflux sanguin et étaient gagnés à présent par des fourmillements. La menthe contenue dans son mug était froide comme son corps. Elle paraissait ne plus avoir d'emprise sur lui. Des oscillations frénétiques partant du bas du dos jusqu'au niveau des épaules la parcouraient comme une énième tentative pour récupérer la chaleur disparue.

Le teint blême et les traits tirés par la fatigue mentale accumulée compliquaient la tâche du capitaine pour son retour d'ici deux jours, au 12th Precinct. La paperasse non traitée allait l'occuper au moins pour les 3 prochaines semaines la tenant éloigner des affaires criminelles en cours ce qui pour la première fois de sa vie, la réconfortait.

C'est un bruit de klaxon provenant de la rue en contre-bas qui l'a fit sortir de sa transe et se diriger tel un automate vers ce qui était devenu le refuge de son ennui et le lieu privilégié de l'expression de ses pensées maussades. Elle s'affala donc dans le sofa pour y récupérer la télécommande de la chaîne hi-fi high-tech dernier cri. Le contact moelleux de l'assise lui fit repenser aux différentes activités qui avaient eut lieu à cet endroit même et le plaisir qu'elle y avait pris. Elle se figea un instant bercée par ces doux souvenirs. Comme tout ça lui semblait loin aujourd'hui. C'est non sans mal que Kate retrouva coincée entre l'assise et le dossier le précieux sésame. Comme à chaque fois, elle se débattait avec la multitude de touches et d'options là où un vrai Geek aurait déchiffré et compris l'utilité de toutes ces machins en un quart de seconde. Elle fut à de nombreuses occasions tentée d'appliquer la méthode Han Solo avec le tableau de bord du Faucon lorsqu’il refusait d’obtempérer mais Kate se ravisait inlassablement préférant dégainer un coup de poing rageur dans l'un des coussins du sofa. Installée, la télécommande à la main, le balaye des chaînes pouvait démarrer. Aucune chanson n'était assez bonne pour calmer ses angoisses. Elle zappait donc au gré des extraits ou des pubs qui venaient interférer dans son processus de recherche de L'UNIQUE. Lassée de cette recherche vaine, elle écoutait les dernières paroles qui s'offraient à elle de Bohemian Rhapsody qui résonnèrent tel un équo dans sa tête…

- « [...] Nothing really matters to me[...]

- si seulement c' était mon cas... » pensa-t-elle.

Sa vue se brouilla quand ses yeux se posèrent à nouveau sur le cliché qu'elle venait de sortir de son enveloppe datant du mois de mai dernier.


Harilinn  (12.04.2017 à 22:07)

Côté Pile

 

Tribecca, 18h45

 

La foule était dense peuplait par des personnes aux profils différents. D'un côté les opportunistes, de l'autre les retardataires et au milieu les prévoyants. Les premiers arpentaient les rues à la recherche d'un restaurant avec de la place. Les seconds qui prenant conscience de l'échéance cherchaient, désespérés, de quoi préparer leur réveillon. La dernière catégorie elle, avançait d'un pas décidé vers son foyer afin de finir les préparatifs et de dresser sa table dans un timing parfait. Pour une fois, les origines sociales et le niveau de vie n'étaient pour rien dans le comportement de ces citadins. Bien qu'agissant sous des motivations différentes ces New-Yorkais étaient au fond tous animés de la même envie de rendre ce dernier jour de l'année agréable. Des queues importantes jusque sur le trottoir s'organisait autour des devantures dans l'attente d'être servi. En prenant le temps d'analyser l'ensemble de ces personnes, on aurait pu certainement y voir un condensé de ce qui rendait si particulier le citoyen de la Grosse Pomme. En accordéon tels des serpents, les masses se déplaçaient lentement par des mouvements fluides au fur et à mesure que les traiteurs et les restaurants délivraient les commandes. A cette heure avancée, il n'était plus question d'un grand festin fait maison mais bien d'un repas clé en main.

Le visage fermé, une silhouette déambulait d'un pas lent parmi la foule trépidante. La colonne vertébrale très légèrement penchée vers l'avant, on ne pouvait savoir extérieurement si Richard Castle peinait sous le poids de ses courses ou de ses pensées. Il semblait avoir vieillit plus que de raison. Sur ses tempes des cheveux blancs avaient élus domiciles et sa perte de poids lui durcissait les traits. Ces derniers mois n'avaient pas été de tout repos et avaient laissé des traces mentalement et physiquement. Cette année, il n'avait pas eu le coeur de décorer l'appartement refait à neuf et c'est Kate contre tout attente qui avait disséminé çà et là quelques biblos de Noël. Alexis et Martha avaient d'autres projets pour ce soir. Kate et lui allaient donc passer la soirée en tête à tête. En tant normal, il aurait mis les petits plats dans les grands mais cette fois ce serait sobre.

Un léger rictus vint se poser sur le coin de sa bouche contrastant avec ses yeux qui suintaient la mélancolie d'un temps où ses pitreries auraient à coup sûr réconforté sa femme. Ce sourire n'était pas mort mais juste endormi. Il en avait eu la preuve quelques minutes plus tôt chez son traiteur québécois où sa commande pour ce soir l'attendait. Il aimait parler en français avec lui histoire pour Rick, de se perfectionner et pour l'autre de renouer avec la langue de molière version Acadienne. Castle se délectait des mots et expressions typiques de ce coin du Canada qui sonnaient à son oreille comme une douce mélodie joyeuse. Comment en effet, rester insensible à ce fort accent qui redonnerait vie à un mort. Tabarnak et magasiner avaient été les premiers mots que l'écrivain avait mémorisé.

Cette fois, rien de canadien dans le mot avec lequel ils avaient tout deux eu un fou-rire. C'est une simple réflexion de Rick sur le lapin chasseur qui trônait sous la vitre réfrigérée du présentoir qui déclencha ce moment unique. Pour l'écrivain qu'il était, ce terme de lapin-chasseur lui semblait inapproprié et il n'y avait bien que chez Chantal Goya qu'un lapin pouvait être un chasseur. Maximilien, son traiteur, esquissa un sourire et sur ces paroles s'empressa d'ajouter que ce n'était pas la seule bizarrerie chez le lapin. Cuniculiculture ! Voilà ce mot que Max venait de prononcer laissant Rick dans l’incompréhension. Comment pouvait-on décemment désigner l'élevage de lapin par ce nom aussi saugrenu. A moins qu'il fasse, comme précisa l'artisan, référence à sa façon fulgurante d'effectuer l'acte de procréation. Le cheminement dans la tête de Rick ne fut pas long et l'image le fit rire. Il alla même plus loin en décomposant le mot expliquant ainsi qu'on aurait pu tout aussi l'utiliser pour définir un mouvement du type Pop-culture mais sur un plan s'adressant à un public majeur. Ce mouvement aurait réuni deux pratiques assez répandues dont l'une plaisait particulièrement à Rick. Les deux hommes éclatèrent de rire d'autant plus fort que la file d'attente à ce moment précis n'était constituée que d'homme majeur.

C'est avec ce souvenir en tête et avec un esprit un peu plus léger que Castle se dirigeait à présent vers son caviste situé une rue plus loin.

 


Harilinn  (14.04.2017 à 11:23)

22 mai 2016

 

 

Derrière la porte du loft des voix assourdies par l'épaisseur du blindage se faisaient entendre. On pouvait sentir l'inquiétude dans leurs intonations. Richard avait cru bon de renforcer la sécurité de l'appartement au fil des visites indésirables survenues depuis qu'il suivait sa muse. A en croire l'agitation qui régnait au-delà de l'entrée, la mesure semblait efficace en apparence seulement. L'oreille collait contre la porte, plus un bruit ne parvenait à Sean Davenport qui vociférait auprès d'Henri le concierge de l'immeuble.

 

- « dépêchez-vous bon sens ! Chaque minute compte... ».

 

L'ancien médecin militaire, voisin et ami de Richard depuis 10 ans ne le savait que trop bien. Le pauvre Henri, en état de choc, s’affairait tant bien que mal à insérer son pass dans la serrure. Le pallier en cet instant semblait matérialiser le seuil entre deux mondes qui se côtoient chaque jour sans vraiment se voir ; celui des vivants et celui des gisants.

 

Rien n'avait filtré dans la rue qui ronronnait paisible et sereine ignorant tout de ce qui se jouait quelques mètres plus haut. Virginia, la femme de Sean, attendait anxieuse au pied de l'immeuble l'arrivée des secours qui s'annonçaient déjà dans le lointain. C'est elle qui les avait prévenus quelques minutes plus tôt. L'anniversaire de mariage des Davenport approchait. Ayant vu le couple Castle pénétrer dans l'immeuble, elle s'était rendue à leur appartement pour donner en main propre leurs invitations. Le cri de Kate et les détonations des balles qui parvinrent jusqu'à elle l'avaient laissée sans voix et désemparée face à cette porte close. Tout ceci n'arrêtait pas de tourner en boucle comme un vieux vinyle rayé dans la tête de cette septuagénaire.

 

C'est à vive allure et sirène hurlante que roulait les gars en direction du 425 Broome street avec à l'arrière Martha et Alexis Castle. L'appel d'urgence leur avait été transmis alors qu'ils raccompagnaient la grand-mère et sa petite fille à l'agence de détective pour récupérer leurs effets personnels emportés à la va-vite face à la menace Loksat. Pas un mot prononcé depuis l'annonce. Les visages étaient crispés et la tension palpable cher Javier et Kevin. A quoi bon parler, ils se connaissaient par coeur et comme tout flic qui se respecte savaient intérioriser quand la situation le nécessité. Martha faisait d'énormes efforts pour ne pas craquer devant Alexis qu'elle tentait de réconforter. La jeune femme pleurait à chaude larme et ne pouvait s'empêcher d'imaginer le pire comme durant la longue absence de son père. Les premiers agents de police arrivés sur place avaient foncés au dernier étage dès qu'ils avaient posé pied à terre. La situation sous contrôle au loft, ils commençaient à déployer le cordon de sécurité autour de la scène de crime tout en éloignant les bados trop curieux. C'est dans la précipitation que la voiture des Bros s'immobilisa à quelques mètres des trois ambulances qui moteurs tournant patientaient prêtes à repartir avec leurs passagers. La presse serait bientôt là et cette idée donnait la nausée à Ryan qui voyait déjà les Unes à venir.

 

A l'étage, Sean n'avait rien pu faire pour l'inconnu appuyé contre le mur. Il n'avait plus de pouls. L'anxiété le fit se précipiter sur Richard et Kate qui gisaient immobiles main dans la main dans une gigantesque mare de sang. C'est légèrement rassuré mais pas sortit d'affaire qu'il constata que leurs pouls battaient toujours mais faiblement. Avec Henri, ils avaient tant bien que mal exercés des points de compression pour stopper l'afflux de sang qui coulait généreusement des plaies surtout chez Kate. Heureusement, les secours venus de la clinique Judson situé à 5 minutes à pied étaient arrivés rapidement. Ils avaient pris le relais afin de stabiliser les blessés et les évacuer.

 

Les deux brancards apparaissaient déjà à la sortie de l'immeuble. La matriarche et Alexis se précipitèrent dessus comme des femmes aux aboies avant d'être arrêtées au dernier moment par les ambulanciers.

 

« Richard ! Richard !... » balbutia en sanglot Martha dans les bras du brancardier.

« C'est mon fils et sa femme, laisser moi les voir ! » hurla-t-elle. 

« Nous devons faire vite car leur état est critique !  Vous ne pouvez-pas monter avec nous mais vous pouvez nous suivre en voiture » finit par dire le secouriste qui s’engouffra à l'arrière du véhicule en refermant les portes derrière lui. C'est les gyrophares allumés et toutes sirènes hurlantes que les deux ambulances partir en trombe escortaient par la police. La troisième se chargerait plus tard du corps sans vie après les constations du légiste.

 

« Grand-mère, je ne veux pas qu'ils meurent ! Pas maintenant ! Ils, Papa... » Alexis ne put terminer sa phrase étranglée par le chagrin alors que Martha venait l'étreindre pour la calmer et trouver elle aussi un peu de réconfort.

 

« Ton père et Kate ont besoin de nous chérie !

On s’apitoiera plus tard quand ils seront sortis d'affaire.

Viens trésor, il faut y aller. »

 

Elles se dirigèrent prestement vers la voiture de police suivi d'un même élan par Ryan et Esposito.

 

« Javier ! marmona Ryan des trémolos dans la voix.

Je sais Bro »! Répondit le latino.

 

Leurs mines en disaient long sur ce qu'ils avaient vu de Beckett lorsque son brancard était passé près d'eux.

 


Harilinn  (22.04.2017 à 22:23)

Clinique Judson health

 

 

Les ambulances s'engagèrent comme à l'aller par le chemin le plus court. Elles avaient remonté Broome Street pour tourner à gauche à l'intersection avec Lafeyette. Arrivées à l'angle du square Petrosino, elles avaient pris à droite pour s'engager sur Spring Street où se trouvait l'entrée principale des urgences de la clinique. La voiture des Bros bloquée par les rubalises et la foule des bados grossissante avait tracé tout droit coupant Broome Street pour rejoindre Crosby. La crown victoria avait tourné à droite à la première intersection pour rejoindre Spring Street et l'hôpital. Un peu plus de trois cent mètres séparés le loft des Castles de la clinique ce qui facilita la prise en charge rapide des deux blessés graves par les services d'urgence. Quand Martha, Alexis et les gars descendirent du véhicule, Kate et Richard étaient déjà à l'intérieur en direction des deux blocs opératoires mitoyens préparés pour leur intervention.

 

Quatre heures ! Quatre longues et interminables heures d'attente dans l'espace réservé à l'accueil des patients du service des urgences. Quatre heures à côtoyer la détresse humaine dans ce qu'elle a de plus dure avait fini de saper le moral d'Alexis. Son cerveau atrophié par la peur semblait ne plus donner sens à ce qu'elle voyait. Tout lui apparaissait comme irréel du SDF blessé et ivre décuvant sur sa chaise, à la femme aux ecchymoses sur le visage bien visibles en passant par le couple de parents anxieux s'impatientant pour leur fils de 8 ans fiévreux sans oublier les brancards de malades gémissants qui s'accumulaient dans le couloir faute de place dans les chambres ou d'une bonne couverture maladie. Son angoisse était à son paroxysme. Le hall d’accueil n'avait rien de rassurant pour la jeune Castle qui détestait les hôpitaux pour ce qu'ils représentaient de souffrance et parce qu'ils ne cessaient de la ramener à sa propre expérience avec son père l'année passée et celle de Kate 5 ans plus tôt. Le temps défilé lentement sur l'horloge accrochée au mur du secrétariat d'admission du service. L'esprit d'Alexis, lui, était comme suspendu observant la porte battante qui donnait accès aux salles d'opération. A chaque fois qu'elle s'ouvrait, c’était un nouveau nœud à l'estomac qui s'ajoutait dans le corps de la jeune femme. Guettant la prochaine ouverture, elle n'en oubliait pas pour autant ceux qui l'accompagnaient dans cet abîme en leur jetant régulièrement un coup d’œil.

 

Esposito comme tout flic impuissant face au destin ruminait en faisant les cent pas. Comment était-il passé à côté de l'évidence à savoir que Caleb Brown n'était pas mort. En temps normal, lui et Ryan aurait sûrement empêché ça, seulement la course contre la montre pour retrouver Castle les avait éloignés de l'enquête malgré eux. Loksat arrêté avec Beckett et Castle sains et saufs, ils pensaient avoir fait le tour de l'affaire.

Les photos de la scène de crime qu'on venait de lui envoyer sur son portable n'étaient pas du genre à le rassurer sur la gravité de ce qui se passait dans les blocs. Un sentiment amer l'habitait. Si Beckett puis Castle n'avaient pas joué solo au départ, il ne serait sûrement pas là à attendre un miracle mais plutôt à siroter une bière ensemble.

 

Au téléphone, Ryan s'était isolé du brouhaha pour mieux entendre son interlocuteur. Ses traits du visage étaient tiraillés par le désespoir. Sa main gauche sur la hanche, il semblait en recherche d'équilibre face à un corps qui ne voulait plus le tenir. Son appui de fortune contrebalançait tant bien que mal l'effort que lui demandait le maintien de son cellulaire près de son oreille droite.

 

- Jenny écoute!... Je n'en sais rien. Ils sont toujours aux blocs.

- ...

- Je t'appelle dès que j'ai des nouvelles.

- ...

- Non, je ne vais pas bien ! ,s'énerva-t-il.

- ...

Kevin déglutit les larmes aux yeux.

 

- Beckett...c'est Beckett...tu aurais vu son état.

- ...

- Non, c'était pire que la fusillade au cimetière…

- ...

- Bon sens, ce boulot aura ma peau…

- ...

- Je ...désolé, je ne voulais pas dire ça... Prend soin des petits.

- ...

- Moi aussi je t'aime.

 

Le lieutenant jeta un regard vers la porte battante au moment où un chirurgien la franchissait pour s'adresser à Martha et Alexis.

 

 


Harilinn  (28.04.2017 à 21:02)

K.O.

 

 

Mark Green chirurgien d'une quarantaine d'année avait prié les proches de Richard de venir avec lui dans un endroit plus calme pour exposer la situation. Ryan et Esposito n'étant pas de la famille restèrent assis à ronger leur frein dans ce hall qui devenait invivable. La pièce était contiguë au secrétariat des urgences et ressemblait fort à une salle de pause. Quatre fauteuils et une petite table basse encombrée de magasines composaient le mobilier de cet espace. Un distributeur était disposé contre le mur près de la fenêtre qui donnait sur la cour intérieure de la clinique. Dehors, il faisait nuit depuis longtemps et la lumière des vieux lampadaires à incandescence peinait à casser l'obscurité. Le contraste était saisissant avec celle blanchâtre des néons de la salle qui rendait les visages des deux femmes un peu plus blême encore. Caché derrière ses grosses lunettes, le regard du médecin restait impassible. Ce n'était pas la première fois qu'il avait à gérer cette situation et son sang froid était son meilleur allié face aux familles dans le désarroi. Sa voix était posée et tentait d'être rassurante. S'adressant à Martha, il brisa le silence qui venait de s'installer et commença son compte rendu post-opératoire.

 

- Madame Rodgers, je tenais d'abord à vous dire que les opérations de votre fils et celle de votre belle-fille sont terminées. Je vais commencer par M. Castle que j'ai moi-même opéré si vous le voulez bien.

 

Prenant une grande inspiration, Martha enveloppa de sa main celle d'Alexis attendant pendue aux lèvres du médecin, l'énoncé du diagnostic.

 

- Allez-y docteur, nous sommes prêtes.

- A l'heure où je vous parle l'état de votre fils est stable.

La grand-mère et la petite fille se regardèrent soulagées, un léger sourire aux lèvres. Malheureusement, il fut de courte durée.

- Néanmoins, nous avons dû le placer dans un coma artificiel…

Les visages des deux femmes se figèrent. Alexis bulbutia quelque chose avant d'être coupé aussitôt par le docteur Green.

- Durant l'opération, M. Castle a fait un arrêt cardiaque. Nous avons pu le réanimer mais aux vue des blessures infligées par la balle à fragmentation, son pronostic vital reste engagé pour les 24 heures à venir. Nous avons fait le maximum et nous allons continuer de le suivre. Tout dépend de lui maintenant. Les prochaines heures vont être décisives.

 

-Est-ce qu'on peut le voir, déglutit Alexis les yeux pleins de larmes.

- Il reste en soin intensif pour le moment. Vous pouvez, vous et votre grand-mère, le voir quelques minutes. Ensuite, vous devrez revenir demain.

 

Martha était au bord de la syncope.

- Je suis persuadée qu'il va s'en sortir ma chérie ! Comme à chaque fois, ton père nous reviendra et nous sortira une de ses phrases dont il a le secret.

- Tu as sûrement raison, marmonna Alexis la boule au ventre sans être convaincue de ce qu'elle disait.

- Bien sûr que j'ai raison ! Ta grand-mère a toujours raison...une larme coulait le long du visage de la matriarche.

 

Le chirurgien réajusta ses lunettes et reprit la parole l'air toujours aussi grave.

- Je tenais à vous prévenir qu'il est possible que M. Castle ait des séquelles. Il a perdu beaucoup de sang et son arrêt cardiaque aggrave les choses. Des organes ont pu être endommagés. Nous ne pourrons mesurer tout cela uniquement à son réveil.

 

Alexis et Martha restant silencieuses, il poursuivit pour ne pas faire durer cet instant difficile.

- Avant de vous parlez de votre belle-fille, j'aimerais savoir si son …

 

- JE SUIS LA ! Cria Jim dans l’entrebâillement de la porte d'entrée en faisant au passage sursauter tout son auditoire.

- BON DIEU, COMMENT VA MA FILLE ?

- Dites-moi qu'elle va bien !, implora-t-il.

 

-------------

 

Le corps médical avait informé Jim, Martha et Alexis à leur arrivée ce matin là qu'il entamait la procédure de réveil pour Kate et Richard car l'évolution de leur état de santé était encourageant. Jim venait d'arriver dans la chambre et regardait Kate dormir paisiblement. Cela faisait maintenant un peu plus de vingt-quatre heures que sa fille avait reçu cette balle dans l'abdomen. Il n'avait pas beaucoup dormi depuis son retour de voyage d'affaire par le premier avion qu'il avait trouvé. Lanie était venue avec Vikram et Hayley le récupérer à l'aéroport de la Guardia au terminal B. Le soir même, tout comme Martha et Alexis, il n'avait pu voir que brièvement sa Katy avant de devoir sortir de la clinique avec la matriarche et la jeune femme qu'il avait gentiment accueillies chez lui. S'en étaient suivies de longues heures à tuer le temps dans un silence presque monacal. Le sommeil pour eux trois n'était venu que par bribe.

 

Impossible pour ce père inquiet de savoir ce qui pouvait se passer actuellement dans la tête de son trésor. Il était dévasté par ce qu'il voyait et par les dégâts causés par la balle à fragmentation. Encore une fois, les mêmes raisons qui avaient failli lui coûter la vie cinq plus tôt avaient eu les mêmes conséquences sur son petit ange. Voilà tout ce que sa fille avait récolté à trop vouloir rendre justice et venger sa mère. Il aurait voulu la sermonner sur le champ en lui disant de profiter de la vie et d'arrêter de jouer les justiciers. Des héros, il y en avait plein les cimetières et cette idée le terrifiait.

Paradoxe de la chose, si la mort de sa femme était en partie la cause de la situation présente, Jim aurait justement aimé avoir Johanna auprès de lui au moment où leur fille allait se réveiller. Elle aurait trouvé les mots justes pour réconforter Kate. Il regardait à présent par la fenêtre sans vraiment prêter attention à ce qu'il voyait à l'extérieur et au temps qui s'était écoulé depuis son arrivée.

 

- Où suis-je !

Furent les premiers mots à peine audibles que Kate prononça. Surpris, son père se précipita à son chevet pour lui prendre la main.

 

- Katy ! C'est moi.

- Papa ! ...balbutia-t-elle.

Elle peinait à ouvrir ses yeux. Elle avait un goût amer dans la bouche et la gorge sèche.

- Papa ! Où suis-je ?

- Tu es à l'hôpital ma chérie !

- Quoi ! ..qu'est-ce… ?

- On t'a tiré dessus, finit par dire Jim.

- Tiré des...ssus… ?! A ses mots, malgré le cerveau ankylosé, des images fulgurantes d'une extrême violence ressurgirent et d'un mouvement brusque, elle agrippa le bras de son père en prononçant d'une voix rauque et angoissée :

- Rick !! Où est Rick !

- Calme toi Kate, Richard se repose, mentit-il pour tenter de la rassurer.

- mmhh..je..me..sens..pas bien.., gémit-elle.

- Je ..veuux ..le..voir, marmonna la jeune femme.

 

Elle fut prise d'une quinte de toux et Jim appuya sur le bouton pour faire venir une infirmière.

-------------

 

Kate avait ouvert les yeux à de multiples reprises durant l'après-midi sans pouvoir toutefois prononcer un mot replongeant aussitôt dans les bras de Morphée. Ce n'est que le lendemain, une fois suffisamment consciente que le docteur Green vint la voir pour la première fois accompagné d'une infirmière.

 

- Madame Castle, je suis ravi de vous voir éveiller.

Il prit le dossier de la patiente pour le consulter.

- Vos constantes sont bonnes et votre fièvre est tombée.

- Comment vous sentez-vous ?

- Encore un peu vaseuse et endolorie, grimaça t-elle.

- Si vous le permettez, je vais vous poser une série de question pour évaluer votre état.

- Très bien, allez y, faite.

Kate regardait alternativement son père et le chirurgien. Le médecin était impassible ce qui était loin d'être le cas de Jim qui n'avait jamais su cacher quelque chose à sa fille.

Mark Green commença ;

- Sur une échelle de 1 à 10, quelle note attribuez vous à votre douleur actuelle ?

Kate, plutôt résistante réfléchit puis finit par dire :

- Six, je donnerais six.

- Bien, si la douleur augmente, n'hésitez pas à faire appel à une infirmière qui vous donnera ce qu'il faut. D'ici quelques heures, nous arrêterons les antalgiques par perfusion et nous passerons à un traitement par voie orale si votre niveau de douleur reste acceptable.

 

Le docteur continuait ses questions mais Kate répondait d'une oreille un peu distraite observant son père qui s'obstinait à regarder en direction de Green.

 

- Y a-t-il quelque chose que me vous cachez ? Demanda t-elle alors au médecin. Il ne cilla pas ce qui ne surpris guère l'enquêtrice qu'elle était. Cette question était en fait indirectement destinée à son père. Elle espérait ainsi déceler un signe qui le trahirait. Elle n'eut pas besoin d'attendre très longtemps car Jim lui donna ce qu'elle recherchait. Son père s'était massé la nuque et avait mis la main dans ses cheveux. Elle ne se souvenait plus combien de fois son paternel avait pratiqué se rituel à chaque fois qu'il avait fallu aborder un sujet sensible. Maintenant elle en était convaincue, on ne lui disait pas tout.

 

- Papa, qu'est ce que vous me cachez ? C'est Castle c'est ça! C'est Rick...Elle commençait à s'agiter.

- Calmez- vous Madame Castle ! Votre mari va mieux. Il est sorti du coma …

- Comment ça sorti du coma ? Papa tu m'as dit qu'il se reposait…

Jim ne savait plus où se mettre.

- JE VEUX LE VOIR ! MAINTENANT...je ..

En voulant sortir du lit, une douleur extrêmement forte l'a saisie dans le bas ventre ce qui stoppa net son élan. Des gouttes de sueurs lui perlèrent sur le visage suivies de rictus de douleur. Fermant les yeux et essayant de se calmer, elle jura un grand coup entre deux pics intenses.

 

- BON DIEU !!..C'EST ….ATROCE....

- Calme toi Katy !

- JE HURLE SI JE VEUX !, dit-elle pliée en deux.

- Je ...on voulait simplement attendre un peu avant de t'en parler…

- ME PARLER DE QUOI ! CRACHEZ LE MORCEAU, hurla t-elle tordue par les nombreux pics qu'elle venait à nouveau de recevoir comme des coups de couteaux qu'on plantaient dans son ventre.

 

Jim se tourna alors vers le médecin en le scrutant d'un œil interrogateur. Qu'allait -il dire ou faire ?

Le silence gagna la chambre le temps que Katherine retrouve ses esprits et que l'infirmière l'installe à nouveau convenablement.

 

- Madame Castle, je ne vous cacherais pas que votre opération n' a pas été de tout repos. Vous devez votre survie à la proximité de l'incident et aux poches de votre propre sang que vous avez stockés dans la banque spécialisée qui se trouve être accolée à notre clinique.

 

Kate déglutit à ces mots. Elle était une miraculée. L'air grave de Jim ne la rassurait pas pour autant.

 

- Qu'est ce qui …

Elle ne finit pas sa phrase et souleva sa chemise d’hôpital comme pour se rassurer. Elle se figea pétrifiée. D'un geste d'une extrême lenteur elle relâcha son vêtement pour le remettre en place. La tête baissée et le regard hagard, ses yeux perlaient et on pouvait y lire une profonde angoisse. Kate lentement releva son visage en direction du docteur Green.

 

- Qu'est-ce que vous m'avez fait.., gémit-elle à voix basse un léger filet de larmes coulant le long de ses joues.

- QU'EST-CE QUE VOUS M'AVEZ FAIT !!..., répéta-t-elle hystérique ne contrôlant plus ses larmes ni les spasmes de son corps qui ne faisaient que réveiller ses plaintes.

 

- Ce que j'ai à vous dire va être difficile à entendre, répondit le médecin d'une voix qui se voulait la plus apaisante et douce possible.

 

 

Du couloir plutôt calme à cette heure de la matinée, on entendit distinctement le râle puissant d'une femme anéantie par le chagrin. A cet instant, Kate n'était plus. K.O fasse au destin qui se jouait d'elle encore une fois de la plus cruelle des façons.

 

- Je veux mourir…., balbutia t-elle à bout de souffle n'arrivant plus à respirer tellement son corps et son cœur souffraient. Envahie par le désespoir, elle sombrait à présent peu à peu dans le noir sous l'effet des sédatifs qu'on venait de lui administrer.


Harilinn  (02.05.2017 à 21:22)

Pour toujours

 

 

 

Cinq jours s'étaient écoulés depuis le réveil de Kate. Elle et Rick attendaient religieusement, assis dans leur fauteuil roulant médicalisé. La décision de leur venue avait demandé une longue discussion au sein du couple et celle-ci n'avait pas été émotionnellement de tout repos. Actant que c'était la meilleure chose à faire, on les avait donc installés convenablement puis deux infirmières les avaient acheminés jusqu'ici. Un mélange d'appréhension et de profonde tristesse émanaient du jeune couple. La douleur physique semblait passer au second plan tant leur psyché était affecté par l'épreuve à laquelle ils faisaient face ensemble main dans la main. Attendant l'arrivée du responsable de service chargeait de les amener à leur rendez-vous, l'écrivain regardait sa femme avec une immense tendresse. C'est un corps décharné au visage abattu qui s'offrait à ses yeux rougis cernés de fatigue. Kate avait refusé de s'alimenter pendant deux jours et c'est avec toutes les peines du monde que Richard avait réussi à la convaincre de se nourrir. Voir sa muse dans cet état lui rendait l'attente d'autant plus longue et insupportable. Le trajet fut bref jusqu'à la salle dénommée Cerise. Seule la porte d'entrée les séparait maintenant de leur destination. Kate comme Rick prirent une grande inspiration avant d'entrer.

 

- Laissez- nous seuls, on se débrouillera, déclara Castle d'un ton éteint aux deux infirmières qui les avaient fait pénétrer à l'intérieur.

 

La pièce d'une trentaine de mètres carrés baignait dans une douce odeur florale. Les murs étaient peints dans une couleur apaisante et des chaises étaient disposées le long des murs à gauche et à droite du seuil là où se trouvaient encore Katherine et Richard Castle. A part les chaises, seule une petite table placée au fond de la pièce cassait l'espace de ce huis clos. Il n'y avait pratiquement pas d'éclairage. La lumière y était chaude et tamisée à l'image des veilleuses que l'on laisse aux bébés le soir venu. Rick, non sans avoir repris une grande inspiration, se leva et se mit en position derrière le fauteuil de Kate pour agripper les poignées de conduite.

 

- Tu es prêtes ?, lui dit-il d'une voix douce près de son oreille.

- Oui…, murmura-t-elle d'une voix chevrotante.

 

Comme pour ne pas rompre la quiétude de la pièce, ils parcoururent lentement la distance qui les séparait de la petite table nappée pour l'occasion. Ce qu'ils virent, une fois face à elle, les marquèrent dans leurs chairs et dans leurs âmes pour toujours.

 

Il était là, posé dans un couffin réservé habituellement au grand prématuré. Emmitouflé dans un drap épais, il semblait dormir paisiblement la tête légèrement penchée sur le côté. Il avait attendu patiemment que ses parents viennent le voir dans sa chambre de fortune. Timide, il n'avait pas annoncé sa visite et s'était dissimulé pendant cinq mois aux yeux de tous se faisant tout petit. Sa mère n'avait pas vu ou su décrypter les signes de sa grossesse et cela la hantait. Au-delà de la détresse, au-delà de la souffrance, un fort sentiment de culpabilité lui cisaillait le cœur...

 

« Si tu veux pouvoir supporter la vie, sois prêt à accepter la mort. », avait dit Sigmund Freud. Pour Castle, celle-ci était tout bonnement inacceptable tant la révélation de sa paternité l'avait ébranlé. Pas un n'avait pris la parole. Le moment était au recueillement et leurs sanglots suffisaient amplement à combler le silence.

 

La tempête laissa place bientôt à la contemplation.

 

- Il est beau , n'est-ce pas ? , murmura Kate.

- Oui...très beau...On...on a fait un beau bébé, répondit Rick la gorge nouée.

- Tu...tu crois que notre petit garçon est en paix là où il est ?

Rick caressa tendrement la joue humide de sa femme qui pleurait à nouveau. Les jambes coupées, il s'assit sur la chaise la plus proche et essuya ses larmes qui perlaient.

- Il est là, près de moi et je n'ose pas le toucher...il est si petit.

- Je ne veux pas le laisser seul, qui va veiller sur lui...

 

Richard se mit à genoux et plaça sa tête sur les cuisses de Kate. Il laissa alors toute sa souffrance s'exprimer. Kate d'une main caressait les cheveux de son mari pour le réconforter et de l'autre tentait d'étouffer les sanglots qui la submergeaient.

 

Après un long moment, ne pouvant rester indéfiniment dans cette pièce, ils posèrent tour à tour une main bienveillante sur le corps de leur fils.

 

- Bonne nuit, finit par dire l'écrivain.

- Fait de beaux rêves mon ange, murmura sa mère.

 

De leur fils, ils emportèrent gravé dans leur mémoire son visage paisiblement endormi et deux clichés photographiques pris juste après la césarienne une fois l'enfant lavé et habillé.


Harilinn  (05.05.2017 à 23:17)

L'heure tourne

 

 

Au loft, 31 décembre 2016,

 

Elle le savait, revoir ces clichés n'avait pas été la meilleure des idées à quelques heures du réveillon. Debout devant le dressing Kate regardait sa garde robe sans toutefois pouvoir choisir la tenue qu'elle enfilerait pour le dîner. Promettre à Rick de faire un effort vestimentaire avait été facile mais à présent qu'elle devait statuer et prendre une décision, rien ne semblait assez bien. Le réveil posé sur la table de nuit affichait maintenant dix-neuf heures trente. Plus elle réfléchissait et moins ses idées étaient claires. Décider, choisir, voilà ce qu'elle n'arrivait plus à faire depuis plusieurs mois. Les hésitations, le doute, les remords et la peur avaient été son pain quotidien. Le deuil en était évidemment la principale cause mais pas l'unique. La perte d'un ovaire puis le diagnostic de sa maladie début septembre avaient fini le travail et l'avaient plongée dans une profonde dépression. Ce chambardement l'avait amené inévitablement à de nombreux questionnements sur la façon dont elle avait mené sa vie depuis le décès de sa mère. L'avenir lui semblait sombre et incertain et cela la terrorisait. Tout ce maelstrom intellectuel l'affectait grandement et avait des répercussions dans les gestes même les plus anodins comme manger et se vêtir. Elle avait envie de bonheur mais ne savait pas ou plus comment réagir tant ses choix passés avaient conduit en grande partie à son malheur actuel. Seul celui de vivre son amour avec son écrivain de mari trouvait grâce à ses yeux et représentait sa seule lumière.

Tant de questions et si peu de réponses avaient toutefois eu un effet positif sur Kate dans le sens où elle avait décidé de reprendre les séances avec le docteur Burke dans l'espoir d'aller mieux. La thérapie était là pour l'aider à comprendre qui elle était vraiment et à aller plus au fond des choses qu'elle ne l'avait fait jusqu'à présent. Le travail sur soi lui avait déjà donné quelques outils pour mieux vivre et retrouver un peu d'estime de soi mais cela n'avait pas suffit à la maintenir hors de l'eau. De ces dernières entrevues avec son psychiatre, il en était ressorti que son travail ne devait plus occuper et régir toute sa vie. Toute la difficulté résidait dans la recherche d'un équilibre. Son thérapeute lui avait donc suggérée de commencer par créer un espace à elle dans lequel elle pourrait évoluer et s'épanouir en tant que Katherine Beckett loin du cercle de la police et de celui de son couple. Cette idée avait cheminé dans sa tête et elle lui tardait maintenant d'en discuter avec Rick.

Penser à soi et à son futur n'impliquait pas pour autant de se renier, non, ça Kate le savait. Pourtant, sa carrière dans la police, élément moteur et constitutif de sa personne, était-elle encore compatible avec sa quête de bonheur? La jeune capitaine en doutait de plus en plus. Revenir au poste n'était pas une décision si évidente. Elle réfléchissait sérieusement à une reconversion où à défaut à un poste plus haut placé qui l'éloignerait du terrain et des victimes pour qui elle avait beaucoup données. En attendant d'y voir un peu plus clair, elle laisserait aux Gars l'implication et se contenterait de leur donner les moyens nécessaires pour résoudre les enquêtes afin que justice soit rendue.

 

- C'est pas vrai ! Huit heure moins cinq ! Rick va me tuer s'il me voit encore en jogging…pensa-t-elle en sortant de sa torpeur.

- Bon Beckett ! Laisse tomber et va prendre une douche !

- Tu verras ça après, se dit-elle en se précipitant dans la salle de bain.

 

Richard était entré chez son caviste à dix neuf heures. Une demi-heure plus tard, il allait enfin être servi. Surpris par l'affluence, il n'avait cependant pas voulu passer devant tout le monde pour récupérer sa commande. Un problème au port avait provoqué dans les épiceries fines et les marchands de spiritueux du quartier une pénurie de vin. Nombres d'enseignes n'avaient pu être livrées à temps et honorer leur commande excepté chez Michel Lebouteiller, sommelier de formation et caviste depuis dix ans à New-York. Michel était partout et nulle part à la fois. Seul, il faisait face tant bien que mal à cette queue qui n'en finissait pas. Il faut dire que la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre et les étales du magasin se vidaient à vue d’œil. Castle prenait son mal en patience espérant simplement que ses bouteilles avaient bien été mis de côté. Il n'était pas revenu depuis mai dernier. Le grand Richard Castle n'aimait pas boire et s'enivrer seul, voilà tout. L'ambiance au loft n'avait pas été propice à la dégustation de grand cru millésimé. Depuis septembre, Martha passait pratiquement tout son temps dans les Hamptons avec son nouveau compagnon qu'elle avait déniché sur place. Alexis avait loué son propre appartement et ne passait plus qu'occasionnellement. A bien y réfléchir, elle ne faisait de toute façon pas la différence entre un bon et un mauvais vin. Concernant Jim, la question de l'alcool ne se posait même pas. Les Ryans ne passaient plus. C'était trop douloureux pour Kate de voir le petit dernier. Esposito préférait la bière et les cocktails. Mal à l'aise avec la situation, il prenait depuis le début des nouvelles à distance. Lanie, elle, aurait été à même d'apprécier un bon verre de Syrah. Simplement, sa dernière visite d'octobre avait été explosive avec sa meilleure amie. Depuis, elle n’était pas réapparue continuant de s'informer par la biais de Rick. C'est une vision éclatée de la famille et des proches qui s'offrait à la réflexion de l'écrivain.

 

- Rick ?! Tiens, ta commande, dit le caviste.

- Euh ! Ah oui... merci Michel, dit-il, surpris que cela soit son tour.

 

Sa commande sous le bras, Richard sortit du magasin pour prendre la direction du loft laissant de côté ses états d'âmes.

Le deuil, la détresse de sa femme sans oublier sa culpabilité sur l'affaire Loksat avait changé le romancier. Délaissant les prises de risque inutiles, il aspirait à une vie normale. Il avait commencé par céder la gérance de son agence de détective à sa fille en lui intimant l'ordre de refuser toutes affaires criminelles ou potentiellement dangereuses. Il faisait confiance à Alexis et Hayley pour se tenir à distance du danger. Son passage à l'université en tant qu'enseignant l'avait marqué. Il avait à présent envie de transmettre et côtoyer le monde des vivants plutôt que celui des morts et de la solitude de son bureau. C'est tout naturellement qu'il avait postulé à Columbia au département littérature pour le programme en écriture. Après des semaines d'attente en vain, il avait postulé dans les autres universités de New-York sans succès. Il s'était rendu à l'évidence. Ses diverses frasques avec la police et son ancienne vie de débauché n'avaient pas plaidé en sa faveur. Après tout, il n'était qu'un petit écrivain de polar ayant connu un succès facile et son prix Edgar Poe ne changeait rien. Ce n'était pas de la grande littérature. Avec la nouvelle année, Rick espérait trouver une solution pour parvenir à ses fins.

 

Castle contemplait le bouquet de rose rouge qu'il venait d'acheter. Il aimait surprendre sa muse avec ces petits gestes d'affection dont il avait le secret. Ces attentions faisaient énormément plaisir à sa chère et tendre dont la reconnaissance savait se faire coquine une fois sous la couette. Cela appartenait pour l'instant au passé mais avec du temps et beaucoup d'amour, il était sûr d'inverser la vapeur. Rick refoula cette pensée pour parcourir les quelques mètres qui le séparait encore de l'entrée de son immeuble et de sa bien aimée. Il était huit heures moins quatre quand il franchit le seuil du loft accueillit par une douce effluve de cerise provenant de la salle de bain.

 


Harilinn  (11.05.2017 à 23:11)

Les Hamptons

 

partie 1

 

 

 

Les Hamptons ! Paradis sur terre pour les uns, lieu de tous les excès pour les autres. Cette péninsule de quarante cinq kilomètres carrés ne laissait pas indifférente ceux qui venaient fouler le sable de ses plages pour la journée, le week-end ou bien plus. En retrait du front de mer, sur les hauteurs dominant l'Atlantique, la villa des Castle's n'échappait pas aux clichés. Elle était le parfait modèle de cette surenchère immobilière issue de l'ego surdimensionné d'une poignée d'homme et de femme fortunés. Fort heureusement, cette démonstration de faste avait été faite avec goût et ce qui émergeait dès la descente de voiture était avant tout une sensation d'apaisement et de sérénité comparé à l'oppression des infrastructures et de la densité de population de New-York. De la sérénité, c'est ce que Rick et Kate étaient venus chercher après leur sortie d'hôpital. Sérénité toute relative car à l'intérieur de chacun, tout n'était que chaos. Ils étaient rentrés tard dans la soirée de leur rendez-vous post-opératoire sur New-York et n'avaient pas trouvé ensuite le sommeil réparateur espéré. Revenir dans la grosse Pomme avait ravivé les douleurs.

Le temps en ce début de matinée de la fin juin était idyllique. La température approchait déjà les vingt degrés ce qui était déjà élevé pour cette époque de l'année. A l'horizon, les silhouettes des falaises à peine dessinées marquaient les limites physiques d'un fabuleux panorama. La mer y ondulait paisiblement dans un mouvement lent et ininterrompu grignotant petit à petit les parcelles de sable que la marée précédente avait découverte. Ce va et vient perpétuel offrait à qui le voulait, une douce mélodie qui plongeait l'esprit à l'écoute dans une délicieuse torpeur, prélude à la rêverie et à la contemplation méditative. Des jeux des enfants et de la pêche à pied des adultes, il ne subsisterait bientôt plus rien, laissant ainsi aux prochains visiteurs, la joie d'écrire sur une page blanche leurs nouvelles aventures

Allongée dans un transat, Kate contemplait se magnifique tableau. Le voyait-elle vraiment ? question que l'on était en droit de se poser. En effet, les larmes qui coulaient sur ses joues n'étaient pas la conséquence de son émerveillement mais bien le fruit d'une énième altercation avec son écrivain...

 

 

- Laisse-moi tranquille bon sang !

 

- Kate, s'il te plaît…

 

- Tu ne comprends rien ma parole ! Elle sentait monter les sanglots dans sa voix.

 

- Tu ne peux ou ne veux pas comprendre que je n'en veux pas d'autres !

 

- …

 

- Je veux qu'il revienne, tu m'entends !

 

- Je veux qu'il revienne pour le sentir en moi, pour l'aimer et vivre pleinement cette période qui aurait dû être magique. Depuis le mariage, … Elle déglutit alors qu'une larme coulait le long de sa joue.

- ...j'ai tant espéré ce moment ..., de voir la joie dans tes yeux lorsque je viendrais te l'annoncer, ...et là...pouf...envolé. Il n'a fallu que d'une fraction de seconde ...

 

Elle ne put finir sa phrase submergée par une vague d'émotion. Déglutissant difficilement, elle reprit :

 

- Je veux, je veux être...une vraie mère... et pas cette femme qui n'a rien vu, rien ressenti...qui a tout gâché !

 

La voix étranglée de Kate avait rendu à peine audible ses dernières paroles. Rick, les yeux empourprés, semblait en plein désarroi. De sa voix douce, il brisa le silence.

 

- Kate, ne dit pas n'importe quoi. Tu es...

 

- Non, Castle ! Je suis lucide, s'emporta -t-elle à nouveau, complètement consciente de ce que je dis. Les preuves sont là, accablantes. A New-York, il y a bien eu un meurtre et c'est moi qui l'ai commandité. Moi, mon aveuglement face à la situation, mon acharnement et ma soif de justice ont tout provoqué. Si seulement j’avais écouté ta belle-mère à l'époque, nous serions un de plus à présent.

 

Elle essuya ses larmes d'un revers de la main avant de continuer.

 

- C'est toi qui a raison ! Je suis pourrie de l'intérieur et me nourris de vengeance.

 

- Je n'ai jamais dit ça…je…, voyant que les mots étaient inutiles, Rick s'approcha pour la réconforter.

 

- Laisse-moi ! J'ai besoin d'air ! Je ne mérite pas ta pitié ni même ton amour...Elle se dégagea de l'étreinte de Castle et fila à l 'extérieur.

 

Rick laissa couler les larmes qu'il retenait depuis le début de leur discussion houleuse et s’accouda sur l’îlot central de la cuisine en regardant sa femme s'éloigner et s'installer face à la mer. Lui aussi se sentait coupable. Pourquoi n'était-il pas rentré directement après la mission avec la CIA. Le bonheur avec sa femme ne lui suffisait-il pas ? Il avait fallu qu'il détricote un nouveau mystère et pour quel résultat ! Ils se trouvaient actuellement dans un lieu paradisiaque mais vivaient pourtant un enfer. Rick semblait faire face tant bien que mal contrairement à sa muse. Ce qui les différenciait tous les deux était le fait que le romancier, confronté à sa propre détresse, avait accepté de prendre les anti-dépresseurs prescrit par le médecin à leur sortie de la clinique. Son chagrin n'en était pas diminué d'autant, oh ça non !  Il en souffrait moins et commençait à mesurer maintenant les bénéfices du traitement.

Son retour à New-York avait confirmé l' évidence. Il avait besoin d'aide. Toutefois, avoir un rendez-vous avec un psy n'était pas chose facile même pour Richard Castle. Les structures étaient surchargées et les congés d'été n'arrangeaient rien. Sa première séance n'aurait lieu que début septembre. En attendant, il s’emploierait à sortir sa muse du fossé dans lequel elle était.

Toute cette conversation l'avait brassé. A présent, lui aussi ressentait le besoin de sortir. Il griffonna un mot à l'attention de Kate et le laissa sur la plan de travail, prit ses clés, son téléphone et s'engouffra dans sa voiture.

 

Elle s'en voulait de s'être emportée si vite et surtout si violemment envers Rick qui ne cherchait qu'à l'apaiser. Même un écrivain avait le droit d'user maladroitement de mots dont la sémantique pouvait porter à quiproquo. A trop prendre de gants et protéger l'autre, on finissait par l'étouffer et l'énerver se disait-elle.

Cela faisait plusieurs jours maintenant qu'elle était irritée pour tout et rien. La colère ne la quittait plus et avait rendu toute discussion difficile voire impossible avec Castle. Ce sentiment, elle ne le connaissait que trop bien. Il l'avait accompagnée durant les premières années qui suivirent la mort de sa mère. Il s'en était allé petit à petit mais avait eu le temps de faire son travail de sape en transformant la jeune Beckett en machine de guerre policière. A l'époque, c'est l'injustice de ce drame et l'impunité du criminel qui entretenaient ce ressenti. Aujourd'hui, elle ne pouvait rejeter cette animosité sur personne. Elle était entièrement dirigée sur elle-même. Comme pour mieux la punir ou la torturer, son corps semblait prendre un malin plaisir à lui rappeler à chaque instant ce qu'elle avait vécu. D'un côté, les douleurs qui l'empêchaient de vivre. De l'autre, ses cicatrices apparentes qui étaient les témoins silencieux de ses choix. Dire qu'elle n'aimait plus son corps était un euphémisme. Elle était en guerre contre lui pour ce qu'il n'avait pas réussit à préserver.

 

A cet instant, Kate pensait à sa mère. Bizarrement, c'est la honte qui la parcourait. Johanna était si fière de sa Puce à l'époque. En serait-il autant aujourd'hui si elle pouvait encore la voir. Beckett se remit à pleurer. La tête commençait à lui tourner et elle se sentait nauséeuse. Une légère brise maritime lui caressait le visage. Cet apport d'air frais la fit grelotter plus que de raison. Dans un élan de clairvoyance, elle se décida à rentrer. Ses jambes en décidèrent autrement. Elle eut à peine le temps de s'extirper du transat qu'elle était déjà agenouillée sur le gazon à vomir le maigre petit déjeuner qu'elle avait réussi à avaler. Elle n'avait plus de force pour avancer ni pour se réinstaller confortablement. Elle s'allongea donc dans l'herbe. Elle était seule dans cette grande propriété face à sa souffrance.


Harilinn  (24.05.2017 à 21:59)

Les Hamptons

 

partie 2

 

 

Des pas précipités sur le gazon fraîchement coupé se dirigèrent vers Kate étendue sur le flan.

 

-Kate ! Kate, répond-moi! Répéta Rick, tremblant d'angoisse.

 

A genoux près du corps de sa femme, ses yeux balayèrent sa silhouette de bas en haut à la recherche d'une blessure externe. Ne voyant rien de suspect, il posa ensuite sa main sur le front de sa muse pour constater qu’elle était brûlante. Son teint était rougeot et ses lèvres gercées sûrement lié à son exposition prolongée sous la chaleur.

 

- Kate, s'il te plaît ne me laisse pas ! Tu ne vas pas me faire ça ! Je te l'interdit, tu m'entends…

 

Il sentait encore son pouls battre mais elle était toujours évanouie. Ne voulant la déplacer de peur de faire plus de mal que de bien, il prit son téléphone pour appeler les secours et partit chercher de quoi la rafraîchir et la protéger des rayons du soleil.

Que les dix minutes d'attente lui parurent longues ! Kate heureusement avait fini par recouvrer ses esprits mais restait chancelante. Rick lui tapotait le visage avec un gant d'eau froide quand l'ambulance s'immobilisa. L'infirmier qui savait où les trouver ne perdit pas de temps et se dirigea tout de suite vers eux. Le constat sur la patiente se voulut rassurant. Ce n'était qu'un malaise vagal que le manque de sommeil, la déshydratation et les émotions fortes avaient déclenchées. Castle se sentait à la fois soulagé du diagnostic et terriblement coupable de l'avoir laissé seule. Il ne s'était absenté que trente petites minutes le temps de faire un aller-retour à Montauk pour se ravitailler à l'épicerie fine et préparer un bon petit plat à sa bien-aimée.

 

- Monsieur Castle, vous pouvez approcher s'il vous plaît, dit le secouriste sortant Rick de ses pensées.

- Votre femme est anémiée. Vous devez la convaincre de manger plus et de se reposer sinon, au prochain malaise, c'est l 'hôpital qui l'attend.

- Oui, je le sais, j'essaie tous les jours mais c'est...compliqué en ce moment et c'est source de tension.

- Je ne plaisante pas monsieur Castle, elle doit se nourrir !

-Très bien ! J' y veillerai. Merci d'être venu si vite.

 

Rick regardait l'ambulance partir et pensait déjà à la prochaine discussion qu'il devait avoir avec son épouse quand le téléphone sonna.

 

- Allô !

- Richard !

- Bonjour mère, je…, il n'eut pas le loisir de finir sa phrase.

- Quinze jours sans nouvelles, tu exagères ! J'apprends en plus que tu étais sur New-York hier et tu n'es même pas passé nous voir avec Katherine!

- Oui, je sais, je suis désolé. Kate était fatiguée et n'avait envie de voir personne...

Martha allait surenchérir mais sentant l'hésitation de son fils à l'autre bout du téléphone, elle demanda calmement :

- Y a-t-il un problème mon chéri ?

- Kate ne va pas bien et elle s'enfonce, finit par dire l'écrivain.

 

Gardant sous silence l'incident de cette fin de matinée, Rick raconta à sa mère les quinze derniers jours et la visite de la veille à la clinique.

 

- Elle...enfin, ces événements ont réveillé beaucoup de chose de son passé et cela vient ajouter une strate supplémentaire au deuil. Cela fait un mélange détonnant et auto-destructeur.

- Elle fuit les conversations et se mure. Je...je me sens démuni…

 

Les larmes de son fils étaient perceptibles aux oreilles de Martha qui lui répondit :

- Il faut vous sortir de votre isolement. Avec Alexis, nous arriverons demain à la première heure.

- Je, mère..

- Il n'y a pas de mais qui tienne ! Quelques jours en famille ne peuvent pas vous faire de mal.

- Très bien, je préviendrai Kate de votre arrivée, dit Rick lasse de se battre.

- On évite les sujets qui fâchent ok! S'empressa d'ajouter le romancier.

- Ne t'inquiète pas, avec Alexis, on va vous changer les idées. Nous ne serons pas là pour ressasser.

- Je n'en doute pas, sourit-il.

La matriarche ajouta :

- La vie continue Richard ! Aussi douloureux soit votre chagrin, il finira par s'apaiser. Cependant, rester isolé risque d'entretenir vos états d'âmes plus que de raison. Vous n'êtes pas seuls et vous n'avez pas à vous infliger ce châtiment. Vous n'êtes pas responsables de ce qui est advenu.

- Merci, je..à demain mère, conclut-il avant de raccrocher.

 

Martha avait raison. Il en avait conscience mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Il repartit dans la cuisine où il ramassa les courses. Il avait acheté à l'épicerie des fèves et une semoule de blé aux grains épais de trois à quatre millimètres de diamètre qu'il comptait servir comme accompagnement de deux turbots qu'il avait pris au port. Comme sauce, il avait pensé à de la crème fraîche entière qu'il mélangerait à quelques émincés d'oignon frits à la poêle. Pour le poisson, snacké sur son barbecue avec un filet d'huile d'olive et un peu de piment d’Espelette serait le mode de cuisson idéal.

 

Son idée en tête, il se dirigea dans le salon. Kate y était allongée sur le canapé. C'était un de ces modèles qui disposait d'une large assise en retour d'angle digne d'un lit qui permettait à l'utilisateur de s'étendre de tout son long. C'était précisément cette partie que Beckett occupait. Elle scrutait le plafond lorsque son homme pénétra dans la pièce.

 

- Hey !

 

Kate ne bougea pas d'un iota et continua de regarder le plafond sans un mot.

 

- Tu te sens mieux ?

- Castle, arrête de me demander si ça va toutes les cinq minutes ! Ça me fatigue ! Je ne suis pas en sucre, dit-elle agacée les yeux toujours levés en direction du plafond.

- Pas en sucre ! Hein ! J'arrêterai peut-être de m'inquiéter si tu te nourrissais suffisamment ! Renchérit Castle.

- J'ai pas faim et j'ai passé l'âge qu'on me donne la becquée ou que l'on me force à manger ! Siffla-t-elle en tournant enfin la tête vers son mari.

 

Rick se retenu d'exploser serrant les dents et les poings. Il souffla un grand coup pour laisser l'orage en lui passer et s'approcha doucement de sa bien-aimée.

 

- Tu sais ce qui arrivera si tu fais un autre malaise.

- Et alors ! Ma vie est une vie de merde de toute façon. Une vraie fosse commune où on ne compte plus les morts autour de moi...je…

- ÇA SUFFIT ! Fit le romancier n'en pouvant plus.

- Notre enfant est mort, oui ! Avoir du chagrin, faire son deuil, c'est normal. Je dirai même que cela fait partie de la vie. Mais t'apitoyer comme tu le fais sur ton sort, non ! S'emporta t-il.

 

- AH OUI ! VAS- Y ! ALORS QUOI! DONNE MOI UNE BONNE RAISON DE VIVRE MONSIEUR JE SAIS TOUT !

 

Elle se rendit compte trop tard de ce que la douleur lui avait fait dire. Castle, les yeux larmoyant la regarda et lui répondit d'un ton amer :

- Moi !... Nous, notre couple, notre futur, ...ton père, ma mère et Alexis, tout ce joli petit monde qui t'entoure auquel tu tournes le dos.

 

Kate voulut lui caressait le visage mais il se releva du canapé et détourna la tête.

- Rick, pardon ! ...Je suis désolé, je…

 

Il la coupa net.

- J'ai eu peur pour toi tout à l'heure. Je ne veux pas te perdre tu sais. Le mois dernier, ma pire angoisse s'est réalisée. Au delà de ma mort, c'est celle de mes proches qui m'effraie le plus, alors perdre son propre fils…

 

Il marqua une pause et pris une grande inspiration avant de continuer.

- Je le pleure tous les jours dans mon coin …

- Ce qui est arrivé n'était pas prévisible et encore moins de notre fait…

- J'ai décidé de vivre car je ne suis pas seul. J'ai une famille et à l'intérieur de ce cercle il y a toi, ma femme, avec qui je suis uni pour le meilleur et pour le pire…

 

Il eut un petit rictus.

- Le pire est arrivé, il nous reste maintenant le meilleur.

- Je t'aime Kate et je ne te laisserai pas tomber plus bas, always.

 

Kate avait littéralement bu les paroles de son mari. Un amour inconditionnel l'unissait en effet à ce grand garçon qui savait toujours trouver les mots justes pour la toucher au cœur.

Elle ne l'avait pas quitté des yeux et se tenait à présent debout près de lui ses mains sur son torse. De sa main droite, Kate caressa délicatement la joue de son compagnon et déposa de ses lèvres humectées un baiser empli de tendresse sur sa bouche.

 

- Je t'aime tant Richard Castle ! Tu es la seule chose de bien dans la vie qu'il me soit arrivée.

- Moi non plus, je ne veux pas te perdre.

- j'ai...je suis tellement fatiguée, murmura t-elle les yeux rougis.

 

Rick l'a prise dans ses bras. A sa grande surprise, Kate se laissa aller complètement comme protégée au creux de la poitrine de son homme. Elle se sentait bien, détendue. Ce sentiment, elle ne se l'était plus autorisé depuis la fusillade. Elle vivait ce moment présent sans réfléchir et pour une fois sans culpabiliser d'être en vie. Que cela lui faisait du bien !

 


Harilinn  (30.05.2017 à 22:19)

Les Hamptons

 

partie 3

 

 

 

Martha et Alexis avait pris le premier train en partance de Grand Central en direction de la cité balnéaire de Montauk. Le voyage était à présent terminé et les deux femmes sortaient du terminus de la gare afin de prendre un taxi qui les emmènerait jusqu'à la villa Castle éloignée du centre ville. Le trajet sur la ligne de la compagnie Long Island Rails Road avait été diversement perçu entre la grand-mère et sa petite-fille. Pour la matriarche, ce fut long et éprouvant. Elle avait eu du mal à supporter les secousses et l'assise inconfortable de ce train de province qui à première vue semblait peu entretenu. Il faut dire que l'entretien des infrastructures routières et ferroviaires n'étaient plus la priorité du gouvernement fédéral et que l'état de New-York à lui seul, tout aussi riche qu'il soit, n'avait pas les finances nécessaires pour tout prendre à sa charge. Il avait du faire des choix budgétaires au détriment des usagers des transports en commun. Martha regrettait amèrement de ne plus conduire depuis vingt ans. Elle aurait sûrement passé un meilleur moment au volant d'un beau cabriolet. Alexis, quant à elle, avait fait fi des désagréments pour profiter pleinement de la vue imprenable sur l'océan d'abord puis sur la baie de Napeague et Fort Pond en fin de parcours.

 

- Oh mon dos ! Ma chérie, il serait temps d'apprendre à conduire.

- Grand-mère, tu as le permis il me semble ! Il serait temps de remettre le pied à l'étrier.

- Ça fait bien trop longtemps. La circulation de nos jours n'est pas faite pour me rassurer.

- Moi non plus. Et puis passer son temps dans les bouchons de New-York n'est pas vraiment une perspective réjouissante…

- Tu sais Alexis, à ton âge, le permis pour moi fut le début de l'indépendance.

- Tu devrais essayer de le passer par ici ! La circulation est moins dense et les conducteurs sûrement plus civilisés.

- Un homme au volant est rarement intelligent granny.

- Eh bien affirme ta féminité en tant que conductrice et montre l'exemple, répondit Martha avec le sourire en coin.

- Tu as toujours le mot pour rire...grimaça la jeune rouquine.

 

La septuagénaire tendit le bras pour héler le taxi qui s'approchait. Ce dernier passa devant les deux femmes et préféra s'arrêtait quelques mètres plus loin où une jeune et jolie blonde de quarante ans sa cadette attendait elle aussi.

 

- Quel mufle ! Pesta la comédienne.

- Tu ne fais pas le poids. Elle a des arguments, fit Alexis en mimant avec ses mains la taille volumineuse qu'occupait la poitrine de l'inconnue.

- Au summum de ma gloire, cet hurluberlu se serait arrêté illico à mes pieds…

- Tiens, en voilà un autre ! La coupa Alexis.

- Appelle-le ma douce. Je n'ai pas envie de faire souffrir une nouvelle fois mon amour propre.

 

La jeune Castle s'exécuta. Le véhicule s'immobilisa et les deux femmes s'installèrent à l'intérieur pendant que le chauffeur chargeait les bagages dans son coffre. Le taxi s’engagea sur Flamingo avenue vers le sud de la ville. Il poursuivit tout droit sur Edgemere street longeant le lac de Fort Pond. Arrivait au carrefour du Plaza, il emprunta la Montauk highway en direction de la pointe de Montauk. Deux kilomètres plus tard, à l'intersection située au niveau du ranch Deep Hollow, la ford mondeo sortit à droite sur la Old Montauk highway traversant une zone plus sinueuse et boisée. Il ne fallut que deux minutes au véhicule pour arriver au niveau du chemin bitumé dans lequel il s'engagea à faible allure. Pour les passagères et leur chauffeur, l'arrivée à destination était imminente. La villa n'était plus qu'à quelques hectomètres à droite après la patte d'Oie que le taxi franchit sans ralentir négociant tranquillement le dernier virage avant l'entrée de la propriété.

 

Le moment de descendre était venu. Le sourire d'Alexis avait laissé place à une mine triste et anxieuse. Voir la maison lui fit penser à son père puis à Kate et inévitablement à la fusillade et aux jours qui suivirent. La jeune femme se demandait si elle était assez forte pour les réconforter. Quand elle avait su pour la grossesse et la mort du fœtus, la jeune Castle avait été anéantie plus par les répercussions sur les personnes qui comptaient le plus pour elle que par la mort elle-même de cet être en devenir dont elle ignorait tout. Ce ressenti l'avait hanté les premiers jours. Comment pouvait elle se préoccuper de la souffrance de ses proches sans pleurer réellement le décès prématuré de son petit-frère. C'est le jour de la crémation dans la chapelle de la clinique après l'office où une prière avait été dite pour l'enfant qu'elle avait osé enfin se confier. Quoi de mieux qu'un homme d'église pour comprendre mon tourment c'était-elle dit à l'époque. Le pasteur avait su trouver les mots et apaiser sa culpabilité. Ce n'est qu'au cimentière qu'elle comprit réellement. Quand elle lut les inscriptions sur la plaque fermant l'emplacement où son père et Kate avait déposé la minuscule urne, elle comprit qu'elle n'avait fait que se protéger et qu'elle avait tout refoulé. De le voir inscrit ainsi, enfant Castle- 22 mai 2016- mort né, avait matérialisé l'existence de son frère et avait abattu les protections érigées.

 

Voyant sa petite-fille pensive et déconfite, Martha lui prit la main et lui caressa la joue de sa main libre.

- Tout ira bien ! Il suffit d'être nous-même.

- Je sais granny mais...

- Pas d'apitoiement c'est compris ! Ils ont suffisamment de souffrance pour un régiment.

- De la légèreté, de la futilité, de la gaieté, voilà ce qu'il leur faut. Avec parcimonie ! s'empressa d'ajouter la comédienne avant qu'Alexis la reprenne.

- Viens ! Ton père nous attend sur le seuil de la maison.

 

Kate attendait fébrilement l'arrivée du reste du clan Castle. Serait-elle en mesure de supporter les facéties de Martha ? Pourrait-elle poser un regard sur Alexis qui symbolisait malgré elle ce qu'elle avait perdu un mois auparavant ? Tout ceci la brassait. Trop tôt ! Avait-elle répondu en première intention face à l'annonce de leur venue. Rick avait fini par lui faire entendre raison et lui faire entrevoir du positif dans cette visite. L'objectif était clair : se vider la tête et penser à autre chose pendant la durée de leur séjour. Pétrie de bonnes intentions, elle s'était engouffrée dans la salle de bain pour être un minimum présentable. C'était sans compter sur la vision d'elle-même dans la glace. A peine avait-elle enlevé le haut que la vue de ses cicatrices l'avait comme paralysé. Depuis sa sortie de la clinique, elle se lavait seule pour échapper au regard amoureux de Rick et dans le noir pour échapper à la vision de son propre corps qui la rebutait. Cette fois pourtant, elle avait oublié d'éteindre la lumière. Elle avait baissé le regard et pleurait à présent laissant place à un monologue intérieur.

 

- Encore combien de temps vas tu fuir !

- Il va bien falloir que tu les apprivoises car elles ne sont pas prêtes de partir, bon sang !

- Et Rick ! Tu y penses !

- Ouvre les yeux et regarde toi, tu peux le faire !

 

Rick cassa la transe dans laquelle se trouvait Beckett en frappant à la porte sans toutefois entrer.

- Kate ! Elles arrivent dans vingt minutes. Elles sont à la gare.

- Bon ma petite chérie, tu n'as plus vraiment le temps de tergiverser maintenant. Paniqua -t-elle.

 

Elle scruta son environnement proche sans regarder dans le miroir.

- L'interrupteur est bien trop loin pour l'éteindre alors dirige toi vers la douche.

- Tu réfléchiras plus tard.

 

Rick faisait les cent pas allant d'un endroit à un autre. Il regardait sa montre sans arrêt. Il ne pouvait pas dire de l'angoisse ou de la joie ce qui prédominait le plus en lui. Il avait réussi à convaincre sa muse du bien fondé de rompre leur solitude et maintenant à dix minutes de la réunion du clan Castle, il doutait de tout. Les mains moites et le front brillant de sueur, il réfléchissait.

 

- Pourvu que Mère n'en fasse pas des tonnes pour nous plaire.

- De quoi allons nous bien pouvoir parler? Nous vivons en ermite depuis que nous sommes là !

- Quel image de père je vais renvoyer à Alexis ?

...

-...je suis vraiment lamentable…

...

- Bon arrête de te monter le bourrichon, c'est ta fille et ta mère, pas le président des Etats-Unis.

- De quoi j'ai peur bon sang ! Richard, respire et va prendre un grand verre d'eau, ça va te calmer.

 

Quand il revint de la cuisine, il aperçut le taxi entrer dans la propriété et alla au devant de Martha et Alexis. Afin de ne pas précipiter les choses, il resta sur le seuil de l'entrée pour les laisser venir à lui. Kate, elle, venait de sortir de la salle de bain et resta à distance, en sécurité dans le salon. Elle avait besoin d'observer la scène et surtout de souffler un grand coup.

 

 

       -----------------------------------------------------------

Amis lecteurs,

Désolé pour les romantiques et Fans de Martha. Je n'ai pas trouvé l'espace et l'inspiration adéquat à son idylle. Connaissant la Matriarche, il lui aurait fallu bien trop de chapitre. Je clôture donc l'épisode des Hamptons ici. Bonne lecture à tous.


Harilinn  (09.06.2017 à 21:56)

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